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Atlas Botanique_extrait

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Conservatoire botanique national de Corse<br />

<strong>Atlas</strong> biogéographique<br />

de la<br />

flore<br />

de Corse<br />

Office de l’environnement de la Corse


Romulea revelieri,<br />

Monte Sant’Anghjelu, Lentu


Sommaire<br />

9. Le mot du président de l’OEC<br />

11. Comme tout un chacun – Jean-Claude Acquaviva<br />

12. Le Conservatoire botanique national de Corse<br />

13. Introduction<br />

13. La flore de la Corse<br />

18. La connaissance botanique<br />

21. Présentation de l’<strong>Atlas</strong> biogéographique<br />

de la flore de Corse<br />

25. Monographies des espèces remarquables<br />

573. Taxons in memoriam<br />

576. Glossaire<br />

582. Les acteurs de la conservation de la flore<br />

et des végétations en Corse<br />

584. Les outils de protection de la flore<br />

585. Bibliographie<br />

597. Quelles plantes sur ma commune ?<br />

7


Veronica alpina au Monte Ritondu.


Le mot<br />

du président<br />

de l’Office<br />

de l’environnement<br />

Le président d’un office tel que celui de l’environnement de la Corse<br />

ne peut qu’être particulièrement heureux et, bien sûr, fier de l’édition<br />

d’une somme telle que cet <strong>Atlas</strong> biogéographique de la flore de Corse.<br />

Outil précieux désormais entre les mains du public, il est le fruit de<br />

plusieurs décennies de travaux d’études sur le terrain. Il sera pour<br />

les générations à venir, c’est certain, un repère essentiel, une « bible »<br />

de notre patrimoine floristique.<br />

Il est par ailleurs emblématique des missions cardinales<br />

du Conservatoire botanique national de Corse qui a porté le projet :<br />

répertorier, étudier, faire connaître afin de préserver un écosystème<br />

d’exception, d’une richesse inégalée en Méditerranée occidentale.<br />

Ce monumental ouvrage fait aussi honneur à tous ceux qui ont<br />

de près ou de loin contribué – depuis le XIX e siècle pour certains –<br />

à la découverte de ce patrimoine. Leur exigeant travail de bénédictin<br />

n’aura pas été vain.<br />

Gageons que la connaissance partagée de cette extraordinaire<br />

diversité botanique, grâce à un tel ouvrage, permettra collectivement<br />

de veiller aux équilibres fragiles dans lesquels il nous est permis de<br />

vivre encore aujourd’hui.<br />

Car la protection est l’affaire de tous, responsables politiques,<br />

François Sargentini<br />

Président<br />

de l’Office de l’environnement<br />

de la Corse<br />

administrateurs, chercheurs, personnels de terrain et – plus forts<br />

parce qu’innombrables – tous ceux qui fréquentent les milieux naturels<br />

de la Corse.<br />

9


Remerciements<br />

Cet ouvrage est le résultat d’un travail d’équipe, de rencontres et de partages. Les contributeurs<br />

ont été très nombreux aux différentes étapes de ce projet qui s’est étalé sur plus de dix ans.<br />

Nous tenons tout d’abord à remercier Daniel Jeanmonod et Frédéric Médail pour nous avoir<br />

soutenus mais également pour leur implication tant dans la phase rédactionnelle que dans la<br />

phase de relecture. Nous remercions également l’ensemble des membres du Conseil scientifique<br />

du Conservatoire botanique national de Corse qui au fil des années a contribué de près ou de<br />

loin à la réalisation de cet ouvrage.<br />

Nos pensées s’adressent particulièrement à Jacques Gamisans, président de ce Conseil scientifique<br />

de 2005 à 2012, contributeur de cet ouvrage mais qui hélas n’a pu le voir abouti, ainsi<br />

qu’aux différents botanistes ayant œuvré à la connaissance et reconnaissance de la flore de<br />

cette île et qui s’en sont allés avant cette publication : Jacques Lambinon, Pierre Quézel, Gilles<br />

Dutartre.<br />

L’inventaire de terrain, phase préliminaire de ce type de travail, n’aurait pu être réalisé sans les<br />

travaux menés durant des dizaines d’années par les botanistes professionnels comme amateurs,<br />

de passage occasionnel ou viscéralement attachés à ce hotspot de la biodiversité méditerranéenne<br />

que constituent la Corse et ses îlots satellites. Nous tenons à les remercier pour<br />

l’ensemble des travaux menés sans lesquels cet ouvrage n’aurait pu exister.<br />

Merci également à toute l’équipe du Conservatoire botanique national de Corse qui durant<br />

plusieurs années a participé aux inventaires de terrain comme aux aspects techniques et<br />

administratifs de ce beau projet.<br />

Nous remercions l’Office de l’environnement de la Corse, structure porteuse du Conservatoire<br />

botanique national de Corse qui a œuvré pour que cet ouvrage puisse voir le jour. Nos remerciements<br />

s’adressent également au ministère de l’Écologie qui par son soutien permet le maintien<br />

des inventaires permanents et l’amélioration de la connaissance sur la flore et la végétation<br />

insulaire.<br />

Iconographie<br />

Les illustrations sont issues pour la plupart de la photothèque du CBNC.<br />

Cependant, afin de remédier au déficit de clichés pour certaines espèces, nous avons sollicité<br />

plusieurs de nos collègues et collaborateurs que nous tenons à remercier, en particulier :<br />

Paulin Acchiardi (Communauté de communes de l’Alta Rocca)<br />

Pierre Corradini (Société entomologique du Limousin)<br />

Danièle et Olivier Gonnet (Société lichenologique de France)<br />

Jacques Gamisans 4<br />

Daniel Jeanmonod 5<br />

Frédéric Andrieu, Jean-Claude Arnoux, Jacques Vincent-carrefour,<br />

Bernadette Huynh-Tan, Henri Michaud,<br />

Virgile Noble et Sébastien Sant (Conservatoire botanique national méditerranéen),<br />

Laurent Sorba (Office de l’environnement de la Corse),<br />

Guilhan Paradis 7<br />

Daniel Pavon (Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie),<br />

Jean-Marc Tison (Société botanique de France),<br />

Fabrice Torre (DREAL Corse)<br />

et les Conservatoire et Jardin botaniques de la ville de Genève,<br />

Chaque illustration porte en légende l’endroit où le cliché a été pris. Les crédits photographiques<br />

sont en fin d’ouvrage.<br />

Observateurs<br />

Le présent atlas compile et synthétise plusieurs décennies de données provenant de très<br />

nombreux observateurs, qu’ils soient botanistes passionnés ou occasionnels, randonneurs<br />

naturalistes chevronnés et promeneurs amoureux de la nature, ou simples curieux dont l’œil a<br />

été attiré par une plante inconnue. Ils ont bien voulu nous transmettre leurs découvertes et<br />

cet ouvrage doit beaucoup à leurs observations. La liste de tous ces collaborateurs figure en<br />

annexe page 583.<br />

Nous espérons n’avoir omis personne et nous présentons toutes nos excuses aux éventuels<br />

oubliés.<br />

En tout état de cause, merci à tous !<br />

Coordination, rédaction et relecture<br />

Coordination de l’ouvrage<br />

Alain Delage, Laetitia Hugot<br />

Rédaction des fiches<br />

Les monographies sont la plupart du temps le fruit de<br />

la collaboration entre plusieurs auteurs et relecteurs<br />

et après plusieurs versions, il est difficile d’attribuer à<br />

chacun sa part respective.<br />

Que l’ensemble des rédacteurs des fiches de cet ouvrage<br />

soient remerciés pour leurs précieuses contributions :<br />

Frédéric Bioret 1 , Alain Delage 2 , Katia Diadema 3 ,<br />

Jacques Gamisans 4 , Laetitia Hugot 2 ,<br />

Daniel Jeanmonod 5 , Frédéric Medail 6 , Léo Nery 2 ,<br />

Guilhan Paradis 7 , Carole Piazza 2 , Yohan Petit 2 ,<br />

Bertrand Schatz 8 , Paula Spinosi, Nicolas Suberbielle 2<br />

Relecture et harmonisation<br />

Alain Delage, Laetitia Hugot,<br />

Daniel Jeanmonod, Frédéric Medail<br />

Cartographie<br />

Alain Delage,Léo Nery, Nicolas Suberbielle<br />

1. Université de Bretagne occidentale, IUEM, Plouzané, conseiller<br />

scientifique du CBNC.<br />

2. Conservatoire botanique national de Corse, Office de<br />

l’environnement de la Corse, Corti.<br />

3. Conservatoire botanique national méditerranéen, bureau des<br />

Alpes-Maritimes, Antibes.<br />

4. Université d’Aix-Marseille, université de Toulouse, premier<br />

président du conseil scientifique du CBNC.<br />

5. Conservatoire et jardin botaniques de la ville de Genève (en<br />

retraite), conseiller scientifique du CBNC.<br />

6. Université d’Aix-Marseille, IMBE, Aix-en-Provence, actuel<br />

président du conseil scientifique du CBNC.<br />

7. Université de Corse (en retraite), conseiller scientifique du<br />

CBNC.<br />

10


Comme<br />

tout un chacun<br />

Erba strega (Stachys glutinosa), Santa Reparata<br />

Daniele et Olivier Gonnet<br />

C<br />

Comme tout un chacun, je questionne sans cesse mon rapport<br />

au monde et à tout ce qui m’entoure… à l’heure où je rédige une<br />

petite introduction à ce nouvel ouvrage consacré aux plantes et fleurs<br />

recensées en Corse, que sais-je de cet univers fascinant et mystérieux<br />

de la botanique ? Rien ou presque ! Seuls me reviennent en mémoire,<br />

des souvenirs de mon enfance passée à Palmentu (Santa Riparata<br />

di Balagna) où, chaque jour ou presque, les anciens évoquaient en<br />

ma présence, les miracles de Ziu Peppé, Sylvestre Franceschini,<br />

mon arrière-grand-père qui soignait par les plantes. On racontait que<br />

les « patients » arrivaient par caravanes entières de toute la Corse,<br />

pour consulter celui qui était considéré par certains médecins<br />

eux-mêmes, comme le dernier rempart, l’ultime recours face à<br />

des maux « irréparables » (incurables eut été exagéré !).<br />

Combien d’hommes et de femmes m’ont dit avoir été sauvés par<br />

celui dont le jardin, au village, avait été baptisé par la communauté<br />

« u paradisu » ; c’est de cet espace-là que provenaient les herbes et<br />

plantes qu’en alchimiste il utilisait en en combinant toutes les vertus.<br />

Les temps ont changé. Loin de moi l’idée de verser dans la nostalgie<br />

dont j’ai toujours considéré qu’elle constituait une forme quelque peu<br />

boiteuse de la mémoire qui, en se gavant de paradis perdus,<br />

nous empêche parfois de nous projeter avec enthousiasme et lucidité<br />

dans le temps présent, mais force est de constater que nous avons<br />

pris nos distances avec la connaissance la plus élémentaire du milieu<br />

dans lequel nous évoluons. Aujourd’hui, pour l’immense majorité<br />

d’entre nous, les plantes, les herbes, les fleurs dont nous ignorons<br />

souvent le nom même, ne parlent plus… Elles nous apparaissent tout<br />

au plus comme de jolies voisines, quelquefois encombrantes, alors<br />

même qu’elles sont, à la fois, origine de notre présence sur terre et<br />

garantie de notre survie en tant qu’espèce !<br />

C’est sans doute parce que je sais combien mon ignorance coupable<br />

participe au déclin de la biodiversité (tous responsables !) que je voue<br />

une admiration sans bornes à celles et ceux qui consacrent leur vie à<br />

observer, étudier, inventorier ces « minuscules » trésors parce<br />

qu’ils ont, eux, conscience de ce que ces derniers représentent dans<br />

le grand voyage de la vie à travers les époques. Quel réconfort que<br />

d’apprendre que nous partageons tel ou tel taxon, vestige d’une ère<br />

glaciaire avec les grandes étendues du Nord de l’Europe, que<br />

l’on trouve ici ou là sur nos terres, des espèces qui ne s’épanouissent,<br />

par ailleurs, que dans le Nord du continent africain, que notre île<br />

abrite des espèces endémiques par dizaines tout comme elle accueille<br />

des végétaux rares venus d’autres contrées.<br />

On pourrait évidemment faire le parallèle avec tout ce qui fonde<br />

notre être : notre langue, notre chant, nos pratiques sociales,<br />

nos croyances… quelle parfaite illustration de ce qu’est notre identité<br />

même : une longue et belle odyssée !<br />

Jean-Claude Acquaviva<br />

S’appliquer à protéger en commençant par recenser, c’est une façon<br />

de magnifier notre île, ce gigantesque joyau resplendissant parmi<br />

les immenses richesses de ce confetti qu’est notre planète !<br />

Comment mon arrière-grand-père aurait-il accueilli cet ouvrage ?<br />

Il l’aurait probablement dévoré des yeux ne serait-ce que pour mieux<br />

cerner encore les formidables facultés de ces organismes précieux,<br />

dons inestimables de la terre Mère. Quant à nous qui n’avons pas su<br />

recueillir son savoir, nous nourrir de son expérience et protéger<br />

son jardin, saluons tout au moins les efforts et le travail remarquable<br />

de ces scientifiques, chercheurs, tous passionnés qui croient<br />

résolument en un monde forcément meilleur où nous vivrions en<br />

symbiose avec notre milieu, une fois réconciliés avec sa mémoire,<br />

notre mémoire.<br />

11


Le Conservatoire<br />

botanique national<br />

de Corse<br />

Créé en 2002 en tant que service de l’Office de l’environnement de la Corse,<br />

antenne corse du Conservatoire botanique méditerranéen de Porquerolles,<br />

il est, en 2008, agréé par le ministère de l’Écologie comme conservatoire<br />

botanique national pour la Corse et les îlots satellites. Il est également chargé<br />

des relations avec les îles méditerranéennes. Les activités du conservatoire<br />

sont orientées par un conseil scientifique, présidé par le professeur F. Médail.<br />

Le conservatoire s’attache à être un service de proximité pour différents<br />

publics : collectivités locales, sociétés savantes, gestionnaires d’espaces<br />

naturels, laboratoires de recherche. Il joue un rôle d’expert auprès des administrations<br />

pour la préservation du patrimoine végétal sauvage. Il s’intègre à un<br />

réseau de onze conservatoires botaniques nationaux constitué en fédération et<br />

coordonné au niveau national par l’Office français de la biodiversité.<br />

Crêtes du Monte Cardu<br />

Laetitia Hugot/CBNC<br />

Les missions d’intérêt général du CBNC concernent donc pour la flore vasculaire,<br />

les végétations, les habitats naturels, les bryophytes, la fonge et les lichens :<br />

– Connaissance : l’inventaire des espèces et des végétations<br />

Le conservatoire réalise sur l’ensemble de son territoire d’agrément l’inventaire<br />

de la flore, de la fonge et des habitats naturels, en collaboration avec<br />

un réseau d’observateurs de terrain.<br />

– Conservation de la flore et des habitats menacés<br />

Hierarchisation des enjeux de conservation.<br />

Conservation in situ, à travers des missions d’expertises et d’appui auprès<br />

des gestionnaires.<br />

Développement d’une marque de plantes locales produites localement<br />

(Corsica Grana)<br />

Conservation ex situ grâce à une banque de semences installée provisoirement<br />

dans les bureaux de l’OEC, et une cryobanque en partenariat avec le<br />

centre INRAE de San Giuliano. Le CBNC travaille à la création d’un jardin<br />

botanique.<br />

Lutte contre les espèces exotiques envahissantes :<br />

Veille scientifique internationale, cartographie des espèces et suivi de<br />

la progression des invasions.<br />

Centralisation et diffusion des méthodes de lutte.<br />

– Ressources documentaires et gestion des données<br />

Participation aux plateformes de données naturalistes. Nécessités<br />

de collections scientifiques (herbiers, exsiccata, iconothèque,<br />

séminothèque)<br />

– Communication, sensibilisation et mobilisation des acteurs<br />

Base de données, système d’information nature et paysage (SINP).<br />

Formations, conférences, diffusion d’informations sur différents<br />

supports (publications, réseaux sociaux…).<br />

12


Introduction<br />

La flore, comme le reste de la biodiversité,<br />

est un patrimoine commun à tous, parfois<br />

difficile à appréhender<br />

pour les non spécialistes.<br />

Face à l’érosion globale de la biodiversité,<br />

il était urgent de faire une synthèse à<br />

l’échelle de la Corse permettant de faire<br />

un bilan des connaissances relatif<br />

aux végétaux les plus emblématiques<br />

de ce territoire insulaire.<br />

Inventaires, cartographies et suivis<br />

des espèces menacées sont<br />

plus que jamais d’actualité.<br />

La conservation et la protection de<br />

la flore ne peuvent se faire sans leur<br />

compréhension et leur prise en compte<br />

par les différents acteurs de la société.<br />

D’après Médail et al.<br />

2008, Stantari<br />

Le Conservatoire botanique national de Corse s’efforce de transmettre les éléments<br />

dont il dispose afin que la conservation devienne l’affaire de tous. Cet ouvrage en est<br />

un témoignage et il permettra, nous l’espérons, de faciliter la reconnaissance de ce<br />

patrimoine végétal et des collections naturalistes associées qui méritent considération.<br />

Malheureusement, l’absence de références consultables localement ne permet<br />

pas de valoriser pleinement ce patrimoine, la Corse restant en effet à ce jour la<br />

seule île de Méditerranée sans herbier officiel. Il nous semble essentiel que cette<br />

singularité cesse, afin que tout un chacun puisse s’approprier ou se réapproprier ce<br />

patrimoine mais également que la connaissance puisse être diffusée et que la Corse<br />

soit représentée dans les différents réseaux de Méditerranée traitant de ces sujets.<br />

La Corse est pour les végétaux à la fois un carrefour biogéographique, un<br />

refuge historique et une zone d’émergence de nouvelles espèces. Nombreuses sont<br />

les plantes présentées ici qui ne sont ni rares ni menacées mais qui ont une aire de<br />

répartition réduite, parmi lesquelles un grand nombre d’espèces endémiques, propres<br />

à l’île.<br />

Cet ouvrage met en avant ces espèces et, en complément des ouvrages<br />

existants, dresse un état des lieux précis et inédit sur la répartition de cette flore<br />

souvent unique, pour laquelle la Corse a une responsabilité de conservation de tout<br />

premier plan.<br />

Cet atlas est le fruit d’un important travail d’inventaire, de dépouillement de<br />

la littérature, de collecte des observations existantes. Nous avons cherché à faire<br />

un lien entre les données historiques issues des travaux des botanistes des XIX e<br />

et XX e siècles, les connaissances des botanistes de terrain et les avancées les plus<br />

récentes issues des différentes disciplines des sciences de la vie. Parce qu’il s’agit<br />

d’un atlas, nous avons privilégié les représentations cartographiques, facilitant les<br />

ouvertures sur le monde, retraçant ainsi les différentes influences qui font l’originalité<br />

de la flore de Corse. Nous espérons modestement que chacun à son niveau<br />

trouvera matière à réflexion et que nous contribuerons ainsi au respect et à la<br />

préservation de ce patrimoine naturel si riche.<br />

La flore de la Corse<br />

Malgré sa taille relativement réduite (8748 km 2 ), la Corse possède une flore<br />

vasculaire particulièrement riche au sein des îles méditerranéennes. Selon Flora<br />

Corsica (JEANMONOD & GAMISANS, 2013), la flore sauvage de l’île est composée de<br />

2724 taxons (dont 2411 espèces) avec 2238 taxons indigènes (1987 espèces)<br />

et 486 taxons introduits dont certains malheureusement envahissants. Cette<br />

richesse est principalement due au relief tourmenté permettant de très<br />

nombreux habitats, mais aussi à la présence d’étages de végétation à la fois<br />

tempérés et méditerranéens. Sa composition floristique est le résultat de l’isolement<br />

de longue date de l’île, de son éloignement au continent et de son<br />

histoire paléogéographique et paléoenvironnementale si contrastée. Ainsi, de<br />

nombreux taxons ne sont pas parvenus jusqu’en Corse tels les genres alpins<br />

Androsace, Astrantia, Dryas, Gentianella, Oxytropis, Pedicularis, Rhododendron<br />

et Soldanella, ou encore les genres tempérés Carpinus, Dracocephalum,<br />

Melampyrum, Pulmonaria, Rhinanthus et Veratrum et même les genres méditerranéens<br />

steppiques ou pontiques tels que Betonica, Buffonia, Catananche,<br />

Jasminum, Onosma, Phlomis, Sternbergia et Xeranthemum. De plus, toutes les<br />

espèces d’altitude des genres Campanula, Gentiana, Primula, Salix et Saxifraga sont<br />

également absentes. Malgré cela, de nombreux genres et espèces ont réussi à coloniser<br />

13


Fig. 1 – Proportions des différents<br />

taxons en fonction de leur fréquence<br />

l’île à diverses périodes géologiques. Ainsi, la flore corse est composée<br />

d’éléments de multiples origines qui montrent les deux influences principales<br />

: méditerranéenne d’une part (47,5 %) et tempérée (27,7 %)<br />

d’autre part (paléotempérée, européenne, boréale, arctico-alpine).<br />

Du fait de son isolement, la Corse a aussi été le creuset de la différenciation<br />

de nombreuses espèces : l’endémisme y est de ce fait<br />

important avec 132 plantes strictement corses (5,9 %) en grande<br />

partie traitées dans cet atlas et présentes dans divers milieux de<br />

l’île depuis le littoral (Anthemis arvensis subsp. glabra (Rouy)<br />

Jeanm., Armeria soleirolii (Duby) Godr., Limonium bonifaciense<br />

Arrigoni & Diana, L. corsicum Erben, etc.), jusque sur<br />

les plus hauts massifs (Clinopodium corsicum (Pers.) Govaerts,<br />

Draba loiseleurii Boiss., Erigeron paolii Gamisans, etc.). De<br />

plus, l’existence de 170 taxons (7,6 %) subendémiques reflète<br />

l’histoire géologique et les liens anciens plus ou moins étroits<br />

avec les territoires voisins. La Corse partage ainsi 78 endémiques<br />

avec la Sardaigne, 7 avec les Baléares et quelques autres avec des<br />

territoires plus ou moins proches (îles d’Hyères, Capraria, Toscane,<br />

Sicile, Calabre, etc.) et même une plante exclusivement avec la Crète<br />

(Lepidium oxyotum DC.). Le nombre d’endémiques et de subendémiques<br />

a tendance à croître depuis le littoral jusqu’à l’étage montagnard puis à<br />

décroître dans les étages supérieurs (JEANMONOD et al., 2015). Mais le pourcentage<br />

d’endémiques, quant à lui, croît régulièrement depuis l’étage thermoméditerranéen<br />

jusqu’à l’alpin où il atteint un maximum de 43,1 % des taxons présents.<br />

Curieusement, d’assez nombreuses plantes endémiques, telles l’erba barona ou la<br />

nivéole à longues feuilles, montrent par ailleurs un spectre altitudinal plus important<br />

que les autres espèces indigènes et ne sont donc en général pas rares.<br />

Une autre spécificité de l’île est la présence de nombreux taxons du continent<br />

que seule la Corse renferme parmi les grandes îles méditerranéennes. Parmi<br />

ces 260 taxons, on peut citer entre autres Anemone ranunculoides L., Botrychium<br />

matricariifolium (Döll) W. D. J. Koch, Corallorhiza trifida Châtel., Daphne alpina<br />

L. et Juniperus thurifera L. qui sont traités dans cet atlas. Ils sont le reflet d’une<br />

spécificité de la Corse qui a représenté un refuge pour une flore qui s’y est installée<br />

lors d’un passé climatique plus froid.<br />

Toutes les espèces de la flore indigène ne sont pas fréquentes, certaines<br />

n’étant présentes que par une ou deux populations (par ex. Anemone ranunculoides<br />

L., Chaenorhinum minus (L.) Lange subsp. pseudorubrifolium Gamisans,<br />

Trichophorum alpinum (L.) Pers.). D’autres n’ont jamais été revues et beaucoup<br />

sont rares (fig. 1). L’<strong>Atlas</strong> traite d’ailleurs de la plupart de ces espèces rares qui<br />

subsistent dans des milieux très diversifiés. Certaines stations semblent avoir<br />

disparu, d’autres sont parfois trouvées suite à des prospections poussées.<br />

La Corse est essentiellement composée de roches siliceuses,<br />

mais les quelques rares zones à serpentinites renferment une flore<br />

particulièrement intéressante avec des espèces particulières<br />

à ce substrat comme Alyssum robertianum Bernard, Godr. &<br />

Gren., Asplenium adiantum-nigrum var. silesiacum (J. Milde)<br />

J. Milde, Biscutella rotgesii Foucaud, Cardamine plumieri Vill.,<br />

Paragymnopteris marantae (L.) K.H. Shing, Senecio serpentinicola<br />

Jeanm., Atocion armeria (L.) Raf., Silene inaperta L..<br />

Le calcaire n’est pas fréquent non plus et est très localisé ou<br />

disséminé sur de petites surfaces. Pourtant, sa flore s’élève à<br />

316 taxons indigènes selon SCHLÜSSEL et al. (2014), dont 212<br />

strictement calcicoles.<br />

275<br />

85<br />

415<br />

12 %<br />

4%<br />

19 %<br />

60<br />

3 %<br />

Commun<br />

Peu fréquent<br />

Localisé<br />

Rare<br />

Très rare<br />

POURCENTAGE<br />

NOMBRE<br />

27 %<br />

598<br />

10 %<br />

Très commun<br />

Disparu ?<br />

DE TAXONS<br />

225<br />

26 %<br />

580<br />

14


Cette flore se répartit inégalement dans les divers étages de végétations<br />

(fig. 2). L’étage mésoméditerranéen est le plus riche en espèces mais il occupe à<br />

lui seul plus de 2/3 de la surface de l’île. L’étage thermoméditerranéen et le littoral<br />

ont une biodiversité bien supérieure au regard de leur surface alors que les étages<br />

supérieurs sont peu riches mais avec une très forte proportion d’endémiques.<br />

Mais où que l’on porte son regard sur l’île, on sera émerveillé par la beauté<br />

et la richesse de cette flore comme par ses milieux très diversifiés et la majesté de<br />

ses paysages.<br />

Daniel Jeanmonod<br />

Fig. 2 – Schéma et carte des étages de végétation en Corse<br />

(in Gamisans J., Le paysage végétal de la Corse, Albiana, 2010)<br />

Alpin<br />

Subalpin et cryo-oroméditerranéen<br />

Montagnard<br />

<br />

<br />

N<br />

Supraméditerranéen<br />

Mésoméditerranéen<br />

Groupements de l’étage<br />

thermoméditerranéen<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

15


Les facteurs influençant la distribution ibution de la flore<br />

La flore actuelle de la Corse est à considérer comme la résultante de facteurs<br />

biogéographiques passés (changements paléogéographiques, tions climatiques depuis le Tertiaire) et de paramètres environ-<br />

varianementaux<br />

actuels d’origine climatique, édaphique et<br />

topographique, sans oublier l’action de l’homme sur<br />

les milieux naturels au moins depuis le Néolithique<br />

(Gamisans, 2010d).<br />

La Corse est une île montagneuse (fig. 6)<br />

de Méditerranée occidentale qui culmine<br />

à 2710 m d’altitude. Elle présente plus de<br />

15560 km de côte et compte également<br />

115 petites îles et îlots dotés d’au moins<br />

une espèce végétale. Son relief délimite de<br />

grandes régions naturelles correspondant à<br />

divers ensembles géologiques qui influencent<br />

la répartition de la flore : la Corse cristalline<br />

(granitique et volcanique), la Corse alpine<br />

(schisteuse et métamorphique), le<br />

sillon<br />

central à la géologie très variée au contact des<br />

deux ensembles précédents, la Plaine orientale<br />

et les bassins sédimentaires de San Fiurenzu et<br />

Bunifaziu qui comportent d’importantes zones<br />

calcaires (fig. 3).<br />

L’histoire paléogéographique est déterminante<br />

pour éclairer l’origine, la différenciation ion et la tion du peuplement végétal de la Corse (Médail & Verlaque,<br />

distribu-<br />

1997). Il est bien établi que la position actuelle de la Corse et de la<br />

Sardaigne résulte de la dérive du bloc corso-sarde qui depuis la sule Ibérique aurait pivoté et dérivé vers le sud-est durant le Miocène inférieur (il<br />

péniny<br />

a environ 24 millions d’années). Au début de la rotation, le climat était certainement<br />

de type subtropical, la flore et la végétation se sont modifiées avec la crise<br />

de salinité du Messinien, il y a entre 5,3 et 6 millions d’années, et ce n’est qu’à<br />

la fin du Pliocène (entre 3,5 et 2,4 millions d’années) que<br />

le climat subtropical a laissé place à un climat méditerranéen<br />

à sécheresse estivale, ce qui a conduit à de fortes<br />

modifications de la composition floristique avec l’extinction<br />

d’espèces méga –thermes (plantes nécessitant des<br />

tempé ratures élevées) et la dif fé renciation des lignées<br />

médi terranéennes.<br />

Puis, au début du Pléistocène, il y a environ<br />

1,8 million d’années, les alter nances de périodes froides<br />

et sèches (épisodes glaciaires) et de phases plus tempérées<br />

(épisodes inter glaciaires) ont profondément modifié la<br />

distribution et la compo sition de la flore insulaire.<br />

La dernière glaciation du Würm, de -70 000 ans à<br />

-12 000 ans, a constitué un épisode particulièrement froid<br />

(notamment durant le dernier maximum glaciaire il y a<br />

environ 20 000 ans, fig. 4)) qui a structuré en grande partie<br />

la répartition de la flore. Les nombreux glaciers n’atteignaient<br />

pas la mer et les côtes corses ont ainsi constitué<br />

un refuge pour un grand nombre de plantes, d’autant que la<br />

partie littorale était plus étendue que l’actuelle du fait de<br />

Alluvions fluvatiles quaternaires<br />

Sables et marnes miocènes<br />

Principaux affleurements calcaires<br />

(essentiellement du Miocène).<br />

Conglomérats, grès et autres roches<br />

sédimentaires du Jurassique au<br />

Pliocène.<br />

CORSE « ALPINE » OU « ORIENTALE »<br />

Schistes lustrés<br />

Gabbros, serpentinites, pillow-lovas<br />

CORSE « HERCYNIENNE » OU « GRANITIQUE » OU « OCCIDENTALE »<br />

Complexe rhyolitique du Cintu<br />

Granites divers et autres affleurements de roches<br />

plutoniques<br />

Fig. 3 – Carte géologique schématique de la Corse (d’après Rossi,<br />

Rouire et al., 1980). In Gamisans J., La végétation de la Corse, C.J.B.<br />

Genève 1991.<br />

Fig 4 – Le bassin tyrrhénien<br />

et la Corse durant le dernier<br />

maximum glaciaire (ca. 20 000<br />

ans B.P.)<br />

D’après Petit-Maire & Vrielynck,<br />

2004. (eds.). In : Commission for<br />

the Geological Map of the World.<br />

16


Fonds inférieurs à – 100 m<br />

Extension maximale<br />

des glaciers lors<br />

de la dernière glaciation<br />

l’abaissement du niveau marin à -100 / – 120 m (fig. 5). À partir de l’Holocène, il y<br />

a 12 000 ans, la végétation de la Corse était sans doute assez proche de sa composition<br />

actuelle (Reille, 1975), mais les influences d’origine anthropiques (déboisement,<br />

pâturage, culture, apport d’espèces pour l’agriculture et l’ornement, urbanisation)<br />

ont modifié de façon significative le couvert forestier et la distribution de certaines<br />

espèces notamment ligneuses comme les chênes caducifoliés ou l’if. Ces variations<br />

se poursuivent de nos jours à l’heure de l’Anthropocène, avec l’action conjointe de<br />

l’homme et des changements climatiques.<br />

Monte Cintu<br />

Frédéric Médail<br />

Monte d’Oru<br />

Rinosu<br />

N<br />

Alcudina<br />

Fig. 5 – Paléogéographie de la Corse au maximum de la<br />

régression würmienne.<br />

D’après Conchon 1986. QSR ; in Gauthier Des roches, des paysages<br />

et des hommes, Albiana.<br />

Fig. 6 – Carte des massifs et<br />

du système hydrographique<br />

de la Corse.<br />

Plaines côtières<br />

Massif du Capicorsu<br />

Massif de Tenda<br />

Massif du San Petrone<br />

Massif du Cintu<br />

Massif du Ritondu<br />

Massif du Rinosu<br />

Massif de l’Alcudina<br />

Massif d’U Spidali<br />

Massif de Cagna<br />

0 15 km<br />

17


Les fiches espèce<br />

1 Nom scientifique<br />

L’atlas suit principalement la taxonomie<br />

retenue par Flora Gallica (Tison & de<br />

Foucault, 2014), cohérente pour l’essentiel<br />

avec la version 12 du référentiel national<br />

TaxRef., dans un souci d’harmonisation de<br />

l’information avec l’Office français de la<br />

biodiversité et l’ensemble des Conservatoires<br />

botaniques. Notre ouvrage de référence au<br />

quotidien reste néanmoins Flora Corsica<br />

2 e éd. (Jeanmonod & Gamisans, 2013) et,<br />

lorsque nous avons retenu son point de vue<br />

en cas de divergence taxonomique, nous<br />

l’avons précisé dans le texte. Par ailleurs,<br />

on retrouvera s’il y a lieu la position taxonomique<br />

de Flora Corsica en synonymie.<br />

Famille<br />

Le nom des familles (éventuellement les<br />

familles incluses) suit APGIII (Angiosperm<br />

Phylogeny Group, 2009).<br />

Nom vernaculaire<br />

Nous avons présenté en priorité le nom de<br />

l’espèce en corse, tel qu’il a été établi par<br />

Flora Corsica, puis son nom vernaculaire le<br />

plus usuel en français et à défaut la traduction<br />

de son nom scientifique.<br />

De nombreuses plantes rares, discrètes ou<br />

sans usage n’ont pas de nom vernaculaire,<br />

corse ou français ; d’autres, au contraire,<br />

espèces communes ou usuelles, peuvent<br />

avoir plusieurs noms, parfois nombreux,<br />

variables suivant les microrégions de l’île.<br />

Dans ce cas nous n’avons retenu que les<br />

plus fréquents.<br />

2 Type chorologique<br />

Les types chorologiques sont pour l’essentiel<br />

ceux retenus par Flora Corsica.<br />

Phénologie<br />

La période de floraison (ou de sporulation<br />

dans le cas des ptérydophytes) est issue<br />

majoritairement de Flora Corsica, amendée<br />

si besoin par nos propres observations.<br />

Cycle biologique<br />

Nous avons retenu trois cycles biologiques<br />

différents :<br />

– taxon annuel : le cycle de vie est accompli<br />

en une année maximum, la plante meurt<br />

après avoir fructifié.<br />

– taxon vivace monocarpique : le cycle de vie<br />

court sur plusieurs années, mais la plante<br />

ne fructifie qu’une fois et meurt.<br />

– taxon vivace polycarpique : la plante ne<br />

meurt pas après avoir fructifié, elle survit<br />

plusieurs années et se reproduit plusieurs<br />

fois.<br />

Caryologie<br />

Le nombre de chromosomes du taxon<br />

a été précisé lorsqu’il était connu<br />

dans la bibliographie. Cependant, il<br />

n’a pas toujours été analysé sur les<br />

plantes corses.<br />

3 Description<br />

Cet atlas n’a pas pour but de se substituer<br />

à une flore, ni à un guide de<br />

reconnaissance ; néanmoins, il semblait<br />

important que figure une rubrique ue<br />

synthétique des caractères discriminants nts<br />

permettant d’identifier la plante et de la<br />

distinguer des taxons proches.<br />

Écologie<br />

Les milieux fréquentés par la plante et ses<br />

exigences écologiques sont présentés, ainsi<br />

que les rattachements phytosociologiques<br />

lorsqu’ils existent. La nomenclature retenue<br />

est celle du Prodrome des végétations de la<br />

Corse (Reymann et al., 2016).<br />

L’association phytosociologique n’est<br />

généralement précisée que lorsque l’espèce<br />

en est caractéristique. Lorsque cela n’est<br />

pas le cas, c’est la plupart du temps l’ordre<br />

qui est mentionné.<br />

Les informations écologiques sont complépar<br />

l’espèce.<br />

tées par un diagramme qui présente :<br />

– Étages de végétation fréquentés<br />

– Gamme altitudinale de présence e de<br />

l’espèce.<br />

– Indications relatives aux préférences<br />

géologiques de l’espèce.<br />

4 Carte de répartition<br />

générale<br />

Afin de mettre en évidence la position<br />

biogéographique particulière de la flore<br />

insulaire, il nous a semblé intéressant d’établir<br />

une cartographie générale pour chaque<br />

espèce présentée. Cette cartographie n’a pas<br />

prétention à l’exactitude et reste schématique,<br />

mais elle donne une idée assez précise<br />

de la place de l’île dans l’ensemble botanique<br />

européen.<br />

La cartographie générale est le résultat de<br />

la compilation et de la synthèse des informations<br />

cartographiques recueillies à partir<br />

de sources diverses. La plus grande partie<br />

des références utilisées est présentée en<br />

« Bibliographie cartographique »<br />

Nous avons très fréquemment pris comme<br />

base cartographique initiale les cartes de<br />

Flora dels paisos catalans de Bolòs & Vigo.<br />

Elles ont été, dans un premier temps,<br />

vérifiées, corrigées, amendées et actualisées<br />

à l’aide de Flora Europea (Tutin et al. Eds) et<br />

d E d l tb d iè<br />

4<br />

de Euro+med plantbase, ces dernières sources<br />

permettant essentiellement de s’assurer de la<br />

cohérence des distributions nationales, mais<br />

ne permettant pas de connaître la réelle<br />

répartition des espèces.<br />

Dans un second temps, les aires de répartition<br />

ont été précisées et affinées à l’aide<br />

de sources variées, flores des territoires<br />

concernés lorsqu’elles existent, checklists,<br />

catalogues et articles concernant des zones<br />

géographiques plus ou moins restreintes,<br />

des groupes taxonomiques ou des taxons<br />

particuliers, puis ressources numériques et<br />

databases en ligne.<br />

Il résulte de la confrontation et de la combinaison<br />

de ces diverses sources des cartes de<br />

5<br />

1<br />

8<br />

7<br />

3<br />

2<br />

22


9<br />

6<br />

répartition dont le degré de préci-<br />

sion est très variable en fonction des<br />

territoires et en fonction des taxons.<br />

Ainsi, pour les plantes à très vaste<br />

répartition, les données sont parfois<br />

hétérogènes en particulier dans l’est<br />

de leur aire. Par contre, les espèces<br />

à la chorologie moins large sont<br />

relativement bien connues. C’est<br />

le cas notamment pour les espèces<br />

endémiques tyrrhéniennes ou<br />

sténomédi terranéennes<br />

occiden-<br />

tales en particulier.<br />

Trois types de cartes ont été<br />

retenus, choisis en fonction de la<br />

chorologie des taxons :<br />

– Europe sensu lato, du Maroc<br />

à l’Islande et de la Russie à<br />

la Caspienne et au Moyen-<br />

Orient, pour les taxons arctico-<br />

alpins, boréaux, eurosibé<br />

riens, eury- et sténomediter-<br />

ranéens larges.<br />

– Bassin méditerranéen occi -<br />

dental, de Gibraltar à l’Italie<br />

et au Nord de l’Adriatique,<br />

pour les taxons eury- et<br />

sténomédi terranéens occi -<br />

dentaux et les endémiques<br />

corso- sardo-baléariques.<br />

– Secteur tyrrhénien, du<br />

golfe de Gènes à la Tunisie<br />

et au Nord de l’Adriatique,<br />

pour les endémiques tyrrhéniennes<br />

et corsosardes.<br />

Les cartes étant destinées<br />

à être imprimées en petit<br />

format, pour des raisons<br />

de lisibilité, nous avons<br />

figuré les présences<br />

ponctuelles, en particulier<br />

en milieu insulaire<br />

– en Corse, mais égale-<br />

ment aux Baléares, en Crête… – par des<br />

points bien plus larges que l’aire réellement<br />

occupée, qui peuvent dans certains cas<br />

recouvrir toute t l’île. Ceci ne signifie évidemment<br />

pas que la plante est présente sur la<br />

totalité du territoire concerné.<br />

5 Répartition générale<br />

Cette rubrique synthétise et parfois complète<br />

ou nuance les cartes de répartition générale<br />

présentées. En effet, les différences de<br />

précision géographique et les considérations<br />

taxonomiques font que les approximations<br />

peuvent être importantes.<br />

Nous nous sommes attachés à préciser la<br />

présence de l’espèce au sein des grandes îles<br />

de Méditerranée (Baléares, Sardaigne, Sicile,<br />

Crète et Chypre), mettant en évidence la<br />

position très particulière de la Corse à cet<br />

égard.<br />

6 Carte de répartition<br />

en Corse<br />

Cette cartographie a pour objectif de<br />

présenter l’information la plus complète – si<br />

possible exhaustive – concernant la répartition<br />

des taxons traités dans l’île.<br />

Les cartes présentées résultent de l’agrégation<br />

de données provenant de diverses<br />

sources :<br />

– Sources bibliographiques, anciennes et<br />

modernes, interprétées et géoréférencées<br />

au mieux.<br />

– Herbiers, en particulier celui du<br />

Conservatoire et jardin botaniques de la<br />

ville de Genève (G), dont les données ont<br />

également été interprétées et géoréférencées<br />

au mieux.<br />

– Données de terrain issues de la base de<br />

données de CBNC, de la littérature grise<br />

récente (rapports techniques divers, non<br />

publiés) et de bases de données diverses<br />

(DREAL, ONF, bureaux d’études, collaborateurs<br />

amateurs…)<br />

Les données stationnelles géoréférencées ou<br />

interprétées sont cartographiées au travers<br />

d’un maillage, les mailles de présence étant<br />

représentées par un point figurant leur<br />

centre. Habituellement, les atlas produits<br />

ces dernières années par les Conservatoires<br />

botaniques nationaux utilisent pour la<br />

plupart des mailles de 5 x 5 km. Pour des<br />

raisons de rendu cartographique et de précision<br />

de localisation, en particulier altitudinale,<br />

nous avons préféré l’utilisation d’une<br />

maille 2 x 2 km, mieux adaptée à l’échelle de<br />

l’île, à sa découpe côtière et à sa topographie.<br />

La temporalité des données est figurée par<br />

un code couleur :<br />

– Point jaune : données antérieures à 1955<br />

(fin de publication du Prodrome de la flore<br />

de Corse [Briquet & Litardière, 1955])<br />

– Point orange : données postérieures à 1955<br />

et antérieures à 1993 (publication de la<br />

deuxième édition du Catalogue de la flore<br />

vasculaire de Corse [Gamisans, 1993]).<br />

– Point rouge : données postérieures à 1993,<br />

pour une bonne part issues de l’activité du<br />

Conservatoire botanique national de Corse<br />

et donc fréquemment postérieures à 2008.<br />

7 Répartition en Corse<br />

Cette rubrique reprend les informations<br />

des cartes de répartition locale présentées<br />

ci-dessus, en indiquant les principaux<br />

massifs, les principales microrégions et<br />

localités où se trouve l’espèce.<br />

Parfois, des données anciennes peu précises<br />

n’ont pas été conservées pour la cartographie.<br />

Lorsque c’est le cas, nous l’avons<br />

indiqué ici.<br />

Nous nous sommes attachés à utiliser le<br />

corse pour l’ensemble de la toponymie (voir<br />

carte page suivante), en essayant autant que<br />

possible de respecter les graphies micro-régionales.<br />

Si l’orthographe est bien connue et<br />

standardisée pour les communes et les sites<br />

importants, il est possible qu’elle ait subi<br />

quelques entorses pour les localités moins<br />

connues. Nous prions nos lecteurs de bien<br />

vouloir nous en excuser.<br />

La toponymie concernant les microrégions,<br />

les localités importantes, les principaux<br />

sommets, les fleuves et les éléments côtiers<br />

a fait l’objet d’une cartographie simplifiée.<br />

8 Conservation et menaces<br />

Cette rubrique propose la synthèse,<br />

lorsqu’elles sont connues, des informations<br />

relatives à l’importance et à la dynamique<br />

des populations, des précisions sur les<br />

menaces principales et sur l’état de conservation<br />

de la plante en Corse, ainsi que<br />

sur les mesures de protection et gestion<br />

lorsqu’elles existent.<br />

Ces éléments sont complétés par un tableau<br />

synthétique évaluant le niveau de quatre<br />

menaces récurrentes (dynamique naturelle,<br />

aménagements/urbanisation, usages/cueillette<br />

et loisirs), ainsi que par la catégorie<br />

de menace IUCN évaluée dans la « liste<br />

rouge régionale de la flore vasculaire de<br />

Corse » (Delage & Hugot, 2015b) et l’indice<br />

de fréquence du taxon retenu par Flora<br />

Corsica.<br />

9 Statut, fréquence et<br />

cotation<br />

Statut se rapporte à l’existence d’une règlementation<br />

pour le taxon considéré.<br />

Cotation : il s’agit des cotations de l’UICN<br />

attribuée lors de l’élaboration de la liste<br />

rouge régionale de la flore vasculaire (Delage,<br />

Hugot 2015). Ces cotations sont en fait des<br />

abréviations de termes anglais, qui signifient:<br />

CR : en danger critique d’extinction ; EN : en<br />

danger ; VU : vulnérable ; NT : quasi menacé ;<br />

LC : préoccupation mineure ; DD : déficit<br />

de données ; NE : non évalué ; NA : non<br />

applicable.<br />

Fréquence : se rapporte à la fréquence de<br />

ce taxon en Corse. Nous nous sommes basé<br />

sur les définitions de Flora Corsica, à savoir :<br />

CC : très commun ; C : commun ; PF : peu<br />

fréquent ; loc : localisé ; R : rare (présent en<br />

moins de 10 stations) ; RR : très rare (connu<br />

de moins de 5 localités).<br />

23


• Endémique corse d’origine méditerranéo-montagnarde<br />

• Floraison de juin à septembre<br />

• Chaméphyte • Vivace polycarpique • 2n = 18<br />

Nepeta agrestis Loisel.<br />

Lamiaceae<br />

Népéta des champs<br />

Capanelle, Ghisoni<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Description<br />

Plante vivace de 20 à 60 cm de haut,<br />

subligneuse à la base, pubescente et<br />

glanduleuse, odorante. Feuilles réfléchies,<br />

brièvement pétiolées, lancéolées, fortement<br />

crénelées-dentées, à poils courts et glandes<br />

sessiles.<br />

Inflorescence en 3 à 8 verticilles de 2 à 6<br />

fleurs. Corolle de 10 à 13 mm, extérieurement<br />

pubescente, d’un blanc rosé avec souvent des<br />

taches punctiformes d’un rose vif. Calice de 6 à<br />

9 mm, un peu incurvé, à poils longs et glandes<br />

sessiles.<br />

Écologie<br />

Ce taxon se plaît dans les fruticées naines, les<br />

éboulis, les rocailles de bords de torrents et<br />

les groupements nitrophiles près des bergeries.<br />

Il se retrouve dans le Paronychio polygonifoliae-<br />

Armerietum multicepitis genistetosum lobeloidis<br />

et dans le cortège de diverses formations de<br />

l’Anthyllidion hermanniae et de l’Arrhenatherion<br />

sardoi.<br />

De 800 à 1 700 m / Supraméditerranéen / Subalpin / Préf. silice<br />

Capanelle, Ghisoni<br />

Yohan Petit/CBNC<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette espèce est endémique de Corse.<br />

Répartition en Corse<br />

Cette plante est peu fréquente, disséminée inée sur une<br />

grande partie de la chaîne hercynienne. e. Elle a été<br />

observée dans le massif du Cintu (vallée d’Ascu,<br />

Niolu en plusieurs points), celui du Ritondu<br />

(Camputile, Punta Lattiniccia, Monte d’Oru),<br />

du Rinosu (haute Gravona, Capanella, haut<br />

Prunelli) et de l’Alcudina (vallée d’Asinau).<br />

Préf. silice<br />

1 700 m<br />

800 m<br />

Conservation et menaces<br />

Une partie importante des mentions est ancienne, en<br />

particulier en vallée d’Ascu, dans le Niolu et la vallée<br />

du Prunelli (div. auteurs, in Briquet & litardière,<br />

1955). Cependant, la plupart des signalements sont<br />

précis (souvent à proximité de bergeries d’altitude),<br />

les prospections ciblées menées récemment ont<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

généralement permis de retrouver la plante et plusieurs<br />

populations connues de longue date sont stables avec<br />

un effectif important.<br />

Cette espèce ne semble donc pas menacée, mais les<br />

recherches ciblées sont à poursuivre re et un bilan<br />

stationnel semble nécessaire.<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Négligeable Négligeable Négligeable Négligeable<br />

Statut<br />

• Livre rouge tome II<br />

Cotation LC<br />

Fréquence PF<br />

345


Nerium oleander L. subsp. oleander<br />

Apocynaceae<br />

Laurifiore, oriu, oliandru, laurier rose<br />

• Sténoméditerranéen méridional<br />

• Floraison de mai à septembre<br />

• Phanérophyte • Vivace polycarpique<br />

Fium’Albinu, Patrimoniu<br />

Nicolas Suberbielle/CBNC<br />

Description<br />

Arbuste de 1 à 5 m, à feuillage persistant.<br />

Feuilles simples, lancéolées, opposées ou<br />

ternées. Limbe coriace, à nombreuses nervures<br />

secondaires perpendiculaires à la principale.<br />

Inflorescence en corymbe multiflore, au sommet<br />

des rameaux. Fleurs pentamères, grandes<br />

(4-6 cm de diamètre). Corolle simple et rose,<br />

à écailles présentant 3 à 4 dents triangulaires.<br />

Étamines incluses dans le tube.<br />

Follicule dressé, atteignant 15 cm. Graines<br />

nombreuses, surmontées d’une touffe de poils.<br />

La plante est très toxique dans toutes ses<br />

parties.<br />

De nombreux cultivars issus de populations<br />

asiatiques sont largement plantés et de plus en<br />

plus souvent subspontanés. Ils se distinguent<br />

assez bien des plantes indigènes par leur corolle<br />

de couleur variée, à écailles présentant 3 à 7<br />

dents étroites et allongées, à étamines aussi<br />

longues ou émergeant un peu du tube.<br />

De 5 à 200 m / Thermoméditerranéen / Indifférent<br />

Écologie<br />

En Corse, les nériaies se localisent aux étages<br />

thermoméditerranéen et mésoméditerranéen<br />

inférieur et se développent le long des cours<br />

d’eau à régime d’oued, la plante étant bien<br />

adaptée aux crues torrentielles.<br />

Les formations sont généralement discontinues,<br />

sauf le long du ruisseau de Luri, et les individus<br />

ne dépassent pas 6 m de hauteur. N. oleander<br />

y pousse fréquemment en compagnie de<br />

Vitex agnus-castus L., de Rhamnus alaternus<br />

L. et des autres ligneux habituels des maquis<br />

thermophiles.<br />

Les nériaies constituent en bordure des oueds<br />

des peuplements stables qui, lors des fortes<br />

crues, mais également lors d’incendies, se<br />

reconstituent bien par rejet de souche (Paradis,<br />

2006).<br />

Cette espèce est caractéristique du Rubo<br />

ulmifolii-Nerietum oleandri et du Nerio oleandri<br />

Viticetum agni-casti.<br />

Répartition en Corse<br />

A l’état naturel, le laurier rose n’est présent que dans<br />

quelques ruisseaux temporaires du Capicorsu : ruisseau<br />

de Luri, ruisseau de Ferringula, Fium’Albinu, inu, Strutta et<br />

ruisseau de Poghju.<br />

On commence par ailleurs à observer des individus<br />

subspontanés, diversement colorés, dans plusieurs<br />

cours d’eau de la côte orientale, en particulier dans<br />

le Cavu et l’Osu, ainsi qu’aux abords des villes et<br />

villages dans plusieurs endroits de l’île.<br />

Aire de répartition générale<br />

Ce taxon est répandu sur le pourtour méditerranéen,<br />

en particulier sur la partie méridionale du bassin. Il est<br />

présent dans tout le Maghreb, le Sud de la péninsule<br />

Ibérique, le Sud-Est de la France, puis du Sud de l’Italie<br />

à la Turquie et au Moyen-Orient.<br />

Il est connu à Ibiza, en Corse, Sardaigne, Sicile, Crète<br />

et Chypre.<br />

Indifférent<br />

200 m<br />

5 m<br />

346<br />

Conservation et menaces<br />

Les peuplements naturels du laurier rose, très rares<br />

en Corse, constituent un habitat d’un grand intérêt<br />

patrimonial.<br />

Cette espèce est menacée par les travaux hydrauliques<br />

et divers aménagements (ruisseaux de Poghju et<br />

Strutta). En effet, la modification de l’hydrologie paraît<br />

entraîner la disparition progressive de la plante, les<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

souches ayant du mal à rejeter par manque d’eau dans<br />

la nappe alluviale.<br />

Par ailleurs, il pourrait être nécessaire d’évaluer<br />

les risques de pollution génétique des populations<br />

spontanées par les individus d’origine horticole, les<br />

plantes étant interfertiles, d’autant plus que les<br />

cultivars subspontanés semblent être en augmentation.<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Forte Négligeable Ponctuelle Négligeable<br />

Statut<br />

• Protection nationale<br />

Cotation VU<br />

Fréquence RR


• Endémique corso-sarde d’origine méditerranéomontagnarde<br />

• Floraison de mai à août<br />

• Hémicryptophyte • Vivace polycarpique<br />

Noccaea brevistyla (DC.) Steud<br />

Syn. : Thlaspi brevistylum (DC.) Mutel<br />

Brassicaceae<br />

Tabouret à style court<br />

Monte Cintu, Lozzi<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Description<br />

Plante vivace, glabre et glauque, gazonnante,<br />

à souche émettant des rejets stériles. Tiges de<br />

2 à 15 cm, grêles. Feuilles basales en rosette,<br />

obovales-spatulées, subentières à long pétiole.<br />

Feuilles caulinaires ovales, les inférieures<br />

courtement pétiolées, les supérieures<br />

embrassantes à oreillettes arrondies.<br />

Fleurs blanches, très petites (pétales de 2 mm).<br />

Grappe fructifère courte (0,5-2 cm), assez<br />

dense. Pédicelles étalés, perpendiculaires à<br />

l’axe.<br />

Silicules oblongues, de 6-6,5 mm, ailées<br />

seulement dans la moitié supérieure et à peine<br />

échancrées au sommet. Style très court (0,1 à<br />

0,2 mm).<br />

Écologie<br />

Noccaea brevistyla pousse dans les pelouses<br />

rocailleuses et les éboulis de montagne,<br />

fréquemment en crête. Bien que majoritairement<br />

silicicole, elle s’installe également sur calcaire<br />

(Punta di u Furneddu).<br />

Elle fait partie du cortège de plusieurs<br />

formations des Saginetalia piliferae et des<br />

Carlinetalia macrocephalae.<br />

De 800 à 2 600 m / Supraméditerranéen / Alpin / Indifférent<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette espèce pousse exclusivement en Corse et en<br />

Sardaigne.<br />

Répartition en Corse<br />

Cette espèce se rencontre dans tous les massifs<br />

montagneux de l’île avec des fréquences es très variables.<br />

Elle est rare sur les sommets de la Corse alpine, dans<br />

le Capicorsu au Monte Stellu et au Monte Capra,<br />

dans le massif de Tenda à la Cima di Grimaseta et<br />

au Monte Astu. Dans le massif du San Petrone,<br />

on l’observe le long de la crête de ce sommet.<br />

Les observations de Tenda sont anciennes<br />

(Briquet, 1907, in Briquet, 1913) et n’ont<br />

pas été confirmées. La plante a été peu<br />

observée récemment dans le Capicorsu.<br />

Elle est par contre commune dans la<br />

chaîne hercynienne du Ghjussani jusqu’à<br />

Bavedda de l’étage montagnard à l’alpin, lpin,<br />

entre 1400 et 2600 mètres. Elle est rare au<br />

supraméditerranéen où les stations abyssales<br />

atteignent 800 mètres.<br />

Indifférent<br />

2 600 m<br />

800 m<br />

Conservation et menaces<br />

Sa fréquence et son écologie mettent cette espèce à<br />

l’abri des menaces.<br />

Les stations du Capicorsu et de Tenda sont à rechercher.<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Négligeable Négligeable Négligeable Négligeable<br />

Cotation LC<br />

Fréquence C<br />

347


Notobasis syriaca (L.) Cass.<br />

Syn. : Carduus syriacus L., Cirsium syriacum (L.) Gaertner<br />

Asteraceae<br />

Chardon de Syrie<br />

• Sténoméditerranéen<br />

• Floraison en mai-juin<br />

• Thérophyte • Annuel • 2n = 34<br />

Cavaddu Mortu, Bonifaziu<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Description<br />

Plante annuelle, dressée, haute de 40 à 150 cm,<br />

épineuse. Tige non ailée, inerme. Feuilles<br />

pennatilobées à pennatifides, épineuses,<br />

poilues-aranéeuses sur la face inférieure, plus<br />

ou moins glabres et veinées de blanc sur la<br />

face supérieure.<br />

Inflorescence comportant en général plusieurs<br />

capitules sessiles ou courtement pédicellés<br />

au sommet de la tige et parfois des rameaux<br />

supérieurs. Capitule de 1,5 à 3 cm de diamètre,<br />

sous-tendu par des bractées épineuses de 2,5<br />

à 7 cm de long, divisées en lobes linéaires.<br />

Fleurs à corolle purpurine.<br />

Cette espèce ne doit pas être confondue avec<br />

le Sylibum marianum (L.) Gaertn., qui a des<br />

capitules solitaires au sommet des rameaux et<br />

des bractées nettement moins divisées.<br />

Écologie<br />

Cette espèce s’observe dans les milieux<br />

anthropisés, généralement agricoles, dans<br />

les vergers (oliveraie), friches et pelouses<br />

rudéralisées, plutôt sur sols basiques.<br />

Sa régression depuis le début du XX e siècle<br />

montre qu’elle ne semble pas se maintenir<br />

après l’arrêt des activités agricoles.<br />

Il n’est pas certain que cette espèce soit<br />

indigène dans l’île, sa rareté et son habitat<br />

lié aux cultures peuvent faire penser à une<br />

introduction, et elle pourrait être archéophyte.<br />

Elle s’intègre dans le cortège des formations du<br />

Silybo mariani-Urticion piluliferae.<br />

De 60 à 80 m / Thermoméditerranéen / Préf. calcairecaire<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette espèce est connue sur tout le pourtour<br />

méditerranéen, en Afrique du Nord (du Maroc à l’Égypte),<br />

puis en Europe, du Portugal à la Turquie (occasionnel<br />

dans le Sud-Est de la France) et au-delà en Asie au moins<br />

jusqu’en Transcaucasie.<br />

Elle est présente en Macaronésie et dans l’ensemble des<br />

grandes îles méditerranéennes.<br />

Répartition en Corse<br />

Cette plante est limitée à la commune de Bunifaziu.<br />

Ses populations actuellement connues se réduisent à<br />

deux seulement, dans le vallon de Canettu tu (une dizaine<br />

d’individus observés en 2002, Jeanmonod et al., 2004)<br />

et entre Cavaddu Mortu et Pomposa (ibid.). Cette<br />

dernière population, qui comptait une quarantaine<br />

de plantes lors de sa découverte, a été revue en<br />

2013 (CBNC) et présentait un effectif équivalent.<br />

A Bunifaziu, l’espèce était historiquement<br />

plus largement répandue, puisqu’elle a<br />

été observée ou récoltée à Sant’Amanza, nza,<br />

Catarana, Campu Longu et A Trinità, et même<br />

qualifiée de « commune » (div. auteurs, in<br />

Jeanmonod et al. op. cit. ; Bouchard, 1963).<br />

Elle a par ailleurs été observée dans le Capicorsu<br />

(Gillot, 1877, in Bouchard op. cit.) mais jamais<br />

confirmée.<br />

Préf. calcaire<br />

348<br />

Conservation et menaces<br />

La plante est fortement menacée du fait de la taille<br />

de ses 2 dernières populations et de son écologie. Elle<br />

semble être nettement impactée par l’embroussaillement<br />

consécutif à l’abandon des cultures.<br />

L’activité agricole à Bunifaziu étant quasi inexistante<br />

à l’heure actuelle, la survie de cette espèce en Corse<br />

n’est pas assurée.<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

80 m<br />

60 m<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Négligeable Forte Négligeable Négligeable<br />

Statut<br />

• Protection régionale<br />

• Livre rouge tome II<br />

Cotation CR<br />

Fréquence RR


• Endémique corso-sarde d’origine méditerranéomontagnarde<br />

• Floraison de juillet à septembre<br />

• Thérophyte • Annuel<br />

Odontites corsicus (Loisel.) G. Don<br />

Orobanchaceae<br />

Bocca di l’Oru, Palleca<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Description<br />

Plante annuelle de 3 à 20 cm de haut, à<br />

pilosité plus ou moins dense et très courte.<br />

Rameaux étalés puis ascendants. Feuilles<br />

sessiles, linéaires ou étroitement lancéolées.<br />

Inflorescence en grappes de 1 à 3 cm, portant<br />

4 à 16 fleurs. Corolle jaune ou parfois blanche,<br />

à tube de 3 mm environ et lobes de 1,5 mm.<br />

Capsule elliptique atteignant 5,5 mm, poilue<br />

en haut, avec un reste de style de 2 mm.<br />

Écologie<br />

Cette plante se développe dans les fruticées<br />

naines, les pelouses, les éboulis et les forêts<br />

claires, principalement de l’étage montagnard<br />

au cryo-oroméditerranéen, mais peut<br />

apparaître plus bas en stations abyssales, à la<br />

faveur des cours d’eau.<br />

Elle se retrouve au sein du Berberido aetnensis-<br />

Genistetum lobelioidis, de l’Arrhenatherion<br />

sardoi, du Paronychio polygonifoliae-Arme rietum<br />

multi cepitis et du Galio rotundifolii-Pinetum<br />

laricii.<br />

De 900 à 2 300 m / Supraméditerranéen / Cryo-oroméditerranéen / Préf. silice<br />

Répartition en Corse<br />

Odontites corsicus est disséminé dans l’ensemble des<br />

montagnes corses, avec des fréquences variables.<br />

Il est relativement fréquent dans le Capicorsu, puis bien<br />

répandu et souvent commun dans toute la chaine<br />

hercynienne, du massif du Cintu (dès le haut<br />

Ghjussani) jusqu’à la montagne de Cagna. Il est<br />

rare dans le massif de Tenda (Monte Reghja di<br />

Pozzu) et le massif du San Petrone (Monte San<br />

Petrone et Monte Mufraghje).<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette espèce est endémique de Corse et de Sardaigne, où<br />

elle est rare et relictuelle (Arrigoni, 2013).<br />

Préf. silice<br />

2 300 m<br />

900 m<br />

Conservation et menaces<br />

Largement répandue, souvent fréquente, dans des<br />

habitats peu menacés, cette espèce ne semble pas en<br />

danger.<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Négligeable Ponctuelle Négligeable Négligeable<br />

Cotation LC<br />

Fréquence PF<br />

349


Oenanthe aquatica (L.) Poir.<br />

Apiaceae<br />

Œnanthe aquatique<br />

• Eurasiatique<br />

• Floraison de juillet à septembre<br />

• Hélophyte • Annuel<br />

Marais de Tinta, Linguizzetta<br />

Jacques Gamisans<br />

Description<br />

Plante aquatique glabre, de 50 à 150 cm,<br />

annuelle à bisannuelle. Tige souvent renflée<br />

et couchée-radicante à la base, creuse,<br />

sillonnée, rameuse. Feuilles aériennes<br />

bi-tripennatiséquées, découpées en de<br />

multiples lobes courts, lancéolés. Feuilles<br />

submergées divisées en lanières filiformes.<br />

Ombelles latérales, opposées aux feuilles,<br />

formées de 4 à 18 rayons grêles. Involucre<br />

absent. Fleurs blanches, petites, toutes égales.<br />

Fruit aromatique, de 3,5 à 5 mm, atténué aux<br />

deux extrémités. Style bien plus court que le<br />

fruit à maturité.<br />

Cette espèce est très toxique.<br />

Écologie<br />

L’œnanthe aquatique se retrouve dans les<br />

milieux humides, notamment les aulnaies et<br />

frênaies marécageuses et les roselières d’eau<br />

douce.<br />

On l’observe au sein du cortège de formations<br />

de l’Alnetea glutinosae et du Phragmitetalia<br />

australis.<br />

De 0 à 5 m / Littoral / Mésoméditerranéen / Indifférentnt<br />

Répartition en Corse<br />

Cette plante est très rare, et elle a été récemment<br />

observée uniquement sur la côte orientale près de la<br />

Marina di Bravona, au ruisseau de Chjosura en 1991<br />

(Deschâtres, 1992c) et au marais de Tinta en 2008<br />

(Gamisans, 2010a).<br />

Anciennement, elle a été mentionnée (div. auteurs<br />

in Briquet & Litardière, 1938) dans les années<br />

1930 à l’étang de Gradugine et dans les marais<br />

périphériques du Stabiacciu au sud de<br />

Portivechju, et vers 1850 à Bunifaziu, sans<br />

s<br />

plus de précision.<br />

Aire de répartition générale<br />

Ce taxon est largement présent dans toute l’Europe,<br />

depuis l’ouest de la France et l’Irlande jusqu’en Sibérie.<br />

Il est plus ponctuel en Méditerranée, en Turquie et dans<br />

le Caucase.<br />

La Corse et la Sicile semblent être les seules îles<br />

méditerranéennes qui l’hébergent.<br />

Indifférent<br />

350<br />

Conservation et menaces<br />

Les stations anciennes des marais périphériques du bas<br />

Stabiacciu, où la plante pourrait peut-être se maintenir,<br />

sont actuellement très impactées par des aménagements<br />

divers. Celle de l’étang de Gradugine, également non<br />

revue, se trouve sur les terrains du Conservatoire du<br />

littoral et dans le réseau Natura 2000 et pourrait être<br />

encore présente. Celle du ruisseau de Chjosura n’a pas<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Ponctuelle Négligeable Négligeable Négligeable<br />

5 m<br />

0 m<br />

été retrouvée et, enfin, la station du marais de Tinta<br />

était toujours présente en 2011.<br />

Cette espèce semble inconstante et devrait faire l’objet<br />

d’un bilan stationnel et peut-être d’un suivi.<br />

Cotation VU<br />

Fréquence RR


• Sténoméditerranéen méridional<br />

• Floraison d’avril à juin<br />

• Thérophyte • Annuel<br />

Ononis diffusa Ten.<br />

Syn. : O. serrata subsp. diffusa (Ten.) Batt.<br />

Fabaceae<br />

Bugrane diffuse<br />

Ostriconi, Palasca<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Description<br />

Plante annuelle de 15 à 35 cm, couchée-étalée,<br />

très glanduleuse, non épineuse. Feuilles<br />

trifoliolées, pétiolées, à folioles elliptiques,<br />

entièrement dentées. Feuilles florales simples,<br />

bractéiformes. Stipules lancéolées.<br />

Inflorescence en grappe spiciforme dense<br />

et feuillée. Fleurs à corolle de 8-14 mm, à<br />

étendard rose, ailes et carène blanchâtres,<br />

dressées sur des pédoncules très courts. Calice<br />

en cloche, à lobes marqués de 3-5 nervures,<br />

plus longs que le tube.<br />

Gousse de 4,5-5,5 mm, non saillante,<br />

largement ovale, poilue-glanduleuse. 2 graines<br />

grosses, verruqueuses.<br />

Écologie<br />

Cette bugrane est une espèce des groupements<br />

thérophytiques sur substrat sableux,<br />

principalement au sein de la végétation dunaire,<br />

mais également dans les pelouses ouvertes des<br />

maquis ouverts proches du littoral. Elle semble<br />

affectionner particulièrement les ouvertures<br />

des fruticées lâches à Cistus salviifolius L.<br />

installées sur les dunes plus ou moins fixées.<br />

De 1 à 150 m / Littoral / Mésoméditerranéen n / Indifférent<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette espèce est distribuée de façon discontinue, en<br />

Macaronésie, en Afrique du Nord (du Maroc à l’Égypte),<br />

sur les côtes de la péninsule Ibérique, dans le Sud de<br />

l’Italie, puis de la Grèce au Moyen-Orient.<br />

Elle est absente des Baléares, mais connue des autres<br />

grandes îles de Méditerranée.<br />

Répartition en Corse<br />

Ononis diffusa est un taxon rare à répartition littorale.<br />

Il est connu du nord du Capicorsu, de L’Agriate (Ghignu,<br />

Ostriconi) puis de la côte orientale sur les plages de San<br />

Pellegrinu (Folelli), Pisonacciu (San Ghjulianu) et<br />

Canettu (Bunifaziu).<br />

Il a été anciennement cité des plages de la<br />

Marana, en particulier à l’Arinella et avec peu<br />

de précision d’Aleria (div. auteurs, in Briquet,<br />

1913). Il a également été mentionné<br />

d’Isula Piana (Lavezzi) (Zevaco, 1969)<br />

9<br />

mais non confirmé par les prospections ons<br />

postérieures.<br />

Indifférent<br />

Conservation et menaces<br />

Les stations du Capicorsu et de L’Agriate sont situées au<br />

sein de sites du Conservatoire du littoral et ne semblent<br />

pas menacées. Il en est de même pour une partie de la<br />

station bastiaise, où la plante n’a pas été revue mais où<br />

elle pourrait être toujours présente.<br />

Les stations de la Plaine orientale et de Bunifaziu<br />

semblent se maintenir, mais elles sont situées dans<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

150 m<br />

1 m<br />

des espaces très fréquentés et pouvant être soumis à<br />

des aménagements. Un terrassement récent de l’arrière<br />

plage de San Pellegrinu pour y installer un parking<br />

doit inciter à la vigilance. La réalisation ation d’un bilan<br />

stationnel de cette espèce paraît nécessaire.<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Ponctuelle Négligeable Négligeable Négligeable<br />

Statut<br />

• Livre rouge tome II<br />

Cotation LC<br />

Fréquence R<br />

351


Ononis mitissima L.<br />

Fabaceae<br />

Bugrane sans épines<br />

• Sténoméditerranéen<br />

• Floraison d’avril à juin<br />

• Thérophyte • Annuel<br />

Piantaredda, Bunifaziu<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Description<br />

Plante annuelle de 20-60 cm, dressée,<br />

glabrescente, sans épines. Feuilles de la Tige<br />

trifoliolées, à folioles entièrement dentées.<br />

Feuilles de l’inflorescence simples. Stipules<br />

entières, formant une gaine embrassante à 2<br />

lobes.<br />

Inflorescence en grappe spiciforme dense.<br />

Fleurs petites, à corolle de 7-14 mm, à<br />

étendard rose, ailes et carène blanchâtres.<br />

Pédoncules très courts, rendant les fleurs<br />

dressées. Corolle dépassant peu le calice.<br />

Gousse de 5-8 mm, égalant le calice, ovoïde,<br />

velue, à 3-4 petites graines tuberculeuses.<br />

Écologie<br />

Cette espèce est une plante thermophile des<br />

pelouses et fruticées ouvertes sur calcaire.<br />

De 10 à 100 m / Thermoméditerranéen / Calcicole stricte<br />

Répartition en Corse<br />

Ononis mitissima est très rare en Corse et irrégulièrement<br />

observé. Il est principalement mentionné de Bunifaziu,<br />

de façon ancienne (Briquet, 1913) puis indiqué à<br />

nouveau dans les années 1960 à 1990, à Padulu et<br />

Canettu (Jauzein & Bosc, 1992), et enfin revu en<br />

2017 aux ruines de Piantarella (Tison, CBNC,<br />

inédit) et au chemin de la Carruba dans le vallon<br />

de San Ghjulianu (Tison, com. pers.).<br />

Cette espèce a également été mentionnée aux<br />

environs de Farringule (Rotgès in Briquet, op.<br />

cit.) mais il s’agissait d’une confusion avec O.<br />

pusilla (dét.: D. Jeanmonod).<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette espèce est présente de façon discontinue sur<br />

l’ensemble des côtes du Bassin méditerranéen, depuis<br />

l’Afrique du Nord et le Sud de la péninsule Ibérique<br />

jusqu’au Moyen-Orient.<br />

Elle est connue de toutes les grandes îles.<br />

Calcicole<br />

stricte<br />

352<br />

Conservation et menaces<br />

La bugrane sans épines a toujours été très rare en Corse<br />

et non observée malgré les recherches depuis le début<br />

des années 1990, jusqu’à être retrouvée en 2017. La<br />

station de Piantarella comptait plusieurs dizaines<br />

d’individus alors qu’il n’y en avait qu’un à San Ghjulianu.<br />

L’importante urbanisation et la forte déprise agricole<br />

constituent des menaces importantes. Elle a été classée<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

100 m<br />

10 m<br />

comme « présumée disparue » (CR*) dans la liste rouge<br />

régionale, publiée avant les observations ons récentes.<br />

Aujourd’hui sa grande rareté la placerait en catégorie<br />

CR.<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Forte Forte Négligeable Négligeable<br />

Cotation CR*<br />

Fréquence RR


• Euryméditerranéen<br />

• Floraison de juin à septembre<br />

• Hémicryptophyte • Vivace polycarpique<br />

Ononis pusilla L.<br />

Syn. : O. columnae All.<br />

Fabaceae<br />

Bugrane naine<br />

Tuffone Niellu, Farringule<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Description<br />

Plante vivace de 8-25 cm, dressée, pubescenteglanduleuse,<br />

à souche ligneuse. Feuilles<br />

trifoliolées, longuement pétiolées, à folioles<br />

dentées, la terminale pétiolulée. Stipules<br />

ovales denticulées, bien plus courtes que le<br />

pétiole.<br />

Inflorescence en grappe spiciforme. Fleurs<br />

jaunes. Corolle de 6-12 mm, plus courte que le<br />

calice. Calice à lobes lancéolés-linéaires.<br />

Gousse de 4,5-11 mm, égalant le calice ou un<br />

peu plus courte, ovale, pubescente, noirâtre, à<br />

3-5 graines chagrinées.<br />

Écologie<br />

La bugrane naine est une espèce des pelouses,<br />

des fruticées ouvertes et des rochers, sur<br />

calcaire.<br />

De 30 à 1 040 m / Thermoméditerranéen / Supraméditerranéen / Calcicole stricte<br />

Répartition en Corse<br />

Ononis pusilla est très rare en Corse, où elle est<br />

principalement connue des formations calcaires des<br />

environs de San Fiurenzu (Punta di Fortinu, collines du<br />

Fium’Albinu, Tuffone Niellu, Marina di Farringule<br />

selon Deschâtres, 1987c) et du Boziu, à la Punta<br />

Alta (Deschâtres, 1989c).<br />

Une mention ancienne de Bunifaziu n’a<br />

jamais été confirmée, de plus l’ouvrage<br />

dont elle est issue est considéré comme<br />

« insuffisamment documenté » (Boyer in<br />

Briquet, 1913).<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette espèce est largement répartie en Afrique du Nord,<br />

dans une grande partie de l’Europe méridionale, jusqu’à<br />

la mer Noire et au Moyen-Orient.<br />

Elle est présente en Corse, Sardaigne, Sicile et Chypre,<br />

a été citée de toutes les Baléares mais ne semble<br />

actuellement connue qu’à Mallorca, et semble manquer<br />

en Crète.<br />

Calcicole<br />

stricte<br />

Conservation et menaces<br />

L’ensemble des stations a été revu et celles-ci semblent<br />

se maintenir, même si leur rareté entraîne de fait le<br />

classement de l’espèce dans la catégorie « vulnérable »<br />

de la liste rouge régionale.<br />

L’espèce n’est pas particulièrement menacée car<br />

protégée notamment par son écologie. Les pelouses<br />

rases et les substrats rocheux, souvent accidentés, la<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

1 040 m<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Négligeable Négligeable Négligeable Négligeable<br />

30 m<br />

mettent à l’abri des aménagements et de la concurrence<br />

liée à la fermeture de la végétation.<br />

Par ailleurs, la station de la Punta di Fortinu est incluse<br />

dans un site du réseau Natura 2000, de même que celle<br />

de la Punta Alta qui est, de plus, soumise à un Arrêté rêté<br />

Préfectoral de Protection de Biotope.<br />

Cotation VU<br />

Fréquence RR<br />

353


Ophioglossum azoricum C. Presl<br />

Ophioglossaceae<br />

Ophioglosse des Açores<br />

• Méditerranéo-atlantique<br />

• Sporulation de mai à juillet<br />

• Géophyte • Vivace à sporulation annuelle<br />

Pianu Mufraghje, Bustanicu<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Description<br />

Plante vivace (géophyte à rhizome) de 5 à<br />

13 cm. Partie stérile à limbe supérieur à 1 cm<br />

de large, ovale à lancéolé, à base cunéiforme.<br />

Feuilles fréquemment en gouttière et étalées<br />

sur le sol, groupées par 2, mais souvent<br />

uniques chez les plantes corses.<br />

Partie fertile individualisée dès le niveau du<br />

sol. Épi sporangifère de 6 à 15 sporanges.<br />

Spores tuberculées.<br />

Écologie<br />

Cette espèce est très majoritairement présente<br />

à l’étage montagnard, où elle affectionne les<br />

pozzines et les pelouses humides en bordure<br />

des ruisselets.<br />

Elle est par ailleurs caractéristique de<br />

l’Ophioglosso azorici-Nardetum strictae.<br />

La station de Bocca di Mercuju, sur des pelouses<br />

arenacées en clairière de maquis à l’étage<br />

mésoméditerranéen, montre une écologie<br />

très atypique, plus proche des conditions<br />

recherchées par Ophioglossum lusitanicum L.<br />

De 715 à 1 660 m / Mésoméditerranéen / Montagnard / Silicicole stricte<br />

Répartition en Corse<br />

L’ophioglosse des Açores est un taxon rare re en Corse. Il<br />

est connu des massifs de Tenda (Monte Sant’Anghjelu),<br />

du San Petrone (Punta di Caldane et Monte Mufraghje),<br />

de l’Alcudina (Pianu di Cusciò) et de Cagna (Pianu<br />

d’Ovace). Il est également connu, à plus basse<br />

altitude, de Bocca di Mercuju près de Todda. da.<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette petite fougère se rencontre de façon très disséminée<br />

en Macaronésie (Canaries, Açores et Madère), en Islande<br />

et dans les îles Britanniques, puis de la péninsule<br />

Ibérique à l’Italie, et très ponctuellement en Europe de<br />

l’Est jusqu’en Pologne.<br />

La Corse est la seule île méditerranéenne où elle est<br />

présente.<br />

Silicicole<br />

stricte<br />

1 660 m<br />

715 m<br />

354<br />

Conservation et menaces<br />

La plupart des stations, à l’exception de celle de Bocca<br />

di Mercuju, ont été observées régulièrement et semblent<br />

bien se maintenir.<br />

Les stations de Tenda, du Cusciò, et une partie de celles<br />

du San Petrone sont en sites Natura 2000. Cependant,<br />

les fouissages réguliers des porcs et sangliers ainsi qu’un<br />

risque de surpâturage par les bovins sur l’ensemble des<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

stations doivent inciter à la vigilance. Par ailleurs,<br />

la fermeture des pelouses par Erica terminalis Salisb.<br />

pourrait affecter la station de Cagna.<br />

Compte tenu de sa rareté et des menaces potentielles<br />

t<br />

existantes, cette plante a été classée NT sur la liste<br />

rouge régionale.<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Ponctuelle Ponctuelle Négligeable Négligeable<br />

Statut<br />

• Protection nationale<br />

Cotation NT<br />

Fréquence R


• Endémique corso-sarde d’origine sténoméditerranéenne<br />

• Floraison d’avril à début mai<br />

• Géophyte • Vivace polycarpique<br />

Bedda Catalina, Bunifaziu<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Ophrys annae Devillers-Tersch.<br />

& Devillers<br />

Syn. : O. fuciflora subsp. annae (Devillers-Tersch. & Devillers) Engel<br />

& Quentin, O. holoserica subsp. annae (Devillers-Tersch. & Devillers)<br />

H. Baumann et al.<br />

Orchidaceae – Ophrys d’Anne<br />

Description<br />

Plante vivace (géophyte à tubercules) à port<br />

assez grêle. Tige de 15 à 40 cm.<br />

Inflorescence lâche de 3 à 12 fleurs. Fleurs<br />

de taille moyenne (≤ 20 mm). Sépales blancs<br />

à roses (rarement verts). Pétales roses plus<br />

ou moins foncés, courts et obtus, à base<br />

auriculée. Labelle de 9 à 15 mm, presque carré,<br />

à épaulements marqués et pilosité marginale<br />

dense et continue. Appendice jaune-vert bien<br />

développé. Macule gris-bleuté entourée de<br />

jaune.<br />

Écologie<br />

Présente uniquement en milieu calcaire sec,<br />

elle se développe en pleine lumière ou à<br />

mi-ombre. On la retrouve principalement sur<br />

les pelouses et dans les garrigues.<br />

De 15 à 80 m / Thermoméditerranéen / Calcicole stricte<br />

Répartition en Corse<br />

Cette espèce est très rare et localisée sur le plateau<br />

calcaire de Bunifaziu, où il n’existe que quelques<br />

individus, près de Pertusatu (Delage, 2006) et de<br />

Piantaredda (Allemand, 2014, com. pers.).<br />

Aire de répartition générale<br />

Cette orchidée endémique de Corse et de Sardaigne<br />

est principalement présente dans cette dernière île et<br />

semble plutôt occasionnelle en Corse.<br />

Calcicole<br />

stricte<br />

80 m<br />

15 m<br />

Conservation et menaces<br />

Cette espèce pourrait être affectée par les<br />

aménagements en cours à proximité des stations. Elle<br />

est vraisemblablement sensible à la fermeture de la<br />

végétation comme la plupart des Ophrys.<br />

Les doutes quant à son caractère occasionnel en Corse<br />

(absence de preuve de reproduction sexuée) expliquent<br />

qu’elle ait été classée en catégorie DD dans la liste rouge<br />

régionale.<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Ponctuelle Ponctuelle Négligeable Négligeable<br />

Cotation DD<br />

Fréquence RR<br />

355


Campu Romanellu, Bunifaziu<br />

Alain Delage/CBNC<br />

Ophrys aranifera subsp. praecox<br />

(Corrias) Véla<br />

Syn. : O. panormitana subsp. praecox (Corrias) Paulus & Gack,<br />

O. sphegodes var. praecox Corrias, O. praecox (Corrias) J.<br />

Devillers-Tersch. & P. Devillers<br />

Orchidaceae – Ophrys précoce<br />

Description<br />

Plante vivace (géophyte à tubercules), de 20 à<br />

55 cm, robuste et élancée.<br />

Inflorescence de 3 à 11 fleurs assez grandes<br />

(jusqu’à 25 mm). Sépales lancéolés à linéaires,<br />

étalés, généralement blancs, parfois jaunâtres<br />

ou rose pâle, à nervure centrale verte. Pétales<br />

longs, glabres à bords ondulés, de couleur un<br />

peu plus foncée que les sépales. Labelle entier<br />

à nettement trilobé, échancré, à gibbosités<br />

bien marquées, brun à brun rougeâtre. Macule<br />

gris bleuté en forme de « H ».<br />

Des confusions sont possibles avec Ophrys<br />

morisii (Martelli) Cif. & Giacom. qui partage<br />

certaines stations. Ce dernier se distingue<br />

par sa floraison plus tardive (mars à mai),<br />

son périanthe généralement rougeâtre, ses<br />

pétales pubescents-veloutés et son labelle<br />

obovale-entier.<br />

• Endémique corso-sarde<br />

• Floraison de janvier à avril<br />

• Géophyte • Vivace polycarpique<br />

Écologie<br />

Cette espèce se développe en pleine lumière<br />

ou à la mi-ombre, sur des sols calcaires,<br />

secs et caillouteux. Elle se retrouve dans des<br />

habitats de pelouses maigres, de garrigues, de<br />

broussailles et fréquemment sur les talus et les<br />

bords de route.<br />

De 10 à 100 [710] m / Thermoméditerranéen / Mésoméditerranéen / Calcicole stricte<br />

Répartition en Corse<br />

L’ophrys précoce est presque intégralement localisé sur<br />

le plateau de Bunifaziu, où on le rencontre la plupart du<br />

temps en petits effectifs.<br />

Il n’a été observé qu’une fois avec certitude en<br />

dehors de cette aire, au Monte Ceccu cu près de<br />

Corti (Gamisans & Piazza, 2010, inédit) et<br />

apparaît peut-être de façon occasionnelle<br />

dans les autres secteurs calcaires de l’île.<br />

Aire de répartition générale<br />

Ce taxon endémique est présent en Corse et en Sardaigne,<br />

principalement au voisinage des bouches de Bunifaziu.<br />

Conservation et menaces<br />

Cette plante est fréquemment installée en bord de route<br />

et donc potentiellement impactée par les aménagements<br />

et les opérations d’entretien. Ses effectifs globaux sont<br />

peu importants et son aire de distribution restreinte,<br />

ce qui explique son classement en catégorie vulnérable<br />

(VU) dans la liste rouge régionale.<br />

Calcicole<br />

stricte<br />

(710 m)<br />

100 m<br />

10 m<br />

356<br />

Menaces<br />

récurrentes<br />

Aménagements, urbanisation Dynamique naturelle Usages, loisirs Cueillette<br />

Ponctuelle Ponctuelle Négligeable Négligeable<br />

Cotation VU<br />

Fréquence LOC

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