espaceUn « soutien financier » des Etats de l’ESA aux fusées Ariane 6 et Vega-C

Accord conclu entre les Etats de l’ESA pour un « soutien financier » aux fusées Ariane 6 et Vega-C

espaceL’accord comprend une subvention annuelle d’un maximum de 340 millions d’euros pour Ariane 6 et 21 millions d’euros pour Vega-C
Le site de lancement d'Ariane 6 au Centre spatial guyanais à Kourou, le mercredi 12 avril 2023.
Le site de lancement d'Ariane 6 au Centre spatial guyanais à Kourou, le mercredi 12 avril 2023. - Shutterstock/SIPA / SIPA
20 Minutes avec agences

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Les 22 Etats membres de l’Agence spatiale européenne (ESA) se sont accordés pour fournir un « soutien financier » afin d’assurer la viabilité économique et la compétitivité des fusées Ariane 6 et Vega-C, stratégiques pour l’accès autonome de l’Europe à l’espace, a annoncé ce lundi le directeur de l’ESA général Joseph Aschbacher.

Cet accord, conclu à l’occasion d’un sommet spatial à Séville (Espagne), comprend une subvention annuelle d’un maximum de 340 millions d’euros pour financer l’équilibre économique du lanceur lourd européen Ariane 6 du 16e au 42e vol. Cela correspond aux lancements prévus de 2026 jusqu’à l’horizon 2030. L’équilibre financier des 15 premiers vols était déjà assuré par un précédent accord.

Premier vol d’Ariane 6 prévu en 2024

Pour la petite fusée italienne Vega-C, clouée au sol après un accident en décembre 2022, la subvention des Etats pourra atteindre 21 millions d’euros annuels du 26e au 42e vol, selon Joseph Aschbacher. Ces subventions doivent permettre d’assurer aux deux fusées de faire face à la féroce concurrence internationale, en particulier de l’américain SpaceX, qui tire à lui seul près de deux fusées par semaine.

Outre la subvention, l’ESA s’est de son côté engagée à acheter quatre vols dits « institutionnels » par an à Ariane 6 et trois à Vega-C pour mettre en orbite des satellites européens. Ariane 6 doit effectuer son premier vol en 2024, avec quatre ans de retard. Ce retard, combiné à l’inflation, a été source de « surcoûts considérables », selon une source proche du dossier.

« Un tournant décisif dans l’histoire spatiale européenne »

Cet accord est « un grand soulagement », a confié Joseph Aschbacher lors d’une conférence de presse, tant les positions des principaux pays contributeurs étaient opposées. Paris plaidait pour un tel soutien à Ariane 6 et Rome pour un soutien similaire à Vega-C, tandis que Berlin dénonçait une « faillite du système » et réclamait que les lanceurs européens soient mis en compétition. Au total, les Etats de l’ESA se sont mis d’accord pour changer de modèle pour la génération suivante de lanceurs en mettant en concurrence les futurs lanceurs, ce qui doit permettre l’émergence de micro et mini-lanceurs.

En contrepartie de cette subvention maximale annuelle de 340 millions d’euros pour Ariane 6, les industriels chargés du programme, en premier lieu Arianegroup, se sont engagés à réduire leurs coûts de 11 %, a indiqué le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire, lors d’une conférence téléphonique. L’aval des 22 membres de l’ESA a été permis par un accord préalable entre Paris, Berlin et Rome, ses trois principaux contributeurs, a-t-il expliqué, rappelant que SpaceX vendait de son côté ses vols au gouvernement américain trois à quatre fois plus cher que ses vols pour le marché commercial. « Cet accord est un sujet majeur et marque un tournant décisif dans l’histoire spatiale européenne », s’est félicité le ministre français.

Un financement sur la durée

Il permet selon lui de « préserver l’unité européenne sur la question stratégique de l’accès à l’espace », tout en ouvrant une « nouvelle ère pour les lanceurs européens, une ère d’innovation et de compétitivité ». L’accord tripartite prévoit également que les trois pays s’engagent à contribuer au financement d’Ariane 6 au-delà des trois ans actés par l’ESA, pour au moins 18 mois supplémentaires, au-delà donc du 42e vol.

Dans l’immédiat, il va permettre aux Européens de passer commande à ArianeGroup pour la construction de 27 lanceurs supplémentaires, au-delà des 15 déjà commandés alors que 28 vols d’Ariane 6 ont déjà été commercialisés, a observé une source proche du dossier. Avio, le constructeur italien de la fusée Vega-C, a par ailleurs obtenu satisfaction d’une revendication de longue date de pouvoir commercialiser lui-même les vols de Vega-C, qui sont jusqu’à maintenant exploités par Arianespace, une filiale d’ArianeGroup, selon l’accord trilatéral consulté par l’AFP.

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