Scoliose de l’enfant: les derniers progrès de la chirurgie

La scoliose est une déformation de la colonne vertébrale qui apparaît principalement lors de la croissance. Dans les cas les plus sévères, la chirurgie est nécessaire. Depuis quelques années, les risques de complications se sont réduits grâce à des techniques plus performantes utilisées à l’hôpital Lenval de Nice.

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Stéphanie Wiélé Publié le 08/02/2023 à 22:00, mis à jour le 08/02/2023 à 22:00

En principe, vue de face, la colonne vertébrale trace une ligne droite. De profil, elle a des courbures naturelles mais elle ne doit pas avoir de rotation ou de torsion. Si tel est le cas – et que la déformation s’inscrit dans les trois plans de l’espace (1) – (un peu comme un escalier en colimaçon), il peut s’agir d’une scoliose. Cette maladie apparaît le plus souvent chez les adolescents et concerne 2 à 3% d’entre eux. Statistiquement, les filles sont huit fois plus touchées que les garçons. Dans les cas les plus sévères, il existe deux traitements: le corset (lire par ailleurs) ou la chirurgie. "Cette dernière s’adresse aux scolioses très importantes (courbure supérieure à 40 degrés en lombaire ou 50 degrés en thoracique)", détaille le Dr Federico Solla, chirurgien orthopédiste à l’hôpital Lenval de Nice.

L’établissement pratique une centaine d’interventions par an. "L’objectif est d’arrêter l’aggravation de la scoliose et de redresser la colonne vertébrale pour lui redonner un bon équilibre. Pour cela, on utilise des vis, des tiges et la greffe osseuse. Ainsi, on prélève l’os des vertèbres pour le redistribuer et former une coulée osseuse." Les risques de complications liés à ce type d’interventions sont de l’ordre de 2%. "Les deux principales raisons sont le risque infectieux ou le problème mécanique dû au montage des tiges et des vis lors de l’opération." Mais depuis plusieurs années, ces risques se sont considérablement réduits, grâce, notamment, à des outils plus performants. " Les techniques sont plus précises et la récupération du patient est bien meilleure."

L’amplificateur de brillance 3D

Concernant le risque mécanique, l’hôpital Lenval mise sur l’amplificateur de brillance 3D pour le prévenir. "Cet outil permet d’améliorer la qualité de l’image. Ainsi, au cours de l’opération, nous pouvons visualiser exactement où se trouvent les vis. Si l’une n’est pas exactement au bon endroit, nous pouvons la changer immédiatement."

Les tiges sur mesure

" Traditionnellement, avant une opération de la scoliose, le chirurgien modelait – de façon artisanale – la tige qui était ensuite fixée dans le dos. Le problème, c’est que la précision n’était pas optimale et le modèle non reproductible", contextualise le chirurgien. Depuis cinq ans, l’hôpital niçois fait appel à deux usines lyonnaises pour réaliser des modèles de tige sur-mesure à partir des analyses de la radiographie. Cette méthode permet d’assurer une plus grande précision dans la correction.

Une récupération plus rapide

Depuis 2019, l’hôpital Lenval a mis en place la RAAC (réhabilitation améliorée après chirurgie) avec les anesthésistes et les kinés. Ainsi, les patients ne sont plus systématiquement pris en charge en service de réanimation et la grande majorité part dans un service de chirurgie conventionnelle. Dès le lendemain de la chirurgie, ils sont levés et le drainage n’est plus systématique... " La durée d’hospitalisation a été réduite de 7 à 5 jours. Les patients ont moins mal, ils récupèrent plus vite et ils ont moins de stress après l’opération", se réjouit le Dr Federico Solla.

 

1. Tridimensionnelle signifie vers la gauche ou la droite (plan frontal) mais aussi vers l’avant ou l’arrière (plan sagittal) et associée à un mouvement de rotation des vertèbres sur elles-mêmes (plan transversal).

Caractéristiques, symptômes, dépistage... la scoliose en 7 questions

1. Quelles sont les caractéristiques d’une scoliose ?

"Lorsque l’on regarde l’anatomie du dos, les vertèbres ne sont pas alignées sur une ligne droite mais elles sont sur une courbure. Son signe clinique essentiel est la « gibbosité », c’est-à-dire une bosse à côté des vertèbres au niveau du haut de la colonne vertébrale (on parle alors de « scoliose thoracique ») ou du bas (« scoliose lombaire »)", détaille le Dr Federico Solla.

2. Pourquoi les filles sont-elles majoritairement concernées?

Car la croissance est plus rapide chez les filles. Elles sont particulièrement touchées en période pubertaire ; c’est en effet la période durant laquelle la colonne vertébrale va pousser de plusieurs centimètres par an. La scoliose, qui ne pouvait pas être détectée auparavant, se révèle alors pleinement.

3. Quelles sont les causes?

Dans 80% des cas, il s’agit d’une scoliose idiopathique, c’est-à-dire sans cause spécifique. Elle apparaît dès l’enfance et évolue jusqu’à la fin de la croissance. « Néanmoins, des travaux récents montrent que des facteurs génétiques pourraient jouer un rôle. » Une autre piste de recherche suggère qu’il pourrait y avoir un lien avec des infections dans la petite enfance comme des encéphalites (1). L’enfant a eu de la fièvre pendant 4 ou 5 jours et s’est très bien rétabli mais cet épisode a pu avoir des répercussions favorisant une scoliose.
Plus rarement, la scoliose peut être « secondaire » à une maladie neuromusculaire (myopathie par exemple) ou osseuse (touchant notamment les vertèbres).

4. L’idée que la posture, le cartable lourd ou qu’un sport asymétrique entraîne une scoliose est donc fausse?

"Oui, la scoliose est une vraie déformation qu’il ne faut pas confondre avec l’« attitude scoliotique » qui correspond à l’enfant qui se tient mal. En revanche une scoliose installée peut être aggravée par de mauvaises habitudes."

5. Quels sont les symptômes?

Dans la très grande majorité des cas, la scoliose n’entraîne pas de symptômes. En revanche, il peut y avoir des douleurs mécaniques liées à une position en particulier.

6. S’il n’y a pas de douleur, comment dépister la scoliose?

Très souvent, le dépistage est réalisé lors de l’examen annuel chez le pédiatre ou au moment d’un examen effectué par une infirmière scolaire. « L’examen du dos consistera à faire pencher le patient en avant, mains jointes, tête en bas et jambes tendues pour voir s’il y a une éventuelle asymétrie. Le médecin va regarder l’arrière du dos pour rechercher une gibbosité. »

7. Quelles conséquences?

Pour l’adolescent, l’impact est surtout esthétique. Cela peut créer une gêne voire une honte lorsque la scoliose est très prononcée. En revanche à l’âge adulte, une scoliose qui dépasse un certain seuil (courbure entre 40 et 50 degrés) – et qui n’aurait pas été traitée – peut avoir des complications et entraîner de l’arthrose voire des douleurs dans le dos et les jambes.

Souvent ces adultes doivent être opérés. « Cependant, la chirurgie réalisée à l’âge adulte a dix fois plus de risque de complications que durant l’adolescence. C’est pourquoi, le dépistage et le traitement précoce sont essentiels. »

1. Il s’agit d’une inflammation du cerveau généralement causée par un virus.

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