Université La Sorbonne Nouvelle – Paris 3 – Ecole Doctorale 268 : Langage et Langues
Thèse de Doctorat en Sciences du Langage
Expériences de la couleur,
ressources linguistiques et processus discursifs
dans la construction d'un espace visuel :
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l’habitacle automobile
Présentée par
Caroline CANCE
Pour obtenir le grade de Docteur de l’Université Paris 3
Soutenue le 4 juillet 2008 devant un jury composé de
Mme Anne BARDOT
Ingénieur docteur (PSA Peugeot Citroën)
Responsable industrielle
Mme Danièle DUBOIS
Directrice de Recherche CNRS
Directrice de la recherche
Mme Agnès GIBOREAU
Ingénieur docteur (Institut Paul Bocuse)
Examinatrice
Mme Mary-Annick MOREL
Professeur (Université Paris 3)
Examinatrice
Mr Robert VION
Professeur (Université d’Aix–Marseille)
Rapporteur
Mr Wolfgang WILDGEN
Professeur (Université de Brême)
Rapporteur
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Remerciements
Mes remerciements seront sûrement tout aussi à l’envers que je ne le suis, mais je sais qu’ils
sont nombreux et que sans tout-e-s et chacun-e-s jamais je n’aurais été au bout de cette route.
Tout d’abord, un grand, un très grand, un immense merci à toi Danièle, avec tous les adverbes
de modalité et toutes les co-constructions subjectives et objectives possibles et imaginables,
… Et oui, c’est incroyable mais nous y sommes !
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Merci à Agnès Giboreau pour son encadrement toujours clair et rigoureux, son soutien et ses
conseils si judicieux.
Je remercie également Anne Bardot pour m’avoir accueillie au sein de PEFH, avoir pris le
relais dans l’encadrement de mes recherches, et avoir accepté, après tout ce temps, d’évaluer
ce travail et de participer à mon jury.
Merci à Mary-Annick Morel pour tous les échanges que nous avons eu au cours de ces années
et ainsi que pour avoir accepté d’évaluer mon travail et de participer à mon jury.
Mes remerciements vont également à Robert Vion et Wolfgang Wildgen qui ont accepté
d’évaluer ce travail de thèse.
Je remercie ma merveilleuse équipe du LCPE : Philippe, Séverine, Gaelle, Elodie, Pascale,
Jacques, et Jacques P. ainsi que Noémie Cavelier pour sa précieuse aide dans l’enquête SMS
(Sémantique et Morphosyntaxe in the Move) et son amitié. Je suis ravie à l’idée de te revoir à
l’occasion de ma thèse.
Merci également à tous les membres de mon labo d’adoption, le LAM, avec une spéciale
dédicace à celles et ceux qui m'ont tenu compagnie en soirée et les week-ends. Non, vous ne
m’y verrez plus le dimanche matin !
Je remercie aussi toute l’équipe de PEFH (avec une pensée particulière pour Mickaël, parti
retrouver sa Bretagne natale) ainsi que toutes les personnes de PSA qui m’ont aidée : Jean
Goffinet, Thierry Voillequin, et l’équipe RV, l’équipe Sherpa, le service Couleurs et Matières,
Olivier Henry, Nathalie Balland et Nathalie Ancelin.
3
Toute mes remerciements à toutes les personnes qui ont accepté d’être interviewées,
enregistrées, et de me parler de leur rapport à la voiture. A celles qui se sont prêtées au jeu des
expériences et ont fait part à Noémie de leurs impressions face à ces drôles d’habitacles. Et à
celles qui ont acceptées d’être filmées en concession, alors qu’elles venaient essayer le dernier
modèle de chez …
Je remercie Lorenza Mondada pour m’avoir accueillie au sein du laboratoire ICAR, donné le
goût du terrain et des enregistrements audio et vidéo, initiée à l’analyse des interactions et
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pour avoir contribué à alimenter mes réflexions sur la co-construction.
Merci aussi à Jonathan Bergena qui m’a beaucoup aidée dans cette exploration des concessions
automobiles.
Merci à Lyon 2, et l’opportunité qui m’a été donnée d’enseigner durant ces 2 dernières années.
De belles rencontres avec les étudiants. Mes premières années de linguistique et des collègues
formidables.
Tout particulièrement merci à Liliane, Sylvie, Sophie, Ida et Cécile.
À mon second labo d’adoption : ICAR avec une pensée pour Chloé et Yoda.
Merci à tous ceux et celles que j’ai rencontrés durant toutes ces années au cours de séminaires,
de colloques, d’école d’été … et avec qui j’ai pu échangé autour de mes recherches et des leurs
et qui m’ont permis d’avancer et de ne jamais arrêter de me questionner et de questionner mon
objet de recherche.
A tous mes proches, famille et ami-e-s, je veux d’abord dire un immense merci pour votre
patience (ah ça, vous avez été à rude épreuve) et votre confiance. Merci d'avoir eu la patience
et la curiosité suffisante pour rester à mes côtés … Accrochez-vous, car la nouvelle Caroline
va vous surprendre, j'espère …
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Merci à mes grand – mères, qui, chacune à leur manière, m’ont donné le goût des mots et
l’envie de comprendre ce que ressentent les gens à travers et par-delà leurs paroles …
A mon grand-père, mon mineur préféré aux 96 printemps, qui attend impatiemment que je lui
explique pourquoi il ne se rappelle plus de tout comme avant et Kesako docteur es
linguistique ?
À mon frère, mon « petit » frère. L’ornithorynque avait bien mérité le surnom que tu lui avais
donné … Merci à toi pour la curiosité que tu fus le premier à éveiller et nourrir avec tant de
discussions, de lectures, de musiques … Merci d’être là.
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À mes parents, pour tout l’amour, la confiance et la liberté qu’ils me donnent et m’ont donné
jour après jour. Merci pour la co-construction !
A Juenten para todo el camino y las brechas que hemos habiertas juntas ...
A mi otra familia del pacifico, mis guerreros, aunque no me van a leer. Un gracias inmenso por
su amor y su cariño y por haberme hacer sentido tener otra familia mas, sabiendo que eso sera
para siempre, quoi qu'il en soit.
À mes merveilleuses et merveilleux ami-e-s lyonnais, parisiens et d'ailleurs que je suis
tellement fière de connaître. Merci à vous pour votre soutien, ces moments que vous m’avez
offerts, ce temps que vous m’avez laissé, sans jamais me juger.
Avec une spéciale dédicace à Emilie, Ben, Sab, André, Ge, Sand, Sof, Lil, Ida, et Marie ma
super « coloc » de Paris.
Enfin, merci à mes relectrices et "coach" de l'extrême qui ont eu fort à faire ces derniers mois,
dernières semaines et derniers jours. Il est temps pour vous de prendre des vacances bien
méritées !
Et un dernier merci à la ligne de TGV Lyon-Paris …
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SOMMAIRE
Introduction........................................................................................................................13
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Chapitre 1 : D’une demande industrielle à une problématique linguistique cognitive....19
A - La demande du partenaire industriel ...........................................................................19
1. Contexte et questionnement initial ............................................................................19
2. Enjeux pour l’industrie .............................................................................................22
B - Problématique linguistique cognitive ..........................................................................33
1. Positionnement en sciences du langage .....................................................................35
2. Positionnement en psychologie cognitive..................................................................41
3. Enjeux en sciences cognitives ...................................................................................47
4. Problématique générale.............................................................................................55
C - Plan de l’ouvrage........................................................................................................57
1. La problématique sensorielle « classique »................................................................57
2. De l’analyse sensorielle à la sémantique cognitive ...................................................58
Chapitre 2 : Relations entre Langue, Perception et Cognition.........................................63
Introduction......................................................................................................................63
A - La triade sémiotique : d’Aristote à la Cognition située ................................................64
1. Le signe linguistique : des mots aux discours ............................................................65
2. Du concept en philosophie aux représentations en psychologie cognitive..................70
3. Des objets du réel aux mondes construits ..................................................................76
B - Relations entre discours, catégories cognitives et mondes construits ...........................77
1. Relations entre discours et mondes............................................................................77
2. Relations entre discours et catégories cognitives .......................................................79
3. Relations entre catégories cognitives et mondes ........................................................82
4. Subjectivité, intersubjectivité et objectivité : relations de co-construction .................89
C - Questions et hypothèses générales de la thèse .............................................................95
Chapitre 3 : Construction d’un parcours pluri-méthodologique ..................................105
Introduction....................................................................................................................105
A- Méthodologies proposées par les différents champs disciplinaires convoqués ............105
1. en linguistique ............................................................................................................105
2. en psychologie............................................................................................................107
B- Démarches méthodologique et épistémologique d’observation systématique..............108
1. Le parcours.................................................................................................................111
2. Les modes d’approches : méthodologies .....................................................................116
Chapitre 4 : Inscription linguistique de l’expérience sensible mémorisée de l’habitacle
...........................................................................................................................................153
Introduction....................................................................................................................153
A - Résultats...................................................................................................................153
1. Des formes lexicales nominales aux thèmes ............................................................154
2. Analyse morphosyntaxique.....................................................................................191
3. Analyse des formes verbales et des marques de la personne ...................................214
B - Synthèse et Discussion..............................................................................................231
1. Analyse thématique.................................................................................................231
2. Morphosyntaxe .......................................................................................................232
3. Formes verbales et marques de la personne.............................................................233
C - Conséquences méthodologiques................................................................................234
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1. Analyse thématique.................................................................................................234
2. Morphosyntaxe .......................................................................................................236
3. Formes verbales et marques de la personne.............................................................238
4. Conclusion..............................................................................................................239
Conclusions et perspectives ............................................................................................240
Chapitre 5 : Matérialités des couleurs dans l’habitacle :
Inscription lexicale et
syntaxique.........................................................................................................................245
Introduction....................................................................................................................245
A - Présentation..............................................................................................................246
1. Positionnement dans la problématique générale ......................................................246
2. Principales hypothèses ............................................................................................248
3. Procédure................................................................................................................251
B - Analyses réalisées.....................................................................................................252
C - Résultats ...................................................................................................................254
1. Résultats lexicaux globaux......................................................................................255
2. Inscription morphosyntaxique des formes lexicales de couleur................................268
D - Synthèse ...................................................................................................................311
1. Formes lexicales génériques de couleur...................................................................311
2. Formes lexicales spécifiques de couleur : beige, gris et noir....................................317
3. Lexique des couleurs, conceptualisation des couleurs et caractérisation des dispositifs
de présentation............................................................................................................318
Conclusion .....................................................................................................................320
Chapitre 6 : Dynamiques de co-construction des couleurs de l’habitacle en discours...325
Introduction....................................................................................................................325
A - Présentation..............................................................................................................325
1. Positionnement dans la problématique ....................................................................325
2. Objectifs et hypothèses ...........................................................................................326
3. Démarche d’analyse et de présentation des résultats................................................327
B - La couleur et les couleurs..........................................................................................329
1. Introduire les couleurs / la couleur ..........................................................................329
2. Des couleurs génériques à la couleur spécifique......................................................331
3. Couleur(s) comme étayages de la construction du jugement....................................334
C - Les couleurs de l’habitacle : beige, gris et noir..........................................................353
1. Beige, gris et noir : des couleurs pour construire et évaluer l’habitacle....................353
2. Des couleurs spécifiques comme étayages de la construction de l’objectivité .........356
3. Des couleurs à évaluer ............................................................................................369
Conclusion .....................................................................................................................372
Discussion générale...........................................................................................................377
Conclusion ........................................................................................................................391
Références bibliographiques ............................................................................................395
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La función del arte/3
Es mediodía y James Baldwin está caminando con su amigo por las
calles del sur de la isla de Manhattan. La luz roja los detiene en una
esquina.
- Mira – le dice el amigo, señalando el suelo.
Baldwin mira. No ve nada.
- Mira, mira.
Nada. Allí no hay nada que mirar, nada que ver. Un cochino
charquito de agua contra el borde de la acera y nada mas. Pero el
amigo insiste.
- ¿Ves? ¿Estás viendo?
Y entonces Baldwin clava la mirada y ve. Ve una mancha de aceite
estremeciéndose en el charco. Después, en la mancha de aceite ve el
arco iris. Y más adentro, charco adentro, la calle pasa, y la gente
pasa por la calle, los náufragos y los locos y los magos, y el mundo
entero pasa, asombroso mundo lleno de mundos que en el mundo
fulguran; y así, gracias a un amigo, Baldwin ve, por primera vez en
su vida ve.
(Memoria del fuego / El siglo del viento)
Eduardo Galeano, Amares, Madrid : Alianza Editorial, 1993.
La fonction de l’art/3
Il est midi et James Baldwin se promène avec son ami dans les rues
du sud de Manhattan. Un feu rouge les arrête à un coin de rue.
- Regarde – lui dit l’ami, en lui montrant le sol.
Baldwin regarde. Il ne voit rien.
- Regarde, regarde.
Rien. Ici il n’y a rien à regarder, rien à voir. Une flaque d’eau
dégoutante longeant le trottoir et rien de plus. Mais l’ami insiste.
- Tu vois ? Tu es en train de voir ?
Alors Baldwin fixe son regard et voit. Il voit une tache d’huile
tremblotante dans la flaque. Puis, dans la tache d’huile, il voit l’arc
en ciel. Et encore au dedans, la flaque, la rue qui passe et les gens
qui passent dans la rue, les naufragés et les fous et les mages, et le
monde entier passe, monde stupéfiant empli de mondes qui dans le
monde scintillent; et ainsi, grâce à un ami, Baldwin voit, pour la
première fois de sa vie, il voit.
À mon frère, Nicolas doré
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Introduction
La question des relations entre langage, pensée et réel a suscité de nombreuses
réflexions à travers toute l’histoire de la philosophie et l’élaboration de la linguistique et de la
psychologie. Elle s’inscrit également parmi les problématiques fondatrices des sciences
cognitives (Rastier, 1990, Auroux, 1990). Extraordinaire mise en abîme, cette réflexion sur
les relations entre les formes linguistiques et modes d’expressions en discours, les concepts et
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les objets du monde a été élaborée et continue à se construire en discours …
Dans ce travail, nous proposons une contribution à l’étude de ces relations de coconstruction entre langue, discours, perception dans une approche pluridisciplinaire, en
linguistique et psychologie cognitives, à travers l’exploration d’un questionnement appliqué.
Suite à une demande industrielle de PSA Peugeot Citroën - comment se construit le
jugement perceptif visuel des usagers à propos d’habitacles automobiles ?, il s’agit
d’expliciter, par l’analyse des discours produits par les sujets, les modes de construction et de
structuration de l’appréciation visuelle d’un espace complexe, l’habitacle automobile, et
d'identifier les facteurs visuels contribuant au jugement sur la qualité de l’habitacle
automobile.
Ces recherches en linguistique cognitive ont donc pour objectif i) d’identifier les
ressources disponibles en langue et ii) d’analyser la mise en oeuvre de ces ressources dans les
productions en discours de locuteurs questionnés à propos de leur expérience visuelle des
habitacles automobiles. En effet, la diversité des ressources en langue pour exprimer les
diverses sensibilités ne pouvant se contenter du seul registre des formes lexicales, qui
s’avèrent variables d’un domaine sensoriel à un autre, il convient de tenir compte des divers
plans d'analyse linguistique -morphologique, syntaxique, discursif, énonciatif, qui se
manifestent lors de la mise en discours.
La finalité de ces analyses est de proposer une théorisation des inférences que les
divers indicateurs linguistiques permettent d’émettre sur les constructions cognitives
élaborées par les locuteurs au fil de leurs expériences sensibles et de leur expression en
discours. La problématique de ce travail inscrit donc les phénomènes perceptifs et cognitifs,
13
non seulement dans le rapport sensible individuel, mais également dans l’analyse des
processus collectifs de construction des connaissances.
Pour rendre compte des dynamiques de co-constitution des ressources linguistiques,
des constructions cognitives et des phénomènes perceptifs, il nous faut construire une théorie
linguistique permettant de rendre compte de la structuration des indicateurs linguistiques que
nous allons repérer en discours. Mais il nous faut également une théorie psychologique du
sujet, permettant d’expliciter le mode de construction des représentations sensibles et des
connaissances collectives, ce en relation avec l’expérience sensible du monde. Enfin, c’est
l’articulation de ces deux théories et leur mise en application concrète qui nous permet de
construire une sémantique cognitive située visant à rendre compte des dynamiques de cotel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
construction entre expérience sensible, connaissances, matérialités linguistiques et pratiques
discursives.
À la différence de recherches cognitives uniquement centrées sur des problématiques
de « laboratoire », notre développement théorique et méthodologique est mis à l’épreuve et
reconfiguré par la demande de PSA Peugeot Citroën.
Aussi, dans le premier chapitre, nous présentons cette demande, ainsi que les enjeux
dont elle relève. Ces enjeux se situent sur le plan de la connaissance de l’objet habitacle, sur
le plan de la connaissance des usagers ainsi que sur un plan transversal méthodologique. Il
s’agit ensuite dans la seconde partie du chapitre de traduire cette problématique industrielle en
problématique pour la recherche, du point de vue de la linguistique, du point de vue de la
psychologie, et, dans une intégration des deux approches, au sein des sciences cognitives.
Partant de cette double problématique, nous proposons un parcours rendant compte
des dynamiques de construction de notre objet d’étude et ayant pour objectif final de répondre
aux questions et objectifs fixés tant d’un point de vue théorique qu’appliqué.
Il s’agit dans un premier temps, dans le chapitre 2, de mettre à contribution les
différents cadres théoriques disponibles en sciences du langage et en psychologie cognitive
afin de déterminer les outils conceptuels les plus appropriés à notre objet. Les multiples
interprétations et reformulations de la triade sémiotique, qui propose une schématisation des
relations entre langue, pensée et monde, sont le fil conducteur de ce chapitre. Dans une
première partie, nous examinons les différentes propositions d’interprétation des sommets de
cette triade à travers la littérature linguistique et psychologique, en nous intéressant plus
14
spécifiquement aux définitions de signe, langue, discours en linguistique, et de concept,
représentation et catégorie en psychologie. Dans une seconde partie, nous nous intéressons
aux mises en relation entre les différents sommets, à la dynamique de ces relations, et à la
manière dont elles sont traitées suivant la discipline académique. Dans cette partie, d’autres
éclairages sur les relations de co-constitution de l’objectivité et de la subjectivité sont
apportés par l’anthropologie et la sociologie des pratiques, et, de manière plus générale, par
les recherches s’inscrivant en cognition située. L’ensemble de ce premier parcours (à
l’intérieur du parcours général de la thèse) nous conduit ensuite à poser nos hypothèses de
travail quant aux dynamiques de co-construction entre expériences perceptives, constructions
cognitives, ressources linguistiques et pratiques discursives.
Après ce parcours théorique, le chapitre 3 rend compte de la construction de la
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démarche méthodologique mise en œuvre pour répondre à notre problématique. Partant du
caractère global des évaluations sensorielles, nous souhaitions réaliser une analyse contrastive
de différents types de discours produits à propos de cette expérience sensible. Aussi, deux
études ont été réalisées positionnant chacune le sujet dans une expérience perceptive et de
communication différente de l’habitacle. La première, l’enquête MEMOIRE, au travers
d’entretiens semi directifs questionnant 15 locuteurs sur leur expérience antérieure des
habitacles automobiles, s’intéresse à l’expression en discours des représentations sensibles et
connaissances mémorisées des usagers à propos des habitacles. Dans la seconde, des
entretiens semi directifs sont également réalisés, dans trois situations perceptives différentes
variant suivant le type de matérialité du dispositif de présentation des ambiances d’habitacles
(images 2D, 3D ou voiture « réelle »). La seconde partie du chapitre présente l’ensemble des
méthodologies utilisées pour construire les situations de questionnement, pour recueillir les
discours, et enfin, pour les analyser.
Le chapitre 4 présente les résultats de la première étude menée, intitulée enquête
MEMOIRE.
Au travers d’une analyse thématique lexicale puis d’une analyse morphosyntaxique
et discursive, sont repérés puis précisés les différentes notions, objets et propriétés qui
structurent en mémoire l’appréciation globale d’un habitacle. Ces résultats permettent
d’approfondir nos connaissances sur les ressources linguistiques à disposition des locuteurs
pour exprimer leur ressenti sensoriel à propos de cet espace complexe. Ils valident également
les indicateurs linguistiques (présentés dans le chapitre 3), à même de rendre compte des
constructions cognitives élaborées par les locuteurs vis-à-vis de leur expérience sensible et de
15
leurs pratiques de l’habitacle automobile. Enfin, cette étude constitue une base, un socle pour
la construction de l’étude suivante et l’analyse des corpus recueillis.
Les chapitres 5 et 6 présentent les résultats de la seconde étude (2D - 3D - REEL).
Dans un double mouvement allant du global à l’analytique et au local (de l’habitacle aux
couleurs), et de l’analytique au global (du lexique au discours), nous nous focalisons sur
l’expression lexicale et morphosyntaxique (chapitre 5) puis discursive (chapitre 6) d’une
propriété particulière de l’habitacle, la couleur, en contrastant les différents corpus recueillis
dans cette étude. Dans le chapitre 5, la mise en perspective des trois corpus sur le plan lexical
et morphosyntaxique permet d’identifier des indicateurs linguistiques témoignant de
différents niveaux de conceptualisation (couleurs génériques ou spécifiques) et de différents
statuts cognitifs des couleurs référées (entité, propriété, indice). Les résultats de ces analyses
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permettent également de faire des inférences sur le rapport des locuteurs aux différentes
matérialités d’habitacle qui leur sont proposées. L’analyse en discours de ces mêmes formes
lexicales permet de confirmer et de spécifier ces résultats en s’attachant à décrire la
contribution des formes lexicales de couleur à la construction de l’évaluation mais aussi à la
construction de la matérialité de l’habitacle en discours. Ces résultats permettent également de
préciser encore la relation des locuteurs aux dispositifs de simulation en mettant à jour les
dynamiques de co-construction de l’objectivité de ces re-présentations.
Enfin, la discussion générale nous permet dans un premier temps de mettre en
perspective l’ensemble des résultats avant de discuter de la contribution de ces recherches
dans les différents champs convoqués, en linguistique, en psychologie, mais également d’un
point de vue méthodologique et d’un point de vue appliqué.
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Chapitre 1 : D’une demande industrielle à une
problématique linguistique cognitive
A - La demande du partenaire industriel
1. Contexte et questionnement initial
Ce travail de thèse a été financé par une convention CIFRE entre PSA Peugeot Citroën
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et l’équipe Langues Cognitions et Pratiques (LCPE - LAM, UMR 7604 CNRS-Univ Paris 6 et
Ministère de la Culture). Le sujet s’est construit à partir d’une demande précise de la part de
PSA, concernant la caractérisation visuelle de cet espace complexe qu’est l’habitacle
automobile, intitulée Représentations et Perceptions visuelles d’un habitacle automobile.
Cette demande témoigne de nouvelles préoccupations dans le secteur industriel. En
effet, la plupart des industriels, suivant les précurseurs que furent les acteurs de l’industrie
agro-alimentaire, portent un intérêt croissant aux problématiques « sensorielles », c’est-à-dire
à l’impact des propriétés sensorielles des produits qu’ils fabriquent, qu’ils conçoivent, sur
l’appréciation de ces produits par les clients, usagers et consommateurs1. Ainsi on assiste
depuis maintenant une vingtaine d’années à la création d’une communauté d’analystes
sensoriels en produits non-alimentaires. Dans cette perspective, PSA Peugeot Citroën a mis en
place depuis 10 ans une réflexion et des études2 visant à la caractérisation des propriétés
sensorielles des automobiles et tout particulièrement de l’habitacle automobile. Ces
recherches visent principalement à décrire les caractéristiques visuelles, tactiles, acoustiques
et olfactives des différents éléments et matériaux qui constituent les habitacles, et à établir des
relations entre les propriétés physiques des matériaux utilisés, leurs propriétés sensorielles et
les préférences des usagers, afin d’améliorer ces dernières. Dans la plupart des investigations
menées, c’est une perspective analytique qui est adoptée : chaque élément, chaque matériau
fait l’objet de mesures analytiques, tant psychologiques que physiques, sur chacune des
propriétés sensorielles qui le caractérise. Les résultats obtenus grâce à ces mesures, s’ils
1
La dénomination variant suivant les domaines industriels et sociétés de service considérés.
Au sein du service Perception Et Facteurs Humains (PEFH) de la Direction de la Recherche et de l’Innovation
Automobile (DRIA).
2
19
permettent en effet de décrire finement les propriétés sensorielles des éléments analysés et
leur « ressenti », ne rendent pas (ou alors très partiellement) compte de l’expérience
perceptive globale vécue par les usagers lors de leurs interactions dans et avec un habitacle
automobile. Il s’agissait donc pour PSA au travers de cette thèse d’explorer d’autres
approches théoriques et méthodologiques, davantage centrées sur les usagers, et plus à même
de rendre compte de la globalité de l’expérience visuelle de l’habitacle comme « ambiance ».
La question étant de mieux comprendre la structuration de l’appréciation visuelle de
l’habitacle automobile, il s’agit de fournir des éléments de réponse sur différents plans :
- Apporter des préconisations sur la conception de nouveaux habitacles :
en termes de d’éléments et propriétés sensorielles à privilégier et d’interactions entre
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propriétés à tenir en compte. Il nous est demandé de mettre en évidence les propriétés
sensorielles participant à la construction du jugement des usagers et leur ordre d’importance.
Nous cherchons donc à déterminer s’il existe ou non une hiérarchie entre les différents
éléments de l’habitacle et quelles sont les valeurs symboliques de ces éléments. Enfin, nous
souhaitons comprendre les variations interindividuelles affectant ces schémas de perception.
L’objectif de cette thèse est donc d’accroître nos connaissances quant à la perception
visuelle et aux constructions cognitives qu’élaborent les usagers relativement à un habitacle
automobile. En particulier, nous voulons identifier les éléments et les propriétés visuelles de
l’habitacle (ainsi que les autres propriétés sensibles qui y sont reliées : visuo-tactiles et
kinesthésiques) les plus pertinentes dans la construction du jugement d’appréciation des
usagers.
- Apporter des préconisations méthodologiques :
Il s’agit de réfléchir aux conditions de mise en place de protocoles expérimentaux
écologiquement valides. Cette problématique de la validité écologique (que nous serons
amenée à discuter à maintes reprises tout au long du manuscrit) renvoie elle-même à
différents plans correspondant aux différentes étapes de l’élaboration et de la passation des
protocoles ainsi que de l’analyse des données en résultant. Il s’agit donc d’approfondir nos
connaissances et d’apporter des éléments de réponse à l’entreprise quant à l’efficacité, la
pertinence et l’écologie du matériel expérimental utilisé mais aussi des procédures (types
d’enquête, de questionnement et de consigne choisis) et donc des types de corpus recueillis,
puis des observables sélectionnés à partir de ces corpus et enfin des analyses effectuées.
Chacune de ces étapes est évidemment dépendante des autres étapes (en amont comme en
20
aval), de la question posée, des objectifs à atteindre et du cadre théorique et épistémologique
dans lequel nous nous situons.
Ceci doit à terme nous permettre de construire et de proposer une approche de
linguistique cognitive pluri-méthodes, transférable à d’autres problématiques sensorielles, sur
la base de critères de validité écologique des situations de questionnement et des analyses des
réponses recueillies. Ceci doit également nous conduire à donner des indications quant aux
types de protocoles à utiliser par la suite pour évaluer de nouveaux produits.
Plus spécifiquement, une évaluation de deux dispositifs proposant des re-présentations
visuelles d’habitacles nous a été demandée afin d’en déterminer les utilisations et
contributions possibles dans des protocoles expérimentaux, ainsi que d’en caractériser les
limites.
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- Améliorer les connaissances de l’entreprise concernant l’expression en discours du
rapport sensible des usagers à l’habitacle :
Ce travail de thèse, au travers du type d’approche et du cadre théorique dans lequel il s’inscrit,
doit également permettre à PSA d’approfondir leur compréhension globale des usagers et de
leurs pratiques. Il s’agit d’apporter à l’entreprise des éléments de connaissance plus généraux
sur les usagers, leur rapport sensible à l’habitacle automobile, et sur la contribution de ce
rapport sensible à leur appréciation des habitacles et à leur décision dans l’acte d’achat. Cela
doit également permettre à PSA d’évaluer en quoi une méthodologie et une approche en
Sciences humaines, centrée sur l’usager et son rapport à l’objet (et non sur l’objet en tant que
tel) peuvent leur apporter des éléments intéressants, complémentaires des approches
habituellement mises en oeuvre, et ainsi d’évaluer la productivité d’une telle méthode pour
leurs problématiques. Plus précisément, en faisant appel aux sciences du langage et en nous
demandant d’étudier les modes de construction et de structuration de l’appréciation visuelle
d’un habitacle automobile par les usagers à travers l’analyse des discours produits à propos de
leur expérience sensible, le partenaire industriel souhaitait évaluer les apports et contributions
possibles de la linguistique cognitive à ses questionnements appliqués et par là même
approfondir ses connaissances quant aux relations entre discours et expérience sensible, ou
plus globalement encore, entre langage et cognition.
21
2. Enjeux pour l’industrie
Les enjeux appliqués de cette recherche se situent sur trois plans, celui de l’objet visé (2.1.),
l’habitacle automobile, celui des sujets (usagers) qui perçoivent, évaluent, expériencient
l’habitacle (2.2.) et enfin sur un plan transversal méthodologique (2.3.).
2.1. Les connaissances centrées sur l’habitacle
Nous souhaitons savoir sur quels éléments de l’habitacle l’attention des usagers va se porter
en priorité. L’habitacle en tant qu’espace complexe physique, psychologique et culturel est
constitué de différents éléments et propriétés dont nous faisons l’hypothèse qu’ils peuvent être
interprétés, en psychologie cognitive, dans le cadre d’une théorie de la catégorisation.
Accéder à cette organisation catégorielle3 doit permettre de mettre en évidence et de
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caractériser les éléments (en tant que catégorie ou propriété) les plus typiques et les plus
saillants, éléments qui devraient être plus à même de structurer le jugement d’appréciation de
l’habitacle. Cela doit également permettre d’identifier quelles sont les relations qui existent
entre ces éléments et leurs propriétés, et leur structuration catégorielle.
Notre attention se porte en priorité sur les propriétés visuelles de l’habitacle, et, à ce
titre, il paraît important d’étudier leurs spécificités mais également les interdépendances
qu’elles entretiennent avec les autres propriétés sensibles. Sont considérées propriétés
visuelles de l’habitacle, les propriétés de couleur, de lumière ou luminosité, de forme, ainsi
que l’aspect visuel des matières qui regroupe celles énoncées précédemment mais également
la texture, le grain. A travers les matières et leur texture, un premier exemple
d’interdépendance entre propriétés sensorielles émerge : la texture d’une matière est perçue
grâce à des indices visuels mais également tactiles que l’usager va identifier et interpréter.
Ces deux types d’indice sont associés (Picard et al. 2003a et 2003b) et il s’agit entre autres de
voir dans quelle mesure l’absence de l’un des deux peut être en partie suppléée par l’autre4, et
à quelles conditions cette absence pourra aussi parfois remettre en cause l’expérience
perceptive en elle-même.
La demande de PSA concerne la spécification des aspects perceptifs de l’habitacle et leur
contribution à son appréciation globale. S’il s’agit de s’intéresser en premier lieu aux
différentes propriétés visuelles en les identifiant et en caractérisant leur apport respectif à
l’évaluation globale, il nous faut également déterminer en quoi les différents éléments, objets
de l’habitacle (tels que les sièges, le tableau et la planche de bord, le volant, le levier de
3
4
Explicité dans le chapitre 2 (cf. Rosch et al.1976, Rosch 1978, et Dubois 1991).
Voir les problématiques de suppléance perceptive (Auvray, 2005).
22
vitesse…) comprennent eux-mêmes des spécificités diverses quant à leurs propriétés
sensorielles et à la part que celles-ci jouent dans le jugement d’appréciation. L’entreprise
attend donc des résultats précis sur l’importance relative des propriétés sensorielles selon les
éléments de l’habitacle et sur leurs possibles interactions :
-
Dans quelle mesure telle propriété est-elle primordiale pour l’appréciation de tel
élément ?
-
Dans quelle mesure telle autre est-elle transversale et assure une continuité, une unité
entre différents éléments, contribuant en cela à construire l’habitacle en tant qu’espace
global, uni, comme ambiance, et non comme la somme d’éléments disparates ?
Ceci a également des conséquences méthodologiques et doit permettre à terme de contribuer à
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préciser les modes d’évaluation des nouveaux habitacles. Doit-on toujours, ou selon les cas,
procéder à :
-
l’évaluation d’un élément particulier et d’une de ses propriétés sensorielles
spécifiques ;
-
l’évaluation de plusieurs éléments en tant que système structuré, qu’espace global ;
-
l’isolation d’une propriété sensible particulière qui sera évaluée comme telle ;
-
l’évaluation intégrée de différents aspects ?
Ceci est à considérer dans le contexte des études déjà réalisées dans l’entreprise, et plus
généralement dans le domaine de l’Analyse Sensorielle, qui s’intéresse le plus souvent à une
caractéristique d’un élément particulier en étudiant par exemple les propriétés tactiles d’un
levier de vitesse, ou les propriétés visuelles de plaques de peinture (Le Calvé et al., 2001).
Étudier ces propriétés et ces éléments dans leurs spécificités et dans les relations qu’ils
entretiennent entre eux et avec d’autres n’est possible que dans le cadre d’une étude
contrastive proposant différentes matérialités d’habitacles. Nous employons ici matérialité en
faisant référence non aux différents matériaux qui composent un habitacle mais en opposant
habitacle « matériel » ou « physique » et habitacle « virtuel». Dans les deux cas, ces
habitacles ont des caractéristiques visuelles. Ce que nous appelons ici virtuel5 réfère à tout ce
qui n’est pas composé de matière palpable, mais qui relève d’une simulation visuelle proposée
par des technologies d’imagerie visuelle.
5
Nous reprenons pour le moment la terminologie employée par les concepteurs desdits dispositifs
technologiques. Celle-ci est discutée dans le chapitre 2.
23
En effet, les rapports sensibles expériencés par les usagers avec un habitacle matériel
(qu’il soit à l’intérieur d’une voiture ou en tant que maquette physique à l’échelle 1) sont à la
fois visuels mais aussi tactiles, sonores, olfactifs, kinesthésiques. Un habitacle virtuel, simulé
par exemple grâce à des images dynamiques en trois dimensions, ne conserve que des
caractéristiques visuelles (et parfois sonores). Que se passe-t-il pour les autres modalités
sensibles telles la modalité tactile et kinesthésique6 ? Quel effet va avoir cette « mutilation »,
cette perte de matérialité, sur la perception des usagers ?
Un des enjeux pour l’entreprise est de mesurer à quel point les technologies actuelles
qui proposent de se passer de cette matérialité en donnant à voir/percevoir/expérimenter à
l’être humain des images en trois dimensions (censées se substituer à l’objet représenté) sont
efficaces et pourquoi faire. Il s’agit donc pour nous d’évaluer la pertinence et la validité de
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nouveaux dispositifs technologiques de simulation visuelle par rapport à la question qui nous
est posée. En quoi investir dans un matériel coûteux de visualisation et immersion 3D en
temps réel peut-il avoir un intérêt pour les problématiques sensorielles ? Dans quelle mesure
ces dispositifs peuvent-ils être utilisés comme modes de présentation d’habitacles automobiles
à faire évaluer par des usagers ? En d’autres termes, est-il pertinent de faire évaluer à des
usagers un habitacle qui ne soit pas un habitacle de voiture tel que celui qu’ils achèteront mais
une simulation visuelle plus ou moins partielle en trois dimensions? En quoi cette simulation
est-elle une re-présentation (matérielle bien que virtuelle) adéquate du réel permettant aux
usagers de porter un jugement sur cette simulation ? Qu’est-il possible d’inférer à partir de ce
jugement par rapport à un habitacle réel ? Quels effets sur la perception et le jugement des
usagers produit l’absence d’indices tactiles et kinesthésiques dans ces simulations ?
S’intéresser à l’appréciation visuelle globale des habitacles automobiles et à ses modes
d’organisation signifie pour l’entreprise l’adoption d’un point de vue différent de celui, inscrit
dans une tradition psychophysique, généralement pratiqué. Ce n’est plus l’habitacle en tant
qu’objet manufacturé ou système d’objets manufacturés, défini par ses propriétés physiques et
sensorielles, qui est l’objet d’étude. Ce sont les individus qui « habitent » cet espace et qui, ce
faisant, l’expériencient, le pratiquent. Il y a déplacement d’une problématique qui pourrait
être qualifiée de centrée objet à une problématique centrée sujet7.
6
Les technologies dites de réalité virtuelle proposent parfois également des simulations tactiles et kinesthésiques
notamment avec ce qui est appelé les « dataglove » (gants de données), qui sont basés sur le retour d’effort
(Fuchs et al, 2001).
7
Ce déplacement est provisoire et reste insatisfaisant dans la mesure où le simple fait de considérer les deux
approches centrée sujet / objet perpétue et contribue à la classique dichotomie objectivité / subjectivité, que nous
24
2.2. Les connaissances centrées sur l’usager
Remarque préliminaire : Nous utilisons dans le manuscrit différentes dénominations pour
parler des individus suivant le contexte dans lequel ils sont cités, et par conséquent le domaine
de connaissances à partir duquel ils sont observés. Dans la perspective de l’entreprise, nous
parlons d’usagers (cf. titre), tandis que dans le contexte de l’analyse des discours qu’ils
produisent nous les considérons comme locuteurs français. De plus, dans le contexte
expérimental, ils sont appelés sujets8.
Vouloir appréhender les modes d’organisation et de structuration de l’appréciation visuelle
d’un espace complexe tel que l’habitacle automobile au travers des discours des usagers
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signifie s’interroger sur la manière dont s’articulent et se co-construisent l’expérience
perceptive, les pratiques langagières et les connaissances en mémoire. Afin de mieux
identifier les liens existant entre langage et perception, il nous faut déterminer les indices sur
la perception visuelle et l’appréciation qu’ont les usagers d’un habitacle, que l’on peut inférer
de leur discours à propos de cette perception d’habitacle. La question principale est alors de
savoir comment le discours va contribuer à l’élaboration de constructions cognitives
mémorisées de la perception de l’habitacle par les usagers.
Dans un premier temps, il nous faudra repérer les axes principaux en discours sur lesquels se
construit le jugement global de l’habitacle. Les études antérieures dans le domaine de
l’automobile et des transports ont centré les analyses sur le confort9, sur les questions de
qualité des matériaux (temporalité, durabilité, aspect), sur l’esthétique, dans l’appréciation
d’un espace tel que l’habitacle.
Ces différents termes souvent évoqués à propos de la perception et de l’évaluation d’un
habitacle sont parfois employés de façon « équivalente » alors qu’ils renvoient et contribuent
à construire des rapports différents de l’usager à ce qu’il évalue.
serons amenée à discuter dans le présent manuscrit, l’objectif étant à terme d’unifier les deux pôles en travaillant
les rapports de co-construction entre usagers et habitacle.
8
Terme également employé dans le cadre de l’opposition « classique » objectivité / subjectivité, où nous opérons
le distingo entre sujet (à rapprocher du ressenti et de la subjectivité) et objet (matérialité physique « objectivée »
du monde).
9
Voir l’ouvrage de Le Goff, 1994, reprenant les recherches de sa thèse sur les transports en commun dans
l’invention du confort, mais aussi des recherches sur le confort en train, cf. Mzali, 2002, sur le confort acoustique
des TGV et Delepaut, 2007, pour une analyse linguistique et cognitive du confort en train.
25
En effet, ces termes font appel à des notions différentes. Il est pour nous impératif
d’identifier laquelle ou lesquelles sont à la base de la construction des perceptions et des
jugements des usagers et d’être capable de les expliciter. Ces notions vont contribuer à
l’orientation de nos recherches : les usagers vont-ils percevoir et effectuer un jugement sur
l’habitacle en terme de confort que celui-ci leur procure, en terme de qualité des éléments,
selon l’ambiance dégagée par l’habitacle, selon ses fonctionnalités… ? Chacune de ces
propositions implique un rapport différent de l’usager à l’habitacle et la nécessité d’un
centrage des recherches différent selon les cas.
Pour étayer notre propos, prenant l’exemple des termes « confort », « qualité » et
« ambiance », nous tentons de circonscrire un peu mieux, au travers des différents documents
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disponibles et recherches réalisées, les notions auxquelles ils renvoient.
Si l’on se reporte aux articles lexicographiques des dictionnaires contemporains, on
remarque que le confort a dans un premier temps (sens ancien) été défini comme le « secours,
assistance matérielle ou morale ». Il est à présent considéré comme étant « tout ce qui
contribue au bien-être, à la commodité de la vie matérielle » (Petit Robert, 1996), ou comme
« l’ensemble des commodités qui rendent la vie quotidienne plus agréable, plus facile et le
bien-être matériel qui en résulte » (Petit Larousse, 2001).
La thèse d’Olivier le Goff (1994), sur la notion de confort dans une problématique
historique et de rapports sociaux, nous indique que le sens contemporain de confort vient du
« home sweet home » anglo-saxon qui se situe dans le domaine du privé et du domestique. A
cette époque, à la fin du XIXe siècle, le confort est associé au développement technologique,
au progrès ainsi qu’au « welfare » américain qui représente l’aisance matérielle. S’opère
ensuite un glissement de sens, amenant le confort dans la sphère du collectif. La voiture
individuelle représente une charnière importante dans l’évolution du sens de la notion de
confort : prolongement du domestique, elle s’inscrit néanmoins dans la sphère du public. Elle
va contribuer à faire passer le concept de confort individuel dans le collectif. Ainsi, la
problématique du confort va investir d’autres objets dans le champ d’application des
transports (avions, trains, transports collectifs urbains). Le confort prend alors un sens plus
global, et peut être envisagé au niveau de l’environnement, de l’ambiance générale. Il est à
noter que, pour Le Goff, le confort est plutôt défini comme le manque d’inconfort. Des études
entreprises par le LCPE en collaboration avec la SNCF ont confirmé cette observation
(Delepaut, 2007, Mzali 2001, Kossachka et al. 2001).
26
Dans le domaine industriel, il est souvent question de qualité10 (cf. les dénominations
démarche qualité, responsable qualité, qualité perçue …). Ce mot est défini dans le Petit
Robert (1996) comme « une manière d’être plus ou moins caractéristique, un attribut, une
propriété. C’est ce qui fait qu’une chose est plus ou moins recommandable ; c’est un degré
plus ou moins élevé d’une échelle de valeurs pratiques. » On parlera d’améliorer la qualité
d’un produit et du statut de qualité définissant la qualité par des critères positifs. On trouve
enfin la qualité définie comme étant « ce qui rend une chose, une personne bonne,
meilleure » : il sera alors question de bonne qualité (Petit Robert, 1996).
Dans le Petit Larousse (2001), la qualité est une « manière d’être, bonne ou mauvaise,
de quelque chose ; un état caractéristique ». Cependant, l’accent est également mis sur la
« supériorité, l’excellence en quelque chose . [On va] préférer la qualité à la quantité, [on
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espèrera] un spectacle de qualité, [on exige une certaine] qualité de la vie [c’est à dire] tout ce
qui contribue à créer des conditions de vie plus harmonieuses [et] l’ensemble de ces
conditions. » (Petit Larousse, 2001).
Ces définitions ne sont pas tout à fait équivalentes. Dans le cas du Petit Robert, il est
question de qualité mesurable, de caractéristiques d’un produit, d’une chose, d’un être. Le
Petit Larousse ajoute une valeur positive, moins mise en avant dans le Petit Robert. Dans tous
les cas, la qualité apparaît comme plus objectivable que le confort, en ce sens que
contrairement au confort elle est centrée sur l’objet et non considérée comme un ressenti. Il
est ainsi très souvent question de qualité des matériaux. Le confort, quant à lui, est davantage
centré sur le sujet qui est, par définition, subjectif, alors que l’objet est plus à même d’être
décrit au moyen de critères physiques, perceptifs, dans la tradition physique analytique dans
laquelle notre culture occidentale s’inscrit. Ainsi, le confort / bien-être est procuré par quelque
chose à quelqu’un, « on ressent du bien-être » alors que la qualité est la « qualité de quelque
chose ». On parlera du confort du passager ou du conducteur, mais de la qualité d’un
habitacle. Notons toutefois qu’en philosophie, la qualité est une « manière d’être, un aspect
sensible et non mesurable des choses (une des catégories fondamentales de l’être) » (Petit
Robert, 1996).
Nous avons pris l’exemple de ces deux termes pour illustrer l’hypothèse selon laquelle parler
de la qualité d’un habitacle n’équivaut pas à parler du confort de ce même habitacle. D’un
côté, il devrait s’agir de s’intéresser aux caractéristiques de l’objet, des éléments de
10
Cela se traduit également par des recherches lexicographiques sur la qualité de vie réalisées à la demande de
professionnels de santé (Candel & Dubois, 2005).
27
l’habitacle, et ce, même s’il est question de qualité perçue. En effet, c’est bien la qualité
perçue et ressentie par l’usager – il y a introduction du sujet - mais c’est toujours la qualité de
l’objet, ce qui contraint a priori à adopter une démarche analytique pour la décrire (la qualité
perçue de la finition des sièges, de la robustesse des matériaux, de la peinture…). De l’autre
côté, parler de confort devrait amener à étudier les représentations et jugements subjectifs des
sujets pour accéder aux caractéristiques de l’objet qui produisent l’effet. A ce propos, C. Sèze,
dans l’ouvrage qu’elle dirige en 1994 : Le confort moderne, introduit le confort comme étant à
l’interface entre le sujet et l’objet. Il faut alors s’orienter sur l’effet que procure aux usagers
tel ou tel élément (ou une configuration de plusieurs éléments) de l’habitacle.
De plus, ces notions de confort et de qualité sont amenées à se transformer au cours du
temps selon les attentes, les besoins de la société dans laquelle elles sont considérées. Nous
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renvoyons de nouveau aux analyses proposées par Le Goff (1993) pour le confort, mais aussi
à la définition du confort post-moderne proposée par Sèze (1994) qui établit une relation entre
confort et qualité :
« Le confort moderne fut essentiellement défini par les prescripteurs. Le confort post-moderne se
définit, lui, sur un tout autre terrain : celui de la demande des usagers ; c’est, et ce sera, un confort
d’usage. Les deux types de confort paraissent dans la continuité l’un de l’autre mais, en réalité,
cette continuité se réalise à travers un retournement de conception de la qualité : de technique et
définie par l’offre, celle-ci doit désormais devenir une « qualité perçue » par le consommateur. »
(Sèze, 1994, p.121)
Remarquons ici comment les deux concepts que nous avons commencé de définir ci-avant
sont mis en relation étroite par l’auteur et ne sont plus en opposition dès lors qu’il s’agit de
qualité perçue. Ce retournement de conception de la qualité est par ailleurs directement
observable dans les nouvelles problématiques industrielles de conception et de marketing
(Violini, 1996).
Ces considérations historiques de la construction et de l’évolution de ces concepts sont
également introduites par l’ethnologue J. Poirier (in Sèze, 1994) qui prend l’exemple de la
relation entre siège et confort11. Il remarque que dans l’habitat jusqu’il y a quelques
décennies, la chaise était d’un inconfort maximal :
« […] l’ancienne chaise de paille qui meublait il y a encore quelques décennies tous les foyers
modestes et qui représente, en quelque sorte, un inconfort maximal : matériau dur, assiette étroite,
11
Remarquons ici que cette relation entre siège et confort est très importante pour les constructeurs automobiles
et a fait l’objet d’études et de publications (voir notamment De Looze, 2003). Elle sera amplement décrite et
analysée dans la thèse (cf. les résultats de l’étude MEMOIRE, Chapitre 4).
28
dossier droit (l’inverse des nouveaux styles : matériau souple, assiette large, dossier incliné et
formes enveloppantes). Cet exemple nous suggère que le concept de confort est beaucoup moins
univoque qu’on pourrait le penser ; c’est ce que nous confirment ses avatars historiques ! ».
(Poirier, in Sèze, 1994, p.161)
J. Poirier évoque la « polyculture du bien-être » et montre comment la notion de confort est
construite culturellement en introduisant une réflexion sur les variations interculturelles de la
définition du confort :
« Il n’existe pas à notre connaissance d’inventaire ethnographique des modalités concrètes du
confort ( postures et positions, aménagement du milieu de vie, recours à des dispositifs matériels).
Cependant, l’observation des diverses techniques nous conduit à constater une très étonnante
diversité du contenu de la notion de confort. » (Poirier, 1994, p. 164)
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prenant pour exemple une posture (comme celle, accroupie, de millions d’indiens) ou un
oreiller en bois, symboles pour nous d’inconfort maximum là où ils peuvent représenter le
confort dans d’autres cultures.
Ainsi, s’intéresser au confort procuré par l’habitacle comme à la qualité perçue de l’habitacle
amène dans les deux cas à étudier les relations entre l’usager et l’habitacle12 mais chacune
présuppose une orientation différente, un angle d’approche soit du côté de l’usager, soit du
côté de l’habitacle, et ce dans un espace culturellement précisé.
En reprenant notre exploration des différentes notions à partir des définitions des
dictionnaires, nous trouvons une définition très laconique du terme ambiance : « [c’est
l’]atmosphère, le climat d’un lieu, d’une réunion, etc. » On parle alors d’une bonne ou d’une
mauvaise ambiance. L’étude des dictionnaires nous apprend donc peu sur ce terme.
Néanmoins, il nous semble qu’il fasse plus appel à des notions d’ordre symbolique. Ce qui
fait l’ambiance d’un lieu ne se décompose pas aussi simplement en éléments quantifiables et
renvoie à la globalité ainsi qu’à la difficulté de l’appréhender à partir d’une approche
analytique. La définition que propose le Larousse fait appel au champ sémantique
météorologique. Nous pouvons supposer que l’ambiance garde une trace de cette affiliation
en ce sens que le sujet ne la contrôle pas mais la « subit », la perçoit13. Ici, comme dans le cas
du confort, le sujet est au centre de l’appréciation. De plus, l’ambiance semble essentiellement
12
Ces questions problématisées en termes de relations entre sujet et objet sont abordées dans la seconde partie du
chapitre.
13
On peut rapprocher la notion d’ambiance de celle d’environnement.
29
globale. Si elle peut être due à un élément précis, c’est bien la pièce, le lieu qui dégagera une
ambiance particulière.
Mais il n’est bien évidemment pas certain que le jugement des clients soit structuré de
manière exclusive par une problématique de qualité, de confort ou d’ambiance. On peut
également faire l’hypothèse que les usagers soient dans une perspective esthétique de
recherche du beau, de l’agréable à regarder. Leur jugement peut également être structuré par
l’aspect fonctionnel de l’habitacle. Nous ne pensons pas que les notions évoquées ci-dessus
soient exclusives les unes des autres. Il est beaucoup plus envisageable que le jugement des
clients soit un jugement global qui intègre ces différentes composantes. Mais il nous faut alors
être en mesure de déterminer comment elles s’intègrent14. Et c’est pourquoi nous souhaitons
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dans un premier temps identifier et caractériser ce que nous avons appelé les axes principaux
du jugement global d’appréciation d’un habitacle automobile.
Nous cherchons à valider ces axes et à les prendre en compte pour dégager les spécificités
visuelles de ce jugement global, ceci dans le but d’identifier les constructions cognitives
associées à la perception visuelle dans l’habitacle.
Les questions posées sont : qu’est-ce qui contribue au confort visuel de l’habitacle ?
Quels sont les éléments qui contribuent à donner une impression de qualité aux usagers ?
Quelles sont les relations entre ces différentes notions ? Quels objets les exemplifient ? On
s’intéressera tout particulièrement au rôle joué par les couleurs dans l’appréciation visuelle
globale d’un habitacle, ainsi qu’aux relations entre les couleurs et les autres propriétés
visuelles et éléments de l’habitacle.
De plus, il nous faudra également mettre en perspective ces constructions cognitives
par rapport à différentes expériences perceptives de l’habitacle afin d’en éprouver la stabilité
et le caractère spécifique, situé.
2.3. Enjeux & implications méthodologiques
La méthode utilisée ici pour dégager de nouvelles connaissances sur l’organisation
catégorielle de l’habitacle doit pouvoir aider à la construction de nouveaux paradigmes
expérimentaux où les liens essentiels entre les éléments de l’habitacle et les propriétés
14
À ce sujet, le confort sensoriel, défini par C. Sèze (1994) en tant que relevant du confort post-moderne,
intègrerait pour l’auteur différents aspects tels que l’importance des qualités sensibles des objets et leur effet sur
les usagers, la dimension esthétique, fonctionnelle…
30
pertinentes seront conservés (puisque identifiés, connus). Le cas échéant, cette rupture de
liens entre différents éléments et/ou propriétés sera explicitée et prise en considération dans
l’analyse et l’interprétation des résultats obtenus. Nous voulons, de plus, identifier quels types
de re-présentations physiques (matérielles ou « virtuelles ») de l’habitacle vont être adéquates
selon la problématique et le type de paradigme choisi.
Ceci pourra alors donner lieu à des recommandations dans le domaine plus général de
l’évaluation sensorielle concernant le choix de modes de présentation des stimuli adéquats.
Faut-il toujours présenter les éléments seuls ou dans l’habitacle complet, et ce dans quel
contexte d’utilisation, à quelles conditions ? Par exemple, pour étudier le sentiment de
sécurité inspiré à l’usager par la forme et la matière du tableau de bord, faut-il lui présenter le
tableau de bord de façon isolée ou placé dans un système intégrant le siège, le tableau de bord
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et le pare-brise ? On devra également être en mesure de préciser si la re-présentation partielle
de l’habitacle adaptée à l’étude de ce sentiment de sécurité peut être une re-présentation dite
virtuelle ou s’il est nécessaire d’offrir aux personnes une matérialité physique complète pour
qu’ils puissent l’évaluer.
De plus, les résultats attendus doivent permettre aux personnes travaillant à la
conception de nouveaux habitacles automobiles de savoir comment envisager tel ou tel
élément en fonction de ce qui est important par rapport à cet élément, du/des lien(s) avec les
autres éléments, et dans quel ordre les envisager.
Du point de vue des usagers, afin de mieux comprendre la manière dont ils perçoivent les
habitacles et se construisent un jugement global en discours, la réflexion doit se centrer :
•
sur les types de questionnement qui doivent être mis en place pour recueillir de tels
discours, c’est à dire sur les formulations possibles et leur effet sur les réponses des
usagers ;
•
sur la manière de collecter les données et sur les analyses linguistiques pertinentes
pour accéder aux représentations ;
ceci pour nous permettre de répondre à l’entreprise concernant la perception de l’habitacle.
Il nous est également demandé de voir dans quelle mesure ce type de méthode est
transférable, ré-applicable, ainsi que d’en évaluer la temporalité et le « coût ». La question est
de savoir en quoi s’intéresser au discours des usagers, et considérer ce discours non comme le
reflet exact de leurs pensées et jugements sur l’habitacle mais comme co-construction de ce
jugement et de leur rapport sensible, est productif et apporte des éléments nouveaux. L’intérêt
31
des industriels pour ces approches, outre l’attrait pour la « nouveauté » et leur besoin de tester
de nouvelles méthodes, est significatif d’un moment particulier dans leur réflexion sur les
méthodologies d’évaluation de la sensibilité, de mesure du sensible. Il s’agit de mettre en
relation les concepteurs (les gens du « produit »), les experts en analyse sensorielle à même de
proposer des spécifications sensorielles des matériaux et objets de l’habitacle, et les usagers,
relativement absents dans la chaîne de conception-évaluation des produits.
En effet, en analyse sensorielle15, la procédure d’entraînement des « panels experts »
consiste à former un groupe de personnes à la discrimination, à la mise en place d’un
consensus et à l’évaluation de dimensions sensorielles analytiques (visuelles, tactiles,
auditives, olfactives...) afin de produire des notes, reproductibles, sur des produits, des
échantillons (qui peuvent être des objets ou parties d’éléments de l’habitacle tels que volant,
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pommeau de levier de vitesse, planche de bord, mais également plastiques, tissus...). Ces
panélistes deviennent de fait des « experts » sensoriels, capables de décrire analytiquement,
et de manière très précise, leurs perceptions sensorielles des produits qu’il leur est demandé
d’évaluer. Si les connaissances qu’ils fournissent à l’entreprise sur les produits évalués
constituent une avancée importante et permettent de corréler caractéristiques physiques et
sensorielles des éléments et matériaux de l’habitacle, elles n’épuisent pas la question du
rapport perceptif des usagers à l’habitacle en ce qu’elles ne renseignent en rien sur les
expériences perceptives et le vécu sensoriel global des usagers.
Ce questionnement et cet intérêt pour les usagers ne sont bien évidemment pas nouveaux pour
l’entreprise. De nombreuses enquêtes qualitatives de type sociologiques et autres enquêtes
marketing ont été et sont menées au sein de l’entreprise. Cependant, si elles intègrent à
présent parfois des préoccupations concernant l’expérience sensible16, elles s’intéressent le
plus souvent de manière assez générale aux attentes, aux pratiques, aux tendances, mais pas à
l’expérience sensible des usagers en elle-même. De plus, si elles utilisent les discours17 des
usagers comme moyen de recueillir des données, des informations, des indices, etc., elles
considèrent ces discours (de manière assez implicite et très rarement problématisée, théorisée)
comme contenus immédiatement et univoquement interprétables, sans considérer ce qui est
parfois appelé « l’épaisseur » de la langue18. Ainsi les discours, les formes linguistiques et
leurs modes de construction ne sont pas envisagés comme pouvant contribuer à construire et à
15
Cf. Urdapilleta et al. (2001).
Cf. l’ouvrage récent de Giboreau et Body (2007) justement intitulé le Marketing sensoriel.
17
Cf. par exemple Usunier, 1998.
18
Expression sur laquelle nous revenons dans la partie B p.35 et que nous développons dans le chapitre 2.
16
32
informer sur le rapport au monde19 (à l’habitacle) qu’entretiennent les usagers, locuteurs et
membres d’une communauté linguistique particulière, ici celle du français.
Cette remarque est tout aussi valable pour le champ de l’analyse sensorielle, au sein
duquel le langage est également utilisé le plus généralement de manière non problématisée20.
Ces domaines d’investigation dans le champ applicatif, et le type de rapport qu’ils
entretiennent avec les pratiques langagières des usagers qu’ils étudient, en voulant mieux
comprendre leurs pratiques au sens large, interrogent la question problématique de la
référence. Ils s’inscrivent, de manière plus ou moins implicite, dans une sémantique
référentielle, qui se retrouve également comme nous le verrons dans la partie suivante en
psychologie, et au sein des sciences du langage dans les domaines qui s’intéressent à la
construction du sens et aux relations entre langage et cognition.
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Ainsi, la demande de PSA traduit une volonté de mieux saisir les enjeux de
l’utilisation de données linguistiques et discursives pour comprendre les pratiques des
usagers.
Tout ceci doit être traduit pour la thèse en objets théoriques de recherche, que nous abordons
dans la partie suivante.
B - Problématique linguistique cognitive
Sur le plan académique et théorique, les objectifs précédents peuvent être reformulés comme
suit. La thèse a pour objectif principal d’apporter une contribution à une meilleure
compréhension des relations entre ressources linguistiques et expérience sensible. Il s’agit
plus généralement de contribuer à l’explicitation des relations entre discours, langue et
cognition. Ce travail se situe donc à la croisée de différents champs disciplinaires : les
sciences du langage, la psychologie cognitive et les sciences cognitives21.
19
Ce sur quoi nous reviendrons dans le positionnement des questions théoriques de la thèse.
On note cependant l’importance reconnue du « langage » dans la description des perceptions (Civille et
Lawless, 1986).
21
Ces domaines, s’ils sont reconnus comme étroitement liés, ne font pas consensus quant à leur positionnement
les uns par rapport aux autres. Si linguistique et psychologie cognitives participent en tant que disciplines aux
sciences cognitives, leur autonomie n’en est pas moins revendiquée. Se pose également la question de la
distinction entre Linguistique(s) et Science(s) du Langage (Milner, 1989, par exemple), et de celle entre
Science(s) cognitive(s), Science de la cognition et Recherches Cognitives (cf. Le Ny 1991, Rastier, 1991,
Tiberghien, 2007, Varela, 1996). Le problème de l’articulation entre ces trois domaines est introduit dans la
partie consacrée aux enjeux en sciences cognitives (p.47) et repris en conclusion du chapitre 2.
20
33
La volonté d’apporter une contribution aux sciences cognitives en tant que cadre de pensée
pluridisciplinaire, visant à étudier et à comprendre des processus et des relations plutôt que
des entités autonomes et stables, a pour conséquence la nécessité de déterminer quels sont les
outils adéquats et la manière d’aborder les choses qui permettent de ne plus étudier chaque
objet séparément en prenant le risque de mutiler, par l’isolement, l’identité même de ce qu’on
étudie, mais de travailler l’interaction, la relation, le processus dynamique. Nous voulons
également chercher à déterminer si les différentes disciplines qui composent les sciences
cognitives construisent des objets d’étude différents ou s’ils parlent différemment d’un même
objet. Ceci a pour autre conséquence une préoccupation liée aux moyens disponibles22 pour
rendre compte de ces recherches. Il nous faut bien évidemment écrire de manière linéaire, en
choisissant de commencer par un point de vue et de poursuivre par un autre. Et il est ainsi
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difficile de rendre compte de l’interaction sans prendre le parti, dans le fil de l’argumentation,
de décrire le premier puis le second élément de l’interaction. A ce propos, Greimas note, en
1970, la difficulté liée à la nature du discours de tenter de rendre compte de relations :
« Il reste, surtout, un obstacle majeur : notre inévitable insertion dans l’univers clos du discours,
qui fait que dès qu’on ouvre la bouche et qu’on se met à parler de relations, celles-ci se
transforment comme par enchantement en substantifs, c’est-à-dire en termes dont il faut nier le
sens en postulant de nouvelles relations, et ainsi de suite. Tout métalangage que l’on peut imaginer
pour parler de sens est non seulement un langage signifiant, il est aussi substantivant, il fige tout
dynamisme d’intention en une terminologie conceptuelle. » (Greimas, 1970, p.8.)
Ainsi, quand bien même, nous mettrons tous nos efforts pour construire une argumentation et
un travail centré sur les relations, les contraintes langagières auxquelles nous sommes
soumise vont contribuer à construire en discours des objets de ces relations : nous tenterons
d’éviter un nouveau déplacement, de l’objet « relations » aux objets « locuteurs » et
« espace».
Dans la partie précédente, les enjeux appliqués ont été présentés en trois parties se focalisant
successivement sur l’objet (l’habitacle), le sujet (l’usager) et sur les aspects méthodologiques.
Cette structuration est typique d’une problématique industrielle qui s’intéresse avant tout à
l’objet manufacturé. Elle reflète néanmoins également l’intérêt relativement récent porté sur
la connaissance de l’humain23. L’accent principal est ici porté sur le fait que nous n’étudions
pas le discours du sensible ou la perception visuelle, mais bien les relations entre les deux et
22
Ressources conceptuelles, linguistiques et discursives.
L’introduction de « l’humain » dans ces problématiques industrielles peut se lire dans les intitulés de certaines
équipes de recherche et développement telles que celle dans laquelle la thèse a été réalisée (PEFH – Perception
Et Facteurs Humains).
23
34
la manière dont ils se co-construisent. Il nous faut donc adopter une organisation un peu
différente. Les questions théoriques en jeu dans ce travail de thèse sont présentées suivant les
différents domaines académiques impliqués : 1) en sciences du langage, 2) en psychologie
cognitive, 3) en sciences cognitives (à envisager comme une intégration des précédents), en se
gardant d’omettre une réflexion méthodologique qui reste présente dans tous les domaines et
qui peut être considérée à la fois spécifiquement à chaque domaine mais également de
manière transversale.
1. Positionnement en sciences du langage
Il s’agit, en premier lieu, de participer à la description et à l’analyse des ressources en langue
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(française) et de leurs actualisations en discours, référant à l’expérience sensible. Nous
inscrivant dans une perspective constructiviste, les discours sont considérés comme des mises
en œuvre particulières de ces possibles en langue, et la langue elle-même comme étant
construite à travers les pratiques discursives24.
Ce travail s’articule ainsi doublement autour des ressources linguistiques et des pratiques
discursives : elles sont étudiées i) pour elles-mêmes et, ii) en relation avec l’expérience
perceptive, comme indices du rapport sensible des individus au monde. Elles sont alors
considérées comme un moyen d’identifier les perceptions et les représentations construites
par les individus au travers de leur expérience sensible et culturelle.
Il s’agit donc de mettre en évidence des formes linguistiques comme indices (i) linguistiques
en discours qui rendent compte de l’activité perceptive visuelle humaine (ii), et des rapports
du locuteur à sa perception et à son environnement (iii).
i)
Nous préférons ici le concept d’indice à celui d’information25, qui nous semble
problématique dans la mesure où il présuppose une adéquation (un accès direct)
entre mots et expérience sensible. La remise en cause de ce postulat de
transparence référentielle, déjà évoqué dans les enjeux appliqués (p.32) est
longuement développée dans le chapitre 2 et s’appuie notamment sur la notion
d’« épaisseur de la langue ».
24
Parallèlement, dans les problématiques cognitives, ce processus récursif de co-construction s’observe entre
phénomènes cognitifs et perceptifs, cf § infra (p.41).
25
Ces deux concepts sont plus amplement définis et discutés dans le chapitre suivant.
35
ii)
La perception n’est pas considérée comme unique, stable mais va varier selon le
contexte propre au sujet (son état physiologique, émotionnel, son histoire, son
expérience perceptive antérieure…) et le contexte extérieur (contexte « perceptif »
mais aussi social, culturel…). Ceci sera abordé dans la partie consacrée au
positionnement en psychologie cognitive (p.45), mais transparaît d’ores et déjà à
travers l’emploi privilégié des expressions activité perceptive et expérience
sensible.
iii)
L’environnement du locuteur va comprendre les objets (et espaces complexes)
auxquels il est confronté, mais également les autres locuteurs, présents ou non, et à
même de construire, de négocier et de modifier avec lui sa perception. Ces indices
linguistiques vont donc référer à « quelque chose », un pré-construit antérieur à la
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mise en discours26, un pré-existant dans le monde physique, relevant de l’« extralinguistique ». Mais ils découlent aussi de l’expérience individuelle perceptive et
linguistique du locuteur (ou des locuteurs) et également des pratiques
collectives (sociales, culturelles, langagières) mobilisées dans une expérience
perceptive donnée.
Ces considérations nous permettent d’introduire trois points essentiels, les deux derniers
découlant du premier. Le locuteur n’est jamais seul : qu’il soit dans une situation d’interaction
verbale (avec un ou plusieurs autres locuteurs) ou qu’il pratique un « langage intérieur », les
ressources linguistiques et les processus discursifs qu’il convoque et met en œuvre relèvent de
connaissances collectives, historiquement, culturellement et socialement situées. Aussi, dans
cette thèse, il s’agit également de travailler à l’articulation entre ressources et pratiques
collectives et expérience individuelle. Cette articulation se décline de diverses façons selon le
point de vue adopté pour l’analyser27. En tant que linguiste, nous nous intéressons au partage
de la référence entre locuteurs, partage qui se situe à différents niveaux.
D’une part, la question du partage de la référence entre locuteurs renvoie au partage de
l’expérientiel sensible : l’environnement dans lequel nous sommes, ce que nous percevons
ensemble au moment où nous interagissons, la « réalité extralinguistique »28. Il faut également
tenir compte du partage de la référence de la sémantique du discours, c’est-à-dire les
26
Cf. les prédiscours (Paveau, 2006) et la notion de mémoire inter-discursive (Moirand, 2004, discutée in
Paveau, 2006).
27
Aussi reviendrons-nous sur les dimensions individuel/collectif dans les enjeux en psychologie (p.45) et en
sciences cognitives (p.56).
28
Qui sera également discutée dans le chapitre 2.
36
connaissances lexicales collectivement partagées (et renégociées en discours). Enfin, le
troisième plan de partage, bien qu’il ne soit pas linguistique, est tout aussi important. Il s’agit
des connaissances partagées sur l’expérience sensible, desquelles découlent les « pratiques
collectives sociales, culturelles, mobilisées dans une expérience perceptive donnée » (cf. page
précédente).
C’est donc sur la base de ces différents plans de partage (expérience vécue et
connaissances partagées : connaissances de la sémantique de la langue et connaissances sur
l’expérience sensible) qu’il peut y avoir un présupposé de partage29 et non sur le seul plan des
ressources linguistiques (lexicales, sémantiques), ou sur la seule base du partage d’une
expérience sensible.
Considérer ces différents plans de partage de la référence a plusieurs conséquences :
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une attention toute particulière devra être accordée aux indicateurs linguistiques de ce partage,
mais aussi aux modes de construction de cette référence (processus de référenciation) plus ou
moins collectivement partagée.
La notion de variabilité introduite dans la phrase précédente par la locution adverbiale plus ou
moins est également révélatrice d’un autre enjeu majeur de la thèse. Cette contribution à la
description des ressources linguistiques et des productions effectives langagières à propos de
l’expérience sensible est envisagée dans une perspective de sémantique différentielle (issue de
la tradition structuraliste). En effet, le recueil et la description de ces formes linguistiques et
de leurs actualisations n’est possible que dans le contraste de différents contextes perceptifs et
discursifs. S’agissant de travailler à l’identification et à la description de processus de coconstruction de l’expérience sensible visuelle et des pratiques discursives, nous faisons
l’hypothèse que ces processus ne peuvent s’appréhender d’un point de vue méthodologique
que dans le différentiel de situations contrastées30.
Ainsi, c’est à une meilleure connaissance des ressources et procédés linguistiques
utilisés et produits dans des discours du sensible (produits dans différentes situations,
puisqu’on fait l’hypothèse que chaque discours sera différent selon qu’il est produit dans une
situation perceptive, culturelle, sociale, temporelle différente) que doit contribuer cette
recherche. Ceci a pour première conséquence méthodologique la nécessité de recueillir des
29
A noter que des études interculturelles permettent très justement de se rendre compte que ces présupposés de
partage ne sont pas universels (cf. Howes 1991, Classen 1993).
30
Ceci en opposition à une sémantique référentielle, inscrite dans le paradigme de la philosophie analytique
anglo-saxonne, qui s’intéresse davantage à des entités ontologiquement définies, notamment par le discours de la
physique (qui comme connaissance collective culturellement et historiquement construite, ne constitue qu’un
point de vue particulier sur le monde et les rapports du sujet au monde).
37
discours produits dans des situations perceptives et des contextes linguistiques différents, dans
le but de les mettre en perspective et de faire émerger les mécanismes partagés et ceux
spécifiques à certains contextes et situations. Nous entendons par ressources et procédés
linguistiques toutes les pratiques langagières engagées par les locuteurs : à la fois les
ressources lexicales31, mais également les procédés syntaxiques et morphologiques32, ainsi
que les pratiques discursives et interactionnelles.
La question appliquée qui nous est posée et sa traduction académique entraîne une double
pluridisciplinarité dans notre démarche linguistique, nous démarquant des études linguistiques
généralement entreprises33. De manière interne aux sciences du langage (où se côtoient
diverses linguistiques), nous ne nous focalisons pas uniquement sur les indices soit lexicaux,
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soit morphologiques ou interactionnels. Le plan d’analyse lexicale des discours nous paraît
utile et primordial pour étudier la construction des rapports sensibles en discours. Cependant,
notre projet est d’analyser ces indices linguistiques que sont les ressources lexicales pour
bénéficier des connaissances qu’elles apportent mais également pour en voir les limites. Il ne
nous paraît possible de travailler le plan lexical des discours qu’à la condition expresse de
travailler d’autres plans tels que la morphologie, la syntaxe mais également des plans
d’énonciation, et pragmatiques.
Nous tentons d’intégrer ces différents indices repérés dans un même discours suivant
différents plans d’analyse linguistique pour proposer un modèle, tendant à être global, des
ressources et procédés linguistiques mis en oeuvre par les locuteurs français pour exprimer
leurs perceptions sensibles (visuelles et kinesthésiques en particulier). Ce choix est étayé sur
différents plans :
1) Au-delà de la problématique linguistique de la thèse, nous considérerons le problème posé
d’un point de vue global afin de le restreindre ensuite progressivement, en adoptant une
méthodologie générale allant du global au local34 ;
2) En discours, tous ces procédés s’articulent, aussi, pour rendre compte des relations entre
discours et perception, mieux vaut étudier différents indices qu’un seul type. De plus, les
31
Ici plus particulièrement le lexique spécifique de la perception et encore plus particulièrement le lexique
visuel, mais aussi spatial et corporel/kinesthésique.
32
Pour lesquels nous pourrons peut-être mettre en évidence des régularités liés à cette thématique en discours de
la perception.
33
Cette thèse de linguistique n’étant pas une thèse en syntaxe ou en morphologie ou en analyse des interactions.
34
Ce point est abordé dans la partie du présent chapitre consacrée aux enjeux en sciences cognitives (p.55).
38
travaux menés au LCPE depuis une quinzaine d’années35 ont permis de mettre en
évidence que l’expérience sensible est variablement lexicalisée en langue française selon
les modalités et les pratiques. Se restreindre par exemple à l’étude des indices lexicaux
peut s’avérer rapidement limité.
3) Il existe des travaux précurseurs dans la littérature qui mettent en évidence la multiplicité
des indices linguistiques de la sensorialité (cf. entre autres Guastavino & Cheminée, 2004,
Dubois 2000, David et al. 1997).
4) Enfin, dans les méthodologies qu’il va devoir convoquer, ce problème appliqué peut
contribuer à l’unification de domaines distincts, en reconfigurant les frontières et les
distinctions généralement admises entre, par exemple, la morphologie, la syntaxe, la
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sémantique et l’énonciation.
Il nous faut donc travailler sur différents plans linguistiques. Ce choix découle de la nature
complexe de notre objet d’étude qui concilie une demande industrielle, le choix théorique et
méthodologique de travailler sur les pratiques langagières dans une approche de cognition
située, le fait d’adopter une démarche allant du global au spécifique, et de ne pas réduire dès
le départ les outils méthodologiques et d’analyse à notre disposition. Cela sera à l’origine
d’une multiplicité d’indices, de connaissances qui, intégrés, pourront nous apporter quelques
éléments de réponse quant aux relations entre discours, cognition et perception.
Les ressources linguistiques mises en jeu dans les discours du sensible seront à la fois
identiques dans une certaine mesure aux ressources linguistiques « générales » du français
(comme connaissances linguistiques partagées) et, en ce sens, nous apporterons une
contribution supplémentaire quant à la connaissance du fonctionnement de ce système
particulier. Mais nous pensons également qu’il peut exister une certaine spécificité du
discours sensible et, en ce sens, nous pourrons contribuer à approfondir les connaissances
existantes à propos du lexique du sensible, des procédés morphologiques et syntaxiques
spécifiques au sensible, des procédés de référenciation, de description et de nomination (plus
amplement explicités dans le chapitre 2, B.).
Nous nous centrons à présent sur les enjeux méthodologiques linguistiques. À travers cette
thèse, nous souhaitons tester la productivité d’une méthode mettant en regard différents
35
Voir notamment l’ouvrage collectif Catégorisation : de la perception au discours, dirigé par D.Dubois en
1997, ainsi que différents numéros des Cahiers du LCPE (2000, 2006).
39
apports théoriques des sciences du langage. En effet, elle a pour objectif de rendre compte de
la complexité d’un système symbolique dynamique, de différents plans d’analyse de ce
système symbolique et surtout de mettre en évidence différents types d’indices linguistiques
rendant compte du fonctionnement de ce système dans un contexte particulier, parce que
quotidien36 : l’expérience sensible.
Il en découle une attention toute particulière au type de questionnement ainsi qu’au
mode de recueil, de constitution et d’analyse des données. Car la démarche globale, située et
multi-analyses, nous « oblige » en quelque sorte à envisager, de manière globale également, la
façon de constituer les données en laboratoire et sur le terrain. Il s’agit de questionner les
différents cadres d’observation préfigurant et configurant les données ensuite recueillies.
Dans la partie du chapitre 2 consacrée à la réflexion antérieure à la construction des
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protocoles, nous nous intéressons à la manière dont le « terrain » n’est jamais qu’une
extension du laboratoire, un cadre d’observation (im)posé par l’expérimentateur, l’enquêteur,
l’observateur, le chercheur pour que celles-ci aient du/un sens à tous les niveaux d’analyse à
partir desquels on veut les observer. Cette interrogation s’inscrit dans une réflexion générale
sur l’écologie et la « naturalité » des situations de discours recueilli37.
Ainsi une recherche par exemple spécifiquement lexicale sur la perception visuelle38
pourrait se passer de travailler sur des discours et être centrée sur des listes, sur des
occurrences de mots recueillis dans des corpus en dehors de tout contexte. Dans ce cas, le
type de questionnement, le mode de recueil et de constitution des données ainsi que l’analyse
qui en découle seront différents et ne nécessiteront pas le même type de précaution préalable.
Nous proposons un travail sinon de débroussaillage, au moins de défrichage d’un terrain
encore peu arpenté à la lisière de nombreux domaines : notre objet d’étude est transversal aux
disciplines qui permettent de l’étudier. Et dans ce cheminement à la lisière de plusieurs
domaines, nous allons voir à présent en quoi nous nous proposons de contribuer à
l’élaboration, la construction d’une théorie psychologique cognitive du sujet.
36
Renvoyant à la notion de discours de sens commun en contraste avec des discours experts, problématique
travaillée entre autres dans le cadre des activités du Sensolier (Journée du Sensolier, 2006).
37
Voir par exemple la notion de corpus spontané vs provoqué (Morel et Danon-Boileau, 1998).
38
A la différence de recherches sur la perception olfactive pour laquelle le plan lexical (en français) s’est révélé
largement insuffisant pour rendre compte de ces phénomènes perceptifs et de leur inscription en langue (cf.
David et al. 1997 entre autres).
40
2. Positionnement en psychologie cognitive
S’agissant, pour répondre à PSA, d’améliorer notre compréhension de l’expérience perceptive
visuelle et des connaissances élaborées à propos d’un objet / espace complexe, l’habitacle
automobile, cette thèse doit contribuer à l’explicitation des processus sous tendant
l’expérience perceptive et la construction de connaissances en résultant. Ainsi, parallèlement
à la langue et aux discours convoqués dans le champ linguistique, ce sont les relations de coconstruction entre perception et cognition qui nous intéressent ici.
La question initiale posée par l’entreprise amène donc à définir cognition et perception ainsi
qu’à nous positionner vis-à-vis de leur articulation39.
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En effet, de façon traditionnelle, le postulat de bipartition entre perception et cognition
est posé, ce qui a comme implication de séparer, autonomiser les différents « phénomènes ».
Cette implication est à la fois positive : l’autonomisation permet, entre autres, de constituer
des domaines de recherche autonomes. Cependant une fois la séparation postulée, se pose la
nécessité du positionnement de l’une par rapport à l’autre et ainsi de tenir compte de possibles
rapports hiérarchiques d’inclusion. Partant de là, la perception peut être considérée comme
faisant partie de la cognition, qui elle renvoie à la pensée et à la connaissance (émergence et
construction de connaissances, stabilisation et utilisation). Dans ce cas, la perception est-elle
une fonction cognitive, un module40 ?
Tout en considérant la perception (au même titre que le langage41) comme faisant
partie intégrante de la cognition, une autre voie peut être envisagée. Considérant la cognition
comme renvoyant à l’ensemble des connaissances, nous faisons l’hypothèse que les
phénomènes perceptifs contribuent et participent de manière dynamique à la construction et à
l’élaboration de connaissances42. Dans une dynamique récursive, ces mêmes phénomènes
perceptifs se construiraient comme connaissances et seraient sous la dépendance des
connaissances acquises. Ce qui implique qu’il n’y aurait donc pas de hiérarchisation entre
perception et cognition mais qu’il faille plutôt les considérer comme des variations
qualitatives. En effet, parler de cognition revient à mettre l’accent sur les processus de
39
Partir d’un postulat de co-construction ayant pour conséquence immédiate un positionnement particulier
introduit ici et discuté tout au long du manuscrit.
40
Ce qui est défendu dans l’approche computo-symbolique du paradigme cognitiviste classique (cf. chapitre 2)
illustré par les travaux de Fodor (discutés par Putam, 1988).
41
La modularité du langage étant également défendue par les thèses cognitivistes (cf. notamment les travaux de
Chomsky).
42
Cette position n’est pas la position généralement admise en psychologie cognitive (cf. chapitre 2), laquelle
s’inscrit et contribue à la construction d’un modèle modulaire de la cognition.
41
construction et d’élaboration de connaissances, quels qu’ils soient. Et s’intéresser à la
perception équivaut à mettre l’accent sur les processus rendant possible l’expérience sensible
en tant qu’expérience vécue, que connaissance dynamiquement construite et réflexive,
qu’activité mettant en jeu l’interaction présente et les interactions passées (vécues et
mémorisées individuellement mais aussi collectivement : mise en place et transmission de
savoirs expérientiels sensibles à travers la langue, les pratiques43). Ce qui importe ici c’est la
manière dont nous choisissons de nous situer par rapport à ces processus et à ces relations
entre « objets conceptuels », objets qui ont été constitués par la science, et la capacité à
multiplier et intégrer différents points de vue et méthodologies.
Une objection peut nous être adressée : le fait de distinguer perception et cognition et
de travailler à la description de leurs articulations, peut néanmoins laisser penser qu’il s’agit
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pour nous de deux entités distinctes et paraître alors remettre en question notre hypothèse
initiale. Se pose ici le même problème que pour la distinction sujet/objet (évoquée dans les
enjeux appliqués, p.24). Nous n’avons pas d’autre choix que de partir des distinctions opérées
classiquement en sciences humaines, qui s’inscrivent dans une tradition scientifique et
philosophique très profondément marquée par le dualisme cartésien44. C’est l’ensemble de la
démarche qui doit permettre à terme de questionner ces concepts et leur productivité dans les
domaines scientifiques convoqués (ici plus particulièrement la psychologie cognitive). Ainsi,
cette thèse est à envisager comme un travail de critique nous obligeant à reconsidérer ces
différents concepts, et si cela se justifie, à en proposer une vision unifiée.
Le paragraphe précédent nous a permis d’introduire le « couple » cognition – perception et de
mettre au jour certaines des questions et hypothèses que soulèvent leur définition respective et
leur positionnement l’un par rapport à l’autre. L’étude des processus cognitifs et des
phénomènes perceptifs nécessite l’utilisation de nombreux autres concepts. Ainsi, en
psychologie cognitive, le « produit» de la cognition ou résultat des opérations cognitives est le
plus souvent désigné par l’expression représentations mentales, ou représentations
cognitives, tandis que « l’unité de base » de toute expérience perceptive est qualifiée
d’information ou de stimulus. Chacun de ces termes renvoie à des présupposés différents
quant au mode de construction des connaissances et au mode d’appréhension perceptive de
l’environnement, et en conséquence, ils ont également des implications sur le type
43
Ainsi des enfants à qui l’on apprend à distinguer et nommer les couleurs, les formes, les odeurs au moyen de
nombreux jeux et activités ludiques (albums, loto des odeurs …).
44
La cognition renvoyant à l’esprit et la perception au corps.
42
d’expériences menées, les résultats obtenus et leur interprétation. Ainsi, nous avons
commencé à évoquer, dans la partie consacrée aux enjeux en linguistique (p.35) le présupposé
de transparence référentielle inclus dans le terme information. Il s’agira dans le chapitre 2, de
mettre en perspective ces différents concepts, afin de mettre de côté les concepts qui
limiteraient notre étude, de choisir ceux à même de rendre compte de notre positionnement, et
le cas échéant d’en proposer d’autres.
Parmi les autres concepts à évaluer, les problématiques actuelles en psychologie de la
perception et en psychologie cognitive quant à la perception humaine (pour une revue cf.
Parot et Richelle, 2004) distinguent des processus perceptifs ascendants, appelés également de
« bas niveau » (correspondant aux dénominations de « bottom-up », et « datadriven » en
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anglais) et descendants ou de « haut niveau » (en anglais « top-down », « knowledgedriven »).
C’est l’ensemble de ces deux types de processus qui contribuent à construire l’expérience
perceptive (et surtout à construire et attribuer une signification à ce qui est perçu) d’un
individu ainsi que ses représentations sensibles en mémoire.
« Ce qui est perçu » est une notion complexe : ce qui est perçu ne devient « ce qui est
perçu » qu’une fois la signification attribuée. Il n’y a pas préexistence de l’objet perceptif
mais bien construction de l’expérience perceptive dans la relation de l’individu percevant à
l’environnement, à travers les indices proposés par l’environnement et ceux interprétés par
l’individu selon ses connaissances et son expérience antérieure45.
La tradition analytique actuelle dans laquelle se sont inscrites et s’inscrivent encore la plupart
des recherches sur la perception, en plus d’opérer une séparation esprit/corps, a eu une autre
conséquence majeure sur ces recherches. La perception y est envisagée selon le découpage en
cinq modalités sensorielles distinctes, relevant de cinq systèmes perceptifs autonomes.
Néanmoins quelques recherches ont remis en cause ce postulat, notamment des recherches en
anthropologie qui ont pu mettre en évidence la « culturalité » (vs naturalité) des expériences
perceptives humaines et l’existence de systèmes symboliques et de cultures dans lesquels
notre distinction en cinq sens ne fait pas nécessairement sens (cf Howes 2006, Classen 1993,
Le Breton, 2006).
45
Nous verrons dans le chapitre 2 que cette proposition est loin d’être partagée par l’ensemble de la communauté
de psychologie cognitive. Elle peut être néanmoins rapprochée des propositions de Gibson, ainsi que d’une
approche phénoménologique de la perception (Merleau-Ponty, 1945) dans la lignée de laquelle s’inscrit entre
autres la théorie de l’enaction (Varela et al. 1993).
43
Les recherches menées par les psychologues de la Gestalt ainsi que celles menées par
les phénoménologues ont également contribué à remettre en cause cette vision parcellaire de
la perception pour en proposer une approche unifiée, globale, que nous qualifierons pour
notre part d’holistique. La question posée par PSA étant justement centrée sur l’appréciation
globale46, il nous semble intéressant de mettre à contribution ces paradigmes et d’en tester la
productivité. Cependant le partenaire industriel s’intéresse à une modalité particulière, la
modalité visuelle, d’autant plus particulière que c’est une modalité sensorielle surreprésentée47 (dans notre culture, dans nos pratiques, dans les recherches en psychologie
cognitives …). Un autre des enjeux de cette thèse est d’évaluer la productivité d’une approche
holistique, « holisensorielle », pour appréhender les modes de construction de l’expérience
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sensible visuelle.
L’étude des processus ascendants suppose la mise en place d’un dispositif expérimental
analytique hérité de la psychophysique48 visant à décrire des processus très spécifiques
s’intégrant petit à petit pour tenter de comprendre en dernier lieu cette fonction cognitive
qu’est la perception. Comme nous avons pu le voir dans la partie « enjeux et implications
méthodologiques», c’est dans ce type d’approche que s’inscrivent les recherches en analyse
sensorielle menées par les industriels.
L’étude des processus descendants implique, quant à elle, de s’intéresser de façon
globale au système cognitif des humains et plus précisément à leurs représentations sensibles
en mémoire pour progressivement tenter de comprendre en quoi cette connaissance perceptive
acquise, construite de manière dynamique, va permettre à un individu d’interpréter le monde
sensible auquel il est confronté. C’est une grille de lecture inverse qui nous paraît plus
appropriée pour appréhender les modes de construction du rapport sensible des sujets à leur
environnement et aux objets qui s’y trouvent.
Ainsi, il nous semble que choisir de s’intéresser à ces processus descendants est un
enjeu majeur, car c’est le plus souvent l’inverse qui est proposé par les recherches cognitives
inspirée de la tradition psychophysique. Et s’il existe des recherches centrées sur les
mécanismes descendants, elles ne se situent pas dans une problématique similaire à la nôtre :
pour la plupart, elles ont pour objectif de modéliser ces processus (voir par exemple le modèle
de Kosslyn et Koenig, 1995). Or, nous pensons que cette volonté de modélisation a parfois
46
Visuelle.
Ce phénomène, appelé biais visuel, est développé dans le chapitre 2.
48
Nous en proposons une mise en perspective dans le chapitre 2, en référant aux travaux de Straus (1935, 1989).
47
44
pour effet (comme c’est le cas pour le modèle précité) de figer, d’immobiliser. Il n’y a alors
plus qu’une focalisation sur le « top » du « top down » et le mouvement s’arrête. L’intérêt est
alors porté sur le résultat (la représentation comme « matérialité cognitive ») et non sur les
processus et les dynamiques de co-construction. Il y a déconnexion du modèle d’avec le
monde et le sujet. Ici se rejoignent approche cognitiviste et béhavioriste (quoique le
cognitivisme se définisse comme issu de la contestation du béhaviorisme) : la formalisation
des opérations mentales s’abstrait complètement du sujet (et de ses pratiques) et de
l’environnement, tout comme le stimulus et la réponse des béhavioristes s’abstraient de
l’environnement et du sujet. Cette dernière remarque permet d’introduire deux autres
préoccupations essentielles dans cette recherche :
-
Il s’agit de réintroduire le sujet au centre des recherches sur la perception, le sujet
comme individu avec sa subjectivité propre mais également comme appartenant à un
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collectif et partageant ainsi une intersubjectivité49.
-
Il s’agit également de tenir compte de l’environnement en tant que contexte ou
situation50 perceptive variable. Et de cette préoccupation pour le(s) monde(s) avec
lequel le(s) sujet(s) interagi(ssen)t, se dégage la question du matériel expérimental et
des dispositifs utilisés comme moyens d’extraire et de re-présenter le(s) monde(s)
au(x) sujet(s) pendant la phase d’expérience. Les attentes de l’entreprise en termes de
validité écologique des protocoles expérimentaux à mettre en œuvre se traduisent ici
par un questionnement sur les modes appropriés de découpage du réel et leurs
conséquences. Plus précisément, la demande spécifique d’évaluation de dispositifs de
simulation visuelle comme modes de présentation de matérialités d’habitacles
partielles (visuelles), va permettre de tester différentes situations perceptives n’offrant
pas les mêmes types d’interaction aux sujets. Ce qui devrait nous renseigner à la fois
sur ces différentes situations et sur les modes d’appréhension de ces situations par les
sujets, afin de savoir si certaines peuvent être rapprochées (considérées comme
« proches» dans le mode d’interaction et le type d’expérience perceptive qu’elles coconstruisent avec le sujet).
49
Ceci en écho aux différents plans de partage de la référence évoqués dans la partie « positionnement en
sciences du langage» (p.36).
50
Les notions de contexte et de situation seront discutées dans le chapitre 2.
45
Enfin, coupler cette préoccupation pour les processus perceptifs globaux, descendants, à des
recherches en linguistique constitue un autre enjeu majeur. Se distinguent deux cas où langage
et langue51 sont une préoccupation des psychologues :
1)
soit le langage est l’objet d’étude : c’est la fonction cognitive langagière qui est
étudiée pour elle-même, ce qui est l’objet principal de la psycholinguistique
« classique » ;
2)
soit la langue est l’outil qui permet d’accéder à ce qui est étudié. Ce sont des
recherches qui, si elles utilisent la langue comme un moyen d’accès à la
compréhension de processus psychologiques tels que la mémoire, la perception, le
raisonnement, le langage52, ont des présupposés théoriques centrés en priorité en
psychologie expérimentale dite cognitive et qui n’ont pas théorisé l’outil utilisé.
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Elles reposent sur une théorie implicite de la langue comme reflet –du monde, et/ou
– de la pensée des sujets (Dubois, 1983), reprenant ici l’hypothèse de transparence
référentielle dans laquelle la langue est envisagée comme nomenclature, et les mots
(les noms) comme des veridical labels (voir à ce sujet, dans le domaine de
l’olfaction, Dubois et Rouby, 2002).
Les conséquences de ces approches sont de deux ordres :
-
En psycholinguistique, il y a encore focalisation sur le sommet, le « top » des processus
« top down ». Le langage est étudié comme traitement symbolique, comme faculté
mentale centrale sans qu’aucun lien ne soit conservé, ni avec l’expérience du monde
sensible, ni avec les pratiques culturelles et sociales qui, nous en faisons l’hypothèse,
participent toutes à la construction et du discours et de l’expérience.
-
Il n’est pas question ici de pratiques langagières et discursives53 (puisqu’il n’y a pas de
théorie explicite de la langue) mais d’une langue miroir, permettant l’accès aux choses du
monde via des procédés de référenciation transparents54.
Or, il nous semble justement que c’est ce couplage, entre processus cognitifs descendants et
pratiques discursives, qui amène des questionnements productifs en suscitant des « requestionnements » de part et d’autre : quelle est la place de la langue et du discours dans les
études en psychologie cognitive et en psycholinguistique ? Que peut-on inférer du
51
Beaucoup plus rarement les discours.
pour la psycholinguistique le langage est l’objet d’étude, la langue l’outil.
53
On remarque également que la psychologie s’intéresse à la compréhension de textes mais non aux discours.
54
Nous verrons dans le chapitre 2, qu’il existe en linguistique une théorie explicite de cette transparence
référentielle, appelée sémantique référentielle (cf., parmi d’autres, Kleiber 1997).
52
46
fonctionnement linguistique décrit par les études linguistiques sur le fonctionnement cognitif
humain ?
La mise à contribution des connaissances et des méthodologies utilisées en
linguistique devrait de plus permettre une réflexion « méta »-méthodologique sur la
construction de protocoles expérimentaux en psychologie cognitive. D’une part, la prise en
compte de l’épaisseur de la langue et le travail réalisé par tous les linguistes intéressés par les
situations communicatives (que ce soit les sociolinguistes ou les interactionnistes) constituent
un apport considérable pour faire avancer les réflexions sur la manière de questionner les
sujets dans une expérience. Une méthodologie « co-construite », confrontant les savoirs faire
en linguistique et en psychologie cognitive, doit ainsi apporter des éléments de connaissance,
de réflexion et des recommandations quant aux consignes verbales utilisées dans les
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expériences55. De plus, lorsque les données recueillies dans ces expériences sont langagières,
la prise en considération des connaissances et méthodes d’analyse linguistiques peut guider le
choix des observables et des plans linguistiques d’analyse à privilégier.
Ceci nous amène aux enjeux de cette thèse dans une perspective dite des sciences cognitives.
On utilisera tantôt le terme de « sciences cognitives » tantôt celui de « recherches cognitives »
empruntant cette dernière expression à F. Rastier (1991). Celui-ci, remarquant la non
homogénéité et non unicité de l’objet d’étude des sciences cognitives (aussi divers que les
domaines scientifiques qui se rassemblent sous cette appellation), se refuse à leur donner le
statut de sciences et préfère donc l’expression recherches cognitives, qui met davantage
l’accent sur les processus (cognitifs) étudiés (que sur un objet). D’un autre côté, Le Ny (1989)
utilise, lui, science cognitive au singulier et non au pluriel, revendiquant la constitution d’une
science de la cognition, avec comme objectif, à terme, de proposer une science unifiée.
3. Enjeux en sciences cognitives
C’est une contribution à la compréhension des processus de co-construction des
représentations cognitives et langagières construites à propos d’un objet sensible complexe
que nous souhaitons proposer. Et ainsi, participer aux débats sur cette question en sciences
cognitives et à la manière d’envisager les problèmes (et d’essayer de les résoudre) en tentant
de mettre en relation les connaissances et les méthodologies productives dans deux domaines
55
A propos des consignes dans les expériences de psycholinguistique, voir Dubois, 1996, et sur la fabrication du
terrain par le linguiste, cf. Mondada, 1998.
47
de recherches connexes que sont la psychologie et la linguistique. Il s’agit, au travers d’un
questionnement appliqué, de mettre en œuvre et d’étudier la construction et l’émergence
d’une science de la cognition à travers la mise en perspective, en dialogue et en interaction de
deux disciplines que sont la psychologie cognitive et la linguistique.
Il faut remarquer en préalable que ces deux disciplines, bien que ne partageant pas les
mêmes objets d’étude, ni le plus souvent, les mêmes outils méthodologiques, ont en commun
un « outillage » conceptuel plus ou moins implicitement partagé, ce qui amène parfois à des
limites. Par exemple, la représentation n’a pas du tout la même signification selon qu’elle est
utilisée en psychologie cognitive, en philosophie, en sciences sociales ou en sciences du
langage (de même pour le concept en terminologie et en psychologie). Aussi, ce travail
nécessite d’identifier un certain nombre de concepts, de les définir et de les discuter dans les
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cadres posés par les trois champs disciplinaires convoqués, afin de choisir lesquels sont à
même de permettre un dialogue intéressant et productif (cf. Chapitre 2).
Cette thèse consiste donc en la mise à contribution réflexive de différents champs de
connaissances, de compétences et de méthodologies qui vont être reconfigurés par l’objet
d’étude et qui vont également configurer cet objet (pour une réflexion sur la
pluridisciplinarité, voir Dubois, 2007).
Il y a cependant parfois obligation de discrétiser les différents pôles afin de
commencer par adopter un point de vue avec les cadrages théoriques possibles qu’il implique
ainsi que les outillages méthodologiques qu’il convoque. De plus, les différentes disciplines
existantes qui s’intéressent à ces questions le font chacune depuis un point de vue, une place
particulière, utilisant des outils théoriques et méthodologiques particuliers, qui nécessitent ou
en tout cas conditionnent ce « découpage ». Découpage qui perd un peu de son sens dès lors
qu’on s’attache à considérer les articulations et les modes de co-constructions, c’est-à-dire
finalement l’émergence et la construction dynamique en tant que processus.
Les enjeux que nous évoquons dans cette partie sont donc, d’une part, une
recomposition de ceux déjà évoqués dans les deux parties précédentes. D’autre part, via la
confrontation de la linguistique et de la psychologie émergent d’autres questionnements
fondamentaux :
•
Il nous faut proposer une théorie psychologique en mesure d’expliciter les procédés
par lesquels les individus construisent leur perception du monde, organisent cette
perception en mémoire pour pouvoir la réutiliser ensuite comme un filtre aidant à
l’interprétation de nouvelles scènes du monde (processus de catégorisation) ;
48
•
Il nous faut également construire une théorie linguistique adéquate à même de rendre
compte des phénomènes de discours ;
•
Enfin, ce sont des éléments d’une théorie psycholinguistique cognitive conjuguant les
deux théories précédentes qui doivent contribuer à l’explicitation des liens entre
discours, perception et structuration des représentations cognitives en mémoire.
La question de l’articulation entre discours, perception et cognition est à double niveau.
1) A un niveau macro, elle problématise l’articulation de disciplines connexes que sont la
linguistique, la psychologie cognitive et leur contribution aux sciences cognitives.
2) A un niveau plus « local », elle traite de l’articulation des phénomènes étudiés dans un
contexte précis (celui posé par le partenaire industriel). Il en résulte le besoin de définir les
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relations entre les disciplines mais aussi entre les différents concepts et objets d’étude des
disciplines convoquées, relations que nous avons déjà évoquées dans les parties précédentes
(sujet/locuteur/usager ;
discours/langue/mot ;
représentation/information/connaissance(s) ;
sujet/objet ; langage/perception/cognition). La littérature des sciences cognitives foisonne de
schématisations (et autres modélisations) tentant de représenter différentes conceptions des
articulations entre disciplines ou autres objets d’étude. Ainsi, elle s’est réappropriée une
schématisation des plus anciennes, la triade sémiotique56, qui met en scène les relations entre
mots, choses et concepts, et qui peut se décliner. Nous en traçons un inventaire (non
exhaustif) dans le chapitre 2 et nous l’utilisons comme fil conducteur de notre parcours de
spécification et d’explicitation des cadres théoriques dans lesquels peut s’inscrire ce travail.
L’intérêt d’une telle démarche pluridisciplinaire est pluriel. À travers la recherche d’indices
linguistiques rendant compte de l’activité perceptive et cognitive humaine, et donc
l’explicitation des relations, nous approfondissons chacun des trois domaines principaux (en
relation) à l’intersection desquels se situe ce travail. Nous pouvons ainsi prétendre à une
meilleure connaissance du système linguistique d’une langue donnée et apporter une
contribution à la compréhension des phénomènes de perception des sujets/usagers/locuteurs et
plus généralement de la cognition humaine.
56
Discutée dans une perspective historicisée par Rastier, 1990 et 1991.
49
Afin de questionner les relations sujet / objet, nous nous focalisons un instant sur l’objet57. En
effet, il nous semble productif de « repartir » de l’objet (qui constitue la question initiale du
partenaire industriel) et nous proposons dans le paragraphe suivant une réflexion autour de sa
définition.
Le TLFi58 propose pour « objet » plusieurs définitions, la première ayant tout
particulièrement attiré notre attention : « tout ce qui, animé ou inanimé, affecte les sens,
principalement la vue ».
Ainsi le terme d’objet est choisi pour traduire l’habitacle dans une problématisation
théorique : nous nous intéressons à cet habitacle pour justement comprendre en quoi il affecte
les sens, la vue étant le sens qui est privilégié dans notre étude. Cependant plusieurs
remarques sont à noter par rapport à cette première définition d’objet :
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1 - Ici l’objet n’est pas distingué entre naturel ou artefact mais animé et inanimé (à savoir que
dans les inanimés on retrouve entre autres les artéfacts), et c’est l’objet dans son ensemble qui
affecte les sens.
2 – La vue est privilégiée dans cette définition, avec comme conséquence implicite qu’un
objet est de façon primordiale visuel, i.e. qu’il comporte des caractéristiques à même
d’affecter notre sens de la vue. Le biais visuel propre à notre culture occidentale transparaît à
nouveau ici59 (comme dans une quantité innombrable d’autres documents et dans toute la
tradition scientifique).
3 – Enfin l’objet affecte les sens, il a/est donc un effet sur les sujets.
Cette brève introduction de l’objet via une des définitions qu’en donne le TLFi nous fait
soulever différents questionnements au cœur du travail de thèse présenté : l’hypothèse de la
vue comme accès perceptif privilégié aux objets est-elle si inébranlable ? Si un objet affecte
les sens, en quoi l’effet sur la vue va-t-il être totalement indépendant de l’effet sur d’autres
systèmes perceptifs ? Doit-on considérer des systèmes perceptifs séparés ?
Enfin, quel est le statut cognitif d’un objet ? Est-il unique ? L’objet est-il une entité autonome
ne se définissant que par ses qualités propres ou, affectant nos sens, ne peut-il se définir que
dans les rapports entretenus avec les sujets percevant ?
57
Et rendons compte ainsi de l’obligation de se fixer sur l’un des pôles de la relation comme nous l’avons
évoqué précédemment.
58
Trésor de la Langue Française Informatisé (disponible sur http://atilf.atilf.fr/tlf.htm).
59
Nous renvoyons ici au chapitre 2, dans le paragraphe consacré au biais visuel faisant état des critiques portées
notamment par Sicard, 1998 ainsi que Haroche et Vigarello, 2004 qui insistent tous sur le caractère culturel de
cette prédominance du visuel.
50
Une autre définition du TLFi fait écho à ces dernières interrogations. L’objet y est défini
comme une « chose solide, maniable, généralement fabriquée, une et indépendante, ayant une
identité propre, qui relève de la perception extérieure, appartient à l’expérience courante et
répond à une certaine destination. »
C’est bien cette fois-ci de l’artefact dont il s’agit. La notion d’indépendance,
d’autonomie et d’identité propre est ici constitutive de l’objet. Le fait qu’il soit fait mention
de perception extérieure renforce encore cette identité propre : c’est en extériorité au sujet que
l’objet est défini. Enfin il est fait mention d’expérience courante, l’objet étant une entité du
quotidien vécue, expériencée.
Nous allons employer le terme d’objet pour parler de façon plus générale de
l’habitacle automobile et/ou des éléments qui le composent, ainsi que des artefacts auxquels
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les sujets, locuteurs, usagers de notre recherche seront confrontés.
Une troisième définition de l’objet, dans le champ philosophique, nous intéresse également. Il
est alors « ce qui a une existence en soi, indépendante de la connaissance ou de l’idée que
peut en avoir l’être pensant ». Ici la question de l’indépendance est encore omniprésente.
Nous qualifierons alors d’objet tout phénomène manifestant une existence en soi, une
autonomie par rapport au sujet pensant, parlant et percevant.
Dans l’ensemble de ces définitions, l’objet se définit par rapport au sujet. La question reste de
déterminer s’il y a autonomie, indépendance entre objet et sujet, ou si comme le suggère la
première définition (et notre hypothèse), l’objet en affectant les sens du sujet, ne peut se
définir que dans les rapports et les interactions qu’il entretient avec lui. Au travers de cette
question, s’affrontent deux conceptions philosophiques, le réalisme et l’idéalisme :
-
Le monde des objets a-t-il une existence propre, existe-t-il hors de notre relation à ce
monde ?
-
Ou bien au contraire, n’est-il qu’une projection de notre « monde intérieur » ?
Au-delà de ce débat, il nous semble important de retenir l’idée d’une co-construction du sujet
et de l’objet dans les interactions et les pratiques60. En nous centrant toujours sur les processus
et les relations davantage que sur des entités prédéfinies, des « objets », il devient plus
approprié de parler de processus de subjectivation et d’objectivation, rendant compte d’un
60
Nous développons dans le chapitre 2 les réflexions amenées par certains philosophes (Baudrillard 1968, De
Certeau, 1980), anthropologues (Warnier, 1999b, Conein et al., 1993) et psychologues (Gibson, 1979) sur les
relations entre sujet et objet.
51
rapport étroit, incorporé du sujet à un objet vs de sa mise à distance. Ces processus (à l’instar
de deux pôles : objet / sujet) ne peuvent pas être binaires mais instaurent l’idée d’un
continuum (allant du moins objectivé au plus objectivé par exemple).
Du point de vue de l’objet, la thèse doit également donner les moyens (conceptuels,
méthodologiques et pratiques) de mieux connaître le statut cognitif d’un objet complexe, de
ses différentes parties61, et de ses propriétés.
Nous espérons ainsi être en mesure de spécifier et d’identifier les objets (ici acception large
englobant objet/artefact et ses propriétés) traités et connaître parmi les propriétés des objets,
lesquelles sont plus ou moins détachées de l’objet/du support et considérées comme
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autonomes, et lesquelles ne peuvent être envisagées que rattachées à l’objet, ou/et en
interaction avec d’autres et comment. Nous cherchons à spécifier ce degré d’autonomie pour
déterminer ce qui finalement pourra être caractérisé sensoriellement (de manière analytique)
et ce qui ne peut qu’être jugé globalement. Au-delà de cette préoccupation inhérente à la
problématique de la thèse, il s’ensuit une approche alternative et originale, nécessairement en
amont d’une recherche qu’on ne peut aborder de manière analytique62 si on veut respecter
l’objet défini dans sa globalité, qui vise à caractériser premièrement l’objet de recherche avant
d’envisager la manière de résoudre le problème posé.
Enfin, nous souhaitons comprendre l’évolution du statut de l’objet selon le mode de
représentation matérielle choisie et d’interaction du sujet avec le support. Nous voulons tester
différents types de présentations matérielles de l’objet afin de tester leur validité respective
dans notre cadre d’étude. Trois enjeux liés au choix des matérialités utilisées dans des
protocoles expérimentaux sont distingués :
-
D’une part, il s’agit de répondre à une « question de l’entreprise » : PSA veut savoir
quelle utilité peuvent avoir des dispositifs de simulation visuelle de voitures par
rapport aux « vraies » voitures dans l’étude de la compréhension des processus
d’évaluation visuelle des habitacles automobiles (et dans l’évaluation elle-même).
-
D’autre part, cela pose de façon générale et théorique la « question des simulateurs » .
C’est-à-dire quelle est la validité écologique des simulateurs utilisés pour simuler de
61
Ou d’un espace complexe composé de différents objets.
Cependant, dans notre approche, il s’agit d’un mouvement qui part du global pour aller vers l’analytique, mais
dont l’objectif final appliqué, dicté par les besoins de l’industriel, reste analytique.
62
52
multiples environnements dans la recherche sur la sécurité routière par exemple
(simulateurs INRETS), dans l’aviation. Ceci implique un travail de réflexion générale
autour de la recherche de validité écologique dans la construction et/ou la préparation
du matériel expérimental, déjà évoqué dans la partie « positionnement en psychologie
cognitive» (p.45) et qui sera développé dans le chapitre 2.
-
Enfin, disposer de différents types de matérialité de l’objet étudié devrait nous
permettre de proposer des expériences perceptives différentes63. Nous pourrons alors
recueillir des informations sur le statut (a priori donc) différent des modes de
construction de l’objectivité selon la matérialité de cet objet et l’expérience perceptive
en découlant64.
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Il s’agit de mettre en place une méthode comparative entre plusieurs corpus en rejetant
l’hypothèse référentialiste, objectiviste. A une chose, un objet, une propriété ne correspond
pas un mot et un seul. Les indices de la co-construction de l’expérience et du jugement
sensible en discours ne peuvent émerger que dans la comparaison entre plusieurs discours à
propos de plusieurs expériences sensibles.
Ainsi nous travaillerons divers types de matérialité i.e. des objets « virtuels » (images
2D, 3D), des objets réels hors contexte « naturel ». Et à ces différents types de matérialité de
l’objet, nous mettrons en parallèle différents types de situation de recueil de données verbales,
de discours du sensible. Là encore ce panel méthodologique devra nous permettre de mieux
comprendre dans sa globalité les rapports du locuteur à sa perception du monde via ses
activités langagières et cognitives.
Les enjeux méthodologiques transversaux se situent ainsi sur deux plans puisqu’il s’agit :
•
d’apporter des éléments de réponse à une problématique précise d’une entreprise ;
•
de contribuer à l’élaboration d’une méthodologie psycholinguistique permettant l’analyse
de discours du sensible.
63
Bien que ce soit l’objectif diamétralement opposé que visent les concepteurs de ces simulateurs, qui tendent à
atteindre le degré de « réalisme » le plus haut.
64
Pour une plus ample discussion autour de la construction d’une objectivité dans des mondes réels et
« virtuels », voir chapitre 2.
53
Dans les deux perspectives, il nous faut insister sur l’importance pour nous de caractériser le
statut de l’objet étudié65, et la validité du questionnement, du matériel, du recueil des données,
des analyses et des résultats.
Les réflexions sur la construction et l’élaboration de méthodologies « écologiquement
valides » sont à la fois partie intégrante des objectifs « applicatifs » mais elles sont aussi à
considérer à un niveau méta, théorique. En effet, cette thèse a aussi pour objectif de faire
émerger (et ne peut se construire qu’à travers) une réflexion méta sur les méthodologies à
mettre en œuvre, tant au niveau de la constitution des enquêtes, protocoles, terrains, qu’au
niveau du recueil et de l’analyse de données. C’est-à-dire que les « avancées »
méthodologiques doivent permettre de faire des préconisations pour de nouveaux protocoles
chez PSA (et plus généralement en Linguistique Appliquée), mais également pour tout
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questionnement académique de ce type. De plus les questionnements et les moyens
méthodologiques découverts et consolidés sont autant de moyens de requestionner l’objet
théorique.
Nous voulons encore une fois insister sur l’importance de ne pas segmenter les
champs disciplinaires convoqués. La pluridisciplinarité ici expériencée permet à la fois de
rendre compte du dialogue possible entre différents champs, et de rendre compte de la
productivité même d’une telle mise en dialogue. D’autant qu’elle est obligatoire pour ce type
de problématique et qu’elle est très bien mise en valeur par les questionnements
méthodologiques. Ainsi le questionnement sur le couple sujet / objet concerne (différemment
certes) linguistique et psychologie. Et c’est au travers de la mise en œuvre de méthodologies
adéquates que la pertinence de ce distinguo sujet/objet sera évaluée et que nous pourrons
savoir si notre protocole amène à une mise à distance, une subjectivation maximale.
Remarquons ici encore le caractère transversal de la méthodologie qui reprend des
aspects spécifiques à chacun des domaines qui nous intéresse mais qui reste très similaire.
Cette méthodologie est holistique, tentant d’aller du global au spécifique, et, par un
mouvement orthogonal, de l’individuel au collectif. Elle participe au renouvellement du
questionnement méthodologique en sciences cognitives. Précisons ici qu’au travers de cette
appellation de sciences cognitives, nous nous référons à une approche cognitive et située (à
différencier du paradigme cognitiviste très présent en sciences cognitives et duquel nous
sommes éloignée) dans un contexte social, culturel. L’individu y est considéré comme être
psychologique et social qui se construit en permanence, par l’expérience et la culture dans
65
C’est à dire le mode de relation et d’interaction entre le sujet et l’objet alors construit dans l’expérience et dans
sa mise en discours.
54
lesquelles il est immergé, des représentations sensibles individuelles et des connaissances
sociales culturelles collectives et partagées.
L’enjeu majeur de cette thèse, dans une perspective cognitive, est de proposer une recherche à
proprement parler pluridisciplinaire où s’entremêlent objets (artefacts physiques ou ayant une
matérialité et non conceptuels uniquement), thématiques étudiées, méthodes de recueil et
d’analyse pour obtenir de plus amples informations sur les rapports entre un individu cognitif
et culturel et un objet complexe, artefactuel, lui aussi culturel.
Ce que nous proposons est un cheminement, un protocole qui fait le pari de la
productivité d’une démarche holistique allant du macroscopique au microscopique. Ici
l’économie se fait grâce au temps passé à circonscrire, à caractériser un domaine laissé
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« global » au départ. On choisit donc de « perdre du temps » en amont de la recherche à
proprement dite en balayant de façon très large le champ d’étude pour ensuite à ne pas
multiplier les expérimentations ou proposer des conclusions qui soient inadéquates par
rapport au problème posé.
La partie suivante reprend les points essentiels développés précédemment et fait ainsi émerger
la problématique générale de la thèse.
4. Problématique générale
L’approche adoptée s’inscrit donc dans les problématiques des sciences cognitives
contemporaines (Varela 1993, Vergnaud 1991, Dubois 2000, Tiberghien 2007). Ce choix de
problématique implique pour nous :
-
Que les pratiques langagières soient envisagées comme actes de communication et de
production de signification dynamiques visant à l’expression du rapport individuel du
sujet au monde et aux autres locuteurs ainsi qu’à l’élaboration de connaissances
collectives partagées à l’aide des ressources linguistiques disponibles en langue.
-
Deuxièmement, que les activités perceptives soient envisagées comme un processus
d’adaptation, les constructions cognitives résultant de l’expérience et plus
particulièrement, en ce qui nous concerne, de l’expérience sensible à la fois multimodale et plus spécifiquement visuelle. Ces représentations ne sont pas
computationnelles comme dans les modèles proposés par le courant cognitiviste (cf.
55
Putnam pour le modèle dont il a été à l’initiative et qu’il critique dans son ouvrage de
1988). Elles sont à la fois individuelles, spécifiques de l’expérience individuelle de
chacun, et collectives dans la mesure où cette expérience intervient nécessairement
dans des pratiques socialisées. Notre approche se positionne donc dans la perspective
d’une cognition située, en opposition aux premières problématiques cognitives
davantage intéressées par les propriétés formelles des systèmes cognitifs.
-
Enfin que l’approche soit pluri- et transdisciplinaire, couplant, sur la question des
constructions cognitives relatives à la sensorialité, les connaissances relatives à la
structure catégorielle des concepts, qui concernent donc la psychologie, et les modes
de représentation en langue partagés par les locuteurs relevant principalement ici de la
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linguistique. Cependant, il est évident que d’autres disciplines sont aussi concernées
par ces problématiques, comme l’anthropologie, la sociologie ou l’épistémologie, et
nous serons amenée à y faire appel au cours de ce travail.
Remarquons que les paradigmes actuels en sciences cognitives ne se situent pas tous dans ce
cadre théorique de « linguistique cognitive située ». De plus, une approche plus classique en
sciences cognitives placerait au premier plan les activités perceptives et en second les
pratiques langagières, lorsque nous faisons le choix inverse.
Notre contribution participe à l’élaboration d’une linguistique cognitive, qui présuppose
l’existence de liens forts entre les expressions en discours (à partir des possibles disponibles
en langue) et les constructions cognitives ou représentations en mémoire inobservables
(psychologie), relativement à un même objet du monde (ici l’habitacle et ses composants). La
description et l’évaluation en discours des objets du monde que les sujets expérimentent ou
ont expérimenté perceptivement contribuent à la construction des représentations cognitives
en mémoire à propos de ces objets. Aussi, pour connaître ces représentations inobservables,
l’expression en discours est envisagée comme moyen d’accès privilégié. Notre point de départ
est donc de recueillir des discours sur l’habitacle.
56
C - Plan de l’ouvrage
de l’automobile au discours et du discours à l’automobile
1. La problématique sensorielle « classique »
Fort d’une grande expérience de constructeur automobile, PSA possède un savoir et savoirfaire très important centré sur l’objet fabriqué -la voiture- et les matériaux qui le constituent.
Par définition, l’artefact est un objet, produit issu de l’art ou de l’industrie, réalisé par
l’homme et s’opposant à l’objet dit « naturel ». Depuis une dizaine d’années, les recherches
en analyse sensorielle, développées dans le domaine alimentaire dans la seconde partie du
XXe siècle, ont fait leur apparition dans les industries non alimentaires telles que PSA. Elles
se sont développées en réponse à des questions de plus en plus nombreuses des fabricants et
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des services de marketing cherchant à comprendre comment (et combien) les propriétés
sensorielles des objets fabriqués influencent les préférences et les choix des usagers, avec
pour objectif de proposer de nouveaux produits plus adaptés « sensoriellement » aux usagers
et donc susceptibles de leur plaire davantage.
Les services d’analyse sensorielle ont ainsi pour principale mission de mettre en
évidence de manière « objective » les caractéristiques sensorielles de produits existants ou de
nouveaux produits. Ces dernières sont évaluées par les panels experts (des sujets recrutés et
entraînés, considérés en quelque sorte comme des instruments de mesure du sensible), au
moyen de différentes méthodes d’évaluation sensorielle telles que les profils sensoriels ou la
cartographie des préférences (cf. par exemple Giboreau et Body, 2007, Le Calvé et al., 2001).
Ces méthodes consistent à faire tout d’abord émerger, face à un espace de produits donné –
des tissus de siège par exemple– et par rapport à une modalité sensible prédéterminée –
modalité tactile– selon le problème à résoudre, les dimensions sensorielles (doux/rêche,
souple/raide, moelleux/dur, lisse/rugueux...) qui les caractérisent, par un panel d’experts
entraînés aidés en cela par un animateur (panel leader) dont la tâche principale est de guider
et de faire parvenir au consensus le groupe d’experts.
Une fois le consensus établi, ces dimensions prennent la forme de descripteurs de l’espace
produit, et chacun des membres du panel devra donner une mesure (à l’aide d’échelles de
notation le plus souvent), pour chaque produit, soit de la présence ou non du descripteur, soit
de son intensité. Pour une revue des méthodologies utilisées par l’analyse sensorielle, nous
renvoyons au traité d’évaluation sensorielle (2001), sous la direction de Urdapilleta, Roussel,
Nicolas & Huon de Kermadeck.
57
2. De l’analyse sensorielle à la sémantique cognitive
Cette description des méthodologies sensorielles permet dès à présent de mettre l’accent sur
les points de convergence et de divergence entre l’analyse sensorielle et la problématique que
nous souhaitons dégager dans ce travail.
A l’instar du programme de recherche dans lequel cette thèse s’inscrit, l’analyse sensorielle
fait appel aux compétences linguistiques, perceptives et conceptuelles de groupes d’individus,
mais elle le fait pour caractériser sensoriellement tel ou tel produit (réactualisant la triade
sémiotique).
Le point de rencontre se situe donc dans la mise en relation entre langue, cognition et
perception. Cependant l’objectif et les moyens choisis pour y parvenir diffèrent :
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-
là où l’analyse sensorielle se fixe comme but de décrire le plus précisément possible
les caractéristiques sensorielles de l’objet, nous cherchons à comprendre les processus
mis en oeuvre par les individus, sujets, pour construire leur rapport sensible au monde
et, ce faisant, aux objets du monde.
-
L’analyse sensorielle utilise la langue comme moyen transparent de construire des
unités de mesure des propriétés sensorielles. En effet, l’hypothèse de transparence
référentielle est totalement implicite dans l’approche de l’évaluation sensorielle (elle y
est construite comme ontologie). À un descripteur (un mot – le plus souvent un
adjectif) correspond une propriété, une caractéristique sensible. Nous considérons que
ce sont les ressources linguistiques disponibles en langue et ce qu’en font les individus
qui vont nous donner des indices de leur rapport sensible au monde.
Nous pouvons schématiser de la manière suivante les deux approches :
-
L’analyse sensorielle adopte une démarche analytique, dans la tradition psychophysique.
A savoir que les observations faites ici pour l’analyse sensorielle sont à mettre en parallèle
avec celles que nous faisons à propos des approches psychophysiques de la perception
pour ce qui est des propriétés des objets sensibles, et psycholinguistiques classiques
(lexicales) pour ce qui est des raccourcis entre mots (noms-adjectifs) et choses.
L’analyse sensorielle s’intéresse aux OBJETS du monde, les individus (du panel) étant
un moyen, un instrument pour les caractériser. Il est alors question d’évaluation subjective
(par le sujet) des propriétés de l’objet (cette subjectivation de l’objet étant posée comme
objective).
58
-
La question qui nous est posée est différente : il s’agit de comprendre ce qui structure
visuellement l’évaluation par les usagers de l’habitacle automobile. Les SUJETS sont
donc « en première ligne ». Ce qui nous intéresse ce sont les relations entretenues entre le
sujet et l’habitacle (et les objets de l’habitacle). Et les propriétés des objets ne sont pas
envisagées (a priori) pour elles-mêmes mais comme indices des objets, indices en
permettant l’évaluation. On peut ici parler d’« objectivation du subjectif ».
C’est donc une approche différente mais complémentaire à celle de l’analyse sensorielle qui
peut répondre à cette question. Une approche qui met en relation l’habitacle et les usagers en
tant qu’individus sensibles, construisant leur relation à l’habitacle à travers l’expérience
perceptive de ses propriétés sensorielles mais également à travers leurs pratiques culturelles,
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langagières et leurs connaissances.
C’est véritablement un laboratoire « grandeur nature », dans lequel construire et mettre à
l’épreuve notre positionnement théorique. Par ailleurs, ce positionnement théorique intéresse
l’industrie car il offre un renouvellement du questionnement sur les rapports entre
sensorialités et usagers en décalage avec celui proposé par l’analyse sensorielle et ses
méthodologies (et également différent de celui proposé par des approches dites qualitatives,
de type marketing).
Il est intéressant de remarquer que ce travail de thèse CIFRE s’organise d’une manière peu
habituelle pour les sciences humaines : au lieu de partir d’une question théorique à valider par
une expérience, nous avons dû répondre à une problématique appliquée, la traduire en
question empirique (respectivement première et seconde partie de ce présent chapitre), pour
procéder ensuite à un cadrage théorique et méthodologique pour appréhender cette question
(respectivement chapitres 2 et 3 suivants).
En effet, partant de la question industrielle qui nous a été posée et de ses
caractéristiques (incluant la globalité de la perception, l’aspect multisensoriel, la nécessité de
se centrer sur les relations entre les humains et leur environnement), quels sont les outils
théoriques et méthodologiques qu’offrent la linguistique et la psychologie ? Quels sont
également les outils à disposition des industriels ? Pourquoi y a-t-il des impasses ? Quels sont
les moyens à disposition en linguistique et en psychologie qui permettent de contourner ces
obstacles ?
59
Ici, notre travail s’inscrit dans un changement de point de vue épistémologique, ne
considérant pas a priori que nous avons les outils conceptuels et méthodologiques adaptés
pour répondre à la problématique posée. Au contraire, il s’agit justement de travailler à la
construction d’outils à la fois conceptuels et méthodologiques.
Notre recherche se fait sur plusieurs plans (que ce soit du point de vue académique ou
applicatif) avec pour objectifs :
-
d’apporter des résultats ;
-
de proposer des outils de construction et d’analyse des données (outils transférables à
d’autres objets) ;
-
sur le plan épistémologique : de contribuer à la mise en place d’une certaine posture en
sciences cognitives, posture qui peut être qualifiée de constructiviste.
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Cette posture nous semble être en cohérence avec les cadres épistémologiques et théoriques
pressentis. En effet, nous considérons les relations entre discours, langue et cognition comme
relations de co-construction dynamique et ce travail de thèse tente de construire et de coconstruire une méthodologie, des connaissances et des outils.
60
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61
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62
Chapitre 2 :
Relations entre Langue, Perception et Cognition
Introduction
Nous avons présenté dans le chapitre précédent, la question posée par notre partenaire
industriel et sa traduction en problématique de recherche, à savoir l’étude des relations entre
l’expérience sensible visuelle d’un objet du monde (l’habitacle automobile), les constructions
cognitives qui sous-tendent et qui s’élaborent au fil de cette expérience, et la manière dont les
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individus expriment et construisent en discours leur expérience et leur évaluation. Ainsi, dit
autrement et de manière plus générale, il s’agit de contribuer, à travers un questionnement de
« terrain », à l’explicitation des liens et des dynamiques articulant signes linguistiques,
représentations et objets du monde1.
Afin de décrire plus précisément notre objet d’étude dans les cadres conceptuels nécessaires à
la prise en charge de son questionnement, nous présentons dans ce chapitre les
positionnements théoriques élaborés en sciences du langage et en sciences cognitives qui ont
depuis longtemps traités de ces relations2. Étudier des relations entre différentes entités
relevant de différents champs et donc appréhendées par différents concepts scientifiques3,
nous oblige i) à définir précisément ces entités et leur dépendance aux différents champs qui
les constituent, avant de ii) préciser les relations qu’elles entretiennent entre elles ainsi que la
dynamique de ces relations. Pour organiser et linéariser notre parcours de l’analyse de ces
différentes entités, nous partirons de la triade sémiotique (voir page suivante), héritée
d’Aristote et ayant fait l’objet de multiples reformulations jusqu’à nos jours. Elle permet une
première mise en relation de la langue, de la perception et de la cognition à travers la
proposition d’une articulation entre signes, concepts et objets du monde4.
1
Ou dans un plan orthogonal entre langue, cognition, perception et ontologie.
Les points de cadrage théoriques concerneront principalement les domaines disciplinaires majeurs convoqués
dans cette thèse tels que les sciences du langage, la psychologie cognitive et les sciences cognitives. Mais nous
nous permettrons, d’y apporter quelques précisions (incursions ou excursions) provenant de problématiques et de
domaines de recherches voisins, comme l’ergonomie, l’anthropologie ou d’autres sciences sociales, lorsqu’elles
seront nécessaires à notre argumentation.
3
Qui plus est diversement définis et travaillés dans les différents champs disciplinaires convoqués.
4
Une première mise en garde est nécessaire à propos du parallèle entre langue/signes, perception/objets du
monde, et cognition/concepts auquel pourrait être réduite la phrase précédente. Cela ne signifie pas que les
premiers (langue, cognition, perception,) se réduisent aux seconds (signes, concepts et objets du mondes) ou sont
2
63
Concept
Signe
Objet du monde
Figure 1 : La triade sémiotique
En effet celle-ci, dans ses multiples interprétations et critiques (depuis Aristote et jusqu’à nos
jours5), pose trois entités, représentées par ses trois sommets, renvoyant au signe, au concept
et aux objets du monde, et convoquant respectivement différentes conceptualisations en
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linguistique, en psychologie et en sciences de la nature. La section A de ce chapitre est donc
consacrée successivement à la caractérisation :
-
du sommet « signe» que l’on peut dégager des recherches et théorisations travaillées
en linguistique (A.1.) ;
-
du sommet « concept » travaillé par les sciences cognitives et plus spécifiquement la
psychologie cognitive (A.2.) ;
-
et du sommet « objet du monde » pris en charge par les sciences de la nature (A.3.).
Nous envisageons ensuite dans la section B la mise en relation entre ces différentes entités
ainsi que la dynamique de ces relations, matérialisées dans le schéma par les arêtes du
triangle. Ce qui nous permet dans une troisième section (C.) de proposer notre propre
formulation de la triade sémiotique et dans le même temps d’exposer les hypothèses générales
que nous souhaitons mettre à l’épreuve dans notre recherche.
A - La triade sémiotique : d’Aristote à la Cognition située
Il s’agit dans cette section de rapporter quelques éléments de discussion historicisés et
problématisés de chacun des sommets de la triade afin de déterminer la conception de chaque
sommet la plus adéquate, la plus à même de rendre compte, de construire et de travailler
notre problématique. En effet, partant du présupposé que les pratiques langagières contribuent
à même de les définir mais seulement que c’est dans cette perspective que les relations entre langue, perception
et cognition ont été considérées en sciences cognitives.
5
Pour une discussion critique très détaillée, voir l’article de Rastier, 1991a), ainsi que la proposition
d’« éclatement de la triade » que formule Tyvaert, 2005.
64
à la construction des catégories cognitives, les mots que nous utilisons dans ce manuscrit pour
rendre compte du travail effectué tout au long de la thèse contribuent à construire notre objet
d’étude. Il s’agit donc ici de nous situer, dans l’utilisation des mots et leur mise en discours,
dans la mise en place des objets d’étude et les références théoriques qui nous intéressent en
linguistique et psychologie cognitives contemporaines.
Chacun des sommets que nous allons étudier ici est pris en charge par un champ disciplinaire
distinct6. Au sein de chaque sommet, nous allons fonctionner par opposition successive. Ainsi
nous allons voir dans un premier temps, qu’il s’agit en linguistique de dessiner une évolution
partant d’une conception lexicale centrée sur le mot à une conception du signe, comme entité
biface comprenant un signifiant et un signifié. Que ce signe est à inscrire dans un système
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linguistique : ici la langue française, par opposition au langage en tant que fonction cognitive
universellement partagée. Et enfin, qu’il s’agira pour nous de travailler à l’inscription et à la
réalisation de ce signe en discours par le biais de pratiques langagières et discursives.
Dans une seconde partie consacrée au concept et à sa problématisation en psychologie
cognitive, nous travaillerons à l’opposition entre signifié (emprunté à la linguistique
saussurienne) et concept, à l’articulation entre concept et représentation, puis entre
représentation et catégorie pour conclure sur les constructions cognitives.
Les « objets du monde » dont la description relève des sciences de la nature seront
rapidement abordés dans la troisième partie. Il s’agira surtout de mettre en évidence le
basculement d’une conception réaliste du monde construit comme ontologie à une perspective
constructiviste rendant compte de l’élaboration des objets du monde (comme constructions)
via (entre autres) les descriptions scientifiques qui en sont données.
1. Le signe linguistique : des mots aux discours
1.1. De la tradition aristotélicienne à la Grammaire de Port Royal : des
paroles au mot
Considérant la triade sémiotique et ses multiples reformulations comme notre « fil rouge »,
nous nous intéressons ici aux dénominations employées au cours de l’histoire et de
l’élaboration progressive de la science linguistique pour référer à son objet d’étude,
diversement décliné comme étant le langage, la langue, la parole, les mots, les signes
6
Mais nous verrons que cette tripartition présente en soi un caractère illusoire puisque chacun des sommets
renvoie à au moins un des autres sommets et que chacune des disciplines se targue, plus ou moins implicitement
et plus ou moins sérieusement, d’utiliser et de travailler les autres entités en présence.
65
linguistiques, les discours. Les préoccupations et les réflexions sur le langage et les langues
ont intéressé les penseurs et philosophes bien avant la constitution de la linguistique comme
science7. Ainsi la version aristotélicienne de la triade met en relation vox avec conceptus et
res.
Conceptus
Res
Vox
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Figure 2 : la triade aristotélicienne
Une interprétation possible de cette triade est donnée par Thomas d’Aquin, directement
inspiré d’Aristote : les paroles se reflètent aux choses désignées moyennant les concepts. 8
La focalisation est alors portée sur les réalisations langagières, plurielles, et comporte
implicitement la trace du locuteur (pas de parole sans locuteur). Une reformulation est ensuite
opérée par les grammairiens de Port Royal, Arnauld et Nicole (1683), qui substitue à voxparoles le mot, ainsi qu’aux concepts, l’idée et aux choses désignées, la chose. Il y a alors une
double réduction. D’une part, le passage du pluriel au singulier contribue à évacuer un grand
nombre de phénomènes inhérents à l’activité de langage dont notamment la diversité des
formes ainsi que des processus linguistiques. D’autre part, Arnauld et Nicole, en faisant appel
aux mots et non plus aux paroles, marquent le début d’une longue tradition référentielle au
sein de laquelle la langue est considérée comme un répertoire de formes (mots), entraînant
une focalisation sur le lexique. Par la suite, de nombreuses autres lectures de la triade ont été
proposées, notamment par les philosophes et logiciens (par exemple Morris, Carnap, Odgen et
Richards tous discutés in Rastier, 1991).
7
L’ensemble de la discussion sur la triade proposée dans ce chapitre s’appuie sur les travaux de F. Rastier (1990,
1991) qui a proposé une critique historicisée des différents développements suscités par la triade. On se réfère
également aux travaux d’Auroux (1992) concernant l’histoire des théories linguistiques.
8
Notons encore une fois que nous nous intéressons ici à la manière dont est posé, constitué, défini le sommet
« langage » de la triade. Nous reviendrons sur les autres sommets ainsi que sur les mises en relation dans les
parties suivantes.
66
Mais la rupture majeure est celle introduite par le signe saussurien, qui a contribué à la
fondation de la linguistique contemporaine, par rapport aux travaux inscrits dans la lignée de
la Grammaire de Port Royal, opérant un basculement du langage à la langue.
1.2. La naissance de la linguistique contemporaine : le signe saussurien
Le signe saussurien est un signe biface, constitué d’un signifiant qui renvoie aux propriétés de
structure (étudiées par la phonologie, la morphologie, la syntaxe, la prosodie, l’énonciation)
qui participent à la construction du sens, et d’un signifié référant aux propriétés sémantiques
du signe.
Parmi les apports de Saussure à l’élaboration d’une science du langage, la définition
du signe linguistique comme entité à deux faces va conduire à sortir d’une conception
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référentielle du langage comme répertoire de mots ayant une relation univoque avec un
concept et un référent. En effet, en définissant le signe comme « une entité psychique à deux
faces », « l’image acoustique [signifiant] et le concept [signifié], deux éléments intimement
unis qui s’appellent l’un l’autre » (CLG, p.98-99), Saussure introduit plusieurs changements
importants dans la conception des langues et de leur étude :
1) D’une part, poser l’existence d’un signifiant et d’un signifié questionne la définition même
de ce qu’est un mot et de ce qui constitue sa clôture9.
2) D’autre part, comme le remarque Rastier, Saussure « rapatrie le signifié dans les langues,
en le distinguant du concept logique ou psychologique » (1991, p.74). Nous verrons dans la
section correspondante (A.2) quels liens entretient ce signifié avec les « concepts » et
« représentations » en psychologie et en sciences cognitives.
3) Enfin, en considérant les langues comme des systèmes de signes organisés en réseaux
d’opposition, et en introduisant la notion de valeur d’un signe qui ne peut être déterminée que
par rapport à tout le système de signes dont il fait partie, Saussure permet de passer d’une
sémantique référentielle à une sémantique différentielle (cf. Rastier, 2004), illustrant une de
ses principales constatations : « dans la langue il n’y a que des différences » (CLG, p.166) .
De plus, la notion d’arbitraire du signe, qui renvoie aux différentes langues, instaure les
systèmes linguistiques, comme réalités originales, imprévisibles et irréductibles à toute réalité
extra-linguistique. L’arbitrarité se définit en opposition à la motivation du signe, qui elle
9
Nous verrons par la suite dans l’exploration des différents plans de description linguistique que la question de
la clotûre reste centrale, et que la notion de mot pose problème tant en phonologie, qu’en morphologie, en
syntaxe et en analyse du discours. Il n’y a guère que la lexicologie (qui soit « épargnée ») pour qui le mot peut
constituer une unité de description plus ou moins adéquate/pertinente.
67
renvoie à la possibilité partielle ou totale d’expliquer voire de justifier les langues par l’ordre
naturel des choses ou de la pensée. En posant cet arbitraire, la distinction entre signe et
référent est de fait bien effectuée.
Le structuralisme linguistique a ainsi permis de passer des mots aux signes bifaces, signes
organisés et définis au sein d’un système dans un jeu de contrastes et d’oppositions (que l’on
retrouve sur tous les plans de description linguistique).
1.3. Une étude des propriétés de systèmes symboliques tels que les
langues en discours
La contribution saussurienne à l’élaboration d’une science linguistique réside également dans
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le fait de considérer non pas le langage mais les langues comme son objet d’étude.
Les langues sont ainsi considérées comme des systèmes symboliques parmi d’autres.
Si la sémiotique a permis le développement de théories d’interprétation de systèmes
symboliques dans leur globalité (cf. notamment les travaux de Barthes, 1957, Baudrillard
1968, Eco, 1999, et pour une revue Hénault, 2002), la sémantique se consacre elle à des
systèmes symboliques particuliers tels que les langues (cf. Greimas, 1970).
Avec la distinction qui s’instaure entre signification et sens (distinction dont ne rend
pas compte le terme anglais meaning, parallèlement à language qui signifie à la fois langage
et langue), Milner (1989) tout comme Rastier (1991, p.74-75) introduisent la notion de
signification comme contenu sémantique du signe linguistique et celle de sens comme se
réalisant en contexte discursif. Milner distingue ainsi la signification linguistique et le sens
discursif, ce qui marque ici la distinction entre une sémantique lexicale s’intéressant à la
signification des mots comme formes lexicales et une sémantique discursive rendant compte
du caractère dynamique des processus de construction du sens. Ainsi, si la sémantique peut
être définie comme la science des significations, il semble primordial de travailler à
l’élaboration d’une sémantique discursive, rendant compte de la construction du sens en
discours.
La distinction entre sens et signification est différemment travaillée suivant les
courants de la linguistique. Ainsi pour Guillaume, un mot a un sens mais peut avoir une
infinité de significations ou effets de sens en discours10 (in Siblot, 2001). Pour distinguer sens
10
Tandis que Rastier définit la signification lexicale d’un signe comme étant hors contexte et son sens, textuel
comme se réalisant en contexte, introduisant la notion d’isotopie et de texte. Il distingue même une troisième
notion, celle de signifiance intertextuelle (Rastier, 2007, p.7).
68
et effet de sens, Guillaume utilise d’ailleurs les notions de « langue » et de « parole ».
Également héritée de Saussure, la distinction en langue et parole pose la langue comme
l’objet de la linguistique et la parole comme sa matière.
Ces différentes mises en contraste permettent également de travailler l’articulation entre
langue et discours. Ainsi pour Achard (1993), reprenant Benveniste, la langue n’existe que
mise en discours. Et on pourra prendre conscience de la différence entre langue et discours en
s’intéressant à des mots qui ne sont pas des mots qui renvoient à une réalité extra linguistique
mais qui organisent les phrases entre elles : les connecteurs, les pronoms anaphoriques. Un
discours peut alors se définir comme l’organisation des énoncés dans des unités plus étendues
que les phrases. Auquel cas un énoncé peut être apprécié soit « comme une phrase du point de
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vue de sa structuration interne », soit comme un discours puisqu’il est « effectivement
prononcé ou écrit par telle personne dans telle circonstance » (Achard, 2001, p.10-11). Le
considérer comme une phrase renvoie à sa conformité par rapport au système (au sens
saussurien), alors que le considérer comme discours met l’accent sur le caractère effectif de
son usage.
La question des articulations entre langue et parole et entre langue et discours structure le
champ de la linguistique et selon que l’on s’intéresse aux propriétés formelles de la langue ou
à ses réalisations et constructions en discours, les observables seront différents. On peut ainsi
passer du singulier à la pluralité11 et considérer des linguistiques12 qui se caractérisent par une
diversité des plans d’analyse et une non homogénéité des objets d’étude. Ces plans de
description d’une langue particulière13 sont considérés comme autonomes14. Et s’il ne s’agit
pas de contester cette autonomie et cette partition, nous verrons à travers les questionnements
en sémantique sur la construction du sens que de nombreux liens existent entre ces plans
d’analyse15 qu’il nous faudra parcourir (sans pour autant pouvoir être exhaustive et rendre
compte de la richesse de chacun d’entre eux). Ainsi, on distingue pour une langue particulière
11
Reflétant la pluralité des approches et des points de vue sur les langues et les discours.
La dénomination de sciences du langage très utilisée actuellement est encore plus vaste. Ici encore on
remarquera le jeu des singuliers et des pluriels (comme nous l’avons noté dans le chapitre 1 pour les sciences
cognitives), notamment avec l’ouvrage de Milner (1989) qui introduit une science du langage.
13
Puisqu’il s’agit là encore de passer de la langue aux langues dans leur diversité et singularité.
14
Et partagent le champ de la linguistique en différentes disciplines.
15
Rastier, en discutant des présupposés de la triade sémiotique et ses multiples reformulations, montre comment
la division entre syntaxe, sémantique et pragmatique repose sur cette tripartition.
12
69
les plans lexical, morphologique, syntaxique16, sémantique, discursif, prosodique, énonciatif,
de l’analyse conversationnelle…
Nous faisons l’hypothèse qu’il existe des points de rencontre entre ces différents plans et que
ce ne sont que des stratégies diverses (et des points de vue adoptés) pour décrire les
ressources linguistiques (type de données, outils utilisés,…) que comprend tout discours et
ainsi rendre compte de l’émergence et de la construction du sens en contexte17. Ainsi, par
exemple, en analysant les modes de construction et d’attribution collective de la référence,
Mondada illustre la construction dynamique du sens en contexte d’interaction communicative
(Mondada 1999, Mondada et Dubois 1995).
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Nous avons vu dans cette première partie comment la linguistique s’est structurée autour de la
notion de signe, en distinguant signifiant et signifié, et en inscrivant le signe dans un système
de différences. La distinction entre langue et discours peut également être mise en perspective
à travers la question du sens, lequel ne peut se construire que dans la dynamique des discours
(ou textes) comme pratiques et mises en œuvre des ressources et procédés linguistiques.
Dans son ouvrage Sémantique et recherches cognitives, Rastier met l’accent sur
l’ « absence de distinction entre signifié et concept » en sciences cognitives, absence de
distinction amenant pour lui à interroger la nécessité d’une distinction entre « le niveau
sémantique des langues et le niveau conceptuel » (Rastier, 1991, p.73). Nous allons à présent
nous intéresser au concept, second sommet de la triade, qui a d’abord intéressé les
philosophes avant d’être étudié en psychologie, puis « traduit » en représentation cognitive.
2. Du concept en philosophie aux représentations en psychologie
cognitive
Issu de la tradition philosophique, le concept renvoie à un mode de connaissance général,
abstrait et universel de la réalité. Ainsi, bien que nous nous soyons fixée comme règle de nous
intéresser dans cette première partie à chacun des sommets de la triade de manière autonome,
on peut dès lors remarquer que le concept instaure dans sa définition même une relation avec
la réalité (le monde comme réel).
16
Pour des problèmes de définition des frontières entre syntaxe et morphologie - domaines de compétence et
pouvoir explicatif de chacune - voir notamment la thèse de S. David sur les unités polylexicales nominales
(David, 1993).
17
Voir à nouveau les notions d’isotopie et de texte développées par Rastier.
70
La psychologie, en s’intéressant à la pensée du sujet et à ses modes d’appréhension du
monde va traduire le concept en représentation. En premier lieu, une représentation est ce qui
est présenté à nouveau, ou ce qui est rendu présent à nouveau. C’est l’« action de replacer
devant les yeux18 de quelqu’un » (TLFi). En psychologie et de manière générale lorsqu’on
considère la représentation dans le cadre d’une théorie de la connaissance, elle est définie
comme « l’acte par lequel un objet de pensée devient présent à l’esprit ». L’étymologie
complexe de représentation se manifeste ainsi par une double métaphore :
« (…) celle de la représentation théâtrale et celle de la représentation diplomatique. (...) Pour qu’il
y ait connaissance, il faut qu’il y ait mise en présence (devant le sujet), intériorisation de la réalité
connue, production de cette réalité dans l’espace de la conscience: c’est la représentation au sens
de la première métaphore. Mais, comme l’objet réel lui-même ne peut venir se placer dans la
sphère de la vie subjective, il faut bien qu’intervienne une médiation, qu’il se rende présent par
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intermédiaire: c’est la représentation au sens de la seconde métaphore. »
Encyclop. univ. t. 14 1972, p. 88, col. 2 et 3. (in TLFi)
Dans cette partie, nous nous intéressons à la première métaphore et à la manière dont elle est
envisagée en psychologie cognitive. Nous serons ainsi amenée à traiter des relations entre
représentation, connaissance(s) et information.
Le concept de représentation étant très « polymorphe » et utilisé au sein d’autres
disciplines des sciences humaines, nous nous appuierons également sur la définition de
représentation proposée en sciences sociales, afin d’introduire la notion de collectif.
2.1. Des représentations mentales aux représentations cognitives
La tradition logique et informatique dans laquelle se sont inscrites les sciences cognitives a
contribué au développement de l’analogie (encore persistante à l’heure actuelle dans certains
courants cognitivistes) entre l’ordinateur et l’esprit. Les représentations y sont envisagées
comme computations (calculs) sur des symboles (cf. Fodor, in Putnam, 1988). Cette analogie
entre ordinateur et esprit est une étape dans la construction de l’informatique symbolique et
confère à la représentation le statut d’information. Basée sur les principes de logique
vériconditionnelle, cette approche s’inspire également de Chomsky en étendant le
modularisme linguistique de Chomsky (autonomie du module syntaxe) à l’ensemble de
"l’esprit".
L’approche computo-symbolique a suscité plusieurs critiques, notamment de l’un de
ses premiers fondateurs, Putnam, qui propose en 1988 dans son ouvrage Représentation et
18
Voici un nouvel indice de la prégnance de la vision dans toute la culture occidentale et notamment de son
influence dans les recherches en psychologie de la perception.
71
Réalité une critique de la position modulariste de Fodor et de ses propres prises de position
antérieures19. Il y dénonce la non pertinence de la métaphore de l’ordinateur, les états
mentaux ne pouvant se définir comme des états computationnels logiques, universels et
individuels.
On retiendra ici les 3 plans sur lesquels se fonde sa critique, rejetant la nature logique
des états20 mentaux, leur universalité et leur caractère individuel.
Parmi les autres critiques, le courant connexionniste a substitué à la métaphore de l’ordinateur
une métaphore biologique pour proposer de nouveaux modèles informatiques qui se situent à
un niveau subsymbolique. Cependant ils ne prennent toujours pas en compte dans leurs
modèles le rapport sensible au monde (leurs modèles reposant toujours sur des unités de
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codage binaire) ni la dimension collective de la construction des représentations.
La critique de Putnam concernant le caractère universel et individuel des représentations
cognitives illustre bien comment la psychologie a longtemps fait l’impasse sur la dimension
individuelle vs collective de la notion de représentation.
2.2. Des représentations comme connaissances élaborées collectivement
C’est le passage à la notion de groupe (en tant que communauté sociale partageant des
pratiques, dont des pratiques langagières), qui permet, dans la tradition sociologique de
problématiser le rapport entre représentations individuelles et connaissances collectives et
partagées.
Ainsi, en psychologie sociale, les représentations sociales sont définies comme une
« forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et
concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » (Jodelet, 1997,
p.53). Dans ce cadre, les représentations sont considérées comme une symbolisation à
appréhender à travers des instruments culturels et sociaux. Il s’agit alors de mener un travail
sur la dimension collective des représentations.
19
« J’ai peut-être été le premier philosophe à avancer la thèse que l’ordinateur est le modèle qui convient pour
l’esprit. Cette doctrine a pris chez moi la forme et le nom de “fonctionnalisme” et est devenue sous ce nom la
théorie dominante - l’orthodoxie, disent certains- de la philosophie contemporaine de l’esprit. » (Putnam, 1988,
p.13)
20
Qu’il utilise préférentiellement à représentation, s’affranchissant ainsi quelque peu du rapport au réel présent
dans l’étymologie de représentation.
72
Cependant si les sciences sociales ont permis la prise en compte de cette dimension collective
des représentations, il s’agit également de rendre compte de leur dimension individuelle et de
d’expliciter les articulations entre les connaissances collectives et la perception individuelle.
2.3. Des représentations individuelles, sensibles aux connaissances
partagées, sociales et culturelles
La psychologie culturelle proposée par Bruner (1990), située dans des usages et des pratiques
collectifs, vise à rendre compte des deux aspects des représentations. Dans son approche, il
insiste sur l’importance de la dimension individuelle perceptive, en définissant l’expérience
perceptive comme l’attribution de signification interactive à l’environnement (comme Act of
meaning). Mais en inscrivant également le sens comme négociation collective au sein d’un
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collectif à travers les pratiques sociales, culturelles, et langagières, il offre une perspective
unifiée des représentations individuelles et des connaissances partagées.
Dans un article critique sur la place de la culture en psychologie, Misra et Gergen (1993)
définissent la culture comme :
« historically situated, collective product, consituted by the values, beliefs, perceptions, symbols,
and other humanly created artifacts which are transmitted across generations trough language and
other mediums. (…) Culture is inescapably psychological in its composition » (Misra et Geren,
1993, p.226)
Ils remarquent que malgré le caractère psychologique de la culture (et, réciproquement
comme nous venons de le voir, malgré le caractère éminemment culturel de la psychologie),
la prise en compte de la dimension culturelle en psychologie est loin d’être d’évidence. Ils
qualifient le courant dominant en psychologie de « acultural science of behavior » ou
« culturally decontextualised science of behavior »21, dans lequel il n’y a pas de sujets, c’est à
dire pas d’individus mais un individu universel. Une fois encore, le jeu des singuliers et des
pluriels montre d’un côté une focalisation sur l’universel, l’invariant, l’identique, et de l’autre
un intérêt pour la diversité, et la prise en compte de la pluralité et des dimensions collectives.
Nous nous inscrivons également dans une perspective articulant les représentations
individuelles et les connaissances partagées, collectives, inscrites dans des pratiques sociales,
culturelles et historiques.
21
Cette deuxième dénomination est encore plus forte puisqu’elle met l’accent sur la décontextualisation,
73
Si la construction des connaissances collectives est décrite et explicitée en sciences sociales
comme relevant de ces pratiques, quelles sont les propositions en psychologie, alternatives au
paradigme cognitiviste déjà évoqué précédemment, permettant de rendre compte de
l’élaboration et de la stabilisation des représentations cognitives individuelles ? Nous
proposons dans la partie suivante d’évaluer la productivité de la mise à contribution de la
problématique de la catégorisation dans la construction des représentations.
2.4. Des représentations aux catégories
Les différentes propositions en philosophie puis en psychologie pour définir les processus et
les actes de pensée, se traduisent comme nous l’avons vu dans la partie précédente, par
l’introduction du concept, remplacé en psychologie par la représentation mentale, puis par la
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représentation cognitive comme information computo-symbolique et considérée à présent
comme connaissance.
Représentations et catégories représentent deux champs distincts de la psychologie qui
ne sont généralement pas mis en relation. Cependant, on remarquera que parallèlement à ces
reformulations successives du concept à la représentation, qui concernent de manière plus
générale les processus de mémoire, les théories de la catégorisation ont opéré un basculement
des catégories logiques (issues de la tradition philosophique grecque) vers des catégories
« écologiques » (cf. Rosch, 1978 et Neisser, 1967).
Les catégories logiques organisées de façon hiérarchique sous la forme de taxinomie
sont régies par des critères d’appartenance de type conditions nécessaires et suffisantes.
Construites comme ontologies, elles reposent sur un ordre du monde préétabli. Rosch et
Neisser, en introduisant la notion de catégories écologiques et de prototypes, replacent le sujet
humain au centre de ces phénomènes. Quoique ces catégories soient toujours construites sur
des ontologies22, le changement majeur opéré concerne l’idée d’organisation du monde par le
sujet via les processus de catégorisation. En effet, pour percevoir, comprendre et agir sur le
monde, les êtres humains ont besoin de l’organiser. Cette organisation va consister à
rassembler les objets qui se ressemblent23 et à séparer ce qui est différent sur la base d’un
principe de partage de propriétés régi par la notion de prototypie. L’appartenance catégorielle
se définit alors par la distance évaluée entre l’objet à catégoriser et le prototype de la
22
Dubois et Resche-Rigon en 1995 proposent une évaluation critique de la « naturalité » de ces catégories
sémantiques séparant le plus souvent objets naturels et artefactuels, objets animés et inanimés, et qui sont
envisagées dans ces théories de la catégorisation comme ayant une organisation propre, une structuration
intrinsèque. Ils donnent comme illustration la citation de Bernardin de St Pierre selon qui « le melon a été divisé
en tranches par la nature afin d’être mangé en famille » !
23
Selon un air de famille.
74
catégorie, celui-ci étant considéré comme le « meilleur » exemplaire. Un des points critiques
va donc être de déterminer à quel moment l’objet à trop grande distance du prototype ne peut
plus être considéré comme un exemplaire de la classe. Les exemplaires d’une catégorie vont
chacun présenter des configurations de propriétés spécifiques (corrélats d’attributs) mais qui
gardent en commun un air de famille avec le prototype de la catégorie. Ils seront plus ou
moins typiques et représentatifs de la catégorie. De plus, la théorie du prototype considère une
organisation (toujours hiérarchisée) des catégories, caractérisée par un niveau de base et des
niveaux super ordonnés (plus génériques) et supra ordonnés (plus spécifiques).
Ce que nous retenons de cette théorie est d’une part que les processus de catégorisation sont
considérés comme structurateurs et organisateurs de l’expérience perceptive et qu’ils
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permettent la constitution d’invariants cognitifs par le jeu de l’identification de similitudes,
dissimilitudes et airs de famille entre les objets et phénomènes perçus.
Mais en contribuant à l’organisation de la perception du monde, les processus
catégoriels sont aussi structurateurs des représentations et des connaissances dans la mesure
où ils permettent de donner du sens, d’interpréter leur expérience du monde.
On retrouve ici l’idée développée notamment par Bruner (1990) de la nécessité de
construire l’invariance du monde, celle-ci n’étant pas un donné, mais résultant des activités
perceptives et cognitives en jeu dans l’interaction des sujets avec leur environnement.
Comme nous l’avons remarqué page précédente, cette conception des catégories
« naturelles » reste néanmoins toujours basée sur un présupposé réaliste. D’autres théories ont
depuis été proposées notamment la theory theory de Murphy et Medin (1985), basée sur le
raisonnement et la théorie des ad hoc categories, proposée par Barsalou (1983). Cette
dernière en intégrant la notion de but (l’activité de catégorisation étant guidée par les objectifs
et les intentions de l’individu selon la situation dans laquelle il se trouve) échappe quelque
peu au présupposé réaliste et donne plus de poids à l’expérience. Cependant, comme dans les
autres théories présentées ici, les pratiques individuelles et collectives, autrement dit la
reconnaissance des sujets cognitifs comme caractérisés par leur subjectivité propre mise en
jeu et construite dans leur expérience du monde, mais également comme appartenant à une
collectivité de savoirs, de pratiques, ne sont toujours pas prises en considération.
Le parcours opéré dans cette partie, du concept de représentation aux processus de
catégorisation, peut être mis en parallèle d’un parcours allant de la mémoire à la perception.
75
On considèrera les processus de catégorisation comme organisateurs des connaissances dans
la mesure où c’est en structurant sa perception du monde que le sujet peut le comprendre et
lui donner du sens, construisant ainsi des invariants cognitifs, non plus fondés sur une
invariance du monde donnée a priori.
Malgré nos efforts pour dans cette première partie définir chacun des sommets de la triade
sémiotique de manière indépendante des relations qu’ils entretiennent avec les autres, on aura
pu remarquer que la prise en considération des processus de catégorisation en tant
qu’organisateurs de l’expérience du monde des sujets présuppose déjà la relation entre les
constructions cognitives et le(s objets du) monde. Dans le paragraphe suivant, nous évoquons
brièvement les objets du monde dans la description qui en est donnée par les sciences
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physiques et les sciences de la nature.
3. Des objets du réel aux mondes construits
À travers notamment le parcours opéré en psychologie cognitive pour décrire le concept, les
représentations et les catégories cognitives, nous avons été amenée à discuter du présupposé
réaliste et de la prise en considération, par les psychologues, des objets du monde réel comme
ontologies. Si le débat entre idéalisme et réalisme est hérité de la tradition grecque, les
sciences physiques et les sciences de la nature apportent leur contribution à ce réalisme
contemporain. C’est dans les descriptions du monde qu’elles proposent, dans les discours sur
le monde qu’elles produisent, qu’elles constituent l’objectivité du monde. Ainsi, la description
et l’analyse des couleurs dans le cadre d’une théorie de la lumière, les constituant comme
longueurs d’onde, caractérisées par une intensité, une teinte et une saturation, est une
construction scientifique humaine, historiquement et culturellement située (pour une revue
historique et une discussion du concept de couleur, voir notamment les travaux de l’historien
M. Pastoureau, 2000). Cependant, en instituant cette description, parmi d’autres possibles (et
nombreuses comme nous serons amenée à l’éprouver au sein de ce travail), comme la
description du monde, comme le réel, les sciences physiques contribuent à la constituer
comme ontologie.
Nous poursuivrons cette discussion sur la constitution de l’objectivité scientifique en la
mettant en parallèle de la constitution de l’objectivité de l’expérience sensible dans la seconde
partie de ce chapitre.
76
Nous touchons ici aux limites de cette première partie, car comme nous l’avons déjà remarqué
dans la partie précédente, il devient difficile de s’en tenir à la description de chacune des
entités de la triade de manière indépendante. Après avoir parcouru chacun des sommets de la
triade dans l’objectif en regard des propositions théoriques des champs disciplinaires
convoqués et afin d’identifier celles pouvant rendre compte et contribuer à notre
problématique, nous nous intéressons maintenant à la mise en relation des trois pôles.
B - Relations entre discours, catégories cognitives et mondes
construits
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Afin d’étudier les relations entre discours, catégories cognitives et mondes construits, nous
parcourons à présent la triade en envisageant chacune des relations bipolaires ainsi que les
dynamiques (les directions) de parcours. Dans une première partie, nous nous intéressons aux
relations entre discours et mondes. La seconde partie traite des relations entre discours et
constructions cognitives. Dans une troisième partie, nous traitons des relations entre
constructions cognitives et mondes, pour proposer ensuite une synthèse des processus et des
dynamiques de co-construction entre discours, constructions cognitives et mondes.
Constructions cognitives
?
?
Discours
Mondes construits
?
Figure 3 : Une triade à parcourir
1. Relations entre discours et mondes
Reprenant les différentes interprétations de la triade sémiotique, la question des relations entre
discours et monde peut se décliner, suivant les cadres théoriques, en relations entre signe et
77
référent, entre mot et chose, entre langage et réel24. Il s’agit ici de déterminer où se situe
l’extralinguistique par rapport au linguistique.
S’interrogeant sur la nature des relations existant entre la langue et les objets du
monde, une première possibilité est de considérer qu’il puisse y avoir un lien direct entre les
deux, ce à quoi nous avons déjà fait allusion à travers la notion de transparence référentielle
(cf. chapitre 1). Selon le mode de parcours de cette relation bijective, deux théories sont
distinguées, le nominalisme et l’essentialisme (ou réalisme).
Le nominalisme repose sur une conception adamique du langage (le langage comme
dénomination des objets du monde). « Au commencement était le verbe » peut résumer de
manière très brève le propos de cette théorie. Ainsi pour les nominalistes, les choses existent
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lorsqu’on les nomme :
NOM
CHOSE
L’essentialisme quant à lui considère la relation dans le sens inverse : à chaque chose
correspond un mot. Ce qui préexiste c’est la chose et elle prédétermine le mot qui lui
correspond.
NOM
CHOSE
Remarquons ici que dans les deux cas, il est question de noms (et de verbe) et non de mots, de
parole ou de langue. C’est le nom et à fortiori le nom propre qui prédomine. L’idée principale
commune à ces deux théories est celle d’une correspondance simple, d’un effet de miroir
entre les noms et les choses. Si ces questions ont alimenté les réflexions philosophiques
depuis l’antiquité25, la réintroduction de ce postulat de transparence référentielle est
relativement récente. Elle est le fait de Odgen et Richards, qui proposent, en 1923, un modèle
fondé sur une ontologie liant signe et référent dans une relation de vérité (explicité par
Rastier, 1990). Les sciences cognitives contemporaines se sont beaucoup inspirées de cette
formalisation dont notamment la linguistique formelle vériconditionnelle, la philosophie du
langage et l’ensemble des modèles formels.
Ce modèle est une conception logiciste de la signification lexicale (avec valeur binaire
de vérité) qui ne tient pas compte entre autres des métaphores et des phénomènes de
polysémie. Enfin le statut du signifié y est également problématique.
24
Ainsi, un n° spécial des Cahiers de Praxématique (n°15, 1990) était-il intitulé « Le langage et le réel ».
Par exemple, le langage comme reflet de la préexistence du monde chez Platon était remis en cause par les
sophistes soulevant la question du mensonge : comment alors faire référence à des choses qui n’existent pas ?
25
78
Dès que l’on s’intéresse à la langue26 comme système et non comme répertoire
d’étiquettes, et, au monde non pas comme une juxtaposition de choses mais plutôt à la
manière dont les « choses » du monde sont appréhendées et dont elles contribuent à organiser
et structurer la pensée humaine (et réciproquement), il y a alors nécessairement besoin
d’opérer une médiation par le troisième sommet. Toute la question réside alors à nouveau
dans la définition de ce sommet médiateur : est-ce le concept, la représentation, le signifié ?
Pour Rastier, « le rapport entre signifiant et signifié comme le rapport entre signifiés relèvent
pleinement de la linguistique ; [...] les rapports entre signifié et concept puis entre concept et
référent relèvent en premier lieu de la psychologie cognitive, et / ou de la philosophie du
langage » (Rastier, 1990, p.21). Nous allons à présent voir comment la psychologie cognitive
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traite de ces rapports entre signifiés et concepts.
2. Relations entre discours et catégories cognitives
2.1. Des connaissances en mémoire au lexique
En sciences cognitives, durant « l’âge d’or » du paradigme cognitiviste computo-symbolique,
les informaticiens Collins et Quillians (1967, 1969, in Dubois et Weil-Barais, 1993) ont
proposé un modèle d’organisation des connaissances en mémoire. Il s’agissait de rendre
compte du « stockage de l’information sémantique » en s’appuyant sur la métaphore
informatique. Comme l’expliquent Dubois et Weil-Barais (1993, p.387-388), dans ce type de
modèle « chaque mot est stocké sous la forme d’un nœud inclus dans un réseau, chaque nœud
étant associé à un certain nombre de propriétés ». Ainsi « la signification d’un concept est
fournie par le pattern de relations auquel il participe ».
Le canari est l’exemple phare de ce modèle. Au nœud canari vont être associées deux
propriétés : il peut chanter, il est jaune. Il sera également associé au nœud oiseau en tant que
catégorie superordonnée (celui-ci étant lui-même associé au nœud animaux …). « le canari est
un oiseau » est envisagée comme une relation entre une structure cognitive (au sein d’une
taxinomie) et une dénomination (en sémantique lexicale). Ce modèle hiérarchique de
l’organisation de la mémoire est à même de rendre compte d’après ses auteurs des temps de
« récupération de l’information sémantique » en mémoire, postulant que plus le nombre de
26
Pour Saussure « si un objet, pouvait où que ce soit, être le terme sur lequel est fixé le signe, la linguistique
cesserait immédiatement d’être ce qu’elle est, depuis (le sommet) jusqu’à (la base) » (cité par Rastier, 1990).
79
nœuds à parcourir pour vérifier une mise en relation de propriétés est grand, plus le temps de
réponse (comme récupération de l’information) sera grand. Collins et Loftus ont par la suite27
proposé le modèle de Spreading Activation, un modèle dynamique de fonctionnement de la
mémoire sémantique, basé sur le concept de diffusion de l’activation. Organisé sous forme de
réseau sémantique non plus hiérarchisé mais tenant compte des proximités entre concepts, ce
modèle met en relation mémoire et accès au lexique.
Si ces auteurs posent l’existence d’un lexique, la question de son élaboration n’est pas
travaillée. Les notions d’accès au lexique (ou accès lexical) et de lexique mental présents dans
la plupart des travaux en psycholinguistique rendent bien compte des théories implicites (et
non problématisées) des relations entre langage28 et cognition en sciences cognitives.
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L’approche reste fonctionnaliste (le langage y étant considéré comme fonction et le lexique
mental comme module auquel on accède) et référentielle. De manière générale, les sciences
cognitives ont psychologisé le concept de signifié en lui conférant un statut cognitif. On
remarquera de plus que l’emprunt du concept de signifié à la linguistique et sa
« psychologisation » sont exemplifiés dans le programme de travail de Chomsky qu’il décrit
comme visant à « développer l’étude de la structure linguistique comme un chapitre de la
psychologie humaine » (Chomsky, 1970, p.101). On peut alors se demander quelle est la
place accordée à la langue, et qui plus est, aux langues dans ce type de modèle.
Nous allons à présent nous intéresser à des domaines de la linguistique au sein desquels les
signifiés sont travaillés.
27
Le modèle de Collins et Quillian ayant été notamment critiqué pour la rigidité des critères de hiérarchisation et
la non prise en compte des variations de la distance sémantique entre concepts.
28
Il s’agit alors bien du langage comme fonction cognitive et non des langues comme systèmes symboliques.
80
2.2. De la typologie des langues aux catégories cognitives
Différents domaines de la linguistique s’intéressent aux signifiés des langues. Si la
sémantique (cf. entre autres Greimas, 1970) en fait bien évidemment partie, les recherches
comparatistes appréhendent également les relations entre signifiés et concepts en considérant
ces derniers comme relevant de l’extra-linguistique29.
En effet l’étude d’autres langues et d’autres pratiques met en évidence des variations
dans les modes de construction de la référence. Ainsi les linguistes typologues (tels que Craig,
1983, Gomez-Imbert, 2003, Hickmann, 2002 et 2003, Lucy, 1992) participent au
renouvellement des recherches concernant les relations entre langue et cognition à travers une
étude approfondie des fonctionnements de langues « exotiques » non dans une perspective
universaliste ou relativiste mais avec comme objectif (en plus de la description de systèmes
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linguistiques différents) de mieux comprendre les relations entre langue et pensée. Les études
de ces langues mettent l’accent sur des modes de construction de la référenciation très
diversifiés et surtout contrastés par rapport à ceux qui nous sont habituels. On citera pour
exemple les travaux sur l’expression de la spatialité (Hickman, 2002, Grinevald, 2006), de la
temporalité et de la modalité (Guentcheva, 1996) et pour ce qui nous concerne tout
particulièrement, les recherches menées sur l’expression en langue des modalités sensibles
telles les couleurs (Conklin, 1964, Lucy, 1997 parmi de nombreux autres) mais également les
odeurs (Mouélé, 1997). Le travail mené par Grinevald (2006) en Amérique Centrale sur les
langues à classificateurs, en mettant à jour des procédés morphologiques rendant compte de
pratiques de catégorisation, contribue ainsi à alimenter les réflexions sur les relations entre les
formes linguistiques, leur mise en discours et la structuration du monde dont ils sont indices et
à laquelle ils participent.
Cette approche de typologie contrastive permet de discuter l’illusion universaliste basée sur
l’existence de concepts (ou représentations) universels. Ce qui est invariant (et non universel)
c’est le fait justement pour chaque humain de construire l’invariance à propos de tout ce qu’il
perçoit, expérimente, et c’est aussi le fait de travailler collectivement à la construction d’un
consensus. La variété et la diversité se retrouvent quant à elles dans les processus
linguistiques et cognitifs mis en place par chaque individu et groupe d’individus pour
construire cette invariance. La question de la diversité des langues et des invariants cognitifs
29
Ici pas d’amalgame entre signifiés et concepts mais bien une étude de leurs relations.
81
est également travaillée en linguistique cognitive (Talmy, 1992, Lakoff, 1987) et en
sémantique cognitive (Wierzbicka, 1996, Dubois, 2000).
3. Relations entre catégories cognitives et mondes
En parallèle de la question de l’adéquation des mots et des choses, se pose ici la question de
l’adéquation des choses et des concepts. Comme nous l’avons déjà évoqué, c’est d’abord et
principalement la philosophie qui a contribué à la réflexion sur la formation des
connaissances et l’appréhension du monde avec notamment, les oppositions entre des
conceptions innéistes (telles que celle défendue par Descartes) et empiristes (telles celles
proposées par Locke, Hume ou Condillac). Dans ces dernières, l’esprit humain est considéré à
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la naissance comme tabula rasa et c’est l’expérience du monde qui va progressivement le
structurer. S’il ne s’agit plus actuellement de remettre en cause la présence dès la naissance de
structures cérébrales et de capacités cognitives (voir tous les travaux touchant à la cognition
des nouveaux-nés et des bébés, par exemple Waxman, 1999), les approches empiristes
insistent sur le rôle de l’expérience qui nous semblent primordiale. Ainsi l’expérience du
monde à travers les phénomènes de perception va structurer et construire les connaissances
sur ce monde.
Appréhendant à présent les relations entre objets du monde et pensée, nous verrons
dans un premier temps que l’ensemble des recherches en perception est assujetti au « biais
visuel » qui caractérise nos cultures occidentales. Ainsi nous verrons que les théories de la
perception développées en psychologie au cours du XXe siècle s’intéressent principalement à
la vision, qui plus est dans une perspective analytique, dite de bas niveau. Dans un second
temps, nous évoquons les approches qui permettent une prise en considération de la
perception comme phénomène global, « holistique », et placent le sujet dans son inter-action
avec son environnement.
3.1. Le Biais visuel
La problématique du biais visuel traverse tous les champs de la culture occidentale. On trouve
ainsi une prédominance accordée à tout ce qui relève du visuel en philosophie, en
psychologie, en linguistique, en sciences cognitives mais aussi dans le domaine artistique.
Ainsi G. Denizeau remarque que :
« la musique en tant qu’ « art des sons », pour devenir art, doit préciser la nature du matériau
qu’elle met en œuvre, tant il est clair que la notion non précisée d’art ne renvoie qu’au champ du
82
visible. Cette exclusion implicite de la musique, ce sont les manuels d’histoire de l’art, qui nous
l’apprennent, à précisément ignorer tout ce qui n’est pas appréhendé par le regard, matérialisation
de la frontière qui sépare, dans notre perception des émissions du sensible, les expressions sonores
et visuelles de la civilisation. » (Denizeau, 1998, p.9)
Cette fabrique du regard30 comme sens privilégié d’appréhension du monde est décrite à la
fois à travers différentes évolutions techniques et au travers de l’histoire et plus
particulièrement de l’histoire des sciences par M. Sicard (1998). L’ouvrage collectif de C.
Haroche et Vigarello (2004), Le sens du regard, éclaire également cette construction
culturelle, historique et épistémologique qui a fait du visuel le mode d’appréhension
prédominant dans nos cultures, au détriment notamment du toucher. Haroche rapporte ainsi
les propos de Elias qui :
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« discerne dans la vie sociale des sociétés du passé tout autant que des sociétés du présent des
changements qui touchent à la perception sensorielle et affectent la vue, le toucher. : « Tous les
enfants connaissent cette évolution en grandissant. Un nombre de plus en plus important de
d’activités qui faisaient intervenir à l’origine l’individu tout entier avec tous ses membres se
limitent aux yeux [...]. Au fur et à mesure que les mouvements du corps se restreignent,
l’importance de la vision augmente : l’enfant entend à présent « tu peux regarder mais n’y touche
pas » . Il lui faut impérativement « ne pas en venir aux mains » » (in Haroche et Vigarello, 2004, p.
149).
Les recherches en anthropologie (cf. Hall, 1966, Sahlins, 1976, Howes, 1991 et 2003, et
Classen, 1993 par exemple) ont également remis en question le découpage systématisé dans la
culture occidentale de l’expérience sensible en 5 sens. Certaines cultures ne partitionnent pas
ainsi le champ du sensible ou en tous les cas partiellement différemment. Ainsi Hall explique
dans l’introduction à son ouvrage, La dimension cachée, que « (…) des individus appartenant
à des cultures différentes non seulement parlent des langues différentes mais, ce qui est sans
doute plus important, habitent dans des mondes sensoriels différents. »
La psychologie scientifique n’échappe évidemment pas à cette « hégémonie » visuelle et en
observant les études s’attachant à décrire et expliciter les phénomènes perceptifs, on remarque
que toutes prennent comme référence la perception visuelle31. Delorme, (1994), considère
ainsi que la « richesse exceptionnelle de l’information visuelle captée par l’être humain
30
Nous empruntons ici à M. Sicard le nom de son ouvrage.
A ce propos, Gordon (1989) remarque que le retrait du contenu visuel des théories de la perception les
ramèneraient à de courts énoncés.
31
83
adulte » peut expliquer « l’innombrable quantité de recherches portant sur la perception
visuelle » et par-là même le fait que les théories de la perception reposent sur ces études.
Les théories de la perception si elles sont toutes centrées sur les phénomènes visuels peuvent
être distinguées selon qu’elles appréhendent la perception comme la somme et l’intégration de
multiples éléments ou bien comme une expérience globale, holistique.
3.2. La perception comme intégration de primitives sensorielles
Les recherches en psychologie cognitive contemporaine s’inscrivent en partie dans la lignée
des travaux réalisées en psychologie scientifique et psychophysique. A l’origine de l’approche
psychophysique classique, on trouve d’une part les nombreuses découvertes en
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neurophysiologie et d’autre part les travaux de Fechner (1860) visant à décrire les relations
entre stimulation physique et sensation. Cent ans après, l’objectif de la psychophysique est le
suivant : étudier les relations entre les variations de l’environnement physique et les variations
psychologiques correspondantes, ce qui signifie étudier les relations entre stimulation et
perception. L’objectif étant d’éviter soigneusement toute inférence cognitive, les
expérimentations se font avec des temps très courts (de l’ordre de 100ms). Grâce à ce type de
méthode, ce sont les dimensions dites élémentaires d’une scène visuelle qui sont extraites, à
partir desquelles on pourra ensuite en retirer le degré d’organisation perceptive.
Ces approches s’intéressent aux caractéristiques du signal et traitent de la perception comme
d’un système pouvant être décomposé en traitements de haut et de bas niveau, envisagés
comme indépendants. Le stimulus est considéré en tant qu’information sensorielle. Traiter
l’information équivaut à la transformer via les niveaux de traitement (au nombre de trois :
niveaux neurosensoriel, perceptif et cognitif). L’approche psychophysique traditionnelle ne
s’attache qu’à la description du premier et du second niveau alors que les approches
computationnelles (cf. Marr, 1982, parmi d’autres) envisagent toutes les étapes du traitement.
Dans l’ensemble de ces approches, le troisième sommet de la triade (le monde) n’est pas
problématisé. Soit il est considéré tel que le conçoit ou décrit la physique, soit il est envisagé
comme stimulus (comme un ensemble de stimuli). La perception consiste alors à extraire des
informations, par l’intermédiaire de traitements ascendants (bottom up). L’intégration des
informations permet, au terme de ces multiples étapes de traitement hiérarchisés, la
construction d’une représentation. On remarquera ici l’utilisation et l’articulation des concepts
84
de stimulus, information et représentation32 qui présuppose (entre autres) que la perception
soit supra ordonnée par rapport à la cognition. Ce n’est qu’au terme de longs processus
d’intégration des informations contenues33 dans le stimulus que la représentation est
construite.
Les approches computo-symboliques intègrent les trois niveaux de traitement (neurosensoriel,
perceptif et cognitif). En s’intéressant principalement à modéliser l’organisation en mémoire
des connaissances issues de la perception, elles ont permis la prise en compte des processus
ascendants et des processus descendants, redonnant ainsi une certaine place au sujet percevant
(qui n’est plus alors seulement considéré comme un intégrateur de données sensorielles
objectives). Est alors accordé un rôle important à l’attention comme filtre permettant la
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sélection des informations (vs indices) pertinentes dans l’environnement. Ce filtre est motivé
par les connaissances et représentations construites au préalable34. Parmi ces modèles on peut
évoquer celui de Kosslyn et Koenig (1995) qui, n’échappant pas à la règle, est basé sur la
perception visuelle et a également pour visée de proposer une explication des phénomènes
d’imagerie mentale. Le biais visuel introduit au début de cette partie se traduit également par
une généralisation des modèles visuels à l’ensemble des phénomènes perceptifs. On trouve
ainsi des tentatives d’extension du modèle précédemment évoqué (Kosslyn et al.) à la
modalité olfactive (Royet, 1999) ainsi qu’à d’autres problématiques actuelles en cognition
comme les émotions (Sander, 2002).35
Le mouvement caractérisant l’ensemble de ces théories de la perception est un mouvement
partant de l’analytique pour construire (reconstruire) progressivement la globalité et la
complexité. Le monde est considéré comme un ensemble de stimuli à traiter et intégrer.
3.3. D’une perception analytique à une perception holistique
Il ne nous semble pas possible de traiter de la globalité de l’expérience sensible sans évoquer
le concept de synesthésie, développé dans le champ de la psychologie par Werner (1934) et
Straus (1935). Ainsi ce dernier considère que « les effets intersensoriels ne semblent guère
32
Pour une discussion de ces concepts voir Dubois, 2002.
Les sujets sont alors des « décodeurs » ou « encodeurs » d’informations déjà données, préexistantes.
34
Cependant les processus de construction des connaissances (la connaissance) ne sont pas explicités et on en
oublie encore une fois que l’individu est doté d’une expérience sensible et de compétences sociales,
linguistiques… qui vont lui permettre de construire ses connaissances.
35
Il ne s’agit pas alors d’une simple mise en avant de la modalité visuelle mais d’en considérer le pouvoir
explicatif comme extensible à tous les autres champs. En d’autres termes, le postulat d’une universalité du voir
comme mode d’appréhension et d’explication privilégié du monde.
33
85
pouvoir être interprétés que comme l’articulation multiple d’une unité ». Ces réflexions sur le
caractère unifié de la perception ont été assez peu reprises durant la première moitié du XXe
siècle, la synesthésie étant alors considérée comme une pathologie. Les personnes
« synesthètes » qui pouvaient par exemple percevoir la couleur de chaque son ou entendre le
son de chaque couleur36 étaient désignés comme malades et l’on cherchait à ce qu’ils
recouvrent une perception « normale ». Ainsi en témoigne aujourd’hui encore la définition de
« synesthésie » proposée par le TLFi :
PATHOL. Trouble de la perception sensorielle dans lequel une sensation normale s’accompagne
automatiquement d’une sensation complémentaire simultanée dans une région du corps différente
de celle où se produit l’excitation ou dans un domaine sensoriel différent. PSYCHOL. Phénomène
d’association constante, chez un même sujet, d’impressions venant de domaines sensoriels
différents. On ne saurait considérer les synesthésies comme un symptôme toujours morbide,
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puisqu’il peut exister à l’état normal, soit par un mécanisme d’élaboration intellectuelle rationnel,
soit comme une manifestation affective plus marquée dans certaines personnalités (Porot, 1975).
D’autres courants de la psychologie du XXe siècle se sont intéressées à la compréhension des
phénomènes perceptifs en tant qu’expérience totale, globale, ou holistique.
Ainsi la psychologie de la Gestalt, qui trouve son origine dans les travaux de Brentano
et se développe au sein de l’Ecole de Berlin (cf. notamment Kölher, 1964, et en France,
Guillaume, 1937) s’oppose à la fois aux analytiques béhavioristes et aux associationnistes.
Considérant que le tout est plus que la somme de ses parties, elle remet en cause le caractère
analytique du découpage en stimuli. De plus, elle rejette la distinction entre sensations
(primaires) et perception (intégrée) considérant le caractère immédiat de la perception37.
Parmi les autres détracteurs de la psychologie objective, les philosophes et
psychologues phénoménologues tels que Merleau-Ponty (1964), Straus (1935) et Maldiney
(1994), ont questionné la place du sujet et de l’objet dans les expériences de psychologie.
Ainsi Straus remarque :
« Peu importe où et comment nous faisons intervenir l’observateur, qu’il soit équipé d’un
microscope ou d’un télescope ou qu’il fasse des observations à l’œil nu – rien de tout cela ne revêt
la moindre importance de principe, car ce qui compte dans le schéma de la psychologie objective,
ce n’est ni la source lumineuse, ni le point de départ du stimulus photique, mais uniquement son
point d’impact sur la rétine.
(…)
Au lieu d’un observateur dont le regard se tourne vers les choses, nous avons affaire à un cerveau
qui enregistre des stimuli (…) » (Straus, 1935, p.198)
36
37
A noter que les échanges inter modalités ne se font pas uniquement entre vision et audition.
Pour une revue des approches contemporaines de la Gestaltt, cf. Palmer, 1999 et Visetti et Rosenthal, 1999).
86
Sa critique est double puisqu’il s’agit ici de discuter du statut du stimulus comme « point
d’impact sur la rétine » et de son rapport avec les « choses », et du statut du sujet considéré
comme acteur (regardeur38) ou comme un simple enregistreur de données. En effet, la
phénoménologie en replaçant le sujet au cœur de la réflexion sur l’expérience sensible du
monde, et en imposant de partir de l’expérience subjective (« en 1ère personne ») remet en
cause la conception analytique et objective de la perception et oblige à réfléchir à la place du
sujet, à son positionnement par rapport au phénomène perçu.
Mais il s’agit également de définir le monde perçu. L’approche écologique de la perception
proposée par Gibson (1979) contribue à la réflexion sur la définition de ce monde comme
environnement. Pour Gibson, l’information structurée est présente dans l’environnement, la
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perception étant alors déterminée par l’ordre du monde39. Cependant le « découpage » du
monde n’est pas indépendant du sujet qui va chercher à extraire de cet environnement des
invariants grâce à ses déplacements.
Nous retenons ici surtout l’importance accordée à l’environnement et l’introduction
d’un couplage perception / action, le sujet n’étant pas un récepteur passif ou un sujet de
laboratoire mais un « explorateur » plongé dans un environnement40.
L’importance accordée au mouvement, au sens de direction donnée à sa perception, dans le
courant phénoménologique, place également l’action au centre des réflexions sur la
perception. Merleau-Ponty contraste ainsi voir et regarder :
« Par ailleurs il est vrai aussi que la vision est suspendue au mouvement. On ne voit que ce qu’on
regarde. » (1964, p.16)
et Maldiney remarque que :
« Toute perception réelle, c’est-à-dire en laquelle s’articule notre habiter, ne dévoile sa signifiance
que selon une direction de sens.(…)
Percevoir c’est se mouvoir vers les choses, sur le fond d’un être au monde où nous sommes
présents dans l’espace et le temps à travers la motricité expressive de notre corps. »
Se mouvoir vers les choses signifie que le sujet guide sa exploration perceptive. On peut alors
se demander comment cette exploration active est-elle guidée.
38
Terminologie que nous empruntons à l’artiste plasticien M. Duchamp.
Développant le concept d’affordance comme forme « appelant » à une fonction particulière, ie l’information
présente dans la forme indiquant ce qu’il faut « faire » avec cette forme par exemple.
40
Il utilise la notion d’observateur actif.
39
87
3.4. Représentations pour l’action, perception en-action
Considérer le sujet comme acteur de sa perception signifie accorder une place importante aux
processus de « top down » ou descendants. Les représentations préalables des sujets
(structurées sous la forme de scripts, cf. Tversky & Hemenway, 1991, ou de catégories) vont
alors constituer un cadre pour la perception.
Mais il s’agit de considérer les représentations non pas comme des abstractions figées
et universelles mais comme des cadres structurant et guidant l’action, inscrites dans la
diversité des pratiques et des objectifs. La mise en commun de réflexions de psychologues et
d’ergonomes sur ces questions a ainsi donné lieu à la dénomination de représentations pour
l’action (Weill-Fassina, 1993).
L’inscription de la perception et de la cognition dans des pratiques, la prise en
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considération du sujet en tant qu’acteur de sa perception mais également la prise en
considération des caractéristiques de l’environnement comme situation, caractérisent les
questionnements actuels dans le champ de la cognition située41.
La théorie de l’enaction comme Inscription corporelle de l’esprit (Varela et al. 1993)
s’inscrit dans ce paradigme et définit son programme de recherche comme étant d’« amorcer
une nouvelle lignée dans la descendance de l’intuition fondamentale de la double corporéité,
initialement posée par Merleau-Ponty » (p.19). La cognition y est définie comme « loin d’être
la représentation d’un monde pré-donné, (c’)est l’avènement conjoint d’un monde et d’un
esprit à partir de l’histoire des diverses actions qu’accomplit un être dans le monde ».
Varela et al. critiquent par ailleurs la notion de représentation renvoyant soit à une
reconstitution (et donc au réalisme) ou à une projection (et donc à l’idéalisme) et proposent de
contourner « cette géographie logique de l’intérieur contre l’extérieur » en étudiant la
cognition non comme reconstitution ou projection, mais comme action incarnée (Varela et al.,
1993, p. 234).
On remarquera ici que malgré les désaccords entre ces différentes approches (notamment sur
la nécessité ou non de la notion de représentation), c’est la relation du sujet au monde, médiée
par des pratiques qui est au centre.
41
Plus spécifiquement, sont distinguées cognition située, cognition distribuée (Hutchins, 1995), cognition
partagée et cognition incarnée (« embodied »).
88
4. Subjectivité, intersubjectivité et objectivité : relations de coconstruction
« La sensation a une face tournée vers le sujet (…) et une face tournée vers l’objet (le fait, le lieu,
l’événement). Ou plutôt elle n’a pas de face du tout, elle est les deux choses indissolument. (…).
Elle est être-au-monde. » (Maldiney, 1994 p. 27)
Le parcours de mise en relation entrepris dans cette partie nous amène à présent à considérer
l’ensemble des trois pôles dans leur co-construction. En mettant à jour l’importance de
l’action et des pratiques dans les processus de perception, c’est le rapport de co-construction
entre subjectivité et objectivité qui est mis en évidence. Nous évaluons ces co-constructions
sous deux aspects. Ainsi nous verrons premièrement comment à travers les relations
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qu’entretiennent les sujets aux artefacts technologiques et cognitifs se construisent objet et
sujet. D’autre part à travers la construction de l’objectivité du monde dans les discours de la
science, nous pourrons rendre compte de l’articulation des discours, des connaissances et des
objets du monde.
4.1. Artefacts cognitifs et techniques comme co-constitution du sujet et
de l’objet
Les objets se définissent dans l’articulation entre technologie et pratique comme le note
Baudrillard :
« De tout ceci résulte que le système des objets, contrairement à celui de la langue, ne peut être
décrit scientifiquement qu’en tant qu’on le considère, dans le même mouvement, comme résultant
de l’interférence continuelle d’un système de pratiques sur un système technologique. » (1968,
p.17)
Les recherches menées en « anthropologie de la culture matérielle » (Julien et Warnier, 1999,
Warnier, 1999, De Certeau 1980, Tilley, 2005) s’intéressent au corps à corps des individus
avec l’objet, dans la lignée des travaux de Mauss (1936), et proposent un travail de
décryptage et d’analyse des pratiques quotidiennes42. Dans une approche comparable, la
sociologie de l’action et la sociologie des sciences s’intéressent à la constitution de
l’objectivité du monde dans les pratiques expérimentales de recherche. Ainsi l’ouvrage
collectif les Objets dans l’action, dirigé par Conein (1993), permet de rendre compte du fait
42
Tels que l’analyse des contraintes d’aménagement spatial dans un studio et des renégociations de l’espace en
fonction des pratiques et des besoins (Julien et Warnier, 1999)
89
que « les objets ne sont pas seulement des aides pour accomplir une tâche mais qu’ils
modifient à la fois la structure de l’action et l’apparence du monde. » (Conein, 1993, p.10)43.
Parmi les travaux de référence sur ces questions des relations entre objets, pratiques, et
connaissances, le topofil de boa vista (Latour, 1993) est un exemple frappant de construction
de l’objectivité en science via les pratiques matérielles.
Dans cet article Latour44 relate l’expérience de mise en place de méthodologie à
laquelle il a assisté à Boa Vista au Brésil avec une botaniste, deux pédologues, et une
géomorphologue dans la forêt amazonienne. Il s’agit pour l’auteur de se servir « du récit de
cette mission pour comprendre le travail de référence scientifique ».
Mais avant cela il s’agissait pour les 4 experts de comprendre un mécanisme biogéologique complexe qui opère sur le site de Boa Vista. Il y existe côté à côte jungle et savane
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et on a trouvé entre ces deux écosystèmes, ces deux sols45, une trace de la transformation
progressive de l’un des deux terrains en l’autre. Si pour la botaniste, il semble que ce soit la
jungle qui avance vers la savane, il est impossible pour les pédologues imaginer autre
trajectoire possible que celle d’un sol argileux (de la forêt) se dégradant en sol sablonneux
(celui de la savane). La question était donc de déterminer si la savane progressivement fait
reculer la jungle (assez classique) ou si au contraire la forêt gagne sur la savane. Le problème
principal est d’identifier quels indices extraire de ce milieu complexe et sous quelle forme les
« conditionner » pour être en mesure ensuite de les étudier, ailleurs que dans la jungle (avec
du matériel sophistiqué), et notamment de pouvoir les emmener dans la valise des chercheurs,
pour d’éventuelles études plus élaborées en laboratoire, afin de construire une publication
scientifique qui rendre compte des découvertes. A savoir : comment passer de la forêt
amazonienne à l’article que B. Latour nous donne à lire, aux publications des chercheurs qu’il
a accompagnés ?
Cet article fait le récit du travail de ces chercheurs et du large inventaire de méthodes
et d’ingéniosité déployées, faites de mises en correspondance progressives du terrain à l’étude
en laboratoire des variables essentielles à l’explication des phénomènes observés. Ils vont
ainsi d’abord quadriller la zone à étudier pour être en mesure de donner une position de
43
On renverra également ici aux recherches sur les technologies cognitives menées notamment par le groupe
COSTECH, sur les prothèses perceptives et la notion de suppléance perceptive (cf. Lenay, 2005 et Auvray et al.,
2005).
44
Il définit son travail ainsi : « anthropologue français, je fais métier de suivre des scientifiques dans leur travail.
Familier des laboratoires, j’avais, pour une fois, décidé de suivre une expédition grâce à un contrat du ministère
de l’environnement » (Latour, 1993).
45
Ecosystèmes, référant à l’objet d’étude de la botaniste (qui s’intéresse aux plantes vivant dans ces 2
écosystèmes) et sols référant à l’objet d’étude des pédologues. A travers ces dénominations distinctes, des
savoirs et savoir-faire différents sont invoqués.
90
chacune des choses extraites dans ce périmètre. Ils extraient ensuite des carottes de terre dans
chacun des carrés ainsi définis, étant alors en mesure de donner de manière précise des
indications sur l’endroit exact où ces carottes ont été prélevées. Ils réalisent ainsi un travail de
fond sur la représentation du réel comme moyen de « simplification » du réel en perdant le
minimum d’informations et surtout en étant capable à tout instant de dérouler en sens inverse
(du plus simple/schématique au plus complexe) le mécanisme. Ainsi ils feront correspondre
aux carottes de terre des pastilles de couleur (codées ensuite numériquement) pour exprimer
les nuances de teinte, ainsi que des codages pour exprimer la texture de la terre prélevée. Ces
codages numériques permettront ensuite d’effectuer des traitements statistiques et de produire
des représentations graphiques.
L’article de Latour décrit et contribue à une construction progressive et collective de
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savoirs qui doit sa rigueur à l’attention particulière que les chercheurs mettront à expliciter
chacun des raccourcis, des niveaux d’abstraction qu’ils franchissent (schématisation). Il donne
ainsi à voir la démarche (exemplaire ici) de réflexivité auquel le chercheur est sans cesse
confronter à travers l’explicitation des étapes d’abstraction successives en jeu dans toute
observation, analyse et constitution d’un objet scientifique.
La réflexion épistémologique et méthodologique exemplifiée par ce topofil peut être appliqué
à des questionnements tels que celui auquel nous sommes confrontée dans ce travail de thèse.
Ce topofil en tant que récit d’un « découpage » progressif du monde pose la question de la
représentation matérielle et de son lien avec le « réel » qu’elle est censée rendre présent à
nouveau. On peut remarquer avec Lurçat (1995) que :
« La sophistication des moyens actuels de détection et de présentation des phénomènes rend la
vigilance à cet égard plus nécessaire que jamais ; plus difficile aussi, car (pour prendre un seul
exemple) les techniques d’imagerie et de traitement de l’image donnent l’illusion d’une copie
fidèle de la réalité, même quand il s’agit en fait de la représentation sous forme imagée du résultat
d’un calcul, dont la validité dépend des hypothèses sous-jacentes» (Lurçat, 1995, p.35).
On remarque ici que la représentation matérielle est tout aussi réelle que ce qu’elle tente de
copier46. C’est sur le type de matérialité et sur les modes de relation avec le sujet qu’elle
diffère. De la même manière les nouvelles technologies de réalité virtuelle47 questionnent la
46
Et que l’expérience vécue par l’utilisateur l’est tout autant.
Nous utilisons cette terminologie dans le simple objectif de rendre compte des pratiques en cours dans ces
domaines de recherche et d’application. Cependant le terme de virtuel (accolée qui plus est à réalité !) ne nous
satisfait pas et préférons référer à des dispositifs de simulation, ce que nous ferons dans la suite du manuscrit. La
47
91
notion de représentation comme copie, simulation d’un objet, d’un espace, d’une scène, en ce
sens que si les utilisateurs en font une expérience réelle, ils savent (et jouent plus ou moins au
jeu de) la fiction référentielle mise en place par le programmateur. Les travaux de recherche
en « réalité virtuelle » sont le plus souvent dédiés à la spécification de systèmes visant à
atteindre un degré de « réalisme » maximal. Ils se focalisent sur les caractéristiques
techniques de ces dispositifs en faisant le pari que le degré de réalisme suit et suivra
l’évolution des techniques (rapidité des processeurs, résolution des systèmes visuels de
reproduction…). C’est-à-dire que plus le système est sophistiqué et complexe, offrant un
maximum de simulations, calculées avec une précision toujours plus grande, moins le
décalage avec le « réel » devrait se voir. On remarque ici que le sujet / utilisateur est loin
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d’être au centre des investigations et que la perspective adoptée est objectiviste.
Quelques recherches illustrent néanmoins la préoccupation de certains pour les interactions
entre ces interfaces et les utilisateurs. Ainsi pour Mantovani et Riva (1998), ce qui importe
n’est plus d’obtenir le rendu le plus réaliste possible en ce sens qu’il existerait une réalité
physique qu’il faudrait tenter d’égaler. Ce qu’il faut c’est travailler le degré, le niveau
d’interaction entre l’environnement (qu’on a crée ou qui existe indépendamment), les
personnes qui y évoluent, les objets qui en font partie, etc. Si d’autres parlent de l’importance
de l’imagination (cf. par exemple Grumbach, 2001), l’approche de Mantovani et Riva se base
sur les actions et les interactions du sujet avec son environnement quel qu’il soit.
Pour eux le problème se situe au niveau de la définition du concept de présence qui
dépend lui-même de celle du concept de réalité. La présence n’est qu’une construction au
même titre que la réalité, multiple et variable.
« Reality is not out there in the world, somewhere “outside” people’s minds, escaping social
negotiation and cultural mediation ; reality is co constructed in the relationship between actors and
their environments through the mediation of the artifacts. » (Mantovani et Riva, 1998)
Ce type de réflexion (relativement rare dans la littérature publiée dans ces domaines) s’inscrit
dans le même cadre théorique que celui proposé par la cognition située, rendant compte de la
co-construction du sujet et de l’objet dans l’expérience et les pratiques48. Il n’existe pas de
monde prédonné, de préexistence de l’objet perceptif mais des co-constructions, ce qui permet
terminologie de virtuel est discutée par un grand nombre de chercheurs travaillant dans ces domaines. (cf.
notamment, Fuchs et al., 2001, Grumbach, 2004, Milon, 2006).
48
qui peut être appelé voie moyenne en référence aux théories de l’énaction et à l’ouvrage de Varela (1993).
92
d’une part de s’éloigner définitivement du réalisme de la psychophysique mais également de
l’idéalisme (d’une partie) des sciences cognitives.
Après avoir traité de la co-construction en action du sujet et de l’objet, nous allons observer
comment en tant que pratique, la science construit son objectivité en discours.
4.2. Les discours de la science comme processus de construction de
l’objectivité
Les phénomènes mis en évidence dans le cadre de la sociologie des pratiques et de la
cognition située peuvent être mis en parallèle des recherches menées sur la constitution des
discours scientifiques comme objectivité. On renverra ici aux travaux de Lurçat (1995) et de
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Liccope (1996) qui analysent la science physique comme un discours sur le monde, une
description parmi d’autres. De plus, en psychologie, Straus (1935) remarque l’utilisation
circonstanciée des pronoms personnels dans le discours interprétatif :
« il (le psychologue objectiviste ) évitera donc à tout prix des tournures comme « j’ai vu », « j’ai
observé » et dira « mon cerveau a été stimulé de telle façon ». Au moment de coucher ces mots sur
le papier, il s’arrêtera comme Faust à la traduction du mot Logos et essayera de trouver une
traduction plus appropriée. Il ne dira pas « mon cerveau », mais plutôt « le cerveau de X a été
stimulé » (…). Des mots tels que « mon », « ton », « son », « lui », en bref toutes les expressions
possessives ne trouvent aucune place légitime dans le monde des sciences de la nature » (p.197)
Ainsi l’utilisation des marques de la personne comme indicateurs d’un discours sensible,
subjectif est rejetée dans le discours interprétatif de la psychologie objective.
Le travail de P. Selosse (2000) sur la construction historique des nomenclatures botaniques de
Linné et de ses prédécesseurs et successeurs, montre comment les nomenclatures savantes
sont le résultat d’un consensus, et non des répertoires ad hoc d’étiquettes sur les choses,
comme ontologie. Ainsi, il observe que :
•
Les formes nominales stabilisées qui nous sont parvenues sont les fruits d’un long
processus de lexicalisation et de réduction des formes initiales ;
•
L’organisation de connaissances en botanique s’est construite sur des intuitions sensibles
et des observations empiriques qui ont elles aussi été stabilisées au fil du temps
notamment via les formes linguistiques.
On est ici face à un discours savant, figé, où il y a eu établissement d’invariants mais qui s’est
construit au départ sur un discours sensible (dynamique, en construction). Le travail de
93
Selosse est une parfaite illustration de ce que la construction de modes de référenciation
stabilisés et considérés/institués comme « savoir » - « connaissances scientifiques »49 peut
s’étudier de façon diachronique.
On remarquera également ici qu’un individu est constamment en train de jongler entre ces
deux types de discours et donc de participer à la fois à la construction et à la transmission
d’une « objectivité » consensuelle et à la construction d’une subjectivité individuelle, le tout
dans un même acte de langage. Nous avons vu que ce même double processus est mis à profit,
de façon accélérée, lors de l’entraînement des panels sensoriels à la description sensorielle
objective d’un groupe de produits donné. Le membre du panel doit se servir de son expérience
perceptive et de ses connaissances propres pour construire avec tous les autres membres de
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son groupe un consensus sur les critères sensoriels adéquats pour décrire un groupe de
produits. Il doit ensuite « dépasser » sa subjectivité et se concentrer sur une mesure objective
des produits par rapport aux critères choisis. Vion (2004, p.41) décrit ainsi les « modes
d’implication subjective » des dégustateurs de vin, qui en tant qu’experts doivent rendre
compte de manière la plus objective possible d’impressions « qui restent fondamentalement
subjectives ».
4.3. Conclusions : ressources linguistiques, pratiques discursives,
constructions cognitives et expériences perceptives
L’examen et le parcours de la triade dans ses multiples formulations et interprétations dans les
différents domaines des sciences de langage et des sciences cognitives nous a permis de
mettre en relation, ressources linguistiques et pratiques discursives, constructions cognitives
et expériences perceptives. De plus nous avons pu voir l’importance de la prise en
considération des dimensions individuelles et collectives à travers la distinction entre
connaissances collectives et représentations individuelles. Les relations entre perception
cognition et langage peuvent ainsi s’envisager comme des expériences individuelles et
partagées de la sensibilité à travers des pratiques mais également à travers le partage de la
référence et la négociation en discours.
Il s’agit pour nous de contribuer à l’élaboration d’une sémantique cognitive et discursive
située alternative à une sémantique référentielle.
49
On distinguera la connaissance des connaissances, en définissant la connaissance comme un processus de
construction des connaissances en tant qu’objets (cf. Dubois, 2002).
94
« The challenge is (rather) to avoid the more general debates of the past, in favor of articulating
more precise hypotheses regarding the relation between langage and categorization. The current
mandate is not to decide whether language influences categorization or whether categorization
influences language. Rather is to specify how, when and under what specific circumstances
language and categorization exert their influences (…) » (S. Waxman, 1999, p.274).
Partant de cette problématique, les hypothèses principales de ce travail sont formulées dans la
section suivante. Les hypothèses spécifiques à chaque étude réalisée seront présentées en
préambule à chacune d’entre elles (hypothèses théoriques touchant un domaine disciplinaire
particulier comme dans le cas de la seconde étude où sont mises en scène des simulations
« virtuelles » d’habitacle, hypothèses méthodologiques quant aux types de recueil, de
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constitution et d’analyse des données…).
C - Questions et hypothèses générales de la thèse
Notre hypothèse principale concerne l’explicitation des relations entre langue, cognition et
perception, entre les expressions en discours observables et les constructions cognitives
inobservables, relativement à un même objet du monde. Ainsi la description, la construction
de la référence et l’évaluation en discours des objets du monde, que les sujets expérimentent
ou ont expérimenté perceptivement, contribuent à la construction des représentations
cognitives en mémoire à propos de ces objets. Réciproquement, les représentations sensibles
(individuelles) et les connaissances collectives contribuent également à la construction de
l’expérience perceptive et à son expression en discours. Ce qui signifie qu’il existe en langue
et en discours des indicateurs susceptibles de rendre compte de ces constructions cognitives
(Dubois, 2000, 1997). Aussi pour connaître ces représentations inobservables, l’expression
en discours est envisagée comme moyen d’identification50 privilégié. En effet le discours,
objet culturel et partagé par ses locuteurs, met à disposition un certain nombre de formes
linguistiques qui ont été négociées (et le sont continuellement, pour exemple les dictionnaires
qui enregistrent l’évolution de la langue et non du discours qui relève de pratiques
individuelles et collectives et qui s’appuie sur les ressources mis à disposition par une langue
donnée). Le locuteur s’en saisit et va se construire, grâce à ce matériel linguistique mis à sa
disposition, ses propres représentations. Elles vont être ainsi à la fois spécifiques au sujet, à sa
psychologie, à son expérience propre, et partagées culturellement (Bruner, 1990 et Misra et
50
Nous ne parlons pas ici de moyen d’accès, l’accès présupposant l’existence, comme ontologie, de la chose à
laquelle accéder (cf. Vermersch, 1990). Il s’agit au contraire au travers de l’explicitation en discours de
l’expérience de co-construire celle-ci.
95
Gergen, 1993) puisque les formes linguistiques et leur signification sont pour une part
partagées.
! L’étude des processus linguistiques mis en jeu et utilisés par les locuteurs d’un système
linguistique particulier permettra l’identification (via des inférences) des constructions
cognitives individuelles qui sont organisées en mémoire ainsi que des représentations
socialement, culturellement et historiquement partagées qui s’exemplifient (entre autres) en
discours.
! La situation de recueil des données et la constitution des corpus aura une incidence
importante sur les analyses réalisables et les types de résultats alors rendus possibles.
! Les différents plans d’analyse linguistiques seront autant d’indices originaux du type de
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rapport du locuteur à sa perception et à l’objet (ou à l’effet, à la scène) qu’il a isolé du reste de
son environnement en lui donnant une signification.
! Les indices linguistiques que nous aurons mis en évidence pourront être réutilisés dans le
cadre d’analyses d’autres discours du sensible et notamment discours sur le visuel.
Nous faisons l’hypothèse d’un fonctionnement à la fois identique et spécifique du discours du
sensible par rapport à d’autres types de discours, partant de l’hypothèse qu’il existe différents
types de discours, ou textes pour reprendre la terminologie proposée par F. Rastier (1991) et
reprise (entre autres) par Tyvaert (2005). En particulier, on pourra contraster des discours
« communs » (tels que ceux qui nous intéressent ici) à des discours experts (cf. par exemple
Cheminée, 2006 ainsi que les travaux du Sensolier) et scientifiques (cf. Lurçat, 1995 ;
Liccope, 1996, Latour, 1993). Dans un même mouvement, nous pensons qu’il est possible de
mettre en perspective plusieurs discours du sensible afin de dégager les régularités et les
spécificités de ces discours, de ce qu’ils construisent et ce qu’ils nous apprennent sur les
locuteurs, la situation, le mode de recueil des discours et l’objet de discours lui-même.
Au niveau du contexte « physique » de ce que l’on donne à percevoir à l’individu, nous
faisons l’hypothèse que le type d’indices perceptifs que va interpréter l’individu percevant
aura un effet sur ses interprétations et ses évaluations, et que cet effet sera manifesté par des
indices linguistiques différents. Le rôle configurant des dispositifs expérimentaux ne pourra
être mis en évidence qu’à travers l’utilisation de méthodologies différentielles, constrastives,
fondée sur l’hypothèse d’une sémantique différentielle. Si en psychologie cognitive et de
manière générale dans les expérimentations, le contraste est toujours présent entre une
96
situation dite neutre, un groupe témoin, avec ce qu’on souhaite étudier (« toute chose étant
égale par ailleurs ») ; ici il ne s’agit pas de comparer une norme et des déviations par rapport à
la norme mais de prendre en considération dès le départ le fait que les êtres humains
construisent leur rapport au monde dans l’appréciation des différences, des contrastes, dans le
repérage de discontinuités dans le flux.
" Revendiquer une cognition située a, comme nous l’avons vu, des incidences sur la façon
de concevoir une recherche, un questionnement, un protocole, la construction du matériel
expérimental, les types d’analyse qu’on se permet de réaliser. Cela amène également à
reconsidérer nombre de notions théoriques et méthodologiques tel le contexte. En effet, parler
de contexte dans une perspective cognitiviste classique, revient à recontextualiser, c’est-à-dire
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« injecter » un peu de contexte à un objet, un élément, extrait de sa situation d’origine. La
notion de contexte renvoie nécessairement en première instance à la décontextualisation et à
la recontextualisation. Contextualiser signifie qu’il y a besoin de resituer quelque chose. Nous
nous plaçons dans une démarche inverse : nous sommes dans une situation globale et
cherchons à déterminer dans quelle mesure et jusqu’à quel point nous pouvons dégager un
objet isolé de la globalité dans laquelle il est inséré. Là où la problématique classique a, dès le
départ, isolé un élément, un objet de son environnement social et culturel, et cherche à le
rendre ensuite un peu plus « vrai », nous cherchons à comprendre jusqu’à quelles conditions
notre objet est isolable mais ne l’isolons pas dès le départ.
Aussi faut-il ici choisir une terminologie qui corresponde davantage aux présupposés
théoriques qui sous-tendent cette recherche : nous parlerons dorénavant de situations (en
adéquation avec le concept de cognition située). Nous choisissons donc a priori de travailler
sur différentes situations et faisons l’hypothèse que les indices linguistiques que nous allons
réussir à extraire de nos corpus et les inférences qui en découleront seront dépendantes de la
situation perceptive et discursive de départ. Nous faisons donc l’hypothèse d’une stabilité non
des représentations en elles-mêmes sinon des processus d’interprétation selon la situation.
Considérant que l’organisation des connaissances individuelles et collectives en mémoire
se fait de manière catégorielle51, nous faisons l’hypothèse, que les individus vont se
construire une représentation catégorielle de l’habitacle automobile au fil de leur expérience
51
et que cette organisation catégorielle peut être assez bien représentée par des modèles dits de typicité et de
prototype (cf. Rosch, 1978 et Dubois, 1991 pour une discussion et proposition critique).
97
perceptive individuelle et des connaissances partagées collectives qui leur sont disponibles
(notamment linguistiques). Cette organisation catégorielle en mémoire que nous pourrons
expliciter via l’étude des indices linguistiques sera à différents niveaux (niveau de base,
spécificité, généricité). Il ne faudra pas s’arrêter au(x) niveau(x) de base de catégorisation et
d’expression en langue si l’on veut, au-delà de l’identification des éléments de l’habitacle
(dont on fait l’hypothèse qu’il est situé au niveau générique) les plus typiques et importants,
connaître les relations qu’ils entretiennent entre eux et les types de propriétés qui sont
pertinentes dans l’appréciation du sujet.
Car l’évaluation de l’habitacle par le sujet va dépendre à la fois des propriétés des éléments et
des associations entre ces propriétés mais également de la relation que le sujet entretient avec
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l’objet. Cette relation est dynamique : elle évolue au cours du temps et des expériences. Elle
est dépendante du contexte et de la finalité de l’objet (cf. sur les pratiques de la couleur et
dénomination : Dubois & Grinevald, 2003, et sur les représentations associées à la
consommation de glace : Cance et al., 2001). Ainsi dans ce cadre de recherche centré sur la
perception d’un objet automobile, nous faisons l’hypothèse que l’action (au sens large) va
aussi être un moteur de construction de représentations (voir l’ouvrage Représentations pour
l’action, Weill-Fassina et al., 1993). L’accent sera porté sur les relations entre sujet et objet
(usager et habitacle) comme inscrites dans des pratiques, en nous rapprochant ici des
perspectives développées par l’ergonomie cognitive (Lahlou, 2005), l’anthropologie de la
culture matérielle (Warnier, 1999, Tilley et al., 2005) et la sociologie des techniques (Latour,
1993).
La perception visuelle sera envisagée dans une perspective de perception pour l’action
beaucoup plus que comme contemplation du monde. En effet, nous faisons l’hypothèse que la
perception visuelle ne relève pas de processus d’extraction de l’information contenue dans le
monde physique (concept issu des théories de traitement de l’information) mais d’un
ensemble de processus cherchant à construire des significations à partir d’indices repérés
activement dans le monde. Il y a recherche et sélection active des indices pertinents et cette
recherche est toujours motivée à la différence d’une conception où la perception est dite
contemplative52 dans laquelle les informations arrivent au cerveau et sont traitées en tant que
données objectives.
52
Contemplation dans laquelle restent des modèles tels que celui développé par Rosch, dans lequel la
catégorisation des objets naturels y est envisagée comme rendant compte de l’invariance et la stabilité du monde
en tant qu’ontologie (et non construite par le sujet dans son interaction avec le monde). Les catégories ad-hoc de
98
Nous faisons ainsi l’hypothèse que la perception peut être également l’indice de
l’impression de qualité, du sentiment de confort, ou de sécurité perçu par l’usager.
L’expression en langue et les pratiques discursives seront alors considérées à la fois comme
indice de ce qui est perçu mais aussi de ce qui est inféré à partir de ce qui est vu et des
représentations en mémoire déjà existantes par rapport à cet « autre chose » et de sa relation
avec les autres objets.
Nous insistons ici encore sur le fait que l’identification des représentations sensibles via
l’étude des pratiques langagières n’est pas un accès direct ou d’évidence. A ce propos,
Wierzbicka (1996, p. 293) précise :
« Whatever happens in the retina, and in the brain, it is not directly reflected in language.
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Language reflects what happens in the mind, not what happens in the brain. »
Remarquons ici que nous ne nous intéresserons qu’au « mind », et ne nous aventurerons pas
« du côté » du cerveau et de ses neurones, laissant les neurosciences, quoique partie intégrante
des sciences cognitives, hors de notre parcours pluridisciplinaire.
De plus, « what happens in the mind » n’est pas non plus directement reflété dans les
formes linguistiques comme dans un miroir. Ces formes linguistiques sont des indices des
modes de co-construction des représentations individuelles et collectives des individus au
cours de l’expérience et de sa mise en discours. C’est-à-dire qu’elles nous donnent à voir la
manière dont un individu sensible interprète et fait des inférences à partir des indices de son
environnement et des ressources linguistiques dont il dispose pour en parler. Elles permettent
également rendre compte de la négociation et du partage du sens de ces indices au sein d’un
collectif. Un même mot (et une même propriété sensible) pourra donc avoir un statut différent
selon l’interprétation qu’en donne le locuteur. Il s’agit ici d’une élaboration interactive de la
signification : il y a mise en relation de l’individu avec son environnement physique dans des
processus de perception et d’action lui permettant l’interprétation des indices de
l’environnement et il y a interaction communicative avec d’autres membres du collectif pour
faire partager son expérience aux autres et en négocier le sens.
La notion d’interaction renvoie d’une part, en linguistique, à l’approche de
linguistique interactionnelle (cf. Mondada, 2001), et, d’autre part, en sciences cognitives, à la
théorie de l’énaction développée par Varela et al., 1993 et représentée notamment en France
par les travaux du COSTECH (par exemple Lenay, 2005 ; Havelange et al. 2003). Nous
Barsalou (1983) si elles intègrent la notion de but ne rendent pas compte à notre avis de l’aspect dynamique et
réflexif de l’expérience sensible.
99
partageons avec ces deux approches l’intérêt pour les relations et dynamiques de coconstruction ainsi que le rôle primordial accordé à l’action et à la corporéité. Cependant, si ce
travail s’inscrit également dans un paradigme constructiviste, nous ne poursuivons pas les
mêmes objectifs que ceux de chacune de ces deux approches.
Si nous nous intéressons comme la linguistique interactionnelle aux processus de coconstruction en discours, c’est dans l’objectif d’identifier et d’expliciter les co-constructions
résultant53, émergeant de ces interactions.
L’ancrage des approches énactives dans la métaphore biologique du vivant et leur
externalisme radical (antireprésentationnalisme) nous semble pouvoir difficilement rendre
compte de l’articulation entre discours et catégories cognitives, comme connaissances
individuelles et collectives, comme formes symboliques, inscrites dans une histoire et une
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culture.
En effet, comme l’a discuté Wildgen (2005), ce concept de formes symboliques, emprunté à
Cassirer, met l’accent sur la dimension culturelle. Il y a ainsi une distinction entre formes
perceptives résultats d’un processus individuel et formes symboliques résultats de processus
culturels, collectifs. Wildgen envisage la perception comme activité sémiotique :
« Perception is itself a semiotic activity (…) the « symbolic forms » cuts the continious flow of
sensations, categorizes it for memory and thus links individual perception to collective structures like :
language, myth, art, technical skills, ethics, etc. » (Wildgen, 2007, p.25)
" Les représentations cognitives sont ici appréhendées comme des constructions cognitives
dynamiques (en cours d’élaboration permanente) individuelles et collectives : on parlera de
Représentations individuelles, sensibles et Connaissances partagées, sociales et
culturelles, le tout construit au travers de pratiques culturelles, sociales et langagières (cf.
Mondada et Dubois, 1995).
Au niveau de la conceptualisation scientifique des différentes modalités sensorielles comme
objets d’étude (et comme des notions pour les sujets humains), nous faisons l’hypothèse que
cette séparation des modalités sensibles n’est pas toujours justifiée et qu’au contraire une
reconsidération de la perception dans son ensemble va nous permettre d’obtenir des
informations quant à la perception dite visuelle d’un objet. Ce « réaménagement des
frontières entre modalités sensibles » prend notamment appui sur les recherches concernant
les interactions intermodales (cf. par ex. en analyse sensorielle : Picard et al. 2003a et b ; en
53
Bien qu’ils soient en perpétuelle dynamique et renégociation.
100
suppléance perceptive : Auvray et al., 2005), les recherches en sémantique cognitive sur le
caractère synesthésique de l’expression du ressenti sensoriel en discours (cf. Koncova, 2003
et Cheminée, 2006, par exemple), en sémiotique (cf. notamment l’ouvrage collectif dirigé par
Holz et Plumacher 2007, ainsi que la réflexions sur les textures visuelles de Le Guern, 2004),
les réflexions amenées par certains courants de la psychologie et de la philosophie (Werner,
1934 ; en psychologie de la Gestalt : cf. Guillaume, 1937 ; en phénoménologie de la
perception : Merleau-Ponty, 1964, Maldiney, 1935) ainsi qu’en anthropologie (Howes, 1991,
Classen, 1993, Le Breton, 2006).
Nous pensons pour notre part que l’individu humain est aussi synesthète (voir pour
exemple les premières années de la vie d’un humain où les sens semblent beaucoup moins
différenciés) et que la division de la sensibilité en cinq modalités distinctes est une division en
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partie culturelle et apprise, fondée sur la connaissance des récepteurs sensoriels mais qui ne
prend pas en compte le niveau sémantique de l’expérience sensible qui est lui intégré et
probablement hautement synesthésique. Il semble simplement que la synesthésie se manifeste
à des degrés divers selon les personnes et les expériences perceptives auxquelles elles sont
confrontées.
Ainsi, le choix d’une démarche holistique comme préambule à cette recherche où la
focalisation est faite non sur l’objet artefactuel dont on veut connaître les propriétés
essentielles intervenant dans l’évaluation des sujets percevant mais sur le sujet, individu
cognitif et son rapport à l’objet perçu implique une réévaluation des modalités sensibles
impliquées dans « la perception visuelle d’un espace complexe ». Généralement,
quoiqu’on présuppose par le terme de perception visuelle que ce sont les mécanismes
perceptifs qui sont ainsi qualifiés et non les propriétés/dimensions de l’objet, c’est également
dans une perspective analytique que cette distinction prend tout son sens. En effet la
définition de la perception visuelle dans une grande partie de la littérature reste tournée
principalement vers les mécanismes ascendants (cf. partie B.3.). Cette définition implique le
plus souvent la recherche des propriétés visuelles d’un objet, leur qualification et la
compréhension des processus d’extraction de l’information par le sujet de l’objet en cause.
Comme nous l’avons explicité, nous pensons 1) qu’il faut accorder une attention particulière
aux mécanismes descendants de la perception et 2) que l’expérience sensible est avant totale,
globale, aussi nous faisons l’hypothèse que la plurimodalité tient un rôle primordial dans
toute l’expérience perceptive que l’on se focalise sur la sensibilité visuelle, auditive
olfactive ou kinesthésique.
101
Le pari de cette thèse est de s’intéresser en priorité à cette modalité sensible (et qui plus est
de manière privilégiée aux couleurs, objet arpenté dans de nombreux champs discipliniares
tels que la psychologie, la linguistique et l’anthropologie54) qui a été le mieux (surtout le plus)
isolée des autres modalités et autonomisée dans les sciences et le savoir populaire (dans notre
culture), mais dans une autre perspective que celle très largement arpentée. Nous pensons que
même (et surtout) dans le cas de la vision, il est productif de s’intéresser aux interactions
avec les autres modalités sensibles et que c’est dans l’étude de ces frontière sensorielles
que nous apprendrons le plus de choses sur notre question. Nous faisons d’autre part
l’hypothèse (déjà formulée dans de multiples travaux de l’équipe du LCPE) que les méthodes
alternatives
qui
ont
été
développées
pour
étudier
des
modalités
sensibles
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« récalcitrantes » aux méthodes attestées, objectivées utilisées pour évaluer la perception
visuelle (en olfaction : Mouélé 1997, David et al., 1997, en acoustique : Mzali, 2002,
Guastavino, 2003, ou tout récemment sur le confort global, Delepaut, 2007) vont être
productives pour réétudier la question du visuel et vont peut-être faire émerger des
éléments nouveaux pour l’expliciter.
Nous faisons alors l’hypothèse que le recueil et l’analyse de discours sur l’habitacle et sa
perception vont nous permettre de répondre aux questions soulevées dans la problématique,
Car les discours vont à la fois rendre compte (puisqu’ils en sont dépendants et sont construits
par ces différentes contraintes) des contraintes physiques liées à l’habitacle et donc de ses
propriétés, des contraintes individuelles et psychologiques (mémoire, jugement et action)
ainsi que des contraintes collectives (langue et culture) du sujet.
Ces hypothèses amènent à la construction d’un cadre méthodologique dans lequel seront
menées les analyses des discours recueillis.
54
Mais également la philosophie, cf. notamment les remarques sur les couleurs de Wittgenstein, 1977.
102
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103
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104
Chapitre 3 :
Construction d’un parcours pluri-méthodologique
Introduction
Comme nous avons pu le voir dans l’exposé de la problématique et le parcours des champs
disciplinaires à même de fournir des cadres théoriques et épistémologiques à ce travail, notre
objet d’étude, est complexe et met en jeu de multiples relations. Les questionnements
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épistémologiques, théoriques mais aussi méthodologiques, appartenant à des champs
disciplinaires pluriels, participent à la construction de cet objet. Nous présentons dans la
partie A les méthodologies offertes par ces différents champs. Il s’agit ensuite de construire
un parcours pluri-méthodologique (que nous décrivons en B.1) permettant l’articulation de
ces méthodes. Nous serons également attentive à la façon dont ces différentes méthodologies
configurent l’objet d’étude. Enfin la partie B.2 expose les méthodologies telles qu’elles ont
été mises en œuvre.
A- Méthodologies proposées par les différents champs
disciplinaires convoqués
1. en linguistique
Les méthodologies d’analyse proposées par la linguistique sont multiples et complexes et
dépendent de l’objet et de la discipline choisis. Cependant, l’ensemble des méthodes sont
caractérisées comme relevant toutes d’une démarche analytique qui tente au final d’expliquer
la globalité du système d’une langue. Ainsi certaines s’intéresserons à la morphologie des
adjectifs suffixés en –able, d’autres aux structures présentatives, aux substantifs épithètes, ou
aux marques de modalité en discours. Et c’est en sommant l’ensemble de ces phénomènes et
ressources qu’on pourra prétendre à la connaissance dudit système.
Si dans la partie consacrée aux traitements des corpus, nous explicitons nos catégories
d’analyses, il s’agit ici de réfléchir sur ce que peuvent permettre les différentes méthodologies
105
de recueil et d’analyse de données linguistiques. Sans prétendre à l’exhaustivité, on remarque
que différents plans sont à considérer (chacun d’entre eux ayant ses propres cadres
d’analyse) :
!
lexical (cf. par exemple Mortureux, 2001);
!
morphologique (cf. Fradin 2003, Bybee 1988, Kerleroux, 1991 et 1996 parmi
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d’autres);
!
syntaxique1 (cf. Riegel et al. 1999, Noailly, 1999);
!
sémantique (Kleiber, 1991, Tamba, 1983);
!
discursif (Vion 2006);
!
prosodique (Morel et Danon Boileau, 1998);
!
énonciatif (Kerbrat Orecchioni, 1980, Berthoud 1996);
!
analyse conversationnelle (Mondada 2001);
!
…
De manière orthogonale à ces différents plans de description de la langue et du discours, se
pose la question du type de corpus. Si pour certains plans de description la nécessité de
travailler sur des corpus oraux fait partie intégrante de la définition même de l’objet d’étude,
le travail en syntaxe par exemple peut s’envisager soit à l’écrit, soit à l’oral, avec des corpus
dits authentiques ou des corpus reconstruits, et le type de matérialité conditionne alors les
analyses en elles-mêmes.
En règle générale, les recherches en linguistique se caractérisent par la description de formes
linguistiques particulières ou de procédés linguistiques ou discursifs spécifiques2. Pour notre
part, notre objet d’étude est à la fois intra et extralinguistique. En effet, ici, la focalisation, au
lieu de se faire sur une ressource linguistique donnée ou sur un processus discursif, se fait sur
des constructions cognitives dont on fait l’hypothèse qu’elles vont « affleurer » à la surface
(et dans les profondeurs) du discours, cette hypothèse partant du postulat d’une émergence et
d’une co-construction du sens et de l’expérience sensible en discours. Il va s’agir de voir
comment mettre à profit les différents cadres d’analyse proposés par les champs de la
linguistique, pour ainsi faire appel aux différents plans de description de la langue et du
1
Pour des problèmes de définition des frontières entre syntaxe et morphologie - domaines de compétence et
pouvoir explicatif de chacune - voir notamment la thèse de S. David sur les unités polylexicales nominales
(David, 1993), ainsi que Kerleroux, 1996.
2
Dans le cas des recherches en typologie, c’est bien la description de l’ensemble des propriétés de la langue qui
est visée, cependant des spécificités demeurent et les descriptions seront le plus souvent soit phonologiques, soit
syntaxiques, etc.
106
discours et non de se focaliser sur un phénomène particulier. Cela ne signifie pas pour autant
que nous allons tout analyser dans les discours recueillis. La difficulté (et l’intérêt) réside
dans le choix et la sélection des observables. En essayant de ne pas passer à côté d’indicateurs
pertinents, tout en ne les démultipliant pas.
Ainsi nous étudierons la manière dont s'élaborent en inter-action (en discours et en pratique)
la référenciation (Mondada & Dubois, 1996). Il s’agit alors de ne plus travailler uniquement le
lexique mais tous les niveaux de description de la langue (notamment pour nous :
morphologie, syntaxe et discours). On s’intéressera de manière contrastive aux propriétés de
la langue sur lesquelles les discours s’appuient et se construisent afin de repérer ce qui est
stabilisé, consensuel, collectif et de le distinguer de ce qui est spécifique, sensible et
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individuel.
2. en psychologie
Les recherches en psychologie se caractérisent le plus souvent par la construction des
protocoles expérimentaux dans une démarche systématique visant à la confirmation ou à
l’infirmation d’hypothèses. L’approche utilisée est tout d’abord analytique, pour dans un
dernier temps, proposer une explication globale du fonctionnement humain en reconstruisant,
en somme, en intégrant les « informations » mesurées. Ainsi, peuvent être mesurés des seuils
de sensibilité, de discrimination tactile, visuelle. Des méthodologies plus globales sont
également employées telles que les tâches de catégorisation qui permettent de rendre compte
de l’organisation catégorielle d’un type d’objet ou de phénomène donné.
Il s’agit pour nous, partant des modes de questionnement du sujet habituellement mis
en œuvre en psychologie, de construire un protocole expérimental respectant les exigences de
la discipline tout en tenant compte des questionnements spécifiques de notre travail
concernant la prise en compte de la globalité de l’expérience sensible (en contraste avec les
approches analytiques), ainsi que la préoccupation pour la validité écologique des situations et
des modes de questionnement.
Nous exposons dans la partie suivante la démarche méthodologique élaborée.
107
B- Démarches méthodologique
d’observation systématique
et
épistémologique
En reprenant la question initiale, les enjeux qu’elle soulève et les hypothèses qu’elle nous a
conduite à formuler, se dessine progressivement la démarche méthodologique que nous avons
adoptée.
Nous souhaitons apporter une contribution à la compréhension des relations entre
langue, perception et cognition et ce grâce à l’étude de processus complexes en jeu dans la
construction en discours de l’évaluation perceptive et cognitive d’un objet global, l’habitacle
automobile.
La démarche méthodologique est basée sur l’analyse des discours des usagers à propos
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de leurs expériences sensibles (mais également pratiques, culturelles, émotionnelles, à la fois
uniques et partagées avec l’ensemble de leur communauté) avec des habitacles automobiles.
Notre principale hypothèse de travail consiste à considérer les ressources linguistiques dont
chacun dispose dans une langue donnée, objet culturel partagé par tous les locuteurs de cette
langue, et la façon dont chacun les utilise dans différentes situations de référenciation, comme
des indices des constructions cognitives à la fois individuelles (représentations sensibles) et
collectives (connaissances partagées).
L’approche choisie est qualifiée d’holistique par opposition aux approches analytiques
qui partent d’un niveau « microscopique » à étudier pour en tirer des conséquences à un
niveau « macroscopique ». Ici, le mouvement s’inverse, allant du global vers le local : il
permet ainsi de ne pas circonscrire a priori l’objet d’étude au risque de le réduire impunément
et de perdre une partie des connaissances qu’il pourrait apporter. La première étape d’une
recherche s’inscrivant dans cette approche est donc de caractériser le champ, large, dans
lequel on fait l’hypothèse que se trouve l’objet d’étude afin ensuite de définir des limites plus
étroites au sein desquelles il sera étudié. Encore une fois insistons sur le fait que ces limites ne
sont pas imposées a priori par le chercheur mais qu’elles émergent d’une première enquête de
cadrage, que nous avons choisi de ne pas intituler enquête exploratoire, ce qui lui aurait
conféré un statut inférieur aux autres enquêtes, alors même qu’elle est une référence.
L’approche est également pluridisciplinaire intégrant :
•
les questionnements théoriques et les méthodologies de recueil et d’analyses propres aux
linguistiques : à la fois en sémantique (lexicale mais aussi cognitive), en syntaxe,
morphologie, mais également en linguistique de l’interaction (analyse conversationnelle) ;
108
•
aux questionnements et méthodologies expérimentales de la psychologie cognitive :
hypothèses et corrélats cognitifs des indices langagiers recueillis en discours – catégories
et représentations cognitives et construction et validité du matériel expérimental et des
situations de questionnement ;
•
ainsi qu’à une problématique plus générale de cognition située (qui concerne également
l’ergonomie, l’anthropologie, comme nous l’avons vu précédemment dans le chapitre 2).
Notre objet d’étude n’est ni l’objet pour lui-même ni le sujet pour lui-même mais plutôt les
relations (perceptives, cognitives, langagières, sociales …) engagées entre le sujet (ou le
groupe de sujets) et l’objet. Ce qui se traduit pour l’entreprise par un intérêt pour l’objet
habitacle dans sa relation à la voiture, aux usagers/clients/consommateurs et à leurs pratiques ;
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et ce qui se traduit pour la recherche par un intérêt pour le sujet, l’être humain dans sa relation
à l’objet.
L’étude de ces relations n’a pas pour but de repérer des universaux de perception visuelle ou
des procédés linguistiques universaux dans les discours du sensible, mais de repérer ce qui
relève de la régularité et de la variation dans ces processus perceptifs, cognitifs et langagiers.
La notion de situation (que nous avons préférée au contexte) est très présente dans ce
manuscrit. Elle est à considérer avec celles de cognition située et de pratiques. En effet, il ne
sera possible de mettre en évidence régularité et variation que dans une mise en perspective
de différentes situations configurant les pratiques des sujets.
Concernant l’habitacle automobile nous ne voulons pas partir d’a priori, de catégories ad hoc,
et nous ne voulons pas par exemple décider de nous intéresser à un objet de l’habitacle plutôt
qu’un autre, à une dimension (couleur, luminosité – lumière) particulière. Ainsi nous allons
tenter de saisir l’organisation générale d’un habitacle automobile pour un sujet percevant et
l’importance relative de ce qui le compose pour ce sujet avant de nous pencher plus avant sur
tel ou tel objet, telle ou telle dimension. Ceci aura pour effet de reconfigurer, de
reconceptualiser cette dimension, cet objet pensé par les ingénieurs toujours de manière
analytique3, dans les rapports qu’ils entretiennent avec le sujet. Ce qui conduira au final à un
repositionnement de la description physique analytique connue (non plus comme dominante
3
Dans l’industrie, en complément des connaissances analytiques chimiques et physiques d’un produit, les
services de marketing offrent des connaissances « macro » et holistiques que pour notre part nous ne sommes pas
en mesure d’objectiver.
109
voire hégémonique) par rapport à d’autres descriptions toutes aussi valables et apportant
d’autres types de connaissance sur l’objet. Cette description n’est alors plus considérée
comme un a priori (une ontologie) mais un discours parmi d’autres sur le monde.
Nous cherchons donc à rendre compte :
-
des relations perceptives cognitives visuelles entre le sujet percevant et l’habitacle,
-
à travers l’analyse de discours sur l’habitacle,
-
dans des situations d’énonciation et des contextes de perception différents ;
-
et proposons alors une croisière linguistique :
-
avec comme première escale la mise en évidence des représentations en mémoire à
propos de l’expérience sensible au contact d’habitacles automobiles,
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
-
pour ensuite passer à l’exploration visuelle d’habitacles de matérialités diverses (réels,
ou simulés – images en 2D ou en 3D)
Cette croisière linguistique peut se décliner en termes plus académiques :
Nous nous proposons d’étudier des représentations perceptives visuelles de l’habitacle
automobile à travers l’analyse des discours recueillis dans des praxis perceptives, langagières
diverses. C’est plus précisément la mise en perspective de ces différents discours qui nous
permettra d’identifier les indices linguistiques et cognitifs des relations entre le sujet et
l’habitacle, du statut de l’objet et de ses caractéristiques. Ainsi la variation des situations
perceptives et linguistiques va nous permettre de repérer en discours la stabilité de certaines
représentations et la diversité et le dynamisme d’autres.
L’ordre des étapes respecte une chronologie, une temporalité particulière qui révèle différents
mouvements motivés par le choix holistique de départ. C’est une dynamique à plusieurs
mouvements. B. Latour (1993) parle pour son topofil d’étapes dont chacune « déborde à la
fois « vers le haut » et « vers le bas » amplifiant ainsi le mouvement de double sens de la
référence. Connaître ce n’est pas explorer mais pouvoir revenir sur ses pas suivant le chemin
qu’on vient de baliser. ». Voici les mouvements qui caractérisent notre travail :
-
Du discours sans contexte perceptif en lien avec l’objet
expérimentales proposant différentes expériences perceptives ;
-
Du discours aux représentations cognitives ;
110
à des situations
-
Du sujet à l’objet : des représentations en mémoire (centrées sur les connaissances et
expériences antérieures des sujets) à l’évaluation en contexte (centrée sur l’objet et les
relations du sujet à l’objet) ;
-
De la mémoire à la matérialité : des représentations en mémoire à l’évaluation en
situation ;
-
De l’habitacle à ses propriétés (et donc aux prescriptions pour les constructeurs).
Nous décrivons dans la partie suivante les différentes étapes du parcours. Dans un premier
temps, nous allons, pour délimiter notre terrain d’étude, « quadriller » la relation
usager/habitacle à travers le recueil de discours de mémoire sur l’habitacle. Dans un second
temps, c’est le recueil et l’analyse contrastive de discours produits devant différentes
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
matérialités d’habitacle (offrant des expériences perceptives différentes) qui nous permettra
de mieux comprendre les relations de co-construction entre le sujet, son expérience de l’objet
et l’objet en lui-même.
1. Le parcours
1.1. Mémoire et procédures de référenciation
La première étape de la thèse doit permettre de circonscrire l’objet d’étude et de construire
des outils méthodologiques qui vont continuer à s’élaborer par la suite tout en étant déjà
utilisés comme outils. On retrouve ici la notion de récursivité de la méthode qui est à la fois
en construction tout au long de la thèse mais qui, au fur et à mesure qu’elle se construit, est
réutilisée dans le paradigme pour les étapes suivantes et ainsi voit sa validité et son efficacité
testées.
Pour cela, il faut tout d’abord faire un inventaire des expressions linguistiques des usagers
concernant la perception (centrée électivement sur la perception) visuelle de l’habitacle
automobile et ceci toujours en lien avec les différentes activités pratiquées par les usagers au
sein d’un habitacle automobile. Ainsi nous pouvons mettre en évidence des indices
linguistiques des processus de perception visuelle et faire des inférences sur les constructions
cognitives visuelles à propos de l’habitacle automobile et présentes en mémoire. Cette partie
s’intitule pour cela Mémoire et procédures de référenciation. Mémoire renvoyant aux types
de connaissances que les locuteurs vont mobiliser dans leurs discours, et procédures de
référenciation désignant la mise en discours de ces connaissances pour rendre présent pour
111
l’interlocuteur (l’expérimentateur) les habitacles automobiles expériencés antérieurement. Il y
a construction de la référence à l’objet, conservé en mémoire, en discours. Les indices
linguistiques mis en évidence serviront alors pour les études suivantes comme point de départ
des analyses.
Il s’agit d’utiliser parmi les différentes méthodes possibles, une méthode permettant de
recueillir un discours riche sur un thème donné, l’habitacle automobile, dans un contexte
quotidien4. Dans cet objectif, la méthode des entretiens semi-directifs a été choisie et un
recueil de discours sur l’expérience sensible conservée en mémoire de locuteurs français est
donc réalisé : 15 enregistrements audio d’entretiens semi-directifs. Un premier corpus appelé
Mémoire est alors constitué à partir de la quasi intégralité des retranscriptions de ces 15
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
entretiens5.
À partir de l’analyse de la diversité des formes linguistiques produites par les usagers dans
leur discours, notre travail est d’identifier les représentations mentales visuelles construites
sur l’habitacle automobile. Le recueil de discours de mémoire en dehors de toute stimulation
perceptive nous permet de faire un premier inventaire :
!
de l’importance relative hors stimulation (dans les souvenirs, représentations individuelles
et connaissances partagées) des éléments et propriétés de l’habitacle (et de donner des
indications à propos des relations que ces éléments et propriétés entretiennent entre eux) ;
!
des ressources à disposition des locuteurs pour parler de l’habitacle et de leur perception
de l’habitacle ;
!
de la place du consensus et de l’expérience individuelle et sensible à propos de l’habitacle.
De même que l’on parle de métalangue pour évoquer la capacité des individus à réfléchir et
parler de leur rapport à la langue, on cherche ici à faire émerger un « méta habitacle », plus
précisément des métaconnaissances sur la perception et l’appréciation sensible d’un habitacle
par des locuteurs du français qui ont tous une pratique de l’automobile en général et de
l’habitacle en particulier. Ceci doit nous servir à la fois comme repère pour la suite des
recherches, comme point de référence pour comparer les résultats obtenus mais également
4
Nous aurions pu choisir de recueillir les discours de la presse et de la publicité pour nous faire une première
idée des discours et des représentations associées mais alors le lien avec l’expérience perceptive aurait été plus
difficile et seul l’accès aux représentations sociales, partagées et consensuelles aurait été disponible.
5
La méthode est décrite dans la partie suivante.
112
dans la manière même de construire les protocoles expérimentaux et les observations in situ
suivantes, et dans le choix des analyses réalisées sur les nouvelles données recueillies.
On doit être en mesure à la fin de cette étude de proposer :
-
Une première ébauche des représentations sensibles présentes en mémoire construites
sur l’habitacle automobile et en particulier les représentations issues de perceptions
impliquant la perception visuelle.
-
Une grille d’analyse linguistique des nouvelles données à recueillir : quels indices
rechercher, quels procédés comparer ; quelles hypothèses de couplage entre discours,
langue et cognition proposer ?
-
Des résultats à même d’être mis en perspective avec les études suivantes, ce qui
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
signifie la construction de la suite du protocole de recueil et d’analyse des données qui
soit en cohérence avec la première enquête. Cette cohérence doit se situer au niveau
des situations perceptives, des modes de recueil, des types de données.
1.2. Dispositifs de matérialisation réels et virtuels et procédures de
référenciation
Il s’agit de recueillir de nouveaux discours cette fois-ci non plus par rapport à ce que les gens
se remémorent de leur expérience passée (individuelle et collective – représentations
consensuelles qui sont entre autres véhiculées par les médias), mais en lien direct avec une
expérience perceptive concrète et immédiate.
1) Il y a donc ici un premier niveau de comparaison : Discours sur Représentations en
mémoire vs Discours sur l’expérience perceptive « en train de se faire ».
2) Nous cherchons à comparer différentes expériences perceptives pour vérifier la
régularité et stabilité de certaines représentations et comment d’autres varient en
fonction de la praxis (des situations).
3) De plus nous tentons de spécifier le statut des expériences perceptives construites,
fabriquées, expérimentales, proposées, afin a) de pouvoir interpréter nos résultats de
manière attentive, non abusive, mais bien en fonction des limites de notre protocole :
c’est à dire en quelque sorte une interprétation des résultats située par rapport à
l’expérience ; b) de spécifier la validité de telles expériences (protocoles utilisés) dans
une visée de recommandation pour l’élaboration de nouveaux protocoles
expérimentaux selon la problématique en jeu.
113
Ainsi les points de cohérence nécessaires entre les différentes étapes de notre travail énoncés
en conclusion de la partie précédente sont sur trois plans :
a. Cohérence et complémentarité entre situations perceptives : des simulations visuelles
d’habitacles (2D/3D), des habitacles dans des véhicules réels en situation
expérimentale.
b. Cohérence et complémentarité entre modes de recueil : entretiens semi-directifs dans 3
situations perceptives différentes –hors habitacle, simulations visuelles d’habitacles,
habitacles réels.
c. Cohérence et complémentarité entre types de données : discours dans différentes
situations6 .
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Tous ces points s’inscrivent dans le cadre d’une réflexion générale autour de la question de la
validité écologique des expérimentations.
Cette expérience a donc pour tâche de comparer différents discours d’évaluation perceptive
d’habitacles réels et simulés dans une activité au contexte expérimental. Elle a été réalisée en
étroite collaboration avec Noémie Cavelier (CNRS LCPE/Univ. Paris 3, cf. Cavelier, 2003),
ainsi qu’avec Thierry Voillequin et Jean Goffinet du service Systèmes d’Immersion et de
Réalité Virtuelle de la Direction de la Recherche et de l’Innovation Automobile de PSA
Peugeot Citroën.
C’est ici le type de matérialité de l’habitacle : habitacle réel d’une voiture et habitacle
« virtuel » (qui n’a pas de matérialité physique autre que celles des dispositifs qui donnent à
voir une représentation visuelle de l’objet physique) qui est ici le moteur de nouveaux
discours sensibles sur l’habitacle. Ainsi aux discours particuliers recueillis dans un contexte
exempt de toute stimulation perceptive automobile (discours de mémoire) sont comparés des
discours recueillis dans un contexte expérimental de présentation d’habitacles automobiles
réels et simulés toujours suscités via la méthode des entretiens semi-directifs.
6
Remarquons ici que dans le cadre d’une collaboration avec le laboratoire ICAR (CNRS – Univ. Lyon 2), sous
la responsabilité de L. Mondada, un cinquième corpus « Corpus CONCESSION » a également été recueilli au cours
de la thèse, permettant d’appréhender des interactions discursives filmées lors de visites d’habitacles
automobiles chez un concessionnaire. Son intérêt étant d’évaluer les caractéristiques de l’interaction dans la
production des discours sur l’habitacle, son analyse fera l’objet d’un document indépendant de la thèse (Cance &
Mondada, en préparation). Nous n’en retiendrons dans ce manuscrit que les éléments qui concernent la question
centrale de ce travail, à savoir les processus perceptifs et langagiers de co-construction d’un jugement qualitatif.
114
Cette seconde étude doit permettre de tester la robustesse de la méthode de recueil et
d’analyse des discours mise en place tout en cherchant à valider les résultats (appliqués,
directement en lien avec l’objet manufacturé que nous étudions – l’habitacle automobile) à
propos des éléments et des propriétés mis en évidence dans la première étude :
-
Les éléments et les propriétés plus ou moins associées qui sont apparus comme les
plus importants le sont-ils toujours ?
-
Quelle incidence des variations de ces propriétés peuvent-elles avoir sur l’appréciation
globale ?
-
Quelles variations ont le plus d’effet ?
-
Quels éléments et propriétés sont interdépendants ?
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Les usagers interviewés sont confrontés à différentes ambiances d’habitacle variant sur la
couleur, les matières et l’architecture. Nous faisons l’hypothèse de l’existence d’effets de la
variation de couleur et/ou matière et /ou forme sur la perception globale de l’habitacle et de
leurs inscriptions en discours. Ainsi l’analyse des discours doit nous permettre de repérer via
l’identification et l’analyse du mode de fonctionnement des indices linguistiques déjà repérés
en discours de mémoire, les représentations stables et celles qui varient selon l’expérience
perceptive. Nous avons également comme souci, au-delà des simples variations de « surface »
(c’est-à-dire des propriétés identifiées dans la première étude comme importantes du point de
vue de l’appréciation visuelle), de mesurer l’impact de l’utilisation de différents types de
supports de matérialisation d’habitacle sur l’évaluation de l’habitacle et de ses propriétés.
Ainsi les ambiances d’habitacle sont présentées soit :
-
sous la forme d’images numériques en 2D sur un écran plasma (1mx1m20) ;
-
soit dans un environnement immersif 3D ;
-
soit sous la forme de voitures réelles existantes.
L’objectif est ici de valider les éléments et propriétés pertinents pour l’évaluation globale
visuelle d’un habitacle automobile, de caractériser leur influence réciproque les uns sur les
autres, à partir de manipulations analytiques de ces propriétés via le choix de différentes
ambiances réelles d’habitacles variant sur les couleurs, textures et formes et via la
construction de maquettes virtuelles reproduisant pour partie ces habitacles réels et proposant
d’autres variations sur ces mêmes propriétés. Ce sont des propriétés visuelles de l’objet
habitacle identifiées comme telles par les sciences et technologies d’imagerie numérique dont
115
nous étudions les variations et l’effet produit sur la mise en discours de l’appréciation et
l’évaluation perceptive par les sujets.
Un des autres objectifs importants, méthodologique, est celui de valider la grille d’analyse
linguistique proposée en fin de première étude et si nécessaire d’opérer quelques
modifications pour proposer par la suite des règles de formulation des questionnements, ainsi
que des outils d’analyse linguistique « sémiocognitive ».
Nous voulons également qualifier chacune des situations expérimentales pour être en mesure
de donner des spécifications pour de prochaines études :
-
Un environnement virtuel de type immersif présentant des images tridimensionnelles
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
peut-il permettre d’étudier de façon globale l’appréciation d’un habitacle ?
-
Que peut-il permettre d’étudier ?
-
Quelles sont ses limites ?
-
Que peut permettre en comparaison un environnement visuel (écran) présentant des
images en deux dimensions ?
-
Quels sont les avantages et inconvénients de chacun des dispositifs expérimentaux mis
en œuvre ? Par rapport à notre question ? Par rapport à des études futures ?
Au travers de la mise en perspective de ces différents discours, situations et pratiques
perceptives, nous aurons la possibilité de mieux comprendre les différents modes de
construction de l’objectivité et de la subjectivité perceptive. Il sera également possible de faire
le lien entre processus, ressources linguistiques et modes de construction de ces rapports
d’objectivité et de subjectivité au monde.
2. les modes d’approches : méthodologies
2.1. Les situations de questionnement
2.1.1. Dispositifs matériels
Ces dispositifs diffèrent :
1. par la présence ou l’absence de support perceptif (entretiens semi-directifs sur les
représentations en mémoire concernant l’habitacle sans support perceptif, entretiens
semi-directifs dans des habitacles simulés et réels)
116
2. par le type de support perceptif auquel les locuteurs sont confrontés (support REEL :
habitacles de V1, support visuel simulé : maquettes numériques d’habitacles de V1 et
de V2 représentées en 2 dimensions sur écran PLASMA® ou dans une salle immersive
de type CAVE® présentant des images en trois dimensions - avec calcul des images
en temps réel)
3. par le degré de partage de la référence7
4. par le type d'architecture d'habitacle proposé aux sujets : V1 et V28
5. par le type d'ambiance d'habitacle proposé aux sujets : intérieur beige et console en
bois, intérieur noir et console en alu (toutes deux proposées dans les 3 dispositifs)
intérieur beige et console en alu; intérieur noir et console en bois (toutes proposées
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
dans les dispositifs virtuels)9.
2.1.1.1. Discours de mémoire
L’enquête visant à recueillir des discours sur les expériences et pratiques mémorisées
concernant les habitacles automobiles, les entretiens sont réalisés au domicile des sujets10,
hors de toute expérience perceptive d’habitacle.
2.1.1.2. Perception d’habitacles
expérimentaux réels et simulés
via
différents
dispositifs
2.1.1.2.1. Les habitacles REELS
Chaque sujet s’assoit tour à tour dans deux véhicules garés dans un atelier, à la place du
conducteur. Ce dispositif réel est expérimental, considérant comme expérimental
l’exploration de véhicules à l’arrêt dans un atelier, au même titre que les explorations
d’habitacles opérées via les dispositifs de simulation visuelle présentées ci-après.
2.1.1.2.2. Les dispositifs de simulation visuelle11
Dispositif 2D12
La technologie d’écran PLASMA13 propose une restitution visuelle d’images en deux
dimensions qui permet de présenter aux sujets une image de grande taille (1m20x1m), avec de
7
Les sujets dans le dispositif immersif 3D ne voyant pas la même chose que l’expérimentatrice.
pour véhicule 1 et véhicule 2.
9
La description détaillée des dispositifs et des ambiances présentées est présentée dans les pages suivantes.
10
À l’exception de trois locuteurs, interviewés sur leur lieu de travail.
11
Les dispositifs visuels sont mis à disposition par l’équipe de J. Lorisson et T.Voillequin (Direction de la
Recherche PSA).
12
Si pour décrire le dispositif nous employons Plasma dans ce paragraphe, dans le reste du manuscrit nous
parlerons dorénavant de dispositif 2D.
8
117
bons contrastes et une résolution importante à la différence d’écran d’ordinateur classique.
Chaque sujet est placé devant cet écran et voit via cette interface des images numériques
reproduisant l’avant d’un habitacle automobile. Ces images dites statiques ne se déplacent pas
avec les mouvements de tête et de regard des sujets. Aussi pour leur permettre de voir
l’habitacle dans son ensemble14, un balayage informatique est effectué, simulant le
mouvement de tête que feraient les sujets lors de leur exploration visuelle.
Dispositif 3D15
Le MOVETM (Modular Virtual Environment) est une salle immersive en trois dimensions,
utilisant la technologie CAVE® (Cave Automatic Virtual Environment). Ce type de dispositif
est communément appelé salle de réalité virtuelle.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Il a été développé chez PSA Peugeot Citroën en partenariat avec l’institut Image de
Chalon-sur-Saône, laboratoire de réalité virtuelle de l’ENSAM (Ecole Nationale Supérieure
des Arts et Métiers).
Figure 1 : Le dispositif MOVE – extérieur et intérieur
C’est un ensemble de forme cubique (cf figure 1, ci-dessus), de dimensions 3mx3mx3m
environ, composé de quatre écrans (frontal, latéraux et au sol), de quatre vidéos projecteurs,
d’un super calculateur d’images en temps réel, de lunettes à stéréoscopie active, d’un système
de restitution sonore et d’un système de navigation.
Cette technologique immerge l’utilisateur dans un environnement à trois dimensions grâce
notamment à la projection simultanée de deux images superposées sur les écrans. Les lunettes
13
De plus en plus répandue pour les usages domestiques tels que TV, home cinéma.
Considérant ici l’avant et les pans latéraux de l’habitacle pouvant être vu par une personne en position
conducteur.
15
Comme pour le dispositif 2D, nous employons la dénomination de MOVE dans ce paragraphe de description
du système. Cependant dans le reste du manuscrit, nous parlerons de dispositif 3D.
14
118
stéréoscopiques permettent d’encoder ces deux images comme une seule, tridimensionnelle,
en faisant appel aux propriétés de la vision stéréoscopique humaine.
Pour contribuer à donner aux sujets un sentiment d’immersion, la construction d’un
espace virtuel tridimensionnel se fait en temps réel. A chaque mouvement de l’utilisateur, les
images sont recalculées afin de lui offrir en temps réel des images correspondant à son angle
de vision, un émetteur à infrarouges placé sur les lunettes permettant de localiser le sujet à
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
chaque instant.
Figure 2 : Une paire de lunettes à obturation munie du capteur de position
Lors de l’expérimentation, les sujets sont assis dans un véritable siège automobile placé dans
le MOVE. Ils peuvent voir, au travers des lunettes à stéréoscopie active16 (cf. figure 2), une
reproduction visuelle tridimensionnelle numérique de l’avant et des cotés d’un habitacle
automobile. Grâce au calcul des images en temps réel, ils voient défiler l’habitacle au gré de
leur exploration visuelle via les mouvements de leur tête.
Ces trois dispositifs permettent la présentation de différentes ambiances d’habitacles aux
sujets, dont voici la description.
2.1.1.2.3. Ambiances présentées
Cette étude est doublement constrastive. Outre le contraste entre les dispositifs réel et virtuels
de présentation d’habitacles, nous étudions les variations entre différentes associations de
propriétés sensorielles visuelles telles que les couleurs, les matières et les formes. Aussi,
différentes ambiances sont présentées aux sujets. Celles-ci ont été choisies et construites
16
Le calcul des images se faisant à partir de la position du capteur installé sur ces lunettes, seul le sujet voit
l’environnement simulé par rapport à son point de vue. L’expérimentatrice porte également des lunettes mais la
simulation qui lui est proposée est « défaillante » puisque les images ne sont pas calculées par rapport à sa
position. Il y a décalage entre la scène vue par le sujet et son interlocutrice, le partage de l’expérience visuelle
étant alors partiel et donc le partage de référence n’étant que partiellement assuré.
119
suivant nos hypothèses et les contraintes du matériel automobile réel existant et des maquettes
numériques réalisables.
En préalable, nous voudrions insister sur le fait que la description donnée ici des ambiances
n’a pas de prétention à l’objectivité mais cherche uniquement à ce que le lecteur se fasse une
idée des ambiances présentées aux sujets. Nous verrons dans la partie résultats que chacune
de ces propriétés de couleur, de matière, de texture est discutée, questionnée, construite et
reconfigurée selon les dispositifs de présentation, les ambiances et l’expérience des sujets.
Description des ambiances
Les ambiances intérieures de référence correspondent à celles de deux modèles de la gamme
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
V2 (modèles utilisés pour la présentation en dispositif réel) que nous appelons l’ambiance
Beige Bois et l’ambiance Noir Aluminium.
L’ambiance Beige Bois (Figure 3) comprend :
des sièges en velours beige à carreaux (type
•
écossais, ou « charentaise ») ;
une combinaison de plastiques beige et gris
•
foncé sur l’avant et les portes du véhicule ;
la console centrale (avec autoradio et
•
chauffage/climatisation) et les aérateurs en
plastique reproduisant l’aspect du bois.
Figure 3 : V2 - Ambiance Beige Bois
L’ambiance
Noir
Aluminium
(Figure
4)
comprend :
•
des sièges en tissu noir avec des motifs gris
foncé ;
•
une combinaison de plastiques noir et gris
foncé sur l’avant et les portes du véhicule ;
•
la console centrale et les aérateurs en
plastique
l’aluminium.
Figure 4 : V2 - Ambiance Noir Aluminum
120
reproduisant
l’aspect
de
À partir de ces deux ambiances de référence existantes, deux autres combinaisons de couleurs
et de matière ont été imaginées : les ambiances Beige Aluminium et Noir Bois.
L’ambiance Beige Aluminium (Figure 5) comprend :
•
des sièges en velours beige à carreaux ;
•
une combinaison de plastiques beige et gris foncé sur
l’avant et les portes du véhicule ;
•
la console centrale et les aérateurs en plastique
reproduisant l’aspect de l’aluminium.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Figure 5 : V2 - Ambiance Beige Aluminium
L’ambiance Noir Bois (Figure 6) comprend :
•
des sièges en tissu noir avec des motifs gris foncé
•
une combinaison de plastiques noir et gris foncé sur
l’avant et les portes du véhicule
•
la console centrale et les aérateurs en plastique
reproduisant l’aspect du bois.
Figure 6 : V2 - Ambiance Noir Bois
De plus, afin d’étudier les propriétés de forme, spatiales et kinesthésiques, nous avons
comparé l’architecture d’habitacle V2 de référence à l’architecture d’habitacle V117. On
dispose donc de deux architectures d’habitacle V2 et V1 (cf. figure ci-dessous).
Figure 7 : V1- Ambiance Beige Aluminium
17
Ces deux modèles s’inscrivent dans la même gamme de véhicule (gabarit, performances, prix …) mais
proposent des architectures intérieures (et extérieures) bien différenciées.
121
Construction des ambiances
Les maquettes virtuelles ont été réalisées par J. Goffinet, stagiaire dans l’équipe de Réalité
Virtuelle de PSA.
Les deux ambiances physiquement à notre disposition sont les ambiances V2 Beige Bois et
V2 Noir Aluminium (cf. Figure 3 et Figure 4, p. 120)
Pour les présenter dans les dispositifs virtuels, une maquette numérique a été réalisée à
partir d’un modèle CAO (Conception Assistée par Ordinateur) de l’architecture du véhicule
V2. Afin de reproduire le plus fidèlement possible les couleurs et les matières des ambiances,
les étalons constructeur (échantillons de tissu, plaques de plastique …) ont été numérisés et
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
appliqués sur le modèle CAO. Dans certains cas, des photos d’éléments des habitacles
existants ont permis de « plaquer » des textures sur certaines parties de la maquette. Enfin un
étalonnage humain a été nécessaire. Il a consisté à faire le va et vient entre maquette
numérique dans le dispositif 3D ou 2D et habitacle réel afin de minimiser les écarts de
perception visuelle.
Nous reviendrons en discussion sur les possibilités et les limites de la modélisation
numérique en terme de « rendu visuel ». Notons ici que sans cet étalonnage humain, subjectif,
que nous avons dû opérer, la comparaison entre les différents dispositifs aurait été délicate et
à notre avis peu instructive. À savoir que les concepteurs/utilisateurs de ces systèmes de
simulation ont d’une manière ou d’une autre toujours recours aux capacités perceptives
humaines (les leurs) pour juger d’une certaine adéquation entre la simulation et le réel. Mais
le plus souvent cet étalonnage n’est pas mentionné car considéré comme subjectif et non
scientifique. Nous voulons aussi contribuer par cette étude à la valorisation de cet étalonnage
perceptif humain.
•
Les ambiances V2 Beige Alu et Noir Bois (
•
Figure 5 et Figure 6, p. 121) ont été construites à partir des maquettes virtuelles V2 Beige
Bois et Noir Alu. Enfin, sur le modèle CAO de l’architecture V1, les mêmes
combinaisons de couleurs et de textures ont permis de construire les ambiances V1 Beige
Bois, Noir Alu, Beige Alu et Noir Bois. Remarquons qu’aucune des combinaisons de
couleurs et matières des maquettes virtuelles d’ambiances V1 construites n’existent en
122
réalité. Ce sont les combinaisons de couleurs et matières du modèle V2 qui ont été
reprises.
Un environnement extérieur, i.e. ce qui est vu à travers le pare-brise et les différents
rétroviseurs, a été modélisé pour toutes les maquettes virtuelles V1 et V2. Identique pour
chacune d’entre elles, il reproduit l’atelier dans lequel sont garés les deux véhicules réels.
On obtient ainsi 8 maquettes virtuelles d’ambiances d’habitacles variant selon les propriétés
de couleur, de matière et d’architecture. Ces huit maquettes sont implémentées dans leur
totalité dans le dispositif 3D. Dans le dispositif 2D, seules les architectures V1 sont présentées
(cf. paragraphe suivant). Enfin, en REEL, seules les combinaisons Noir Alu et Beige Bois de
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
l’architecture V2 sont disponibles.
Le tableau récapitulatif des différentes combinaisons de couleur et matière proposées
dans les deux architectures et les 3 dispositifs est présenté en annexe18.
2.1.1.2.4. Plan de passation
Chaque sujet est confronté successivement dans le temps à 7 habitacles différents. Comme
nous l’avons vu précédemment, les habitacles varient selon :
•
la situation de présentation (dispositif 2D , dispositif 3D, habitacle REEL),
•
le type d’ambiance de l’habitacle présenté (variations de couleurs et texture des sièges et
planche de bord : ambiance noire ou beige ; variations de matière : console et aérateurs en
« bois » ou en « alu »19)
•
et l’architecture intérieure de l’habitacle proposé (architecture de V2 ou de V1).
Tous les sujets, s’ils ne voient pas nécessairement les mêmes habitacles, sont confrontés aux
mêmes types de variations (de situation, d’ambiance et d’architecture).
a. Dans un premier temps, chaque sujet est confronté successivement à 2 habitacles
d’architecture V1 dans le dispositif 2D variant uniquement sur les couleurs et
matières.
18
Annexe du chapitre 3, tableau 1.
Les « » marquent le fait que ces consoles et aérateurs ne sont ni en bois ni en aluminium mais proposent des
matériaux imitant le bois et l’aluminium.
19
123
b. Puis les sujets sont installés dans le dispositif 3D et sont successivement confrontés à
2 habitacles, un d’architecture V1 et l’autre d’architecture V2 (ordre V1 – V2
contrebalancé entre les sujets) avec également des variations d’ambiance.
c. Ensuite les sujets entrent successivement dans 2 véhicules V2 REELS différents par
leur ambiance beige et bois pour l’une, noir et alu pour l’autre20.
d. Un dernier habitacle V2 leur est présenté dans le dispositif 3D, le dernier qu’ils
viennent d’explorer dans la situation réelle.
Le plan expérimental détaillé de l’étude, précisant les ambiances vues par chaque sujet et leur
ordre de présentation, est explicité en annexe (annexe chapitre 3, page 7).
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Pour mémoire, on appellera les situations : 2D, 3D-1 (pour les deux habitacles vus après ceux
vus en 2D), REEL1 et 2 (pour chacun des deux habitacles vus en réel) et 3D-2 (pour le dernier
habitacle vu en 3D après le REEL). On appellera les ambiances BEIGE-BOIS : BB, NOIRALU : NA et leurs déclinaisons BEIGE-ALU : BA et NOIR-BOIS : NB. Enfin on précisera
pour le 3D-1 lorsqu’il s’agit d’architecture V1 ou de V2.
2.1.1.2.5. Déroulement de l’expérience
L’expérience a été réalisée en décembre 2002 sur le site de PSA Peugeot Citroen de Carrieres
sous Poissy, dans la salle immersive 3D ainsi que dans une petite salle et un atelier
attenants21.
Pour chaque sujet, l’entretien a duré entre 90 et 150 minutes. D’abord installés dans la
petite salle où se trouve l’écran 2D, assis sur une chaise face à l’écran, ils décrivent et
évaluent successivement deux ambiances d’habitacles en répondant aux questions de
l’expérimentatrice, assise à côté. Celle-ci gère en parallèle le défilement de l’habitacle sur
l’écran 2D afin que le sujet puisse voir l’ensemble de l’avant de l’habitacle.
Les sujets passent ensuite dans la salle 3D, attenante. Ils mettent les lunettes à
stéréoscopie active, s’installent dans un siège automobile situé à l’intérieur du dispositif 3D
en position conducteur et le règlent de façon à être bien positionnés dans l’habitacle virtuel.
Suivant la même trame d’entretien, ils commentent leur exploration de deux ambiances
d’habitacles à l’expérimentatrice qui est derrière eux.
20
21
L’ordre de passage entre V2 Beige-Bois et Noir-Alu est contrebalancé entre les sujets.
Un schéma récapitulatif du déroulement de l’expérience est présenté en annexe (chapitre 3, page 7).
124
Remarquons ici que seuls les sujets voient les images tridimensionnelles.
l’expérimentatrice, ne portant pas de lunettes, n’accède pas à la vision 3D et voit deux images
superposées. De plus, le calcul des images se fait par rapport aux coordonnées du sujet. Les
images apparaissent décalées et déformées aux autres personnes présentes dans le dispositif
3D, plus ils sont éloignés de la personne « cible ». Nous reviendrons sur le degré de partage
(voire le non partage) de l’expérience visuelle dans le dispositif 3D et son inscription en
discours, dans la partie Résultats.
Après le dispositif 3D, les sujets sont dirigés vers l’atelier où ils montent
successivement dans les deux véhicules V2 garés. Comme pour le dispositif 3D,
l’expérimentatrice est installée à l’arrière, tandis que les sujets sont assis en position
conducteur. L’exploration et l’appréciation des habitacles est recueillie toujours en suivant le
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guide d’entretien.
Les sujets retournent ensuite s’installer une dernière fois dans le dispositif 3D pour
revoir la dernière ambiance explorée en REEL.
Enfin, l’expérimentatrice effectue un retour avec les sujets afin de recueillir leurs
impressions sur l’expérience, les difficultés rencontrées ainsi que quelques informations les
concernant.
2.2. Les sujets
2.2.1. Enquête mémoire
15 sujets ont été interviewés. Ils ont été recrutés selon différents critères (age, sexe, zone
géographique et type de véhicule) afin d’assurer une certaine variété et diversité des usages et
des expériences donc des discours recueillis22.
2.2.2. Enquête 2D 3D REEL
16 personnes ont participé à l’étude23. Elles ont été sollicitées en veillant à ce que le nombre
d’hommes et de femmes soit équilibré, et que les tranches d’âge [- de 25 ans], [25-35 ans],
[35-45 ans], [45-60 ans] et [+ de 60 ans] soient également représentées.
22
Il ne sera pas présenté d’analyse par sujet.
La retranscription de l’un des 16 entretiens, jugé inaudible, n’a pas été possible. Aussi, l’étude comprend 15
sujets effectifs.
23
125
Tous sont des conducteurs dits « naïfs » quant à l’utilisation de dispositifs de
simulation. Le terme « naïf » s’oppose ici à l’expertise d’utilisateurs de systèmes de
simulation soit dans un cadre professionnel, soit dans un cadre de loisirs (jeux vidéos …).
2.3. Le recueil des données
2.3.1. Modes de questionnement et de recueil : l’entretien semi-directif
2.3.1.1. Visée
La démarche globale, et l’objet d’étude, le discours, justifient le choix pour cette étude d’un
questionnement ouvert au travers d’entretiens semi-directifs (pour une explication de la
méthode voir Blanchet & Gotman, 2001 et Blanchet, 1991). Dans une perspective
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exploratoire de mise en place de la méthodologie, il a semblé pertinent de recueillir le
maximum d’informations qualitatives sur le sujet. De plus, désirant faire le recueil des
possibilités données par la langue française pour exprimer son expérience sensible des
habitacles, il nous fallait induire le moins possible les sujets quant aux notions en rapport avec
les intérieurs de voitures et aux ressources linguistiques existantes pour en parler.
L’intérêt d’une telle méthode est qu’elle suscite, à l’aide d’une trame de questionnement large
et ouverte, un discours riche à la fois producteur (et produit) de représentations consensuelles
partagées par un ensemble de personnes mais également de représentations individuelles,
originales, sensibles, propre à chacun et à son expérience sensible (voir l’entretien
d’explicitation de P. Vermersch, 1990).
Elle présente des inconvénients, notamment un biais reconnu par l’ensemble de la
communauté de linguistes24. Un entretien semi-directif reste un corpus provoqué25, une
interaction peu naturelle, qui « force les traits » et dont on n’est jamais certain que les
personnes auraient abordé tel ou tel thème si on ne les y avait pas conviées avec une question
aussi ouverte soit elle. Il nous faudra donc manier avec précaution les données recueillies et
rester vigilant quant aux conclusions que nous tirerons de ces entretiens. L’important n’est pas
tant la recherche du corpus parfait et donc de la méthode de recueil parfaite mais bien d’avoir
conscience de l’imperfection, des limites et des travers de la méthode choisie afin de toujours
situer nos résultats et interprétations en regard de ces biais et d’éviter les écueils et les fausses
24
Cf. notamment pour une revue critique, l’article de F. Gadet (2003) sur les méthodologies en sociolinguistique
et le besoin d’une réflexion théorique mais aussi éthique sur la place de l’observateur.
25
Sur le contraste entre corpus spontanés et corpus provoqués cf. Morel et Danon-Boileau, 1998.
126
routes à notre réflexion. A ce sujet, Gadet (2003) remarque qu’à partir du moment où l’on
décide d’observer, d’étudier quelque chose, on introduit forcément un biais par rapport au
moment antérieur lorsque personne ne s’intéressait -de manière « scientifique » pour une
étude- à cet objet, à ces personnes, à ces modes de fonctionnement.
Ce questionnement de par son statut double fait le lien entre les 2 perspectives adoptées pour
décrire et étudier notre objet :
!
Il a un statut expérimental en ce sens qu’il n’a pas un caractère spontané et oriente
le sujet vers la description de l’objet (présent ou en mémoire) dans une perspective
analytique centrée sur le « produit » et avec une visée applicative.
!
Mais il s’inscrit dans une approche globale, holistique de l’objet qui s’intéresse à
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la signification construite dans et pour l’action par le sujet et qui fait appel à
l’aspect fondamentalement intégré et situé de la cognition humaine.
2.3.1.2. Le guide d’entretien :
Le concept de semi-directivité indique que l’entretien se déroule selon une trame (des thèmes
à aborder) prédéfinie par l’intervieweur mais qui n’est pas rigide. Cette trame part du plus
général pour aller progressivement vers des questions plus spécifiques. L’ordre peut changer
en fonction du locuteur et certains thèmes seront amplement déployés alors que d’autres
beaucoup moins si le locuteur ne s’y intéresse pas. De plus de nouveaux thèmes peuvent
émerger en discours et l’intervieweur aura pour objectif de ne pas les censurer et au contraire
d’y accorder de l’attention. Pour qu’une telle méthode fonctionne, il faut en plus de ceci que
la manière de questionner le locuteur soit non directive : que les questions posées ne
présupposent, et préfigurent le moins possible une réponse (souvent par oui ou par non), mais
qu’elles laissent tous les possibles au locuteur (cf. Blanchet, 1992 ; Blanchet et Gotman,
2003).
Dans les entretiens semi-directifs, le principe de la relance est basé sur la reprise des mots du
locuteur et la reformulation de ce qui a été dit. C'est une sorte de synthèse qui permet au
locuteur de savoir s’il a été compris, et qui peut lui permettre de compléter ou d’ajuster son
discours. Cela peut aussi servir à demander des explications en cas d'incompréhension ou de
manque de détails suffisants. On remarque ici que ces relances et reformulations ne sont
évidemment pas sans incidence sur le déroulement de l’entretien et sur les thématiques et la
manière dont elles seront abordées par la suite. Comme l’explique Vion (2006), le fait que
127
l’enquêtrice choisisse de reprendre un mot, un énoncé, de le reformuler, va manifester son
implication, sa prise de position :
« Dans des interactions de type entretien, l’un des participants est invité à limiter ses interventions à de
simples reprises du discours de son partenaire. Ces reprises sont systématiquement exploitées dans
l’entretien psychologique afin de guider les partenaire vers la poursuite des ses développements
discursifs en limitant, autant que faire se peut, un investissement trop subjectif du spécialiste.(…) Or
l’élément prélevé sur lequel s’effectue la reprise correspond à une « prise de position » par laquelle la
subjectivité du spécialiste se trouve engagée. (…). Enfin, la reprise par reformulation de la parole de
l’autre, implique une recatégorisation lexicale qui manifeste encore davantage son implication
énonciative. » (Vion, 2006, p.20-21)
Au long de l’entretien de mémoire, les sujets sont relancés sur les notions abordées qui
correspondaient aux hypothèses de départ (confort, qualité, ambiance, durabilité des
matériaux, esthétique, luxe, …), sur les aspects qu’ils décrivent importants (pour les
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approfondir), les relations qu’ils établissent entre éléments (siège et tableau de bord), entre
notions (confort et espace).
Par exemple26 :
I-69
S12-70
I-71
S12-72
I-73
S12-74
I-75
S12-76
I-77
S12-78
I-79
S12-80
la performance du moteur. Et euh… ouais tout à l’heure tu disais que elle était confortable ta
voiture, ça se traduit par quoi ? qu’est-ce que c’est qui fait que c’est confortable…
le véhicule est spacieux, il est moins confortable.
Il est moins confortable ? Ah oui, ce que tu disais c’est que c’était important, c’est que que ces
voitures sont confortables, enfin ouais toi ta voiture euh…
au niveau de, la façon de s’asseoir c’est plus un camion, l’Espace, qu’une berline. On est moins
bien assis, on est mal assis.
Hmm.
C’est surtout ça et l’insonorisation.
Ouais donc le confort ça va être l’assise, l’insonorisation.
La visibilité aussi.
Et est-ce que tu peux, tu parlais d’habitabilité, enfin, pour voir ce que tu ce que tu mets
exactement derrière ce mot ?
Oui, la largeur, largeur au coude, largeur…, l’espace autour du conducteur.
Ouais.
Et l’accessibilité des pédales d’embrayage.
Il est parfois nécessaire de proposer aux sujets d’aborder certaines notions lorsque ceux-ci ne
les abordent pas personnellement.
Par exemple :
I-97
S14-98
Bon. Et si moi je te parle d’esthétique, qu’est –ce que ça va représenter pour toi ?
La forme de la voiture, la couleur, et euh les couleurs de l’intérieur aussi et les matériaux choisis.
Le plus important consiste à éviter les tournures négatives, les questions fermées, c’est-à-dire
les questions qui amènent à des réponses positives ou négatives.
26
Les interventions de l’interlocutrice seront notées I suivi du numéro de l’intervention. Elles sont en italique.
Celles du locuteur seront notées Sxx-y ou xx correspond au numéro identifiant le sujet et y le numéro de
l’intervention.
128
Par exemple, on ne lui dira pas : La forme des sièges est-elle un critère esthétique pour vous ?
Mais plutôt : Et l’esthétique à l’intérieur de la voiture c’est quoi ?27
Les questions fermées sont peu productives pour nos objectifs. Elles ne permettent que de
valider ou non des hypothèses déjà très spécifiées. Elles laissent peu de place à l’émergence
de thèmes, d’idées, d’éléments (la forme du pare-soleil) que nous aurions pu oublier ou ne pas
connaître, ni à l’"entre deux" (le ça dépend) : c’est-à-dire à la possibilité qu’un élément, qu’un
facteur puisse être plus ou moins pertinent selon les usages qu’en fait le sujet, suivant les
circonstances, … etc. Elles ne permettent pas non plus au sujet de s'exprimer sur la pertinence
(ou absence de pertinence) de la question posée (par exemple, l’esthétique qui ne joue aucun
rôle pour lui).
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Ici l’idée n’est pas d’imposer aux sujets ces thématiques mais de s’y appuyer quand
elles émergent ou de les introduire le cas échéant.
Les questions fermées peuvent aussi mettre le sujet dans une « incapacité » à répondre.
On préfèrera des questions du type :
Et pour vous le confort à l’intérieur de la voiture , c’est quoi ?
à : Pouvez vous me décrire ce qui fait partie du confort dans un intérieur de voiture ?
L'objectif n'est pas de savoir si le sujet est en capacité de répondre : toute réponse, tout
commentaire est important et productif.
Guide d’entretien de l’enquête Mémoire
Nous présentons ci-dessous les grandes lignes du guide d’entretien de l’enquête. La version
complète28 se trouve en annexe (annexe chapitre 3, page 8).
Cette trame suscite le recueil de discours sur :
•
Le rapport des sujets à la voiture de façon générale ;
•
Le rapport des sujets à leur propre(s) voiture(s) ;
•
Leurs représentations quant à l’intérieur des voitures ;
•
Leurs représentations quant à leur intérieur de voiture ;
•
Leurs représentations quant à des notions29 telles que le confort, l’esthétique ou la
qualité dans une voiture et dans un intérieur de voiture ;
27
Dans l’exemple précédent en I-99, il y a une reformulation de la part de l’interlocutrice I qui commence par
une question fermée et la reformule.
28
Un pré test consistant en 3 entretiens pilotes a été effectué et a permis de valider le guide
29
Soit qu’ils ont abordés d’eux mêmes auquel cas ces relances servent à les approfondir, soit qu’ils n’ont pas
abordés auquel cas la question est un moyen de les orienter vers une réflexion sur ces notions.
129
•
Leurs souvenirs sur leur expérience sensible des intérieurs automobiles : mise en
situation dans leur voiture, dans une voiture peu ou pas familière ;
•
Leurs attentes sur l’intérieur dans un contexte d’achat ;
•
Leurs attentes quant à l’intérieur idéal.
Guide d’entretien de l’enquête 2D 3D Réel
Construit sur la base du guide d’entretien de l’étude MEMOIRE, il répond aux mêmes objectifs.
Le mode de questionnement est ouvert afin de donner aux personnes interrogées une grande
liberté d’expression. C’est ainsi que nous aurons accès à une diversité des modes d’expression
en discours de l’expérience perceptive, nous permettant d’en poursuivre l’inventaire. De plus,
voulant recueillir le maximum de discours et d’information sur les écarts et décalages de
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
perception entre environnements réels et virtuels, entre propriétés sensibles, nous avons choisi
à nouveau la technique des entretiens semi-directifs.
Le questionnaire a donc été construit pour recueillir les informations qualitatives quant au
ressenti du sujet tout en évitant de diriger le sujet vers des réponses attendues. Il est reproduit
dans son intégralité en annexe (annexes chapitre 3, p.9). Nous en décrivons ici les différentes
phases :
- Présentation de l’étude : installation et mise en confiance30
- puis pour chaque ambiance quel que soit le dispositif :
o Perception globale de l’habitacle
« Vous allez me décrire ce que vous voyez concernant cet intérieur de voiture… »
« Comment qualifiez-vous cet intérieur ? » / « Comment vous y sentez-vous ? »
« Qu’est-ce qui, pour vous, est important dans cet intérieur ? »
o Appréciation des objets de l’habitacle
« Qu’est-ce qui vous plaît/déplait ? Pourquoi ?… »
« Qu’est-ce que vous trouvez bien représenté ici ? » …
- et spécifiquement pour les ambiances vues en Plasma et Move :
« Et par rapport au réel / au virtuel, à votre représentation à vous de l’habitacle en général –
qu’est-ce que vous pouvez me dire ? »
« Qu’est-ce qui est pareil/différent ? Pourquoi ?… »
« A votre avis, qu’est-ce qui manque ? »
« Et par rapport au réel / virtuel qu’est-ce qui manque ? »
- Informations sur le sujet
- Retour sur l’entretien : dispositifs et ambiances plus ou moins réussies, etc …
30
Et spécifiquement dans les dispositifs 2D et 3D : « Vous n’êtes pas malade ? Comment vous sentez-vous dans
ce dispositif ? »
130
2.3.2. Modes de transcription
Les niveaux de transcription sont à choisir en fonction des objectifs et des analyses que l’on
souhaite pouvoir réaliser. La transcription tient un rôle prépondérant dans la construction des
observables.
En effet, une fois cette première étape de construction établie, et après le corpus effectivement
recueilli, une autre étape fondamentale va configurer les analyses et ainsi les résultats et
autres pistes de réflexion à mener par la suite : la transcription. Cela montre à la fois les
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limites de notre volonté de « faire parler » le corpus sans a priori et cela démontre à quel point
il est primordial de s’armer et de se prémunir théoriquement et méthodologiquement. En effet,
selon le type de données enregistrées, le mode d’enregistrement (écrit / oral, audio / vidéo …)
et les conventions de transcription adoptées, des corpus totalement différents peuvent être
obtenus. Pour être plus précise : si nous menons et enregistrons des entretiens et que nous
décidons de les transcrire 1) en ne prenant pas en compte les marques de prosodie,
d’hésitation, de reformulation vs 2) en en tenant compte, nous obtiendrons deux corpus
différents qui ne « parleront » pas de la même manière et n’appelleront pas les mêmes
analyses. Ce sont les hypothèses initiales qui permettent donc de déterminer le type de
données, le mode de recueil et le mode de transcription à privilégier.31
2.3.2.1. Transcription des entretiens corpus Mémoire
Une fois les entretiens réalisés et enregistrés, deux méthodes de transcription ont été utilisées.
La première méthode, employée massivement, est la méthode classique de transcription :
réécoute des entretiens et saisie informatique au moyen d’un éditeur de texte.
L’autre méthode testée a consisté à utiliser le logiciel de reconnaissance vocale
Dragon Naturally Speaking. Chaque séquence d’entretien après réécoute était répétée au
logiciel au moyen d’un micro afin d’en obtenir la saisie informatique automatique. Le logiciel
31
Remarque : il pourrait être délibérément choisi d’opérer de manière systématique à une transcription la plus
exhaustive possible, « maximale », tenant en compte de tous les observables possibles en discours (prosodie,
intonation, geste, syntaxe, lexique, morphologie …). Cela étant, il n’est pas nécessairement opportun de
démutiplier les ressources. Si certains phénomènes ne peuvent s’observer qu’à un niveau micro, d’autres au
contraire ont besoin d’une mise à distance plus grande.
131
s’est montré peu adapté au caractère oral des entretiens (problèmes de reconnaissance liés à la
variabilité des énoncés oraux très différents, en français, des énoncés écrits) et son utilisation
s’est donc avérée peu concluante pour cette étude32.
La démarche de l’étude implique une transcription fidèle des entretiens en ce sens qu'il faut
disposer de tout ce qu'ont dit les sujets et de la manière dont ils l'ont dit33.
Par exemple :
I-29
Et donc, si maintenant on parle justement de votre voiture . qu’est-ce qu’elle euh, qu’est-ce
qu’elle représente pour vous cette fois-ci votre voiture . enfin c’est peut être la même, un peu la même chose. Je
sais pas..
S13-30
Euh notre voiture, hof, qu’est-ce qu’elle pourrait bien représenter. Euh. On se trouve bien dedans,
on se croirait euh, euh, je sais pas. Je ne sais pas comment expliquer. Quand on fait des kilomètres, c’est comme
si qu’on en faisait pas. On se trouve bien dedans. C’est un Espace hein qu’on a, alors bon. mais euh, c’est c’est
grand euh, y a de la place. Euh, ça a changé de la, de la 309 ça c’est sûr. Oui ça a changé, oui vraiment. Là on
est. je sais pas comment dire. Là euh.
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Quoique qu'il en fut plus coûteux au niveau du temps passé à la transcription (environ
5 h de transcription par heure d'entretien - corrections comprises), une transcription la plus
fidèle possible des entretiens a donc été privilégiée. Il est important de préciser qu’il existe
beaucoup d’autres niveaux de transcription. En effet toute la partie spécifique au caractère
oral de l’expérimentation (Grammaire de l’intonation de Morel et Danon-Boileau, 1998) n’a
pas été prise en compte. En particulier nous n'avons pas effectué de codage quant à la
prosodie des entretiens (prosodie : rythme et intonations du locuteur), ni de codage quant aux
dynamiques très complexes d'interactions entre intervieweur et interviewé (Mondada, 2002).
Ainsi nous n'avons pas codé les coupures de paroles ni les chevauchements de parole entre
intervieweur et interviewé34.
Ces entretiens étant destinés à être analysés dans un premier temps par un logiciel de
traitement automatique des langues (TAL), certaines formes spécifiques à l'expression orale
ont du être transformées, telles que les "formes raccourcies", du type "t'es" qui redevient pour
les besoins du traitement automatique "tu es", ou "chais pas" retranscrit en "je sais pas". En
effet dans la mesure où nous étudions les marques de la personne (pronoms personnels) en
discours comme un indice du rapport plus ou moins distancié, plus ou moins personnel ou
32
Malgré son appellation, ce logiciel est beaucoup plus performant dans des conditions proches de l’écrit : il est
conçu essentiellement pour remplacer la saisie informatique de textes, de courrier, de tableau et donc pas dans
une perspective énonciative.
33
Si nous ne nous intéressions pas à la manière, aux formes de discours, il n'aurait alors pas été nécessaire de
retranscrire en intégralité les entretiens mais une "synthèse" comprenant toutes les idées, tout le vocabulaire
produit aurait suffi (qui correspond à peu près aux notes prises pendant l'entretien). Or comme nous le verrons au
fil des analyses la "manière" est notre objet d'étude.
34
Nous savons ces types d'analyse très productifs dans le cadre d’un corpus oral et les avons exploitées par la
suite dans le cadre de l’étude concession qui ne sera pas présentée ici (Cance et Mondada, en préparation).
132
partagé avec le reste de sa communauté, qu'a le sujet à son objet de discours (cf David, 2000,
Boutet, 1986, 1997, Mazière, 1994), il était impératif que le logiciel puisse les reconnaître.
2.3.2.2. Transcription des entretiens – corpus 2D, 3D, REEL
La durée des entretiens35 entre 90 et 150 minutes a donné lieu à environ une soixantaine de
pages de transcription par entretien (soit environ 950 pages pour les 15 sujets interrogés)36.
Les normes de transcription adoptées diffèrent un peu des transcriptions de l’étude mémoire37.
En effet dans ses transcriptions, N. Cavelier a pris en compte quelques indices du caractère
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prosodique des entretiens. Elle y donne des indications concernant :
•
la mélodie ascendante ou descendante de certaines fins de phrases,
•
le renforcement/accentuation de certaines syllabes,
•
les pauses plus ou moins longues
•
les répétitions, hésitations et reprises (indices déjà pris en compte pour les entretiens
mémoire)
P1 O21 : (il ) y a beaucoup d(e) gris
P1 N22 : ouais , , qu’est c(e )que t(u )entends euh qu’est-c(e) que tu trouves gris
P1 O22 : le volant euh : au d(e)ssus du : : enfin sous l(e) pare-brise là tout est gris bon (il) y a du beige
quoi mais euh ouais
P1 N23 : mm
P1 O23 : c’est assez sombre (en)fin même si (il) y a du : rire même si (il) y a du beige c’est un peu euh
L’expérience a suscité de nombreux gestes des sujets, gestes signifiants pour notre
problématique. Une prise de note durant les entretiens en a permis le repérage quoique non
systématique et exhaustif.
Par exemple, le déroulement des entretiens a entraîné différents types de réactions en fonction
des environnements proposés. Si devant le dispositif 2D, il n’y a pas de réaction particulière à
part le fait d’observer, dans le dispositif 3D, on observe notamment un mouvement de
préhension du volant chez certains sujets. Dans les véhicules réels, les sujets touchent les
matières, les éléments de l’habitacle avec parfois la volonté de mettre le contact pour entendre
le bruit du moteur, klaxonner, mettre en marche la radio. Notons que dans ce cas, les sujets
demandent parfois s’ils ont le droit de toucher.
35
Les enregistrements sont effectués grâce à un enregistreur minidisc et un micro placé devant le sujet sur une
table dans les situations Plasma, dans la console centrale dans les situations réelles et au-dessus de lui dans les
situations Move. A ce sujet, les systèmes de ventilation nécessaires au bon fonctionnement de la salle immersive
ont engendré un bruit de fond qui a empêché la transcription d’un des 16 entretiens, le rendant inaudible.
36
La transcription, intégrale, des entretiens a duré 6 mois. Le corpus sera disponible sur CD.
37
Si nous avons gardé ces indications dans les transcriptions intégrales (cf. CD joint au manuscrit), elles ont été
enlevées pour la constitution des corpus, cf. partie suivante, dans la mesure où nous avons choisi de ne pas nous
intéresser aux aspects prosodiques.
133
R1G30 : voilà j’aime bien p(u)is là ce : ce cette feutrine au niveau (en)fin au niveau cette fois au
niveau d(e) la matière la feutrine se marie bien euh : avec le : le pare-soleil en : en plastique
R1N31 : mm
R1G31 : le pare-soleil même i(l) y a même une glace du côté passager
R1N32 : ouais
R1G32 : euh : du côté conducteur j(e) veux dire i(l) y a : voilà , , < elle touche > et c’est bien
2.3.3 La constitution des corpus : sélection des observables
3.3.1. Corpus Mémoire
Suite à ces transcriptions intégrales, une sélection des parties de l'entretien qui répondaient à
notre problématique a été effectuée pour construire le corpus à analyser. En effet, le guide
d'entretien se voulant très large, global, il a permis aux sujets de s'exprimer de façon très libre
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sur leur perception de la voiture en général et de l'intérieur des voitures en particulier.
Perception globale qui de fait inclut une grande part de visuel, visuel qui nous intéresse
essentiellement. Dans ce contexte, il a permis entre autres aux sujets de s'exprimer sur des
thèmes qui ne nous intéressent que partiellement et sur lesquels nous ne les avons pas ou peu
relancer. Néanmoins ces thèmes nous donnent une idée du rapport de chacun des sujets à
l'automobile. Ils nous permettent également de mesurer la part que prend dans ce contexte
général de l'automobile et de ses usages, les problématiques d'appréciation et de jugement,
ainsi que la part que prennent l'intérieur des voitures et ses caractéristiques visuelles dans
cette appréciation.
Seules les parties répondant à la problématique de l’étude ont donc été conservées
après plusieurs lectures. Néanmoins, pour ne pas morceler les corpus (un corpus comprend
toutes les parties conservées de l'entretien dans l'ordre chronologique des interactions), les
entretiens n’ont pas été découpés phrase par phrase et par conséquent, on retrouvera dans les
corpus des thématiques liées à l'automobile de façon générale (mécanique, pollution …)38.
Enfin la chronologie des interactions a été conservée permettant un retour au contexte
plus facile et plus intéressant : celui-ci ne se borne pas à la phrase dans laquelle se trouve le
terme, le concept qui nous intéresse mais à l'ensemble du contexte c'est-à-dire aux
interventions précédentes et suivantes. Ceci donne ainsi accès à la séquentialité du discours (=
temporalité, répétition …), et aux phénomènes d'échauffement. Le sujet peut par exemple
évoquer le confort intérieur de façon brève, passer très vite sur le thème et n'en parler
38
Remarquons en plus que lorsque ces thématiques sont évoquées par les sujets entre deux remarques sur le confort,
l'esthétique, les matières …, cela donne des informations complémentaires sur les liens qui sont établis entre les différentes
notions touchant à l'automobile en général et à la voiture en particulier.
134
véritablement que quelques temps après alors qu'un nouveau thème a été lancé (sur les effets
de relance dans ces phénomènes, voir les travaux de Vermersch, 2003).
3.3.2. Corpus 2D, 3D, Réel
Une fois la transcription effectuée, les données ont été constituées de la manière suivante.
Travaillant dans une problématique contrastive, il est nécessaire de construire des corpus
pertinents, c’est-à-dire qu’il soit possible de comparer.
Nous nous sommes attachée en premier lieu à construire des corpus permettant
d’étudier spécifiquement et de comparer les dispositifs ainsi que les ambiances (effet de la
couleur et de la matière sur la perception et l’évaluation globale d’un habitacle).
Le corpus 2D comprend donc l’ensemble des discours des 15 sujets, recueillis et
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transcrits, suscités devant les ambiances présentées en écran 2D. De même le corpus 3D
comprend l’ensemble des discours recueillis dans le 3D (dans les situations 3D-1), et le
corpus REEL les discours suscités dans les véhicules réels. Lorsque les sujets retournent dans
le 3D (3D-2) pour revoir la dernière ambiance expérimentée en REEL, toute leur attention est
centrée sur la comparaison entre REEL et 3D. Leur jugement est davantage porté de façon
consciente sur l’évaluation des systèmes que sur l’évaluation des ambiances. Cette situation,
intéressante pour nous par rapport à l’évaluation des dispositifs, n’est cependant pas
pertinente pour caractériser les dispositifs en tant que tels et les ambiances qu’ils donnent à
voir. Aussi le corpus 3D-2 a été mis de côté. Il y sera toutefois fait référence lorsque
nécessaire39.
Chacun de ces corpus peut être subdivisé en sous-corpus qui correspondent à une
ambiance spécifique. Par exemple, le corpus REEL Noir Alu comprend l’ensemble des
discours des 15 sujets placés dans l’habitacle de V2 Noir Alu. Le corpus 2D Beige Bois
comprend l’ensemble des discours des 7 sujets qui ont vu l’ambiance V1 Beige Bois via
l’écran 2D, … etc.40
2.3. Le traitement des corpus : du lexique au discours
Notre méthodologie d'analyse est basée sur :
- des aspects linguistiques : lexicaux, morphologiques, syntaxiques ;
39
Ainsi dans la suite du manuscrit, le corpus 3D renvoie en fait au corpus de la situation 3D-1.
Des corpus plus spécifiques, permettant de comparer l’effet conjoint du dispositif, de l’architecture véhicule et
des propriétés de couleur et de matière, ont été constitués. Ne faisant pas état de ces analyses spécifiques dans le
manuscrit, nous n’en présentons pas ici le descriptif.
40
135
o
Le lexique comprend toutes les formes linguistiques d’une langue mises à la
disposition des locuteurs (par exemple tous les noms et tous les verbes disponibles en
langue et utilisés pour parler de l’intérieur de la voiture).
o
La morphologie considère les indices de forme présents dans les mots qui
renseignent sur leur caractère simple vs construit, et si c’est le cas sur leur mode de
construction.
o
La syntaxe est l’architecture qui met en relation les mots dans la phrase, dans le
texte, dans le discours au moyen de prépositions, de constructions verbales, relatives,
nominales …
- des aspects sémantiques qui s’intéressent au sens, à la signification construite en discours
et au discours dans son organisation et dans les représentations qu'il construit
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- des principes cognitifs, catégoriels organisateurs des constructions cognitives humaines et
à même de rendre plus explicites le fonctionnement des individus
L’approche choisie s’inscrit dans une théorie unifiée de ces différents aspects et des indices
qu’ils mettent en évidence. Ce sont ces formes linguistiques et sémantiques qui sont utilisées
comme moyen d’accès aux ressources cognitives individuelles et collectives. En effet il est
possible d’inférer à partir de ces marques en langue des hypothèses sur le statut sémantique,
catégoriel et cognitif rattaché à l’objet, à la propriété, … etc., qui est énoncé en langue.
Ainsi le lexique nous renseigne sur la stabilité des désignations de constructions
cognitives en langue (ou non), ainsi que sur les appartenances catégorielles des objets
référenciés.
De son côté, la morphologie au travers des choix collectifs (linguistiques de part les
contraintes auxquelles tous les locuteurs sont soumis pour créer de nouveaux mots, culturels
et historiques) de construction de mots, donne des indices sur le statut de l’objet de discours
(voir Corbin et Temple, 1994 ; Temple, 1995). Ainsi par exemple :
!
Il a été plusieurs fois fait état d’une relation entre adjectifs déverbaux suffixés en –ant / able et le statut d’effet de ces adjectifs (Mzali, 2002 ; Leeman, 1992)
!
Les substantifs dénominaux suffixés en -tique, en -tion auraient davantage un statut de
généricité, d’objectivité.
!
Concernant les phénomènes acoustiques, les substantifs déverbaux suffixés en –ment
reflèteraient le statut d’évènement de l’objet désigné (thèses en collaboration LAM
LCPE : Mzali, 2002, Guastavino, 2003 …).
136
La syntaxe va quant à elle fournir des indices du rapport entre le locuteur et ce dont il
parle
selon
qu’il
emploie
des
structures
nominales,
adjectivales,
prédicatives,
prépositionnelles, relatives.
A chaque niveau d’analyse, nous recherchons des régularités qui émergent de la comparaison
entre les occurrences réellement présentes dans les corpus et celles qui sont soit impossibles à
produire en français, soit peu présentes ou absentes dans le corpus. Cela permet de mettre en
évidence les contraintes de la langue et la façon dont celles-ci sont structurantes des
représentations des individus. De plus il est alors possible de dresser l'inventaire des formes
linguistiques utilisées et de celles peu ou pas utilisées ainsi que la manière dont elles sont
utilisées en contexte.
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2.3.1. Traitement automatique et analyse lexicale
Afin de procéder à l'analyse de ces diverses unités lexicales, nous avons utilisé, pour l’analyse
du corpus MEMOIRE, un outil informatique pour faciliter l’extraction des données et
l'exploitation des résultats. Parmi tous les outils couvrant le champ du Traitement
Automatique des Langues, le logiciel Nomino, (Plante, Dumas, Plante, 2000) a été choisi pour
mettre en évidence les différentes catégories morphosyntaxiques41 présentes dans les discours
des locuteurs.
2.3.1.1. Aperçu des possibilités du TAL
Les plans d’analyse lexical et morphosyntaxique sont largement mis à contribution dans un
domaine particulier des sciences du langage qui peut être considéré à la fois sous un angle
méthodologique et théorique. Il s’agit de la problématique du traitement automatique des
langues ou TAL. En effet, ce domaine de recherche vise à produire des outils permettant
l’analyse automatisée des discours et en ce sens il pose un enjeu méthodologique
d’importance. Cependant, pour construire des algorithmes de programmation capables de
produire des analyses satisfaisantes de corpus linguistiques, il est nécessaire de modéliser le
fonctionnement de la langue et des discours qui sont produits par les locuteurs de cette langue.
En ce sens le TAL contribue grandement à alimenter la réflexion sur les modèles explicatifs
des systèmes linguistiques et notamment sur le fonctionnement des plans morphologiques,
syntaxiques et discursifs. Selon la conception du mot, de la langue et du discours considérés,
les modèles et les performances des logiciels construits sur ces modèles vont être très
41
En particulier nous voulions disposer des formes nominales complexes (ou synapsies).
137
différents. Ainsi des logiciels construits sur les modèles dont la théorie linguistique est
inexistante vont se contenter d’analyser des chaînes de caractères : le mot est alors une chaîne
de caractères entre deux blancs. Ces logiciels sont le plus souvent issus d’un travail
d’extension de logiciels de statistiques à des données langagières. Ceci pour répondre aux
demandes de plus en plus pressantes de tous les domaines intéressés à traiter de larges bases
de données verbales à des fins diverses (veille technologique, analyses qualitatives, analyses
de courrier de réclamation …) mais sans exigence théorique linguistique particulière puisque
ce ne sont pas des domaines dont l’objet d’étude est le langage. Un algorithme basé sur une
conception lexicaliste classique permettra de construire un logiciel sur la base d’un
dictionnaire. On peut d’ores et déjà imaginer à quoi mènerait un tel logiciel élaboré de
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manière statique, fixiste, comme catalogue.
Si l’on souhaite considérer la langue dans une perspective autre que celle de sémantique
référentielle lexicale, il faudra un modèle capable de rendre compte de la syntaxe et de la
morphologie. La reconnaissance automatique des unités nominales polylexicales est de ce
point de vue un enjeu important pour le TAL. Pour reconnaître ces unités, il est nécessaire
d’implémenter un logiciel d’articuler lexique et morphosyntaxe .
Comme le remarque S. David (1993), la reconnaissance automatique des unités
nominales polylexicales est un problème important pour le TAL. En effet que ce soit pour
l'analyse de contenu, pour les terminologues ou pour les linguistes, le lexique reste une clé
d'entrée primordiale. Dans le domaine de l'analyse de contenu, il y a recherche de mots-clés,
de chaînes de caractères, de co-occurrences par le biais de méthodes statistiques et celles-ci
vont nécessairement s'intéresser aux formes lexicales. Cependant selon les logiciels, les
algorithmes les sous-tendant, et donc les théories linguistiques en amont, les formes lexicales
seront détectées par des moyens différents. Ce qui signifie aussi que les résultats seront
différents (voir Amar et David 2001).
On peut d'une part opposer les logiciels à base statistique aux logiciels à base
linguistique. Les premiers opèrent des comptages de co-occurrences de chaînes de caractères.
Ce qui ne va pas leur permettre de prendre en compte la complexité des mots en français
puisque ainsi le mot est considéré comme une chaîne de caractères entre deux blancs (le levier
de vitesse n'est donc pas pris en compte). Ce qui va aussi entraîner une emphase sur les
chaînes de caractères les plus fréquentes tout en invisibilisant d’autres, peu fréquentes, qui
pourraient néanmoins être intéressantes.
138
En ce qui concerne les logiciels à base linguistique, plusieurs distinctions sont à faire.
Nous les présentons ici brièvement. (Pour plus d’information voir Amar et David, 2001 ;
Cance et al., 2001 ; David, 1993).
On distingue les logiciels basés sur des listes de ceux basés sur des règles. Les
premiers sont rigides en ce sens qu'ils ne permettent pas de produire de nouvelles unités, ce
qui rentre en contradiction totale avec l'usage que chaque locuteur fait de la langue, c'est à
dire un usage qui peut à tout moment produire de nouveaux mots.
Parmi les logiciels construits sur la base de règles, on peut à nouveau distinguer deux
grands types de logiciels : les logiciels à patrons lexico-catégoriels et les logiciels à analyseur
syntaxique.
Les patrons lexico-catégoriels sont des "suites linéaires de catégories et / ou d'éléments
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lexicaux" (Cance et al 2001). Les logiciels qui les utilisent sont conçus pour mettre en
évidence les expressions nominales complexes et utilisent la "propriété d'étroitesse des
domaines" (Milner 1989). Cependant cette propriété repose sur une organisation hiérarchique
des groupes catégoriels et sur le regroupement des catégories. Or dans le cadre de l'approche
par patrons catégoriels, seule la dimension linéaire est retenue. Ceci posera alors problème
dans le cas d'ambiguïté syntaxique (où le logiciel a des difficultés à désambiguïser une phrase
comportant des unités ambiguës : pouvant être considérées comme nom et verbe par exemple)
ou si s'intercalent incises et parenthèses dans le texte. Nomino (Plante et al. 2000), logiciel
que nous avons utilisé pour une première analyse du corpus MEMOIRE, utilise des patrons
catégoriels et nous verrons par la suite le type d'erreurs qu'il génère42.
Les logiciels fonctionnant avec un analyseur syntaxique sont peu nombreux et ont
pour particularité de couvrir un champ d'application très large (indexation, terminologie,
analyse de discours). À propos des formes nominales complexes qui nous intéressent plus
particulièrement, leur détection est basée sur une théorie linguistique qui "cherche à identifier
la grammaire des unités complexes". Nous n'avons pas pu utiliser de logiciel de ce type mais
une étude comparative a été menée entre un logiciel de ce type, Termino et Nomino dans le
cadre d’une étude réalisée au LCPE (Cance et al 2001).
2.3.1.2. Analyse lexicale : comment, pour quoi faire ?
L’analyse lexicale va nous permettre de disposer des thématiques abordées par les locuteurs
dans leurs discours. Cependant si elle permet de donner des indications sur ce dont les
42
Une description de son fonctionnement et des (nombreuses) erreurs qu’il a générées lors de l’analyse du
corpus Mémoire est présentée en annexe (annexe chapitre 3 p.13). Par la suite un bilan de son utilisation est
proposé en annexe du chapitre 4.
139
locuteurs parlent, considérée de manière isolée43, elle ne permet pas de rendre compte des
processus de construction de la référence en discours, puisqu’elle ne prend pas en compte la
manière dont ces formes lexicales sont inscrites et articulées dans les énoncés. Dans le cadre
de ce travail, elle va donc consister en un premier plan d’analyse, permettant de rendre
compte des types de discours produits, et notamment pour les corpus 2D 3D et REEL des
contrastes pouvant déjà être repérés au niveau lexical. Elle permettra surtout de repérer les
formes lexicales les plus caractéristiques des différents corpus et pourra ainsi guider des
analyses plus spécifiques sur l’inscription syntaxique et discursive des formes « cibles » ainsi
repérées.
2.3.2. Analyse morphosyntaxique et sémantique
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On s’attachera à la description morphologique et à l’inscription syntaxique des formes
lexicales identifiées dans l’analyse lexicale44 de Nomino (pour le corpus
MEMOIRE)
ou
45
« manuelle » pour les corpus 2D, 3D, REEL.
2.3.2.1. Indicateurs linguistiques & Inférences cognitives
Ces différent aspects s’appuyant sur des travaux réalisés dans le domaine des recherches
linguistiques et psycholinguistiques conduisent à la formulation des hypothèses suivantes :
!
Les noms sont un indice d’un discours partagé et consensuel46, alors que les formes
nominales complexes sont un indice de l’originalité et de la spécificité du discours de
chacun (David, 1993 ; Grinevald et Dubois, 1999)
!
Les formes nominales complexes et les noms sont un indice des thématisations en
discours (Greimas et Courtés, 1979)
!
Certains adjectifs et prédications sont des indicateurs du jugement et de l’évaluation
des objets du monde (David et al, 1997, Sueur, 1977, 1979)
!
Les constructions déverbales (noms et adjectifs), les prédicats sont des indicateurs de
la perception des objets en tant qu’effets produits sur le sujet (Mzali, 2002, Kossachka
et al, 2001)
43
Ce qui renverrait alors à une sémantique lexicale référentielle.
L’utilisation du logiciel Nomino (étiqueteur morphosyntaxique) pour l’analyse du corpus Mémoire donne une
première indication sur la catégorie grammaticale des formes repérées, ce qui distingue ainsi d’un comptage
purement lexical.
45
Comme nous le verrons dans les résultats, l’utilisation de Nomino s’est révélée très « coûteuse » et ayant
repéré grâce à l’analyse du corpus MEMOIRE des formes cibles à étudier, nous n’avons pas réitéré l’analyse de
Nomino pour les autres corpus.
46
Ce qui a contribué au grand succès des recherches d’identification d’universaux en sciences cognitives
centrées sur ces seuls noms simples (et adjectifs) « de base » (travaux de référence de Berlin et Kay). Pour une
critique voir Foley 1997 et Tornay, 1978, parmi d’autres.
44
140
!
Les marques de la personne couplées aux verbes qu’elles introduisent sont un
indicateur de l’implication du sujet et de son positionnement par rapport à son propre
discours et à son savoir (Boutet, 1986, 1997 ; David, 1997).
Le paragraphe suivant décrit chacun des indicateurs ainsi mis en évidence.
2.3.2.3. Catégories d’indicateurs linguistiques
Partant des hypothèses concernant les relations entre indicateurs linguistiques et inférences
cognitives présentée ci dessus, ce sont ces indicateurs linguistiques dont nous avons privilégié
l’analyse dans le cadre de la 1ère étude MEMOIRE. Aussi nous précisons dans la partie suivante
ces différentes catégories. Les résultats de l’analyse du corpus MEMOIRE (chapitre 4) ont
configuré47 les analyses des corpus 2D 3D et REEL. Certains indicateurs ont été privilégiés au
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détriment d’autres, de nouveaux indicateurs ont également été identifiés, indices de la
spécificité des expériences perceptives et discursives proposées aux locuteurs. Dans une
seconde partie, nous précisons les catégories d’analyse complémentaires utilisées
spécifiquement pour l’analyse des corpus 2D, 3D et REEL.
Analyse du corpus MEMOIRE
Indices de consensualité versus d’originalité du discours
L’analyse va prendre en compte la variété et de la diversité des mots et modes d’expression
utilisés par les locuteurs au travers de l’étude des types. Un type est une forme linguistique,
par exemple dans l’énoncé suivant :
S14-98 : La forme de la voiture, la couleur, et euh les couleurs de l’intérieur aussi et
les matériaux choisis
Les types qu’on observe sont : Forme de la voiture, couleur, couleur de l’intérieur, matériaux
choisis, aussi, et, euh, ainsi que les déterminants les, la, le
L’analyse linguistique va mettre en évidence des régularités parmi les mots et modes
d’expression employés par les locuteurs dans leur discours, reflet d’un consensus et d’un
partage de la référence. L’identification des formes consensuelles se fait au travers du
repérage de types dont les occurrences sont élevées. Le nombre d’occurrences correspond au
nombre de fois qu’un type donné est employé.
S14-110
(…) après c’est vrai que j’aime pas par exemple les voitures qu’ont
des sièges en cuir et des trucs comme ça. Enfin, en cuir ou en skaï , enfin , j’ai, je
fais, je ressens des trucs de , par rapport à la matière, aux matières.
47
Illustrant le principe de réflexivité dont nous avons fait état dans les chapitres 1 et 2.
141
S3-430 Voilà à ce que je voudrais, mais c’est tout .. ce que je souhaiterais mais pas
dire des sièges en cuir, non ça je le vois mal, non ça me botterai pas hein
Ci-dessus deux occurrences de siège en cuir, qui apparaît 5 fois, au total, dans tous les
entretiens.
Elle va aussi permettre la mise en évidence des phénomènes linguistiques (et par conséquent
cognitifs) singuliers, originaux et spécifiques à un locuteur au travers du repérage de types
d’occurrences peu fréquentes : les idiosyncrasies et les hapax). Comme décrites
précédemment les idiosyncrasies sont tous les mots et expressions propres à un locuteur. Elles
peuvent apparaître de nombreuses fois ou une seule fois. Dans ce dernier cas, lorsqu’un mot
n’est dit qu’une fois par un seul locuteur, on parle d’hapax.
- Ex. d’idiosyncrasie : l’adjectif épuré employé uniquement par le sujet S15, à 4 reprises.
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- Ex. d’hapax : l’adjectif reposant, employé une seule fois par un seul locuteur, le sujet S3.
Ces indices de consensualité, de partage de la référence et ceux manifestant l’originalité des
discours vont être étudiés transversalement au sein des différentes catégories de mots.
Catégories linguistiques
Les formes nominales
On distingue parmi les syntagmes nominaux, les noms tels que volant, les noms composés
essuie-glaces et les noms "complexes" ou formes nominales complexes telles que voiture
neuve, levier de vitesse, boîte à gants construites par la syntaxe.
Nous distinguerons dans l’analyse morphosyntaxique cinq classes de noms :
! Les noms simples, qui ne sont pas construits morphologiquement sur un autre mot
français. Notre hypothèse est que la forte présence de ces noms dénote d’une grande
lexicalisation et donc d’une stabilité du thème introduit, d’un consensus important au
sein de la communauté linguistique quant aux emplois et sens en et hors contexte de
ces noms.
Exemples : Forme, lumière…
! Les noms construits par la morphologie. Ils dénotent d’un processus de
lexicalisation plus récent, en cours, et offrent la possibilité d’interpréter différemment
leur statut sémantique selon qu’ils sont construits sur un autre nom, sur un verbe, sur
un adjectif, etc. Ainsi un nom dénominal serait le reflet d’une abstraction ou mieux
d’un processus d’abstraction en cours de la notion invoquée par le mot. Un nom
142
déverbal mettra en avant la notion d’action, d’événement, de processus ou d’effet
(selon le type de verbe et de suffixe employés pour le construire). Un nom
désadjectival quant à lui ferait plus état d’une qualité, d’un état de la matière (voir
Temple, 1995 à propos de l’analyse morphologique de mots construits).
Par exemple :
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I-125
Et euh, donc toi tu disais que tes couleurs c’était le bleu et le jaune que t’aimais et tu as
de préférences aussi pour les sièges ?
S2-126
Pas particulièrement. Juste que ouais, si des sièges que en fait on peut régler la la dur,
la durcité du siège, c’est surtout ça. Moi j’aime bien quand c’est bien bien dur et en fait dans le mien
on s’enfonce plus qu’autre chose. Comme dans la Clio de mes parents on peut, on peut régler. J’aime
bien.
Le sujet S2 a construit un nom qui n’existe pas en se servant d’un mode de dérivation qui lui
existe. Il a construit durcité sur la racine verbale de durcir et y ajouté le suffixe _té. On peut
faire l’hypothèse que cette construction « incorrecte » témoigne de la volonté pour le sujet
de traiter le caractère dur des sièges comme un processus (durcir " rendre dur) sur lequel il
est possible d’avoir une action (on peut régler la durcité du siège)
Par contre le nom existant, partagé et reconnu par la communauté linguistique comme nom
témoignant du caractère dur de quelque chose ou de quelqu’un est le nom dureté construit
non plus sur la racine verbale de durcir mais sur l’adjectif dur. Et c’est alors la qualité, l’état
et non le processus qui sont mis en avant. Ce qui nous permet de faire l’hypothèse que
« l’erreur » de S3 n’est pas une erreur mais un apport, une nouvelle construction pour pallier
au manque sémantique présent dans dureté pour rendre compte de son idée.
! Les noms propres : dans le contexte de l’étude (contexte de l’automobile et de ses
usages) cette catégorie a du être prise en compte non pas à cause d’une quantité
importante de toponymes ou de patronymes mais par rapport à la grande diversité de
noms de voiture, de marques de voiture, de modèles, de séries limitées… cités par les
locuteurs. Une brève analyse de ces dénominations montrera comment en discours
elles sont précisément non plus des dénominations mais des désignations et à ce titre
subissent de nombreuses transformations. Cette catégorie de noms est de plus une
catégorie privilégiée pour mettre en évidence les relations catégorielles entre ces
différents noms propres (et les autres types de noms et ucn). En effet toutes ne sont
pas au même niveau. Et le niveau de base décrit par Rosch et dans toute la littérature
psychologique change constamment selon le point de vue où on se place.
Exemples : Peugeot, Citroën, berline, 106 …
! Les noms dérivés et/ou empruntés à d’autres langues (nous avons restreint à
l’anglais dans ce contexte automobile)
Exemples : airbag, tuning …
! Les sigles
Exemple : ABS …
143
Remarque : ce sont surtout sur les noms simples et les noms construits que nous avons
construit des hypothèses. Par rapport aux noms propres, l’intérêt n’est plus tant au niveau du
statut sémantique du nom qu’à la manière dont cela influe sur son utilisation en langue.
Les formes nominales complexes
Parmi les formes nominales complexes, 4 grandes classes sont distinguées :
! La classe des nom+adjectif subdivisée en adjectif+nom et nom+adjectif
Exemples : une petite horloge, une voiture noire
! La
classe
des
nom+préposition+nom
subdivisée
en
nom+de+nom
et
nom+préposition+nom (préposition signifie toute préposition autre que DE).
Exemples : la forme des pédales, des sièges en cuir
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! La classe des nom+nom où le second nom est épithète du premier (i.e. le qualifie sans
être relié à lui au moyen d’un verbe) (cf. Noailly, 1990).
Exemple : tissu velours
! La classe des noms composés déverbaux et dénominaux qui sont issus de processus
à la fois morphologiques et graphiques. Ce sont des noms composés de deux mots,
l’un étant une racine verbale et l’autre un nom. Par exemple pare-soleil et essuie-glace
sont des noms composés construits avec les radicaux pare et essuie et les noms soleil
et glace.
Chacune de ces catégories restent ici à un niveau macro mais il faut savoir que l’on retrouve
diverses formes au sein de chacune d’entre elles. Ainsi très joli siège fait partie de la classe
Nom+Adjectif, de la sous classe Adj+N et se décrit de manière exhaustive de la façon
suivante : Adv+Adj+N. De même volant rouge foncé fera partie de Nom+Adjectif, plus
précisément de N+Adj et encore plus précisément de N+Adj+Adjppé. De la même manière
joli tableau de bord et sensation du siège sont tous deux de type Nom+préposition+Nom et de
type plus précis N+de+N même si la première se décrit en Adj+N+de+N et la seconde et
N+de+art+N. (pour une description linguistique plus précise de ces formes voir en
particulier : Bartning, 1996 ; Cadiot, 1992 ; David, 1993).
Dans l'analyse de discours, les formes nominales complexes jouent un rôle très important. Il a
déjà été fait l'hypothèse "qu'elles permettent de définir les thèmes dont parlent les discours en
formant deux grands axes de signification qui permettent de répondre à la question : "de quoi
ce discours parle-t-il ?" (Cance et al, 2001). Ainsi pour Greimas et Courtés (1979), leur
repérage " constitue une grille de lecture [rendant] homogènes [les discours]".
144
Notons que boîte à gant ou levier de vitesse sont plus informatifs que boîte ou levier.
Les noms simples et composés permettent avec les UCN de définir les thématiques dont parle
le discours analysé. Ils sont un indice de l’aspect consensuel et partagé du discours car ils
relèvent d’une stabilité en langue sans équivoque (ce sont des formes attestées). À l’inverse,
les UCN sont un indice de l’aspect singulier, spécifique et original du discours car elles sont
souvent singulières ce inter (idiosyncrasies) et intra-individuellement (hapax). Il sera alors
intéressant de s’attarder sur les UCN partagées par plusieurs locuteurs, indice d’un discours
partagé mais néanmoins original et non reflet de la doxa (= opinion générale, consensuelle,
qu’on pourrait appelée communément « discours langue de bois »).
Les adjectifs
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Les adjectifs vont permettre d’un point de vue sémantique de compléter les connaissances et
indices apportés par les formes nominales, leur principale fonction étant de qualifier le
discours. On distinguera les adjectifs selon leur morphologie (rouge vs lumineux) et leur
fonction syntaxique (épithète : un siège beige, attribut : le tableau de bord est gris, et apposé).
Au sein des adjectifs construits on peut distinguer les adjectifs dénominaux construits sur une
base nominale tels que fonctionnel, lumineux, des adjectifs déverbaux construits sur une base
verbale comme gênant, agréable. On peut remarquer pour chacun de ces exemples qu’outre la
construction basée sur un substantif ou un verbe, ils diffèrent selon le suffixe apposé à la
racine. Le type de suffixe va donner des indications plus précises. Ainsi les adjectifs
déverbaux en _ant désignent généralement des effets (génant " qui gêne …, fatiguant " qui
fatigue, bruyant, collant, brillant etc), alors que ceux en _able expriment la possibilité, la
capacité (réglable " qui peut se régler, visible " qu’on peut voir, démontable …) (Leeman,
1992).
Les verbes
Ils vont nous permettre de qualifier le type de discours auquel nous sommes confrontée selon
plusieurs critères d'orientation (ou d'engagement), de position et de mouvement ainsi que de
perception (Souchard, 1989).
On pourra ainsi analyser si c’est un discours actif ou passif (voix active ou passive
privilégiée, verbes d’action ou verbes d’état), s’il y a beaucoup de verbes de perception48, et
48
A propos des verbes de perception, voir les travaux de Cacciari (1998).
145
quels sont-ils (sont-ils exclusivement reliés à la modalité visuelle ? dans quelle proportion ?
sont-ils centrés sur l’objet perçu ou sur la sensation éprouvée par le sujet ?)
S15-490 non c'est c'est pas aveuglant, presque c'est peut-être endormant donc euh, donc c'est c'est embêtant.
Euh le le bruit du moteur se fait quand même ressentir dès qu'on passe dépasse les 3700 tours. Euh on
entend un bruit de moteur et qui plus est, on entend un sifflement de l'air qui qui qui est vraiment très
important. Mais euh là encore on parle de de ce genre de phénomène à haute vitesse.
S1-270 alors parce que déjà, déjà tu es, tu es à l'arrière donc tu vois rien. Mais en plus de ça tu es coincée
entre deux personnes, ça veut dire que tu ne vois plus rien. Tu n'as plus de. tu es dans le noir quoi. Tu
es étouffée. C'est-à-dire tu es dans, dans un manège quelque part. Où tu sais les trucs tournent en rond
et tu vois rien ?
D’autres verbes seront également observés : ceux qui rendent compte des activités de
jugement et d’appréciation des locuteurs :
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S10-124 je, j'ai du mal à, ouais assez, je suis assez neutre par rapport à l'esthétique. Enfin ma voiture à l'intérieur
elle me déplait pas, on va dire.
Ainsi que ceux rendant compte des effets ressentis par les locuteurs :
S14-172 ben euh, cet éclairage me fatigue. Enfin je sais pas si si l'éclairage me fatigue en lui-même ou si j'ai
euh euh, ou si au contraire il m'apaise et euh et j'ai tendance à relâcher ma, euh mon attention suite à
cet éclairage
L’analyse des verbes de modalité rendra compte de l’engagement du locuteur par rapport à
son discours et du type et du degré de contrainte auquel il est confronté (cf. Sueur, 1979 et
1983). Les verbes de modalité sont principalement devoir, falloir, pouvoir et vouloir.
S3-272 Oui euh, ben pas trop sombre non plus hein, faut pas que ça fasse euh croque mort hein. Mais enfin, un
peu des couleurs quand même euh soutenues hein(…)
Ils sont aussi avec d’autres verbes comme croire, savoir, connaître, penser des indices
du degré de certitude/incertitude du locuteur face à son discours donc du rapport du locuteur à
son propre savoir. On appelle ces derniers des verbes évidentiels (de l’anglais
« evidentials »).
S3-404 Ah ouais pour moi c’est … je sais pas je suis petite j’en sais rien, je.. ; non mais je sais pas, je dois
mal me tenir dans une voiture parce que je suis toute. Si je suis basse euh, je vois rien. J’en sais rien,
je. Oui
S14-130 (…) Mais moi sinon les les sièges, je je , je crois j’aimerais mieux un peu plus heu… moi ils étaient
comme ça plats et puis là un petit peu en triangle là sur les angles et que , j’aimerais, j’aimerai assez les
sièges qui qui , qui font bien la forme du dos, enfin qui sont en presque ovale quoi, qui reviennent un peu
euh.
146
Les marques de la personne (MP)
Parmi les indices repérables en langue pouvant nous permettre d’aborder cette question, nous
retenons les pronoms personnels et déterminants possessifs qui sont autant de « marques de la
personne » au sein d’un discours. Indice du degré d'implication et de la manière dont
s'impliquent les locuteurs dans leur propre discours, ils sont en effet susceptibles nous
renseigner sur le statut individuel ou collectivement partagé des connaissances et des
représentations du locuteur (voir Mazière, 94 ; David, 97). Dans le cadre de l’étude de
l’expression en langue des odeurs (programme de recherche mené par le LCPE en
collaboration pluridisciplinaire avec d’autres laboratoires), David (1997) a pu mettre en
évidence une présence forte de ces marques en contraste avec d’autres modalités sensibles
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(voir également Cance, 2000).
Dans les discours recueillis pour cette étude, ces marques de la personne sont très présentes et
l’analyse pratiquée les a envisagées par rapport au statut individuel/spécifique versus collectif
et partagé qu’elles confèrent à ces discours dans lesquelles on les retrouve majoritairement.
Nous verrons également (comparaison entre plusieurs types de discours) qu’il existe d’autres
types de discours dans lesquels ces marques sont beaucoup moins présentes révélant une
implication plus faible et une objectivation du discours produit. De plus il sera possible et
productif de les étudier de manière conjointe avec les verbes notamment de modalité.
Les marques de la personne renvoyant à un discours individuel sont le pronom personnel Je et
toutes les autres marques de la 1ère personne du singulier (moi, mon, ma, mes, me, mien,
mienne …).
Ex MB160 : Même dans les autres voitures même dans la 309 c'était bien aussi. Parce que bon y avait la
ceinture, y avait, bon l'airbag il n'y était pas. Mais, moi je me sens en sécurité dans une voiture.
Les marques de la personne renvoyant à un discours collectif partagé sont les marques de la
1ère personne du pluriel (nous, nos, notre) où le locuteur s’inclut dans le collectif dont il
parle :
S13 98 : Qu'il y a les places aussi. Alors là, nous on s'est dépêché de les, quand on
a eu l'Espace, ou peut-être six mois après on a voulu acheter les sièges pour qu'on
soit tous ensembles.
Mais également le pronom personnel « on » renvoyant à divers collectifs (on : mon amie et
moi, on : la famille, on : les acheteurs de voiture, on : les locuteurs français, on : les êtres
humains) où s’inclut également le locuteur ;
147
S5-74 : Enfin c'est pas que c'était dur mais c'est vrai qu'à choisir j'aurais plutôt pris un
vert pétant, un un rouge bien rouge cerise tu vois, enfin. Au début on voulait la
rependre, faire des espèces de tags, des dessins dessus. Et puis on s'était quand
même il fallait pas exagérer. (ici on = la locutrice et sa sœur)
Ainsi que les marques de la 2ème personne du pluriel et du singulier (vous, vos, votre et tu, toi,
ta, ton, te, tes, tien, tienne). Dans le cas de « vous », soit il renvoie à un collectif duquel le
locuteur s’exclut, soit le locuteur s’adresse par le biais du vouvoiement à son interlocuteur,
auquel cas il cherche à inclure l’interlocuteur
dans son propre collectif, à obtenir son
aquiescement, son soutien
Ex G82 : Non. Bon ben c'est vrai que ... la 205 bon ben si on est deux, Bon ben on on XXXX on passe les
vitesses, si vous avez quelqu'un un peu plus fort à côté de vous, bon ben vous lui touchez le les coudes
quoi. C'est c'est moins spacieux quoi. Bon ben on peut, oui, on peut faire le reproche un petit peu, mais
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enfin.
Cet emploi du vous est le plus courant dans le corpus et rejoint l’emploi de marques de la 2ème
personne du singulier encore plus fréquent.
Ex A182 : Alors le matériel je le connais pas mais c'est l'aspect du matériel. tu vois que, qui. Par exemple,
euh, si c'est du plastique ou je sais pas quelle matière, qu'elle ait, qu'elle ait de la tenue tu sens que c'est
quelque chose de solide. Rigide ou euh... ou du souple quand il faut que ça le soit. C'est pas. C'est comme
les, comment elles s'appellent ces voitures, les, les Volkswagen les les Polo.
Nous précisons à présent quelques indicateurs linguistiques utilisés spécifiquement pour
l’analyse des corpus 2D 3D et REEL.
Analyse des corpus 2D 3D et REEL
Dans ces corpus nous sommes attachée plus précisément à l’analyse de l’inscription lexicale,
morphosyntaxique et discursive des formes lexicales de couleur en prêtant attention à :
- la catégorie syntaxique : nom ou adjectif dont nous faisons l’hypothèse qu’elle renvoie à
des conceptualisations différentes de la couleur ainsi désignée (entité du monde vs propriété)
- concernant les noms de couleur nous avons pris en considération leur variation en nombre
ainsi que les déterminants actualisant ces formes nominales de couleur en spécifiant leur
extension (Leeman, 1998)49.
49
Leeman dit des déterminants qu’ils « définissent l’extensité du nom » c’est-à-dire la qualité d’être de ce dont
on parle. Elle remarque que cette extensité est également dépendante du contexte plus large. Ainsi un X (une
couleur) selon le contexte dans lequel il est produit peut renvoyer à une interprétation spécifique mais aussi à
148
- concernant les adjectifs de couleur, l’étude de leur inscription syntaxique (cf. Riegel, 1985,
Noailly, 1999) va permettre de nous indiquer d’une part le nom ou la forme nominale
complexe qualifiés par l’adjectif et nous donner ainsi des indications sur les relations entre les
propriétés désignées par ces adjectifs et les référents désignés par les formes nominales. De
plus nous faisons l’hypothèse que les fonctions d’épithète et d’attribut peuvent être des
indicateurs de statuts cognitifs différenciés. L’épithète directement rattaché au nom pivot le
spécifie, et le groupe nominal ainsi formé renvoie à un type particulier, à un exemplaire de la
catégorie référée par le nom. Dans le cas d’une construction attributive, l’adjectif caractérise
et actualise le nom.
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- Travaillant plus précisément à l’analyse des procédés de référenciation dans des corpus
oraux, nous considérons également les procédés d’extraction tels que dislocations (cf.
Apotheloz, 1997), structures clivées et semi-clivées et présentatives comme des indices
d’insistance et de mise en relief des thèmes en discours (regroupés sous le nom d’emphase en
grammaire, cf. Riegel et al., 2004, p.425).
Ainsi c’est l’ensemble de ces indicateurs, couplés à ceux déjà identifiés et utilisés pour
l’analyse du corpus MEMOIRE50 qui sont mis à contribution dans les analyses des corpus 2D
3D et REEL51.
Nous exposons brièvement la démarche de mise en œuvre des analyses pour l’ensemble des
corpus.
2.3.2.4. Démarches de mise en œuvre des analyses
Corpus Mémoire
L’analyse du corpus MEMOIRE s’effectue en trois temps :
o
L’analyse automatique du corpus est effectuée au moyen de l’étiqueteur
morphosyntaxique Nomino.
o
L’analyse thématique est ensuite réalisée à partir du repérage des formes nominales
simples et complexes repérées et comptabilisées par Nomino.
une interprétation générique. Ceci préfigure déjà des difficultés et limites d’une analyse spécifique des
déterminants non intégrée dans le contexte plus global des énoncés des locuteurs.
50
Dont les résultats sont exposés chapitre 4.
51
Dont les résultats sont exposés chapitres 5 et 6.
149
o
Les analyses morphosyntaxiques sont ensuite réalisées à partir du repérage des
différentes catégories identifiées dans le corpus, sur :
o les formes nominales simples et complexes
o les adjectifs
o les verbes de perception
o ainsi que les verbes de modalité couplés aux marques de la
personne
Les résultats de ces analyses sont présentés dans le chapitre 4.
Corpus 2D-3D-REEL
L’analyse de ces corpus se focalise sur l’inscription en discours de formes « cibles »
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identifiées grâce aux analyses du corpus MEMOIRE, et au repérage de régularités et de
contrastes entre les trois corpus. Les formes cibles identifiées réfèrent soit à des propriétés
sensibles (telles que les couleurs, les matières, …), soit à des éléments de l’habitacle (telles
que les sièges, le tableau de bord …)52.
Dans ce manuscrit nous nous focalisons sur l’expression des couleurs dans ces trois
corpus en procédant également en trois temps :
o L’analyse lexicale contrastive visant au repérage de toutes les formes lexicales de
couleur dans les trois corpus et à l’identification des formes les plus citées (formes
cibles)
o L’analyse de l’inscription morphosyntaxique de ces formes cibles prenant en compte
o La catégorie syntaxique des formes lexicales repérées (nom vs adjectif)
o La morphologie des formes lexicales repérées
o La variation en nombre et les déterminants introduisant les formes nominales
o L’inscription des formes nominales dans des syntagmes nominaux simples et
complexes
o La fonction syntaxique des formes adjectivales repérées
o L’analyse de l’inscription en discours de ces formes cibles.
Le chapitre 5 présente les résultats des analyses lexicales et morphosyntaxiques, et le chapitre
6 présente ceux de l’analyse discursive.
52
Le travail de DEA de N. Cavelier s’est quant à lui centré sur l’inscription de formes lexicales vrai, faux, réel,
virtuel, toc dans les trois corpus (cf. Cavelier, 2003).
150
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151
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152
Chapitre 4 :
Inscription linguistique de l’expérience sensible
mémorisée de l’habitacle
Introduction
Afin de rendre compte des relations de co-construction de l’expérience sensible de l’habitacle
en discours, nous avons dans un premier temps mis en place une étude nous permettant
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d’identifier les représentations en mémoire liées à l’habitacle automobile. Nous avons réalisé
une enquête semi-directive auprès de 15 locuteurs questionnés sur leur rapport à l’automobile
et à l’habitacle1.
Cette étude a pour objectif d’identifier les ressources linguistiques à disposition des
locuteurs pour parler de leur expérience de l’habitacle. De plus, à partir des hypothèses que
nous avons développées dans le chapitre 3 sur les indicateurs linguistiques permettant de faire
des inférences sur la structurations des représentation et des connaissances en mémoire, nous
souhaitons identifier la manière dont est structurée en mémoire l’appréciation de l’habitacle.
Nous avons réalisé deux types d’analyse, une analyse lexicale permettant de mettre à
jour les thématiques abordées par les locuteurs dans leurs discours, et une analyse
morphosyntaxique, permettant d’identifier plus précisément les représentations associées à
l’expérience de l’habitacle. Nous présentons les résultats de ces analyses dans la partie
suivante.
A - Résultats
Les corpus ont été analysés suivant deux perspectives distinctes, une première centrée sur les
thématiques inscrites dans les discours et la seconde s’intéressant aux constructions
morphosyntaxiques des formes linguistiques produites ainsi qu’aux prédications. Nous
présentons dans un premier temps les résultats de l’analyse thématique puis ceux de l’analyse
morphosyntaxique et prédicative. Les résultats seront discutés dans la partie suivante
(Synthèse & Discussion).
1
Pour une description du protocole d’enquête et des analyses réalisées, voir chapitre 3.
153
1. Des formes lexicales nominales aux thèmes
L’analyse des formes nominales simples et complexes, identifiées à l’aide du logiciel
Nomino2 (Plante, 2000), a permis de repérer les thèmes présents dans les discours des sujets
interviewés. Comme nous l’avons vu précédemment dans le chapitre 3, les thématisations en
discours s’expriment de façon primordiale à travers ces formes.
1.1. Les domaines thématiques du discours sur l’habitacle
L’examen détaillé des formes nominales utilisées par les sujets lors de la description de
l’habitacle automobile à partir des représentations en mémoire a permis de dégager quatre
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domaines thématiques3. Ces domaines sont structurés a priori des éléments les plus
« objectifs », ceux où le sujet s’implique le moins, jusqu’à ses propres jugements, ceux qui
impliquent son vécu, ses actions, ses perceptions :
-
les généralités sur la voiture
-
les objets et fonctions
-
les caractéristiques des objets
-
les notions d’appréciation
15,6% des formes nominales n’ont pu être classées dans aucun de ces domaines. Ce sont les
formes nominales qui servent le discours en tant que forme organisée construite mais qui ne
se rapportent à aucun thème en particulier. Par exemple : bel optimisme, attention, genre.
Enfin un grand nombre d’UCN4 (258 types, 293 occurrences) n’a pas été pris en
compte dans l’analyse thématique principale et bénéficie d’une analyse spécifique. Il s’agit
des UCN qui renvoient à plusieurs thèmes (siège en cuir rouge : éléments de la voiture, mais
aussi matière et couleur).
Les Généralités sur la voiture correspondent au contexte général dans lequel les sujets ont
été interviewés. Ils parlent de La voiture (de leur voiture et/ou des voitures en général) en
terme de vitesse, de prix, de côté mécanique, … mais aussi des Types de voiture qu’ils
2
Une présentation générale en est donnée dans le chapitre 3 et une description précise est proposée en annexe
(annexe chapitre 3).
3
On trouve en annexe (annexe chapitre 4) des extraits des listes de noms et d’UCN composant les différents
domaines.
4
Unités Complexes Nominales, terminologie proposée par Nomino ® et conservée
154
utilisent, qu’ils décrivent, sur lesquels ils s’appuient pour construire leur discours : ZX, 4x4,
taxi, grande voiture, voiture stable, haut de gamme… . Ce domaine thématique comprend
également toutes les Circonstances et moments d’utilisation que les locuteurs évoquent
(long trajet, côte d’azur, ville, autoroute) ainsi que les Personnes qui utilisent la voiture
(passager, mari, petit épagneul breton).
Le domaine Objets et fonctions rassemble toutes les formes nominales produites par les
sujets, qui évoquent les différents Eléments de la voiture comme tableau de bord, siège
baquet, volant, pare-soleil ainsi que les Objets qui y sont rapportés (sac, bouteille, lunettes
de soleil …). Il rassemble également les formes nominales qui autour des ces éléments vont
donner des informations sur leur utilisation, donc sur les Fonctionnalités des différents
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éléments de l’habitacle (direction assistée, fermeture automatique, réglage, chauffage …),
ainsi que d’autres qui vont nous renseigner sur la place tenue par l’objet dans l’espace
habitacle, sa Localisation par rapport au reste de l’habitacle et aux autres éléments (hauteur,
position basse, …).
Les Caractéristiques des objets (ex : marron, forme arrondie, mariage d’acier)
comprennent
les
caractéristiques
visuelles
des
objets :
Couleur&Lumière,
les
caractéristiques Acoustiques et Thermiques, les caractéristiques de Forme et celles de
Matière&Texture qui relèvent à la fois du domaine du toucher et de la vision.
Toutes ces caractéristiques sont à l’interface entre la description « objective » des
objets au travers des différentes modalités sensorielles et la description subjective de ces
objets : c’est le sujet au travers de son ressenti qui exprime ces caractéristiques sensorielles.
C’est pourquoi un dernier thème a été classé dans ce domaine. Nous l’avons appelé
Kinesthésie et position du sujet par rapport à l’objet. Il correspond à l’introduction du
sujet dans cette description : ce sont les perceptions du sujet en tant que corps/corporéité par
rapport à ce qui l’entoure.
Les Notions d’appréciation (harmonie, plaisir, confort, mauvaise qualité) correspondent aux
différentes notions évoquées par les sujets comme participant à leur appréciation de la voiture,
de l’intérieur de la voiture. Elles font appel au jugement et à l’évaluation des locuteurs. On y
trouve les thèmes Confort, Qualité, Esthétique, Espace, Luxe, Sécurité, et Usages
regroupant lui-même différentes notions ainsi que le thème d’Appréciation dite globale.
155
1.2. Comparaison des formes nominales selon les domaines
1.2.1. Répartition globale des formes nominales
Nous présentons dans un premier temps les résultats globaux du classement des formes
nominales simples (noms) et complexes (UCN) dans les domaines thématiques présentés dans
le paragraphe précédent.
Le Tableau 1 présente la répartition des types de formes nominales (noms et UCN ensemble)
et des occurrences pour chacun des domaines.
Formes nominales
Généralités sur la voiture
conduite 17, break 6, accident de voiture 2
Nombre de
types
Pourcentage de
Nombre
Pourcentage
types
d’occurrences d’occurrences
575
31,2%
1981
31,7%
490
26,6%
1748
27,9%
366
19,9%
952
15,2%
276
15,0%
730
11,7%
136
7,4%
844
13,5%
1843
100,0%
6254
100,0%
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Objets et fonctions
portière 11, housse 8, lunettes de soleil 2,
siège tout neuf 1, position haute 1,
Caractéristiques de l’objet
Marron 2, simili 4, insonorisation 4, lumière
noire 1
Notions d’appréciation
Solidité 3, harmonie 1, place 19, confort de
conduite 1
Non classés
Total
Tableau 1 : Répartition des types et occurrences des formes nominales (noms + UCN) selon les domaines
Concernant les types de formes nominales, on remarque que sur un total de 1843 types
nominaux distincts, UCN et noms simples confondus, deux domaines comprennent chacun
plus d’un quart des types. Ce sont les domaines Généralités sur la voiture et Objets et
Fonctions qui comportent une grande variété de formes nominales. Le discours utilisé par les
sujets pour parler des deux thèmes les plus généraux est donc celui présentant la plus grande
diversité de vocabulaire. Si l’on s’intéresse maintenant aux occurrences correspondant à ces
types, on observe la même distribution. Les domaines Généralités sur la voiture et Objets et
fonctions sont les domaines dont les locuteurs parlent le plus au travers des formes nominales
et ce de manière quantitative. Les domaines Caractéristiques des objets et Notions
d’appréciation sont plus en retrait. On peut remarquer que pour ces deux domaines la
proportion de types (respectivement 19,9% et 15,0%) est plus importante que la proportion
d’occurrences correspondantes (15,2% et 11,7%).
Si l’on considère le nombre moyen d’occurrences par type, on peut remarquer que dans les
deux premiers domaines la moyenne est de plus de 3,4 occurrences par type (Généralités :
156
3,44 ; Objets : 3,57) à la différence des domaines Notions d’appréciation et Caractéristiques
des objets où la moyenne d’occurrences produites par type est de 2,6.
Les sujets parlent moins et utilisent moins d’expressions dénotant des Caractéristiques des
objets et de leur appréciation que des Généralités sur la voiture et des Objets et fonctions.
Ces résultats nous montrent que le discours des locuteurs est avant tout un discours sur
l’automobile en général. Ceci est sans doute lié à la situation de questionnement : les
personnes ne se trouvaient pas devant un véhicule mais devaient parler de ce qu’ils avaient en
mémoire. Il est donc tout à fait cohérent qu’ils aient mobilisé toutes leurs connaissances
générales et leur expertise d’usager. Ce que nous obtenons ici est un discours assez général
mais qui s’inscrit dans la description et l’appréciation de l’habitacle. Second domaine, les
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Objets et fonctions font l’objet de descriptions importantes de la part des locuteurs au moyen
de formes nominales simples et complexes. Enfin les domaines Caractéristiques et Notions
d’appréciation paraissent moins thématisés en discours au travers des formes nominales.
Nous verrons dans le cas du premier que cela dépend en partie du type de forme nominale
considéré. De plus nous retrouverons une partie des Caractéristiques des objets au sein
d’une autre catégorie syntaxique, celle des adjectifs (et précisément les adjectifs qualificatifs).
Dans le cas des Notions d’appréciation, il semble qu’elles soient moins présentes dans les
formes nominales mais nous les retrouverons au sein des adjectifs de jugement et d’effet.
Répartition globale des formes nominales dans les domaines :
Un discours sur l’automobile en général, décrivant les éléments de l’habitacle pour eux mêmes
ainsi qu’au travers de leurs caractéristiques et des notions d’appréciations auxquels ils sont
rattachés.
Les formes nominales permettent une thématisation en discours de représentations consensuelles
et partagées sur l’automobile et de nombreuses désignations et descriptions des objets de
l’habitacle spécifiques à chaque locuteur. Elles semblent utilisées pour rendre compte de
l’appréciation de ces objets et de leurs caractéristiques
1.2.2. Détail de la répartition des noms
Le Tableau 2 présente la répartition des types et des occurrences des noms pour chacun des
domaines. Une analyse sans les idiosyncrasies (production d’une seule personne) est
également donnée en vue de l’observation du caractère partagé des expressions utilisées.
157
Types
NOMS
nombre
Généralités sur
la voiture
véhicule 33, soleil
11, consommation
7,
Objets
fonctions
Caractéristiques
objets
musique 19, verre
5, luminosité 3
Notions
d’appréciation
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confort 69, qualité
46, harmonie 1
total
Occurrences
Sans
idiosyncrasies
nombre
nombre
pourcentage
nombre
pourcentage
pourcentage
269
31,4%
226
30,2%
1591
32,4%
1483
32,0%
218
25,5%
189
25,2%
1281
26,1%
1211
26,1%
146
17,1%
129
17,2%
676
13,8%
635
13,7%
133
15,5%
125
16,7%
563
11,5%
544
11,7%
90
10,5%
80
10,7%
793
16,2%
767
16,5%
856
100,0%
749
100,0%
4904
100,0%
4640
100,0%
et
siège
151,
chauffage 6, hayon
3
Non classés
pourcentage
Sans
idiosyncrasies
Tableau 2 : Répartition des types et occurrences des noms selon les domaines
On retrouve dans ce tableau les résultats précédents concernant les types globaux : plus de
30% des types de noms sont consacrés à exprimer les Généralités sur la voiture et un quart
(25,5%) est consacré à décrire les Objets et fonctionnalités de la voiture.
Concernant les noms sans idiosyncrasies, les types de noms suivent encore la structure
thématique générale. Un fait est à signaler : les types de noms non idiosyncrasiques
représentent 87,5% des types de noms. On peut ainsi voir ici la stabilité des noms qui se
manifeste dans le partage des noms.
Les mêmes observations sont faites à propos des occurrences, à savoir une
prédominance des domaines Généralités sur la voiture et Objets et fonctions qui représentent
à eux deux près de 60% des occurrences de noms du corpus et un partage des noms par les
locuteurs, avec 94,6% des occurrences qui sont non-idiosyncrasiques.
Répartition des noms dans les domaines
Les noms mettent en évidence un discours centré sur l’automobile et les objets dans l’habitacle.
Ils permettent d’exprimer le consensus des usagers par rapport à la voiture en général mais aussi
dans des processus de désignation et de référenciation des objets dans la voiture. Ils sont le reflet
de représentations stables et partagées par rapport à ces deux domaines.
158
1.2.3. Détail de la répartition des UCN
Le Tableau 3 présente la répartition des types et des occurrences des UCN pour chacun des
domaines. Une analyse sans les idiosyncrasies est également donnée en vue de l’observation
du caractère partagé des expressions utilisées.
UCN
nombre
Généralités sur la
voiture
voiture d’occasion 2
longue étape 2
Types
pourcentage
Sans idiosyncrasies
nombre
pourcentage
Occurrences
nombre
pourcentage
Sans idiosyncrasies
pourcentage
nombre
306
31,0%
27
35,5%
390
28,9%
84
25,8%
272
27,6%
27
35,5%
467
34,6%
180
55,4%
15,8%
276
20,4%
36
11,1%
Objets et fonctions
petit bouton 3
nombre de tours 1
Caractéristiques
objets
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
bonne visibilité 6
genre de velours 1
Notions
d’appréciation
goût classique 1
qualité de finition 1
Non classés
Total
220
22,3%
12
143
14,5%
9
11,8%
167
12,4%
23
7,1%
46
987
4,7%
100,0%
1
76
1,3%
100,0%
51
1351
3,8%
100,0%
2
325
0,6%
100,0%
Tableau 3 : Répartition des types et occurrences des UCN selon les domaines
On peut remarquer ici une configuration semblable à celle obtenue pour les noms simples. Ce
sont les domaines Généralités sur les objets et Objets et fonctions qui contiennent le plus
grand nombre de types d’UCN. Les Notions d’appréciation sont quant à elles peu exprimées
en termes d’une variété et d’une diversité de formes nominales complexes.
De façon transversale on peut noter que seule une infime partie des UCN sont partagées par
plusieurs locuteurs. Ainsi les 76 types d’UCN non idiosyncrasiques représentent 7,7% du
nombre total de types d’UCN. L’écart se creuse entre les deux premiers domaines cités et les
deux autres. Comparativement aux noms, pour lesquels les types utilisés par plus de 2
personnes représentent 87,5%, ces résultats confirment l’originalité des UCN personnelles à
chacun des locuteurs. (cf paragraphe sur hapax UCN importants …).
Exemples :
•
Objets et fonctions : direction assistée 12, tableau de bord 68,
•
Généralités : grande voiture 6, long trajet 6
•
Caractéristiques : belle couleur 3
•
Notions d’appréciation : côté pratique 4
159
Cela confirme encore une fois l’importance des deux premiers domaines pour les types
d’UCN.
La distribution des occurrences change ici par rapport à la distribution des types d’UCN mais
aussi par rapport à la distribution des occurrences de noms simples et à celle globale des
formes nominales (types et occurrences) dans les différents domaines thématiques. C’est le
domaine Objets et fonctions (34,6%) qui est le premier domaine thématique en terme de
nombre d’occurrences d’UCN qu’il comprend. Suivent le domaine Généralités sur la
voiture avec 28,9% puis toujours les Caractéristiques des objets (20,4%) et les Notions
d’appréciation (12,4%). Les UCN permettent donc en premier lieu aux locuteurs de
s’exprimer par rapport aux objets de la voiture, à l’intérieur de la voiture, elles permettent de
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
les décrire (toit ouvrant 15, vitre électrique 13, malle arrière carrément séparée 1, fermeture
automatique 3, petit rangement 3, …).
Si nous comparons ces résultats à ceux obtenus pour les occurrences de noms simples,
il est possible d’opposer UCN et noms en parallèle avec Objets et fonctions et Généralités
sur la voiture : plus de noms sont utilisés pour parler des Généralités et plus d’UCN pour
décrire les Objets. Ceci corrobore avec le statut plus ou moins lexicalisé de ces formes
nominales. Les Généralités sur la voiture peuvent être exprimées en terme de ressource en
langue par des noms, mais lorsqu’il s’agit de décrire les Objets de la voiture, leurs
fonctionnalités, les UCN sont plus utilisées. Ces UCN bien que par leur statut même d’unités
complexes soient moins lexicalisées, sont néanmoins en passe d’être stabilisées : le nombre
d’occurrences et de types d’UCN utilisées par plus d’un locuteur pour dénommer ces objets
est plus important que dans n’importe quel autre domaine.
Lorsqu’on s’intéresse aux occurrences d’UCN produites par plus d’un locuteur (donc
partagées et a priori plus stables), ne sont alors conservées que 24,1% des occurrences totales
d’UCN. Parmi celles-ci, plus de la moitié (55,4%) sont consacrées à la description et
dénomination des Objets et fonctionnalités de la voiture tandis qu’un quart reste consacré
aux Généralités sur la voiture (25,8%). Ces derniers résultats nous confirment l’importance
du domaine Objets et fonctionnalités parmi les autres domaines mais aussi par rapport aux
formes nominales ici observées : les UCN.
Les nombres faibles de types et d’occurrences d’UCN restantes après l’élimination des
idiosyncrasies nous montre une fois encore combien il est important d’analyser et d’étudier
toutes les formes nominales complexes.
160
Répartition des UCN dans les domaines
La création d’UCN diverses, originales se fait dans tous les domaines thématiques en particulier
dans les domaines Généralités et Objets. Elles sont le reflet d’un discours spécifique et original.
Les plus nombreuses, les plus stables et partagées réfèrent aux objets de l’habitacle. Les domaines
Généralités et Notions sont plus instanciés en discours par des formes nominales simples.
1.2.4. Synthèse de la répartition des formes nominales selon les
domaines
Généralités sur
la voiture
UCN
Noms
UCN
Occurrences
Noms
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Types
Objets et fonctions
Caractéristiques
de l’objet
Notions d’appréciation
nombre
pourcentage
nombre
pourcentage
nombre
pourcentage
nombre
pourcentage
306
269
390
1591
53,2%
46,8%
19,7%
80,3%
272
218
467
1281
55,5%
44,5%
26,7%
73,3%
220
146
276
676
60,1%
39,9%
29,0%
71,0%
143
133
167
563
51,8%
48,2%
22,9%
77,1%
Tableau 4 : Nombres et pourcentages respectifs de noms et d’UCN par domaine thématique
On observe de manière générale que les locuteurs produisent un pourcentage important
d’UCN différentes pour parler de tous les domaines (entre 51,8% et 60,1% des types
nominaux sont des UCN). Mais le pourcentage d’occurrences de ces types d’UCN est faible
par rapport au pourcentage d’occurrence de noms. Ainsi la moyenne d’occurrences par type
pour les UCN (tous domaines confondus) est de 1,37 occ par type, alors que celle des noms
est de 5,73 occ par type.
Si on s’attache spécifiquement à chacun des domaines, on remarque que le domaine
Notions d’appréciation est celui qui comprend le moins de types d’UCN par rapport au types
de noms qu’il comprend également, ce à l’inverse du domaine Caractéristiques des objets qui
est celui qui en comprend le plus.
En ce qui concerne les occurrences, Généralités sur la voiture est le domaine qui
comprend le plus d’occurrences de noms simples mais aussi le domaine où la proportion de
noms (80,3%) par rapport à celle d’UCN (19,7%) est la plus grande. Inversement, les
domaines Caractéristiques des objets et Objets et fonctions sont des domaines où la
proportion d’UCN est un peu plus importante (29% et 26,7%).
Comme nous l’avions remarqué précédemment, si les différents domaines se démarquent les
uns des autres par la quantité de types et d’occurrences de formes nominales qui les
constituent, ils se démarquent aussi selon le mode de référenciation nominale privilégié par
161
les locuteurs (emploi de noms simples et/ou d’UCN). Les thèmes Généralités sur la voiture
et Notions d’appréciation sont plus introduits par des noms simples. Les Objets et fonctions
ainsi que les Caractéristiques des objets présentent à la fois des noms simples mais aussi
quantité d’UCN dans leur sein.
Répartition des formes nominales simples et complexes dans les domaines
Les discours des sujets décrivent l’habitacle automobile et les éléments le constituant dans un
contexte général automobile. On observe une diversité et une variété des UCN couplée à de très
faibles fréquences d’apparition par rapport aux noms. Les noms à valeur plus stable et
consensuelle sont plus associés aux généralités et aux notions d’appréciation alors que les UCN
sont utilisées pour désigner, décrire et caractériser les éléments de l’habitacle de manière plus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
personnelle, plus spécifique à chacun.
Nous présentons dans les parties suivantes une analyse détaillée de chacun des domaines
thématiques identifiés.
1.3. Le domaine « Généralités sur la voiture »
Les Généralités sur la voitures correspondent au contexte général de questionnement des
sujets. Elles recouvrent quatre thèmes : la voiture, les types de voiture , les circonstances et
moments d’utilisation et les personnes qui utilisent la voiture.
Ce domaine arrive en tête quant au nombre de types de formes nominales produites
par les sujets et quant au nombre d’occurrences des formes nominales. C’est le domaine sur
lequel les sujets se sont le plus exprimés à la fois en terme de quantité et de diversité.
Les thèmes composant ce domaine sont à présent détaillés en abordant les noms, puis les
unités complexes nominales, puis une comparaison noms / UCN et une synthèse pour le
domaine.
162
Généralités sur la voiture
Nombre
Types
Pourcentage
Occurrences
Nombre
Pourcentages
Types de voiture
diesel, twingo,
voiture bas de gamme 1, coupé
406 1
Circonstances d’usage
hiver 9, virage 6, arrêt pipi 1
240
41,7%
719
36,3%
160
27,8%
479
24,2%
129
22,4%
523
26,4%
46
8,0%
260
13,1%
575
100,0%
1981
100,0%
La voiture
voiture 211, mécanique 2
achat de la voiture 1
Personnes
passager
19,
parent
amoureux de la voiture 1
13,
Totaux
Tableau 5 : Répartition des types et occurrences des formes nominales pour le domaine Généralités sur la
voiture
Le thème le plus abordé ici en regard de la diversité de types nominaux qui le composent est
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
celui des Types de voitures (240 types, 41,7%) : véhicule, Espace, marque, 4x4, ZX, belle
voiture, voiture de sport, série limitée …. Viennent ensuite les Circonstances d’usage avec
27,8% des types produits, puis La voiture (22,4%) et enfin dans une proportion infime les
Personnes (8,0% des types).
Du point de vue des occurrences. Types de voiture est également le thème le plus
abordé du domaine par les locuteurs (36,3%). Par contre, c’est le thème La voiture qui arrive
en seconde position avec plus d’un quart des occurrences (26,4%) suivi par le thème
Circonstances d’usage (24,2%). Enfin le thème Personnes toujours le moins quantitativement
présent, représente 13,1% du domaine.
Généralités sur la voiture
Nombre
Types
Pourcentages Nombre
Occurrences
Pourcentages
Circonstances d’usage
moment 19, ville 16, voyage 3,
Barcelone 2
96
35,7%
402
25,3%
78
29,0%
494
31,0%
61
22,7%
448
28,2%
34
12,6%
247
15,5%
269
100,0%
1591
100,0%
Types de voiture
205 35, Clio 23,
Peugeot 19, bagnole 16
La voiture
vitesse 20, conduite 17, prix 10,
problème 7
Personnes
gens 50, personne 32
Totaux
Tableau 6 : Répartition des types et occurrences de noms pour "Généralités sur la voiture"
Lorsqu’on s’intéresse aux noms simples, un changement apparaît par rapport à l’organisation
générale des thèmes du domaine : Circonstances d’usage est ici le thème qui comprend le
plus de types de noms distinct du domaine (35,7%). Rappelons que de façon transversale pour
163
les formes nominales, Types de voiture est le thème qui comprend le plus de types différents
(41,7%).
Concernant les occurrences de noms, on retrouve les répartitions observées pour les
types de noms simples ainsi que pour les occurrences de toutes les formes nominales
confondues. En première position, Types de voiture est le thème qui comprend le plus
d’occurrences de noms du domaine. Il est suivi de La voiture et des Circonstances d’usage
puis des Personnes. La distribution est assez homogène entre les thèmes (25-30%), seul
Personnes se détache des autres avec une proportion moindre d’occurrences de noms simples
(15,5%).
Généralités sur la voiture
Nombre
Types
Pourcentage
Occurrences
Nombre
Pourcentage
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Types de voiture
voiture allemande 6,
petite voiture 6, voiture neuve 4
La voiture
tenue de route 3, outil de travail 2
Circonstances d’usage
grand trajet 3, heure de route 2
Personnes
Petit épagneul breton 2
Totaux
163
53,3%
226
57,9%
68
22,2%
74
19,0%
63
20,6%
77
19,7%
12
3,9%
13
3,3%
306
100,0%
390
100,0%
Tableau 7 : Répartition des types et occurrences d’UCN pour "Généralités sur la voiture"
On observe des résultats équivalents aux résultats globaux et différents de ceux des noms
simples : plus de la moitié des types d’UCN produits concernent les Types de voiture dont
parlent les personnes. Viennent ensuite les thèmes La voiture et Circonstances d’usage dont
les nombres de types (68 et 63 ! 22,2% et 20,6%) sont très voisins. Enfin le thème
Personnes comprend 12 types d’UCN (3,9% des UCN du domaine).
Au sein du domaine Généralités sur la voiture, les locuteurs utilisent majoritairement des
UCN pour parler des Types de voiture (plus de la moitié des types et des occurrences). Ils les
utilisent aussi dans une moindre mesure pour parler des moments d’utilisation, des
Circonstances et enfin de La voiture en général. Le thème Personnes n’est presque pas
présent au niveau des UCN. Il semble être plus décrit par des noms simples que par des UCN.
En effet sur 46 types nominaux produits pour parler des personnes, 73,9% sont des noms et
représentent 95% des occurrences. De plus si le thème Types de voiture est toujours celui qui
est le plus abordé par les locuteurs au travers de leur production/utilisation de noms, la
répartition est beaucoup plus équilibrée entre les différents thèmes que dans le cas des UCN.
Il semble que Types de voiture soit un thème décrit dans les UCN construites par les sujets
164
(67,9% des types nominaux de ce thème sont des UCN et correspondent à 31,4% des
occurrences) alors que les autres thèmes du domaine se répartissent entre noms et UCN
(classiquement plus de types d’UCN et plus d’occurrences de noms).
Répartition des formes nominales dans le domaine Généralités sur la voiture :
Un domaine centré sur les types de voiture dont parlent les usagers, sur les circonstances dans
lesquelles elles sont utilisées et plus globalement sur des notions propres à l’automobile.
Les noms introduisent des thèmes et valeurs génériques et consensuelles (La voiture) ainsi que les
circonstances d’usages qui sont le plus souvent partagées (moments prototypiques d’utilisation).
Les UCN introduisent dans leur diversité les types de voiture et dans leurs constructions les
typologies auxquelles ils réfèrent (typologies particulières et originales pour évoquer leur voiture
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
et celles qu’ils connaissent).
1.4. Le domaine « Objets et fonctions »
Le domaine Objets et fonctions rassemble toutes les formes nominales produites par les
sujets, qui évoquent les différents éléments de la voiture, les éléments rapportés, les
fonctionnalités des différents objets de l’habitacle et leur localisation par rapport au reste de
l’habitacle et aux autres éléments.
Nous avons vu que ce domaine comprend 490 types soit 26,6% des types de formes
nominales simples et complexes. Ces 490 types comptent 1748 occurrences soit 27,9 % des
occurrences globales. Dans les deux cas, ce domaine est le second par ordre décroissant
d’importance derrière le domaine Généralités sur la voiture présenté auparavant.
165
Objets et fonctions
Nombre
Types
Pourcentage
Occurrences
Nombre
Pourcentage
Eléments de la voiture
siège 151, vitre 25, tableau de
bord 68, toit ouvrant 15
274
55,9%
1296
74,1%
105
21,4%
200
11,4%
78
15,9%
170
9,7%
33
6,7%
82
4,7%
490
100,0%
1748
100,0%
Fonctionnalité de l’objet
réglage 11, heure 10, marche
arrière 7, petit rangement 3
Eléments rapportés
tuning 13, bouteille 11, petit truc 8,
sac à dos 2
Localisation
hauteur 13, volant 11, position
basse 2
Totaux
Tableau 8 Répartition des types et occurrences des formes nominales pour le domaine Objets et fonctions
Le thème qui contient le plus de formes nominales différentes est Eléments de la voiture qui
contient 55, 9% des types du domaine. À noter qu’il est le thème qui comprend le plus de
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
types de tous les thèmes tous domaines confondus (14,9% du total des types de formes
nominales). Second thème du domaine : les Fonctionnalités comptent 21,4 % des types de
formes nominales. Les Eléments rapportés avec 78 types, comprennent 15,9% des types du
domaine, enfin le thème Localisation comprend 33 types soit 6,7% des types de formes
nominale simples et complexes. Ce sont ici les éléments de la voiture, plus particulièrement
de l’habitacle qui sont les plus représentés.
Pour les occurrences, la même distribution est observée en ce qui concerne
l’importance relative des thèmes les uns par rapport aux autres : le thème Eléments de la
voiture est aussi le thème qui comprend le plus d’occurrences tous domaines et thèmes
confondus puisqu’il comprend 20,7% des occurrences totales des formes nominales du
corpus. Viennent ensuite par ordre décroissant Fonctionnalités, Eléments rapportés et
Localisation.
La différence ente la répartition des types et des occurrences réside dans l’écart entre
les différentes proportions dans chaque thème : les 55,9% de types du thème Eléments de la
voiture comptent 1296 occurrences, ce qui équivaut à 74,1 % des occurrences du domaine.
Tandis que les 3 autres thèmes comptent à eux tous ! des occurrences avec respectivement
11,4 %, 9,7% et 4,7 % des occurrences du domaine. Ceci se traduit par un nombre moyen
d’occurrences par type plus élevé pour Eléments de la voiture que pour les autres thèmes : 4,7
occurrences/type en moyenne pour Eléments de la voiture, 2,5 occurrences/type pour
Localisation, 2,2 occurrences/type pour Eléments rapportés et 1,9 occurrences/type pour
Fonctionnalités.
166
Objets et fonctions
Eléments de la voiture
intérieur 61, bouton 47, CB 2
Fonctionnalité de l’objet
chauffage 6, ABS 5, freinage 2
Eléments rapportés
carte 10, affaires 8,
Localisation
position 9, côté 6
Totaux
Nombre
Types
Pourcentage
Occurrences
Nombre Pourcentage
123
56,4%
990
77,3%
42
19,3%
113
8,8%
30
13,8%
108
8,4%
23
10,6%
70
5,5%
218
100,0%
1281
100,0%
Tableau 9 : Répartition des types et occurrences de noms pour " Objets et fonctions "
Les résultats concernant la répartition des types de noms simples dans les thèmes du domaine
Objets et fonctions sont très similaires aux résultats présentés auparavant concernant toutes les
formes nominales simples et complexes. Le thème comprenant le plus de noms simples
différents est Eléments de la voiture avec plus de la moitié des noms simples (123 types !
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
56,4% des types). Fonctionnalités comprend 42 noms différents, ce qui représente 19,3% des
noms du thème, Eléments rapportés en comprend 13,8% (30 noms) et Localisation 10,6% (23
types). Encore une fois, à l’instar des résultats observés toutes formes nominales confondues,
on peut voir ici que Eléments de la voiture contient plus des " des occurrences de noms
simples (77,3%) tandis que Fonctionnalités, Eléments rapportés et Localisation représentent
respectivement 8,8%, 8,4% et 5,5% des occurrences de noms simples du domaine. La
répartition des noms simples est similaire à la répartition globale toutes formes nominales
confondues.
Objets et fonctions
Nombre
Types
Pourcentage
Occurrences
Nombre
Pourcentage
Eléments de la voiture
tableau de bord 68
vitre électrique 13
intérieur de la voiture 7
tapis de sol 2, siège enfant 2
151
55,5%
306
65,5%
63
23,2%
87
18,6%
48
17,6%
62
13,3%
10
3,7%
12
2,6%
272
100,0%
467
100,0%
Fonctionnalité de l’objet
fermeture automatique 3
petit rangement 3
coupure d’arrivée d’air 1
Eléments rapportés
petit sujet 4
petit gadget 3
carte routière 1
Localisation
place conducteur 1
espèce de hauteur 1
Totaux
Tableau 10 : Répartition des types et occurrences d’UCN pour " Objets et fonctions "
Si encore une fois on observe une répartition globalement proche de la répartition globale de
tous les types nominaux au sein de ce domaine (avec Eléments de la voiture contenant plus de
167
la moitié -55,5%- des types d’UCN du domaine), on remarque ici que le thème Localisation
est sous représenté en ce qui concerne les UCN. Ainsi alors qu’il comprend 10,6 % des types
de noms simples avec 23 noms simples différents, il ne contient que 3,7% des types d’UCN
du domaine (10 UCN différentes). Dans ce thème la proportion de types de noms simples
(69,7%) est deux fois plus importante que celle de types d’UCN (30,3%). L’expression de la
localisation se fait semble-t-il plus à travers des formes simples et stabilisées en langue qu’au
moyen des constructions originales et complexes.
À l’inverse du thème Localisation, les thèmes Eléments rapportés, Fonctionnalités et
Eléments de la voiture comprennent tous plus de types d’UCN que de noms simples avec
respectivement 61,5%, 60,0% et 55,1 % de types d’UCN et le restant de noms simples. La
variété et la richesse de ces formes complexes permet aux locuteurs d’exprimer ici la
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
singularité de leur perception et de leur expérience.
Comme dans le cas des résultats concernant toutes les formes nominales de ce domaine et des
résultats concernant les noms simples, le thème qui comprend le plus d’occurrences d’UCN
est Eléments de la voiture avec 306 occurrences, ce qui représente 65,5% des occurrences
d’UCN du domaine. Viennent ensuite par ordre décroissant d’importance les thèmes
Fonctionnalités, Eléments rapportés et Localisation. Néanmoins, par rapport à la répartition
des occurrences de noms simples et de toutes les formes nominales, on peut voir ici une
différence : les Eléments de la voiture ne représentent « que » 65,5 % des occurrences d’UCN
contre 77,3% des occurrences de noms simples et 74,1% des occurrences de formes
nominales simples et complexes. Ceci est du au nombre d’occurrences de chaque type. En
effet comme nous l’avons déjà remarqué à plusieurs reprises, les noms simples plus partagés
par l’ensemble des locuteurs vont être plus utilisés que les UCN, aussi bien interindividuellement qu’intra individuellement. Si on calcule le nombre moyen d’occurrences par
type d’UCN pour chacun de ces thèmes, on trouve 2 occurrences/type pour Eléments de la
voiture, 1,4 occurrences/type pour Fonctionnalités, 1,3 occurrences/type pour Eléments
rapportés et 1,2 occurrences/type pour Localisation ; ce qui est loin, pour chacune de ces
moyennes, des résultats que nous avons présentés concernant toutes les formes nominales.
Si l’on observe la proportion d’occurrences d’UCN et de noms simples à l’intérieur de chacun
des thèmes, les résultats diffèrent de ceux obtenus concernant les proportions de types d’UCN
et de noms simples dans chacun des thèmes. Les occurrences de noms simples sont toujours
en plus grande proportion que celles des UCN. Mais les proportions ne sont pas égales entre
168
les thèmes. Localisation ne comprend que 16,6% d’UCN (contre 85,4 % de noms simples) ce
qui corrobore les résultats précédents concernant les types (30,3% de types d’UCN et 69,7%
de types de noms simples). Fonctionnalités et Eléments rapportés comprennent
respectivement 43,5% et 36,5 % d’occurrences d’UCN. Quant à Eléments de la voiture, il ne
comprend que 23,6% d’occurrences d’UCN et 76,4% d’occurrences de noms simples.
Ici encore nous pouvons voir que les noms simples sont moins nombreux en diversité que les
UCN dans 3 thèmes du domaine mais qu’ils sont les plus nombreux en quantité : ils sont plus
souvent repris par les mêmes personnes ou par plusieurs locuteurs différents.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Répartition des formes nominales dans le domaine Objets et fonctionnalités :
Le domaine et les discours des usagers sont essentiellement centrés sur les éléments de
l’habitacle, auxquels viennent s’ajouter les fonctionnalités de ces éléments, les éléments ajoutés
dans l’habitacle et la localisation des uns par rapport aux autres.
Les noms toujours majoritaires introduisent la localisation, les éléments génériques ainsi que les
fonctionnalités les plus consensuelles. Les UCN sont l’expression de la diversité des éléments pris
en compte et de leurs fonctionnalités ainsi que l’originalité des objets ajoutés à l’habitacle.
1.5. Le domaine « Caractéristiques des objets »
Les Caractéristiques des objets de la voiture et plus particulièrement celles des éléments dans
l’habitacle que les locuteurs décrivent au sein de leur discours sont nombreuses. Nous avons
distingué 7 thèmes au sein de ce domaine en fonction d’hypothèses quant au couplage entre
formes linguistiques et catégories cognitives. Ce découpage est classique et provisoire et
s’appuie sur les distinctions opérées dans les recherches sur la perception5.
"
Aspect global
"
Couleur&lumière
"
Matière&texture
"
Forme
"
Acoustique
5
On renvoie ici au biais visuel et à la division en 5 sens qui caractérisent nos cultures occidentales et que nous
avons discutée dans le chapitre 2.
169
"
Thermique
"
Kinesthésie corporelle et position du sujet dans l’espace
L’aspect global va comprendre les caractéristiques « amodales » des objets comme par
exemple (aspect 5, air 3, aspect rigolo 2, allure générale 1). Les caractéristiques de
Couleur&lumière (couleur 87, lumière 12, éclairage 8, bleu marine 6, belle couleur 3) vont
donner des indices des propriétés visuelles (si on se place du point de vue du sujet) des objets
ainsi décrits. De la même manière le thème Matière&texture regroupe tous les noms simples
et formes nominales complexes traitant de la matérialité de l’objet ce qui va donner des
renseignements sur la composition de l’objet, le matériau dont il est fait mais aussi sur la
perception qu’en a le locuteur qui en parle (cuir 26, plastique 22, faux bois 4, truc rigide 2).
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Ici cela va alors concerner les propriétés tactiles de l’objet dont il est question mais aussi les
propriétés visuelles. Le thème Forme va également comprendre des formes nominales
simples et complexes rendant compte de propriétés visuelles des objets (forme 21, ligne 7,
forme de la voiture 3, espace rectangulaire 2). Autre modalité sensorielle concernée :
l’audition. En effet le thème Acoustique comprend toutes les formes nominales renvoyant
soit à la source de bruit ou à l’effet produit (bruit 33, musique 19, petit bruit 7, bruit du
moteur 2, bruit infernal 1). De la même manière le thème Thermique comprend les sources
et les impressions et appréciations thermiques (température 10, air chaud 2, chaleur excessive
1). Au niveau Kinesthésique un autre thème a été distingué : il comprend toutes les formes
faisant état de la sensation corporelle globale kinesthésique du sujet et de sa position dans
l’espace par rapport aux objets de l’habitacle (dos 14, position 10, bonne visibilité 6,
sensation de vitesse 2, sensation du corps 1).
Remarquons à travers cette description de tous les thèmes du domaine à quel point le
choix d’un point de vue pour l’analyse de corpus est déterminant. En effet si l’appellation de
ce domaine « Caractéristiques des objets » annonce un point de vue centré sur l’objet : on
va rechercher ce qui le caractérise, on s’aperçoit très vite que ce qui est contenu dans chacun
des thèmes ne correspond pas vraiment à ce point de vue dit objectif. Toutes les verbalisations
comportent la « trace » du locuteur, de son impression, de sa perception de l’objet.
Ainsi comme nous le disions dans les lignes précédentes, si aspect rigide dans le
thème Matière&texture donne des informations sur la composition de ce matériau, il donne
surtout accès à la sensation éprouvée par le locuteur (le sujet S6) lorsqu’il regarde et touche ce
matériau. Nous avons voulu au départ distinguer au sein du domaine (ou au travers de
170
domaines séparés) les descriptions de l’objet orientées objet et celles orientées sujet pour
finalement abandonner cette tâche délicate6. Dans leur discours les sujets ne marquent pas la
distinction entre ces points de vue. Et le plus souvent c’est un mélange des deux qui est
produit. Mélange qui peut se repérer au niveau lexical mais aussi morphologique et
syntaxique. Ce mélange est présent dans sa forme maximale dans le thème Kinesthésie
corporelle et position du sujet dans l’espace où le sujet fait littéralement corps avec l’objet.
Caractéristiques de l’objet
Kinesthésie
corporelle
et
position du sujet dans l’espace
Nombre
Types
Pourcentage
Occurrences
Nombre
Pourcentage
100
27,3%
252
26,5%
92
25,1%
246
25,8%
68
18,6%
196
20,6%
33
9,0%
51
5,4%
32
8,7%
68
7,1%
27
7,4%
94
9,9%
14
3,8%
45
4,7%
366
100,0%
952
100,0%
dos 14, visibilité 12, bonne visibilité 6
Couleur&lumière
couleur 87, lumière 12, bleu 7, gris
bleu 3, rouge bien rouge cerise 1
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Matière&texture
cuir 26, plastique 22, matière
8, coton 3, faux bois 4, grosse
moquette 1
Aspect global
aspect 5, air 3, allure générale 1
Forme
forme 21, ligne 7, truc bien carré 1
Acoustique
bruit 33, musique 19, son 5, petit bruit
7, bon son 1
Thermique
température 10, air 5, air chaud 2
Totaux
Tableau 11 : Répartition des types et occurrences des formes nominales pour le domaine "Caractéristiques
des objets"
La distribution des thèmes dans le domaine est assez hétérogène puisque 3 des 7 thèmes
représentent plus de 70% des types du domaine. Le thème qui comprend la plus grande
quantité de types nominaux différents est Kinesthésie corporelle et position du sujet dans
l’espace. Il est composé en effet de 100 types distincts qui correspondent à 27,3 % du nombre
total de types du domaine. Autre thème dont la variété de types est importante, le thème
Couleur&lumière compte 92 noms et UCN différents qui représentent 25,1% du nombre total
de types du domaine. Enfin Matière&texture avec 18,6% des types arrive en 3ème position. Il
est intéressant de noter que dans ces trois cas, de manière directe ou indirecte, il est question
de propriétés visuelles (propriétés visuelles pour Couleur&lumière et Matière&texture,
propriétés visuelles en partie pour Kinesthésie corporelle et position du sujet dans l’espace
6
Nous y reviendrons lors de l’analyse des formes prédicatives et des marques de la personne, premier pas d’une
analyse non plus lexicale ni syntaxique mais discursive.
171
puisque le sujet s’inscrit dans un rapport à l’espace et le décrit pour une part « visuellement »
même si ici les distinctions entre modalités sensorielles sont peut-être erronées).
On trouve ensuite par ordre décroissant d’importance les thèmes Aspect global,
Forme, Acoustique et Thermique. Notons que la forme semble ne pas être très présente dans
les discours des locuteurs. Néanmoins il faut prendre en compte le fait qu’elle va transparaître
dans un autre thème de Caractéristiques des objets : Aspect global ainsi que dans d’autres
domaines à l’instar des thèmes Espace et Esthétique dans Notions d’appréciation.
Parallèlement au nombre de types présents dans chacun des thèmes du domaine, les
occurrences de types nominaux se répartissent principalement dans les thèmes Kinesthésie
corporelle et position du corps dans l’espace, Couleur&lumière et Matière&texture avec
respectivement 26,5%, 25,8% et 20,6% du total des occurrences du domaine.
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Les 30% d’occurrences restant sont répartis entre les thèmes Acoustique, Forme,
Aspect global et Thermique. Il est à noter que Acoustique qui comprend moins de types
différents que Aspect global et Forme présente plus d’occurrences. Les types qui le
constituent sont plus partagés par les différents locuteurs ou en tout cas plus produits. Ainsi la
moyenne d’occurrence par type de Acoustique est la plus forte7 avec 3,48 occurrences/type. A
l’inverse le thème Aspect global a une moyenne d’occurrences/type de 1,54 (en détail :
Thermique : 3,21 ; Matière&texture : 2,88 ; Couleur&lumière : 2,67 ; Kinesthésie corporelle
et position du corps dans l’espace : 2,52 ; Forme : 2,13).
7
On peut faire ici l’hypothèse que les locuteurs même si l’entretien ne porte pas sur ce sujet en évoquent les
caractéristiques majeures (identifications de sources indésirable : bruit et recherchées : musique) dans la mesure
où elles ont une importance dans l’appréciation globale de l’intérieur. A noter que le thème acoustique est
évoqué surtout par des sujets ayant des pratiques musicales et/ou travaillant comme ingénieur du son (S4 et S6).
172
Caractéristiques de l’objet
Nombre
Types
Pourcentage
Occurrences
Nombre
Pourcentage
53
36,3%
192
28,4%
26
17,8%
159
23,5%
25
17,1%
148
21,9%
14
9,6%
29
4,3%
12
8,2%
44
6,5%
Kinesthésie
corporelle
et
position du sujet dans l’espace
dos 14, visibilité 12, position 10, genou
9, tête 7, main 7,
ergonomie 6, fesse 4
Couleur&lumière
couleur 87, éclairage 8, gris 6, jaune 4,
beige 3, coloris 3, luminosité 2
Matière&texture
cuir 26, plastique 22, tissu 17,
matériau 10, matière 8 ; bois 6, velours
4, aluminium 3, matériel 2
Aspect global
aspect 5, air 3, genre 2, ensemble 2
Forme
ligne 7, poire 3, courbe 2, angle 1,
gueule 1
Thermique
température
chauffage 3
1,
air
5,
degré
5,
9
6,2%
39
5,8%
son
5,
7
4,8%
65
9,6%
146
100,0
%
676
100,0%
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Acoustique
bruit 33, musique
insonorisation 4
Totaux
19,
Tableau 12 : Répartition des types et occurrences de noms pour " Caractéristiques des objets "
La répartition des types de noms simples ressemble globalement à celle observée pour les
formes nominales simples et complexes confondues. Les 3 mêmes thèmes se détachent :
Kinesthésie corporelle et position du
sujet dans l’espace, Couleur&lumière et
Matière&texture. Mais parmi ces 3 thèmes, le premier se démarque puisqu’il comprend deux
fois plus de noms simples distincts que les 2 autres.
Parmi les thèmes plus « modestes » on retrouve Aspect global, Forme, Thermique et
Acoustique. Notons qu’en ce qui concerne les types de noms simples le thème Acoustique se
situe derrière le thème Thermique (à l’inverse des résultats obtenus toutes formes nominales
confondues).
Une fois encore la configuration générale de cette répartition des occurrences de noms
simples reste inchangée par rapport à celle des occurrences de toutes les formes nominales, à
savoir que près de 75% des occurrences sont réparties entre Kinesthésie corporelle et position
du sujet dans l’espace (28,4%), Couleur&lumière (23,5%) et Matière&texture (21,9%). Dans
la mesure où le thème Kinesthésie présente, comme nous l’avons vu précédemment, de
nombreux types de noms simples, on voit ici que quantitativement ces nombreux types ne
sont pas très représentés. Ainsi si la moyenne d’occurrences/type avoisine 6 pour
Couleur&lumière ( 6,11) et pour Matière&texture (5,92), elle n’est que de 3,5
occurrences/type pour Kinesthésie corporelle et position du sujet dans l’espace.
173
On trouve ensuite comme dans le cas toutes formes nominales confondues, le thème
Acoustique avec 9,6% des occurrences de noms simples en son sein. Viennent ensuite Forme
et Thermique avec 6,5 et 5,8% des occurrences. A noter que Aspect global est ici le thème qui
présente le moins d’occurrences et que les places s’inversent entre ce thème et le thème
Acoustique selon que l’on observe la répartition des types ou des occurrences de noms
simples. Le thème Aspect global semble contenir de nombreux substantifs distincts qui vont
être peu employés (2,07 occurrences/type) alors que dans Acoustique, le nombre de
substantifs est très faible (7 noms simples) mais leur quantité est proportionnellement
importante (65 occurrences ! 9,3 occurrences/type) révélant leur caractère consensuel (ou du
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moins stable) parmi les locuteurs qui les ont utilisés.
Caractéristiques de l’objet
Types
Nombre
Pourcentage
Nombre
Occurrences
Pourcentage
Couleur&lumière
bleu marine 6, bleu bic 3, couleur claire 2,
luminosité intérieure 2, dégradé de rose 1,
teinte assortie 1
66
30,0%
87
31,5%
47
21,4%
60
21,7%
43
19,5%
48
17,4%
20
9,1%
29
10,5%
20
9,1%
24
8,7%
19
8,6%
22
8,0%
5
2,3%
6
2,2%
220
100,0%
276
100,0%
Kinesthésie corporelle et position du
sujet dans l’espace
position de conduite 6, sensation de vitesse
2, centre de gravité 1, crampe du genou 1,
mal de dos 1
Matière&texture
faux bois 4, truc rigide 2, carton plâtre 1, joli
bois précieux 1, matière naturelle 1
Forme
forme de la voiture 3, espace rectangulaire 2,
forme arrondie 1
Acoustique
petit bruit 7, bruit du moteur 2, bon bruit 1
Aspect global
aspect gadget 2, aspect un peu froid un peu
moderne 1
Thermique
air chaud 2, chaleur excessive 1
Totaux
Tableau 13 : Répartition des types et occurrences d’UCN pour " Caractéristiques des objets "
Contrairement aux noms simples qui suivent globalement la même répartition que celle
observée pour les formes nominales simples et complexes confondues, la répartition des types
des UCN est plus originale. Certes les 3 mêmes thèmes Couleur&lumière, Kinesthésie
corporelle et position du sujet dans l’espace et Matière&texture comptabilisent à eux seuls
plus de 70% des types d’UCN mais la distribution entre ces 3 thèmes diffère : ici ce n’est plus
Kinesthésie corporelle et position du sujet dans l’espace qui contient le plus de types distincts
(47 occurrences soit 21,4%) mais Couleur&lumière avec 60 occurrences (30%). Par contre,
on n’observe que peu de différence avec la répartition de types de noms en ce qui concerne
174
les 4 autres thèmes : Forme (9,1%), Acoustique (9,1%), Aspect global (8,6%) et Thermique
(2,3%). A noter simplement que le thème Thermique contient un nombre minime d’UCN (5).
La répartition des occurrences suit celle des types : on trouve tout d’abord le thème
Couleur&lumière qui avec 87 occurrences d’UCN représente 31,5% des occurrences du
domaine. Le thème Kinesthésie corporelle et position du sujet dans l’espace comprend 21,7%
des occurrences, et Matière&texture 17,4%.
Le thème Acoustique qui comprend le même nombre de types d’UCN que le thème
Forme, comporte par contre un peu plus d’occurrences, il compte 10,5% des occurrences du
domaine contre 8,7% pour Forme. Enfin Aspect global avec 22 occurrences comprend 8% des
occurrences du domaine et Thermique 2,2% (6 occurrences).
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Globalement, dans ce domaine très riche qu’est celui des Caractéristiques des objets, 3
thèmes ont une importance primordiale : les thèmes Kinesthésie corporelle et position dans
l’espace, Couleur&lumière, et Matière&texture. Le thème Kinesthésie semble comprendre
une grande variété et quantité de noms simples ainsi que d’UCN mais ceci dans une moindre
mesure. Inversement, le thème Couleur&lumière est celui qui contient le plus d’UCN que ce
soit en terme de nombre de types ou de nombre d’occurrences. Ceci se confirme en partie
lorsqu’on calcule les proportions d’UCN et de nom simples présents dans chaque thème. Dans
le thème Kinesthésie corporelle et position du sujet dans l’espace, les noms simples
représentent 53% des types du thème et 76,2% des occurrences. Au sein de Couleur&lumière,
les noms simples ne représentent que 28,3% des types du thème mais toujours 64,6% des
occurrences du thème. Dans ce dernier thème, les UCN sont nombreuses quant à leur diversité
mais n’échappent pas à leur statut de formes en cours de stabilisation ou spécifiques à chacun
et à la situation8 et par conséquent restent peu nombreuses du point de vue de leurs
occurrences.
8
Il sera intéressant de voir par la suite (nouvelles études) si les mêmes UCN réapparaissent dans d’autres
contextes de questionnement ou de discours spontané.
175
Répartition des formes nominales dans le domaine Caractéristiques des objets :
Les caractéristiques principales des éléments de l’habitacle sont kinesthésiques (rapport du sujet à
son corps et à l’espace qui l’entoure), visuelles et tactiles tant au niveau diversité des formes
nominales produites qu’au niveau de la quantité.
Un consensus plus important pour les thèmes couleur&lumière et matière&texture se traduit par
des noms peu nombreux mais très partagés. Réciproquement, le thème kinesthésie fait appel à
des représentations individuelles qui se traduisent par des nombreux noms peu partagés. Le
thème couleur&lumière est également introduit par de nombreuses formes nominales complexes,
peu partagées, dont on peut faire l’hypothèse qu’elles permettent la description et la
caractérisation des propriétés sensibles des objets et qu’elles témoignent d’une expression plus
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subjective.
1.6. Le domaine « Notions d’appréciation »
Ce domaine correspond aux différentes notions évoquées par les sujets comme participant à
leur appréciation de la voiture, de l’intérieur de la voiture. On y trouve 8 thèmes :
•
Appréciation globale (impression 33, rêve 9, voiture idéale 6)
•
Confort (confort 69, truc de confort 3, aspect confortable 1),
•
Qualité (qualité 46, fiabilité 10, petite chose 2, qualité de finition 2)
•
Esthétique (esthétique 14, forme9 11, côté esthétique 2, changement d’esthétique 1)
•
Espace, ( espace 30, place 19, aisance pour la conduite 1, besoin d’espace 1
•
Luxe (luxe 3, truc de luxe 1)
•
Sécurité (sécurité 16, sensation de sécurité 1)
•
et Usages regroupant lui-même différentes notions telles l’aspect pratique (pour lequel
nous avons créé un néologisme : praticité), l’aspect communication dans l’habitacle,
le parallèle entre habitat et habitacle, la durabilité (de la voiture) et
l’entretien/propreté de la voiture (poussière 5, bureau 3, balcon 2, temps 34, côté
pratique 4, espace de communication 1).
Rappelons que le domaine Notions d’Appréciation est celui qui regroupe le moins de formes
nominales qu’elles soient noms simples ou UCN et ce tant au niveau des types que des
occurrences. Ainsi si on considère toutes les formes nominales ensemble, ce domaine
9
le type forme pourrait appartenir au domaine Caractéristiques de l’objet. Nous avons choisi de le classer dans
le thème Esthétique dans certains cas (11) où il est considéré en tant que notion et non en tant que propriété
« élémentaire » d’un objet. Exemple : S11-222 : alors l’esthétique c’est c’est la forme de la voiture c’est la
beauté de la voiture"
176
comprend 15,0% des types contenus dans le corpus d’entretiens et 11,7% des occurrences.
Nous avons fait l’hypothèse que la faible représentation de ce domaine par rapport aux autres
est liée aux types de catégories syntaxiques à laquelle s’intéresse notre analyse thématique.
Nous verrons plus tard que d’autres éléments concernant les Notions d’appréciation
apparaîtront dans des catégories telles que les adjectifs ou les formes verbales. Pour le
moment nous allons présenter comment au sein des différents thèmes du domaine sont
réparties les différentes formes nominales en commençant comme pour les précédents
domaines par la répartition totale de toutes les formes nominales confondues.
Types
Notions d’appréciation
Nombre
Occurrences
Pourcentage
Nombre
Pourcentages
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Usages
an 34, temps 5, poussière 5, bureau 3,
côté pratique 4, truc d’utilité 1, espace de
communication 1
69
25,0%
135
18,5%
50
18,1%
115
15,8%
46
16,7%
89
12,2%
38
13,8%
115
15,8%
33
12,0%
91
12,5%
31
11,2%
151
20,7%
7
2,5%
30
4,1%
2
0,7%
4
0,5%
276
100,0%
730
100,0%
Confort
confort 69, confiance 1, truc de confort 3,
confort de la voiture 2, côté confort 2,
confort matériel 1, critère de confort 1,
sens du confort 1
Esthétique
esthétique 14, forme 11, esthétisme 11,
coupe 5, côté esthétique 2, look
accrocheur 1, style des voitures 1,
esthétique originale 1
Qualité
qualité 46, fiabilité 10, problème 5, finition
4, qualité de finition 2, norme de qualité 1,
mauvaise qualité 1
Espace
espace 30, place 19, volume 3, derrière
dégagé 1, espace clôt 1, notion d’espace 1
Appréciation globale
important 33, choix 17, critère 11, voiture
idéale 6, bon standard 2, histoire de goût 1
Sécurité
sécurité 16, vitesse
sécurité
Luxe
luxe 3, truc de luxe 1
Totaux
9, sentiment
de
Tableau 14 : Répartition des types et occurrences des formes nominales pour le domaine Notions
d’appréciation
Concernant le nombre de types distincts présent dans chacun des thème, on observe ici le
thème Usages qui contient le plus de variété de formes nominales distinctes : 69, ce qui
représente 25% du total des types nominaux. Deux autres thèmes comprennent chacun plus de
15% du total des types. Il s’agit de Confort et Esthétique (respectivement 18,1% et 16,7%).
On trouve ensuite par ordre décroissant d’importance Qualité, Espace et Appréciation globale
177
qui contiennent tous entre 10 et 15% des types nominaux du domaine. Enfin Sécurité et Luxe
comprennent respectivement 2,5 et 0,7% des types.
Concernant les occurrences, c’est le thème Appréciation globale qui comprend le plus de
formes nominales (151) ce qui correspond à 20,7% des occurrences. C’est ensuite le thème
Usages qui en contient le plus avec 18,5% des occurrences du domaine. Confort et Qualité
ont exactement le même nombre de formes nominales qui correspond pour chacun à un
pourcentage de 15,8%. Suivent par ordre décroissant Espace (12,5%) et Esthétique (12,2%),
Sécurité (4,1%) et Luxe (0,5%).
On observe ici une répartition un peu différente de celle des types. Appréciation globale qui
ne comprend que 11,2% des types du domaine comprend 1/5ème des occurrences, ce qui
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
signifie que la moyenne des occurrences par type dans ce domaine est assez élevée (4,87
occurrences/type). A titre de comparaison dans le thème Usages dont le nombre d’occurrence
est proche de celui d’Appréciation globale la moyenne est de 1,96 occurrences/type et dans le
thème Confort elle est de 2,3.
On peut également remarquer que Qualité qui ne totalise que 38 formes nominales distinctes
comprend 115 occurrences (15,8% des occurrences) avec une moyenne de 3,01
occurrences/type. Il comprend donc moins de diversité nominale que le thème Esthétique
mais est plus présent quantitativement.
Enfin Sécurité et Luxe restent, comme on peut le voir à la fois par le nombre de types et
d’occurrences qu’ils contiennent, très marginaux. Nous avons néanmoins tenu à séparer des
autres expressions les formes nominales qui les évoquent.
Dans le cas de Sécurité il s’agissait de distinguer les cas où il est question pour les locuteurs
de sécurité de manière très générale et abstraite (sécurité routière) que nous avons classé dans
le thème La voiture du domaine Généralités sur la voiture (ex1), des cas où les locuteurs
faisaient explicitement mention de la sécurité comme d’un critère d’appréciation, souvent lié
au confort et totalement soumis au jugement et à l’impression de chacun (ex2).
Ex1
S1-296 : (…) Oui il y a aussi euh dans la voiture, mais ça c’est, on rejoint l’aspect général. C’est bon y a
la sécurité de la route et tout, mais il y a le fait que aujourd’hui une voiture euh, euh, tu sais étant
donné l’argent qu’elle coûte etcetera et en plus de ça euh, étant donné comme c’est facile de se la faire,
euh, abîmer, voler, vandaliser, etcetera, que tu te poses des questions quoi.
Ex2
S5-160 : Ouais. Et même si il y en a pas véritablement parce que c’est vrai que tu te, tu te trouves à
l’étroit des moments où tu es quatre ou cinq dans la voiture. Les moments où tu te sens à l’étroit, je
trouve que tu as l’impression d’avoir de la place. Et le fait d’avoir cette impression. Comme d’avoir
l’impression d’être en sécurité même si c’est peut-être que du carton plâtre, rien que pour ça je la
trouve agréable. Parce qu’ils ont réussi à mentir et que moi j’ai bien envie qu’on me mente.
S14-8 : D’avoir chaud. Euh. Puis que souvent le confort et la sécurité ça marche ensemble, tu as
l’impression que ça marche ensemble. Ça veut dire que, c’est euh, parce que il y a du chauffage que tu
vois bien sur tes vitres et que tu as l’impression que tu vas mieux conduire, c’est parce qu’y a des bons
178
amortisseurs, que ça saute pas et euh tu as l’impression que ta voiture elle tient mieux la route, enfin
c’est un ensemble quoi.
Dans le cas de Luxe, il nous a paru important de mettre à part les rares contextes qui le
mettent en avant car cela est tout à fait différent d’un jugement de confort ou esthétique. (voir
travaux précédents dans le contexte automobile).
Ex
S1-196 : C’est pas le truc de luxe. C’est pas la voiture de luxe.
S1-198 : C’est un bon standard si tu veux.
S1-200 : Je préfère le bon standard au luxe.
Plus particulièrement :
Notions d’appréciation
Types
Nombre
Occurrences
Pourcentage
Nombre
Pourcentages
Usages
an 34, temps 5, poussière 5,
manière 3, inconvénient 2,
nettoyage 2
37
27,8%
99
17,6%
26
19,5%
86
15,3%
21
15,8%
94
16,7%
18
13,5%
59
10,5%
16
12,0%
127
22,6%
11
8,3%
69
12,3%
3
2,3%
26
4,6%
1
0,8%
3
0,5%
133
100,0%
563
100,0%
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Confort
confort 69, confiance 1, plaisir
1
Qualité
qualité 46, fiabilité 10, finition
4, solidité 3, résistance 2,
robustesse 2
Esthétique
esthétique 14, forme 11,
esthétisme 11, empreinte 3,
style 2
Appréciation globale
important 33, idéal 11, rêve 9,
priorité 3, comparaison 2
Espace
espace 30, place 19, pied 4,
largeur 3, taille 2
Sécurité
sécurité 16, vitesse 9
Luxe
luxe 3
Totaux
Tableau 15 Répartition des types et occurrences de noms pour " Notions d’appréciation "
Usages est le thème qui comprend le plus de noms simples différents avec 27,8% des types du
domaine. Le thème Confort comprend également un grand nombre de types qui représentent
19,5% des types de noms simples du domaine. On retrouve ensuite les thèmes Qualité,
15,8%, Esthétique, 13,5% et Appréciation globale 12,0%. Espace, quant à lui, ne contient que
8,3% des types de noms simples alors qu’il comprend 12% des types nominaux simples et
complexes confondus (voir page précédente, Tableau 14). Nous devrions donc retrouver une
plus grande variété de types dans les UCN pour ce thème. Enfin comme pour la répartition
générale, Sécurité et Luxe sont quasiment inexistants de cette répartition.
179
La répartition des occurrences de noms simples entre les différents thèmes rappelle celle
concernant toutes les formes nominales. En effet on retrouve Appréciation globale (dont le
nombre de types n’est pas parmi les plus élevés) en 1ère position avec 22,6% des occurrences
de noms simples. Vient ensuite le thème Usages qui comprend 17,6% des occurrences de nom
simples. Seule différence notable, ici le thème Qualité présente plus d’occurrences que le
thème Confort (respectivement 16,7 et 15,3%). Les noms simples que les locuteurs ont
utilisés pour parler de Qualité l’ont donc été de façon plus massive et consensuelle que dans
le cas du thème Confort. Parmi les thèmes restant on trouve ensuite comme pour la répartition
globale, les thèmes Espace puis Esthétique, Sécurité et enfin Luxe.
Notions d’appréciation
Types
Nombre
Occurrences
Pourcentage
Nombre
Pourcentages
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Usages
côté pratique 4, coup de chiffon 1,
propreté intérieure 1, petite maison 1,
manque de cocooning 1
32
22,4%
36
21,6%
28
19,6%
30
18,0%
24
16,8%
29
17,4%
22
15,4%
22
13,2%
17
11,9%
21
12,6%
15
10,5%
24
14,4%
4
2,8%
4
2,4%
1
0,7%
1
0,6%
143
100,0%
167
100,0%
Esthétique
esthétique du véhicule extérieure 2,
esthétique
des
carrosseries
1,
nouveau concept 1, goût classique 1,
style des voitures 1
Confort
truc de confort 3, confort d’une voiture
2, aspect confortable 1, meilleur
confort 1, sens du confort 1
Espace
bon volume 1, espace petit 1,
sentiment de place 1, notion d’espace
Qualité
qualité de finition 2, truc de qualité 1,
bonne qualité 1
Appréciation globale
voiture de mes rêves 3, univers
complètement nouveau 1
Sécurité
impression de sécurité 1
Luxe
truc de luxe 1
Totaux
Tableau 16 Répartition des types et occurrences d’UCN pour "Notions d’appréciation"
La répartition des types d’UCN au sein de Notions d’appréciation diffère de celle observée
pour les types de noms simples. Si on retrouve le thème Usages comme thème comprenant le
plus d’UCN distinctes (22,4%), le thème qui le suit est le thème Esthétique avec 19,6% des
types d’UCN du domaine (28 types). Se succèdent ensuite Confort (16,8% des types), Espace
(15,4%), Qualité (11,9%) et Appréciation globale (10,4%). Enfin on retrouve Sécurité et Luxe
comme étant les deux thèmes les moins « riches » en types d’UCN (2,8% et 0,7%).
Le plus frappant ici est la faible quantité d’UCN distinctes dans le thème Qualité ajoutée à la
proportion légèrement plus importante de types d’UCN pour le thème Espace. Or dans le
180
paragraphe précédent nous avons pu observer que Qualité comprend beaucoup d’occurrences
de noms simples : on peut faire l’hypothèse que les occurrences d’UCN tout comme les types
seront quant à elles minimes. De plus nous avions fait l’hypothèse que le faible nombre de
types de noms simples dans le thème Espace serait contrebalancé par un nombre plus
important de types d’UCN, ce qui s’avère tout à fait le cas.
La répartition des occurrences d’UCN suit celle des types à une exception près : le thème
Appréciation globale contient plus d’occurrences d’UCN que Espace et Qualité alors qu’il
contient moins de types que chacun de ces 2 thèmes.
Globalement, nous voyons que dans le domaine "Notions d’appréciation", les différents
thèmes ont des poids en terme de types et d’occurrences de noms simples et formes nominales
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
complexes assez homogènes. Usages est le thème qui comprend le plus de diversité au niveau
des formes nominales simples et complexes qui le composent. Appréciation globale est le
thème qui compte le plus d’occurrences de formes nominales plus particulièrement le plus de
noms simples. Ici on peut faire l’hypothèse, comme dans le cas du thème La voiture dans
Généralités sur la voiture, que plus un thème semble faire appel à des notions générales,
intégrées, plus il est composé de noms simples. Confort apparaît ensuite, si on le compare aux
autres thèmes du domaine, comme un des plus importants que ce soit au niveau des formes
nominales simples et complexes. Pour Qualité et Esthétique on observe des répartitions
inversées : Qualité compte de nombreux noms simples en diversité et en quantité alors que
pour Esthétique, on a pu remarquer qu’un grand nombre de types et d’occurrences d’UCN.
Répartition des formes nominales dans le domaine Notions d’appréciation :
Une grande diversité de notions d’appréciations dont les plus importantes restent usages, confort,
appréciation globale, qualité et esthétique.
Il y a peu de formes nominales pour parler de ces notions. Elles sont en grande majorité des
noms. Le confort est le thème où le plus de diversité est rencontré. Inversement le thème
Appréciation globale reste très consensuel (peu de diversité et occurrences importantes). La
qualité est plus exprimée par des noms alors que l’esthétique l’est plus par des formes complexes.
181
1.7. Associations thématiques
Certaines UCN (20,1% des types et 17,6% des occurrences d’UCN totales dans le corpus) ont
été traitées séparément de celles constituant les différents domaines thématiques et thèmes à
l’intérieur de ces domaines10. Au sein de chacune de ces UCN, différents thèmes sont
instanciés. Il a donc semblé préférable de les étudier à part en tant qu’associations
thématiques. En effet, une association thématique peut découler de l’association syntaxique
d’un nom tête à un ou plusieurs noms/adjectifs (et autres expansions plus complexes). Ainsi
dans l’UCN volant en cuir rouge, le sujet S6 s’exprime quant à un élément de l’habitacle
qu’il spécifie en donnant des caractéristiques de matière et aussi de couleur. Ici trois
thèmes sont associés : Eléments de la voiture, Couleur&Lumière et Matière&Texture. On
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
peut remarquer que parmi ces trois thèmes, deux appartiennent au même domaine et le
troisième à un domaine distinct : ces associations peuvent être entre thèmes du même
domaine ou entre thèmes de domaines différents. Elles peuvent être entre deux thèmes, mais
également multiples comme c’est le cas pour volant en cuir rouge.
Enfin ces associations ne sont pas totalement symétriques : pour volant en cuir rouge,
marron moucheté, ou confort du siège les statuts sémantiques des noms volant, cuir, marron,
confort et siège ne sont pas identiques. Dans les deux premiers cas, avec des procédés
morphosyntaxiques différents, volant et marron qui sont les noms tête du groupe nominal sont
spécifiés sont par une expansion nominale prépositionnelle soit par un adjectif construit sur
un verbe. Pour confort du siège, le nom tête du syntagme nominal est confort même si c’est
bien le siège qui est ainsi qualifié, jugé … sur ses attributs de confort.
Il a donc été nécessaire de mettre en évidence lequel parmi les thèmes associés au sein
d’une UCN l’était de par le nom tête et le(s)quel(s) l’étai(en)t par les expansions. Pour obtenir
un compte de toutes ces associations une matrice11 a été construite. Chacune des UCN
contenant une association entre deux thèmes a été comptabilisée dans cette matrice. En réalité
nous avons construit deux matrices similaires l’une comptabilisant les types d’UCN
comprenant une association thématique simple entre deux thèmes, l’autre comptabilisant les
10
Comme pour les autres domaines, on trouve en annexe (annexe chapitre 4) un extrait des listes d’associations
thématiques isolées.
11
Fonctionnement de la matrice : en ligne et en colonne se trouvent chacun des thèmes. En ligne se trouvent les
thèmes introduits par le N tête, en colonnes les thèmes introduits par l’expansion nominale, adjectivale,
prépositionnelle … le nombre d’associations thématiques entre deux thèmes est donc inscrit dans les cases
correspondantes. A remarquer qu’entre deux thèmes a et b, deux cases de la matrice sont importantes : celle qui
va donner le nombre d’occurrences ou de types d’UCN comprenant l’association axb (avec le thème a introduit
par le nom tête et le thème b par l’expansion quelle qu’elle soit) et réciproquement celle qui donnera le nombre
d’occurrences ou de types d’UCN comprenant l’association bxa (où b est le thème porté par le nom tête).
182
occurrences de ces UCN. Les autres UCN (minoritaires : 13 types, 14 occurrences)
comprenant des associations thématiques multiples ont été répertoriées à part. Seuls les
résultats issus de la matrice des occurrences seront commentés car les deux sont très
similaires du fait du nombre très important d’hapax dans les UCN et dans celles-ci en
particulier.
1.7.1. Domaines thématiques et thèmes présents dans les associations
thématiques
Nous présentons deux tableaux récapitulatifs issus de cette matrice, l’un concernant les
thèmes introduits par les N tête (le Tableau 17), et l’autre (le Tableau 18), les thèmes
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
introduits par l’expansion. Sont aussi comptées dans ces tableaux les associations multiples.
183
occurrences
par thème
pourcentage
97
33,4%
27
9,3%
17
5,9%
5
1,7%
26
9,0%
15
5,2%
11
3,8%
7
2,4%
4
1,4%
1
0,3%
0
0,0%
43
14,8%
3
1,0%
La voiture
0
0,0%
Circonstances d’usage
Qualité
qualité des tissus 3, qualité de la musique
1, différence de qualité d’assise 1
Espace
grande largeur de la 25 1, espace arrondi 1
Confort
confort de siège 1, confort de dossier 1
Esthétique
ligne de l’Espace 1
Usages
nettoyage facile d’intérieur de voiture 1
0
0,0%
13
4,5%
9
3,1%
7
2,4%
4
1,4%
1
0,3%
0
290
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Domaine du Nom tête
Thème du Nom tête
Eléments de la voiture
vitre teintée 8, siège baquet 5, tableau de
bord en bois 1, pièce de qualité 1, siège
confortable 1, tableau de bord rouge 1
Fonctionnalités
réglage des sièges 2, commande au volant
OBJETS ET
de la radio 1, contrôle de la position du
FONCTIONNALITES
siège 1
Localisation
avancement de mon siège 1, hauteur de la
voiture 1, position de pédale 1
Objets rapportés
fleur en plastique 1
Couleur&lumière
couleur de l’intérieur 2, gris des couleurs
de la sellerie 1, lumière intérieure du
tableau de bord 1, couleur de mes sièges
1, rouge molletonné 1
Matière&texture
moumoute au volant 1, tissu du siège 1,
plastique noir rigide 1, moquette rose 1
CARACTERISTIQUES Forme
forme des sièges 1, forme de la 21 1
DES OBJETS
Kinesthésie …
ergonomie du siège 1, sensation du siège
1, forme du dos 1
Aspect global
aspect du tableau de bord 1
Caractéristiques acoustiques
ronflement du moteur
Caractéristiques thermiques
Types de voiture
voiture blanche 3, voiture de luxe 1,
véhicule mal fini 1, voiture confortable 1,
voiture avec des sièges en cuir 1
GENERALITES SUR LA
Personnes
VOITURE
passagère à l’avant 1
NOTIONS
D’APPRECIATION
Appréciation globale
TOTAL
occurrences
pourcentage
par domaine
146
50,3%
64
22,1%
46
15,9%
0,0%
34
11,7%
100,0%
290
100,0%
Tableau 17 : Thèmes introduits par les noms tête dans les associations de thèmes intra UCN
Nous pouvons observer que le domaine Objets et fonctionnalités est celui qui contient le plus
d’UCN comprenant une ou plusieurs associations thématiques sur la base des thèmes
introduits par les têtes nominales de ces UCN. Ainsi 146 occurrences d’UCN (50,3%) sur les
290 UCN portant des associations thématiques ont leur nom tête qui fait référence à l’un des 4
thèmes du domaine. On trouve également (dans une toute autre mesure) le domaine
184
Caractéristiques de l’objet avec 64 occurrences en seconde position quant au nombre
d’occurrences d’UCN dont le N tête introduit un des thèmes de ce domaine. Plus précisément
si l’on s’intéresse aux thèmes, on trouve par ordre décroissant d’importance, les thèmes
Eléments de la voiture (33,4% des occurrences d’UCN comprenant des associations
thématiques), Types de voiture (14,8%), Fonctionnalités (9,3%), Couleur&Lumière (9%), et
Localisation (5,9%) et Matière&Texture (5,2%).
On peut ici remarquer que le thème Types de voiture est le second thème par ordre
décroissant d’importance à contenir des UCN dont le nom tête fait référence à ce thème.
Excepté le thème La voiture qui n’apparaît pas comme important dans ces résultats, on
retrouve les résultats observés pour les autres UCN : à savoir que les thèmes introduits par les
têtes nominales de ces UCN sont principalement les thèmes Eléments de la voiture, Types de
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
voiture, Fonctionnalités et Couleur&Lumière, ces thèmes ressortant, dans l’analyse
thématique présentée auparavant, comme les thèmes les plus importants (au niveau du
nombre d’occurrences d’UCN) au sein de leurs domaines thématiques.
Ainsi les Eléments de la voiture et les Types de voiture au travers des UCN construites
par les sujets font l’objet de description, de caractérisation. En ce qui concerne les éléments ce
sont plus particulièrement siège et tableau de bord (nom et UCN les plus cités en tant
qu’éléments de la voiture) qui sont caractérisés. On peut faire l’hypothèse qu’en ce qui
concerne Fonctionnalités et Couleur&Lumière, ce sont plutôt eux qui caractérisent un
élément ou autre chose. Ceci devrait se retrouver dans le chapitre suivant concernant la
morphosyntaxe de ces UCN : on fait l’hypothèse que les premiers seront plus des
constructions de type Nom+Adjectif (siège large) ou Nom+en+Nom (fauteuil en cuir), alors
que les seconds seront plus des constructions de type Nom+de+Nom (couleur des sièges,
réglage du volant).
Voyons à présent avec le Tableau 18 quels sont les thèmes et domaines thématiques où l’on
retrouve les expansions nominales de ces UCN.
185
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Domaine de
l’expansion
nombre
nombre
d’occurrences pourcentage d’occurrences pourcentage
par domaine
par thème
Thème de l’expansion
Couleur&Lumière
voiture blanche 3, ceinture noire 2, tableau de
bord avec des reflets bleus en éclairage 1,
voiture de couleur classique 1, bande rose
fluo1, lampe bleue ou verte 1
Matière&Texture
volant en cuir 2, siège souple 2, siège très
mou 1, siège en tissu 1, intérieur bois velours
cuir 1, truc de vitesse en plexiglas 1
Kinesthésie …
CARACTERISTIQUE
siège baquet 5, forme des sièges plus ou
DES OBJETS
moins enveloppante 1, réglage des lombaires
des passagers 1
Forme
voiture en pointe 1, espace arrondi 1
Caractéristiques acoustiques
Voiture hyper silencieuse 1
Caractéristiques thermiques
Matière chaude 1
Aspect global
intérieur complètement épuré 1
Eléments de la voiture
réglage des sièges 2, commande au volant 2,
maniement du volant 1, hauteur de siège 1,
couleur du tableau de bord 1, revêtement des
sièges 1, forme des sièges plus ou moins
enveloppante 1
OBJETS ET
Localisation
FONCTIONNALITES porte arrière 2, poignée en haut de la porte 1,
voiture surélevée 1, affichage central 1
Fonctionnalités
lunette dégivrante 1, siège rabattable à
l’arrière 1, bouton de ventilation 1
Objets rapportés
emplacement pour bouteille 1
Espace
voiture spacieuse 2, grand coffre , 2véhicule
beaucoup plus petit 1
Usages
matériau lavable 1, accès pratique 1
Qualité
NOTIONS
D’APPRECIATION minimum de tenue 1, voiture de haute qualité
1
Confort
siège confortable 1
Appréciation globale
Esthétique
Types de voiture
tableau de bord d’un monospace 1
GENERALITES SUR Personnes
tenue du pilote et des passagers 1
LA VOITURE
La voiture
Circonstances d’usage
12
TOTAL
54
17,7%
42
13,8%
19
6,2%
12
3,9%
5
1,6%
2
0,7%
1
0,3%
75
24,6%
29
9,5%
19
6,2%
2
0,7%
17
5,6%
10
3,3%
6
2,0%
3
1,0%
0
0,0%
0
0,0%
5
1,6%
4
1,3%
0
0,0%
0
305
135
44,3%
125
41,0%
36
11,8%
0,0%
9
3,0%
100,0%
305
100,0%
Tableau 18 : Thèmes introduits par les expansions dans les associations de thèmes intra UCN
12
Les totaux d’occurrences sont différents de ceux observés pour les noms tête car les associations thématiques
multiples sont aussi prises en compte. Une UCN d’occurrence 1 comprenant une association multiple, telle que
siège en skaï noir, va entraîner l’ajout d’1 occurrence dans le thème supporté par le nom tête (dans le Tableau
17) Eléments mais elle va également entraîner l’ajout d’1 occurrence dans Matière&texture et 1 autre dans
Couleur&lumière, tous deux supportés par l’expansion nominale et adjectivale prépositionnelle (dans le
Tableau 18).
186
Les domaines Caractéristiques de l’Objet et Objets et fonctionnalités sont ceux qui sont le
plus introduit par les expansions nominales de ces UCN. Ils représentent respectivement
44,3% et 41,0% des UCN comportant des associations thématiques. Contrairement aux
résultats observés pour les noms tête, ici la part des deux domaines est quasi équivalente.
Les thèmes supportés par les expansions sont par ordre décroissant d’importance :
Eléments de la voiture, Couleur&lumière, Matière&texture, Localisation, Fonctionnalités,
Kinesthésie, Espace et Forme. Trois thèmes se détachent en plus par rapport au Tableau 17:
Matière&texture, Kinesthésie ainsi que Espace. Inversement, toujours par rapport à ce que
nous avions observé pour les têtes nominales, le thème Types de voiture ne fait plus partie des
thèmes les plus introduit dans ces UCN.
À travers ces résultats, on peut remarquer que certains thèmes sont présents à la fois
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
dans les têtes nominales et dans les expansions à l’instar de Eléments de la voiture. Lorsqu’il
s’agit du thème de la tête c’est une caractérisation et/ou une qualification de l’élément qui fait
suite avec l’expansion (on s’attend ici à une expansion de type adjectivale comme par
exemple lunette dégivrante). Mais quand Eléments est le thème de l’expansion, on a alors
affaire dans la plupart des cas à une UCN qui réfère à une « partie de » cet élément (et
l’expansion sera prépositionnelle nominale, exemple : hauteur de siège). Nous verrons dans le
paragraphe consacré à la morphosyntaxe de ces UCN de manière plus précise quels sont les
indices en langue de ces statuts sémantiques différents.
D’autres thèmes au contraire sont plus spécifiques à une position en tête ou en
expansion. Ainsi les thèmes du domaine Caractéristiques de l’objet sont dans l’ensemble plus
consacrés aux expansions nominales, ce à quoi nous pouvions nous attendre dans la mesure
où leur rôle est de spécifier l’élément, la fonctionnalité en tête du syntagme produit par les
locuteurs. Seul Couleur&Lumière est à la fois présent en tête et en expansion (mais deux fois
plus présent dans les expansions). Nous pouvons faire l’hypothèse que la couleur plus
objectivée par les locuteurs va être à ce titre qualifiée (bleu métallisé) mais peut aussi être
considérée comme une « partie de » (couleur du plastique), propriété de la matière ou de
l’élément.
1.7.2. Thèmes associés au sein des UCN
Le Tableau 19 présente les associations entre deux thèmes les plus fréquentes (supérieures à
10 occurrences d’UCN) ainsi que les pourcentages qu’elles représentent par rapport à
l’ensemble des associations simples (entre deux thèmes uniquement).
187
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Associations occ>10
Nombre d’occurrences
Pourcentages
ElémentsxCouleur&Lumière
siège mauve
ElémentsxMatière&Texture
truc de vitesse en plexiglas
ElémentsxLocalisation
poignée en haut de la porte
FonctionnalitésxEléments
maniement du volant
LocalisationxEléments
avancement du siège
Types
de
voitures
x
Couleur&Lumière
voiture jaune
Couleur&LumièrexEléments
couleur du tableau de bord
ElémentsxFonctionnalités
siège bien réglable
24
8,7%
22
8,0%
19
6,9%
14
5,1%
14
5,1%
13
4,7%
12
4,4%
10
3,6%
Total autres associations
147
53,5%
TOTAL ASSOCIATIONS
275
100,0%
Tableau 19 : Thèmes les plus fréquemment associés au sein des UCN
Ce que nous pouvons observer dans ce dernier tableau confirme les résultats précédents : les
thèmes faisant le plus fréquemment l’objet d’association thématiques internes aux UCN sont
Eléments de la voiture, Couleur&Lumière, Matière&Texture, Localisation, Fonctionnalité et
Types de voitures.
Seul Types de voiture n’apparaît qu’en tête (parmi les associations thématiques
comprenant plus de 10 occurrences). Réciproquement, seul Matière&Texture n’apparaît que
dans l’expansion.
Tous les autres thèmes cités peuvent occuper les deux places. Néanmoins les
associations privilégiées ont comme thème de tête Eléments de la voiture et comme expansion
Couleur&Lumière (24 occ.! 8,7%), Matière&Texture (22 occ.! 8%) et Localisation (19
occ.! 6,9%). On retrouve ici des constructions nominales complexes mettant en avant la
spécification et la caractérisation des Eléments de la voiture, le plus grand nombre de ces
associations faisant référence au siège (25 occ) ainsi (en proportion beaucoup plus faible)
qu’au tableau de bord (6 occ.).
Lorsque Eléments est le thème de l’expansion, le thème placé en tête est soit
Fonctionnalité, Localisation ou Couleur&Lumière (notons que les associations inverses sont
aussi présentes parmi celles qui comptent plus de 10 occurrences). Localisation et
Fonctionnalité sont présentes de manière quasi égale en tête ou en expansion et toujours avec
le thème éléments. Quant à Couleur&Lumière, il est associé à Eléments et à Types de voiture
mais sa présence en tête est 3 fois moins importante qu’en expansion.
188
Ceci confirme ce que nous avions vu auparavant : Couleur&Lumière est le seul thème du
domaine Caractéristiques des objets à être parfois en tête d’associations thématiques. Ceci est
le reflet d’une certaine objectivation de la couleur (à nuancer par le fait que cette présence en
tête est surtout possible avec le thème Eléments en expansion : cela reste une caractérisation).
Cette objectivation se retrouve pour les thèmes Localisation et Fonctionnalité. Elle peut être
mise en évidence par des indices linguistiques : avancement dans avancement du siège et
maniement dans maniement du volant sont tous deux des noms déverbaux. Cette lexicalisation
nominale met en perspective le mécanisme d’objectivation de l’action décrite par les
locuteurs : elle devient plus générique (et généralisable), plus stable et plus abstraite.
Associations thématiques :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Les associations thématiques au sein des UCN sont un premier indice des relations entre les
différents thèmes et éléments de l’habitacle. Les thèmes les plus souvent associés à d’autres sont
les thèmes Eléments, Types de voiture, Fonctionnalités, Couleur&lumière, Matière&texture. Les
associations privilégiées sont entre Eléments et Couleur&Lumière, et entre Eléments et
Matière&Texture. L’association Eléments x Couleur&Lumière décrit surtout le tableau de bord
alors que l’association Eléments x Matière&Texture décrit en majorité le siège. Le type
d’association et la place du thème dans l’UCN (en tête ou en expansion) nous renseignent sur la
relation entre les deux thèmes (partie de, spécification …). En effet la plupart des caractéristiques
ont un statut de qualification de l’objet mais certaines (colorées, lumineuses ou fonctionnelles)
ont un statut d’objectivité plus important.
1.8. Synthèse de l’analyse thématique
L’analyse thématique nous a permis d’identifier :
Un discours sur l’automobile (1er domaine : Généralités sur la voiture) qui est situé par rapport à
des types de voiture et des usages et circonstances particulières que les sujets ont besoin de citer.
Un discours en grande partie de description des différents éléments de la voiture (ainsi que ceux
que l’on ajoute), en eux-mêmes mais aussi par rapport à leurs fonctionnalités et à la position qu’ils
occupent les uns par rapport aux autres ;
La description se fait au travers des caractéristiques kinesthésiques, visuelles et tactiles en priorité
de ces éléments.
189
On peut voir ici l’importance de l’expression de la modalité visuelle dans le discours des sujets à
propos de l’habitacle et de son appréciation (caractéristiques de couleur & lumière, matière et
texture, forme et kinesthésie, notions d’espace) mais cette modalité visuelle n’est pas décrite
« simplement » par des caractéristiques visuelles objectives (telles que propriétés colorées,
lumineuses, de texture …). Elle est surtout inscrite en discours au travers d’interactions entre le
sujet percevant (ici se remémorant) et les objets perceptifs (thème kinesthésie et notion d’espace).
Enfin les sujets s’expriment quant à leur appréciation des intérieurs par rapport à des notions
telles que le confort ou la qualité.
Les associations thématiques exprimées par les sujets au niveau des formes nominales dénotent
de relations fortes entre Types de voiture, Eléments de la voiture et Caractéristiques de Couleur
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
et lumière, Matière et texture et Fonctionnalité. Les éléments siège et tableau de bord ressortent
comme étant les plus en interaction avec le reste de l’habitacle. Certaines caractéristiques telles
que la couleur semblent être posées à travers le discours comme des objets à part entière.
Les formes nominales sont très utilisées par les locuteurs pour faire référence à l’habitacle et en
décrire ses caractéristiques. L’utilisation de formes nominales simples, noms, et complexes, UCN,
est différente. Les formes simples sont utilisées pour faire référence à des objets plus stables et
consensuels alors que les unités complexes nominales sont construites pour décrire de manière
spécifique et propre aux locuteurs les éléments dont ils parlent et qu’ils jugent.
A présent que les principaux thèmes dont parlent les usagers dans leurs discours de mémoire
ont été identifiés à partir de l’analyse lexicale des noms et des UCN identifiés par Nomino, il
est nécessaire de valider ces thématiques en analysant l’inscription morphosyntaxique de ces
formes. Cela nous permettra également de mieux comprendre le rapport du locuteur à ces
thématiques.
190
2. Analyse morphosyntaxique
2.1. Répartition des différentes catégories syntaxiques au sein des
corpus
Nous présentons ici les comptes de types, d’occurrences et d’hapax de chacune des catégories
syntaxiques présentes dans le corpus (voir annexes chapitre 4, tableaux n°4 et 5). Ces
proportions pour chaque locuteur étant plus ou moins équivalentes (on observe de façon
globale une homogénéité entre les différents sujets), la Figure 1 présente les proportions de
types (à gauche) et d’occurrences (à droite) produites par l’ensemble des locuteurs classées
dans les catégories syntaxiques décrites précédemment : Noms, unités complexes nominales,
adjectifs et verbes. On observe une quantité importante de noms et d’UCN différents, ce qui
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
peut être considéré comme un premier indice du caractère spécifique des discours recueillis.
Les types selon les catégories
syntaxiques
verbes
19%
ucn
32%
Les occurrences selon les catégories
syntaxiques
adj
9%
adj
15%
noms
27%
noms
34%
verbes
57%
ucn
7%
Figure 1 : Proportions de types et d’occurrences produits selon les catégories syntaxiques
Concernant les proportions d’occurrences, on peut remarquer que les verbes dont les types ne
représentent que 19,3% du total des types, représentent 57% des occurrences. Parmi ces
verbes, un nombre restreint est donc utilisé de façon prépondérante par l’ensemble des
locuteurs. Inversement les UCN, dont les types représentent près du tiers du total des types, ne
représentent que 7% du nombre total d’occurrences présentes dans le corpus. Les locuteurs
ont utilisé et produit un grand nombre de types nominaux simples et complexes. Parmi ceuxci les noms simples sont utilisés fréquemment au vu de la proportion d’occurrences (27%)
mais les UCN sont quant à elles utilisées de manière spécifique, originale et de façon
beaucoup moins fréquente. Ceci a déjà été mis en évidence dans le cadre de l’analyse
thématique et se confirme ici.
191
Les résultats présentés dans la Figure 2 et dans la Figure 3 affinent ces analyses. On peut y
observer les proportions d’hapax répartis dans les différentes catégories syntaxiques.
Les hapax dans les catégories
syntaxiques
adj
11%
verbes
13%
noms
28%
ucn
48%
Figure 2 : proportions d’hapax présents dans chacune des catégories syntaxiques
On remarque alors que près de la moitié des types produits une fois par un locuteur sont des
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
UCN. De plus si on regroupe UCN et Noms en syntagmes nominaux, les hapax en relevant
représentent 75,7% du nombre total d’hapax. Ainsi comme nous l’avions déjà remarqué à
propos des types d’UCN, la présence d’hapax en majorité dans les UCN et les noms, met en
évidence des types peu voire pas partagés par l’ensemble des locuteurs, très spécifiques et
originaux. Ceci a déjà été mis en évidence dans l’analyse thématique.
proportions d'hapax dans les catégories
syntaxiques par rapport aux occurrences
proportions d'hapax dans les catégories
syntaxiques par rapport aux types
100,0%
80,0%
80,0%
60,0%
60,0%
40,0%
40,0%
20,0%
20,0%
0,0%
0,0%
ucn
adj
noms
verbes
ucn
adj
noms
verbes
Figure 3 : proportions d’hapax dans les différentes catégories syntaxiques par rapport aux types et aux
occurrences
Enfin, l’observation de la Figure 3, nous permet de voir de façon plus spécifique le rapport
entre hapax et types, et entre hapax et occurrences au sein de chaque catégorie syntaxique.
Pour les adjectifs, les noms et les verbes, si les hapax représentent environ la moitié
des types produit par les locuteurs (respectivement 52,5%, 49,2% et 42,8%), ils ne
représentent jamais plus de 15% des occurrences. Mais dans le cas des UCN, les hapax
représentent 87,1% des types et 68,3% des occurrences. Ces derniers résultats nous montrent
192
qu’il sera nécessaire dans les analyses suivantes de considérer les UCN dans leur totalité alors
que nous pourrons nous concentrer (surtout dans le cas des noms et des verbes) sur les types
d’occurrences supérieures à 1. Nous pouvons aussi remarquer que dans ce contexte (UCN très
spécifiques, peu consensuelles et partagées par les locuteurs), une UCN produite à plusieurs
reprises par plusieurs locuteurs aura beaucoup de poids.
Le tableau ci-dessous synthétise ces résultats.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Catégories
syntaxiques
Types Occurrences Hapax
Noms
++
++
+
UCN
++
-
+++
Adjectifs
+
-
+
Verbes
+
+++
-
Statut
Variété des noms conjuguée à la généricité de
certains (peu d’hapax). Partage de la référence
Diversité, originalité, pas de partage stabilisé
en langue de la référence
moins
utilisés,
diversité
et
nombre
équivalents. Peu d’hapax : consensus ?
Partage de la référence : consensus sur les
verbes utilisés et redondance
Tableau 20 : Synthèse de la répartition des catégories syntaxiques dans le corpus
Synthèse de la répartition des catégories syntaxiques dans le corpus
Les discours produits par les locuteurs sont des discours partagés, consensuels ce que nous
montre la grande quantité partagée, répétée de formes verbales et nominales simples. Ce sont
néanmoins également des discours originaux en ce sens qu’ils présentent de nombreuses formes
nominales complexes singulières et de nombreux hapax non seulement au sein des formes
nominales complexes mais dans les autres catégories.
Il est donc nécessaire d’analyser ces différentes catégories syntaxiques avec différentes clés.
Nous présentons successivement l’analyse morphosyntaxique réalisée pour les formes
nominales simples et complexes produites par les locuteurs, puis l’analyse des adjectifs à la
fois sémantique et morphologique. Enfin est présentée une première analyse des verbes
centrée sur les verbes de modalité, de jugement, d’effet et de perception ainsi que les
principaux résultats concernant la répartition entre marques de la personne individuelles et
collectives. Les résultats que nous allons présenter résultent de l’analyse des corpus pris dans
leur ensemble. Des spécificités individuelles existent néanmoins ce que nous verrons au cours
de la discussion des résultats.
193
2.2. Formes nominales simples et complexes
Nous allons à présent étudier la composition morphologique et syntaxique des noms et UCN
compris dans les différents domaines.
5 classes de noms sont distinguées :
! Les noms simples
!
Les noms construits par la morphologie : dénominaux, déverbaux, désadjectivaux
! Les noms propres
! Les noms dérivés et/ou empruntés à d’autres langues
! Les sigles.
Et 3 classes d’UCN (formes nominales construites par la syntaxe) :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
! La classe des nom+adjectif subdivisées en adjectif+nom et nom+adjectif
! La
classe
des
nom+préposition+nom
subdivisées
en
nom+de+nom
et
nom+préposition*+nom (préposition* signifie toute préposition autre que DE)
! La classe des nom+nom
! La classe des noms composés déverbal-dénominal
Notre principal intérêt concernant ces différentes unités nominales réside sur l’hypothèse
qu’elles dénotent de modes de référenciation en discours différents (stabilité et consensus
autour de la référence pour les noms simples, originalité et absence de consensus pour les
UCN, processus en cours de lexicalisation des noms construits) et vont donc au travers des
objets qu’elles désignent nous renseigner sur leur statut « cognitif ».
Voici dans un premier temps un graphique présentant la répartition globale des différentes
catégories nominales présentées ci-dessus dans le corpus des entretiens sur les représentations
de l’habitacle en mémoire.
194
Figure 4: répartition des différentes catégories nominales dans le corpus total
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
On retrouve ici un résultat déjà mis en évidence dans l’analyse thématique : 61% des types
sont des UCN et 71,7% des occurrences sont des noms. Outre ce premier résultat qui permet
de montrer encore une fois la stabilité et le partage consensuel des noms par les locuteurs
opposés à la diversité et la spécificité des UCN, nous pouvons voir ici que :
Les types sont répartis de manière relativement homogène entre trois classes : les
noms simples (25,8%), les UCN adjectivales (29,6%) et les UCN prépositionnelles (26,4%).
C’est à dire que la diversité des formes nominales est surtout représentée par ces 3 classes.
Dans le cas des noms elle vient du fait de la diversité des noms en langue, dans le cas des
deux classes d’UCN, elle est le fait des locuteurs et de leurs constructions en discours d’unités
complexes faisant sens.
Près de la moitié des occurrences de formes nominales du corpus sont des noms
simples. Le reste est surtout réparti entre les deux classes majeures d’UCN (adjectivale et
prépositionnelle) et les noms construits.
L’apparition de cette autre classe parmi celles comprenant un nombre important
d’occurrences est intéressant à deux niveaux : d’une part elle marque l’importance des noms
construits dans le corpus (il nous faut alors identifier les modes privilégiés de construction
morphologique de ces noms pour pouvoir en inférer sur le statut du discours produit par les
locuteurs), d’autre part en regard des proportions de types où elle n’apparaissait pas comme
élément majeur dans la répartition (4ème rang avec 9,5%) elle est dans le cas des occurrences
au second rang derrière les noms simples avec 15,1% des occurrences totales de formes
nominales du corpus : ces noms construits, dénotant d’un processus de lexicalisation certes
195
déjà bien avancé, sont eux aussi bien stabilisés et utilisés de manière assez consensuelle
semble t-il.
Les deux tableaux suivants (Tableau 21 et Tableau 22) présentent la répartition des formes
dans les catégories nominales selon les domaines thématiques. Le Tableau 21 propose pour
chacune des catégories les nombres de types présents dans chaque domaine. A droite du
nombre de types figure le pourcentage correspondant calculé par rapport au nombre total de
types de formes nominales du domaine. De plus nous avons, pour chaque catégorie nominale
et au sein de chacune pour chaque sous catégorie, donné dans la première colonne des
exemples tirés du corpus. Le Tableau 22 présente quant à lui la même répartition mais au
niveau des nombres et pourcentages d’occurrences. Ici les exemples ne sont plus indiqués.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Nous allons ainsi pouvoir remarquer quels sont les points sur lesquels la répartition est
équivalente quelque soit les domaines ainsi que les particularités de chacun.
196
GENERALITES
MORPHOLOGIE
Nom simple
voiture, qualité
Nom construit
clignotant,
essuie-glace ...
Nom Propre (marques …)
Citroën, Laguna
Emprunts
parking, gadget
Sigles
GPL
Nom+Adjectif :
Nom+Adjectif
OBJETS ...
types
%
types
161
28,0%
51
8,9%
91
49
8,5%
6
%
CARACTERISTIQUES
NOTIONS
ASSOCIATIONS
D’APPRECIATION THEMATIQUES
types
%
types
%
types
%
117
32,0%
102
37,5%
/
/
18,9%
27
7,4%
25
9,2%
/
/
2
0,4%
0
0,0%
1
0,4%
/
/
1,0%
7
1,5%
2
0,5%
1
0,4%
/
/
0
0,0%
5
1,0%
0
0,0%
0
0,0%
/
/
146
25,3%
144
29,9%
115
31,4%
72
26,5%
102
39,5%
124
21,5%
99
20,5%
85
23,2%
67
24,6%
141
54,7%
39
6,8%
19
3,9%
20
5,5%
4
1,5%
15
5,8%
576
100,0
%
482
100,0
%
366
100,0%
272
100,0%
258
100,0%
115 23,9%
porte centralisée
Nom+adverbe+Adjectif
ton plutôt sombre
Adjectif+Nom
bonne visibilité
Adverbe+Adjectif+Nom
très gros 4x4 (…)
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Nom+prép+Nom :
Nom+de+Nom
qualité de finition,
table de rangement
Nom+de+article+Nom
sensation du corps
Nom+de+pronom
personnel+Nom
véhicule de mon père
Adj+Nom+de+Nom
joli tableau de bord
Nom+préposition*+Nom
boîte à gant
Nom+préposition*+art+Nom
visibilité sur la route (…)
Nom+Nom :
Nom+Nom
vert amande,
tissu velours
Nom+Nom Propre
marque Renault
Nom Propre+Nom
406 break
Nom Propre+Nom Propre
Fiat tempra
TOTAL %
Tableau 21 : répartition des types des différentes catégories nominales selon les domaines thématiques
En ce qui concerne les types des formes nominales, on peut remarquer les catégories Nom
simple, Nom+Adjectif et Nom+préposition+Nom comme étant les 3 catégories se partageant
la majorité des types de chaque domaine (il faut noter ici que le domaine association
thématique ne rentre en jeu qu’au niveau des UCN puisqu’elles sont la condition d’existence
même de ce domaine). Les domaines Généralités, Caractéristiques et Notions d’appréciation
suivent la répartition globale présentée dans le Tableau 21, à savoir par ordre décroissant
d’importance Nom Simple, Nom+Adjectif et Nom+préposition+Nom. Pour le domaine
Objets, la répartition est différente : ce sont les types de la catégorie Nom+Adjectif qui sont
197
les plus nombreux, suivis des types de Nom simple puis des types de Nom+Préposition+Nom.
A noter également dans ce domaine une présence importante de types de noms construits
(18,3%). Enfin le « domaine » Associations Thématiques comprend plus de types d’UCN
Nom+préposition+Nom que de types d’UCN Nom+Adjectif.
En terme de diversité des formes produites, les catégories nom simple, nom+adjectif et
nom +préposition+Nom sont toutes 3 à peu près au même niveau avec une légère
prédominance des noms simples dans 3 domaines. Ce résultat nous paraît rendre parfaitement
compte des processus linguistiques et langagiers qui régissent la production de discours : la
présence d’un lexique de noms très riche (qui permet aux locuteurs un accès à une diversité
lexicale), la possibilité pour chaque locuteur de construire des unités de sens plus complexes
et spécifiques au moyen d’un noyau (ou tête) nominal et d’un adjectif ou d’une préposition et
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
d’un autre nom.
Le fait que le domaine Objets renferme davantage de diversité au niveau des UCN de
type nom+adjectif que des noms simples, peut être mis en relation avec la sémantique propre
à ce domaine. A savoir qu’il est le point central des qualifications et spécifications quant aux
objets (en terme de catégorisation de différents objets décrits par exemple) cités ainsi que
quant aux fonctionnalités proposées par ces objets. Aussi peut-on expliquer la forte présence
d’UCN comme étant le moyen choisi préférentiellement par les locuteurs pour décrire les
objets.
Enfin, la prédominance d’UCN prépositionnelles dans les associations thématiques
donnent un indice du statut particulier de ces associations : plus encore que des spécifications
et qualifications d’objets, de caractéristiques, de types de voitures, ce sont des « parties de »
qui sont désignées, des éléments qui pour être spécifiés sont localisés (au moyen de
prépositions). On trouve également des UCN dans lesquelles l’emphase n’est plus sur l’objet,
mais sur la caractéristique ou la notion d’appréciation qu’il invoque/évoque (confort du
siège). Remarquons enfin que certaines caractéristiques structurelles des objets s’expriment
en langue majoritairement par le biais de préposition : c’est le cas de la matière des objets
dont les locuteurs parlent (fauteuil en cuir moulé).
Voyons à présent si la répartition des occurrences est identique à celle des types :
198
GENERALITES
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
MORPHOLOGIE
OBJETS
CARACTERISTIQUES
NOTIONS
ASSOCIATIONS
D’APPRECIATION
THEMATIQUES
occ.
%
occ.
%
occ.
%
occ.
%
occ
%
Nom simple
905
47,5%
733
42,2%
562
60,y8%
479
66,0%
/
/
Nom construit
246
12,9%
475
27,4%
81
8,8%
78
10,7%
/
/
Nom Propre
338
17,7%
2
0,1%
0
0,0%
1
0,1%
/
/
Nom dérivé/emprunté à l’anglais
26
1,4%
57
3,3%
5
0,5%
1
0,1%
/
/
sigle
0
0,0%
16
0,9%
0
0,0%
0
0,0%
/
/
Nom+Adjectif :
Nom+Adjectif
Nom+adverbe+Adjectif
Adjectif+Nom
adverbe+Adjectif+Nom
204
10,7%
233
13,4%
149
16,1%
87
12,0%
121
41,3%
Nom+préposition+Nom :
Nom+de+Nom
Nom+de+article+Nom
Nom+de+pronom personnel+Nom
Adj+Nom+de+Nom
Nom+préposition*+Nom
Nom+préposition*+art+Nom
147
7,7%
199
11,5%
99
10,7%
75
10,3%
157
53,6%
Nom+Nom :
Nom+Nom
Nom+Nom Propre
Nom Propre+Nom
Nom Propre+Nom Propre
39
2,0%
21
1,2%
28
3,0%
5
0,7%
15
5,1%
924
100,0%
726
100,0%
293
100,0%
1905 100,0% 1736 100,0%
TOTAL
Tableau 22 : Répartition des occurrences des différentes catégories nominales selon les domaines
thématiques
Les domaines Caractéristiques et Notions d’appréciation suivent la même répartition que
celle des types à savoir que plus de 60% des occurrences de ces domaines sont des Noms
simples. Le reste est réparti entre les UCN Nom+Adjectif (16,1 et 12%) et les UCN
Nom+préposition+Nom. On retrouve ici le résultat classique : beaucoup de diversité mais
aussi de partage et de consensus au niveau des noms simples tandis que les UCN, si elles sont
présentes en terme de diversité, ne représentent qu’une faible quantité d’occurrences et sont
peu partagées, très spécifiques (rappelons que les comptes sur lesquels nous nous basons ne
prennent pas en considération les hapax pour les noms mais les prennent pour les UCN).
Les thèmes Objets et Généralités se démarquent des résultats de Notions et de
Caractéristiques comme dans le cas des types. Pour ces deux domaines les Noms simples
représentent moins de la moitié des occurrences du domaine concerné. Ils sont relayés pour
Généralités par les noms propres (marques et noms de modèle de voiture), ainsi que par les
noms construits de type déverbaux et dénominaux et les UCN de type adjectival. Pour le
domaine Objets, ce sont les noms construits déverbaux et les noms composés
déverbaux+dénominaux (ces deux classes expriment ici le plus souvent la fonctionnalité de
199
l’objet) qui représentent plus du quart des occurrences du domaine, on retrouve ensuite les
UCN de type adjectival et de type prépositionnel. Ces résultats sont tout à fait concordants
avec les résultats concernant les types.
A l’écart des autres domaines puisqu’il ne contient pas de noms, le domaine
associations thématiques a toujours une configuration très spécifique. Ce sont encore une fois
les UCN de type prépositionnel qui sont plus présentes que les UCN adjectivales.
Dernière remarque : bien que ne représentant qu’entre 0,7% et 5,1% des occurrences, la
catégorie Nom+Nom est surtout présente (en comparant les différents domaines) dans les
domaines Généralités et Caractéristiques. Pour Généralités cela s’explique par le phénomène
de dénomination des types de voiture (voiture diesel 1, voiture sport 1, voiture voyage 1) ou
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
des modèles (Nmarque+Nmodèle ou Ntype+Nmodèle). Ex : Renault Laguna 1, ZX avantage
1, 4x4 BM 1.
Pour Caractéristiques, il s’agit plus particulièrement d’un phénomène touchant le
thème Couleur&Lumière13, et au sein de celui-ci, la désignation des couleurs. Le premier
nom, tête de l’UCN est un terme de couleur et le second un objet référence, « source »,
permettant d’identifier la couleur ainsi désignée. Ex : bleu marine 6, vert amande 1, vert
salade 1, jaune poussin 1.
Synthèse morphosyntaxe des formes nominales
L’analyse des formes nominales simples et complexes a permis de vérifier la pertinence des
distinctions entre thématiques réalisées dans l’analyse thématique. Les procédés morphologiques
et syntaxiques sont différents selon les domaines. Ils sont parfois partagés (présence de noms
simples génériques dans tous les domaines) et parfois spécifiques à certains (noms déverbaux
pour fonctionnalités, éléments et circonstances d’usage).
2.3. Adjectifs
463 adjectifs14 attributs représentant 1930 occurrences ont été mis en évidence dans le corpus.
Les UCN comprenant des adjectifs épithètes sont elles au nombre de 691 et représentent 914
occurrences. A remarquer ici que les deux comptes ne sont pas réellement comparables : dans
un cas ce sont les adjectifs qui sont pris comme unité, dans l’autre ce sont chaque UCN
13
et plus rarement Matière&Texture : intérieur bois velours cuir , S9
En annexe (du chapitre 4) figurent des extraits des listes d’adjectifs classés selon l’axe sémantique auquel ils
réfèrent et leur construction morphologique.
14
200
comprenant un adjectif. Aussi, dans le Tableau 23, ce sont réellement les types distincts
épithètes et attributs d’adjectifs qui sont comparées ainsi que leurs occurrences d’apparition.
Adjectifs
types
occurrences
hapax
épithètes
274
994
127
attributs
463
1930
225
Tableau 23 : répartition des adjectifs épithètes et attributs.
Ces adjectifs ont été analysés à 2 niveaux : d’un point de vue sémantique ce par rapport au
type de discours qu’ils qualifient, spécifient et d’un point de vue morphologique en
considérant les adjectifs simples stabilisés en langue et ceux morphologiquement construits
dont il est possible de dire à partir de quel autre mot appartenant à quelle catégorie syntaxique
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
ils ont été constitués en langue. Ces différences morphologiques sont considérées comme des
indices de statut différent des objets dénotés, qualifiés. Ces deux analyses ont été couplées.
Au niveau sémantique, 3 axes sont distingués : Description, Jugement et Effet. Le choix de
ces axes découle en partie de l’analyse des formes nominales mais également des études
antérieures existantes en littérature (cf. par ex. David, 2000).
On retrouve au sein de Description des thématiques déjà mises en évidence dans
l’analyse sémantique des formes nominales : Couleur et lumière, Forme, Matière et texture,
Kinesthésie,
Thermique,
Acoustique,
Espace,
Fonctionnalités,
ainsi
qu’une
autre
« thématique » propre aux adjectifs, appelée ici Comparaison, qui renferme toutes les formes
adjectivales permettant aux locuteurs d’effectuer des comparaisons entre les objets et/ou les
qualités des objets.
Dans l’axe Jugement, certaines des notions d’appréciation telles que Qualité, Confort,
Esthétique, sont exprimées à l’aide d’adjectifs.
Enfin l’axe Effet comprend tous les adjectifs dénotant d’un effet produit sur le sujet,
ressenti sur le sujet. De manière un peu simplifiée, on peut considérer que ces effets sont
exprimés soit comme étant positifs pour le locuteur, soit négatifs.
On peut voir déjà ici apparaître quelques problèmes qui seront abordés en discussion : dans
quelle mesure la décision de placer certains thèmes dans l’axe Description plutôt que
Jugement est-elle justifiée ? Par exemple, la fonctionnalité ici est considérée comme
permettant la description des objets, leur qualification et à ce titre elle trouve sa place dans
l’axe Description. De même les adjectifs qualifiant les aspects spatiaux sont dans cet axe.
201
Pourtant la notion de fonctionnalité comme celle d’espace participe au jugement des sujets.
Ceci pose une seconde question : les axes que nous avons choisis de distinguer Description,
Jugement et Effet ont-ils des frontières bien délimitées ? Ces frontières sont-elles
« imperméables » ? Toute activité discursive de description n’est-elle pas empreinte de prises
de position du sujet par rapport à l’objet qu’il désigne (ne serait-ce que par l’angle dans lequel
il se place pour considérer l’objet) c’est-à-dire d’éléments de jugement, d’appréciation ? Un
jugement n’est-il pas la conséquence d’un effet de quelque chose sur la personne qui juge ?
Le choix opéré ici n’est donc pas arrêté mais il permet (comme au locuteur) de choisir un
point de vue pour analyser les données.
Au niveau morphologique15 sont distingués :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
! Les adjectifs simples
! Les adjectifs morphologiquement construits :
"
sur une racine verbale
"
sur une racine nominale
! Les autres adjectifs ne rentrant pas dans cette classification (empruntés ou construits
sur un mot d’un autre langue …)
Après la présentation de l’analyse sémantique, les axes « sémantiques » seront mis à
l’épreuve des critères morphologiques identifiés dans l’analyse morphologique.
2.3.1. Analyse sémantique
Le Tableau 24 présente la répartition des types, occurrences et hapax d’adjectifs attributs dans
les 3 axes précédemment décrits.
TOTAL
Description
Jugement
Effet
?
Total
TYPES
241
160
23
39
463
%
52,1%
34,6%
5,0%
8,4%
100,0%
OCCURRENCES
884
848
104
94
1930
%
45,8%
43,9%
5,4%
4,9%
100,0%
HAPAX
96
89
11
29
225
%
42,7%
39,6%
4,9%
12,9%
100,0%
Tableau 24 : répartition des adjectifs au sein des 3 axes sémantiques– types, occurrences et hapax
463 adjectifs différents sont répartis entre ces 3 axes. Parmi eux quelques-uns n’ont pu être
classés. La variété et la diversité maximale se trouve dans l’axe de Description qui comprend
52,1% des types d’adjectifs. Au sein même de cet axe les thématiques les plus représentées
15
Cf. chapitre 3.
202
(plus de 30 types distincts dans chacune) sont par ordre décroissant d’importance
Fonctionnalités, Couleur&Lumière, Espace, Matière&Texture et Forme. En voici quelques
exemples :
- Fonctionnalité : fonctionnel 7, électronique 3, réglable 3, décapotable 2
- Couleur&Lumière : gris 22, clair 13, coloré 5, bleuté 2
- Espace : immense 6, spacieux 5, dégagé 1
- Matière&Texture : dur 18, rembourré 4, cassant 2
- Forme : fin 10, arrondi 5, ovale 1
L’axe Jugement comprend une variété un peu moins importante d’adjectifs mais représente
néanmoins 34,% du nombre total de types d’adjectifs attributs. On trouve parmi les adjectifs
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
le composant : bien 131, confortable 49, beau 25, cher 14, fini 14, marrant 12, original 4,
classe 2, monotone 1, minable 1, high-tech 1.
Enfin l’axe Effet est beaucoup moins présent avec seulement 5,0% de types : agréable
52, gênant 5, embêtant 3, tentant 1.
Ces 463 types sont présents dans 1930 contextes (moyenne de 4,2 occurrences/types). L’axe
le plus important en termes d’occurrences reste Description (45,8% des occurrences). Cela
reflète l’utilisation par les locuteurs d’un grand nombre de types dont la plupart sont assez
partagés, ce qui donne lieu à un grand nombre d’occurrences également (moyenne
d’occurrences par type : 3,67)
Plus précisément les thématiques où le plus grand nombre d’occurrences est observé
sont par ordre décroissant Couleur&Lumière, Fonctionnalité, Comparaison, Espace,
Matière&Texture et Forme. On retrouve ici les thématiques qui comprennent le plus de types
à l’exception de Comparaison. Cette dernière thématique comporte en effet des formes peu
diversifiées mais qui sont très stables en langue, que chaque locuteur utilise pour établir des
comparaisons afin de mieux décrire les objets dont il parle.
Exemples :
Couleur&Lumière : gris 22, clair 13, sombre 11, bleu 10, noir 8, rouge 8, lumineux 6, coloré
5, foncé 4, anthracite 3, visible …
Fonctionnalité : pratique 23, facile 11, fonctionnel 7, utile 7, indispensable 5, intégré 4,
rudimentaire 4, automatique 3, réglable 3, démontable 2 …
Comparaison : petit 47, pareil 38, autre 15, même 7
203
Espace : grand 21, petit16 19, bas 17, haut 9, immense 6, serré 4, concentré 3
Matière&Texture : dur 18, solide 12, mou 8, costaud 6, robuste 6, souple 4, rembourré 4,
résistant 4, enfoncé 3, lisse 3
Forme : gros 11, fin 10, grand 9, large 8, petit 7, rond 6, plein 5, arrondi 5, épuré 4,
rectangulaire 2
L’axe Jugement comprend également près de la moitié des occurrences (43,9%). Ici un
nombre d’adjectifs beaucoup moins important va néanmoins représenter quasiment la même
quantité d’occurrences que pour l’axe Description. Il y a donc ici un plus grand partage et un
consensus important sur certaines formes adjectivales de jugement. Ainsi la moyenne
d’occurrences/type est la plus importante dans cet axe : 5,30.
Exemples : vrai 173, bien 131, confortable 49, important 39, beau 25, joli 17, cher 14, fini 14,
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bon 12, marrant 12, esthétique 10, génial 10, bizarre 9 , simple 9, intéressant 6 …
Enfin l’axe Effet est ici aussi très peu représenté. On retrouve néanmoins quelques formes très
partagées telles que agréable et la moyenne d’occurrences/type est plus forte que la moyenne
globale : 4,52.
Exemples : agréable 52, agressif 6, obligé 6, désagréable 5, gênant 5, chiant 4, appréciable
3, embêtant 3 …
L’examen des hapax se fera à partir des Tableau 25 et Tableau 26 présentés ci-après,
néanmoins les 2 colonnes dédiées aux hapax dans le Tableau 24 permettent de mettre en
évidence le grand nombre d’hapax présents parmi les adjectifs qui n’ont pu être classés (sur
39 types, 29 sont des hapax).
16 Comme pour les formes nominales certains adjectifs sont classés dans plusieurs thèmes selon les contextes.
Ainsi petit réfère soit à l’espace soit à la forme, (de même grand : forme et espace …), soit à la comparaison
S1-206 (…) Par contre j’aime bien l’espace. J’aime ça l’espace, le grand espace. J’en ai pas parlé mais il
compte. C’est pour ça que la TWINGO par rapport au fait qu’elle est petite, elle joue pas mal sur l’espace (…)
S13-254 Comment le le capot il est tout petit, alors le tableau de bord il rentre dedans et vraiment il est immense.
C’est vrai.
204
TOTAL
HAPAX
Description
Jugement
Effet
?
Total
96
89
11
29
225
Proportions
d’hapax /
types
39,8%
55,6%
47,8%
74,4%
48,6%
Proportions
d’hapax /
occurrences
10,9%
10,5%
10,6%
30,9%
11,7%
Tableau 25 : répartition des hapax selon les axes sémantiques, par rapport aux types et aux occurrences
TOTAL
Types sans Occurrences
hapax
sans hapax
Description
Jugement
Effet
Total
145
71
12
228
788
759
93
1640
Occ sans hapax
/ types sans
hapax
5,43
10,69
7,75
7,19
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Tableau 26 : répartition des types et occurrences sans hapax entre les axes sémantiques
La répartition des hapax par rapport à celle des types (Tableau 25) met à nouveau en évidence
la très forte proportion d’hapax parmi les adjectifs non classés, ainsi que les proportions
importantes d’hapax dans les axes Jugement et Effet (plus ou moins la moitié des formes
adjectivales). Aussi les types qui ne sont pas hapax dans ces 2 axes sont très utilisés et
reflètent un consensus important entre les locuteurs. On a donc des formes spécifiques ,
originales et non partagées par les locuteurs et quelques formes très stables. Ce qui est
confirmé par les résultats du Tableau 26 où les moyennes d’occurrences par type des axes
Jugements et Effet (sans hapax) sont très élevées.
Exemples :
Jugement : vrai 173, bien 131, confortable 49 vs affreux 1, chic 1 clinquant 1, désastreux 1,
dingue 1, extraordinaire 1, grandiose 1, morne 1, plaisant 1, pourri 1, varié 1 …
Effet : agréable 52 vs insupportable 1, astreignant 1, endormant 1, fatiguant 1, agressé 1,
douloureux 1 …
A l’inverse, pour l’axe Description, la proportion d’hapax moins importante par rapport au
nombre total de types met en évidence la présence de nombreux types (près des 2/3) dits plus
d’une fois, et, par là même, reflète un lexique plus stabilisé couplé à une grande diversité.
Ceci va se traduire par un plus grand nombre de formes partagées mais moins que celles de
Jugement ou d’Effet. Résultats retrouvés dans le Tableau 26, où la moyenne d’occurrences
sans hapax/type est de 5,4 occurrences par type seulement.
205
Exemples : épuré 4, violet 4, anthracite 3, blanc 3, bleuté 3, étriqué 3, étroit 3, latéral 3, lisse
3, lourd 3, marron 3, peint 3, raide 3 …
Plus spécifiquement, on remarque un très grand nombre d’hapax17 pour des thématiques
comme Acoustique (diminué, insonorisé, isolé, réparti) ou Kinesthésie (brinquebalé, éveillé,
imperceptible, nu, secoué) alors que Thermique (frais, aéré) et Comparaison (équivalent,
similaire) sont au contraire des thématiques où les hapax sont en très faible proportion.
L’examen de la répartition des hapax par rapport aux occurrences confirme ces interprétations
: les hapax ne représentent que peu de poids par rapport aux occurrences, ce qui manifeste que
dans chaque axe, certains types sont employés de nombreuses fois (surtout dans le cas de
Jugement où le nombre d’occurrences est très important par rapport au nombre de types).
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Seule, au sein de l’axe Description, la thématique Kinesthésie comprend beaucoup d’hapax :
il n’y a dans ce cas pas encore une grande stabilité au niveau des formes adjectivales pour en
parler.
Synthèse Analyse sémantique des adjectifs
L’axe Description est le plus représenté en terme de quantité d’adjectifs employés et le plus
diversifié. Il est en grande partie composé d’adjectifs qualifiant la couleur et la lumière des objets
dans l’habitacle et leurs fonctionnalités. L’axe Jugement présente beaucoup de diversité mais peu
d’occurrences. Seules quelques formes sont très partagées, formes consensuelles génériques (bien,
bon) ou concernant des aspects plus spécifiques à l’esthétique (beau, joli), au confort (confortable) et à
la qualité (fini). L’axe Effet est beaucoup plus faiblement représenté. Un adjectif fait l’unanimité :
agréable. Les autres sont des adjectifs peu partagés, signes de ressentis propres à chacun tout
comme l’axe Jugement où les nombreux hapax se font l’indice de jugements spécifiques.
2.3.2. Analyse morphologique
Au niveau morphologique, les adjectifs sont répartis de la manière suivante :
Formes adjectivales
Simples
Déverbales
Dénominales AUTRES formes
TOTAL
types
48,2%
35,2%
13,0%
3,7%
100,0%
occurrences
65,9%
23,1%
9,7%
1,3%
100,0%
hapax
35,6%
42,7%
16,0%
5,8%
100,0%
Tableau 27 : répartition des adjectifs attributs dans les classes morphologiques
17
Par rapport à leur nombre d’occurrence bien sûr (thèmes peu représentés par rapport à l’ensemble)
206
Les adjectifs simples représentent près de la moitié des formes adjectivales et près des deux
tiers des occurrences de ces formes. Les formes déverbales sont assez présentes puisque elles
représentent plus du tiers des types. Par contre elles sont beaucoup moins partagées que les
adjectifs simples : moins d’un quart des occurrences les concerne. Enfin les formes
dénominales représentent 13% des types et 9,7% des occurrences. Remarque : les adjectifs
qui n’ont pu être classés ne représentent qu’une infime partie des types et ont encore moins de
poids par rapport au nombre total d’occurrences d’adjectifs attributs présents dans le corpus.
Nous avons ensuite procédé à l’analyse morphologique des différentes classes sémantiques
d’adjectifs identifiées.
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2.3.3. Couplage morphologie et sémantique
Types
DESCRIPTION
JUGEMENT
EFFET
NSP
SIMPLE
DEVERB
49,0%
40,7%
58,1%
22,5%
0,0%
78,3%
30,8%
28,2%
DENOM
AUTRES
7,9%
2,5%
13,8%
5,6%
21,7%
0,0%
35,9%
5,1%
TOTAL
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
Tableau 28 : Répartition des différentes classes d’adjectifs dans chaque axe : types
La répartition dans les différentes classes morphologiques diffère selon les classes
sémantiques d’adjectifs observées.
La moitié des types d’adjectifs de Description sont des adjectifs simples. 40,7% des
autres sont dérivés de racines verbales et les 10% restant sont répartis entre formes
dénominales et autres formes. Ainsi la moitié des adjectifs de Description sont des adjectifs
simples et l’autre moitié des adjectifs déverbaux.
Adjectifs simples : grand 9, vert 7
Adjectifs déverbaux : tordu 1, collant 1
Plus précisément les formes simples apparaissent en premier lieu pour décrire,
exprimer et qualifier les thématiques Couleur & Lumière (gris, clair, sombre, bleu)18, Matière
& Texture (dur, solide, mou, costaud, souple …) ainsi que Forme (gros, grand, fin ...) et
Espace (petit, grand, haut, bas, immense) et Kinesthésie (grand, petit, droit, long). Elles sont
majoritaires dans la « thématique » Comparaison (petit, pareil, autre, même)19. Les formes
déverbales, quant à elles, expriment le plus souvent la Fonctionnalité (maniable, rabattable,
palpable, climatisé, centralisé, dégivrant), l’Espace (serré, concentré, enfermé, dégagé,
18
19
et on trouve ici entre autres les termes basiques de couleur chers à Berlin et Kay (1969).
hypothèse à discuter : phénomène bien stabilisé en langue, lexicalisation.
207
fermé), ainsi que Matière & Texture (au niveau des processus affectant la matière : enfoncé,
mouillé, collant, cassant) et Couleur & Lumière (à propos de la lumière : illuminé, irisé,
brillant, changeant) dans des proportions plus faibles. Les formes dénominales sont
uniquement employées pour exprimer la Forme (rectangulaire, fuselé, gondolé, monobloc)
ainsi que certaines Fonctionnalités (automatique, numérique, mécanique), ce qui explique
leur proportion très restreinte.
Pour les adjectifs de Jugement, la répartition est différente : près de 60% des adjectifs
sont simples (simple, content, pire, difficile, sobre), près d’un quart sont déverbaux
(intéressant, aberrant, étonné, satisfait, réussi), et 13,8% sont dénominaux (basique, familial,
harmonieux).
Les adjectifs d’Effet, quant à eux, ne comportent aucune forme simple mais presque
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
uniquement des formes déverbales (78,3% : désagréable, aveuglant, reposant), le reste étant
des formes dénominales (affectif, pénible, douloureux).
On remarque ici une différenciation forte entre les axes sur des critères morphologiques avec
à mesure que le degré de subjectivité augmente une importance croissante voire totale des
formes construites :
Description : simples+déverbaux
de l’objet
Jugement : simples+déverbaux+dénominaux
Effet : déverbaux+dénominaux
Occurrences
DESCRIPTION
JUGEMENT
EFFET
NSP
SIMPLE
DEVERB
69,6%
24,8%
70,2%
14,4%
0,0%
89,4%
66,0%
12,8%
au sujet
DENOM
AUTRES
4,9%
0,8%
13,8%
1,7%
10,6%
0,0%
17,0%
4,3%
TOTAL
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
Tableau 29 : Répartition des différentes classes d’adjectifs dans chaque axe : occurrences
Au niveau des occurrences, chaque classe sémantique possède également sa propre
spécificité :
La classe Description comprend près de 70% d’occurrences d’adjectifs simples, un quart de
formes déverbales et quelques rares occurrences de formes dénominales. En croisant ces
résultats aux précédents concernant les types, on peut remarquer que si les formes simples
sont à la fois les plus variées mais aussi les plus produites en terme de quantité (gris 22, dur
18), les formes déverbales semblent elles être peu partagées puisque représentant plus de 40%
208
des types, elles ne représentent plus que 25% des occurrences. Ce même commentaire peut
être fait à plus forte raison pour les formes dénominales. On peut également s’attendre à une
présence très forte d’hapax dans les formes morphologiquement construites de cet axe
thématique.
Les thématiques au sein de Description ne renferment encore une fois pas les mêmes
adjectifs. Ainsi certains résultats suivent la même logique que ceux observés pour les types :
les occurrences d’adjectifs simples expriment essentiellement les thématiques Couleur &
Lumière, Forme, Matière & Texture et Espace, ainsi que les procédés de Comparaison.
On observe que la thématique Kinesthésie est composée en majorité d’occurrences de
formes déverbales (assis 42, secoué 1) alors qu’au niveau de la diversité de types, ce sont les
adjectifs simples (grand 4, petit 2, droit 1, long 1) qui le composent en majorité. Ainsi on peut
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
faire l’hypothèse que ces formes simples restent marginales, spécifiques et que les formes
partagées à ce sujet par les locuteurs sont les formes déverbales, dénotant d’une action, d’une
interaction entre sujet et habitacle.
Si les adjectifs exprimant la fonctionnalité sont pour la plupart des formes construites
déverbales (plus quelques formes simples et dénominales), ceux qui sont produit en grande
quantité restent les adjectifs simples : dans ce cas le consensus semble être plus exprimé à
travers les formes simples (pratique 23, facile 11, utile 7) qui renvoie à un jugement sur la
fonctionnalité de l’objet. Ce dernier résultat suit la même configuration que pour l’axe de
Description considéré dans sa globalité : un partage des types entre adjectifs simples et
déverbaux mais un monopole des occurrences par les adjectifs simples.
Jugement comprend également un maximum d’occurrences d’adjectifs simples (70,2%) ainsi
que des proportions égales de formes construites déverbales et dénominales (14,4% et
13,8%). Les formes construites sont ici aussi moins partagées et consensuelles que les formes
simples qui paraissent de par leur grand nombre les plus stables et les plus immédiatement
« accessibles », disponibles en langue.
A noter également la présence de formes dénominales (dangereux 7, camelotique 3,
excessif 1 ) majoritairement dans l’axe Jugement, résultat à rapprocher de ceux observés pour
le domaine thématique Notions d’appréciation. En effet, les noms simples étaient les formes
les plus utilisées et partagées pour exprimer ces notions, et l’hypothèse alors formulée était
que nous trouverions d’autres indices du jugement et de l’appréciation au sein des adjectifs. Il
est alors intéressant de remarquer parmi ces adjectifs une proportion non négligeable de
formes dérivées de noms (noms présents dans le corpus également).
209
Enfin les occurrences d’adjectifs dénotant des effets produits sur les sujets sont en majorité
des adjectifs déverbaux (89,4%) ce qui confirme les résultats obtenus par rapport aux types.
Ce sont donc a priori les formes les plus stables et consensuelles pour parler des effets
produits par un objet sur un sujet. Ces interprétations seront à valider à travers l’analyse des
hapax et l’analyse spécifique des formes déverbales, afin de voir s’il existe des adjectifs
déverbaux spécifiques à la description des effets ressentis ou si c’est le procédé linguistique
morphologique en lui-même qui est spécifique.
Ici encore les axes se différencient par les types d’adjectifs les composant :
Description : simples et déverbaux
de l’objet
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Jugement : simples, déverbaux et dénominaux
Effet : déverbaux
au sujet
L’analyse des résultats concernant les hapax permet de répondre aux questions soulevées dans
le paragraphe précédent.
hapax
DESCRIPTION
JUGEMENT
EFFET
NSP
SIMPLE
DEVERB
29,2%
55,2%
51,7%
28,1%
0,0%
72,7%
20,7%
34,5%
DENOM
AUTRES
10,4%
5,2%
12,4%
7,9%
27,3%
0,0%
41,4%
3,4%
TOTAL
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
Tableau 30 : Répartition des différentes classes d’adjectifs dans chaque axe : hapax
La forte proportion d’hapax observée pour les formes déverbales de Description (irisé,
illuminé, gondolé, soutenu, diminué, saisissable …) confirme le fait que les formes déverbales
sont en effet présentes en termes de diversité dans cet axe mais qu’elles restent spécifiques et
non partagées pour une grande partie.
Pour le reste, les proportions d’hapax confirment l’analyse des proportions de types et
d’occurrences.
210
Synthèse Couplage entre Morphologie et Sémantique
Les adjectifs simples sont présents majoritairement dans deux des trois axes sémantiques,
Description et Jugement, dont nous avons fait l’hypothèse qu ‘ils structurent sémantiquement les
adjectifs de ce corpus. Ils semblent refléter les caractéristiques et qualifications les plus stabilisées
et consensuelles exprimées.
Au contraire les formes morphologiquement construites (en grande partie déverbales) sont plus
discriminantes et originales, manifestation des processus en cours de lexicalisation et des
ressources en langue française permettant l’évaluation et l’expression du ressenti par les locuteurs.
Nous opérons à présent une analyse spécifique des adjectifs déverbaux
Types
Occ.
Hapax
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2.3.4. Adjectifs déverbaux
Ø
participe passé
participe présent
_able
autres
Ø
participe passé
participe présent
_able
autres
Ø
participe passé
participe présent
_able
autres
DESCRIPTION
100,0%
70,7%
25,8%
64,7%
40,0%
100,0%
74,5%
15,3%
32,7%
61,1%
0,0%
61,4%
23,5%
65,0%
50,0%
JUGEMENT
0,0%
19,6%
32,3%
20,6%
20,0%
0,0%
18,6%
61,3%
10,9%
22,2%
0,0%
24,6%
35,3%
25,0%
0,0%
EFFET
0,0%
2,2%
38,7%
11,8%
0,0%
0,0%
3,4%
22,5%
55,5%
0,0%
0,0%
1,8%
35,3%
5,0%
0,0%
NC
0,0%
7,6%
3,2%
2,9%
40,0%
0,0%
3,4%
0,9%
0,9%
16,7%
0,0%
12,3%
5,9%
5,0%
50,0%
Tableau 31 : Répartition des types, occurrences et hapax des différentes formes déverbales entre les axes
La répartition des formes déverbales entre les différents axes permet de mettre en évidence :
! Les formes déverbales sans suffixe sont exclusivement présentes dans l’axe
Description. (lisse 3, trempe 1)
! Les formes déverbales de type participe passé sont en majorité dans l’axe Description
(assis 42, coloré 5, peint 3, incliné 1, éparpillé1, réparti 1)
! Les formes déverbales de type participe présent sont partagées entre Jugement
(maximales au niveau des occurrences : important 39, marrant 12, intéressant 6) et
Effet (maximales au niveau des types : gênant 5, chiant 4, embêtant 3, aveuglant 2,
rassurant 2, astreignant 1, endormant 1, fatigant 1, reposant 1 …).
211
! Les formes déverbales suffixées en _able sont en majorité dans l’axe Description (plus
précisément fonctionnalité) en ce qui concerne le nombre de types (indispensable 5,
réglable 3, décapotable 2, maniable 2, rabattable 2, portable 1) et en majorité dans
l’axe Effet en ce qui concerne les nombres d’occurrences (agréable 52, désagréable 5,
appréciable 3).
! La majorité des hapax de type participe passé se retrouvent dans l’axe Description,
ainsi que ceux de type _able. Les hapax de type participe présent sont surtout des
expressions du Jugement ou des Effets.
Occ.
Hapax
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Types
Adjectifs déverbaux
DESCRIPTION
1,0%
Ø
66,3%
participe passé
8,2%
participe présent
22,4%
_able
2,0%
autres
1,4%
Ø
69,4%
participe passé
7,8%
participe présent
16,4%
_able
5,0%
autres
0,0%
Ø
66,0%
participe passé
7,5%
participe présent
24,5%
_able
1,9%
autres
JUGEMENT
0,0%
50,0%
27,8%
19,4%
2,8%
0,0%
31,1%
55,7%
9,8%
3,3%
0,0%
56,0%
24,0%
20,0%
0,0%
EFFET
0,0%
11,1%
66,7%
22,2%
0,0%
0,0%
7,5%
26,9%
65,6%
0,0%
0,0%
12,5%
75,0%
12,5%
0,0%
Non Classés
0,0%
63,6%
9,1%
9,1%
18,2%
0,0%
58,3%
8,3%
8,3%
25,0%
0,0%
70,0%
10,0%
10,0%
10,0%
Tableau 32 : répartition des types, occurrences et hapax des différentes formes déverbales dans chaque
axe
La répartition des formes déverbales dans chaque axe permet de mettre en évidence que :
! L’axe Description est composé principalement d’adjectifs dérivés de participe passé
tant au niveau de la diversité des formes que du nombre d’occurrences ou d’hapax
(intégré, assisté, serré, concentré, enfermé, rembourré, enfoncé, coloré, foncé,
arrondi, épuré). Celles-ci expriment et qualifient les aspects fonctionnels, les
caractéristiques d’espace, de matière et texture, de couleur et lumière et de forme ainsi
que de kinesthésie. Pour cette dernière, un seul des 5 types participes passés est cité à
42 reprises. Il s’agit de assis, une forme très stable dénotant de la position du sujet.
Il présente également en proportion beaucoup plus faible des adjectifs suffixés
en_able. Ceux-ci expriment les fonctionnalités des objets, les actions possibles sur ces
objets (garable, réglable)
212
! L’axe Jugement est composé de formes déverbales de type participé présent (au
niveau des occurrences : important, marrant) ainsi que de participe passé (au niveau
de la diversité des types : feutré, apprécié, habitué, raffiné parfait, réussi).
! L’axe Effet est composé de participes présents et de formes suffixées en _able. Les
participes présents sont d’une grande diversité (types importants) mais peu produits
(occurrences faibles), peu partagés (hapax importants). Ces formes dénotent pour la
plupart des effets négatifs ressentis par le sujet (gênant, chiant, fatigant, …).
! Les formes suffixés en _able sont beaucoup plus partagées et consensuelles (grand
nombre d’occurrences et faible nombre d’hapax). Celles-ci dénotent d’effets le plus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
souvent positifs : agréable 52, et beaucoup plus rarement, d’effets négatifs :
désagréable 5, insupportable 1.
Synthèse Adjectifs déverbaux
L’étude des adjectifs déverbaux met en évidence 3 classes de déverbaux construit sur un participe
passé, un participe présent (_ant) ou avec le suffixe _able. Ces 3 types de déverbaux discriminent
les 3 axes : les participes passé sont présents dans l’axe Description ainsi que Jugement, les
participes présent dans l’axe Jugement (quantité) et l’axe Effet (diversité) et les adjectifs suffixés
en _able dans l’axe Effet (quantité) et dans l’axe Description (diversité). Chacune des classes
renvoie à un statut différent : le participe passé témoigne d’une action terminée, d’un processus
de transformation aboutissant à un état, le participe présent témoigne d’un effet, d’une action sur
les sujets alors que l’adjectif en _able peut soit refléter l’effet possible sur le sujet (effet), soit
l’effet possible du sujet sur l’objet (fonctionnalité).
2.3.5. Adjectifs dénominaux
Les adjectifs dénominaux comme nous l’avons vu précédemment sont présents (dans une
proportion assez faible) surtout dans les axes Jugement (confortable, esthétique, prestigieux)
et Effet (affectif, pénible). Aucune systématisation n’a pu mettre en évidence de régularité au
sein de cette catégorie d’adjectifs. Cependant un point reste intéressant et nodal pour cette
étude. Parmi tous les adjectifs dénominaux, le plus employé reste confortable (49
occurrences), et il qualifie le plus souvent l’élément siège. Cet adjectif que nous avons classé
sémantiquement dans Jugement, est un adjectif dérivé de confort mais avec un suffixe
normalement utilisé pour des dérivations de racine verbale. Or nous avons vu précédemment
213
l’importance du suffixe _able dans la description d’effets et notamment d’effets positifs sur le
sujet. Aussi sur une base morphologique (relativement) stable aurait-il été possible de ranger
cet adjectif parmi les adjectifs suffixés en _able et dans les effets20.
De plus il a déjà été évoqué le fait que l’expression de l’appréciation soit un domaine
privilégié d’utilisation de formes dénominales en ce sens qu’il fait appel à des valeurs
abstraites souvent instanciées dans des substantifs, devenues concept, objet de discours à part
entière.
2.3.6. Synthèse et conclusion
L’analyse sémantique et morphologique des adjectifs est complémentaire à celle des formes
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nominales. Elle a permis ici de mettre en évidence et confirmer l’importance des caractéristiques
descriptives de l’habitacle : Couleur&Lumière, Fonctionnalités, Matière&Texture, Forme, Espace.
Elle a fait également ressortir les processus de jugement qui sont sous tendus par des formes
simples, stables et consensuelles ainsi que des formes construites, le plus souvent sur des racines
verbales. Ces dernières sont tout particulièrement utilisées par les locuteurs pour caractériser la
fonctionnalité, les critères de jugement et la notion de ressenti, d’effet.
3. Analyse des formes verbales et des marques de la personne
3.1. Formes verbales
Dans cette analyse, plusieurs classes de verbes21 ont été distinguées (voir chapitre 3). Parmi
elles on trouve :
! Les verbes de modalité : pouvoir, falloir, devoir, vouloir
! Les verbes évidentiels : savoir, croire, connaître, penser
! Les verbes de jugement : aimer, plaire, préférer, déplaire …
! Les verbes traduisant un effet produit sur le sujet : énerver, fatiguer, attirer, …
(pouvant être considérés comme des jugements de l’effet produit)
!
Les verbes de perception (qui pourraient être considérés comme faisant partie des
verbes d’effet) : voir, regarder, sentir, entendre …
20
Ce point sera abordé dans la discussion.
Cette étude considère dans un premier temps le corpus d’un point de vue lexical et sémantique. Aussi plus que
de formes verbales nous devons ici parler de verbes.
21
214
Les classes citées ci-dessus ne représentent qu’une infime partie des verbes employés par les
locuteurs dans leur discours sur la voiture. Néanmoins ce sont ceux sur lesquels l’analyse va
se pencher. D’autre part on trouve bien évidemment les auxiliaires être et avoir ainsi que de
nombreux verbes d’action, de mouvement, de position, d’état … que nous avons regroupés
sous l’appellation autres verbes. La répartition des différents verbes (types et occurrences) est
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présentée dans le Tableau 33 ci-dessous.
verbes
être
avoir
modalité
évidentiels
perception
jugement
effets
autres verbes
total
types pourcentages
1
1
4
4
22
7
13
495
547
0,2%
0,2%
0,7%
0,7%
4,0%
1,3%
2,4%
90,5%
100,0%
occurrences pourcentages
3682
2070
715
613
499
322
55
4467
12423
29,6%
16,7%
5,8%
4,9%
4,0%
2,6%
0,4%
36,0%
100,0%
hapax
pourcentages
0
0
0
0
8
1
2
209
220
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
3,6%
0,5%
0,9%
95,0%
100,0%
Tableau 33 : Répartition des classes de verbes dans le corpus – types et occurrences
A eux seuls, être et avoir représentent 0,4% des types mais 36,3% des occurrences ; autant
que l’ensemble des autres verbes (36% des occurrences) qui représentent plus de 90% des
types.
Les verbes de perception, d’effet et de jugement représentent chacun plus d’1% des types
(respectivement 4%, 2,% et 1,3%) avec plus de 5 verbes distincts chacun. Mais le nombre
d’occurrence pour chacun de ces types de verbes est variable. Ainsi alors que verbes de
perception et verbes de jugement représentent 4% et 2,6% des occurrences, les verbes d’effet
(13 types distincts) ne comptent que 55 occurrences c’est à dire 0,4% du total d’occurrences
de formes verbales.
Les modaux et les évidentiels ne comptent quant à eux que 4 types différents chacun mais
représentent environ 5% chacun des occurrences totales.
Synthèse Répartition des classes de verbes
Ici encore à une variété et diversité des modes d’expression sous tendues par des proportions de
types importantes s’opposent une stabilité et un consensus sur des formes figées, stables et
partagées.
215
3.1.1. Verbes de modalités
Est présentée ici (Tableau 34) la répartition des occurrences des différents types au sein de la
classe des verbes de modalité.
modalité
occurrences
pourcentage
pouvoir
334
46,7%
falloir
168
23,5%
vouloir
142
19,9%
devoir
71
9,9%
total
715
100,0%
Tableau 34 : Répartition des verbes de modalité
On remarque une distribution hétérogène des verbes de modalité avec une très forte présence
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
de pouvoir, qui est le plus présent dans le corpus.
S6-208 : Si tu as, tu sais tu as des trucs c’est des boutons sur les sièges à côté, ça te bouge
ton siège mécanique, enfin c’est, tu vois, c’est une commande électronique mais c’est
mécanique après ça se fait tout seul. Enfin tu as le, tu peux te. Tu as l’inclinaison comme ça.
Bon après voilà hein. Tu me parles de la voiture de mes rêves. Tu vas faire des trucs avec, tu
t’amuses deux fois dessus et puis voilà, quoi. Tu vas payer ça quinze mille balles. Et ça a
aucun sens. Sinon euh. Je sais pas. Un truc où tu peux bien contrôler tout ce qui est
température etc. dans la voiture, après les conneries style GPS les trucs comme ça, je m’en
fous.
Il peut exprimer la capacité, la possibilité, la probabilité ainsi que l’éventualité (biblio
modaux). Dans ce corpus il semble que ce soit surtout la capacité et la possibilité d’action, de
contrôle sur les objets, qui sont surtout exprimées comme on peut le voir dans l’exemple cidessus.
On trouve ensuite falloir qui exprime l’obligation, la nécessité :
S6-76 : Donc si tu l’achètes quasiment neuve, enfin j’estime qu’au bout des 5 ans faut
quand même qu’elle soit encore euh, en bon état quoi. A l’intérieur qu’y ait pas des trucs qui
se détachent euh ...
vouloir qui exprime volonté, désir, souhait :
S8-84 :Ouais, ouais, oui si on veut faire, si on veut faire un voyage agréable il faut quand
même être installé correctement quoi. Euh...
S11-780 :ah autre chose, sur les voitures, euh qui se fait pas aussi, qui serait bien c’est de
pouvoir faire, même le siège passager, le mettre un petit peu, mettre une position où tu peux
si tu veux amener quelque chose de plus loin, un siège qui s’enlève. Tu peux enlever si tu
veux les sièges passagers arrière. Mais que tu puisses enlever également le siège passager
avant. Le siège passager avant sur aucune voiture actuellement ou euh a priori s’enlève.
Enfin je sais pas moi j’ai pas de voiture où le siège avant s’enlève hein..
S13-380 :Mon frère il en a une violette, bon ben on aurait eu un Espace violet c’est pareil.
Non de ce côté-là on n’est pas... que ma belle-sœur elle, elle est plutôt, elle choisit sa
couleur, elle choisit le tableau de bord quelle couleur qu’elle veut tout ça. Non nous on n’est
pas du tout.
216
et devoir qui peut exprimer l’obligation, le devoir (emplois les plus courants), la nécessité et
l’éventualité :
S12-224 :Si je dois partir à la montagne ça serait peut-être bien d’avoir [rires]... la ville, ben
un véhicule genre smart ,elle est pas mal. La route, ah, mercedes.
mais aussi la non certitude comme dans l’exemple ci-dessous :
S3-404 : Ah ouais pour moi c’est, je sais pas je suis petite, j’en sais rien, je. Non mais je sais
pas, je dois mal me tenir dans une voiture parce que je suis toute. Si je suis basse euh, je
vois rien. J’en sais rien, je. Oui.
On peut remarquer à travers les exemples précédents la nécessité, pour faire une analyse
poussée de ces verbes de modalité, de prendre en considération leurs interdépendances ainsi
que les verbes évidentiels (non mais je sais pas, je dois mal me tenir dans une voiture)
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souvent reliés et les marques de la personne qui y sont rattachées (si on veut faire un voyage
agréable).
Ayant mis en évidence l’importance du siège et du tableau dans l’analyse thématique, nous
avons procédé à une analyse complémentaire, afin de rendre compte du rapport des locuteurs
à ces objets. Le mode d’appréhension des verbes de modalité est le même : un repérage et un
comptage de toutes les formes modales mais cette fois-ci le repérage a été effectué sur deux
sous corpus issus du corpus entier. Ces sous corpus sont composées de toutes les portions de
discours se référant au(x) siège(s) d’une part et au tableau de bord22 d’autre part.
MODALITE
pouvoir
vouloir
falloir
devoir
total
SIEGE
TABLEAU de BORD
99
57,6%
34
70,8%
29
16,9%
3
6,3%
24
14,0%
5
10,4%
20
11,6%
6
12,5%
172 100,0%
48
100,0%
Tableau 35 : Répartition des verbes de modalité dans les extraits de corpus sur siège et tableau de bord
La répartition des différents verbes de modalités dans ces deux sous corpus est différente de
celle observée de manière globale. Dans tous les cas, pouvoir reste le verbe le plus employé
mais il est plus représenté dans les deux sous corpus que dans le corpus global surtout dans le
cas du tableau de bord.
S1- 68 : Par rapport à la couleur. Les warnings c’est une grosse boule rouge. Tu peux pas la
rater, au milieu du, au milieu du tableau de bord. Qui en plus de ça, je te dis, tu sais tu as
22
Le choix se justifie par l’importance donnée dans leur discours par tous les sujets à ces 2 éléments que ce soit
en terme de fréquence d’apparition, de diversité des désignations ou de fréquence d’association de ces éléments
à d’autres caractéristiques dans les associations thématiques.
217
qu’à mettre ta main ce que je disais tout à l’heure. Tu peux pas la rater et puis elle clignote
donc elle est marrante. Euh. Voilà.
S5-310 : Oh je sais pas. Peut-être que je peux apprécier une voiture qui sera avec des
sièges beige clair. Donc je peux pas te dire un critère de foncé pour rendre l’habitacle plus
petit. Ça dépendra, c’est vraiment tout un ensemble. C’est tel qu’il colle à l’image que je
peux me faire de la voiture et l’envie dont j’en ai au moment où je la vois.
Dans le corpus siège les 3 autres verbes modaux représentent tous environ le même poids
(entre 11 et 17%) mais c’est vouloir qui est en tête avec 29 occurrences.
S1-208 : Ouais, et ce que je veux dire c’est que toi ton espace en tant que conductrice, si tu
as personne derrière, tu as un bon siège tu peux te mettre comme tu veux. Alors que la
panda que tu sois toute seule ou 5, le siège il est. Tu sais pour une personne. Attends mais,
c’était qui. J’ai eu, une fois j’ai un, j’ai un frère à moi qui l’a conduit et tu sais le mec il fait
1m80 je te dis pas quoi. Il prend la voiture entière à lui tout seul. Et c’est pas agréable pour
moi alors je me dis que ça doit être encore agréable pour un mec, un un homme assez
costaud.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Dans le corpus tableau de bord vouloir est le moins présent (6% des occurrences de modalité)
quant à falloir et devoir, ils représentent chacun plus de 10% des occurrences.
S13-254 : Ben je sais pas, il est, il est grand. Alors déjà, euh .., devant, euh . Comment le le
capot il est tout petit, alors le tableau de bord il rentre dedans et vraiment il est immense.
C’est vrai que ça fait immense. Parce que même quand je suis assise je peux pas toucher. Il
faut vraiment que je me mette sur le tableau de bord pour toucher au fond. Pour faire les
carreaux des fois c’est .... Enfin bon.
S8-142 : [rires]. Non mais euh c’est vrai que je... Par exemple si y a quelqu’un d’assis
derrière moi euh c’est très très rare que je regarde dans le rétroviseur pour voir la personne à
qui je parle. Je, quand je conduis, alors à ce moment -là, ma voiture elle est très importante
mais quand je conduis, je, j’oublie qu’elle, j’oublie, je vais oublier qu’elle me plaît, je vais
oublier sa couleur, j’avais oublié, euh, je suis à à la conduite. Je suis rarement distraite, si je
vais être distraite par euh ce que je vais voir dehors, mais je vais pas me laisser distraire par
si ce n’est par exemple un bruit insolite euh du moteur, par e, alors là par exemple, là je suis
à l’écoute mais euh je s’, c’est pas, euh, je vais pas dire ah ben tiens y a de la poussière sur
le, sur le tableau de bord ou bien ce bouton -là y devrait pas être là y devrait être ailleurs,
ou, je vais pas euh ça ça je ferais ça quand euh je serais à l’arrêt mais si je conduis je suis
euh, je conduis et je m’occupe pas, je m’occupe pas du véhicule, euh, hormis le moteur
parce que ça oui.
Synthèse verbes de modalité
Si le possible et la capacité sont les modalités les plus exprimées par rapport aux deux éléments
« phare » de l’habitacle que nous avons identifiés, le siège et le tableau de bord, la répartition entre
l’obligation/nécessité et le souhait/volonté est différemment exprimée. Il semblerait que le siège
soit un élément avec lequel « on puisse plus faire ce qu’on veut », où des modifications sont
possibles lorsqu’on le souhaite alors que le tableau de bord doit être disposé de telle ou telle
manière, c’est à dire qu’on doit composer avec un élément immuable où on peut au maximum
souhaiter que les sous éléments qui le composent soient placés à un autre endroit.
218
3.1.2. Verbes « évidentiels »
évidentiels
savoir
penser
croire
connaître
total
occurrences
414
91
78
30
613
pourcentage
67,5%
14,8%
12,7%
4,9%
100,0%
Tableau 36 : Répartition des verbes évidentiels
Comme pour les formes verbales modales, la répartition des verbes évidentiels au sein du
corpus est très hétérogène (voir Tableau 36). C’est le verbe savoir qui apparaît le plus avec
près de 70% d’occurrences d’évidentiels, suivi de penser (14,8%) et de croire (12,7%). Enfin
connaître représente 4,9% des occurrences d’évidentiels.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
S3-152 : Oui c’était, oui c’est du simili quoi, c’est, enfin du simili oui c’est comme du plastique
quoi, qu’on, qu’on appelait ça du simili à l’époque mais bon maintenant je sais pas comment
qui z’y appellent.
S1-112 :Euh il y a le fait que, et je pense que c’est vrai que j’ai une référence de ce côté-là
c’est la TWINGO. Elle est, elle est moche de l’extérieur et à l’intérieur elle est bien faite.
S14-130 : (…) Mais moi sinon les les sièges, je je, je crois j’aimerais mieux un peu plus
heu... moi ils étaient comme ça plats et puis là un petit peu en triangle là sur les angles et
que, j’aimerais, j’aimerais assez les sièges qui qui, qui font bien la forme du dos, enfin qui
sont en presque ovale quoi, qui reviennent un peu euh.
S1-476 :Mais euh je peux même pas te dire. Tu sais il y a, euh, je peux pas te citer de
marques parce que j’y connais, j’y connais rien. Mais c’est des aspects qui sont. c’est des
grandes voitures assez spacieuses et avec une coupe, un profil de voiture qui est entre le
sportif et le. C’est même pas sportif en fait, c’est assez euh aérien comme coupe. Et y en a
qui sont très jolies de ce côté-là et tu vois c’est, c’est harmonieux. C’est c’est des coupes qui
euh, c’est pas comme avant où les courbes elles étaient cassées. (…)
Nous ajouterons ici que savoir est employé dans 63,8% à la 1ère personne du singulier à la
forme négative, exprimant le doute et l’incertitude des locuteurs face à ce qu’ils vont ou ont
affirmer.
S2-250 : Ouais. Je sais pas, être bien bien dedans. Au niveau des matériaux tout ça. Avec
un espèce d’ordinateur dedans qui dise combien de kilomètres y reste à parcourir, ou la porte
est mal fermée tout ça.
Dans la majorité des autres contextes c’est « tu sais » qui est présent (23,6%)23. Celui-ci est à
considérer comme un ponctueur. Il permet également au locuteur d’inclure l’interlocuteur
dans son discours.
S5-264 : Il est bleu marine. Avec tu sais, des petits motifs sur les sièges. Enfin, c’est pas
vraiment des motifs c’est des traits de couleur mais ça a rien de régulier comme des
flammes. Et puis c’est un peu orange rouge mais assez sombre. Ça reste toujours dans des
tons plutôt sombres
23
Et quelques occurrences de vous savez dans le cas de 2 entretiens où le vouvoiement était utilisé entre locuteur
et interlocutrice.
219
Enfin dans 12,2% des contextes, savoir apparaît à l’affirmative, le plus souvent au je,
contextes qui mettent en évidence alors le degré maximum de certitude que le locuteur
exprime.
S5-378 : Ouais je sais bien. Donc ouais voilà, mais en même temps je sais que il y a
beaucoup de gens qui sont un peu comme euh, qui sont un peu comme ça quoi. Qui aiment
bien que leur voiture soit, l’intérieur soit un petit peu agrémenté. Même s’ils le font pas. Je
sais que pour beaucoup la voiture c’est pas seulement un objet, un outil de travail. Même si
c’est moins, ils investissent moins leurs sentiments dedans.
Penser est quant à lui employé la plupart du temps à l’affirmative (91,2%) et à la première
personne du singulier (92,3%), ce qui fait état d’un discours à la 1ère personne comme nous le
verrons par la suite dans le paragraphe réservé aux marques de la personne. Il en va de même
pour croire. Enfin connaître est employé de diverses manières : au je dans 56,6% des
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
contextes d’apparition, mais aussi avec tu, on … Dans la moitié des contextes, il est à la
forme affirmative et dans l’autre à la forme négative.
Synthèse verbes « évidentiels »
Les locuteurs expriment surtout leur doute et incertitude à travers le « je sais pas » qu’on retrouve
dans 63,8% des contextes d’apparition de savoir (44,2% d’occ de tous les verbes évidentiels). On
fait l’hypothèse que cette incertitude puisse avoir un lien avec la situation de questionnement
(hors perception) et que devant une réalité perceptive il devrait y avoir moins d’incertitude
exprimée. Aussi cette classe de verbes paraît-elle primordiale à étudier dans la perspective
comparative entre discours de mémoire et discours en situation. En effet ces verbes sont à même
de donner des indices supplémentaires du positionnement des locuteurs par rapport à leur propre
discours selon leur degré de certitude. Plus précisément ils permettent essentiellement de
comprendre le rapport des locuteurs à leurs propres connaissances face à ces différentes
situations de questionnement et aux objets du questionnement.
3.1.3. Verbes de jugement
Le Tableau 37 donne une lecture des verbes de jugement mis en évidence et de leur
répartition dans le corpus global.
220
jugement
occurrences
hapax
aimer
plaire
préférer
apprécier
déplaire
adorer
botter
total
236
42
18
12
9
4
1
322
0
0
0
0
0
0
1
1
Tableau 37 : répartition des verbes de jugement
C’est le verbe aimer qui est le plus utilisé par les locuteurs pour introduire leurs préférences
ainsi que ce qu’ils n’aiment pas. Les autres verbes ont également une connotation positive à
l’exception du verbe déplaire présent très faiblement dans le corpus. De plus lorsqu’on
s’intéresse à la forme affirmative ou négative que ces verbes prennent en contexte on
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s’aperçoit que :
! Tous les verbes de jugement « positifs » : aimer, plaire, préférer, apprécier, adorer,
botter sont le plus souvent à la forme affirmative (234 formes affirmatives contre 86
formes négatives)
Ex :
S10-196 : (…) Euh et puis euh donc à l’intérieur qu’est-ce que c’est qui me? J’aime bien
quand les sièges se règlent très bien : donc en hauteur, devant, enfin vers l’avant et l’arrière,
un siège bien réglable. Euh et puis oui alors plein de petits rangements, hein oui, tant qu’à
faire et puis voilà.
S8-08 : Ben je sais pas. La voiture c’est surtout par rapport à l’utilisation que tu en as, quoi.
Moi euh, au niveau esthétique, bon y’a, j’ai des, par rapport à mon goût, y’a des, des formes
des fois qui me plaisent plus que d’autres. Euh, après au niveau performance, je m’en fous
un peu. Sinon dans la voiture, dans l’habitacle on va dire, c’est surtout pouvoir écouter euh
de la musique euh sans trop de bruits extérieurs, voilà, que ce soit en ville ou euh sur
l’autoroute. C’est sûr qu’à choisir entre une 4L ou une voiture euh plus confortable, je sais
pas avec euh la clim, des trucs comme ça. Je préfèrerais avoir une voiture euh confortable
quoi
! Le verbe déplaire est plus souvent à la forme négative, prenant alors une connotation
presque positive (6 formes négatives et assimilées24 contre 3 formes positives)
Ex :
S10-124 :je, j’ai du mal à, ouais assez, je suis assez neutre par rapport à l’esthétique. Enfin
ma voiture à l’intérieur elle me déplait pas, on va dire.
Si on compare ces résultats avec le nombre de types et d’occurrences d’adjectifs de jugements
mis en évidence dans le paragraphe précédent (Tableau 38) on remarque que :
24
Les formes affirmatives de type il n’y a rien qui me déplaise ont été comptées parmi les formes négatives.
221
jugement
ADJECTIFS
Dont déverbaux
VERBES
types
160
36
7
occurrences
848
122
322
hapax
89
25
1
Tableau 38 : Comparaison Types, Occurrences et Hapax entre adjectifs et verbes de jugement
Les adjectifs de jugement sont beaucoup plus nombreux et variés que les verbes qui restent
quant à eux très stables et consensuels (6 types représentent 321 occurrences).
On aura tendance à observer les verbes de jugement pour étudier l’appréciation de manière
globale et consensuelle mais les spécificités se reflètent davantage au travers des adjectifs. Il
faut également remarquer que les adjectifs déverbaux de jugement sont eux aussi plus variés
et spécifiques que les verbes. Parmi eux seuls 2 hapax (plaisant et apprécié) sont formés sur
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
les verbes de jugement ici présentés.
Quant aux adverbes modulant les adjectifs de jugement, une observation des adjectifs les plus
fréquents (occurrences = ou > à 10) dans le corpus montre que dans la majorité des contextes
les adjectifs de jugement ne sont pas modulés par des adverbes (63%) et, lorsqu’ils le sont,
c’est surtout de manière positive (24,2%), et dans 12,8% des cas de manière négative :
Ex :
S13-250 : Oui, elle est belle. Enfin je pense que toutes les voitures elles sont belles. Parce
que même la 309 elle était belle la couleur aussi. Alors euh ..
S15-446 : et que les sièges se règlent avec les lombaires. Y a un appuie-tête qui est, qui est
l’appuie-tête de chez Renault et qui, qu’on retrouve nulle part ailleurs et qui est vraiment, qui
est vraiment génial.
S2-56 : Ben. J’aime pas, elle a pas beaucoup d’options. Elle a eu quelques pépins alors y a
eu quelques pièces à changer tout ça. Elle est pas très très confortable non plus, quand
même.
Synthèse verbes de jugement
Les verbes de jugement sont peu nombreux. Le plus utilisé, faisant consensus, le verbe aimer est
employé par tous les locuteurs. Ils ont le plus souvent « positifs » et employés à l’affirmative (ou à
la négative quand ce sont des verbes « négatifs »). Les jugements tranchés ne sont guère exprimés
par des formes prédicatives (qui restent consensuelles « j’aime bien », « je déteste pas » …) mais
plutôt par des formes adjectivales plus originales et spécifiques.
222
3.1.4. Verbes d’effet
Verbes d’effet
énerver
fatiguer
chier
attirer
déranger
gêner
amuser
distraire
apaiser
perturber
saouler
défatiguer
griser
Total (13 types, 2 hapax)
occurrences
11
10
6
5
5
4
3
3
2
2
2
1
1
55
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Tableau 39 : répartition des verbes d’effet
Seuls énerver et fatiguer sont présents 10 fois ou plus dans le corpus. A la différence des
verbes de jugement (ou d’appréciation) les verbes d’effet sont pour la plupart d’entre eux à
connotation négative ( 8 types sur 13 soit 61,5% et 40 occurrences sur 55 soit 72,7% des
occurrences). De plus seuls 5 d’entre eux présentent, rarement, un adverbe modérateur négatif
(gêner, déranger, fatiguer, chier et attirer). Ainsi les effets décrits au travers de prédications
sont le plus souvent à connotation négative.
Effet
Types
ADJECTIFS
23
VERBES
13
Occurrences
104
55
Hapax
11
2
Tableau 40 : comparaison Types, Occurrences et Hapax entre adjectifs et verbes d’effet
La comparaison des adjectifs et des verbes d’effet permet de mettre en évidence une diversité
des formes dans les 2 cas couplée à une présence peu marquée dans le corpus ( par rapport à
d’autres types de verbes et d’adjectifs). De plus rappelons que les adjectifs « d’effet »
employés par les locuteurs sont pour la plupart « négatifs » (adjectifs déverbaux suffixés en
_ant) lorsqu’on considère les types d’adjectifs d’effet. La différence notable réside dans le fait
qu’au sein des adjectifs, les quelques types dénotant d’un effet positif sont des adjectifs
déverbaux suffixés en _able et sont ceux qui sont le plus employés (occurrences maximales
pour agréable). Ainsi les effets négatifs, désagréables que les locuteurs ressentent sont inscrits
dans leur discours au travers de l’emploi de formes verbales et adjectivales déverbales variées
et peu partagées (surtout pour les adjectifs) alors que les effets positifs sont explicités à l’aide
essentiellement d’adjectifs déverbaux en _able, très restreints mais employés massivement.
223
Remarque : un adjectif classé dans les effets, appréciable, est construit sur un verbe classé
dans les verbes de jugement, ce qui montre la difficulté d’analyse de ce type de données. Si
on prend comme repère la morphosyntaxe, on peut dire que l’on met ensemble tous les
adjectifs déverbaux construits sur le suffixe _able.
Synthèse verbes d’effet
Les verbes d’effet comme les adjectifs participe présent servent souvent aux locuteurs à exprimer
les effets négatifs qu’ils ressentent.
3.1.5. Verbes de perception
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perception
occurrences
voir
regarder
sentir
entendre
allumer
ressentir
éclairer
écouter
toucher
chauffer
vibrer
puer
brûler
flasher
briller
cailler
éblouir
étouffer
contempler
refléter
percevoir
scruter
Total (22 types, 8 hapax)
174
129
72
32
16
13
13
12
8
7
7
4
2
2
1
1
1
1
1
1
1
1
499
Tableau 41 : verbes de perception
Le Tableau 41 présente tous les verbes de perception recensés dans le corpus. Y figurent
uniquement les occurrences de chacun de ces verbes que nous avons retenu comme faisant
référence à une perception25. Les deux formes les plus utilisées expriment la modalité
visuelle : voir et regarder.
S11-618 : C’est, c’est. Il devrait y avoir quand même un un éclairage assez fort pour pouvoir
voir une carte correctement hein.
25
Ainsi toutes les occurrences de « tu vois », à rapprocher des « tu sais » ponctuant le discours ont été vaquées.
224
S1-236 :Pour les pieds mais sinon euh. Derrière je le conçois pas parce que je ne conçois
26
pas d’être derrière alors euh, j’oublie ce qu’il y a derrière, je regarde pas
On trouve ensuite un verbe générique sentir (qui peut aussi exprimer spécifiquement la
modalité olfactive, ici dans 3 contextes) puis un verbe exprimant la modalité auditive
entendre.
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S15-106 : (...) Donc euh c’est vrai que cette voiture elle a à la fois un côté positif parce que
c’est une voiture dans laquelle je me sens bien et je suis, je suis à l’aise
S6-30 :Non, [rires]. Non. Après c’est des petits euh. Je sais pas, des trucs au niveau du
confort que tu dois pouvoir sûrement faire mieux quoi. C’est sûr, si tu prends une voiture qui
est plus grosse, plus chère etcetera, tu es quand même mieux dedans. Par exemple, par
exemple par rapport à l’écoute de la musique à l’intérieur, tu vas dans des, des voitures
d’autres standing, c’est c’est xxxx. Tu vas rouler tu entendras même pas la route. Tu
entendras juste euh, la musique.
Perception
types
occurrences hapax
Vision
45,5%
67,9% 62,5%
Générique
13,6%
17,2% 12,5%
Thermique
13,6%
2,0% 12,5%
Acoustique
9,1%
8,8%
0,0%
kinesthésie
9,1%
1,6% 12,5%
Tactile
4,5%
1,6%
0,0%
Olfaction
4,5%
0,8%
0,0%
TOTAL PERCEPTION 100,0%
100,0% 100,0%
Tableau 42 : répartition des verbes de perception entre les différentes modalités sensibles
En considérant ces verbes selon la modalité sensible à laquelle ils réfèrent (Tableau 42), on
peut voir qu’en terme de diversité des formes verbales (45,5%) comme en terme de quantité
(67,9%) c’est la modalité visuelle qui est la plus représentée dans le corpus. Viennent ensuite
des formes verbales génériques (sentir, ressentir, percevoir). Par ailleurs, la modalité
thermique est exprimée avec plus de diversité que la modalité acoustique mais elle reste
quantitativement moins présente comme dans le cas des adjectifs et des formes nominales.
Quant aux aspects kinesthésiques, tactiles et olfactifs, ce sont ceux qui sont le moins exprimés
au travers de formes verbales.
En se penchant plus particulièrement sur la modalité visuelle, objet principal de l’étude, il
semble qu’on puisse distinguer 2 types de verbes :
! Les verbes centrés sur le sujet qui perçoit, ce qui renvoie à la notion de perception
pour et par l’action27 (cf Tableau 43)
! Les verbes centrés sur les objets qui produisent un effet visuel28 sur le sujet (cf
Tableau 44)
26
regarder est apparu le plus souvent au moment où dans les entretiens la consigne suivante était donnée :
« imaginez que vous êtes dans votre/une voiture, dites moi ce que vous faites, ce que vous voyez »
27
cf. Weill Fassina, 1993, explicité dans le chapitre 2.
225
Sujet
voir
regarder
contempler
scruter
total vision sujet
total vision
total perception
type
1
1
1
1
4
10
22
occurrences
% occ
174 57,0%
129 42,3%
1
0,3%
1
0,3%
305 100,0%
339X
499X
X
% occ / perceptions
%occ/vision
51,3%
34,9%
38,1%
25,9%
0,3%
0,2%
0,3%
0,2%
90,0%
61,1%
100,0%X
100,0%
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Tableau 43 : verbes de perception visuelle centrée sujet
Objet
briller
éblouir
éclairer
allumer
flasher
refléter
total vision objet
total vision
total perception
type
1
1
1
1
1
1
6
10
22
occurrences
1
1
13
16
2
1
34
339
499
% occ
2,9%
2,9%
38,2%
47,1%
5,9%
2,9%
100,0%
X
X
%occ/vision
0,3%
0,3%
3,8%
4,7%
0,6%
0,3%
10,0%
100%
X
% occ / perceptions
0,2%
0,3%
0,3%
3,2%
0,3%
0,3%
6,8%
X
100%
Tableau 44 : verbes de perception visuelle centrés objet
Les verbes de perception centrés « sujet » sont le plus nombreux en quantité mais sont
beaucoup plus consensuels et un peu moins divers et variés que les verbes centrés sur les
effets des objets. Les verbes centrés « objet » restent marginaux. De plus il est nécessaire de
distinguer les cas où ils sont employés à la voix active de ceux à la voix passive. Ainsi si « le
soleil brillait » (S3-348), « on est ébloui » (S3-414). Quoique la perception soit centrée sur
l’action/effet de l’action produit par l’objet, le regard peut être dirigé sur l’action à
proprement parler de l’objet ou sur le ressenti du sujet.
De même le verbe éclairer soulève des questions intéressantes. A la voix passive, les
objets thématisés ne sont pas ceux qui font l’action d’éclairer mais il est question de leur état
« éclairé » qui va avoir un effet sur la perception du sujet.
S11-488 : au lieu que ce soit le soleil tu peux avoir un vitrail qui est éclairé par. Et là je
pense que tu pourrais avoir un tableau de bord où on intègre, où on intègre un éclairage euh,
beaucoup plus, beaucoup plus gai en somme tu vois. Si tu veux, qui fasse ressortir les
choses d’une façon plus lumineuse. Un petit peu comme un vitrail tu vois.
Alors qu’à la voix active ce sont soit ces mêmes objets qui éclairent l’habitacle et le sujet par
la même occasion, soit le sujet qui éclaire (via un autre artefact lumineux) ces objets :
S11-496 : hein. C’est, c’est pas par exemple, tu vois ma pendule là, je peux très bien avoir
bien avoir un spot ou une lampe qui éclaire
28
à discuter ici encore la distinction entre verbes d’effet et de perception … toute catégorisation ayant ses
limites !
226
S11-490 : mais, qui soit éclairé par dessous si tu veux mais que ce soit pas le le tableau de
bord qu’on éclaire mais que ça soit, l’éclairage soit intégré dans le, dans l’instrumentation.
Tu vois.
Ceci pose encore une fois la question du point de vue d’une part du locuteur et ensuite de
l’analyste, et relève l’obligation et la difficulté qui en découle de se placer non plus du point
de vue de l’objet ou du point de vue du sujet mais dans l’interaction.
3.1.6. Synthèse & Conclusion
L’analyse des verbes permet de mettre en évidence l’expression en discours de la modalité : ce
qu’il est possible de faire dans l’habitacle, ce qu’on voudrait, ce qu’on doit faire ou qu’il faut faire.
Elle permet également la mise en relief du sentiment d’incertitude que les locuteurs entretiennent
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avec le discours (basé sur leurs souvenirs) qu’ils produisent. L’appréciation est centrée sur la
désignation de ce qu’ils aiment alors que la description des effets ressentis est focalisée sur les
effets négatifs. Quant à la perception visuelle, elle oscille entre ce que le sujet perçoit en tant
qu’acteur de sa perception et ce que les objets font au sujet, lui donnant alors à voir.
3.2. Marques de la personne
Dans cette partie, l’intérêt est porté sur la place des locuteurs au sein de leur propre discours,
et sur la façon dont ils se positionnent en tant que sujet dans leurs réponses. Nous faisons
l’hypothèse que cette place n’est pas unique et dépend des objets désignés et des pratiques
mises en jeu ainsi que du rapport qui existe entre ces dernières et le sujet qui en parle (Dubois,
2000).
Parmi les indices repérables en langue pouvant nous permettre d’aborder cette
question, nous retenons les pronoms personnels et déterminants possessifs qui sont autant de
« marques de la personne » au sein d’un discours. Ils sont en effet susceptibles nous
renseigner sur le statut individuel ou collectivement partagé des connaissances et des
représentations du locuteur (voir Mazière, 94 ; David, 97).
Dans les discours recueillis pour cette étude, ces marques de la personne sont très présentes et
l’analyse pratiquée les a envisagées uniquement par rapport au statut individuel/spécifique
versus collectif et partagé qu’elles confèrent à ces discours dans lesquelles on les retrouve
majoritairement. Nous verrons par la suite (comparaison entre plusieurs types de discours)
qu’il existe d’autres types de discours dans lesquels ces marques sont beaucoup moins
227
présentes révélant une implication plus faible et une objectivation du discours produit. De
plus il sera possible et productif de les étudier de manière conjointe avec les verbes
notamment de modalité.
Les marques de la personne renvoyant à un discours individuel sont le pronom personnel Je et
toutes les autres marques de la 1ère personne du singulier (moi, mon, ma, mes, me, mien,
mienne …). Par exemple :
S13-160 : Même dans les autres voitures même dans la 309 c’était bien aussi. Parce que
bon y avait la ceinture, y avait, bon l’airbag il n’y était pas. Mais, moi je me sens en sécurité
dans une voiture.
Les marques de la personne renvoyant à un discours collectif partagé sont les marques de la
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1ère personne du pluriel (nous, nos, notre) où le locuteur s’inclue dans le collectif dont il
parle :
S13-98 : Qu’il y a les places aussi. Alors là, nous on s’est dépêché de les, quand on a eu
l’Espace, ou peut-être six mois après on a voulu acheter les sièges pour qu’on soit tous
ensembles.
Mais également le pronom personnel « on » renvoyant à divers collectifs (on : mon amie et
moi, on : la famille, on : les acheteurs de voiture, on : les locuteurs français, on : les êtres
humains) où s’inclue également le locuteur :
S5-74 : Enfin c’est pas que c’était dur mais c’est vrai qu’à choisir j’aurais plutôt pris un vert
pétant, un un rouge bien rouge cerise tu vois, enfin. Au début on voulait la rependre, faire
des espèces de tags, des dessins dessus. Et puis on s’était quand même il fallait pas
exagérer. (ici on = la locutrice et sa sœur)
Ainsi que les marques de la 2ème personne du pluriel et du singulier (vous, vos, votre et tu, toi,
ta, ton, te, tes, tien, tienne). Dans le cas de « vous », soit il renvoie à un collectif duquel le
locuteur s’exclut, soit le locuteur s’adresse par le biais du vouvoiement à son interlocuteur,
auquel cas il cherche à inclure l’interlocuteur
dans son propre collectif, à obtenir son
acquiescement, son soutien :
G82 : Non. Bon ben c’est vrai que ... la 205 bon ben si on est deux, Bon ben on on XXXX on
passe les vitesses, si vous avez quelqu’un un peu plus fort à côté de vous, bon ben vous lui
touchez le les coudes quoi. C’est c’est moins spacieux quoi. Bon ben on peut, oui, on peut
faire le reproche un petit peu, mais enfin.
Cet emploi du vous est le plus courant dans le corpus et rejoint l’emploi de marques de la 2ème
personne du singulier encore plus fréquent :
S1-182 : Alors le matériel je le connais pas mais c’est l’aspect du matériel. tu vois que, qui.
Par exemple, euh, si c’est du plastique ou je sais pas quelle matière, qu’elle ait, qu’elle ait de
la tenue tu sens que c’est quelque chose de solide. Rigide ou euh... ou du souple quand il
228
faut que ça le soit. C’est pas. C’est comme les, comment elles s’appellent ces voitures, les,
les Volkswagen les les Polo.
Bien qu’on puisse voir ici que chacune de ces marques renvoie à différent type de collectifs,
nous avons choisi dans un premier temps de les considérer ensemble et de les opposer au je.
Marques de la
personne
individuelles
collectives
Total
Nombre
Pourcentage
3910
1999
5909
66,2%
33,8%
100,0%
Tableau 45 : nombre et proportions de MP individuelles et collectives dans le corpus
Le Tableau 45 résume les quantités et proportions respectives de marques individuelles et
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collectives dans le corpus (cf. Tableau 5 en annexe chapitre 4). Le discours est
essentiellement formulé à la première personne du singulier, résultat en accord avec le type de
consignes données aux locuteurs qui leur demandait de s’exprimer par rapport à leurs
impressions, représentations (selon vous, dans votre voiture, qu’est-ce qui est important ?
qu’est-ce qui vous plait ? …).
Néanmoins si l’on s’intéresse plus spécifiquement à certaines parties du discours on peut
remarquer des différences quant à cette répartition. Ainsi tableau de bord et siège ont retenu
notre attention.
Lorsque sont mises en évidences les marques de la personne utilisées par les locuteurs
quand ils parlent de siège(s) ou de tableau de bord, on peut remarquer que malgré une
proportion équivalente de marques de la personne dans les deux cas (respectivement 8,1% et
9,2% de marques de la personne par rapport au nombre total de mots), la répartition entre
marques individuelles et collectives est différente :
Marques de la
personne
individuelles
collectives
total MP
Nombre
579
408
987
Siège
Pourcentage
58,7%
41,3%
100,0%
Tableau de bord
Nombre
Pourcentage
325
70,0%
139
30,0%
464
100,0%
Tableau 46 : répartition des marques individuelles et collectives dans les corpus siège et tableau de bord
En effet (voir Tableau 46), lorsque les locuteurs parlent de siège ils emploient moins
(proportionnellement) de marques individuelles (58,7%) que lorsqu’ils parlent de tableau de
bord (70,0%) et respectivement plus de marques collectives sont utilisées pour parler du siège
que pour parler du tableau de bord.
229
Synthèse Marques de la Personne
Les sujets se sont exprimés à la première personne s’impliquant personnellement dans la
description et l’appréciation de mémoire de(s) l’habitacle(s) qui leur étaient demandées.
Néanmoins, le fonctionnement de ces marques de la personne est différent selon l’élément dont
parle les sujets. Des marques individuelles de la personne ont été plus utilisées dans la description
et l’appréciation du tableau de bord alors que les sièges ont plus fait l’objet d’emploi de marques
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collectives.
230
B - Synthèse et Discussion
Suite aux 15 entretiens semi-directifs effectués auprès d’un groupe diversifié de sujets
(diversité des âges, des sexes, des expériences), les discours recueillis, par rapport à la voiture
en général, à leur voiture et en particulier à l’intérieur de leur voiture, ont été analysés sous
différents angles, thématique, morphosyntaxique et prédicatif. Les résultats obtenus ont été
décrits dans la partie précédente (Résultats). Nous en présentons ci-après une synthèse avant
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de dégager les conséquences méthodologiques pouvant en être tirées.
1. Analyse thématique
A travers l’analyse lexicale des formes nominales identifiées par Nomino, nous avons mis en
évidence l’importance relative des thématiques Types de voiture et Circonstances d’usage,
Eléments de la voiture et Fonctionnalités, Couleur&Lumière, Matière&Texture et Kinesthésie
évoquées par les sujets. Cette analyse a également fait ressortir des associations entre
thématiques telles que l’association forte entre les éléments et des couleurs et matières.
Néanmoins cette analyse possède ses limites29.
- En se plaçant à un niveau « thématique », les indices morphologiques, syntaxiques et
catégoriels présents au sein de ces formes sont invisibilisés. Or plusieurs travaux ont montré
la productivité de l’étude de ces différents indices (Mzali 2002, Guastavino 2003).
- De plus, en restant dans le paradigme de transparence référentielle, cette analyse
isole les formes nominales des autres formes en langue telles que les adjectifs attributs, les
formes verbales. Elle isole également ces formes du contexte discursif dans lequel elles sont
construites. Or ici aussi l’étude de ces indices s’avère indispensable pour comprendre
notamment les relations entre le sujet, son discours et ses représentations (voir pour les
adjectifs David et al., 1997 et Cacciari, 1998, pour les formes verbales).
29
A travers les limites de cette analyse on touche également aux limites du logiciel Nomino utilisé. S’il est
capable d’extraire d’un discours des listes de noms, d’UCN (et aussi d’adjectifs, de verbes et d’adverbes), il ne
dit rien sur la morphologie de ces unités lexicales et encore moins sur les relations syntaxiques et discursives
qu’entretiennent les unités dans le discours. Pour un bilan de son utilisation voir en annexe (chapitre 4).
231
2. Morphosyntaxe
2.2. Formes nominales
L’analyse des indices morphologiques et syntaxiques présents dans les formes nominales a
permis de préciser les résultats obtenus dans l’analyse thématique. Les noms et
particulièrement les noms simples restent le mode de désignation le plus partagé et
consensuel parmi les formes nominales. Ils sont le reflet de la construction d’une
objectivité (par rapport à la couleur, à la matière, au corps). Les formes nominales construites
par la morphologie comme par la syntaxe sont plus originales et spécifiques. Construites
autour d’un nom et d’un adjectif épithète (UCN adjectivales) elles instancient les
propriétés intensionnelles des éléments, propriétés qui peuvent être considérées de manière
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autonome. Construites autour d’un nom et d’une préposition (UCN prépositionnelles) ou
autour d’un verbe et d’un nom (noms composés), elles désignent des propriétés
extensionnelles le plus souvent liées à l’usage, à la fonctionnalité. Ceci renforce la relation
déjà mise en évidence dans l’analyse thématique entre éléments et fonctionnalités.
2.3. Adjectifs
L’analyse des adjectifs s’est construite suivant deux perspectives. Une perspective sémantique
a permis de dégager 3 axes Description, Jugement et Effet, recouvrant plus ou moins les
domaines thématiques et les thèmes identifiés grâce aux formes nominales. Par leurs
similitudes mais également les divergences observées avec les domaines thématiques, ces
axes sont le reflet du questionnement qui nous anime concernant l’organisation des différentes
propriétés, notions, concepts et objets exprimés en discours par les locuteurs.
La seconde perspective, morphologique a permis de préciser différents aspects.
L’organisation des propriétés de texture semble bien décrite par les adjectifs simples, tandis
que les adjectifs déverbaux issus de participes passés, renseignent sur le processus de
fabrication/transformation de la matière ainsi que sur les propriétés de forme. Les
couleurs, exprimées quant à elles via les termes de base chers à berlin & kay, restent à un
niveau de généricité et de consensus peu intéressant. Ce sont les phénomènes lumineux qui
sont décrits spécifiquement grâce à des adjectifs déverbaux issus de participe passé.
Au niveau des indices morphologiques, on peut à nouveau mettre en évidence l’importance
des adjectifs déverbaux (participe présent et suffixe _able) dans l’expression du jugement
et des effets ressentis (surtout négatifs).
232
2.4. Conclusion de l’analyse morphosyntaxique
Si l’analyse thématique et morphosyntaxique des formes nominales était centrée en
priorité sur les objets, l’analyse des adjectifs a apporté plusieurs indices concernant
l’importance du point de vue du sujet et de son inscription en discours (adjectifs
déverbaux), ce qui a été étudié plus spécifiquement au travers des formes prédicatives et des
marques de la personne.
3. Formes verbales et marques de la personne
3.1. Verbes
L’analyse de certaines classes de verbes a mis à nouveau en évidence l’importance de
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l’action. Elle met l’accent sur les deux manières possibles pour les locuteurs d’exprimer et de
décrire les effets ressentis : soit ils centrent leur description sur l’élément/l’objet/la
propriété qui leur fait un effet, soit ils la centrent sur eux même et donc sur l’effet ressenti.
3.2. Marques de la personne
Il a été montré que les marques de la personne (je, moi, tu, ton, votre, nous, on …) sont un
bon moyen de voir à quel moment le sujet choisit de faire une description objective du
monde et à quel moment il s’incarne plus dans son discours (voir David 1997). On a pu
voir dans les discours recueillis que ces marques de la personne étaient nombreuses et que les
formes individuelles étaient privilégiées (avec des différences entre sujets quant à
l’utilisation de formes collectives telles que le on ou le tu). L’intérêt de l’étude de ces indices
réside dans la possibilité de contraste entre différents discours (à voir pour les prochaines
études). Ainsi lorsqu’on compare la distribution de ces marques entre les parties de discours à
propos des sièges et celles à propos des tableaux de bord on remarque des distributions
différentes : la proportion de marques collectives est plus importante à propos des sièges
que pour le tableau de bord. Réciproquement on trouve davantage de marques individuelles
de la personne pour parler du tableau de bord.
Dans la mesure où nous faisons l’hypothèse que cet emploi différencié de marques de
la personne est un indice du rapport du sujet à l’objet désigné, nous pouvons expliquer celuici de la manière suivante : si le siège renvoie aussi à un usage collectif de la voiture où
conducteur et passagers sont envisagés conjointement et où les autres ne sont pas oubliés, le
tableau de bord quant à lui renvoie à un usage beaucoup plus individuel de la voiture, à un
rapport très singulier du conducteur au tableau de bord et aux informations qu’il renferme.
233
En bref, le confort est à la fois pensé de manière individuelle et collective alors que les
informations de conduite restent la spécificité du conducteur.
3.3. Conclusion de l’analyse prédicative
Les éléments d’analyse prédicative obtenus confirment l’importance de l’interaction entre
sujet et objet et la nécessité de ne pas considérer soit le point de vue dit objectif soit le point
de vue subjectif mais bien les deux conjointement puisque c’est une négociation entre elles
deux que vit, au cours de ses activités, l’individu. L’analyse contrastive de l’implication du
sujet dans son discours par rapport à deux éléments phares de l’habitacle montre un rapport
différent aux deux éléments, le tableau étant considéré dans une interaction individuelle
sujet/tableau de bord, alors que le siège (en lien avec la notion de confort) est plus envisagé
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dans un rapport collectif où le sujet, conducteur, inclus les passagers.
Nous présentons à présent, suivant le même plan, les conséquences méthodologiques
applicatives qui résultent de ces interprétations.
C - Conséquences méthodologiques
1. Analyse thématique
1.1. Généralités sur la voiture
Ce que l’on retiendra d’un point de vue méthodologique de ces premiers résultats concerne le
contexte général de questionnement des sujets. En effet les informations sur l’habitacle sont
toujours contextualisées : soit il est nécessaire pour les sujets d’avoir des informations sur le
type de voiture et de circonstances dans lesquelles ils se trouvent au moment de l’évaluation
pour qu’elle ait une pertinence et une validité pour eux, soit c’est à l’expérimentateur de
conserver une trace du contexte que les sujets d’eux même ont besoin d’ajouter pour se mettre
en situation.
Il faudra donc contextualiser les questions posées et analyser le contexte des réponses
données.
1.2. Objets et fonctionnalités
Les résultats de l’analyse montrent que les descriptions des objets sont toujours associées à la
mention de leur fonctionnalité.
234
Les liens très forts entre éléments de la voiture, fonctionnalités et localisation doivent être pris
en compte dans les expérimentations. Il est possible d’envisager des protocoles
expérimentaux où pour évaluer (que ce soit une évaluation sensorielle ou une évaluation
qualitative) un élément particulier de l’habitacle, une mise en contexte d’action soit nécessaire
(évaluation du volant dans une situation et une position « de conduite » avec toute la planche,
le siège et les pédales et un scénario à effectuer – mouvements …).
1.3. Caractéristiques des objets
Les objets sont décrits à travers de nombreuses associations entre propriétés ou "parties de".
Celles-ci sont liées à la multimodalité des éléments et leur perception synesthésique par les
sujets. Ainsi on trouve relativement fréquemment des associations entre couleur et matière
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thématisées dans le discours des sujets.
Aussi ces propriétés sont-elles à considérer dans certains cas ensemble et non à séparer en
dimensions autonomes dans les expérimentations. Il semble qu’il faille être vigilant, selon le
type de propriétés auxquelles on s’intéresse et au point de vue que l’on adopte (pour poser les
questions et pour analyser les réponses), au découpage procédé30. On a pu voir ici que les
propriétés kinesthésiques ne peuvent être étudiées isolées du tactile et du visuel. De plus,
l’évaluation de certaines propriétés « bien isolées » telles que la texture peut parfois gagner à
être couplée à d’autres sensorialités (acoustique).
1.4. Notions d’appréciation
Si les questions précises sur des notions globales telles que le confort ou la qualité sont
productives, elles ne peuvent être envisagées sans un couplage avec des questions de
description des éléments de l’habitacle. Au sein du système sujet-habitacle, le confort ou la
qualité ne peuvent être considérées qu’en regard de cet espace composé d’objets plus ou
moins saillant mettant en jeu des corrélats d’attributs sensoriels.
1.5. Associations thématiques
Ici encore, l’étude de ces associations nous renseigne à la fois sur l’identité des notions,
éléments et propriétés que les sujets jugent pertinents de considérer ensemble mais également
sur la nature des relations entre éléments, notions et propriétés.
30
Découpage consistant en l’isolation de propriétés instaurées en dimensions autonomes.
235
Ce qui signifie d’un point de vue méthodologique que ce n’est qu’après une analyse
approfondie de ces associations (et donc du mode d’expression en langue des UCN comme
indice de leur présence), qu’on pourra être en mesure d’isoler les propriétés et les éléments ne
pouvant être considérés (et donc présentés aux sujets) séparément (exemple : couleur et
texture des tissus de siège et siège, volant-siège-tableau de bord-pédale) sans pour autant
perdre leur signification et leur pertinence. De plus les connaissances supplémentaires
acquises quant aux relations qui les lient auront une influence sur le mode de présentation des
éléments et de ce qui leur est associé (protocole et consigne centrés sur l’élément, la propriété,
la fonctionnalité).
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2. Morphosyntaxe
2.1. Formes nominales
2.1.1. Formes nominales simples : les noms
2.1.1.1. Les noms simples
Les couleurs et les matières semblent pouvoir être étudiées davantage de manière isolée que
les autres caractéristiques mais on n’aura alors accès qu’aux représentations très
consensuelles à leur sujet. Au niveau de la kinesthésie, la prise en compte de la corporéité
passe par la mise en place de protocoles où le sujet est en interaction avec un environnement
complexe.
2.1.1.2. Les noms construits par la morphologie
a) Noms déverbaux
L’action et la finalité de l’action semblent devoir être intégrées dans le montage de protocoles
expérimentaux afin que le sujet puisse évaluer un élément ou un système complexe
d’éléments dans une démarche non contemplative (ce peut être fait à différents niveaux de
contexte : consigne, scénario, observations in situ …).
b) Noms désadjectivaux
Pour étudier la qualité, il sera nécessaire d’identifier les différents entités la composant
(comme la solidité, la robustesse, la/les finition(s)) puis de déterminer les propriétés sur
lesquelles celles-ci se sont construites.
236
2.1.2. Formes nominales complexes : les UCN et les noms composés
2.1.2.1. Les UCN et noms composés dans le domaine Objets et fonctionnalités
Au niveau des éléments, on pourra choisir d’orienter les études et les analyses sur leurs
propriétés intensionnelles plus à même de faire l’objet d’une description analytique. On
devrait alors obtenir des indications sur les éléments en tant que tels, séparément les uns des
autres. Si au contraire l’accent est mis sur leurs propriétés extensionnelles (via l’action), ce
sera la caractérisation des relations entre éléments, propriétés des éléments et avec le contexte
d’utilisation qui seront privilégiées.
2.1.2.2. Les UCN dans le domaine Caractéristiques des objets
Les résultats impliquent que la couleur puisse être étudiée plus facilement indépendamment
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du support que la matière qui elle serait en interaction très forte avec l’objet (et donc avec sa
forme ). Ceci est très important si on s’intéresse aux moyens de simulation permettant de faire
vivre aux sujets une fiction perceptive sans matérialité physique de l’habitacle. On peut faire
l’hypothèse que dans un protocole expérimental mettant en jeu des simulations de ce type31
(images virtuelles), l’évaluation des couleurs sera possible à la différence de celle des
matières.
2.1.2.3. Les UCN dans le domaine Notions d’appréciation
L’évaluation du confort ou de l’espace doit être davantage envisagée comme une évaluation
globale d’un système englobant le siège dans son ensemble relié à la planche de bord, au
volant, à l’espace pour les jambes, à celui laissé aux passagers.
2.2. Adjectifs
2.2.1. Caractéristiques morphologiques des adjectifs selon l’axe
sémantique
Description
Les adjectifs se sont montrés être32 le bon niveau d’analyse linguistique pour obtenir des
indices à propos des caractéristiques de texture.
31
32
Comme c’est le cas dans la seconde étape de ce travail de thèse (cf. chapitres 5 et 6).
On les retrouve d’ailleurs en analyse sensorielle en tant que descripteurs.
237
2.2.2. Spécificités des adjectifs déverbaux
2.2.2.1. Adjectifs dérivés de participe passé
Les aspects kinesthésiques sont à considérer d’un point de vue global (corps entier dans
l’habitacle), postural où le sujet fait corps avec l’habitacle.
2.2.2.2. Adjectifs dérivés de participé présent
On a pu voir ici la productivité de ce type d’adjectif déverbal.
Il serait utile, dans les consignes d’expérience, d’utiliser des adjectifs déverbaux de ce type
pour orienter les sujets vers une description la plus précise et riche possible de leur ressenti. Il
sera par ailleurs primordial de repérer et d’analyser leur présence dans les discours des sujets.
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2.2.2.3. Adjectifs suffixés en _able
La valeur consensuelle des adjectifs d’effet suffixés en _able référant le plus souvent à des
effets positifs a mis en évidence l’intérêt de travailler à l’avenir à l’élaboration de consignes
plus souvent négatives (mais pas fermées) pour recueillir des discours plus précis et originaux
sur le ressenti des sujets. Une attention toute particulière devra être portée sur les énoncés des
sujets recueillis : on y trouve les indices d’une hiérarchisation des préférences et des facteurs
d’appréciation (l’hypothèse étant que je peux régler mon siège a plus de poids que réglage
des sièges).
3. Formes verbales et marques de la personne
3.1. Verbes
3.1.1. Verbes de modalité
Dans le cadre d’une étude évaluant les jugements relatifs aux sièges par les sujets, on peut
penser qu’il sera primordial et essentiel de leur laisser la possibilité d’effectuer les réglages
qu’ils souhaitent. En ce qui concerne le tableau de bord, on peut faire l’hypothèse que la
possibilité de maniement sera moins essentielle (ce qui peut-être rapporté au caractère
informatif essentiellement visuel des sous-éléments du tableau de bord).
3.1.2. Verbes évidentiels
Nous avons remarqué de nombreuses marques d’incertitude que nous ne pourrons cependant
interpréter qu’en contraste avec des discours recueillis dans d’autres contextes de jugement
relatif à l’habitacle. Nous faisons l’hypothèse que l’incertitude exprimée variera en particulier
238
lorsque les discours seront recueillis dans les diverses situations perceptives que nous
envisageons dans la seconde partie de ce travail de thèse.
3.1.3. Verbes de jugement, verbes d’effet et de perception
Nous avons pu observé une double polarité des jugements tantôt centrés sur la description de
l’objet, tantôt centrés sur le ressenti du sujet.
Nous pensons dans les études ultérieures systématiser le choix d’une consigne orientant tantôt
le sujet vers la description analytique de l’élément (approche la plus souvent utilisée en
analyse sensorielle) tantôt vers la description de son ressenti (approche plus qualitative, étude
des préférences …). Lors d’entretiens, on pourra utiliser l’alternance entre questions centrées
sur l’objet et questions centrées sur le ressenti afin d’éviter les « blocages ». En effet, si l’on
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choisit de ne centrer dans une étude que sur l’un des deux points de vue, on ne recueillera
qu’une information partielle non située.
3.2. Marques de la personne
Dans une procédure expérimentale on pourra imaginer sans peine l’évaluation du tableau de
bord d’un point de vue poste de pilotage indépendamment du reste de la voiture(juste avec le
système siège-conducteur-volant-tableau de bord) alors qu’il semble important d’inclure dans
l’évaluation d’un siège, les autres sièges (et peut-être d’autres passagers) si on veut prendre en
compte la dimension incontournable de confort reliée au siège, celle d’espace et par
conséquent prendre en compte les autres passagers de la voiture et leur propre confort comme
dimension pertinente.
239
Conclusions et perspectives
Les résultats de cette étude sont principalement de deux ordres, analytiques et holistiques, et
ont des conséquences méthodologiques différentes.
On a pu voir que certaines propriétés bien qu’en lien avec les éléments de la voiture et le
jugement porté pouvaient être étudiées de manière relativement autonome (couleur,
matière ?). Cette autonomie peut être à l’égard du support (de l’élément, de l’habitacle) ou à
l’égard d’autres propriétés. Il sera intéressant de vérifier cette autonomie des propriétés les
unes vis à des autres (notamment matière et couleur voire forme) dans la seconde étude.
L’autre résultat majeur concerne les éléments dans leur rapport à la fonctionnalité et à
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l’espace. Il semble primordial d’envisager l’appréciation globale de l’habitacle comme
centrée à la fois sur les éléments dans l’action et sur les sujets dans leur perception pour
l’action (construite dans l’interaction avec l’habitacle)33.
Cette étude a consisté en la mise en place d’une méthodologie valide de questionnement à
propos de la perception visuelle et des représentations cognitives construites sur un habitacle
automobile. La démarche a été productive à plusieurs niveaux.
D’une part nous avons pu identifier des éléments très saillants, le siège et le tableau de
bord, dans les discours produits, ainsi que les propriétés visuelles et associées les plus
importantes (visuelles, tactiles et kinesthésiques). L’analyse thématique de ces corpus nous a
donné également des premières pistes à propos des associations entre éléments, propriétés et
notions avec notamment la mise en évidence de liens très forts entre [éléments - couleur et
matière] et [éléments - fonctionnalité et espace].
Au niveau méthodologique, plusieurs plans d’analyse complémentaires ont été mis en
place, permettant d’identifier les indicateurs les plus pertinents (noms+UCN pour thèmes,
formes nominales et adjectivales construites par la morphologie – formes déverbales, UCN,
verbes de modalité, évidentiels ; jugement et perception, marques de la personne) pour étudier
la mise en discours de l’habitacle. Ces indicateurs nous ont également permis de faire des
inférences sur le statut des objets et/ou propriétés saillantes.
33
Ceci a motivé la mise en place, en collaboration avec L. Mondada, d’une troisième étude (corpus
centrée sur les rapports entre sujet et objets dans l’action et sur la co-construction de l’espace
habitacle au travers de ces interactions entre sujet et objet. Elle a consisté à réaliser des enregistrements vidéo
d’interactions spontanées dans des habitacles automobiles exposés chez un concessionnaire. Cette étude fera
l’objet d’une publication ultérieure (Cance & Mondada, en préparation).
CONCESSION)
240
Si les propriétés que nous avons identifiées semblent en partie observables dans des
paradigmes expérimentaux de type analytique (couleur, matière), l’appréciation globale de
l’habitacle et de ses éléments majeurs devra être envisagée dans une perspective de cognition
située.
Ainsi, les résultats obtenus nous ont permis de structurer l’étude 2D 3D REEL (cf. description
du protocole en chapitre 3) dans laquelle ont été recueillis d’autres types de discours. Réalisée
en collaboration ave N. Cavelier et le service de Réalité Virtuelle de la Direction de la
Recherche de PSA Peugeot Citroën, elle est centrée sur les variations de propriétés visuelles,
tactiles et kinesthésiques couplée à un questionnement sur la validité des dispositifs de
matérialisation de l’habitacle. La modalité de production des discours est semblable à l’étude
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présentée ici (entretiens semi-directifs) mais le contexte de questionnement (toujours en
situation perceptive) est différent. Les situations perceptives vont varier sur des propriétés de
couleur, texture et forme et sont instanciées dans des dispositifs de simulation d’images 2D,
ou 3D, dans des véhicules réels.
Les chapitres 5 et 6 présentent les résultats des analyses menées sur les corpus 2D, 3D et Réel
recueillis lors de cette seconde étude.
241
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242
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243
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244
Chapitre 5 :
Matérialités des couleurs dans l’habitacle :
Inscription lexicale et syntaxique
Introduction
Après avoir recueilli et analysé des discours de locuteurs questionnés sur leur expérience et
leur pratique mémorisée de l’habitacle, il s’agit dans ce chapitre de s’intéresser à l’expression
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du ressenti visuel et plus spécifiquement des couleurs à propos de différentes expériences
« réelles » ou « simulées » d’habitacles. Des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de
15 locuteurs dans des dispositifs expérimentaux présentant différentes ambiances d’habitacle
variant suivant les propriétés de couleur, de matière et de forme. Ces dispositifs
expérimentaux présentent différents types de matérialité : matérialité « complète » ou
uniquement visuelle (images en deux dimensions ou images dynamiques en trois dimensions).
Il s’agit d’évaluer en discours la contribution des propriétés visuelles et plus particulièrement
des couleurs à la construction du jugement de l’habitacle à travers le contraste entre
différentes ambiances, et de différentes matérialités d’habitacles1.
Nous présentons dans la partie A, le cadre dans lequel s’inscrit cette étude, les principales
hypothèses que nous souhaitons tester ainsi que la procédure mise en œuvre. La partie B
explicite les analyses réalisées sur les trois corpus recueillis. Les résultats de l’analyse lexicale
des formes linguistiques de COULEUR sont présentés en C.1. Après avoir distingué des formes
lexicales génériques et spécifiques (C.1.3), nous présentons les résultats de l’analyse de
l’inscription morphosyntaxique des formes génériques (C.2.1 et C.2.2) puis des formes
spécifiques (C.2.3). Enfin, une synthèse des principaux résultats est proposée en D.
1
Cette étude, point nodal de la thèse, est réalisée en collaboration avec N.Cavelier dans le cadre de son DEA de
Sciences du Langage au LCPE et à l’Université Paris 3 (Cavelier, 2003).
245
A - Présentation
1. Positionnement dans la problématique générale
L’analyse lexicale et morphosyntaxique des discours de MEMOIRE nous a permis de dresser
un inventaire des ressources en langue à la disposition des locuteurs pour exprimer en
discours leur rapport sensible à un espace complexe, l’habitacle automobile.
Cette première étude a également contribué à construire des inférences quant aux
représentations en mémoire et aux jugements des locuteurs vis-à-vis de l’habitacle
automobile.
Enfin, en s’appuyant sur des travaux antérieurs et en cours menés au sein du LCPE
dans d’autres champs d’application (dans le domaine des transports avec la SNCF, l’INRETS,
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de l’agriculture avec l’INRA, de l’urbanisme avec les Jardins de la Ville de Paris2), elle a
permis de construire des outils méthodologiques linguistiques pour le repérage et l’analyse de
la construction des représentations sensibles en discours.
Construite en continuité, cette seconde étude (présentée de manière approfondie dans le
chapitre 3) a pour objectif de poursuivre cet inventaire des ressources en langue ainsi que
l’analyse de leur mode d’inscription en discours dans des situations perceptives diverses. Ceci
permet d’accéder à davantage de diversité linguistique et discursive dans la mesure où l’une
de nos hypothèses principales repose sur le caractère hautement variable et diversifié de
l’expression en discours et de l’expérience perceptive, situées, et sur la nécessité et l’intérêt de
prendre en compte ces variabilités.
Continuer cet inventaire dans d’autres situations d’énonciation répond donc à un
objectif théorique. Ce n’est que dans la mise en perspective de ces différentes situations
d’énonciation (via les corpus recueillis) qu’il est possible de dégager les régularités et
variations et de l’expression en discours et des constructions cognitives qui peuvent en être
inférées. A ces différentes situations d’énonciation correspondent différentes expériences
perceptives, cette étude reposant alors sur plusieurs plans de contrastes : entre situations
d’énonciation, entre situations perceptives et entre différentes combinaisons de propriétés
sensorielles. On peut ainsi comparer plusieurs discours à propos de l’habitacle et recueillis
2
Cf. pour la SNCF : Delepaut 2007, Mzali, 2002 ; pour l’INRETS : Dubois et al, 1995 ; pour l’INRA : Dubois et
al, 1992.
246
devant/dans l’habitacle : des discours en situation perceptive « réelle 3» (dans l’habitacle), en
situations perceptives simulées (devant l’écran PLASMA® - appelé dorénavant dispositif 2D et
dans le dispositif CAVE®, appelé dispositif 3D) vs en MEMOIRE (discours sur l’habitacle de
l’étude 1). Nous pouvons alors appréhender le ou les modes de construction de la référence à
l’environnement et du jugement, ce en fonction des situations perceptives et des propriétés
sensibles données à percevoir aux sujets/locuteurs.
Plus précisément, il s’agit de déterminer quel est le rôle des propriétés sensorielles de
l’expérience perceptive globale dans la construction du jugement. Ce, à la fois pour chaque
propriété sensible analysée séparément mais également dans les interactions que ces
propriétés nourrissent entre elles et avec l’ensemble ou partie des objets de l’habitacle, telle
qu’elles se manifestent en discours.
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Nous cherchons également à déterminer le rôle des différents éléments de l’habitacle
dans la structuration de l’espace visuel de l’habitacle. Plus particulièrement, nous nous
intéressons aux éléments identifiés comme éléments clé à partir de l’analyse des discours en
mémoire : les sièges et le tableau de bord.
Enfin, nous souhaitons identifier si et dans quelle mesure les différents dispositifs
expérimentaux mis en place pour contraster les expériences perceptives vont avoir une
incidence sur la construction de la référence et du jugement sur l’habitacle tel qu’ils se
manifestent en discours.
Nous revenons ici sur le caractère récursif de l’ensemble de notre démarche. Cette mise en
contraste est un moyen de faire émerger les régularités et les variations en discours et dans les
représentations sensibles visuelles. Mais elle permet également d’approfondir nos
connaissances sur les différents systèmes contrastés : combinaisons de propriétés sensorielles
de l’habitacle, modes de présentation perceptive de l’habitacle, en réponse aux demandes du
partenaire industriel. Cette étude a pour objectif d’évaluer les possibilités offertes par
différents dispositifs de présentation de stimuli complexes. A travers l’analyse des discours
recueillis dans des habitacles « réels » et dans/devant des simulations visuelles numériques en
deux ou trois dimensions, c’est la validité écologique de ces différents systèmes qui peut être
évaluée. Une fois ainsi « mesurée » l’influence du dispositif de présentation sur la
construction des représentations sensibles associées à l’habitacle et le jugement d’appréciation
3
Le choix de dénomination de cette situation est difficile. Par défaut, nous l’avons appelée « réel » bien que les
autres situations soient toutes aussi réelles que celle-ci. Parmi les autres possibilités, nous aurions éventuellement
pu la nommer « ordinaire » mais cela présuppose alors une situation non expérimentale. Nous aurions également
pu l’appeler dispositif 4D !
247
qui en découle, des recommandations quant à l’utilisation de tel ou tel dispositif dans telle ou
telle problématique peuvent être proposées4.
Ce point est aussi à mettre en relation avec le caractère analytique vs holistique5 d’une
démarche de recherche, dont nous avons discuté dans la problématique générale de la thèse
(chapitre 1). En effet, s’il est possible d’adopter une démarche analytique pour spécifier les
caractéristiques d’un objet, il est beaucoup plus délicat (et vain) de chercher à étudier un
système d’interactions complexes entre un objet et un sujet de manière uniquement
analytique. Nous ne rejetons pas l’approche analytique mais remarquons qu’elle a besoin dans
certains cas (notamment pour gérer la complexité) de la complémentarité d’une approche
holistique. C’est pourquoi nous n’aurons de cesse de faire le va et vient entre une approche
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globale permettant d’appréhender la construction des représentations sensibles des usagers et
une description analytique des éléments (propriétés sensibles, objets …) contribuant à cette
construction.
2. Principales hypothèses
Nous renvoyons à la lecture du chapitre 1, en ce qui concerne les hypothèses générales qui
sous tendent l’ensemble de ce travail. Plus particulièrement dans cette seconde partie
d’expériences, nous formulons plusieurs hypothèses :
La situation perceptive a une influence sur l’expression en discours de l’expérience perceptive
et du jugement. Plus spécifiquement, présenter aux sujets des re-productions (partielles) de la
réalité va avoir une incidence sur leur perception et leur rapport à leur perception. Ce décalage
perceptif et cognitif est identifiable, dans le discours et notamment dans la manière dont les
locuteurs vont construire la référence (à l’objet, à une propriété sensorielle …) et leur
jugement, via des indices linguistiques pour une part déjà identifiés. Il s’agit ici d’utiliser ces
indices ainsi que d’en déceler d’autres.
La variation introduite dans les propriétés de couleur, de matière et de forme de plusieurs
habitacles doit permettre de mieux comprendre le statut cognitif et perceptif de ces différents
4
Cf. la réflexion sur la construction des stimuli et les découpages opérés lors des choix de re-présentations
matérielles menée dans le chapitre 2.
5
Qui sont en général opposés et que nous tentons de faire dialoguer dans ce travail.
248
phénomènes physiques perceptibles, ainsi que mesurer l’influence respective de ces différents
phénomènes sur la construction d’une appréciation globale.
Cette variation qui concerne nécessairement les objets de l’habitacle « porteurs » de
ces indices sensoriels va aussi permettre de valider les hypothèses formulées à partir des
premiers résultats, obtenus dans les discours en mémoire, sur la prédominance des sièges et
du tableau de bord comme éléments structurants de l’habitacle.
Pour ces deux éléments, le fait de proposer une même ambiance représentée dans
différents dispositifs va mettre l’accent sur la pertinence et non-pertinence de certains indices
de l’environnement pour évaluer une propriété, un objet, un aspect de l’habitacle.
Nous faisons l’hypothèse que les situations virtuelles n’offrant pas d’indices tactiles et
kinesthésiques aux sujets, ne leur permettent pas d’évaluer de la même manière les objets tels
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que les sièges en particulier ainsi que les propriétés tactiles et kinesthésiques des autres
éléments.
De plus, les indices visuels offerts par les restitution bidimensionnelle (Dispositif 2D)
et tridimensionnelle (Dispositif 3D) ne sont pas équivalents : l’ajout d’une troisième
dimension et la prise en compte du point de vue de l’utilisateur devrait permettre aux sujets
l’accès à des indices visuels de l’espace plus conséquents et permettre une meilleure
évaluation kinesthésique dans le Dispositif 3D.
Cependant la non familiarité des sujets avec ce type de système virtuel devrait
engendrer chez les sujets davantage de difficulté de représentation (de construction de
représentations mentales), de reconstruction du réel à partir des indices à disposition et
perturber le jugement et l’appréciation des sujets. Ce que nous n’attendons pas pour le
Dispositif 2D, technologie semblable à l’écran de télévision ou d’ordinateur, considérée
comme une pratique et une expérience partagée par l’ensemble de nos sujets6.
Dans ce chapitre, nous nous intéressons plus précisément aux modes de référence à la couleur
utilisés par les sujets dans leur description et leur évaluation des différentes ambiances et
notre principale hypothèse concerne les constructions cognitives impliquées dans l’expérience
perceptive et résultant de cette expérience, les indices linguistiques en discours de ces
phénomènes perceptifs et les inférences cognitives qu’ils permettent de réaliser.
6
On remarque ici que la notion de validité écologique peut prendre différentes formes et concerner ainsi les
modes de relation entre le sujet et le dispositif auquel il est confronté.
249
Nous faisons l’hypothèse que les modes de présentation des couleurs (des intérieurs)
influencent la perception et le jugement des locuteurs. En effet, différents types d’expérience
sensible sont proposés :
•
complète (dispositif REEL) versus partielle (dispositifs 2D et 3D),
•
partagée par le locuteur et l’intervieweur (2D et REEL) versus individuelle (3D),
•
familière (2D et REEL) versus non familière (3D).
Nous postulons que ces modes de présentation suscitent différents modes de référenciation, et
nous proposons d’identifier et de caractériser ces différents modes de construction dynamique
de la référence (cf. Mondada & Dubois, 1995) à travers la diversité des formes linguistiques
en discours, en repérant des indices linguistiques pertinents. Au-delà du repérage lexical,
notre hypothèse principale concerne les fonctions syntaxiques des termes de couleur. Il s’agit
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entre autres de vérifier si différentes conceptualisations de la couleur peuvent être inférées à
partir du type d’inscription syntaxique des formes lexicales de couleur en discours. Ainsi par
exemple, l’inscription en discours d’un terme de couleur comme substantif versus comme
adjectif, construira et témoignera davantage d’une couleur respectivement comme entité du
monde versus comme propriété. De plus, un adjectif de couleur, selon qu’il est épithète ou
attribut d’un substantif, constituera soit l’indice d’une propriété rattachée à un objet de
manière identitaire, soit l’indice d’une construction dynamique en discours de la référence à
l’objet désigné par le substantif7.
Nous cherchons donc ici à travers de nouveaux discours inscrits dans une pratique perceptive
directe (et non dans la remémoration des expériences perceptives passées : étude MEMOIRE),
la manière dont des locuteurs français parlent des couleurs et ce avec plusieurs objectifs :
-
mieux comprendre les différents statuts de la couleur et déterminer les indices
linguistiques et discursifs qui contribuent à leur construction et les mettent en
lumière :
o comment le discours permet-il de construire les couleurs comme des objets
autonomes et dans quelles conditions ?
o comment et quand la couleur en discours se construit-elle comme propriété
d’une matière et/ou d’un objet ?
o la couleur peut elle être un effet du monde sur le sujet ?
7
Sur le statut cognitif de l’adjectif, voir notamment Honeste (2005).
250
-
connaître le rapport des locuteurs interrogés au phénomène de la couleur dans ces
différentes pratiques perceptives
-
voir dans quelles mesures et comment les différents dispositifs expérimentaux mis en
place pour permettre ces différentes pratiques perceptives ont une influence sur le
rapport des locuteurs à la/aux couleurs
-
comprendre quel est le rôle des couleurs dans l’appréciation globale d’un espace
complexe : ici l’habitacle automobile
-
donner des informations plus pragmatiques aux constructeurs automobiles sur
l’influence de la couleur dans l’aspect global de l’habitacle.
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3. Procédure
Les locuteurs décrivent leur ressenti à une enquêtrice (N. Cavelier, 2003), face à plusieurs
habitacles variant selon le mode de présentation et selon les propriétés de couleur, de forme et
de matière.
3.1. Matériel expérimental : dispositifs de présentation
L’étude repose sur le contraste entre deux types de dispositifs expérimentaux de présentation
des habitacles, des dispositifs de simulation visuelle et un dispositif « REEL » :
-
Le premier mode de présentation (dispositif 2D) est un écran Plasma® proposant aux
locuteurs des images statiques bidimensionnelles représentant l’avant de l’intérieur
d’un véhicule ;
-
Le second (dispositif 3D) fait appel aux technologies de « réalité virtuelle ». Les
images sont projetées sur quatre parois (latérales, frontale, au sol) d’une salle cubique
(CAVE®). Le locuteur, assis dans un siège automobile, porte des lunettes
stéréoscopiques munies d’un capteur de mouvement, qui lui permettent de voir des
images tridimensionnelles calculées en temps réel par rapport à sa position.
-
Le dernier mode de présentation (dispositif REEL) consiste en deux véhicules à l’arrêt.
Les ambiances d’habitacle présentées dans les différents dispositifs varient selon la forme
(deux architectures V1 et V2), la couleur (beige et noir) et la matière (bois et aluminium).
251
3.2. Locuteurs
15 locuteurs français, 8 femmes et 7 hommes âgés de 23 à 74 ans, participent à l’étude. Tous
sont peu familiers des systèmes de réalité virtuelle, n’ayant pas de pratique, personnelle ou
professionnelle, de ces technologies.
3.3. Guide d’entretien, protocole de recueil, constitution des corpus
Chaque locuteur est interviewé via la méthode des entretiens semi-directifs (Blanchet, 2003).
La construction du guide d’entretien suit une trame identique à celle utilisée dans les
entretiens mémoire allant du général au spécifique et privilégiant les questionnements ouverts
(ex. : Qu’est-ce qui, pour vous, est important dans cet intérieur ?). Les propriétés sensorielles
(couleurs, formes …) ne sont pas mentionnées par l’enquêtrice dans ses relances.
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Les locuteurs voient successivement deux ambiances dans chaque dispositif (2D puis
3D puis RÉEL) et une dernière ambiance dans le dispositif 3D.
Les 15 entretiens sont enregistrés en audio sur Mini Disc et durent 90 à 150 minutes.
Ils sont retranscrits intégralement.
Trois corpus sont constitués, correspondant aux trois dispositifs de recueil : corpus 2D, 3D et
REEL. Dans chacun de ces trois corpus, tous les énoncés comportant une référence à la
couleur ont été retenus pour constituer trois corpus COULEUR : corpus COULEUR 2D, le corpus
COULEUR
3D et le corpus
COULEUR
RÉEL. Cependant ce chapitre (et le chapitre 6) étant
consacré sécifiquement à l’expression de la couleur, nous utiliserons les dénominations de
corpus 2D, corpus 3D et corpus RÉEL pour désigner les corpus COULEUR ainsi constitués.
B - Analyses réalisées
Pour répondre aux différents objectifs identifiés précédemment, nous analysons les corpus
recueillis avec plusieurs hypothèses majeures comme guide pour construire notre grille
d’analyse.
1. Pour étudier le rapport sensible des locuteurs interrogés à la couleur, faire l’inventaire et
l’analyse des formes simples exprimant la couleur (proches des termes de base de Berlin
et Kay, 1969) comme les noms et adjectifs de couleurs est nécessaire mais insuffisant. Un
relevé et une analyse des contextes syntaxiques dans lesquels s’inscrivent ces termes de
couleur est indispensable.
252
2. La prise en compte de toutes les formes linguistiques et discursives exprimant la couleur
permet une analyse sur différents plans : lexical, morphologique, syntaxique dans ce
chapitre (et énonciatif dans le chapitre 6)
3. À chaque plan d’analyse correspondent différents indicateurs linguistiques qui nous
apportent des connaissances diverses sur le phénomène étudié : la/les couleur(s)
4. Le plan lexical permet au travers de la quantité et de la diversité des formes répertoriées
une première évaluation :
•
de la richesse du lexique des couleurs selon le dispositif et les ambiances expériencées
•
du degré de partage des termes de couleurs entre locuteurs, entre dispositifs, et entre
ambiances
•
du caractère générique ou spécifique du lexique utilisé.
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5. Les plans morphologiques et syntaxiques en distinguant les formes simples des formes
complexes donnent accès à de multiples indicateurs :
•
le processus de référenciation à une couleur via un nom instaure cette couleur comme
objet du monde ;
•
le processus de référenciation à une couleur via un adjectif instaure cette couleur
comme propriété du monde (d’un certain objet, ou de l’environnement complet) ;
•
le type de déterminant introduisant la forme linguistique de couleur informe sur les
différents degrés de globalité ou de spécificité de la couleur énoncée (la couleur de
l’ensemble de l’habitacle/d’une partie précise, dans l’habitacle/en général, icimaintenant/d’habitude, le niveau de catégorisation : un gris, des gris, les gris …) ;
•
les noms simples et adjectifs simples, dont le degré de lexicalisation est plus fort, sont
l’indice d’un consensus et d’un certain niveau de base en terme de catégorisation ;
•
les noms et adjectifs construits, plus spécifiques, font état d’une transformation de la
couleur (alors comme matière) pour les formes déverbales construites sur un participe
passé (une teinte unie) ou d’un effet (couleur pétante) ;
•
le contraste entre adjectifs de couleur attribut et épithète marque une différence de
statut entre une couleur comme propriété intrinsèque, lexicalisée, définitoire d’un
objet au centre du discours (siège beige) et une couleur comme attribut qui construit
l’objet en discours (le fauteuil, il est beige).
Les modes d’expression en discours de la couleur sont analysés au sein des différents
dispositifs et entre les dispositifs à travers la mise en évidence de diversités :
•
lexicale : distinction entre noms génériques, noms spécifiques, adjectifs spécifiques,
253
•
morphologique : distinction entre noms simples et construits, adjectifs simples et
construits et analyse des différents modes de construction
•
syntaxique : repérage des formes simples et complexes, description des formes nominales
complexes prépositionnelles (type N+préposition+Complément du nom) et adjectivales,
distinction entre adjectifs épithètes et attributs.
A partir de ces analyses, des inférences cognitives sont possibles quant au degré de généricité
ou de spécificité auquel renvoient les formes employées. De plus, le repérage d’associations
avec d’autres phénomènes sensibles (lumière et matière principalement mais également
perception de l’espace) est possible entre autres dans des formes lexicalisées comme les
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
formes nominales complexes.
C - Résultats
Les différents modes d’expression du ressenti sensoriel sont ici explorés à travers l’analyse
lexicale et morphosyntaxique des corpus
COULEUR
2D, 3D et REEL. Nous nous intéressons
particulièrement à la manière dont les locuteurs parlent des couleurs dans les différents
dispositifs et selon les caractéristiques des ambiances présentées. L’analyse de l’inscription
des couleurs en discours est traitée dans le chapitre 6 où sont mises en évidence les relations
entre les couleurs et les autres indices sensibles permettant aux locuteurs de construire et
reconstruire les objets de l’habitacle et l’espace habitacle et leur permettant également de
construire leur appréciation globale.
Dans ce chapitre, l’analyse de l’expression de la
COULEUR
sur les plans lexical et
morphosyntaxique est présentée pour chacun des dispositifs de manière contrastive. Les
corpus analysés sont les corpus 2D, 3D 18 et REEL9.
Il s’agit, dans ce chapitre consacré à l’analyse lexicale et morphosyntaxique des modes
d’expression de la couleur et des couleurs, de mettre en perspective les différents dispositifs
de présentation des stimuli que nous avons utilisés.
Dans tous les dispositifs, nous avons d’abord recueilli les différentes formes lexicales
se référant au phénomène de la couleur. Nous présentons dans un premier temps une mise en
perspective des résultats lexicaux globaux de chaque dispositif avant d’analyser de manière
8
Qu’on désignera par 3D dans la suite du document.
La distinction entre les différents sous corpus référant à chacune des ambiances d’un dispositif donné n’est ici
pas faite. Il y sera fait référence dans le chapitre 6 lorsque les analyses mettront à jour des contrastes entre
ambiances.
9
254
contrastive les différents modes d’inscription morphosyntaxique des formes lexicales de
couleur repérées.
1. Résultats lexicaux globaux
Après un premier paragraphe consacré à la répartition lexicale globale, les concordances entre
dispositifs sont présentées, pour ensuite mettre en perspective les lexiques
SPECIFIQUE
GENERIQUE
et
recueillis auprès des locuteurs dans chaque dispositif.
1.1. Répartition lexicale globale
Le Tableau 1 présente les nombres et pourcentages de types des formes lexicales référant au
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
lexique de la couleur recueillies dans chacun des dispositifs.
Lexique COULEUR
2D
3D
RÉEL
TOTAL
10
Nb de types
27
23
26
38
% de types
71,1%
60,5%
68,4%
100,0%
Tableau 1 : Types des lexiques COULEUR dans les différents dispositifs.
Le nombre de types de termes est quasi équivalent pour chaque dispositif (27, 23 et 26 types).
On observe néanmoins que les dispositifs 2D et REEL ont suscité plus de types différents :
71,1%
et 68,4% de l’ensemble des termes employés par les locuteurs, par rapport au
dispositif 3D qui a suscité le « moins » de diversité lexicale avec 60,5% de l’ensemble des
termes de couleur.
Il est important d’identifier ces types afin de savoir si ce sont les mêmes ou si la diversité lexicale
observée ici est spécifique d’un dispositif (cf. 1.2. Partage lexical, p.261) ; et, dans un second
temps, de s’intéresser plus spécifiquement à ces types et à leurs modes d’inscription
morphosyntaxique (cf. section 2. Inscription morphosyntaxique des formes lexicales de couleur,
p.268).
Le Tableau 2 ci-dessous présente les nombres et pourcentages d’occurrences de ces formes
lexicales de couleur dans les 3 dispositifs.
10
Le total des types du lexique couleur global ne correspond pas à la somme des types relevés dans chaque
dispositif, dans la mesure où certaines des formes lexicales sont utilisés dans plusieurs dispositifs. Cette question
sera abordée dans le paragraphe consacré aux concordances lexicales entre dispositifs et aux spécificités des
dispositifs.
255
Lexique COULEUR
2D
3D
RÉEL
TOTAL
Nb d’occurrences
% d’occurrences
419
46,7%
189
21,0%
290
32,3%
898
100,0%
Tableau 2 : Occurrences des lexiques COULEUR dans les différents dispositifs
D’un point de vue quantitatif, le dispositif 2D est également celui qui a suscité le plus
d’occurrences de termes de COULEUR. Près de la moitié des occurrences de COULEUR (46,7%)
ont été cités dans ce dispositif. Dans le REEL, 32,3% des occurrences de
COULEUR
sont
produites et le dispositif 3D reste celui ayant suscité le moins de productions référant à la
COULEUR
(21%).
Les différents dispositifs se distinguent en premier lieu par la quantité et la diversité des formes
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
lexicales de COULEUR relevées dans les corpus, le dispositif 2D en ayant suscité davantage de que
ce soit du point de vue de la diversité ou de la quantité.
Ces différences peuvent s’expliquer en partie par la temporalité et la linéarité du protocole de
recueil des entretiens. Ainsi la proportion plus importante de discours recueilli dans le dispositif
2D pourrait être liée en partie au fait qu’il est le premier dispositif expériencé par les locuteurs.
L’effet de répétition entraînerait ensuite dans le dispositif 3D une diminution de discours (ceci
appuyé par le fait que le nombre de types ne semble pas autant affecté par le changement de
dispositif de présentation des ambiances : les locuteurs continuent à parler des couleurs mais de
façon plus concise).
Cependant on observe également une proportion plus importante d’occurrences dans le REEL
par rapport au 3D. Celle-ci peut s’expliquer par la rupture entre ces deux dispositifs : les
locuteurs, après deux expériences perceptives exclusivement visuelles, se retrouvent dans une
véritable voiture, multisensorielle, qui leur offre une expérience perceptive globale, synesthétique,
et met en relief ce à quoi ils n’avaient pas accès auparavant.
Au-delà des effets d’ordre, il nous faut donc considérer la spécificité des différents dispositifs
comme ayant un effet potentiel sur la production lexicale des locuteurs à propos des couleurs. En
effet, ces premiers contrastes ne peuvent être entièrement imputés à la tâche demandée aux
locuteurs, et seules des analyses contrastives qualitatives nous permettront
d’expliciter ces
différences quantitatives.
Ces premiers résultats quantitatifs soulèvent une interrogation : l’importance de la couleur
dans la construction d’un jugement visuel n’est interprétable qu’à travers une analyse
qualitative différentielle plus fine qui prend en compte l’identité des formes lexicales
256
produites dans les 3 corpus. La Figure 1 présente ainsi la distribution des formes lexicales
appartenant au lexique de la
COULEUR
les plus employées (> 10 occurrences) de manière
globale et pour chaque dispositif11. Cette distribution peut s’analyser de deux manières : le
pourcentage d’occurrences de chaque forme lexicale par rapport au nombre total
d’occurrences concernant le lexique de la couleur ainsi que le rang d’apparition de chaque
forme (1ère, 2ème, ou nème forme la plus citée dans le corpus).
Distribution des formes lexicales de couleur les
plus citées (> 10 occ) dans les trois dispositifs
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
40,00%
couleur
35,00%
beige
30,00%
gris
noir
25,00%
bleu
20,00%
blanc
15,00%
coloris
10,00%
marron
vert
5,00%
écru
0,00%
teinte
CORPUS
GLOBAL (898
occ.)
CORPUS 2D
(419 occ.)
CORPUS 3D
(189 occ.)
CORPUS Réel
(290 occ.)
contraste
ton
Figure 1 : Distribution (% d’occurrences et rang d’apparition) des formes lexicales les plus citées (> 10
occ.) dans les 3 dispositifs.
Les formes lexicales les plus employées, ie apparaissant au moins 10 fois dans le corpus
global, représentent plus de 90% des occurrences de couleur dans le corpus global comme
dans chacun des corpus12. Ce sont sur ces formes (et particulièrement couleur, beige, gris,
noir) que nous focalisons nos analyses.
En premier lieu, on observe deux types de formes : des formes lexicales qui refèrent à
une couleur spécifique (beige, gris, noir, bleu, blanc, marron, vert, écru)13 et des formes
lexicales qui renvoient au phénomène de la couleur de manière plus générique (couleur,
11
L’ensemble des formes lexicales et leur nombre d’occurrences respectif dans chacun des corpus est présenté
dans le tableau 8 (annexe chapitre 5).
12
En ce qui concerne les types, ces 13 formes lexicales représentent 34,2% du nombre total de types identifiés
dans le corpus global et respectivement 48,1%, 52,2% et 50% du nombre total de types identifiés dans les corpus
2D, 3D et REEL.
13
La plupart correspondent aux « basic color terms » de Berlin et Kay (1969).
257
coloris, teinte, contraste, ton). Une analyse spécifique de cette distribution entre formes dites
génériques et formes dites spécifiques est proposée dans la section 1.3. Lexiques générique et
spécifique de la couleur.
Considérant le lexique total des couleurs regroupant l’ensemble des formes lexicales citées à
propos de la / des couleur(s) dans les 3 dispositifs, la distribution des différentes formes en
fonction de leur nombre total d’occurrences est différente de la distribution enregistrée dans
chaque dispositif. Couleur fait l’unanimité, apparaissant toujours au 1er rang, avec un
pourcentage maximal d’occurrences dans chaque dispositif, mais tel n’est pas le cas des autres
formes les plus employées (beige, gris, noir et bleu) :
-
beige, au 2ème rang d’un point de vue global ainsi que dans le corpus 3D (18,5% des
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
occ.), n’arrive qu’en 3ème position avec 13,8% des occ. en REEL, et en 4ème position avec
10% occ. dans le corpus 2D (après couleur, gris et bleu) ;
-
gris, au 2ème rang dans le corpus 2D (14,1% des occ.), est la 3ème forme la plus utilisée en
3D (14,3% des occ.) et seulement la 4ème en REEL (7,6% des occ.) ;
-
Noir, globalement en 4ème position, est en 2ème position dans le REEL avec 22,4% des occ.
Cette proportion d’occurrences est la plus forte atteinte par une forme lexicale (excepté
couleur) dans l’ensemble des 3 dispositifs. À l’inverse, dans les 2 autres dispositifs, elle
apparaît dans des proportions beaucoup plus faibles (3D : 7,9% des occ. - 4ème rang ; 2D :
4,3% des occ - 5ème rang) ;
-
bleu, qui est très présent dans le dispositif 2D (3ème rang - 13,1% d’occ.), est quasiabsent en REEL (11ème rang, 0,7% d’occ14.).
De même pour les autres formes lexicales employées à plus de dix reprises, des disparités sont
à noter dans leur répartition entre dispositifs :
-
coloris et vert sont davantage présents en 2D qu’en REEL ;
-
marron, hapax en 2D (18ème rang, 0,2% d’occ.), est davantage employé dans le corpus
3D (7ème rang, 2,6% d’occ.) et surtout dans le REEL (5ème rang, 4,5% d’occ.).
-
blanc peu présent en 2D (10ème rang, 2,1% d’occ.) apparaît relativement plus
fréquemment dans les corpus 3D et REEL (6ème rang et respectivement 6,9% et 4,1%
d’occ.).
-
écru est davantage utilisé en 2D (8ème rang, 3,3% d’occ.) qu’en 3D (10ème rang, 1,1%
d’occ.) et en REEL (16ème rang, 0,3% d’occ., ie hapax).
14
Soit 2 occurrences.
258
-
contraste au 11ème et 8ème rang dans les corpus 2D et REEL est absent du corpus 3D.
Observant à présent la distribution générale de ces formes entre les 3 dispositifs, on remarque
la distribution des formes dans le dispositif 3D (en ce qui concerne les rangs) est très proche
de celle observée au niveau global pour les 6 formes lexicales les plus utilisées (couleur,
beige, gris, noir, bleu et blanc), tandis que dans les dispositifs 2D et REEL, certaines formes
n’apparaissent pas dans le même ordre et ne sont pas utilisées à la même fréquence.
Alors que gris (14,1% des occ. de couleur en 2D) et bleu (13,1% des occurrences) sont
les formes les plus utilisées dans le 2D (rang 2 et 3), ce sont beige et gris (18,5 et 14,3% des
occurrences) dans le 3D et noir et beige (22,4% et 13,8% des occurrences) dans le REEL qui
sont les plus présentes (toujours au rang 2 et 3). On peut également noter la présence
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
proportionnellement plus marquée de blanc dans le corpus 3D (près de 7% des occurrences
totales – rang 6, contre 2,1% - rang 10 - en 2D et 4,1% - rang 6 - en REEL).
L’analyse des formes lexicales référant au phénomène de la couleur dans l’ensemble des corpus
donne un premier aperçu de la diversité des formes employées par les locuteurs pour exprimer
leur expérience de la couleur. Parmi ces formes, couleur, beige, gris, noir et bleu sont les plus
fréquentes et ce dans tous les corpus (à l’exception de bleu dans le corps REEL, alors très
faiblement employée). Deux catégories (sémantiques) de formes lexicales peuvent, à ce niveau
d’interprétation (lexical), être distinguées parmi ces formes :
- d’une part, couleur que les locuteurs emploient massivement dans l’ensemble des corpus, renvoie
à une interprétation générique du concept de COULEUR ;
- d’autre part, beige, gris, noir et bleu référent à des couleurs spécifiques.
Cette distinction entre lexique générique et lexique spécifique est reprise et approfondie en 1.3.
Afin de mettre en évidence le(s) concept(s) de
COULEUR
que les locuteurs construisent en
discours avec couleur et de vérifier si ces concepts sont identiques dans les trois dispositifs, il
sera nécessaire d’examiner en détail les inscriptions syntaxiques (2.2.1.) et discursives
(chapitre 6) de couleur sans négliger celles des variations que sont les autres formes lexicales
génériques telles que coloris, teinte, contraste et ton (2.2.2.).
259
Les formes lexicales spécifiques de
COULEUR
ne sont pas employées de manière homogène par
les locuteurs dans les 3 dispositifs. Cette hétérogénéité peut être interprétée comme un premier
indice des différences perçues, ressenties par les locuteurs devant ces 3 dispositifs. Alors même
que des ambiances « équivalentes » leur ont été proposées dans les différents dispositifs, celles-ci
n’ont pas suscité dans des proportions équivalentes le recours aux mêmes formes lexicales. Il est
à ce sujet intéressant de noter que les différences ne s’observent pas uniquement entre, d’un côté
le dispositif REEL et, de l’autre, les dispositifs de simulation, ce qui pourrait permettre d’imputer
de manière équivalente la différence au problème de modélisation numérique des couleurs et représentation/réalisation de ces modélisations. Au contraire, des différences apparaissent aussi
entre les 2 dispositifs de simulation, ainsi que des similitudes entre le dispositif REEL et chacun
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
des dispositifs de simulation.
En somme, à ce stade de l’analyse, on retiendra que l’examen de la répartition des formes
lexicales de
COULEUR
est un premier indicateur de différences entre dispositifs. Dans la section
suivante, une analyse plus approfondie du partage lexical entre dispositifs et de leurs spécificités
est proposée.
L’hétérogénéité observée dans la répartition des formes lexicales référant à des couleurs
spécifiques peut également être indicatrice d’une différence de statuts des différentes
COULEURS
ainsi désignées, référées, qualifiées, évaluées. Ce n’est qu’au travers de la
comparaison des inscriptions syntaxiques (2.3. Formes spécifiques, p.298) et discursives
(chapitre 6) de ces formes lexicales spécifiques que nous serons en mesure d’identifier et de
caractériser ces différences.
Enfin, les différences observées dans la répartition des formes lexicales entre dispositifs
peuvent également être en partie imputables aux spécificités des locuteurs, ce que nous
vérifierons dans la section 1.2.
Les locuteurs ont-ils utilisés les mêmes formes lexicales pour parler de leur expérience de la
couleur devant l’écran 2D, dans le 3D ou des voitures réelles ? Dans le paragraphe suivant,
nous nous attachons à identifier de manière plus précise le partage lexical entre les dispositifs
ainsi que celui observé entre les locuteurs.
260
1.2. Partage lexical
1.2.1. Partage lexical entre dispositifs
Le tableau ci-après présente le partage lexical entre les 3 dispositifs de présentation
d’ambiances d’habitacle ainsi que les spécificités lexicales propres à chacun.
Types
Occ.
(38)
(898)
les 3 dispositifs
36,8%
93,5%
couleur, beige, gris, noir, bleu, blanc, coloris,
marron, vert, écru, teinte, ton, uni, orange,
2D et 3D
7,9%
0,9%
ivoire, nuance, orangé,
2D et REEL
10,5%
2,0%
contraste, dégradé, crème, monochrome
3D et REEL
7,9%
1,1%
rouge, contraster, jaune,
2D
15,8%
0,9%
noircir, turquoise, bicolore, contrasté, grisé,
nuancé
3D
7,9%
0,7%
transparent, rosé, violet
13,2%
0,9%
tonalité, coloration, blond, marronâtre, teinté
100,00%
100,00%
Lexique de la couleur
Formes lexicales présentes
dans
Formes lexicales
spécifiques au
REEL
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
TOTAL
Formes lexicales
Tableau 3 : Partage lexical entre dispositifs et spécificités des dispositifs
14 des 38 des formes lexicales de couleur employées par les locuteurs devant l’ensemble des
dispositifs sont utilisées dans chacun d’entre eux (soit 36,8% des types). Parmi elles, on
retrouve couleur, beige, gris, noir, bleu, blanc, mais également coloris, marron, vert, écru,
teinte, ton, uni et orange. Ces formes sont également les plus quantitativement citées et
représentent 93,5% des occurrences de couleur dans l’ensemble des trois corpus.
10 autres formes sont employées dans 2 des 3 dispositifs. Ainsi les corpus 2D et REEL
partagent contraste, dégradé, crème et monochrome (soit 10,5% des types et 2% des occ. 18
occ.), 3D et REEL partagent rouge, contraster et jaune (soit 7,9% des types et 1,1% des occ.),
2D et 3D partagent ivoire, nuance et orangé (soit 7,9% des types et 0,9% des occ.).
Enfin, 14 autres formes lexicales sont spécifiques à l’un ou l’autre des dispositifs :
noircir, grisé, contrasté ne sont employées que devant le dispositif 2D ; transparent, rosé et
violet sont spécifiques du 3D ; enfin tonalité, coloration, blond, marronâtre, teinté sont quant
à elles spécifiques des ambiances vues en REEL.
261
Plus d’un tiers des formes lexicales employées par les locuteurs pour référer aux couleurs dans
leurs discours sont produites devant les 3 dispositifs et représentent la quasi totalité des
occurrences de couleur (93,5%). Ainsi, ces formes partagées en termes d’occurrences par les 3
dispositifs sont, dans une certaine mesure, représentatives du discours sur la couleur. Néanmoins,
la diversité observée au niveau des types – près deux tiers d’entre eux étant spécifiques à un
(36,8% des types) ou deux dispositifs (26,3% des types) – justifie la nécessité de s’intéresser à ces
formes lexicales, la distance entre les dispositifs ne pouvant être évaluée qu’à un niveau qualitatif.
Cette diversité de types contraste avec un nombre d’occurrences très faible pour ces
formes spécifiques d’un ou deux dispositifs. On peut proposer 2 interprétations non exclusives
l’une de l’autre :
Ces formes non partagées dans les 3 corpus peuvent être des formes peu consensuelles entre les
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
locuteurs (cf. § suivant sur le partage entre locuteurs) ;
Ces formes peuvent constituer un indice des différences que les dispositifs donnent à percevoir
aux locuteurs.
Voyons à présent quelles sont les formes partagées, consensuelles entre les locuteurs tout
dispositif confondu et quelles sont celles qui sont idiosyncrasiques.
1.2.2. Partage lexical entre locuteurs et idiosyncrasies
Considérée tout dispositif confondu, la répartition en termes de types entre formes lexicales
partagées et formes lexicales idiosyncrasiques est quasi homogène. Ainsi 47,4% (18 formes)
des formes lexicales sont employées par au moins deux locuteurs et 52,6% (20 formes) sont
idiosyncrasiques. Ces dernières ne représentent par contre que 4,2% des occurrences alors que
les formes lexicales partagées représentent 95,8% des occurrences (cf. tableau 9 en annexe du
chapitre 5).
La mise en perspective des répartitions entre formes lexicales partagées et
idiosyncrasiques dans chacun des corpus (cf tableau 10 en annexe du chapitre 5) fait émerger
un léger contraste entre les dispositifs. En ce qui concerne les types, le REEL est le dispositif
où l’on observe une légère prédominance (60% vs 40%) des formes idiosyncrasiques sur les
formes partagées. Au niveau des occurrences, le 3D se démarque un peu des autres
dispositifs : il présente un pourcentage légèrement plus élevé d’occurrences de formes
idiosyncrasiques (10,6% d’ occurrences).
262
! L’expression lexicale du phénomène de la couleur dans l’ensemble des corpus est massivement
partagée par les locuteurs. Les corpus 3D et Réel se distinguent par davantage d’idosyncrasies soit
en termes d’occurrences (3D) soit en termes de variété de types (REEL).
Concernant l’identité des formes lexicales partagées vs idiosyncrasiques, nous renvoyons au
tableau 11 (en annexe du chapitre 5) présentant le nombre de locuteurs ayant produit chacune
des formes lexicales de couleur. Il ressort de cette analyse que les formes lexicales identifiées
comme étant les plus massivement employées et partagées entre les différents corpus sont
également les plus consensuelles, suscitant le plus de partage lexical entre les locuteurs. On
retrouve couleur, employée par l’ensemble des locuteurs, beige, gris et noir (13 loc.), bleu (12
loc.), blanc (9 loc.), marron (6 loc.) et contraste et ton (5 loc.).
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Parmi les formes les moins consensuelles, 9 formes (dont coloris, teinte, vert et écru) sont
employées par 2 à 4 locuteurs. Enfin, parmi les 18 formes idiosyncrasiques, on trouve
dégradé, coloration, blond, nuancé, marronâtre.
On observe un accord massif entre les locuteurs sur près de la moitié du lexique de la couleur,
l’autre moitié relevant d’idiosyncrasies voire même, au vu de leur faible nombre, d’hapax. Les
formes les plus consensuelles utilisées par les locuteurs dans l’ensemble des 3 dispositifs sont
couleur, beige, gris, noir et bleu. Au-delà de ces quelques formes consensuelles, on trouve un grand
nombre d’idiosyncrasies ainsi que de formes peu partagées (par 2 locuteurs).
Si on s’attache à préciser le degré de consensus remporté par les formes les plus partagées
entre locuteurs et employées dans les différents dispositifs (cf tableau 12, annexe chapitre 5),
on remarque :
-
un plus fort consensus autour de noir dans le dispositif REEL ;
-
une utilisation très consensuelle de bleu en 2D, consensus amoindri en 3D, et quasi
inexistant en REEL ;
-
un nombre de locuteurs utilisant beige moins important en 3D qu’en 2D et REEL ;
-
2 formes, marron et ton, plus consensuelles en REEL que dans les autres dispositifs ;
-
2 formes, teinte et coloris, partagées par 4 et 3 locuteurs en 2D mais idiosyncrasiques
dans les autres dispositifs.
263
Pour vérifier notre hypothèse concernant la correspondance entre formes spécifiques à un
dispositif et idiosyncrasies, les résultats des partages lexicaux entre dispositifs et entre
locuteurs sont mis en parallèle (cf tableau 13, annexe chapitre 5)
Les listes des formes spécifiques d’un dispositif et des formes idiosyncrasiques se recoupent
quasi complètement. Ainsi noircir, turquoise, bicolore, contrasté, grisé, nuancé ne sont
employées que par un locuteur et spécifiquement dans le dispositif 2D. Transparent, rosé,
violet sont spécifiques et d’un locuteur et du dispositif 3D. Enfin, tonalité, coloration, blond,
marronâtre, teinté sont chacune spécifique d’un locuteur particulier, ce dans les habitacles
REELS.
Plus marginalement, 4 formes sont également idiosyncrasiques mais repris par leur
locuteur dans 2 dispositifs. Ainsi dégradé, crème sont produites devant les dispositifs 2D et
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
REEL, ivoire et orangé devant le 2D et le 3D.
! Comme attendu, les formes les plus employées sont à la fois consensuelles entre les locuteurs
et partagées par les dispositifs. On remarque cependant quelques disparités : certaines formes
lexicales sont plus utilisées et de manière plus consensuelle dans un dispositif spécifique. Ainsi
noir est massivement et consensuellement utilisée en REEL.
Les formes les plus spécifiques d’un dispositif sont également des idiosyncrasies. Quelques cas
d’idiosyncrasies partagées entre plusieurs dispositifs sont néanmoins repérés.
On a pu établir dans les paragraphes précédents des correspondances lexicales entre les
dispositifs ainsi que des spécificités. Pour préciser les caractéristiques lexicales partagées vs
spécifiques des 3 corpus recueillis dans les dispositifs à propos de l’expression de la couleur,
nous nous intéressons maintenant aux lexiques générique et spécifique de la couleur recueillis
dans les 3 dispositifs.
1.3. Lexiques générique et spécifique de la couleur
L’analyse se poursuit en opérant une distinction entre deux sous-ensembles du lexique des
couleurs recueilli dans les trois corpus :
-
D’une part, les formes lexicales génériques de la couleur désignant la couleur de façon
générale et pouvant servir à définir n’importe quelle couleur spécifique comme par
exemple couleur, coloris ou teinte mais également des termes traitant d’une
caractéristique (spécifique de la couleur) qui peut s’appliquer à une couleur pour la
définir : uni, bicolore, nuancé … ;
264
-
D’autre part, les formes lexicales spécifiques désignant une couleur particulière comme
par exemple beige, gris, bleu, noir, ivoire, marron … appelées généralement termes de
couleur. Elles sont porteuses d’une valeur définitoire spécifique à la différence des
premières qui peuvent contribuer à la définition d’une couleur ou d’un type de couleur
mais de façon beaucoup plus globale.
La Figure 2 présente de façon globale les nombres et pourcentages de types de formes
lexicales génériques et spécifiques de couleur dans les trois dispositifs.
Pourcentages de types de formes génériques et spécifiques
de couleur dans les 3 corpus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
Total génériques
40,00%
Total spécifiques
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
2D
3D
R
TOTAL
Figure 2 : nombre et % de types de formes génériques et spécifiques de couleur dans les différents
dispositifs
Il y a une disparité entre le corpus 3D et les deux autres corpus. Dans le corpus 3D près de
70% des types sont spécifiques, alors que dans le corpus 2D ou dans le REEL, la répartition
entre types génériques et types spécifiques est plus homogène (respectivement 55,6 et 53,8%
de types spécifiques).
La figure suivant présente les nombres et pourcentages d’occurrences de ces formes dans les 3
dispositifs.
265
Pourcentages d'occurrences de formes génériques et
spécifiques de couleur dans les 3 dispositifs
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
Total génériques
40,00%
Total spécifiques
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
2D
3D
R
TOTAL
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Figure 3 : nombre et % d’occurrences de formes génériques et spécifiques de couleur dans les différents
dispositifs
De manière identique, on note que près de 68% des occurrences de formes lexicales de
couleur dans le
CORPUS
3D relèvent du lexique spécifique, contre seulement 55% environ
pour le CORPUS 2D et le CORPUS REEL.
! Ces 2 figures mettent en évidence une différence entre les dispositifs 2D et REEL d’une part et
le dispositif 3D d’autre part. Ce dernier a suscité davantage de formes lexicales spécifiques de
couleur qualitativement et quantitativement que les dispositifs 2D et REEL pour lesquels la
répartition entre lexique générique et spécifique est quasi identique. Pour exprimer leur
appréciation de la couleur dans le dispositif 3D, les locuteurs emploient préférentiellement le
lexique de couleur spécifique.
Le détail des différentes formes génériques et spécifiques ainsi que leur distribution dans les
trois dispositifs est présenté en annexe dans les tableaux 14 et 15 (annexe chapitre 5).
-
Pour les formes génériques, on retient que outre couleur, employé massivement dans les
3 dispositifs comme on a déjà pu le voir dans les paragraphes précédents, coloris, teinte,
ton et uni sont les seules formes lexicales génériques partagés par les 3 dispositifs. De
plus, elles sont davantage présentes (à l’exception de ton) dans le corpus 2D et très peu
présentes dans le corpus 3D. Lorsqu’il y a concordance de formes génériques entre 2
dispositifs, c’est le plus souvent entre 2D et REEL (contraste, dégradé et monochrome).
Enfin, aucune forme générique n’est spécifique du corpus 3D, tandis que tonalité,
266
coloration et teinté sont produites uniquement dans le corpus REEL et bicolore, contrasté
et nuancé sont spécifiques du 2D.
-
les formes spécifiques non hapax correspondent aux Basic Color Terms décrits par
Berlin et Kay (1969) et repris dans toute la littérature consacrée à la couleur comme objet
linguistique et psychologique, à l’exception de beige, écru, ivoire, orangé, crème,
noircir, et turquoise. 9 formes lexicales spécifiques sont présentes dans les 3 corpus et
totalisent 488 occurrences soit près de 95% des occurrences du lexique spécifique global.
Parmi elles, on retrouve beige, gris, noir, bleu, et, dans une moindre mesure blanc,
marron, vert, écru et orange. La distribution de chaque forme entre les différents
dispositifs est propre à chacune. Ainsi noir et marron sont massivement présentes dans le
corpus REEL, le corpus 2D renfermant, quant à lui, le nombre le plus conséquent
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
d’occurrences de bleu, de vert et d’orange.
Après avoir mis en évidence une répartition différente entre lexique générique et spécifique selon
les dispositifs, nous nous sommes intéressée aux couleurs référées par ces formes spécifiques et à
la richesse et la variété des lexiques spécifiques suscités dans les 3 dispositifs. Ces formes lexicales
spécifiques sont relativement partagées entre les 3 dispositifs, ce par rapport aux formes
génériques beaucoup moins nombreuses. Ceci confirme le consensus en français sur les formes
lexicales de couleur (« de base »), ainsi que le partage (attendu) de certaines caractéristiques de
couleur entre les ambiances proposées dans les 3 dispositifs.
Le contraste majeur observé dans la mise en perspective des lexiques générique et
spécifique de couleur recueillis dans les 3 corpus concerne l’emploi massif de formes lexicales
spécifiques dans le corpus 3D par rapport aux deux autres corpus. Dans cette situation, les
locuteurs parlent de couleurs particulières au moyen de formes lexicales spécifiques de couleur.
Ils font ainsi massivement appel à beige, gris, bleu, noir et blanc. Il s’agit alors de décrire des couleurs
particulières, de faire exister, de construire l’objet habitacle via la dénomination des couleurs
perçues et évaluées. Inversement, le lexique générique est très peu diversifié, la seule forme
utilisée par les locuteurs étant couleur.
Nous faisons l’hypothèse (qui sera à confirmer) que ceci peut être interprété comme la
conséquence du caractère non familier du dispositif de présentation proposé dans cette situation.
L’immatérialité non familière proposée par le DISPOSITIF 3D ne permettrait pas aux locuteurs
d’évaluer directement l’espace (re)présenté. Il leur serait nécessaire de passer par une première
étape de construction de la matérialité via la production de formes lexicales de couleur spécifique.
267
Les locuteurs ne s’attachent pas à évaluer les couleurs de façon générale, globale, c’est pourquoi
ils n’utilisent pas teinte, ton, nuance, coloris, tonalité.
De plus, on suppose– à vérifier dans les paragraphes suivants – que couleur ne va pas être utilisé
pour parler des couleurs globales, pour évaluer les couleurs, mais pour construire les différentes
couleurs de l’habitacle. Couleur interviendrait en discours comme un outil/un moyen15 de
construire la « matérialité » de la représentation tridimensionnelle.
Ayant mis en évidence dans cette partie des régularités ainsi que des contrastes entre
dispositifs quant aux formes lexicales qu’ils ont suscitées, il s’agit à présent d’identifier les
modes d’inscription morphosyntaxique de ces formes linguistiques dans les différents
dispositifs afin de préciser le type de conceptualisation de la couleur qu’elles contribuent à
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
construire.
2. Inscription morphosyntaxique des formes lexicales de couleur
Après une brève présentation des principaux résultats de l’analyse morphologique étayant la
distinction opérée de manière sémantique entre lexique générique et spécifique (2.1), la mise
en perspective des modes d’inscription syntaxique des formes lexicales de la couleur est
proposée en deux temps. Nous nous intéressons tout d’abord aux formes lexicales génériques
(2.2) puis aux formes lexicales spécifiques de couleur (2.3).
2.1. Morphologie des formes lexicales génériques et spécifiques de
couleur
En considérant sur le plan morphologique les formes lexicales de couleur recueillies dans
l’ensemble des 3 corpus, nous avons pu mettre en évidence un contraste entre formes
génériques
et
spécifiques.
Ainsi
62,5%
des
types
lexicaux
génériques
sont
morphologiquement construits (par ex : teinte, uni, tonalité …) tandis que 77,3 % des types
spécifiques sont morphologiquement simples (par ex : beige, vert, rouge …). Bien que le
contraste soit moindre au niveau des occurrences, on peut néanmoins remarquer également
davantage d’occurrences de formes lexicales génériques construites par la morphologie (9,9%
des occ.) que d’occurrences de formes spécifiques (1,6%).
Ce résultat permet de caractériser d’un point de vue morphologique les deux lexiques
que nous avons distingués. Les formes lexicales génériques au-delà de couleur (employé
15
étayage ou scaffolding.
268
massivement, ce qui explique le pourcentage très faible d’occurrences de formes construites
par la morphologie) sont caractérisées par une diversité de construction morphologique qui
nous enjoint à les considérer également dans notre analyse des formes génériques. Aussi dans
la prochaine section (2.2) nous étudions l’inscription morphosyntaxique de couleur, ainsi que
des autres formes lexicales génériques, dans les différents corpus.
Les formes lexicales spécifiques de couleur majoritairement non-construites répondent
bien quant à elles à l’un des trois critères définissant les Basic Color Terms de Berlin et Kay
(ce qui a permis au français de faire parties des langues du stade V) et renvoient à des formes
lexicalisées, partagées et consensuelles. Dans la partie consacrée à ces formes (2.3), nous nous
focalisons sur l’inscription morphosyntaxique des plus employées d’entre elles dans les trois
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
corpus : beige, gris et noir.
2.2. Formes génériques
Il s’agit dans un premier temps de considérer les catégories morphosyntaxiques dans
lesquelles s’inscrivent ces formes lexicales (cf. Tableau 4).
Formes
nominales
couleur
coloris
teinte
contraste
ton
tonalité
uni
nuance
dégradé
coloration
TOTAL
2D
3D
R
Adjectifs
2D
3D
R
Verbes
146
18
10
6
3
53
1
1
98
1
5
5
6
3
uni
bicolore
monochrome
contrasté
nuancé
teinté
4
1
1
1
1
1
1
1
2
1
1
1
2
2
122
TOTAL
7
187
2
59
2D
3D
R
contraster
1
1
TOTAL
1
1
1
1
1
3
Tableau 4 : Lexique générique de la couleur dans les 3 corpus – Répartition entre formes nominales,
adjectivales et verbales
Dans chaque dispositif, les locuteurs ont utilisé de manière prépondérante des formes
nominales et parmi elles, le plus souvent couleur. D’autres formes nominales sont utilisées de
manière différenciée entre les dispositifs comme coloris, teinte, ton, tonalité et contraste.
Quelques rares formes adjectivales et verbales sont également utilisées dans les trois
dispositifs de manière très idiosyncrasique (seul uni est utilisé dans les trois dispositifs et plus
d’une fois par dispositif).
Nous contrastons dans un premier temps l’inscription morphosyntaxique de couleur
dans les trois corpus. L’inscription des autres formes lexicales génériques dans les trois
dispositifs est mise en perspective dans la section suivante.
269
2.2.1. Modes d’inscription syntaxique de couleur
L’analyse contrastive des modes d’inscription de couleur en discours dans les 3 corpus se fait
au moyen des indicateurs dans le chapitre 3 et identifiés dans l’étude MEMOIRE (chapitre 4).
Nous étudions, suivant les dispositifs, la répartition en nombre de couleur, le type de
déterminant qui l’introduise et les différentes constructions syntaxiques dans lesquelles elle
s’inscrit.
2.2.1.1. Singulier/Pluriel
La figure ci-après permet une mise en perspective de l’emploi au singulier vs au pluriel de
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
couleur dans les 3 dispositifs ainsi que la répartition dans le corpus global.
Répartition entre couleur et couleurs dans les trois corpus
56,00%
54,00%
52,00%
50,00%
Singulier
48,00%
Pluriel
46,00%
44,00%
42,00%
40,00%
2D
3D
REEL
TOTAL
Figure 4 : couleur au singulier et au pluriel dans les 3 corpus et dans le corpus global
La distribution des formes couleur au singulier vs au pluriel est différente dans le corpus 3D
par rapport aux corpus 2D et REEL. Ces derniers présentent une répartition homogène entre
Singulier et Pluriel (environ 50% d’occurrences singulier - 50% pluriel) lors que le corpus 3D
renferme davantage d’occurrences au singulier (62,3% des occurrences).
La présence plus importante de couleur au singulier en 3D, contrastée avec une répartition
homogène entre formes au singulier et au pluriel dans les 2 autres dispositifs peut être interprétée
comme un premier indice de modes de référenciation différents entre ces dispositifs. Il semble
que l’évaluation globale des couleurs soit plus difficile en 3D.
270
Les types de déterminant qui introduisent couleur(s) sont également discriminants pour les
différents dispositifs.
2.2.1.2. Déterminants
Le tableau suivant présente les pourcentages d’occurrences des différents déterminants
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
introduisant couleur(s) dans les 3 dispositifs.
Déterminants
2D
introduisant couleur
la
24,7%
les
22,6%
Ø
16,4%
de+les
10,3%
une
8,2%
des
5,5%
cette
6,8%
ces
3,4%
mp (sa)
1,4%
aux (à+les)
0,7%
de+la
0,0%
Total
100,0%
3D
RÉEL
TOTAL
41,5%
24,5%
9,4%
5,7%
3,8%
3,8%
5,7%
1,9%
3,8%
0,0%
0,0%
100,0%
36,7%
26,5%
9,2%
6,1%
4,1%
7,1%
3,1%
2,0%
2,0%
2,0%
1,0%
100,0%
31,6%
24,2%
12,8%
8,1%
6,1%
5,7%
5,4%
2,7%
2,0%
1,0%
0,3%
100,0%
Tableau 5 : Déterminants introduisant couleur dans les 3 corpus
Les contrastes observés précédemment se retrouvent dans ce tableau : si on observe en 3D
une proportion plus importante du déterminant article défini singulier la (41,5%) par rapport
au déterminant article défini pluriel les (24,5%), dans les corpus 2D et REEL les pourcentages
d’occurrences de ces 2 déterminants articles définis sont quasi équivalents (24,7% et 22,6%
en 2D – 36,7 et 26,5% en REEL).
De plus, les corpus 3D et REEL, la et les représentent à eux seuls plus de 60% des
déterminants introduisant couleur(s) (respectivement 66,0 et 63,3% d’occ.), alors que dans le
corpus 2D, seuls 47,3% des occurrences de couleur(s) sont introduites par la ou les. En effet
dans ce dernier, on observe davantage d’occurrences de couleur introduites sans déterminant,
avec le déterminant article défini contracté des16 (de les), par le déterminant défini
démonstratif cette ainsi que par le déterminant article indéfini féminin une17.
Au-delà de ces quelques différences remarquables, on note d’une part une
prédominance de déterminants définis dans chaque dispositif (soit respectivement 69,9%
16
Nous verrons dans le paragraphe suivant que cette spécificité du corpus 2D s’explique par la présence plus
importante de formes le N+de+les+couleur(s) ou le N+de+Ø+couleur(s).
17
Ce contraste s’éclaire à l’examen des spécificités des locuteurs : une est utilisé à 5 reprises par le locuteur S9
(sur 7 occ.) ; cette est idiosyncrasique de la locutrice S7 (6 occ.). La diversité des déterminants utilisée pour
introduire couleur est en partie liée aux spécificités individuelles.
271
d’occurrences en 2D, 83,0% en 3D et 79,60% en REEL18) ainsi qu’une proportion stable et
importante d’occurrences de couleur introduites sans déterminant (2D: 16,4% ; 3D: 9,4% ;
REEL : 9,2%).
Dans l’ensemble des trois corpus, couleur est majoritairement introduit par des déterminants
définis, indice soit d’une (ou plusieurs) couleur(s) particulière(s) déjà instanciée(s) en discours (la
couleur du rétro), soit de la couleur / des couleurs génériques (bah j’aime bien les couleurs claires).
Comme dans le paragraphe précédent on retiendra également la présence plus importante
d’occurrences de couleur au singulier introduites par le déterminant défini la dans le corpus 3D, ce
qu’on peut interpréter comme l’indice d’une difficulté pour les locuteurs à évaluer les couleurs
dans leur globalité et/ou la nécessité de construire et évaluer les couleurs une à une de manière
Il s’agit à présent de comparer l’inscription syntaxique de couleur(s) dans les 3 corpus.
2.2.1.3. Constructions syntaxiques
Les constructions syntaxiques dans lesquelles couleur(s) est inscrit dans l’ensemble des
corpus sont très diversifiées. Un aperçu de cette diversité est proposé dans le tableau suivant :
Types de Formes
Formes nominales
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
singulière.
couleur (297 occ.)
Simples
la couleur / les couleurs
au niveau Ø/de la/des couleur(s)
à cause de la / des couleurs
sur/dans les couleurs
Coordonnées
les couleurs et les matières
la forme et la couleur
Adj+N
N+Adj
N+N
Complexes
(construites par
la syntaxe)
N+prep+N
N+prep+N
deux couleurs / les mêmes couleurs
la couleur beige / blanche / extérieure / froide
les couleurs claires / un peu sombres / plus vives
la couleur bois/canapé
cette couleur bois/inox/crème
la couleur de la voiture
la couleur du/des sièges/du rétro/de mes cadrans
des couleurs de bois de blanc
les rétros de couleur
l’assemblage/mélange/unité/harmonie des couleurs
Tableau 6 : Formes syntaxiques dans lesquelles s’inscrit couleur : quelques exemples.
18
Cf. tableau 16, annexe chapitre 5.
272
La répartition des occurrences de couleur dans les différentes formes syntaxiques dans chacun
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
des dispositifs et dans le corpus global est présentée ci-après :
Figure 5 : Inscription de couleur dans différents types de formes syntaxiques – Comparaison entre
dispositifs.
En observant l’ensemble des formes nominales de couleur recueillies dans les 3 dispositifs,
des régularités syntaxiques apparaissent.
-
De manière globale et dans chaque dispositif, couleur apparaît le plus souvent dans des
formes simples det+couleur(s) (entre 33,6% et 56,1% des occurrences de couleur)19.
-
Ce sont ensuite les formes de type couleur+Adj qui sont le plus employées (entre 17,3 et
27,4% des occurrences de couleur).
-
Les 3èmes formes les plus employées sont de type N+prep+couleur (entre 11,2 et 19,2%
des occurrences).
-
On trouve également des formes de type couleur+de+N (de 7,1 à 18,9% des occ.).
-
Enfin, quelques coordinations (det+couleur+ET+det+N / det+N+ET+det+couleur)
sont présentes dans les corpus 2D et Réel ainsi que quelques rares formes couleur+N
dans les 3 corpus.
19
Cependant, si l’on contraste formes nominales simples et formes nominales complexes pour chacun des
corpus, on peut voir que seul le corpus REEL comporte davantage de formes simples la/les couleurs (55,1%) que
de formes complexes (44,9% des occ.)
273
Au-delà d’une distribution assez semblable des différentes constructions syntaxiques dans les
3 dispositifs, quelques contrastes peuvent être repérés, contribuant à spécifier chacun d’entre
eux :
-
C’est dans le corpus 3D que les constructions de type couleur+de+N sont les plus
fréquentes (près d’1 occurrence sur 5) ;
-
Le corpus 2D renferme la proportion la plus importante de formes couleur+Adj et
N+prep+couleur ;
-
Le corpus REEL se distingue par une présence majoritaires de SN simples avec 56,1% de
det+couleur(s) et 8,2% de coordinations det+couleur(s)+et+det+N. Ce corpus présente
également la proportion la plus faible de formes couleur+de+N (3 fois moins qu’en 3D)
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
et de formes couleur+Adj.
Les différences observées pour chaque dispositif nous permettent de faire quelques hypothèses
quant au statut différencié de couleur dans les différents discours suscités. Si les formes simples la
couleur/les couleurs font l’unanimité, les contrastes caractérisent des dispositifs ne proposant pas le
même type d’expérience sensible aux locuteurs. Ainsi, les formes couleur+prep+N plus
fréquemment présentes en 3D peuvent être interprétées comme l’indice de la nécessité pour les
locuteurs de rattacher la couleur décrite, évaluée à son objet support. On peut penser que la
couleur devient alors l’indice de l’objet (la couleur des aiguilles) et qu’elle contribue à construire cet
objet en discours.
Inversement en 2D, couleur ne sert plus à qualifier un objet mais devient l’objet, l’entité à
caractériser : c’est en effet dans ce dispositif que le pourcentage de syntagmes adjectivaux
(couleur+Adj) est le plus important (les couleurs plus vives). Cette entité couleur est également évaluée
de manière globale au sein d’un ensemble de couleurs au moyen de formes N+prep+couleur(s)
(l’harmonie de couleurs).
Le REEL quant à lui se distingue des autres dispositifs. La faible présence de formes
couleur+prep+N (par ailleurs très présentes en 3D) semble caractériser un dispositif où les
couleurs ne sont plus indices d’un objet, construisant par là même cet objet, mais bien des entités
en tant que telles. Ces entités sont prises au sens générique (peu de caractérisation via les formes
couleur+Adj) et peuvent être évaluées conjointement à d’autres « objets sensoriels » tels que les
matières et les formes (constructions N+et+couleur(s) / couleur(s)+et+N).
Nous nous intéressons maintenant à chacune des constructions syntaxiques dans lesquelles
couleur(s) s’inscrit.
274
a) La couleur / les couleurs
Les formes simples de type det+couleur(s), les plus fréquentes dans les trois corpus,
apparaissent de manière relativement homogène au singulier et au pluriel (cf tableau ci
dessous) dans les trois corpus.
Couleur(s)
Singulier
Pluriel
Total
2D
46,9%
53,1%
100,0%
3D
54,5%
45,5%
100,0%
REEL
48,1%
51,9%
100,0%
TOTAL
48,8%
51,2%
100,0%
Tableau 7 : Répartition entre couleur et couleurs dans les 3 corpus
Néanmoins, en cohérence avec les résultats généraux mettant en évidence une proportion plus
importante d’occurrences de couleur au singulier dans le corpus 3D, on retrouve ici une légère
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
prédominance de formes det+ couleur par rapport à det+couleurs dans le corpus 3D.
Les déterminants qui introduisent couleur et couleurs sont le plus souvent les
déterminants articles définis la et les (respectivement 38,4 et 35,2% des occurrences totales)
cf. tableau 17, annexe chapitre 5).
Les syntagmes nominaux simples la couleur / les couleurs sont les plus fréquemment employés dans
les 3 corpus. Leur répartition homogène entre formes au singulier et au pluriel indique qu’elles
renvoient à une pluralité de conceptualisations qui nécessite de travailler au niveau des énoncés
(cf. chapitre 6). Pour le moment, nous poursuivons l’analyse de l’inscription morphosyntaxique
de couleur(s) dans des constructions syntaxiques complexes.
b) Couleur(s) + Adj
Les constructions de type couleur(s)+adj représentent 27,4% des occurrences de couleur dans
le corpus 2D, 24,5% des occ. dans le corpus 3D et 18,4% dans le corpus Réel.
Globalement davantage présentes au singulier qu’au pluriel (57,1% du total des occurrences
au singulier vs 42,9% des occ. au pluriel), la répartition singulier/pluriel n’est pas identique
dans les différents corpus (cf. figure ci-dessous) :
275
Répartition des SN couleur +adj singuliers et pluriels
dans les 3 corpus
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Singulier
Pluriel
2D
3D
REEL
TOTAL
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Figure 6 : Répartition des SN couleur+Adj singuliers et pluriels dans les différents corpus
Ainsi, dans les corpus 3D et Réel, on relève une majorité de formes det+couleur+adj au
singulier (69,2 et 76,5% des occurrences), alors que dans le corpus 2D, les formes
det+couleurs+adj sont légèrement prédominantes (55% des occurrences).
Ces résultats se retrouvent lorsqu’on observe les déterminants introduisant ces
formes20. Les déterminants les plus fréquents sont les article définis la et les (respectivement
24,3% et 18,6% des occurrences totales), la étant très présent dans le corpus 3D (38,5% des
occurrences) ainsi que dans le corpus Réel (29,4% des occurrences) et les dans le corpus 2D
(27,5% des occurrences).
Les syntagmes nominaux construits sur le nom pivot couleur(s) précédé ou suivi d’un adjectif
épithète ne sont pas employés de manière identique dans le corpus 2D et dans les autres corpus.
La majorité de formes au singulier comprise dans les corpus 3D et REEL semble indiquer que les
dispositifs correspondant ont suscité davantage de spécification d’une couleur singulière (la
couleur+ADJ) que le dispositif 2D, dans lequel ces formes, un peu plus souvent au pluriel qu’au
singulier, permettent également aux locuteurs de référer à des types de couleur (les couleurs+ADJ).
S’agissant d’observer maintenant plus en détail ces constructions de type la couleur + adj et
les couleurs + adj, le tableau ci-après présente la répartition des formes comprenant un
épithète antéposé ou postposé selon les corpus.
20
cf. tab 18, annexe chapitre 5.
276
Syntaxe
Adj+couleur
Adj+couleurs
couleur+(Adv)+Adj
couleurs+(Adv)+Adj
2D
3D
RÉEL
TOTAL
(40 occ.) (13 occ.) (17 occ.)
Exemples
la/de la même couleur
une autre couleur
les mêmes couleurs
les autres couleurs
deux couleurs
la couleur claire
la couleur blanche / beige
la couleur extérieure
cette couleur brillante / écrue
une couleur froide / plus salissante
les/ces couleurs claires
des couleurs différentes
des couleurs vives
les couleurs intérieures
des couleurs très modernes
des couleurs plus froides
les couleurs plus vives ./ trop claires
7,5%
7,7%
5,9%
7,1%
17,5%
15,4%
17,6%
17,1%
37,5%
61,5%
70,6%
50,0%
37,5%
15,4%
5,9%
25,7%
Tableau 8 : formes complexes nominales adj+couleur(s) & couleur(s)+adj dans les 3 corpus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Les constructions de type couleur(s)+adj présentent dans plus de 75% des occ. un adjectif
épithète postposé et dans près de 25% des occ. un adjectif antéposé, quel que soit le corpus.
Lorsqu’il est antéposé, il s’agit alors majoritairement de formes présentant couleurs au pluriel
(les mêmes couleurs). Lorsqu’il est post-posé, on observe une majorité de formes au singulier
pour les corpus 3D (61,5% des occ.) et REEL (70,6% des occ.) (ex : la couleur claire) et une
répartition homogène entre formes singulières et plurielles dans le corpus 2D.
Ces formes complexes nominales comprenant couleur comme nom pivot et un adjectif épithète le
qualifiant sont présentes en égale quantité au singulier et au pluriel dans le corpus 2D et
majoritairement au singulier dans les corpus 3D et REEL. Elles comportent le plus souvent un
adjectif en postposition. Il devrait s’agir pour les locuteurs de spécifier une ou plusieurs couleur(s)
particulière(s), leur permettant de préciser leur objet de description et d’évaluation et de le
restreindre à des catégories spécifiques de couleur.
L’examen des formes nominales complexes à épithète anté ou post-posé permet de
s’intéresser à la sémantique des adjectifs qualifiant couleur(s) ainsi qu’à la présence ou non de
modifieurs adverbaux. En effet, les adjectifs épithètes rattachés au nom couleur réfèrent à
différentes thématiques et propriétés, présentées dans le tableau suivant qui met en
perspective les différents corpus.
277
Adjectifs associées à la couleur référant à :
2D
(30 occ.)
3D
(13 occ.)
RÉEL
(17 occ.)
Total
(60 occ.)
20,0%
23,1%
35,3%
25,0%
33,3%
23,1%
5,9%
23,3%
23,3%
7,7%
35,3%
23,3%
10,0%
23,1%
17,6%
15,0%
6,7%
23,1%
0,0%
8,3%
6,7%
0,0%
0,0%
3,3%
0,0%
0,0%
5,9%
1,7%
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
Propriété de couleur
2D: écrue, blanche, beige
3D : blanche, gris, orangée
REEL : beige, orange, noire, rouge
Propriété de lumière et intensité
2D : (très) claire(s), (plus) vives, un peu sombres
3D : brillante, mates trop luisantes, trop claires
REEL : plus claire
Jugements
2D : (plus) froide(s), très originales, très modernes,
assez classique assez normale, un peu sérieuses
3D : spéciale
REEL : bonne, chaude, toc, commerciale, plus
discrètes, plus salissantes
Comparaison
2D : différentes
3D : autre, deux
REEL : mêmes, deux
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Localisation
2D : intérieures, extérieure
3D : extérieure
Globalité vs Spécificité
2D : générale, particulière
Matière et processus
REEL : métallisée
Total
Tableau 9 : Caractérisation sémantique des adjectifs épithètes de couleur dans les 3 corpus
Considérant le corpus de manière globale, on peut remarquer que les adjectifs épithètes
postposés renvoient majoritairement soit à une couleur spécifique –la couleur beige (25% des
occ.), soit à une propriété d’intensité lumineuse de la couleur – ces couleurs claires (23,3%
des occ), soit à un jugement – une couleur plus salissante (23,3% des occ).
Quelques adjectifs (la plupart des adjectifs antéposés) introduisent une pluralité de couleurs et
une possible comparaison entre elles (les mêmes couleurs). D’autres permettent de distinguer
les couleurs suivant leur localisation (les couleurs intérieures) et quelques-uns référent à la
globalité ou à la spécificité d’une couleur (la couleur générale). Enfin, un adjectif –
métallique, caractérise une couleur via un processus de fabrication particulier.
Les corpus se caractérisent par des répartitions contrastées de ces différents types sémantiques
d’épithète. Ainsi si les 3 corpus comprennent des constructions de type la+couleur+adj de
couleur21 qui participent à la construction en discours de la référence à une couleur spécifique
(la couleur blanche), les formes de type la/les+couleur(s)+adj de lumière sont
caractéristiques des corpus de simulation 2D et 3D et renvoient à un type de couleur
caractérisé par ses propriétés d’intensité ou de renvoi de la lumière (ces couleurs mates pas
21
toujours au singulier.
278
trop luisantes). Les formes comprenant des adjectifs évaluatifs sont elles davantage
employées dans les corpus 2D et Réel. Enfin les SN comprenant un adjectif de comparaison
ou de localisation sont proportionnellement plus présents dans le corpus 3D.
Ces contrastes permettent de faire des inférences quant aux dispositifs qui ont suscité ces
différents discours et aux différents rapports à la couleur / aux couleurs qu’ils contribuent à
instaurer dans leur interaction avec les locuteurs.
Dans le dispositif REEL, les formes privilégiées couleur+Adj_couleur, toujours au
singulier et introduites par le déterminant article défini la permettent au locuteur de référer en
discours à une couleur particulière et définie. La présence d’autres formes, dans lesquelles un
adjectif évaluatif (discrètes, toc, bonne, salissante, commerciale) est associé à couleur, nous indique que les
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locuteurs peuvent exprimer leur jugement de manière « objectivée » au moyen de formes
lexicalisées, assez bien stabilisées. Le dispositif 2D est également un dispositif qui présente aux
locuteurs des ambiances d’habitacle dont ils évaluent les couleurs au moyen de formes lexicalisées
de type det+couleur+adj éval. Par contre, le dispositif 3D a peu suscité de telles formes, ceci
suggérant qu’il ne rendait pas possible ce type d’appréciation des couleurs comme entités du
monde.
A l’inverse les SN caractérisant la ou les couleurs par un adjectif renvoyant aux propriétés
de lumière de la couleur sont caractéristiques des corpus recueillis dans les dispositifs de
simulation et sont quasi absent du corpus REEL. Si ces résultats ne sont que partiels et qu’il est
bien évidemment nécessaire d’analyser l’inscription discursive de ces formes syntaxiques afin de
comprendre dans quelles activités discursives elles s’inscrivent, on retiendra ici que les locuteurs
ont besoin de caractériser, de spécifier des couleurs par rapport à leurs propriétés lumineuses
dans des dispositifs qui justement reconstruisent et présentent aux locuteurs des ambiances
d’habitacle rematérialisées via des technologies faisant appel à la lumière.
On remarque également que les SN renvoyant à des activités de comparaison (composés
le plus souvent de couleurs au pluriel et d’un adjectif antéposé) sont davantage présents dans le
corpus 3D ainsi que dans le corpus REEL, ce qui semble pouvoir s’expliquer par la temporalité de
l’expérience dans lesquels sont investis les sujets : après avoir vu deux ambiances dans le 1er
dispositif (2D), ils en voient 2 nouvelles dans le 2nd dispositif (3D), puis 2 autres dans le dispositif
Réel. C’est le différentiel créé par la dynamique de l’expérience qui est ici inscrit dans la présence
de ces SN. Ces formes antéposées, plus souvent au pluriel, posent les couleurs comme objets
génériques, prises de manière globale et comparées aux couleurs (toujours au pluriel) déjà vues (si
on est dans le cas de la seconde ambiance présentée au sein d’un même dispositif) et/ou déjà
279
commentées. La construction de la référence et de l’évaluation se fait comparativement, par
rapport à ce qui vient d’être perçu et commenté, avec l’assurance que cette expérience sensible et
discursive est partagée avec l’interlocuteur, ce qui permet aux locuteurs l’utilisation de ce type
d’anaphore.
Concernant l’activité de comparaison, cette fois-ci dans l’ensemble des 3 corpus, on remarque
enfin qu’entre 15 à 20% (corpus 3D : 15,4% - corpus REEL : 17,6% et corpus 2D : 20%) de ces
formes nominales construites avec un nom pivot couleur(s) et un adjectif épithète présentent un
adverbe. Celui-ci s’inscrit le plus souvent dans des constructions nominales au pluriel et vient
modifier (intensifiant ou modalisant) un adjectif de propriété lumineuse (couleur très claire) ou
d’évaluation (couleurs un peu sérieuses). La distinction entre adverbes d’intensité et adverbes
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
modalisateurs n’est pas toujours d’évidence. Ainsi dans ce cas il n’y a pas recouvrement entre
adverbes d’intensité et adjectifs de lumière vs adverbes modalisateurs et adjectifs d’évaluation de
l’autre. En effet on peut observer des formes telles que couleurs trop claires, couleurs plus vives (au côté
de couleurs un peu sombres et couleur très claire), se faisant les indicateurs d’une activité comparative
entre la / les couleurs ainsi désignées et d’autres couleurs (caractérisant soit les ambiances
précédemment explorées, soit des couleurs de « référence » que les locuteurs ont en mémoire –
des prototypes ?). C’est en analysant dans le chapitre 6 l’inscription en discours de telles formes
que nous pourrons développer nos hypothèses sur ces relations entre description et évaluation.
c) N+prep+det+couleur
Nous avons vu que les constructions présentant un nom pivot suivi d’un GN complément du
nom det+couleur(s) (N+prep+det+couleur), 2nd type de formes nominales complexes dans
laquelle s’inscrit couleur, sont plus employées dans le corpus 2D (19,2% des occ. de couleur)
que dans les corpus 3D et Réel (11,3 et 11,2% des occ.). Le plus souvent hapax22, elles
partagent néanmoins des régularités tant du point de vue morphologique que syntaxique et
sémantique.
Dans ces constructions couleur apparaît majoritairement au pluriel quel que soit le corpus
(71,1% des occ. tout corpus confondu). Plus précisément, ces formes se caractérisent le plus
souvent par un nom pivot au singulier suivi d’un groupe prépositionnel complément du nom
présentant couleurs au pluriel (60% des occ. tout corpus confondu, par ex : l’unité des
22
Toutes les formes sont hapax dans les corpus 3D et Réel. Dans le corpus 2D seules 4 formes sont employées à
deux reprises (une harmonie de couleurs, l’harmonie des couleurs, l’assemblage des couleurs, un tableau de
bord avec des couleurs).
280
couleurs). Plus rarement, le nom pivot et couleurs sont au pluriel (par ex : les assortiments de
couleurs). Enfin, lorsque couleur est au singulier, le pivot du SN l’est également (par ex :
cette sensation dans la couleur).
A quelques rares exceptions près (avec 4, dans 2, à 1, entre 1), la préposition qui
introduit couleurs comme complément du nom pivot est la préposition DE.
Enfin, dans ces constructions, couleurs est principalement, soit directement introduit
par cette préposition DE sans déterminant (46,4% des occ. dans le corpus 2D et 54,5% des
occ. dans le corpus Réel), soit introduit par le déterminant article contracté DES, qui
amalgame la préposition de et l’article défini les (33,3% des occ. du corpus 3D, 28,6% des
occ. du corpus 2D et 18,2% des occ. du corpus Réel)23.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
On retient ici la présence prédominante de constructions du type le+N+des+couleurs qui
dénote d’une pluralité de couleurs considérées dans un collectif défini « singulier » (une
collection), comme une globalité.
Des régularités sont également observables au niveau du nom pivot que vient complémenter
couleurs. Le tableau suivant présente les différents noms pivots ainsi que les catégories
sémantiques auxquelles ils réfèrent :
23
Les tableaux présentant la répartition dans les 3 corpus entre formes au singulier et au pluriel, le type de
déterminant introduisant ces formes, ainsi que les prépositions introduisant couleur(s) comme complément du
nom pivot sont en annexe (tableaux 19, 20 et 21).
281
Nom pivot associés à
couleur(s)
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2D : harmonie 4, mélange 3,
assortiment(s) 2, unité 2,
assemblage 2, alliance, différence(s)
2, changement, gammes, choix,
question
3D : harmonie 2, unité,, goût,
changement
REEL : harmonisation 2, harmonie,
unité, mélange, trop plein, recherche,
travail, idée un peu originale,
discrétion
2D: voiture
3D: habitacle
2D: tableau de bord (2), rétros, type
de siège
REEL : planche de bord
2D: bois
Objets et propriétés associées
à la couleur
2D
(28 occ.)
3D
(6 occ.)
REEL
(11 occ.)
Évaluation globale des
couleurs en tant que collectif
71,4%
83,3%
81,8%
Voiture ou
partie de la
voiture
21,4%
16,7%
9,1%
Propriété
sensorielle
7,1%
0,0%
9,1%
Voiture
Eléments de
l’habitacle
Matière
Action/effet de
2D: renvoi de lumière
lumière
Couleur
2D: sensation
REEL : tons comme ça plus foncés, comme
pas éclatants
sensation
Tableau 10 : Noms pivots associés par la syntaxe à couleur(s) et objets - propriétés référées
Les noms pivots peuvent être regroupés en 3 catégories :
- la grande majorité de ces noms (34/45 occ soit 75,5% des occ. totales et plus de 70% des
occ. dans chacun des 3 corpus) renvoie à l’appréciation globale des couleurs (harmonie,
assortiment, unité, mélange …) et s’inscrivent principalement dans les formes
le+N+de(s)+couleurs (le mélange des couleurs) ;
- la quasi totalité des formes au singulier (Npivot et couleur), présente des noms pivots qui
désignent la voiture (une voiture) ou une partie de la voiture, pouvant être un élément ou une
matière de l’habitacle : tableau de bord de cette couleur écrue là, un bois d’une autre
couleur ;
- enfin, 1 nom et 2 SN renvoient à une propriété sensorielle générique (sensation) ou plus
spécifique (tons (…) plus foncés, renvoi de lumière).
! On peut noter une grande diversité dans les noms pivots des formes de type
le+N+de(s)+couleurs ou les+N+de(s)+couleurs. On trouve par exemple : alliance de
couleurs, l’assemblage des couleurs, assortiments de couleur, harmonie des couleurs, le
mélange des couleurs, dégradé de couleurs, les différences de couleur … Cependant si ces
formes sont quasi exclusivement des hapax et que les noms pivots restent souvent une
spécificité d’un ou deux locuteurs, la construction est récurrente chez la plupart des locuteurs
(9 parmi les 15 l’utilisent). Au niveau sémantique, les noms pivots (harmonie 7, unité 5,
mélange 4, harmonisation 2, assemblage 2, assortiment 2, alliance 1, gammes 1…) renvoient
282
en majorité au mélange de plusieurs couleurs avec une dimension évaluative pour harmonie,
harmonisation, assortiment, unité24. Ce type de construction syntaxique est donc utilisé pour
décrire et évaluer plusieurs couleurs ensemble, de manière globale, en tant que « collectif ». Il
est aussi utilisé pour en décrire les contrastes et effectuer des comparaisons (les différences de
couleur, pas trop de changement,de couleur, le même habitacle avec les mêmes couleurs).
D’autre part, recherche, choix, question, travail, idée un peu originale, renvoient quant à eux
à une action, une réflexion globale sur la/les couleurs. Enfin la locutrice S7 en utilisant ce
type de construction met en relation les couleurs avec un autre objet sensible, les matières (un
mélange de matières et aussi de couleurs, l’assortiment des matières et des couleurs).
Ces formes majoritaires dans ce type de construction (quel que soit le corpus) sont le
reflet d’un jugement très « abstrait» où les locuteurs témoignent d’une tentative
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
d’objectivation maximale grâce à l’utilisation de formes nominales complexes articulant
couleur à une nominalisation pivot le plus souvent dérivée d’un verbe (changement,
assortiment, mélange, unité25, assemblage, alliance). Ces formes renvoient toutes à différents
degrés à la réunion de plusieurs couleurs (ou la comparaison dans une moindre mesure) qui
forment ou non un tout, ou qui changent mais qui sont toujours considérées globalement, dans
leur ensemble. De plus, la présence massive de noms déverbaux renvoie à une notion
d’activité, de manipulation des couleurs comme entités autonomisées de leur support.
Enfin, cette « réunion » est parfois évaluée soit directement dans le syntagme via un
trait axiologique compris dans le nom pivot (notamment dans harmonie), soit via un adjectif
épithète parfois modalisé par un adverbe (par ex : un trop grand mélange de couleurs,
mauvais choix des couleurs, une certaine unité des couleurs).
24
Dans le TLFi l’harmonie est définie (en peinture) comme « l’agencement des couleurs, des tons et des
nuances », l’unité comme « cohérence, harmonie entre diverses parties » et l’assortiment comme l’ « assemblage
de choses qui vont ensemble ».
25
Dans une perspective diachronique, unité n’est pas une forme construite par la morphologie du français mais
est empruntée au latin unitas (cf. TLFi). Cependant, il nous semble pertinent de remarquer ici en synchronie une
paradigme de noms pivots construits sur des verbes au sémantisme proche (mêler, assembler, allier, assortir)
dans lequel unir trouve également sa place.
283
Dans l’ensemble des trois corpus, il s’agit pour les locuteurs, au travers de ces dénominations, le
plus souvent de type le N des couleurs, d’évaluer les couleurs dans leur ensemble, d’apprécier leur
harmonie, leur unité entre elles, dans le cadre d’une pratique d’évaluation esthétique objectivée des
couleurs de l’habitacle exploré (une certaine unité des couleurs).
Ces formes composées d’un nom pivot et de couleur(s) comme complément de ce nom sont
davantage présentes dans le corpus 2D (elles représentent les seconds SN complexes comprenant
couleur les plus employés dans ce corpus 2D). A l’inverse, c’est le corpus 3D qui en comprend la
plus faible proportion.
Cette « spécificité » du dispositif 2D pourrait s’expliquer par le type de tache perceptive
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demandée aux sujets lors de l’exploration visuelle d’ambiances d’habitacles sur un écran 2D qui
semble assez proche de l’exploration de scènes visuelles fixes comme des tableaux. Le consensus
rencontré ici en terme de procédé linguistique (plus qu’en termes de formes linguistiques qui
restent le plus souvent des hapax) entre les différents locuteurs laisse penser que les pratiques
d’observation de tableaux ou de dessin ou d’autres scènes visuelles 2D fixes, et plus généralement
les représentations collectives en terme d’esthétique, ont contribué à la co-construction de
procédés linguistiques et de catégories cognitives stables en mémoire concernant l’évaluation du
degré d’harmonisation entre les différentes couleurs d’une scène.
De plus, on peut penser que le fait de n’avoir à sa disposition que des indices visuels force peutêtre à l’évaluation « globale » des indices visuels construits en tant qu’entités.
d) Couleur de N
Les constructions de type couleur+prep+Nom (principalement couleur de N) caractérisent le
corpus 3D où elles sont proportionnellement 2 fois plus nombreuses (18,9% des occ. de
couleur) que dans les corpus 2D et Réel (9,6% et 7,1% des occ.). Essentiellement au singulier
(surtout dans les corpus 3D - 9/10 occ. et 2D – 11/14 occ.), elles sont principalement
introduites par le déterminant article défini la (cf. Annexe chapitre 5).
Toutes hapax au sein de chaque corpus, on peut néanmoins noter quelques régularités
quant aux noms présents dans le groupe prépositionnel complément du nom pivot couleur. Le
tableau ci-dessous propose un classement de ces noms pivots, des objets dont ils contribuent à
construire la référence, ainsi que leur distribution (en pourcentage d’occurrences) au sein des
3 corpus.
284
Noms associés au nom pivot
couleur(s)
Objets et propriétés
associées à la couleur
2D
(14 occ.)
3D
(10 occ.)
REEL
(8 occ.)
2D : la bagnole, la voiture extérieure, l’autre
3D : la voiture, la voiture extérieure,
intérieur, l’intérieur
La voiture (extérieur /
intérieur)
21,4%
50,0%
0,0%
42,9%
40,0%
37,5%
Couleurs
14,3%
0,0%
10,0%
0,0%
25,0%
37,5%
autres
21,4%
0,0%
0,0%
2D : le rétro, le(s) siège(s), le tableau de
bord, le bas de la portière, le centre
3D : aiguille(s), siège, dessus du levier de Eléments de l’intérieur
vitesse
et localisation
REEL : mes cadrans, les sièges,
commandes de volant,
2D : aluminium, bois
3D : matériaux
REEL : bois, chromé
REEL : beige noir blanc
2D : ensemble, pays chaud, pays tempéré
comme les nôtres
Matières
Tableau 11 : Noms associés par la syntaxe au nom pivot couleur et objets référés
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Les noms compléments de la couleur renvoient à une grande diversité d’objets et de
propriétés. Cependant plus de la moitié d’entre eux (9/14 occ dans le corpus 2D et 9/10 occ.
dans le corpus 3D) réfère soit à la voiture entière soit à une partie de la voiture. On trouve
ainsi dans les corpus 2D et 3D au niveau le plus général : la couleur de la bagnole, la couleur
de la voiture extérieure, les couleurs de l’autre, désignant plus particulièrement pour les deux
premiers la couleur extérieure (d’ailleurs ensuite précisée dans le second) et pour le dernier
les couleurs de la voiture (en fait de l’ambiance) vue en première présentation. En opposition
aux couleurs extérieures, trois formes nominales complexes, spécifiques du corpus 3D,
renvoient à la couleur et aux couleurs de l’intérieur (cette couleur d’intérieur, la couleur de
l’intérieur, les couleurs de l’intérieur).
Lorsque la couleur est rattachée à une partie de la voiture (ce qu’on retrouve dans les 3
corpus de manière proportionnellement équilibrée), il s’agit:
•
soit d’un objet de l’habitacle : la couleur du siège/des sièges, la couleur du rétro,
autres couleurs du tableau d(e) bord, la couleur des aiguilles, la couleur des
commandes de volant ;
•
soit de « localisation » : la couleur du centre, des autres couleurs du bas d(e) la
portière, la couleur du dessus du levier de vitesse.
Alors que le corpus 3D n’en présente pas, le corpus REEL a la particularité (bien qu’il ne
renferme qu’une faible quantité de ce type de construction) d’associer au nom pivot couleur
un nom de matière ou de couleur spécifique (des couleurs de bois de blanc, les différentes
couleurs de chromé, des couleurs de beige noir plus opposées). On relève également dans le
corpus 2D deux noms référant à des matières (couleur d’aluminium, la couleur de bois).
285
Essentiellement au singulier et introduites principalement par le déterminant article défini la, les
formes de type la couleur+de+X permettent aux locuteurs de désigner et décrire une couleur
singulière et particulière comme couleur de « quelque chose », la rattachant ici soit à la voiture dans
son intégralité, soit à un objet (de l’habitacle) ou à une matière support (dans les corpus 2D et
REEL), définissant ainsi la couleur en extension.
Les différentes formes construites sur le schéma couleur+de(+det)+Nom permettent
comme les formes couleur+Adj de spécifier les couleurs désignées. Cependant, au lieu de
construire des catégories de couleur, ces formes singularisent, précisent une couleur
particulière qui s’inscrit dans un rapport de dépendance avec un objet, une matière ou
une pratique.
Ces formes sont surtout caractéristiques du corpus recueilli devant le dispositif 3D. Cela peut être
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
interprété comme l’indice d’une non autonomie totale (en tout cas d’une autonomie partielle) des
couleurs qui doivent être rattachés à un objet support26, tout ou partie de la voiture lors de
l’exploration des ambiances dans le dispositif 3D, par rapport aux deux autres dispositifs.
Il s’agira dans l’analyse de l’inscription discursive de ces formes (chapitre 6) de
questionner la nature et la dynamique de la relation entre le nom pivot et couleur pour proposer
des inférences sur la relation entre le concept de COULEUR et l’objet désigné afin de déterminer si
ce procédé linguistique rend compte d’un rattachement de la COULEUR à un objet source ou si, au
contraire, il permet au locuteur de définir cet objet source via la couleur désignée.
e) Coordinations Couleur(s) et N
Les coordinations entre couleur(s) et un autre nom via la conjonction ET sont rares dans les
corpus. Elles ne représentent que 6,8% des occurrences de couleur dans le corpus 2D (soit 10
occurrences), 8,2% du corpus Réel (7 occurrences) et sont quasiment absentes du corpus 3D
(1 hapax). Nous les étudions néanmoins, faisant l’hypothèse qu’elles peuvent être un indice
des relations entre la/les COULEURS et d’autres propriétés sensibles.
De manière globale, ces constructions sont au pluriel (68,4% des occ.)27. Couleur(s) et
le nom qui lui est coordonné sont introduits par des déterminants articles définis
(principalement les, mais aussi la, des et aux, articles contractés)28.
26
Voir ainsi les dénominations de type bruit+de+N ou odeur+de+N mises en évidence par David et al. (1997).
On note toutefois que le corpus 2D présente autant de formes au pluriel et au singulier (5 occ. de chaque) et
que la fonction de coordination prise en charge par ET associe couleur(s) aux substantifs forme(s), matières,
matériaux, texture, dégradés et uniformité dans une relation symétrique. Dans chaque énoncé les deux
substantifs coordonnés s’accordent en nombre. Dans le cas de l’association couleur(s) – forme(s), singulier et
pluriel sont utilisés de manière homogène (respectivement 3 énoncés chacun). Dans le cas de l’association
couleurs – matières, seul le pluriel est utilisé. On fait alors l’hypothèse que si les locuteurs peuvent dégager de
27
286
Le tableau suivant présente les différentes coordinations rencontrées selon les corpus.
Coordination entre couleur(s) et un autre Nom
2D
(10 occ)
3D
(1occ)
REEL
(7 occ)
60,0%
0,0%
0,0%
20,0%
100,0%
74,3%
10,0%
0,0%
14,3%
10,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
14,3%
100,0%
100,0%
100,0%
Couleur(s) & Forme(s)
la forme et la couleur
les couleurs et les formes
les formes et les couleurs
2D :
Couleurs & Matières
2D / R EEL : les matières et les couleurs
REEL :
les couleurs et les matières,
les textures et les couleurs
Couleurs génériques
2D : un peu de contraste et couleur(s)
REEL : les couleurs et les dégradés
Couleur & Appréciation globale
2D : l’uniformité et la couleur
Couleurs & éléments
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REEL : la console centrale et sa couleur grise
TOTAL
Tableau 12 : Noms coordonnés à couleurs et objets référés
Dans les formes nominales complexes coordonnées, couleur(s) est le plus souvent soit
coordonné à un nom générique de matière tel que matières, matériaux, textures (8/18
occurrences dont une majorité dans le corpus Réel), soit au nom forme(s) (6/18 occurrences,
exclusivement dans le corpus 2D)
La proportion plus importante de coordinations entre couleur(s) et forme(s) qu’entre couleurs
et matières dans le corpus 2D peut être interprétée (à vérifier dans la suite des analyses)
comme indiquant que le dispositif de présentation visuelle propose aux sujets des indices qui
leur permettent d’identifier, de décrire et d’évaluer à un niveau global et « intégré » les formes
et les couleurs, ce qu’il ne permet pas pour les matières, n’offrant pas d’indices tactiles de
texture.
Mais on peut également penser que le niveau catégoriel où les locuteurs associent
couleurs et matières n’est pas le même que celui où ils associent couleurs et formes. Ainsi les
énoncés ici relevés témoigneraient d’une prise en charge à un niveau générique de la relation
leur expérience perceptive une forme et une couleur globale de l’habitacle (ainsi que des formes et couleurs
distinctes); tel n’est pas le cas pour les matières lorsqu’on les associe aux couleurs. Il semble que les locuteurs
s’expriment alors plus sur les différentes matières de l’habitacle (pas de matière globale, d’ambiance globale de
matière), ce qui entraîne une « symétrie » au pluriel et amènerait les locuteurs à parler des matières et des
couleurs (et non la matière et la couleur). Mais il est également possible que les couleurs et les matières / les
matières et les couleurs soient des expressions, associant couleur à matière, davantage figées lexicalement que
celles l’associant à forme telles que : les formes et les couleurs, les couleurs et les formes, la couleur et la forme,
ou la forme et la couleur ; ce qui expliquerait la plus grande hétérogénéité observée pour ces coordinations.
28
Cf. tableaux en annexe chapitre 5.
287
entre couleur et forme. Différemment, il est possible que les matières et les couleurs soient
associées à un niveau plus spécifique relevant d’une matière et d’une couleur particulière.
Ceci sera vérifié dans les paragraphes consacrés aux formes lexicales spécifiques de couleur
(p.302) ainsi que dans le chapitre 6 lors de l’analyse de l’inscription en discours des
interactions entre couleurs et matières .
A l’inverse, les coordinations privilégiées entre couleurs et matières dans le corpus
Réel, laissent penser que dans ce cas de figure où l’expérience sensorielle est totale (en tout
cas moins partielle que dans les simulations 2D et 3D), les propriétés tactiles données à
expériencer aux locuteurs leur donnent la possibilité de décrire et d’évaluer conjointement les
couleurs et les matières dans leur ensemble.
Il est à nouveau intéressant de remarquer les résultats « en creux » : devant le
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
dispositif 3D les locuteurs n’utilisent pas (à une exception près) ce type de construction pour
référer aux couleurs, ce qui semble indiquer que ce niveau de conceptualisation n’est pas
rendu possible par le dispositif, ni en ce qui concerne l’association avec les formes, ni avec les
matières29.
Ces énoncés comprenant des syntagmes nominaux composés de coordinations entre couleur(s) et
un autre nom permettent d’appréhender un premier niveau de mise en relation entre couleurs et
autres phénomènes sensibles tels que les formes et les matières.
En effet, ce type de coordination simple juxtapose les substantifs couleurs et couleur aux
substantifs matières, matériaux, forme(s) … et dénote ainsi de l’association de ces différents
propriétés sensibles dans l’exploration et l’évaluation sensible qu’ont les locuteurs devant une
ambiance d’habitacle présentée via le dispositif 2D et le dispositif REEL. Les associations
majoritairement opérées via ce procédé linguistique sont entre couleurs et matières (corpus REEL) et
entre couleur(s) et forme(s) (corpus 2D).
Dans le dispositif 2D, les couleurs sont associées aux formes comme concepts génériques à la
différence des matières qui, hypothèse à vérifier, soit ne peuvent être identifiées dans un tel
dispositif, soit seraient également associées aux couleurs mais à travers d’autres procédés
linguistiques et donc dans d’autres relations catégorielles et sémantiques.
29
Ce qui ne signifie pas qu’il n’y a d’interactions, ou d’association entre ces propriétés dans ce dispositif mais
que cela ne se passe sûrement pas au même niveau de conceptualisation, cela témoigne d’un autre rapport au
monde au dispositif et aux couleurs, formes et matières co-construites et expérimentées par les sujets.
288
f) Couleur + Nom
La catégorie des formes syntaxiques juxtaposant à couleur un nom sans aucune préposition
pour les relier est très peu représentée dans les corpus (3,4% des occurrences totales des SN
simples et complexes comprenant couleur dans le corpus 2D, 1,9% des occurrences en 3D et
1% en Réel).
Ces constructions rares30 sont néanmoins intéressantes dans nos corpus car :
-
hapax dans le corpus 3D (couleur aluminium) et dans le corpus REEL (cette couleur
crème), elles sont davantage présentes dans le corpus 2D (5 occurrences : la/une/cette
couleur bois, cette couleur inox, la couleur canapé) ;
-
toujours au singulier, elles renvoient à une couleur spécifique, introduite par un
déterminant défini (à une exception près dans le corpus 2D) ;
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
-
le substantif épithète qui vient spécifier couleur réfère dans 6 cas sur 7 à une matière
(bois 3 occurrences inox, aluminium et crème) et dans un cas à un objet de l’habitat
(canapé)
Particularité de 5 locuteurs (notamment S7 : une/cette couleur bois + cette couleur inox …),
cette construction, « bizarre », peut s’envisager sous deux angles complémentaires :
•
Si on la considère à partir du type de construction dont elle semble dériver, elle relèverait
alors d’une simplification de la forme Couleur+de+N (que nous avons abordée
précédemment) où la préposition DE relie le pivot couleur au substantif complément de
Nom dans une relation extensionnelle. Dans ce cas, ces formes seraient des dérivés de
formes telles que couleur de bois, couleur du bois, couleur d’inox … qui ont pour
fonction sémantique d’identifier l’objet support (ou source pour se rapprocher des odeurs)
de la couleur (ici le bois, l’inox) et de lier la couleur à son objet support, construisant un
rapport de dépendance de la couleur à cet objet.
! Ainsi, l’effacement de cette préposition semblerait signifier une atténuation du rapport
de dépendance entre la couleur et son objet support, c’est-à-dire qu’elle serait l’indice
d’une autonomisation de la couleur par rapport au support qui l’exemplifie. Il y a alors
renversement : le support devient ce qui la caractérise comme entité du monde, il devient
une propriété de la couleur.
•
En la considérant maintenant à partir du type de construction vers lequel elle semble
tendre : elle se rapprocherait alors des formes telles que couleur+Adjectif (couleur rouge)
30
Ce qui est inhérent à ce type de construction (Nom+Nom), cf. chapitre 3.
289
où l’épithète vient qualifier le nom dans un rapport de propriété à objet. On retrouve ici
l’idée que le substantif épithète (Noailly, 1999), dans couleur inox par exemple, prend
valeur syntaxique et sémantique d’adjectif et désigne une propriété de la couleur. Il existe
de telles constructions couleur+Adj qui ont suivi de manière diachronique, l’évolution de
ces syntagmes que nous observons synchroniquement. Ainsi couleur ivoire, couleur
ébène, couleur anthracite, couleur turquoise mais aussi couleur orange, considérés à
présent comme des syntagmes à expansion nominale (ou adjectivale), composés du
substantif couleur et des substantifs épithètes ivoire, ébène (ou de l’adjectif épithète
orange) 31, sont passés par des stades de lexicalisation en tant que syntagmes à expansion
prépositionnelle nominale : couleur d’orange, couleur d’ivoire, couleur d’ébène32.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
En observant à présent l’identité des sources/supports devenus attributs (au sens
psychologique) de la couleur désignée, on peut distinguer des matières (bois et inox) et un
objet (canapé). Ces différentes propriétés support relèvent de structurations cognitives
différentes.
Bois et inox sont deux matières support qui caractérisent ici des couleurs et permettent
aux locuteurs de les construire en discours. Cependant ces deux matières et les substantifs qui
les désignent opèrent à des niveaux catégoriels différents. Bois peut être considéré comme le
nom générique d’une catégorie de matières regroupant l’ensemble des bois, tandis que inox
réfère à un exemplaire d’une catégorie de matières métalliques qui pourrait être désignée en
langue par le substantif métal. …
L’examen des formes spécifiques de couleur (cf. §2.3.2) nous permettra d’aller plus
avant dans cette réflexion notamment pour gris souvent qualifié par les substantifs métal,
chrome, inox, acier vs par les adjectifs métallique, métallisé, chromé… Nous pouvons
néanmoins souligner que les niveaux catégoriels pertinents pour décrire et désigner ces deux
couleurs ne sont pas homogènes selon la catégorie de matière dont il est question. C’est
encore une fois un indice de la diversité des processus et d’un fonctionnement non uniforme
mais situé par rapport aux pratiques en jeu lors de la situation de communication et de
perception.
31
Ainsi dans certains dictionnaires, on trouve crème comme adjectif de couleur (PRi).
On observe le même type de processus linguistique dans la dénomination des odeurs en français. Lors que la
plupart des dénominations sont du type odeur+de+SOURCE ou parfum+de+SOURCE ou senteur+de+SOURCE
où la source est désignée par un substantif, l’effacement progressif de la préposition a déjà été observé (à travers
l’étude des dénominations d’odeurs dans des pratiques commerciales : agro alimentaire, cosmétique …) pour
quelques syntagmes dont notamment odeur pomme, senteur vanille (David, 2000).
32
290
L’utilisation du substantif canapé comme caractérisant une couleur relève du même type de
processus. Cependant, un canapé en tant qu’objet complexe inscrit dans des pratiques sociales
d’habitat, renvoie à différentes notions (d’espace, de confort, de matières associées à un
canapé ! cuir …). Aussi la couleur canapé doit-elle être sûrement davantage interprétée
comme renvoyant à la couleur prototypique des canapés pour le locuteur S4.
Les syntagmes nominaux de type couleur+N sont très rares dans les 3 corpus. Malgré un nombre
d’occurrences très faible, on s’y intéresse dans la mesure où l’on peut y observer, notamment
dans le corpus 2D, une mise en relation, une co-participation d’objets sensoriels distincts, la
matière permettant ici aux locuteurs de qualifier et de construire des couleurs particulières. Les
substantifs épithètes qualifiant couleur (toujours au singulier) réfèrent principalement à une matière
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
(bois 3 occurrences, inox, aluminium, crème), à l’exception du substantif canapé (la couleur canapé). Il
s’agit de mettre en avant une propriété de l’entité référée par le substantif, alors considérée
comme qualifiant couleur. C’est n’est plus la couleur qui est rattachée à un objet ou à une matière
support (substance) mais une propriété de l’objet ou de la matière qui caractérise la couleur. Il est
de plus important de souligner qu’à travers le recours à un substantif désignant une matière ou un
objet support, bien qu’on puisse considérer qu’une propriété « typique » de cette entité soit mise
en avant (de part le simple fait qu’elle soit associée à couleur), c’est bien l’ensemble des "traits
sémantiques" du mot qui est « convoqué ». Ainsi, la couleur bois a de fortes chances de "véhiculer"
l’idée d’une couleur non uniforme à la fois du point de vue de la teinte mais également au niveau
de la texture.
Ce phénomène est d’autant plus intéressant qu’il est difficile de trancher entre 2
interprétations qui semblent opposées. Doit-on ici considérer que la matière (bois) est indice d’une
couleur, où au contraire qu’à travers ces dénominations les locuteurs « anticipent » les matières
qu’ils ne peuvent directement expérimenter dans ce dispositif , ie. que la couleur bois ou inox est un
indice d’une possible matière ?
Enfin, en écho aux commentaires proposés concernant, dans le corpus 2D, la
coordination moindre des couleurs et des matières en contraste avec celle, davantage privilégiée par les
locuteurs, des couleurs et des formes, il semble ici que nous soyons devant une construction
caractéristique d’une intersensorialité (cf. Howes, 2006) entre matière et couleur, à un niveau
différent de celui observée pour les couleurs et les formes.
Nous nous intéressons maintenant à l’inscription morphosyntaxique des autres formes
lexicales génériques repérées dans les corpus.
291
2.2.2. Modes d’inscription syntaxique d’autres formes génériques
Les autres formes lexicales génériques référant à la couleur employées par les locuteurs dans
l’ensemble des 3 corpus sont reprises dans le tableau ci-dessous :
Types de Formes
Formes lexicales génériques de COULEUR
coloris 20, ton 11, contraste 11, nuance 3,
Simples
Construites par la
teinte 16, uni 2, tonalité 3, coloration 2, dégradé 3
morphologie
uni 6, contrasté 1, teinté 1, nuancé 1
Formes adjectivales sur un verbe
bicolore 1, monochrome 2
autres
construites
Formes nominales
Formes verbales
contraster 2
Tableau 13 : Catégories morphosyntaxiques des formes lexicales génériques de COULEUR
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Comme remarqué p.268, c’est parmi ces formes qu’on trouve le plus de constructions
morphologiques quelque soit la catégorie syntaxique. Majoritairement nominales (soit 9 types
représentant 71/95 occurrences), quelques formes adjectivales (12/95 occurrences) sont
également présentes ainsi que le verbe contraster employé à 2 reprises dans l’ensemble des
corpus.
La distribution de ces formes entre les dispositifs est très hétérogène33 :
- le corpus 2D est caractérisé par la plus grande diversité de formes génériques (12 types)
ainsi que par le plus grand nombre d’occurrences (48 occurrences) tant pour les formes
nominales (coloris 18, teinte 10, contraste 6, ton 3, nuance 2, dégradé, uni) qu’adjectivales
(uni 4, bicolore, monochrome, contrasté, nuancé)
- le corpus REEL comprend également une grande variété de types qui sont moins
fréquemment produits qu’en 2D (noms : ton 6, teinte 5, contraste 5, tonalité 3, coloration 2,
dégradé 2, coloris ; adjectifs : monochrome, teinté ; verbe : contraster) ;
- le corpus 3D comprend particulièrement peu de formes lexicales génériques référant à la
couleur (8 types dont 7 hapax : ton 2, coloris, teinte, nuance, uni – nom & adjectif,
contraster)34.
Nous nous intéressons principalement aux formes nominales les plus fréquentes produites
dans les corpus 2D et Réel telles que coloris (spécifique du corpus 2D), teinte, contraste et
ton, afin de voir dans quelle mesure elles peuvent être considérées comme synonymes de
33
34
Comme nous l’avons vu dans le Tableau 4, p.269.
Aussi, on contraste principalement dans les paragraphes suivant les corpus 2D et REEL.
292
couleur et couleurs ou si elles contribuent à construire et à rendre compte d’autres types de
conceptualisation des couleurs.
2.2.2.1. Formes nominales
Les formes nominales génériques simples ou construites par la syntaxe sont principalement
construites autour de coloris, teinte, ton et contraste. Considérées de manière globale, elles
sont davantage employées au singulier (62% des occurrences totales) et le plus souvent
introduites par un déterminant article défini. De manière globale, ces noms génériques
renvoient donc à une couleur générique mais singulière.
Des spécificités apparaissent dès lors qu’on s’intéresse aux différents types de constructions
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
syntaxiques, à leur répartition entre dispositifs ainsi qu’à l’identité de ces formes nominales.
Ainsi, parmi les noms génériques les plus employés, seuls contraste et coloris sont employés
de façon privilégiée au singulier (respectivement 100 et 60% des occurrences)35, les autres
apparaissant autant (ou presque) au singulier qu’au pluriel, suivant le type de construction
syntaxique dans lesquels ils s’inscrivent (ainsi de teinte : la teinte, une seule teinte mais le
mélange des teintes).
Constructions syntaxiques
Les différentes constructions syntaxiques dans lesquelles s’inscrivent ces formes selon les
dispositifs sont présentées dans le tableau suivant.
35
On trouve également des formes beaucoup plus rares uni et coloration qui n’apparaissent qu’au singulier.
293
Types de constructions
nominales
Exemples
Simples : det+Xnom Ø
Complexes
det+NOM+prep+Xnom
det+Xnom+prep+NOM
det+Xnom+ADJ
det+Xnom+NOM
det+Xnom+ET+NOM
2D
le/un contraste
les nuances
les/le coloris /dans les coloris
Ø/la teinte – un uni
l’ensemble des coloris
le mélange/mariage des teintes
mélange de teintes et de matériaux
le coloris du siège / le contraste
du tableau de bord
des nuances de clair et de foncé
une
seule
teinte/la
même
tonalité/le trop fort contraste
des tons gris / ce/le coloris clair
le coloris acier/ le coloris ton bois
ton acier
des matériaux et des teintes
% d’occ. dans les corpus
36
3D
R
Total
(41 occ.)
(6 occ.)
(24 occ.)
(71 occ.)
32,6%
50,0%
45,8%
38,4%
18,6%
16,7%
20,8%
19,2%
16,3%
16,7%
12,5%
15,1%
16,3%
16,7%
12,5%
15,1%
14,0%
0,0%
0,0%
8,2%
2,3%
0,0%
8,3%
4,1%
Tableau 14 : Inscription syntaxique des autres formes nominales génériques de couleur dans les 3 corpus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
De manière globale, les constructions les plus fréquentes sont les syntagmes nominaux
simples (det+Xnom) et les constructions comprenant un nom pivot et le nom générique
comme
complément
de
ce
pivot
au
sein
d’une
expansion
prépositionnelle
(det+Nom+prep+Xnom). Des différences entre corpus sont identifiées :
- Le corpus 3D se caractérise par une présence prédominante de syntagmes nominaux
simples ;
- Le corpus REEL comprend lui aussi de nombreux SN simples ainsi que des formes de type
det+Nom+prep+Xnom. Mais il comprend également (en faible proportion) des coordinations
entre le nom générique et un autre nom (det+Xnom+ET+NOM) ;
- Le corpus 2D se caractérise par la présence de formes nominales génériques dans des
constructions syntaxiques très variées. Les SN simples y sont moins fréquents que dans les
autres corpus, les autres noms génériques étant soit spécifiés par un adjectif ou un substantif37
épithète, soit complément d’un nom pivot.
Selon les constructions et selon le nom générique considéré, la répartition entre formes au
singulier et formes au pluriel diffère (cf. tableau 24, annexe chapitre 5) :
- Les syntagmes simples (le coloris, la teinte, le contraste) sont de façon privilégiée au
singulier (67,9% des occurrences) ainsi que ceux comprenant le nom générique en pivot et un
adjectif - une seule teinte (72,7% des occurrences) ou substantif épithète - le coloris acier
36
La colonne concernant le corpus 3D est volontairement mise en retrait au vu du nombre très faible
d’occurrences.
37
Seul corpus dans lequel on trouve des formes Nom_générique+Nom, rappelons qu’il est également celui où
l’on a trouvé le plus d’occurrences de couleur+N (cf. p.289).
294
(100% des occurrences), ou un autre nom en expansion nominale - le contraste du tableau de
bord (72,7% des occurrences).
- Comme pour couleurs, lorsque le nom générique est dans l’expansion prépositionnelle, il est
le plus souvent au pluriel – le mariage des teintes (64,3% des occurrences), et les
coordinations entre un nom générique de couleur et un autre nom sont toujours au pluriel –
des matériaux et des teintes.
Les noms et adjectifs associés dans ces constructions aux noms génériques de couleur sont
très similaires à ceux associés à couleur(s), que nous avons détaillés dans la partie consacrée
aux modes d’inscription morphosyntaxique de couleur(s) (p.270). Tout comme les noms
couleur et couleurs, dans les discours des locuteurs, coloris, teinte, ton sont inscrits dans une
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
diversité de constructions syntaxiques qui contribuent à des modes de référenciation et
d’évaluation différents des couleurs ainsi désignées et référées :
-
Comme syntagmes nominaux simples, c’est l’étude de leur inscription discursive qui
permettra de préciser le type de couleur qu’ils construisent en discours (cf. chapitre 6) ;
-
Comme nom pivot d’un syntagme de type Ngénérique+Adj/Nom, ils renvoient à une
couleur singulière ou à un type de couleur qui peut être spécifié par un adjectif de
couleur (des tons gris), de lumière (ce coloris clair), ou un nom indice de matière (ton
acier).
-
Comme nom pivot d’un syntagme de type Ngénérique+prep+Nom, ils renvoient à une
couleur particulière qui caractérise son objet support (le coloris du tableau de bord)
-
Comme nom complément dans un syntagme de type N+prep+Ngénérique, ils permettent
de rendre compte d’une évaluation globale des couleurs (mariage des teintes ou
harmonie entre les coloris)
-
Enfin dans des coordinations avec couleurs (les couleurs et les dégradés) ou matériaux
(des matériaux et des teintes, mélange de teintes et de matériaux), ils sont associés à
d’autres propriétés sensorielles considérées comme entités à évaluer.
Considérant les similitudes mises en évidence entre les emplois de couleur(s) et d’autres
formes nominales génériques telles que coloris, teinte(s), ton(s), nous proposons dans le
tableau suivant, un bilan de la distribution entre les différents corpus des syntagmes nominaux
simples et complexes comprenant couleur(s) et ses « synonymes ».
295
Formes Nominales
2D
3D
Réel TOTAL
Génériques
DET+Xnom Ø
33,7% 42,4% 53,3% 41,6%
DET+Xnom+ADJ
25,1% 23,7% 16,4% 22,0%
DET+NOM+PREP+Xnom 19,3% 11,9% 13,1% 16,0%
DET+Xnom+PREP+NOM 11,2% 18,6%
8,2% 11,4%
DET+Xnom+ET+NOM
5,9%
1,7%
8,2%
6,0%
DET+Xnom+NOM
4,8%
1,7%
0,8%
3,0%
TOTAL
100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Tableau 15 : Inscription syntaxique des formes nominales génériques de couleur selon les corpus
Lorsqu’on ajoute aux occurrences de couleur(s) (cf. Figure 5, p.273) les autres formes
nominales génériques, on n’observe pas (ou peu) de différence avec les résultats de couleur et
couleurs38. Cependant, l’ajout des autres formes permet de préciser certains des résultats déjà
observés pour couleur et couleurs concernant des formes et des processus peu présents mais
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
néanmoins significatifs39 dans le corpus 2D :
-
aux formes de type det+N+prép+couleurs (l’alliance des couleurs) s’ajoutent
l’harmonie entre les coloris, le mélange des teintes …
-
les rares formes de type couleur+N (couleur bois) sont rejointes par des formes telles
que coloris acier, ton bois.
Ainsi il semble à l’examen de ces noms génériques qu’ils peuvent être considérés, notamment
dans le corpus 2D, comme synonymes partiels de couleur, renvoyant de part leur sémantisme
propre et de part leur inscription syntaxique à une diversité de conceptualisations (une couleur
particulière ou des couleurs comme entités à évaluer de manière collective) telle que celle
déjà observée pour le nom couleur.
En complément, les adjectifs renvoyant à des propriétés « génériques » sont à présent
brièvement étudiés.
2.2.2.2. Adjectifs
Très faiblement présents dans l’ensemble des 3 corpus (6 types, 12 occurrences), ils sont un
peu plus nombreux dans le corpus 2D (uni 4, hapax : nuancé, contrasté, bicolore,
monochrome), qu’en 3D (1 hapax : uni) et en Réel (3 hapax : monochrome, uni, teinté).
38
Ce qui n’est pas très étonnant au vu de la faible quantité des autres formes génériques relevées dans les 3
corpus (notamment le corpus 3D).
39
Au sens où ils caractérisent ce corpus et sont absents (ou très peu présents) dans les autres corpus.
296
Comme déjà analysé au §2.1, ils sont quasiment tous morphologiquement construits,
soit sur un verbe au participe passé (uni, teinté, nuancé, contrasté), soit comme noms
composés (bicolore, monochrome40).
Majoritairement attributs, ils sont le plus souvent modifiés par un adverbe d’intensité
ou de modalisation : (un peu trop) contrasté ; beaucoup plus teinté ; très / complètement
uni ; trop monochrome 2 ; trop bicolore.
L’analyse de leur inscription discursive41 (chapitre 6) nous donnera plus d’indications mais
nous pouvons dores et déjà remarquer qu’ils renvoient à des pratiques et des techniques de la
couleur, intégrant une dimension de variabilité, de stabilité vs instabilité de la couleur ou de
plusieurs couleurs considérées ensemble.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Après avoir analysé l’inscription morphosyntaxique des formes génériques de couleur dans
les trois dispositifs, nous nous intéressons à présent aux formes lexicales (noms et adjectifs)
spécifiques de COULEUR employées par les locuteurs lors de leurs descriptions des ambiances
d’habitacle.
40
Dans une perspective diachronique et étymologique, monochrome est emprunté au grec ancien (source TLFi).
Cependant, il nous semble intéressant de le mettre ici en perspective avec bicolore.
41
A laquelle on ajoutera celle du verbe contraster, qui manifeste également le fait pour les locuteurs de
considérer les couleurs les unes par rapport aux autres.
297
2.3. Formes spécifiques
Dans un premier temps, nous examinons la répartition morphosyntaxique globale des formes
spécifiques de
COULEUR
au sein des trois corpus, avant de nous intéresser plus
particulièrement aux formes beige, gris et noir, qui sont les plus fréquentes et qui mettent à
jour des contrastes intéressants, les unes par rapport aux autres, et également entre les
dispositifs.
2.3.1. Répartition syntaxique globale
Les formes spécifiques utilisées par les locuteurs pour parler des couleurs sont reprises dans le
tableau ci-après en distinguant les catégories syntaxiques des formes repérées dans les
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
discours recueillis devant les différents dispositifs.
Formes
nominales
beige
gris
bleu
noir
vert
2D
3D
R
23
33
34
6
12
22
10
8
4
1
23
11
1
32
1
noir
gris
beige
bleu
blanc
blanc
4
2
4
marron
écru
4
2
ivoire
2
1
marron
1
turquoise
2
orange
crème
1
transparent
2
jaune
orangé
1
Adjectifs
3D
R
Verbes
12
26
19
21
5
11
17
13
7
11
33
11
17
1
8
noircir
5
11
écru
10
vert
4
rouge
1
2D
3D
R
2
1
1
3
2
1
2
3
rosé
2
grisé
1
2D
1
rouge
1
blond
1
violet
1
crème
1
jaune
1
marronâtre
1
orangé
1
TOTAL types
12
10
8
9
13
12
1
TOTAL occ.
123
12
75
99
76
89
2
Tableau 16 : Lexique spécifique de la couleur dans les 3 corpus – Répartition entre formes nominales,
adjectivales et verbales
Ce tableau met en évidence outre une certaine diversité lexicale et un consensus important sur
quelques formes42, le fait que la plupart des formes spécifiques de
COULEUR
les plus
employées par les locuteurs sont présentes à la fois comme substantifs et comme adjectifs
dans les trois corpus. C’est le cas de gris, beige, bleu, noir et blanc. Cependant certaines sont
42
Ce que nous avions déjà pu observer lors de l’analyse contrastive des lexiques générique et spécifique.
298
plus employés comme nom (bleu, beige) alors que d’autres sont plus souvent employés
comme adjectif, comme par exemple noir. De plus les emplois de noms ou d’adjectifs de
couleur semblent différer selon les corpus.
Les figures suivantes rendent compte de la répartition globale en pourcentage des types et des
occurrences de noms et d’adjectifs de couleur dans les trois corpus et mettent en évidence un
contraste entre le corpus 2D et les corpus 3D et REEL.
Noms et adjectifs de couleur Répartition des types selon les 3 corpus
70,00%
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
60,00%
50,00%
40,00%
Adjectifs de couleur
30,00%
Noms de couleur
20,00%
10,00%
0,00%
2D
3D
R
TOTAL
Figure 7 : Noms et adjectifs de couleur – Répartition des types selon les corpus.
Figure 8 : Noms et adjectifs de couleur – Répartition des occurrences selon les corpus.
En effet, le corpus 2D se différencie des deux autres par des noms de couleur un peu plus
nombreux en termes de diversité lexicale et plus fréquemment utilisés que les adjectifs. A
l’inverse, au sein des corpus 3D et R, ce sont les adjectifs de couleur qui sont légèrement plus
présents tant en termes de types que d’occurrences.
299
Le dispositif 2D semble appeler les locuteurs à considérer davantage les couleurs spécifiques
comme entités autonomes que comme propriétés visuelles des objets, à la différence des corpus
3D et R.
S’intéressant plus particulièrement aux adjectifs de couleur, si l’on observe la répartition entre
adjectifs de couleur épithètes et adjectifs de couleur attributs dans les 3 corpus (cf. figure, ci
dessous), un autre contraste peut être mis en évidence :
Répartition des occurrences d'adjectifs de couleur
attributs et épithètes dans les 3 corpus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
Adjectifs de couleur épithètes
30,00%
Adjectifs de couleur attributs
20,00%
10,00%
0,00%
2D
3D
REEL
TOTAL
Figure 9 : Répartition des occurrences d’adjectifs de couleur attributs et épithètes dans les 3 corpus.
Le corpus 3D se différencie des corpus 2D et R par l’emploi privilégié d’adjectifs de couleur
en fonction d’attribut dans les énoncés.
Ces utilisations différenciées des formes nominales et adjectivales spécifiques de couleur selon les
dispositifs nous semblent indiquer des modes de construction de la référence et de l’évaluation
différents. Afin de préciser ces résultats et de proposer des inférences sur ces modes de
référenciation et les conceptualisations de la couleur qu’ils contribuent à construire, il faut à
présent détailler les constructions syntaxiques43 dans lesquelles s’inscrivent ces formes lexicales de
couleur et observer dans un second temps l’inscription morphosyntaxique des quelques formes
les plus intéressantes (beige, gris, noir et bleu) et qui permettent de repérer des régularités et des
contrastes.
43
Les indicateurs morphologiques nous ayant permis de distinguer lexique générique et lexique spécifique, on ne
s’étonnera pas ici du peu de formes spécifiques de couleur construites morphologiquement, auxquelles on ne
s’intéressera pas.
300
La variété des inscriptions morphosyntaxiques du lexique spécifique de la couleur est
présentée dans le tableau ci après :
Types de Formes
Complexes (construites par la syntaxe)
Adj+N
N+Adj
N+Adj
N+N
N+de+N
N+de+N
Complexes
Simples
Adjectifs
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Formes nominales
Simples
Lexique spécifique
le (un, du) beige – du / le blanc – (de) l’écru – l’ivoire – le crème
le/du gris, dans le(s) gris – le (du/en) noir - le bleu – le marron – le vert
vieux beige – ce vieux gris
un beige rosé, un beige clair, le beige plutôt luxueux et plutôt cuir
ce gris vert, un gris un peu plus/très très clair, un gris très foncé - le noir assez sombre
un bleu foncé, le bleu extérieur – ce marron clair
la couleur beige, le bandeau beige, les carreaux beiges, les sièges beiges, un intérieur
beige
la couleur blanche, un petit bouton blanc – cette couleur crème - la bande écrue
sa couleur grise, la portière grise, l’intérieur beige et gris,
la couleur noire, tissu noir, du plastique noir noir, un bouton noir
le(s) rétroviseur(s) bleu(s), des petits boutons bleus – le côté marron marronâtre
le beige canapé - le côté bois et blanc – un gris acier
un bleu un peu ciel, le bleu marine – un vert bouteille, un vert cuivre oxydé
le beige du siège/de la portière/du tableau de bord
le gris du plastique/de la colonne centrale – le noir du levier, un noir sur un plastique
le bleu du rétroviseur – le vert du centre
une gamme de beige marron, mélange de beige et de gris,
des pointes de noir, un gris foncé et proche du noir, l’association du noir et du métal
cette histoire de bleu, ce combiné de bleu et vert, les rétroviseurs en bleu
beige - blanc – écru – gris - noir - bleu – marron …
Adv+Adj
trop/plutôt/hyper gris, bien/tout/presque/plutôt noir, pas/plus/encore/bien marron
Adj+Adj
beige marron, beige noir, beige clair
gris vert, gris (un peu plus) clair, gris foncé, gris métallisé
bleu gris, (même pas) bleu vert – marron clair
Adj+N
verbes
beige imitation cuir / gris métal, gris plastoc
noircir
Tableau 17 : exemples d’inscription syntaxique des formes lexicales spécifiques de couleur
Les formes lexicales spécifiques de couleur peuvent être rencontrées soit comme formes
nominales simples ou complexes, soit comme formes adjectivales simples ou complexes alors
en fonction d’épithète / attribut44.
Nous nous intéressons aux formes nominales et adjectivales les plus citées beige, gris,
noir qui se caractérisent par des comportements syntaxiques différents d’une part de manière
globale et selon les corpus.
44
Une seule forme verbale a été rencontrée dans l’ensemble des 3 corpus. Il s’agit du verbe noircir.
301
2.3.2. Beige, gris et noir
2.3.2.1. Modes d’inscription syntaxique dans le corpus global
Les catégories syntaxiques occupées par ces 3 formes lexicales de couleur dans l’ensemble
des 3 corpus sont présentées dans la figure suivante à travers la répartition entre substantif et
adjectif, exprimée en pourcentage d’occurrences pour chacune des trois formes.
Beige, gris, noir substantifs ou adjectifs
70,00%
60,00%
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
50,00%
40,00%
Substantif
30,00%
Adjectif
20,00%
10,00%
0,00%
beige
gris
noir
Figure 10 : beige, gris et noir substantifs ou adjectifs
Ces trois formes lexicales spécifiques de couleur n’occupent pas les mêmes fonctions
syntaxiques. Lorsque beige apparaît davantage comme substantif, noir est plus employé
comme adjectif et gris apparaît de manière équivalente dans les deux fonctions syntaxiques45.
A ce stade, nous pouvons déjà remarquer que les différents fonctionnements syntaxiques de beige,
gris et noir peuvent être interprétés comme des indices de
COULEURS
n’étant conceptualisées de
manière identique. La présence plus importante de beige comme substantif de couleur contrastée à
celle de noir comme adjectif de couleur pourrait rendre compte du BEIGE considéré davantage en
tant que couleur comme ENTITÉ autonome et de noir comme PROPRIÉTÉ de couleur.
L’examen plus approfondi de beige, noir et gris employés comme substantifs (paragraphe
suivant) et comme adjectifs (p.305) nous permet de préciser cette hypothèse.
45
Une brève analyse menée dans la base Frantext sur un corpus de 105 textes (1980-2000) met également en
évidence, outre le fait que beige y soit beaucoup plus rarement rencontré que gris, une différence de statut
syntaxique entre beige et gris dans les corpus littéraires contemporains. Si les deux formes apparaissent
majoritairement comme adjectifs, beige est plus souvent employé comme substantif que gris :
Beige (36 occ.) – 66,7% de formes adjectivales / 33,3% de formes nominales
Gris (800 occ.) – 81,2% de formes adjectivales / 18,8% de formes nominales
302
a) Formes nominales
L’ensemble des 3 corpus comprend 68 occurrences de beige, 54 occurrence de gris et 42
occurrences de noir, employés comme noms spécifiques de couleur. A l’exception de 1
occurrence pour beige et 4 pour gris, tous ces noms sont au singulier. Nous observons dans un
premier temps le type de déterminant introduisant les formes nominales beige, gris et noir,
pour ensuite nous intéresser aux types de syntagmes nominaux dans lesquels elles
s’inscrivent.
1) Déterminants
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Déterminants
le
!
un
du
ce
les
TOTAL
Beige
Gris
Noir
(68)
(54)
(42)
58,8% 50,0% 52,4%
14,7% 13,0% 23,8%
13,2% 13,0%
7,1%
10,3% 13,0%
7,1%
1,5%
7,4%
9,5%
1,5%
3,7%
0,0%
100,0% 100,0% 100,0%
Tableau 18 : déterminants introduisant les noms beige, gris et noir
Les 3 noms de couleur sont principalement introduits par le déterminant article défini le. Noir
se distingue de beige et gris par une proportion plus importante d’occurrences introduites sans
déterminant (au moyen le plus souvent de la préposition en), tandis que gris et beige, sont
relativement plus souvent introduit par l’article indéfini un ou l’article partitif du.
Introduits avec le déterminant le, le beige, le gris et le noir réfèrent le plus souvent à des couleurs
spécifiques et singulières définies. La présence de formes telles que en noir, contrastées d’une part
avec un beige, un gris, et d’autre part avec du gris, du beige, peut indiquer une différence de statuts
conceptuels entre ces couleurs au sein des discours recueillis. Si l’article indéfini pose beige et gris
comme des exemplaires (parmi d’autres) des catégories de BEIGE ou de GRIS (ce qui sera à vérifier
en regard des SN comprenant beige et gris que un introduit – partie suivante, ainsi que dans
l’analyse de l’inscription en discours de ces noms de couleur – chapitre 6), le partitif du peut être
un premier indicateur d’énoncés constitués avec des présentatifs (c’est / il y a du beige/gris - cf
également chapitre 6). La préposition en indique quant à elle une toute autre introduction de noir à
rapprocher du mode d’introduction privilégié des références aux matières (en bois, en métal).
Afin de préciser les différences repérées entre les substantifs beige, gris et noir, nous
présentons à présent les constructions syntaxiques dans lesquelles chacun d’eux s’inscrit.
303
2) Constructions syntaxiques
La figure suivante met en perspective les formes nominales simples et complexes dans
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
lesquelles apparaissent beige, gris et noir.
Figure 11 : Types de formes nominales dans lesquelles s’inscrivent beige, gris et noi
En tant que substantifs, les trois formes ne s’inscrivent pas dans les mêmes constructions
syntaxiques nominales. Ainsi beige apparait davantage comme forme simple det+beige (le
beige) que gris et noir (45,6% des occurrences contre 37 et 35,7%). De plus, noir apparaît
rarement inscrit dans une forme de type det+noir+adj (4,8%) à la différence de gris et beige
(20,4 et 14,7% des occurrences). Les coordinations entre beige, gris ou noir et un autre nom
sont par contre présentes dans la même proportion pour les trois noms de couleur, ce qui
s’explique surtout par le fait qu’il s’agit le plus souvent de coordinations entre 2 des ces 3
noms de couleur (par ex : du beige et du gris, le beige et le noir ou gris). Les constructions
dans lesquelles le nom de couleur comme pivot est complémenté par un autre nom sont
surtout caractéristiques de noir (ex : ce noir sur les portières). Enfin, les syntagmes dans
lesquels le nom de couleur est complément d’un autre nom pivot sont relativement plus
fréquents pour beige (une prédominance du beige) et noir (des pointes de noir) que pour gris.
304
Les noms et adjectifs associés dans ces syntagmes nominaux diffèrent également selon la
couleur désignée. Si les trois noms de couleur peuvent être associés à des noms désignant des
éléments de l’habitacle (le noir du levier, le beige du siège, le gris de la colonne centrale),
beige est plus régulièrement associé à d’autres noms de couleur (une gamme de beige
marron). Noir et gris sont eux plus souvent associés à des noms de matière (un noir sur un
tissu, le gris du plastique). Enfin, gris est souvent associé à des adjectifs renvoyant aux
propriétés d’intensité de la nuance (un gris très très clair).
Le beige apparaissant très fréquemment comme forme nominale simple, semble renvoyer à une
couleur spécifique comme entité autonome, pouvant être spécifiée et considérée, évalué avec
d’autres couleurs.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Le gris, régulièrement spécifié par un adjectif épithète renvoyant à l’intensité de la teinte (clair,
foncé, accompagné souvent d’un adverbe d’intensité), renvoie à une couleur pouvant être qualifiée.
Le noir lorsqu’il n’est pas employé comme forme nominale simple, est régulièrement rattaché à un
objet ou une matière support.
Les emplois de beige, gris et noir en tant qu’adjectifs dans les corpus sont analysés dans la
partie suivante.
b) Formes adjectivales
En tant qu’adjectifs, les trois formes ont également des modes d’inscription différents (cf.
Figure ci-dessous).
Beige, noir, gris attributs ou épithètes
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
Attribut
40,00%
Épithète
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
beige
gris
Figure 12 : beige, gris et noir, attributs ou épithètes
305
noir
Beige apparaît principalement comme épithète, gris comme attribut et noir dans les deux
fonctions.
Parmi les noms et adjectifs associées, on repère des noms désignant des objets que viennent
qualifier principalement les épithètes gris et beige (les sièges beiges, la portière grise). On
dénombre également des noms de matière, soit qualifiés par noir épithète (tissu noir, un
plastique noir noir), soit spécifiant l’adjectif de couleur (gris métal, gris plastoc, beige
imitation cuir). Enfin, si gris et noir sont parfois précédés d’adverbes (trop, hyper, plutôt,
presque), aucun adverbe ne vient modaliser l’adjectif beige.
c) Bilan de l’inscription syntaxique de beige, gris et noir et inférences cognitives
Beige, majoritairement employé comme substantif simple précédé d’un déterminant défini (le
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beige) ou accompagné d’un adjectif épithète, contribue à construire la couleur ainsi désignée
comme une entité du monde que les locuteurs peuvent évaluer. Les formes complexes
nominales construites autour du substantif beige construisent dès lors une entité pouvant être
qualifiée (les beige très clairs) ; spécifiée par un objet (le beige de la portière), une matière source (le beige
[…] plutôt cuir) ; et évaluée (le beige plutôt luxueux).
Gris employé comme substantif et comme adjectif attribut renvoie à deux statuts très différents.
Sous forme substantivale, il renvoie au gris comme entité du monde plus (un gris) ou moins
autonome (le gris du plastique). En tant qu’adjectif, il renvoie à une propriété d’un objet (la voiture
grise) ou d’une couleur (des tons gris). Mais, très majoritairement attribut, il contribue à construire
la référence en discours (bah là la radio c’est toujours gris).
Noir employé majoritairement comme adjectif se fait l’indice d’une couleur comme propriété
d’une matière ou d’un élément (le plastique noir noir, un bouton noir).
Le contraste entre l’adjectif beige presque toujours épithète et les adjectifs gris et noir le plus
souvent attributs et modalisés par différents adverbes contribue également à différencier les
statuts cognitifs des couleurs désignées. Alors que l’adjectif beige réfère à une propriété inhérente
à l’objet qualifié, gris et noir renvoient à une dimension « quantifiable » (hyper gris…).
Enfin, on remarque également le contraste entre la couleur comme propriété de la matière
désignée par les constructions de type Nmatière+Adjcouleur (le tissu noir) et la couleur comme
indice d’une matière avec des constructions de type Ncouleur+Nmatière (le gris métal, le beige
plutôt cuir) qui concernent davantage gris et beige.
306
Le tableau ci-dessous reprend l’ensemble des syntagmes nominaux et adjectivaux dans
lesquels s’inscrivent beige, gris et noir en mettant en avant les constructions les plus
caractéristiques de chacun d’entre eux.
Types de Formes
Complexes (construites par la syntaxe)
Adj+N
N+Adj
N+Adj
N+N
N+prep+N
N+de+N
Simples
Adv+Adj
Complexes
Adjectifs
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Formes nominales
Simples
Beige
le (un, du) beige
le/du gris, dans le(s) gris
vieux beige
un beige rosé, un beige clair,
le beige plutôt luxueux et
plutôt cuir
ce vieux gris
ce gris vert,
un gris un peu plus/très
très clair
un gris très foncé
la couleur beige, les carreaux sa couleur grise,
beiges, les sièges beiges, un la portière grise,
l’intérieur beige et gris
intérieur beige
Noir
le (du/en) noir
le noir assez sombre
la couleur noire,
tissu noir,
du plastique noir noir,
un bouton noir
le beige canapé
le beige du siège/de la
portière/du tableau de bord
une gamme de beige marron,
mélange de beige et de gris
un gris acier
le gris du plastique/de la
colonne centrale
l‘importance du beige et
l’importance du gris
beige
gris
le noir du levier,
un noir sur un plastique
des pointes de noir,
l’association du noir et du
métal
noir
trop/plutôt/hyper gris
bien/tout/presque/plutôt noir
bleu gris, gris vert,
gris (un peu plus) clair,
gris foncé, gris métallisé
gris métal, gris plastoc
beige noir,
beige marron, beige noir
Adj+Adj
Adj+N
Gris
beige imitation cuir
Tableau 19 : bilan des syntagmes nominaux et adjectivaux comprenant beige, gris et noir dans l’ensemble
des corpus.
Comme nous avons vu dans le paragraphe consacré à la répartition de l’inscription syntaxique
globale des formes nominales et adjectivales de couleur dans les trois corpus, que ces formes
n’étaient pas employés de manière équivalente dans les trois corpus, nous nous intéressons
maintenant à l’inscription syntaxique de beige, gris et noir selon les dispositifs de
présentation devant lesquels ils ont été employés.
2.3.2.2. Inscription syntaxique suivant les dispositifs de présentation
Considérant l’ensemble des occurrences de formes lexicales spécifiques de couleur relevées
dans les discours produits devant chaque mode de présentation, quelques différences
apparaissent. Les dispositifs 2D, 3D et REEL ont suscité respectivement 55, 70 et 60%
d’occurrences de formes spécifiques de
COULEUR
spécifique de la couleur).
307
(cf. p.264, 1.3. Lexiques générique et
Plus spécifiquement, le tableau ci-dessous présente la répartition des occurrences de beige,
gris et noir dans les trois corpus.
Forme
lexicale
beige
gris
noir
CORPUS 2D
CORPUS 3D
42 occ.
59 occ.
18 occ.
35 occ.
27 occ.
15 occ.
CORPUS
REEL
40 occ.
22 occ.
65 occ.
Tableau 20 - Occurrences de beige, gris et noir dans les 3 corpus
Beige présente un nombre quasi identique d’occurrences dans les trois corpus et est la forme
lexicale spécifique de couleur la plus citée dans le corpus 3D. Gris et noir ont des répartitions
plus hétérogènes et nettement opposées. Gris, le plus cité dans le corpus 2D, y est 3 fois plus
présent que noir. À l’inverse, dans le corpus REEL, il est le moins employé, 3 fois moins que
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
noir, forme spécifique la plus citée.
Alors que les ambiances présentées dans chacun des dispositifs sont caractérisées de manière
équilibrée par des propriétés « équivalentes » de couleur, pour gris et noir les productions des
locuteurs différent selon les dispositifs, en contraste avec beige qui est employé de manière
homogène dans les 3 corpus.
La permanence de la forme linguistique beige semble indiquer une homogénéité et une
stabilité dans la qualification et l’évaluation de la couleur référée devant les 3 dispositifs, stabilité
qui n’est pas retrouvée pour gris et noir. Il semble même que l’on puisse pour ces deux derniers
envisager que ce qui est qualifié de gris devant les dispositif 2D et 3D soit qualifié de noir dans le
dispositif REEL. Ceci peut être considéré comme un indice des différences perceptives entre les
dispositifs de présentation et les ambiances qu’ils donnent à voir aux locuteurs46, ce que nous
serons amenée à discuter plus amplement en conclusion.
Nous nous intéressons à présent aux statuts et fonctions syntaxiques pris en charge par beige,
gris et noir suivant les corpus.
a) Statuts syntaxiques
La figure suivante présente les statuts syntaxiques occupés par beige, gris et noir suivant les
dispositifs devant lesquels ils ont été employés.
46
On notera ici que le noir renvoie à l’absence de lumière et qu’il semble délicat voir impossible de réaliser la
prouesse technique de simuler l’absence de lumière au moyen de dispositifs reposant entièrement sur des
technologies lumineuses.
308
Répartition de beige, gris, noir entre emplois substantivaux et
adjectivaux dans les 3 corpus
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Substantif
Adjectif
2D
3D
beige
R
2D
3D
gris
R
2D
3D
R
noir
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Figure 13 : Répartition de beige, gris et noir entre emplois substantivaux et adjectivaux dans les 3 corpus.
Les statuts syntaxiques occupés sont plus ou moins stables. Beige majoritairement substantif
dans les trois corpus, l’est davantage dans le corpus 3D (62,9%). Gris est majoritairement
adjectif dans le corpus 3D (63%), et davantage substantif (55,9%) dans le corpus 2D. Noir,
toujours davantage présent comme adjectif, l’est majoritairement en 2D et 3D (66,7 et
73,3%).
Comme nous l’avions observé de manière globale, beige majoritairement substantif renvoie
davantage à une couleur comme entité autonome que comme propriété ou dimension. La
répartition équilibrée entre gris comme forme nominale et comme forme adjectivale s’explique ici
par un contraste entre le corpus 2D dans lequel gris est un peu plus souvent employé comme
nom, renvoyant alors à une entité, et le corpus 3D où il est plus souvent employé comme
adjectif47, contribuant à construire le gris comme une propriété de couleur. Enfin, noir, à
l’exception du corpus REEL dans lequel il apparaît autant comme nom que comme adjectif,
massivement employé comme adjectif, renvoie à une propriété de couleur.
Les emplois des adjectifs de couleur beige, gris et noir suivant les dispositifs sont présentés
dans la partie suivante.
47
rappelons que de manière générale, le corpus 3D est caractérise par une proportion plus importante d’adjectifs
de couleur vs noms de couleur que les corpus 2D et REEL.
309
b) Spécificités des formes adjectivales selon les couleurs et les dispositifs
Fonctions syntaxiques des adjectifs beige, gris, noir
dans les 3 corpus
100,00%
80,00%
60,00%
épithète
40,00%
attribut
20,00%
0,00%
2D
3D
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beige
R
2D
3D
gris
R
2D
3D
R
noir
Figure 14 : Fonctions syntaxiques des adjectifs beige, gris et noir suivant les dispositifs.
Observant les positions respectives d’attribut et d’épithète des adjectifs beige, gris et noir, des
distinctions s’opèrent également. Beige est toujours employé majoritairement comme
épithète, gris toujours comme attribut. Noir, plus épithète dans le corpus 2D est quasi
exclusivement attribut dans le corpus 3D (90,9%).
c) Bilan de l’inscription syntaxique de beige, gris et noir suivant les dispositifs et
Inférences cognitives
Beige, présent dans les trois corpus comme substantif, renvoie à une couleur stable,
consensuelle que les locuteurs peuvent évaluer. En tant qu’adjectif, il est presque toujours
épithète, rattaché à un nom qu’il qualifie sans équivoque. En revanche, gris et noir se font l’indice
d’une construction problématique de la couleur en discours notamment dans le corpus 3D
(ex : (…) et euh j(e) vois gris j(e) sais pas si c’est noir hein). En effet, si les locuteurs emploient très
majoritairement gris dans le corpus 2D, ils expriment leur incertitude devant les ambiances 3D
(c’est noir ou gris ?) pour ensuite re-qualifier la couleur comme noir dans les véhicules réels. Cette
incertitude pourrait être en partie liée à la différence de luminosité des dispositifs 2D et 3D par
rapport aux véhicules réels.
Le corpus 3D suscite également plus d’emplois de beige, noir et gris en tant qu’attributs.
Devant un dispositif non familier, dont en outre ils ne partagent pas complètement la
perception avec leur intervieweur (eux seuls portent les lunettes 3D à capteur de mouvement qui
permettent une reconstruction en temps réel de l’image en fonction des mouvements de leur
310
tête48), les locuteurs doivent construire la référence et utilisent comme moyen les adjectifs de
couleur qui désignent des propriétés construisant la matérialité des objets représentés
visuellement à partir de la couleur. A l’inverse, dans le dispositif
REEL,
n’ayant plus besoin de
construire la référence, familière et partagée avec leur interlocuteur, ils peuvent évaluer les
couleurs en tant qu’entités du monde, ce que nous indiqueraient entre autres les proportions
plus élevées de substantifs pour noir et gris.
D - Synthèse
Nous reprenons dans les paragraphes suivant les principaux résultats issus de l’analyse
syntaxique des formes lexicales référant au domaine de la couleur recueillies dans les 3
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
corpus d’étude, 2D, 3D et REEL en distinguant les résultats concernant les formes génériques
de la couleur (couleur(s) ainsi que coloris, teinte(s), contraste, etc …)
et les formes
spécifiques (beige, gris et noir). À partir de ces résultats linguistiques, nous proposons dans la
dernière section une spécification des différents dispositifs dans lesquels ces formes ont été
produites.
1. Formes lexicales génériques de couleur
1.1. La couleur et les couleurs
Les 3 corpus étudiés se caractérisent par la présence très majoritaire de couleur qui y est
employé sous de multiples formes. Les analyses effectuées nous ont permis d’identifier des
inscriptions syntaxiques diversifiées qui contribuent à construire des conceptualisations de la
COULEUR
et des
COULEURS
très variées. Un bilan de ces inscriptions syntaxiques est présenté
dans le tableau suivant.
48
Cf. chapitre 3 – Méthodologie et p.251
311
SN couleur
La couleur
la couleur
la couleur+adj
la couleur+de+N
Les couleurs
les couleurs
les couleurs + adj
le N des couleurs
les couleurs et les N
2D
+++
++
++
+
+++
++
++
+++
+
3D
++++
++
+++
+++
++
+++
+
R
+++
+++
+++
+++
+++
+
++
++
Tableau 21 : bilan des modes d’inscription syntaxique de couleur et couleurs selon les dispositifs
1) Le premier indicateur nous permettant de distinguer plusieurs conceptualisations de la
COULEUR
est la flexion en nombre des formes nominales. En effet, nous avons pu repérer un
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
contraste entre les corpus 2D et REEL où les locuteurs employaient autant couleur(s) au
singulier qu’au pluriel et le corpus 3D dans lequel les formes au singulier ont été
privilégiées. Ceci constitue un premier indice d’une pluralité de conceptualisations, qui a été
précisé par l’analyse de l’inscription syntaxique de couleur et couleurs. En effet, alors que les
formes nominales simples (det+couleur) sont produites pour moitié au singulier et pour moitié
au pluriel, certaines constructions syntaxiques complexes sont caractérisées par un emploi
privilégié
du
singulier
(det+couleur+Adj/det+couleur+de+Nom)
ou
du
pluriel
(det+N+prep+couleurs).
2) L’usage massif de déterminants définis permet d’envisager cette et ces COULEUR(S) comme
des objets déjà posés, définis en discours, dont nous faisons l’hypothèse qu’ils sont
indicateurs d’une certaine familiarité des locuteurs avec le dispositif / la situation qui leur est
proposée, ainsi que d’un partage de la référence entre les locuteurs et leur interlocutrice, ie.
l’enquêtrice.
3) De manière globale, près de deux tiers des occurrences de couleur et autres noms
génériques s’inscrivent dans des SN complexes, contre un tiers de SN simples
(det+couleur(s), det+coloris …). Plus spécifiquement, la prédominance de formes
nominales complexes est caractéristique du dispositif 2D dans lequel les locuteurs ont eu
besoin de décrire, caractériser et/ou évaluer LA et
LES COULEURS
au moyen d’unités lexicales
complexes, signe d’une possibilité d’abstraction – mise à distance importante, en contraste
avec le corpus REEL comportant davantage de formes simples, dont nous faisons l’hypothèse
312
qu’elles sont décrites et évaluées via des formes verbales, impliquant davantage le
locuteur (cf. chapitre 6).
4) En considérant plus spécifiquement chacun des types de construction syntaxique dans
lesquels apparaissent couleur et couleurs, on remarque néanmoins que les SN les plus
fréquents (dans l’ensemble des 3 corpus) sont les SN simples la et les couleurs, qui restent
totalement « opaques » sans prise en compte de leurs inscriptions discursives (cf. Chapitre 6).
Les constructions complexes telles que par exemple les couleurs claires, l’harmonie des
couleurs fournissent davantage d’indications sur le type de constructions cognitives « sous-
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
jacentes » :
1.1.1. La couleur+adj / les couleurs+adj
Les constructions comprenant couleur(s) comme tête nominale complété d’un adjectif
épithète
le
plus
souvent
postposé
et
parfois
modifié
par
un
adverbe
(det+couleur(s)+(Adv)+Adj) sont surtout spécifiques des dispositifs de simulation.
Majoritairement au singulier (et ce d’autant plus dans le corpus 3D), elles interviennent
principalement dans la spécification d’une couleur singulière, particulière et permettent de
restreindre le champ de la description et de l’évaluation des locuteurs à une sous-catégorie de
couleur. Cette couleur, est caractérisée soit par des propriétés de couleur (la couleur blanche,
la couleur beige) ou de lumière (cette couleur brillante, ce coloris clair), soit par sa
localisation (couleur extérieure).
Ces constructions permettent également (dans le corpus 2D principalement) de
construire la référence à un type de couleur (les couleurs claires, des tons gris) ainsi que
d’évaluer de manière objectivée, mise à distance, des couleurs alors instaurées comme
entités autonomes (des couleurs un peu sérieuses).
1.1.2. Le N des couleurs
Cette construction, surtout rencontrée dans le corpus 2D, contribue à poser
LES COULEURS
comme entités autonomes. Dans ces formes telles l’harmonie des couleurs, l’unité des
couleurs, l’harmonie entre les coloris, le nom pivot réfère à une évaluation globale des
COULEURS.
Il s’agit alors d’apprécier LES COULEURS, en tant que collectif, dans leur ensemble,
et d’apprécier l’harmonie entre elles. Ces constructions sont indicatrices d’une activité de
jugement hautement mise à distance et globalisée, intégrée, lors de laquelle les locuteurs
313
évaluent comment les couleurs, indépendamment des supports qui les portent, vont ensemble.
Spécifiques du dispositif 2D, nous faisons l’hypothèse qu’elles témoignent d’une activité
particulière engendrée par ce dispositif. Familiers des re-présentations bidimensionnelles fixes
telles que des tableaux, des photos, ou les manipulations de symbole via l’interface des écrans
d’ordinateur, les locuteurs, en tant qu’experts de ces modes de représentations matérielles,
seraient amenés, contraints en quelque sorte par le dispositif, à une exploration
contemplative de l’image et à produire une description de type « analyse de tableaux », dans
laquelle l’évaluation de l’harmonie des couleurs pour elles-mêmes a beaucoup d’importance.
1.1.3. Les couleurs et les N
Cette analyse est renforcée par la présence de quelques coordinations entre la ou les couleurs
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
et la ou les formes en 2D et entre les couleurs et les matières dans le corpus REEL. Cette
construction contribue à construire les COULEURS comme des entités sensorielles autonomes
à évaluer avec conjointement avec d’autres entités sensorielles telles que les
le corpus 2D et les
MATIERES
FORMES
dans
dans le corpus REEL. Elle renvoie également à des pratiques
d’évaluation esthétique qui sont légèrement différenciées selon les corpus. Il est intéressant
de noter la mise en parallèle des
des indices visuels vs celle des
COULEURS
COULEURS
et des
et des
FORMES
MATIERES
dans un dispositif n’offrant que
dans le dispositif REEL qui offre
lui des indices tactiles et kinesthésiques primordiaux dans l’identification et l’évaluation des
MATIERES.
1.1.4. La couleur de N
On a également pu mettre en évidence la présence de constructions de type la couleur de N,
(la couleur des sièges, la couleur du rétro), toutes singulières, qui au contraire, spécifient une
couleur particulière, en la localisant (couleur de l’intérieur) ou en la rattachant à un
élément particulier de l’habitacle (couleur du siège), se rapprochant alors des
dénominations « classiquement » rencontrées lors des études portant sur l’expression en
discours des odeurs (odeur de pomme, odeur de ma grand mère, David, 2000). Ces
constructions sont spécifiques des corpus recueillis dans les dispositifs de simulation, et tout
particulièrement du dispositif 3D.
Nous faisons l’hypothèse que ces constructions contribuent, dans un dispositif peu
familier des locuteurs et pour lequel la référence n’est pas entièrement partagée avec leur
interlocuteur, à construire la matérialité de l’ambiance re-présentée. La
l’indice de l’objet support désigné par le nom pivot.
314
COULEUR
est alors
1.1.5. La couleur N
Enfin, la
COULEUR
est dans le corpus 2D (en quelques rares énoncés) rattachée / associée à
une matière support au sein de constructions présentant couleur, coloris ou ton comme tête
nominale, qualifié par un autre substantif, épithète (la couleur bois). Deux interprétations sont
alors possibles : soit la matière devient une propriété, un indice pertinent pour
caractériser une couleur particulière, soit cette couleur particulière peut se faire indice de
la matière qui la porte. L’analyse des modes de référenciation et d’évaluation aux couleurs
spécifiques (section suivante) ainsi que l’analyse de l’inscription en discours de ces
syntagmes particuliers49 (chapitre 6) nous permettra de préciser ces hypothèses.
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1.2. Autres formes génériques : coloris, teinte, contraste …
L’analyse des autres formes nominales référant de manière générique à la
COULEURS
COULEUR
et aux
a confirmé ces résultats en dégageant des synonymes (partiels) de couleur et
couleurs se caractérisant par des inscriptions syntaxiques identiques et renvoyant aux mêmes
conceptualisations.
Si coloris et teinte(s) contribuent parfois à construire une couleur singulière,
particulière et différente (ce coloris clair, une seule teinte), elles permettent surtout aux
locuteurs, principalement dans le corpus 2D, d’évaluer les différentes couleurs dans les
rapports qu’elles entretiennent ensemble et l’effet que leur assemblage peut produire (le
mélange des teintes, l’harmonie entre les coloris). Ceci est à rapprocher des définitions
proposées par les dictionnaires50 où les coloris, dont la désignation est issue de la pratique de
la peinture en Italie de la Renaissance, dénotent d’une réflexion sur l’agencement des
couleurs et l’effet que celui-ci peut produire. Avec l’utilisation de coloris et de teinte(s), les
locuteurs inscrivent leur discours dans une pratique esthétique et picturale. Il n’est pas
surprenant alors de retrouver ces noms dans les constructions syntaxiques Le N des coloris /
teintes, construction que nous avons identifiée lors de l’analyse de couleurs comme
permettant de rendre compte d’une évaluation globale, d’une appréciation des couleurs dans
leur relation les unes aux autres. Ainsi, la présence, certes faible, de coloris et de teintes, tout
49
En ce qu’elles nous permet de mettre en évidence les relations établies en discours et dans l’expérience
sensible entre les couleurs et les matières données à voir (et à toucher dans le dispositif réel) aux locuteurs.
50
Le TLF définit coloris comme une « façon d'utiliser, d'agencer les couleurs et, par métonymie, l'effet obtenu »
(TLFi). Par extension, il lui pose comme synonyme teinte. Dans les dictionnaires, coloris renvoie donc à une
pratique de la couleur, à une action consistant à manipuler les couleurs et les agencer. L’examen rapide de
l’étymologie confirme cette notion d’action, coloris dérivant de colorito, terme de peinture italien et participe
passé substantivé de colorire, verbe italien signifiant « colorer », dér. de colore (couleur*).
315
particulièrement dans le corpus 2D, vient corroborer cette hypothèse d’une exploration et
évaluation perceptive de type « description de tableaux » suggérée par le dispositif 2D que
nous avons proposée pour les formes N+de+couleurs.
De plus, ces formes ainsi que les autres formes nominales recueillies et les quelques rares
adjectifs et formes verbales, la plupart morphologiquement construits, renvoient à des
dimensions de la couleur peu lexicalisées en français51 :
-
d’une part à la variation vs la stabilité de la couleur, son caractère uni ou non52
(contraste, contraster, teinte53, nuance(s), dégradé, uni, bicolore, monochrome,)
-
d’autre part à la couleur comme pouvant être ou non une propriété de surface (coloration,
teinte) 54;
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le tout renvoyant à des notions de manipulation, de pratiques de la couleur.
En parallèle des références aux couleurs génériques, les corpus que nous étudions renferment
une grande quantité de formes lexicales spécifiques de couleur et notamment se caractérisent
par la présence de beige, gris et noir, dont l’inscription syntaxique témoigne de la
construction de concepts de
COULEUR
différemment articulés suivant la couleur envisagée et
le dispositif dans lequel elle est décrite et évaluée. Les principaux résultats issus de l’analyse
de ces 3 formes sont repris dans la partie suivante.
51
Ce qui est lexicalisé en français étant la teinte comme nous le verrons dans la partie suivante consacrée aux
noms et adjectifs de couleur (ainsi que l’intensité via les adjectifs clair et foncé), en contraste avec d’autres
langues dans lesquelles le caractère humide/sec ou l’uniformité de la teinte peuvent être lexicalisés (cf.
Wierzbicka, 1996).
52
Qu’on retrouve également dans l’emploi par certains locuteurs de quelques formes nominales non considérées
comme spécifiques à la couleur telles que motifs, quadrillages (cf. chapitre 6).
53
teinte, participe passé substantivé de teindre, renvoie dans le TLF au domaine de la peinture et y est alors
défini comme une couleur « résultant du mélange de plusieurs couleurs » opposée à des « couleurs pures ».
54
Ceci a été également développé dans la partie consacrée aux formes spécifiques de couleur (§2.3) à travers des
formes telles que un noir sur un tissu vs un noir sur un plastique ainsi que des formes renvoyant à des
interactions spécifiques entre couleurs et matières telles que gris métallisé, chromé, etc.
316
2. Formes lexicales spécifiques de couleur : beige, gris et noir
L’analyse de l’inscription syntaxique dans les trois corpus des trois formes lexicales
spécifiques de couleur les plus employées par les locuteurs nous a permis d’identifier
différents plans de construction des couleurs tant dans leur fonctionnement syntaxique qu’en
cognition et nous confirment l’importance du rôle des formes linguistiques dans la
construction des concepts.
Les statuts cognitifs inférés sont riches et diversifiés. Les couleurs apparaissent à la fois
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comme :
- entité du monde (le beige),
- propriété (plastique noir)
- ou indice d’un objet, d’une matière (ça fait plus cuir la partie beige que plastique).
Nous avons pu également voir comment elles contribuent à la construction de la référence,
comme étayages, notamment dans des scènes perceptives visuelles tridimensionnelles
(dispositif 3D) en tant que reproductions partielles et non familières du monde sensible (sous
le pare-brise tout est gris, je suppose que c’est le lecteur de CD qui est gris, j’vois gris j’sais
pas pas si c’est noir)55. Le principal indice de cette construction dynamique de la référence
est la présence massive d’adjectifs de couleur attributs dans le corpus 3D en contraste avec les
corpus 2D et REEL davantage caractérisés par l’emploi de formes adjectivales épithètes et de
formes nominales.
55
on remarque dans ces exemples l’importance des marqueurs discursifs indiquant notamment l’incertitude des
locuteurs via des marques de modalité. Ceci donne une bonne illustration de la nécessité d’aborder dans le
chapitre suivant l’inscription discursive de ces formes afin de préciser leur statut et ce à quoi elles participent
dans les pratiques discursives de description et d’évaluation de scènes visuelles telles que des habitacles
automobiles.
317
Le contraste entre beige, gris et noir met en évidence la non-correspondance de statut cognitif
pour différentes couleurs et contribuent à caractériser différents dispositifs de présentation de
scènes visuelles. Ainsi les pratiques culturelles qui sous-tendent chaque couleur et la pratique
spécifique mise en place lors du recueil des données amènent à des couleurs plus ou moins
différenciées cognitivement selon les couleurs et les modes de présentation « expériencés »
par les locuteurs.
3. Lexique des couleurs, conceptualisation des couleurs et
caractérisation des dispositifs de présentation
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L’analyse des formes linguistiques référant de manière générique et spécifique à la couleur
dans des discours de description et d’évaluation d’ambiances d’habitacles présentées au
moyen de différents dispositifs matériels a permis de mettre en évidence des régularités ainsi
que des contrastes dans les procédés linguistiques utilisés pour construire la référence à des
couleurs conceptualisées à différents niveaux et ce selon les dispositifs à partir desquels elles
étaient données à voir aux locuteurs.
Elle nous permet de proposer des hypothèses quant à la typologie de ces dispositifs et
des ambiances qu’ils re-produisent, hypothèses qui seront reprises, spécifiées et vérifiées dans
le chapitre 6. A ce stade de l’analyse, se distinguent notamment des rapports aux couleurs très
différents entre les dispositifs 2D et 3D, tous deux relevant de simulation visuelle.
3.1. Le dispositif 2D : la visite « picturale » de l’habitacle
Les discours recueillis devant le dispositif 2D se caractérisent par un lexique très riche et
diversifié tant au niveau des dénominations spécifiques que génériques des couleurs. Au-delà
de syntagmes nominaux simples tels que la couleur / les couleurs, la présence de formes de
type le N des couleurs (l’harmonie des couleurs, le mélange des teintes), ainsi que de
coordinations entre les couleurs et les formes indiquent que ce dispositif amène les locuteurs
à construire leur évaluation de manière globale mais à un certain niveau d’abstraction, comme
s’ils décrivaient un tableau, une photographie. Cette pratique de « description picturale » est
également appuyée par la présence importante d’adjectifs de couleurs épithètes56 inscrits
56
Les études de l’adjectif lorsqu’elles se font à partir d’analyse de corpus sont majoritairement consacrées aux
corpus écrits, dans lesquels le fonctionnement syntaxique de l’adjectif est quelque peu différent. Ceci étant, une
étude de Blasco-Dulbecco et al (2004) portant sur les spécificités syntaxiques de l’adjectif à l’oral a mis en
318
dans des syntagmes nominaux permettant la mise à distance de l’image explorée, décrite et
ainsi recomposée.
3.2. Le dispositif 3D : l’habitacle comme espace non familier construit
par les couleurs et les propriétés de couleur
Face à un dispositif :
-
proposant une reconstruction d’un espace via des indices visuels basés essentiellement
sur des technologies de lumière et offrant donc pour toute matérialité des luminosités,
des contrastes etc … ,
-
qui ne leur est pas familier et dont ils ne partagent pas complètement la perception
visuelle avec leur interlocuteur,
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les locuteurs ont témoigné via l’utilisation massive d’adjectifs spécifiques de couleur
attributs et de syntagmes nominaux dans lesquelles la couleur est spécifiée par un adjectif
(couleur+adj) ou un nom référant à un objet support (couleur de nom), de la nécessité de
construire en discours, au moyen de différents procédés linguistiques, l’espace exploré
visuellement. Ainsi ils évoquent des couleurs particulières rattachées à un objet support,
instituant alors la couleur en question comme indice de cet objet. De plus, en utilisant
massivement des adjectifs spécifiques de couleur attributs, ils définissent et construisent
l’espace perçu au moyen de ces propriétés colorées comme autant de briques, d’étayages de
l’espace considéré.
On remarque ici qu’on se trouve dans une situation et une dynamique qui va de l’analytique
au global, qui force à la recomposition du tout via l’utilisation de « traits » perceptifs.
Ces résultats peuvent s’interpréter comme l’illustration des processus « bottom-up »
de perception visuelle : les locuteurs voient des couleurs comme « primitives visuelles » et
c’est l’intégration de ces couleurs qui leur permet de se construire une représentation intégrée
de haut niveau, de l’objet dans sa complexité.
Il s’agit en effet de cela mais la mise en perspective des autres dispositifs nous permet
de montrer en quoi ce type d’exploration analytique est spécifique de ce dispositif. Le recours
évidence le même type de résultats que ceux présentés ici, en ce qui concerne l’emploi privilégié d’adjectifs
épithètes ou attributs. Ainsi, les descriptions de tableaux qu’elles demandaient à leurs locuteurs ont suscité
davantage d’épithètes, alors que les récits de films renfermaient davantage d’adjectifs (notamment de couleur)
attributs. Elles interprètent leurs résultats sur différents plans, rapprochant d’une part la description de tableaux
d’une pratique littéraire, proche de l’écrit et qui en reprend les caractéristiques (on trouve davantage d’adjectifs
épithètes à l’écrit), et d’autre part les récits de films, de mise en discours d’actions, nécessitant davantage de
formes verbales et par là même de constructions attributives.
319
à cette stratégie analytique survient ici lorsque les sujets ont des difficultés d’appréhension du
découpage du monde qui leur proposé57.
Revenant un instant au dispositif 2D, on peut considérer à l’inverse que nos locuteurs sont des
experts des dispositifs de type 2D58, et font majoritairement appel à leurs connaissances
préalables pour produire leur description et leur évaluation de la scène visuelle qui leur est
présentée.
3.3. Le dispositif REEL : un espace global, complexe
A ce stade des analyses et des résultats le dispositif REEL est le plus difficile à caractériser, le
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
plus opaque. Proposant une expérience sensible plurielle et globale (holisensorielle), les
couleurs y sont moins considérées comme indices ou propriétés que comme entités
autonomes, décrites et évaluées pour elles-mêmes soit de façon spécifique (le beige, le noir),
soit de soit plus générique (la couleur). Elles peuvent également être considérées de manière
collective, en relation avec les autres « entités sensorielles » qui permettent d’apprécier
visuellement mais aussi tactilement et kinesthésiquement l’habitacle, telles que les matières.
L’analyse de l’inscription discursive des couleurs nous permettra dans le chapitre 6 de rendre
compte de ces interactions entre entités et / ou propriétés sensible, et de la façon dont elles
structure le jugement global d’appréciation.
Conclusion
L’analyse des indicateurs lexicaux et syntaxiques dans les différents corpus étudiés via des
nous a permis de mieux comprendre la structuration des conceptualisations de couleur de
l’habitacle automobile. Elle a également contribué à qualifier les différents dispositifs
matériels utilisés pour présenter les ambiances d’habitacle aux locuteurs. Il s’agit à présent
d’étudier l’articulation des ces formes linguistiques de couleur en discours (chapitre 6) afin de
mieux comprendre comment se structure et se construit l’évaluation des couleurs en lien avec
les autres propriétés et entités visuelles. Nous utilisons dans le chapitre 6, l’analyse de
57
Un peu comme lorsqu’en psycho-acoustique les sujets utilisent une stratégie analytique de description d’un
son (et non plus d’identification de sources de bruit) quand il ne leur est plus possible d’attribuer des
significations et d’avoir une évaluation globale du phénomène qui leur est donné à écouter (Dubois et
Castellengo, 2005).
58
Tout comme dans des travaux sur les schématisations de scènes routières, Dubois et al ont pu montrer la
capacité des experts à recomposer toute une scène visuelle à partir d’un schéma alors que des sujets non-experts
perdent à un moment le « (topo)fil » et ne sont plus à même de faire le va et vient entre les 2 (parties du) mondes
re-présentés (Dubois et al, 1995)
320
l’inscription en discours des couleurs, comme un point de vue, une porte d’entrée à partir de
laquelle nous étudions les modes de structuration et de construction du jugement
d’appréciation d’un point de vue à la fois :
-
linguistique - en ce sens que l’évaluation se construit en discours via l’utilisation de
nombreux procédés ;
-
et psychologique - en ce qu’elle rend compte du rapport sensible du sujet au monde qu’il
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explore et qui l’entoure, avec lequel il interagit.
321
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322
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323
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324
Chapitre 6 : Dynamiques de co-construction des couleurs
de l’habitacle en discours
Introduction
L’analyse lexicale et syntaxique des formes linguistiques de
COULEUR
employées par les
locuteurs pour décrire et évaluer des ambiances d’habitacle présentées dans des dispostifs de
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simulation 2D ou 3D et dans des véhicules réels nous a permis d’émettre, au moyen de
différents indicateurs linguistiques, des hypothèses quant à l’existence de différentes
conceptualisations de la COULEUR. Il s’agit à présent d’examiner la contribution de ces formes
linguistiques de couleur à la construction de la référence et de l’évaluation en discours. Ceci
devra nous permettre de valider et de préciser les hypothèses émises suite aux analyses
précédentes ainsi que de contribuer à la mise en évidence des dynamiques de co-constitution
de l’objectivité et de la subjectivité en discours.
La partie A explicite l’inscription de ces analyses dans la démarche globale de la thèse en
présentant les objectifs et les hypothèses qui leur sont spécifiques ainsi que la démarche
d’analyse. Les résultats sont exposés dans les parties B et C et traitent respectivement de
l’inscription en discursive du nom couleur(s), et de l’inscription discursive des formes
nominales et adjectivales beige, gris et noir.
A - Présentation
1. Positionnement dans la problématique
Après avoir analysé les ressources lexicales mobilisées par les locuteurs pour exprimer leur
expérience de la
COULEUR
dans différentes explorations, visuelles ou multisensorielles,
d’habitacles automobiles, nous nous intéressons ici à l’inscription en discours de ces
ressources lexicales au niveau plus global de l’énoncé.
Ce changement de focus linguistique peut s’analyser comme le passage à un certain
niveau d’une analyse centrée sur les objets linguistiques (sur la langue) à une analyse centrée
325
sur les modes de construction de la référence (modes de référenciation) et de l’évaluation en
discours. Il se fait en parallèle d’un changement de paradigme d’un point de vue cognitif
d’une analyse centrée objet et plus spécifiquement ici centrée sur les propriétés (visuelles >
colorées) de l’objet à une analyse centrée sur la relation du sujet (le locuteur) à ces objets et
propriétés en s’intéressant ici à l’inscription des couleurs dans les procédures de description et
d’évaluation des ambiances visuelles explorées.
Nouvelle étape dans le va-et-vient de notre démarche méthodologique et
épistémologique, allant cette fois-ci d’une perspective analytique à une perspective globale.
2. Objectifs et hypothèses
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Il s’agit de mettre à jour les différents modes d’inscription de couleur(s) et des formes
envisagées comme plus ou moins équivalentes teinte, coloris, ton, ainsi que de beige, gris et
noir afin de :
-
vérifier et préciser les hypothèses que nous avons formulées sur les différentes
conceptualisations de la
COULEUR
(entité, propriété, indice …) et sur les inférences
qu’elles permettent de réaliser quant aux statuts des dispositifs donnés à explorer aux
locuteurs, suite aux résultats de l’analyse lexicale et morphosyntaxique de ces formes
considérées de manière isolée1 ;
-
identifier en discours les relations qu’entretiennent les
COULEURS
avec d’autres
propriétés sensibles de l’habitacle (visuelles mais également tactiles et kinesthésiques)
ainsi qu’avec les objets de cet habitacle ;
-
évaluer la contribution de ces
COULEURS
à la construction du jugement global
d’appréciation.
Ainsi nous formulons les hypothèses suivantes :
- Compte tenu de la diversité de statuts de
COULEUR
que nous avons pu inférer de l’analyse
des ressources lexicales et de leur inscription syntaxique, nous pensons retrouver ces
différentes conceptualisations en œuvre dans les discours et nous faisons l’hypothèse que ces
objets cognitifs différents vont avoir des contributions différentes dans la construction de la
description et de l’évaluation des scènes explorées, mises et construites en discours par les
locuteurs.
1
Notamment concernant les syntagmes nominaux simples de type la couleur / les couleurs.
326
- De plus, les contrastes qui ont été mis à jour entre les différents dispositifs de présentation
des ambiances grâce aux indicateurs lexicaux et morphologiques et syntaxiques devraient être
appuyés par des inscriptions différenciées et des modes de référenciation et de construction de
l’évaluation différents.
- ainsi, la mise en évidence de la nécessité, dans des dispositifs tels que le dispositif 3D, de
construire la matérialité de la re-présentation via les propriétés de couleur comme étayage de
la référence, devrait être renforcée par la présence de procédés de référenciation plus
importante dans le corpus 3D. Précisément, si l’activité dans laquelle sont plongés les
locuteurs est, de manière claire, toujours une activité de description et d’évaluation, quel que
soit le dispositif auquel ils sont confrontés et donc le type d’ambiance et de matérialité dont il
s’agit de construire l’évaluation en discours, nous nous attendons à ce que les corpus de
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simulation (au moins le corpus 3D) témoignent de davantage de procédures de construction
du référent en discours : c’est à dire que l’activité devrait être temporellement structurée en au
moins 2 phases, la première consistant à identifier le beige (par ex.) en discours, à le
construire comme entité avant de pouvoir l’évaluer ou évaluer son effet sur une autre
propriété ou un autre objet. Tandis que le corpus Réel devrait davantage receler d’évaluations
« directes », la référence étant partagée d’évidence.
Nous faisons cette hypothèse spécifiquement pour les formes lexicales adjectivales
spécifiques de couleur (et notamment quand elles sont en position d’attribut) ainsi que pour
les formes nominales de type couleur+de+x que nous avons également identifiées comme
participant à la construction de la matérialité de la scène explorée.
3. Démarche d’analyse et de présentation des résultats
3.1. Les corpus
Nous nous intéressons aux mêmes corpus 2D, 3D et REEL incluant cette fois l’analyse de tous
les énoncés dans lesquels ont été repérées des formes lexicales référant à la COULEUR et aux
COULEURS
de manière à la fois « générique » et « spécifique ».
3.2. Les catégories d’analyse
Nous nous intéressons à l’inscription en discours des formes lexicales de COULEUR avec pour
objectif de préciser leur fonctionnement dans la construction de la référence et de l’évaluation
327
de l’habitacle. Les indicateurs linguistiques et discursifs que nous avons privilégiés sont ceux
qui nous semble rendre compte de la construction de l’objectivité (de la tentative
d’objectivation / de mise à distance des objets) vs de la subjectivité en discours.
Il s’agit alors de s’intéresser au « dire » dans une « perspective constructiviste du discours qui
conçoit le dire comme élément constitutif du dit » (Berthoud, 1996, p.17).
Ainsi on a distingué :
- des énoncés à visée objectivante (où il y a « effacement énonciatif », Vion, 2001) présentant
les couleurs comme entités sujets
a) la couleur est / les couleurs sont
b) les couleurs font
qui permettent suivant le verbe, de construire des jugements sur la couleur vs des couleur
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comme élément participant à un jugement portant sur autre chose / ayant un effet.
- ainsi que les procédés de thématisation/topicalisation et de focalisation (à rapprocher du
préambule et du rhème, Morel et Danon-Boileau, 1998) qui posent le référent en discours, au
moyen de :
a) Présentatifs : il y a , c’est
Il y a le beige / Il y a du gris2
C’est du gris / c’est beige …
b) Structures clivées : (Il y a) c’est les couleurs/le beige qui
c) et pseudo-clivées : ce qui/que … c’est (que) …
d) Dislocations (Dislocations à gauche et à droite) rendant compte de procédés de :
thématisation : la couleur, ça / c’est / elle3
topicalisation : la couleur, j’aime pas4
- et des énoncés mettant en scène de manière assumée la subjectivité du locuteur au moyen :
a) de marques de la personne et verbes d’appréciation
J’aime les couleurs / J’aime le beige
2
Les indicateurs que nous avons utilisés/considérés dans le chapitre 5 restent bien évidemment valables et sont
considérés dans leur relation avec ceux que nous mettons à jour dans cette analyse. Ainsi des déterminants et des
différences à prendre en compte entre un énoncé tel que il y a le beige et un autre énoncé tel que il y a du gris.
3
Nous portons également un intérêt tout particulier aux pronoms anaphoriques utilisés pour la reprise du
référent, selon qu’ils soient personnels (le beige, il, la couleur elle) ou démonstratifs (la couleur ça) conférant
alors à l’entité référée un caractère générique (cf chap 3).
4
ce dernier indicateur, conjuguant une mise en avant de l’objet d’évaluation et une marque de la subjectivité du
locuteur, nous permet d’introduire la tension entre un jugement centré objet et un jugement centré sujet. (cf. pour
une analyse des dislocations, Apotheloz, 1997,
328
Le … X qui est … est une couleur que j’adore
b) de marqueurs de modalité et de modalisation : verbes et adverbes
c) de marqueurs d’incertitude
Je ne sais pas, on dirait que, ça doit être, ça fait
Enfin, les associations en discours entre ces couleurs et d’autres objets, d’autres propriétés,
qui fondent une évaluation globale (qualité, confort, espace …) sont également prises en
compte.
3.3. Présentation des résultats
Les résultats des analyses sont présentés en suivant la structuration du chapitre précédent,
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distinguant formes génériques et spécifiques de
COULEUR,
même si l’analyse lexicale des
formes complexes nominales comprenant le nom générique couleur a permis de montrer que
certaines renvoient à des couleurs spécifiques. De plus, l’analyse d’autres formes génériques
telles que uni, contraste, coloration, dégradé, monochrome … nous a également permis de
mettre en évidence d’autres dimensions de la couleur qui questionnent cette classification en
générique / spécifique que nous serons donc amenée à discuter.
Nous la maintenons cependant dans la mesure où elle s’est avérée productive pour
éclairer le statut du dispositif 3D et celui des matières dans les dispositifs 2D et 3D.
B - la couleur et les couleurs
Comme dans le chapitre précédent, nous nous intéressons ici tout particulièrement à
l’inscription en discours des formes nominales simples de type det+couleur(s)
(majoritairement la couleur et les couleurs). Représentant la part la plus importante des
emplois de couleur(s) dans chacun des 3 corpus, on dénombre 49 occ. de couleur(s) au sein
de 46 énoncés dans le corpus 2D, 22 occ. (19 énoncés) dans le corpus 3D5 et 54 occ. (49
énoncés) dans le corpus REEL.
1. Introduire les couleurs / la couleur
"En matière de couleur"
5
Rappelons qu’à la différence des autres corpus dans lesquels la répartition entre formes plurielles et singulières
est homogène, les formes au singulier sont légèrement prépondérantes dans le corpus 3D.
329
La thématique est introduite par l’emploi du substantif couleur et au moyen de différents
procédés linguistiques :
-
par une locution ou une préposition précédant couleur telle que au niveau (de),
en matière de6, pour, sur ou par un adverbe : alors
-
par des marqueurs de temporalité et/ou de comparaison référant aux
observations précédentes (on n’a pas parlé des couleurs tout à l’heure).
Le tableau ci-après reprend les énoncés caractérisés par ce type d’introduction des couleurs
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comme cadre général de ce qui va suivre en discours.
Procédés d’introduction
Énoncés
Locutions :
au niveau / au niveau de
en matière de
bah alors là au niveau couleur j’aime pas (2D-C5BA S3)
et puis au niveau des couleurs c’est peut-être un peu (en)fin bon moi
personnell(e)ment ça m(e) satisfait plus que du que du v(e)lours (R-307NA S12)
si tu veux en matière de couleur le bleu qui est une couleur que j’adore est une
couleur froide (2D-BB S9)
prépositions :pour / sur
et pour l’intérieur c’est enfin pour les couleurs (2D-BB S7)
euh là sur les couleurs les couleurs claires ça me va bien moi … (2D-BB S11)
adverbes : alors
mais alors les couleurs les assortiments de couleurs (…) (2D-BB S7)
alors euh les couleurs c’est d’un goût douteux (2D-BB S7)
Marque temporelle : tout à l’heure on n’a pas parlé des couleurs tout à l’heure (2D-BA S12)
par contre ce que j’ai critiqué un p’tit peu à l’autre de couleurs (2D-NB S14)
et comparatives : à l’autre
Tableau 1 : énoncés introductifs -
Dans ces énoncés d’introduction de la thématique, spécifiques du corpus 2D (8/9 énoncés),
couleur est majoritairement présent au pluriel (7 sur 9) renforçant l’idée que le pluriel
dénoterait (ici dans le cas de l’emploi du substantif couleurs) d’un caractère général. De plus,
dans la plupart des énoncés, il est précédé du déterminant article défini les ou du déterminant
article défini contracté des. Les locuteurs, pour se placer dans le cadre général de la
thématique des couleurs, vont donc utiliser principalement la forme les couleurs en la faisant
précéder le plus souvent (7 énoncés) d’un présentatif qui sera pour l’occasion une préposition
(pour, sur), un adverbe (alors), ou une locution (au niveau (de), en matière de). 2 autres
énoncés participent également à introduire la thématique de la couleur via des locutions
adverbiales marquant la temporalité (tout à l’heure), la négation (on n’a pas parlé de …) et
dans une dynamique comparative entre l’ambiance décrite au moment de l’énoncé et
l’ambiance déjà explorée auparavant (tout à l’heure, ce que j’ai critiqué à l’autre …). Pour
introduire la référence au concept général de couleur, les locuteurs font alors référence à ce
qu’ils ont déjà vu et commenté avec leur interlocuteur. On peut donc avancer que c’est le
partage de la référence (présente et antérieure) qui leur autorise ce type d’énoncés.
6
Cf. la notion de marqueur spécialisé (Berthoud, 1996), explicitée dans le chapitre 3.
330
On remarque ici qu’au sein d’un même énoncé, une fois les couleurs posées comme référent
en discours, elles peuvent être alors spécifiées (ex 1) ou jugées (ex 2):
(1) si tu veux en matière de couleur le bleu qui est une couleur que j’adore est une couleur froide (2DBB S9)
(2) bah alors là au niveau couleur j’aime pas (2D-BA S3)
Ceci met l’accent sur 1) le caractère multiple, intégré d’un énoncé dont la signification est
complexe et riche, 2) sur la difficulté d’opérer un classement des énoncés dans des catégories
fixes et exclusives les unes des autres puisqu’au sein d’un même énoncé vont s’accomplir
différents processus de catégorisation et de construction de la signification 3) et donc du
même coup sur les découpages adéquats d’unités d’analyse : le mot, le syntagme, la
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proposition, la phrase, l’énoncé.
2. Des couleurs génériques à la couleur spécifique
la couleur générale comme prélude à une couleur spécifique
Les formes simples construites à partir du substantif couleur vont permettre aux locuteurs à
travers et au delà de l’introduction de la thématique COULEUR, d’initier une sorte de parcours
entre le générique et le spécifique. Après une entrée en matière initiée par couleurs, c’est un
travail de reformulation et de précision qui s’opère laissant entrevoir la structuration de ce
domaine conceptuel pour les locuteurs interviewés.
Du générique au spécifique :
Construction et spécification des couleurs en discours
CORPUS 2D
c’est : les couleurs bah déjà le marron le beige c’est c’est : c’est bon c’est pas des
couleurs très modernes (NA S7)
ah : c’est mieux bon la couleur est toujours à chier le bleu < rire > c’est l’ bleu de
m(a) machine à laver (BA S4)
euh si tu veux en matière de couleur le bleu qui est une couleur que j’adore est une
couleur froide (BB S9)
Autant les formes c’est toujours : c’est toujours identique ‘fin : bien qu’i’ y a : ‘fin la
couleur donne de : / cette couleur euh je sais pas si c’est euh écru ou beige j(e)
sais pas ‘fin cette couleur écrue là (BB S7)
CORPUS 3D
si je reviens à la couleur qu(i) est sans doute bleue à l’extérieur (…) c’est moche <
rire > (C5BAM S4)
Nb
d’énoncés
%
12 (46)
26%
4 (19)
21%
6 (49)
12%
CORPUS REEL
bah l'image qu'on en a, enfin euh le visuel quoi, les couleurs tout ça c'est les
mêmes un peu plus fade dans le virtuel (307BBR S1)
les couleurs les couleurs les couleurs sont pas sont pas accueillantes c’est gris
quoi trop gris par contre (307NAR S1)
Tableau 2 : Reformulations et spécifications de la couleur en discours selon les corpus.
331
Couleur est dans la plupart de ces énoncés (19/22 énoncés) indicateur d’un niveau générique
ensuite spécifié par :
-
une forme complexe construite autour de ce même pivot (les couleurs claires, la couleur
générale, cette couleur écrue, les assortiments de couleur),
-
un terme de couleur (écru ou beige, le bleu, du gris)
-
une forme complexe construite autour d’un terme de couleur (une dominante de bleu, une
voiture noire ou bleue foncée).
Trois exceptions sont remarquables :
-
Dans deux d’entre elles, c’est un premier niveau de spécificité que désigne couleur par
rapport au substantif intérieur ou à l’image – le visuel, renvoyant à un niveau plus
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générique - l’habitacle en lui-même (et pour l’intérieur c’est enfin pour les couleurs).
-
Dans l’autre, les couleurs est précédé d’une lexicalisation plus spécifique les couleurs
plus vives dénotant d’un phénomène inverse de « généralisation du spécifique » :
les lumières plus vives (en)fin les les couleurs plus vives c’est vrai qu’on n’a pas parlé des
couleurs tout à l'heure.
Remarquons ici que le contexte de l’énoncé s’y prête puisqu’il met en scène dans un
premier temps le syntagme nominal complexe les lumières plus vives reformulé par les
couleurs plus vives construit sur la même structure syntaxique. Ce n’est qu’ensuite que la
généralisation est possible.
Couleur comme substantif simple est privilégié dans les corpus 2D et 3D pour introduire la
thématique COULEUR et a pour vocation d’être spécifié, reformulé. C’est en quelque sorte la
première étape dans la description et l’évaluation des couleurs7 qui semble nécessaire dans les
dispositifs de simulation mais pas dans le dispositif REEL.
Les formes simples précédées d’un déterminant défini prédominent. De plus lorsque la couleur
« générique » désignée par une forme simple de type det+couleur est spécifiée via une ou plusieurs
autre(s) forme(s) linguistique(s), la forme simple en question est dans 75% des cas au singulier. Ce
résultat permet bien de distinguer la première fonction « introductive » présentée (de
topicalisation) de cette fonction de reformulation/spécification puisque l’introduction à la
thématique de la couleur est elle essentiellement prise en charge par des formes simples au pluriel
(les couleurs). Ainsi l’introduction générale à la thématique des couleurs est prise en charge par la
forme les couleurs alors que le processus de spécification progressif est initié par la forme la couleur.
7
au sein d’une évaluation globale d’un espace complexe où nous rappelons qu’il n’est à aucun moment demandé
aux locuteurs de s’exprimer sur les couleurs.
332
C’est la couleur générique mais singulière qui peut davantage être précisée. Notons ici la
découverte de nouveaux indices d’une pluralité des statuts cognitifs de cet objet COULEUR.
Nous pouvons distinguer, parmi les énoncés de spécification de couleur, différents axes :
-
la couleur peut être spécifié une (ex 1) ou plusieurs fois (ex 2) :
ex 1 : nan [à cause] plutôt de la couleur du gris
ex 2 : fin la couleur donne de : / cette couleur euh je sais pas si c’est euh écru ou beige j(e) sais pas
‘fin cette couleur écrue là
-
cette reformulation suit un développement plus ou moins linéaire et hiérarchisé :
ex 3 : c’est mieux bon la couleur est toujours à chier le bleu < rire > c’est l’ bleu de m(a) machine à
laver
ex 4 : si tu veux en matière de couleur le bleu qui est une couleur que j’adore est une couleur froide
Ainsi, dans l’exemple 3, on peut assez aisément retrouver une organisation allant du plus
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générique au plus spécifique : la couleur ! le bleu ! le bleu de ma machine à laver
On remarquera que dès la production de la forme la couleur, celle-ci est inscrite dans
une prédication évaluative de jugement (dépréciatif) : la couleur est toujours à chier. Puis,
elle est de nouveau spécifiée par les formes le bleu et le bleu de ma machine à laver, qui ont
pour vocation ici de justifier le jugement posé sur la couleur. On a ici une indication
concernant la non séparation des procédures de description et des procédures d’évaluation
considérées parfois comme relevant d’une dichotomie classique objectivité / subjectivité. Au
contraire on peut dès ces énoncés de spécification remarquer le continuum entre description et
évaluation, continuum qui relève d’une co-construction de la référence et de l’évaluation.
Dans l’exemple 4, la reformulation suit un développement moins linéaire :
En matière de couleur ! le bleu ! une couleur que j’adore ! une couleur froide
Après une introduction générale à la thématique COULEUR, la forme le bleu centre le discours
sur une couleur particulière, singulière, posée comme entité autonome (substantif + det défini
+ singulier). L’expansion relative « qui est une couleur que j’adore » va elle aussi modeler la
spécification. Elle permet la définition du bleu comme couleur singulière sur laquelle la
locutrice porte un jugement en exposant sa subjectivité (utilisation de marque de 1ère la
personne). Si tout jugement est considéré comme expression de la subjectivité des locuteurs,
certains présentent une intention d’objectivité de la part du locuteur relayée en discours par la
production d’énoncés où le locuteur s’efface. Ici, un jugement à visée objectivante serait du
type : le bleu est une belle couleur … C’est ainsi que la troisième partie de la spécification
« est une couleur froide » tente de donner une définition plus objective, « descriptive »,
333
faisant appel à une catégorie de couleurs plus ou moins lexicalisée et reconnue comme
consensuelle, partagée par l’ensemble de la communauté linguistique, et a fortiori par
l’interlocutrice. Dans cet exemple, on voit se profiler différents niveaux de catégorisation qui
ne répondent pas au simple critère de super et supra-ordination mais qui jouent différemment
suivant l’intention du locuteur, le cadre dans lequel il définit et évalue la couleur.
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Cette analyse des reformulations de couleur permet d’aborder un premier plan de l’organisation
catégorielle des couleurs concernant les niveaux de catégorisation en prenant en compte le
caractère plus ou moins générique ou spécifique. Nous avons pu observer comment dès lors que
les locuteurs « disent » les couleurs, ils disent aussi leur rapport à ces couleurs et donnent des
indications sur leur manière de construire l’objectivité du monde et dans un même mouvement
leur propre subjectivité.
Nous traitons de cette tension entre construction de l’objectivité et expression de la
subjectivité par rapport à la couleur et aux couleurs dans les paragraphes suivants. Ainsi,
l’analyse de l’inscription des formes simples la couleur/les couleurs dans des énoncés où un
jugement est émis, va permettre de mettre à jour les différents processus linguistiques
disponibles et utilisés par les locuteurs pour exprimer leur évaluation sensible du monde avec
plus ou moins de distanciation vis à vis de l’évaluation qu’ils formulent. En effet l’évaluation
et le jugement exprimé en discours à propos des couleurs est un domaine dans lequel la
recherche d’objectivité et l’expression de la subjectivité des locuteurs transparaissent. Nous
tentons dans la partie suivante de mettre à jour les indicateurs linguistiques de ces différents
degré d’élaboration de l’objectivité/subjectivité en discours.
3. Couleur(s) comme étayages de la construction du jugement
Après avoir répertorié les énoncés comprenant la couleur et les couleurs, nous allons
maintenant identifier différents procédés syntaxiques mis en œuvre par les locuteurs pour
exprimer leur référence et leur jugements vis à vis de l’habitacle. Nous distinguons les
énoncés où couleur et couleurs :
-
apparaissent comme sujet grammatical (les couleurs sont mieux)
-
font l’objet de procédures d’extractions via des dislocations (les couleurs c’est d’un goût
douteux) ou des structures clivées (il y a la couleur qui … / c’est les couleurs qui donnent
…)
334
-
sont complément d’objet direct (d’un verbe d’appréciation : j’aime mieux la couleur) ou
attribut (introduit par un présentatif : c’est les couleurs)
-
sont complément d’objet indirect ou circonstanciels, introduits par une préposition (c’est
dû à la couleur)
Le tableau suivant reprend les principaux types d’inscriptions syntaxiques de couleur(s) en
indiquant leur distribution dans chaque corpus.
Inscription syntaxique de
la couleur / les couleurs dans les
énoncés
Corpus 2D
Corpus 3D
Corpus RÉEL
Occ.
%
Occ.
%
Occ.
%
2
4,1%
9
40,9%
17
31,5%
12
24,5%
4
18,2%
7
13,0%
13
26,5%
0
0%
7
13,0%
19
38,8%
6
27,3 %
20
37,0%
Autres énoncés
3
6,1%
3
13,6 %
3
5,6%
Total
49
100%
22
100 %
54
100%
la/les couleurs Sujet
les couleurs sont mieux
la couleur a un rôle très important
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la/les couleurs Extractions
les couleurs (…) ça n’me plait pas du tout
i(l) y a la couleur qui …
la couleur elle est plus foncée
c’est trop classique la couleur
c’est la couleur qui qui m’gêne
la/les couleurs Complément d’objet
ce sont les couleurs
je n'aime pas la couleur
Préposition + la/les couleurs
à cause des couleurs et des matières
c’est p(eu)t être lié à la couleur
Tableau 2 : inscription syntaxique de la couleur / les couleurs dans les énoncés des 3 corpus
Les modes d’inscription syntaxique privilégiés de couleur et couleurs divergent selon le
corpus considéré.
-
Dans le corpus 2D, la couleur et les couleurs sont principalement introduites par des
prépositions (38,8%), ou apparaissent comme complément d’objet (principalement attribut
du sujet via des structures présentatives du type c’est les couleurs / ce sont les couleurs),
ou encore dans des procédures d’extraction telles que des dislocations et des structures
clivées ;
-
Dans le corpus 3D, les deux inscriptions syntaxiques privilégiées sont les énoncés où le
GN est sujet (plus de 40% des occurrences) et ceux où le GN est introduit par une
préposition (27,3% des occ.), de plus un bon nombre de SN la/les couleurs font l’objet de
procédures d’extraction ;
335
-
Dans le corpus REEL, les constructions les plus présentes sont celles où la/les couleurs
sont introduites par une préposition (groupe prépositionnel COI ou CC) et celles où elles
sont sujet (respectivement 37% et 31,5% des occ. de det+couleur).
Ces résultats contrastés nous permettent de formuler les hypothèses suivantes et
interprétations suivantes :
Dans le corpus 3D, la forte proportion d énoncés où les couleurs sont en position de
sujet ou la couleur dans des procédures d’extraction (comme sujet « réel » des prédications),
couplée à l’absence d’énoncés où la couleur / les couleurs sont complément d’objet,
témoignent d’une tentative d’objectivation, de mise à distance des couleurs de la part des
locuteurs. L’activité est alors centrée sur la couleur autonome à évaluer, caractériser : les
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couleurs sont X, font X, la couleur c’est X … L’introduction relativement importante de la
couleur par une préposition ou une locution prépositive témoigne quant à elle du fait que la
couleur est dans ce cas identifiée comme la cause, le critère, l’élément participant à construire
une évaluation plus globale : c’est X par la couleur, à cause de la couleur …
Dans le corpus REEL, où l’on rencontre une forte proportion d’introduction de
couleur(s) par une préposition, on peut faire l’hypothèse que les locuteurs dans ces
constructions ont comme activité principale l’évaluation de l’effet des couleurs sur autre
chose. De plus, la part importante d’énoncés dans lesquelles les couleurs est sujet reflète la
construction en discours d’une tentative d’évaluation objectivée (ou du moins à visée
objectivante) des couleurs en elles-mêmes (couleur+V+…). La part restreinte de procédures
d’extraction peut quant à elle s’expliciter par 2 raisons. Jouant un rôle important dans la
construction de la référence, ces procédés permettraient, devant le dispositif 2D, à la mise en
place de la thématique (avec les marqueurs spécifiques que nous avons évoqués dans la 1ere
partie), ce qui n’est plus nécessaire dans les habitacles REELS, au vu de la temporalité des
entretiens. De plus, comme nous l’avons proposé dans le paragraphe précédent, nous pensons
que ce type de procédé témoigne d’une objectivation de la notion ou de l’objet désigné par le
syntagme qui fait l’objet de l’extraction. Ceci pourrait alors expliquer pourquoi les extractions
sont également beaucoup plus présentes en 3D qu’en REEL, le dispositif (3D) contraignant
dans une certaine mesure à l’objectivation des indices qu’il met à disposition des locuteurs,
dans le but de construire l’objectivité de la re-présentation qui lui est donnée à voir
(objectivité qui n’est pas (plus ?) à construire dans le cas des véhicules réels).
Dans le corpus 2D, la présence importante d’introduction des SN la couleur et les
couleurs par une préposition ou une locution prépositive s’explique en partie par la nécessité
336
d’introduire la thématique couleur (cf. partie précédente) au moyen de locutions telles que au
niveau de, en matière de …). Les autres énoncés présentant ce type de forme permettent
comme dans les autres corpus de rendre compte de la couleur comme participant à la
construction d’un jugement global. De plus, si les énoncés où la couleur et les couleurs sont
employés comme complément sont nombreux dans le corpus 2D, ce sont le plus souvent des
constructions attributives (c’est les couleurs) produites en réponse de relance de type (qu’estce qui te fait dire ça ?). Ils permettent donc également l’identification des couleurs comme
ayant un rôle, une action. On notera ici la différence avec quelques énoncés du corpus REEL
(les seuls repérés dans l’ensemble des 3 corpus) dans lesquels la couleur est complément
d’objet du verbe d’évaluation aimer conjugué à la 1ère personne.
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Nous avons pu voir à travers le parcours des différents types d’inscription syntaxique de
couleur et couleurs en discours que ces formes linguistiques s‘intégraient dans différents
processus d’évaluation des couleurs en elles-mêmes, ce que nous abordons plus en détail dans
la prochaine partie intitulée Evaluations des couleurs. De plus nous avons évoqué les
différents modes d’évaluation des couleurs comme pouvant témoigner de plus ou moins de
subjectivité de la part des locuteurs, ou dit autrement, comme rendant compte de tentatives
plus ou moins fortes d’objectivation. Nous mettons en perspective dans cette partie la tension
entre a) la construction de l’objectivité du jugement et b) l’expression/l’affirmation de la
subjectivité dans le jugement.
Puis, dans la partie suivante, nous verrons comment la couleur permet également aux
locuteurs de construire un jugement sur d’autres objets et notions.
3.1. Evaluations des couleurs
Lorsque les couleurs font l’objet d’évaluation dans les discours des locuteurs, une tension
peut être mise en évidence entre d’une part la mise en place d’une certaine objectivité ou de la
référence et d’autre part l’expression et l’affirmation de la subjectivité des locuteurs. Si
l’examen des marques de la personne comme nous avons pu le voir dans le chapitre 4 (étude
MEMOIRE)
peut être un indice du degré d’implication des locuteurs, de manière générale,
l’analyse de la répartition des marques de la personne dans les énoncés référant à la couleur et
aux couleurs dans les corpus 2D, 3D et REEL, semble indiquer une implication assez
homogène des locuteurs dans les différents corpus. Dans ces discours c’est davantage la
présence plus ou moins importante de structures syntaxiques mettant en avant les couleurs / la
couleur (vs le jugement du locuteur) qui nous permet de comprendre les mécanismes
337
d’objectivation et d’effacement énonciatif mis en place par le locuteur. Aussi nous étudions
dans un premier paragraphe les énoncés dans lesquels les couleurs (et dans une moindre
mesure la couleur) apparaissent comme sujet (grammatical) de l’évaluation. Dans une
seconde partie, nous nous attachons à la description de ces mécanismes très productifs à l’oral
d’extraction (dislocations, clivées …) qui permettent, tout en donnant à voir la subjectivité du
locuteur, une mise en avant de l’objet d’évaluation et dont nous faisons l’hypothèse qu’ils
sont des indices d’une volonté d’objectivation de l’évaluation. Enfin nous traitons dans un
dernier temps des énoncés dans lesquels le locuteur se place comme sujet de l’évaluation.
3.1.1. Les couleurs sujet de l’évaluation
"les couleurs là sont plus sympas"
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Dans les 3 corpus et particulièrement dans les corpus 3D et REEL, les locuteurs expriment un
jugement à propos des couleurs via la production d’énoncés mettant en scène des formes
simples telles que la couleur ou les couleurs comme sujet grammatical8, premier indice d’un
centrage sur la couleur comme objet de l’évaluation.
Lorsque que le GN det+couleur(s) est en position sujet, il s’inscrit de manière privilégiée
dans une prédication avec le verbe copule être : couleur+copule(+Adv)+Attribut :
Corpus 3D :
les couleurs sont moins tranchées,
les couleurs là sont plus sympas,
les couleurs sont trop claires trop claires pour moi,
des couleurs qui absorbent la lumière sont plus euh reposantes
les couleurs sont moins sont moins nettes
la couleur est futuriste
la couleur est toujours à chier
la couleur est pas mal
Corpus Réel :
elle est plus la couleur est plus sobre quand même
les couleurs les couleurs les couleurs sont pas sont pas accueillantes
les couleurs sont mieux
elle est triste quoi le le les couleurs sont tristes très tristes
elle est un peu trop claire pour moi
elles sont quand même très présentes
les couleurs sont là
les couleurs les couleurs sont très
8
En position sujet, couleur apparaît au singulier dans le corpus 2D (2 énoncés), majoritairement au pluriel dans
le corpus 3D (6 énoncés pluriel / 3 énoncés singulier) et dans le corpus REEL (9 énoncés pluriel, 7 énoncés
singulier).
338
la couleur est la même
Les attributs qui qualifient couleur(s) sont des adjectifs (futuriste, reposantes, tranchées,
claires, sympas, nettes, sobre, accueillantes, tristes, présentes) à l’exception d’une locution
verbale (toujours à chier) et d’adverbes employés comme attribut (mieux, pas mal).
Parmi ces adjectifs, on relève essentiellement des adjectifs axiologiques porteurs d’une
valeur évaluative tels que tristes, tranchées, sympas, deux adjectifs indiquant un effet sur le
locuteur (adjectifs en –ant, reposantes : dérivé du participe présent de reposer, accueillantes
> accueillir), ainsi que des adjectifs plus « objectifs » visant à la description de la ou des
couleurs (claires, nettes, futuriste).
On peut aussi noter la présence quasi constante d’adverbes modifiant ces attributs et
marquant surtout l’activité d’évaluation comparative, contrastive qu’effectuent les locuteurs.
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En effet, la couleur et les couleurs sont évaluées comme plus ou moins X, toujours X, quand
même un peu X, très très X, un peu trop X, ceci impliquant une référence explicite ou
implicite à la couleur / aux couleurs des habitacles expérimentés auparavant9 ainsi qu’aux
attentes des locuteurs. On relève également l’adverbe trop indiquant une intensité dépassant le
seuil / la norme tolérée, attendue par le locuteur ((un peu) trop claires pour moi).
On peut également noter dans 2 énoncés la présence de spécifications supplémentaires à
visée descriptive données par les locuteurs soit au sein d’une relative (i) ou de l’énoncé
suivant l’énoncé « cible » (ii) :
(i) des couleurs qui absorbent la lumière sont plus euh reposantes
(ii) la couleur est futuriste, j’aime bien cet espèce de bleu ciel
Dans le premier cas, il s’agit de spécifier l’action ou fonction des couleurs (absorber la
lumière), ce qui permet au locuteur ensuite de qualifier l’effet produit par ces couleurs sur les
sujets (reposantes). Dans le second, le locuteur précise l’identité de la couleur qu’il qualifie
de futuriste. A noter que cette identification passe par une dénomination indiquant
l’incertitude du locuteur (cet espèce de X) concernant l’appartenance de cette couleur à la
catégorie désignée (bleu ciel).
Outre ces prédications attributives, on trouve également l’auxiliaire avoir (les couleurs ont un
rôle important à jouer), le verbe aller accompagné d’adverbes (toutes les couleurs encore
vont bien ensemble), ainsi que les verbes vouloir et faire dans des constructions relatives (la
couleur veut que …, les couleurs font que …). Lorsque le GN sujet det+couleur(s) n’est pas
inscrit dans une prédication attributive, il peut également être le sujet d’une prédication
9
ce qui peut également être exprimé par une anaphore « la couleur est la même »
339
impliquant un verbe de jugement ou d’effet et portant une marque de la personne :
couleur+MP+V Jgt/Effet :
la couleur me plaît
les couleurs me choquaient
où les verbes plaire et choquer, accompagnés du pronom personnel me, donnent
respectivement une indication sur le jugement que porte le locuteur sur la couleur ou sur
l’effet que produisent les couleurs sur le locuteur.
Dans ces énoncés, il s’agit pour les locuteurs d’évaluer les couleurs, au pluriel, dans leur
ensemble, d’évaluer leur poids dans l’appréciation globale de l’habitacle (pour le locuteur S1
qui exprime à 2 reprises leur rôle important). Enfin dans un énoncé, le locuteur (S8) attribue à
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la couleur le fait de lui donner l’impression d’avoir une voiture un peu plus luxueuse.
En observant les énoncés voisins de ceux dont la/les couleur(s) est sujet, on remarque que
l’évaluation de la couleur et des couleurs peut :
-
se dérouler sur plusieurs énoncés et donner des indications supplémentaires quant à
l’évaluation :
c’est plus joli je trouve ça plus joli (…) disons que c’est moins choquant
je trouve que ça manque de goût
-
impliquer une spécification supplémentaire de la couleur évaluée
c’est gris quoi trop gris par contre
mais également être associée
-
soit à des éléments :
les sièges euh je n'aime pas la couleur elle est triste quoi le le les couleurs sont tristes très tristes
oui l’accoudoir ça c’est gênant oui alors elle est plus la couleur est plus sobre quand même
-
soit à des concepts généraux d’appréciation :
a) les couleurs sont là mais i(l n’) y a pas l’aspect
b) après i(l) y a toute la notion d(e) confort qui que j(e) trouvais presque normale qu’il n’y ait pas dans
la voiture juste avant et que qui me manque dans dans cette voiture parc(e) que je la couleur veut que
ça va m(e) donner l’impression d’avoir une voiture un peu plus luxueuse et dans une voiture plus
luxueuse je vais avoir euh besoin d’avoir d’avoir ce confort supplémentaire que j(e)n’ai pas.
Ces deux derniers énoncés partagent une caractéristique importante. Dans les deux cas, il
s’agit d’un moment de l’entretien où les locuteurs (S1 et S8), explorant un véhicule réel,
reviennent sur les habitacles qu’ils ont explorés auparavant, soit dans les dispositifs visuels
2D et 3D (pour S1 en a)), soit dans le dispositif REEL (pour S8 en b)). Si on considère
l’énoncé a) dans un contexte discursif plus large :
j(e) pense que l(e) virtuel est un peu décalé quand même
340
mm
surtout l’image fixe là (en)fin l’image pas en trois D là mais euh
voilà c’est c’est sur l’écran là j(e) te parle d’abord sur l’écran
ouais c’est bien celle là qu(e) tu m(e) parle ah oui ouais elle (n’) est pas du tout représentative
du représentative de la réalité quoi au niveau d(e) l’impression du ressenti et euh des couleurs
ouais
(en)fin si les couleurs sont là mais i(l n’) y a pas l’aspect i(l n’) y a pas le m (R-V2-BB S1)
S1 y évalue les dispositifs 2D et 3D (regroupés sous la dénomination le virtuel) et plus
particulièrement le dispositif 2D (dénomination de S1 : l’image fixe / l’image pas en 3 D10)
par rapport à sa représentativité de la réalité (donc de l’habitacle dans lequel il est installé) en
considérant l’impression du ressenti et des couleurs. Les couleurs y sont posées comme
critère d’évaluation de la qualité de représentation du dispositif visuel. Sur la base de ce
critère, le dispositif est d’abord évalué très négativement (elle n’est pas du tout représentative
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de la réalité). Le locuteur nuance ensuite son évaluation en distinguant le critère de présence
des couleurs (enfin si les couleurs sont là) de leur aspect (mais il y a pas l’aspect).
Dans l’énoncé b) il s’agit pour S8 d’évaluer le véhicule réel en cours d’exploration par
rapport à celui (réel également) qu’il a visité juste avant (i(l) y a toute la notion d(e) confort qui que
j(e) trouvais presque normale qu’il n’y ait pas dans la voiture juste avant et que qui me manque dans dans cette
voiture).
Dans ce contexte, la couleur (beige de l’ambiance Beige Bois) est pour ce locuteur un
indice de luxe (lui-même impliquant davantage de confort) : la couleur veut que ça va m(e) donner
l’impression d’avoir une voiture un peu plus luxueuse et dans une voiture plus luxueuse je vais avoir euh besoin
d’avoir d’avoir ce confort supplémentaire que j(e)n’ai pas.
C’est donc la non-adéquation entre la présence d’un indice, la couleur, de quelque chose de plus
luxueux et l’absence de confort supplémentaire attendu qui est soulignée par le locuteur S8.
L’implication du sujet dans ces descriptions évaluatives des couleurs est importante. On
trouve ainsi :
trop claires pour moi
la couleur est futuriste, j’aime bien cet espèce de bleu ciel
je pense que des couleurs qui …
ça me choque moins
j(e) trouve ça plus joli voilà plus les couleurs sont mieux
les sièges euh je n'aime pas la couleur elle est triste quoi le le les couleurs sont tristes très tristes
bon i(l) y a la couleur qui elle est un peu trop claire pour moi hein
j’ai quand même une impression oui de p(eut)-être pa(r)ce que les couleurs euh font que elles sont
quand même très présentes tu vois
j(e) pense que les couleurs ont un rôle important à jouer
j(e) crois qu(e) la couleur a un rôle très important en fait
10
Que l’enquêtrice reformule par sur l’écran.
341
la couleur veut que ça va m(e) donner l’impression d’avoir une voiture un peu plus luxueuse
En sus des formes verbales impliquant directement le locuteur (couleur+MP+Vjgt), on trouve
également d’autres MP au sein des énoncés, dans le contexte les précédant ou les succédant
ainsi que des verbes de modalité donnant des indications sur le rapport des locuteurs à ce
qu’ils sont en train d’énoncer et de construire en discours, notamment sur leur degré de
certitude et d’incertitude (je trouve, j’ai une impression de, je crois que, je pense que). On
note également la clôture d’un énoncé par tu vois permettant au locuteur d’associer
l’enquêtrice à sa description et de poser en discours une référence partagée.
De plus, de nombreux indicateurs des processus de comparaison engagés par les locuteurs
(processus essentiels dans des pratiques évaluatives) sont présents. Les adverbes (plus, moins,
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toujours) déjà évoqués plus haut permettent aux locuteurs de comparer l’habitacle exploré en
référence à une ambiance vue précédemment, tandis que des marqueurs de deixis tels que
l’adverbe de lieu là, et la locution adverbiale, marquant la comparaison, composée de comme
et du pronom démonstratif anaphorique ça dans l’énoncé « mais les couleurs là sont plus
sympas comme ça » font directement référence à l’habitacle en cours d’exploration. Enfin
dans l’énoncé de S7 :
tout à l’heure autant les couleurs me choquaient ensemble mais là ça m(e) choque moins pa(r)ce que
les couleurs sont moins sont moins nettes hein (3D-V1-BB S7)
l’utilisation de la locution adverbiale tout à l’heure dans l’énoncé de S7, comme référence
temporelle à un habitacle exploré antérieurement, contrastée avec là désignant spatialement
(et temporellement ?) l’habitacle en cours d’exploration, ainsi que le contraste entre l’emploi
du verbe choquer à l’imparfait et au présent, forment un ensemble d’indicateurs de l’activité
de comparaison que le locuteur (ici S7) est en train de mener.
les couleurs (et dans une moindre mesure la couleur) lorsqu’elles sont sujet d’une prédication
permettent aux locuteurs de proposer une évaluation de celles-ci, au moyen, le plus souvent, de
constructions attributives (verbe copule + (adv+) adjectifs). Les adjectifs attributs sont évaluatifs
(tranchées, sympas, reposantes, futuriste ...) et presque toujours modalisés par un adverbe (moins, plus,
trop, toujours). On repère également comme attribut quelques adverbes évaluatifs employés de
manière adjectivale (mieux, pas mal). L’ensemble de ces énoncés permet aux locuteurs d’évaluer la
couleur, globale, ou les couleurs de l’ habitacle, pour elles mêmes.
L’évaluation est centrée sur les couleurs en tant qu’objets, entités indépendantes, mais la
subjectivité du locuteur reste perceptible par la présence de MP et de quelques verbes de
jugement. Il s’agit ici d’évaluer les couleurs davantage qu’une couleur particulière : les locuteurs
342
utilisent ce type d’énoncés pour donner un jugement appréciatif global sur les couleurs de
l’habitacle qu’ils explorent et estimer le poids qu’elles ont dans l’appréciation globale (les couleurs
ont un rôle important à jouer). Ce jugement est avant tout comparatif, de nombreux adverbes et
quelques déictiques en étant les indicateurs.
L’observation des énoncés voisins permet de mettre en lumière plusieurs phénomènes :
- la construction temporelle et dynamique de l’évaluation
- les processus de spécification, l’ajout de précision concernant la couleur évaluée
- l’association des couleurs à d’autres éléments (qu’elles caractérisent), ou à des notions générales
d’appréciation (auxquelles elles contribuent / dont elles peuvent être un indice)
3.1.2. les couleurs, la couleur dans des procédures d’extraction
"les couleurs là sont plus sympas"
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Dans un certain nombre d’énoncés (en 2D essentiellement), les couleurs et la couleur font
l’objet de dislocations (à gauche: alors les couleurs c’est d’un goût douteux / les couleurs (…) c’est pas
des couleurs très modernes, les couleurs déjà bah ça nuit à mon confort
; et à droite c’est trop classique la
couleur)
couleurs qui me conviennent, c'est
ou apparaissent au sein de structures clivées (c'est des
des couleurs que j'aime pour une voiture).
Ces procédures d’extraction constituent un second indice
de la focalisation de ces énoncés sur la couleur comme objet du jugement en permettant aux
locuteurs d’introduire le thème de leur énoncé la couleur / les couleurs avec emphase. Elles
sont suivies de reprises anaphoriques avec les pronoms démonstratifs ça/cela indice d’une
certaine indétermination et d’une généralisation. En effet, les locuteurs ici, au lieu d’utiliser le
pronom elle ou elles comme sujet lors de la reprise anaphorique, utilisent ça et c’. Après avoir
discrétisé et déterminé la ou les couleurs comme objet de leur discours, celui-ci est inscrit de
manière indéterminée dans la suite de l’énoncé et comme sujet de la prédication. Il s’agit de
mettre l’accent sur la globalité des couleurs, de la couleur de l’habitacle qu’explorent les
locuteurs.
On observe dans ces énoncés, des adjectifs évaluatifs soit attribut (c’est trop classique,
c’est moche), soit épithète (d’un goût douteux, pas des couleurs très modernes, un aspect
ludique), modalisés par des adverbes d’intensité (trop, pas très, un peu). De plus, certains
énoncés sont modalisés via un verbe de modalité indice de l’expression explicite de la
subjectivité et d’un certain degré d’incertitude du locuteur par rapport à l’évaluation qu’il
construit (les couleurs c’est d’un goût douteux je trouve, la couleur ça me paraît …).
343
Dans ces constructions en effet le locuteur est présent via des MP (je, m’/me) et via
l’expression de son incertitude11 (loc. adv. : sans doute, prédications : je ne sais pas, ça me
paraît …).
L’emploi de ces procédures de dislocation permet aux locuteurs d’introduire ou de réintroduire la
couleur comme sujet de leur évaluation, de mettre l’accent sur cette évaluation, et d’attribuer à la
couleur une valeur indéterminée, globale, conférant à l’évaluation un caractère global également.
L’utilisation plus importante de ces constructions dans le corpus 2D peut s’expliquer d’une part
par la temporalité des discours, les locuteurs ayant besoin de poser les couleurs en discours.
D’autre part, il s’agit d’un autre moyen de constituer l’objectivité de ces couleurs prises comme
entités, objets cognitifs et esthétiques à évaluer.
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3.1.3. Les couleurs objet de l’évaluation
"j’aime bien la couleur"
Enfin, les énoncés dans lesquels la couleur s’inscrit comme complément d’objet direct
(principalement du verbe aimer) sont très peu fréquents et spécifiques du corpus REEL.
nan elle est bien celle-là moi j’aime bien la couleur (R-V2-NA S10)
les sièges euh je n'aime pas la couleur elle est triste quoi le le les couleurs sont tristes très tristes et
euh j(e) trouve que ça manque de goût même voir euh les sièges les motifs tout ça ça manque de goût
j(e) trouve (R-V2-NA S1)
bah comme dans l’aut(r)e quoi le côté carré je n'aime pas les lignes je n'aime pas la couleur j’aime
moins qu’en qu’en simulation et euh et puis voilà (de) toutes façons dans l’autre j(e) préférais les lignes
qu’i(l) y avait ce n'était pas l(e) même tableau d(e) bord ce n'était pas l(e) même (R-V2-BB S6)
comme voiture euh nan nan si j’avais à choisir euh si j’ai l(e) choix ce n'est pas celle-là que j(e) prends
quoi pas cette couleur en tous cas (R-V2-NA S1)
Ces énoncés du type j’aime bien/ j’aime pas la couleur réfèrent à une activité de jugement de
la couleur, étant alors posée comme entité plus ou moins12 autonome évaluée par des
locuteurs qui s’inscrivent comme sujet de l’évaluation, construisant des jugements sans
marque d’incertitude. Leur présence, certes très faible, uniquement dans le corpus Réel, nous
semble ainsi rendre compte de l’influence du dispositif. Ce n’est qu’en présence d’une
matérialité complète (complexe) que les locuteurs se permettraient d’évaluer de manière
assurée, sans modalisation, les couleurs en présence.
11
L’analyse spécifique des quelques énoncés comprenant ce type de construction dans le corpus Réel, montre à
l’inverse que ceux-ci présentent également des MP mais très peu de marques d’incertitude.
12
Si dans 2 énoncés (ceux de S6 et de S10) on peut voir que l’appréciation j’aime bien/pas la couleur réfère à la
couleur globale ; dans l’énoncé de S1, il s’agit de la couleur des sièges, bien qu’elle ne soit pas dénommée ainsi
(les sièges faisant l’objet d’une dislocation à gauche) : les sièges euh je n'aime pas la couleur.
344
Nous avons pu identifier les différents types d’évaluation des couleurs ou de la couleur
auxquels ont procédé les locuteurs en marquant une distanciation plus ou moins grande à leur
objet d’évaluation.
3.2. Les couleurs et la couleur dans la construction de l’évaluation
"à cause de la couleur"
Un grand nombre d’énoncés présentant le GN la couleur/les couleurs contribuent à
l’élaboration de jugements non plus sur les couleurs mais sur un objet de l’habitacle (une
bouche d’aération, le rétroviseur), sur l’habitacle dans sa globalité13 (désigné par les pronoms
démonstratifs anaphoriques c’, ça) ou sur des notions générales d’appréciation telles que le
confort ou la qualité. La couleur, au lieu d’être l’objet du jugement, est le critère de jugement
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
(ou participe au jugement coordonné à d’autres critères) sur lequel se base le locuteur pour
évaluer l’objet, la notion dont il est question. Ainsi à propos de la bouche d’aération gauche :
voilà j(e) trouve qu’elle (ne) s’intègre pas du tout à cause de quoi certain(e)ment à cause des
couleurs (2D-C5BB S8)
Le marqueur linguistique le plus évident et le plus fréquent est la présence d’un groupe
prépositionnel composé de la locution prépositionnelle causale à cause de (et dans l’autre
énoncé parce que) suivi de la forme les couleurs ou la couleur. On trouve également des
constructions de type c’est dû à la couleur, c’est lié à la couleur mais également du fait des
couleurs, de par les couleurs, par les couleur, avec la couleur, à travers les couleurs. De plus,
les couleurs peuvent également être attribut dans une structure présentative (c’est / ce sont les
couleurs) :
non j(e) sais pas pa’ce qu’ j’ai l’impression d’avoir froid dans cette euh dans cette voiture c’est la
vraiment les couleurs (2D-BA S3)
la
Il s’agit alors d’identifier la couleur comme élément d’appréciation ou critère d’appréciation
d’autre chose (elle est pas faite pour les femmes, ça fait beaucoup plus confortable, elle fait
tout de suite plus luxueuse). Ces derniers exemples illustrent également la présence du verbe
faire (elle fait, ça fait) comme autre indicateur renvoyant à la couleur comme ayant un effet,
une incidence sur la construction du jugement visuel.
En contrepoint des jugements centrés sur la couleur, ces énoncés présentent le GN couleur
dans la seconde partie de la phrase, non plus comme sujet grammatical et thème de
l’énonciation, ie objet de l’évaluation, mais comme propos de l’évaluation.
13
Ou pour être plus précis sur la scène visuelle, la présentation matérielle qui est proposée aux sujets.
345
Les jugements sont exprimés au travers d’adverbes (mieux), ou d’adjectifs modalisés par un
ou plusieurs adverbes (plus sobre, plus sportif, toujours aussi trash).
Que ce soit de façon générale (les locuteurs « semant » dans leur discours des indices pour
signaler qu’ils évaluent les couleurs), ou de façon spécifique (quel effet va avoir la couleur sur
leur évaluation globale ou spécifique d’un élément, d’une notion, d’une propriété…), on
repère des régularités quant au type d’effet engendré par la couleur.
Ainsi dans le corpus REEL, parmi l’ensemble des énoncés présentant des formes
prep+det+couleur, 6 d’entre eux répondent à une relance particulière de l’enquêtrice à
propos du type d’usagers auquel conviendrait le véhicule exploré (ex de relance : et vous pensez
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
qu(e) cette voiture (en)fin cet intérieur conviendrait à qui ?).
Dans 5 de ces 6 réponses, il s’agit pour les
locuteurs d’évaluer si la voiture convient plus aux usagers femmes ou hommes (voiture plus
« féminine » ou plus « masculine ») :
oh bah je à cause des couleurs et des matières euh j(e) vois plutôt une femme euh (R-V2-BB S3)
et euh mais c’est vrai qu’elle fait plus masculine cette voiture
à cause de quoi
de la couleur
mm
beaucoup moins claire (R-V2-NA S2)
la couleur / les couleurs sont alors inscrites en discours comme un critère leur permettant
d’évaluer la catégorie d’usagers à qui le véhicule pourrait convenir.
Dans le 6ème énoncé, le locuteur S13 utilise un autre critère de catégorisation des usagers14:
aussi bien à un jeune aussi bien quand on n’a plus ses enfants à prom(e)ner aussi bien ce s(e)rait
dommage de mettre plein d(e) petits bambins dans cette belle voiture hein donc par rapport à la
couleur nan ça peut conv(e)nir à plein d(e) personnes même à soixante ans pareil euh voilà (R-V2-BB
S13)
Il distingue différentes catégories d’usagers suivant leur âge, et attribuant des activités
différenciées à chacune des tranches d’âge, il évalue la voiture explorée (ambiance Beige
Bois) comme pouvant convenir à un grand nombre d’usagers (jeunes, soixante ans). La
couleur ici est justement le critère restrictif : la voiture convient à tous ceux qui n’ont pas ou
plus d’enfants à promener, le fait de mettre plein de bambins dans cette belle voiture
paraissant incompatible avec la couleur (beige) de l’intérieur.
14
de manière générale, la question du type d’usagers engendre des réponses distinguant ces 2 critères : genre et
âge.
346
D’autres énoncés introduisant la/les couleur(s) par une préposition traitent des différences
entre le véhicule exploré et le(s) véhicule(s) exploré(s) auparavant.
Parmi eux, on peut distinguer :
"
les énoncés dans lesquels les locuteurs identifient la/les couleurs comme ce qui
différencie 2 véhicules :
Exs : exactement la même chose alors là j(e ne) vois pas vraiment de de différence très
franch(e)ment (en)fin au niveau d(e) la couleur en effet mais (R-V2-BB S8)
j(e) dirais même que à première vue elles [les différences] sont inexistantes sauf pour les couleurs
(R-V2-NA S9)
ou 2 dispositifs :
elle n'est pas du tout représentative du représentative de la réalité quoi au niveau de l'impression du
ressenti et euh des couleurs (R-V2-BB S1)
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
"
les énoncés dans lesquels la/les couleurs, différente de celle(s) des ambiances précédentes,
affecte (positivement ou négativement) l’appréciation (à propos de la couleur) du locuteur
Ex : et puis au niveau des couleurs c’est peut-être un peu (en)fin bon moi personnell(e)ment ça
m(e) satisfait plus que du que du v(e)lours (R-V2-NA S12)
"
les énoncés dans lesquels la/les couleurs, différente(s) de celle(s) des ambiances
précédentes, affecte (positivement ou négativement) l’appréciation du locuteur sur un
autre critère d’évaluation – l’espace :
Ex : c’est euh c’est peut-être dû à la couleur mais i(l)s paraissaient franch(e)ment euh gigantesques
(R-V2-NA S3)
ou sur l’ambiance de manière globale :
Ex :
bon l’autre c’est sûr qu’elle faisait intérieur euh plus cossu quoi
mm
là c’est moins cossu mais euh en même temps elle paraît plus fonctionnelle euh pour ce qu’elle est
c’est-à-dire une voiture c’est pas un salon quoi
ça à cause de de sa couleur tu trouves que ça fait plus cossu
la couleur et puis les matériaux si tu veux
mm
elle fait plus cossue celle d’à côté celle-ci elle fait moins cossue (R-V2-NA S4)
Ces quelques énoncés donnent un aperçu de la diversité des effets que les locuteurs imputent
à la couleur sur la perception globale et l’évaluation d’un espace complexe tel qu‘un habitacle
automobile. Soit la couleur a un effet explicitement visuel (le sigle est trop voyant, qui
rétrécit la lumière), soit elle est l’indice d’une propriété visuelle de la matière (ça luit, la
matière luit). Elle peut également être utilisée comme critère d’appartenance à une catégorie
de véhicule (pour les femmes, très masculin, soixante ans, plus sportif). Enfin, elle peut
participer à une évaluation globale portant sur l’esthétique (c’est lourd de forme c’est pas très
347
joli de couleur de ton), ou sur l’espace (une impression de (…) plus de place, une impression
de petitesse), le confort (là on a plus l’impression qu(e) ça qu(e) ça respire le confort euh à
travers même les couleurs euh) et la qualité (elle fait plus cossue, elle fait tout de suite plus
luxueuse, ouais l’autre ça m(e) faisait une impression de toc (…)
L’ensemble de ces énoncés comprend de nombreux indices de l’activité de comparaison à
laquelle se livrent les locuteurs : syntagmes nominaux et adjectifs (différence(s),la même
chose, semblable, pareil), références explicites et implicites aux deux véhicules comparés
(l’autre, celle d’à côté/celle-ci, là ...), adverbes de comparaison (plus, moins), verbes (les
couleurs qui changent) ...
Ces processus de comparaison sont marqués en discours par la présence des locuteurs, qui se
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
mettent en scène dans les énoncés (MP et verbes de modalités) :
j(e) vois plutôt une femme / à la couleur j(e) pense / j(e) trouve que ça fait très masculin / là j(e ne)
vois pas vraiment de de différence / j(e) dirais même que à première vue / bon moi
personnell(e)ment ça m(e) satisfait plus / là t(u) es trompé par la couleur / on est un peu perdu
esthétiqu(e)ment
et expriment leur incertitude par rapport à ce qu’ils évaluent (verbes de modalité toujours et
adverbes) : je pense que, je vais te dire, l’impression que j’en ai, j’avais l’impression que, i,
ça me faisait une impression, on a plus l’impression, on rentre et … on voit, tu vois que ça si
tu veux, moi je trouve quand même
Enfin, dans la partie suivante, c’est l’implication du locuteur dans l’ensemble de ces énoncés
participant à l’évaluation des couleurs et/ou mettant en scène les couleurs comme crtière
d’évaluation qui sera examinée.
3.3. Implication du locuteur dans les évaluations
"je trouve que …"
Afin de contraster les différents corpus quant à une éventuelle diversité des modes de
construction plus ou moins objectivés de l’évaluation, nous nous sommes attachée à décrire
les différents modes d’introduction syntaxique de la couleur et les couleurs dans ces énoncés.
À travers cette analyse, nous avons pu observer différents degrés et types d’implication du
locuteur, notamment selon qu’il s’engage dans son évaluation des couleurs (j’aime pas cette
couleur, trop claires pour moi), ou qu’il modalise son propos via des marqueurs exprimant
son degré de certitude ou d’incertitude par rapport à ce qu’il dit (je pense que, je crois, j’ai
348
quand même l’impression que …). Si les deux types de marques de la personne sont présents
au sein de chacun des corpus, nous avons pu observer deux contrastes :
1) l’examen des pronoms personnels impliqués dans l’évaluation des couleurs révèle une
particularité du dispositif 3D, qui présente proportionnellement moins de marques de la
personne (cf tableau) :
Corpus
2D
3D
Réel
nb d'énoncés
nb total d'énoncés
évaluatifs avec MP
15
46
5
19
17
49
%
32,6%
26,3%
34,7%
Tableau 3 : Implication du locuteur dans les énoncés évaluatifs de couleur(s) selon les corpus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
De plus, ces pronoms personnels réfèrent uniquement à la première personne du singulier
dans les énoncés du corpus 3D tandis que dans les corpus 2D et REEL, quelques pronoms
renvoyant à un collectif15 sont relevés:
Corpus
2D
3D
Réel
MP
individuelles
(je, moi, me …)
9
5
12
MP collectives
(on, tu)
6
5
% indiv
% coll
60,0%
100,0%
70,6%
40,0%
0,0%
29,4%
Tableau 4 : Répartition entre marques de la personne individuelles et collectives dans les corpus
Nous pouvons interpréter ces deux résultats comme indiquant à un rapport différent des
locuteurs aux scènes perceptives qu’ils sont en train d’explorer et de commenter et construire
en discours. L’implication moins importante des locuteurs dans leurs évaluations des couleurs
dans le dispositif 3D témoigne pour nous (avec notamment les autres indicateurs déjà
identifiés dans le chapitre 5) d’une nécessité d’objectivation de la re-présentation qui leur est
présentée et qu’ils doivent construire en discours16. De plus, la présence de marques de la
personne renvoyant la notion de collectif (et aux autres) dans les corpus 2D et Réel en
contrepoint du corpus 3D ne présentant que des marques individuelles nous semble indiquer
l’absence de partage de la référence dans le dispositif 3D et la nécessité pour les locuteurs
15
Il s’agit du pronom ON qui peut renvoyer à différents types de collectif mais dont nous ne considérons ici que
l’aspect collectif en contraste avec JE (on les voit moins futuristes du fait des couleurs). Nous avons également
inclus dans cette catégorie, le pronom de deuxième personne TU, considérant que mettant en scène
l’interlocutrice, il introduit également une notion de collectif dans l’évaluation (tu es moins fatigué, tu es trompé
par la couleur).
16
De plus, parmi les marques individuelles, le corpus 3D se distingue des deux autres en présentant 4 occ. de
pronom complément (me) et une occ. de pronom sujet (je) alors que les deux autres corpus présentent soit une
répartition inversée avec davantage de pronoms sujet (2D : je (5), me (3) / REEL : je (8), me, moi (3)).
349
dans cette situation de construire dans un premier temps leur rapport individuel au dispositif,
sans pouvoir se projeter dans des pratiques collectives. A l’inverse, la présence de quelques
marques collectives dans les énoncés des corpus 2D et REEL témoigne du partage de la
référence entre les locuteurs et leur interlocutrice et plus généralement d’un potentiel
consensus.
2) L’examen des expressions de la modalité dans les énoncés des 3 corpus permet également
d’établir un contraste entre les dispositifs.
Marques de
modalité
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2D
3D
Réel
nb d'énoncés
avec marques de
modalité
26
8
22
nb total
d'énoncés
%
46
19
49
56,5%
42,1%
44,9%
Tableau 5 : Expression de la modalité dans les énoncés évaluatifs de couleur dans les 3 corpus
D’une part, ces marques sont davantage présentes dans le dispositif 2D (cf tableau précédent),
ce qui peut s’interpréter comme indice de la temporalité des entretiens, les locuteurs pouvant
être moins assertifs dans leurs évaluation en début d’exploration.
De plus, l’examen plus précis de ces marques révèle d’autres contrastes (cf tableau ci
après).
Expression de la modalité
je ne sais pas
je trouve
je pense
je crois
je suppose
j'ai / tu / on a l'impression
je vais te dire / je te dis
je me dis / je dirais
si tu veux
TOTAL
2D (26 occ.)
11,5%
34,6%
19,2%
3,8%
3,8%
15,4%
0,0%
3,8%
7,7%
100,0%
3D (10 occ.)
30,0%
0,0%
20,0%
0,0%
0,0%
30,0%
10,0%
0,0%
10,0%
100,0%
R (23 occ.)
4,3%
34,8%
17,4%
8,7%
0,0%
8,7%
4,3%
4,3%
17,4%
100,0%
Tableau 6 : Expression de la modalité dans les énoncés évaluatifs de couleur selon les corpus
Ainsi, alors qu’on retrouve une proportion assez homogène de je pense dans les 3 corpus,
l’incertitude des locuteurs est plus forte dans le corpus 3D (ainsi qu’en 2D, de manière moins
marquée) en regard d’une présence proportionnellement plus importante de je ne sais pas et
de j’ai l’impression que …que dans le corpus REEL.
De plus, l’absence de je trouve dans les énoncés 3D, en contraste avec une présence
importante dans les énoncés 2D et REEL semble indiquer une difficulté plus importante des
locuteurs pour indiquer leur avis dans cette situation non familière qu’il leur est demandé
d’évaluer.
350
3.4. Conclusion
L’analyse de l’inscription en discours des formes simples telles que la couleur/les couleurs
(ainsi que plus rarement des couleurs, une couleur) permet de mettre en relief le continuum
dans lequel elles s’inscrivent et l’entrelacement de constructions cognitives dont elles
témoignent. En effet, au sein de ces corpus, les locuteurs ont utilisé ces formes simples,
génériques à de nombreuses occasions et avec différents objectifs.
-
Elles leur permettent d’introduire, d’installer la thématique de la couleur dans l’interaction
qu’ils ont avec leur interlocutrice et ce plus précisément au sein du corpus 2D, dans les
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
premières explorations visuelles qui leur sont proposées.
-
Elles contribuent, via des reformulations qui intègrent ou non couleur (formes complexes
nominales construites sur le pivot couleur, termes spécifiques de couleur …), à construire
un parcours du générique au spécifique où elles témoignent parfois d’un rapport
méronymique entre tout et partie. La/les couleurs comme partie/élément/propriété
significative représentent alors un objet ou un espace complet. L’étude de ces
reformulations nous a permis d’approcher la structuration catégorielle de cet objet
COULEUR aux
statuts multiples ainsi que les mécanismes de construction de la référence en
discours.
-
Elles sont également utilisées par les locuteurs pour construire en discours leur évaluation
des couleurs et dénotent également de la couleur comme effet, contribuant à l’évaluation
d’autres notions plus globales.
Nous avons pu distinguer différents types de jugements et d’effets selon le type d’inscription
de couleur dans ces énoncés et suivant les autres constituants et leur organisation respective.
Les couleurs sont évaluées, jugées comme entités autonomes :
-
dans des énoncés où elles ont fonction de sujet. Il s’agit alors de constructions attributives
dédiées à l’évaluation des couleurs dans leur ensemble et comme entités autonomes et non
comme propriétés d’un objet support.
-
de même, lorsque les couleurs font l’objet de procédés d’extraction (dislocations, clivées,
relatives : la couleur (…) c’est moche), elles sont ainsi mises en avant, introduites, pour
351
être évaluées dans leur ensemble et dans le but de juger de leur contribution à
l’appréciation globale
La couleur contribue à l’évaluation d’une autre propriété ou d’un autre objet. Alors
indice du processus d’évaluation de l’effet de la couleur sur la perception des habitacles
automobiles, les locuteurs identifient la couleur comme cause de divers effets : le sigle est
trop voyant, ça luit, une impression de toc, ça respire le confort.
Dans ces énoncés, la couleur et les couleurs s’inscrivent pour moitié dans une relation causale
où le locuteur explicite une impression, un effet causé par la/les couleurs. L’autre partie des
énoncés placent les couleurs comme cadre de référence/point de départ de l’évaluation
(corpus REEL). Dans tous les cas, l’évaluation porte soit sur la mise en perspective de
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
plusieurs véhicules (intra ou inter dispositif), soit sur la typologie des usagers à qui pourrait
convenir le véhicule en cours d’exploration, et donc non pas sur la ou les couleur(s) en ellesmêmes mais par rapport à ce qu’elles permettent d’inférer.
Qu’ils évaluent les couleurs en elles-mêmes ou comme contribuant à un jugement plus global,
les locuteurs se détachent de l’effet/ de l’impression qu’elles produisent, en les mettant à
distance par des procédés d’effacement énonciatif tels que les dislocations, les structures
clivées et l’emploi de présentatifs. Cependant la plupart des énoncés recèle de nombreuses
marques de l’implication subjective du locuteur dans l’évaluation qu’il exprime.
Ainsi, l’étude de l’inscription en discours des syntagmes nominaux simples la couleur / les
couleurs révèle 2 principaux types de processus d’évaluation :
-
d’une part, l’évaluation des couleurs pour elles-mêmes, soit de façon singulière (corpus
3D) ou collectivement (corpus 2D et REEL) puisqu’il s’agit essentiellement de
caractériser et d’évaluer les couleurs ;
-
d’autre part, l’évaluation de l’effet ou de l’incidence de la couleur sur la perception
globale de l’habitacle à travers l’élicitation de divers effets de la couleur sur la perception
de la matière, l’impression de qualité, de confort …
Après avoir mis en évidence, à travers l’étude de l’inscription en discours des formes
linguistiques génériques de couleur, les modes de construction de l’évaluation des couleurs et
la contribution des couleurs à l’appréciation globale d’un habitacle automobile, nous nous
intéressons, dans la partie suivante, à l’inscription en discours des formes lexicales
352
spécifiques de couleur. Nous verrons comment en référant aux différentes couleurs de
l’habitacle, elles participent à la construction de l’objectivité des ambiances nsi qu’à leur
évaluation dans une dynamique de co-construction, en discours et en cognition, entre les
locuteurs et les espaces (visuels ou polysensoriels) explorés.
C - les couleurs de l’habitacle : beige, gris et noir
Dans le chapitre 5, nous avons identifié beige, gris et noir, formes spécifiques de couleur les
plus employées dans les 3 corpus, comme renvoyant à des couleurs aux multiples facettes. À
travers notamment la catégorie (nom ou adjectif) et la fonction grammaticale (adjectif épithète
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ou attribut) qu’ils occupent dans les énoncés, ainsi que l’analyse des SN dans lesquels ils
s’inscrivent, nous avons mis en évidence 4 statuts cognitifs différents de la couleur,
diversement distribués selon les corpus. Une couleur spécifique peut être considérée comme
une entité autonome (le beige, le gris) ou comme une propriété visuelle d’un objet ou d’une
matière (le tableau de bord gris). Elle peut également être l’indice d’une matière (beige plutôt
luxueux et plutôt cuir). Enfin, la présence massive d’adjectifs de couleur attributs dans le
dispositif 3D nous a amenée à faire l’hypothèse que ces constructions attributives
participaient à la construction de la référence devant un dispositif non familier et pour lequel
le partage de la référence entre locuteurs et interlocutrice n’est pas d’évidence.
L’examen de l’inscription en discours de ces mêmes noms et adjectifs de couleur va à
présent nous permettre de préciser ces différents statuts.
1. Beige, gris et noir : des couleurs pour construire et évaluer
l’habitacle
Les résultats issus du chapitre 5 que nous venons de rappeler en introduction ainsi que ceux
issus de l’analyse de l’inscription discursive de couleur(s) nous amènent à considérer la
contribution de beige, noir et gris en discours, d’une part à la construction de la référence et,
d’autre part, à la structuration de l’évaluation.
Bien que les deux processus de construction de la référence et d’évaluation soient articulés17,
co-construits, il est possible de distinguer dans nos corpus :
17
Nous avons parlé p.351 d’entrelacement, reprenant la notion d’entrelac empruntée à la phénoménologie
(Merleau Ponty, 1964).
353
-
des énoncés comprenant beige, gris ou noir et contribuant à la construction de
l’objectivité :
oui et puis là i(l) y a donc si j / en haut il y a du noir et là i(l) y a du métal (en)in je montre < rire > (3DV2-BB S3)
et euh donc là alors ça j’aimerais bien savoir c(e) que c’est là d(e)ssus pa(r)ce que j’ai pas l’impression
qu(e) ce soit du plastique alors si (…) ouais sur le tableau d(e) bord le d(e) / c’est beige (3D-V2-BB
S2)
-
et des énoncés participant à l’évaluation (des couleurs elles-mêmes, des ambiances …
comme ce que nous avons vu pour couleur et couleurs) :
disons qu(e) le gris passe pour une couleur bon assez classique assez normale à laquelle on est
habitués voilà (2D-V1-BB S7)
bah c’est-à-dire le l’espèce d’illusion d(e) confort par la couleur beige le faux cuir le faux bois euh (RV2-BB S5)
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
L’analyse de la répartition entre « énoncés de construction » et « énoncés d’évaluation »18
nous permet de repérer des contrastes entre les différentes formes linguistiques, mais aussi
selon la catégorie et fonction grammaticale occupée et selon les corpus. Un tableau présentant
l’ensemble de cette répartition est disponible en annexe (chapitre 6). On retiendra pour le
moment que si les énoncés contribuant à élaborer des évaluations sont plus nombreux (67,5%
des énoncés comprenant beige, gris et noir dans l’ensemble des 3 corpus), ceci est surtout
caractéristique du corpus REEL (88% d’énoncés d’évaluation), les corpus 2D et 3D se
caractérisant par une proportion importante d’énoncés de construction de la référence
(respectivement 41,2 et 51,4% des énoncés).
Selon les couleurs référées, on observe également des différences : concernant beige,
74,7% des énoncés sont évaluatifs ; pour noir, 68,2% des énoncés sont évaluatifs et gris se
distingue avec 59,4% d’énoncés évaluatifs. Ces différences sont plus ou moins tangibles selon
les corpus et selon l’inscription syntaxique de ces formes de couleur.
Ainsi si beige apparaît dans tous les corpus davantage dans des énoncés d’évaluation
(corpus 2D : 72,2%, 3D : 63,3% et Réel : 87,9%), gris est davantage inscrit dans des énoncés
construisant l’objectivité dans le corpus 3D (53,8%) et noir s’inscrit principalement dans des
énoncés de construction en 2D (56,3%) et 3D (78,6%).
Enfin, les formes nominales participent davantage aux énoncés évaluatifs (76,8%) que
les adjectifs qu’ils soient en position d’attribut (60% d’énoncés évaluatifs) ou d’épithète
18
Une description des indicateurs linguistiques qui nous ont permis d’opérer cette distinction entre énoncés de
construction et énoncés d’évaluation est proposée pour chacun des types d’énoncés dans les parties respectives
qui leur sont consacrées.
354
(56,1% d’énoncés évaluatifs). Des contrastes s’opèrent également selon les corpus et les
couleurs considérées.
Dans le corpus Réel, quels que soient le statut et la fonction syntaxiques, toutes les
formes participent davantage à construire des évaluations. Dans le corpus 2D, les adjectifs
épithètes contribuent davantage à la construction de la référence (55%) et dans le corpus 3D,
adjectifs de couleur épithètes et attributs sont davantage utilisés pour construire la référence
(66,7% d’énoncés de construction dans les 2 cas).
! Ce premier niveau d’analyse des énoncés comprenant beige, gris et noir confirme les
hypothèses formulées à l’issue de l’analyse morphosyntaxique de ces formes lexicales de
couleur dans le chapitre 5. Ainsi ces formes constituent un bon indicateur des contrastes entre
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
dispositifs, les dispositifs de simulation visuelle suscitant davantage de constructions
discursives de la référence que le dispositif Réel, dans lequel les couleurs font surtout l’objet
et/ou contribuent19 à des processus d’évaluation. De plus, les noms et adjectifs de couleur
apportent des contributions différentes à ces 2 types d’énoncés, le beige, le gris et le noir
s’inscrivant davantage dans des procédures d’évaluation tandis que les formes adjectivales
épithètes et attributs contribuent davantage à construire la référence. Enfin, selon les couleurs
considérées, des différences de statut apparaissent confirmant encore les hypothèses
précédemment développées en chapitre 5. La couleur beige, se distinguant des couleurs gris et
beige par une contribution majeure aux énoncés d’évaluation quel que soit le dispositif
exploré, est une entité autonome à évaluer tandis que gris et noir ont des statuts variables
selon le dispositif, contribuant ainsi en tant que propriété ou indice20 à la construction de la
référence dans les dispositifs visuels, mais pouvant également être considérée comme entité
autonome à évaluer, ce particulièrement dans le dispositif REEL.
La question de la couleur comme entité autonome à évaluer ayant été longuement abordée à
travers l’analyse discursive de couleur(s), nous nous attachons davantage dans cette partie à
préciser les autres statuts de la couleur, et ainsi rendre compte de l’utilisation des couleurs
spécifiques comme étayages de la construction de l’objectivité à travers l’analyse des énoncés
dits « de construction » (C.2). Opérant un nouveau va-et-vient entre construction de
l’objectivité et expression de la subjectivité (après une première partie consacrée à la
19
Nous faisons l’hypothèse qu’à l’instar des couleur(s), beige, gris et noir référent alors à des couleurs
spécifiques comme entités autonomes pouvant être à la fois évaluées en elles-mêmes ou contribuer à l’évaluation
d’une autre propriété ou à l’évaluation globale.
20
Ce que nous allons préciser dans la partie suivante.
355
contribution de couleur et couleurs aux modes de construction de l’évaluation), dans un
second temps, nous revenons sur beige, noir et gris comme couleurs à évaluer (C.3, p369).
2. Des couleurs spécifiques comme étayages de la construction de
l’objectivité
L’analyse des énoncés comprenant beige, gris et noir dans les 3 corpus nous permet
d’identifier plusieurs contributions des couleurs beige, gris et noir à la construction de la
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
référence. Ainsi nous distinguons les cas où ces formes linguistiques contribuent à :
-
l’identification et la description d’une couleur,
-
l’identification et la (re)construction d’une matière,
-
l’identification et la construction d’un objet,
-
la construction d’un espace.
En continuité avec les résultats du chapitre 5, les 3 corpus se différencient par des
distributions différentes des différents types d’énoncé identifiés.
Le tableau suivant reprend quelques exemples d’énoncés caractéristiques de chacun des
statuts identifiés et rend compte de la répartition de ces énoncés dans les 3 corpus.
356
beige, gris et noir en discours pour identifier et construire :
2D
3D
Réel
(102
(70
(108
énoncés) énoncés) énoncés)
une couleur
bah euh la partie foncée tout à l’heure on avait l'impression du gris là je j’ai
l’impression qu(e) c’est plus marron (3D-307BA S13)
7
12
7
8
10
1
10
9
1
17
9
4
et puis bon bah deux couleurs euh à l’intérieur euh nan ça me décidément beige
et euh j(e) vois gris j’sais pas si c’est noir hein j(e) vois gris euh (3D-307BB S3)
une matière
c’est vrai que p(eu)t-être le beige là en l’occurrence i(l) fait penser à du cuir (2DBB S5)
pa(r)ce que quelque part le beige et le noir ou gris on dirait qu(e) c’est à peu
près la même matière plus du chromé ça fait deux matières quoi (2D-BA S4)
j’ai l’impression que ça fait plus cuir la partie beige que plastique (3D-307BA
S13)
un objet
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
c’est un vide-poche ah oui ça doit être du gris p(u)is de l’ombre ça doit être un
vide-poche peut-être (2D-NA S7)
et là dans la partie grise l’impression en creux j(e) pense oui j’ai pas
l’impression qu(e) ce soit un vide-poche hein j’ai plutôt un dessin quoi dans du
plastique moulé (2D-BA S13)
(…) p(u)is ensuite tous les aut(r)es boutons on s(e) demande vraiment à quoi
i(ls) servent à part le bouton (en)fin qui n’est d’ailleurs pas un bouton c(e) qui est
au milieu euh en noir la tache noire j(e) suppose que c’est là où est la sonde
pour euh (2D-C5NA S8)
un espace
(il ) y a beaucoup d(e) gris (…) le volant euh au d(e)ssus du enfin sous l(e) parebrise là tout est gris bon (il) y a du beige quoi mais euh ouais (…) c’est assez
sombre (en)fin même si (il) y a du < rire > même si (il) y a du beige c’est un peu
euh (2D-BA S5)
sous l(e) pare-brise là tout est gris bon (il) y a du beige quoi mais euh ouais
(2D-BA S1)
le fait d'avoir du noir là i(l) joue p(eu)t-être en faveur d(e) la voiture au noir du
sol où on ne sait pas délimiter euh quelle est sa profondeur possible (3D-C5NA
S9)
i(l) y a i(l) y a cette bande beige qui traverse euh (3D-307BA S13)
nan mais bon on voit que ça la ligne de la partie beige elle va en se rétrécissant
vers l’arrière (3D-307BA S13)
Tableau 7 : beige, gris et noir comme étayages de l’identification et de la construction d’une couleur, d’une
matière, d’un objet ou d’un espace selon les dispositifs de présentation.
Parmi les énoncés de construction comprenant beige, gris ou noir, ceux dans lesquels les
locuteurs identifient et précisent une couleur particulière sont les seuls à être présents dans les
3 corpus. Les autres types d’énoncé de construction sont caractéristiques des corpus de
simulation 2D et 3D.
Dans les paragraphes suivants, nous présentons chacun de ces types d’énoncés (en
précisant leurs modes de construction et la contribution de chacun des noms et adjectifs de
couleur) en suivant un ordre qui nous semble rendre compte des différentes étapes dans la
construction de l’objectivité et de la référence, soit en 2.1. Des couleurs à identifier / spécifier,
357
en 2.2. Des couleurs comme indice de la matérialité, en 2.3. Des couleurs pour identifier et
construire les objets, et en 2.4. Des couleurs pour construire l’espace visuel.
2.1. Des couleurs à identifier / spécifier
Comme nous avons pu le voir dans la partie B.2. Des couleurs génériques à la couleur
spécifique (p.331), les locuteurs, dans leurs commentaires, produisent des descriptions dans
lesquelles ils identifient et/ou précisent les couleurs des ambiances d’habitacle qu’ils
explorent. Ainsi beige, gris et noir apparaissent dans certains de ces énoncés pour spécifier la
couleur, les couleurs. Ils peuvent également faire eux-mêmes l’objet de spécification
(notamment pour beige : beige rosé, crème ou gris : gris foncé, gris métal …). Dans d’autres
cas (et ce dans les dispositifs de simulation), il s’agit avant tout d’identifier la couleur, via des
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
ajustements et des reformulations. La contribution de beige, gris et noir comme noms,
adjectifs épithètes ou attributs dans les différents corpus est présentée dans le tableau ci-après.
Identifier et
construire une
couleur
N
2D
E
A
N
beige
1
3
1
gris
1
2
4
3D
E
A
1
noir
TOTAL 1
TOTAL 2
2
5
7
N
Réel
E
A
5
12
1
3
2
4
1
2
7
4
2
TOTAL
énoncés
7
12
8
1
27
7
Tableau 8 : Identifier et spécifier une couleur – contribution de beige, gris et noir selon les corpus.
Pratique discursive attendue dans ce contexte de description d’expérience en premier lieu
visuelle (dans les 2 premiers dispositifs en tout cas), dans la mesure où parler des couleurs
passe par une description, une spécification de ces couleurs, on remarque néanmoins des
contrastes intéressants qui soulignent des difficultés d’identification de couleurs. Le dispositif
qui suscite le plus d’énoncés d’identification de couleur est le dispositif 3D. La couleur
nécessitant et participant le plus à ces constructions de la référence est le gris (comme nom ou
adjectif attribut) suivi de noir (comme adjectif attribut). Les exemples suivants illustrent bien
les difficultés et l’incertitude dans laquelle sont les locuteurs pour qualifier cette couleur :
i) et puis bon bah deux couleurs euh à l’intérieur euh nan ça me décidément beige et euh j(e) vois gris
j’sais pas si c’est noir hein (3D-V2-BB S3)
ii) bah euh la partie foncée tout à l’heure on avait l'impression du gris là je j’ai l’impression qu(e) c’est
plus marron (3D-V2-BA S13)
358
iii) les les matériaux et les couleurs euh le tissu du siège passager c’est l(e) même euh i(l) y a toujours
ce mélange d’écru de bois et de de gris enfin là j(e) le vois presque noir c’est un gris très foncé euh et
p(u)is ici le vert (3D-V1-BB S7)
Dans ces énoncés, les marques d’incertitude sont nombreuses. On trouve très souvent je ne
sais pas, ainsi que j’ai l’impression (ou on avait l’impression). De plus, dans ces énoncés de
construction de la référence à des couleurs « problématiques » le verbe voir intervient. Ainsi
dans les exemples i) je vois gris et iii) je le vois presque noir, S3 et S7, en se positionnant
comme sujets percevant la couleur, marquent une distinction entre ce qu’ils voient (comment
ils le voient) et ce qui « est »21. Ce que « je vois » est qualifié par l’adjectif, et la couleur,
assertée dans une construction présentative, est désignée par le SN (un gris très foncé). Cette
incertitude sur l’identité de la couleur est spécifique des dispositifs de simulation où les
locuteurs considèrent ce qui leur est présenté comme une représentation (du monde) plus ou
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
moins adéquate, « fidèle ». En disant je vois gris, ils disent également : « je sais/pense qu’il y
a peut-être un décalage entre ce qui m’est présenté et ce que cette présentation est censée
représenter ». Leur description et leur évaluation tiennent ainsi compte de ce qu’ils imaginent
être la couleur représentée et des attentes, des connaissances préalables qu’ils ont construites à
la fois sur ces dispositifs (en l’occurrence le 2D) et sur les couleurs dans les habitacles
automobiles22.
Alors que le beige pose davantage difficulté dans le corpus 2D et qu’il s’agit alors de
spécifier la couleur par deux nuances proches, beige et écru (ou crème ou beige rosé ou
ivoire) :
i) autant les formes c’est toujours c’est toujours identique (en)fin bien qu’i(l) y a (en)fin la couleur donne
de / cette couleur euh je (ne) sais pas si c’est euh écru ou beige j’sais pas (en)fin cette couleur écrue
là (2D-V1-BB S7)
ii) c’est un beige un espèce de beige un beige rosé (3D-V1-NB S14)
les énoncés concernant l’identification problématique de gris et noir sont principalement issus
du corpus 3D et révèlent un problème lié aux caractéristiques techniques du dispositif 3D.
Celui-ci reconstruit l’ambiance d’habitacle en rétro-projetant de la lumière sur des écrans et
est donc entièrement basé sur des « matérialités lumineuses ». Or « créer » la couleur noire
avec de la lumière, tout en jouant sur les contrastes pour gagner en précision d’image, s’avère
une entreprise délicate, inscrite ici dans les discours des locuteurs qui repèrent l’ambiguïté, et
une certaine indéfinition de la couleur présentée. Ceci explique les résultats lexicaux observés
dans le chapitre 5 quant à la présence inversement proportionnelle d’occurrences de gris et de
21
En bons réalistes et positivistes !
En filigrane se dessine aussi l’idée (toujours réaliste et positiviste) que les sens peuvent être trompeurs et que
ce qui est perçu ne correspondrait pas à la « réalité du monde ».
22
359
noir dans le corpus 2D et dans le corpus REEL : ce qui « est » (en tant que construit par
l’expérience sensible et la mise en discours) gris en 2D et 3D , « est » noir dans le dispositif
REEL23.
Identifier cette couleur, la construire en discours peut répondre à différents besoins des
locuteurs. Ainsi lorsque S3 dit :
ça m’a l’air d’être ça m’a l’air euh aluminium brossé j(e) le vois j(e) le vois gris clair (3D-V2-BB S3)
la référence à sa perception de gris clair vient étayer sa tentative d’identification de la
matière. La partie suivante s’intéresse aux énoncés dans lesquels beige, gris et noir servent
d’indices à l’identification des matières des habitacles visuels présentés dans les dispositifs
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2D et 3D
2.2. Des couleurs comme indice de la matérialité
L’une des particularités des études menées est de proposer aux locuteurs l’exploration
perceptive de différentes matérialités d’habitacles, dont certaines n’offrent que des indices
visuels. Ainsi, ces indices visuels que sont les couleurs (beige, gris et noir) permettent parfois
aux locuteurs de faire des inférences quant aux matières dont sont constitués les différents
éléments de l’habitacle (cf. tableau ci dessous).
Identifier et construire
une matière
N
beige
3
gris
2
noir
1
TOTAL
6
2D
E
A
N
2
3D
E
A
4
2
1
1
1
1
N
Réel
E
A
1
TOTAL
énoncés
11
7
1
2
5
3
2
1
19
Tableau 9 : Identifier et construire une matière – contribution de beige, gris et noir selon les corpus
La quasi totalité des énoncés renvoyant à l’identification d’une matière ont été produits dans
le dispositif 3D (10 énoncés) et dans le dispositif 2D (8 énoncés), dispositifs de simulation
visuelle n’offrant pas d’indices tactiles, tangibles de la matérialité de l’habitacle.
23
Il ne s’agit pas ici de hiérarchiser ce qui est identifié comme couleur dans les dispositifs de simulation et le
dispositif Réel, ni de poser une identification comme étant la « vérité » du monde et d’autres références comme
déviant par rapport à cette vérité. Chaque expression en discours de l’expérience sensible est considérée sur le
même plan. Cependant il est intéressant de remarquer le positionnement des locuteurs vis à vis de ces situations
dérangeantes, de fiction référentielle. Et il est également important d’un point de vue applicatif de repérer les
problèmes de non adéquation entre simulation et habitacle physique.
360
Beige, gris et noir, en tant que référant à des couleurs indices de matière, ne sont pas
mis à contribution de manière homogène dans ce type d’énoncé. Beige est la forme la plus
souvent citée comme indice d’une matière (le plus souvent comme forme nominale 7/11
énoncés + 2 comme adjectif épithète et 2 comme adjectif attribut), suivie de gris (7 énoncés
dont 3 où il est sous la forme nominale, 3 comme adjectif attribut et 1 comme épithète). À
l’exception d’un énoncé dans le corpus 2D, noir n’est jamais mentionné en discours comme
pouvant apporter des indices quant à la matière qu’il qualifie.
Enfin plus de la moitié des énoncés identifiés mettent en scène des noms de couleur (le
beige principalement ainsi que le gris). Il s’agit ici pour les locuteurs d’utiliser le beige et le
gris en tant que matières visuelles24 pouvant permettre de formuler des hypothèses sur les
matières en présence dans l’habitacle que le dispositif re-présente :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
pa(r)ce que quelque part le beige et le noir ou gris on dirait qu(e) c’est à peu près la même matière
plus du chromé ça fait deux matières quoi (2D-V1-BA S4)
j’ai l’impression que ça fait plus cuir la partie beige que plastique (3D-V2-BA S13)
et ce, soit pour contribuer à la construction de l’objet ou de l’espace habitacle25 :
et euh donc là alors ça j’aimerais bien savoir c(e) que c’est là d(e)ssus pa(r)ce que j’ai pas l’impression
qu(e) ce soit du plastique alors si (…) ouais sur le tableau d(e) bord le d(e) / c’est beige (3D-V2-BB
S2)
soit pour évaluer les matières inférées26 :
c’est vrai que p(eu)t-être le beige là en l’occurrence i(l) fait penser à du cuir ça je sais pas mais
euh c’est vrai que c’est pas mal (en)fin c’est pas mal maint(e)nant c’est p(eu)t-être un peu trop avec ce
bois (2D-V1-BB S5)
Comme pour les énoncés contribuant à l’identification des couleurs, les procédures
d’extraction (dislocations, structures clivées, présentatifs) sont nombreuses et permettent de
poser en discours, de manière plus ou moins assurée, l’objet à identifier (via des prédications
telles que il fait penser à, ça fait plus …). De plus, le locuteur donne de nombreux indices de
son incertitude, de l’activité d’interprétation d’indices qu’il met en œuvre, tels que des
modalisations verbales (on dirait que, j’ai pas l’impression, je sais pas) et des adverbes (peutêtre, à peu près).
Les couleurs, alors matières ou textures visuelles, sont identifiées comme indice de
cuir (ou non : je doute que le beige soit du cuir) ou de bois pour le beige, ou de matière
métallisée pour le gris (gris métal, chromé, acier …). On remarque ici que lorsque beige est
24
Cf. les matières à penser de Warnier, que nous pourrions ici décliner en matières à voir.
Ce sur quoi nous revenons p.362
26
une fois de plus, on remarque ici que les procédures de référenciation s’articulent aux évaluations, qu’elles
rendent possible dans ces dispositifs que les locuteurs ont besoin dans un premier temps de s’approprier via la
construction de leur matérialité en discours.
25
361
identifié comme indice de la matière bois, il renferme une dimension potentiellement quelque
peu évacuée (absente ?) de nos conceptualisations européennes de la couleur qui prend en
compte le caractère non uniforme de la couleur, ses possibles « motifs ».
Les noms et adjectifs de couleur beige, gris et noir rendent compte dans ce type d’énoncé de
constructions cognitives de la couleur qui sont à la fois très abstraites – la couleur en tant que
connaissance sur le monde et qui permet de faire des inférences, d’interpréter des partitions
du monde qui sont « étranges » aux yeux des locuteurs, qui leur sont étrangères ; et, à la fois,
très concrètes – cette même couleur donne en quelque sorte à « toucher » la matière à travers
la matérialité qu’elle construit. L’usage privilégié de noms de couleur atteste de cette
nécessité de construire à travers le discours l’identité des matières supposées.
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Cette construction lexicale et discursive des matières a plusieurs finalités. Les
exemples d’énoncés proposés page précédente témoignent ainsi de la nécessité d’identifier la
matière pour pouvoir l’évaluer ou évaluer sa contribution à l’appréciation globale, mais
également pour construire la référence aux objets et à l’espace visuel exploré.
2.3. Des couleurs pour identifier et construire les objets
En introduction, nous illustrons cette contribution des couleurs à la construction des éléments
de l’habitacle à travers un échange entre la locutrice S7 et son interlocutrice, dans le dispositif
2D (ambiance Noir-Alu).
en fait j’ai une question à t(e) poser qu’est-c(e) que c’est ça ? < elle montre sur l’image > c’est quoi ce
ce gris vert là ?
[euh ça m’est un peu difficile]
c’est un vide-poche ? ah oui ça doit être du gris p(u)is de l’ombre ça doit être un vide-poche peut-être
(2D-V1-NA S7)
Devant l’ambiance Noir Alu, S7 demande à son interlocutrice de l’aider à identifier quelque
chose27. Elle le fait au moyen de deux interrogations (après une introduction à la thématique
de questionnement) où elle désigne tout d’abord ce qu’elle n’arrive pas à identifier par le
pronom démonstratif ça ainsi qu’au moyen d’un geste déictique (signalé par l’interlocutrice).
Elle reformule ensuite son interrogation c’est quoi ce gris vert là utilisant la couleur désignée
par ce gris vert là comme référence commune, partagée entre elle et son interlocutrice. La
couleur est donc utilisée ici comme référence commune, comme connaissance partagée
27
On précise ici que cette interrogation se produit à la fin de l’entretien consacré à la description et à l’évaluation
de l’ambiance Noir Alu par la locutrice S7. Elle est suscitée par une dernière question de l’intervieweuse P1
N197 : ok est-ce que tu as des choses à ajouter ?
362
pouvant servir à l’identification d’un objet (dont on ne sait pas s’il est le support de la couleur,
ou si c’est la couleur qui le constitue …).
Suite à la réponse de l’interlocutrice, S7 propose une identification possible via une
série d’identifications construites sur des structures présentatives (c’est un vide poche ! ça
doit être du gris puis de l’ombre ! ça doit être un vide poche peut-être). Ces identifications
désignent de manière alternée objet de l’habitacle et couleur, conférant à la couleur le statut
d’indice pour l’activité d’identification de l’objet à laquelle se prête S7. On notera les
marques croissantes d’incertitude au fil du discours de S7 qui peuvent être liées à l’absence de
confirmation, d’acquiescement attendue par S7 de la part de son interlocutrice. Ainsi S7 passe
de l’affirmation c’est un vide poche, à la modalisation par le verbe devoir - ça doit être du
gris, reprise dans ça doit être un vide poche et accentuée par l’adverbe peut-être exprimant
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encore l’incertitude de S7. De plus, le contraste entre ce gris vert là, désignation référant à
une couleur spéciale, définie et inscrite dans la singularité de l’expérience en cours et du gris,
référant à de la couleur comme généralité, accentue cette « montée en puissance » de
l’incertitude au fil de la construction de la référence (=identification ?) proposée par S7.
Enfin, on remarquera l’articulation entre du gris et de l’ombre, conférant à de l’ombre un
statut de couleur. La couleur constitue pour S7 l’indice sur lequel s’appuyer pour identifier
l’élément. Et ce gris vert-là en tant que matière discursive y contribue en permettant à S7 de
construire une référence partagée, ce qu’elle ne peut faire avec l’objet lui-même.
Gris constitue la forme privilégiée utilisée par les locuteurs pour construire leur identification
des objets de l’habitacle en discours, relayée dans certains cas par noir (cf tableau ci dessous).
Identifier et construire un
objet
N
2D
E
A
N
3D
E
A
N
Réel
E
A
TOTAL
énoncés
beige
gris
0
4
noir
TOTAL
4
1
1
2
4
6
1
1
3
13
4
6
7
19
Tableau 10 : Identifier et construire un objet – contribution de beige, gris et noir selon les corpus
Ces énoncés sont à la fois spécifiques de gris et de noir, ainsi que des corpus 2D et 3D, et sont
caractérisés par la présence de gris et de noir comme attributs principalement.
363
En tant que propriété colorée attribuée, donnée à un objet, gris et noir qualifient
(construisent en qualifiant) principalement le levier de vitesse :
pa(r)c(e) qu’il est tout simple il est tout noir avec une p(e)tite coque en en chrome au-d(e)ssus et c’est
sympa (2D- V1-NB S2)
et les différents éléments constituant le tableau et la planche de bord.
alors c(e) qui m(e) déplaît ça c’est le je suppose que c’est le le lecteur de CD qui est gris (3D-V2-NA
S7)
Tout comme l’identification d’une matière s’inscrit dans la construction d’un objet ou dans
une procédure plus large visant à l’évaluation de cette matière ou de la qualité globale des
matériaux, la construction des objets des habitacles simulés via l’étayage des adjectifs de
couleur attributs gris et noir n’est pas nécessairement une fin en soi pour les locuteurs. Alors
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que le rapport à l’espace multisensoriel de l’habitacle se construit dans la confrontation,
l’interaction avec les objets28, dans les dispositifs 2D et 3D, ce sont les objets déjà construits
et posés en discours au moyen notamment des couleurs, qui vont construire discursivement
l’espace vécu, exploré visuellement. Ainsi de S5 :
bah j(e) vois ça surtout sur l(e) contraste du tableau d(e) bord entre final(e)ment la partie beige qui est
propre à la partie pilotage et puis le fond du tableau d(e) bord jusqu’au pare-brise qui est gris foncé
(2D-V1-BB S5)
2.4. Des couleurs pour construire l’espace visuel
L’énoncé suivant donne un aperçu des modes de construction de l’espace visuel via l’étayage
des formes de couleur :
(il ) y a beaucoup d(e) gris (…) le volant euh au d(e)ssus du enfin sous l(e) pare-brise là tout est gris
bon (il) y a du beige quoi mais euh ouais (…) c’est assez sombre (en)fin même si (il) y a du < rire >
même si (il) y a du beige c’est un peu euh (2D-V1-BA S1)
Les couleurs désignées par gris et beige et introduites par le déterminant complexe indéfini
beaucoup de et l’article partitif du construisent la scène visuelle dans une description centrée
non sur l’identité (c’est …) et la caractérisation des objets (ou des couleurs) mais sur les
couleurs en présence (via le présentatif il y a). A ce sujet, ce type de construction donne à
nouveau à ces couleurs un statut de matière (qu’on pourrait mettre en parallèle avec des
énoncés décrivant les matières en présence : il y a du cuir, du plastique …) Les couleurs
jouent alors un rôle dans la description spatiale de la scène. On repère ainsi un groupe
nominal référant à un élément de l’habitacle (pare-brise) introduit par des prépositions
28
bien que cela ne fasse pas l’objet d’un développement ici, nous aborderons cette question dans la discussion
générale de la thèse.
364
spatiales telles que au dessus du enfin sous le pare-brise là ainsi que le déictique (là), qui sert
de cadre de référence à la spatialisation.
La construction de l’espace en discours est prise en charge par noir, beige et gris (cf tableau ci
dessous).
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Identifier et construire un
espace
N
2D
E
A
N
3D
E
A
3
beige
1
1
1
gris
3
2
3
noir
2
3
1
2
1
TOTAL
6
6
5
2
4
3
N
Réel
E
A
1
TOTAL
énoncés
1
11
8
3
3
1
13
4
2
32
Tableau 11 : Identifier et construire l’espace – contribution de beige, gris et noir selon les corpus
Si gris n’y participe que dans le dispositif 2D, noir est utilisé dans les 3 corpus. Considérant
le fait qu’il n’est que peu employé de manière générale dans les corpus 2D et 3D (cf. chapitre
5), on peut ici remarquer qu’il est utilisé de manière privilégiée pour construire l’espace dans
les dispositifs de simulation, là où il est difficile pour les locuteurs d’identifier certaines
couleurs qu’ils « voient gris » et dont ils ne « savent pas » si « c’est noir ». Il s’agit alors de
deux couleurs noires différentes. Ici, le noir comme indice permettant de construire la
spatialité de la scène explorée renvoie à la notion de profondeur :
le fait d'avoir du noir là i(l) joue p(eu)t-être en faveur d(e) la voiture au noir du sol où on ne sait pas
délimiter euh qu’elle est sa profondeur possible (3D-V1-NA S9)
et ainsi d’en proposer une évaluation (dans le dispositif REEL)
alors c(e) qui la rend encore plus discrète qu’à côté ça donne l’impression qu(e) la place pour les pieds
est encore plus profonde le noir c'est ça donne une impression de vide (R-V2-BB S7)
La contribution des couleurs à la construction de l’espace est prise en charge par des adjectifs
de couleur mais également par des noms dans ces énoncés. Ainsi les adjectifs épithètes beige
et gris dans les énoncés suivants, participent à la construction et à la définition d’une forme
comme partie de l’habitacle qui, dans la dynamique de l’énoncé, construit l’espace.
i(l) y a i(l) y a cette bande beige qui traverse euh (3D-V2-BA S13)
euh nan nan mais bon on voit que ça la ligne de la partie beige elle va en se rétrécissant vers l’arrière
(3D-V2-BA S13)
ouais le le le la ligne les lignes du décor (en)fin du tableau d(e) bord d(e) la partie beige tu vois <
bruit de chuintement de bouche > en fait ça se croise comme ça < il montre > (2D-V1-BA S1)
365
le galbe du tableau beige euh du tableau d(e) bord qui est beige euh paraît un peu euh gondolé < X >
i(l) y a une tâche sur le fauteuil et là dans la partie grise l’impression en creux j(e) pense oui j(e n’)ai
pas l’impression qu(e) ce soit un vide-poche hein j’ai plutôt un dessin quoi dans du plastique moulé
(2D-V1-BA S13)
derrière le levier d(e) vitesse on aperçoit un p(e)tit rectangle gris on n(e) sait pas c(e) que c’est (2DV1-NB S13)
La construction des formes se fait via des phrases clivées et des dislocations mettant en avant
une forme évaluée (le galbe … paraît un peu gondolé) participant, dans une description
accumulative, avec d’autres formes et objets désignés par diverses formes nominales simples
et complexe (une tache, l’impression en creux, le vide poche, un dessin dans du plastique
moulé) à construire l’espace. La perception de l’espace est précisée par les énoncés présentant
des relatives (cette bande beige qui traverse) et des dislocations à gauche (la ligne de la
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partie beige elle va en se rétrécissant, les lignes du décor (…) de la partie beige ça se croise
comme ça), ce qui a pour conséquence de mettre l’accent sur ces formes, mises à distance, et
ce qu’elles « font » : elles se croisent, elles élargissent l’espace, elles ont une action sur
l’espace, action lexicalisée par les différents verbes : traverser, se rétrécir, se croise, élargir.
Les deux derniers énoncés (de S13 en 2D, devant deux ambiances différentes) ont pour
caractéristique commune de présenter gris comme épithète d’un nom désignant une forme (cf.
paragraphe précédant sur les noms désignant les objets ou propriétés qualifiées par gris
épithète). Les formes nominales résultantes (la partie grise et un petit rectangle gris) ainsi
que celles qui leur sont associées au sein des énoncés (l’impression en creux, un dessin dans
du plastique moulé) participent à une procédure de localisation spatiale puis de construction
de la référence. On peut ainsi repérer deux types d’indice linguistique rendant compte de ce
procédé de localisation : les prépositions spatiales derrière (derrière le levier de vitesse) et
dans (dans la partie grise) et le marqueur déictique là. Ces localisations participent à
l’identification (et la construction) des référents perçus29, identification marquée par
l’expression de l’incertitude du locuteur par rapport à ce qu’il tente d’identifier : l’impression
en creux, je pense, j’ai pas l’impression, j’ai plutôt / on aperçoit, on ne sait pas ce que c’est.
On remarquera que cette incertitude s’exprime par différents moyens, nominalisée dans
29
Si nous avons séparé les énoncés participant à la construction des objets de ceux participant à la construction
de l’espace, certains sont « inclassables » en ce sens qu’ils peuvent être classés dans plusieurs catégories. Ils
reflètent alors l’articulation et la co-construction des objets et de l’espace, qui ne s’opère pas de manière sérielle.
Ainsi l’énoncé de S13 (le galbe …) a déjà été analysé dans la partie consacrée à la construction des objets (ici un
vide-poche). Mais le parcours discursif spatialisé et spatialisant auquel le locuteur se livre pour cette
identification participe à la construction de l’espace ainsi parcouru, c’est pourquoi nous le considérons également
comme un énoncé participant à la construction de l’espace.
366
l’impression en creux, elle ressort le plus souvent dans des prédications dont le locuteur est
sujet, avec un verbe modal (tel que penser, savoir, avoir l’impression que). De plus, si dans le
premier énoncé, S13 parle à la première personne (je pense …), dans le second, il se
positionne en tant que membre d’un collectif dont on peut imaginer qu’il inclut
l’interlocutrice et S13. Enfin, il faut souligner que gris participe ici d’une procédure
d’identification en cours, non terminée.
La majorité des énoncés dans lesquels s’inscrivent beige, gris et noir et qui participent à la
construction et à la structuration de l’espace concerne le corpus 2D ainsi que le corpus 3D (de
manière un peu moins prononcé). Les manipulations tactiles kinesthésiques étant impossibles
dans les dispositifs 2D et 3D, les locuteurs semblent utiliser les matérialités linguistiques à
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leur disposition, les manipuler et construire dans l’espace du discours un nouveau tangible.
L’interaction qu’ils peuvent avoir avec les objets de l’habitacle, interaction qui leur
permettrait d’en évaluer les caractères spatiaux, kinesthésiques, est « remplacée » par une
interaction, une construction discursive. La différence entre les 2 dispositifs de simulation
peut s’expliquer par les indices visuels différents qu’ils proposent. Le dispositif 3D en offrant
une vision stéréoscopique tridimensionnelle procure des indices spatiaux supplémentaires qui
permettent la perception d’un certain espace auquel il manque cependant une caractéristique
primordiale : son caractère tangible. Aussi les locuteurs construisent en discours des objets et
des matières, pour rendre tangible, sensible, cet espace reconstruit, calculé. Le dispositif 2D
pose d’emblée l’espace comme étant à reconstruire via des indices de représentation spatiale
2D que sont la perspective, ce qui pourrait expliquer qu’il suscite directement cette
construction de l’espace en discours.
2.5. Synthèse
Si la spécification et l’identification de couleurs « problématiques » est prise en charge en
discours dans les 3 corpus (quoique l’identification des couleurs soit plus problématique dans
le dispositif 3D), les autres élaborations cognitives auxquelles participent beige gris et noir
sont spécifiques des corpus recueillis dans les dispositifs de simulation. Elles rendent compte
« en creux » (donnent l’impression en creux pour reprendre les mots de S13) de ce qui fait
défaut aux locuteurs et qu’ils tentent de reconstruire en discours. Ainsi beige et gris
deviennent indices des matières des habitacles présentés en 3D (et de façon moins prononcée
en 2D), alors qu’en REEL, couleurs et matières sont soit évaluées sur un même plan (cf.les
couleurs et les matières), soit la couleur est une propriété de la matière (plastique noir).
367
La construction de la matérialité à laquelle participent ces formes lexicales de couleur, passe
également par des procédures d’identification et de référenciation aux objets de l’habitacle et
à l’habitacle en tant qu’espace. La construction en discours des objets de l’habitacle est plus
caractéristique du dispositif 3D, la structuration et la construction de l’espace en discours via
les couleurs, est par contre davantage caractéristique du dispositif 2D. Ce contraste nous
semble relever de la différence d’indices visuels proposés aux locuteurs dans les deux
dispositifs, le dispositif 3D rendant compte d’un certain espace au moyen des indices de
profondeur donnés par la technologie d’images stéréoscopiques calculées en temps réel. Cet
espace n’ayant aucune clôture (pas d’indices tactiles et kinesthésiques pouvant en marquer les
limites), n’offrant pas de possibilité d’interaction (au sens de rencontre, de contact entre le
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sujet et l’espace exploré), il aurait d’autant plus besoin d’être matérialisé par les objets qui le
composent et le constituent. De plus, ces indices visuels supplémentaires (par rapport au 2D)
placent le locuteur au milieu de cet espace, ce qui peut également expliquer qu’il ait besoin de
construire les objets qui l’entourent, plus qu’un espace mis à distance. Enfin, cette mise en
espace des locuteurs pointe de manière explicite sur ce qui manque à ce dispositif : le fait de
pouvoir toucher ces objets. Nous pensons que cela peut expliquer (au moins partie) la
nécessité des locuteurs à construire les objets (et à convoquer les matérialités linguistiques de
couleur entre autres pour le faire).
Dans le dispositif 2D, les connaissances préalables des locuteurs sur la représentation
graphique bidimensionnelle de l’espace, leur permettent de faire des inférences sur cet espace,
de rester à un niveau plus abstrait. L’espace construit est mis à distance, dans une perspective
géométrique (telle que problématisée dans les sciences physiques occidentales), c’est « ce qui
est là-bas, hors de moi ».
Dans les deux cas, nous pouvons remarquer que ces dispositifs de simulation visuelle
contraignent en quelque sorte à l’objectivation de l’espace visuel, en offrant aux locuteurs des
indices visuels dont ils doivent se contenter pour construire leur expérience. Les couleurs ne
sont pas ici des primitives visuelles qui au cours de processus d’intégration progressive
d’information vont permettre aux locuteurs de se construire une « représentation » élaborée,
de haut niveau. Ce sont au contraire des connaissances, culturellement, sensoriellement
construites, qui permettent aux locuteurs de faire des inférences. Ceci reflète le haut degré de
conceptualisation des couleurs à l’œuvre dans nos cultures et dans notre langue.
368
Nous venons d’observer comment beige, gris et noir peuvent constituer des « matériaux
linguistiques » permettant aux locuteurs de construire la matérialité et l’espace des
présentations proposés dans les dispositifs 3D et 2D. Ils permettent également l’évaluation
des couleurs soit pour elles-mêmes (surtout dans le corpus REEL), soit par rapport à ce
qu’elles construisent et induisent comme effet.
3. Des couleurs à évaluer
Nous avons pu voir à travers les énoncés de construction que ceux-ci visent à construire la
matérialité de la scène explorée pour en permettre l’évaluation. La séparation opérée entre
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énoncés de construction et d’évaluation, comme celle entre énoncés comprenant des formes
génériques vs spécifiques de couleur nous a permis de rendre compte des relations différentes
qu’entretiennent les locuteurs avec les 3 dispositifs de présentation d’habitacle et les diverses
matérialités qu’ils proposent. C’est-à-dire que dans l’articulation entre description et
évaluation peuvent parfois se distinguer plusieurs étapes lorsque le partage de la référence est
« perturbé », lorsque l’expérience est non familière et que certains indices perceptifs font
défaut. Auquel cas, il faudra passer par toutes (ou certaines de) ces étapes (pas nécessairement
dans cet ordre) : construire la couleur, puis la matière, puis l’objet, puis l’espace, pour pouvoir
évaluer l’espace en question. Ceci explique pourquoi la plupart des énoncés de construction
sont présents dans les dispositifs 2D et 3D, l’évaluation s’inscrivant alors dans une
temporalité longue, dont il est nécessaire de dérouler toutes les étapes. À l’inverse, lorsque la
référence n’est pas problématique, comme devant le dispositif Réel, les locuteurs n’ont pas
besoin de construire la référence pour l’évaluer, l’évaluation constituant en elle-même la
référenciation.
Ayant déjà traité de l’évaluation des couleurs en elles-mêmes ou comme indice / facteur
permettant l’évaluation d’autres aspects dans la partie B consacrée à couleur(s), nous nous
contenterons de parcourir ici, en nous appuyant sur quelques exemples caractéristiques, les
différents types d’évaluation auxquelles participent beige, gris et noir.
La couleur peut-être évaluée en elle-même dans des constructions plus ou moins élaborées et
369
complexes :
alors euh : j’aime beaucoup euh : la couleur euh : des euh : , , ce : ce noir là cette euh : ce noir sur
les portières de tableau d(e) bord le : le volant
je trouve que ça a un beau noir euh : très uni
et qui brille euh : qui brille bien il est euh : j(e) le trouve très beau i(l) s(e) marie bien avec le tissu et
donc la : la couleur noire qui (n’)est pas exactement la même puisque c’est un noir sur un tissu et
non pas un noir sur un plastique
qu’il y a sur les accoudoirs de la portière (R-V2-NA S7)
qui mobilisent parfois (comme dans l’exemple ci dessus) éléments de l’habitacle (portières,
tableau de bord, volant) et matières (tissu, plastique), mais en les mettant cette fois-ci « au
service » de l’évaluation de la couleur (nb : cet énoncé est issu du corpus RÉEL). Inversement,
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dans l’énoncé suivant :
bah on a l’impression qu(e) c’est du / le plastique euh : < il touche et frappe sur le plastique > que c’es(t)
un vulgaire plastique de récupération et l’aspect en fait le fait qu’il soit noir en plus ne rajoute pas : : , ,
ça l(e) flatte pas du tout l(e) plastique , , là on a l’impression qu(e) c’est un gob(e)let en plastique quoi <
il touche et frappe > (R-V2-NA S1)
l’évaluation, tactile, de la qualité du plastique est renforcée par ses propriétés colorées.
Comme au niveau générique, couleurs et matières peuvent être évaluées ensemble. On
remarque alors que si les évaluations nécessitent en 2D une construction de la référence
préalable :
donc même la partie centrale aluminium c’est bien mais c’est par rapport au beige là très clair (…) j(e)
trouve ça froid , , pa(r)ce que moi j’aime bien l(e) côté un peu chaud de : (…) du premier décors quoi ,
, euh : mais j(e) trouve que oui c’est le le gris de l’aluminium et le beige c’est : ,
, (en)fin pour moi
n(e) se marient pas très bien
[la partie bois] euh associée avec le noir et le gris j(e) trouve ça assez euh : assez élégant j(e) trouve
(2D-V1-NB S3)
l’évaluation dans le dispositif Réel peut être formulée sans ce préambule, et être ensuite
justifiée :
bon bah elle est plus jolie en vrai hein , , nan la : le mélange euh : bois cuir blanc et euh : , , et
plastique noir (R-V2-BB S7)
307NA S4 A46 : l’aut(r)e faisait plus chaude que celle-ci elle fait plus froide pa(r)ce que là c’est gris et
noir (R-V2-NA S4)
On retrouve ici à un niveau plus spécifique où couleurs et matières sont précisées, les
questions d’évaluation de l’harmonie, du mélange des couleurs et des matières.
Cette association peut contribuer à la construction d’un jugement global tel que la
notion de confort (ou l’absence de confort) :
alors qu’une couleur par exemple euh : je vois une voiture noire ou bleu foncé intérieur avec du bois
qui rehausse te donne une notion d(e) confort (2D-V1-BB S9 )
à la couleur beige < rires > je (ne) sais pas pourquoi le beige ça fait plus confortable(…) (R-307BB S5)
(…) c’est pareil ça (ne) fait pas assumé jusqu’au bout dans l(e) confort dans l(e) sens où euh : c’est que
euh : la moitié par exemple de la console qui est beige imitation cuir et l’aut(r)e moitié qui est grise en
370
fait (R-V2-BB S5)
le beige pouvant même être interprété comme un indice renvoyant à un canapé :
ouais elle est vach(e)ment mieux , , oh ouais ,
, (…) bon / alors j(e) trouve que là on essaie
d(e) faire un peu canapé mais (…) c’est l(e) beige canapé (…) pour moi c’est la couleur canapé ,
, ouais , , euh : main(t)nant c’est assez joli c’est plus : , , c’est plus joli ça c’est sûr (2D-V1-BA
S4)
Le confort apparaît structuré par la conjonction de matières et de couleurs ou par les
inférences sur les matières que les couleurs permettent de réaliser dans les dispositifs visuels :
euh : ,
, qui m(e) choquent bah toujours la même chose euh : l’impress / (en)fin le : peut-êt(r)e
que c’est trop orienté confort pour le coup avec euh : toujours le même faux bois euh : avec euh :
cet essai de cuir sur matériaux gris euh : (en)fin on a l’impression qu(e) les choses sont faites
à moitié c’(es)t-à-dire : t(u) as t(u) as : ce gris euh : près du pare-brise en fait qui contraste
vach(e)ment avec le beige plutôt luxueux et plutôt cuir (2D-V1-BB S5)
La couleur peut également avoir un effet sur le sujet :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
c’est moins agressif qu’un beige clair comme la toute première voiture si vous voulez hein (R-V2NA S14)
et contribuer à la construction d’un jugement sur l’espace. Il s’agit alors, dans le corpus RÉEL,
de donner à voir (à entendre) en discours le rapport du locuteur à l’espace.
oui non pareil que l’autre au niveau sécurité , , on est bien englobé dans l’habitacle euh : c’est
peut-être la couleur beige qui fait ça je (ne) sais pas (R-V2-BB S13)
j(e) pense que le noir s(i) tu veux affine plus et t(u) as l’impression d’être , , mais toujours la
même histoire moi je suis sûre que mon père i(l) s(e)rait i(l) s(e)rait coincé là-d(e)dans (R-V2-NA S4)
La couleur est alors identifiée comme un facteur de « confinement » de l’espace, impression
pouvant être évaluée positivement ou négativement.
Enfin, nous illustrons encore une fois la multiplicité de constructions cognitives élaborées dans
la tension entre discours et expérience sensible, et le perpétuel va-et-vient entre l’expression
de la subjectivité et la visée objectivante par l’extrait suivant :
mais en fait en fait j(e) crois qu(e) j’aime bien le noir sur les habits mais dans des espaces c’est un
peu euh < soupir > (R-V2-NA S2)
où le noir est évalué comme surface des choses ou comme « matière dans des espaces ».
371
Conclusion
L’analyse de l’inscription discursive des formes lexicales spécifiques de couleur beige, gris et
noir nous a amenée à proposer une typologie d’énoncés qui permet de caractériser les
différents rapports que les locuteurs entretiennent aux couleurs et aux habitacles qu’ils
décrivent, construisent et évaluent à travers l’usage notamment de ces matérialités
linguistiques.
On a ainsi distingué :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
i) Des énoncés de construction de la référence qui permettent :
-
d’identifier des couleurs particulières,
-
d’identifier et de re-construire des matières,
-
d’étayer l’identification et la localisation des objets,
-
de construire la scène visuelle, l’espace.
ii) Des énoncés de construction de l’évaluation :
-
où les couleurs sont évaluées pour elles-mêmes,
-
ou en ce qu’elles contribuent au confort, à l’espace.
Ces énoncés n’apparaissent pas de manière homogène dans les 3 corpus et ne mettent pas en
scène les mêmes noms et adjectifs de couleur.
Parmi les résultats les plus importants, on remarque un décalage entre les dispositifs de
simulation d’une part et le dispositif RÉEL d’autre part, ce dernier ayant suscité en majorité
des énoncés évaluatifs sans nécessiter de construction de la matérialité de l’ambiance au
préalable.
Les constructions en discours via beige, gris et noir permettent en 2D de construire
l’espace et les objets de cet espace visuel, en 3D d’identifier / ou d’exprimer les problèmes
d’identification de certaines couleurs, d’identifier les matières et de construire les objets. Cette
(ou ces ) première étape de matérialisation en discours d’une expérience perceptive
« incomplète » offre un cadre permettant dans un second temps de construire l’évaluation (des
couleurs identifiées, des matières, des objets ou espace construit …).
372
Plus généralement, l’analyse de l’inscription discursive des formes lexicales de couleur
(génériques et spécifiques) au sein de commentaires descriptifs et évaluatifs d’ambiances
d’habitacle nous a permis de dégager et préciser différentes conceptualisations des couleurs :
Les couleurs, en tant que connaissances culturellement, historiquement élaborées,
peuvent être envisagées comme des entités autonomes à évaluer de manière singulière ou
collective, voire conjointement à d’autres ‘objets’ sensoriels tels que les matières.
Elles peuvent également, alors critère d’évaluation, participer à l’appréciation visuelle
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globale et l’affecter (notamment l’impression d’espace, la sensation de confort, la qualité des
matériaux) ;
En tant que propriété visuelle (élaborée comme connaissance) d’une matière ou d’un
objet, elles constituent également un indice pour l’identification et la construction de cette
matière, cet objet ou d’un espace, notamment lorsque des indices tactiles et kinesthésiques
font défaut.
Étayant la construction en discours et en cognition de la matérialité de l’espace exploré,
elles permettent alors de construire un cadre de référence pour l’évaluation.
Ces différents statuts de la couleur tant en discours qu’en cognition, témoigne de la couleur
comme d’un objet multiple, ce qui dans un certain sens n’échappe pas à la science qui n’a
jamais su se décider (cf. Pastoureau, 2002) entre une conception de la couleur comme lumière
et une conception de la couleur comme matière.
373
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374
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375
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376
Discussion générale
Pour répondre à une demande industrielle, nous avons été amenée à construire une démarche
théorique et méthodologique nous permettant d’appréhender les modes de construction de
l’appréciation perceptive visuelle d’un espace complexe, l’habitacle automobile, à travers à
travers sa mise en discours.
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Une première étude, l’enquête
MEMOIRE,
s’est intéressée aux connaissances et
représentations sensibles préalables, mémorisées. Elle a consisté en la passation de 15
entretiens semi-directifs questionnant les locuteurs sur leurs pratiques et expériences sensibles
de l’habitacle. L’analyse lexicale thématique des formes nominales simples et complexes a
permis de rendre compte de la structuration des thématiques évoquées par les locuteurs. Ainsi
nous avons mis en évidence des discours « de mémoire » toujours situés, inscrits dans des
pratiques. La mise en évidence d’éléments saillants tels que le siège ou le tableau de bord, et
de propriétés sensorielles visuelles mais aussi kinesthésiques et tactiles nous a donné un
premier aperçu des objets et propriétés pouvant contribuer à l’appréciation de l’habitacle.
L’analyse morphosyntaxique des formes nominales et adjectivales ainsi que des formes
verbales et des marques de la personne a précisé et spécifié les différents éléments et
propriétés identifiés en nous autorisant de faire des inférences sur l’organisation des
connaissances et représentations en mémoire. Nous avons ainsi pu émettre des premières
hypothèses quant à un double statut du concept de couleur, comme matière ou comme
propriété. De plus, les analyses morphologiques et sémantiques des formes adjectivales se
sont avérées un premier indice de la tension entre construction de l’objectivité et expression
de la subjectivité. L’analyse des verbes de perception, de jugement et de modalité ont
également permis de rendre compte à un niveau encore très « analytique » de l’expression de
la subjectivité du locuteur.
La seconde étude, l’enquête 2D 3D REEL, a consisté à recueillir différents discours sur
différentes matérialités d’habitacle (réels ou simulés). Il s’agissait alors d’observer la coconstruction de l’expérience sensible et de sa mise en discours au travers de deux contrastes.
D’une part, les habitacles variaient selon les caractéristiques de couleur, de lumière et de
377
matière. D’autre part les différentes matérialité des dispositifs de présentation de ces
ambiances d’habitacle inscrivaient les locuteurs dans des rapports plus ou moins
problématiques de construction de la référence et de la matérialité de l’expérience vécue.
Parmi les multiples ressources lexicales permettant l’expression du ressenti visuel dans les
habitacles automobiles, nous avons choisi de nous intéresser à la couleur. D’une part, elle est
apparue comme l’une des ressources les plus employées dans les corpus, et nous avions fait
l’hypothèse, suite aux résultats de l’étude mémoire, qu’elle contribuait à l’appréciation
visuelle. Mais d’autre part, il nous paraissait intéressant de reprendre le cas exemplaire de la
couleur (étudié le plus souvent tant en linguistique, qu’en psychologie dans une perspective
lexicaliste30) et de décrire son inscription en discours, qui plus est dans des corpus oraux31,
L’analyse des quatre corpus recueillis a permis de préciser et d’enrichir les
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connaissances à propos des ressources linguistiques et des productions discursives en langue
française concernant le domaine visuel. Tout particulièrement, la prise en compte non
seulement du répertoire lexical des adjectifs de couleur, mais également des plans
morphologique, syntaxique et discursif dans l’analyse de l’expression en discours des
couleurs a révélé une grande diversité des possibles en langue et des réalisations effectives en
discours.
Ainsi, nous avons pu mettre en évidence divers fonctionnements des formes lexicales
morphologiquement simples référant à la couleur de manière spécifique (noir, blanc, bleu,
beige …) et des formes le plus souvent (en terme de diversité) morphologiquement
construites référant à la couleur de manière générique (coloration, tonalité, teinte …).
D’un point de vue syntaxique, nous avons pu observer une grande richesse de
constructions nominales complexes, articulant le nom pivot générique couleur ou un adjectif
ou substantif spécifique de couleur avec une expansion adjectivale (les couleurs pétantes, le
beige plutôt luxueux, gris clair), nominale (la couleur bois, le beige canapé) ou
prépositionnelle (la couleur des sièges, le bleu de ma machine à laver, l’harmonie des
couleurs).
Enfin, l’analyse spécifique des fonctions syntaxiques d’épithète et d’attribut prises en
charge par les adjectifs de couleur dans les discours a également contribué à préciser les
différents statuts ontologiques de la couleur (comme entité autonome, comme propriété d’un
30
Voir les travaux emblématiques de Berlin et Kay, 1969.
En effet, une des particularités de ce travail réside dans la nature des corpus, oraux, la plupart des travaux
concernant l’expression en langue de la modalité visuelle se focalisant sur les couleurs, au sein de corpus
littéraires ou au travers d’exemples, dans une perspective majoritairement lexicale.
31
378
objet, comme indice d’une matière ou d’un objet) construits en discours à travers l’utilisation
des différentes ressources linguistiques et procédés discursifs à disposition des locuteurs.
L’examen des autres ressources lexicales et des productions discursives référant à la
modalité visuelle (respectivement à la lumière, aux matières et textures, aux formes, mais
également à l’espace et au rapport kinesthésique du sujet) a également permis de relever une
grande diversité linguistique tant d’un point de vue lexical, que morphologique, syntaxique et
sémantique.
Les résultats des analyses réalisées dans le chapitre 5 et dans le chapitre 6 nous ont permis de
rendre compte de la productivité d’une multiplication des points de vue32 sur un même
discours, et de la complémentarité des plans lexicaux, syntaxiques et discursifs. On ainsi pu
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confirmer les hypothèses élaborées suite aux résultats du chapitre 4 puis 5, et les spécifier
notamment en montrant comment les couleurs en tant que matérialité discursive et cognitive
permettent de construire l’objectivité en offrant des indices quant aux matières, aux objets de
l’habitacle et en contribuant à la construction de l’espace .
Les couleurs sont donc envisagées comme des objets cognitifs co-construits par le
discours, l’expérience sensible et les connaissances préalables mais également comme étayages
de la construction de l’espace (objectivé) en discours et comme étayages de la construction de
l’évaluation.
De plus, cette analyse en discours nous a permis de rendre compte des phénomènes de co
construction, d’articulation, d’interaction et de réflexivité en discours, travaillant sur des
discours à propos des couleurs mais également des discours avec les couleurs.
Décrire l’objet et notamment sa couleur contribue à construire l’espace, qui peut
devenir espace d’évaluation, et dans un mouvement inverse, décrire l’espace peut également
amener à construire la référence à l’objet. Ce que nos catégories d’analyse lexicales et
syntaxiques ont isolé comme phénomènes, ce que nous avons objectivé dans le choix de nos
analyses et de la présentation de nos résultats, est ainsi « tricoté », intégré, dans un même
énoncé, dans une dynamique et des temporalités particulières à l’objet discours même. Sans
compter les temporalités des locuteurs qui n’ont de cesse dans la construction de leur
32
Sur la notion de point de vue, voir Siblot (2007).
379
description et de leur évaluation, de « jongler 33», d’articuler la couleur, une couleur claire, du
beige, le beige canapé, c’est vieux beige, … dans des mécanismes de construction,
déconstruction et reconstruction des catégories en discours (Mondada, 1999).
Ainsi, tous les énoncés où la couleur étaye, participe à la construction de la référence,
aboutissent quoiqu’il en soit à la construction d’une évaluation qui n’est pas nécessairement
centrée sur elle-même mais à laquelle elle contribue.
Nous avons donc pu montrer que les couleurs servent à la construction de la
description / de la référence, et de l’évaluation soit comme objet de l’évaluation, soit comme
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support pour construire l’évaluation d’autre chose auxquelles elles contribuent, dont elles se
font l’indice. Parmi les perspectives de recherche future, il nous semble qu’il serait productif
de changer de « point de vue ». En effet, d’une perspective centrée sur les couleurs en tant
qu’objet, nous avons pu voir qu’il s’agissait de faire un pas de côté pour adopter une
perspective centrée sur les relations de co-construction entre le locuteur et ce dont il parle et
qu’il construit en discours. Si nous avons pu observer que le locuteur peut construire en
discours au moyen entre autres des couleurs, l’espace à la fois visuel et kinesthésique, cet
espace qu’il décrit et construit à travers sa description, cet espace qu’il évalue, est également
l’espace dans lequel il évolue et qui lui permet, qui contraint, et rend possible l’évaluation. Il
s’agira, dans la suite des travaux de thèse, de mettre en perspective ces résultats avec les
analyses du corpus
CONCESSION
34
(dans laquelle les interactions des visiteurs dans un
habitacle de véhicule d’exposition ont été filmées, et pour laquelle une analyse des gestes et
postures des locuteurs a été réalisée).
Ces dynamiques de co-construction nous amènent aussi à questionner la tension description /
évaluation ou référence / évaluation 35 sur laquelle nous avons basé une partie de nos
analyses. Ainsi plutôt que de considérer deux perspectives - centrée objet et centrée sujet,
33
comme le discours jongle pour Berthoud, 1996 : « Par le jeu des marqueurs de détermination, des marqueurs
métalinguistiques et des marqueurs cognitifs, le discours nous donne à voir comment il ‘jongle’ en quelque sorte
avec ses objets : il peut en parler avant de les avoir posés, les mettre en doute avant de les avoir affirmés, les
reconstruire avant de les avoir construits … » (Berthoud, 1996, p.79).
34
Que nous avons évoqué brièvement dans le chapitre 3.
35
En parallèle de la tension objectivité / subjectivité ressortant davantage de la psychologie.
380
c’est un va et vient continuel, une dynamique d’entrelac(ement)s co-constituant subjectivé et
objectivité du monde dans une tension qui peut-être mise en évidence en discours à travers des
marqueurs lexicaux, syntaxiques, discursifs et énonciatifs.
Cette remarque peut opérer à différents niveaux. Ainsi, il nous semble en définitive peu
étonnant de retrouver en discours ce dont nous avions fait l’hypothèse en analysant les formes
lexicales. De la même manière que l’expérience et les connaissances se co-construisent
notamment en discours, c’est la mise en discours de ces formes lexicales qui les construisent
également. En quelque sorte nous avons d’abord analysé les objets de discours, avant de nous
intéresser aux processus / aux dynamiques ayant permis de construire ces objets. Ainsi dans
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un double mouvement, nous avons adopté une démarche allant du global au local – des
entretiens sur les pratiques et expériences mémorisées de la voiture à l’expression de la
couleur ; et du local au global – des formes lexicales isolées à la co-construction en discours.
Nos recherches ont également contribué à identifier de manière originale, à partir de la
sémantique des discours, les catégories sémantiques construites à partir de notre expérience
sensible au monde. Ce travail nous a conduite à nous interroger sur les limites du paradigme
analytique hérité tant de la psychophysique que de l’analyse sensorielle pour étudier
l’évaluation ordinaire des objets sensibles.
Dans une perspective holistique allant du global au local, les travaux menés ont permis
d’opérer un déplacement de focalisation, de la notion de dimension sensorielle à celle d’objet
sensible structuré en catégories et présentant des propriétés diversement corrélées suivant
l’objet, le type de propriétés et le type d’expérience sensible dans laquelle il s’inscrit. Ainsi,
par exemple, si les couleurs et les matières peuvent être envisagées (pour une part) comme
entités autonomes contribuant à l’appréciation visuelle globale de l’objet habitacle, les
propriétés kinesthésiques et tactiles doivent également être impérativement convoquées pour
certains objets tels que les sièges, et participent alors à la construction du jugement de confort.
Ces résultats imposent en retour de reconsidérer le caractère relatif de l’autonomisation de la
couleur comme entité et les liens étroits qui demeurent à l’inscription des couleurs dans les
objets.
Nous avons également pu mettre en évidence le caractère hautement configurant du
degré de familiarité des sujets au dispositif technique à travers lequel ils font l’expérience de
l’habitacle, la notion de dispositif imposant d’intégrer à la nature des stimulations sensorielles
la relation entre le sujet et l’objet qui s’instaure dans la situation expérimentale. La prise en
381
compte de la familiarité ou de la « naturalité » du dispositif a ainsi permis d’observer un
déplacement d’un paradigme centré objet, généralement considéré comme d’évidence, à un
paradigme centré sur la relation entre un sujet et un objet, relation qui ressort là encore de coconstruction de l’un comme de l’autre.
Outre ces résultats obtenus dans chacun des champs académiques, un des intérêts de ce travail
est d’avoir également porté notre effort sur l’articulation des résultats obtenus en linguistique
et en psychologie dans le souci de contribuer à l’élaboration d’une sémantique cognitive
située visant à rendre compte des dynamiques de co-construction entre expérience sensible,
connaissances, matérialités linguistiques et pratiques discursives.
Ainsi nous avons pu mettre en évidence l’inscription en discours de formes lexicales
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de couleur comme étayages de la construction dynamique individuelle et collective du rapport
sensible au monde notamment via les contrastes entre les différents modes de présentation
matérielle. En effet, le dispositif 3D, non-familier et impliquant de plus un partage partiel de
l’expérience perceptive entre les locuteurs et l’observateur (eux seuls portent les lunettes 3D)
a suscité de nombreuses constructions présentatives et attributives mettant notamment en jeu
des adjectifs de couleur. Ces types de structures témoignent d’une construction maximale de
la référence en discours par le locuteur pour s’assurer du partage de la référence avec son
interlocuteur (l’enquêteur) et pour construire à travers la mise en discours son rapport sensible
à l’objet et du même coup l’objet en lui-même. Ainsi les adjectifs de couleur désignant des
propriétés leur permettent d’instaurer, à travers les processus de référenciation, la matérialité
des objets représentés visuellement. Les couleurs contribuent alors à la construction de la
référence notamment dans des scènes perceptives visuelles tridimensionnelles en tant que
reproductions partielles et non familières du monde sensible.
En contraste, les dispositifs considérés comme familiers tels que les véhicules
complets et 2D, ont suscité moins de structures attributives (les couleurs y étant référées au
moyen de formes nominales contribuant à les construire comme entités autonomes) et de
manière générale moins de procédures de référenciation, au profit d’un nombre accru de
jugements, d’évaluations « directes ». Ces matérialités linguistiques et pratiques discursives
contrastées témoignent à l’inverse d’une certaine transparence du dispositif proposé aux
locuteurs, d’une incorporation de l’habitacle, devenant une évidence d’objectivité partagée.
L’habitacle, alors « habité », n’a plus besoin d’être décrit en lui-même, et peut être évalué.
382
Ces élaborations théoriques nous ont également imposé un important travail de réflexion
méthodologique. La démarche réflexive que nous avons adoptée et construite au fil de la thèse
s’est déroulée dans un double mouvement conceptuel et méthodologique : du global au local
et de l’analytique au global, articulant différentes méthodologies relevant des champs de la
linguistique et de la psychologie. La transversalité de notre objet d’étude, et son caractère
appliqué, nous a amenée à remettre en cause la segmentation intra (en linguistique et en
psychologie) et interdisciplinaire (en sciences cognitives) classiquement opérée.
S’agissant d’identifier et de préciser les relations de co-construction entre discours,
nos méthodologies d’analyse ne pouvaient se passer d’articuler en linguistique les différents
plans morphologique, syntaxique et discursif dans l’élaboration d’une sémantique discursive.
Ce qui nous a donné un cas concret d’analyse du discours montrant le caractère inopérant
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(pour nous) de la tripartition entre syntaxe, sémantique et pragmatique. Accepter dans notre
cas cette tripartition aurait rendu notre objectif inatteignable, ou alors seulement de manière
parcellaire et à nouveau dans un mouvement analytique obligeant à une reconstruction a
posteriori de la complexité et de la richesse des discours recueillis et de ce dont ils peuvent
être des indicateurs dans ce qu’ils contribuent à construire.
Par segmentation intradisciplinaire, nous entendons également en psychologie, la
reprise non problématisée opérée entre sujet et objet. Si cette distinction, que nous utilisons,
est opératoire, il s’est agi dans la thèse de travailler à la co-constitution de l’objet et du sujet et
donc, encore une fois, à l’observation des modes de mise en relation (dans l’expérience et les
pratiques sensorielles, culturelles, langagières) entre ces deux entités, mises en relations qui
les construisent dans l’interaction et dans la confrontation. Opérer ce choix a donc nécessité
de laisser pour un temps de côté la perspective analytique, caractéristique entre autres des
recherches en psychologie cognitive, afin de ne pas aborder la question posée en se munissant
de catégories d’observables ad hoc telles que couleurs, formes, matières36. La perspective
globale, au contraire, nous a permis d’envisager :
1) l’expérience visuelle dans l’expérience sensible « totale », holisensorielle, néologisme
que nous avons créé afin de mettre en avant le caractère global, holistique de
l’expérience sensible37 ;
36
Même si nous avions des hypothèses sur ces catégories et que nos résultats les confirment, sur certains plans.
Caractère qui n’est pas préservé dans les termes multisensoriel, plurisensoriel ou multimodal, souvent
rencontrés dans les études s’intéressant en sciences cognitives à cette problématique. En effet, dans la
sémantique de ces mots construits demeure un présupposé de recomposition analytique à posteriori, l’expérience
étant morcelée en 5 sens puis intégrée en expérience plurisensorielle. L’acception synesthésique ne nous
convient pas davantage puisqu’en tant que perception simultanée elle présuppose également 2 ou plusieurs
37
383
2) les particularités et les traits, les modes de structuration de l’expérience visuelle dans
leur rapport à cette expérience totale visuelle, et holisensorielle, ie. ne pas considérer
d’emblée les couleurs, les formes, … mais voir d’abord comment en discours celles-ci
apparaissent et structurent l’expérience.
Enfin, la transversalité de notre objet d’étude nous a offert un cas concret de
pluridisciplinarité au sens de dialogue entre disciplines connexes, revisitant la notion même
de pluridisciplinarité, dans la mesure où i) il s’est agi de travailler précisément à la définition,
dans les différents champs, de l’objet d’étude et des méthodes, et que ii) ces définitions et
méthodes se sont nourries réciproquement, contribuant également à la récursivité de la
démarche. De plus, le travail d’élaboration d’une sémantique cognitive et discursive située a
précisément demandé d’articuler les champs précédemment évoqués, questionnant ainsi la
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productivité de la segmentation disciplinaire dans ces types de problématique. Cette thèse a
donc permis de travailler à l’élaboration et à la mise en œuvre d’outils pour étudier la
cognition, outils conceptuels, épistémologiques et méthodologiques.
La réflexion menée tout au long de la thèse sur la définition de l’objet d’étude, sur le rôle
configurant de la situation expérimentale tant au niveau du mode de questionnement, du mode
de présentation des stimuli que du mode de recueil des données et des analyses menées, nous
a conduite à approfondir la notion de validité écologique des protocoles déjà abordée dans
d’autres travaux de l’équipe. En effet, nous avons pu notamment évaluer la pertinence, pour
répondre à notre problématique, de différents types de re-production visuelle38.
Du point de vue des retombées industrielles, l’un des objectifs de l’entreprise consistait à
mieux comprendre le processus de construction de jugement des ambiances, en identifiant
d’une part les facteurs ou dimensions visuels déterminants pour le client, en analysant d’autre
part l’impact « hédonique » de ces dimensions visuelles et l’interaction entre ces dimensions
et des éléments et/ou propriétés de l’habitacle.
Il s’agissait donc de proposer une démarche méthodologique permettant d’identifier
les modes de structuration du jugement visuel des ambiances d’habitacle. Une des
perspectives principales de ce travail était d’aider à l’orientation des études sensorielles
perceptions distinctes au départ et mises ensemble, et qu’elle est encore souvent considérée comme étrange sinon
pathologique.
38
Notons que la question de la validité écologique ne peut s’envisager que dans une perspective située. C’est-àdire qu’aucune situation, aucun dispositif, aucun mode de questionnement ne porte une validité écologique en
soi, mais est toujours plus ou moins valide par rapport au domaine de connaissance et à l’objet traité, à l’objectif,
à la question posée au départ.
384
notamment en apportant des cadres et limites à l’exploitation de moyens de simulation pour
étudier l’impact des dimensions visuelles sur le jugement client.
Ces recherches ont contribué à une meilleure connaissance des relations entre les usagers et
un produit complexe – l’habitacle automobile, et ce notamment en comparaison avec les
connaissances qu’ils ont pu acquérir auprès des experts métiers et des experts sensoriels.
L’analyse des discours a mis en perspective le caractère situé (type de voiture, type d’usage)
des représentations des usagers. Ces représentations s’organisent suivant différents modes :
•
Les objets principaux sont le siège et le tableau de bord, l’intérieur étant également
considéré en partie comme un objet en soi, et en partie comme espace de référence.
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•
La perception de l’habitacle est globale et polysensorielle. Cependant dans l’organisation
catégorielle en mémoire, on trouve majoritairement des représentations centrées sur des
indices visuels de couleur, de lumière, de forme, sur des indices kinesthésiques et
spatiaux, ainsi que sur des indices tactiles et visuels de matières et de texture. Certaines
propriétés, les couleurs et les matières, sont parfois considérées de manière autonome.
Mais les propriétés restent en relation spécifique avec des organes. Ainsi matières, texture
et kinesthésie sont associées au siège.
•
Enfin les jugements sont l’issue de l’appréciation conjointe des objets, de leurs propriétés
et des effets qu’ils procurent et que les usagers ressentent. Le siège par exemple, objet
central dans l’appréciation du confort est associé aux sensations kinesthésiques qu’il
procure au sujet via sa matière, sa texture, sa position dans l’espace.
Le Tableau 12 ci-après reprend les principaux résultats :
385
Eléments
Propriétés associées
SIEGE
VISUELLES : couleur(s) et forme
CONFORT
ESPACE
TACTILES : matières et texture
KINESTHESIQUES : position du corps dans le siège et par
rapport au reste de l’habitacle
SPATIALES : localisation du siège par rapport au reste de
l’habitacle
FONCTIONNELLES : réglages
QUALITE ?
VISUELLES : couleur(s) et forme
SPATIALES : localisation par rapport au reste de l’habitacle
TABLEAU
DE BORD
Jugement
TACTILES : matières et texture
KINESTHESIQUES : position du corps et visibilité
Tableau 12 : Principaux résultats issus de l’analyse des représentations en mémoire sur l’habitacle
L’étude
MEMOIRE
a mis en évidence l’importance primordiale du siège dans les discours
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d’usagers à propos de leurs connaissances et expériences sur les habitacles organisées en
mémoire (non sollicitées perceptivement) ; et ce plus particulièrement, dans des discours
articulés à la notion de confort. Aussi il sera important de développer des études sur la
perception, l’évaluation et le jugement du/des siège(s). Les résultats obtenus après analyse
des propriétés associées au siège et des interactions de sous ensembles avec d’autres éléments
de l’habitacle mettent en avant la nécessité de travailler avec une approche globale, c’est-àdire ne pas séparer les propriétés visuelles, tactiles et kinesthésiques du siège, ni les aspects
fonctionnels et de localisation. Une évaluation du siège doit s’envisager en prenant en compte
toutes ces propriétés et donc ne pas se centrer sur les propriétés visuelles uniquement mais
aussi tactiles et kinesthésiques et intégrer une dimension spatiale où l’espace n’est pas
constitué du siège seul mais d’au moins une partie de l’espace habitacle (par exemple : siège –
volant – planche de bord).
De plus, la mise en évidence de l’autonomie de certaines propriétés valide ainsi leur
étude indépendamment d’un support : il est cohérent d’étudier les matières et les couleurs de
façon autonome (comme cela est déjà le cas dans certaines études sensorielles). Néanmoins, il
reste absolument nécessaire de faire des évaluations globales sur l’objet entier dans la mesure
où matières, texture, couleur, forme restent attachées à des objets particuliers comme le siège
et le tableau de bord ou l’intérieur de manière plus globale. Enfin, les propriétés
kinesthésiques sont à étudier de manière située à la fois dans l’espace (espace construit par
différents objets tels que le siège, le tableau de bord, le volant...) et dans l’action (il faut
pouvoir ajuster/régler sa position). On veillera à proposer aux personnes évaluant ces
propriétés un espace « complexe » ainsi que la possibilité d’agir sur cet espace (réglages du
siège, du volant).
386
L’étude 2D 3D Réel a confirmé l’importance des couleurs et des matières et a permis de
préciser les différents statuts de ces objets sensoriels.
Conclusion
Ainsi, la mise à contribution des divers plans linguistiques, psychologiques et des
méthodologies qu’ils impliquent nous a permis de rendre compte de la co-construction en
discours des phénomènes sensibles, ce qui valide la productivité d’une telle approche qui
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s’inscrit dans la perspective d’un renversement de paradigme par rapport aux recherches
traditionnellement consacrées à l’étude des relations entre langage, cognition et perception.
Nous conclurons sur ce que, à notre avis, ce type de réflexion épistémo-méthodologique peut
permettre dans notre perspective de recherche : connaître plus précisément l’objet d’étude,
être en mesure de produire des inférences sur les constructions cognitives et rendre compte du
caractère hautement culturalisé, socialisé et expérientiel de la sensorialité.
V. Despret insiste dans son interview (Brune, 2007) sur le caractère configurant de la
réflexion épistémologique sur la place de l’observateur : « dès que l’on pense l’observateur,
on repense l’observation ». Nous pouvons y ajouter que dès que l’on pense l’objet à tester et
le dispositif de re-présentation, de matérialisation de cet objet ou de cette partition du monde,
on repense également l’observation.
Ce type de recherche permet de porter un nouvel éclairage sur les connaissances déjà
existantes sur l’expérience visuelle (et notamment des couleurs) comme un discours
particulier et une expérience particulière (partant du sens commun pour aller vers la science et
revenant au sens commun – cf. les taxinomies de P. Selosse). Les études menées nous font
prendre conscience que face à des expériences « nouvelles » non familières, ces discours ne
sont pas opératoires et que les matérialités linguistiques (ici entre autres des co-constructions
ayant produit ces discours savants sur les couleurs) vont servir d’étayage à la construction (de
la matérialité) de l’expérience en cours. Ainsi des objets cognitifs décrits comme ayant une
stabilité, une robustesse scientifique peuvent être tout aussi mouvant que d’autres objets
387
sensibles (tels que les odeurs ou les bruits) qui résistent davantage à la description analytique
psychophysique classique.
C’est le jeu des contraintes et des possibles imposés par les dispositifs de présentation
qui donne à voir / percevoir, qui propose des modes d’interaction sensorielle plus ou moins
familiers et de ce fait qui entraîne, afforde, des pratiques de la couleur (entre autres) comme
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matières à penser et à construire le réel (cf. Warnier, 1999).
388
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389
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390
Conclusion
Nous espérons avoir contribué par ce travail de linguistique cognitive appliquée à préciser les
dynamiques de co-construction entre expériences sensibles, ressources linguistiques, pratiques
discursives et constructions cognitives.
Considérant, d’une part, le caractère global de la question qui nous a été posée par le
partenaire industriel et, d’autre part, la perspective globale de linguistique cognitive
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constructiviste dans laquelle nous avons inscrit ce travail, nous avons construit une démarche
théorique et méthodologique de sémantique cognitive située, articulant des connaissances et
des méthodes propres aux champs de la linguistique et de la psychologie.
Deux enquêtes semi directives ont été réalisées au cours desquelles quatre types de discours
ont été recueillis. À travers la mise en perspective de ces discours recueillis dans différentes
situations perceptives positionnant le locuteur dans des rapports sensibles contrastés à
l’habitacle, nous avons pu approfondir les connaissances en linguistique sur les ressources
linguistiques et les procédés discursifs à l’œuvre dans l’expression du ressenti visuel. En nous
intéressant plus spécifiquement à l’expression de la couleur nous avons pu mettre en évidence
une richesse lexicale, morphosyntaxique et discursive habituellement non prise en compte
dans les recherches en sémantique lexicale s’intéressant à l’expression de la sensorialité, ce
qui nous a permis de revisiter le concept de basic color term.
La construction d’un protocole d’enquête mettant en scène des dispositifs de simulation
visuelle 2D et 3D et des véhicules réels, comme autant de matérialités différentes
d’habitacles, nous a permis, à travers l’analyse contrastive des discours recueillis, de rendre
compte des processus dynamiques de co-construction de l’objectivité et de la subjectivité à
l’œuvre en discours et dans l’expérience sensible. Ainsi, la privation d’indices tactiles et
kinesthésiques dans les dispositifs de simulation a eu des conséquences sur la relation des
sujets à ces habitacles, donnés à voir et co-construits en discours.
Les couleurs sont apparues comme des formes symboliques privilégiées pour reconstruire en discours la matérialité de l’habitacle en se faisant indice de matière, en
391
contribuant à construire la référence aux objets présents dans la scène visuelle, ou en
construisant l’espace. De manière plus générale, nous avons pu également confirmer à travers
ces travaux l’existence de différentes conceptualisations de la couleur, celle-ci pouvant
apparaître comme entité autonome à évaluer, propriété, indice, ou bien comme étayage de la
construction d’un espace visuel.
De plus, nous avons pu mettre en évidence des contrastes entre les deux dispositifs visuels
rendant compte de l’importance des connaissances et « représentations pour l’action / la
perception » dans la construction d’une appréciation visuelle. Le dispositif 2D en tant
qu’artefact matériel transparent, inscrit dans des pratiques quotidiennes, a ainsi permis et
guidé l’évaluation des habitacles présentés à travers lui. Et les formes linguistiques ont
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participé et rendu compte de cette évaluation que nous avons appelée picturale et
contemplative. Le dispositif 3D quant à lui, comme artefact matériel non familier, n’a pas
consisté en une re-présentation d’évidence. Il a suscité des ajustements, un corps à corps non
tangible entre le locuteur, cette matérialité qui lui échappe, et les ressources linguistiques et
discursives qui lui permettent d’échanger et de construire la stabilité et l’invariance dans des
dynamiques discursives.
Cette spécification des statuts des différents dispositifs nous a permis d’évaluer leur validité
écologique, et de fournir des préconisations quant à leur utilisation dans des protocoles
d’évaluation tant au niveau applicatif, qu’au niveau de la recherche académique. A travers ces
questions de simulation, c’est la question de la construction du stimuli qui est abordée et, en
filigrane, celle de l’objectivité du monde.
La mise à contribution des connaissances et des méthodologies propres à la linguistique et à la
psychologie, au service d’un questionnement appliqué, nous a ainsi permis de mettre en
œuvre et de tester la validité d’une démarche que nous qualifions de sémantique cognitive
située.
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404
Université La Sorbonne Nouvelle – Paris 3 – Ecole Doctorale 268 : Langage et Langues
Thèse de Doctorat en Sciences du Langage
Expériences de la couleur,
ressources linguistiques et processus discursifs
dans la construction d'un espace visuel :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
l’habitacle automobile
ANNEXES
Présentée par
Caroline CANCE
Pour obtenir le grade de Docteur de l’Université Paris 3
Soutenue le 4 juillet 2008 devant un jury composé de
Mme Anne BARDOT
Ingénieur docteur (PSA Peugeot Citroën)
Responsable industrielle
Mme Danièle DUBOIS
Directrice de Recherche CNRS
Directrice de la recherche
Mme Agnès GIBOREAU
Ingénieur docteur (Institut Paul Bocuse)
Examinatrice
Mme Mary-Annick MOREL
Professeur (Université Paris 3)
Examinatrice
Mr Robert VION
Professeur (Université d’Aix–Marseille)
Rapporteur
Mr Wolfgang WILDGEN
Professeur (Université de Brême)
Rapporteur
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2
TABLE DES MATIERES
Annexes Chapitre 3................................................................................................................ 5
Combinaisons de couleur et matière présentées dans les trois dispositifs et les deux
architectures véhicule de l’enquête 2D-3D- REEL Plan de passation de l’enquête 2D3D- REEL ..................................................................................................................... 6
Plan de passation de l’enquête 2D-3D- REEL ................................................................ 7
Guide d’entretien de l’enquête MEMOIRE ...................................................................... 8
Guide d’entretien de l’enquête 2D-3D-REEL ................................................................. 11
Enquête MEMOIRE - Durée des entretiens .................................................................... 12
Description du logiciel de Nomino® ............................................................................ 13
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Annexes Chapitre 4................................................................................................................ 23
Répartition par sujet des types et occurrences dans les catégories syntaxiques .............. 25
Répartition par sujet des marques de la personne individuelles et collectives ................ 26
Extraits de corpus ........................................................................................................ 27
Bilan de l’utilisation de Nomino®................................................................................ 41
Annexes Chapitre 5................................................................................................................ 42
Résultats lexicaux......................................................................................................... 44
Inscription syntaxique des formes génériques de couleur.............................................. 48
Autres formes nominales génériques ............................................................................ 50
Les couleurs spécifiques : beige, gris et noir ................................................................. 50
Annexes Chapitre 6................................................................................................................ 52
CORPUS 2D – Enoncés couleur(s) .............................................................................. 54
CORPUS 3D – Enoncés couleur(s) .............................................................................. 59
CORPUS Réel – Enoncés couleur(s) ............................................................................ 62
Enoncés autres formes génériques ................................................................................ 66
CORPUS 2D-3D-Réel – Enoncés beige........................................................................ 72
CORPUS 2D-3D-Réel – Enoncés gris.......................................................................... 77
CORPUS 2D-3D-Réel – Enoncés noir.......................................................................... 81
Tableaux : répartition des énoncés de construction et d’évaluation ............................... 86
3
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4
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Annexes Chapitre 3
5
Combinaisons de couleur et matière présentées
dans les trois dispositifs et les deux architectures véhicule
de l’enquête 2D-3D- REEL
V1
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Beige/bois
Beige/alu
V2
Noir/bois
Noir/alu
Beige/bois
Beige/alu
Noir/bois
Noir/alu
2D
oui
oui
oui
oui
non
non
non
non
3D
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
oui
REEL
non
non
non
non
oui
non
non
oui
Tableau 1 : les différentes combinaisons architecture x couleurs x matières proposées dans les 3 dispositifs
6
Plan de passation de l’enquête 2D-3D- REEL
Dispositifs
Ambiance
1
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2D
2
3D1
3
4
5
Réel
6
3D2
7
V1
Beige Bois
S5, S6
S11, S12
S7, S8
S9, S10
S5, S6
S7, S8
Noir Alu
S7, S8
S9, S10
S5, S6
S11, S12
S9, S10
S11, S12
Beige Alu
S1, S2
S15, S16
S3, S4
S13, S14
S1, S2
S3, S4
V2
Noir Bois
S3, S4
S13, S14
S1, S2
S15, S16
S13, S14
S15, S16
Beige Bois
S3, S4
S1, S2
S1, S2
S3, S4
S9, S10
S11, S12
S5, S6
S7, S8
S13, S14
S15, S16
S5, S6
S7, S8
S13, S14
S15, S16
Noir Alu
S7, S8
S5, S6
S5, S6
S7, S8
S13, S14
S15, S16
S1, S2
S3, S4
S9, S10
S11, S12
S1, S2
S3, S4
S9, S10
S11, S12
Beige Alu
S15, S16
S13, S14
Noir Bois
S11, S12
S9, S10
7
Guide d’entretien de l’enquête MEMOIRE
Remarque : les questions posées1 sont en italique
Phase de mise en confiance
Présentation rapide
Je fais une étude pour plusieurs marques de voiture sur les voitures et leur utilisation … je
vous remercie de bien avoir voulu y participer. On va donc passer 1 h 30 ensemble …
Transition : au sujet des voitures …
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Représentations sur la voiture
•
•
•
•
Alors selon vous une voiture c’est …
Et l’important pour une voiture, selon vous, c’est …?
Qu’est-ce qui vous plaît ?
Qu’est-ce qui vous déplaît ?
Représentations sur votre ou vos voiture(s)
[si le sujet en a plusieurs, le faire parler sur la principale et compléter sur les autres en
explorant les différences / similitudes]
• Et votre voiture pour vous c’est quoi ?
• Qu’est-ce qu’elle représente ?
• Qu’est-ce qui est important ?
• Qu’est-ce qui vous plaît ?
• Qu’est-ce qui vous déplaît ?
• Est-ce que cela dépend des moments ?
[On veut récupérer son lien / rapport à sa propre voiture ainsi que des infos sur quelle(s)
voiture(s) il a l’habitude d’utiliser, ce qu’il vit/fait avec (quand, pourquoi ?) , où il va avec,
avec qui, combien de temps il y passe (+ nb de km) … en bref son expérience, son histoire ]
[On s’attend à ce que les sujets évoquent les notions de confort, qualité, esthétique, … si c’est
le cas, les relancer pour en savoir plus. S’ils n’en parlent pas, les questionner à ce moment
pour savoir ce qu’ils en pensent]
Transition :
donc vous venez de me dire ce qui est important au sujet de votre voiture
•
Vous avez parlé de confort (qualité, esthétique, ou autres notions abordées…) Comment
le caractérisez-vous ? selon les moments ?
[ou si il n’en a pas été question :]
• Si je vous dis confort (qualité, esthétique) Qu’est-ce que c’est pour vous ? Quels sont,
selon vous, les critères de confort ? selon les moments ?
1
rappel : ce n’était néanmoins que des supports pour le questionnement.
8
Représentations sur l’intérieur de votre voiture
•
•
•
•
•
•
Maintenant, au sujet de l’intérieur de votre voiture …
Pour vous c’est quoi ?
Qu’est-ce qui est important ?
Qu’est-ce qui vous plaît ?
Qu’est-ce qui vous déplaît ?
Et quand vous faites … (reprendre les moments qui ont été évoqués avant), qu’est-ce qui
est important … ?
[Reprendre ici aussi les notions de confort, qualité , esthétique].
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Transition : à présent, essayez de vous imaginer que vous êtes à l’intérieur de votre
voiture…
[le suivre dans son imaginaire, et/ou l’aider en reprenant les moments dont on vient de parler,
fermer les yeux, toujours partir de ce qu’il vit, lui faire raconter …]
•
•
•
•
Pouvez vous me dire ce que vous faites ?
Qu’est-ce que vous sentez, ressentez, éprouvez ?
Qu’est-ce que ce que vous voyez ?
Et quand …, que regardez-vous le plus ? (que touchez vous le plus ?) [si la modalité
tactile est abordée]
[Insister sur tous les détails qu’ils donneront ici : on s’attend notamment à rencontrer aspect,
matières, textures, formes, couleurs, reflets … s’ils les évoquent , les faire revenir dessus …]
Transition : Vous venez de me parler de votre voiture et de son intérieur, maintenant quand
vous utilisez une voiture qui ne vous est pas familière, que vous ne connaissez pas… [lui faire
trouver, choisir et raconter une situation vécue]
Découverte et Utilisation de voitures non familières
•
•
•
•
Que faites-vous lorsque vous entrez dans cette voiture ?
Que ressentez-vous ?
Que regardez-vous ? (+ que touchez-vous ? )
Et quand vous êtes dedans ?
Transition : Parmi les situations où vous avez utilisé une voiture que vous ne connaissiez pas,
j’aimerais que vous me parliez de …
1)
•
•
•
•
Contexte d’achat passé
la dernière fois que vous avez acheté/ loué/choisi une voiture … c’était quand
Comment avez-vous fait votre choix ?
Quelle importance avez-vous accordé à l’intérieur de la voiture ?
A quels éléments ?
2) Contexte d’achat futur / potentiel
Maintenant vous êtes sur le point d’acheter une voiture…
• Quelle importance allez vous accorder à l’intérieur de cette voiture ?
• Quels critères seront importants ?
9
•
Quels éléments ?
Intérieur idéal
Enfin, quelles seraient pour vous les caractéristiques de l’intérieur idéal pour une voiture ?
Si vous voulez ajouter d’autres choses, …
transition : enfin, je voudrais vous demander quelques petits renseignements vous concernant
…
Informations générales sur le sujet
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•
•
•
•
•
•
Quel âge avez-vous ?
Vous vivez seul-e, vous avez des enfants … ?
Vous habitez … depuis … ?
Quelles études avez-vous effectuées ?
Que faîtes-vous dans la vie ?
Qu’est-ce que vous aimez ?
(…)
Retour sur l’entretien
•
Pour terminer, j’aimerais avoir votre avis sur l’entretien qu’on vient d’avoir. Qu’en avezvous pensé ?
• Cela vous a paru facile, difficile ? Selon les sujets abordés , selon les questions ?
10
Guide d’entretien de l’enquête 2D-3D-REEL
Présentation de l’étude :
« Je fais une étude sur les habitacles automobiles (…)
Vous allez donc avoir à juger différents types d’habitacles : des maquettes techniques qu’on
teste pour la mise au point de nouvelles technologies et des voitures existantes… »
Installation et mise en confiance
« Ca va ? Vous êtes bien assis(e) ? »
« Vous n’êtes pas malade ? » pour 2D et 3D,
« Je vous laisse regarder un peu pour vous repérer »
+ « Comment vous sentez-vous dans ce dispositif ? »
pour 2D et 3D
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
puis pour chaque ambiance quelque soit le dispositif :
Perception globale de l’habitacle
« Vous allez me décrire ce que vous voyez concernant cet intérieur de voiture… »
« Comment qualifiez-vous cet intérieur ? » / « Comment vous y sentez-vous ? »
« Qu’est-ce qui, pour vous, est important dans cet intérieur ? »
Appréciation des objets de l’habitacle
« Qu’est-ce qui vous plaît/déplait ? Pourquoi ?… »
« Qu’est-ce que vous trouvez bien représenté ici ? »
« Est-ce qu’il y a des choses que vous trouvez insolites ? »
« En temps normal, à quels éléments accordez-vous de l’importance ? »
« Ici, est-ce que cela vous convient ? Pourquoi ?… »
« Si je vous dis confort – sécurité – esthétique – qualité ?2 »
et spécifiquement pour les ambiances vues en 2D et 3D:
« Et par rapport au réel / au virtuel, à votre représentation à vous de l’habitacle en général –
qu’est-ce que vous pouvez me dire ? »
« Qu’est-ce qui est pareil/différent ? Pourquoi ?… »
« A votre avis, qu’est-ce qui manque ? »
« Et par rapport au réel / virtuel qu’est-ce qui manque ? »
« Donc vous avez vu un modèle de voiture – ce modèle vous convient-il à vous, où à quel type
d’utilisateur croyez-vous qu’il soit destiné ? »
Informations sur le sujet
Retours sur l’entretien
« Quels sont les éléments des ambiances réelles qui vous semblent réussis ? Pourquoi… ? »
« Qu’avez-vous pensé de l’entretien ? »
« Cela vous a-t-il paru facile – difficile ? » « Selon les ambiances, selon les questions ? »
2
Ces notions devant être abordées si les sujets ne les évoquent pas d’eux-mêmes.
11
Enquete MEMOIRE - Durée des entretiens
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Identification
des sujets
S1
S2
S3
S4
S5
S6
S7
S8
S9
S10
S11
S12
S13
S14
S15
Moyenne
Ecart-type
Durée de
l'entretien en
minutes
100
60
60
90
90
70
45
90
50
45
125
70
85
65
130
78,3
26,4
Tableau 2 : Durée des entretiens selon les sujets
12
Description de Nomino® (2000)
L'Analyse Linguistique de Nomino (ALN) se déroule en 3 modules :
!
Lemmatisation et Caractérisation Morphologique du Français : elle va permettre de
présenter les résultats sous forme de lemmes (forme canonique : infinitive pour les
verbes, masculin singulier pour les adjectifs, singulier pour les noms) et de repérer les
catégories syntaxiques à partir d'indices morphologiques.
!
Désambiguïsation des Catégories Syntaxiques : elle permet la désambiguïsation des
catégories ambiguës.
!
Dépistage des Unités Complexes Nominales : elle va mettre en évidence les UCN
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
présentent dans les corpus analysés.
Résultats
Une fois l'analyse linguistique de Nomino effectuée sur le corpus, l'interface de Nomino
propose une vue par lexique. Les lexiques sont pour Nomino des listes de mots qui vont être
discriminées sur la base des différentes catégories syntaxiques : liste des noms, des ucn, des
adjectifs, des verbes, des adverbes, des autres formes (tout ce qui n’est pas classé dans les
premières). Il est possible d'obtenir les vues suivant un ordre numérique ou alphabétique. Il
est aussi possible de combiner plusieurs vues : un lexique qui contient tous les noms et les
ucn. On peut également appliquer un filtre sur les listes. Ainsi, on pourra disposer de tous les
adjectifs comprenant la chaîne de caractère –ble (permettant ainsi le repérage des adjectifs
déverbaux construits avec le suffixe –ble).
Les vues par lexique que nous avons utilisées séparent chacune des catégories
syntaxiques que discrimine Nomino. Toutefois, la distinction qu'il opère entre UCN et UCNA
(unités complexes nominales additionnelles) n’a pas été retenue. En effet pour Nomino, les
UCNA sont considérées comme moins stables. Ainsi parmi les UCN, on trouve des
constructions du type N+ADJ (siège rouge), N+de+N (levier de vitesse), N+à+N (boîte à
gants) alors que les UCNA acceptent N+de+det+N (bouton du klaxon), N+autre prep+N
(visibilité sur la route) … etc. Nous avons préféré les regrouper sous l'appellation UCN sans
distinction.
13
Préparation des données pour Nomino
Nomino nécessite un enregistrement des données sous format de codage texte. Une ligne de
commande Fb. est également nécessaire afin de procéder à un découpage des corpus en unités
pertinentes de travail pour Nomino. Placée à la ligne à la suite d'un bloc de texte -mot, phrase,
paragraphe, document-, elle permet de séparer ce bloc de texte des autres ainsi :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
A110 euh. Alors. Voilà il y a déjà ben l'aspect esthétique.
Que ce soit coloré, que ce soit sympa. Euh, il y a les vitres
électriques c'est sympa aussi. Euh, il y a le, des bons sièges tu
vois, où tu es large, tu es bien assise, tu as la tête qui est
appuyée, où tu es pas cassée au bout de deux heures quoi.
Fb.
A112 Euh il y a le fait que, et je pense que c'est vrai que j'ai
une référence de ce côté-là c'est la TWINGO. Elle est, elle est
moche de l'extérieur et à l'intérieur elle est bien faite.
Fb.
Ceci correspond pour Nomino à une base (=corpus pour nous) comprenant deux fiches :
F1 : A110
euh. Alors. Voilà il y a déjà ben l'aspect
esthétique. Que ce soit coloré, que ce soit sympa. Euh, il y a
les vitres électriques c'est sympa aussi. Euh, il y a le, des
bons sièges tu vois, où tu es large, tu es bien assise, tu as la
tête qui est appuyée, où tu es pas cassée au bout de deux
heures quoi.
Et
F2 : A112
Euh il y a le fait que, et je pense que c'est vrai
que j'ai une référence de ce côté-là c'est la TWINGO. Elle
est, elle est moche de l'extérieur et à l'intérieur elle est bien
faite.
Nomino va considérer chacun de nos corpus comme une base composée d'autant de fiches
qu'il y aura de blocs de texte séparés par la ligne de commande Fb. On applique ensuite
l'ALN à l'ensemble des fiches de la base.
Interface de visualisation des donnés via Nomino :
Le logiciel permet de visualiser les résultats comme indiqué dans les figures suivantes :
14
Lemmatisation ici à corriger
Exemples d'ucn" à vérifier
voire à éliminer
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Erreurs de catégorisation :
ici à vaquer dans la
catégorie "autres formes"
Figure 1 : Vue du lexique UCN+UCNA pour le corpus du sujet S1
Figure 2 : Vue du lexique noms du sujet S6
15
Les exemples d'interfaces de résultats sous Nomino des Figure 1 et Erreur ! Source du
renvoi introuvable. permettent de mettrent en évidence quelques unes des erreurs que
commet Nomino (détaillées dans la partie suivante).
Modifications nécessaires à l'exploitation des résultats
Si Nomino propose dans son interface des retours au contexte ils restent fastidieux dès lors
que l'on ne connaît pas le langage dans lequel il a été programmé (FX). De plus, les
modifications effectuées à l'écran sur les lexiques ne sont pas conservées par Nomino. Aussi il
est nécessaire d'exporter les données sur Excel afin de corriger les erreurs et être en mesure
d'exploiter les résultats. On obtient le type de fichier présenté dans le
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
S1
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
ucn
tableau_de_bord
voiture_de_qualité
accident_de_voiture
aspect_extérieur
visibilité_sur_la_route
voiture_de_ville
voiture_moyen
accès_à_la_radio_à_la_musique
air_de_rien
aisance_au_niveau_de_la_communi
aisance_pour_la_conduite
angle_mort
aspect_carrément
aspect_cocooning
aspect_du_matériel
aspect_du_tableau_de_bord
attention_à_la_route
besoin_d_espace
borne_à_faire
Tableau 3:
8
4
2
2
2
2
2
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Tableau 3: Extrait du fichier de résultats bruts du sujet S1 – ucn
Voici les différents types de corrections qu'il a fallu effectuer
1. Les erreurs dues à des fautes d'orthographe oubliées :
Ex1
Ex2
boite dans boite à gant où a été oublié le "^" devient une forme verbale dont le
lemme est boiter.
Essuie glace où le tiret a été omis va donner lieu à l'inscription d'une
occurrence de essuyer dans la liste des verbes.
16
2. Les "inventions" liées à un disfonctionnement de Nomino vis à vis des noms propres
Ex
Xsara a été catégorisé comme forme verbale et lemmatisé en xsarer;
3. Les erreurs de catégorisation de Nomino:
! Confusions entre nom et adjectif
!
Nomino classe mou parmi les noms, alors qu'il est en réalité un adjectif2 (voir ci
dessous un des contextes d'apparition pour S6) :
Ex
!
S6-206 (…) Un, un fauteuil au niveau euh, de l'assise euh assez ferme qui
te tient quand même, un peu, j'aime pas trop par exemple les fauteuils dans
les Citroën c'est tout mou, ça me fout la gerbe, je préfère les trucs un peu
durs, que ça tienne bien. (…)
Nomino classe plastique parmi les adjectifs dans le contexte suivant alors qu’il est
substantif ici :
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Ex
S12- 118 Les sièges on est mal assis mais on s'y fait. Je vois la différence
quand je prends un autre véhicule, sinon je m'en rends pas compte. La
qualité des tissus. Bon ça a tenu quand même dix ans, ça commence à se
dégrader, c'est un peu normal. Sinon quoi ? La qualité ouais de tout ce qui
est plastique bon ça c'est ,ça a pas bien résisté aux uv. Tout ce qui est
plastique en fait s'est détérioré assez rapidement. Commandes, commande
d'aération, xxxxx. Plus que la qualité esthétique ouais ce serait la
robustesse que je vais privilégier.
Ici comme dans de nombreux autres cas, il peut y avoir une confusion qui est liée à
l'existence des deux formes : nominale et adjectivale (il en est ainsi pour plastique
comme pour automobile, idéal mais aussi pour les adjectifs de couleur qui sont
également utilisés comme substantif). Dans ce cas, dans la mesure où Nomino fait
parfois des erreurs, il est nécessaire de reprendre un à un tous ces adjectifs/noms
ambigus et de revenir à tous leurs contextes d'apparition (notons que ceci est très
fastidieux) afin de vérifier leur classement. On utilisera dans les cas ambigus des
tests permettant de prendre une décision par rapport au statut linguistique de
l'expression considérée (cf Kerleroux, 1991).
! Confusions entre nom et verbe
Il arrive aussi que Nomino classe certains verbes présents à l'infinitif dans le
corpus comme des noms. Par exemple :
Ex
S1-90 : (…) Mais quand même une qualité c'est c'est pouvoir, euh, qu'elle
puisse dormir un petit peu n'importe où même si il fait pas forcément,
2
mou en tant que substantif existe bel et bien (je donne du mou à mon chat) néanmoins dans cette étude, il est
évident que ce n'est pas cette acception de mou qui est utilisée.
17
même si c'est pas forcément dans un garage et qu'elle démarre quand même
quand, euh, on en a besoin.
! Confusions entre nom et adverbes/autres formes
On trouve parfois des occurrences de son classées dans la catégorie autres formes,
alors qu'elles ne sont pas des occurrences du déterminant possessif de 3ème
personne son mais du substantif son.
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Ex
S6-214 : Ben je sais pas, j'arrive à voir à peu près au nombre de tour où, où
je suis. Ça me donne des indications par exemple, parce que des fois par
exemple, tu es sur l'autoroute tu roules un peu, à vive allure, je sais pas vers
entre 110, 130 par là, et euh, et des fois t'entends pas forcément le bruit de
ton moteur parce que tu as mis la musique à fond, enfin assez fort pour pas
qu'y ait de bruit et euh, et en fait des fois tu, des fois tu restes en 4ème et tu
es à 110, et tu vois le compte-tour, tu es quand même à, à 5000
tours/minutes je sais pas, tu te dis "ouhlala y a un problème, tu as pas
passé la vitesse". Bon c'est un exemple. Voilà avec le son. Mais bon, je
pourrais faire sans aussi. C'est que j'aime bien avoir ce truc là.
On trouve également des types qui sont classés après correction dans la catégorie
autres formes mais que Nomino a classés comme nom. Il en va ainsi par exemple
de l'interjection hmm lorsqu'elle est encadrée par des signes de ponctuation, ainsi
que de xxx, Bon et de la forme orale de l'adverbe oui : ouais.
! Confusions entre verbe et adjectif
De nombreux adjectifs construits sur une base verbale sont catégorisés par Nomino
comme verbe : ainsi respectivement molletonné, rembourré, prémoulé vont être
comptés comme occurrences de molletonner, rembourrer et prémouler (corpus
S5). De même dans le corpus S9 feutré est catégorisé par Nomino comme une
occurrence de feutrer. Or dans tous ces exemples, ce sont bien comme adjectifs
qu'il faut les considérer.
Ex
S5-154 Donc c'est ça qui est agréable justement dans cette voiture c'est
que les siège sont sont rembourrés, molletonnés, mais voilà ils sont pas
prémoulés.
S9-248 oui et puis ça fait un peu feutré.
! Confusions entre verbe et autre formes
exemple : etcetera devient pour Nomino un verbe dont la forme infinitive est
etceter
18
! Confusions entre adjectif et adverbe
Nous avons aussi rencontré des erreurs quant à la catégorisation d'éléments tels
bien, bon, vrai ou faux (etc …) qui change de statut (adverbe, adjectif, …) suivant
le contexte.
4. Identification d'UCN non détectées par Nomino :
Une autre des limites de Nomino réside dans le fait qu'il ne détecte pas ou de manière non
exhaustive et non satisfaisante les UCN de type adj+N (grosse voiture, belle couleur). Plus
précisément, selon les différentes versions de Nomino utilisées, il est possible qu'un plus ou
moins grand nombre d'UCN de ce type soit identifié (voir Amar et David, 2001, pour le détail
des adjectifs détectés à gauche dans les UCN par Nomino). Dans cette étude, la version de
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Nomino utilisée (Nomino V3) ne permettait pas la mise en évidence de ces UCN3. Il a donc
fallu vérifier de manière systématique les contextes d'apparition de chacun des adjectifs
repérés par le logiciel afin de détecter les cas où ils étaient épithètes à gauche d'un nom. De
nombreuses autres UCN ont ainsi pu être mises en évidence. Remarquons que parmi celles-ci
figurent à la fois de nouvelles UCN (ex : petit véhicule, bonne qualité S12) et des UCN qui
avaient été détectées par Nomino de part leur construction syntaxique à droite du nom ( ucn
détectée par Nomino V3 : véhicule de chargement, UCN complète après vérification : bon
véhicule de chargement).
D’autres UCN ont également été mises en évidence, que Nomino ne considère pas
comme telles. Elles présentent des adverbes en leur sein, modifiant, modulant la plupart du
temps l’adjectif ou les adjectifs placés à droite du nom tête. Ex : position réellement allongée,
ambiance plus chaleureuse.
5. Redondances UCN / noms et adjectifs dans Nomino.
Nomino pose enfin un autre type de problème, celui de surgénération. Celui-ci est rencontré à
la fois au sein des UCN mais aussi transversalement à toutes les catégories syntaxiques. En
effet lorsque l'UCN tableau_de_bord_avec_des_reflet_bleu_en_éclairage 1 est repérée dans
le corpus S11, on trouve aussi reflet_bleu_en_éclairage 1 dans la liste des UCN produites par
3
Elle a tout de même été préférée à d'autres plus récentes qui pour permettre la détection de certaines ucn de
type Adj+N, "élargissent leurs critères de repérage" d'UCN et produisent des expressions qui ne correspondent
plus à une réelle organisation syntaxique nominale.
Ainsi la version Nomino V4.2.4 va mettre en évidence dans le corpus de S15 :
bon_position 1 (bonne position), petit_morceau 1 et petit_détail 1
mais va aussi produire des expressions qui ne sont plus des UCN telles :
régler_rétroviseur 1, passer_dépasser 1, mettre_bois 1, demander_américain 1
19
Nomino. Il faut donc ici être vigilant sur les redondances partielles entre UCN : lesquelles
sont uniquement liées à l'existence des deux formes dans le corpus (ex suivant) et lesquelles
ne le sont pas (ex précédent)
Ex
S11-722 ben l'intérieur idéal, ce que. Est-ce que, ben, je regarderai une voiture.
J'aimerais avoir une voiture qui ait des arceaux de sécurité intégrés.
S11-724 ouais. Ben les arceaux de sécurité, tu sais les voitures de, qui font des
rallyes ou autres.
De plus, au delà de la liste UCN, Nomino va aussi compter dans les catégories
syntaxiques correspondantes les différents éléments qui composent les UCN. Ainsi arceau de
sécurité intégré sera compté comme une UCN d'occurrence 1, mais on retrouvera une
occurrence dans les noms pour arceau, une autre pour sécurité ainsi qu'une occurrence dans
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
les adjectifs pour intégré. Ce type de comptage n’est pas satisfaisant puisqu'il ne permet pas
d'avoir un compte juste de toutes les formes produites par les locuteurs. Aussi il a fallu
procéder à l'élimination de toutes ces redondances. La correction de ces redondances n’a pas
été exhaustive4 : dans les UCN où l'on trouve des déterminants (le), des prépositions (de, en),
des joncteurs (ou), des modulateurs (peu), ceux-ci n'ont pas été éliminés des listes (autres
formes et adverbes) dans lesquelles ils figuraient en double. Les résultats présentés ci-après ne
sont donc pas tout à fait équivalents aux nombres de mot par corpus présentés dans le tableau
xxx.).
Une fois les erreurs corrigées, quelques corrections typographiques ont été effectuées
(remplacement des "_" par les espaces et apostrophes appropriées. Ex : besoin_d_espace "
besoin d'espace) ainsi que la correction des lemmatisations dans les UCN. Si on conserve bien
sûr les formes lemmatisées pour les noms, adjectifs et verbes, il a semblé plus judicieux de
redonner aux UCN leur véritable forme (ainsi voiture moyen redevient voiture moyenne).
6. synthèse de toutes les corrections/vérifications à effectuer
! vérification orthographique pointue du texte avant analyse
! identification de tous les noms propres pouvant entraîner inventions
! vérification de tous les types ambigus (appartenance à plusieurs catégories
possible)
! vérification de toutes les ucn détectées + identification des oubliées (adjectifs à
gauche, adverbes intercalés)
! élimination des redondances (ucn , noms, adjectifs)
4
Notons que toutes ces corrections sont très coûteuses en temps
20
Une fois toutes les corrections effectuées sur les listes individuelles, les résultats de tous les
sujets ont été regroupés par catégorie syntaxique (listes des UCN, des noms, des adjectifs et
des verbes5).
Evaluation du temps et du nombre d’erreurs
La préparation des données, l’analyse des corpus par Nomino, la correction des résultats et la
reconstruction des listes collectives a nécessité 3 semaines de travail (dont 60% du temps pour
les corrections des erreurs de Nomino). Ce qui signifie que pour une heure d’entretien avec un
sujet, ont suivi 5 heures de transcription et 7 heures de traitement Nomino (inclus préparation
des données, analyse, corrections et reconstruction listes), avant de passer à l’analyse à
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
proprement parlé.
5
Nous n’avons pas analysé les listes d’adverbes ni celles comprenant toutes les autres formes. Néanmoins nous
avons extrait de la dernière les marques de la personne (pronoms personnels et déterminants possessifs de 1ère et
de 2ème personne + on).
21
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
22
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Annexes Chapitre 4
23
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
24
Répartition par sujet des types et occurrences dans les catégories syntaxiques
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Catégories
syntaxiques :
Types
S1
S2
S3
S4
S5
S6
S7
S8
S9
S10
S11
S12
S13
S14
S15
Noms
27,0% 24,4% 23,2% 27,5% 25,1% 25,2% 25,4% 26,1% 24,9% 21,9% 29,3% 25,9% 27,8% 26,9% 25,9%
ucn
11,6% 11,2% 14,5% 9,8%
19,4% 13,4% 12,4% 16,2% 10,9% 10,2% 20,6% 17,3% 9,5%
14,6% 17,3%
adjectifs
13,5% 10,2% 11,4% 9,1%
11,7% 11,2% 10,1% 11,8% 7,9%
10,3% 10,4%
Verbes
19,0% 15,6% 17,7% 21,2% 18,5% 16,1% 17,5% 19,0% 16,1% 17,9% 17,9% 16,2% 19,4% 18,9% 19,0%
adverbes
12,7% 13,9% 11,6% 13,7% 11,8% 13,1% 16,6% 9,5%
autres formes
16,2% 24,7% 21,6% 18,7% 13,4% 20,9% 18,0% 17,4% 27,3% 27,5% 16,5% 24,2% 27,0% 19,5% 18,0%
total
100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
10,2% 8,5%
12,9% 12,3% 7,3%
9,0%
7,5%
7,6%
8,7%
9,8%
9,4%
Tableau 4 : Répartition des types selon les catégories syntaxiques
Catégories
syntaxiques :
Occurences
S1
S2
S3
S4
S5
S6
S7
S8
S9
S10
S11
Noms
8,3%
9,7%
7,7%
9,3%
9,3%
9,1%
9,8%
7,1%
9,4%
9,0%
9,2%
11,3% 7,8%
9,0%
8,6%
ucn
1,9%
2,6%
2,6%
1,6%
3,4%
1,8%
2,5%
2,2%
2,8%
2,5%
2,9%
4,1%
1,6%
2,4%
2,8%
adjectifs
3,3%
3,3%
3,9%
2,6%
3,5%
2,5%
4,0%
2,7%
2,8%
3,0%
2,3%
4,0%
2,2%
3,1%
2,5%
Verbes
18,8% 15,8% 20,3% 18,2% 18,9% 17,6% 16,8% 19,2% 16,5% 14,8% 20,3% 18,0% 19,5% 16,6% 18,0%
adverbes
10,7% 16,1% 3,9%
autres formes
57,0% 52,5% 61,6% 53,6% 52,7% 53,7% 54,5% 57,3% 56,4% 55,7% 56,3% 52,9% 57,5% 58,4% 58,8%
total
100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
14,8% 12,1% 15,4% 12,5% 11,6% 12,1% 14,9% 9,1%
S12
9,7%
S13
S14
S15
11,4% 10,6% 9,3%
Tableau 5 : Répartition des occurrences selon les catégories syntaxiques
25
Répartition par sujet des marques de la personne individuelles et collectives
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Marques de la
personne
S1
S2
S3
S4
S5
S6
S8
S7
S9
S10
S11
S12
S13
S14
S15
JE
247
79
314
262
273
373
80
547
67
108
249
121
238
271
465
TU
368
8
5
81
121
198
0
8
0
1
344
5
3
83
14
ON
17
15
64
8
50
20
27
141
19
5
79
43
223
17
131
NOUS
1
0
1
2
11
0
3
7
0
0
1
0
36
0
2
VOUS
0
0
23
0
0
0
0
27
0
0
5
0
4
0
0
633
102
407
353
455
591
110
703
86
114
673
169
504
371
612
total
Tableau 6 : Répartition du nombre d’occurrences des marques de la personne dans le discours de chaque sujet
Marques de la
personne
S1
S2
S3
S4
S5
S6
S7
S8
S9
S10
S11
S12
S13
S14
S15
JE
39,0%
77,5%
77,1%
74,2%
60,0%
63,1%
72,7%
77,8%
77,9%
94,7%
37,0%
71,6%
47,2%
73,0%
76,0%
TU
58,1%
7,8%
1,2%
22,9%
26,6%
33,5%
0,0%
1,1%
0,0%
0,9%
51,1%
3,0%
0,6%
22,4%
2,3%
ON
2,7%
14,7%
15,7%
2,3%
11,0%
3,4%
2,70%
20,1%
22,1%
4,4%
11,7%
25,4%
44,2%
4,6%
21,4%
NOUS
0,2%
0,0%
0,2%
0,6%
2,40%
0,0%
24,5%
1,0%
0,0%
0,0%
0,1%
0,0%
7,1%
0,0%
0,3%
VOUS
0,0%
0,0%
5,7%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
3,8%
0,0%
0,0%
0,7%
0,0%
0,8%
0,0%
0,0%
total
100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Tableau 7 : Proportions d’occurrences des différentes marques de la personne dans le discours de chaque sujet
26
Généralités sur la voiture : Noms
GENERALITES
type
voiture
PARTAGE
20
19
17
16
14
12
12
9
9
8
8
8
7
2
2
10
2
2
2
2
2
SPECIQUE
35
33
32
23
20
Nb de locuteurs
8
4
9
5
5
5
5
2
2
1
1
1
1
1
Nb de locuteurs
PARTAGE
occurrences
occurrences
211
12
vitesse
20
8
12
5
6
1
1
1
1
conduite
route
époque
prix
circulation
calcul
crédit
revente
17
14
12
10
4
2
2
2
SPEC
SPECIQUE
PARTAGE
Nb de locuteurs
7
SPEC
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
PARTAGE
TYPES DE VEHICULE
Nb de locuteurs
type
4
205
5
véhicule
3
Espace
6
Clio
8
marque
7
Renault
7
Peugeot
3
4x4
3
bagnole
5
Scenic
6
modèle
2
Twingo
5
206
2
taxi
2
607
6
Citroën
2
panda
5
diesel
2
4L
2
R25
1
309
1
Austin
1
AX
1
Méhari
1
Saxo
1
Volvo
13
10
9
7
4
6
7
4
4
2
2
2
2
2
2
1
1
1
CIRCONSTANCES
type
occurrences
moment
ville
kilomètre
jour
soleil
autoroute
nuit
péage
soir
Strasbourg
caniveau
Chambéry
chanson
heure
PERSONNES
type
gens
personne
passager
conducteur
mari
parent
ami
père
soeur
passagère
chien
client
copain
cousin
frère
conductrice
facteur
belle-soeur
9
6
2
2
1
1
1
2
2
4
2
2
2
1
occurrences
50
32
19
15
14
13
11
11
11
5
2
2
2
2
2
4
4
2
Généralités sur la voiture : Ucn
TYPES DE VOITURE
type
GENERALITES
occurrences
Nb de locuteurs
2
type
occurrences
grande voiture
6
tenue de route
3
4
petite voiture
6
2
outil de travail
2
3
voiture allemande
6
1
accident de voiture
2
3
bas de gamme
4
1
performance du moteur
2
3
nouvelle voiture
4
1
performance du véhicule
2
2
première voiture
4
1
aspect négatif
1
3
voiture d'occasion
4
1
comportement routier
1
4
voiture neuve
4
1
consommation du véhicule
1
2
dernier modèle
3
1
constructeur automobile
1
2
voiture française
3
1
contrainte financière
1
2
belle voiture
2
1
côté mécanique
1
2
deuxième voiture
2
1
niveau mécanique
1
2
gamme de voiture
2
1
objet utilitaire
1
2
type de voiture
2
1
prix de ma voiture
1
2
vieille voiture
2
2
voiture de location
2
2
voiture personnelle
2
Nb de locuteurs
1
Alfa Roméo
3
4
1
long trajet
6
série limitée
3
1
2
voiture de collection
3
grand trajet
3
marque Renault
2
2
heure de route
2
1
court trajet
2
1
grave accident
2
1
longue étape
2
1
petit chemin
2
1
soleil de face
2
1
aire d'autoroute
1
1
côte d'azur
1
1
pique-nique du mois d'août
1
1
plaque de verglas
1
1
pleine journée
1
1
route secondaire
1
1
trajet en ville
1
1
vacance au ski
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
niveau de gamme
petit 4x4
voiture automatique
voiture d'occasion
voiture familiale
voiture japonaise
voiture kittée
voiture très chère
205 turbo diesel
4x4 BM
4x4 de haut de gamme
4x4 d'un copain
SPECIQUE
P
CIRCONSTANCES
2
2
2
2
2
2
2
2
SPECIQUE
1
P
4
1
1
1
1
1
type
occurrences
1
bonne voiture de ville
1
1
dernière twingo
1
1
marque étrangère
1
1
modèle de voiture
1
Nb de locuteurs
1
nouvelle Espace
1
1
petit épagneul breton
2
1
petite bagnole
1
1
designer un petit peu moderne
1
1
petite citadine
1
1
monsieur tout le monde
1
1
Renault Laguna
1
1
opinion de conducteur
1
1
véhicule commercial
1
1
personne très exigeante
1
1
voiture de course
1
1
vendeur de voiture
1
1
voiture de femme
1
1
voiture de vieux
1
1
voiture de ville
1
1
voiture d'entreprise
1
1
voiture du dimanche
1
1
voiture rigolote
1
1
ZX confort
1
PERSONNES
SPECIQUE
SPECIQUE
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
PARTAGE
Nb de locuteurs
type
occurrences
28
Notions d’appréciation : Noms
CONFORT
P
occurrences
confort
69
SPE
type
14
1
1
1
plaisir
priorité
danger
1
1
1
PARTAGE
Nb de locuteurs
13
5
9
3
2
2
2
QUALITE
type
qualité
fiabilité
problème
finition
solidité
résistance
robustesse
10
2
4
4
2
2
1
bureau
3
1
balcon
2
SECURITE
Nb de locuteurs
8
5
type
sécurité
vitesse
occurrences
16
9
LUXE
occurrences
46
10
5
4
3
2
2
34
2
5
5
3
2
Nb de locuteurs
3
type
occurrences
luxe
3
ESTHETIQUE
SPECIQUE
PARTAGE
Nb de locuteurs
PARTAGE
type
occurrences
6
esthétique
14
8
forme
11
3
esthétisme
11
2
coupe
5
1
1
goût
1
harmonie
1
norme
1
perception
1
1
1
Nb de locuteurs
SPE
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Nb de locuteurs
an
nettoyage
poussière
temps
personnalité
cocon
occurrences
PARTAGE
33
17
11
11
9
9
5
USAGES
type
SPE
impression
choix
critère
idéal
compte
rêve
idée
P
10
7
5
3
7
2
5
Nb de locuteurs
P
PARTAGE
APPRÉCIATION GLOBALE
Nb de locuteurs
type
occurrences
8
11
ESPACE
type
occurrences
espace
30
place
19
2
largeur
3
2
volume
3
1
habitabilité
3
1
taille
2
29
Notions d’appréciation : Ucn
APPRECIATION GLOBALE
SPECIQUE
3
type
ESTHETIQUE
occurrences
voiture idéale
6
Nb de locuteurs
P
P
Nb de locuteurs
2
2
1
voiture de mes rêves
3
1
1
bon standard
2
1
amélioration esthétique
1
1
ambiance de la voiture
1
1
aspect esthétique
1
1
histoire d'affectif
1
1
base d'esthétisme
1
1
histoire de goût
1
1
beauté de la voiture
1
1
intérieur idéal
1
1
changement d'esthétique
1
1
coupe de voiture
1
1
esthétique du véhicule
1
1
esthétique originale
1
1
goût classique
1
1
ligne de la saxo
1
1
ligne du véhicule
1
1
look accrocheur
niveau esthétique de la
voiture
1
1
type
occurrences
SPECIQUE
P
SPECIQUE
occurrences
côté positif
CONFORT
2
2
truc de confort
3
2
confort de la voiture
2
1
confort d'une voiture
2
1
côté confort
2
1
petit défaut
1
1
aspect confort
1
1
aspect confortable
1
1
nouveau concept
1
1
base de confort
1
1
objet de collection
1
1
confort de conduite
1
1
qualité esthétique
1
1
Confort matériel
1
1
style des voitures
1
1
confort supplémentaire
1
1
truc esthétique pur
1
1
critère de confort
1
1
truc mastoc
1
1
élément de confort
1
1
meilleur confort
1
1
petit truc confort
1
1
sens du confort
1
1
standing à l'intérieur
1
1
truc plus confortable
1
1
ESPACE
Nb de locuteurs
1
type
aisance pour la
conduite
occurrences
1
1
besoin d'espace
1
1
bon espace
1
1
bon volume
1
1
contrainte de place
critère de place à
l'intérieur
1
1
1
derrière dégagé
1
1
espace clôt
1
1
espace petit
1
1
grand espace
1
1
1
impression de grand
1
norme de qualité
notion de
professionnalisme
1
1
notion d'espace
1
1
petit espace
1
1
1
1
place à l'arrière
1
petit détail
1
1
1
sentiment de place
1
problème de qualité
1
1
1
taille de la voiture
1
truc de qualité
1
1
voiture plus large
1
1
volume de la voiture
1
QUALITE
type
occurrences
1
qualité de finition
2
1
qualité égale
2
1
seule qualité
2
1
bonne qualité
bonne résistance à la
corrosion
1
1
1
1
1
mauvaise qualité
1
1
SPECIQUE
Nb de locuteurs
SPECIFIQUE
type
côté esthétique
esthétique du véhicule
extérieure
2
Nb de locuteurs
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2
30
Notions d’appréciation : Ucn
USAGES
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
SPECIQUE
côté pratique
occurrences
4
1
petit défaut
1
1
aspect pratique
1
1
côté praticien
1
1
ergonomie pure
1
1
mal de chien
1
1
navette spatiale
1
1
ras du siège
1
1
truc d'utilité
1
1
truc petit
1
1
1
1
truc pratique
coup de chiffon
1
1
entretien de sa voiture
1
1
minimum de propreté
1
1
propreté intérieure
1
1
truc de cigarette
espace de
communication
1
1
SPE
3
type
SECURITE
Nb de locuteurs
type
occurrences
1
sensation de sécurité
1
1
1
sentiment de sécurité
impression de sécurité
1
1
1
petit lieu de sécurité
1
LUXE
Nb de locuteurs
S
P
Nb de locuteurs
1
type
occurrences
truc de luxe
1
1
1
petite maison
2
1
annexe de moi-même
1
1
bout de moi
1
1
côté petite maison
1
1
deuxième maison
1
1
manque de cocooning
1
31
Objets et fonctionnalités : Noms
ELEMENTS DE LA VOITURE
intérieur
13
bouton
47
option
36
33
10
porte
28
9
vitre
25
7
moteur
21
7
radio
20
8
coffre
20
3
dossier
3
élément
3
2
frein
3
2
hayon
3
3
type
réglage
heure
truc
chauffage
problème
ABS
ouverture
soufflerie
électronique
système
utilité
outil
occurrences
11
10
9
6
5
5
1
1
2
2
2
1
LOCALISATION
3
pare-choc
3
2
plancher
2
P
2
1
poignée
cache-poste
2
5
S
3
4
9
12
5
5
3
2
2
1
1
1
1
Nb de locuteurs
1
arceau
4
1
cache
4
1
vitrail
4
1
couchette
3
1
filet
2
1
lampe
2
1
malle
2
1
pièce
2
6
11
9
6
1
Type
hauteur
volant
position
côté
terre
occurrences
13
11
9
6
2
OBJETS RAPPORTES
PARTAGE
Nb de locuteurs
SPE
PARTAGE
clim/climatisation
montre
FONCTIONNALITES
Nb de locuteurs
61
11
2
SPECIFIQUE
151
13
9
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
occurrences
R
T
A
15
siège
E
C
type
Nb de locuteurs
Type
4
8
3
6
6
2
5
1
1
1
1
tuning
bouteille
carte
affaire
truc
connerie
CD
K7
panier
piano
ventouse
occurrences
13
11
10
8
6
5
5
2
2
2
2
32
Objets et fonctionnalités : Ucn
ELEMENTS DE LA VOITURE
12
6
6
15
7
vitre électrique
13
6
type
direction assistée
4
marche arrière
7
2
petit rangement
3
2
changement de vitesse
2
1
fermeture automatique
3
1
condamnation centralisée
2
1
fermeture de porte
2
Nb de locuteurs
12
4
6
1
pack électrique
2
6
levier de vitesse
6
1
commande d'aération
1
5
petit gadget
3
1
commande électronique
1
1
dégivrage arrière
1
1
instrumentation classique
1
1
réglage affiché
1
5
1
réglage de sécurité
1
4
1
réglage simple
1
2
1
système de freinage
1
1
truc sécurité enfant
1
1
boite à vitesse
1
ceinture de sécurité
4
1
dessus de tête
2
1
filtre à particule
2
1
moteur électrique
2
1
petite table
2
1
porte centralisée
2
1
prise arrière
1
rétroviseur extérieur
LOCALISATION
Nb de locuteurs
type
occurrences
2
petite chose
2
2
1
position basse
2
2
1
petit gadget
1
1
espèce de hauteur
1
1
espèce de parallélogramme
1
1
place conducteur
1
1
place passager
1
1
position haute
1
P
4
intérieur des
voitures
siège arrière
4
4
SPECIFIQUE
bon siège
SPECIFIQUE
7
4
4
occurrences
petite chose
intérieur de la
voiture
boîte à gant
1
roue à rayon
2
1
siège enfant
2
1
beau intérieur
1
1
bouton du klaxon
1
1
espèce d'accoudoir
1
1
position initiale
1
1
housse des sièges
1
1
position vraiment agréable
1
1
nouveau pare-brise
1
1
petite lampe
1
1
1
1
1
petite porte
premier portegobelet
table de rangement
1
vulgaire tapis
1
vulgaire vide-poche
Nb de locuteurs
type
occurrences
2
petit truc
8
3
petit gadget
3
1
2
sac à dos
2
1
1
petit sujet
4
1
1
lunette de soleil
2
1
bouteille d'eau
1
1
carnet d'entretien
1
1
carte grise
1
1
carte routière
1
1
emballage de bonbon
1
1
petit gobelet
1
1
petit sapin
1
1
petit tapis
1
1
petite bouteille
1
1
sac à main
1
1
vélo à l'arrière
1
1
verre de soda
1
P
1
OBJETS RAPPORTES
SPECIFIQUE
PARTAGE
68
toit ouvrant
2
SPECIFIQUE
tableau de bord
petit truc
4
2
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
type
FONCTIONNALITES
occurrences
PARTAGE
Nb de locuteurs
33
Caractéristiques des objets : Noms
PARTAGE
SPE
type
cuir
plastique
tissu
matériau
matière
moquette
bois
truc
verre
boiserie
tapisserie
simili
aluminium
coton
occurrences
26
22
17
10
8
7
6
5
5
5
2
4
3
3
FORME
P
2
type
forme
ligne
courbe
occurrences
21
7
2
CARACTERISTIQUES ACOUSTIQUES
Nb de locuteurs
occurrences
type
11
bruit
33
7
musique
19
2
son
5
P
87
12
8
7
6
4
3
3
8
5
6
2
4
4
4
5
2
2
1
1
1
Nb de locuteurs
13
4
S
couleur
lumière
éclairage
bleu
gris
jaune
coloris
luminosité
10
1
insonorisation
4
CARACTERISTIQUES THERMIQUES
Nb de locuteurs
occurrences
type
P
6
2
3
3
1
1
1
Nb de locuteurs
5
température
3
7
2
chaud
air
degré
10
8
5
5
ASPECT GLOBAL
Nb de locuteurs
type
occurrences
P
14
12
10
9
8
7
7
7
7
6
6
6
5
2
2
2
2
2
1
1
1
4
aspect
5
S
SPECIFIQUE
PARTAGE
15
MATIERE ET TEXTURE
occurrences
COULEUR ET LUMIERE
Nb de locuteurs
occurrences
type
SPE
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
PARTAGE
KINESTHESIE …
Nb de locuteurs
type
8
dos
4
visibilité
9
position
6
genou
6
route
4
tête
6
main
3
coude
5
jambe
6
bras
3
ergonomie
4
mal
4
impression
2
geste
2
vibration
1
corps
1
estomac
1
tenue
1
aplomb
1
perception
1
regard
1
allure
2
Caractéristiques des objets : Ucn
KINESTHESIE
4
type
occurrences
MATIERE ET TEXTURE
bonne visibilité
6
Nb de locuteurs
2
position de conduite
6
2
1
bonne vision de la route
2
1
sensation de vitesse
2
1
visibilité sur la route
1
occurrences
1
faux bois
4
1
truc en bois
2
2
1
aspect rigide
1
bonne position
1
1
fausse peau
1
1
champ de conduite
1
1
finition intérieure
1
1
champ de vision
1
1
genre de velours
1
1
crampe du genou
1
1
grosse moquette
1
1
grande jambe
1
1
intérieur cuir
1
1
mal de dos
1
1
intérieur cuir machin
1
1
mauvaise position
1
1
matière naturelle
1
1
position d'assise
1
1
revêtement cuir
1
1
position élevée
1
1
style de plastique
1
1
sensation du corps
1
1
tissu velours
1
1
vue sur la route
1
1
truc synthétique en lycra
1
1
truc un peu dur
1
1
truc un peu plissé
1
1
vrai bois
1
SPECIFIQUE
P
2
Nb de locuteurs
type
occurrences
3
3
belle couleur
2
couleur sombre
3
2
gris foncé
3
2
bleu gris
2
2
couleur claire
2
2
gris clair
2
1
bleu marine
1
bleu bic
3
1
gris bleu
3
1
lumière intérieure
3
1
lumière bleue
2
1
beige un peu roux
1
1
blanc bleuté
1
FORME
Nb de locuteurs
type
occurrences
forme de la voiture
3
1
coupe de la voiture
2
1
espace rectangulaire
2
1
forme agressive
1
1
forme arrondie
1
1
forme de phare
1
1
forme de poire
1
1
truc arrondi
1
1
1
truc bien carré
1
bleu marine bien foncé
1
1
truc rond
1
1
couleur des trucs
1
1
couleur gris ou vert
1
1
dégradé de orange
1
1
lumière noire
1
1
lumière orange
mordoré beige un peu
doré
1
1
1
petit truc lumineux
1
1
rouge bien rouge cerise
1
1
sorte de marron
1
1
superbe couleur
1
1
teinte assortie
1
1
ton gris mauve
1
1
vert amande
1
1
vert pétant
1
1
violet percutant
1
P
SPECIFIQUE
P
couleur orange
1
1
SPECIFIQUE
couleur intérieure
1
CARACTERISTIQUES ACOUSTIQES
Nb de locuteurs
type
occurrences
2
bruit de moteur
2
2
bruit du moteur
2
1
bruit extérieur
2
1
bon son
1
1
bruit des essuie-glaces
1
1
musique à l'intérieur
1
1
pneu sur la route
1
1
sifflement de l'air
1
CARACTERISTIQUES THERMIQUES
Nb de locuteurs
P
1
1
3
6
S
PARTAGE
type
truc rigide
COULEUR ET LUMIERE
SPECIFIQUE
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
SPECIFIQUE
P
Nb de locuteurs
type
occurrences
1
air chaud
2
1
chaleur excessive
1
1
petit peu d'air
1
34
Caractéristiques des objets : Ucn
ASPECT GLOBAL
SPE
P
Nb de locuteurs
type
occurrences
1
aspect extérieur
2
1
aspect rigolo
2
1
allure générale
aspect extérieur de la
voiture
1
1
état général
1
1
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
1
35
Associations thématiques
Associations thématiques
8
2
1
1
1
1
1
1
5
2
2
2
1
1
1
1
2
1
1
1
1
1
2
2
1
1
1
1
2
1
1
1
1
1
3
2
1
1
1
2
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
2
1
Espace x Forme
espace arrondi
1
Types de voiture x Espace
grande voiture assez spacieuse
1
Forme x Eléments x Kinesthésie
forme des sièges plus ou moins enveloppante
1
Kinesthésie x Personnes
tenue du pilote et des passagers
1
Associations les plus fréquentes
Eléments x Matière&Texture
Eléments x Localisation
Fonctionnalités x Eléments
Localisation x Eléments
Types de voitures x Couleur&Lumière
Couleur&Lumière x Eléments
Eléments x Fonctionnalités
Couleur&Lumière x Matière&Texture
Autres associations
occurrences
vitre teintée
ceinture noire
gros bouton rouge
intérieur clair
siège bleu
tableau de bord avec des reflets bleus en éclairage
tableau de bord gris
tableau de bord marron
siège en cuir
siège dur
siège souple
volant en cuir
intérieur bois velours cuir
siège en tissu
siège très mou
tableau de bord en bois
porte arrière
siège de devant
poignée en haut de la porte
siège haut
siège passager arrière
système de téléphone intégré sur le côté
réglage des sièges
réglage du volant
contrôle de pression des pneus
contrôle de rétro
maniement du volant
manipulation de la radio
avancement du siège
haut du pare-brise
hauteur du tableau de bord
position de pédale
position des sièges
position du rétroviseur
voiture blanche
voiture noire
voiture jaune
voiture unie
Espace violet
couleur de l'intérieur
couleur de mes sièges
couleur du tableau de bord
gris des couleurs de la sellerie
lumière intérieure du tableau de bord
bouton de ventilation
coffre rabattable
lunette dégivrante arrière
siège bien réglable
surface de rangement
bleu métallisé
rouge molletonné
marron moucheté
couleur du plastique
confort des sièges
confort de siège
Eléments x Couleur&Lumière
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Formes nominales complexes
Confort x Eléments
36
Adjectifs : Description
Couleur&Lumière
•
Simples
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
gris
Forme
•
Simples
Matière&Texture
•
Simples
Espace
•
Simples
22
gros
11
dur
18
grand
clair
13
fin
10
solide
sombre
11
grand
bleu
10
noir
8
rouge
8
vif
vert
21
12
petit
19
9
mou
8
bas
17
large
8
costaud
6
haut
9
petit
7
robuste
6
immense
6
6
5
souple
4
spacieux
5
8
rond
plein
lourd
3
arrière
3
7
moyen
3
raide
3
étroit
3
jaune
6
long
2
rigide
3
latéral
3
beige
chaud
5
5
énorme
2
extérieur
2
épais
2
2
4
maigre
2
2
2
intérieur
violet
doux
fort
avant
1
anthracite
3
droit
1
fragile
1
droit
1
blanc
3
nu
1
faux
1
proche
1
1
marron
3
plat
1
ferme
riquiqui
1
invisible
2
ovale
1
gras
1
central
1
orange
2
profond
1
humide
1
corpulent
1
1
léger
1
vide
1
massif
1
•
5
synthétique
1
serré
sec
Déverbaux
Déverbaux
doux
2
•
opaque
régulier
1
1
arrondi
inclus
1
sec
1
concentré
3
translucide
1
tordu
1
tendre
1
enfermé
3
épuré
4
•
4
étriqué
coincé
3
2
•
Déverbaux
Déverbaux
4
coloré
5
incliné
1
rembourré
foncé
4
incorporé
1
enfoncé
3
étouffé
2
bleuté
3
incurvé
1
cassé
2
surélevé
2
coordonné
2
moulé
1
caboché
1
agencé
1
bariolé
1
prémoulé
1
détérioré
1
ajusté
1
illuminé
1
•
incrusté
1
arrangé
1
irisé
1
sportif
3
molletonné
1
dégagé
1
rétro-éclairé
visible
1
3
rectangulaire
2
1
4
1
1
mouillé
résistant
élevé
aérien
éparpillé
1
peint
3
fuselé
1
collant
1
espacé
1
uni
2
gondolé
1
branlant
2
fermé
1
brillant
1
monobloc
1
cassant
2
parasité
1
changeant
1
•
soutenu
1
séparé
1
3
surchargé
1
logeable
1
•
Dénominaux
lumineux
•
6
Autres
flashy
Dénominaux
Autres
mastoc
2
lisse
gigantesque
1
•
Dénominaux
granuleux
1
1
fluo
1
inhabituel
1
trash
1
37
Adjectifs : Description
Kinesthésie
•
Simples
grand
4
passif
•
Dénominaux
23
17
fonctionnel
7
2
pratique
possible
optionnel
1
petit
2
facile
11
rudimentaire
4
droit
1
utile
7
supplémentaire
1
imperceptible
1
double
2
utilitaire
1
long
1
dur
2
automatique
3
nu
1
inutile
2
électronique
3
secondaire
2
électrique
2
2
•
Déverbaux
assis
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Fonctionnalité
•
Simples
42
court
1
ergonomique
brinquebalé
1
nécessaire
1
mécanique
2
éveillé
1
précis
1
numérique
1
fatigué
1
présent
1
secoué
1
prêt
1
superflu
1
Comparaison
•
Simples
indispensable
5
petit
pareil
47
38
Acoustique
•
Simples
•
Déverbaux
sourd
2
réglable
3
autre
15
lent
2
capable
2
même
7
décapotable
2
court
2
•
Déverbaux
bruyant
5
démontable
2
dernier
2
diminué
1
maniable
2
mieux
2
insonorisé
1
rabattable
2
précédent
2
isolé
1
accessible
1
prêt
1
réparti
1
disponible
1
équivalent
1
enlevable
1
identique
1
garable
1
similaire
1
inaccessible
1
•
nettoyable
1
différent
palpable
1
comparable
2
portable
1
distrait
2
saisissable
1
serviable
1
utilisable
1
intégré
4
compliqué
3
Thermique
•
Simples
chaud
15
froid
9
frais
1
•
Déverbaux
aéré
1
Propreté
•
Simples
sale
propre
•
6
5
Déverbaux
trempe
1
assisté
2
inadapté
2
bloqué
1
climatisé
1
fermé
1
affiché
1
centralisé
1
dégivrant
1
Déverbaux
10
38
Adjectifs : Jugement
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
•
Simples
•
vrai
bien
173
131
beau
25
joli
17
cher
14
bon
12
génial
10
bizarre
9
dur
9
Déverbaux
•
Dénominaux
important
39
confortable
49
marrant
12
esthétique
10
intéressant
6
basique
3
aberrant
1
camelotique
3
clinquant
1
catégorique
1
courant
1
performant
6
déterminant
1
dangereux
7
plaisant
1
hideux
2
vaillant
1
désastreux
1
fiable
5
foireux
1
incapable
2
harmonieux
1
imperméable
1
précautionneux
1
incroyable
1
prestigieux
1
indéniable
1
sympa
14
simple
9
sobre
8
super
8
nouveau
7
grave (-)
6
minable
1
rare
difficile
6
5
normal
7
regrettable
feutré
1
2
typé
3
essentiel
5
classe
2
agrémenté
1
classique
4
cossu
1
apprécié
1
moche
4
enthousiaste
1
biaisé
1
original
4
excessif
1
branché
1
familial
1
enchanté
1
kitchissime
1
étonné
1
terrible (-)
4
fragile
3
impeccable
3
neutre
3
tranquille
3
triste
3
vieux
3
jeune
2
primordial
2
ridicule
2
affreux
1
satisfait
fini
austère
1
réussi
6
balèze
1
pourri
1
chic
1
puissant
5
chouette
1
rigolo
4
discret
1
drôle
1
extraordinaire
faux
1
1
fameux
1
gai
1
hétéroclite
1
infect
1
monotone
personnel
1
1
positif
1
vulgaire
1
Autres
forcé
1
•
habitué
1
convivial
5
raffiné
1
in
2
sophistiqué
1
bizarroïde
1
terminé
1
cool
1
varié
1
fun
1
parfait
2
grandiose
1
1
14
high-tech
1
kitch
1
speedé
1
39
Adjectifs : Effets
•
Déverbaux
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
agréable
•
Dénominaux
52
agressif
désagréable
5
affectif
1
appréciable
3
pénible
2
insupportable
1
contagieux
1
gênant
5
douloureux
1
chiant
4
intéressant
3
embêtant
3
aveuglant
2
rassurant
2
astreignant
1
endormant
1
fatigant
1
reposant
1
salissant
1
tentant
1
obligé
6
agressé
1
6
40
Bilan de l’utilisation de Nomino
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
L’expérience de Nomino que nous avons eu dans cette étude en regard des analyses effectuées
et des résultats obtenus nous permet de faire quelques remarques concernant sa productivité.
! Cet outil est très pertinent pour alimenter le travail de linguistes recherchant à mettre en
évidence les structures formelles de la langue. En effet ces recherches visent à la
construction de modèles formels explicatifs du fonctionnement de la langue. L’utilisation
de logiciels de TAL va pointer de part les modèles qui régissent chacun d’entre eux leurs
points forts et leurs défaillances, permettant de qualifier la pertinence des modèles sousjacents et d’identifier les problèmes soulevés.
! Ce logiciel est relativement intéressant pour traiter des relations entre langue et cognition.
En effet, il est capable d’extraire des formes linguistiques de corpus important et d’en
repérer la régularité. Ainsi lorsqu’il est utilisé pour des tâches d’indexation ou en
terminologie, il est efficace car il traite des corpus stables, codifiés où la part de consensus
est très importante. Dans notre cas, il a ainsi pu repéré les formes nominales simples, les
formes adjectivales et prédicatives* relativement stables et consensuelles ainsi que des
formes nominales complexes (ucn ou synapsies) dont on sait qu’elles sont de bons
indicateurs des relations entre langue et représentation. Cependant ces formes en cours de
stabilisation dans le lexique sont souvent très spécifiques et idiosyncrasiques*. C’est pour
ces raisons qu’une bonne partie d’entre elles n’a pu être repérée par le logiciel. Ce qui a
demandé quoiqu’il en soit une vérification manuelle et équivaut au final au temps qui
aurait été passé à identifier manuellement ces formes mais qui néanmoins nous a permis
dans le cadre de notre étude de dégager la diversité et la spécificité des modes
d’expression en langue de la sensibilité. De plus nous avons pu mesurer qu’il était
nécessaire et impératif de garder une vision globale des discours, des contextes
d’apparition des formes linguistiques et donc d’être en contact avec les données
« brutes », ie les discours6, il semble qu’il serait plus productif à l’avenir d’extraire les
unités d’analyse sans l’aide de ce logiciel.
! Par contre pour des utilisateurs recherchant à extraire rapidement le contenu des discours
sans recherches spécifiques sur les relations entre formes en langue et contenu, l’intérêt de
l’utilisation de Nomino sera à pondérer par la nature même des données textuelles traitées.
En effet Nomino ne propose pas, à l’instar d’autres logiciels dits « sémantiques » une
organisation automatisée des discours sous la forme, par exemple, de réseaux
sémantiques. S ‘il constitue un outil pour la recherche en linguistique cognitive, sa
« sensibilité » le rend très coûteux pour l’exploration de domaines faiblement lexicalisés
ou pour lesquels il y a peu de consensus entres les divers locuteurs. (comme l’expression
du domaine de la sensibilité et des jugements subjectifs). Aussi des utilisateurs « lambda »
risqueront de se trouver démunis face aux listes de formes syntaxiques proposées dans
l’interface.
6
Ce que nous serons amenés à faire dans la perspective pragmatique de notre questionnement en situation
d’interaction spontanée (3ème partie de la thèse).
41
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Annexes Chapitre 5
42
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
43
Résultats lexicaux
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Lexique COULEUR
couleur
beige
gris
noir
bleu
blanc
coloris
marron
vert
écru
teinte
ton
contraste
uni
rouge
orange
dégradé
ivoire
nuance
tonalité
transparent
coloration
contraster
crème
jaune
monochrome
noircir
orangé
rosé
turquoise
bicolore
blond
contrasté
grisé
marronâtre
nuancé
teinté
violet
TOTAL
TOTAL
2D
3D
REEL
297
117
108
98
72
34
20
19
19
17
16
11
11
8
6
4
3
3
3
3
3
2
2
2
2
2
2
2
2
2
1
1
1
1
1
1
1
1
898
146
42
59
18
55
9
18
1
16
14
10
3
6
5
53
35
27
15
15
13
1
5
2
2
1
2
98
40
22
65
2
12
1
13
1
1
5
6
5
1
2
2
2
1
1
2
2
2
4
1
Termes > 10 occ.
1
1
3
3
1
1
1
1
2
1
2
1
1
1
1
1
2
2
1
1
1
1
1
1
1
419
1
189
290
Tableau 8 : lexique des couleurs en 2D, 3D et REEL
44
Partage lexical entre locuteurs
Nombre
types
occ.
Corpus GLOBAL
Formes lexicales
%
types
occ.
partagées par au moins 2
locuteurs
18
860
47,4%
95,8%
idiosyncrasiques
20
38
52,6%
4,2%
total
38
898
100,0%
100,0%
Tableau 9 : Partage lexical entre les locuteurs et idiosyncrasies dans l’ensemble des corpus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Corpus 2D
Formes
lexicales
Nombre
Corpus 3D
%
Nombre
Corpus REEL
%
Nombre
%
types
occ.
types
occ.
types
occ.
types
occ.
types
occ.
types
occ.
partagées par
au moins 2
locuteurs
13
401
48,1%
95,7%
10
169
43,5%
89,4%
10
266
40,0%
91,7%
idiosyncrasiques
14
18
51,9%
4,3%
13
20
56,5%
10,6%
15
24
60,0%
8,3%
total
27
419
100,0% 100,0%
23
189
100,0% 100,0%
25
290
100,0% 100,0%
Tableau 10 : Formes lexicales partagées et idiosyncrasiques. Répartition en nombre et % pour chaque
dispositif.
Formes lexicales
Nb de locuteurs
couleur
15
beige, gris, noir
13
bleu
12
blanc
9
marron
contraste, ton
6
5
coloris, vert, uni, teinte
4
écru, orange, nuance, crème, jaune
rouge, monochrome, dégradé, ivoire, tonalité,
transparent, coloration, noircir, orangé, rosé, turquoise,
bicolore, blond, contrasté, grisé, marronâtre, nuancé,
teinté, violet,
2
1
Tableau 11 : Formes lexicales dans le corpus GLOBAL et nombre de locuteurs les ayant produits
45
Formes partagées
par 5 loc. ou +
couleur
noir
bleu
beige
gris
blanc
marron
contraste
ton
vert
teinte
coloris
uni
2D
2D
REEL
Global
15
8
15
8
14
13
15
13
12
11
10
6
1
4
2
4
4
3
2
8
7
9
5
2
2
11
8
6
5
2
4
1
1
1
1
12
11
10
6
6
5
5
4
4
4
4
2
2
1
1
2
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Tableau 12 : Partage des termes les plus consensuels entre locuteurs selon les dispositifs.
Termes
idioyncrasiques
Spécifiques du
2D
3D
ivoire
orangé
1
1
1
1
crème
dégradé
1
1
bicolore
contrasté
grisé
noircir
nuancé
turquoise
rosé
transparent
violet
blond
coloration
marronâtre
teinté
tonalité
1
1
1
1
1
1
REEL
1
1
1
1
1
1
1
1
1
1
Tableau 13 : comparaison entre formes lexicales idiosyncrasiques et formes spécifiques d’un dispositif
46
Lexique générique et spécifique
Lexique
générique
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
couleur
coloris
teinte
ton
uni
contraste
dégradé
monochrome
nuance
contraster
tonalité
coloration
teinté
bicolore
contrasté
nuancé
2D
3D
REEL
TOTAL
146
18
10
3
5
6
1
1
2
53
1
1
2
2
98
1
5
6
1
5
2
1
1
1
297
20
16
11
8
11
3
2
3
2
3
2
1
1
1
1
1
1
1
1
3
2
1
OCC
195
61
126
382
TYPES
12
6
12
16
Tableau 14 : liste de formes lexicales génériques dans les 3 corpus
lexique
spécifique
2D
3D
RÉEL
TOTAL
beige
gris
noir
bleu
blanc
42
59
18
55
9
marron
vert
écru
orange
1
16
14
1
35
27
15
15
13
5
2
2
1
40
22
65
2
12
13
117
108
98
72
34
19
19
17
4
ivoire
2
orangé
rouge
jaune
crème
1
noircir
turquoise
2
2
grisé
1
1
1
4
1
1
1
1
2
2
1
1
3
2
6
2
2
2
2
1
transparent
rosé
3
2
violet
marronâtre
blond
1
3
2
1
1
1
1
1
OCC
224
128
164
516
TYPES
15
16
14
22
Tableau 15 : liste de formes lexicales spécifiques dans les 3 corpus
47
Inscription syntaxique des formes génériques de couleur
Déterminants introduisant couleur
Couleur
Ø
Déterminants définis
Déterminants indéfinis
Total
2D
3D
REEL TOTAL
16,4%
9,4%
9,2%
12,8%
69,9% 83,0% 79,6% 75,4%
13,7%
7,5%
11,2% 11,8%
100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Tableau 16 : Déterminants introduisant couleur(s) dans les 3 corpus
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Couleur + !
Déterminants
la
les
des (de+les)
"
des
une
ces
cette
mp (sa)
total
2D
30,6%
34,7%
10,2%
8,2%
2,0%
8,2%
4,1%
2,0%
0,0%
100,0%
3D
36,4%
40,9%
0,0%
9,1%
4,5%
0,0%
0,0%
0,0%
9,1%
100,0%
REEL
46,3%
33,3%
7,4%
1,9%
5,6%
0,0%
3,7%
1,9%
0,0%
100,0%
TOTAL
38,4%
35,2%
7,2%
5,6%
4,0%
3,2%
3,2%
1,6%
1,6%
100,0%
Tableau 17 : Déterminants introduisant couleur(s)+ " dans les 3 corpus
Couleur +ADJ
Couleur(s)+Adj
la
les
une
"
cette
des
ces
de+la
mp (sa)
de+les
Total
2D
17,5%
27,5%
10,0%
12,5%
12,5%
15,0%
5,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100,0%
3D
38,5%
0,0%
15,4%
7,7%
15,4%
7,7%
7,7%
0,0%
0,0%
7,7%
100,0%
REEL
29,4%
11,8%
23,5%
11,8%
5,9%
5,9%
0,0%
5,9%
5,9%
0,0%
100,0%
TOTAL
24,3%
18,6%
14,3%
11,4%
11,4%
11,4%
4,3%
1,4%
1,4%
1,4%
100,0%
Tableau 18 : Déterminants introduisant couleur(s)+Adj dans les 3 corpus
N+prep+couleur(s)
Singulier / pluriel
N+de+Xnom 2D
3D
REEL
TOTAL
singulier
28,6%
33,3%
27,3%
28,9%
pluriel
71,4%
66,7%
72,7%
71,1%
total
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
Tableau 19 : N+prep+couleur(s) au singulier et au pluriel dans les 3 corpus
48
N+prep+couleur(s) 2D
3D
46,4%
28,6%
7,1%
0,0%
7,1%
3,6%
3,6%
3,6%
100,0%
"
de+les
la
les
cette
des
une
ces
total
16,7%
33,3%
16,7%
33,3%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
100,0%
REEL
TOTAL
54,5%
44,4%
18,2%
26,7%
9,1%
8,9%
9,1%
6,7%
0,0%
4,4%
9,1%
4,4%
0,0%
2,2%
0,0%
2,2%
100,0% 100,0%
Tableau 20 : Déterminants introduisant N+prep+couleur(s) dans les 3 corpus
Formes N+prep+couleur(s)
2D
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
DE, DES
AVEC
DANS
3D
REEL
TOTAL
89,3%
66,7%
72,7%
82,2%
7,1%
3,6%
16,7%
0,0%
9,1%
9,1%
8,9%
4,4%
9,1%
2,2%
A
ENTRE
Total
2,2%
Tableau 21 : Prépositions de N+prep+couleur(s) dans les 3 corpus
Couleur de Nom
Couleur+de+N
2D
3D
REEL
TOTAL
singulier
78,6%
90,0%
57,1%
77,4%
pluriel
21,4%
10,0%
42,9%
22,6%
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
total
Tableau 22 : Couleur+de+N au singulier et au pluriel dans les 3 corpus
Couleur+de+N
2D
3D
REEL
TOTAL
"
7,1%
0,0%
0,0%
3,2%
la
57,1%
80,0%
57,1%
64,5%
cette
0,0%
10,0%
0,0%
3,2%
une
14,3%
0,0%
0,0%
6,5%
les
7,1%
10,0%
14,3%
9,7%
de+les
7,1%
0,0%
0,0%
3,2%
aux (à+les)
7,1%
0,0%
0,0%
3,2%
des
0,0%
0,0%
28,6%
6,5%
total
100,0%
100,0%
100,0%
100,0%
Tableau 23 : Déterminants introduisant couleur+de+N dans les 3 corpus
49
Autres formes nominales génériques
Autres Formes
Génériques nominales
3D
R
TOTAL
SING
PLUR
SING
PLUR
SING
PLUR
SING
PLUR
DET+Xnom Ø
64,3%
35,7%
33,3%
66,7%
81,8%
18,2%
67,9%
32,1%
DET+Xnom+ADJ
71,4%
28,6% 100,0%
0,0%
66,7%
33,3%
72,7%
27,3%
DET+NOM+PREP+Xnom
25,0%
75,0% 100,0%
0,0%
40,0%
60,0%
35,7%
64,3%
DET+Xnom+PREP+NOM
71,4%
28,6%
0,0% 100,0% 100,0%
0,0%
72,7%
27,3%
DET+Xnom+ET+NOM
DET+Xnom+NOM
Total AFG Nominales
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2D
0,0% 100,0%
100,0%
0,0%
61,0%
39,0%
0,0% 100,0%
50,0%
50,0%
66,7%
33,3%
0,0% 100,0%
100,0%
0,0%
62,0%
38,0%
Tableau 24 : Inscription syntaxique des formes génériques nominales de couleur singulières et plurielles
dans les 3 corpus
Les couleurs spécifiques : beige, gris et noir
Spécificités des formes nominales selon les dispositifs :
Déterminants
"
2D (62)
3D (36)
R (66)
TOTAL
8,1%
8,3%
28,8%
16,5%
le
66,1%
61,1%
39,4%
54,3%
un
3,2%
13,9%
18,2%
11,6%
du
11,3%
13,9%
7,6%
10,4%
ce
6,5%
2,8%
6,1%
5,5%
les
4,8%
0,0%
0,0%
1,8%
100,0%
100,0%
total
100,0% 100,0%
Tableau 25 : répartition globale des déterminants introduisant les noms beige, gris, noir dans les 3
dispositifs
BGN
2D (62)
3D (36)
R (66)
TOTAL
40,3%
50,0%
34,8%
40,2%
8,1%
16,7%
13,6%
12,2%
Xnom+et+N
29,0%
2,8%
15,2%
17,7%
Xnom+de+N
6,5%
8,3%
12,1%
9,1%
N+de+Xnom
11,3%
19,4%
18,2%
15,9%
4,8%
2,8%
6,1%
4,9%
100,0%
100,0%
Xnom
Xnom+A
Xnom+N
total
100,0% 100,0%
Tableau 26 : Inscription syntaxique globale des noms beige, gris et noir dans les 3 corpus
50
Spécificités des 3 couleurs suivant les 3 dispositifs :
déterminants
beige
2D (23) 3D (22)
gris
R (2)
noir
2D (33) 3D (10)
R (11)
2D (6)
3D (4)
R (32)
"
4,3%
9,1%
30,4%
9,1%
10,0%
27,3%
16,7%
0,0%
28,1%
le
69,6%
72,7%
34,8%
63,6%
40,0%
18,2%
66,7%
50,0%
50,0%
un
4,3%
13,6%
21,7%
3,0%
20,0%
36,4%
0,0%
0,0%
9,4%
du
13,0%
4,5%
13,0%
12,1%
20,0%
9,1%
0,0%
50,0%
3,1%
ce
4,3%
0,0%
0,0%
6,1%
10,0%
9,1%
16,7%
0,0%
9,4%
les
4,3%
0,0%
0,0%
6,1%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
0,0%
total
100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Tableau 27 : Déterminants introduisant les noms beige, gris, noir dans les 3 dispositifs
beige
Formes nominales
complexes
2D
23
occ.
3D
22
occ.
gris
R
23
occ.
2D
33
occ.
3D
10
occ.
noir
R
11
occ.
2D
6 occ.
3D
4 occ.
R
32
occ.
det+Xnom
39,1% 54,5% 43,5% 39,4% 40,0% 27,3% 50,0% 50,0% 31,3%
det+Xnom+ET+det+N
30,4%
8,7%
27,3%
0,0%
Xnom+Adj
13,0% 13,6% 17,4%
6,1%
20,0% 36,4%
Xnom+N
4,3%
4,5%
4,3%
6,1%
0,0%
Xnom+prep+N
0,0%
4,5%
13,0%
9,1%
10,0% 18,2% 16,7% 25,0% 15,6%
N+prep+Xnom
13,0% 18,2% 13,0% 12,1% 30,0%
4,5%
18,2% 33,3%
9,1%
0,0%
0,0%
18,8%
0,0%
25,0%
3,1%
0,0%
0,0%
6,3%
0,0%
0,0%
25,0%
Tableau 28 : inscription syntaxique des noms beige, gris et noir dans les 3 corpus
51
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Annexes chapitre 6
52
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
53
CORPUS 2D – Enoncés couleur(s)
Det+couleur(s)
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2D-V1-BB S7 P2 G11 : autant les formes c’est toujours : c’est toujours identique ‘fin : bien qu’i’ y a : ‘fin la
couleur donne de : / cette couleur euh : je sais pas si c’est euh : , , écru ou beige ché pas ‘fin cette couleur écrue
là
2D-V1-BB S8 P2R7 : une couleur comme ça avec des p’tits carrés c’est nan c’est : ‘fin j’ trouve que c’est : que on
a beaucoup d’mal ‘fin j’ m’vois vraiment pas utiliser ce type : ce type de siège avec ces couleurs quoi c’est pas
l’type du siège c’est la couleur qui : qui m’gêne
2D-V1-NA S6 P2 D6 : c’est une portière en métal à côté du : ‘fin bah en fait le : la couleur j’trouve , ,
2D-V1-NA S6 P2 D23 : m , , c’est trop classique la couleur euh :
2D-V1-BA S3 P2 M56 : oui oui c’est la couleur
2D-V1-BA S4 P2 A1 : ah : ,
, c’est mieux bon la couleur est toujours à chier le bleu < rire > c’est l’ bleu de
m(a) machine à laver
2D-V1-BA S12 P2R7 : ‘fin sauf la couleur évidemment
2D-V1-NB S2 P2 S5 : mais il est toujours aussi trash quoi , , < rire > et euh : i’ va mieux pa’ce qu’ la :la couleur
elle est plus foncée ‘fin la couleur générale est plus foncée
2D-V1-NB S3 P1 M 44 : alors oui c’est euh : la couleur ‘fin on voit je suppose que c’est la couleur d’ la voiture
extérieure qui est bleue
2D-V1-NB S15 P2De52 : je n’ m’arrête pas à la couleur ni aux détails
2D-V1-BB S8 P2R7 : une couleur comme ça avec des p’tits carrés c’est nan c’est : ‘fin j’ trouve que c’est : que
on a beaucoup d’ mal ‘fin j’ m’ vois vraiment pas utiliser ce type : ce type de siège avec ces couleurs quoi c’est
pas l’ type du siège c’est la couleur qui : qui m’gêne
2D-V1-BB S9 P2GS23 : alors qu’ une couleur par exemple euh : je vois une voiture noire ou bleue foncée
intérieur avec du bois qui rehausse te donne une notion d’ confort , , tu vois là ils ont fait il me semble une petite
erreur euh : ils auraient dû accompagner le faux bois autour du volant
2D-V1-BB S9 P2GS21 : euh : si tu veux en matière de couleur , , le bleu qui est une couleur que j’adore est une
couleur froide
2D-V1-NB S4 P1 A36 : ouais, , bon déjà i(l) y a toujours cette histoire de bleu qui n(e) va pas du tout avec le
noyer et à côté d(e) ça t(u) as du gris là i(l)s auraient pu mettre une couleur qui rappelle un tout p(e)tit peu j(e)
trouve (en)fin plus chaude quoi
2D-V1-BB S7 P2 G11 : autant les formes c’est toujours : c’est toujours identique ‘fin : bien qu’y a : ‘fin la couleur
cette couleur euh : je (ne) sais pas si c’est euh : , , écru ou beige ché pas ‘fin cette couleur écrue là
2D-V1-BB S7 P2 G8 : mais alors les couleurs les assortiments d’ couleurs alors là ça m’ plaît pas du tout
2D-V1-BB S7 P2 G15 : alors euh les couleurs c’est d’un goût douteux j’ trouve
2D-V1-BB S7 P2 G74 : pa’que que les couleurs ‘fin : une voiture ça ça ça subit quand même pas mal de choses
ça subit ça subit la nourriture ça subit la pluie
2D-V1-BB S9 P2GS1: bon c’est l’ même modèle hein : , , il() y a qu’ les couleurs qui ont changé
2D-V1-NA S7 P1 G105 : c’est : les couleurs bah déjà le marron le beige c’est , , c’est : c’est bon c’est pas des
couleurs très modernes
2D-V1-NA S10 P1M9 : les couleurs , , peut-être le diamètre du volant
2D-V1-NA S10 P1M11 : non j’ crois qu’ c’est tout c’est les couleurs qui donnent , , on a l’impression qu’ c’est
quelque chose de très intimiste
2D-V1-BA S3 P2 M39 : la : ,
, non ché pas pa’ce qu’ j’ai l’impression d’avoir froid dans cette euh : dans cette
voiture c’est la la vraiment les couleurs
2D-V1-BA S12 P2R13 : bah euh : certain’ment les couleurs
2D-V1-BA S13 P2C52 : oui j’ pense que c’est les couleurs qui font ça
2D-V1-NB S1 P2 O15 : bah confort j’ai l’impression que j’ serais mieux dans celle là que dans l’autre, , et j’
pense que c’est ouais les couleurs
2D-V1-NA S10 P1M8 : euh : j’ pense que je (ne) sais pas ce sont peut-ëtre les couleurs
2D-V1-NB S14 , , par contre c’ que j’ai critiqué un p’tit peu à l’autre de couleurs euh : c’est un truc de personnes
âgées , , j’ préfère ça si vous voulez pour mon âge
2D-V1-BA S12 P2R2 : euh : les lumières plus vives ‘fin les : : les couleurs plus vives , , c’est vrai qu’on n’a pas
parlé des couleurs tout à l'heure
2D-V1-NA S8 P1R21 : euh au niveau au niveau des compteurs euh i(l n’) y a pas vraiment une grande recherche
et j(e) trouve que on revient toujours dans les mêmes couleurs dans les orangés (...) c’est euh bon c’est bien
quand c’est quand c’est Hallowen enfin le reste du temps c(e n’)est pas c(e n’)est pas génial maint(e)nant euh on
fait des trucs qui sont qui sont largement plus sympas que ces que ces couleurs
54
Prep+(Det)+couleur(s)
2D-V1-BB S7 P2 G68 : euh : simplement au visuel à la couleur hein
2D-V1-BA S3 P2 M31 : m : mmm ,
, ché pas pourq / bah c’est p(eu)t être lié à la couleur mais euh : je
pense que c’est l’auto radio au milieu
2D-V1-BA S4 P2 A60 : oui on a l’impression d’être dans son salon < rire < c’est dû à la couleur ça j(e) crois
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2D-V1-BB S9 P2GS21 : euh : si tu veux en matière de couleur, , le bleu qui est une couleur que j’adore est une
couleur froide
2D-V1-BB S5 P1 A34 : ça peut être tout ça peut être au niveau couleur aussi ä
2D-V1-BA S3 P2 M3 : bah alors là là au niveau couleur j(e) n’aime pas
2D-V1-BB S9 P2GS7 : bah j’attribues déjà c’est l(e) même modèle hein , , qui a été : bon on l’a fait évoluer au
niveau d(e) la couleur en mettant des plastiques différents
2D-V1-NA S10 P1M51 : par rapport à l’habitacle général qui est quand même harmonieux au niveau des
couleurs euh : ça (ne) donne pas une impression d(e) nett(e)té , , j’aurais voulu plutôt un uni tu vois au niveau du
siège
2D-V1-NB S3 P1 M11 : bah moi j’aime bien euh : (en)fin j(e) suis sensible au niveau des couleurs , ,euh : et
j’aime bien là la partie bois euh :
2D-V1-BA S13 P2C21 : bah pa(r)ce que là j(e) trouve que ça fait plus froid (…) P2C24 : nan [à cause] plutôt de
la couleur du gris
2D-V1-BB S8 P2R21 : celle-la là celle qu(i) est ici qui : qui bah qu(i) est en bois ben : ouais voilà j(e) trouve
qu’elle (ne) s’intègre pas du tout , , à cause de quoi certain(e)ment à cause des couleurs
2D-V1-NB S1 P2O5 : j(e) pense que ça fatiguait tandis que c(el)ui là t(u) as ça fatigue moins (...) quand tu te
tapes euh quatre de trajets j(e) pense que t(u) es moins fatigué dans c(el)ui là que dans l’autre (...) à cause des
couleurs
2D-V1-NA S5 P2 A5 : c’est plus sobre ça a l’air plus sportif final(e)ment (...) à cause d(e) justement ces
couleurs de ces touches de métal de (...) et d(e) cette sobriété
2D-V1-NB S14 P2G28 : oui on les voit moins : moins futuristes du fait des couleurs
2D-V1-NA S10 P1M12 : donc qui rétrécit en fait la : la lumière mais de par les couleurs parce que c’est bleu
donc i(l) y a une dominante de bleu
2D-V1-BB S7 P2 G5 : et pour l’intérieur c’est c’est : (en)fin pour les couleurs j(e) veux dire c’est c’est différent
c(e) que : la manière dont j(e) me sens
2D-V1-BB S7 P2 G58 : peut-être un p(e)tit peu plus soignées du fait que : du fait que ce soit plus complexe en fait
qu’on ce soit plus penché sur le design sur les couleurs etcetera j(e) me dis que peut-être peut-être les finitions
sont plus soignées mais sinon bon euh :
2D-V1-BB S11 B28 : euh : là sur les couleurs les couleurs claires ça m(e) va bien moi j(e) trouve ça gai c’est
euh :
2D-V1-BA S2 P1 S122 : bah général(e)ment c’est pour les p(e)tites voitures qu(e l’)on rigole un peu sur les
couleurs
Det+couleur(s)+et+Det+N
2D-V1-BA S14 P1G95 : j(e ne) trouve pas belle (en)fin c’est un problème de goût hein mais j(e ne) la trouve pas
belle , , pas pas belle dans sa forme et dans sa couleur la même réflexion que ça
2D-V1-NB S2 P2 S54 : (il) y a qu’ les matières et les couleurs ouais , ,
2D-V1-NA S7 P1 G153 : alors esthétique le : l’esthétique ça va être encore les formes et les couleurs dont j’ai
parlé tout à l’heure hein
2D-V1-BB S6 P1 D63 : euh : les couleurs et : et les formes
2D-V1-NA S7 P1 G89 : euh : ça fait vraiment plastique pourri etcetera mais d’un côté j’aime bien sa forme et sa
couleur ‘fin tout à l’heure j’ le voyais plus le le bleu était mieux dessiné
2D-V1-BA S14 P1G43 : la forme et la couleur
2D-V1-BA S13 P2C25 : pour le confort euh : : ça fait ça fait j’ai l’impression que oui c’est plus froid par les
couleurs et puis le matériaux peut-être , , tout à l’heure j’avais dit qu(e) ça faisait une impression de velours
dans : l’intérieur des portes
2D-V1-BB S7 P2 G3 : c’est i(l) y a des : c’est-à-dire que bon i(l) y a des : c’est : c’est exactement pareil au niveau
des formes et au niveau des couleurs donc au niveau de : de l’image qui m’a été envoyée c’est là c’est
différent
2D-V1-NB S14 P2G36 : nan nan l’uniformité et la couleur les deux, , plus de goût si vous voulez
2D-V1-BA S14 P1N123 : d’accord et i(l) y a que les lignes qui vous font penser au futurisme ou i(l) y a d’autres
éléments
P1G123 : oh et un peu de contraste et couleur(s) sûr(e)ment (...) avant on faisait toujours les
tableaux foncés en faisant ça on tire vers le futurisme bientôt si vous voulez ils vont nous les faire
tout blancs hein
55
adj+couleur
2D-V1-BA S4 P2 A49 : pa(r)ce qu’i(l) y a deux couleurs pa(r)ce que c’est bicolore
2D-V1-BB S7 P2 G59 : le design et aussi le fait qu’i(l) y a trois couleurs ça rajoute des formes
2D-V1-NB S4 P1 A34 : alors que : ça mérit(e)rait une autre : couleur je trouve
2D-V1-BA S3 P2 M30 : alors que dans l’autre ça passait pa(r)ce que c’était la même couleur mais là euh :
2D-V1-BA S2 P1 S78 : qui qu’il a tout fabriqué lui-même et pi(u)s même les pneus i(l)s sont d(e) la même
couleur quoi
2D-V1-NA S7 P1 G154 : ce design ces formes arrondies cette euh : cette couleur inox un peu là qui m(e) plaît
vraiment euh : ce combiné d(e) bleu et vert est aussi sympathique bon les aut(r)es couleurs elles sont
banales sinon le tableau d(e) bord j(e) le trouve assez banal (en)fin c’est un tableau d(e) bord euh :
2D-V1-NB S1 P2 O2 : avec euh : ce n’est pas les mêmes couleurs c’est tout
2D-V1-NB S14 P2G31 : ah non c’est les mêmes couleurs
2D-V1-NA S8 P1R21 : euh : au niveau : au niveau des compteurs euh : i(l n’) y a pas vraiment une grande
recherche et : , , j(e) trouve que on revient toujours toujours dans les mêmes couleurs dans les orangés
2D-V1-BA S13 P2C18 : on peut revoir d’une vue de face , , et l’espace paraît plus large avec ces nouvelles
couleurs
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Couleur+adj
2D-V1-NB S2 mais il est toujours aussi trash quoi , , < rire > et euh : i(l) va mieux pa(r)ce qu(e) la : la couleur
elle est plus foncée (en)fin la couleur générale est plus foncée
2D-V1-BA S4 ouais , , bon en changeant les sièges et la couleur extérieure < rires >
2D-V1-BB S9 euh : si tu veux en matière de couleur , , le bleu qui est une couleur que j’adore est une couleur
froide
2D-V1-NA S10 quoiqu(e) ce soit une couleur froide on a quand même l’impression qu’i(l) y a un
rétréciss(e)ment du champs visuel
2D-V1-BB S6 la couleur claire les sièges et puis le tableau d(e) bord
2D-V1-BA S14 c’est la couleur claire qui fait futuriste , , c’est-à-dire qu(e) si vous voulez la voiture euh : ma
génération ou même avant c’était un engin d(e) déplac(e)ment
2D-V1-BB S6 la couleur blanche et la couleur bois c’est original , , on (ne) les voit pas souvent , , et euh :
2D-V1-BA S4 P2 N79 : ouais d’accord et alors sinon tu penses que c’est destiné à qui ce : ce type d’intérieur !
P2 A79 : oh plus pour les ouais les vingt cinq trente cinq
P2 N80 : ouais
P2 A80 : ouais plutôt pour j(e) pense que les femmes aiment bien aussi c(e)type d’intérieur
P2 N81 : à cause de quoi
P2 A81 : bah justement d(e) cette couleur euh beige et qui fait chic euh sans s(e) faire
remarquer quoi
2D-V1-BB S7 P2 G22 : maint(e)nant par contre ce cette couleur écrue me plaît mais euh : mais euh : ouais
nan c(e n’)est pas mal cette couleur écrue ça donne de la luminosité
2D-V1-BB S7 P2 G22 : maint(e)nant par contre ce : cette couleur écrue me plaît mais euh : mais euh : ouais
nan c(e n’)est pas mal cette couleur écrue ça donne de la luminosité
2D-V1-BB S7 P2 G11 : autant les formes c’est toujours : c’est toujours identique (en)fin : bien qu’i(l) y a : (en)fin
la couleur donne de : / cette couleur euh : je (ne) sais pas si c’est euh : , , écru ou beige ché pas (en)fin cette
couleur écrue là
2D-V1-BA S15 P1De104 : et toujours pareil cette couleur écrue là qui est : beige j(e) vous ai dit tout à l’heure
mais enfin bon c’est : c’est difficile à définir exactement , , euh : par rapport aux autres couleurs du tableau
d(e) bord et puis des autres couleurs du bas d(e) la portière et tout ça c’est choquant c(e n’)est pas : : (...) c(e
n’)est pas harmonieux
2D-V1-BB S7c’est c’est un peu spécial euh j(e) trouve que ça (ne) colle pas du tout (en)fin à côté du gris c(e
n’)est pas c(e n’)est pas beau à côté de de l’écru ça tranche (en)fin c’est c’est tout bizarre quoi (..) disons qu(e)
le gris passe pour une couleur bon assez classique assez normale à laquelle on est habitués voilà (P2 G1718)
2D-V1-BB S6 P1 D26 : bah i(l ne) donne pas de : il a pas d(e) forme particulière ni de couleur particulière
j’peux pas t’dire si on est bien d(e)dans ou pas quoi
2D-V1-BA S13 bon i(l) y a des couleurs différentes
2D-V1-BA S13 des couleurs différentes oui : , , je (ne) sais pas si l’autoradio est tout à fait l(e) même , , j(e
ne) m(e) souviens plus trop
2D-V1-NB S13 bah euh : la l’avant central avec les deux deux couleurs différentes avec chaque bord bah ça
on en voit beaucoup
2D-V1-BA S12 ouais pas spécial(e)ment d(e) l’alu mais des couleurs vives euh : , , ça paraît plus gai etcetera
,
, j(e) suis plus attiré vers cet intérieur là que vers le précédent
2D-V1-BB S6 bah j’aime bien les couleurs claires
2D-V1-BB S7 c’est très banal et euh :les couleurs claires c’est pour des gens soigneux alors ça correspond
très bien aux personnes âgées
2D-V1-BB S11 euh : là sur les couleurs les couleurs claires ça m(e) va bien moi j(e) trouve ça gai c’est euh :
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2D-V1-BB S7 voilà mais bon encore une fois c’est clair donc c’est : ça permet p(eu)t-être de s(e) sentir plus à
l’aise ces ces couleurs claires j(e) pense peut-être je (ne) sais pas
2D-V1-NB S15 i(l) y a une unité dans l’ensemble euh : , , les couleurs intérieures qui est plus agréable à
part euh : je (ne) sais pas à part le bleu du rétroviseur ça ça correspond à quoi ä
2D-V1-BB S10 couleur très claire comme ça j’sais pas comment l’utilisateur va pouvoir la garder
2D-V1-BB S7 c’est non seul(e)ment un mélange de matière et aussi de couleurs et qui plus est de couleurs
très originales
2D-V1-NA S7 c’est : les couleurs bah déjà le marron le beige c’est , , c’est : c’est bon c(e n’)est pas des
couleurs très modernes
2D-V1-BA S13 peut-être pa(r)ce que j’ai dit tout à l’heure plus velouté pour une femme et là plastique des
couleurs plus froides pour un homme , , mais bon
2D-V1-BA S12 euh : les lumières plus vives (en)fin les : : les couleurs plus vives , , c’est vrai qu’on n’a pas
parlé des couleurs tout à l'heure
2D-V1-NB S2 oh bah l’ensemble avec les fauteuils euh :les couleurs un peu sombres
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2D-V1-BA S2 P1 S123 : pour les grosses voitures on essaie toujours de faire des comme elles coûtent une
certaine somme on essaie de faire des couleurs un peu un peu sérieuses (...) et donc j(e) me doute que
c’est pour ça que c’est une petite voiture
Couleur+Nom
2D-V1-BB S6 la couleur blanche et la couleur bois c’est original , , on (ne) les voit pas souvent , , et euh :
2D-V1-BB S7 ché pas (en)fin : i(l) y a : (en)fin la couleur du centre ça doit être une une couleur bois (en)fin ça
doit être une imitation acajou ou un truc comme ça ché pas c’est :
2D-V1-BB S7 c’est ça m(e) paraît c(e) qu’i(l) y a d(e) plus classique mais alors en contraste avec ce ce : cette
couleur bois
2D-V1-BA S4 pour moi c’est la couleur canapé , , ouais , , euh : main(t)nant c’est assez joli c’est plus : , ,
c’est plus joli ça c’est sûr
2D-V1-NA S7 ce design ces formes arrondies cette euh : cette couleur inox un peu là qui m(e) plaît vraiment
euh : ce combiné d(e) bleu et vert est aussi sympathique bon les aut(r)es couleurs elles sont banales sinon le
tableau d(e) bord j(e) le trouve assez banal (en)fin c’est un tableau d(e) bord euh :
Couleur+de+Nom
2D-V1-BB S9 nan euh : dans ce cas d’espèce , , et de ce fait c’est plutôt une couleur de pays chaud plutôt
qu’une couleur de pays tempéré comme les nôtres pour des intérieurs de voiture , , alors
2D-V1-NB S4 non , , non pa(r)ce que j(e n’)aime pas c(e) qu(i) est bois d(e) noyer < rire > ni la couleur de la
bagnole , , non non pa(r)ce que justement ça essaie de faire riche alors que : ça n’a rien de : chic
2D-V1-NB S3 alors oui c’est euh : la couleur (en)fin on voit je suppose que c’est la couleur d(e) la voiture
extérieure qui est bleue
2D-V1-NB S15 bah il est en harmonie avec la couleur d’ensemble euh : , , c’est un siège normal , ,
2D-V1-BB S7 ché pas (en)fin : i(l) y a : (en)fin la couleur du centre ça doit être une une couleur bois (en)fin ça
doit être une imitation acajou ou un truc comme ça ché pas c’est :
2D-V1-BA S2 (en)fin la couleur du rétro pardon
2D-V1-BB S8 alors qu’est-c(e) qui m(e) choque , , bon déjà la couleur du siège , , alors le siège
2D-V1-NA S8 voilà bon la couleur des sièges euh : j(e n’)aime pas mais après ça c’est vraiment des goûts qui
sont personnels euh : j(e ne) pourrais pas expliquer pourquoi euh : si (en)fin euh : j(e) trouve que ça fait : , , ça
fait un peu siège (en)fin siège inach(e)vé (en)fin :
2D-V1-NB S13 bah esthétiqu(e)ment euh : la couleur de bois euh : du bois c’est :
2D-V1-NA S8 euh : voilà , , euh : au niveau au niveau du : d(e) la console centrale pareil j(e) trouve que : c’est
euh : ça fait vraiment en fait , , bon tout à l’heure j(e) parlais d’aluminium mais ça fait vraiment davantage
plastique euh : ayant couleur d’aluminium quoi
2D-V1-NB S14 ah certain(e)ment pas non , , les couleurs de l’autre vont mieux avec les formes futuristes , ,
non ça j(e n’)aime pas ça du tout hein
2D-V1-BA S15 et toujours pareil cette couleur écrue là qui est : beige j(e) vous ai dit tout à l’heure mais enfin bon
c’est : c’est difficile à définir exactement , , euh : par rapport aux autres couleurs du tableau d(e) bord et puis
des autres couleurs du bas d(e) la portière et tout ça c’est choquant c(e n’)est pas : : (...) c(e n’)est pas
harmonieux
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N+prep+couleur
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2D-V1-BA S4 P2 A2 : alors j’aurais du mal à avoir une voiture de la même couleur , , nan elle est mieux
2D-V1-NB S14 P2G13 : non c’est la façon d(e) le faire < X > peut-être ils auraient fait un bois d’une autre
couleur , , mais alors ça c’est vilain c(e n’)est pas beau
2D-V1-NB S3 P1 M46 : et donc moi ce : c(e) que j(e) n’aime pas du tout c’est les rétros de la : de couleur
2D-V1-BB S7 P2 G75 : ça subit euh : ça subit la poussière euh : ça subit est-c(e) que : je (ne) sais pas euh : j(e
n’)ai jamais vu de : de tableau d(e) bord de cette couleur écrue là
2D-V1-NB S14 P2G15 : moi j’aurais dessiné un tableau d(e) bord , , on m’aurais d(e)mandé un tableau d(e)
bord avec des couleurs j(e n’)aurais sû(r)ement pas fait ça hein pa(r)ce que j(e) trouve que ça (ne) va pas
ensemble , , qu’est-c(e) qui irait je n(e) sais pas mais en tous cas j(e n’)aime pas hein
2D-V1-BB S8 P2R7 : une couleur comme ça avec des p(e)tits carrés c’est nan c’est : (en)fin j(e) trouve que c’est :
que on a beaucoup d(e) mal (en)fin j(e ne) m(e) vois vraiment pas utiliser ce type : ce type de siège avec ces
couleurs quoi c e n’)est pas l(e) type du siège c’est la couleur qui : qui m(e) gêne
2D-V1-BB S7 si c(e) n’est de la : un renvoi d(e) lumière , , de cette couleur écrue là
2D-V1-BA S15 P1De46 : bah j(e) vous dis c’est une question de : de couleurs je pense
2D-V1-BB S10 P2M14 : c’est un peu chaotique hein comme harmonie d(e) couleur
2D-V1-BB S10 P2M5 : ouais c’est plus chic une harmonie d(e) couleurs
2D-V1-BB S10 P2M7 : (en)fin i(l) y a une harmonie d(e) couleurs entendons nous hein j’sais pas si elle
correspond à c(e) qu’i(l) y a à l’extérieur pa(r)ce que l(e) bleu marine dehors euh : i(l) pète hein
2D-V1-NB S14 P2G21 : l’harmonie des couleurs
2D-V1-BB S5 P1 A37 : euh : m là l’assemblage des couleurs euh : l(e) gris foncé et l(e) beige (n’)est pas
forcément très habile (il) faudrait p(eu)t-être quelque chose de plus nuancé quoi en tous cas
2D-V1-NA S5 P2 A30 : mais j(e) préfère nett(e)ment clair(e)ment l’assemblage des couleurs
2D-V1-NA S5 P2 A21 : alors c’est p(eu)t-êt(r)e exactement l(e) même mais j(e n’)en sais rien mais euh : le fait est
qu(e) l’unité des couleurs avec ce volant là va mieux j(e) trouve final(e)ment , , maint(e)nant on parlait d(e) la
sécurité tout à l’heure (en)fin ça (ne) change quasiment rien j’ai l’impression , ,
2D-V1-NB S14 P2G12 : là euh : le mélange des couleurs (ne) me plaît pas mais j(e ne) peux pas vous dire , ,
moi j(e) trouve que ça et ça ça (ne) va pas ensemble ça et ça ça (ne) va pas ensemble , , ça et ça c(e n’)est pas
joli c’est moche
2D-V1-BA S15 P1De47 : ah oui je crois , , pa(r)ce que c’est i(l) y a un trop grand mélange de couleurs par
rapport , , i(l) y a des coloris foncés , , i(l) y a le : le : la console par elle-même c’est un : un gris acier
2D-V1-NA S5 P2 A3 : bah maint(e)nant c’est mieux euh : puisque : (en)fin ça correspond plus à c(e) que j’attends
d’une voiture pour le coup euh : i(l) y a une certaine unité des couleurs que j(e) préfère
2D-V1-BB S7 P2 G8 : mais alors les couleurs les assortiments d(e) couleurs alors là ça (ne) m(e) plaît pas du
tout
2D-V1-BA S15 P1De96 : c’est un peu nu et puis euh : toujours cette euh : cette cette différence de couleur
dans l(e) tableau d(e) bord
2D-V1-BA S15 P1De76 : bah encore une fois ça s(e)rait un peu : les différences de couleurs j(e) trouve ça un
p(e)tit peu choquant
2D-V1-BA S2 P1 S88 : (en)fin tu vois ça aurais été mieux si ça avait été euh : soit ça euh : soit ça rester dans
trois gammes de couleurs j(e) trouve que ça suffie largement
2D-V1-NB S14 P2G21 : mauvais choix des couleurs , , mauvaise euh : harmonie , , j(e) dirais une bagnole
qu(i) a vieilli et qu(i) est pleine de vert de gris , , c’est vrai ils ont été cherché des complications ici , , ils ont été
cherché des complications là
2D-V1-BA S12 P2R24 : la définition paraît légèr(e)ment mieux alors je pense que ça vient aussi du fait du
chang(e)ment d(e) couleur
2D-V1-BA S15 P1De100 : non c’est peut-être aussi cette sensation de : dans la couleur là et puis : et ce : : et
la console centrale là ces : : , , ces boutons dont on n(e) sait pas à quoi ils servent
2D-V1-BA S2 P1 S115 : non c’est pa(r)ce que c’(en’)est pas c(e n’)est pas (en)fin (il) y a les histoires tu vois
d’alliance de couleurs moi ça me ça me gêne en fait
2D-V1-BB S7 P2 G40 : c’est non seul(e)ment un mélange de matière et aussi de couleurs et qui plus est de
couleurs très originales
2D-V1-BBS7 P2 G52 : nan oui mais c’est c’est sûr qu(e) l’esthétisme est original ça i(l n’)y a aucun doute (...)
mais euh m mais dans l’assortiment des matières et des couleurs mais mais justement (en)fin j(e) trouve que
c’est (en)fin c(e n’)est pas d(e) mauvais goût mais c(e n’)est pas d’un bon goût
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CORPUS 3D – Enoncés couleur(s)
La couleur
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
3D-V2-BB S1 - S2O57 : euh : ouais il est très au niveau esthétique au niveau (en)fin d(e) la : la vue (en)fin ché
pas , , ils peuvent faire la même chose (en)fin avoir les mêmes éléments présentés d’une aut(r ) façon quoi , ,
p(eu)t-être qu’en changeant la couleur euh
3D-V2-NA S7 -S1G36 : pas la forme mais la couleur est futuriste j’aime bien cet espèce de : de : de bleu ciel , ,
euh : voilà
3D-V2-NA S7 -S1G77 : et euh : la couleur (en)fin i(l n’) y a pas tell(e)ment d(e) couleur dans le : mais oui ça m(e)
paraît ça m(e) paraît (en)fin oui là tu vois par exemple les pare-soleil les pare-soleil je (ne) sais pas en quoi
doncque par conséquent i(ls n’)ont pas d’originalité sur la matière déjà
3D-V2-NA S8 -S1R27 : c’est à peu près tout c(e) que j’ai à dire , , en tous cas l’image la : la couleur me plaît
voilà c’est : c’est typiqu(e)ment la couleur de l’intérieur que j(e) recherche dans ma voiture , ,
3D-V1-BA S4 - S2A3 : si je reviens à la couleur qu(i) est sans doute bleue à l’extérieur S2 A4 : c’est moche <
rire >
3D-V1-NB S13-c’est plutôt du plastique S1C39 : et bine euh : ben l’impression que j’en ai avec la couleur , , ça
ça luit un p(e)tit peu , , la matière luit alors que au-dessus euh : c’est plus mat
3D-V1-BA S4 - S2A36 : et les sièges aussi paraissent euh : confortables un peu baquets bon la couleur est
toujours à chier mais : , , tu vois là l’entourage le fait que l’entourage là soit style inox
3D-V1-NB S14 -S2G20 : c’est lourd de forme , , c(e n’)est pas très joli de couleur de ton , ,
Les couleurs
3D-V2-BB S3 - S1M65 : j(e) pense que des des couleurs qui absorbent la lumière sont plus euh : reposantes ,
, mais alors ça
3D-V2-BB S3 - S1M32 :les couleurs sont , , moins tranchées doncque
3D-V2-NA S5 - S2A7 : euh : le fait que : euh : i(l n’) y ait pas de volonté d(e) créer euh : le confort par euh : par du
faux bois par du cuir ou quoi qu(e) ce soit euh : les couleurs
3D-V1-BA S1 - S1O49 les couleurs tout ça (en)fin ça a un aspect un peu ludique (en)fin ché pas , , ouais ça
m’inspire un peu un aspect ludique c’est vrai , ,
3D-V1-BA S4 -S2A98 : ouais et les femmes moi j(e) trouve quand même (…) les couleurs
3D-V1-BB S7 -S2G53 : tout à l’heure autant les couleurs me choquaient ensemble mais là ça m(e) choque
moins pa(r)ce que les couleurs sont moins sont moins nettes hein
3D-V1-BB S8 -S2R11 : bon euh :les couleurs sont trop claires trop claires pour moi
3D-V1-BA S2 - S1S40 : mais :les couleurs là sont plus : sympas comme ça , ,
prep+couleur(s)
3D-V1-NA S9 - S1GS19 euh : je pense que le sigle est un peu trop voyant aussi ,(…): bah [à cause] de la
couleur euh : tu (ne) vois que ça si tu veux , , j(e) vais t(e) dire dans cette voiture on rentre et i(l) y a trois
choses qu’on voit
3D-V1-NB S14 -S2G19 : non , , à cause de sa forme , , de sa couleur [à cause] de sa couleur beaucoup hein
, , c’est lourd c’est très lourd
3D-V1-BA S1 - S1O22 : ouais l’autre ça m(e) faisait une impression de toc et de : : t(u) sais j’avais l’impression
qu(e) c’était , , là on a plus l’impression qu(e) ça qu(e) ça respire le confort euh : -à travers même les couleurs
euh : , ,
3D-V2-NA S7 -S1G77 : et euh : la couleur (en)fin i(l n’) y a pas tell(e)ment d(e) couleur dans le : mais oui ça
m(e) paraît ça m(e) paraît (en)fin oui là tu vois par exemple les pare-soleil les pare-soleil je (ne) sais pas en quoi
doncque par conséquent i(ls n’)ont pas d’originalité sur la matière déjà
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tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
La couleur + adj
3D-V2-BB S3 - S1M88 : m : , , dans une autre couleur peut-être
3D-V2-BA S15-S1De43 : bah c’est assez nu , , bon bah là le tableau d(e) bord aussi il est des deux couleurs , ,
bon bah le fait qu’i(l n’)y ait pas un rappel plus foncé en-d(e)ssous euh : c’est beaucoup plus agréable beaucoup
plus : :
3D-V2-BB S3 - S1M59 : et puis bonbah deux couleurs euh : à l’intérieur euh : nan ça me : décidément beige et
euh : j(e) vois gris ché pas si c’est noir hein j(e) vois gris euh : , ,
3D-V1-NB S15 -S2De11 : la la couleur extérieure on la voit un peu trop
3D-V1-NB S15 -S2De31 : oui oui mais enfin non dans l’ensemble la sensation d(e) sécurité est correcte oui , ,
nan c(e) que j(e) n’aime vraiment pas beaucoup c’est d(e) voir la couleur extérieure par contre
3D-V1-NB S15 -S2De32 : si la couleur extérieure est en harmonie avec les couleurs d(e) l’intérieur j(e) veux
bien mais alors là euh : , , le bleu par rapport aux tons du tableau d(e) bord c’est : c’est choquant
3D-V1-BB S6 - S1 D37 : confort : , , euh : ouais super confort ça fait vraiment agréable ça fait canapé un peu la
couleur blanche ché pas ça (ne) fait pas : ça (ne) fait pas intérieur de voiture ça fait intérieur de maison quoi
3D-V2-NA S11-B46 : ouais nan j’sais pas euh : ouais j(e) trouve ça le fait que ce soit rond euh : encore une fois
comme c’est tout flou euh : la couleur là blanche enfin blanche ou gris qui est très lisible et euh : qui donne un
p(e)tit côté aluminium d’ailleurs
3D-V2-NA S8 -S1R6 : euh : les compteurs : les compteurs ont l’air assez sympas justement on n(e) retrouve pas
cette couleur orangée que j(e) déteste tant
3D-V1-BB S7 -S2G33 : alors euh : les ventilateurs et la poignée c’est le : c’est le : euh : cette couleur brillante3D-V1-BB S7 -S2G42 : et : et c’est comment dire , , oui c’est simple et en même temps ça reste euh : ça reste
euh : (en)fin c’est : (en)fin les formes les plus évoluées (ne) sont pas forcément les plus complexes quand même
, , c’est une forme simple avec un matériau spécial une couleur spéciale qui forme un tout qui est euh : , , qui
est moderne et qui vient c’est une forme euh : donc rectangulaire qui vient s’intégrer encore une fois dans une
forme triangulaire arrondie
Les couleurs+adj
3D-V2-BB S3 - S1M62 : euh : j(e) pense que ça peut être gênant d’avoir des couleurs trop claires euh : m
lorsqu’i(l) y a beaucoup d(e) luminosité (en) fin ça c’est vraiment personnel
3D-V1-NB S13 S1C60 : ben euh l’impression elle semble assez chaude (…) bah de ce sûr(e)ment à cause de
ces couleurs mates pas trop luisantes comme dans l(e) deuxième modèle qu’on a vu ça m(e) paraissait plus
classique partout là ça fait un effet un effet tissu un peu
La couleur+N
3D-V1-NA S11 -B6 : pa(r)ce que si j(e) regarde là-bas j(e) vois du : j(e) vois du couleur aluminium si j(e)
regarde la porte droite et la ventilation droite euh : (en)fin je (ne) sais pas c’est blanc ou aluminium
La couleur de N
3D-V1-NB S15 -S2De10 : bah là on voit la couleur de la voiture peut-être un peu choquant final(e)ment
3D-V2-NB S10-S2M45 : d’autre part si la couleur de la voiture extérieure est bleue euh : pour moi i(l ‘n) y a
aucun rappel à l’intérieur c(e) qui me dérang(e)rait un p(e)tit peu à la limite
3D-V2-NA S8 S1R27 : c’est à peu près tout c(e) que j’ai à dire , , en tous cas l’image la : la couleur me plaît voilà
c’est : c’est typiqu(e)ment la couleur de l’intérieur que j(e) recherche dans ma voiture ,
3D-V1-BA S4 - S2 A95 : oui si on m(e) l’offrait oui < rires > autrement comme j(e) te dis j(e ne) suis pas sûre que
j(e) choisirais cette couleur d’intérieur
3D-V2-NA S7 -S1G37 : la luminosité du ouais les numéros du compte-tour de : et d(e) l’aiguille et d(e) la
couleur de l’aiguille c’est la même
3D-V1-NB S12 -S1R56 : c’est : à peu près bien respecté (ne)fin j(e) dirais c’est bien respecté , , donc on s(e)
sent on s(e) sent bien ,
, c(e) qui est dommage c’est qu’on n(e) voit pas bien les : tout c(e) qui est par rapport
au compteur et tout ça qu’on (ne) voit pas les chiffres qu’on (ne) voit pas la couleur des aiguilles correctement
euh : : les : les diodes digitales et tout ça on (ne) voit pas très bien , , c’est : ça manque un peu ,
3D-V2-NA S8 –S1R3 : j(e n’)aime toujours pas les : les sièges enfin non la couleur du siège en fait , , le siège
dans lequel j(e) suis assis fait un peu : un peu sport
3D-V1-BA S1 -S1O36 : euh : j’arrive pas à voir c(e) qui (il) y a sur l(e) levier d(e) vitesse là ouais la couleur du
d(e)ssus du levier d(e) vitesse , , c’est p(eu)t-êt(r )e pa(r ) ce que j(e) vois mal là euh :
3D-V1-BA S1 -S1O31 mm bah oui mais encore bah si j’ai une impression d(e) qualité je : (…) la couleur des
matériaux leur aspect j(e) les ai pas touchés mais : là ça r(e)ssort plus que sur l’image on a l’impression ché pas
(je ne sais pas) qu(e) c’est (en)fin qu(e) c’est confort quoi ,
, on a l’impression qu(e) c’est costaud quoi
3D-V1-NB S15 -S2De32 : si la couleur extérieure est en harmonie avec les couleurs d(e) l’intérieur j(e) veux
bien mais alors là euh : , , le bleu par rapport aux tons du tableau d(e) bord c’est : c’est choquant
60
le N des couleurs
3D-V2-BA S14-S1G55 : c’est un problème de goût de goût de la forme , , ou de goût de la couleur mais en fait
on (ne) peut pas l’expliquer puisque c’est en soi , , on dit moi j’aime les choses carrées moi j’aime les choses
rondes, ,
3D-V1-BA S2 - S1S59 : pa(r)ce que j(e) pense que : il (ne) faut pas trop de : ,
, de : chang(e)ment d(e)
couleur alors peut-être que j(e) me trompe pa(r)ce que j(e) sais pas si c’est la machine qui (ne) marche pas bien
3D-V2-NA S5 - S2 A7 : (…) i(l) y a une certaine unité des couleurs avec qui sont juste rel(e)vées par euh : par
des touches de métal ou des touches grises
3D-V2-BA S14-S1G60 : quand je cherchais l’harmonie dans l’autre voiture c’est l’harmonie , , l’harmonie des
couleurs l’harmonie des formes
3D-V1-NA S10 -S1M31 : bon euh : l’harmonie entre les couleurs alors là ça m(e) pose un problème pa(r)ce
que je (ne) vois pas très bien là actuell(e)ment mais j’ai l’impression qu(e) la même chose que tout à l’heure en
premier , , et i(l n’) y a pas d(e) relation entre l’extérieur et l’intérieur
3D-V1-BA S1 - S1O11 : euh : : bah c’est l(e) même habitacle avec les mêmes couleurs
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
3D-V1-BB S7 -S2G30 : les : les matériaux et les couleurs euh : le tissu du siège passager c’est l(e) même euh :
i(l) y a toujours ce mélange d’écru de bois et de : de gris enfin là j(e) le vois presque noir c’est un gris très foncé
euh : et p(u)is ici le vert
61
CORPUS Réel – Enoncés couleur(s)
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Det+couleur(s)
R-V2-BB S9 GS47 : bon i(l) y a la couleur qui : : elle est un peu trop claire pour moi hein
R-V2-BB S10 M5 : bah c’est l(e) même hein sauf que l(e) siège (n’)est pas l(e) même (en)fin la couleur , , nan si
les p(e)tits carreaux là tiens oui j(e) les ai déjà vus tout à l’heure , , nan elle fait luxe
R-V2-BB S6 D19 : euh : donc voilà par contre ça fait beaucoup plus confortable quoi , , ché pas si c’est la
couleur sûr(e)ment déjà euh : ça fait beaucoup plus confortable euh : par contre une impression de : de : de : de
petitesse plus que dans l’autre
R-V2-BB S6 D33 : la couleur euh : le : le bois euh : les : les , , toutes les lignes c’est pareil quoi le côté chromé
un peu quand même qui r(e)vient euh : tous les p(e)tits boutons ché pas moi
R-V2-BB S6 D36 : bah comme dans l’aut(r)e quoi le côté carré je n'aime pas les lignes je n'aime pas la couleur
j’aime moins qu’en : qu’en simulation et euh : et puis voilà (de) toutes façons dans l’autre j(e) préférais les lignes
qu’i(l) y avait ce n'était pas l(e) même tableau d(e) bord ce n'était pas l(e) même : , ,
R-V2-BB S8 R5 : c’est-à-dire le confort est exactement l(e) même euh : bon i(l n’) y a pas d’option massage i(l n’)
y a pas j(e ne) vois pas l’option siège chauffant bien que je n' en ai pas b(e)soin aujourd’hui le siège il est très
bien à cette température là mais euh : bon après i(l) y a toute la notion d(e) confort qui : que j(e) trouvais presque
normale qu’il n’y ait pas dans la voiture juste avant et que : qui me manque dans dans cette voiture parc(e) que
je : la couleur veut que ça va m(e) donner l’impression d’avoir une voiture un peu plus luxueuse et : dans une
voiture plus luxueuse je vais avoir euh : besoin d’avoir d’avoir ce confort supplémentaire que j(e)n’ai pas , , en
effet euh : j’ai j’ai un confort supplémentaire euh : j’ai euh : des lève-vitre électriques euh : à l’arrière
R-V2-BB S8 R60 : bah c’est la couleur qui me tend à : : penser ça voilà je : , ,
R-V2-BB S13 C8 : i(l) y a plein d(e) choses , , déjà tout d(e) suite quand j(e) suis montée c’est euh : j(e) pense
c’est la couleur , , pourtant on avait dit les sièges beige ça doit être drôl(e)ment salissant ça
R-V2-NA S1 O8 : les sièges euh : je n'aime pas la couleur , , elle est triste quoi le le les couleurs sont tristes très
tristes et euh : j(e) trouve que ça manque de goût , , même voir euh les sièges les motifs tout ça ça manque de
goût j(e) trouve , ,
R-V2-NA S1 O55 : m : non , , nan rien de sur le plastique > c’est euh : j(e) crois qu(e) la couleur a un rôle très
important en fait
R-V2-NA S4 A49 : la couleur et puis les matériaux si tu veux
R-V2-NA S9 GS8 : oui l’accoudoir ça c’est gênant , , oui alors elle est plus la couleur est plus sobre quand
même
R-V2-NA S9 GS21 : bah : la couleur si tu veux , , d’un seul coup on a : on a du beige et noir et là c’est un gris
foncé et et : proche du noir
R-V2-NA S9 GS22 : oui c’est le fait que la couleur est la même partout tiens , , et je pense que du point d(e) vue
entretien c’est une voiture qui est plus facile plus facile à entret(e)nir
R-V2-NA S9 GS37 : oui pa(r)ce que si tu veux l’autre si tu veux là c’est chouette parce que t(u n’)as pas b(e)soin
d(e) réfléchir parce que c’est la même tonalité partout et qu(e) tu sais exactement où tu es là t(u) es trompé pas
la couleur
R-V2-NA S10 M20 : alors peut-être que bon ce n'est pas très féminin ça c’est sûr mais bon : euh :la couleur
(n’)est pas mal , ,
R-V2-NA S10 M63 : nan elle est bien celle-là moi j’aime bien la couleur
R-V2-BB S13 C15 : je (ne) sais pas peut-être de la couleur euh :
R-V2-NA S2 S21 : de la couleur
R-V2-NA S1 O54 : comme voiture euh : nan nan si j’avais à choisir euh : si j’ai l(e) choix ce n'est pas celle-là que
j(e) prends quoi pas cette couleur en tous cas
R-V2-BB S2 c'est des couleurs qui me conviennent
R-V2-BB S2 c'est des couleurs que j'aime pour une voiture
R-V2-NA S4 A102 : pa(r)ce que ce sont vraiment des couleurs et p(u)is j(e) te dis i(l n’)y a pas d(e) rondeurs
euh :
62
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R-V2-BB S1 enfin si les couleurs ont là mais il n'y a pas l'aspect
R-V2-BB S1 bah l'image qu'on en a, enfin euh le visuel quoi, les couleurs tout ça c'est les mêmes un peu plus
fade dans le virtuel
R-V2-BB S2 ouais c'est une voiture de femme (…) bah les couleurs et la taille quoi un peu un peu chic
R-V2-BB S4 A103 : j’ai quand même une impression oui de : , , p(eut)-être pa(r)ce que les couleurs euh : font
que : elles sont quand même très présentes tu vois
R-V2-BB S6 D2 : que celle d’à côté sauf que i(l) y a les couleurs qui changent c’est tout et la : et c’est tout
R-V2-NA S1 O8 : les sièges euh : je n'aime pas la couleur , , elle est triste quoi le le les couleurs sont tristes
très tristes et euh : j(e) trouve que ça manque de goût , , même voir euh les sièges les motifs tout ça ça manque
de goût j(e) trouve , ,
R-V2-NA S1 O27 : confort ä , , < il bouge sur son siège conducteur > confort bah rien que les couleurs déjà
bah ça nuit à mon confort , ,
R-V2-NA S1 O32 : j(e) pense que les couleurs on(t) un rôle important à jouer
R-V2-NA S4 A8 : alors attends j(e) vais avancer un peu < elle bouge son siège le règle > comme ça , , ouais
euh : : ouais c’est plus joli j(e) trouve ça plus joli voilà plus : : les couleurs sont mieux mais : : bon toujours le
même : disons qu(e) c’est moins choquant j(e) trouve euh : les formes là plus rigides
R-V2-NA S9 GS29 : mais avec les couleurs qui changent , , donc on est un peu perdu esthétiqu(e)ment , ,
R-V2-NA S9 GS31 : j(e) dirais même que à première vue elles sont inexistantes sauf pour les couleurs
R-V2-NA S4 A107 : oui nan pa(r)ce qu’elle fait oui les couleurs (X2) sont très :
R-V2-NA S1 O4 : les couleurs (x3)sont pas : sont pas accueillantes , , c’est gris quoi trop gris par contre
R-V2-NA S7 G143 : euh : et puis euh : par contre j(e) trouve que ça fait très masculin justement bah peut-êt(r)e
pour ces couleurs pe(u)t-êt(r)e pour cette discrétion euh : peut-être aussi pour (en)fin j’sais pas j(e) trouve qu’i(l
n’)y a pas d’élément féminin alors tu vas m(e) dire qu’est-c(e) que c’est les éléments féminins , , en fait euh : nan
mais bon
R-V2-NA S2 S16 : et en fait tout : toutes les couleurs encore vont bien ensemble tout ça
R-V2-BB S4 A110 : trop d(e) couleurs trop de : bidules de machins et en même temps les lignes (ne) sont pas
vraiment très jolies j(e) trouve
Prep+Det+couleur
R-V2-NA S3 M40 : c’est euh : , , c’est peut-être dû à la couleur mais i(l)s paraissaient franch(e)ment euh :
gigantesques
R-V2-NA S4 A73 : à la couleur j(e) pense
R-V2-NA S2 S91 : mais : mais l’autre elle te : elle te (en)fin par les matériaux par la couleur tu vois etcetera et
surtout i(l) y avait les sièges qui étaient super beaux
R-V2-BB S13 C54 : aussi bien à un jeune , , aussi bien quand on n’a plus ses enfants à prom(e)ner aussi bien ce
s(e)rait dommage de mettre plein d(e) petits banbins dans cette belle voiture hein , , donc par rapport à la
couleur , , nan ça peut conv(e)nir à plein d(e) personnes , , même à soixante ans pareil euh : , , voilà
R-V2-BB S8 4 : exactement la même chose alors là j(e ne) vois pas vraiment de : : de différence très
franch(e)ment (en)fin au niveau d(e) la couleur en effet mais
R-V2-BB S8 R61 : ça s(e)rait ça s(e)rait davantage au niveau d(e) la couleur , , puis au niveau des
équip(e)ments aussi (en)fin : le : le comment le : le frein à main est vraiment p(e)tit quoi donc ça m(e) fait ça m(e)
fait un peu penser à : des freins à main pour femme quoi (ne)fin des mains d(e) femme iraient très bien ici
R-V2-BB S1 elle n'est pas du tout représentative du représentative de la réalité quoi au niveau de l'impression du
ressenti et euh [au niveau] des couleurs
R-V2-NA S12 0 : et puis au niveau des couleurs , , c’est peut-être un peu : , , (en)fin bon moi personnell(e)ment
ça m(e) satisfait plus que du : que du v(e)lours
R-V2-NA S1 O25 : même si les formes tout ça c’est la même chose quoi c’est : essentielle(e)ment l’esthétique là
c’est au niveau des couleurs
R-V2-NA S3 M67 : c’est pa(r)ce que c’est métal et noir métal brossé et noir ,
, c’est euh c’est c(e) qu’on
rencontre euh : j(e) pense aussi à : à pas mal de : de : produits d(e) grande consommation quoi qui pour les
hommes beaucoup dans ces : dans ces couleurs
R-V2-BB S7 G22 : c’est : c’est amusant ce : cette différence qui est marquée aussi bien dans les couleurs que
les : les matières
R-V2-BB S3 M87 : oh bah je : , , à cause des couleurs et des matières euh : j(e) vois plutôt une femme euh :
63
Det+couleur(s)+et+Det+N
R-V2-NA S1 O6 : la console centrale et sa couleur grise < il touche >
R-V2-BB S7 G23 : ce n'est pas mal ça , , et puis pareil euh : encore une fois dans les matières et les couleurs
euh : c(e) qui est noir au milieu du blanc c’est c(e) appartient vraiment au conducteur ce sont ses cadrans son
volant ses commandes au volant puis dans la console du milieu c(e) qui : c(e) qui est donc un mélange de
plastique noir et de et d’imitation bois
R-V2-NA S4 A52 : bah pour les textures et les couleurs ouais ,
,
R-V2-NA S6 D27 : pa(r)ce que tout à l’heure on (ne) voyait déjà pas bien les couleurs et les : dégradés et les :
tu vois les différentes couleurs de chromé par exemple
R-V2-NA S2 S66 : bah c’est ça c’est les couleurs et les matières
R-V2-BB S2 S35 : ouais c’est une voiture de femme
qu’est-c(e) qui t(e) fais dire qu(e) c’est une voiture de femme là ?
bah les couleurs et la taille quoi p(u)is un peu un peu chic tu vois c’est une bonne petite en fait ça
m(e) fais penser un peu à au niveau gabarit à à une Golf
R-V2-BB S3 M66 : euh : cet habitacle là on ne l’impression d’une : ,
, (en)fin j(e ne) dis pas qu(e) les autres
(ne) sont pas : soignées mais euh : j’ai ,
on a / j’ai l’impression d’une plus grande qualité d(e) côté-ci bon
c’est lié aux couleurs et aux matières
R-V2-BB S7 G28 : oui , , et : et aux matières aux couleurs et aux matières mais là les formes interviennent
beaucoup moins j(e) trouve
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adj+couleur
R-V2-NA S1 O43 : et que là c’est vraiment pas une bonne couleur pour moi ce n'est pas une couleur
commerciale
R-V2-NA S1 O20 : c’est trop monotone disons qu’(il n’) y a pas , , (il n’) y a qu(e) deux deux couleurs quoi le
gris le noir
R-V2-BB S1 (le levier de vitesse) il rappelle un peu le compteur enfin c'est un peu les mêmes couleurs
R-V2-BB S1 il rappelle les mêmes couleurs
Couleur+adj
R-V2-BB S13 C33 : oui non pareil que l’autre au niveau sécurité , , on est bien englobé dans l’habitacle euh :
c’est peut-être la couleur beige qui fait ça je (ne) sais pas
R-V2-BB S13 C43 : doncque et les sièges ont un aspect velours mais c’est vrai que la couleur beige
final(e)ment euh : , , on a l’impression que : c’est une couleur chaude
R-V2-NA S7 G20 : et qui brille euh : qui brille bien il est euh : j(e) le trouve très beau i(l) s(e) marie bien avec le
tissus et donc la : la couleur noire qui (n’)est pas exactement la même puisque c’est un noir sur un tissus et non
pas un noir sur un plastique
R-V2-NA S7 G46 : doncque : ça je : (en)fin j(e) trouve que ça : la couleur orange euh : euh : c’est bon : c’est
pareil c’est quand même : ce n'est pas c(e) qu’i(l) y a d(e) plus futuriste mais c’est bien elle est : elle ressort bien
là ma lumière aussi (en)fin la lumière au-d(e)ssus du rétroviseur éclaire bien l’ensemble
R-V2-BB S5 A16 : à la couleur beige < rires > je (ne) sais pas pourquoi le beige ça fait plus confortable(…)
R-V2-BB S8 3 : j(e) pense que : le pire ce s(e)rait encore de : de mettre d(e) la couleur rouge et puis et puis des
p(e)tites lumières ce s(e)rait l(e) bouquet
R-V2-NA S7 G81 : alors surtout surtout surtout en contraste avec ce : cette couleur métallisée quoi ce : ce
matériau qui fait métal
R-V2-BB S13 C43 : doncque et les sièges ont un aspect velours mais c’est vrai que la couleur beige final(e)ment
euh : , , on a l’impression que c’est une couleur chaude
R-V2-NA S1 O43 : et que là c’est vraiment pas une bonne couleur pour moi ce n'est pas une couleur
commerciale
R-V2-BB S1 je vais revenir sur la colonne centrale et sa couleur euh toc
R-V2-NA S3 M41 : bah j(e) que : bah de couleur plus claire ça d(e)vait paraître plus gros (en)fin je (ne) sais pas
R-V2-BB S9 GS48 : j’ai peur que c(e) soit une couleur un peu salissante au bout d’un certain nombre de
temps si tu veux
R-V2-NA S9 GS17 : l’esthétique bon bah c’est vrai que c’est beaucoup plus discret quand même comme ça , , tu
vois j(e) préfère des couleurs comme ça plus discrètes que des couleurs de beige noir plus opposés
Couleur+Nom
R-V2-BB S8 R39 : nan là il (ne) ressort pas (en)fin il est amoindri justement par cette couleur euh : crème qui
euh :
64
Couleur de N
R-V2-NA S7 G18 : alors euh : j’aime beaucoup euh : la couleur euh des euh euh : des euh : , , ce : ce noir là
cette euh : ce noir sur les portières de tableau d(e) bord le : le volant
R-V2-NA S7 G22 : j’aime bien < rire > voilà euh : j’aime bien tous ces éléments métalliques les : le contour de la
portière mais aussi la portière i(l)y en a un qui est mat euh : alors encore une fois donc j’ai mon bouton d(e) frein
à main mon bouton d(e) levier d(e) vitesse l’insigne euh : euh : Peugeot qui brille et à côté d(e) ça j’ai les
encadrements des ventilateurs et l’encadrement d(e) ma colonne centrale qui est mate et tout ça donc tout ça
s(e) répond en prime et répond en : en prime à la couleur de mes cadrans
R-V2-NA S7 G24 : qui pour moi vient répondre à la couleur orange des : des commandes du volant voilà
R-V2-BB S8 R5 : donc voilà et mes sièges vraiment la couleur des sièges vraiment beaucoup trop claire
pour moi
R-V2-NA S9 GS17 : l’esthétique bon bah c’est vrai que c’est beaucoup plus discret quand même comme ça , , tu
vois j(e) préfère des des couleurs comme ça plus discrètes que des couleurs de beige noir plus opposés
R-V2-BB S6 D36 : (…) tu vois ça ça r(e)vient par rapport à c(e) qu’on a vu t(ou)t à l’heure mais j(e) trouve qu(e)
ça fait un peu mélange ce n'est pas super t(u) as l(e) côté chromé avec le les cadrans t(u) as l(e) côté euh :
classique avec les lignes et en même temps i(l)s ont rajouté des couleurs de bois de blanc (en)fin , ,
R-V2-NA S6 D27 : pa(r)ce que tout à l’heure on (ne) voyait déjà pas bien les les couleurs et les : dégradés et
les : tu vois les différentes couleurs de chromé par exemple
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
Le N des couleurs
R-V2-NA S14 G30 : classique mais avec beaucoup d’amélioration dans les formes dans les tons , , moi le ton
que j’avais un peu tout à l’heure (en)fin à moitié pour des gens d’un certain âge , , (ne)fin vous voyez j’aime bien
des tons comme ça foncés avec des couleurs sobres pas éclatants G31 : c’est assez reposant
R-V2-NA S10 M17 : alors que dans l’autre , , dans l’autre c’est hyper classique et i(ln’)y a pas d(e) recherche
de couleur
R-V2-NA S5 A9 : toujours la : la même unité des : des couleurs euh : des formes euh : relativ(e)ment simples ,
, pas trop r(e)cherchées euh :
R-V2-NA S2 S51 : j(e) me d(e)mande si ce n'est pas au trop plein d(e) couleurs sombres
R-V2-NA S10 M65 : bah j(e) te dis justement c’est cette harmonie d(e) couleurs entre le le noir et le :
l’anonisé
R-V2-NA S10 M14 : euh : non bah non , , non là l’habitacle je : j’aime bien , , tu sais pourquoi c’est pa(r)ce que
i(l) y a une recherche d’harmonisation d(e) couleurs
R-V2-NA S10 M58 : là euh : oui oui si tu veux au niveau général d’harmonisation de des : des dessins et d(e)
la couleur euh : elle me convient plus
R-V2-BB S7 G35 : ouais , , peut-êt(r)e que soit le noir soit le bois soit on <X> j(e) crois , , disons qu(e) j’ai
l’impression que pour rester dans une idée un peu originale euh : de mélange et de couleur
R-V2-NA S6 D33 : le côté très sombre sans travail des couleurs je n'aime pas non plus
R-V2-NA S7 G142 : euh : alors vingt trente ans parce que euh : c’est moderne c’est design et en même temps
i(l) y a quand même une certaine discrétion euh : euh : dans les couleurs utilisées
R-V2-BB S15 de5 : bah le : : l’utilisation quoi que j(e) suis en train d(e) me contredire pa(r)ce que il a la planche
de bord à deux couleurs que j(e) n’aimais pas tout à l’heure
65
Enoncés autres formes génériques
Corpus 2D
SUBSTANTIFS
COLORIS
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2D-V1-NA S5 sinon : on a changé apparemment le coloris et l’intérieur des sièges et ça c’est pas déplaisant non
plus pa(r)ce que les carreaux sur l’autre les carreaux beiges
2D-V1-BA S15 oh bah non là le siège on n’en voit pas suffisamment pour s’en faire une idée il a l’air tout à fait
classique banal et la portière c’est c(e) que j(e) vous ai dit le coloris en plus ça doit être salissant
2D-V1-BB S10 je pense que les coloris d’une façon générale (ne) sont pas adaptés , , (ne) sont pas très juniors
, , les p(e)tits carreaux beige euh : ça (ne) fait pas junior , , i(l n’) ya pas de recherche de tissu
2D-V1-BA S15 c’est ça puis bon i(l) y a peut-être quelque chose de choquant dans : dans les coloris pa(r)ce que
cette euh : , , le : cette bande ça a l’air d’être beige
2D-V1-NB S15 bon évidemment on voit que : à part les coloris c’est la même euh : la même nature de
matériaux donc ça c’est difficile de : d’en juger mais enfin ça m(e) donn(e)rait plutôt une impression une
impression plus grande de sécurité pa(r)ce que parce que l’ensemble est plus chaud , ,
2D-V1-NB S15 ah bah non non j(e ne) les voyais pas du tout c’est à cause du coloris du :
2D-V1-BA S15 ben toute la partie j’sais pas comment ça s’appelle moi ça d’un seul coloris oui
2D-V1-BA S15 alors euh : ce coloris clair ça me : : enfin j(e n’)ai pas l’habitude ça c’est clair , , ça j’ai
l’habitude plutôt de : : d’un coloris dans les gris dans les bleus foncés , , mais d’une seule pièce
2D-V1-BA S15 ce coloris clair là ça doit être fragile tout l’ensemble là c’est trop salissant oui
2D-V1-BA S15 ah oui je crois , , pa(r)ce que c’est i(l) y a un trop grand mélange de couleurs par rapport , , i(l) y
a des coloris foncés , , i(l) y a le : le : la console par elle-même c’est un : un gris acier
2D-V1-NB S15 froid [à cause du] du coloris clair et euh : le coloris clair du tableau d(e) bord et d(e) la bande
la bande écrue là , , et puis le : la colonne centrale là
2D-V1-BA S15 euh : peut-être oui c’est p(eu)t-être ça c’est peut-être pa(r)ce que justement i(l) y a : euh : ce
coloris acier là qui se : qui jure
2D-V1-NB S15 ah bah moi je vois les gris et puis euh : une imitation j’sais pas on (ne) peut pas dire qu(e) c’est
d’orme mais : enfin c’est un p(e)tit peu le coloris ton bois hein
2D-V1-NB S15 et apparemment le coloris du siège me paraît aussi euh : , , quoiqu(e) le gris et blanc , , enfin
bon
2D-V1-NB S15 d’un coloris dans les gris dans les bleus foncés , , mais d’une seule pièce
2D-V1-NB S15 bah encore une fois par rapport à l’ensemble des coloris je trouve que c’est agréable à
r(e)garder et euh : baeckeofe plus : , , bon là en plus euh : apparemment i(l) y a des p(e)tits détails que je n(e)
vois pas sur les : les boutons d’utilisation d(e) la colonne centrale mais : apparemment i(l) y a des : , , des p(e)tits
repères d’utilisation qui m(e) paraissent euh : utiles
2D-V1-NB S15 bah c’est une question d’harmonie harmonie entre les coloris
TEINTE (4S14, 4S11, …)
2D-V1-NB S14 bah le bois c’est un espèce de : j’sais pas c(e) que c’est comme teinte , , c’est un beige c’est pas
joli hein il (n’)est pas beau c(e) truc là et puis ça choque , , l’ensemble (ne) va pas ensemble si vous voulez
2D-V1-NB S14 ah bah les teintes les mélanges des teintes ça (ne) m(e) va pas du tout hein bah on (ne) peut
pas savoir pourquoi c’est pa(r)ce que ça m(e) choque
2D-V1-NB S14 l’aérateur avec son bois là si c’est du bois ou je sais pas (…) c’est pas beau , , ça peint en
plusieurs teintes là c’est pas beau , , on n’est pas dans une gal(e)rie d(e) peinture , , c’est pas beau , , c’est
pas beau en soi si vous voulez l’ensemble (n’)est pas beau pas il (n’)est pas harmonieux pas beau , , pour moi
c’est loupé hein
2D-V1-BA S4 bon l(e) siège est toujours à chier (…) bah i(l) y a des carreaux là je sais pas on a l’impression
qu’on a mis la couver / la couverture de sa grand-mère dessus mais bon : ,
, au moins i(l) y a un effort de
teinte < rires >
2D-V1-BA S12 je sais pas c’est p(eu)t-être le : le : le chang(e)ment d(e) teinte
2D-V1-BB S11 euh : hormis les sièges euh : j(e n’)ai rien à dire , , bon la loupe d’orme ça fait ça fait classe , ,
pour l(e) commun des mortels ça fait classe , euh : donc le mariage des teintes et puis j(e) pense des
matériaux , , ça fait confort ça fait qualité , , nan ça on a une impression effectiv(e)ment de quelque chose qui
est soigné
66
2D-V1-NA S11 j(e) pense que c’est l(e) but du jeu , , ensuite euh : en suite euh : i(l n’) y a plus l(e) mélange des
teintes sur l(e) tableau d(e) bord (en)fin j’sais pas sur la plage avant là j’sais pas comment on appelle ça
2D-V1-NA S11 euh ouais et au fait que ce soit beaucoup plus sobre , , qu’i(l) y ait beaucoup moins de : de
mélange de teinte et de matériaux tout bêt(e)ment
2D-V1-BB S11 il est sobre , , c’est pas révolutionnaire c’est pas euh : et et : il est d’autant plus typé que j(e) te
dis encore une fois qu’i(l) marie des : des matériaux et des teintes euh : qui sont on pourrait dire relativ(e)ment
euh : le gris et l(e) beige ça peut être dans l’idée assez moderne pa(r)ce que on allie du sombre et du clair
CONTRASTE (S5,S7 …)
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
2D-V1-BB S7 c’est ça m(e) paraît c(e) qu’i(l) y a d(e) plus classique mais alors en contraste avec ce ce : cette
couleur bois
2D-V1-BB S7 nan c’est même pas une question d’adaptation c’est que vraiment le contraste (x2) ne convient
pas selon moi
2D-V1-BA S3 i(l) y a un contraste
2D-V1-BA S14 oh et un peu de contraste et couleurs sûr(e)ment
2D-V1-BB S5 ouais euh : bah le trop fort contraste bah bon bah déjà j(e)te disais le faux bois j(e) trouve que
c’est :
2D-V1-BB S5 bah j(e) vois ça surtout sur l(e) contraste du tableau d(e) bord entre final(e)ment la partie beige
qui est propre à la partie pilotage et puis le fond du tableau d(e) bord jusqu’au pare-brise qui est gris foncé
TON
2D-V1-NA S5 ouais ouais et des tons gris clair(e)ment , , c’est euh : des voitures qui euh : j’ai l’impression (ne)
misent pas forcément tout sur le confort mais plus sur euh : sur justement le conducteur et comment i(l) s(e)
ressens dans sa voiture est-c(e) qu’il a une voiture qui a l ‘air , , ouais plutôt solide plutôt performante plutôt :
ouais un peu plus comme ça que confortable vraiment
2D-V1-NB S15 euh : ton acier là , , c’est pas qu(e) j(e n’)aime pas pour d’autres choses mais là c(e n’)était pas
harmonieux , , pas : pas esthétique à mon goût
2D-V1-NB S15 ah bah moi je vois les gris et puis euh : une imitation j’sais pas on (ne) peut pas dire qu(e) c’est
d’orme mais : enfin c’est un p(e)tit peu le coloris ton bois hein
NUANCE (S13)
2D-V1-NB S13 bah j’ai l’impression c’est un p(e)tit peu scintillant et puis il() y a des nuances de clair et d(e)
foncé
2D-V1-NB S13 pa(r)ce que je vois des nuances de gris foncé et d(e) gris clair P1C76 : qui fait un effet velours
, , l’impression n’est pas la même alors qu’au-dessus du tableau d(e) bord j’ai l’impression qu(e) ça fait plutôt
plastique
DEGRADE
2D-V1-NA S6 bah ché pas d(é)jà l(e) côté un peu bleu c’est joli bleu vert là , , dégradé d(e) couleurs et puis
euh : non le p(e)tit dessin ça : ça fait c’est beaucoup plus marqué qu(e) sur l’autre donc ça c’est assez joli c’est
beaucoup plus travaillé c’est assez original , , p(u)is i(l) y a une touche de clair , ,
UNI
2D-V1-NA S10 par rapport à l’habitacle général qui est quand même harmonieux au niveau des couleurs euh : ça
(ne) donne pas une impression d(e) nett(e)té , , j’aurais voulu plutôt un uni tu vois au niveau du siège
67
ADJECTIFS
UNI (S11)
2D-V1-NA S11 (…) ça (ne) m(e) gên(e)rait pas à la rigueur d’avoir un siège complèt(e)ment uni
2D-V1-NA S11 les tissus d(e) sièges , , pour moi c’est pas r(e)présentatif , , pour moi quand j(e) vois un
habitacle comme ça qu(i) est tout sobre qu(i) est qu(i) est très uni , , ça (ne) m(e) gên(e)rait pas à la rigueur
d’avoir un siège complèt(e)ment uni
2D-V1-NA S11 mais qu’on arrête de v(e)nir casser les sièges en mettant , , en plus à chaque fois c’est
systématique i(l) y a toujours les côtés qui sont unis et la partie centrale soit des p(e)tits carreaux soit des
zibouibouis comme ça euh : vraiment ça manque vraiment d’idée (en)fin d’innovation sur les looks des sièges , ,
2D-V1-NA S11 alors les p(e)tits carreaux précédemment et puis maint(e)nant les p(e)tits zibouibouis qui donnent
un look un peu plus moderne euh : je sais pas on n’arrive pas à faire des sièges sympas , , alors soit qu’on les
fasse complèt(e)ment unis soit qu’on les fasse un p(e)tit peu plus euh : (en)fin je sais pas c’est pas mon style de
siège ça
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NUANCE
2D-V1-BB S5 euh : m là l’assemblage des couleurs euh : l(e) gris foncé et l(e) beige (n’)est pas forcément très
habile (il) faudrait p(eu)t-être quelque chose de plus nuancé quoi en tous cas
CONTRASTE
2D-V1-BB S5 (...) j(e) pense que là i(l) y a et en fait c’est un peu la thématique de tout quoi par le bois euh : j(e)
trouve que c’est p(eu)t-être un peu trop contrasté est-c(e) qu’il aurait pas mieux valu faire un truc un peu plus
grisé à la place du beige ou alors un truc un peu plus beige à la place du gris foncé pour qu’i(l) y ait euh une unité
MONOCHROME
2D-V1-NA S6 ouais ,
trop monochrome
, pas euh : le gris mais euh : euh : le reste de l’habitacle ,
, c’est trop : c’est trop : c’est
BICOLORE
2D-V1-BA S4 pa(r)ce qu’i(l) y a deux couleurs pa(r)ce que c’est bicolore
68
Corpus 3D
TON SUBSTANTIF
3D-V1-NB S14 M1S2G20 : c’est lourd de forme , , c’est pas très joli de couleur de ton , ,
3D-V1-NB S15 M1S2De32 : si la couleur extérieure est en harmonie avec les couleurs d(e) l’intérieur j(e) veux
bien mais alors là euh : , , le bleu par rapport aux tons du tableau d(e) bord c’est : c’est choquant
COLORIS SUSBTANTIF
3D-V2-NA S5 les sièges ont l’air ouais c’est limite des sièges baquets quoi doncque i(l)s ont l’air plus raides
(…) : et euh : (en)fin confortables quand même les coloris sont plus originaux ,
, et euh : plus jeunes
clair(e)ment , , ouais ouais elle me convient beaucoup plus celle-là pour le coup
TEINTE SUBSTANTIF
3D-V2-NA S11 B88 : encore une fois elle est sobre euh : i(l n’)y a pas de : comment dire , , encore avec cette
image floue euh dans les chang(e)ments d(e) matériaux bon déjà i(l) y a i(l) y a une seule teinte
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NUANCE SUBSTANTIF
3D-V1-BA S2 M1 S1 S129 : et p(u)is comme t(u) as tout vraiment tout en profondeur en fait t(u)as les nuances
euh : (en)fin les m l’importance du beige et l’importance du gris
UNI
SUBSTANTIF
3D-V2-NB S10 M1S2M38 : et ça (ne) colle pas en plus avec euh : bon doncque euh : ou c’est un uni ou un cuir
mais enfin bon pas < X >
ADJECTIF APPOSE
3D-V1-BB S5 M1S1A18 : ouais on a l’impression (…) un peu plus uni , , qu(i) est sur le : cont(r)e la console en
fait , , c’est l(e) même sur les sur les portières aussi on a l’impression
TRANSPARENT
ADJECTIF ATTRIBUT
3D-V2-BB S2 M1 S2 S77 : le rétro il (n’)était pas noir il était euh : transparent
3D-V2-BB S2 M1 S2 S80 : le contour euh comme ça il était transparent le contour du rétro
ADJECTIF EPITHETE
3D-V1-BA S2 M1 S1 S27 : ah c’est génial hein on y croît en plus j’aim(e)rais trop avoir une voiture transparente
comme ça c’est trop beau t(u) sais t(u) as t(u) as l’impression qu(e) touches du : ,
CONTRASTE VERBE
3D-V1-BB S5 M1 S1 A16 :(...) (en)fin on a l’impression qu(e) les choses sont faites à moitié c’(es)t-à-dire : t(u) as
t(u) as : ce gris euh : près du pare-brise en fait qui contraste vach(e)ment avec le beige plutôt luxueux et plutôt
cuir
69
Corpus Réel
COLORIS SUBSTANTIF
R-V2-BB S8 R48 : voilà même impression que dans l’autre j’ai l’impression qu(e) c’est la même voiture sauf que
bon les coloris sont un peu différents
COLORATION SUBSTANTIF
R-V2-NA S10 M40 : pa(r)ce que tu sais on a une esthétique dans les yeux hein ce type de coloration dans les
véhicules on les voit partout en fin d(e) compte euh : peut-être un peu moins luxueux mais enfin bon en général
c’est toujours beige comme ça beige noir ou beige marron euh : là si tu veux i(l) y a un autre concept euh : : qu’i(l)
faut pouvoir accepter pa(r)ce que le noir ce n'est pas évident hein
R-V2-NA S10 M41 : même si c’est à la mode en c(e) moment c(e ‘n)est pas évident , , par contre c(e) qu’i(l)s ont
bien réussi tu vois c’est la coloration avec le tableau d(e) bord , , le le : j’sais plus comment on appelle ça
l’ensemble
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CONTRASTE SUBSTANTIF
R-V2-NA S7 G81 : alors surtout surtout surtout en contraste avec ce : cette couleur métallisée quoi ce : ce
matériau qui fait métal
R-V2-BB S7 G10 : qui était qui était (en)fin : superposé au bois et on voyait vraiment le contraste ça f(ai)sait
vraiment quelque chose de beaucoup plus clair le bois en virtuel hein et et : i(l) y avait vraiment un contraste de
ce : de ce marron clair avec ce noir ce n'était ce n'était pas beau alors que là bah ça passe hein
R-V2-BB S7 G21 : mais sinon bah écoute là c’est pareil la même distance avec le tableau d(e) bord mais i(l) y a
i(l) y a ce contraste un peu c(e) qui est blond c’est la propriété du conducteur un peu hein son : son tableau d(e)
bord sa : sa console du milieu (en)fin tout c(e) qui : et derrière bon c’est un peu du : du surplus (...)
R-V2-BB S6 D14 : ouais ,
, i(l) y avait plus de contraste pa(r)ce que là ça fait un peu euh : vieux beige tu
saisD15 : beige de vieux quoi , , et donc les lignes je n'aime toujours pas
R-V2-BB S7 G10 : qui était qui était (en)fin : superposé au bois et on voyait vraiment le contraste ça f(ai)sait
vraiment quelque chose de beaucoup plus clair le bois en virtuel hein et et : i(l) y avait vraiment un contraste de
ce : de ce marron clair avec ce noir ce n'était ce n'était pas beau alors que là bah ça passe hein
CONTRASTE VERBE
R-V2-BB S7 G19 : qui donne l’impression que le : qui contraste avec le BLANC et par conséquent voilà
l’impression d(e) vide est encore plus forte plus marquée et ça donne une impression de plus d’espace à moins
que : le siège soit plus reculé d’ailleurs je sais pas peut-être que c’est ça
TON SUBSTANTIF
R-V2-NA S14 G30 : classique mais avec beaucoup d’amélioration dans les formes dans les tons , , moi le ton
que j’avais un peu tout à l’heure (en)fin à moitié pour des gens d’un certain âge , , (ne)fin vous voyez j’aime bien
des tons comme ça foncés avec des couleurs sobres pas éclatants
R-V2-BB S9 GS17 : voilà , , j’aurais mis un ton plus : : ça le souligne de trop
R-V2-BB S12 R6 : par contre les différences de ton c’est un peu plus gai
R-V2-BB S15 De13 : ah oui oui oui dans l’ensemble à part la différence de ton d(e) la planche de bord i(l) faut s’y
habituer mais autrement j’ai la même sensation de : , , oui la même sensation de sécurité ça sûr(e)ment oui
TONALITE SUBSTANTIF
R-V2-NA S9 GS37 : oui pa(r)ce que si tu veux l’autre si tu veux là c’est chouette parce que t(u n’)as pas b(e)soin
d(e) réfléchir parce que c’est la même tonalité partout et qu(e) tu sais exactement où tu es là t(u) es trompé pas
la couleur
R-V2-NA S9 GS18 : bah pa(r)ce que si tu veux quand tu mets un document là tu l(e) vois l(e) document ce n'est
pas un mélange de deux tonalités parce qu’on s(e)demande pourquoi c’est faire final(e)ment tout c(e) mélange
de tonalités
70
DEGRADE SUBSTANTIF
R-V2-NA S6 D27 : pa(r)ce que tout à l’heure on (ne) voyait déjà pas bien les couleurs et les : dégradés et les : tu
vois les différentes couleurs de chromé par exemple
R-V2-NA S6 D28 : et euh : et on n’a pas l’impression que et on a l’impression qu(e) c’était vraiment posé là carré
machin alors qu’en fait t(u) as quand même des p(e)tits dessins des formes des : euh : des dégradés euh : des :
tu vois ?
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TEINTE SUBSTANTIF
R-V2-NA S11 B30 : la sécurité c’est : : , , non bah sécurité pareil euh : esthétique esthétique euh : bonne
impression d(e) qualité , , nan bien et puis c’est vrai qu(e) j’aime bien : j’aime bien cette teinte là , c’est un peu
sombre là d’autant plus qu’i(l) fait nuit
R-V2-NA S11 B26 : plus : : euh : dans la teinte j(e) trouve ça plus confort celle-là c’est un peu plus euh : : sport
R-V2-NA S11 B38 : (en)fin en tous cas j(e ne) trouve pas ça immonde je : j’aime bien c’est dépouillé c’est sobre
euh : je : je préfère ces sièges là aux autres , , là dans la teinte , , tout à l’heure j’sais pas c(e) que tu m(e)
montrais ce n'était pas du tout ça c’était un bleu ou un vert j’sais plus exactement , , euh : j(e) trouvais ça un
peu : : , , là ça va bien là c’est très sobre en sièges , , c’est vrai qu(e) c’est une voiture qu(i) est très sombre
R-V2-NA S11 B21 : euh : mine de rien ils ont gardé la même teinte euh : (en)fin d(e) la sous face de toit des
côtés
R-V2-BB S11 B20 : bah ça s(e) voit , , ça s(e) voit , , bon déjà l(e) design est : est recherché i(l) y a une
différence de teinte euh : , , le matériaux (en)fin le matériaux tableau d(e) bord euh : bien qu’i(l) soit euh :
effectiv(e)ment on va dire euh : classique euh : , , d(e) toutes façons euh : c’est du matériel automobile euh : : , ,
il est agréable au toucher , , on sent bien que : les finitions , , les finitions sont belles , , c’est d(e) la belle finition
TEINTE ATTRIBUT
R-V2-NA S11 B9 : nan mais sobre euh : comment dire euh : j’sais pas comment qualifier ça c’est euh : bah c’est
plus noir et blanc que l’autre est beaucoup plus teinté , , moi j’aimais bien l’autre euh : au niveau : euh : beige
te : beige et gris
MONOTONE ATTRIBUT
R-V2-NA S1 O20 : c’est trop monotone disons qu’(il n’) y a pas , , (il n’) y a qu(e) deux couleurs quoi le gris le
noir
UNI EPITHETE
R-V2-NA S7 G19 : je trouve que ça a un beau noir euh : très uni
71
CORPUS 2D-3D-Réel – Enoncés beige
Corpus 2D
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BEIGE SUBSTANTIF
2D-V1-BB S5 euh : m là l’assemblage des couleurs euh : l(e) gris foncé et l(e) beige (n’)est pas forcément très
habile (il) faudrait p(eu)t-être quelque chose de plus nuancé quoi en tous cas (…) donc peut-être un peu plus
d’harmonie quoi , , (…) que ça soit dans l(e) gris ou dans l(e) beige au choix mais euh :
2D-V1-BB S5 bah j(e) vois ça surtout sur l(e) contraste du tableau d(e) bord entre final(e)ment la partie beige qui
est propre à la partie pilotage et puis le fond du tableau d(e) bord jusqu’au pare-brise qui est gris foncé j(e) pense
que là i(l) y a et en fait c’est un peu la thématique de tout quoi par le bois euh : j(e) trouve que c’est p(eu)t-être un
peu trop contrasté est-c(e) qu’il aurait pas mieux valu faire un truc un peu plus grisé à la place du beige ou
alors un truc un peu plus beige à la place du gris foncé pour qu’i(l) y ait euh une unité (…) pas forcément cette
rupture forcément qui est volontair(e)ment marquée apparemment mais euh : ça j(e) trouve ça pas forcément
euh : très habile
2D-V1-BB S5 c’est vrai que p(eu)t-être le beige là en l’occurrence i(l) fait penser à du cuir ça je sais pas mais
euh : c’est vrai que c’est pas mal (en)fin c’est pas mal , , maint(e)nant c’est p(eu)t-être un peu trop avec ce bois
2D-V1-BB S10 i(l) y a trop d(e) transition entre le beige et le : bleu gris j’sais pas si c’est bleu gris
2D-V1-BB S11 bah ça euh : par rapport au look euh : (en)fin j(e) trouve qu’i(l) y a un mélange euh : qui manque
un peu d(e) subtilité entre le côté moderne et euh : l(e) côté traditionnel c’est-à-dire le : la loupe d’orme sur les :
sur les certains éléments , , bon ça ça m(e) choque pas (… )ouais , , la loupe fin c’est : c’est d(e) la loupe hein
(en)fin c’est une imitation loupe (…) et puis bah effectiv(e)ment le côté très moderne pa(r)ce que c’est vrai qu(e)
les beige très clairs mélange de beige et d(e) gris ça fait très moderne
2D-V1-BB S11 il est sobre , , c’est pas révolutionnaire c’est pas euh : et et : il est d’autant plus typé que j(e) te
dis encore une fois qu’i(l) marie des : des matériaux et des teintes euh : qui sont on pourrait dire relativ(e)ment
euh : le gris et l(e) beige ça peut être dans l’idée assez moderne pa(r)ce que on allie du sombre et du clair
2D-V1-NA S7 c’est : les couleurs bah déjà le marron le beige c’est , , c’est : c’est bon c’est pas des couleurs
très modernes euh : m , , euh tout ça sur un fond noir bon c’est :
2D-V1-NA S11 noir alu , , euh : ça c’est beaucoup plus jeune , , à mon avis hein (…) bah pa(r)ce que
l’aluminium à la place de la loupe d’orme euh : , , ça fait : ça a un aspect plus agressif plus sportif (…) j(e) pense
que c’est l(e) but du jeu , , ensuite euh : en suite euh : i(l n’) y a plus l(e) mélange des teintes sur l(e) tableau d(e)
bord (en)fin j’sais pas sur la plage avant là j’sais pas comment on appelle ça (…) la plage avant là (…) avant on
avait du beige et du gris maint(e)nant on est : , , donc ça a un look plus sportif
2D-V1-BA S1 (il ) y a beaucoup d(e) gris (…) le volant euh : au d(e)ssus du : : enfin sous l(e) pare-brise là tout
est gris bon (il) y a du beige quoi mais euh ouais (…) c’est assez sombre (en)fin même si (il) y a du : < rire >
même si (il) y a du beige c’est un peu euh
2D-V1-BA S3 donc même la partie centrale aluminium c’est bien mais c’est par rapport au beige là très clair
(…) j(e) trouve ça froid , , pa(r)ce que moi j’aime bien l(e) côté un peu chaud de : (…) du premier décors quoi ,
, euh : mais j(e) trouve que oui c’est le le gris de l’aluminium et le beige c’est : ,
, (en)fin pour moi n(e) se
marient pas très bien
2D-V1-BA S3 euh : oui bah j(e) trouve que le le gris (en)fin le gris du du : plastique (…) et le beige c’est un peu
triste
2D-V1-BA S4 ouais elle est vach(e)ment mieux , , oh ouais , , (…) bon / alors j(e) trouve que là on essaie d(e)
faire un peu canapé mais (…) c’est l(e) beige canapé (…) pour moi c’est la couleur canapé , , ouais , , euh :
main(t)nant c’est assez joli c’est plus : , , c’est plus joli ça c’est sûr
2D-V1-BA S4 alors que ça ça fait quand même : / si c’est pas du plastique : dur dur ça pourrait êt(r)e tu vois euh :
assez doux , , voilà c’est tout , , et puis euh :le beige là il accentue la courbe de la voiture (…) et c’est assez joli
2D-V1-BA S4 alors que là ça fait plus ensemble (…) pa(r)ce que quelque part le beige et le : noir ou gris on
dirait qu(e) c’est à peu près la même matière plus du chromé ça fait deux matières quoi (…) i(l n’) y a pas
quarante matières qui se : (…) ouais nan j(e) trouve ça mieux ,
, et puis l(e) beige fait r(e)ssortir l(e) tableau
d(e) bord (…) et améliore la forme euh : , , euh : du : du : (…) de la console centrale oui tout à fait
2D-V1-BA S15 euh : ce bandeau là (…) euh : ça : , , j(e) trouve que c’est pas en harmonie avec euh : avec
l’ensemble hein , , pour l’instant c(e) que j(e) vous dis là c’est une impression : (…) bah je sais pas pa(r)ce que
ça fait le : : , , cette bande beige là j(e) trouve que ça m(e) choque (…) ça me : heurte (…) bah j(e) vous dis c’est
une question de : de couleurs je pense (…) ah oui je crois , , pa(r)ce que c’est i(l) y a un trop grand mélange de
couleurs par rapport , , i(l) y a des coloris foncés , , i(l) y a le : le : la console par elle-même c’est un : un gris
acier (…) et puis je trouve que ça n’est pas : en harmonie ce beige là de : (…) bah c’est pas beau
2D-V1-NB S1 en fait je pense que l’autre c’est le beige qui me qui me tapait un peu à l’œil quoi
2D-V1-NB S2 donc c’est plus agréable on va dire ça doit être avec le beige clair et : , , ensuite ben tu m(e)
pose des questions ou euh :
72
2D-V1-NB S14 là euh : le mélange des couleurs me plaît pas mais j(e ne) peux pas vous dire , , moi j(e) trouve
que ça et ça ça va pas ensemble ça et ça ça va pas ensemble , , ça et ça c’est pas joli c’est moche (…) non
c’est la façon d(e) le faire < X > peut-être ils auraient fait un bois d’une autre couleur , , mais alors ça c’est vilain
c’est pas beau (…) bah le bois c’est un espèce de : j’sais pas c(e) que c’est comme teinte , , c’est un beige c’est
pas joli hein il (n’)est pas beau c(e) truc là et puis ça choque , , l’ensemble va pas ensemble si vous voulez (…)
moi j’aurais dessiné un tableau d(e) bord , , on m’aurais d(e)mandé un tableau d(e) bord avec des couleurs
j’aurais sû(r)ement pas fait ça hein pa(r)ce que j(e) trouve que ça va pas ensemble , , qu’est-c(e) qui irait je n(e)
sais pas mais en tous cas j’aime pas hein
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
BEIGE ADJECTIF
2D-V1-BA S15 c’est ça puis bon i(l) y a peut-être quelque chose de choquant dans : dans les coloris pa(r)ce que
cette euh : , , le : cette bande ça a l’air d’être beige
2D-V1-BA S15 et toujours pareil cette couleur écrue là qui est : beige j(e) vous ai dit tout à l’heure mais enfin bon
c’est : c’est difficile à définir exactement , , euh : par rapport aux autres couleurs du tableau d(e) bord et puis des
autres couleurs du bas d(e) la portière et tout ça c’est choquant c(e n’)est pas : : (...) c(e n’)est pas harmonieux
2D-V1-BA S13 la galbe du tableau beige euh : du tableau d(e) bord qui est beige euh : paraît un peu euh :
gondolé < X > , , i(l) y a une tâche sur le fauteuil , , et là dans la partie grise l’impression en creux j(e) pense oui
j(e n’)ai pas l’impression qu(e) ce soit un vide-poche hein j’ai plutôt un dessin quoi dans du plastique moulé ,
,
oui et puis la : :
2D-V1-BB S7 autant les formes c’est toujours : c’est toujours identique (en)fin : bien qu’i(l) y a : (en)fin : la couleur
donne de : / cette couleur euh : je (ne) sais pas si c’est euh : , , écru ou beige ché pas (en)fin cette couleur écrue
là
2D-V1-BA S13 bah c’est beige euh : clair
2D-V1-BA S1euh un levier d(e) vitesse euh , , la voiture est bleue l’intérieur beige et gris
2D-V1-BA S4 bah justement d(e) cette couleur euh : beige et qui fait chic euh : sans s(e) faire remarquer quoi
2D-V1-BB S5 bah j(e) vois ça surtout sur l(e) contraste du tableau d(e) bord entre final(e)ment la partie beige
2D-V1-BA S1 ouais le : le le la ligne les lignes du décors (en)fin du : tableau d(e) bord d(e) la partie beige tu
vois ä < bruit de chuintement de bouche > en fait ça se croise comme ça < il montre >
2D-V1-BA S13 et j’ai l’impression que : :la poignée d’ouverture elle est euh : incrustée dans l(e) plastique alors
qu’on n’avait pas cette impression tout à l’heure , , parce que le bord beige c(e n’)est pas la même finition on a
l’impression qu(e) la poignée elle a été découpée et enfoncée dans le dans l(e) plastique beige
2D-V1-BA S15 bah je (ne) sais pas pa(r)ce que ça fait le : : , , cette bande beige là j(e) trouve que ça m(e)
choque (…) ça me : heurte
2D-V1-BA S13 j(e) trouve que le bandeau beige du milieu j’ai l’impression qu(e) ça élargit
2D-V1-NA S5 sinon : on a changé apparemment le coloris et l’intérieur des sièges et ça c(e n’)est pas déplaisant
non plus pa(r)ce que les carreaux sur l’autre les carreaux beiges
2D-V1-BB S10 je pense que les coloris d’une façon générale (ne) sont pas adaptés , , (ne) sont pas très juniors ,
,les p(e)tits carreaux beiges
2D-V1-BA S3 j(e) me sens pas dans une voiture de très grande qualité là (…) ben le : j(e) pense que le : le
revêt(e)ment beige là
2D-V1-BA S13 et j’ai l’impression que : :la poignée d’ouverture elle est euh : incrustée dans l(e) plastique alors
qu’on n’avait pas cette impression tout à l’heure , , parce que le bord beige c(e n’)est pas la même finition on a
l’impression qu(e) la poignée elle a été découpée et enfoncée dans le dans l(e) plastique beige alors que tout à
l’heure quand j(e) parlais de finition i(l) y avait le retour du bord
2D-V1-BA S13 la galbe du tableau beige euh : du tableau d(e) bord qui est beige euh : paraît un peu euh :
gondolé < X > , , i(l) y a une tâche sur le fauteuil , , et là dans la partie grise l’impression en creux j(e) pense oui
j(e n’)ai pas l’impression qu(e) ce soit un vide-poche hein j’ai plutôt un dessin quoi dans du plastique moulé ,
,
oui et puis la : :
2D-V1-BB S5 bah j(e) vois ça surtout sur l(e) contraste du tableau d(e) bord entre final(e)ment qui est propre à la
partie pilotage et puis le fond du tableau d(e) bord jusqu’au pare-brise qui est gris foncé j(e) pense que là i(l) y a
et en fait c’est un peu la thématique de tout quoi par le bois euh : j(e) trouve que c’est p(eu)t-être un peu trop
contrasté est-c(e) qu’il aurait pas mieux valu faire un truc un peu plus grisé à la place du beige ou un truc un peu
plus beige à la place du gris foncé pour qu’i(l) y ait euh une unité
2D-V1-BA S3 bon le côté le côté euh : métal euh : j’aime bien mais c’est hélas euh : l’ensemble gris et beige
euh (…) qui j(e) trouve euh : donc trop froid
73
Corpus 3D
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
BEIGE SUBSTANTIF
3D-V1-NB S14 M1S2G21 : c’est un beige un espèce de beige , , un beige rosé
3D-V1-BA S4 M1S2A20 : bah ça a le côté très classique mais en même temps j’ai peur que euh : ,
, vraiment
qu(e) tu t(e) lasses (…) du beige
3D-V2-BB S4 M1S1A93 homme de cinquante ans euh : , , ouais cinquante ans euh : plutôt : plutôt aisé , , très
ai / assez aisé quand même (…) ça c’est l(e) beige qui m(e) fait dire ça
3D-V1-BA S3 M1S2M3 : bon j(en’)aime toujours pas l(e) beige hein
3D-V1-BA S4 M1S2A61 : oui , , même type de cuir que si le beige c’était du cuir tu vois
3D-V1-BA S4 M1S2A62 : je doute que l(e) beige soit du cuir mais :
3D-V1-BA S4 M1S2A63 : je doute que le beige soit du cuir
3D-V2-BB S3 M1S1M10 : euh :c(e n’)est pas mon truc le beige dans une : voiture non
3D-V1-BA S1 M1S1O12 : le beige , , (il) y a du bleu là ? ou c’est du gris ? (…) là sur l(e) tableau d(e) bord < rire
> sur le :le côté sur la console centrale ?
3D-V1-BA S4 M1S2A14 : j’aime bien l’acier euh :, , le beige j(e) trouve que ça fait un peu euh : , , ché pas
comment te dire , , j(e) trouve ça bien mais j’ai peur qu’on s’en lasse , ,
3D-V2-BB S3 M1S1M9 : bah j(e n’)aim / j(e n’)aime pas trop le : le beige
3D-V1-BA S2 M1S1S47 : il est propre euh : , , final(e)ment le beige là moi j(e) le trouve pas mal
3D-V2-BB S4 M1S1A95 : le beige et l(e) noyer tu vois ä , ,
3D-V1-NB S14 M1S2G22 : beige rosé j’ai l’impression , ,
3D-V1-BB S5 M1S1A16 : euh : ,
, qui m(e) choquent bah toujours la même chose euh : l’impress / (en)fin le :
peut-êt(r)e que c’est trop orienté confort pour le coup vaec euh : toujours le même faux bois euh : avec euh : cet
essai de de cuir sur euh sur matériaux gris euh : (en)fin on a l’impression qu(e) les choses sont faites à moitié
c’(es)t-à-dire : t(u) as t(u) as : ce gris euh : près du pare-brise en fait qui contraste vach(e)ment avec le beige
plutôt luxueux et plutôt cuir
3D-V1-BB S5 M1S1A21 : ouais mais alors l(e) beige du siège (en)fin c’est les carreaux surtout c’est l(e) motif
j(e) trouve qu(i) est un peu : , , ouais qui fait pour le coup un peu : un peu vieux quoi
3D-V1-BA S4 M1S2A65 : p(u)is ça doit s’abîmer en plus , , p(u)is l(e) truc du beige c’est qu(e) c’est quand
même hyper salissant et une voiture euh : c’est quand même fait pour l(e) côté pratique aussi quo
3D-V1-BA S2 M1S1S130 : qui euh : qui commence à euh dev(e)nir un peu équivalent alors que tout à l’heure (il)
y avait une prédominance du beige
3D-V1-BA S2 M1S1S129 : et p(u)is comme t(u) as tout vraiment tout en profondeur en fait t(u)as les nuances
euh : (en)fin les m l’importance du beige et l’importance du gris
3D-V1-BA S3 M1S2M14 : mais la partie centrale le levier euh : avec le diamant là < rire > (…) euh : ça j’aime
bien(…) m : : mais c’est toujours l’association beige et euh : métal euh :
BEIGE EPITHETE
3D-V1-BA S4 M1S2A15 : pa(r)ce que c’est assez osé quelque part d’avoir un intérieur beige comme ça
3D-V1-NB S13 M1S1C12 : ah le deuxième modèle il avait le bandeau beige euh (…) sur le tableau d(e) bord
3D-V2-BA S13 M1S2C66 : i(l) y a i(l) y a cette bande beige qui traverse euh :
3D-V2-BA S13 M1S2C88 : j’ai l’impression que ça fait plus cuir la partie beige que plastique
3D-V2-BB S3 M1S1M76 : mais la part / donc c(e) que j(e) trouve toujours doncque désagréable et froid à l’œil M1
S1 M77 : c’est la partie beige, , du du du / du tableau
3D-V1-BA S3 M1S2M41 : euh ,
, c(e) qui m(e) paraît de d(e) qualité c’est euh : à part je n(e) sais pas quelles
matières euh : sont les parties euh : beige (...) c(e) qui m(e) paraît euh : de qualité c’est euh : la partie compteur
la partie euh
3D-V2-BA S13 M1S2C80 : euh : nan , , nan mais bon on voit que ça : la ligne de la partie beige elle va en se
rétrécissant vers l’arrière
BEIGE ATTRIBUT
3D-V2-BB S2 et euh : donc là alors ça j’aimerais bien savoir c(e) que c’est là d(e)ssus pa(r)ce que j(e n’)ai pas
l’impression qu(e) ce soit du plastique , , alors si : M1 S2 S9 : ouais sur le tableau d(e) bord , , le d(e) / c’est
beige
3D-V2-BB S3 M1S1M59 : et puis bon bah deux couleurs euh : à l’intérieur euh : nan ça me : décidément beige
et euh : j(e) vois gris ché pas si c’est noir hein j(e) vois gris euh : , ,
3D-V2-BB S3 M1S1M60 : au niveau du : de l’habillage là tout c(e) qu(i) est beige , , ne me plaît pas trop
3D-V2-BB S3 M1S1M72 : euh : sinon je / j(e n’)ai pas une impression bizarrement le siège étant beige ne fait pas
froid
3D-V1-BA S3 M1S2M4 : < rire > beige et gris ça ça : et là la poignée là j(e) le vois en entier euh : c’est moche
comme tout , , mais bon je : je retrouve les formes que j’aime bien là au milieu
3D-V2-BA S13 M1S2C64 : nan mais elle fait c’est assez chaud quand même , , alors que j’ai quand même
l’impression qu(e) c’est quand même marron et beige clair
74
Corpus Réel
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BEIGE SUBSTANTIF
R-V2-NA S11 B9 : nan mais sobre euh : comment dire euh : j’sais pas comment qualifier ça c’est euh : bah c’est
plus noir et BLANC que l’autre est beaucoup plus teinté , , moi j’aimais bien l’autre euh : au niveau : euh : beige
et : beige et gris
R-V2-BB S7 G 12 : (… ) tout à l’heure j(e) trouvais écru là en fait j(e) vois qu(e) c’est du beige mais alors c’est
bizarre parce que le beige du tableau d(e) bord n’est pas le même que le beige de la portière alors ça :
R-V2-BB S13 C21 : euh : peut-être qu’on n(e) boit pas non plus en voiture , , les accoudoirs sont en tissu pareil
que les sièges < elle touche > , , ça doit être un peu salissant ça quand même par contre , , pa(r)ce que avec le
temps c’est un beige qui doit paraître gris hein , , donc (il) faudrait les faire du même plastique que le bord là
pour nettoyer , , si pa(r)ce que ça les accoudoirs on :
R-V2-BB S11 B11 : elle me botte bien j(e) trouve ça , , bon euh : la loupe d’orme ce n'est pas ma tasse de thé
c’est du : c’est du stratifié (en)fin c’est du faux , , mais bon euh : dans l(e) truc c’est agréable euh : justement
c(e) que j(e) rapp(e)lais tout à l’heure avec un beige euh : un beige bien prononcé tu mets d(e) le loupe d’orme
que si tu l(e) fais noir ou gris euh : sur loupe d’orme ça (ne) s(e) remarque pas
R-V2-BB S5 A16 : à la couleur beige < rires > je (ne) sais pas pourquoi le beige ça fait plus confortable(…)
R-V2-BB S14 G43 : je (ne) vous dis pas qu(e) j’aime pour ça l(e) beige hein
R-V2-NA S2 S23 : en fait c(e) qu(i) était agréable dans l’autre c’est ça c’était l(e) beige et tout :les fauteuils chics
gna gna
R-V2-BB S4 A103 : j’ai quand même une impression oui de : , , p(eut)-être pa(r)ce que les couleurs euh : font
que : elles sont quand même très présentes tu vois (…) bah le beige c’est quand même ça : ça ce n'est pas un
truc qui amincit quoi
R-V2-NA S9 GS38 : pour moi si tu veux le beige c’est un faux luxe
R-V2-BB S11 B36 : bah au niveau look bah ce n'est pas tout à fait mon style , , loupe d’orme moi j(e) trouve ça
un peu trop : un peu trop classieux mais sinon le reste moi j(e) verrais bien bah c(e) que j’ai vu tout à l’heure euh :
d(e) l’aluminium quoiqu(e) l’aluminium s(e) marierait moins bien avec le beige là
R-V2-BB S6 D14 : ouais , , i(l) y avait plus de contraste pa(r)ce que là ça fait un peu euh : vieux beige tu sais
R-V2-NA S14 G32 : c’est moins agressif qu’un beige clair comme la toute première voiture si vous voulez hein ,
R-V2-BB S3 M44 : euh : ça c’est toujours à cause de la luminosité pa(r)ce que j(e) parlais t(ou)t à l’heure d(e) la :
d(e) la lumière qui d(e)vait s(e) réfléchir trop sur un beige trop clair
R-V2-NA S9 GS21 : bah : la couleur si tu veux , , d’un seul coup on a : on a du beige et noir et là c’est un gris
foncé et et : proche du noir
R-V2-BB S6 D15 : beige de vieux quoi , , et donc les lignes je n'aime toujours pas
R-V2-NA S10 M18 : tu bon : effectiv(e)ment c’est une gamme de beige marron bon euh : on reste là-d(e)dans
mais c’est hyper classique c’est vraiment lambda
R-V2-NA S9 GS17 : l’esthétique bon bah c’est vrai que c’est beaucoup plus discret quand même comme ça , , tu
vois j(e) préfère des couleurs comme ça plus discrètes que des couleurs de beige noir plus opposés
R-V2-BB S9 GS14 : i(l) y a une opposition entre le beige et l(e) noir
R-V2-BB S7 G34 : cette association euh : inox cuir bois plastique euh : marron euh : beige gris euh : noir
j(e) trouve ça un peu lourd
75
BEIGE EPITHETE
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R-V2-BB S13 C33 : oui non pareil que l’autre au niveau sécurité , , on est bien englobé dans l’habitacle euh :
c’est peut-être la couleur beige qui fait ça je (ne) sais pas
R-V2-BB S13 C43 : doncque et les sièges ont un aspect velours mais c’est vrai que la couleur beige final(e)ment
euh : , , on a l’impression que : c’est une couleur chaude
R-V2-BB S5 A16 : à la couleur beige < rires > je (ne) sais pas pourquoi le beige ça fait plus confortable(…)
R-V2-BB S5 A17 : mais c’est sûr(e)ment dû à la couleur beige
R-V2-BB S3 M21 : bon par contre la partie beige bah j(e) la trouve moins agressive que j(e) voyais dans les
images
R-V2-BB S13 C8 : i(l) y a plein d(e) choses , , déjà tout d(e) suite quand j(e) suis montée c’est euh : j(e) pense
c’est la couleur , , pourtant on avait dit les sièges beige ça doit être drôl(e)ment salissant ça
R-V2-NA S2 S55 : disons qu(e) là c’était agréable d’avoir un : < elle montre la V2 intérieur beige > , , un tableau
d(e) bord beige comme ça avec les fauteuils beiges euh :
R-V2-NA S11 B16 : bah euh : du noir et alu quoi noir et alu , , j’aime beaucoup mais j(e ne) suis pas sûre que ce
soit quelque chose que je : que j(e) vivrais bien tous les jours surtout que je vis dans un : dans un habitacle beige
R-V2-BB S7 G36 : sinon les matières les matières ouais c’est c’est : même les matières quoi (en)fin : ça fait : ça
fait beaucoup mais : j’aime beaucoup l(e) plafond j’aime bien les plafonds doux c’est idiot hein à chaque fois qu(e)
j(e) monte dans une voiture j(e) touche le plafond , , voilà sinon euh : voilà j(e) trouve que : j(e) trouve que les
cadrans sur l(e) tableau d(e) bord euh : sont euh : font beaucoup moins design dans ce : dans ce : au milieu de
cet ensemble beige qu’à côté
R-V2-BB S5 A20 : bah c’est-à-dire le : l’espèce d’illusion d(e) confort par la couleur beige le faux cuir le faux bois
euh :
BEIGE ATTRIBUT
R-V2-NA S11 B36 : plus confort et puis en plus c’est vrai qu(e) ma voiture en c(e) moment c’est beige à l’intérieur
et euh : j’apprécie pa(r)ce que c’est clair et c’est frais euh : quoi
R-V2-NA S10 M40 : pa(r)ce que tu sais on a une esthétique dans les yeux hein ce type de coloration dans les
véhicules on les voit partout en fin d(e) compte euh : peut-être un peu moins luxueux mais enfin bon en général
c’est toujours beige comme ça beige noir ou beige marron euh : là si tu veux i(l) y a un autre concept euh : :
qu’i(l) faut pouvoir accepter pa(r)ce que le noir ce n'est pas évident hein
R-V2-BB S5 A8 : (…) c’est pareil ça (ne) fait pas assumé jusqu’au bout dans l(e) confort dans l(e) sens où euh :
c’est que euh : la moitié par exemple de la console qui est beige imitation cuir et l’aut(r)e moitié qui est grise en
fait
R-V2-BB S13 C11 : j’avais dit marron mais c’est bien marron et beige hein
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CORPUS 2D-3D-Réel – Enoncés gris
Corpus 2D
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GRIS SUBSTANTIF
2D-V1-BB S7 P2 G18 : disons qu(e) le gris passe pour une couleur bon : assez classique assez normale à
laquelle on est habitués voilà
2D-V1-NA S6 P2 D24 : ouais , , pas le gris mais euh : euh : le reste de l’habitacle , , c’est trop : c’est trop :
c’est trop monochrome , ,
2D-V1-BA S3 P2 M18 : euh : oui bah j(e) trouve que le gris (en)fin le gris du du : plastique
2D-V1-BA S1 P1 O37 : si le gris là le gris le gris des euh : d(e) la console centrale là euh d(e) la / des aérations
t(out) ça ça fait un peu toc ché pas si en réalité c’est du toc mais euh : ça fait ouais toc
2D-V1-BB S7 P2 G19 : euh : ça ça a rien ni de joli pas joli quoi hein c'est du gris
2D-V1-NA S7 P1 G198 : c’est un vide-poche ä,
, ah oui ça doit être du gris p(u)is de l’ombre ça doit être un
vide-poche peut-être
2D-V1-NB S4 P1 A36 : ouais, , bon déjà i(l) y a toujours cette histoire de bleu qui n(e) va pas du tout avec le
noyer et à côté d(e) ça t(u) as du gris là i(l)s auraient pu mettre une couleur qui rappelle un tout p(e)tit peu j(e)
trouve (en)fin plus chaude quoi
2D-V1-BA S1 P1 O21 : (il ) y a beaucoup de gris (…) le volant euh : au d(e)ssus du : : enfin sous l(e) parebrise là tout est gris bon (il) y a du beige quoi mais euh ouais
2D-V1-BA S13 bah pa(r)ce que là j(e) trouve que ça fait plus froid P2C22 : bah à cause sûr(e)ment de : de la
couleur j’sais pas [à cause de] ce gris
2D-V1-BB S7 P2 G61 : il il ressort du coup doncque c’est comme si i(l) y avait une forme supplémentaire alors
qu(e) tout à l’heure i(l) s(e) fondait presque parmi parmi le gris
2D-V1-BB S7 P2 G17 : c’est : c’est un peu spécial euh : j(e) trouve que ça colle pas du tout (en)fin à côté du
gris c’est pas c’est pas beau à côté de : de l’écru ça tranche (en)fin c’est c’est tout bizarre quoi
2D-V1-BB S5 donc peut-être un peu plus d’harmonie quoi que ça soit dans le gris ou dans l(e) beige au choix
mais euh
2D-V1-BB S11 B71 : là on a un tableau d(e) bord qui tire dans les dans gris dans les : verts verts cuivre euh : là
hein j(e) vois la partie centrale là où i(l) y a les commandes
2D-V1-BA S15 P1De82 : alors euh : ce coloris clair ça me : : enfin j’ai pas l’habitude ça c’est clair , , ça j’ai
l’habitude plutôt de : : d’un coloris dans les gris dans les bleus foncés mais d’une seule pièce
2D-V1-BB S7 P2 G12 : qu’i(l) y a au milieu euh : au milieu du tableau d(e) bord qui sépare le gris en haut et le
gris en bas
2D-V1-BA S15 P1De47 : ah oui je crois , , pa(r)ce que c’est i(l) y a un trop grand mélange de couleurs par
rapport , , i(l) y a des coloris foncés , , i(l) y a le : le : la console par elle-même c'est un gris acier c’est un : un
gris acier
2D-V1-BA S1 P1 O43 : ouais le gris toc là
2D-V1-NA S7 P1 G197 : en fait j’ai une question à t(e) poser , , qu’est-c(e) que c’est ça ä < elle montre sur
l’image > c’est quoi ce ce gris vert là
2D-V1-BA S13 P2C40 : sur la portière le gris foncé le gris foncé
2D-V1-BB S5 là l’assemblage des couleurs euh : le gris foncé et l(e) beige (n’)est pas forcément très habile
2D-V1-BB S11 le gris et le beige ça peut être dans l’idée assez moderne pa(r)ce que on allie du sombre et du
clair
2D-V1-NB S15 P2De28 : et apparemment le coloris du siège me paraît aussi euh : , , quoiqu(e) le gris et blanc
, enfin bon
2D-V1-NA S11 B5 : avant on avait du beige et du gris maint(e)nant on est : , , donc ça a un look plus sportif
2D-V1-BA S4 P2 A23 : pa(r)ce que quelque part le beige et le noir ou gris on dirait qu(e) c’est à peu près la
même matière plus du chromé ça fait deux matières quoi
2D-V1-NB S3 [la partie bois] euh associée avec le noir et le gris j(e) trouve ça assez euh : assez élégant j(e)
trouve
2D-V1-BA S3 P2 M18 : euh : oui bah j(e) trouve que le le gris (en)fin le gris du plastique
le gris du du :
plastique
2D-V1-BA S3 P2 M9 : du premier décors quoi , , euh : mais j(e) trouve que oui c’est le gris de l’aluminium et
le beige c’est : , , (en)fin pour moi n(e) se marient pas très bien
2D-V1-BA S1 P1 O37 : si le gris là le gris euh le gris de la console centrale là euh d(e) la / des aérations t(out)
ça ça fait un peu toc ché pas si en réalité c’est du toc mais euh : ça fait ouais toc
2D-V1-BB S11 pa(r)ce que c’est vrai qu(e) les beige très clairs mélange de beige et de gris ça fait très moderne
2D-V1-BB S7 P2 G24 : mais alors c’est le mélange avec le gris et le bois là P2 G25 : qui est surprenant hein
on va dire,
2D-V1-BB S5 j(e) trouve que c’est p(eu)t-être un peu trop contrasté est-c(e) qu’il aurait pas mieux valu faire un
truc un peu plus grisé à la place du beige ou alors un truc un peu plus beige à la place du gris foncé pour
qu’i(l) y ait euh une unité
77
GRIS EPITHETE
2D-V1-BB S10 i(l) y a trop d(e) transition entre le beige et le bleu gris j’sais pas si c’est bleu gris
2D-V1-BB S10 euh : ça c’est bleu gris
2D-V1-NA S5 ouais ouais et des tons gris clair(e)ment
2D-V1-BA S13 et là dans la partie grise l’impression en creux j(e) pense oui j’ai pas l’impression qu(e) ce soit un
vide-poche hein j’ai plutôt un dessin quoi dans du plastique moulé
2D-V1-BA S3 bon le côté le côté euh : métal euh : j’aime bien mais c’est hélas euh : l’ensemble gris et beige
euh :
2D-V1-NB S13 derrière le levier d(e) vitesse on aperçoit un p(e)tit rectangle gris on n(e) sait pas c(e) que c’est
2D-V1-BB S5 j(e) trouve que c’est p(eu)t-être un peu trop contrasté est-c(e) qu’il aurait pas mieux valu faire un
truc un peu plus grisé à la place du beige alors un truc un peu plus beige à la place du gris foncé pour qu’i(l) y
ait euh une unité
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GRIS ATTRIBUT
2D-V1-BA S1 sous l(e) pare-brise là tout est gris bon (il) y a du beige quoi mais euh ouais
2D-V1-BA S13 ça fait plus masculin déjà pa(r)ce que c’est gris
2D-V1-NB S4 c’est gris c’est hyper gris
2D-V1-NB S4 c’est qu(e) c’est gris
2D-V1-BA S13 et puis j’ai l’impression que oui derrière le levier d(e) vitesse euh : la forme que j’avais aperçue
tout à l’heure grise
2D-V1-NB S3 moi j’ai une euh : j’ai une une : l’intérieur le tableau d(e) bord est entièr(e)ment gris
2D-V1-NB S4 c’est gris c'est hyper gris
2D-V1-NB S1 l’autre un peu trop flashi c(el)ui là un peu trop austère , , c'est trop gris
2D-V1-BB S5 bah j(e) vois ça surtout sur l(e) contraste du tableau d(e) bord entre final(e)ment la partie beige qui
est propre à la partie pilotage et puis le fond du tableau d(e) bord jusqu’au pare-brise qui est gris foncé
2D-V1-NB S13 gris clair comme ça ça doit être bien pour la poussière on doit moins la voir que noir
2D-V1-BB S7 i(l) y a le : le tableau d(e) commandes de la colonne centrale euh : qui : qui : qui est gris un peu
plus clair je crois
2D-V1-NA S7 avec les : les éléments qui ont l’air d’être un peu (en)fin qui sont gris métallisé
2D-V1-NA S7 i(l) y a cette ces matières qui font un peu : qui sont gris métallisé
2D-V1-BA S13 et puis euh : gris métal là tout autour des : de l’aération
2D-V1-BA S13 gris anthracite comme ça c’est plus froid ,
2D-V1-NB S4 le reste il est gris plastoc
2D-V1-BA S1 la voiture est bleue l’intérieur [est] beige et gris
2D-V1-BB S7 voilà bon sinon le le le tableau d(e) bord compte-tour et compagnie restent assez banals hein gris
orange et vert
78
Corpus 3D
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
GRIS SUBSTANTIF
3D-V2-NA S5 M1 S2 A37 : euh : ,
, j(e) dirais une sensation d(e) sécurité à peu près équivalente qui n(‘)est
pas due forcément aux mêmes choses mais euh : le fait que ça soit sobre euh : on a l’impression qu(e) c’est
aussi robuste c’est marrant , le gris ça fait des sensations et les : / le côté un peu métallique de la chose euh :
donne une sensations d(e) robustesse en tous cas
3D-V1-BB S5 M1 S1 A20 : mais c’est à moitié puisque c’est contrasté c’est trop contrasté avec le gris en fait , ,
3D-V1-BA S1 M1 S1 O12 : le beige , , (il) y a du bleu là ou ou c'est du gris M1 S1 O13 : là sur l(e) tableau d(e)
bord < rire > sur le :le côté sur la console centrale ä
3D-V1-BA S1 M1 S1 O14 : ah non c’est du gris c’est ma(l ) mal ajusté en fait
3D-V1-BB S7 M1S2G30 : (…) enfin là j(e) le vois presque noir c'est un gris très foncé euh : et p(u)is ici le vert
3D-V2-NA S7 M1S1G57 : c’est à ces formes carrées en plus avec ce : ce vieux gris bon : euh : banal quoi
(en)fin : enfin qui (ne) vient pas modifier l’aspect d(e) ces formes euh : toutes euh : toutes euh : comment dire
(en)fin c’est : carrées oui
3D-V1-BB S5 M1 S1 A16 : (…) (en)fin on a l’impression qu(e) les choses sont faites à moitié c’(es)t-à-dire : t(u)
as t(u) as : ce gris près du pare brise en fait qui contraste vach(e)ment avec le beige plutôt luxueux et plutôt
cuir
3D-V2-BA S13 M1S2C65 : bah euh : la partie foncée , , tout à l’heure on avait l'impression du gris là je : jai
l’impression qu(e) c’est plus marron
3D-V1-BA S2 M1 S1 S129 : et p(u)is comme t(u) as tout vraiment tout en profondeur en fait t(u)as les nuances
euh : (en)fin les m l’importance du beige et l’importance du gris
3D-V1-BB S7 M1S2G30 : les : les matériaux et les couleurs euh : le tissus du siège passager c’est l(e) même
euh : i(l) y a toujours ce mélange d’écru de bois et de : de gris
GRIS EPITHETE
3D-V2-NB S9 bah des lignes euh : sobres , , et euh : bon un confort qui le semble important du fait euh :
l’imitation bois donne une petite chaleur M1S2GS47 : et en plus euh : le neutre de cette voiture grise de cette
couleur grise
3D-V2-NA S11 B46 : ouais nan j’sais pas euh : ouais j(e) trouve ça le fait que ce soit rond euh : encore une fois
comme c’est tout flou euh : la couleur là blanche enfin blanche ou gris qui est très lisible et euh : qui donne un
p(e)tit côté aluminium d’ailleurs
3D-V2-NA S5 M1 S2 A7 : euh : le fait que : euh : i(l n’) y ait pas de volonté d(e) créer euh : le confort par euh : par
du faux bois par du cuir ou quoi qu(e) ce soit euh : les couleurs i(l) y a une certaine unité des couleurs avec qui
sont juste rel(e)vées par euh : par des touches de métal ou des touches grises
3D-V1-BB S5 M1 S1 A16 : euh : ,
, qui m(e) choquent bah toujours la même chose euh : l’impress / (en)fin le :
peut-êt(r)e que c’est trop orienté confort pour le coup avec euh : toujours le même faux bois euh : avec euh : cet
essai de cuir sur matériaux gris euh : (en)fin on a l’impression qu(e) les choses sont faites à moitié c’(es)t-àdire : t(u) as t(u) as : ce gris euh : près du pare-brise en fait qui contraste vach(e)ment avec le beige plutôt
luxueux et plutôt cuir
3D-V2-NB S9 bah des lignes euh : sobres , , et euh : bon un confort qui le semble important du fait euh :
l’imitation bois donne une petite chaleur M1S2GS47 : et en plus euh : le neutre de cette voiture grise de cette
couleur grise
3D-V2-NA S7 M1S1G98 : nan j’ai pas d(e) loquet alors peut-êt(r)e que i(l) y en a un sur la : sur la portière grise
qui sont : qui sont sur les boutons d(e) la portière , , à moins qu(e) ce soit le bouton qui est là au pied du levier
d(e) vitesse
GRIS ATTRIBUT
3D-V2-BB S3 M1 S1 M59 : et puis bonbah deux couleurs euh : à l’intérieur euh : nan ça me : décidément beige
et euh : j(e) vois gris ché pas si c’est noir hein
3D-V2-BB S3 j(e) vois gris euh
3D-V2-NA S6 M1S2 D19 : (en)fin c’est l(e) seul truc rond qui donne un p(e)tit peu de : , , c’est trop dur là comme
intérieur en plus c’est hyper sombre c’est carrément euh : à part le : , , c’est même pas bleu vert c’est gris
partout
3D-V2-NA S7 M1S1G50 : alors c(e) qui m(e) déplaît ça : c’est le : je suppose que c’est le : le lecteur de CD qui
est gris
3D-V1-BA S2 M1 S1 S63 : bah la radio là c’est toujours gris euh :
3D-V1-BA S2 M1 S1 S64 : bah c’est gris quoi
3D-V1-NB S13 M1S1C11 : bon euh : c’était gris hein , , j’ai l’impression qu(e) c’est l(e) premier modèle
3D-V1-NB S13 M1S1C14 : bah là ça fait gris oui aussi , ,
3D-V2-BB S3 M1 S1 M29 : ça m’a l’air d’être ça m’a l’air euh : , , aluminium brossé j(e) le vois j(e) le vois gris
clair
3D-V1-NB S13 M1S1C15 : mais gris gris pas trop foncé quoi
3D-V1-BA S3 M1 S2 M4 : < rire > beige et gris ça ça : et là la poignée là j(e) le vois en entier euh : c’est moche
comme tout , , mais bon je : je retrouve les formes que j’aime bien là au milieu
79
Corpus Réel
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GRIS SUBSTANTIF
R-V2-NA S1 O18 : donc bah (il) y a le gris (…) O20 : c’est trop monotone disons qu’(il n’) y a pas , , (il n’) y a
qu(e) deux couleurs quoi le gris le noir
R-V2-NA S7 G23 : alors j’ai l’impression qu(e) c’est du : c'est du gris ah oui c’est ça et : et
R-V2-BB S8 G37 : dans cet ensemble noir , , j(e) trouvais dans l’ensemble noir j(e) trouvais qu(e) ça r(e)sortait
bien euh : ce gris
R-V2-BB S11 B27 : (...) le côté tableau d(e) bord alors j’sais pas il aurait pu être plus clair ils auraient pu faire un
gris un peu plus clair
R-V2-BB S11 umaint(e)nant je n(ne) sais pas c(e) que ça donne au niveau reflets euh : c’est vrai qu’i(l) vaut
mieux qu(e) ce soit foncé à mon avis euh : là euh : là je (ne) peux pas dire ça aurait pu être un gris un peu plus
clair
R-V2-NA S7 G23 : (…) mais c’est un gris très très clair
R-V2-NA S9 GS21 : bah : la couleur si tu veux , , d’un seul coup on a : on a du beige et noir et là c’est un gris
foncé et et : proche du noir
R-V2-NA S1 O20 : c’est trop monotone disons qu’(il n’) y a pas , , (il n’) y a qu(e) deux couleurs quoi le gris le
noir
R-V2-NA S11 B6 : le siège euh : , , le design siège euh : bah écoute euh : en noir et gris comme ça ça m(e)
convient
R-V2-NA S11 B9 : nan mais sobre euh : comment dire euh : j’sais pas comment qualifier ça c’est euh : bah c’est
plus noir et blanc que l’autre est beaucoup plus teinté , , moi j’aimais bien l’autre euh : au niveau : euh : beige
et : beige et gris au niveau : euh : beige te : beige et gris
R-V2-BB S7 G34 : cette association euh : inox cuir bois plastique euh : marron euh : beige gris euh : noir
j(e) trouve ça un peu lourd
GRIS EPITHETE
R-V2-NA S1 O6 : la console centrale et sa couleur grise < il touche >
GRIS ATTRIBUT
R-V2-BB S8 G41 : (…) le fait que ça brille le fait que ce soit gris métal et le fait que oui i(l) y a un contact
R-V2-NA S4 A46 : l’aut(r)e faisait plus chaude que celle-ci elle fait plus froide pa(r)ce que là c'est gris et noir
R-V2-BB S11 B11 : elle me botte bien j(e) trouve ça , , bon euh : la loupe d’orme ce n'est pas ma tasse de thé
c’est du : c’est du stratifié (en)fin c’est du faux , , mais bon euh : dans l(e) truc c’est agréable euh : justement
c(e) que j(e) rapp(e)lais tout à l’heure avec un beige euh : un beige bien prononcé tu mets d(e) le loupe d’orme
que si tu l(e) fais noir ou gris euh : sur loupe d’orme ça (ne) s(e) remarque pas
R-V2-BB S13 C21 : (…) ça doit être un peu salissant ça quand même par contre , , pa(r)ce que avec le temps
c’est un beige qui doit paraître gris hein , , donc (il) faudrait les faire du même plastique que le bord là pour
nettoyer , , si pa(r)ce que ça les accoudoirs on :
R-V2-NA S7 G102 : (…) par contre i(l) y a un truc qui m(e) choque un p(e)tit peu ici c’est sous l(e) siège passager
en fait on voit la ferraille et euh : bon alors c’est : c’est un peu c’est : comment dire c’est : c’est métal c’est gris
ça brille
R-V2-NA S1 O4 : les couleurs les couleurs les couleurs sont pas : sont pas accueillantes , , c'est gris trop gris
par contre
R-V2-BB S5 A8 : (…) c’est pareil ça (ne) fait pas assumé jusqu’au bout dans l(e) confort dans l(e) sens où euh :
c’est que euh : la moitié par exemple de la console qui est beige imitation cuir et l’aut(r)e moitié qui est grise en
fait
R-V2-BB S8 R4 : bon euh : l’intérieur euh : me déplaît les la poignée d(e) port allez je (ne) m(e) donne pas allez
trois s(e)maines pour qu’elle soit complètement grise et pour qu’elle commence à être euh : déchirée
R-V2-NA S7 G40 : et p(u)is les ch(e)veux là ils ne sont pas marrons là c’est bien ils sont plutôt gris j(e) trouve
que ça convient mieux ça (ne) fait ça (ne) fait pas vieillot comme tout à l’heure
R-V2-NA S1 O4 : les couleurs les couleurs les couleurs sont pas : sont pas accueillantes , , c'est gris quoi trop
gris par contre
80
CORPUS 2D-3D-Réel – Enoncés noir
Corpus 2D
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NOIR SUBSTANTIF
2D-V1-NA S8 P1R16 : (…) p(u)is ensuite tous les aut(r)es boutons on s(e) demande vraiment à quoi i(ls) servent
à part le bouton (en)fin qui n’est d’ailleurs pas un bouton c(e) qui est au milieu euh : en noir la tache noire j(e)
suppose que c’est là où est la sonde pour euh :
2D-V1-BA S13 P2C49 : bah j(e) pense que le bord il paraît pas fini non plus à cause de ce : ce noir ce trait noir
qui en fait l’entoure
2D-V1-BA S4 P2 A28 : et puis ché pas ça va mieux avec le noir i(l) y a plus de : avec le noir du levier ça fait un
ensemble / disons qu(e) l’autre il y avait pas d’ensemble alors que là ça fait plus ensemble , ,
2D-V1-NB S3 [la partie bois] euh associée avec le noir et le gris j(e) trouve ça assez euh : assez élégant j(e)
trouve
2D-V1-BA S4 P2 A23 : pa(r)ce que quelque part le beige et le noir ou gris on dirait qu(e) c’est à peu près la
même matière plus du chromé ça fait deux matières quoi
NOIR EPITHETE
2D-V1-NA S7 à c(e n’)est pas au tissu noir c’est à l’ensemble des trois hein
2D-V1-NA S7 i(l) y a cet espèce de tissu noir qui doit être un peu : qui doit un peu amortir
2D-V1-NA à part le bouton (en)fin qui n’est d’ailleurs pas un bouton c(e) qui est au milieu euh : en noir la tache
noire j(e) suppose que c’est là où est la sonde
2D-V1-BB S6 la petite tache noire là-haut
2D-V1-BA S13 (e) pense que le bord il paraît pas fini non plus à cause de ce : ce noir ce trait noir qui en fait
l’entoure
2D-V1-NA S7 c’est : les couleurs bah déjà le marron le beige c’est , , c’est : c’est bon c(e n’)est pas des couleurs
très modernes euh : m , , euh tout ça sur un fond noir bon c’est :
2D-V1-BA S4 ouais nan ça ça n(e) va toujours pas , , pas bleu , , un bouton noir aurait très bien fait l’affaire
2D-V1-BB S9 alors qu’une couleur par exemple euh : je vois une voiture noire ou bleu foncé intérieur avec du
bois qui rehausse te donne une notion d(e) confort
NOIR ATTRIBUT
2D-V1-NB S4 bon / le levier d(e) vitesse il est noir
2D-V1-NB S13 gris clair comme ça ça doit être bien pour la poussière on doit moins la voir que noir
2D-V1-NB S13 peut-être que le plancher est bien noir peut-être que voilà i(l) manqu(e)rait les pédales on devrait
les distinguer même si le sol paraît très foncé
2D-V1-NB S2 pa(r)c(e) qu’il est tout simple il est tout noir avec une p(e)tite coque en : en chrome au-d(e)ssus et
c’est sympa
81
Corpus 3D
NOIR SUBSTANTIF
3D-V2-BB S3 M1 S1 M24 : oui et puis là i(l) y a donc , , si j / en haut il y a du noir et là i(l) y a du métal (en)in
je montre < rire >
3D-V1-NA S9 M1S1GS40 : le fait d'avoir du noir là i(l) joue p(eu)t-être en faveur d(e) la voiture , , au noir du sol
où on ne sait pas délimiter euh : qu’elle est sa profondeur possible
3D-V2-NA S8 M1S1R28 : bah le noir assez sombre donc j(e) trouve qu’e(ll)e passe partout euh : et elle (n’)est
pas salissante et elle a un p(e)tit côté un peu sport qui : qui ressort avec euh : l’encadrement
3D-V1-NA S9 au noir du sol où on ne sait pas délimiter euh : qu’elle est sa profondeur possible
NOIR EPITHETE
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
3D-V1-NB S14 M1S2G11 : le volant est mieux placé dans la mesure où ça (ne) bouge pas trop d’ailleurs , , le
volant est plutôt mieux placé par rapport aux écrans , , mais alors on (ne) voit pas l(e) bas et en haut i(l) y a une
ligne noire alors on a l’impression qu’i(ls) ont descendu au lieu d(e) laisser en place hein
NOIR ATTRIBUT
3D-V2-BB S2 M1 S2 S77 : le rétro il (n’)était pas noir il était euh : transparent
3D-V2-BB S3 M1 S1 M59 : et puis bonbah deux couleurs euh : à l’intérieur euh : nan ça me : décidément beige
et euh : j(e) vois gris ché pas si c’est noir hein j(e) vois gris euh : , ,
3D-V2-BA S13 M1S2C26 : bon le fond est noir mais tout à l’heure j(e n’)ai pas trop r(e)marqué , , la différence
entre le fond et les cadrans j’ai l’impression qu(e) c’était un peu la même euh :
3D-V1-NB S14 M1S2G8 : la console centrale que j(e n’)aimais pas du tout et là j(e) la r(e)trouve bah un p(e)tit
peu , , on (ne) voit pas qu(e) c’est noir on (ne) voit pas trop , , on voit un p(e)tit peu là mais j(e n’)aime pas ça
du tout
3D-V2-BB S3 M1 S1 M30 : au-d(e)ssus euh : je vois ça un tout p(e)tit peu plus foncé mais j’ai l’impression qu(e)
c’est la même et les bouches d’aération j(e) les vois noires
3D-V2-BB S2 M1 S2 S24 : mais , , les : rétro sont noirs M1 S2 S25 : et ça c’est bien pa(r)ce qu’au moins on
n’est pas attiré par le rétro
3D-V2-BA S13 M1S2C27 : le fond du cadran < X > mais bien noir
3D-V1-BB S7 M1S2G30 : les : les matériaux et les couleurs euh : le tissus du siège passager c’est l(e) même
euh : i(l) y a toujours ce mélange d’écru de bois et de : de gris enfin là j(e) le vois presque noir c’est un gris très
foncé euh : et p(u)is ici le vert
3D-V1-BA S4 M1 S2 A16 : bah pa(r)ce que souvent les voitures sont plutôt noires / si tu veux moi quand
j’achèt(e)rai une voiture
3D-V2-NA S7 bon euh : j’ai l’impression qu’i(l)s sont blancs bon euh : et euh : ça va être euh : tout jaune et tout
noir d’ici quelques années euh : ils ont une forme euh : de pare-soleil euh :
82
Corpus Réel
NOIR SUBSTANTIF
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
R-V2-BB S3 M20 : euh : là c’est moins gênant associé au bois et au noir c’est moins gênant ,
,
R-V2-BB S9 GS14 : i(l) y a une opposition entre le beige et le noir
R-V2-BB S11 2 : si un jour j’ai un enfant et que j(e) veux mettre un siège bébé je prendrai la notice et puis j(e) lirai
j(e) lirai pour savoir si j(e) peux l(e) mettre j e n'ai pas besoin d’avoir euh : toute ma vie euh : un truc qu(i) est
dessiné et qui s(e) voit vach(e)ment bon il est dessiné euh : en noir sur un fond blanc en noir sur un fond blanc
alors
R-V2-BB S7 G10 : qui était qui était (en)fin : superposé au bois et on voyait vraiment le contraste ça f(ai)sait
vraiment quelque chose de beaucoup plus clair le bois en virtuel hein et et : i(l) y avait vraiment un contraste de
ce : de ce marron clair avec ce noir ce n'était ce n'était pas beau alors que là bah ça passe hein
R-V2-BB S7 G18 : alors c(e) qui la rend encore plus discrète qu’à : côté ça : donne l’impression qu(e) place pour
les pieds est encore plus profonde le noir c'est ça donne une impression de vide
R-V2-BB S7 G34 : cette association euh : inox cuir bois plastique euh : marron euh : beige gris euh : noir
j(e) trouve ça un peu lourd
R-V2-BB S7 G35 : ouais , , peut-êt(r)e que soit le noir soit le bois soit on <X> j(e) crois , , disons qu(e) j’ai
l’impression que pour rester dans une idée un peu originale euh : de mélange et de couleur
R-V2-NA S1 O34 : e(lle) fait plus ludique que celle-là doncque ludique ça fait penser à enfant doncque un enfant
il est en sécurité dans son environnement on a l’impression qu(e) c’est doux c’est : , , euh : c’est ché pas , , le
noir ça fait : ça fait triste et : euh : et triste ça m(e) fait penser à la mort donc du coup j(e) suis moins en sécurité
dans ma tête
R-V2-NA S10 M40 : pa(r)ce que tu sais on a une esthétique dans les yeux hein ce type de coloration dans les
véhicules on les voit partout en fin d(e) compte euh : peut-être un peu moins luxueux mais enfin bon en général
c’est toujours beige comme ça beige noir ou beige marron euh : là si tu veux i(l) y a un autre concept euh : : qu’i(l)
faut pouvoir accepter pa(r)ce que le noir ce n'est pas évident hein
R-V2-NA S4 A74 : j(e) pense que le noir s(i) tu veux affine plus et t(u) as l’impression d’être , , mais toujours la
même histoire moi je suis sûre que mon père i(l) s(e)rait i(l) s(e)rait coincé là-d(e)dans
R-V2-NA S10 M38 : euh : je n'en sais rien pour moi c’est peut-être le noir qu(i) est plus dur à : : à avaler
R-V2-NA S2 S50 : moyen en fait euh : au fur là et à m(e)sure on (se) sent un peu euh : , , ché pas , , ché pas
pa(r)ce que moi général(e) ment j’aime bien le noir quoi et euh : mais c’est vrai que j(e) me sentais vach(e)ment
mieux dans l’autre
R-V2-NA S2 S53 : mais en fait en fait j(e) crois qu(e) j’aime bien le noir sur les habits mais dans des espaces
c’est un peu euh : f : : < soupir >
R-V2-NA S1 O20 : c’est trop monotone disons qu’(il n’) y a pas , , (il n’) y a qu(e) deux couleurs quoi le gris le
noir
R-V2-NA S10 M69 : hein pa(r)ce que ce n'est pas féminin du tout euh : , , même trente ans à la limite pa(r) ce
que elle r(e)ssemble un peu à une Golf , , si on la prend en noir elle fait un peu Golf
R-V2-NA S11 B6 : le siège euh : , , le design siège euh : bah écoute euh : en noir et gris comme ça ça m(e)
convient
R-V2-NA S7 G18 : alors euh : j’aime beaucoup euh : la couleur euh : des euh : , , ce : ce noir là cette euh : ce
noir sur les portières de tableau d(e) bord le : le volant
R-V2-NA S7 G19 : je trouve que ça a un beau noir très uni
R-V2-NA S7 G20 : et qui brille euh : qui brille bien il est euh : j(e) le trouve très beau i(l) s(e) marie bien avec le
tissus et donc la : la couleur noire qui (n’)est pas exactement la même puisque c’est un noir sur un tissu et non
pas un noir sur un plastique
R-V2-NA S11 B16 : bah euh : du noir et alu quoi noir et alu j’aime beaucoup mais j(e ne) suis pas sûre que ce
soit quelque chose que je : que j(e) vivrais bien tous les jours surtout que je vis dans un : dans un habitacle beige
R-V2-NA S3 M11 : le noir et le métal j’aime bien moi
R-V2-NA S3 M13 : ché pas c’est : c’est l ‘association du noir et du et du : métal
R-V2-NA S10 M4 : bon , , j(e) trouve qu’i(l) y a une recherche là entre le noir et l’argent qu(e) j’aime
beaucoup
R-V2-NA S9 GS17 : l’esthétique bon bah c’est vrai que c’est beaucoup plus discret quand même comme ça , , tu
vois j(e) préfère des couleurs comme ça plus discrètes que des couleurs de beige noir plus opposés
R-V2-NA S9 GS21 : bah : la couleur si tu veux , , d’un seul coup on a : on a du beige et noir et là c’est un gris
foncé et et : proche du noir
R-V2-NA S2 S56 : et puis des pointes de noir tu vois
R-V2-NA S9 GS21 : bah : la couleur si tu veux , , d’un seul coup on a : on a du beige et noir et là c’est un gris
foncé et et : proche du noir
R-V2-NA S4 A7 : avec euh : le blanc et noir comme ça ça rappelle tout l(e) reste
R-V2-NA S10 M64 : oui on sent du costaud là , , mais l’autre aussi si tu veux mais elle euh : ça flashe pas elle
est pas euh :
R-V2-NA N65 : bah là qu’est-c(e) qui fait qu(e) ça flash plus d(e) ce côté !
R-V2-NA M65 : bah j(e) te dis justement c’est cette harmonie d(e) couleurs entre le le noir et le : l’anonisé
83
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
NOIR EPITHETE
R-V2-BB S8 G37 : dans cet ensemble noir , , j(e) trouvais dans l’ensemble noir dans l’ensemble noir j(e)
trouvais qu(e) ça r(e)sortait bien euh : ce gris , ,
R-V2-BB S8 G37 : dans cet ensemble noir , j(e) trouvais dans l’ensemble noir j(e) trouvais qu(e) ça r(e)sortait
bien euh : ce gris , ,
R-V2-NA S10 M40 : pa(r)ce que tu sais on a une esthétique dans les yeux hein ce type de coloration dans les
véhicules on les voit partout en fin d(e) compte euh : peut-être un peu moins luxueux mais enfin bon en général
c’est toujours beige comme ça beige noir ou beige marron euh : là si tu veux i(l) y a un autre concept euh : :
qu’i(l) faut pouvoir accepter pa(r)ce que le noir ce n'est pas évident hein
R-V2-NA S7 G20 : et qui brille euh : qui brille bien il est euh : j(e) le trouve très beau i(l) s(e) marie bien avec le
tissus et donc la : la couleur noire qui (n’)est pas exactement la même puisque c’est un noir sur un tissus et non
pas un noir sur un plastique
R-V2-BB S3 M12 : bois noir et p(u)is un peu d(e) métal ça fait moins euh : boule de pétanque pa(r)ce que c’est
euh : pa(r)ce que c’est noir (en)fin i(l) y a moins pa(r)ce que c’est noir c’est bizarr(e)ment tout à l’heure ça :
R-V2-BB S5 A33 : alors que dans l’autre au moins c’est honnête c’est du métal ou du plastique noir euh : bon
bah voilà c’est euh : une voiture elle est c(e) qu’elle est quoi
R-V2-BB S4 A98 : euh : ça paraît quand même de bonne qualité , , maint(e)nant j(e) te dis c’est trop rutilant au
niveau des aciers, , et puis euh : bah les plastiques c’est du plastique noir noir quoi
R-V2-NA S4 A19 : en même temps j(e) préfère pa(r)ce que tout est en plastique noir , , et que l(e) plastique ce
n'est quand même pas du haut d(e) gamme , ,
R-V2-NA S4 A25 : euh : bah les gros cadrans (…) qui sont dans un s(i) tu veux dans un environn(e)ment
euh : plus euh : oui acier noir et gris quoi (…) c(e) qui fait assez sport j(e) trouve
R-V2-BB S7 G2 : bon bah elle est plus jolie en vrai hein , , nan la : le mélange euh : bois cuir blanc et euh : ,
, et plastique noir
R-V2-BB S7 G23 : ce n'est pas mal ça , , et puis pareil euh : encore une fois dans les matières et les couleurs
euh : c(e) qui est noir au milieu du blanc c’est c(e) appartient vraiment au conducteur ce sont ses cadrans son
volant ses commandes au volant puis dans la console du milieu c(e) qui : c(e) qui est donc un mélange de
plastique noir et de et d’imitation bois
R-V2-BB S14 G54 : vous avez des ça , , sur l’autre vous avez un truc noir en plastique là
R-V2-NA S5 A36 : (...) par contre je sais c(e) que c’est que : que ce truc noir qui vient jusqu’à la moitié du parebrise mais ce n'est pas très élégant j(e) trouve ça : ouais c’est un p(e)tit peu un p(e)tit peu long et ça vient au
milieu du pare-brise j(e)trouve ça un peu malhabile
R-V2-BB S3 M60 : euh : par contre j’ai j’ai je : ,
, c’est bizarre dans l’autre voiture là cette partie là noire ne
m(e) plaisait pas du tout
R-V2-BB S3 M26 : le tissu noir dans l’autre dans l’autre voiture c’est plus : c’est plus rêche
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tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
NOIR ATTRIBUT
R-V2-BB S9 GS13 : bah d’une part à la profondeur due au fait que c’est noir par terre
R-V2-BB S3 M12 : bois noir et p(u)is un peu d(e) métal ça fait moins euh : boule de pétanque pa(r)ce que c’est
euh : pa(r)ce que c’est noir (en)fin i(l) y a moins pa(r)ce que c’est noir c’est bizarr(e)ment tout à l’heure ça :
R-V2-BB S7 G23 : ce n'est pas mal ça , , et puis pareil euh : encore une fois dans les matières et les couleurs
euh : c(e) qui est noir au milieu du blanc c’est c(e) appartient vraiment au conducteur ce sont ses cadrans son
volant ses commandes au volant puis dans la console du milieu c(e) qui : c(e) qui est donc un mélange de
plastique noir et de et d’imitation bois
R-V2-BB S14 G44 : le truc s(e)rait noir ça m(e) déplairait pas non plus hein , , c’est comme ça bon c’est luxueux
ça fait un p(e)tit peu tape à l’oeil chose dont je me fous complèt(e)ment mais ça fait plus luxueux , , bon ça fait
plus bon , , ce n'est pas pour ça que j(e) l’aime plus bon :
R-V2-BB S14 G47 : ce s(e)rait noir ça s(e)rait très bien ou marron , , bon on fait ça euh : bon pour qu(e) ça en
jette
R-V2-NA S13 C40 : alors esthétiqu(e)ment c’est noir c’est plus salissant quand même hein
R-V2-NA S1 O42 : bah on a l’impression qu(e) c’est du / le plastique euh : < il touche et frappe sur le plastique >
que c’es(t) un vulgaire plastique de récupération et l’aspect en fait le fait qu’il soit noir en plus ne rajoute pas : : ,
, ça l(e) flatte pas du tout l(e) plastique , , là on a l’impression qu(e) c’est un gob(e)let en plastique quoi < il
touche et frappe
R-V2-BB S7 G17 : euh : là le : le : bon c’est : c’est pareil j’ai : alors là ce n'est pas mal pa(r)ce que j’ai le : le videpoche là le : la boîte à gants pardon elle est euh : elle est noire
R-V2-BB S14 G45 : elle s(e)rait noire comme l’autre mon impression s(e)rait la même , , là c’est un peu cette
histoire de clair comme ça c’est un peu tape à l’œil , , c’est du tape l’œil
R-V2-NA S10 M25 : nan c’est : c’est très chaleureux , , même en étant tout noir c’est très chaleureux
R-V2-NA S6 D10 : euh : mais bon ça reste quand même super carré super classique hein euh : je n'aime
toujours pas pour moi c’est clair et net c’est : c’est beaucoup trop noir c’est beaucoup trop euh : sombre mais
bon c’est quand plus classe que c(e) que j(e) pensais en : en simulation quoi
R-V2-BB S11 B11 : elle me botte bien j(e) trouve ça , , bon euh : la loupe d’orme ce n'est pas ma tasse de thé
c’est du : c’est du stratifié (en)fin c’est du faux , , mais bon euh : dans l(e) truc c’est agréable euh : justement
c(e) que j(e) rapp(e)lais tout à l’heure avec un beige euh : un beige bien prononcé tu mets d(e) le loupe d’orme
que si tu l(e) fais noir ou gris euh : sur loupe d’orme ça s(e) remarque pas
R-V2-NA S4 A46 : l’aut(r)e faisait plus chaude que celle-ci elle fait plus froide pa(r)ce que là c’est gris et noir
R-V2-NA S11 B9 : nan mais sobre euh : comment dire euh : j’sais pas comment qualifier ça c’est euh : bah c’est
plus noir et blanc que l’autre est beaucoup plus teinté , , moi j’aimais bien l’autre euh : au niveau : euh : beige
te : beige et gris
R-V2-NA S3 M66 : et ça ça m(e)fais penser dans l(e) même ordre d’idée ça (en)fin cette partie là : là ça m(e) fais
penser à l’esthétique des rasoirs électriques bon c’est < rire > (…) c’est pa(r)ce que c’est métal et noir métal
brossé et noir , , c’est euh c’est c(e) qu’on rencontre euh : j(e) pense aussi à : à pas mal de : de : produits d(e)
grande consommation quoi qui pour les hommes beaucoup dans ces : dans ces couleurs
85
2D
REEL
TOTAL
ÉNONCÉS
beige
Construction
5
4
1
10
3
5
3
11
1
1
2
4
9
10
6
25
Evaluation
13
2
11
26
15
1
3
19
18
9
2
29
46
12
16
74
Construction
10
4
9
23
5
2
7
14
2
0
0
2
17
6
16
39
Evaluation
18
3
6
27
5
3
4
12
8
1
9
18
31
7
19
57
Nom Epi
gris
tel-00353095, version 1 - 14 Jan 2009
3D
COULEUR
noir
TOTAL
Att
Total Nom
Epi
Att Total Nom
Epi
Att
Total
Nom
Epi
Att
Total
Construction
3
3
3
9
2
1
8
11
1
5
1
7
6
9
12
27
Evaluation
2
4
1
7
1
0
2
3
26
9
13
48
29
13
16
58
Construction
19
11
13
42
10
8
18
36
4
6
3
13
33
25
34
91
Evaluation
32
9
18
60
21
4
9
34
52
19
24
95
105
32
51
189
Tableau 29 : Répartition en nombre des énoncés de construction et des énoncés d’évaluation pour beige, gris et noir selon les dispositifs et selon les fonctions
syntaxiques
COULEUR
2D
ÉNONCÉS
Nom
beige
gris
noir
TOTAL
Epi
3D
Att
Total
Nom
Epi
REEL
Att
Total
Nom
Epi
TOTAL
Att
Total
Nom
Epi
Att
Total
Construction
27,8%
66,7%
8,3%
27,8% 16,7%
83,3% 50,0% 36,7%
5,3%
10,0%
50,0% 12,1%
16,4%
45,5%
27,3%
25,3%
Evaluation
72,2%
33,3%
91,7%
72,2% 83,3%
16,7% 50,0% 63,3% 94,7%
90,0%
50,0% 87,9%
83,6%
54,5%
72,7%
74,7%
Construction
35,7%
57,1%
60,0%
46,0% 50,0%
40,0% 63,6% 53,8% 20,0%
0,0%
0,0% 10,0%
35,4%
46,2%
45,7%
40,6%
Evaluation
64,3%
42,9%
40,0%
54,0% 50,0%
60,0% 36,4% 46,2% 80,0% 100,0% 100,0% 90,0%
Construction
60,0%
42,9%
75,0%
56,3% 66,7%
Evaluation
40,0%
57,1%
25,0%
37,5% 33,3%
Construction
35,3%
55,0%
41,9%
41,2% 32,3%
66,7% 66,7% 51,4%
Evaluation
64,7%
45,0%
58,1%
58,8% 67,7%
64,6%
53,8%
54,3%
59,4%
3,7%
35,7%
7,1% 12,7%
17,1%
40,9%
42,9%
31,8%
0,0% 20,0% 21,4% 96,3%
64,3%
92,9% 87,3%
82,9%
59,1%
57,1%
68,2%
7,1%
24,0%
11,1% 12,0%
23,2%
43,9%
40,0%
32,5%
33,3% 33,3% 48,6% 92,9%
76,0%
88,9% 88,0%
76,8%
56,1%
60,0%
67,5%
100,0% 80,0% 78,6%
Tableau 30 : Répartition en pourcentage des énoncés de construction et des énoncés d’évaluation pour beige, gris et noir selon les dispositifs et selon les fonctions
syntaxiques
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Expériences de la couleur, ressources linguistiques et processus discursifs
dans la construction d'un espace visuel : l’habitacle automobile
Ce travail inscrit l’analyse des relations de co-construction entre discours et perception,
représentations et connaissances, en linguistique et psychologie cognitives. Il s’agissait
d'identifier, par l’analyse linguistique des discours de locuteurs, les facteurs contribuant à
l’appréciation visuelle d’habitacles automobiles. Une méthodologie d’enquêtes semi-directives
a été mise en œuvre. Quatre types de discours ont été recueillis dans quatre situations
différentes : des entretiens relatifs à l’expérience mémorisée de voitures, suscités lors de
simulations visuelles 2D, de simulations visuelles 3D et dans des véhicules réels. Des analyses
lexicales, syntaxiques, discursives ont permis d’identifier des régularités et des spécificités
dans les modes de référenciation et d’évaluation des caractéristiques sensibles de cet espace
complexe, selon en particulier le degré de familiarité des locuteurs vis à vis du dispositif
technique à travers lequel ils évaluent l’habitacle. Les contrastes entre l’incidence en discours
de ces divers modes de présentation matérielle ont permis d’identifier différentes
conceptualisations des couleurs co-construites en discours : entité, propriété, les couleurs sont
également apparues comme étayages de la (re)construction de la matérialité des objets et à
travers eux de la construction d’un espace, en particulier en l’absence d’indices tactiles et
kinesthésiques dans le dispositif de « réalité virtuelle » 3D. Ces recherches contribuent ainsi à
l’élaboration d’une sémantique cognitive située visant à rendre compte des dynamiques de coconstruction entre expérience sensible, connaissances, matérialités linguistiques et pratiques
discursives.
Mots-clés : linguistique cognitive ; discours ; couleurs ; perception visuelle ; validité
écologique ; cognition située
Experiencing colour, linguistic resources & discursive processes
in the construction of a visual space: the automobile interior
This research anchors the analysis of relations of co-construction between discourse and
perception, and representations and knowledge, in linguistics and cognitive psychology.
Grounding the work in the holistic aspect of perception, a methodology of semi-directed
interviews was set up in order to identify the factors involved in the visual assessment of
automobile interiors. Four types of discourse in four different perceptive situations of the
interiors were elicited and collected (interviews of memorised experiences of automobile
interiors versus interviews in “front of” and “inside” experimental 2D and 3D devices and real
cars). Contrastive analyses at lexical, morpho-syntactic and discourse levels allow for
inferences on cognitive constructions built in discourse to be brought out. Regularities and
specificity, in the way of referring to as well as evaluating sensory characteristics of this
complex space, were found to be related to the degree of familiarity of speakers with the
technical device by which they experienced the interiors. The contrasts between the modes of
material presentation allowed for different conceptualisations of colours co-built in discourse
to be identified: entity and property. These different conceptualisations also serve to support
the (re)construction of the materiality of a space deprived of tactile and kinaesthetic clues.
This research contributes to the construction of a situated cognitive semantics whose purpose is
to underline the dynamics of co-construction between sensory experience, knowledge,
linguistic materiality and discursive practices.
Key-Words: cognitive linguistics; discourse; colours; visual perception; ecological validity;
situated cognition
Paris 3 La Sorbonne Nouvelle – ED268, 13, rue de Santeuil, 75005 PARIS
LCPE-LAM : IJLRA (Paris 6, UMR 7190, Ministère de la Culture), 11, rue de Lourmel, 75015 PARIS
PSA Peugeot Citroën, 2 route de Gisy, 78140 Vélizy Villacoublay