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Guerre entre Israël et le Hamas : une région à risque d’embrasement

Des combattants armés.

Des combattants des brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas, lors d'une parade militaire le 19 juillet 2023.

Photo : Getty Images / MAHMUD HAMS

Le chef d'état-major des forces armées des États-Unis a dit mercredi ne voir « aucune indication d'acteurs supplémentaires qui seraient engagés au détriment d'Israël », et ce, au lendemain d'un avertissement lancé par le président américain Joe Biden à leur intention : « Ne le faites pas. » Mais qui sont ces groupes et ces pays?

Le Hamas

Le Mouvement islamique de résistance a été créé en 1987 en réaction à la décision de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) de négocier avec Israël, dont le Hamas ne reconnaît pas l’existence. Son objectif est la destruction d’Israël et la création d’un État palestinien.

Ses fondateurs sont trois anciens membres des Frères musulmans.

Le Hamas est considéré comme un groupe terroriste par plusieurs pays, dont Israël, les États-Unis et le Canada. Sa branche armée, les brigades al-Qassam, compterait entre 15 000 et 20 000 combattants.

Proche-Orient, l’éternel conflit

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Un panache de fumée s'élève à la suite d'une frappe aérienne israélienne, dans la ville de Gaza, le samedi 7 octobre 2023.

Le Hamas a pris le contrôle de la bande de Gaza en 2007, à l'issue d'un conflit entre factions palestiniennes qui avait suivi sa victoire aux élections législatives de 2006. Dès ce moment, Israël a imposé un blocus qui rend le quotidien des Gazaouis extrêmement difficile. Beaucoup d’entre eux ne pourraient pas survivre sans l’aide internationale.

Depuis des années, le Hamas lance des roquettes contre Israël, dont la plupart sont interceptées par le système de défense antiaérienne.

Ismaël Haniyeh serre la main à Mohammed Bagheri et à Hossein Salami.

Le chef du Hamas, Ismaël Haniyeh (à droite), a rencontré de hauts gradés militaires iraniens lors d'une visite à Téhéran, le 5 août 2021.

Photo : Getty Images / ATTA KENARE

Le Hamas reçoit de l’argent non seulement de la Turquie et du Qatar mais surtout de l’Iran, qui lui fournit également un soutien en matière militaire et technologique ainsi que dans le domaine du renseignement.

Le Hamas est un mouvement sunnite alors que l'Iran est un pays chiite, donc a priori l'Iran ne devrait pas avoir de relations avec le Hamas, ajoute Pierre Pahlavi, directeur adjoint au Département des études de la défense du Collège des Forces canadiennes. Mais ils ont le même adversaire, Israël, ce qui fait que le Hamas et l'Iran coopèrent depuis plusieurs décennies.

Le Hamas est peut-être la forme la plus aboutie d'une relation informelle entre l'Iran et un mouvement non étatique.

Une citation de Pierre Pahlavi, professeur au Collège des Forces canadiennes

Il y a des contacts directs entre le haut responsable du Hamas, Ismaël Haniyeh, et des responsables iraniens, qui se seraient notamment rencontrés à Beyrouth en septembre, fait observer M. Pahlavi.

Le Djihad islamique

Il s’agit d’un autre mouvement palestinien lié aux Frères musulmans, qui refuse de reconnaître Israël et qui bénéficie de l’aide iranienne. Le Djihad islamique est considéré comme une organisation terroriste par plusieurs pays occidentaux, dont le Canada. Il est présent à Gaza et en Cisjordanie.

Des hommes armés et masqués.

Des membres du Djihad islamique participent à une parade militaire anti-Israël à Gaza, le 4 octobre 2023.

Photo : Getty Images / MAHMUD HAMS

Le Hamas est un groupe militaire et politique, tandis que le Djihad islamique est principalement militaire, explique Thomas Juneau, professeur adjoint à l’École supérieure d'affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa. Son objectif est beaucoup plus étroit : c’est la violence contre Israël. Il a beaucoup moins de membres que le Hamas.

Les brigades al-Qods constituent la branche militaire du Djihad islamique. Elles ont participé aux récentes attaques du Hamas, revendiquant une opération d'infiltration en territoire israélien à partir du Liban et affirmant avoir capturé de nombreux soldats israéliens. Elles détiendraient 30 otages. On leur impute de petites incursions, note Pierre Pahlavi. Pour le moment, rien de l'ampleur de ce que le Hamas a fait.

Le Hezbollah

Avec environ 100 000 combattants, ce parti islamiste chiite basé au Liban est le plus puissant de tous ces groupes. Il a été créé après l’invasion israélienne du Liban, en 1982. Comme le Hamas, il se compose d’une branche politique et d’une branche armée. Il s’est battu à plusieurs reprises contre Israël, dont il nie le droit d'exister.

Le Hezbollah est soutenu par l’Iran et considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, Israël et le Canada.

Il a été créé par les Gardiens de la révolution, qui sont l'armée idéologique de l'Iran, et il bénéficie de son appui logistique et financier, explique M. Pahlavi. Dans ce cas-ci, il y a vraiment un cordon ombilical [qui lie le Hezbollah à l’Iran].

Le soutien que l'Iran donne au Hezbollah est beaucoup plus important que celui qu’il donne au Hamas. C’est son partenaire le plus important.

Une citation de Thomas Juneau, professeur adjoint à l’École supérieure d'affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa
Des soldats cagoulés pointent leurs mitraillettes lors d'un exercice militaire.

Des combattants du Hezbollah (Photo d'archives)

Photo : Reuters / AZIZ TAHER

Mercredi, le Hezbollah a tiré des missiles antichars sur une position militaire israélienne, provoquant des bombardements sur le sud du Liban en représailles.

Il s'en tient pour le moment à des attaques ciblées, mais la façon dont Israël agira envers les populations civiles de Gaza pourrait le forcer à changer de tactique, estime Ruby Dagher, professeure à l'École de développement international et mondialisation de l'Université d'Ottawa. Il s'agit de sa légitimité, estime-t-elle.

Le Hezbollah ne pourra pas rester les bras croisés en regardant les Palestiniens se faire bombarder. Si la situation empire à Gaza, cela va le pousser à agir.

Or, une implication plus sérieuse du Hezbollah pourrait entraîner le Liban dans la guerre.

Tout comme le Hamas et le Djihad islamique, le Hezbollah fait partie de l'axe de la résistance, une alliance informelle, antisioniste, qui est informellement chapeautée par l'Iran et qui réunit tous les acteurs chiites et pro-iraniens de la région [ainsi que] des acteurs sunnites comme le Hamas, souligne Pierre Pahlavi.

Le Hamas a d’ailleurs appelé samedi cet axe de résistance à l’appuyer dans sa lutte contre Israël, souligne dans une note d'analyse l’Institute for the Study of War.

L'Iran

Derrière tous ces groupes plane l’ombre de Téhéran, qui les finance et les appuie, sans que rien permette toutefois de rattacher l'Iran aux récentes attaques.

Pour le moment, même les responsables militaires israéliens restent prudents et soulignent qu'il n'y a pas de preuve tangible d'une implication de l'Iran, fait remarquer M. Pahlavi. Mais le degré de sophistication de l'opération de samedi, avec un tel degré de coordination et de planification, fait en sorte que beaucoup de gens se sont dit que le Hamas, avec ses maigres moyens, n'a pas pu faire ça tout seul sans une aide extérieure.

L'ayatollah Ali Khamenei.

L'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien (Photo d'archives)

Photo : Reuters / Morteza Nikoubazl

L’ayatollah Ali Khamenei a déclaré que Téhéran n’avait pas été impliqué dans l’attaque de samedi, mais il a soutenu qu’il embrassait les mains de ceux qui ont planifié l'attaque contre le régime sioniste.

Un porte-parole de la Maison-Blanche a affirmé lundi que Téhéran était complice de l’attaque mais qu’il ne disposait d’aucune preuve indiquant sa participation directe.

L'Iran soutient depuis longtemps le Hamas et d'autres réseaux terroristes dans toute la région en leur fournissant des ressources et des capacités de formation, a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, sur MSNBC.

En l'absence de ce soutien, le Hamas n’aurait jamais été capable de faire ce qu'il a fait.

Une citation de Thomas Juneau, professeur adjoint à l’École supérieure d'affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa

M. Juneau estime qu'il est inconcevable que l'Iran n'ait pas coordonné l'attaque avec le Hamas et le Djihad islamique. Mais en est-il l'instigateur? Impossible de s'avancer là-dessus.

L'Iran est spécialiste de l'action en zone grise, ce qui l'amène à avoir des intermédiaires sur le terrain qui prolongent son influence au Moyen-Orient, fait observer M. Pahlavi. Son modus operandi est précisément d'avoir des relations très fortes avec des proxys [des intermédiaires] mais ces liens ne sont pas tangibles.

La Turquie, l’Égypte et le Qatar

Ces acteurs régionaux, proches du Hamas mais qui ont également des liens avec Israël, pourraient jouer un rôle de médiation entre les deux parties, pensent les chercheurs.

À la différence de l'Iran, tous trois ont intérêt à ce que la situation régionale soit stable, estime M. Pahlavi. Dans le cas d'une déflagration, le Qatar et la Turquie seraient parmi les premiers perdants, fait savoir le chercheur. Ils gagnent donc à ce que l'escalade n'aille pas trop loin.

Ce sont un peu les jokers de l'échiquier moyen-oriental.

Une citation de Pierre Pahlavi, professeur au Collège des Forces canadiennes

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