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Finance et marchés
L'expert

La Socgen peut-elle surfer sur la vague de la mobilité?

La Société générale vend en Bourse ALD, sa filiale de location automobile de longue durée, avec l'espoir d'en faire un acteur clé de la mobilité. Crédible? Bertrand Rakoto, expert automobile indépendant, analyse le potentiel de ce marché.

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La Société générale introduit ALD (location automobile de longue durée) en Bourse.

AFP

ALD séduit. La filiale de la Société Générale spécialisée dans la location de longue durée (LLD) et numéro trois mondial de la gestion de flotte, fera son entrée en Bourse à Paris, vendredi 16 juin, à un prix fixé à 14,30 euros par titre. 20% de son capital est mis sur le marché pour lever 1,16 milliard d'euros. ALD serait ainsi valorisée entre 5,7 d’euros.

A la veille de l’introduction –la plus importante depuis l’entrée en Bourse du gérant d’actifs Amundi en 2015 - l’opération, largement sursouscrite selon les banques chefs de file (Crédit Suisse, JPMorgan et SG CIB), avait largement trouvé preneur. Elle devrait permettre à la filiale d’accroître à la fois sa notoriété et sa visibilité, notamment auprès du grand public, et rapporter près d’un milliard et demi d’euros. Preuve de l’attrait – et du potentiel de croissance – de ce marché? Bertrand Rakoto, consultant indépendant sur le secteur automobile, basé à Détroit, livre son analyse.

ALD… la belle affaire?

ALD est vraiment un acteur légitime sur le marché du leasing. Un secteur en plein boom, notamment en France où les acheteurs de véhicules neufs s'orientent de plus en plus vers ces formules où le véhicule n'est plus possédé. La solution du leasing est globalement intéressante en termes de gestion des coûts, d’entretien – beaucoup de solutions de leasing incluent aujourd’hui un contrat spécifique - et elle enlève le souci de revente. En Pologne, par exemple, la moitié des acquisitions se font désormais par leasing, soit largement plus du double qu’en France. Ce potentiel de développement explique d’ailleurs la valorisation élevée de l’opération.

Sa maison-mère, la Société Générale, met aussi en avant l’essor des services à la mobilité. Gimmick ou réalité?

Réalité. Le marché est d’autant plus énorme que se développent ces notions de transport multimodal et de services. C’est le sens de l’alliance conclue il y a quelques mois entre ALD et Blablacar pour fournir des solutions de LLD aux acteurs les plus actifs de la plateforme de covoiturage. Le consommateur a intégré qu’on pouvait traverser le pays en enchaînant plusieurs modes de transports, le train, l’avion, la voiture… Mais aussi l’idée d’une certaine liberté d’utilisation de son véhicule. On peut en changer, la partager… Partant de là, on peut imaginer plein de choses. Qu’en déposant sa voiture dans le parking d’un aéroport, par exemple, elle soit partagée en notre absence. Ou encore, comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis, où des constructeurs proposent des services d'abonnement qui permettent de changer de véhicule jusqu'à quinze fois dans l’année son véhicule, au gré de ses envies et de ses besoins.

Et l’intérêt pour la Société Générale, au-delà de l’attrait financier?

C’est justement de s’ouvrir à une nouvelle panoplie de services. ALD a une flotte et un carnet de clients BtoB importants. Elle va pouvoir s’attaquer au BtoC avec une offre marketing maîtrisée, qui va surfer sur ces nouvelles tendances. Demain, on peut imaginer par exemple qu'un opérateur LLD va pouvoir simplifier les systèmes de paiements en regroupant tout ce qui touche à la mobilité et à la connectivité des véhicules. C'est l'intégration permise par la communication entre le véhicule, jusqu'à la récupération de la commande, en passant par une place de parking réservée et une livraison dans votre coffre sans avoir à sortir du véhicule, et un paiement réalisé directement par la banque. L'objectif de cette chaîne intégrée pourrait aller jusqu'à la prise en charge partielle ou totale des coûts du trajet par le commerçant - en remplacement des systèmes de coupons ou de rabais existants.  La banque sera ravie de gérer toutes ces transactions et services, qui lui permettront au passage d’acquérir de nouveaux clients. Il faudra encore quelques années pour atteindre ce niveau d'intégration autour du véhicule connecté. Mais on y arrivera, certains y travaillent déjà..

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