Jardins

7 exemples spectaculaires de jardins sur les toits

Les toits végétalisés ont une influence positive sur les êtres humains, les abeilles et le climat. Alors pourquoi en existe-t-il encore si peu dans nos villes ?
Dachbegrünung Dachgarten Pflanzen Dach Maggies Yorkshire Heatherwick
Le centre caritatif Maggies de Leeds, en Angleterre, de Studio Heatherwick pour apporter un soutien psychologique aux personnes atteintes d’un cancer, est surmonté d'un toit végétal inspiré des forêts du Yorkshire, conçu par les paysagistes de Balston & Agius.Hufton+Crow

Il y a 50 ans, voir un arbre sur le toit d’une maison évoquait plutôt une scène de film apocalyptique montrant la nature reprenant ses droits sur la ville. Depuis, l'apocalypse s'est hélas considérablement rapprochée de nous et le réchauffement climatique est devenu l'un des plus grands problèmes de notre époque. Pour éloigner la menace, des efforts sont désormais entrepris – de manière plus ou moins efficace et cohérente – en maints endroits du globe. Les « toits verts », capables d’atténuer les effets d’îlots de chaleur urbains, offrent une solution efficace et encore trop peu répandue pour réguler la température des villes. Si leur pourcentage augmente chaque année, 90 % des toitures restent encore inutilisées à ce jour. Les pays germanophones sont précurseurs en la matière : à Bâle, les toits végétaux sont même inscrits dans la loi et les propriétaires d’un toit plat de plus de 10 mètres carré ont l’obligation de le végétaliser. En Autriche, les maisons ou immeubles Hundertwasser, du nom de l’artiste les ayant créés, sont surmontés de véritables forêts. En Allemagne, la ville de Hambourg est la plus avancée, prévoyant qu’au moins 70 % des toits de bâtiments neufs ou exigeant une rénovation seront végétalisés à terme. Le Grüner Bunker (Bunker Vert), du quartier de St. Pauli, en cours de construction, offrira un exemple particulièrement spectaculaire d’exploitation d’une surface jusqu’alors inutiles, constituant une véritable oasis urbaine à plus de 50 mètres au-dessus du sol, accessible par un « sentier de montagne » planté d’arbres, offrant des vues panoramiques sur la ville.

Le « bunker vert » deviendra bientôt un haut lieu de la ville de Hambourg, comme le suggère cette illustration architecturale. À l'intérieur, le bâtiment offrira des espaces d'exposition, un hall d’accueil d’événements sportifs et culturels ainsi qu’un un mémorial dédié aux victimes du régime nazi.

Planungsbüro Bunker / Matzen Immobilien

L’artiste visionnaire Friedensreich Hundertwasser et ses toits verts

La Kunst Haus Wien de Friedensreich Hundertwasser porte une véritable forêt sur son toit.

WienTourismus / Paul Bauer

Il y a plus de 50 ans déjà, l'artiste autrichien Friedensreich Hundertwasser (Friedrich Stowasser de son vrai nom) prophétisait qu’une loi imposerait un jour la végétalisation des toits. À l'époque, l’artiste, considéré comme « écolo » prêtait à sourire, sa vision d'arbres poussant sur les toits à travers des couches d'humus de plusieurs mètres d’épaisseur semblant tout droit sortie d’un conte pour enfants. Aujourd'hui, des forêts entières s'élèvent bel et bien vers le ciel depuis les toits des maisons Hundertwasser, qui offrent un modèle inspirant de verdure luxuriante en environnement urbain. Plus les bâtiments plantés vieillissent, plus les arbres poussent, et plus la beauté de cette architecture mixte se dévoile.

Les toits végétalisés sont l’avenir des villes

La végétalisation des toits offre de nombreux avantages. Les toits verts peuvent par exemple contribuer à mieux gérer les eaux de pluie ou encore à réduire les effets d’îlots de chaleur urbains pendant les mois chauds d’été. Ils sont étonnamment efficaces contre la formation de smog, les plantes améliorant la qualité de l'air grâce à la photosynthèse. Comme ils protègent du rayonnement solaire tout en possédant un effet isolant, ils sont capables de réduire les besoins énergétiques en toute saison, gardant mieux la chaleur en hiver, et se réchauffant moins que les toits habituels en été. Les jardins sur les toits peuvent, selon leur conception, abriter une multitude de plantes mais aussi d'espèces animales, ce qui influence favorablement tous les écosystèmes : les abeilles et autres pollinisateurs sont aidés dans leur travail ; la diversité visuelle et naturelle engendre un bien-être psychologique chez les citadins : la nature, tout simplement belle, verdit les déserts de béton des villes.

Les conditions à remplir pour qu’un toit puisse être végétalisé

En théorie, il est possible d’installer un jardin sur presque tous les toits (plats), qu'il s'agisse d'une maison individuelle, d'un immeuble collectif, d’un centre commercial, ou même d'un parking. Une expertise professionnelle doit être réalisée et avec un bâti adéquat, des mesures de protection contre les chutes et un budget adaptés, l’opération est possible. En Allemagne, il existe même des programmes d'aide spécifiques (via les services de la construction) et des crédits, par exemple via un crédit KfW (le KfW est un établissement de crédit pour la reconstruction, qui finance notamment les techniques permettant d'économiser l'énergie, ndt). L'emplacement doit être étudié avec soin, l’orientation et l'ombre devant être notamment prises en compte en amont pour que les plantes puissent correctement pousser et s'épanouir. En outre, il convient de prévoir un raccordement à l'eau à proximité du toit pour procéder à des arrosages supplémentaires si nécessaire, en particulier lors de la première phase de croissance du jardin ou pendant des périodes très sèches.

À New York, la « High-Line », est une ancienne voie de chemin de fer. Elle s’étend sur 2,33 kilomètres, à 7,5 mètres au-dessus du sol.

Getty Images / Alexander Spatari

Les différentes formes de végétalisation

Il existe différentes formes et variantes de toitures végétalisées, et seuls les professionnels sont à même de déterminer avec pertinence lesquelles mettre en œuvre selon la situation. En principe, il en existe deux formes principales : les toitures à végétalisation extensive et les toitures à végétalisation intensive.

Végétalisation extensive

La végétalisation extensive est relativement simple à mettre en œuvre sur une petite surface. Elle est adaptée aux plantes nécessitant peu d’eau ou d’entretien. On ne marche sur les surfaces plantées que pour les entretenir. Le toit n'offre pas les bienfaits d’un jardin réel, mais les conditions sont plus simples à réunir.

Végétalisation intensive

Les toitures végétalisées intensives sont de véritables jardins sur le toit. Leur construction, bien plus lourde, nécessite beaucoup de terre, pour offrir la même base qu’un jardin de plain-pied. Dans ce cas en effet, toutes les formes d'espaces verts sont possibles : parterres de plantes vivaces, pelouses, arbustes et même petits arbres. L'entretien est naturellement plus exigeant et l’ossature doit pouvoir supporter un poids conséquent.

Un jardin sur le toit émerge de la façade en écailles de ce grand magasin nommé Tokyu Plaza, immeuble conçu par NAP Architects, dans le quartier d’Omotesando à Tokyo.

Getty Images

7 exemples spectaculaires de jardins sur les toits

La végétalisation d’un toit est particulièrement intéressante lorsqu’elle fait partie intégrante d’un projet architectural ambitieux. Le rêve de disposer d’oasis de verdure pour travailler et/ou vivre parmi les arbres dans des villes plus accueillantes pour les abeilles devient alors réalité. Voici sept projets architecturaux inspirants qui sont autant de preuves que l'urban farming peut aussi se développer en hauteur.

1. Le projet 1 000 Trees / Heatherwick Studio

Dans le quartier résidentiel de Putuo, au nord-ouest de Shanghai, ce spectaculaire complexe architectural ressemble à une montagne aménagée en terrasses, entièrement recouverte d'arbres. Des colonnes élancées supportent d'énormes bacs d’où jaillissent les arbres et les plantes, donnant l'impression que des végétaux traversent le bâtiment. Un mélange régional et biodiversifié d'arbustes, de plantes suspendues, de feuillus et d'arbres à feuilles persistantes donne à l'ensemble un aspect différent tout au long de l'année, qui varie avec les saisons comme un véritable versant de montagne.

1000 Trees à Shanghai (2021) par Heatherwick Studio.

Qingyan Zhu
2. Garage Apartments / Alberice Architecture + Design / Living Roofs

Le système de Living Roofs à Asheville est surtout spectaculaire pour son utilité. Sa capacité à récolter l'eau de pluie lui permet en effet couvrir une partie de la consommation d'eau des habitants de l’immeuble, tout en favorisant la biodiversité et en compensant l'effet d'îlot de chaleur urbain. Les espèces végétales ont été sélectionnées de manière à favoriser les pollinisateurs locaux ainsi que les espèces d'oiseaux autochones. Le champ couvert de fleurs sauvages qui constitue la base (en net contraste avec la rectitude de la construction), est complété par des plantes de hauteur moyenne qui permettent au jardin d’être visible depuis la rue.

Garage Apartments à Asheville (2017), toiture végétalisée par Living Roofs, architecture par Alberice Architecture + Design.

Living Roofs Inc.
3. Villa Ha Long / VTN Architects

Le concept de cette maison familiale est d’offrir à ses habitants un espace dans lequel ils peuvent vivre comme dans une forêt. La verdure débordant des ouvertures et du toit projette de charmantes ombres sur la façade bétonnée qui modifient constamment l'apparence du bâtiment. La villa Ha Long au Viêt Nam est l'un des prototypes du projet House for Trees, qui vise à réintroduire des espaces verts dans la ville et à combiner nature et vie urbaine. Dans sa forme actuelle, le concept est surtout réalisable dans les régions au climat tropical.

Ha Long Villa, Vietnam (2020), par VTN Architects.

VTN Architects
4. Grand Street Residence, Andrew Berman / Goode Green

Un penthouse de la qualité d'une villa entourée de son propre jardin a été construit sur un bâtiment d'usine vieux de 110 ans à South Manhattan. La structure du toit et les poutres porteuses du bâtiment d'origine ont dû être renforcées pour supporter la charge. La maison est reliée à l'extérieur par des terrasses, des pelouses, des parterres de plantes, un étang (contenant des poissons) et un potager florissant. L'aménagement du jardin de Goode Green repose principalement sur des arbustes, des graminées et fleurs sauvages locales. Une colonie d'abeilles et des poules y ont également élu domicile.

Grand Street Residence à New York (2005), l’aménagement du jardin est signé Goode Green, l’architecture est d’Andrew Berman.

Andrew Berman
5. 510 West 22nd Street, Cookfox / MKM Landscape Architecture

Cet immeuble de bureaux à Chelsea s’est inspiré, entre autres, de la verdoyante High Line qui se trouve non loin de là. Le lien visuel et physique avec la nature est ici assuré par une série de terrasses intensément végétalisées, qui adoucissent de paysage formé par les buildings environnants. Bacs à plantes incurvés et jardins sauvages, terrasses en bois et surfaces pavées offrent autant d’espaces flexibles et accueillants pour divers événements.

510 West 22nd Street à New York (2019), toit végétalisé par MKM Landscape Architecture, l’architecture est signée Cookfox.

Bruce Damonte
6. Garden Garage, Studio North / Green T

Le couronnement absolu d'un garage consiste à le doter d’un toit en orpin. Avec un parterre épais et profond, un système d'irrigation intégré et un drainage naturel, une multitude de plantes et d'herbes locales, même de grande taille, peuvent s’y épanouir. La plantation se prolonge vers la cour intérieure en passant par plusieurs petites terrasses.

Garden Garage à Calgary (2020), toit vert de Green T Design, architecture de Studio North.

Studio North
7. Moynihan station / Future Green Studio

L'immense toit du Moynihan Train Hall à Manhattan élargit le concept de nouvel aménagement du travail. Les salles de réunion et de réception de cette entreprise technologique internationale s’intègrent en effet dans un paysage luxuriant : de grandes pelouses, des postes de travail en plein air et des cabines de réunion permettent des formes de travail, d’apprentissage et de réunion très diversifiées. Inspirée du bâtiment historique, l’architecture est enrichie par des jardins, des allées bordées d'arbres et des figures géométriques modernes.

Moynihan Station à New York (2021) par Future Green Studio.

Future Green Studio / Taro Hashimura

L’agriculture urbaine sur les toits de la ville

Le jardinage urbain a le vent en poupe. En effet, il y a bien longtemps que l'on sème, fertilise et récolte ailleurs qu’à la campagne. Depuis quelques années, le jardinage urbain a conquis les métropoles et de plus en plus de personnes aménagent des espaces sur les balcons ou dans les arrière-cours, pour les herbes aromatiques ou les légumes.

L'agriculture urbaine est une manière particulièrement durable d’utiliser les immenses toits plats, comme ceux d'un centre commercial ou d'un parking. Ce type d’initiative peut permettre de réduire encore davantage l'empreinte écologique d'une communauté qui devient à même de produire la nourriture qu’elle consomme. Les fruits et les légumes sont plantés dans des pots, des bacs ou directement dans de la terre. Ce système permet des économies, mais peut également apporter de la joie (et des récoltes abondantes). De tels projets renforcent la communauté, favorisent le sentiment d'autonomie et améliorent les produits consommés.

Green Cloud Garden / 11architecture

Le Green Cloud Garden est conçu comme un espace public : tout le monde peut y monter après une simple inscription à la réception. Le projet de Shenzen est destiné à accueillir différentes activités communautaires, à promouvoir l'éducation à l’environnement et à un mode de vie durable. Dans la « ferme à louer », les habitants de la ville ont la possibilité de demander un carré de jardin d'environ un mètre carré qui comporte quatre jardinières qu’ils peuvent utiliser de manière autonome.

Green Cloud Garden (2021) à Shenzen par 11architecture.

Siming Wu
ØsterGro

ØsterGro a été créée en 2014 sur le toit d'une ancienne salle des ventes de voitures à Copenhague. La « ferme sur le toit » comprend 600 mètres carrés de fruits, légumes, herbes, fleurs comestibles, ainsi qu’une serre, un poulailler et trois ruches. Les membres y récoltent leurs fruits et légumes mais peuvent également déguster les produits frais au restaurant Gro Spiseri, où les cuisiniers transforment la récolte fraîche en plats délicieux.

Les jardins sur le toit du projet ØsterGro à Copenhague.

ØsterGro

Article initialement publié sur AD Allemagne

Traduction Nelly Fourment