Aulnay : désormais, les caméras traquent les chauffards près des écoles

La ville expérimente la vidéo-verbalisation aux abords de six établissements scolaires. Objectif : sanctionner les automobilistes délinquants qui mettent en danger les enfants.

Illustration. Selon une source proche de l’enquête, le conducteur est un chauffard qui aurait grillé un feu rouge et roulait à vive allure dans une voiture de marque BMW.
Illustration. Selon une source proche de l’enquête, le conducteur est un chauffard qui aurait grillé un feu rouge et roulait à vive allure dans une voiture de marque BMW. LP/T.P.

    Eviter des drames aux abords des écoles : c'est l'objectif du déploiement en cours de la « vidéo-verbalisation piéton » à Aulnay-sous-Bois. Un dispositif qui consiste verbaliser des auteurs « d'infractions relevables par vidéosurveillance », surtout celles qui mettent en danger la vie des enfants, donc spécifiquement autour des groupes scolaires. « Où la demande de sécurité supplémentaire est de plus en plus forte de la part des parents », relève Séverine Maroun, adjointe au maire (LR) en charge de la sécurité.

    Six établissements sont concernés dans l'immédiat par ce dispositif : Anatole-France, Croix-Rouge, Ormeteau, le collège Gérard-Philipe et le lycée Jean-Zay, et enfin, le lycée Voillaume. Tous sont surveillés par quelques-unes des 350 caméras actuellement installées sur la ville - qui en prévoit 500 l'année prochaine.

    Des PV envoyés à domicile

    « Il s'agit pour nos agents chargés de regarder les images de vidéosurveillance de relever les infractions autour de ces sites, aux heures de pointe, sur des horaires très précis », explique encore Séverine Maroun.

    Délits retenus : refus de priorité à un piéton engagé sur le passage piéton, qui peut aboutir au retrait de six points sur le permis, mais aussi stationnement gênant ou indu sur emplacement handicapé, qui entraînent des amendes de 135€.

    Dans tous les cas, l'auteur des faits est identifié via les caméras, surveillées par 22 agents au centre de supervision urbain tout neuf, et il reçoit directement la sanction par courrier à son domicile, « comme pour un PV d'excès de vitesse relevé par un radar automatique », illustre-t-on en mairie.

    Des accidents à répétition

    « On a constaté qu'il y a de plus en plus de comportements irrespectueux d'automobilistes qui forcent le passage devant les écoles, et ce, même si des enfants traversent, explique Loïc Le Roux, le directeur de la police municipale. Sur ces quatre dernières années, il y a eu plusieurs accidents à cause de cela. »

    Le dernier en date, fin novembre, a vu un chauffard renverser un enfant de cinq ans à la sortie de l'école. Le bambin s'en est tiré, heureusement, avec quelques égratignures.

    Fin 2016, c'est une maman enceinte et son enfant en poussette qui avaient été percutés par une voiture roulant à vive allure. Là encore, les victimes avaient miraculeusement survécu.

    La recherche d'un « effet dissuasif »

    « Cette vidéo-verbalisation piéton permet aussi de ne pas faire exploser le budget dédié aux agents chargés de surveiller la sortie des écoles », indique encore la ville, qui explique qu'en 2014, ces employés surveillaient 22 points scolaires, contre trente aujourd'hui. « En plus, ils ne peuvent pas verbaliser », précise Loïc Le Roux. « Il y a clairement un effet dissuasif », espère-t-il aussi.

    Cette expérimentation sera élargie très prochainement au reste de la commune. La délibération le permettant a été votée fin 2018.

    La vidéo-verbalisation au sens large est déjà expérimentée depuis un peu moins d'un an à Aulnay sur la rue Jacques-Duclos, dans le cadre des stationnements en double file. « Entre février et novembre, nous avons procédé à 10 000 vidéo-verbalisations, chiffre Loïc Le Roux. Mais il ne s'agit pas de matraquer : ceux qui stoppent 30 secondes pour déposer quelqu'un ne sont pas verbalisés ! Celui qui en profite pour faire ses courses et gêne le trafic un quart d'heure, il aura son amende. »

    Pour l'opposition, le « tout sécuritaire » n'a rien réglé

    Pour lui, le système est efficace : « Il y a de moins en moins de stationnement en double-file », assure encore le patron de la police municipale.

    Ce dispositif vient compléter l'arsenal déjà pléthorique en matière de sécurité à Aulnay-sous-Bois, qui, avec 80 agents, présente l'effectif de police municipale le plus important d'Île-de-France.

    Une politique « tout sécuritaire » qui irrite régulièrement les élus d'opposition. Miguel Hernandez (PCF) en tète : « J'ai fait le calcul : avec ses 500 caméras prévues, cela fait une caméra… tous les 600 mètres à Aulnay-sous-Bois. Est-ce que pour autant les problèmes de sécurité sont réglés? Non. Il suffit de demander aux habitants : beaucoup diront que le sentiment d'insécurité n'a pas baissé depuis 2014, au contraire. »