Vrai-faux : toutes les idées reçues sur la scoliose

Une petite proportion des enfants et ados souffrent de cette déviation de la colonne vertébrale. Voici comment la prendre en charge.

 La scoliose, la vraie, est une déformation en 3D de la colonne vertébrale : elle correspond à la fois à une déviation de face, de profil, mais aussi à une rotation des vertèbres les unes par rapport aux autres.
 La scoliose, la vraie, est une déformation en 3D de la colonne vertébrale : elle correspond à la fois à une déviation de face, de profil, mais aussi à une rotation des vertèbres les unes par rapport aux autres. LP/THOMAS MOREL-FORT

    La scoliose est ancrée dans l'imaginaire collectif. Et quand le verdict tombe, forcément, on s'inquiète. Pas de panique. Seulement 4 % des enfants et ados souffrent de la forme sévère de cette déviation de la colonne vertébrale.

    C'est d'ailleurs à l'intensité de la courbure que l'on confirme le diagnostic. Et dans ce cas, inutile de blâmer votre enfant. «Cette pathologie n'a rien à avoir avec de mauvaises postures», insiste Emmanuelle Ferrero, chirurgien orthopédiste à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP, Paris XV e). Voici comment s'y retrouver dans les mille et une idées reçues qui circulent.

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    C'est plutôt un problème de filles !
    Vrai. La scoliose, la vraie, est une déformation en 3D de la colonne vertébrale : elle correspond à la fois à une déviation de face, de profil, mais aussi à une rotation des vertèbres les unes par rapport aux autres. Les filles sont huit fois plus touchées que les garçons par ces sévères déformations (plus de 20 o), dites évolutives, qui nécessitent un traitement. «Car sinon, vers la quarantaine, on peut se mettre à avoir mal ou souffrir de gêne respiratoire, prévient Emmanuelle Ferrero. C'est cette évolution que l'on cherche précisément à éviter durant la période de croissance, quand tout est encore possible», insiste la médecin.

    C'est la faute aux cartables trop lourds
    Faux. «Cela n'a jamais été démontré», rétorque notre spécialiste. Et peu importe si votre enfant porte son sac d'école toujours du même côté, ce n'est pas pour autant qu'il en aura une. Certains spécialistes recommandent tout de même d'éviter les cartables à roulettes car ces derniers imposent au dos une traction asymétrique.

    Elle survient autour de la puberté !
    Vrai. C'est d'abord une pathologie associée à l'adolescence. Pourquoi ? «Tout simplement parce que c'est lorsque le dos est en pleine croissance qu'elle se révèle pleinement, explique la chirurgienne. A partir de la puberté (12-13 ans chez les filles, 13-14 ans chez les garçons), la colonne vertébrale va se mettre à grandir plus vite que le reste du corps ; en deux ans, elle peut prendre 6 cm à 8 cm par an alors que les pieds, par exemple, s'arrêtent de grandir vers l'âge de 13 ans, et les jambes vers 15 ans alors que la colonne grandit jusqu'à 18 ans», précise Emmanuelle Ferrero.

    On en ignore les causes
    Vrai. «Son origine est probablement multifactorielle, explique-t-elle. Il y a une part héréditaire, mais on soupçonne aussi une perturbation du système vestibulaire responsable de l'équilibre ainsi que de la glande pinéale, celle qui secrète la mélatonine.»

    Les parents peuvent s'en apercevoir
    Vrai. La scoliose est repérable à l'oeil nu : lorsque l'on se tient droit, les épaules ne sont pas à la même hauteur, une hanche est plus saillante que l'autre, le corps semble incliné d'un côté, une omoplate est plus proéminente.

    Cette bosse peut facilement se repérer en demandant à votre enfant de se pencher, pieds joints et mains entre les genoux, en auscultant d'un regard son dos. Et il faut commencer la surveillance dès l'âge de neuf ans.

    Elle empêche de faire du sport
    Faux. Natation, football, cyclisme, tennis ou équitation... tout reste possible. «Tout ce qui contribue à muscler le dos, de façon à obtenir un corset naturel, est bien sûr recommandé», précise Emmanuelle Ferrero, la spécialiste de l'Hôpital européen Pompidou.