Un bombardement aérien israélien a frappé la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 novembre 2023

Un bombardement aérien israélien a frappé la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 novembre 2023

afp.com/Mahmud HAMS

Un peu plus d’un mois après l’attaque barbare perpétrée par le Hamas contre Israël, qui a coûté la vie à 1200 personnes, chaque jour apporte son lot de destructions et de drames à Gaza. Plusieurs milliers de civils palestiniens innocents ont déjà péri sous les bombes israéliennes, des hôpitaux ne fonctionnent plus, des blessés succombent, la situation humanitaire est catastrophique.

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A minima, une trêve humanitaire est cruciale pour venir en aide aux habitants. Mais la perspective d’un cessez-le-feu, même momentané, reste inaudible au sommet de l’Etat hébreu. Benyamin Netanyahou exclut tout arrêt des frappes tant que les 240 otages n’auront pas été libérés. Dans un pays traumatisé, "il semble illusoire d’espérer un cessez- le-feu du gouvernement s’il n’obtient rien du Hamas, souligne Jean-Loup Samaan, chercheur au Middle East Institute de l’université de Singapour. D’autant que le Premier ministre, qui joue sa survie politique, a adopté une position jusqu’au-boutiste, dont il lui est difficile de s’extraire".

Macron soulève l'ire de l'Etat hébreu

L’appel d’Emmanuel Macron à "œuvrer à un cessez-le-feu", puis son interview à la BBC exhortant "Israël à arrêter" les bombardements contre les civils, ont soulevé l’ire de l’Etat hébreu. Le président français, qui a infléchi sa position, est l’un des rares dirigeants occidentaux sur cette ligne. Les Américains en sont loin, même s’ils demandent plus de retenue à Israël.

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La sujet d’un cessez-le-feu finira cependant sans doute par s’imposer. Les Israéliens sont d'ailleurs conscients que le temps est compté. L'évolution des mentalités dépendra des progrès militaires, du sort des otages, mais aussi des dégâts humanitaires. Plus l’idée que Gaza est devenu un "cimetière pour enfants" s’ancrera, plus la pression internationale – et surtout américaine – augmentera pour mettre fin aux bombardements. D’autant que la stratégie militaire consistant à "éradiquer" le Hamas paraît irréaliste. "Tant qu’Israël restera attaché à cet objectif, il n'y aura pas d'issue à ce cycle de violence, qui peut provoquer une escalade avec le Hezbollah et l’Iran", estime Bilal Saab, chercheur au Middle East Institute, à Washington. Ce serait le pire des scénarios : ni les Américains ni les Israéliens n’y ont intérêt.

"Tenter d’éliminer complètement le Hamas ne peut se faire qu’au prix de dizaines de milliers de victimes civiles, ce qui pourrait favoriserait l’émergence d’un mouvement encore plus radical", renchérit Karim Bitar, professeur à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, pour qui il faut affaiblir cette organisation en ciblant avant tout ses leaders, ses soutiens financiers, sa logistique et en offrant un horizon politique aux Palestiniens. Si l’Etat hébreu ne maîtrise pas à temps sa machine de guerre, il s'enfoncera un peu plus dans le piège diabolique des terroristes.

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