Les Actrices et Acteurs

MIREILLE BALIN

Des éclats du firmament jusqu’au ruisseau de l’oubli, la vie de Mireille Balin s’inscrit dans une suite logique d’événements à laquelle il lui fut pourtant impossible d’échapper.

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MIREILLE BALIN

[annonce] CONFÉRENCE SUR MIREILLE BALIN A MONTMARTRE PAR LOÏC GAUTELIER
Nous avons besoin de vous ! Le 12 mai (à 18h00) arrive à grands pas, date de la conférence sur Mireille Balin à Paris (Montmartre) par Loïc Gautelier. A ce jour, 4 personnes sont inscrites et il en faut un minimum de 20 pour maintenir l’évènement. Cette conférence permettra à certain(e)s d’entre vous de découvrir ou de redécouvrir cette vedette du Cinéma Français injustement oubliée et de pouvoir donner et partager leurs avis sur cette actrice lors de l’échange. Des documents inédits seront présentés, alors venez nombreux(euses) !


« Je ressemblais à une vitrine de bijoutier, mais je n’ai pas été heureuse. Je me faisais peur. Au fond, je n’étais pas faite pour cette vie-là. » Mireille Balin

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MIREILLE BALIN

Mireille Balin est une actrice française, née le 20 juillet 1909 à Monte-Carlo. Elle fait des études secondaires à Marseille, où sa famille s’est fixée, puis « monte » à Paris où elle devient modèle pour des photographies de mode et ensuite mannequin de Haute Couture. « Un jour, il faut gagner sa vie… Je savais quatre langues, j’ai pensé trouver une place de vendeuse. Mais (…) on m’a convaincue rapidement qu’avec la silhouette que j’avais, je gagnerais beaucoup plus comme mannequin… et puis j’ai posé pour des publicités, des machines à écrire, des bas (…) Je n’ai jamais pensé à faire du cinéma, qu’est-ce qu’on aurait dit à la maison ! »

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MIREILLE BALIN

C’est le réalisateur Maurice Cammage qui la « découvre » et lui fait tourner un petit rôle dans un film, en 1932 (Vive la classe !). Pabst, qui cherchait une Dulcinée pour son Don Quichotte, lui fait jouer ce rôle aux côtés du célèbre chanteur d’opéra Fedor Chaliapine (1933).

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MIREILLE BALIN

La jeune comédienne est lancée : elle a à peine plus de vingt ans et sa silhouette impeccable, son visage juvénile est mis au service de personnages de ravissantes ingénues dans quelques films oubliés. C’est Julien Duvivier qui va pressentir en elle un talent encore inexploité. Il lui propose d’abord le rôle d’Aïcha dans La Bandera (1935) ; mais Mireille tombe malade et Annabella la remplace. L’année suivante, Duvivier lui confie le soin d’incarner Gaby, la créature de rêve dont l’amour sera fatal à Pépé le Moko, la femme du monde pour laquelle Pépé le Moko (Jean Gabin) se suicide. (Dans le « remake » américain de ce film réalisé par John Cromwell, a peine deux ans plus tard, en 1938, le rôle de Gaby était tenu par Hedy Lamarr. La comparaison est nettement en faveur de l’actrice française. Le titre du film américain était Algiers, et le rôle de Pépé le Moko tenu par Charles Boyer). Après Pépé le Moko, c’est une autre grande réussite : Gueule d’amour, de Jean Grémillon (1937), où elle est encore la partenaire de Gabin. Dans ce film, elle est « l’instrument de l’inéluctable car de ce traits sans défauts sourd la mort, de ce visage acéré, de ces sourcils arqués, de ces paupières profondes, de cette bouche parfaite mais ironique, à la lisière du mépris, de ces mains fines aux phalanges démesurées. » (« Inoubliables ! » par R. Chirat et O. Barrot, Calmann-Levy, 1986)

Devenue une grande vedette, Mireille Balin est alors appelée à Hollywood… pour rien ! De retour en France, où elle se trouve cantonnée dans des rôles de femme fatale Macao, l’enfer du jeu, Menaces, Dernier atout. Mais, en même temps que ces films de qualité, elle ne cesse de tourner dans des productions moins flamboyantes, du genre Le Roman d’un Spahi (1936), ou Naples au baiser de feu (1937), qui la rendent très populaire mais étouffent – en la limitant aux rôles de « femme fatale » – son talent de comédienne.

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MIREILLE BALIN

« Les jeux sont faits, rien ne va plus, Balin aborde les emplois de femme fatale, et devient « celle par qui le scandale arrive »  Frank Bertrand « Mireille Balin, la star foudroyée »

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MIREILLE BALIN

Inoubliable star de l’entre-deux guerres et après avoir été la vedette d’une trentaine de films, Mireille Balin, subit, en 1945, les foudres des comités d’épuration pour avoir trop aimé un bel officier de la Wehrmacht. Malade, ruinée, prématurément vieillie, l’actrice fera une ultime apparition dans La Dernière chevauchée, de Léon Mathot en 1946 et, jusqu’à sa mort, elle mènera une vie solitaire, partagée entre l’errance et la réclusion, il ne lui restera plus rien de la grande fortune qui avait été la sienne au temps de sa splendeur.

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Mireille Balin et Tino Rossi

Mireille Balin est décédée le 9 novembre 1968, Pour ses adieux, il y avait peu de monde… Tino Rossi qui, avant de l’abandonner, avait partagé quelques années avec elle, s’était rendu à son enterrement en faisant une entrée spectaculaire accompagnée de photographes. Les anciens partenaires de la star, Gabin, Simon, Gravey, Romance…n’étaient pas présents. Carlos W l’impresario, auquel Balin avait rapporté des millions, devait être trop débordé pour sacrifier un moment à l’une de ses vedettes, et aucun metteur en scène, à l’exception de Jean Delannoy, n’est venu rendre un dernier hommage à Mireille Balin. Tous les employés  de La Roue Tourne, eux, étaient bien là ; c’était et c’est toujours une association crée par Paul Azaïs qui est chargée d’aider les artistes tombés dans l’oubli et dans le besoin.

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MIREILLE BALIN

« Finalement de tout mon beau passé, il ne me reste rien matériellement, mais il y a plus triste : il me reste rien, moralement, qui puisse avoir de l’importance tant dans ma vie privée, que ma vie professionnelle… » Mireille Balin

A lire…

GUEULE D’AMOUR – Jean Grémillon (1937)
En attendant le feu vert pour L’Etrange Monsieur Victor, Jean Grémillon a eu le temps de réaliser Gueule d’amour, adapté par Charles Spaak d’un roman d’André Beucler. Nous sommes en 1937, et ce film qui devait être une parenthèse, une œuvre de circonstance, marquera au contraire un tournant dans la carrière du réalisateur : grâce au succès commercial qu’il obtient, il permet à Grémillon d’entamer la période la plus féconde de son œuvre et de produire régulièrement jusqu’en 1944, des films qui marquent une synthèse réussie entre ses exigences artistiques et les contraintes d’un cinéma populaire.

DERNIER ATOUT – Jacques Becker (1942)
Bertrand Tavernier s’est longtemps souvenu d’une séquence de poursuite nocturne en voiture, qu’il a mise des années à identifier. C’était Dernier Atout, le premier film de Jacques Becker. Bertrand Tavernier commence son Voyage à travers le cinéma français avec le réalisateur de Casque d’or, de Falbalas, d’Édouard et Caroline et du Trou, montrant l’acuité de sa mise en scène, son économie de moyens, et en même temps son attention à la réalité, la justesse des personnages, l’étude précise d’un milieu, d’un métier.


Les extraits
Menaces (Edmond T. Gréville, 1939)
Naples au baiser de feu (Augusto Genina, 1937)

MIREILLE BALIN, ou vous avez aimé cette femme… (par Pierre Philippe)
A deux pas de l’image, elle sourit. Dans l’air flotte encore l’odeur du déjeuner qu’on vient de prendre. Paul Azais m’observe, bourru. Nous sommes ici chez lui, qui est devenu chez « eux » depuis qu’il a ouvert sa maison à tous ceux du spectacle qui, un jour, se retrouvent brisés, morts à demi, spoliés des applaudissements, « sinistrés de la gloire », comme dit « France-Soir »…


Le destin de Mireille Balin en 14 chansons par Bruno Romary : Ces beaux yeux là / Les amants de toujours / La vie avec Tino / Celle par qui le scandale arrive / Hollywood pour rien / La dame de coeur / Zone libre / Indignité nationale / Eternelle cigale / Cagnes sur Mer / La roue tourne / Guido / On achève bien les vamps / 15 août 2017. Accédez à la playlist.

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3 réponses »

  1. La dernière biographie de l’actrice par Loïc Gautelier surpasse, de très loin, les deux autres : 410 pages d’informations enfin vérifiées qui restituent la vraie vie de la plus belle star du cinéma français e l’époque.

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  2. bel article mais trop parti pris, en effet mentionné que son impresario et Gabin n’était pas a son enterrement en disant qu’ils avaient mieux a faire ce n’est pas très juste, beaucoups de son encien entourages ne cautionnées pas son passé de collabo et l’on peut le comprendre, elle a tenté de s’enfuir a la libération avec un membres de la wehrmacht et même si l’on ne peut cautionné le crimes qu’elle a subi lors de sa capture, elle n’en était pas moins coupable de collaboration horizontal, comme l’ont disais a l’époque

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