Pourquoi avez-vous opté pour le thème de la nature ?
Nolwenn Herry, chargée des expositions et d’actions culturelles à La Roche-Jagu : Le thème de la nature dans l’œuvre du peintre et dans sa vie s’intègre parfaitement au projet culturel et scientifique de La Roche-Jagu. C’est un château médiéval qui est environné d’un parc de 64 hectares. Chaque année, on essaye d’aborder cette question de la nature, que ce soit sous l’angle scientifique, entomologique, historique, artistique.
On a, ici, une rétrospective complète autour de la nature qui est un des fils rouges de l’inspiration de Maurice Denis.
Que montrez-vous de l’œuvre de Maurice Denis ?
N. H. : L’idée est de montrer aucune œuvre déjà présentée en 2009 dans le cadre de l’exposition « Maurice Denis et la Bretagne ». On expose 115 tableaux dont des inédits, à travers six thèmes : la nature familière, les figures dans la nature, les paysages, le motif des arbres, des croquis sur nature et les natures mortes.
Fabienne Stahl, co-responsable du Catalogue raisonné et référente à la recherche et à la valorisation au musée Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye : L’exposition a cette qualité d’embrasser l’ensemble de la vie de l’artiste et ses deux territoires d‘élection : l’Île-de-France et la Bretagne. Cela permet de rappeler cette constance du rapport à la nature dans son œuvre, depuis sa prime jeunesse jusqu’à la fin de sa vie. On présente l’un de ses premiers tableaux - une vue de son jardin - jusqu’au dernier - une vue du reposoir en Savoie - qu’il peint quinze jours avant sa mort accidentelle en novembre 1943. On a, ici, une rétrospective complète autour de la nature qui est un des fils rouges de son inspiration.
De quelle manière les nabis appréhendaient la nature ?
F. S. : Le groupe des nabis ne souhaitait pas se limiter à une définition de la peinture qui soit une fenêtre ouverte sur la nature et le monde. Les nabis ne vont pas directement dans la nature peindre. Ils vivent la nature, l’expérimentent et ensuite, de retour chez eux, ils intériorisent cette émotion et ils la traduisent en langage plastique.
On fait sortir de l’ombre des œuvres qui, dans leur temps, ont été considérées comme iconiques.
En quoi cette exposition est exceptionnelle ?
F. S. : Maurice Denis, c’est l’artiste qui a été le plus acheté de son vivant. Ces œuvres ont été acquises par de nombreux musées français mais beaucoup d’entre elles n’ont jamais été révélées au public. C’est une des forces de cette exposition : on fait sortir de l’ombre des œuvres qui, dans leur temps, ont été considérées comme iconiques. Au musée des Beaux-arts de Lyon, le conservateur Léon Rosenthal avait acheté dans les années 1920 une immense nature morte de Maurice Denis qui est son chef-d’œuvre du genre. Elle est restée dans la réserve après guerre.
L’exposition bénéficie des dernières recherches et découvertes faites par le Catalogue raisonné (inventaire exhaustif) de l’œuvre de Maurice Denis. On sait ce qu’a fait Maurice Denis et où se trouvent les œuvres. À La Roche-Jagu, près d’un tiers des tableaux n’ont jamais été exposés et, pour beaucoup, appartiennent à des privés.
N. H. : Une quarantaine de collectionneurs particuliers et une dizaine de musées et galeries ont prêté leurs toiles.
Pratique
L’exposition « Maurice Denis, les chemins de la nature » est visible du samedi 6 mai au 1er octobre 2023, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h (en juillet et août, de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h) au château de La Roche-Jagu, en Ploëzal (attention jauge à l’intérieur ; venir de préférence avant 16 h). Le deuxième volet de l’exposition sera accueilli du 21 octobre au 31 mars 2024 au musée départemental Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye. Samedi 6 mai, à 15 h, Thierry Grillet donnera une conférence « En cheminant dans les arbres de Maurice Denis ». Contact : tél. 02 96 95 62 35.