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Environnement

L’ONU lance l’alerte : la planète manque d’eau potable

23-03-2023

Image: rony michaud/Pixabay

Deux milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Les Nations unies préviennent l’humanité du risque imminent d’une crise mondiale de l’eau.

Chaque année, depuis 40 ans, les besoins en eau sur la planète augmentent d’environ 1%. L’utilisation effrénée de cette précieuse ressource nous mène à notre perte : sans une meilleure gestion et une coopération internationale accrue, une crise mondiale qui touchera plus particulièrement les villes sera inévitable, avertit un nouveau rapport sur l’eau publié par l’UNESCO et ONU-Eau.

Inévitablement, les changements climatiques amplifient la situation. « En moyenne, 10% de la population mondiale vit dans des pays où le stress hydrique atteint un niveau élevé ou critique », précise le rapport lancé en marge de la Conférence des Nations unies sur l’eau.

Aucun pays n’est à l’abri du problème, a-t-on expliqué lors du dévoilement du rapport aux journalistes. « La pénurie saisonnière d’eau augmentera dans les régions où l’eau est actuellement abondante et s’aggravera dans les régions où l’eau est déjà rare », a déclaré le Québécois Richard Connor, qui est l’auteur principal du nouveau rapport et un spécialiste pour le Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau.

Déjà, même si le Québec est bien pourvu en eau potable, certains endroits en manquent à l’occasion. « Pendant l’été, plusieurs municipalités se demandent comment assurer tous les besoins en eau lorsque les quantités sont insuffisantes ou lorsque la qualité de l’eau n’est pas bonne », souligne en entrevue Sophie Duchesne, professeure spécialisée en gestion de l’eau en milieu urbain à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Près de la moitié de la population mondiale, soit 3,6 milliards de personnes, fait face à des problèmes d’assainissement de l’eau. « [Une ville, un État] peut prendre l’eau d’une rivière, la traiter et la distribuer dans les maisons. Mais une fois que cette eau est utilisée, pour les toilettes ou les douches, par exemple, il coûte cinq fois plus cher pour la collecter et la traiter avant de la retourner dans l’environnement. Les États s’assurent de maximiser la distribution de l’eau potable, mais ils manquent d’argent pour l’assainissement. En fin de compte, 80% des eaux usées dans le monde sont rejetées sans aucun traitement », a expliqué Richard Connor.

Son rapport souligne également la montée des contaminants émergents dans l’eau, tels que « les produits pharmaceutiques, les produits chimiques industriels et ménagers, les produits de soins personnels, les pesticides et les nanomatériaux manufacturés ». Ces produits détériorent la qualité de l’eau potable.

Des villes assoiffées d’eau

D’après les prévisions des spécialistes, la demande en eau des villes devrait augmenter de 80% d’ici une trentaine d’années avec l’accroissement de la population citadine. Les villes dépendent souvent des eaux de surface pour alimenter leur réseau de distribution d’eau potable. Mais ces eaux sont également nécessaires pour les besoins agricoles. « Réaffecter l’eau initialement allouée aux usages agricoles a permis de satisfaire la demande des villes en pleine expansion. En revanche, cette stratégie n’est pas sans conséquences négatives pour l’agriculture et les zones rurales puisqu’elle implique une diminution des ressources en eau disponibles pour l’irrigation, entraînant un risque pour la sécurité alimentaire », peut-on lire dans le rapport. Selon Richard Connor, la coopération entre les villes et les communautés agricoles est essentielle pour diminuer le problème d’approvisionnement.

Les villes en expansion dénichent leur eau potable de plus en plus loin. Des villes près de la mer se tournent quant à elle vers les technologies de dessalement. « Par exemple, des villes côtières en Israël, qui ont des ressources limitées en eau, utilisent le dessalement de l’eau de mer, mais cela a des coûts et des impacts environnementaux », souligne la professeure Sophie Duchesne, de l’INRS.

D’après la chercheuse, plusieurs pistes peuvent aider à mieux gérer la ressource, dont détecter et colmater les fuites d’eau dans les réseaux d’aqueduc, renouveler les vieilles conduites et ajuster la pression dans le réseau d’eau potable. « Si la pression d’eau est trop élevée, il y aura une plus grande quantité qui fuira », explique-t-elle.

Aménager les villes autrement

L’aménagement réfléchi des villes peut aider à faire face aux périodes de sécheresse. Des villes comme Singapour, Mexico ou Tucson soutiennent financièrement l’installation de systèmes de collecte des eaux pluviales chez les citoyens. Ces systèmes sont très efficaces pour subvenir aux besoins en eau.

D’autres (le comté d’Orange, aux États-Unis, et la ville de Windhoek, en Namibie, par exemple) reconvertissent les eaux usées en eau potable. « On a l’habitude de puiser l’eau quelque part, de l’utiliser et de la rejeter plus loin comme eau usée, soulève Sophie Duchesne, chercheuse à l’INRS. Ici, à Québec, la compagnie H2O Innovation a développé une technologie pour produire de l’eau potable à partir des eaux usées. C’est une solution pour ne pas aller chercher l’eau de plus en plus loin. »

Dans tous les cas, le statu quo n’est plus possible, affirme Richard Connor. « Une plus grande coopération est indispensable pour le respect des droits de la personne à l’eau. »

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Lauryn
Lauryn
18 jours il y a

Merci pour cette article intéressant! Cela m’a aider avec mon projet de classe!

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