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Dernière édition en pdf - La Terrasse

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EXCEPTIONNEL p. 55HORS-SÉRIE SPÉCIALMUSIQUE CONTEMPORAINEParutions décembre 2013 et janvier 2014213THÉÂTRECRÉATIONSÀ FOISON© Elisabeth CarecchioTextes du répertoire ou créations <strong>en</strong> prise directeavec notre monde, nos critiques d’octobre explor<strong>en</strong>ttoutes les pistes : Illuminations, Please Continue (Hamlet),L’École des Femmes, Nana, Au Monde, Les Marchands,Perturbation, Et jamais nous ne serons séparés,Roméo et Juliette…. A vous de voir ! p. 4LE JOURNAL DE RÉFÉRENCEDES ARTS VIVANTSOCTOBRE 2013LA TERRASSE4 av<strong>en</strong>ue de Corbéra 75012 ParisTél : 01 53 02 06 60 / Fax : 01 43 44 07 08la.terrasse@wanadoo.frParu le 2 octobre 2013Prochaine parution (Novembre) le 30 octobre 201321 e saison / 80 000 exemplairesAbonnem<strong>en</strong>t p. 71 / Sommaire p. 2Directeur de la publication : Dan Abitbolwww.journal-laterrasse.frTHÉÂTRE Perturbation de Thomas Bernhard, mise <strong>en</strong> scène de Krystian Lupa.DANSETRISHA BROWNDiverses pièces emblématiquesdanse post-moderne américaine,à (re)découvrir. p. 48© Stéphanie BergerDANSE Homemadede Trisha Brown.JAZZ / MUSIQUES DU MONDELES ENFANTSDU JAZZDistingué au cours de l’été 2012 au Concoursde Jazz de la Déf<strong>en</strong>se, le groupe PJ5 du guitaristeet compositeur Paul Jarret incarne la tout<strong>en</strong>ouvelle génération du jazz français. p. 69FOCUSSAISON 2013 /14LES GÉMEAUX,SCÈNEEMBLÉMATIQUELe Théâtre Les Gémeaux à Sceaux proposeune programmation de haute t<strong>en</strong>ue pardes créateurs qui questionn<strong>en</strong>t le monde,aiguis<strong>en</strong>t la p<strong>en</strong>sée et le regard. p. 34© Balmer & DixonCLASSIQUE / OPÉRACLASSIQUE/OPÉRA Bo SkovhusAUTOMNE SURTOUS LES TONSWeek-<strong>en</strong>d baroque à Royaumont, Pintschernouveau directeur musical de l’EIC, Chaillydans Brahms, Gatti dans Tchaikovski, MatanPorat et la Folle Nuit à Gaveau, Bo Skovhus(photo) <strong>en</strong> récital à Bastille, etc. p. 53CIRQUELES COLPORTEURS 7 NOV - 29 DÉCLE BAL DES INTOUCHABLESvillette.com


2 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 3MARIVAUXMISE EN SCÈNE GALIN STOEVDU 30 SEPT AU 20 OCT 2013AVEC JULIEN ALEMBIK, LAURENT CARON, FRANÇOIS CLAVIER,YANN LHEUREUX, NICOLAS MAURY, PIERRE MOURE,AIRY ROUTIERSCÉNOGRAPHIE - GALIN STOEV ASSISTÉ DE DELPHINE BROUARD / COSTUMES - BJANKA ADZIC URSULOV /MUSIQUE - SACHA CARLSON / LUMIÈRE - ELSA REVOL / ASSISTANT À LA MISE EN SCÈNE - JULES AUDRYRÉSERVATIONS 01 48 13 70 00www.theatregerardphilipe.comwww.fnac.com | www.theatreonline.comsommaire octoBRE 2013théâtreCRITIQUES p. 4 – THéâTRE DE LA COLLINEKrystian Lupa met <strong>en</strong> scène Perturbationde Thomas Bernhard. p. 4 – THéâTRE DE L’œUVRE<strong>La</strong> comédi<strong>en</strong>ne Ludmila Mikaël porteavec int<strong>en</strong>sité et subtilité Et jamais nousne serons séparés, partition de l’auteurnorvégi<strong>en</strong> Jon Fosse mise <strong>en</strong> scène parMarc Paqui<strong>en</strong>. p. 5 – THéâTRE DE LA TEMPêTEPhilippe Adri<strong>en</strong> met <strong>en</strong> scène L’Ecole desfemmes, et nous prouve magistralem<strong>en</strong>tle tal<strong>en</strong>t de Molière ! p. 8 – THéâTRE 71Omar Porras transpose Roméo et Julietteau Pays du soleil levant dans un spectacled’une grande vivacité. p. 8 – NOUVEAU THéâTRE DE MONTREUILPlease continue (Hamlet) de Yan Duyv<strong>en</strong>daket Roger Bernat : un spectacle qui mêle lesprocessus du théâtre et de la justice.Please continue (Hamlet). p. 9 – FORUM DU BLANC-MESNIL / MAISONDES MéTALLOSIllumination(s) : Ahmed Madani dirige demain de maître le chœur de neufs jeunesissus de la Cité du Val-Fourré. p. 13 – LE LUCERNAIRECéline Coh<strong>en</strong> et Régis Goudot interprèt<strong>en</strong>tavec un éblouissant tal<strong>en</strong>t leur adaptationde Nana de Zola. p. 14 – LES GéMEAUX / SCEAUXAvec le Groupe acrobatique de Tanger,Auréli<strong>en</strong> Bory crée Azimut et ouvrel’horizon. p. 15 – MAISON DE L’ARBREGabriel Garran nous fait découvrirMireille Havet dans un spectacle d’unegrande maîtrise : Je serai abracadabrantejusqu’au bout. p. 16 – ODéON-THéâTRE DE L’EUROPEJoël Pommerat recrée Les Marchandset Au monde : un tal<strong>en</strong>t exceptionnel etsingulier. p. 18 – LE CENTQUATREReprise de <strong>La</strong> Barque le soir de TarjeiVesaas mis <strong>en</strong> acène par Claude Régy.Un saisissant face-à-face avec la mort. p. 25 – THéâTRE DE LA BASTILLEAvec Antiteatre, Gw<strong>en</strong>aël Morin et satroupe s’empar<strong>en</strong>t à mains nues du théâtrede Fassbinder.ENTRETIENS p. 6 – RéGION / LA COMéDIE DESAINT-éTIENNEArnaud Meunier met <strong>en</strong> scène Chapitresde la Chute, la saga des frères Lehman,du magasin de tissu à l’empire bancaire,racontée par le jeune dramaturgeStefano Massini. p. 6 – RéGION / CIRCA / AUCHDirigé par Marc Fouilland, le Festival CIRCaoffre un panorama varié de la créationcircassi<strong>en</strong>ne. p. 10 – LE GRAND PARQUETIlka Schönbein et <strong>La</strong>urie Cannac seretrouv<strong>en</strong>t et imagin<strong>en</strong>t un spectacle àpartir de <strong>La</strong> petite Sirène, d’Anders<strong>en</strong>. p. 10 – THéâTRE DU ROND-POINTLes Visages et les Corps : seul sur scène,Philippe Calvario s’empare des mots deson complice et m<strong>en</strong>tor Patrice Chéreau.© Pierre Ab<strong>en</strong>sur p. 19 – THéâTRE DE LA COLLINEMarie Rémond crée Vers Wanda etnous plonge dans la vie et l’œuvre deBarbara Lod<strong>en</strong>. p. 24 – LE LUCERNAIRE<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Février nous fait découvrir unetragi-comédie méconnue de MargueriteDuras, Yes, peut-être.GROS PLANS p. 28 – THéâTRE DE LA COMMUNEPour rire de nous et du monde, CharlesTordjman porte à la scène les Chroniquesde <strong>La</strong> Montagne d’Alexandre Vialatte. p. 29 – THéâTRE DE CHAILLOTFin connaisseur d’Ödön von Horváth (1901-1938), André Engel réunit deux de sespièces écrites à dix ans d’intervalle dans<strong>La</strong> Double mort de l’horloger. p. 31 – RéGION / FESTIVAL AUTOMNE ENNORMANDIEUne quarantaine de compagnies pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tpart à une programmation de haut volorganisée autour de la thématique« Masculin / Féminin ». p. 32 – RéGION / ESPACE DES ARTS DECHALON-SUR-SAôNEJean-Yves Ruf crée Hughie, d’EugèneO’Neill, face-à-face sur la solitude et ladésespérance. p. 38 – RéGION / TNT / TOULOUSEEpaulée par <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly à lascénographie, Agathe Mélinand adapte lesœuvres d’Edgar Allan Poe pour composerExtraordinaires, portrait de l’auteur. p. 39 – CENTRE WALLONIE BRUXELLES /MAISON DES MéTALLOSŒuvres de théâtre, films, table rondeet réflexions au programme de ce focusGroupov, auteur du majeur Rwanda 94. p. 41 – THéâTRE DE LA BASTILLELes tg STAN déploi<strong>en</strong>t l’art de l’acteur avectrois œuvres sur les variations du couple,d’après Schnitzler, Eluard, et Bergman.DANSEcritiques p. 49 – LE CENTQUATRE / REPRISEOlivier Dubois prés<strong>en</strong>te Tragédie, avecdix-huit danseurs nus. Martèlem<strong>en</strong>t despas et martèlem<strong>en</strong>t des esprits. p. 50 – RéGION / MAISON DE LA CULTUREDE BOURGES / REPRISEPhilippe Jamet repr<strong>en</strong>d Travail, une œuvretrès aboutie sur le s<strong>en</strong>s et la place dutravail dans nos vies.ag<strong>en</strong>da p. 47 – THéâTRE DE LA VILLETrisha Brown, chorégraphe de lapostmodernité, avec des œuvresemblématiques. p. 48 – THéâTRE NATIONAL DE CHAILLOTAnnabelle Bonnéry et François D<strong>en</strong>eulinse sont associés à Thierry Moyne, chefde cuisine, au service d’un banquetchorégraphique. p. 48 – MJC-THéâTRE à COLOMBES43 e r<strong>en</strong>contres de la Toussaint : voir dela danse, danser soi-même : un grandr<strong>en</strong>dez-vous de la pédagogie et de lacréation <strong>en</strong> danse Jazz. p. 49 – L’APOSTROPHE-THéâTRE DESLOUVRAISWhat the Body Does Not Remember :pièce radicale de Wim Vandekeybus. p. 51 – THéâTRE DU CHâTELETMora Godoy, danseuse et chorégraphearg<strong>en</strong>tine, prés<strong>en</strong>te Chantecler Tango,une grande comédie musicale revisitantl’histoire du tango.© Neda Navaee p. 52 – ESPACE 1789Vingt-cinq personnes âgées amateursdans<strong>en</strong>t le Sacre du Printemps réinv<strong>en</strong>tépar Thierry Thieû Niang et Jean-PierreMoulères. p. 52 – PALAIS GARNIERTeshigawara / Brown / Kylián : deux piècesmajeures du répertoire contemporain, etune création de Saburo Teshigawara.CLASSIQUE<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s p. 38 – CITé DE LA MUSIQUE / OPéRABASTILLELe chef d’orchestre et compositeurallemand Matthias Pintscher, né <strong>en</strong> 1971,vi<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>tamer un mandat de trois ans <strong>en</strong>tant que directeur musical de l’EnsembleIntercontemporain. p. 53 – SALLE GAVEAULe pianiste Matan Porat, qui vi<strong>en</strong>td’<strong>en</strong>registrer un disque particulièrem<strong>en</strong>toriginal inspiré par un motif de la Sonate <strong>en</strong>ré mineur K.32 de Scarlatti, est l’invité de« <strong>La</strong> Folle Nuit à Gaveau ».Matan Porat.ag<strong>en</strong>da p. 54 – Chapelle Royale du Château deVersaillesOlivier Schneebeli et Raphaël Pichons’attaqu<strong>en</strong>t aux grandes pages durépertoire sacré français. p. 54 – Abbaye de RoyaumontWeek-<strong>en</strong>d baroque à l’abbaye, qui accueille<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce depuis deux ans <strong>La</strong> Risonanzadirigé par le claveciniste Fabio Bonizzoni. p. 54 – SALLE PLEYELMarin Alsop <strong>en</strong> tournée europé<strong>en</strong>ne avecson Orchestre symphonique de Sao Paulo. p. 55 – SALLE GAVEAUB<strong>en</strong>jamin Grosv<strong>en</strong>or, révélation du pianoanglais, réc<strong>en</strong>te signature du label Decca. p. 59 – AMPHI BASTILLECoup d’<strong>en</strong>voi de la série Converg<strong>en</strong>ces avecBo Skovhus (Voyage d’hiver de Schubert),puis Yann Beuron dans un récital demélodies françaises. p. 60 – THéâTRE DES CHAMPS-éLYSéESLe chef milanais Daniele Gatti inaugure sonintégrale des symphonies de Tchaikovski<strong>en</strong> 5 concerts à la tête de l’OrchestreNational de France. p. 62 – FESTIVAL D’AUTOMNEDeux opéras, des découvertes et deshommages : le Festival d’Automne apportecette année <strong>en</strong>core son lot d’événem<strong>en</strong>tsmusicaux dont la reprise marquanted’Einstein on the Beach mis <strong>en</strong> scène parRobert Wilson. p. 62 – Salle PleyelLe pianiste russe Evgu<strong>en</strong>y Kissin confrontedeux sonates de Schubert et Scriabine. p. 62 – THéâTRE DES CHAMPS-éLYSéESRiccardo Chailly dirige l’intégrale de l’œuvresymphonique de Brahms <strong>en</strong> 4 concerts à latête de son Orchestre du Gewandhaus deLeipzig. p. 63 – Cité de la musiqueLe chef hollandais Jaap van Zwed<strong>en</strong>propose un programme de musique duxx e siècle avec l’Orchestre de chambred’Europe. p. 64 – CITÉ DE LA MUSIQUE<strong>La</strong> Cité de la musique consacre un vastecycle au compositeur Hugues Dufourt<strong>en</strong> rapprochant sa musique de celle deDebussy. p. 64 – Théâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-YvelinesRe-jouer : seul sur scène, au piano et àl’accordéon, le compositeur Franck Krawczykrevisite son <strong>en</strong>fance dans un spectacle mis<strong>en</strong> scène par Véronique Samakh. p. 64 – MUSéE DU LOUVREPremier concert <strong>en</strong> France de la jeunevioloniste russe Maria Milstein. p. 66 – Théâtre de AbbessesLe musici<strong>en</strong> arg<strong>en</strong>tin Juan ManuelQuintana explore le répertoire allemand dela viole de gambe. p. 66 – OPéRA BASTILLEPhilippe Jordan dirige Marcelo Alvarez,Luciana d’Intino et Sergei Murzaev dansune nouvelle production d’Aïda mise <strong>en</strong>scène par Olivier Py.JAZZ / musiquesdu monde p. 67 – ILE-DE-FRANCEDernières propositions de l’édition 2013 duFestival d’Ile-de-France sous-titrée « AlterEgo, Musiques <strong>en</strong> Partage » avec AbedAzrié, Sébasti<strong>en</strong> Tellier, Yaron Herman, etc. p. 67 – DUC DES LOMBARDSEd Motta, crooner brésili<strong>en</strong> doté d’une grosseet douce voix Soul-Jazz, signe son douzièmealbum dans un univers très californi<strong>en</strong>. p. 68 – PARISSoundpainting Festival : une nouvellemanifestation dédiée à ce langage degestes multidisciplinaire ouvrant depassionnantes possibilités de composition<strong>en</strong> temps réel, avec <strong>en</strong> invité l’américainWalter Thomson, inv<strong>en</strong>teur de la discipline. p. 68 – TRIANONNouvel album et concert exceptionnel dupère de l’éthio-jazz Mulatu Astatké. p. 69 – NEW MORNINGPJ5, le quintette du guitariste Paul Jarret,signe avec « Word » son premier album. p. 70 – SCèNE WATTEAUMarc Ribot revi<strong>en</strong>t avec ce trio qui traversetoute l’âme de la musique américaine. p. 69 – SUNSIDEMor Kabasi, la jeune chanteuse israéli<strong>en</strong>nede Séville, relie ses influ<strong>en</strong>ces judéoespagnoles. p. 70 – DYNAMO DE PANTIN<strong>La</strong> Dynamo fait bouger les lignes avec le duoPaal Nilss<strong>en</strong>-Love / K<strong>en</strong> Vandermark puisle carré composé du trio SPEEQ associé à lachanteuse anglaise Elaine Mitch<strong>en</strong>er. p. 70 – VAL D’OISECoup d’<strong>en</strong>voi de la dix-huitième édition dufestival Jazz au Fil de l’Oise. p. 70 – SALLE PLEYELRemember Shakti, se souv<strong>en</strong>ir et inv<strong>en</strong>terla suite du groupe de John Mc<strong>La</strong>ughlin etZakir Hussain. p. 70 – éLANCOURTLe quartet de Dave Holland de l’album« Prism », composé du pianiste CraigTaborn, du guitariste Kevin Eubanks et dubatteur Eric Harland.focus p. 27 – Le Théâtre de l’Ouest Parisi<strong>en</strong> :l’art au cœur de la vie. p. 34 – <strong>La</strong> saison 2013/2014 duthéâtre Les Gémeaux à Sceaux, scèneemblématique de la création contemporaine.Des créateurs qui questionn<strong>en</strong>t le monde. p. 42 – Théâtre d’Arras et Hippodrome deDouai <strong>en</strong> tandem : traversée des frontièreset nouveau souffle. p. 56 – L’orchestre national d’Ile-de-France célèbre ses 40 ans. p. 61 – Une saison de fête à Limoges pourl’Orchestre de Limoges et du Limousin etpour l’Opéra-Théâtre. p. 65 – Théâtre Jacques Prévert à Aulnay :la musique comme marque de fabrique.OD ONThéâtre de l’Eur op e7 novembre – 15 décembre / Berthier 17 eLA BONNE ÂMEDU SE-TCHOUANBERTOLT BRECHTJEAN BELLORINIDE L’LES BIBLIOTHÈQUESDE L’OD ONGrande salle7 octobre / 20hANAÏS NINCATHERINE MILLETAMIRA CASARExils animé par Paula Jacques<strong>en</strong> coproduction avec France Inter14 octobre / 20hÉLISABETH BADINTERNATHALIE RICHARDVoix de femmes prés<strong>en</strong>té par Jean Birnbaum<strong>en</strong> coproduction avec France Culture<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec Le Monde des LivresAteliers Berthier 17 eTarifs 6€ à 30€01 44 85 40 40THEATRE-ODEON.EUSalon Roger BlinDanielle AjoretMichalis BoliakisFrançois DeblockKaryll ElgrichiClaude EvrardJules GarreauCamille de la GuillonnièreJacques HadjajeMed HondoBlanche LeleuCôme MalchiodiClara MayerTeddy MelisLéo MonèmeMarie PerrinMarc PlasGeoffroy RondeauHugo SablicDami<strong>en</strong> Zanoly9 octobre / 18hFANTÔMES EN LITTÉRATURESleepy HollowWashington Irving lu par Thomas Matalou<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le C<strong>en</strong>tre des Monum<strong>en</strong>ts Nationauxet France Culture10 octobre / 18hPHILOSOPHIE<strong>La</strong> signature humaineTzvetan Todorov<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec Le Seuil et Philosophie magazine11 et 18 octobre / 18hFESTIVAL DES OUTRE-MERS<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le Festival des outre-MersDe l’autre côté de la merGisèle PineauAmériques noiresPap Ndiaye / Jean-François NiortLes Bibliothèques de l’OdéonPlein tarif 10€ / Tarif réduit 6€Carte 10 <strong>en</strong>trées 50€<strong>La</strong> Bonne Âme du Se-Tchouan (photo de répétition) © Thierry Depagne / Lic<strong>en</strong>ce d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur de spectacles 1064581 et 1064582rejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr


4 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrasse la terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 5<strong>Terrasse</strong>_oct13b_Mise <strong>en</strong> page 1 20/09/13 11:33 Page1<strong>La</strong> Colline-Théâtre nationald’après Thomas Bernhard / mes Krystian LupaPerturbationCritique© Elisabeth CarecchioPerturbation, de Thomas Bernhard, mis <strong>en</strong> scènepar Krystian Lupa.de démesure, de profusion qui bouleverse nosrepères, nous parle au-delà des mots, au-delàdes scènes. Krystian Lupa fait jaillir sur le plateaula matière et le mystère même de la vie. Ilnous happe et nous subjugue. Du grand art.Manuel Piolat Soleymat(1) Salle d’att<strong>en</strong>te, janvier 2012(2) Entreti<strong>en</strong>s avec Michel Archimbaud, C<strong>en</strong>tre nationaldu Théâtre (1999), Riv<strong>en</strong>euve éditions (2012)(3) Perturbation, Gallimard (1989)Japon bunrakuSONEZAKISHINJÛBUNRAKUSUGIMOTODU 10 AU 19 OCTOBREweek-<strong>en</strong>d Afrique du Sudtraditions vocales du CapCAPE TRADITIONALSINGERSFEZEKAYOUTHCHOIRSAM.5 OCT.17H & 20H30 IDIM. 6 OCT. 17HD A N S E<strong>Terrasse</strong>_bourgeon:Mise <strong>en</strong> page 1 09/09/2013 15:55 Page 101 42 74 22 77 • www.theatredelaville-paris.comT H É ÂT R E D E L’O U E S T PA R I S I E NB O U L O G N E - B I L L A N C O U R T4 13 OCTLEBOURGEONDE GEORGES FEYDEAUMISE EN SCÈNE NATHALIE GRAUWINCRÉATIONAVEC NADINE BERLAND, MARC BERMAN, OLIVIER BROCHESYLVIE DEBRUN, JEANYVES DUPARC, ROMAIN DUTHEILMARIE FORTUIT, ANNE GIROUARD, NATHALIE LACROIXYOUNA NOIRET, STÉPHANE VALENSITHÉÂTRE DE L’OUEST PARISIEN - 1 PLACE BERNARD PALISSY92100 BOULOGNE-BILLANCOURT - MÉTRO LIGNE 10 – BOULOGNE PONT DE SAINT-CLOUD01 46 03 60 44 / w w w. t o p - b b . f rRejoignez-nous sur facebook !Après une première création française <strong>en</strong> demi-teinte (1) , Krystian Luparevi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> force au Théâtre de la Colline avec une nouvelle troupe decomédi<strong>en</strong>s hexagonaux. Il signe une mise <strong>en</strong> scène passionnante dePerturbation, roman initiatique de Thomas Bernhard.On sort de ces presque 5 heures de spectaclecomme lessivés. Non écrasés ou vidés, certainem<strong>en</strong>tpas abattus, dans un état t<strong>en</strong>ant àla fois de l’éveil et de l’étourdissem<strong>en</strong>t : nourriset retournés, comme déséquilibrés par lamatière théâtrale imposante à laquelle ontdonné corps, sous la direction de Krystian Lupa(qui signe la scénographie et les lumières), lescomédi<strong>en</strong>s John Arnold, Thierry Bosc, ValérieDréville, Jean-Charles Dumay, Pierre-FrançoisGarel, Lola Riccaboni, Mélodie Richard, MatthieuSampeur, Anne Sée et Grégoire Tachnakian.Cette matière – protéiforme, organiqueThéâtre de l’œuvreDe Jon Fosse / mes Marc Paqui<strong>en</strong>– suit les courbes et les élans du « processusimpétueux » (2) qui a am<strong>en</strong>é, une fois de plus, legrand metteur <strong>en</strong> scène polonais à faire naîtreune œuvre théâtrale à partir d’une œuvrelittéraire. Impétueuse, la représ<strong>en</strong>tation qui<strong>en</strong> résulte l’est égalem<strong>en</strong>t. Ample et complexe.Débordante. Profondém<strong>en</strong>t vivante. Toutcomme le roman (3) de l’écrivain autrichi<strong>en</strong> ThomasBernhard à partir duquel elle a surgi.Du grand artJuxtaposant et <strong>en</strong>chevêtrant plusieurs réalitésscéniques – jeu, vidéo, voix off narrative, misesEt jamais nousne serons séparésCritique<strong>La</strong> comédi<strong>en</strong>ne Ludmila Mikaël porte avec int<strong>en</strong>sité et subtilité lapartition de l’auteur norvégi<strong>en</strong> Jon Fosse.Un rire s’<strong>en</strong>vole, virevolte par éclats, soudain sebrise. <strong>La</strong> femme laisse échapper l’ombre d’un cri.Son regard se déchire. Elle sourit. « Il va v<strong>en</strong>ir »dit-elle. « Il va sûrem<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir. » Et puis non. « Ilne revi<strong>en</strong>dra plus jamais…. Il a disparu commedans la mort ». Elle est seule, <strong>en</strong>fermée dansl’att<strong>en</strong>te, cernée par le sil<strong>en</strong>ce des objets. Alorselle emplit le vide imm<strong>en</strong>se de l’abs<strong>en</strong>ce avecdes mots, qui se cherch<strong>en</strong>t, s’<strong>en</strong>fui<strong>en</strong>t, s’oppos<strong>en</strong>t,qui tournoi<strong>en</strong>t au revers du consci<strong>en</strong>t, n’<strong>en</strong>finiss<strong>en</strong>t pas de tourner, n’<strong>en</strong> finiss<strong>en</strong>t jamais.Tantôt elle semble s’égarer dans les méandresd’un monologue intérieur ou le scintillem<strong>en</strong>td’un souv<strong>en</strong>ir, tantôt se repr<strong>en</strong>dre et se raisonner,rev<strong>en</strong>ir à la surface de l’instant. Et puisl’homme tant aimé surgit. Il est là… il att<strong>en</strong>dune autre femme, jeune. Ou bi<strong>en</strong> n’est-ce qu’unrêve ? Car le théâtre de Jon Fosse toujours sedérobe à l’étreinte du prés<strong>en</strong>t, laisse sourdrele trouble d’une insondable béance. Il s’écrit àl’orée du réel, dans une fêlure du temps, ou dansl’<strong>en</strong>tre-deux du langage.L’att<strong>en</strong>te comme horizonLe dramaturge, poète et romancier norvégi<strong>en</strong>floute les lisières du tangible, fait affleurer l’invisibledans le susp<strong>en</strong>s de la parole et tisse sesmotifs dans la trame même de l’écriture, simpleet pourtant complexe, tant elle s’<strong>en</strong>roule <strong>en</strong>spirales et variations. Dans cette pièce écrite<strong>en</strong> 1994, sa première, il trace l’esquisse de sonLudmila Mikaël, subtile interprète du théâtre de Jon Fosse.art. Résonn<strong>en</strong>t déjà la quête de l’amour, la finitudeet le néant exist<strong>en</strong>tiel, le retour des morts,l’<strong>en</strong>chevêtrem<strong>en</strong>t du songe et du passé. L’increvableatt<strong>en</strong>te et le recomm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t. « Mais lavie n’est qu’une att<strong>en</strong>te n’est-ce pas / Les g<strong>en</strong>ssont assis dans leurs chambres / ils sont assisdans leurs maisons / dans leurs chambres /ils sont assis là et ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t / au milieu deleurs objets / dans la confiance que donn<strong>en</strong>t lesobjets » dit la femme. Ludmila Mikaël <strong>en</strong> révèle,avec int<strong>en</strong>sité et subtilité, les tumultes intérieurset la détresse éperdue. Elle a des élans,cassés de langueurs soudaines, qui laiss<strong>en</strong>t<strong>en</strong>trevoir le gouffre et qui boulevers<strong>en</strong>t. Face àelle, Patrick Catalifo et Agathe Dronne jou<strong>en</strong>t<strong>en</strong> contrepoint. Sans doute la mise <strong>en</strong> scène deMarc Paqui<strong>en</strong>, discrète, aurait-elle pu donnerplus de nuances rythmiques à cette partitiontoute musicale, plus d’épaisseur à l’énigme,plus de finesse dans l’esthétique. On se laissecep<strong>en</strong>dant happer par la mélodie qui continue,longtemps, de murmurer son <strong>en</strong>têtant refrainau creux du cœur.Gwénola DavidThéâtre de L’œuvre, 55 rue de Clichy,75009 Paris. A 20h30, sauf dimanche 15h,relâche lundi. Tél. 01 44 53 88 88. Durée : 1h20.Le texte est publié par L’Arche éditeur.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Pascal Victor© D. R.<strong>en</strong> abyme… – Krystian Lupa construit une mosaïquedramatique à travers laquelle nous suivonsla tournée d’un médecin de campagne autrichi<strong>en</strong>accompagné de son fils. De maison <strong>en</strong> maison,de chambre <strong>en</strong> chambre, c’est l’humanité tellequ’elle est qui s’ouvre à nous : avec ses troubles,ses maux, ses plaies à l’âme, ses désordres physiqueset psychiques. Investie par une distributionéclatante, Perturbation fait vibrer les désordresde ces perspectives exist<strong>en</strong>tielles. On retrouveici, la noirceur, la lucidité, l’humour grinçant deThomas Bernhard. On retrouve aussi cette formeThéâtre de <strong>La</strong> Tempêtede Molière / mes Philippe Adri<strong>en</strong><strong>La</strong> Colline – Théâtre national, 15 rue Malte-Brun,75020 Paris. Du 27 septembre au 25 octobre2013. Du mardi au samedi à 19h30, le dimancheà 15h30. Durée de la représ<strong>en</strong>tation : 4h55(avec 2 <strong>en</strong>tractes). Dans le cadre duFestival d’Automne à Paris.Tél. 01 44 62 52 52. www.colline.frÉgalem<strong>en</strong>t les 13 et 14 novembre 2013 à laComédie de Clermont-Ferrand, les 18 et19 novembre à la Scène nationale de Petit-Quevilly dans le cadre du festival Automne <strong>en</strong>Normandie, du 3 au 7 décembre au Théâtredes Célestins à Lyon, les 18 et 19 décembre auC<strong>en</strong>tre dramatique national d’Orléans.Rejoignez-nous sur FacebookL’école des femmesCritiqueInv<strong>en</strong>tive, rythmée, impeccablem<strong>en</strong>t maîtrisée, la mise <strong>en</strong> scène dePhilippe Adri<strong>en</strong> réussit à mettre <strong>en</strong> lumière toutes les facettes de lacomédie de Molière, de la plus drôle à la plus terrifiante.Arnolphe (Patrick Paroux) <strong>en</strong>rage,et les valets trembl<strong>en</strong>t (Joanna Jianouxet Gilles Comode).Exit le mari, le chef, le seigneur et le maîtreArnolphe… Contraint à la fuite et au sil<strong>en</strong>ce. L’innoc<strong>en</strong>teAgnès, qui est loin d’être bête, a pris son<strong>en</strong>vol et choisit son futur. Les choux du potagerne serviront pas à mitonner une bonne vieillesoupe <strong>en</strong> compagnie du barbon, mais peut-êtreque des petits <strong>en</strong>fants s’y amuseront bi<strong>en</strong>tôt.Une jolie branche d’arbre <strong>en</strong> fleurs sert de métaphoreau désir de l’amour, au printemps de lajeunesse. Contraste saisissant avec le désird’amour d’Arnolphe, qui, s’il est bi<strong>en</strong> réel, n’<strong>en</strong>demeure pas moins un désir d’asservissem<strong>en</strong>tet de possession. Arnolphe a <strong>en</strong> effet élevé sapupille Agnès dans une ignorance extrême, dansun isolem<strong>en</strong>t complet, afin de faire d’elle uneépouse obéissante et fidèle, et d’éviter de subirl’affront si répandu du cocuage. Elle va cep<strong>en</strong>dants’émanciper de son destin tracé d’avance.Sout<strong>en</strong>u par une remarquable distribution,Philippe Adri<strong>en</strong> mène la comédie de Molière demain de maître, et réussit à mettre <strong>en</strong> lumièretoutes ses facettes, de la plus drôle à la plusterrifiante. De la farce burlesque et clownesqueà la tragédie de la viol<strong>en</strong>ce d’un homme <strong>en</strong>versune jeune fille qui lui oppose sa volonté.Entre rage et désespoirPar le jeu excell<strong>en</strong>t des comédi<strong>en</strong>s, par surgissem<strong>en</strong>ts,par résonances, par des images frappantesau cœur du décor bucolique et sobre deJean Haas, il exerce son art de la mise <strong>en</strong> scène,situant l’action à l’époque charnière de la fin duxix e siècle, n’hésitant pas à y inclure des élém<strong>en</strong>tsd’étrangeté insolites. Surtout pas d’actualisation,c’est inutile ! Philippe Adri<strong>en</strong> conjugue la dim<strong>en</strong>sioncomique et farcesque de la pièce et l’<strong>en</strong>jeuhumain ess<strong>en</strong>tiel de la conquête émancipatricede la jeune fille. Le rire et la connaissance : Molièreparvi<strong>en</strong>t à les imbriquer, et le metteur <strong>en</strong> scèneaussi, d’autant que l’<strong>en</strong>vie de liberté d’Agnès rested’une éternelle actualité. Faut-il rappeler quecertaines jeunes filles sont aujourd’hui <strong>en</strong>coremariées de force ou totalem<strong>en</strong>t soumises à unmâle dominant qui régit leur vie de A à Z ? PatrickParoux est un Arnolphe impeccable, <strong>en</strong>tre rage etdésespoir, qui jusqu’au bout se croit stratège del’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t – sur tous les modes –, alors quela graine de la liberté a été semée… Val<strong>en</strong>tineGaley est une Agnès très fine, que l’ignorancer<strong>en</strong>d totalem<strong>en</strong>t spontanée, et qui découvre lemonde et de nouveaux s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> la personned’Horace. Virevoltant, gracieux, toujoursremarquablem<strong>en</strong>t juste, Pierre Lefebvre donneau jeune homme amoureux beaucoup de charme.Dans cette implacable comédie, l’amour est lemaître, et libère la parole. A voir à tout âge !Agnès SantiThéâtre de <strong>La</strong> Tempête, Cartoucherie,75012 Paris. Du 13 septembre au 27 octobre,du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h.Tél. 01 43 28 36 36.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frdirection Didier BezaceSaison 2013 / 2014 Passage10 › 31 OCTOBRERésumons-nous,la semaine a été désastreused’après Chroniques de la Montagne de Alexandre Vialattemise <strong>en</strong> scène Charles Tordjmanavec Christine Murillo, Julie Pilod et Dominique PinonABONNEMENT 4 spectacles 40 €ADHÉSION Carte adhésion 24 € / 12 € tarif réduitpuis 8 € par spectacle27 septembre > 5 octobreR<strong>en</strong>contres Ici et LàLOCATIONS 01 48 33 16 16theatredelacommune.comC’EST LA FAUTE À RABELAIS Cie l’<strong>en</strong>versdu décor TOUT SEUL Théâtre du Rugissant,LA LIGNE JAUNE Les Grandes Personnes,TRIPLETTE Les P’tits Bras, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec laVille d’Aubervilliers, DÉRAILLE et OPTICIRQUEAcadémie Fratellini, Le POP PETITORCHESTRE DE POCHEet aussi des ateliers-spectaclesANCÊTRES, UN GOÛTER PEU ORDINAIRE,OUTREMÈRESRestaurant P Parking Vinci gratuit M Ligne 7 Navette retour gratuiteVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.frEcrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.fr


6 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 7lic<strong>en</strong>ce n° 19125texte Victor Hugomise <strong>en</strong> scèneLucie Berelowitsch3 › 19 oct 2o13o1 53 o5 19 19ath<strong>en</strong>ee-theatre.comrégion / <strong>La</strong> Comédie de Saint-Eti<strong>en</strong>ne / Chapitres de la chutede Stefano Massini / mes Arnaud MeunierEntreti<strong>en</strong> e Arnaud MeunierSpl<strong>en</strong>deurs et misèresdu capitalismeArnaud Meunier met <strong>en</strong> scène la saga des frères Lehman, du magasinde tissu à l’empire bancaire. <strong>La</strong> création de ce texte est l’occasion dedécouvrir le tal<strong>en</strong>t du jeune dramaturge itali<strong>en</strong> Stefano Massini.Comm<strong>en</strong>t avez-vous découvert cet auteur<strong>en</strong>core méconnu <strong>en</strong> France ?Arnaud Meunier : Le comité de lecture duThéâtre du Rond-Point avait repéré ce texte.C’est une trilogie. A l’époque, n’existait que lapremière partie, de 1847 à la guerre de Sécession.Quand je l’ai lu, ça faisait longtemps queje n’avais pas été happé à ce point par un textede théâtre. C’est un récit, avec des tirets, maisaucune indication de qui parle et de comm<strong>en</strong>tle jouer. Cet aspect est complètem<strong>en</strong>t laisséà la mise <strong>en</strong> scène. Cette forme excitanteaccompagne un fond épique, tout <strong>en</strong> rebondissem<strong>en</strong>ts,qu’on lit comme un bon polar.Comm<strong>en</strong>t s’organise cette trilogie ?A. M. : <strong>La</strong> première pièce, juive, s’attache auxpères fondateurs ; la deuxième, américaine,aux fils nés au Etats-Unis ; la troisième, dontle personnage c<strong>en</strong>tral est le petit-fils, s’intéresseau passage de la banque à la finance,lorsque la banque familiale s’ouvre à l’extérieur.Six Lehman rythm<strong>en</strong>t l’histoire. Le théâtrede Stefano Massini n’est pas du théâtredocum<strong>en</strong>taire (ce n’est pas un biopic), maisc’est un théâtre très docum<strong>en</strong>té. A partir duréel, il ouvre des f<strong>en</strong>êtres d’interrogation surl’histoire, mais ne la juge jamais. Il exploredeux c<strong>en</strong>ts ans du capitalisme américain :le spectacle ti<strong>en</strong>t à la fascination pour cettesuccess story et à l’effroi qu’il provoque,notamm<strong>en</strong>t quand est évoquée la crise de29, <strong>en</strong> écho avec ce qu’on vit aujourd’hui.Tout s’organise autour du motif de la chute,autour du mom<strong>en</strong>t où ça va trop loin. En mêmetemps, c’est un conte, une saga, dont, un peucomme dans Titanic, on connaît d’emblée lafin. On sait qu’<strong>en</strong> 2008, la faillite de cette banquea provoqué la crise actuelle. A partir decette fin, on revi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> arrière pour reconstruirel’histoire. On retrouve chez Massini lesmêmes racines itali<strong>en</strong>nes que chez FaustoParavidino. Tous les deux sont des post-pasolini<strong>en</strong>s,auteurs d’un théâtre <strong>en</strong> prise avecaujourd’hui, mais dont la forme onirique, poétique,transc<strong>en</strong>de le réel.Quel traitem<strong>en</strong>t scénique avez-vous imaginé?A. M. : Le texte, dans sa forme, laisse unespace de jeu considérable pour l’acteur. Onpourrait craindre un théâtre de narration,© Jean-Louis Fernandezmais le texte offre une richesse inouïe pourles espaces à jouer. J’ai choisi les acteurs <strong>en</strong>conséqu<strong>en</strong>ce : six acteurs, trois (les premiersLehman), deux (les fils) et un (le petit-fils). J’aitravaillé sur les différ<strong>en</strong>tes générations, <strong>en</strong> lesmélangeant. Martin Kipfer, qui a vingt-quatreans, joue le rôle du père de Serge Maggiani,le plus âgé de la troupe. Cet écho générationnelau plateau est très beau. Le plaisir de jeuouvre des possibles incroyables, et l’on selaisse embarquer et ébranler par les questionsposées sur les mécanismes financierset boursiers, qui sont d’autant mieux éclairéespar le concret de cette histoire familiale.Qui sont les Lehman ?A. M. : Ils sont caractéristiques des famillesjuives immigrées aux Etats-Unis au xix esiècle : les Goldman, les Blum<strong>en</strong>thal, lesRothschild, dont il est aussi question dansla pièce. Au départ, trois frères vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d<strong>en</strong>ulle part, ils sont pauvres et travaill<strong>en</strong>tdur pour v<strong>en</strong>dre du tissu. Leur installationdans l’Alabama, au milieu des plantationsde coton, le hasard de l’histoire et la ruinede leur village font qu’ils sont payés avecla récolte du coton brut, ils la rev<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t et“Ce n’est pasdu théâtredocum<strong>en</strong>taire,mais un théâtretrès docum<strong>en</strong>té.”Arnaud Meunierinv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le métier d’intermédiaire. Ensuite,on assiste à l’itinéraire classique de cesfamilles juives qui ont convergé vers NewYork et participé à sa transformation. Lorsquecomm<strong>en</strong>ce l’histoire, les Etats-Unis nesont pas <strong>en</strong>core la première puissance mondiale: ils vont le dev<strong>en</strong>ir à travers le développem<strong>en</strong>tdu capitalisme. Les rares pièces quitrait<strong>en</strong>t du monde économique et financierle font souv<strong>en</strong>t selon un axe de dénonciation.Ce n’est pas le cas de Massini. Mais son récitest une manière plus efficace d’ébranler noscertitudes, puisque son écriture r<strong>en</strong>d toutsimple et concret. Stefano Massini est unauteur appelé à dev<strong>en</strong>ir très connu. Je p<strong>en</strong>sequ’il est un grand dramaturge, et c’est aussipour cela que je monte Femme non rééducable,une autre de ses pièces, au Théâtre de laCommune, <strong>en</strong> février prochain.Propos recueillis par Catherine Robert<strong>La</strong> Comédie de Saint-Eti<strong>en</strong>ne, C<strong>en</strong>treDramatique National. 7 av. Emile-Loubet,42000 Saint-Eti<strong>en</strong>ne. Du 8 au 17 octobre 2013.Du lundi au v<strong>en</strong>dredi à 20h ; le dimanche à 15h.Tél. 04 77 25 14 14.Théâtre du Rond-Point, 2bis av. Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris. Du 7 au 30 novembreà 19h ; le dimanche à 15h30 ; relâche le lundiet le 10 novembre. Tél. 01 44 95 98 21.En tournée <strong>en</strong> France <strong>en</strong> 2013-2014.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr<strong>La</strong> Double Mortde l’horlogerMise <strong>en</strong> scène d’André Engeld’après Ödön von Horváth17 octobre au 9 novembre 2013SHAKESPEAREOMARPORRASROMÉO ET JULIETTE 8 19 OCTTHÉÂTRE SPECTACLE EN FRANÇAIS ET JAPONAISSURTITRÉ EN FRANÇAIS D’APRÈS WILLIAM SHAKESPEAREADAPTATION ET MISE EN SCÈNE OMAR PORRASTRADUCTION JAPONAISE KAWAI SHOICHIRO COMPOSITIONMUSICALE ALESSANDRO RATOCITHEATRE71.COM SCÈNE NATIONALE MALAKOFFM MALAKOFFPLATEAU DE VANVES 01 55 48 91 00PÉRIPHÉRIQUE PORTE BRANCION PARKING RUE GABRIEL CRIÉrégion / CIRCa / AuchFestival du cirque actuelEntreti<strong>en</strong> e Marc FouillandLe cirque dans tousses étatsGrand r<strong>en</strong>dez-vous des curieux, des amateurs et des ferv<strong>en</strong>ts pratiquantsdu cirque, le festival CIRCa offre un panorama varié de la créationcircassi<strong>en</strong>ne. Avec une dizaine de spectacles professionnels à l’afficheet des prés<strong>en</strong>tations de travaux des écoles europé<strong>en</strong>nes, la 26 e éditiondirigée par Marc Fouilland <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d célébrer la vitalité d’un art <strong>en</strong>constante évolution.Un an après l’inauguration du CIRC, lieu derésid<strong>en</strong>ce dédié à la création circassi<strong>en</strong>ne,qu’est-ce qui a changé dans le rapport auxartistes et au territoire ?Marc Fouilland : Le festival est maint<strong>en</strong>antincarné par un équipem<strong>en</strong>t, ce qui a changé lerapport au territoire. Le CIRC a aussi conquisles habitants par l’originalité de son architecture: ils se le sont aujourd’hui appropriéet je crois qu’ils <strong>en</strong> sont fiers. <strong>La</strong> qualité deslocaux mis à disposition, des hébergem<strong>en</strong>tset de la restauration nous permet désormaisd’offrir aux artistes de bonnes conditionsd’accueil et de travail. Leur prés<strong>en</strong>ce à Auchmême, durant des périodes de trois à quatresemaines, parfois sur plusieurs sessionsdans l’année, a aussi resserré les li<strong>en</strong>s et ledialogue avec l’équipe perman<strong>en</strong>te de CIRCa.Cette nouvelle proximité facilite le suivi desprocessus de création et l’accompagnem<strong>en</strong>tartistique des projets. Nous avons p<strong>en</strong>sé unlieu ouvert sur la ville et proposons des r<strong>en</strong>dez-vous,des visites…De quelles t<strong>en</strong>dances esthétiques cette 26 eédition témoigne-t-elle ?M. F. : Le festival propose un panorama desspectacles créés dans la saison et montrela diversité des esthétiques, pour le grandpublic, les professionnels et les élèves desécoles de cirque. Aujourd’hui, les compagniesfrançaises r<strong>en</strong>ou<strong>en</strong>t avec le chapiteau, r<strong>en</strong>versantune t<strong>en</strong>dance qui m<strong>en</strong>açait cet emblèmedu cirque il y a quelques années. <strong>La</strong> viabilitééconomique de l’itinérance reste fragile, maissans doute le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de la concurr<strong>en</strong>ceet le durcissem<strong>en</strong>t des conditions de tournée<strong>en</strong> salle ont-ils incité des troupes à sedoter de leur propre outil de diffusion et àt<strong>en</strong>ter l’av<strong>en</strong>ture du nomadisme. Et puis lechapiteau porte un imaginaire très puissant,il offre un rapport particulier au public et à laville, il crée forcém<strong>en</strong>t l’événem<strong>en</strong>t quand lecampem<strong>en</strong>t s’installe. Il attire maint<strong>en</strong>ant desartistes qui se produisai<strong>en</strong>t surtout <strong>en</strong> salle,comme le clown jongleur Nikolaus, avec Toutest bi<strong>en</strong> ! Catastrophe et bouleversem<strong>en</strong>t, ouAkoreacro avec Klaxon. D’autres, tels que CirqueAïtal avec Pour le meilleur et pour le pire,Rasposo avec Morsure, ou <strong>en</strong>core de Trottola,avec Matamore, poursuiv<strong>en</strong>t ce chemin. Nousavons ainsi pu composer un parcours le longdu Gers, qui va de chapiteau <strong>en</strong> chapiteau.© Christian VoulgaropoulosPlusieurs compagnies, qui se rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>td’un cirque contemporain, mani<strong>en</strong>t aussi lescodes traditionnels de la piste, plus ou moinsrevisités. <strong>La</strong> frontière <strong>en</strong>tre cirque classiqueet contemporain s’efface-t-elle ?M. F. : Les artistes jou<strong>en</strong>t sur cette frontièreavec une plus grande liberté qu’auparavant.Les écritures et les formes circassi<strong>en</strong>nes rest<strong>en</strong>ttrès variées. Elles ne cess<strong>en</strong>t d’élargirla définition du cirque, <strong>en</strong> témoign<strong>en</strong>t la Cridacompanydans Mañana es mañana, Auréli<strong>en</strong>Bory dans Azimut ou Jérôme Thomasdans FoRest. Par ess<strong>en</strong>ce, l’artiste de cirquedépasse ses propres limites mais aussi cellesde son art. C’est ainsi que le cirque peut resterun art vivant.“Par ess<strong>en</strong>ce, l’artistede cirque dépasseses propres limitesmais aussi cellesde son art.”Marc FouillandLe festival est aussi le r<strong>en</strong>dez-vous des écolesde cirque. Le Fédération française fêterad’ailleurs ses 25 ans, la Fédération europé<strong>en</strong>neses 15 ans et le Lido de Toulouseses 30 ans. Constatez-vous <strong>en</strong> Europe uneconverg<strong>en</strong>ce des projets pédagogiques ouau contraire l’affirmation d’id<strong>en</strong>tités singulières?M. F. : Les approches pédagogiques et artistiquesse recoup<strong>en</strong>t partiellem<strong>en</strong>t mais lesprojets sont aussi nourris par le terroir culturelet les démarches artistiques spécifiquesà chaque pays. Des différ<strong>en</strong>ces perdur<strong>en</strong>t,comme le montre les « Circles », qui prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tdes numéros et petites formes conçuspar des étudiants v<strong>en</strong>us des écoles europé<strong>en</strong>nes.Globalem<strong>en</strong>t, la maîtrise technique s’estaccrue. Certains la place au cœur de l’écritureet la mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> exergue ; d’autres l’esquiv<strong>en</strong>t,jou<strong>en</strong>t avec, la fond<strong>en</strong>t dans la gestuelle et lamise <strong>en</strong> scène.Territoires de cirque, association regroupantdes structures et pôles nationaux dédiés auxarts de la piste, a m<strong>en</strong>é une vaste action des<strong>en</strong>sibilisation auprès des collectivités territorialesavec « Cirque <strong>en</strong> campagne ». Les13 r<strong>en</strong>contres thématiques se sont concluespar la rédaction d’un livret formulant dixpropositions concrètes. Vos rev<strong>en</strong>dicationssont-elles <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dues ?M. F. : Cette opération vise à faire reconnaîtrele cirque et ses spécificités dans les politiquesculturelles. Le contexte actuel n’est paspropice au lancem<strong>en</strong>t d’investissem<strong>en</strong>t niau développem<strong>en</strong>t de nouveaux axes. Néanmoins,des progrès sont possibles, notamm<strong>en</strong>tquant à l’implantation des chapiteaux,trop souv<strong>en</strong>t rejetés à la périphérie des agglomérations.Nous constatons que de plus <strong>en</strong>plus de communes intègr<strong>en</strong>t les conditionsnécessaires à l’accueil de chapiteaux dansleur réflexion pour l’aménagem<strong>en</strong>t des c<strong>en</strong>tresvilles. Et Auch montre un bel exemple !Entreti<strong>en</strong> réalisé par Gwénola DavidCIRCa, allée des Arts, 32000 Auch.Du 18 au 27 octobre 2013.Tél. 05 62 61 65 00.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frcréationMise <strong>en</strong> scèneAndré EngelAvec Caroline Brunner, Yann Collette, François Delaive,Evelyne Didi, Yordan Goldwaser, Jérôme Kircher, Gilles Kneusé,Manon Kneusé, Arnaud Lechi<strong>en</strong>, Antoine Mathieu,Tom Novembre, Ruth Orthmann, Julie-Marie Parm<strong>en</strong>tier,Natacha Régnier, Marie VialleTexte français H<strong>en</strong>ri Christophe Adaptation André Engelet Dominique Muller / Dramaturgie Dominique Muller/Scénographie Nicky Rieti / Lumières André Diot /Costumes Chantal de la Coste / Son Pipo Gomes /Maquillage et coiffure Marie Luiset /Assistante à la mise <strong>en</strong> scène Ruth Orthmannwww.theatre-chaillot.frPhoto © Agathe Poup<strong>en</strong>eyrejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr


8 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrasse la terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 9Critique© D. R.CritiqueThéâtre 71d’après William Shakespeare / mes Omar PorrasRoméo et JulietteOmar Porras transpose Roméo et Juliette au Pays du soleil levant. Le metteur<strong>en</strong> scène d’origine chili<strong>en</strong>ne (installé à G<strong>en</strong>ève) croise langues et influ<strong>en</strong>cesartistiques dans un spectacle d’une grande vivacité. Une réussite.Forum du Blanc-Mesnil / Théâtre Firmin Gémiertexte et mes Ahmed MadaniIllumination(s)Une pièce manifeste d’Ahmed Madani, qui illumine le plateau de toute saforce symbolique, avec neufs jeunes acteurs de la Cité du Val-Fourré.SAISON 2013-2014UNE SAISON ANNIVERSAIRE :10 ans de l’Académie,40 ans de l’École du cirqueCartoucherie75012 Paris01 43 28 36 36Rejoignez-nous sur Facebooket soyez informés quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>tTHÉÂTRE / MUSIQUE / DANSEDU 12 NOVEMBREAU 7 DÉCEMBRE 2013masculin/féminin02 32 10 87 07automne-<strong>en</strong>-normandie.comde <strong>La</strong>rs Noréntexte françaisAmélie Bergmise <strong>en</strong> scènePhilippe Baronnet9 - 27 octobre© PIERRE ET GILLES : LA SIRÈNE ET LE MARIN, 1997Miyuki Yamamoto et Micari dans Roméo et Juliette, au Théâtre 71.Il y a quelque chose de très corporel dans lethéâtre d’Omar Porras. Quelque chose quipuise dans les mouvem<strong>en</strong>ts, la gestuelle, lerythme des comédi<strong>en</strong>s pour nourrir la représ<strong>en</strong>tationet <strong>en</strong> faire une façon de ballet. Unballet des plus personnels – onirique, ludique– qui n’hésite jamais à donner dans la cocasserieet assume une théâtralité de chaqueinstant. Tout est musiques, images, chorégraphiesdans la version de Roméo et Juliette queprés<strong>en</strong>te aujourd’hui le directeur de la comreused’un Roméo Montaigu (incarné par lacomédi<strong>en</strong>ne Miyuki Yamamoto), amour qui lesmènera tous deux, nous le savons, à la mort.Resserrée autour de ses repères ess<strong>en</strong>tiels, latragédie de William Shakespeare pr<strong>en</strong>d ici desairs de fantaisie burlesque, avant de se dirigervers une noirceur pleine de délicatesse. Toutcela est très libre. Inv<strong>en</strong>tif. Enjoué. Précis.Un grand spectacle populaire,<strong>en</strong> japonais et <strong>en</strong> françaisD’une grande fluidité. Au gré des belles imagesque déploie la scénographie d’Omar Porras(le metteur <strong>en</strong> scène signe égalem<strong>en</strong>t l’adaptationdu texte), Micari et Miyuki Yamamotoimpos<strong>en</strong>t la pureté et l’évid<strong>en</strong>ce du couple delég<strong>en</strong>de qu’elles interprèt<strong>en</strong>t. Au c<strong>en</strong>tre de lareprés<strong>en</strong>tation, les deux jeunes comédi<strong>en</strong>nesapparaiss<strong>en</strong>t comme deux êtres gémellaires,l’un féminin, l’autre masculin – r<strong>en</strong>voyant auxdeux faces complém<strong>en</strong>taires d’une mêmevérité humaine. Leur grâce est saisissante.Et le reste de la distribution se révèle à leurmesure. Chacun à sa place, dans son rôle,Nouveau Théâtre de Montreuilmes Yan Duyv<strong>en</strong>dak et Roger BernatPlease continue(Hamlet)pagnie g<strong>en</strong>evoise Teatro Malandro au Théâtre71, à Malakoff. Créée <strong>en</strong> collaboration avec lacompagnie nippone SPAC (Shizuoka PerformingArts C<strong>en</strong>ter ; huit des onze acteurs sontjaponais, trois sont francophones), cette propositionà la croisée des influ<strong>en</strong>ces occid<strong>en</strong>taleset extrême-ori<strong>en</strong>tales mêle les languesdes deux collectifs (le spectacle est surtitré<strong>en</strong> français) pour nous faire voyager jusqu’àun Japon ancestral. Un Japon dans lequelune Juliette Capulet (Micari) tombe amoudonnecorps avec beaucoup d’efficacité au« melting-pot artistique insolite » qu’a souhaitéélaborer Omar Porras. Entre fantasmagorieet acuité scénique, c’est un grand spectaclepopulaire qui s’offre à nos yeux. A nos oreilles.A notre imaginaire.Manuel Piolat SoleymatThéâtre 71-Scène nationale de Malakoff,3 place du 11 novembre, 92240 Malakoff,du 8 au 19 octobre 2013. Les mardis etv<strong>en</strong>dredis à 20h30 ; les mercredis, jeudiset samedis à 19h30, les dimanches à 16h.Durée de la représ<strong>en</strong>tation : 2h. Tél. 01 55 48 9100. www.theatre71.comSpectacle vu le 23 septembre 2013, auThéâtre de la Cité Bleue, à G<strong>en</strong>ève.Égalem<strong>en</strong>t du 2 au 4 octobre 2013 à la Maisonde la Culture de Bourges, les 8 et 9 novembreau Théâtre de Corbeil-Essonnes, le 15 novembreau CNCDC de Châteauvallon, du 20 au22 novembre à la Scène nationale d’Annecy,les 19 et 20 décembre à la Comédie de Ca<strong>en</strong>.CritiqueQuand le théâtre se transforme <strong>en</strong> véritable tribunal : mêlant acteurs etprofessionnels du barreau, Please continue (Hamlet) déploie un dispositif uniqueoù se confond<strong>en</strong>t les spectacles de la justice et du théâtre. Immanquable.Qui de l’avocat ou de l’acteur joue la comédie ?Ne vous laissez pas tromper par le titre duspectacle : Please continue (Hamlet) ne proposepas une nouvelle version du classiqueshakespeari<strong>en</strong>, mais toute ressemblanceavec l’original n’est pourtant pas fortuite. Eneffet, le prince d’Els<strong>en</strong>eur se transforme ici <strong>en</strong>jeune garçon, rejeton d’une famille de milieusocial défavorisé, qui comparaît au tribunalpour le meurtre d’un homme caché derrièreles rideaux de la chambre de sa mère… Vêtud’un t-shirt jaune siglé à son nom, commeOphélie qui s’est portée partie civile, et commeGertrude citée <strong>en</strong> tant que témoin, Hamletdoit répondre aux questions d’un vrai juge,issu du barreau où se produit le spectacle,et assister aux plaidoiries des mêmes avocatsdu cru. En fait, c’est tout son procès quise déroule comme <strong>en</strong> vrai. Avec jurés, expertpsychiatre et autre huissier issus des rangsde la justice, tout le spectacle du tribunal seréinv<strong>en</strong>te à chaque nouvelle représ<strong>en</strong>tationpour délivrer un verdict choisi <strong>en</strong>semble parle juge et des jurés pris dans le public, verdictqui, bi<strong>en</strong> sûr, diffère à chaque fois.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Pierre Ab<strong>en</strong>sur© D. R.Ahmed Madani a frappé fort. Il crée une écritureet un théâtre qui <strong>en</strong>trelac<strong>en</strong>t réel et fictionavec une habilité confondante, qui <strong>en</strong>trelac<strong>en</strong>taussi passé et prés<strong>en</strong>t afin de mieux <strong>en</strong>visagerle futur, et qui mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cause les modes etles codes de représ<strong>en</strong>tation du réel. Bas lesmasques ! C’est l’être au monde avec toute laforce de son humanité et de sa jeunesse quidéjoue ici les pièges des idées toutes faites,des peurs diffuses et des raccourcis absurdes.Avec neuf jeunes issus de la cité du Val-FourréDes jeunes g<strong>en</strong>s du Val-Fourré remarquablem<strong>en</strong>t dirigés par Ahmed Madani.Un théâtre singulier<strong>La</strong> justice n’est pas une sci<strong>en</strong>ce exacte et, avecPlease continue (Hamlet), le pari de Bernat etDuyv<strong>en</strong>dak n’est pas analogue aux concoursd’éloqu<strong>en</strong>ce où les appr<strong>en</strong>tis avocats rivalis<strong>en</strong>tde virtuosité orale. Non, il s’agit bi<strong>en</strong> icide donner à voir un vrai-faux procès, de chercherà faire ress<strong>en</strong>tir la complexité de la justice,l’aléatoire qui la gouverne, les dilemmesqu’il faut sans cesse trancher, et le doute quicolle de très près à la vérité, dans l’esprit dujuge et des jurés, comme il le faisait dans celuid’Hamlet. A travers le spectacle du procès seforge donc une intime conviction dont, <strong>en</strong> tantque spectateur, on ress<strong>en</strong>t combi<strong>en</strong> elle estpersonnelle et arbitraire. Et de ce contexte particulier,naît parallèlem<strong>en</strong>t un théâtre singulier,où les clés de la mise <strong>en</strong> scène ont été <strong>en</strong> quelquesorte remises au juge qui mène les débats.Une pièce sur le fil du rasoir donc, où les temporalitésdu théâtre et de la justice t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t dese rapprocher, dans une dramaturgie flottantecomme la vie, cadrée par les seuls rituels dutribunal pour un procès où le mélange <strong>en</strong>trele jeu improvisé des acteurs et le non jeu deshommes de loi rappelle sans cesse combi<strong>en</strong>,comme le soulignait Shakespeare, ce mondeest bel et bi<strong>en</strong> un vaste théâtre.Éric DemeyNouveau Théâtre de Montreuil, 10 place Jean-Jaurès, 93100 Montreuil. Du 3 au 19 octobre,relâche les 6,9 et 14. Tél. 01 48 70 48 90.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frrecruteétudiants / étudiantesPour distribuer devant les salles de concert etde théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.Disponibilité quelques heures par mois.Tarif horaire : 9,43 €/brut + 2 € net d’indemnitéde déplacem<strong>en</strong>tEnvoyer photocopies carte d’étudiant+ carte d’id<strong>en</strong>tité+ carte de sécu et coordonnées àemail : la.terrasse@wanadoo.frObjet : recrutem<strong>en</strong>t étudiantà Mantes-la-Jolie, Ahmed Madani traversel’Histoire et regarde <strong>en</strong> face le prés<strong>en</strong>t, profitantde toute la puissance symbolique que permetun plateau de théâtre. C’est un voyage dans leszones s<strong>en</strong>sibles de l’imaginaire et du ress<strong>en</strong>ti :mieux qu’un périple médiatique dans les zonesdites s<strong>en</strong>sibles des banlieues. Ahmed Madanin’a pas fait une incursion de circonstance àMantes-la-Jolie, v<strong>en</strong>ue d’Algérie, sa famille yest arrivée <strong>en</strong> 1959, et il dit de ces jeunes g<strong>en</strong>squ’ils sont « ses petits frères et ses <strong>en</strong>fants ».De 1955 à aujourd’hui, la pièce braque sonprojecteur sur divers mom<strong>en</strong>ts de l’Histoire etdiverses générations : la Guerre d’Algérie et latorture – Ahmed Madani lui-même se souvi<strong>en</strong>tqu’à cinq ans, la vision d’un homme criblé deballes l’a bouleversé –, la v<strong>en</strong>ue des travailleursimmigrés, invisibles, appelés à participer àl’essor économique de la France, et les jeunesd’aujourd’hui, bi<strong>en</strong> visibles, tandis que l’économiese traîne, et que des émeutes éclat<strong>en</strong>t,comme à Clichy <strong>en</strong> 2005.Travail choral rigoureuxLes trois hommes s’appell<strong>en</strong>t <strong>La</strong>khdar, hérosdémultiplié. Guidés par une direction d’acteurau cordeau, les neuf comédi<strong>en</strong>s amateurs mett<strong>en</strong>t<strong>en</strong> œuvre un travail choral rigoureux etprécis, quasim<strong>en</strong>t chorégraphié. Les questionsd’appart<strong>en</strong>ance ou d’exclusion sont à la foisposées et mises <strong>en</strong> perspective, par surgissem<strong>en</strong>t,par réminisc<strong>en</strong>ces, par échos, par métaphores,par l’émotion aussi, sans didactisme nipathos. Tous les effets du théâtre se conjugu<strong>en</strong>tet marqu<strong>en</strong>t les esprits, ces dormeurs du Val-Fourré sont bi<strong>en</strong> vivants et n’ont pas que la viol<strong>en</strong>ceà proposer. C’est un appel à repousser loinles peurs, un appel à savoir ce qui lie les uns etles autres à la République. Au-delà, on se plaîtà croire aussi <strong>en</strong> la vertu pédagogique d’unetelle av<strong>en</strong>ture artistique, pleinem<strong>en</strong>t réussie :s’écarter du racisme haineux comme de l’Islamqui appelle au meurtre, deux plaies dont il fautparler aux jeunes… Le vidéaste Nicolas Claussa accompli un remarquable travail qui étaye lapièce. Et bonne nouvelle, l’auteur et metteur <strong>en</strong>scène prépare un second volet avec des filles,avant un troisième avec filles et garçons.Agnès SantiForum Culturel, 5 place de la Libération,93150 Le Blanc-Mesnil, le 3 octobre à 19h et le4 à 20h30. Tél. 01 48 14 22 00. Théâtre FirminGémier à Chat<strong>en</strong>ay-Malabry, le 8 octobre.Tél. 01 41 87 20 84. Maison des Métallos à Paris,du 15 au 20 octobre. Tél. 01 47 00 25 20. Puistournée. Spectacle vu au Théâtre des Halles –Avignon Off 2013. Voir aussi notre <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>avec Ahmed Madani dans notre numéroAvignon <strong>en</strong> Scène(s) 2013.Rejoignez-nous sur Facebook© Julie Carretier-Coh<strong>en</strong> Atelier PASCAL COLRAT> 24 - 27 OCTOBRELES 10 ANS DU GRAND CHAPITEAU• Visite architecturale• Le vide essai #6Création cirque in situ Fragan Gehlker- Alexis Auffray> 1er - 21 DÉCEMBREBATIFOOLCirque de Noël - Hervé Sika - Muriel Bloch> 4 - 16 FÉVRIERLES PONTSTarjei Vesaas - Stéphanie Loïk> 13 - 16 MARSLE CABARET CALAMITEUXCamille Boitel - compagnie L’Immédiat> 3 - 11 AVRILLENTOCompagnie Nuua> 3 - 15 JUINFESTIVAL DES ARTS DU CIRQUELes Impromptus 6 e éditionSpécial 40 ans de l’École Nationale de Cirque A. Fratellini.> D’OCTOBRE À JUILLET / UN JEUDI PAR MOISApéro cirque avec les appr<strong>en</strong>tis de l’AcadémieLES 10 ANS DU GRAND CHAPITEAU> 24 - 27 OCTOBRE(Re)découvrez l’Académie Fratellini lors d’une soirée inédite !• Visite architecturale par Patrick Bouchain et Loïc Juli<strong>en</strong>ne• Le vide essai #6Création cirque in situ Fragan Gehlker-Alexis Auffrayr<strong>en</strong>s /res 01 72 59 40 30 - www.academie-fratellini.comAcces RER D stade de France-Saint-D<strong>en</strong>is


10 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 11—Actuellem<strong>en</strong>t // 20h30Et jamais nous neserons séparésde Jon FosseavecLudmila MikaëlPatrick Catalifo, Agathe Dronnemise <strong>en</strong> scène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Marc Paqui<strong>en</strong>texte français . . . . . . . Camilla Bouchet et Marc Paqui<strong>en</strong>décor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Gérard Didiercostumes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Claire Risteruccilumières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Roberto V<strong>en</strong>turison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Xavier Jacquotproduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Théâtre de l’Œuvre et Théâtre Montansier Versailles—À partir du 15 novembre 2013 // 19hGros-Câlinde Romain Gary (Émile Ajar)mise <strong>en</strong> scène Bérangère Bonvoisinavec Jean-Qu<strong>en</strong>tin ChâtelainD’après Gros-Câlin de Romain Gary (Emile Ajar),© Mercure de France / Droits théâtre gérés par les Éditions GallimardÀ partir du 26 novembre 2013 // 21hSonate d’automnede Ingmar Bergmanmise <strong>en</strong> scène Marie-Louise Bischofbergeravec Françoise Fabian, Rachida Brakni,Éric Caruso—À partir du 30 janvier 2014Le Misanthropeou l’atrabilaire amoureuxde Molièremise <strong>en</strong> scène Michel Fauavec Julie Depardieu, Michel Fau, Édith Scob,Jean-Pierre Lorit, Jean-Paul Muel,<strong>La</strong>ure-Lucile Simon, Roland M<strong>en</strong>ou,Frédéric le Sacripan, Fabrice Cals—directionFrédéric Franck—Entreti<strong>en</strong> e Ilka Schönbein et <strong>La</strong>urie CannacLe Grand Parquet / Queue de Poissonned’après <strong>La</strong> petite Sirène, de Hans Christian Anders<strong>en</strong> / mes Ilka SchönbeinConception, marionnettes, manipulation et jeu, <strong>La</strong>urie CannacUn poisson-clownamoureuxAprès Faim de loup, Ilka Schönbein et <strong>La</strong>urie Cannac se retrouv<strong>en</strong>t etimagin<strong>en</strong>t un spectacle à partir de <strong>La</strong> petite Sirène, d’Anders<strong>en</strong>. Leurstal<strong>en</strong>ts conjugués explor<strong>en</strong>t les abysses de l’amour.Comm<strong>en</strong>t avez-vous décidé de créer ce spectacle<strong>en</strong>semble ?Ilka Schönbein : Lorsque j’ai r<strong>en</strong>contré <strong>La</strong>urielors d’un de ses spectacles, et parce sontravail m’avait beaucoup plu, j’ai fait quelquechose que je fais rarem<strong>en</strong>t, et lui ai proposémon aide si elle <strong>en</strong> éprouvait un jour lebesoin.<strong>La</strong>urie Cannac : C’était au festival de Kingersheim,où je jouais Petits rêves faits main.Cette proposition était incroyable ! Ilka a unetelle influ<strong>en</strong>ce et une telle importance pourtoute ma génération, que c’était comme unrêve ! D’ailleurs, ça a été comme dans un rêvede travailler avec elle ! En création sur ce quiallait dev<strong>en</strong>ir Faim de loup, le travail <strong>en</strong> communs’est très bi<strong>en</strong> passé.I. S. : L’évid<strong>en</strong>ce était là pour nous deux de travailler<strong>en</strong>semble. <strong>La</strong>urie m’a dit, après Faimde loup, qu’elle avait trouvé un conte qui l’intéressaitet lui correspondait. C’était <strong>La</strong> petiteSirène. J’étais très étonnée, et déroutée parle choix de ce conte très romantique, avecbeaucoup de texte. A mes yeux, il n’était pasévid<strong>en</strong>t de faire quelque chose de cette histoiretrès compliquée : j’aime les histoires trèssimples ! En plus, <strong>La</strong>urie n’est absolum<strong>en</strong>t paspetite sirène comme personnage ! « Si tu veuxça, essaie, lui ai-je dit, je vi<strong>en</strong>drai <strong>en</strong>suite et tedirai si je suis intéressée ou pas. »Pourquoi ce texte ?L. C. : J’avais <strong>en</strong>vie de travailler sur l’amourThéâtre du Rond-Pointde Patrice Chéreau / mes Philippe CalvarioLes Visageset les CorpsComm<strong>en</strong>t se crois<strong>en</strong>t vos apports respectifs?I. S. : Mon travail a d’abord consisté à fabriquerdes marionnettes avec ce que <strong>La</strong>urie meproposait. A suivi tout le travail de conception.Je suis un peu la couturière de ce spectacle :pour que le conte s’adapte bi<strong>en</strong> à <strong>La</strong>urie, il faletj’avais <strong>en</strong>vie de parler d’amour aux<strong>en</strong>fants, même si ce spectacle s’adresseaux adultes et aux <strong>en</strong>fants. J’ai lu tous lesgrands mythes. Ri<strong>en</strong> ne m’inspirait. C’estIlka Schönbein et son chevreau.dans le v<strong>en</strong>t, lors d’un voyage <strong>en</strong>tre le Paysbasque et la Bretagne, que m’est v<strong>en</strong>uel’idée de <strong>La</strong> petite Sirène. C’est un contecruel, mais qui, chez Anders<strong>en</strong>, ne finitpas si mal que ça, puisque la petite sirènes’élève à la fin, s’<strong>en</strong>vole et r<strong>en</strong>contre lesfilles de l’air qui la sauv<strong>en</strong>t et lui offr<strong>en</strong>t uneâme. Mais il y avait trop de choses à traiterdans le texte original, et nous avons décidéd’écarter tout ce qui concernait l’âme et laperte de la voix.Entreti<strong>en</strong> e Philippe CalvarioSeul sur scène, Philippe Calvario s’empare des mots de son complice etm<strong>en</strong>tor Patrice Chéreau. Extraits d’un livre paru <strong>en</strong> 2010*, cette suitede réflexions intimes nous questionne sur l’art, le monde, la mort, lavie…De quoi est constitué le texte que vous lisezsur la scène du Rond-Point ?Philippe Calvario : D’une succession de souv<strong>en</strong>irs,de réflexions, de questionnem<strong>en</strong>ts,que Patrice Chéreau a réunie dans la premièrepartie d’un livre paru à l’automne 2010,lorsqu’il a été le Grand invité du musée duLouvre. Ce sont des choses à la fois très personnelleset profondém<strong>en</strong>t universelles, deschoses qui nous interrog<strong>en</strong>t sur l’exist<strong>en</strong>ce,sur la façon de créer, sur la place et le rôle del’artiste dans la société d’aujourd’hui.Vous comparez ce texte à un puzzle et à unlabyrinthe…Ph. C. : Oui. Patrice Chéreau a prés<strong>en</strong>té cejournal comme une suite de paragraphesdatés et morcelés, qui n’ont pas toujours deli<strong>en</strong>s les uns avec les autres. En ce s<strong>en</strong>s, ils’agit bi<strong>en</strong> d’une sorte de puzzle. D’autre part,tout <strong>en</strong> nous donnant accès à son intimité, cetexte laisse la place à beaucoup de secrets. Ils’agit à la fois d’une mise à nu et d’une avancéemasquée, d’un exercice de lâcher priseet de contrôle.En quoi, comme vous l’avez déclaré, ce nouveauspectacle représ<strong>en</strong>te-t-il un « passagecapital » dans votre parcours d’artiste ?Ph. C. : A quarante ans, c’est la première foisque j’ai le courage d’être seul sur scène, dem’exposer ainsi, sans protection, face aupublic. Et puis, c’est la première fois que j’osedonner quelque chose d’aussi intime de moi.Car certains passages du texte me concern<strong>en</strong>tdirectem<strong>en</strong>t, font référ<strong>en</strong>ce à des événem<strong>en</strong>tsde ma propre histoire…Il s’agit là de la dim<strong>en</strong>sion intime et personnelledu texte. Qu’est-ce qui nourrit la partuniverselle dont vous parliez ?Ph. C. : Par exemple, toutes les interrogations© Pia Hausmann© <strong>La</strong>urie : DR© Sophie Bassouls<strong>La</strong>urie Cannac <strong>en</strong> poissonne.Comm<strong>en</strong>t l’avez-vous adapté ?I. S. : L’important du travail a été de simplifiercette histoire et de créer un spectacle quis’adapte au personnage de <strong>La</strong>urie. Il y a euplein de mom<strong>en</strong>ts où nous avons failli abandonner,mais nous avons fini par parv<strong>en</strong>ir àune version très simple. Nous avons conservél’histoire de cette femme qui sacrifie beaucoupd’elle-même pour plaire à son princecharmant.L. C. : Notre sirène est une amoureuse, élevéedans un univers amniotique, dont elle sortpour r<strong>en</strong>contrer l’autre. <strong>La</strong> sirène est un êtrepas tout à fait fini, qui a <strong>en</strong>core un pied dansle monde animal. Elle est <strong>en</strong> contact avec certainsmystères des abysses non explorées.Elle n’a pas fini de pousser. Elle est <strong>en</strong> découvertetotale de tout. Elle découvre le monded’<strong>en</strong> haut qu’elle idéalise : l’amour, ce princedont elle tombe amoureuse alors qu’elle l’a àpeine vu. Elle est comme un <strong>en</strong>fant qui joue etcrée son histoire. Mais la réalité va lui résister,ce qui la force à grandir de façon rude. Et c’estsa candeur, son trop d’<strong>en</strong>thousiasme et soninnoc<strong>en</strong>ce qui finalem<strong>en</strong>t la sauv<strong>en</strong>t.ayant trait au rapport à la mort. Comm<strong>en</strong>tlutter, par l’artistique, contre la mort ? Dansce texte qui met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le paradoxereliant l’ombre et la lumière, Patrice Chéreaune cesse de passer du monde des vivants àcelui des fantômes. Il interroge, de façon trèsorganique, sans jamais être triste ou sordide,l’ess<strong>en</strong>ce même de la vie et de la mort.Dans Les Visages et les Corps, Patrice Chéreaut<strong>en</strong>te de déterminer ce qu’est, pour lui, lethéâtre. Pour vous, de quoi s’agit-il ?Ph. C. : Je crois que c’est parce je n’arrive pasà répondre à cette question que je continueà faire du théâtre… Il me semble même queplus j’avance, moins je sais ce que c’est…A mes débuts, les choses me paraissai<strong>en</strong>tplus claires. Il y avait le désir d’être connuet reconnu. A prés<strong>en</strong>t, je sais que ce n’estpas là l’ess<strong>en</strong>tiel, je sais que la question estailleurs. Ce que je peux toutefois dire, c’estque les deux notions qui sont fondam<strong>en</strong>talesdans ma façon de faire du théâtre sont le“Ilka amène toujoursson exig<strong>en</strong>ce,son esthétique etson style avec elle ;moi, j’amènema personnalité,mon corps différ<strong>en</strong>tdu si<strong>en</strong>.”<strong>La</strong>urie Cannaclait de la haute couture. A la fin, cela donne undrôle de truc, dont l’aspect romantique initialest évacué. Il y a, dans ce conte, tout l’universde l’eau et de l’air, qui ne va pas du tout avec<strong>La</strong>urie, qui est un personnage plein de terre !Mais dans la mer, il y a une autre dim<strong>en</strong>sion,pleine de monstres, de transformations, d’élém<strong>en</strong>tssombres, étranges, et cela s’adaptebi<strong>en</strong> au personnage de <strong>La</strong>urie. Et dans ceconte très triste, et parce qu’il faut toujourséviter le danger de l’être trop, il a fallu trouverle côté clown, adapter le clown de <strong>La</strong>urie àcette histoire.L. C. : J’ai am<strong>en</strong>é des propositions à explorer.Tout se fait au plateau. C’est la marionnettequi nous guide, l’image qui nous révèle dess<strong>en</strong>s auxquels nous n’avions pas p<strong>en</strong>sé. Letravail a été long : suivre des pistes, se laisserperdre, chercher des formes qu’on n’a pas<strong>en</strong>core vues. Il faut que la marionnette porteune émotion et un s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> elle-même. Ilkaamène toujours son exig<strong>en</strong>ce, son esthétiqueet son style avec elle ; moi, j’amène ma personnalité,mon corps différ<strong>en</strong>t du si<strong>en</strong>. Et toutcela se croise.Propos recueillis par Catherine RobertLe Grand Parquet, 35 rue d’Aubervilliers,75018 Paris. Du 18 octobre au 3 novembre 2013.V<strong>en</strong>dredi et samedi à 19h ; jeudi à 10h et 15h ;dimanche à 15h. A partir de 8 ans.Tél. 01 40 05 01 50. A v<strong>en</strong>ir : du 4 au 16 mars 2014au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers,Le Sil<strong>en</strong>ce des chevreaux, d’Ilka Schönbein.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr“Le plateau estl’<strong>en</strong>droit où je me s<strong>en</strong>sle plus libre etle plus connectéà mes désirs.”Philippe Calvariodésir et la liberté. Le plateau est l’<strong>en</strong>droit oùje me s<strong>en</strong>s le plus libre et le plus connecté àmes désirs.Entreti<strong>en</strong> réalisé par Manuel Piolat Soleymat* Les Visages et les Corps, Editions Flammarion /Louvre Editions.Théâtre du Rond-Point, Salle Roland-Topor,2 bis av. Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris.Du 15 octobre au 10 novembre 2013. Du mardiau dimanche à 19h. Relâches exceptionnellesles 20 octobre et 1 er novembre. Durée de lareprés<strong>en</strong>tation : 1h. Spectacle créé le24 novembre 2010 au Quartz de Brest.Tél. 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.frRéagissez sur www.journal-laterrasse.frwww.journallaterrasse.frlisez-nouspartout !Le Louvreinv i t eRobert WilsonLiving RoomsExpositionAccès libre avec le billet du muséePerformancesde 16 € (- de 26 ans) à 26 €Auditorium du Louvrewww.louvre.frR<strong>en</strong>contreset archives filméesde 0 à 12 €Cercle International du LouvreInternational Council of the LouvreDu 14 novembre au 17 févrierLiving RoomsDu 11 au 14 novembre / 20 h« Lecture on Nothing »de John Cagepar Robert Wilson16 novembre / 20 h17 novembre / 16 hChristopher Knowles,« The Sundance Kidis Beautiful »4 décembre / 19 h et 21 hCocoRosie18 novembre / 20 hÀ propos de Paul Thek,avec Robert Wilsonet Elisabeth Sussman22 novembre / 17 hRobert Wilson’s Life and Deathof Marina Abramovicde Giada Colagrande.En prés<strong>en</strong>ce de la réalisatriceet de Willem Dafoe20 hR<strong>en</strong>contre avec Robert Wilson23 novembre / 15 hRobert Wilson,metteur <strong>en</strong> scène de Wagner,suivi de <strong>La</strong> Walkyrie24 novembre / 15 hDe Video 50aux Video Portraits :la création vidéode Robert Wilson30 novembre / 15 hAux originesdu travail théâtral17 h 30Robert Wilson, portraitde l’artiste <strong>en</strong> performerRéservation01 40 20 55 00www.fnac.comrejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr


12 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 13THÉÂTRENOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013LE MONDEEN SCÈNEvillette.comLe « Tarantino »du théâtre sud-africainPAUL GROOTBOOM Le théâtre 2.0 v<strong>en</strong>u des USAANNIE DORSEN Région / Théâtre national de Strasbourgde Christian Dietrich Grabbe / mes Bernard SobelHannibalCe fut l’un des événem<strong>en</strong>ts dela r<strong>en</strong>trée : le retour de BernardSobel au Théâtre de G<strong>en</strong>nevilliers,avec la première mise <strong>en</strong> scène<strong>en</strong> France d’Hannibal, pièce del’Allemand Christian DietrichGrabbe. Austère, horizontale, cettefresque humaine d’inspirationhistorique est prés<strong>en</strong>tée au Théâtr<strong>en</strong>ational de Strasbourg.« Le théâtre n’est pour lui ni un lieu de divertissem<strong>en</strong>tspectaculaire, ni un acte de fête communautaireet culturelle, ni le lieu de la proférationd’un message », explique Sylviane Gresh à proposdu travail de Bernard Sobel, <strong>en</strong> introduction del’ouvrage qu’elle a consacré au metteur <strong>en</strong> scène<strong>en</strong> 1993 (1) . <strong>La</strong> dernière création du fondateurdu Théâtre de G<strong>en</strong>nevilliers (institution qu’il adirigée de 1963 à 2006) est un exemple probantde cette façon de faire et d’<strong>en</strong>visager le théâtre.Rev<strong>en</strong>ant à Christian Dietrich Grabbe (1801-1836) – auteur allemand peu connu dont il avaitrévélé une première pièce, Napoléon ou les C<strong>en</strong>t-Jours, <strong>en</strong> 1996 – Bernard Sobel prés<strong>en</strong>te, avecHannibal (2) , un spectacle âpre, rigoriste, linéaire.Durant 2h40, au raz du texte, Jacques Bonnaffé(dans le rôle-titre) et ses quatorze part<strong>en</strong>aires dejeu (dont Pierre-Alain Chapuis, Jean-Claude Jay,François-Xavier Phan, qui compos<strong>en</strong>t chacunplusieurs personnages) labour<strong>en</strong>t les cheminsterreux de cette histoire antique nous m<strong>en</strong>antde Carthage à Rome, <strong>en</strong> passant par l’Espagne etl’Asie mineure. C’est une longue fresque humaineHannibal, mis <strong>en</strong> scènepar Bernard Sobel,au Théâtre national de Strasbourg.Critiquequi se prés<strong>en</strong>te à nous. Avec ses guerres, sesmassacres, ses manœuvres géopolitiques, sesconquêtes, ses <strong>en</strong>vahissem<strong>en</strong>ts, ses impasses,ses chutes. Une fresque sans espoir, mais sansnoirceur excessive, qui avance à la façon d’unlong fleuve presque tranquille.Une longue avancée sans choc,sans saisissem<strong>en</strong>t« Chez Grabbe, déclare Bernard Sobel, il y a desintérêts, de la lâcheté, de la bêtise, de l’énergie, dela fatigue, de l’ambition, du grotesque, des erreurs,de mauvais choix, mais ni absurde ni tragique. » Atravers le regard du metteur <strong>en</strong> scène, tout celafait un spectacle sans angle. Sans choc. Sanssaisissem<strong>en</strong>t. Un spectacle qui s’interdit toute<strong>en</strong>volée et toute quête d’émotion. Au sein d’unescénographie à l’esthétique résolum<strong>en</strong>t naïve (ledécor de Lucio Fanti se compose de panneauxpeints desc<strong>en</strong>dant des cintres, sur un vaste escalier)cet Hannibal se déplie, scène après scène,valeureusem<strong>en</strong>t mais laborieusem<strong>en</strong>t, suscitantun s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t mêlé de respect et d’<strong>en</strong>nui.Manuel Piolat Soleymat(1) Un Art légitime, Editions Actes Sud.(2) Editions de L’Age d’Homme, texte français deBernard Pautrat.Théâtre national de Strasbourg, salle Koltès, 1av. de la Marseillaise, 67000 Strasbourg.Du 10 au 19 octobre 2013. Du mardi au samedià 20h, le dimanche à 16h, relâche le lundi.Durée de la représ<strong>en</strong>tation : 2h40.Tél. 03 88 24 88 24. Spectacle vu au Théâtrede G<strong>en</strong>nevilliers-C<strong>en</strong>tre dramatique national decréation contemporaine. Égalem<strong>en</strong>t les 22 et23 novembre 2013 au Théâtre Liberté à Toulon,du 4 au 6 décembre au C<strong>en</strong>tre dramatiqu<strong>en</strong>ational Orléans/Loiret/C<strong>en</strong>tre.© Hervé BellamyLe Lucernaired’après Emile Zola / adaptation et mes Céline Coh<strong>en</strong> et Régis GoudotNanaCéline Coh<strong>en</strong> et Régis Goudotinterprèt<strong>en</strong>t leur remarquableadaptation de Nana. Entre récit,jeu et chansons, ils narr<strong>en</strong>t avec unéblouissant tal<strong>en</strong>t la vie spl<strong>en</strong>dide etmisérable de la catin flamboyante.Fleur de fumier, roulure née miraculeusem<strong>en</strong>tbelle au milieu de l’ordure, Nana a lesappâts et l’appétit d’une gagneuse et le destintout tracé des perdantes. Flambeuse bi<strong>en</strong>tôtconsumée au feu de son désir insatiable,trop convoitée pour être aimée, trop femellepour être femme et trop animale pour êtrerespectée par les hommes, elle n’est qu’uncorps, voué à la corruption. Vérole de son siècle,elle meurt défigurée par les bubons de lavariole, <strong>en</strong> putain aussi puante que le SecondEmpire affairiste et vicieux, dont elle accompagnel’obscène asc<strong>en</strong>sion et la déplorabledéréliction. Sedan pour Napoléon le Petit etle pilori de l’opprobre pour la fille à Coupeau :même chute et même honte. Du ruisseau auhaut du pavé, on grimpe facilem<strong>en</strong>t quand ona la gambette véloce : on y retombe aussi vite,quand on a son tempéram<strong>en</strong>t comme seulemoralité. Telle est Nana, r<strong>en</strong>due finalem<strong>en</strong>t àla terre dont elle a surgi, comme l’évoque trèsjolim<strong>en</strong>t la dernière chanson d’un spectaclequi réussit le tour de force de tout suggérer del’œuvre et du jugem<strong>en</strong>t de Zola. Céline Coh<strong>en</strong>incarne avec une force érotique fascinanteet une émotion poignante cette <strong>en</strong>fant de laluxure, qui se vautre dans le luxe et le lucre.CritiqueElle campe une Nana odieuse et troublante,garce émouvante, qui ne connaît pas la différ<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>tre les caresses et les coups.Le théâtre magnifiant la littératureMais la comédi<strong>en</strong>ne se fait aussi récitante,distançant par des chansons les excès libidineuxde son personnage. Entre les cuissesde Nana, se trouve une arme qui humilie lesbourgeois : de cette matrice dévorante, naîtrabi<strong>en</strong>tôt la colère de la classe ouvrière, qui ferar<strong>en</strong>dre gorge à ceux qui ont toujours considéréle prolétariat comme un corps à exploiter. RégisGoudot, face à sa part<strong>en</strong>aire, s’empare des rôlesde tous les maquereaux et cli<strong>en</strong>ts de Nana. Ilest à la fois Bord<strong>en</strong>ave, le directeur des Variétés,le banquier Steiner, le comte Muffat, quiperd<strong>en</strong>t leur fortune et leur réputation dans lesbras de la courtisane, mais aussi, par éclairs,Zola lui-même, implacable <strong>en</strong>tomologiste decette société dépravée. Sur un plateau nu, trèsintelligemm<strong>en</strong>t éclairé et sonorisé par StanislasMichalski, les deux comédi<strong>en</strong>s <strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t avecCéline Coh<strong>en</strong> et Régis Goudot magnifi<strong>en</strong>t Zola.un abattage confondant d’aisance les différ<strong>en</strong>tstableaux de cette parabole naturaliste. Ri<strong>en</strong> quele jeu et une intellig<strong>en</strong>ce suraiguë du texte et deses fondem<strong>en</strong>ts philosophiques et politiques,une économie scénique qui mesure ses effets<strong>en</strong> les r<strong>en</strong>dant remarquablem<strong>en</strong>t efficaces : cespectacle est une des meilleures illustrationsde l’hommage et du magnifique service quepeut r<strong>en</strong>dre le théâtre à la littérature.Catherine RobertLe Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs,75006 Paris. A partir du 25 septembre 2013.Du mardi au samedi à 21h30 ; le dimanche à 17h.Tél. 01 45 44 57 34. Durée : 1h10.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Brice DevosDu 8 au 24 novembre 2013Retour à la vie ordinaire de deuxex-danseurs étoiles…MICHEL SCHWEIZER/LA COMA Manifestation organisée dans le cadre dessaisons Afrique du Sud France 2012 & 2013www.france southafrica.comAthénée Théâtre Louis-Jouvetde Victor Hugo / mes Lucie BerelowitschLucrèce BorgiaCritiqueCréée <strong>en</strong> janvier dernier au Trid<strong>en</strong>t – Scène nationale de Cherbourg-Octeville, la mise <strong>en</strong> scène de Lucrèce Borgia signée par Lucie Berelowitschest prés<strong>en</strong>tée au Théâtre de L’Athénée. Un spectacle déséquilibré qui peineà éclairer les <strong>en</strong>jeux ess<strong>en</strong>tiels de la pièce de Victor Hugo.Quelques flaques. Des résidus de terre. Uneatmosphère d’obscurité quasi perman<strong>en</strong>te.Des postures de désordre et de brusquerie.Des passages <strong>en</strong> force : corporels, vocaux… <strong>La</strong>version de Lucrèce Borgia qu’a élaborée LucieBerelowitsch pr<strong>en</strong>d le parti de la noirceur etdes bas-fonds. « <strong>La</strong> pièce est faite d’émotionspremières, fait remarquer la metteure <strong>en</strong> scène.Elle a un côté immédiat, brutal et simple. Elleparle de tout ce qui relève des fantasmes, de toutce qu’il y a de caché, pulsions et forces. » L’universthéâtral du spectacle qui se joue à L’AthénéeThéâtre Louis-Jouvet (la scénographie estde Kristelle Paré, les lumières de Sébasti<strong>en</strong>Michaud, les costumes de Caroline Tavernier)nous plonge dans la grandiloqu<strong>en</strong>ce troubled’un rêve funeste. Un rêve comme une spirale dumalheur qui emportera dans son mouvem<strong>en</strong>tune brassée d’êtres humains. Lucrèce Borgiabi<strong>en</strong> sûr (Marina Hands), mère et femme torturée,empoisonneuse honnie par ses contemporains.Mais aussi G<strong>en</strong>naro (Nino Rocher), son filscaché, capitaine pur et valeureux qui voue unamour inconditionnel à la mère qu’il n’a jamaisconnue. Mise <strong>en</strong> miroir du monde, la pièce deVictor Hugo r<strong>en</strong>voie aux élans et aux aspects© Nicolas JoubardLucrèce Borgia, mise <strong>en</strong> scène par Lucie Berelowitsch.contradictoires de l’homme, à la noirceur maisaussi à la lumière qui travers<strong>en</strong>t et compos<strong>en</strong>tle vaste paysage de l’humanité.Du grotesque, peu de sublimeEn surinvestissant l’une des deux dim<strong>en</strong>sionsde cette ambival<strong>en</strong>ce fondam<strong>en</strong>tale, LucieBerelowitsch passe à côté de ce qui fait laforce et la beauté du théâtre hugoli<strong>en</strong> : le grotesque,certes, mais aussi le sublime, l’éclat,la grâce, la pureté… Ici, pas grand-chose detout cela. Comme l’a exprimé le grand écrivainau sein de la préface de sa pièce Cromwell: dans son théâtre, ces notions opposéesdoiv<strong>en</strong>t se t<strong>en</strong>ir. Et les beaux mom<strong>en</strong>ts d’int<strong>en</strong>sitéde Marina Hands et Dan Artus (dansle rôle de Don Alphonse) ne suffis<strong>en</strong>t pas àdonner corps à ce maillage-là. Cette visiondéséquilibrée de Lucrèce Borgia ne parvi<strong>en</strong>tjamais vraim<strong>en</strong>t à appréh<strong>en</strong>der l’écart qu<strong>en</strong>ous devrions parcourir : de l’ombre à lalumière, de la lumière à l’ombre.Manuel Piolat SoleymatAthénée Théâtre Louis-Jouvet, squarede l’Opéra-Louis-Jouvet, 7 rue Boudreau,75009 Paris. Du 3 au 19 octobre 2013. Le mardià 19h, du mercredi au samedi à 20h. Matinéeexceptionnelle le dimanche 13 octobre à 16h.Durée de la représ<strong>en</strong>tation : 1h55. Tél. 01 53 0519 19. Spectacle vu 2013 au C<strong>en</strong>tre dramatiquerégional de Tours.Égalem<strong>en</strong>t les 5 et 6 novembre 2013 auThéâtre des Deux Rives à Rou<strong>en</strong>, le 5 décembreau Préau à Vire, les 11 et 12 décembre à laComédie de Ca<strong>en</strong>, du 4 au 9 février 2014 auThéâtre national de Nice.Rejoignez-nous sur FacebookPREMIÈRE EN ÎLE-DE-FRANCEUne saisonau Congod’Aimé CésaireMise <strong>en</strong> scène : Christian Schiaretti /TNP VilleurbanneTél : 01 46 61 36 67© Christian Ganetrejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr


14 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrasse la terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 15Le MonfortDe et avec Angela <strong>La</strong>urierL’Angela BêteCritiqueThéâtre des Gémeaux / le grand Tconception, scénographie et mes Auréli<strong>en</strong> Bory / avec Le Groupe Acrobatique de TangerAzimutAvec ce second spectacle conçupour le Groupe acrobatique deTanger, fondé il y a dix ans lorsde la création de Taoub, Auréli<strong>en</strong>Bory ouvre <strong>en</strong>core de nouveauxhorizons scéniques. En quête demerveilleux tous azimuts, il suitrigoureusem<strong>en</strong>t son chemin.« Azimut vi<strong>en</strong>t du mot arabe ‘as-samt’ qui signifie‘chemin’, ‘direction’. ‘Azimuté’ <strong>en</strong> argot veut direfou. Ce mot conti<strong>en</strong>t alors ces deux s<strong>en</strong>s, contradictoires,suivre un chemin et être fou. L’acrobatiemarocaine, dont tous les mouvem<strong>en</strong>ts sontfondés sur le cercle, comporte implicitem<strong>en</strong>t cesdeux significations : suivre rigoureusem<strong>en</strong>t unchemin et pourtant tourner indéfinim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> rond.Se perdre <strong>en</strong> chemin est-il inévitable ? » demandeAuréli<strong>en</strong> Bory. En creux, l’interrogation elle-mêmeti<strong>en</strong>t ouverte la possibilité d’un rebondissem<strong>en</strong>t.Le mot qui a lancé le processus créatif sert deterrain <strong>en</strong> offrant opportuném<strong>en</strong>t et poétiquem<strong>en</strong>tune perspective solaire : « Par dérivation‘azimut’ a donné ‘zénith’ littéralem<strong>en</strong>t le ‘cheminau dessus de nos têtes’ ». Le spectacle file lamétaphore dans toutes ces dim<strong>en</strong>sions, explorationallégorique de l’<strong>en</strong>semble des possibilitésdont l’homme peut se saisir pour échapper auxlois de la gravitation universelle. Qui mieux quedes acrobates pourrai<strong>en</strong>t figurer sur scène – « ceseul <strong>en</strong>droit de l’art inexorablem<strong>en</strong>t soumis à lagravité » rappelle Auréli<strong>en</strong> Bory –, la folie de cettelutte héroïque, le merveilleux de cette quête spirituelle?Une création de haute voléeFidèle à l’esthétique de ce théâtre physique,hybride, à la croisée de nombreuses disciplines,absolum<strong>en</strong>t singulier, mu par l’appétitconstant du « r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t de la forme »,le directeur de la compagnie 111, aujourd’huiinternationalem<strong>en</strong>t reconnu, réussit une fois<strong>en</strong>core avec Azimut, cet inatt<strong>en</strong>du att<strong>en</strong>duartistique qui fait événem<strong>en</strong>t. Se t<strong>en</strong>ant trèséloigné de tout folklore, moins acrobatique quemagique, le spectacle, <strong>en</strong> tous points réglé à laperfection, est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t conçu pour libérerl’imagination et donner à <strong>en</strong>visager le maximumde possibilités d’évasion, grâce à cesinterprètes de haute volée, acrobates tangéroisMise à la verticale, la scène gagne avec Azimutune quatrième dim<strong>en</strong>sion.critiqueAngela <strong>La</strong>urier met <strong>en</strong> scène les étapes marquantes de sa vie à traversune comédie musicale loufoque qui, malgré quelques beaux mom<strong>en</strong>ts,demeure plate et linéaire.héritiers d’une tradition unique au monde. Chaquetableau minutieusem<strong>en</strong>t mis au service del’idée déroule ses charmes à son rythme <strong>en</strong>exposant sa surprise, cerise plastique sur ungâteau d’effets scénographiques absolum<strong>en</strong>tmaîtrisés, nourrissant le spectacle sans jamaisl’abreuver. Le premier mom<strong>en</strong>t reti<strong>en</strong>t d’embléecaptive la charge émotionnelle dont Azimut nese départit pas. Prisonniers de sacs qui, accrochésaux cintres par des câbles, s’avachiss<strong>en</strong>tmollem<strong>en</strong>t sur le plateau plongé dans le noir,les interprètes surgiss<strong>en</strong>t comme de nulle part,comme sortis des profondeurs de la terre, pours’élancer tous azimuts <strong>en</strong> choisissant la librefigure de leur <strong>en</strong>vol.Marie-Emmanuelle GalfréThéâtre des Gémeaux, Scène Nationale,49 av. Georges-Clém<strong>en</strong>ceau, 92330 Sceaux. Du17 au 20 octobre 2013. Jeudi, v<strong>en</strong>dredi et samedià 20h45, dimanche à 17h. Tél. 01 46 61 36 67.Le Grand T, 84 rue du Général-Buat, 44000 Nantes.Du 9 au 13 octobre 2013. Tél. 02 51 88 25 25.A voir aussi à Auch dans le cadre du FestivalCircA les 26 et 27 octobre. Tél. 05 62 61 65 00.Spectacle vu au Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce àAix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce.Avec Déversoir (2008) et J’aimerais pouvoirrire (2010, mise <strong>en</strong> scène de sa sœur Lucie<strong>La</strong>urier) – titre qui repr<strong>en</strong>d une phrase féticheemployée par son père –, Angela <strong>La</strong>urierse confrontait à son histoire familiale et authème de la folie, à travers notamm<strong>en</strong>t lafigure de son frère Dominique étiqueté schizophrène,prés<strong>en</strong>t pour les deux spectacles.Rage de vivre contre <strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t, créationartistique et retrouvailles contre maladiem<strong>en</strong>tale : ces deux spectacles hybridesont connu un beau succès. « Mon métier decontorsionniste est mon exutoire aliénant »,avait-t-elle alors dit. Toujours dans la veineautobiographique, L’Angela Bête se conc<strong>en</strong>trecette fois uniquem<strong>en</strong>t sur elle et traverseles faits marquants de sa vie depuis la petite<strong>en</strong>fance. Une vie hors du commun, atypique,où la scène est très tôt et toujours prés<strong>en</strong>te.Naissance le 4 février 1962. D’abord unepetite <strong>en</strong>fance lumineuse dans la nature prèsde l’Alaska. Puis très jeune, elle quitte familleet école pour chanter dans Les Enfants duCiel, comédie musicale du gourou MichelConte, “père spirituel” au pouvoir toxique. Elleintègre l’équipe nationale de gymnastique,où, très bonne à l’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t, elle perd sesmoy<strong>en</strong>s lors des compétitions. Elle connaît<strong>en</strong>suite des années de cirque (Le Soleil etautres) avec son numéro de contorsion – leVOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Aglaé Bory© J. Velasco © D. R.<strong>La</strong> Maison de l’Arbred’après le Journal de Mireille Havet / mes Gabriel GarranEcrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.frCritiqueJe serai abracadabrantejusqu’au boutAvec une grande maîtrise et une intellig<strong>en</strong>ce dramatique tout <strong>en</strong> ret<strong>en</strong>ue,Gabriel Garran adapte et met <strong>en</strong> scène le journal incandesc<strong>en</strong>t de MireilleHavet, interprétée par Margot Abascal.Très conviée dans les salons, amie de Cocteauet d’Apollinaire, qui l’appelait « la petitepoyétesse » et publia ses écrits depuis sesseize ans, Mireille Havet (1898-1932) mourutprématurém<strong>en</strong>t, dans la misère et la solitude,alors que son tal<strong>en</strong>t littéraire manifeste luipromettait le succès. L’<strong>en</strong>fer infamant de laMargot Abascal, excell<strong>en</strong>te dans son interprétationde Mireille Havet.drogue, ses passions libertines sans issue,son « âme d’assassin », sa « paresse » et sontempéram<strong>en</strong>t eur<strong>en</strong>t raison de sa volontéet de son ambition de vivre. Inconnu, monum<strong>en</strong>tal,vertigineux, son journal fut retrouvé<strong>en</strong> 1995 dans une malle perdue au fond d’ungr<strong>en</strong>ier. Des milliers de pages noircies par uneplume scandaleuse et ravageuse. Claire Paulhanl’a publié, et Gabriel Garran, inlassabledéfricheur de textes inédits, le met <strong>en</strong> scèneavec la comédi<strong>en</strong>ne Margot Abascal.Vie secrète des motsCette pièce, c’est donc d’abord la découvertede ce beau texte de littérature, écrit par unejeune femme qui, avec une rare sincérité etune extrême lucidité, dit tout de ses désirs etde ses manques, de son rapport aux autresAngela <strong>La</strong>urier, une vie sous les feux de la rampe.corps « qui couine », elle <strong>en</strong> a « plein le dos ».Enfin elle crée sa compagnie <strong>en</strong> 2006.« Fatras vertigineux »« Je suis <strong>en</strong> reconversion, plus de contorsion »clame-t-elle. Un escalier mouvant – qui semue <strong>en</strong> cabane-cocon – figure l’asc<strong>en</strong>sionironique vers le ciel de la gloire et des hauteursd’où, suppose-t-on, le monde seraitplus beau (dixit la chanson). Une bande dequatre musici<strong>en</strong>s l’accompagne <strong>en</strong> live, setransformant à l’occasion lors d’une scèneet à soi, de ses contradictions, <strong>en</strong>tre le merveilleuxet l’effroyable : tout son être plongédans le monde se trouve ici exposé. L’art estvoyant… Éprise de liberté mais prisonnièrede la drogue, amère face au “carnaval” desa vie, amoureuse éperdue et insatiable desfemmes, permissive mais ô combi<strong>en</strong> lourdede son âme « de plomb », cette naufragéeincandesc<strong>en</strong>te des Années Folles se situeirrémédiablem<strong>en</strong>t à la marge, hors des normeset des lois du monde. <strong>La</strong> mise <strong>en</strong> scènede Gabriel Garran, très t<strong>en</strong>ue, précise etmaîtrisée, évite le piège de l’ost<strong>en</strong>tatoire.Aucune hystérie dans le jeu de l’excell<strong>en</strong>tecomédi<strong>en</strong>ne, c’est la force simple de la parolequi habite le plateau, et c’est la force d’uneévid<strong>en</strong>ce. Tous les déplacem<strong>en</strong>ts de la comédi<strong>en</strong>nefont s<strong>en</strong>s, et quelques repères discretset délicats laiss<strong>en</strong>t voir ou <strong>en</strong>t<strong>en</strong>drel’époque, et signifi<strong>en</strong>t aussi le pouvoir singulieret infini de l’art. « Arlequin mon petitcamarade », sans masque… L’écriture est« une amie confid<strong>en</strong>tielle qui me reçoit à touteheure ». dit Mireille Havet. L’écriture est unremède, mais elle révèle aussi ici une désertionde la vie, un abandon. <strong>La</strong> très belle scénographiesignée Jean Haas avec ses chaisesgrises suggère comme une s<strong>en</strong>sation d’abs<strong>en</strong>ceprofondém<strong>en</strong>t émouvante : l’abs<strong>en</strong>cedes disparus morts à la guerre, mais aussil’abs<strong>en</strong>ce au monde de cette jeune femmedont l’int<strong>en</strong>se vie secrète des mots traduitl’impossibilité de vivre sans se détruire. Dutrès bon théâtre…Agnès Santi<strong>La</strong> Maison de l’arbre, 9 rue François-Debergue,93100 Montreuil. Du 25 septembre au 27 octobre2013, sauf les 11, 12 et 13 octobre, du mercrediau samedi à 20h30, le dimanche à 17h (relâchelundi, mardi). Tél. 01 48 70 00 76. Durée : 1h.Journal édité <strong>en</strong> quatre tomes par Claire Paulhan.Rejoignez-nous sur Facebookdrolatique <strong>en</strong> athlètes du dimanche à l’<strong>en</strong>traînem<strong>en</strong>t,prêts pour quelques portés. L’artistecombine chant, danse, musique, récit,vidéo afin de parv<strong>en</strong>ir à dire ce qui bouillonne<strong>en</strong> elle – « un fatras vertigineux ». Elle est« pleine à craquer », il faut qu’elle se lâche,qu’elle évacue Comm<strong>en</strong>t faire œuvre de cetimpératif ? Sous la forme de cette comédiemusicale loufoque et buissonnière, comm<strong>en</strong>tconcevoir et mettre <strong>en</strong> forme une expressiondistanciée, une transposition du réel et duvécu, <strong>en</strong> imbriquant le spectaculaire, l’émotionet l’introspectif ? Angela <strong>La</strong>urier ne parvi<strong>en</strong>tpas à résoudre cette équation et, malgréquelques beaux mom<strong>en</strong>ts, la prestationdemeure linéaire et plate, souv<strong>en</strong>t longuette.L’urg<strong>en</strong>ce de dire ne suffit pas. L’artiste faitcertes preuve d’autodérision, d’ironie etd’énergie, mais cette traversée autobiographiquemanque de piquant et de relief.Agnès SantiLe Monfort Théâtre, 106 rue Brancion,75015 Paris. Du 24 septembre au 19 octobre,du mercredi au samedi à 19h, dimanche à 15h.Tél. 01 56 08 33 88.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frThéâtre Nanterre-Amandiers du 8 nov. au 20 déc. 2013PhèdreTexte Jean RacineMise <strong>en</strong> scène Jean-Louis MartinelliAvec Delphine CogniardHammou GraïaMounir MargoumSylvie MilhaudSophie RodriguesAnne SuarezGaëlle VoukissaAbbès ZahmaniScénographie Gilles TaschetLumière Jean-Marc SkatchkoCostumes Catherine Leterrier &Sarah LeterrierCoiffures et maquillageFrançoise ChaumayracAssistante à la mise <strong>en</strong> scèneAmélie W<strong>en</strong>dlingwww.nanterre-amandiers.com01 46 14 70 00laterrasse_TROIS SOEURS.indd 1 4/09/13 17:14:45


16 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrasseOdéon-Théâtre de l’EuropeTexte et mes Joël PommeratAu monde& Les MarchandsCritiqueL’auteur et metteur <strong>en</strong> scène Joël Pommerat creuse au cœur intime desparadoxes de la société face au travail. Envoûtant.Les comédi<strong>en</strong>s, d’une justesse sans faille.di<strong>en</strong> pour ramasser les cailloux qui pès<strong>en</strong>t<strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce sur le prés<strong>en</strong>t. Il parle de l’âpretédes relations familiales, des <strong>en</strong>traves dupassé, du li<strong>en</strong> au travail, de la responsabilitéface à nos actes, de l’incertitude d’être dela difficulté d’exister. Et cela avec des motssimples, tellem<strong>en</strong>t simples, qui murmur<strong>en</strong>tdes histoires banales et compliquées. Aumonde (2004) ouvre une réflexion sur l’aliénationau travail. Dans une riche familled’industriels, le patriarche, <strong>en</strong>touré de sestrois filles, songe à transmettre son empireà son fils cadet, officier taciturne rev<strong>en</strong>ud’une guerre lointaine. Acteurs du systèmecapitaliste, ceux-là n’<strong>en</strong> espèr<strong>en</strong>t pas moinsdu 10 au 20 octobre 2013Conception et mise <strong>en</strong> scèneMathilda Mayp<strong>en</strong> SpaceAvecStéphanie BarreauAgathe CeminGabriel DermidjianLoup-D<strong>en</strong>is ElionGil GalliotEmmanuel JeantetDédeine Volk-Leonovitch01 46 97 98 10www.theatre-suresnes.frPhoto : Marthe Lemelle - Graphisme : G<strong>en</strong>ey / Milville - Lic<strong>en</strong>ce n°1-1049518© Élisabeth Carecchio« Là où nous avons à la fois l’obscurité etla lumière, nous avons aussi l’inexplicable.Le mot-clé de mes pièces est peut-être »disait Beckett, dans un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>en</strong> 1961.A sa manière, c’est aussi dans le tremblédu clair-obscur que Joël Pommerat dessineses mondes. A la lueur des possibles. « Jecherche le réel, pas la vérité » dit-il. Un réelqu’il cisèle dans toute sa complexité, grattantla surface plâtrée du visible pour pénétrerjusqu’au for intérieur des êtres, là oùcogne l’écho viol<strong>en</strong>t des bruits du dehors, làoù s’ébatt<strong>en</strong>t au corps à corps les fantômeset les rêves, les faits et gestes du jour. Sonthéâtre puise dans l’eau courante du quotiunesociété où l’homme sera <strong>en</strong>fin libéré dutravail. Ce huis clos feutré, ourlé de mystèreset de cérémonials, t<strong>en</strong>d au paroxysme ladiss<strong>en</strong>sion <strong>en</strong>tre l’utopie et le faire, l’att<strong>en</strong>teet sa déception, laissant peu à peu devinerles coins ombreux d’où s’échapp<strong>en</strong>t désirsinterdits et folles visions.Une étrangeté au cœur du familierLes Marchands (2006) r<strong>en</strong>verse la focale. Il estici question d’une femme sans emploi, « <strong>en</strong>seveliesous le manque d’arg<strong>en</strong>t », de son amie,employée usée par la souffrance, d’une usinechimique fermée à la suite d’une explosionaccid<strong>en</strong>telle, de la crainte du chômage, del’inutilité sociale. De g<strong>en</strong>s qui ne peuv<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>visagerd’id<strong>en</strong>tité ni d’activité hors de cellesforgées dans et par le travail. Loin de faire laleçon, Joël Pommerat conçoit des situationsqui révèl<strong>en</strong>t les paradoxes et les contradictionsnichés au cœur de chacun à l’épreuvede la vie, mais surtout les représ<strong>en</strong>tationsqui taill<strong>en</strong>t à leur mesure notre vision deschoses, l’intime chevauchem<strong>en</strong>t de l’imaginaireet de la réalité, d’hier et d’aujourd’hui.Le décor aux lignes pures et la pénombreThéâtre du Vieux-ColombierDe Pinter / Mes Claude MouriérasL’Anniversairesubtilem<strong>en</strong>t réglés par Eric Soyer, le sonde François Leymarie, la prés<strong>en</strong>ce à la foisnaturelle et irréelle des comédi<strong>en</strong>s, fidèlescompagnons d’av<strong>en</strong>ture d’une justesse sansfaille, l’intellig<strong>en</strong>ce de la dramaturgie, l’exig<strong>en</strong>ceformelle et la précision de la mise <strong>en</strong>scène cré<strong>en</strong>t un univers étrange, étrangem<strong>en</strong>tfamilier. Ce théâtre-là r<strong>en</strong>oue le fil <strong>en</strong>tre lamatérialité et l’univers m<strong>en</strong>tal, les vivants etles morts, mais aussi le politique, l’économieou la réalité sociale. Il recolle les fragm<strong>en</strong>tsde l’expéri<strong>en</strong>ce humaine, réconcilie ce que laraison occid<strong>en</strong>tale analytique a séparé. C’estpar cette unité retrouvée, vécue le temps duspectacle, qu’il console. Et c’est parce qu’ilagit sur nos représ<strong>en</strong>tations que cet art-làest profondém<strong>en</strong>t politique.Gwénola DavidOdéon-Théâtre de l’Europe, place de l’Odéon,75006 Paris. Jusqu’au 19 octobre 2013,<strong>en</strong> alternance. Tél. 01 44 85 40 40. Durée : 1h45.Les pièces de Joël Pommerat sont publiéespar Actes Sud-Papiers.Rejoignez-nous sur FacebookCritiqueLe cinéaste et docum<strong>en</strong>tariste Claude Mouriéras s’essaie au théâtre de lam<strong>en</strong>ace de Pinter avec l’une des premières pièces du Nobel anglais.Une tranquille p<strong>en</strong>sion de famille <strong>en</strong> bord de mer…Étrange affaire… Stanley vivote g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tdans une p<strong>en</strong>sion de famille <strong>en</strong> bord de mer,unique résid<strong>en</strong>t choyé par Meg, maternellemaîtresse de la maison. Le jeune hommetraîne son <strong>en</strong>nui et vague dans une exist<strong>en</strong>ceun peu débraillée, parfois relevée de quelquessautes d’humeur et siestes câlines. Ilétait pianiste de bar, dit-il, avait voyagé depar le monde. Il se repose un peu, dit-il. Peter,le mari, loueur de transat dans la station balnéaire,annonce un beau matin la v<strong>en</strong>ue dedeux cli<strong>en</strong>ts, qui débarqu<strong>en</strong>t presto dansla morne routine de cet asile apparemm<strong>en</strong>tsans histoire. Drôles de zigs que ces deux-là.Bi<strong>en</strong> mis certes, mais bi<strong>en</strong> étranges aussi.Goldberg, cynique hâbleur, la viol<strong>en</strong>ce museléesous le sourire débonnaire, et McCann,inquiétant maniaque, sèm<strong>en</strong>t le trouble quicourt tel un frisson glacial au dos des murs.Que cherch<strong>en</strong>t ces sinistres complices ? Pourquoiimpos<strong>en</strong>t-ils une fête pour l’anniversairede Stanley ? Est-ce bi<strong>en</strong> d’ailleurs son anniversairepuisqu’il le nie ? Et pourquoi le bombard<strong>en</strong>t-ilsde questions ineptes ? Sont-ilsdes bourreaux désœuvrés ou des tueurs <strong>en</strong>service commandé ?Sournoise terreurDans cette pièce datée de 1958, une de sespremières, Pinter ourdit la trame de son « théâtrede la m<strong>en</strong>ace » qu’il t<strong>en</strong>d sur un fil, <strong>en</strong>treabsurde et effroi, Beckett et Kafka. Il esquissedes possibles, ouvre des questions, suscite deshypothèses, déroute les spéculations et glissele s<strong>en</strong>s derrière le parav<strong>en</strong>t des mots, au creuxdes sil<strong>en</strong>ces souv<strong>en</strong>t. On ne saura jamais, finalem<strong>en</strong>t,pourquoi tous se soumett<strong>en</strong>t à cettesournoise terreur, surtout Stanley. Ni qui sontces deux tortionnaires, exécuteurs de quelquepuissante mafia ou ag<strong>en</strong>ts inflexibles d’unmystérieux pouvoir totalitaire. Qu’importe.L’inquiétude vi<strong>en</strong>t justem<strong>en</strong>t de ce trouble, decette ambiguïté qui vi<strong>en</strong>t flouter les lisières duréel, du double-fond du langage, de la duplicitédu dialogue qui vire à l‘interrogatoire puisau supplice. <strong>La</strong> mise <strong>en</strong> scène, certes complexetant elle demande subtilité et précision,semble ici <strong>en</strong>core trop hésitante. Cinéaste etdocum<strong>en</strong>tariste, Claude Mouriéras opte pourun décor réaliste qui installe une proximitéquotidi<strong>en</strong>ne, tandis que les comédi<strong>en</strong>s port<strong>en</strong>tleur personnage avec grand naturel. Peut-êtretrop justem<strong>en</strong>t, car le jeu peine à s’introduiredans la pièce, ou alors à coup d’artifices, etcolle la métaphore au ras du plancher. On nesaurait dire pourquoi, manqu<strong>en</strong>t aussi le rire,le désarroi sourd, les feintes de la parole, l’aveudes sil<strong>en</strong>ces et les semblants de l’id<strong>en</strong>tité.Bref, ce qui noue la t<strong>en</strong>sion. Étrange affaire,vraim<strong>en</strong>t…Gwénola DavidThéâtre du Vieux-Colombier, 21 rue du Vieux-Colombier, 75006 Paris. Jusqu’au 24 octobre 2013,à 20h, sauf mardi à 19h et dimanche à 16h,relâche lundi. Tél. 01 44 39 87 00/01. Durée : 1h45.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Christophe Raynaud de <strong>La</strong>ge© Junichi Matsuda© Takashi HorikawaSPECTACLE DANSE D À HONNÔJI DANCING, DRAWING, DRUMMING25 ET 26 OCTOBRE 20H OUBLIE TOUT,ET SOUVIENSTOI DAIRAKUDAKANMaisonde la cultureDANSE SYMPHONIE M DAIRAKUDAKAN21 > 23 ET 27 > 30NOVEMBRE 20H101 BIS, QUAI BRANLY75015 PARISM° BIRHAKEIMRER CHAMP DE MARSRÉSERVATION > 01 44 37 95 95MCJP.OFFICIELMCJP_OFFICIELKIM ITOH > DANSEMINORU HIROTA > LIVE PAINTINGKUNIKO KATÔ > PERCUSSIONSCHORÉGRAPHIE, DIRECTION ARTISTIQUEET INTERPRÉTATION > MARO AKAJIPIÈCE POUR 15 DANSEURSTHÉÂTRE© Wakana Hikino14 > 16 NOVEMBRE 20Hdu Japonà Paris© Junichi MatsudaDIRECTION ARTISTIQUE > MARO AKAJICHORÉGRAPHIE, MISE EN SCÈNEET INTERPRÉTATION > MURAMATSU TAKUYAPIÈCE POUR 8 DANSEURS LE TOURBILLONDE L’AMOUR 5 ET 6 DÉCEMBRE 20H7 DÉCEMBRE 16HTEXTE ET MISE EN SCÈNE > DAISUKE MIURAAVEC LE FESTIVAL D’AUTOMNE À PARISConception graphique : Graphique-labrejoignez-nous sur facebookOPEN-SPACE-pub_la-terrasse-122x182.indd 1 17/09/13 11:51


18 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 19EPSAD 10 ANSECOLE PROFESSIONNELLE SUPÉRIEURE D’ART DRAMATIQUE DE LILLEDIRECTION STUART SEIDEGARE SAINT SAUVEUR – LILLE19 /10/2013 – 15H00>0H00FÊTE DES 10 ANS(ENTRÉE LIBRE)THÉÂTRE DU NORD – LILLE28 ET 29 /10 /2013 – 20HATELIER MACBETHPRÉSENTATIONS PUBLIQUES DE L’ATELIER DIRIGÉ PARSTUART SEIDE AVEC LES ÉLÈVES DE LA PROMOTION 4DE L’EPSADTHÉÂTRE DU NORD – GRANDE SALLE À LILLEENTRÉE LIBRE – RÉSERVATIONS 03 20 14 24 24THÉÂTRE DU NORD – LILLEDU 8 AU16/11/2013LES PARTICULESÉLÉMENTAIRESDE MICHEL HOUELLEBECQ – ADAPTATION ET MISE EN SCÈNEJULIEN GOSSELIN (PROMOTION 2 DE L’EPSAD)THÉÂTRE DU NORD – GRANDE SALLE – LILLERÉSERVATIONS 03 20 14 24 24Théâtredu NordCRÉATION-TRANSMISSIONThéâtre National Lille TourcoingRégion Nord Pas-de-CalaisDirection Stuart Seidewww.theatredunord.frwww.epsad.frGraphisme Jérôme Le Scanff / Photo Simon Gosselinreprise / Le C<strong>en</strong>tquatrede Tarjei Vesaas / mes Claude Régy<strong>La</strong> Barque le soirVingtième Théâtrede et avec Alan Boone, Jean-Claude Cotillard et Zazie DelemFin de sérierejoignez-nous sur facebookCritique« Comédie méchante et burlesque <strong>en</strong> hommage aux vieux » : tel est lesous-titre de la pièce écrite et interprétée par Alan Boone, Jean-ClaudeCotillard et Zazie Delem. Une réussite conforme à son projet !Ils sont vieux. Cela n’est pas un crime maissemble donner l’<strong>en</strong>vie d’<strong>en</strong> commettre : surl’autre, agaçant miroir de sa propre décrépitude,sur le canari, le poisson rouge et l’insupportablecoucou suisse ! Ils sont vieux. Celales r<strong>en</strong>d un peu moins rapides à la course,mais ne les empêche pas d’être prompts à lavacherie ! Ils sont vieux, moches, méchants etsurtout très drôles. Les concepteurs et interprètesde ce spectacle l’affirm<strong>en</strong>t haut et fort,contre la niaiserie gérontophile de l’époquequi flatte le cli<strong>en</strong>t cacochyme et transformeles s<strong>en</strong>iors <strong>en</strong> seigneurs : inutile de cacher leurâge aux vieillards, c’est insultant et « c’est unedes causes de la fracture du col du fémur ».Les deux vieux, interprétés par Jean-ClaudeCotillard et Zazie Delem, ne parl<strong>en</strong>t pas, parcequ’il y a longtemps qu’ils n’ont plus ri<strong>en</strong> à sedire. Le parti pris du mime ne relève doncpas de la seule prouesse gestuelle. Avec uneprécision d’<strong>en</strong>tomologiste, sagace et impertin<strong>en</strong>te,les trois créateurs de ce spectaclequasi muet parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à tout signifier desnon-dits de cette relation moribonde.Il porte un joli nom, Saturne…Un troisième larron, Alan Boone, intervi<strong>en</strong>tsous différ<strong>en</strong>ts costumes pour interprétertous les rapaces qui vol<strong>en</strong>t autour du niddes amours défuntes. Défil<strong>en</strong>t le médecin,le pourvoyeur de gadgets gériatriques, lereprés<strong>en</strong>tant <strong>en</strong> cercueils et autres habituelsécumeurs des escarcelles du troisième âge.Comme <strong>en</strong> attest<strong>en</strong>t les factures qui s’amoncell<strong>en</strong>t,il <strong>en</strong> coûte d’être vieux ! Du lever aucoucher, on assiste donc à une journée trèsordinaire, que le tal<strong>en</strong>t et la drôlerie des troisartistes r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t irrésistiblem<strong>en</strong>t désopilante.Au point que les deux barbons pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t desallures de Tityre et Mélibée, t<strong>en</strong>dres et sympathiques,même si Jean-Claude Cotillard etZazie Delem se gard<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> (la chute eût ététrop facile) de les sauver du naufrage dansJean-Claude Cotillard et Zazie Delemdans Fin de série.CritiqueSil<strong>en</strong>ces, pénombre, fulgurances : Claude Régy prés<strong>en</strong>te <strong>La</strong> Barque lesoir de Tarjei Vesaas au C<strong>en</strong>tquatre. Yann Boudaud, Olivier Bonnefoyet Nichan Moumdjian compos<strong>en</strong>t un saisissant face-à-face avec lamort.C’était l’une des propositions les plus <strong>en</strong>thousiasmantesde la saison théâtrale 2012/2013.Claude Régy repr<strong>en</strong>d aujourd’hui <strong>La</strong> Barquele soir*, sur le plateau du C<strong>en</strong>tquatre, dans lecadre du Festival d’Automne à Paris. « Dansce texte, confiait le grand metteur <strong>en</strong> scèneau sein de nos colonnes, <strong>en</strong> septembre 2012(<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> n° 201), Tarjei Vesaas a trouvé lemoy<strong>en</strong> de s’approcher de ce qu’il y a de plusinexplicable, de plus inexprimable : la mort. Etcette chose-là <strong>en</strong>tre dans ma grande obsessionde ne pas opposer les contraires, maisde les mettre <strong>en</strong>semble, pour voir s’il ne peutpas naître un nouveau matériau qui serait faitdes deux domaines que l’on croit opposés. Ilest question ici de la grande opposition <strong>en</strong>trela vie et la mort. » A partir de cette oppositionfondam<strong>en</strong>tale, Claude Régy compose un spectaclesubjuguant. <strong>La</strong> puissance de ce qui nousest donné à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, à ress<strong>en</strong>tir, à <strong>en</strong>trevoir,à imaginer dans <strong>La</strong> Barque le soir est telle, quetous les brouhahas de l’exist<strong>en</strong>ce se dissip<strong>en</strong>td’eux-mêmes, instantaném<strong>en</strong>t, pour laisserplace au monde parallèle que fait naître lemetteur <strong>en</strong> scène. Un monde fait de profondeur,de sil<strong>en</strong>ces, de mystère, d’élévation,d’obscurité.Un au-delà du visiblePour la seconde fois (après Brume de Dieu,<strong>en</strong> 2010), Claude Régy retrouve le mondede l’écrivain norvégi<strong>en</strong> Tarjei Vesaas (1897-1970). On est ici face à un être qui fait l’expéri<strong>en</strong>cede la mort et de l’au-delà du visible.Cet homme choisit de se perdre, se laisseglisser dans l’eau mouvante d’une rivière, estlequel ils s’abîm<strong>en</strong>t. Le rire est intellig<strong>en</strong>t,car il est sans concession ni facilité, et parcequ’il naît de l’admiration pour cette impeccabledissection des effets fastidieux de l’âge.Vieux, peut-être, mais drôles, ce qui n’est certespas une consolation, mais, à coup sûr, unedignité : celle d’un pied de nez à la barbe dusinistre Saturne !Catherine RobertVingtième Théâtre, 7 rue des Plâtrières,75020 Paris. Du 4 septembre au 13 octobre 2013.Du mercredi au samedi à 21h30 ; dimanche à 17h.Tél. 01 48 65 97 90. Durée : 1h15.Rejoignez-nous sur Facebook© Géraldine Aresteanu© Pascal Victor© Brigitte Enguerand<strong>La</strong> Barque le soir : une plongée hypnotique dans l’univers de Tarjei Vesaas.<strong>en</strong>glouti par les flots puis ram<strong>en</strong>é à l’air librepar l’effet de courants. Là, t<strong>en</strong>u par un boutd’arbre, ni pleinem<strong>en</strong>t vivant ni <strong>en</strong>core mort,il expérim<strong>en</strong>te un état inconnu. Un état ausein duquel les contraires se rejoign<strong>en</strong>t dansun rapport r<strong>en</strong>ouvelé à la réalité. C’est la voixde Yann Boudaud qui fait surgir et irradier lesmots de Voguer parmi les miroirs (partie duroman dont est extrait le texte du spectacle).C’est son corps qui fait vivre tous les chocs,tous les mouvem<strong>en</strong>ts sinueux de cette plongéehypnotique. <strong>La</strong> d<strong>en</strong>sité de sa prés<strong>en</strong>ceest captivante. Hanté par les ombres muettesde Nichan Moumdjian et Olivier Bonnefoy,le comédi<strong>en</strong> ne se cont<strong>en</strong>te pas d’investirl’univers théâtral de Claude Régy (l<strong>en</strong>teur,Théâtre de poche Montparnassede Jean-Claude Grumberg / sous le regard de Stéphanie TessonChez les UfsRéagissez sur www.journal-laterrasse.frcritiquePar le biais d’un florilège de textes dont il est l’auteur, Jean-ClaudeGrumberg se met <strong>en</strong> scène. Un pur délice.Serge Kribus et Olga Grumberg, excell<strong>en</strong>ts.cours de cette recréation formidablem<strong>en</strong>t créative,l’auteur, happé par son œuvre, fait de lascène la page où ses rêves s’incarn<strong>en</strong>t et finiss<strong>en</strong>tpar avoir le dernier mot » signale StéphanieTesson, dont le regard bi<strong>en</strong>veillant a porté lamise <strong>en</strong> scène. Aux côtés de l’auteur, qui saitse faire comédi<strong>en</strong>, Olga Grumberg et Serge Kribusincarn<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>ts personnages printanciésur l’auteur dramatique qu’il est dev<strong>en</strong>u– « l’un des plus drôles de sa génération » dit-onà l’<strong>en</strong>vi. Dans ce style inimitable où la cocasseriele dispute à la férocité, la t<strong>en</strong>dresse à la lucidité,il se raconte, à la troisième personne, et plantele décor. « Depuis cinquante ans, il écrit despièces, des courtes, des longues… Aujourd’hui,il s’est résolu à faire un break. Il profite de ce‘break’ pour p<strong>en</strong>ser : comm<strong>en</strong>t ça a comm<strong>en</strong>cé ? »Pour faire face à l’aporie du comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t,une seule réponse peut être apportée : une faim(une fin ?) de loup. Grumberg est monté sur leplateau pour dire l’affamé qu’il a toujours étéet qu’il est aujourd’hui <strong>en</strong>core.Une vraie performance d’acteursIl revivifie d’ailleurs le conte du petit chaperonrouge avec lequel se clôt le spectacle, et laisse,<strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce, le spectateur sur sa faim. « Ausil<strong>en</strong>ces, scansion au ras de chaque syllabe),il se le réapproprie avec toute la force, toutel’auth<strong>en</strong>ticité des grandes interprétations.Dans une invitation bouleversante à la perte,à l’ailleurs et à l’oubli.Manuel Piolat Soleymat* Roman publié par les Editions José CortiLe C<strong>en</strong>tquatre, 5 rue Curial, 75019 Paris.Du 24 octobre au 24 novembre 2013.Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h,relâche le lundi. Tél. 01 53 35 50 00.Durée : 1h20.Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frCe spectacle autobiographique, qui « s<strong>en</strong>t légèrem<strong>en</strong>tle sapin » selon son aveu même, est unpur délice pour les amateurs de Grumberg etune véritable occasion d’aller à sa r<strong>en</strong>contrepour tous les autres. Il monte sur les planchespour jeter « un œil par-dessus son épaule ».Et, se regardant, sans ri<strong>en</strong> céder à l’art et lamanière qui le caractéris<strong>en</strong>t, il jette un œil dis-cipaux de l’œuvre de leur père et ami, et fontvibrer la corde s<strong>en</strong>sible qui sert de fil rouge auspectacle. De Michu à Maman revi<strong>en</strong>t pauvreorphelin <strong>en</strong> passant, notamm<strong>en</strong>t, par L’Atelieret Les Rouquins, le couple de comédi<strong>en</strong>s réaliseune vraie performance d’acteurs. Changem<strong>en</strong>tsde costumes à vue, support scénographiqueminimaliste, tout est fait pour conc<strong>en</strong>trer l’att<strong>en</strong>tiondu spectateur sur l’ess<strong>en</strong>tiel : la mise ànu d’un propos dramaturgique « qui fait rire àpartir d’une expéri<strong>en</strong>ce qui fait mal ».Marie-Emmanuelle GalfréThéâtre de Poche Montparnasse, 75 bd. duMontparnasse, 75 006 Paris. Du 17 septembre2013 au 17 novembre 2013. Du mardi au samedià 19h, le dimanche à 17h30. Tél. 01 45 44 50 21.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr


20 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 21www.journal-laterrasse.frlisez-nouspartout !Cartoucherie75012 Paris01 43 28 36 36THÉÂTREThéâtre de G<strong>en</strong>nevilliers /Conception et mes Philippe QuesneSwamp ClubCritiquePhilippe Quesne et ses compères du Vivarium Studio fil<strong>en</strong>t doux unemétaphore drolatique sur les artistes et la culture aujourd’hui.Un soupir de fumée blanche s’épanche vaguem<strong>en</strong>tet glisse au travers des plantes exotiquesperdues dans le brouillard d’un marécage. Deslueurs informatiques, bi<strong>en</strong>tôt quelques mesuresde Schubert, s’échapp<strong>en</strong>t d’un studio deverre monté sur pilotis, surplombant ces eauxtroubles. Des g<strong>en</strong>s vaqu<strong>en</strong>t tranquillem<strong>en</strong>t àleurs occupations, achèv<strong>en</strong>t les derniers préparatifs…L’un finalise l’annonce du programmedes activités sur une banderole numérique, unautre bricole des arcs <strong>en</strong> bois et des paquetsde bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue, tandis que le sauna s’échauffe.Ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les « résid<strong>en</strong>ts » du « SwampClub », qui décidém<strong>en</strong>t tard<strong>en</strong>t : des artistes dumonde <strong>en</strong>tier cherch<strong>en</strong>t refuge ici pour requinquerleur inspiration. Dans ce drôle de c<strong>en</strong>tred’art paumé au milieu des marais, on trouve unde Molièremise <strong>en</strong> scènePhilippe Adri<strong>en</strong>21 mars - 21 avrilLes résid<strong>en</strong>ts du Swamp Club à la sortie du sauna.cinéma, une vidéothèque, une bibliothèque, unstudio de danse, une salle de répétition, unegrotte ouverte à flan de colline et des hérons àfoison… Bref, un peu de bi<strong>en</strong>-être, de la musique,de la poésie, un peu d’av<strong>en</strong>ture écolo : ri<strong>en</strong>de tel pour stimuler la créativité… Dégagé dela frénésie ambiante, ce microcosme de cultureuxdéconnectés vivote ainsi g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t etpeut rêvasser <strong>en</strong> liberté. Mais voilà que soudainpointe la m<strong>en</strong>ace d’un projet urbain, plusr<strong>en</strong>table, qui risque de détruire cette réserveprotégée de doux utopistes…Acte de résistanceIssu des Arts déco, d’abord scénographe,aujourd’hui auteur et metteur <strong>en</strong> scène, PhilippeQuesne observe le monde de biais pour<strong>en</strong> révéler le risible tragique. Œuvrant depuisdix ans dans son Vivarium Studio avec quelquesfidèles comparses, il fouille dans le fatrasdu quotidi<strong>en</strong>, <strong>en</strong> étudie les m<strong>en</strong>us rites et labanalité dérisoire. Entre ludisme dés<strong>en</strong>chantéet mélancolie pince-sans rire, il met <strong>en</strong> scènedes héros ordinaires qui bricol<strong>en</strong>t du merveilleuxavec presque ri<strong>en</strong>. Son théâtre taillele réel à la pointe d’une douce ironie pour <strong>en</strong>révéler les paradigmes sous-jac<strong>en</strong>ts et pr<strong>en</strong>dle temps de vivre. Contre l’idéologie vibrionnantequi impose de bombarder la rétine d’événem<strong>en</strong>tspour capturer l’att<strong>en</strong>tion et terrasserl’<strong>en</strong>nui à tout prix, Philippe Quesne et ses acolytesrev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t une temporalité libérée dela sur<strong>en</strong>chère spectaculaire comme de l’aliénationà l’accélération. Au contraire, ils offr<strong>en</strong>tune zone de « ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t nécessaire »,comme dirait le philosophe Peter Sloterdijk :un espace libre pour que la p<strong>en</strong>sée et le rêvepuiss<strong>en</strong>t d’épanouir. Avec dérision et gravité,Swamp Club esquisse par métaphores uneréflexion critique sur le métier d’artiste, sesconditions d’exercice, autant que sur l’art dansla société actuelle. Et le sauvetage final faceà la m<strong>en</strong>ace, qui voit embarquer plantes vertes<strong>en</strong> plastique et animaux empaillés dans lacage de verre comme dans une arche muséal<strong>en</strong>e manque pas d’inquiéter…Gwénola DavidThéâtre de G<strong>en</strong>nevilliers, 41 av. des Grésillons,92230 G<strong>en</strong>nevilliers. Du 7 au 17 novembre 2013,à 20h30, sauf mardi et jeudi à 19h30, dimancheà 15h, relâche lundi. Tél. 01 41 32 26 26.Puis les 21 et 22 novembre 2013, au Forumculturel du Blanc-Mesnil. Tél. 01 48 14 22 00.Durée : 1h35. Spectacle vu au Festival d’Avignon2013. Dans le cadre du Festival d’automne.Rejoignez-nous sur Facebook© Martin Argyroglo© Elisabeth Carecchio<strong>La</strong> Colline – Théâtre nationalprojet de Marie RémondVers WandaPropos recueillis e Marie RémondAprès André la saison dernière, Marie Rémond s’<strong>en</strong>toure une nouvellefois de ses complices Clém<strong>en</strong>t Bresson et Sébasti<strong>en</strong> Pouderoux* pourune création ludique <strong>en</strong>tre théâtre docum<strong>en</strong>taire et investigation. Unecréation qui nous plonge dans la vie et l’œuvre de Barbara Lod<strong>en</strong>.« Tout est parti d’un livre de Nathalie Léger– Supplém<strong>en</strong>t à la vie de Barbara Lod<strong>en</strong>** –qu’une amie comédi<strong>en</strong>ne, un jour, m’a prêté.Ce texte m’a captivé. Avant cette lecture, j<strong>en</strong>e connaissais pas grand chose de BarbaraLod<strong>en</strong> et du film qu’elle a réalisé <strong>en</strong> 1970 :Wanda. Dans son livre, Nathalie Léger mèneune <strong>en</strong>quête autour de la vie de la comédi<strong>en</strong>neMarie Rémond dans Vers Wanda.et du personnage qu’elle interprète dans sonfilm. J’ai tout de suite été extrêmem<strong>en</strong>t intéresséepar tout ce qui v<strong>en</strong>ait interroger, danscet ouvrage, la figure de la femme, la situationd’un individu déphasé, qui ne trouve pas vraim<strong>en</strong>tsa place dans le monde. Ensuite, quandj’ai découvert le film, j’ai été fasciné par sonmystère, par ses sil<strong>en</strong>ces, ses ellipses… Je mesuis donc mise à lire tout ce que je pouvaistrouver sur Barbara Lod<strong>en</strong> et son mari, EliaKazan, sur l’histoire de leur couple, ainsi quesur le personnage de Wanda, cette femme quiabandonne sa famille pour errer seule, quis’attache à un petit voleur et finit par le suivredans un hold-up qui tourne au drame.Des interrogations sur la libertéet la soumissionCe personnage fait naître beaucoup de questions.J’ai eu <strong>en</strong>vie de transposer ces questionsau théâtre. Des questions sur la liberté,sur la soumission, sur les fondem<strong>en</strong>ts et lesimplications de ces deux notions qu’<strong>en</strong> appar<strong>en</strong>cetout oppose. Mais on s’aperçoit que cequi nous semblait jusque-là tout à fait clair nel’est finalem<strong>en</strong>t pas. Clém<strong>en</strong>t Bresson, Sébasti<strong>en</strong>Pouderoux et moi-même avons souhaitéque cette création collective soit une formetrès vivante. Une forme qui mêle des docum<strong>en</strong>tssonores et des élém<strong>en</strong>ts narratifs établispar le biais d’improvisations et d’écritureau plateau. Nous avons égalem<strong>en</strong>t voulu queVers Wanda garde quelque chose du mystèrequi <strong>en</strong>toure le film de Barbara Lod<strong>en</strong>. Cela <strong>en</strong>évitant toute forme de didactisme, pour noussituer <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce dans une recherched’inv<strong>en</strong>tivité et de rapport ludique à la représ<strong>en</strong>tation.»Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat* Sébasti<strong>en</strong> Pouderoux est p<strong>en</strong>sionnaire de laComédie-Française depuis novembre 2012.** Publié aux Editions P.O.L.<strong>La</strong> Colline-Théâtre national, 15 rue Malte-Brun,75020 Paris. Du 4 au 26 octobre 2013.Du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h00,le dimanche à 16h. Durée du spectacle : 1h45.Tél. 01 44 62 52 52.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frDu 17 au 20 octobre 2013Hughie[CRÉATION]Texte Eug<strong>en</strong>e O’NeillMise <strong>en</strong> scène Jean-Yves RufAvec Gilles Coh<strong>en</strong> et Jacques TresseThéâtre national de la CollineDe Peter Handke / Mes Stanislas NordeyPar les villagesCritiqueStanislas Nordey <strong>en</strong>ferme le texte de Peter Handke et ses acteurs dansune mise <strong>en</strong> scène formelle.© Elisabeth CarecchioCRÉATIONEspace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône / > OCTOBRE TOURNÉEThéâtre de la R<strong>en</strong>aissance, Oullins-Grand Lyon / > NOVEMBRE Théâtre Dijon Bourgogne, C<strong>en</strong>tre dramatique national / > NOVEMBRE Théâtre Vidy – <strong>La</strong>usanne (Suisse) / > DÉCEMBRE WWW.ESPACE-DES-ARTS.COM© D.R.© CARLOTTA FORSBERG« Mon frère m’a écrit une lettre. Il s’agit d’arg<strong>en</strong>t; de plus que d’arg<strong>en</strong>t : de la maison d<strong>en</strong>os par<strong>en</strong>ts morts et du bout de terre où ellese trouve. Comme aîné, j’<strong>en</strong> suis l’héritier. Monfrère y habite avec sa famille. Il me demandede r<strong>en</strong>oncer à la maison et au terrain, pour qu<strong>en</strong>otre sœur puisse se r<strong>en</strong>dre indép<strong>en</strong>danteet ouvrir une boutique. » En quelques mots,Gregor défait le nœud du passé qui soudainresurgit et cogne à la face du prés<strong>en</strong>t. Depuislongtemps, il a quitté la terre laborieuse de son<strong>en</strong>fance, gagné la ville et les belles lettres, l’urbanitéet ses civilités. Il vi<strong>en</strong>t de loin, lui, l’aîné,le fils prodigue, dev<strong>en</strong>u écrivain quand sonfrère et sa sœur sont restés coincés dans lavallée, lui ouvrier du bâtim<strong>en</strong>t et elle v<strong>en</strong>deusedans une épicerie. Il faut aujourd’hui affronterl’héritage, l’humiliation qu’il infligea aux si<strong>en</strong>savec l’impunité arrogante du savoir, les blessuresincrustées dans les chairs du souv<strong>en</strong>ir.Le temps est v<strong>en</strong>u de f<strong>en</strong>dre les cailloux dusil<strong>en</strong>ce, de libérer à petits coups les rancœursserrées au fond de la gorge. Chacun tour à tourdéverse la parole <strong>en</strong> longs lam<strong>en</strong>tos, qui charri<strong>en</strong>tdans leurs flots impétueux et puissantsles douleurs de la famille, de la transmission,des rapports de classe, de la ruralité face àl’urbanisme dévastateur… mais aussi la foi <strong>en</strong>l’art comme espoir de l’humanité.S<strong>en</strong>t<strong>en</strong>cieux et désincarnéAvec cette pièce créée <strong>en</strong> 1982, Peter Handkeclôt la tétralogie littéraire du L<strong>en</strong>t retour, débutéetrois romans plus tôt comme exploration del’être dans le voyage vers l’<strong>en</strong>fance. Il brise icitous les ressorts de la composition dramatique– dialogues, événem<strong>en</strong>ts, intrigues – et tressede vastes monologues <strong>en</strong> un poème épique, où« dire et raconter y sont une seule chose ». <strong>La</strong>langue tantôt virevolte, caresse l’azur et courtau creux des plaines bruissantes, <strong>en</strong>ivrée parl’emphase et les dorures de style, ou parfoismord, saturée de la hargne des off<strong>en</strong>sés, auseuil d’éclater. « Je ne me plains pas, je porteplainte » lâche une Vieille femme sans nom.Comm<strong>en</strong>t cheminer dans cette poésie touffue,escarpée ? « Jouez le jeu – mais qu’il ait del’âme » dit Nova, énigmatique compagne de Gregorqui surplombe le récit <strong>en</strong> Athéna messianique.Sans doute est-ce l’âme qui fait défautFichés dans le sol, face au public, les comédi<strong>en</strong>s délivr<strong>en</strong>t le texte.dans la mise <strong>en</strong> scène de Stanislas Nordey.Son interprétation de Hans ne manque pourtantpas de flamme. Mais la troupe, composéede comédi<strong>en</strong>s de belle trempe (Jeanne Balibar,Emmanuelle Béart, Annie Mercier, VéroniqueNordey, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Sauvage…) semble <strong>en</strong>ferméedans un formalisme hiératique, à l’image de lascénographie d’Emmanuel Clolus. Figés, faceau public, la main susp<strong>en</strong>due pour marquerla mesure, les acteurs soliloqu<strong>en</strong>t, martèl<strong>en</strong>tles mots systématiquem<strong>en</strong>t, jusqu’à polir toutrelief. Désincarnée, la parole finit par ronfler,malgré l’habile musique d’Olivier Mellano à laguitare électrique. Ce lyrisme tranche d’ailleursavec le laconisme habituel du théâtre de PeterHandke. On serait même presque gêné à la finpar l’abs<strong>en</strong>ce de dialogue, c’est-à-dire d’adresseet d’écoute de l’autre, comme si les regards nepouvai<strong>en</strong>t que se superposer sans se croiser.Et aussi par cet éloge nostalgique de la naturecontre la modernité défigurant les terroirs et letravail, par l’appel à la « croyance raisonnable <strong>en</strong>l’effroi divin » et l’exhortation un brin naïve à lapaix éternelle, à la réconciliation, avec l’époque,avec les autres, avec soi. « Hommes, dieux quiont fui les dieux : inv<strong>en</strong>tez le grand pas, faites legrand saut. » Bon, on méditera…Gwénola DavidThéâtre national de la Colline, 15 rue Malte-Brun,75020 Paris. Du 5 au 30 novembre 2013,à 19h30 sauf dimanche à 15h30, relâche lundi.Tél. 01 44 62 52 52. Durée : 4h15 (avec <strong>en</strong>tracte).Spectacle vu au Festival d’Avignon 2013.<strong>La</strong> pièce est publiée par L’Avant-Scène Théâtre.A lire : Stanislas Nordey, locataire de la parole,de Frédéric Vossier, éditions Les Solitairesintempestifs.Rejoignez-nous sur FacebookCRÉATION 2013Dans le cadre de Marseille Prov<strong>en</strong>ce 2013 –Capitale Europé<strong>en</strong>ne de la CultureAzimutConception, scénographieet mise <strong>en</strong> scène : Auréli<strong>en</strong> BoryTél : 01 46 61 36 67© Agnès Mellon© A. Mellonrejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr


22 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 23Critiquecritique© keantian/123rf.comEnferméesde Rona Munrotraduction de Blandine Pélissiermise <strong>en</strong> scène Magali Lérisavec Priscilla Bescond, Stéphane Comby,Nanou Garcia, Marion-Harlez CittiDU 6 AU 16 NOV 2013THÉÂTRE JEAN ARPCLAMART SCÈNE CONVENTIONNÉERÉSERVATIONS 01 41 90 17 02www.theatrejeanarp.com0892 68 36 22 (0,34€/min) www.fnac.comproductionCompagnie Aux Arts etc…avec le souti<strong>en</strong> duThéâtre Jean Arp de Clamart,le Théâtre Jacques Carat de Cachanet la Société Econocom France SAS.vallee-culture.hauts-de-seine.netreprise / Théâtre de la Tempêtede <strong>La</strong>rs Norén / mes Philippe BaronnetBOBBY FISCHERVIT À PASADENALe comédi<strong>en</strong> Philippe Baronnet signe sa deuxième mise <strong>en</strong> scène. BobbyFischer vit à Pasad<strong>en</strong>a, de <strong>La</strong>rs Norén est une réussite.Une mise <strong>en</strong> scène qui, s’appuie sur une remarquabledirection d’acteurs – Philippe Baronneta étudié l’art dramatique au sein de la 68 e promotionde l’ENSATT, de 2006 à 2009. Au sortir deces études, il fonde le collectif <strong>La</strong> Nouvelle Fabriqueavec ses camarades d’école, collectif dont ila mis <strong>en</strong> scène le premier spectacle <strong>en</strong> janvier2010, au Théâtre de L’Opprimé (Phénomène #3,à partir des Ecrits de Daniil Harms). C’est à lamême période qu’il est <strong>en</strong>gagé comme comédi<strong>en</strong>perman<strong>en</strong>t au Théâtre de Sartrouville, aux côtésd’Elya Birman et de Nine de Montal. Voilà pour ledébut de parcours de cet artiste qui confirme sontal<strong>en</strong>t avec Bobby Fischer vit à Pasad<strong>en</strong>a. Car lamise <strong>en</strong> scène de la pièce de <strong>La</strong>rs Norén que signePhilippe Baronnet évite non seulem<strong>en</strong>t le piègedes complaisances de jeunesse, mais égalem<strong>en</strong>tcelui d’une vision trop platem<strong>en</strong>t réaliste et psychologiquedu théâtre de <strong>La</strong>rs Norén. Les quatreinterprètes (Elya Birman, Samuel Churin, Nine deMontal et Camille de Sablet), réunis au sein del’espace quadrifrontal conçu par Estelle Gautier,r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet compte avec force et viol<strong>en</strong>ce decette œuvre profondém<strong>en</strong>t désespérée.Le risque incessant du chaosIl est question ici d’une famille <strong>en</strong> péril. D’unefamille au bord du précipice, <strong>en</strong> équilibre, toujoursà deux doigts du chaos. Le père et la mère se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tvieillir, ils se sont un jour éloignés et pein<strong>en</strong>tà r<strong>en</strong>ouer les li<strong>en</strong>s du corps. Le fils, atteint d’uneUne remarquable direction d’acteurs.pathologie m<strong>en</strong>tale, est de retour à la maisonaprès avoir séjourné dans un établissem<strong>en</strong>t psychiatrique.<strong>La</strong> fille est alcoolique et ne s’est jamaisremise de la mort de son petit <strong>en</strong>fant. Énoncéainsi, on peut trouver le tableau un peu lourd. Maisc’est sans compter le tal<strong>en</strong>t de <strong>La</strong>rs Norén qui, àtravers un savant dosage de dits et de non-dits,de mises <strong>en</strong> lumière et d’ellipses, nous bousculeet nous projette dans un climat de t<strong>en</strong>sion quasiperman<strong>en</strong>te. Tout cela est d’une justesse percutante.Et puis, il y a la mise <strong>en</strong> scène aux acc<strong>en</strong>tscinématographiques de Philippe Baronnet. Ell<strong>en</strong>ous place au plus près de ces lames de fond, jouede gros plans, d’effets de perspectives, s’appuiesur une remarquable direction d’acteur. Quelquechose d’organique se dégage du spectacle.Quelque chose de terri<strong>en</strong>, d’<strong>en</strong>tier, qui ne cherchejamais à s’<strong>en</strong> sortir à bon compte, qui nous obligeà regarder, les yeux dans les yeux, les répétitionsinexorables de ces ébranlem<strong>en</strong>ts.Manuel Piolat SoleymatThéâtre de <strong>La</strong> Tempête, route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris. Du 9 au 27 octobre dumardi au samedi à 20h30, dimanche à 16h30,relâche les 18 et 23 octobre, représ<strong>en</strong>tationsupplém<strong>en</strong>taire le 19 octobre à 15h30.Tél. 01 43 28 36 36. Spectacle vu lors de sacréation au théâtre de Sartrouville.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© D. R.© E. LizambardThéâtre 14de Eduardo De Filippo / traduit par Huguette Hatem / mes Patrick PelloquetHommeet Galant HommeLe metteur <strong>en</strong> scène Patrick Pelloquet restitue toute la saveur tragi-comiquede cette comédie de mœurs à l’itali<strong>en</strong>ne (aussi profonde que légère).Une galerie de figures liées par l’esprit de troupe.« L’acteur est bi<strong>en</strong> pour moi au c<strong>en</strong>tre de cetteav<strong>en</strong>ture. » Se référant au credo de l’auteur, qui,avant d’être dramaturge, grand admirateur etami de Luigi Pirandello, fut un comédi<strong>en</strong> extraordinaire,Patrick Pelloquet fonde sa mise <strong>en</strong>scène sur le jeu des comédi<strong>en</strong>s qu’il a choisis :« Je me suis <strong>en</strong>touré d’interprètes qui ont pourla plupart participé à mes dernières créations. »Cet esprit de troupe est la clé de la réussite dece spectacle, dont le thème même requiert,pour ne pas verser dans l’artificiel, de réunirsur le plateau des comédi<strong>en</strong>s qui s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>tpar-delà les répliques, pour exister dans lamimique. L’art consommé d’Eduardo de Filippo,petit-fils spirituel de Goldoni, réinv<strong>en</strong>tant unecommedia dell’arte moderne, s’exprime ici danstoutes ses dim<strong>en</strong>sions. <strong>La</strong> comédie complexerepose sur un chassé-croisé de situationspropres au vaudeville, doublé d’une mise <strong>en</strong>abyme du théâtre où des comédi<strong>en</strong>s jou<strong>en</strong>t desacteurs qui interprèt<strong>en</strong>t des personnages. Unetroupe misérable, <strong>en</strong> tournée, s’installe dansun hôtel borgne sur la côte, dans une stationbalnéaire réputée, pour jouer sa dernière création<strong>en</strong> date baptisée Funeste nouvelle.Des figures hautes <strong>en</strong> couleurA cette fiction théâtrale fait écho le vécu desprotagonistes d’Homme et Galant Homme etil y a de la folie dans l’air. Le jeu de dupes estporté à son comble suivant la réflexion éclairantede l’auteur : « l’acteur porte un masquepour dire la vérité et l’homme pour m<strong>en</strong>tir ». Undécor tournant évoque trois lieux dans l’espritdu milieu du siècle dernier – le hall de l’hôtel, lesalon du Comte et le commissariat de police –,et sert l’énergie propre à la tragi-comédie <strong>en</strong>s’attachant la complicité du spectateur. Ainsise conjugu<strong>en</strong>t l’att<strong>en</strong>tion portée à la clartédu déroulem<strong>en</strong>t de l’intrigue et la volonté demettre l’acc<strong>en</strong>t sur le jeu de figures hautes <strong>en</strong>couleur. On atteint des sommets comiques aumom<strong>en</strong>t où, répétant la pièce dans le hall del’hôtel qui abrite leur troupe, les comédi<strong>en</strong>sse jou<strong>en</strong>t d’eux-mêmes, comme les y invite letexte avec une merveilleuse malice. Chacundans leur rôle – et pour certain leur double rôle–, les acteurs vifs et pétillants s’empar<strong>en</strong>t de cemorceau de choix dramatique avec ce brio queseul provoque le plaisir réel de jouer. Un plaisircommunicatif.Marie-Emmanuelle GalfréThéâtre14, 20 av. Marc-Sangnier, 75014 Paris.Du 10 septembre 2013 au 26 octobre 2013.Le mardi, v<strong>en</strong>dredi et samedi à 20h30,le mercredi et le jeudi à 19h, matinée le samedià 16h. Tél. 01 45 45 49 77. www.theatre14.frRéagissez sur www.journal-laterrasse.frde William SHAKESPEAREtraduction Daniel LOAYZAmise <strong>en</strong> scène Patrick PINEAUPhoto © Nicolas Daussy — Lic<strong>en</strong>ces n° 1-1043569 | 1-1043567 | 2-1043106 | 3-1043107Théâtre du Rond-Pointde Sébasti<strong>en</strong> Thiéry / mes Jean-Michel RibesL’Origine du mondeCritiqueJean-Michel Ribes met <strong>en</strong> scène L’Origine du monde, de Sébasti<strong>en</strong> Thiéry,pochade pseudo-transgressive, dont l’insol<strong>en</strong>ce rev<strong>en</strong>diquée confondgrossièreté et provocation subversive.<strong>La</strong> scène primitive du coït par<strong>en</strong>tal, fantasméeou réellem<strong>en</strong>t vue, est une fécondematrice à folie : Freud et ses suivants ont largem<strong>en</strong>tanalysé la chose, et la littérature s’estabondamm<strong>en</strong>t repue de cette fascination première.Comm<strong>en</strong>t papa a-t-il sauté maman,comm<strong>en</strong>t est-on sorti d’un sexe où l’on nepeut plus pénétrer depuis, qui est papa, etpourquoi peut-on tout voir de maman, saufce qui fait qu’elle est maman… Sempiternelleanti<strong>en</strong>ne de la névrose et éternelle question,d’Œdipe jusqu’aux Damnés. Sur ce thème,vieux comme l’humanité (il s’agit même dece qui la définit), Sébasti<strong>en</strong> Thiéry ajoute unevariation lourdaude. Jean-Louis ne s<strong>en</strong>t plusson cœur. Il consulte son meilleur ami, vétérinaire(occasion subtile de suggérer qu’onn’est pas des bêtes, <strong>en</strong>core que…), sa femme(hystérique de Grand-Guignol qui aurait faitr<strong>en</strong>dre son tablier à Charcot, et que CamilleRutherford interprète avec une crispation quifinit par être contagieuse), et un marabout quin’a ri<strong>en</strong> à <strong>en</strong>vier aux pires caricatures racistesde l’ethnoc<strong>en</strong>trisme bêta. Pour ne pas mourir,Jean-Louis va devoir photographier le sexe desa mère. Isabelle Sadoyan interprète la mère.© Giovanni Cittadini CesiIsabelle Sadoyan dans L’Origine du monde.Excell<strong>en</strong>te, comme d’habitude, la comédi<strong>en</strong>neincarne une petite vieille tout <strong>en</strong> malice et <strong>en</strong>cruauté, qui n’hésite pas à asséner à Jean-Louis, qui a att<strong>en</strong>du quarante ans pour vérifierque sa mère ne l’aime pas, la vérité de sanaissance et sa bâtardise.Isabelle Sadoyan, rescapée lumineused’un spectacle bi<strong>en</strong> terneJean-Louis sait donc <strong>en</strong>fin d’où il vi<strong>en</strong>t et pourquoiil ne sait pas où il va. L’agitation continueavec laquelle Sébasti<strong>en</strong> Thiéry l’incarneaurait peut-être constitué un indice suffisantpour un bon analyste, et le divan lui auraitalors épargné la catalepsie sur canapé. Lescomédi<strong>en</strong>s font ce qu’ils peuv<strong>en</strong>t (et souv<strong>en</strong>tbeaucoup) pour servir ce texte, qui se réclamede l’absurde, alors qu’il n’est que platem<strong>en</strong>textravagant, et drôle seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> de raresrépliques. Reste que ce spectacle, à la mise <strong>en</strong>scène uniquem<strong>en</strong>t rythmée par les <strong>en</strong>trées etles sorties, demeure faussem<strong>en</strong>t provocateuret lourdem<strong>en</strong>t vulgaire. Le Théâtre du Rond-Point a choisi de déf<strong>en</strong>dre toutes les manièresde rire : force est d’admettre que celle-là n’estpas la plus subtile.Catherine RobertThéâtre du Rond-Point, 2 bis av. Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris. Du 11 septembre au2 novembre 2013, à 20h30 ; le dimanche à15h30 ; relâche le 1 er novembre ;supplém<strong>en</strong>taire le 2 novembre à 17h30.Tél. 01 44 95 98 21. Durée : 1h10.Rejoignez-nous sur Facebookdu 5 au 9 novembreScène nationale de Sénartpuis <strong>en</strong> tournée <strong>en</strong> France jusqu’<strong>en</strong> avril <strong>La</strong> Coursive, Scène nationalede <strong>La</strong> RochelleMC2: Gr<strong>en</strong>obleEspace Malraux, Scène nationalede Chambéry et de la SavoieThéâtre Dijon-Bourgogne, C<strong>en</strong>tredramatique nationalThéâtre <strong>La</strong> Piscine, Chât<strong>en</strong>ay-MalabryScèn<strong>en</strong>ationale 61CNCDC ChâteauvallonComédie de BéthuneScèn<strong>en</strong>ationale Evreux LouviersThéâtre de l’agora, Scène nationale d’Évryet de l’EssonneThéâtre du Nord, LilleLe Volcan, Scène nationaledu HavreThéâtre de Cornouaille, Scène nationale de QuimperThéâtre sortieOuest, BéziersMa Scène nationale, Pays deMontbéliardLe Salmanazar, Scène de création et de diffusiond’ÉpernayTÉL 01 60 34 53 60SCENENATIONALE-SENART.COMrejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr


24 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 25C2—CDB-PUB TER 122x367 le tigre et l'euphrate_Annonce <strong>Terrasse</strong> OK 12/09/13 15:55 Page1Le Lucernaire / Yes, peut-êtrede Marguerite Duras / mes <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce FévrierUn pessimismequi a le fou rireEntreti<strong>en</strong> e <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce FévrierAvec tal<strong>en</strong>t, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Février souv<strong>en</strong>t nous bouscule dans noshabitudes de spectateurs et dans nos réflexions de citoy<strong>en</strong>s. Elle nousfait aujourd’hui découvrir une tragi-comédie méconnue de MargueriteDuras, Yes, peut-être, qui confronte deux femmes, survivantes d’unecatastrophe, flanquées d’un guerrier sur le point de mourir. Un humournoir à la Beckett, et une langue unique libérée de toute influ<strong>en</strong>ce.Pourquoi avez-vous décidé de monter cettepièce de Marguerite Duras ?<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Février : J’ai été épatée et étonnéepar ce texte, totalem<strong>en</strong>t à part dans la productionde Marguerite Duras. J’ai des souv<strong>en</strong>irs trèsforts de certaines mises <strong>en</strong> scène, réalisées deson vivant, et je trouve aujourd’hui très intéressantd’aborder son œuvre par un texte méconnuet inatt<strong>en</strong>du. Sur un sujet effarant – la guerre etle nucléaire –, plus que jamais d’actualité, elleécrit un conte philosophique, une fable caractériséepar un humour décapant. Deux femmesirradiées, A et B, flanquées d’un homme exténué<strong>en</strong> train de mourir, sorti du dernier « désert àguerre », sont parquées dans un bout de désert.Sorte de double féminin des personnages d’Enatt<strong>en</strong>dant Godot de Beckett, elles se parl<strong>en</strong>tdans une langue détachée de toute influ<strong>en</strong>ce,et s’interrog<strong>en</strong>t sur la nature de ce dernier guerrier,sur la nature de la guerre. C’est très fort detraiter d’un tel sujet par le biais d’une fable tragi-comique,et cela nous permet de réfléchird’une autre manière.Avec quel regard sur ces deux femmes ?L. F. : Il y a un côté expérim<strong>en</strong>tal dans cette© D. R.pièce, un côté chercheur sci<strong>en</strong>tifique. Oninstalle les irradiés dans le désert et on voitcomm<strong>en</strong>t ils surviv<strong>en</strong>t. Ces femmes observ<strong>en</strong>tle guerrier moribond comme des médecinsobserverai<strong>en</strong>t un malade, ou comme degrandes lectrices observerai<strong>en</strong>t une littératureanci<strong>en</strong>ne. A la fin de la pièce se dessinequand même l’espoir d’un monde qu’il fautreconstruire autrem<strong>en</strong>t, autrem<strong>en</strong>t qu’avecla guerre. C’est un conte…Comm<strong>en</strong>t se confronter à une telle langue ?L. F. : Le monde, le langage et la mémoire ontété attaqués, et cette perte de mémoire peutévoquer aussi aujourd’hui la maladie d’Alzheimer.Dans cet univers de sci<strong>en</strong>ce-fiction, lalangue permet de r<strong>en</strong>aître au monde. Le Yes,peut-être agit comme leitmotiv et comique de“Comme Marivauxou Beckett,Marguerite Durascrée une langue et unhumour spécifiques.”<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Févrierrépétition. Face à cette langue, qui jaillit <strong>en</strong>transformant l’horreur <strong>en</strong> tragi-comédie, c’estun défi de trouver le bon <strong>en</strong>droit, le ton juste,d’autant plus que contrairem<strong>en</strong>t à Beckett,il n’existe pas de tradition ou de traces auxquellesse référer. Je voudrais vraim<strong>en</strong>t que cesoit limpide et accessible. Je travaille sur lalangue, sans créer d’images, c’est à partir dela langue que l’imaginaire du spectateur bâtitce qu’il veut, construit ses images et son proprescénario. Duras explique qu’elle « a <strong>en</strong>viede jouer avec les mots, de les massacrer, de lestuer, de les faire servir à autre chose ». CommeMarivaux ou Beckett, elle crée une langue etun humour spécifiques. Cet humour est « unpessimisme qui a le fou rire », dit-elle.Propos recueillis par Agnès SantiLe Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs,75006 Paris. Du 9 octobre au 8 décembre,du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h.Tél. 01 45 44 57 34.Rejoignez-nous sur FacebookLA COMÉDIE DE BÉTHUNE/ LE STUDIO-THÉÂTREDU 12 AU 23 NOVEMBRETOUS LES SOIRS À 20H SAUF VEN 15 À 15H (RELÂCHE DIM 17)À PARTIR DE 15 ANSCe qui est difficile quand on chevauche un tigre,c’est d’<strong>en</strong> desc<strong>en</strong>dre. *CritiqueCritiqueC<strong>en</strong>tre Pompidou / Encyclopédie de la Parolemes Joris <strong>La</strong>costeThéâtre de la BastilleDe Fassbinder / mes Gw<strong>en</strong>aël MorinPhotographie : Dominique Chauvin | Les Justes - mise <strong>en</strong> scène Hubert Jappelle (2012)Albert Camusle Discours de Suèdelecture par hubert jappelle suiviede la prés<strong>en</strong>tation de la saison - v<strong>en</strong>. 13 sept.Festival baroque de PontoiseNos peines d’amour perduesC ie Tutti Quanti - v<strong>en</strong>. 4 oct.Albert CamusLe mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>duC ie Hubert Jappelle - du 22 nov. au 15 déc.Brice CoupeyPetites histoires sans parolesC ie l’Alinéa - sam. 18 jan.Dario Fo / Franca RameUne femme seuleC ie l’Empreinte Première - du 31 jan. au 2 fév.C.M CipollaLes lois fondam<strong>en</strong>talesde la stupidité humaineC ie Hubert Jappelle - du 7 au 9 fév.BarbaraBarbara du bout des lèvresCamille Simeray & Sam Burguière - les 15 & 16 fév.Jean G<strong>en</strong>etLes bonnesC ie Théâtre du Tricorne - du 11 au 16 mar.Orphée aux <strong>en</strong>fersThéâtre Sans Toit - du 21 au 22 mar.Fedor DostoïesvskiLes nuits blanchesC ie Hubert Jappelle - du 4 au 6 avr.Rudyard KiplingLe nez d’éléphantC ie Didier Delcroix - du 9 au 19 avr.Albert CamusLes justesC ie Hubert Jappelle - du 16 au 25 mai.Retrouvez toute la saison du Théâtre de l’Usine sur :www.theatredelusine.netInformations et réservations : 01 30 37 01 11 ou billetterie@theatredelusine.netDepuis 2012, le Théâtre de l’Usine est reconnu comme lieu de fabrique par la DRAC Île-de-France, Ministère de la Culture. <strong>La</strong> Cie Hubert Jappelle estsout<strong>en</strong>ue par la Communauté d’Agglomération de Cergy-Pontoise, le Conseil Général du Val-d’Oise et la commune d’Eragny. Le Théâtre de l’Usine a étésout<strong>en</strong>u par la région Île-de-France au titre de l’aide à la manifestation <strong>en</strong> 2013. Depuis 2013, le Théâtre de l’Usine est membre du Réseau Actes If et de RAVIVLic<strong>en</strong>ces d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur de spectacles : n°1 : 1036083, n°2 : 1036081, n°3 : 1036082Suite#1 ABCSuite des av<strong>en</strong>tures de l’Encyclopédie de la parole, collectif d’artistescollectant, triant, indexant et portant au plateau les formes multiples del’oralité. Discours, pubs, conversations… travers<strong>en</strong>t donc Suite #1 ABC,où la parole, cette fois-ci, se fait chorale.Au TnBA, à l’occasion du festival Chahutsqui se consacre chaque année aux arts de laparole, la dernière création de l’Encyclopédiede la Parole trouvait naturellem<strong>en</strong>t sa placepour ses premières dates françaises. En effet,l’<strong>en</strong>treprise de ce collectif d’artistes - dontla figure la plus visible reste celle de Joris<strong>La</strong>coste, le metteur <strong>en</strong> scène – cache derrièreune dénomination quelque peu universitaireun véritable travail artistique consistant àr<strong>en</strong>dre intelligible, audible, visible et spectaculaireles processus à l’œuvre dans cetteactivité qui nous paraît le plus souv<strong>en</strong>t presqueaussi spontanée et naturelle que celle derespirer : parler. Intonation, cad<strong>en</strong>ce, adresse,mélodies… tout ce qui constitue donc lamatière cachée de la parole est donné à saisirdans toutes ses nuances à travers des confér<strong>en</strong>ces,installations, performances et autresactivités chorales que le groupe a créées.Plein de sons et vide de s<strong>en</strong>sAprès un Parlem<strong>en</strong>t fort remarqué, dans lequelEmmanuelle <strong>La</strong>ffon, seule <strong>en</strong> scène, faisaitscintiller ses qualités de comédi<strong>en</strong>ne, sautantd’une voix à l’autre dans un montage d’unec<strong>en</strong>taine d’extraits télescopés, L’Encyclopédiepasse donc à un format choral pour cette piècequi réunit sur scène onze comédi<strong>en</strong>s et onzeinvités, amateurs à Bordeaux. L’effet initial estfort réussi pour ce concert d’hommes-instrum<strong>en</strong>tsm<strong>en</strong>é comme il se doit par un chef d’orchestre,où chacun déroule sa partition avecune précision remarquable, dévidant de plus <strong>en</strong>plus la parole de son s<strong>en</strong>s, pour la transformer<strong>en</strong> un matériau musical qui paraît malléable àl’infini. Le projet de l’Encyclopédie s’annonced’ailleurs, ainsi que le titre l’indique, comme uncycle pouvant être déroulé presque sans limites,dans une sorte de reproduction oulipi<strong>en</strong>nequi fait repr<strong>en</strong>dre de la distance au langage,rejoignez-nous sur facebookLe chœur de l’Encyclopédie de la parolereconsidérer ce dernier avant tout comme unmatériau ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t plein de sons etvide de s<strong>en</strong>s. Dans ce spectacle, l’abondancede fragm<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> langues étrangères souligned’autant cette étrangeté fondam<strong>en</strong>tale de laparole que son usage au quotidi<strong>en</strong> aurait t<strong>en</strong>danceà lisser. Cep<strong>en</strong>dant, à travers quatremouvem<strong>en</strong>ts, alternances de parties choraleset de soli, <strong>en</strong>trecroisem<strong>en</strong>t de registres et deg<strong>en</strong>res si différ<strong>en</strong>ts que leur télescopage estsouv<strong>en</strong>t amusant, le « délire jubilatoire » quela compagnie s’assigne comme objectif peineà poindre, faute d’une dramaturgie du s<strong>en</strong>s oudes s<strong>en</strong>s qui structurerait davantage l’intérêt.Éric DemeyC<strong>en</strong>tre Pompidou, 19 rue Beaubourg,75004 Paris. Du 16 au 20 octobre à 20h30.Tél. 01 44 78 12 33. Dans le cadre du Festivald’Automne. Nouveau Théâtre de Montreuil,10 place Jean-Jaurès, 93100 Montreuil.Du 19 au 23 novembre. Tél. 01 48 70 48 90.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Patricia Almeida© Marc DomageAntiteatreGw<strong>en</strong>aël Morin et sa troupes’empar<strong>en</strong>t à mains nues du théâtrede Fassbinder et font résonner saparole rebelle aujourd’hui.Un théâtre porté par l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des acteurs.<strong>La</strong> troupe débarque <strong>en</strong> commando, s’alignedroite <strong>en</strong> scène et croque illico dans le texteà belles d<strong>en</strong>ts. Sans chichi, ni parure. L’unannonce les didascalies, les autres <strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>tles saynètes, bricol<strong>en</strong>t un décor avecquelques chaises, gobelets et bouts de plastique.En une heure, ils aval<strong>en</strong>t Anarchie <strong>en</strong>Bavière, revue d’une révolution avortée queFassbinder rédigea <strong>en</strong> 1969, dans la fièvred’<strong>en</strong> découdre avec les jets de pierre contestatairesqui ne font qu’érafler les muraillesdes structures sociales et des m<strong>en</strong>talitésdressées à la force des siècles. SuivrontLiberté à Brême, Gouttes dans l’océan et Village<strong>en</strong> flammes, traversées à même allure,c’est-à-dire dans l’urg<strong>en</strong>ce du dire et du faire.Le metteur <strong>en</strong> scène Gw<strong>en</strong>aël Morin <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dbi<strong>en</strong> vivre et partager le théâtre dans sonimpérieuse nécessité et son exig<strong>en</strong>ce absolue,pour éviter que les routines <strong>en</strong>crass<strong>en</strong>tle jeu ou que l’apprêt esthétique empâte lapuissance de feu de la parole. Il rev<strong>en</strong>diquemême d’expérim<strong>en</strong>ter cette écriture dans lapanique pour éprouver la brûlante hâte quiporta le geste créatif de Fassbinder. En quelquesannées <strong>en</strong> effet, l’auteur et cinéasteallemand traça les lignes d’une œuvre profuse,acérée au fil d’une critique radicale de lasociété ouest-allemande. Avec l’« Antiteater »,troupe expérim<strong>en</strong>tale qu’il fonde <strong>en</strong> 1968, ilécorche le vernis de l’émancipation et dénudeles schèmes politiques, psychologiques oumoraux qui continu<strong>en</strong>t de structurer les rapportsde classe, les relations humaines ou laplace des femmes.Quarante jours de répétitionpour quatre piècesQu’il s’introduise dans l’intimité amoureuse,la cellule familiale ou la communautéd’un village, il met à jour la viol<strong>en</strong>ce sousjac<strong>en</strong>tedes rapports de force et leur acceptationtacite par les victimes. De la guerredomestique à la brutalité économique oul’asservissem<strong>en</strong>t social, se reproduis<strong>en</strong>t lesmêmes comportem<strong>en</strong>ts de dominants et dedominés. Au passage, on sacrifie souv<strong>en</strong>tles <strong>en</strong>fants. Fassbinder taille ses histoiresà grands traits, pioche ses modèles dans lalittérature, découpe ses personnages dansles stéréotypes et les précipit<strong>en</strong>t <strong>en</strong> situation.Débarrassant le plateau des faux-nezscénographiques, Gw<strong>en</strong>aël Morin monte lestextes à cru. Aguerris aux grandes traverséesthéâtrales, les comédi<strong>en</strong>s s’empar<strong>en</strong>t avecappétit de la partition, jou<strong>en</strong>t à jouer, effleur<strong>en</strong>tla parodie, confond<strong>en</strong>t parfois énergie etprécipitation, désamorc<strong>en</strong>t par le rire, maistoujours ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>jeu à fleur de nerf. Certes,le “système” de mise <strong>en</strong> scène ne s’appliquepas avec la même pertin<strong>en</strong>ce à toutesles pièces, mais il apporte la distance indisp<strong>en</strong>sablepour faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre aujourd’hui lap<strong>en</strong>sée séditieuse de Fassbinder.Gw<strong>en</strong>ola DavidThéâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette,75011 Paris. Jusqu’au 13 octobre 2013.Diptyque et intégrale <strong>en</strong> alternance.Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.Tél. 01 43 57 42 14. Durée : 5h30 <strong>en</strong> intégrale.Les textes sont publiés par L’Arche éditeur.Rejoignez-nous sur FacebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.frlaur<strong>en</strong>t gaudé / thierry roisinTEXTE DElaur<strong>en</strong>t gaudéMISE EN SCÈNEthierry roisinFrance 3 part<strong>en</strong>airede toutes les culturesAVECfrédéric leidg<strong>en</strong>sSCÉNOGRAPHIE ET COSTUMESolga karpinskyCRÉATION LUMIÈREchristian dubetCRÉATION SONOREfrançois marillierRÉGISSEUR GÉNÉRA<strong>La</strong>rnaud seghiri<strong>La</strong> Comédie de Béthune – C<strong>en</strong>tre Dramatique National Nord – Pas-de-Calais est financée par le Ministère de la cultureet de la communication, le Conseil régional du Nord – Pas-de-Calais, le Conseil général du Pas-de-Calais et Artois Comm.AVEC LA PARTICIPATION DEremy warasCRÉATIONconception graphique, photos : françois saint remy * PROVERBE CHINOIS


26 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre de L’ouest parisi<strong>en</strong> / Focus 27CrushDe et avecJuliette RoudetDu 19 oct.au 8 nov.2013CréationPhoto : Marthe Lemelle01 46 97 98 10www.theatre-suresnes.frRUSH-pub_LA-TERRASSE-59X182.indd 2 17/09/13 18:19Design : Akatre | Photo : © P. Victor | Lic<strong>en</strong>ces : 1039182-1039183 1039184Réservations01 34 58 03 35www.londe.fr-8 bis, av. Louis Breguet78140 Vélizy-VillacoublayReprise / Théâtre Nanterre AmandiersDe Shakespeare / mes <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t PellyMacbethDans une somptueuse scénographie,<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly met <strong>en</strong> scène Macbeth.Le magnifique décor, indice d’uneprécise intellig<strong>en</strong>ce du texte, sertd’écrin à une interprétation à laqualité plus nuancée.Désir consci<strong>en</strong>t et volonté prête à tout ou soifinextinguible et absurde, dont l’inflation conduità la folie et à la mort ? Le pouvoir est un sujetfascinant, qui supporte toutes les analyses ettoutes les lectures : ceux qui y aspir<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>tapparaître comme des pervers glaçants ou despantins pitoyables. <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly installe Macbeth<strong>en</strong> un labyrinthe angoissant et choisit unelecture ubuesque du personnage, avouant qu’ila décidé de mettre <strong>en</strong> scène la pièce de Shakespeareaprès avoir r<strong>en</strong>oncé à monter cellede Jarry. Des murs de parpaing dessin<strong>en</strong>t ledédale, dans lequel erre le guerrier valeureux,dev<strong>en</strong>u tyran sanguinaire. Les différ<strong>en</strong>tes scènesoffr<strong>en</strong>t autant de points de vue sur la tragédie: quel que soit l’angle considéré, l’issueest fatale ; quel que soit le point d’avancée dansle labyrinthe, la mort est embusquée, dévorantses victimes avec l’affreux appétit d’un Minotaureinsatiable. <strong>La</strong> scénographie et les costumesimaginés par <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly, les lumièresde Michel Le Borgne, le son d’Aline Loustalots’harmonis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> une magistrale compositionet expos<strong>en</strong>t avec une rare force de suggestionle cauchemar de Macbeth. Des tableaux sidérantset fascinants se succèd<strong>en</strong>t (il faut saluerla remarquable vélocité technique qui permetdes changem<strong>en</strong>ts de décor incroyablem<strong>en</strong>tL’OndeThéâtreC<strong>en</strong>tre d’artOpéraUne Flûte<strong>en</strong>chantéeD’après W. A. MozartMise <strong>en</strong> scène Peter Brook-Jeu 17 et v<strong>en</strong> 18 oct - 21hVélizy-VillacoublayComédie françaisede Pirandello / mes Louis ArèneCritiqueThierry Hancisse <strong>en</strong> Macbeth face aux sorcières.rapides). Les sorcières, qui emprunt<strong>en</strong>t leurstraits à celles du sabbat volant de Goya, apparaiss<strong>en</strong>tet disparaiss<strong>en</strong>t comme par magie, etprovoqu<strong>en</strong>t l’effroi <strong>en</strong> même temps que le rire,qui <strong>en</strong> est l’antidote.Leçon de ténèbresLe délire vestim<strong>en</strong>taire des harpies maléfiques,dont les prédictions guid<strong>en</strong>t la main meurtrièreet le destin de Macbeth, est contrebalancé par<strong>La</strong> Fleur à la boucherejoignez-nous sur facebookCritique<strong>La</strong> Sicile est à l’honneur avec cette courte pièce qui mêle <strong>La</strong> Fleur àla bouche, pièce <strong>en</strong> un acte de Luigi Pirandello, et Le Guépard, romanunique et posthume de Tomasi di <strong>La</strong>mpedusa.Michel Favory et Louis Arène.Quand Louis Arène fait son <strong>en</strong>trée dans lagrande maison de la Comédie-Française <strong>en</strong>2012, Michel Favory l’y a précédé de vingtquatreans, et <strong>en</strong> est dev<strong>en</strong>u sociétaire à peinequatre ans plus tard. Se joue donc un passagede témoin dans ce projet initié par le désir del’aîné des deux comédi<strong>en</strong>s, que le cadet a mis<strong>en</strong> scène. Mis <strong>en</strong> scène ou mis <strong>en</strong> jeu, plutôt,puisque <strong>La</strong> Fleur à la bouche fait dialoguerdeux hommes à la terrasse d’un café, un<strong>en</strong>uit, dans une gare. Fidèlem<strong>en</strong>t, y adjoignantsimplem<strong>en</strong>t les élém<strong>en</strong>ts d’une météorologiepluvieuse, Louis Arène opte pour une scénographiedépouillée, toute <strong>en</strong> clair-obscur, miréaliste,mi-fantastique, à laquelle concour<strong>en</strong>tun accompagnem<strong>en</strong>t sonore qui sait à la foisse faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre et oublier, et des masquesqui, <strong>en</strong> même temps, coll<strong>en</strong>t à la peau et théâtralis<strong>en</strong>tle trait. On est à la fois soi-même etun rôle, comme dans la vie, « on meurt avecun masque sur le visage » explique égalem<strong>en</strong>tl’homme qui porte une invisible fleur à la bouche,une discrète « epitholemia » dont le beaunom ravirait s’il n’annonçait pas, ironie toutepirandelli<strong>en</strong>ne, que la fin est bi<strong>en</strong> proche.Plus littéraire que théâtralEst mourant égalem<strong>en</strong>t dans cette pièce FabrizioSalina, héros du roman de <strong>La</strong>mpedusa, dontle personnage de l’homme à la fleur à la bouchelit de longs passages à la terrasse du café. Jolipied de nez que de dédoubler un personnage© Pologarat Odessala sobre élégance, avec laquelle avanc<strong>en</strong>t lesprotagonistes de la tragédie. Marie-SophieFerdane a la distinction d’une beauté fatale, decelle pour laquelle tout bouillonnant guerrierpourrait vouloir mourir ou tuer. <strong>La</strong> comédi<strong>en</strong>neexcelle dans ce rôle de conseillère odieuse,et sait dev<strong>en</strong>ir poignante de fragilité dans lascène où la raison l’abandonne. Thierry Hancisse,face à elle, apparaît comme un Macbethplus brutal que fin politique, et son interprétationnuance efficacem<strong>en</strong>t les états d’âme dece pantin malheureux. Plus faibles et moinsimmédiatem<strong>en</strong>t efficaces, les scènes chorales,notamm<strong>en</strong>t dans la deuxième partie duspectacle, dilu<strong>en</strong>t l’int<strong>en</strong>sité dramatique del’<strong>en</strong>semble. Reste que ce spectacle est unetelle réussite esthétique qu’il imprime dans lamémoire des images indélébiles, fortes, belleset puissamm<strong>en</strong>t terrifiantes.Catherine RobertThéâtre Nanterre-Amandiers, 7 av. Pablo-Picasso, 92022 Nanterre cedex. Du 13 septembreau 13 octobre, du mardi au samedi à 20h saufjeudi à 19h30, dimanche à 15h30. Durée : 3h10avec <strong>en</strong>tracte. Spectacle vu au TNT, à Toulouse.Rejoignez-nous sur Facebookde Pirandello dans une altérité romanesque,quand l’auteur itali<strong>en</strong> se fit spécialité, par sonthéâtre dans le théâtre, de rapprocher les si<strong>en</strong>sde la réalité. Sur ce principe de l’<strong>en</strong>trelacem<strong>en</strong>tdes deux histoires, l’alchimie s’opère doncautour de la thématique de la mort et lancebi<strong>en</strong> sûr à cette occasion quelques réflexionssur le s<strong>en</strong>s de la vie. Soixante-dix ans de douleurspour trois ans de bonheur, c’est l’implacabledécompte qu’opère ainsi le Prince sicili<strong>en</strong>parv<strong>en</strong>u à son crépuscule, quand l’homme àla fleur se raccroche lui à la vie par l’imagination,aimant à regarder les g<strong>en</strong>s et les choses« autour desquels son [mon] imagination peuttravailler librem<strong>en</strong>t ». On p<strong>en</strong>se alors à l’importancedu jeu pour le comédi<strong>en</strong>, et de l’écriturepour ce personnage double de Pirandello quifait figurer dans l’ombre sa femme paranoïaque.Il est donc question d’art et de s<strong>en</strong>s del’exist<strong>en</strong>ce ici, mais pas assez de vie. Car à lafrontière du monologue et du dialogue l’<strong>en</strong>semblereste très écrit, plus littéraire que théâtral,et l’énergie du plateau cède un peu trop souv<strong>en</strong>tau texte, l’incarnation théâtrale au pouvoirévocateur des mots.Éric DemeyComédie-Française, Studio-Théâtre duCarrousel, 99 rue de Rivoli, 75001 Paris.Jusqu’au 3 novembre à 18h30. Tél. 0825 10 16 80.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Brigitte EnguérandL’art au cœur de la vieSi le Théâtre de l’Ouest Parisi<strong>en</strong> réussit à imprimer sa marque dans le paysage culturel,s’il réussit à fidéliser un public toujours plus nombreux, c’est que sous la houlette d’OlivierMeyer ce théâtre fait vivre l’art à sa juste place : l’art alors aide à vivre, libre et vrai,avec des spectacles qui touch<strong>en</strong>t à l’ess<strong>en</strong>tiel. C’est aussi une saison de découverte avecdiverses créations, et toujours le Festival Seule(s) <strong>en</strong> scène, un temps fort très att<strong>en</strong>du.Propos recueillis e Olivier MeyerMatière à s’émouvoiret à réfléchirOlivier Meyer livre son regard sur le théâtre et la saison.« Nourrie de grands textes et de grands acteurs,notre saison propose matière à s’émouvoir et àréfléchir, et aussi à rire. Je m’efforce de mettre<strong>en</strong> œuvre une liberté d’être, de faire et de direqui donne <strong>en</strong> retour le goût de la liberté. Lethéâtre se veut être aussi le lieu où l’on abordeavec intellig<strong>en</strong>ce et s<strong>en</strong>sibilité des sujets quinous touch<strong>en</strong>t profondém<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> saison reflèteparticulièrem<strong>en</strong>t cette indisp<strong>en</strong>sable quêtede s<strong>en</strong>s et ces réflexions sur la vie, la mort, leLe Bourgeonde Georges Feydeau / mes Nathalie GrauwinD’Isabelle Le Nouvelle / mes Niels ArestrupBig Appletemps qui passe. Sans céder au côté mortifèrequi caractérise certaines productions actuelles,sans céder non plus à la prét<strong>en</strong>tion techniquequi parfois parasite plus qu’elle ne révèle l’ess<strong>en</strong>tiel,j’essaie de programmer des spectaclesqui donn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vie de vivre quelles que soi<strong>en</strong>t ladureté et la gravité du propos, des spectaclesd’une grande diversité dans leurs expressionset leurs tonalités, qui déploi<strong>en</strong>t chacun à leurmanière une vigueur et un courage à affronterEntreti<strong>en</strong> e Niels ArestrupNiels Arestrup dirige Marianne Basler et Christophe Malavoy dans BigApple, d’Isabelle Le Nouvel. Une tragi-comédie sur le couple, l’amour,les bonheurs et les drames du quotidi<strong>en</strong>.Propos recueillis e Nathalie GrauwinUn amour de cocotteNathalie Grauwin met <strong>en</strong> scène Le Bourgeon, de Georges Feydeau, piècequi n’a pas été jouée depuis un siècle, mais dont la reprise atteste dela pér<strong>en</strong>nité d’une bourgeoisie frigide et frileuse.« Le Bourgeon est une pièce quasi inédite deFeydeau, créée <strong>en</strong> 1906, reprise <strong>en</strong> 1913, etjamais rejouée depuis. J’ignore bi<strong>en</strong> pourquoi !Ce n’est pas un vaudeville, mais une comédie,qui se termine <strong>en</strong> mélo : on rit et on pleure doncbeaucoup, et c’est ce qui m’intéresse. L’histoirede cette cocotte, qui se sacrifie pour lesconv<strong>en</strong>tions et le bi<strong>en</strong> de son amour, installela pièce <strong>en</strong>tre <strong>La</strong> Dame aux camélias, Mussetet Marivaux. Maurice, un jeune homme destinéà la prêtrise, est sujet à des malaises. Samère vi<strong>en</strong>t supplier la cocotte de coucher avecson fils pour le sauver. Le diagnostic est sansappel : il faut que le bourgeon crève ! Ils vontcéder à cet amour et à cette attirance physique.<strong>La</strong> cocotte veut alors r<strong>en</strong>oncer à sa vie, carelle a découvert un amour spirituel.Travailler sur l’incarnationChez certaines personnes, et notamm<strong>en</strong>tchez cette cocotte, l’amour est tellem<strong>en</strong>tgrand qu’on peut accepter de l’abandonner. Etdans certains milieux, aujourd’hui comme àl’époque de Feydeau, on ne se mélange pas :même si l’amour est là, on ne se marie pas.Le choix des costumes contemporains est àQui sont Syst et Brod, la femme et l’hommequi se font face dans Big Apple ?Niels Arestrup : Ce sont deux êtres humains, àla fois uniques et communs, comme nous tous.Ils travaill<strong>en</strong>t, ils rêv<strong>en</strong>t, ils espèr<strong>en</strong>t. Ils barbot<strong>en</strong>tdans leur quotidi<strong>en</strong>, parfois s’y <strong>en</strong>lis<strong>en</strong>t et,à d’autres mom<strong>en</strong>ts, s’<strong>en</strong> extrai<strong>en</strong>t, comme vouset moi… Mais surtout ils s’aim<strong>en</strong>t vraim<strong>en</strong>t, profondém<strong>en</strong>t…Ce qui me touche beaucoup, c’estça : cette femme et cet homme nous ressembl<strong>en</strong>tterriblem<strong>en</strong>t, dans le plein s<strong>en</strong>s du mot !Qu’est-ce qu’il vous semble capital de transmettreaux spectateurs à travers cette histoire d’amour ?N. A. : Justem<strong>en</strong>t, l’amour… L’amour, c’est vraim<strong>en</strong>tla seule chose qui fasse de l’homme et de la© Marianne Néplaz© D. R.tous les sujets, y compris les plus terribles. Cesspectacles, même dans l’épure, ouvr<strong>en</strong>t l’imaginaireet la réflexion, tel le sublime <strong>La</strong>boureurde Bohême que Christian Schiaretti a mis <strong>en</strong>scène, qui me bouleverse. Nous programmonsà nouveau notre Festival Seule(s) <strong>en</strong> scène, quimet <strong>en</strong> lumière le très beau travail de femmesde théâtre. Et nous poursuivons notre complicitéavec la Comédie-Française et sa troupe à traversdiverses propositions. Nous sommes un théâtrede création qui donne à voir des textes peu montés; étonnamm<strong>en</strong>t, Le Bourgeon de Feydeau n’apas été porté à la scène depuis 1906, Big Appled’Isabelle Le Nouvel est mis <strong>en</strong> scène pour lapremière fois par Niels Arestrup, et Mil<strong>en</strong>a/Kafka, création signée Hélène Darche, se fondesur la correspondance assez méconnue <strong>en</strong>treKafka et Mil<strong>en</strong>a Jes<strong>en</strong>skà. C’est un privilège etune joie int<strong>en</strong>se de vivre avec le théâtre, la musiqueou la danse, et c’est une joie à partager, avecles artistes et avec le public. »Propos recueillis par Agnès Santidessein de suggérer que ce que raconte Feydeauest <strong>en</strong>core d’actualité : il doit bi<strong>en</strong> y avoiraujourd’hui des hommes qui, comme le mari dela cousine de la comtesse, fréqu<strong>en</strong>te les cocottesalors qu’il prét<strong>en</strong>d se r<strong>en</strong>dre à la messe ! LeFeydeau dont on a l’habitude est pris dans desmécaniques qui sont souv<strong>en</strong>t des postures : LeBourgeon est dans un registre complètem<strong>en</strong>tdiffér<strong>en</strong>t, même si le rythme est sout<strong>en</strong>u. J’aidonc davantage travaillé sur l’incarnation quesur des postures, avec des comédi<strong>en</strong>s qui portai<strong>en</strong>t<strong>en</strong> eux ce que je press<strong>en</strong>tais des personnages.»Propos recueillis par Catherine RobertDu 4 au 13 octobre 2013. Du mardi au samedià 20h30 ; le dimanche à 16h.“Cette femme etcet homme nousressembl<strong>en</strong>tterriblem<strong>en</strong>t.”Niels Arestrupfemme plus qu’un homme ou qu’une femme… Il y ala vie des personnages à explorer, au plus près dela nôtre… Avec les doutes, les non-dits, et les p<strong>en</strong>séessecrètes. De temps <strong>en</strong> temps, quelque choses’échappe du quotidi<strong>en</strong> : un mot, un regard, uneDe Johannes Von Saaz /mes Christian SchiarettiLe <strong>La</strong>boureurde Bohême<strong>La</strong> mise <strong>en</strong> scène épurée de ChristianSchiaretti fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre toute la puissance dece texte qui touche à l’ess<strong>en</strong>tiel.Plus de six siècles après son écriture, ChristianSchiaretti restitue toute la puissancede ce texte extraordinaire, une puissance del’ordre de l’absolu qui résonne au plus profondde chacun d’<strong>en</strong>tre nous, pauvres mortels! Œuvre très connue de la littératureallemande du Moy<strong>en</strong> Age finissant, cettedispute déchirante et rigoureuse fut écritepar Johannes Von Saaz suite à la mort <strong>en</strong>couches de sa jeune femme <strong>en</strong> août 1400.Joute oratoire d’une grande virtuosité, laconfrontation serrée et intransigeante <strong>en</strong>trele <strong>La</strong>boureur et la Mort questionne l’absurditéet l’injustice d’une vie trop tôt éteinte. <strong>La</strong>perte de sa jeune et douce épouse provoquece cri de révolte et de douleur du laboureur,qui s’achève <strong>en</strong> prière. Avec un beau duod’acteurs : Dami<strong>en</strong> Gouy pour le <strong>La</strong>boureur,Clém<strong>en</strong>t Morinière pour la Mort, rejoints à lafin par Antoine Besson pour l’Ange. A. SantiDu 13 au 16 novembre 2013.D’après Mil<strong>en</strong>a Jes<strong>en</strong>skà et Franz Kafka /adaptation et mes Hélène DarcheMil<strong>en</strong>a / KafkaEntreles lignesEntrelaçant les mots, les p<strong>en</strong>sées et la musique,la création d’Hélène Darche fait vivrela correspondance passionnée <strong>en</strong>tre FranzKafka et Mil<strong>en</strong>a Jes<strong>en</strong>skà.1919, un café à Prague. C’est là que FranzKafka r<strong>en</strong>contre Mil<strong>en</strong>a Jes<strong>en</strong>skà : elle vit àVi<strong>en</strong>ne et ils se revir<strong>en</strong>t très peu, mais <strong>en</strong>tretinr<strong>en</strong>tune correspondance passionnée etint<strong>en</strong>se, tissée de mille émotions et p<strong>en</strong>sées.« Tu fais partie de moi, même si je nedevais jamais te revoir » écrit-il. « C’était unhomme et un artiste doué d’une consci<strong>en</strong>cesi aiguisée qu’il <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dait même là où lesautres, les sourds, se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sûreté »écrit-elle. Hélène Darche, qui souv<strong>en</strong>t dansses œuvres <strong>en</strong>trelace théâtre, musique etlittérature, accompagne ici le trio d’acteurspar une pianiste et un clarinettiste. Témoinset passeurs, les interprètes parfois incarn<strong>en</strong>tFranz ou Mil<strong>en</strong>a ; la musique laisseaffleurer les non-dits, révèle les émotionset les conflits intérieurs. Une ode à la vie età l’amour.A. SantiLes 6 et 7 mai 2014.peur, la confession d’autre chose… Le ton, alors,est plus grave, mais tout aussi simple, naturel.Qu’est-ce qui vous paraît ess<strong>en</strong>tiel dansl’écriture d’Isabelle Le Nouvel ?N. A. : Je n’ai pas la prét<strong>en</strong>tion de connaître <strong>en</strong>corevraim<strong>en</strong>t Big Apple. Je vais à l’av<strong>en</strong>ture, à la r<strong>en</strong>contredu texte avec les comédi<strong>en</strong>s. Ce que je peuxdire, c’est que pour moi, la qualité de cette piècec’est un « air de ri<strong>en</strong> » qui touche à l’ess<strong>en</strong>tiel.Entreti<strong>en</strong> réalisé par Manuel Piolat SoleymatDu 9 au 16 janvier 2014.Théâtre de l’Ouest Parisi<strong>en</strong>1 place Bernard-Palissy,92100 Boulogne Billancourt.Tél. 01 46 03 60 44.


28 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrasse la terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 29Gros planGros planThéâtre de la Communed’après Alexandre Vialatte / mes Charles TordjmanChaillotD’après Ödön von Horváth / mes André EngelSAISON 2013 / 2014RENDEZ-VOUSÀ LA COMÉDIEPhoto : Jean-Louis Fernandez Lic<strong>en</strong>ces d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur de spectacle : 1 – 1-1051707 / 2 – 1-1051708 / 3 – 1-1051709Résumons-nous,la semainea été désastreuseSous la direction du metteur <strong>en</strong> scène Charles Tordjman, ChristineMurillo, Julie Pilod et Dominique Pinon port<strong>en</strong>t à la scène les Chroniquesde <strong>La</strong> Montagne d’Alexandre Vialatte. Entre loufoque et s<strong>en</strong>sible, unregard d’une grande perspicacité sur les choses du monde.Romancier (Battling le ténébreux, Le FidèleBerger, Les Fruits du Congo…), traducteur (onlui doit, notamm<strong>en</strong>t, la découverte <strong>en</strong> Francede Franz Kafka), Alexandre Vialatte fut égalem<strong>en</strong>tchroniqueur pour de nombreux journauxet magazines. De 1952 jusqu’à sa mort,<strong>en</strong> 1971, à l’âge de 70 ans, ce fils de militaireauvergnat écrivit chaque semaine pour le quotidi<strong>en</strong>régional <strong>La</strong> Montagne. A la croisée del’absurde et du poétique, il a ainsi signé près de900 chroniques au sein desquelles « pièces dethéâtre, proverbes, tics de langage ou particularitésrégionales sont passés à la moulinettede sa verve caustique et loufoque ». « AlexandreVialatte parle bi<strong>en</strong> sûr du temps, le perdu et leretrouvé, de la France, de ce dont nous parlons,déclare Charles Tordjman, qui met <strong>en</strong> scèneune sélection de ces chroniques sous le titreRésumons-nous, la semaine a été désastreuse,au Théâtre de la Commune.Pour rire de nous et du mondeavec des pincettes« De lui qui termine toutes ses chroniques par“Et c’est ainsi qu’Allah est grand”, ajoute l’anci<strong>en</strong>directeur du Théâtre de la Manufacturede Nancy, on essaiera de faire un théâtre quisera comme une prom<strong>en</strong>ade, une flânerie <strong>en</strong>philosophie, <strong>en</strong> morale et <strong>en</strong> humour d’unerare délicatesse. Un demi-siècle observé, untemps perdu ici retrouvé. Nous inv<strong>en</strong>teronsà partir de toutes ces choses un théâtrechronique.Nous rirons de nous et du mondeavec des pincettes. » Pour convoquer ce riresingulier et recherché, trois comédi<strong>en</strong>s sontréunis sur le plateau du C<strong>en</strong>tre dramatiqu<strong>en</strong>ational d’Aubervilliers : la grande ChristineDominique Pinon et Christine Murillo dans Résumonsnous,la semaine a été désastreuse.Murillo, accompagnée de Julie Pilod et DominiquePinon (l’adaptation est signée JacquesNichet). Modèles et sources d’inspiration pourl’humoriste Pierre Desproges, les Chroniquesde <strong>La</strong> Montagne (publiées aux éditions Robert<strong>La</strong>ffont) parl<strong>en</strong>t de tout sauf de politique.Elles décortiqu<strong>en</strong>t avec esprit les choses dela vie et du monde, explor<strong>en</strong>t les intersticesde la normalité.Manuel Piolat SoleymatThéâtre de la Commune-C<strong>en</strong>tre dramatiqu<strong>en</strong>ational d’Aubervilliers, 2 rue Edouard-Poisson,93300 Aubervilliers. Du 10 au 31 octobre 2013.Le mardi et le jeudi à 19h30, le mercredi et lev<strong>en</strong>dredi à 20h30, le samedi à 18h, le dimancheà 16h. Durée du spectacle : 1h30.Tél. 01 48 33 16 16.Rejoignez-nous sur Facebook© Mario Del Curto© Agathe Poup<strong>en</strong>ey<strong>La</strong> Double mortde l’horlogerFin connaisseur d’Ödön von Horváth (1901-1938), André Engel réunitdeux de ses pièces écrites à dix ans d’intervalle, qui trait<strong>en</strong>t toutes deuxde l’assassinat d’un horloger, dans des perspectives très différ<strong>en</strong>tes.Des œuvres à la croisée d’<strong>en</strong>jeux exist<strong>en</strong>tiels, métaphysiques, sociauxet historiques : une ouverture sur la consci<strong>en</strong>ce humaine.Familier d’Ödön von Horváth - on se souvi<strong>en</strong>tnotamm<strong>en</strong>t du spectacle Le Jugem<strong>en</strong>tdernier (2003), remarquable et captivantemise <strong>en</strong> scène -, André Engel crée à Chaillotun diptyque qui met <strong>en</strong> regard deux pièces: Meurtre dans la rue des Maures (1923)et L’Inconnue de la Seine (1933), qui relat<strong>en</strong>tchacune l’assassinat d’un horloger mais dansEntre onirisme et lucidité, une plongée dans le mondeeuropé<strong>en</strong> des années 20.des circonstances et avec des conséqu<strong>en</strong>cestrès différ<strong>en</strong>tes. Ces deux faits-divers criminelséclair<strong>en</strong>t des trajectoires individuelleset reflèt<strong>en</strong>t aussi leur époque. De 1923 à1933, la crise politique et sociale <strong>en</strong> Allemagnes’est aggravée jusqu’au paroxysme,et jusqu’à l’installation au pouvoir d’un tyrandont on n’imagine pas <strong>en</strong>core qu’il va plongerl’Europe <strong>en</strong>tière dans l’horreur. Alors quela première pièce baigne dans une atmosphèreexpressionniste teintée de lyrisme, àl’écriture poétique, la seconde propose unevision plus pernicieuse et froide. Comme l’aconfié André Engel dans nos colonnes (<strong>La</strong><strong>Terrasse</strong> n°212) : « En 10 ans, Horváth estpassé d’un univers de cauchemar à quelquechose d’<strong>en</strong>core pire : quelque chose de plussourd, de plus vénéneux, de plus implacable,de plus insaisissable… Sous l’appar<strong>en</strong>ce d’unmonde qui voudrait laisser la place à davantaged’espoir, on se r<strong>en</strong>d finalem<strong>en</strong>t compteque la situation devi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core plus malsaine,et totalem<strong>en</strong>t désespérée. »Un surplus de s<strong>en</strong>sDe la confrontation scénique <strong>en</strong>tre cesdeux pièces, André Engel souhaite fairesurgir un surplus de s<strong>en</strong>s, un éclairage surla façon dont l’Histoire et l’époque peuv<strong>en</strong>tinflu<strong>en</strong>cer l’écriture. Selon le metteur <strong>en</strong>scène, ces pièces évoquant des crimes sontpour Ödön von Horváth « un cadre permettantde développer le sujet de la pulsion demort et ainsi toucher au métaphysique ».Le réel est ici traversé de touches d’anormalité,de bribes d’onirisme, et ces piècesselon les mots mêmes de l’auteur sont« des tableaux qui montr<strong>en</strong>t le combat duconsci<strong>en</strong>t contre le subconsci<strong>en</strong>t ». AndréEngel dépasse le cadre narratif et met <strong>en</strong>forme des ponts et liaisons <strong>en</strong>tre les deuxœuvres, combinant et faisant résonner lesdim<strong>en</strong>sions humaine, sociale et historiquede ces deux drames.Agnès SantiThéâtre de Chaillot, 1 place du Trocadéro,75016 Paris. Du 17 octobre au 9 novembre à20h30, dimanche à 15h30, relâche lundi.Tél. 01 53 65 30 00. Durée : 2hRejoignez-nous sur FacebookcréationDirectionRobin R<strong>en</strong>uccisaison 2013-2014L’École des femmesMolière / Schiaretti / R<strong>en</strong>ucciChelles (77) 4 et 5 octobre // Villefranche-sur-Saône (69) du 9 au 12 octobre // Mâcon(71) 15 et 16 octobre // Le Creusot (71) 18 octobre // Andrézieux-Bouthéon (42) 22 et23 octobre // Meylan (38) 29 et 30 octobre // Val-de-Reuil (27) 5 et 6 novembre //Suresnes (92) 9 et 10 novembre // Nice (06) du 13 au 16 novembre // Arcachon (33)19 novembre // Pessac (33) 21 novembre // Vill<strong>en</strong>euve-sur-Lot (47) 23 novembre //Miramas (13) 26 novembre // Blagnac (31) du 28 au 30 novembre // Bressuire (79) 3décembre // Aiffres (79) 5 décembre // Parth<strong>en</strong>ay (79) 7 décembre // Nevers (58) 10décembre // Romans-sur-Isère (26) 12 et 13 décembreLe Petit violonGrumberg / HasléVerneuil-sur-Avre (27) 18 octobre // Porte-lès-Val<strong>en</strong>ce (26) 6 et 7 novembre //<strong>La</strong> Flèche (72) 14 novembre // St-Maix<strong>en</strong>t-l’École (79) 23 novembre // St-Gelais(79) 24 novembre // Chef-Boutonne (79) 26 novembre // Secondigny (79) 28novembre // Thouars (79) 29 novembre // Cerizay (79) 1 er décembre // Calais (62)20 et 21 décembre et du 7 au 9 janvier // Ligue de l’Enseignem<strong>en</strong>t des <strong>La</strong>ndes(40) 13 et 15 janvier // Colomiers (31) 17 et 18 janvier // Ligue de l’Enseignem<strong>en</strong>tdu Jura (88) du 23 au 31 janvier // Paray-le-Monial (71) 7 février // Chauffailles (71)8 février // Terrasson-Villedieu (24) 14 mars // Marciac (32) 18 mars // Fumel (47) 21et 22 mars // Vill<strong>en</strong>euve-sur-Lot (47) 28 et 29 mars // Marmande (47) 1 er avril //Ag<strong>en</strong> (47) 4 avril // Nérac (47) 6 et 7 avril // Saint-Astier (24) 8 avril // Ajaccio (20) 17avril // Vernon (27) 13 et 14 mai // Resson-sur-Matz (60) 20 mai // Saint-Just-<strong>en</strong>-Chaussée(60) 22 maicréationdirection Arnaud Meunierwww.lacomedie.fr billetterie : 04 77 25 14 14Chapitres de la chuteSaga des Lehman BrothersStefano Massini / Arnaud Meuniercréation le 8 octobre 2013 / <strong>La</strong> Comédie de Saint-Éti<strong>en</strong>ne<strong>en</strong> tournée × 2013-2014du 8 au 17 octobre 2013 – <strong>La</strong> Comédie de Saint-Éti<strong>en</strong>ne / du 7 au 30 novembre 2013 – Théâtredu Rond-Point - Paris / 3 et 4 décembre 2013 – Les Théâtres de la Ville de Luxembourg / 10 et 11janvier 2014 – Comédie de Ca<strong>en</strong> / 14 janvier 2014 – Le Forum du Blanc-Mesnil / 17 et 18 janvier2014 – Théâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>- Yvelines / 29 et 30 janvier 2014 – <strong>La</strong> Comédie de Val<strong>en</strong>ce / du5 au 8 février 2014 – Théâtre Dijon Bourgogne / du 11 au 15 février 2014 – Célestins, Théâtre deLyon / 20 et 21 février 2014 – Théâtre national de NiceRégion / Scène nationale d’évreux-Louviersécriture et mes Gilles DefacqueSoirée de gala(foreverand ever)Gilles Defacque rassemble une troupe decomédi<strong>en</strong>s, de circassi<strong>en</strong>s et de musici<strong>en</strong>spour un nouvel opus de son cirque intime.Gilles Defacque a réuni une belle troupe pour saSoirée de gala.Les abs<strong>en</strong>ts bruiss<strong>en</strong>t étrangem<strong>en</strong>t ce soir,dans ce music hall accroché au bord de lamer. <strong>La</strong> guerre a fini par s’éteindre, abandonnantsur la grève du souv<strong>en</strong>ir les mauxbrûlés et les ombres inquiètes. C’est unesoirée de gala <strong>en</strong> l’honneur des disparus.Cœurs perdus, g<strong>en</strong>s de peu, gueules cas-© Bruno DewaeleAprès un lancem<strong>en</strong>t de saison festif et foisonnantdans et hors les murs du C<strong>en</strong>tre JeanHoudremont, place à un spectacle à consomséeset exc<strong>en</strong>triques se retrouv<strong>en</strong>t le tempsd’une nuit, pour partager, dans l’excitationdes r<strong>en</strong>contres, l’extraordinaire bonheurd’être <strong>en</strong>semble et d’exister. Et les femmesmèn<strong>en</strong>t la danse ! Pour cette Soirée de gala(forever and ever), Gilles Defacque retrouvel’équipe de Mignon palace, qui fit son succèsces dernières années. Clown comédi<strong>en</strong>et inversem<strong>en</strong>t, il fouille dans ses mallesdes images à lui, du monde de son <strong>en</strong>fance,qu’il colle sur l’actualité pour composer undrôle de poème, où hier embrasse demain.Avec une bande d’acteurs et de circassi<strong>en</strong>s,qui taill<strong>en</strong>t leurs personnages à même lapeau, et l’Orchestre de Tire-<strong>La</strong>ine m<strong>en</strong>é parArnaud Van <strong>La</strong>ncker, Gilles Defacque propose« un cirque halluciné, t<strong>en</strong>dre et désespéréà la fois »…Gw. DavidScène nationale d’Evreux-Louviers / Le Cadran,bd. de Normandie, 27000 Evreux.Le 15 octobre 2013, à 20h30. Tél. 02 32 78 85 25.Puis <strong>en</strong> tournée, notamm<strong>en</strong>t : du 27 aunovembre 2013, à Noyelles Godault,le 3 décembre, au C<strong>en</strong>tre Culturel André Malraux(Hazebrouck), du 11 au 13 décembre, au Manège(Maubeuge), du 17 au 18 décembre au Phénix(Val<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>nes), du 21 au 29 décembre, auThéâtre du Nord (Lille), les 13 et 14 mars 2014,au Cirque Jules Verne (Ami<strong>en</strong>s), du 1 er au 4 avril2014, à <strong>La</strong> Comédie de Béthune…VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Sylvain BocquetC<strong>en</strong>tre culturel Jean Houdremontde et avec FellagPetits Chocsdes civilisationsL’auteur et comédi<strong>en</strong> Fellag interprète avecune intellig<strong>en</strong>ce percutante, savoureuse etjoyeuse le fameux choc des civilisations.Fellag <strong>en</strong>tre couscous et politique.mer sans modération. Petits Chocs des civilisationsde Fellag combine finesse du trait etrichesse du verbe, et ce one-man-show virevoltantinterprète avec une intellig<strong>en</strong>ce percutanteet joyeuse le fameux choc des civilisations.Point de départ : la lecture d’un sondaged’opinion qui affirme que le plat préféré desFrançais est… le couscous. Une déclarationnourrie d’odeurs et de saveurs délectables,qui ouvre grand le débat au lieu de le réduire !Fellag, qui énonce si bi<strong>en</strong> son amour pour « lesdeux mamelles de ma mère Patrie », la Franceet l’Algérie, a forcém<strong>en</strong>t son mot à dire sur dessujets labellisés comme s<strong>en</strong>sibles, tels que laplace de l’Islam <strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>t, les relations <strong>en</strong>trela France et le Maghreb, ou <strong>en</strong>tre le Sud et leNord. A l’heure où de souv<strong>en</strong>t fallacieux débatssur la laïcité et l’id<strong>en</strong>tité nationale cristallis<strong>en</strong>tcertains étiquetages hâtifs, Fellag jouesur « les peurs, les méfiances et les clichés queles uns et les autres s’inv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pour se protéger…des uns et des autres ». Il désamorce lesmal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus, souligne les paradoxes, et mêleau politique une savoureuse dose de burlesqueet d’absurde, avec une touche poétique quidéfinit l’id<strong>en</strong>tité des hommes avec profondeuret t<strong>en</strong>dresse. A. SantiC<strong>en</strong>tre culturel Jean Houdremont,11 av. du Général-Leclerc, 93120 <strong>La</strong> Courneuve.Le 5 novembre à 20h30. Tél. 01 49 92 61 61.Ecrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.fr<strong>La</strong> Nuit des roisShakespeare / LipszycVerneuil-sur-Avre (27) 1 er mars // Bures-sur-Yvette (91) 22 mars // Yzeure (03) 18avril // Calais (62) 24 avrilcréationà v<strong>en</strong>ir<strong>La</strong> LeçonIonesco / Schiaretticréation0 1 5 5 8 9 1 2 5 0w w w . t r e t e a u x d e f r a n c e . c o mcal<strong>en</strong>drier établi au 19/09/2013


30 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 31Photo : Marta Ankiersztejnprés<strong>en</strong>teDu 7 au 18 Octobre 2013Mise <strong>en</strong> scène Marjorie NakacheAvec Jamila Aznague, Adèle Liners, Sonja Mazouz, Marjorie Nakacheavec le souti<strong>en</strong> de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Ile de France Ministère de la Culture et de la CommunicationArrasde Molière, Marivaux, Racine,Gozzi, Musset, Courteline, FeydeauRéservations : 01 48 23 06 61Navette A/R : TANDEMREQUIEMACHINEMARTA GÓRNICKA24 OCTOBRE 20:00www.tandem-arrasdouai.euDouaiÉtablissem<strong>en</strong>ts subv<strong>en</strong>tionnés par la Ville d’Arras, la Ville de Douai,le Ministère de la Culture et de la communication, le Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais,le Conseil général du Nord et le Conseil général du Pas-de-Calais.Le Vingtième Théâtretexte et mes Milka AssafLes Démineuses<strong>La</strong> réalisatrice franco-libanaise Milka Assafmet <strong>en</strong> scène sa première pièce au VingtièmeThéâtre. Un texte librem<strong>en</strong>t inspiré de la vied’une équipe de femmes ayant participé audéminage du Sud Liban.L’auteure et metteure <strong>en</strong> scène Milka Assaf.Les Démineuses aurait dû être un film docum<strong>en</strong>taire.Refusée par toutes les chaînes detélévision françaises, cette histoire « de femmesdu Sud du Liban ayant choisi de s’<strong>en</strong>gagerdans le déminage du million de mines antipersonnellarguées par les Israéli<strong>en</strong>s <strong>en</strong> 2006 »est finalem<strong>en</strong>t née au théâtre (obt<strong>en</strong>ant, aupassage, l’Aide à la création du C<strong>en</strong>tre nationaldu théâtre et le Prix Claude Santelli attribuépar l’Association Beaumarchais – SACD).« D’un courage et d’un sang-froid impressionnants,ces femmes extraordinaires, <strong>en</strong> majoritéchiites, m’ont ouvert leur cœur et m’ont parlésans tabou des motivations qui les avai<strong>en</strong>tpoussées à faire un métier aussi périlleux »,confie Milka Assaf. Partant de ces confessions,l’auteure et metteure <strong>en</strong> scène a conçuune pièce <strong>en</strong>tre humour et gravité. Une pièce àsix personnages, qui plonge ses racines dansle réel pour mieux nous faire voyager sur leschemins de la fiction. M. Piolat SoleymatLe Vingtième Théâtre, 7 rue des Platrières,75020 Paris. Du 23 octobre au 23 novembre 2013.Du mercredi au samedi à 21h30, le dimancheà 17h30, le v<strong>en</strong>dredi 8 novembre à 14h30.Tél. 01 43 66 01 13.Théâtre du Petit Hébertotde John Patrick Shanley / mes Robert BouvierDouteRobert Bouvier met <strong>en</strong> scène l’angoissantespirale imaginée par John Patrick Shanleyautour des affres de la rumeur et de la suspicion.Une pièce qui cherche la lumière aucœur des ténèbres.Josiane Stoléru <strong>en</strong> directrice soupçonneuse dansDoute.Sur quoi Sœur Aloysius fonde-t-elle ses soupçons? Ri<strong>en</strong> de tangible dans l’attitude du PèreFlynn qui permettrait de prouver ce dont onl’accuse, mais la rumeur va bon train, car elleest comme les plumes d’un oreiller disperséesau v<strong>en</strong>t : impossible à rattraper. Reprochant àSœur James son trop grand <strong>en</strong>thousiasme à<strong>en</strong>seigner, et voyant d’un mauvais œil l’amitiénaissante <strong>en</strong>tre le Père Flynn et un de ses jeunesélèves, Sœur Aloysius instille le v<strong>en</strong>in de lasuspicion au sein de l’école catholique qu’elledirige. Robert Bouvier met <strong>en</strong> scène ce huis clostempétueux où « la vérité semble impossible àsaisir, les préjugés et les certitudes bascul<strong>en</strong>t,© D. R.© David Marchonrejoignez-nous sur facebookl’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t subit de nombreuses métamorphoses». Davantage qu’une critique de l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>treligieux, la pièce montre, d’après lemetteur <strong>en</strong> scène, combi<strong>en</strong> « il est dangereux devouloir assurer son autorité par des règles tropstrictes, basées sur l’intolérance et la peur duchangem<strong>en</strong>t ». Interprétant lui-même la pièce<strong>en</strong> compagnie d’Emilie Chesnais, Elphie Pambuet Josiane Stoléru, Robert Bouvier ausculte avecprécision les affres de la bêtise fanatique et descrispations dogmatiques.C. RobertThéâtre du Petit Hébertot, 78 bis bd. desBatignolles. 75017 Paris. Du 10 octobre 2013au 4 janvier 2014. Du mardi au samedi à 21h ;matinée le samedi à 17h. Tél. 01 42 93 13 04.Théâtre de Bellevillede Dostoïevski / mes <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce AndreiniL’IdiotAdaptation du roman de Dostoïevski, avec unetraduction r<strong>en</strong>ouvelée pour l’occasion, L’Idiot,mis <strong>en</strong> scène par <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Andreini, s’<strong>en</strong>foncedans la cruauté de la fin d’un monde.Romain Cottard joue l’Idiot.<strong>La</strong> bonté du Prince Mychkine est telle qu’onla pr<strong>en</strong>d souv<strong>en</strong>t pour de l’idiotie. De retourde Suisse, dans la bonne société russe quile surnommera vite l’idiot, ce jeune hommeépileptique t<strong>en</strong>te de sauver d’elle-même cettesociété décad<strong>en</strong>te qui l’emportera dans sachute. <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Andreini a demandé à SergueïVladimirov, collaborateur d’Anatoli Vassiliev,une nouvelle traduction du roman deDostoïevski. De son adaptation naît une partitionpour six acteurs où l’action avance parsauts, sur un mode cinématographique, pourrelater cette t<strong>en</strong>tative désespérée de sauverle monde et les hommes.E. DemeyThéâtre de Belleville, 94 rue du Faubourgdu Temple. 75011 Paris. Du 15 octobre au24 novembre, mardi au samedi à 21h15,dimanche à 17h. Tél. 01 48 06 72 34.Scène nationale de Sénartde William Shakespeare / mes Patrick PineauLe Conte d’hiverPatrick Pineau met <strong>en</strong> scène Le Conte d’hiver,trouvant dans la bande de comédi<strong>en</strong>s aveclesquels il travaille d’habitude, les interprètesidéaux de cette douloureuse et cruellehistoire de jalousie et d’exil.Entre Léonte roi de Sicile et Polixène roi deBohême, l’amitié est si grande que le premierest prêt à tout pour ret<strong>en</strong>ir le second auprèsde lui. Il charge sa femme, la pure et honorableHermione, d’insister pour que le roi deBohême ne quitte pas la cour de Sicile. Maisles diplomatiques caresses de la reine fontnaître une jalousie féroce dans l’esprit deLéonte le dém<strong>en</strong>t. Accusant la vertu, provoquantl’exil et la mort de ceux qui l’aim<strong>en</strong>t, lecœur glacé du roi devra att<strong>en</strong>dre seize longuesannées avant que le pardon ne vi<strong>en</strong>nerécomp<strong>en</strong>ser son remords. « C’est une histoiretrès douloureuse et très douce. Douleur, douceur,les deux à la fois… Très mystérieuse. Ellepose beaucoup de questions qui résonn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>moi. Je ne prét<strong>en</strong>ds pas y répondre, mais je© Philippe Sébert© Thomas AurinFestival Automne<strong>en</strong> Normandievoudrais bi<strong>en</strong> les approcher. Et qu’<strong>en</strong>semble,on puisse un peu les toucher du doigt », ditPatrick Pineau.C. RobertScène nationale de Sénart, <strong>La</strong> Coupole, rueJean-François-Millet, 77380 Combs-la-Ville.Du 5 au 9 novembre 2013. Mardi et v<strong>en</strong>dredi à20h30 ; mercredi et jeudi à 19h30 ; samedi à 18h.Tél. 01 60 34 53 60. Puis, du 13 novembreau 1 er avril 2014, tournée <strong>en</strong> France.Scène nationale de SénartCirque InextremisteExtrêmitésQuand trois hommes découvr<strong>en</strong>t les lois del’équilibre solidaire…. Explosif !De vieilles bouteilles de gaz, quelques planchesde bois, un fauteuil roulant, et puis trois hommesqui cherch<strong>en</strong>t inlassablem<strong>en</strong>t l’équilibrequand le monde branloche al<strong>en</strong>tour. Ainsi va lavie, <strong>en</strong>tre défis ins<strong>en</strong>sés, prouesses dérisoires,périls extrêmes, situations désopilantes et solidaritésnécessaires. Car qu’un seul chancelle…et tout s’effondre ! Avec Extrêmités, sa deuxièmecréation, le Cirque Inextremiste compose unebelle allégorie des relations humaines dansune époque heurtée par la précarité. « A traversnotre recherche, qui concrètem<strong>en</strong>t s’est situéeà 2 mètres de hauteur, <strong>en</strong> équilibre précaire surune planche <strong>en</strong> frêne, elle-même posée sur deuxbouteilles de gaz empilées, nous avons découvertun certain amour inconditionnel créé parces instants prés<strong>en</strong>ts où chacun de nos pas étaitlié au pas d’un autre, expliqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> chœur YannEcauvre, Sylvain Briani-Colin et Rémi Lecocq.« L’<strong>en</strong>jeu est assez clair : essayer de créer unéquilibre humain sur des objets régis par la loide l’apesanteur et que nous sommes obligésd’apprivoiser tant bi<strong>en</strong> que mal pour la surviede nos têtes. » Au final, ces trois-là donn<strong>en</strong>t unesacrée leçon de vie !Gw. David<strong>La</strong> Coupole-Scène nationale de Sénart,rue Jean-François-Millet, 77385 Combs-la-Ville.Le 15 octobre 2013, à 20h30, les 16 et 17 octobreà 19h30. Tél. 01 60 34 53 60.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frGros planLe festival Automne <strong>en</strong> Normandie s’apprête à ouvrir sa huitième édition.Du 12 novembre au 7 décembre, une quarantaine de compagnies – dethéâtre, de musique, de danse – pr<strong>en</strong>dront ainsi part à une programmationorganisée autour de la thématique « Masculin / Féminin ».Plus de 40 compagnies, issues des 5 contin<strong>en</strong>ts.62 représ<strong>en</strong>tations dans près de 30lieux. Des premières mondiales, europé<strong>en</strong>neset françaises (près de 60 % de la programmationest tournée vers l’international).<strong>La</strong> huitième édition du festival Automne <strong>en</strong>Normandie poursuit le chemin r<strong>en</strong>du possiblepar la coopération du départem<strong>en</strong>t del’Eure, de celui de la Seine-Maritime et dela région Haute-Normandie. Un chemin quisouhaite « proposer à chacun dans la région[Haute-Normandie], et au-delà, une offreculturelle diverse et de qualité afin de permettreà tous la découverte de nouveaux horizonsartistiques et le partage des richessesde la création contemporaine ». Cette année,ces horizons et ces richesses réuniss<strong>en</strong>t despropositions répondant au thème « Masculin/ Féminin ». « Le g<strong>en</strong>re humain, expliqueRobert <strong>La</strong>combe, directeur du festival, c’està la fois une unité et une dualité, celle del’homme et de la femme, qui est la premièreNora ou une maison de poupée, prés<strong>en</strong>tépar le metteur <strong>en</strong> scène Herbert Fritsch au festivalAutomne <strong>en</strong> Normandie.© Jean-Pierre Estournetet la plus immédiate expéri<strong>en</strong>ce de l’altérité.Dans toute civilisation, cette altérité est unehiérarchie, naturelle et instituée, explicite etimplicite, qui, du biologique au culturel et aureligieux, structure le vivre <strong>en</strong>semble. »Explorer la complexité des rapports<strong>en</strong>tre les sexes« Les représ<strong>en</strong>tations du sexe, du g<strong>en</strong>re et de lasexualité, poursuit-il, seront interrogées dansla réinterprétation d’œuvres classiques aussibi<strong>en</strong> que dans des productions plus contemporaines,parfois dérangeantes. » Ainsi, pourle théâtre, une Mademoiselle Julie mise <strong>en</strong>scène, <strong>en</strong> russe, par l’Allemand Thomas Ostermeier,In the Pony Palace / Football de l’AméricaineTina Satter, Le Tourbillon de l’amourdu Japonais Daisuke Miura, Flesh/Trash duFrançais Pierre Maillet, Nora ou une maisonde poupée de l’Allemand Herbert Fritsch,Yerma de l’Espagnol (vivant <strong>en</strong> France) DanielSan Pedro… Jordi Savall, l’Ensemble orchestralcontemporain, les pianistes MichaëlLevinas et Jean-Luc Plouvier, Phia Ménard,Ivo Dimchev, Gisèle Vi<strong>en</strong>ne, Sasha Waltz, leschorégraphes berlinois Angela Schubot etJared Gradinger…, pour la musique et pour ladanse. Voilà donc quelques-uns des spectacleset des créateurs qui, cette saison, participerontà ce r<strong>en</strong>dez-vous annuel des arts dela scène. Des spectacles et des créateurs quinous permett<strong>en</strong>t de ré<strong>en</strong>visager la complexitédes rapports <strong>en</strong>tre les sexes.Manuel Piolat SoleymatFestival Automne <strong>en</strong> Normandie,3 rue Adolphe-Chéruel, 76000 Rou<strong>en</strong>.Du 12 novembre au 7 décembre 2013.Tél. 02 32 10 87 07.www.automne-<strong>en</strong>-normandie.comRejoignez-nous sur FacebookAinsi va la vie, <strong>en</strong> équilibre précaire…comédie poitou-char<strong>en</strong>tes› créations saison 13.14l’annonce faite à marie de Paul Claudelmise <strong>en</strong> scène Yves Beaunesnecréation mars 2014goldoni de <strong>La</strong>ure Bonnetmise <strong>en</strong> scène Thomas Condeminecréation mai 2014› répertoireroméo et juliette de William Shakespearemise <strong>en</strong> scène Yves Beaunesneà la vie ! texte et mise <strong>en</strong> scène <strong>La</strong>ure Bonnetl’interv<strong>en</strong>tion de Victor Hugomise <strong>en</strong> scène Yves Beaunesneoedipapa ou comm<strong>en</strong>t porter lescrimes de ses pères de <strong>La</strong>ure Bonnetmise <strong>en</strong> scène Dami<strong>en</strong> Caille-Perretla Comédie Poitou-Char<strong>en</strong>tes est sout<strong>en</strong>ue par la DRAC Poitou-Char<strong>en</strong>tes, laRégion Poitou-Char<strong>en</strong>tes et la ville de Poitierscomédie poitou-char<strong>en</strong>tesc<strong>en</strong>tre dramatique nationaldirection Yves Beaunesne66 boulevard Pont Achard86000 Poitierstél 05 49 41 43 90email comedie@comedie-pc.frwww.comedie-pc.frsaison2o13.14c<strong>en</strong>tredramatiqu<strong>en</strong>ationaldirectionYvesBeaunesnecomedie-pc.fr o5 49 41 43 9o


32 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrasserégion / Espace des Arts de Chalon-sur-Saôned’Eugène O’Neill / mes Jean-Yves RufHughieJean-Yves Ruf crée Hughie,d’Eugène O’Neill, à l’Espace desArts de Chalon-sur-Saône. Surscène, les comédi<strong>en</strong>s Gilles Coh<strong>en</strong>et Jacques Tresse donn<strong>en</strong>t corps àce face-à-face sur la solitude et ladésespérance.C’est le directeur de l’Espace des Arts de Chalon-sur-Saône,Philippe Buquet, qui a fait ser<strong>en</strong>contrer Jean-Yves Ruf et le comédi<strong>en</strong> GillesCoh<strong>en</strong>. Ce dernier cherchait un metteur <strong>en</strong> scènepour créer Hughie, pièce à deux personnages dudramaturge américain Eugène O’Neill (1888-1953). Une pièce courte, au sein de laquelle unhomme (Erié) s’épanche auprès du gardi<strong>en</strong> del’hôtel miteux dans lequel il vit, dans le quartierde West Side à New York, à la fin des années1920. Il lui parle de son ami Hughie, l’anci<strong>en</strong>gardi<strong>en</strong> de l’hôtel qui vi<strong>en</strong>t de mourir.Le besoin de m<strong>en</strong>tir pour ne pas s’écrouler…Il lui fait des confid<strong>en</strong>ces, se met peu à peu à secomporter avec lui comme il le faisait avec sonami disparu… « C’est d’une grande simplicité etd’une grande force, explique le metteur <strong>en</strong> scèneJean-Yves Ruf. Ce texte est <strong>en</strong> même temps extrêmem<strong>en</strong>tconcret, contemporain, et absolum<strong>en</strong>tintemporel. Il se referme sur lui-même commeune fable, un mythe, et il ouvre notre écoute surThéâtre du Rond-Pointd’après le film de Pierre Koralnik /mes Emmanuel DaumasAnna-théâtremusical popCécile de France repr<strong>en</strong>d le rôle d’AnnaKarina dans une adaptation théâtrale d’Anna,téléfilm culte de Pierre Koralnik. Un spectacle<strong>en</strong>tre concert et performance, sur le grandplateau du Théâtre du Rond-Point.Cécile de France dans Anna.C’est l’un des téléfilms emblématiques dela fin des années 1960. Écrit et réalisé parPierre Koralnik, sur des chansons de SergeGainsbourg, Anna reste attaché à l’un destitres phare de sa bande originale : Sous lesoleil exactem<strong>en</strong>t. Aujourd’hui, sur la scènedu Théâtre du Rond-Point, c’est Cécile deFrance qui interprète le rôle que t<strong>en</strong>ait AnnaKarina à l’écran. Sous la direction d’EmmanuelDaumas, la comédi<strong>en</strong>ne est au c<strong>en</strong>trede cette histoire d’amour qui se donne, danscette nouvelle version, des airs de concert etde performance. Projections vidéo de dessins,d’images, de films d’animation ; incrustations,reflets, miroirs sans tain… : le metteur <strong>en</strong> scènea souhaité « aller loin dans le faux-semblant etle trompe-l’œil ». En s’attachant à brouiller lespistes de la narration, il a cherché à représ<strong>en</strong>ter– avec son groupe d’acteurs, de musici<strong>en</strong>s,de plastici<strong>en</strong>s – « une Anna contemporaine, <strong>en</strong>direct, pour nous ». M. Piolat SoleymatThéâtre du Rond-Point, Salle R<strong>en</strong>aud-Barrault,2 bis av. Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris.© Giovanni Cittadini CesiLe metteur <strong>en</strong> scène Jean-Yves Ruf.rejoignez-nous sur facebookGros planun champ profondém<strong>en</strong>t humain : la solitude, lebesoin de m<strong>en</strong>tir pour ne pas s’écrouler, pour garderun tant soit peu l’estime d’un autre, donc desoi-même. » Incarnés par Gilles Coh<strong>en</strong> (Erié) etJacques Tresse (le Gardi<strong>en</strong>), les deux personnagesde Hughie s’avanc<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> duo, sur le chemindes illusions et des errem<strong>en</strong>ts humains.Manuel Piolat SoleymatEspace des Arts-Scène nationale de Chalonsur-Saône,5 bis av. Nicéphore-Niépce,71100 Chalon-sur-Saône. Du 15 au 19 octobre2013 à 20h. Durée de la représ<strong>en</strong>tation : 1h.Tél. 03 85 42 52 12.Égalem<strong>en</strong>t du 19 au 20 novembre 2013 auThéâtre de la R<strong>en</strong>aissance d’Oullins, du 26 au30 novembre, au Théâtre Dijon-Bourgogne et du4 au 22 décembre au Théâtre Vidy-<strong>La</strong>usanne.Rejoignez-nous sur FacebookDu 5 septembre au 6 octobre 2013. Du mardiau samedi à 21h, le dimanche à 18h30.Durée : 1h40. Tél. 01 44 95 98 21.Spectacle créé aux Nuits de Fourvière à Lyon.Théâtre ouvertD’après Jean-Luc <strong>La</strong>garce / mes FrançoisBerreurJean-Luc<strong>La</strong>garce : de fil<strong>en</strong> aiguilleJean-Luc <strong>La</strong>garce : de fil <strong>en</strong> aiguille propose<strong>en</strong> alternance deux pièces autour de la figurede Jean-Luc <strong>La</strong>garce, imaginées par son compagnonde route François Berreur.<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Poitr<strong>en</strong>aux incarne Jean-Luc <strong>La</strong>garce.D’un côté, Ebauche d’un portrait s’appuie sur cejournal que <strong>La</strong>garce t<strong>en</strong>ait quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t,corrigeait et recopiait, consignant ses doutessur l’écriture, sur son av<strong>en</strong>ture théâtrale, et salutte contre la maladie. De l’autre, le dialogue<strong>en</strong>tre l’écrivain et Micheline et Luci<strong>en</strong> Attoun -qui dirig<strong>en</strong>t Théâtre ouvert - alim<strong>en</strong>te la matièrede Correspondances et Entreti<strong>en</strong>s avec « Attoun& Attounette ». Pour ces deux pièces, collage etmise <strong>en</strong> scène de François Berreur, qui fut letrès proche collaborateur artistique de Jean-Luc <strong>La</strong>garce, et <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Poitr<strong>en</strong>aux <strong>en</strong> scènepour lever le voile sur la vie à la fois intime etpublique du grand dramaturge. E. DemeyThéâtre ouvert, 4 bis cité Véron, 75018 Paris.Du 9 au 31 octobre. Tél. 01 42 55 55 50.© B<strong>en</strong>jamin Chelly© Christophe Raynaud de <strong>La</strong>geDANSE – Création 2013 / Du 11 au 13 octobreiTMOi (in the mind of igor)d’après Le Sacre du printemps de StravinskyAkram Khan CompanyTHÉÂTRE – Création 2013 / Du 17 au 20 octobreAzimutConception, scénographie et mise <strong>en</strong> scène :Auréli<strong>en</strong> BoryJAZZ / Les 18 et 19 octobreMoutin Factory QuintetNouvel album / Lucky peopleTHÉÂTRE – Première <strong>en</strong> Île-de-France / Du 8 au 24 nov.Une saison au Congod’Aimé CésaireMise <strong>en</strong> scène : Christian Schiaretti /TNP VilleurbanneJAZZ / Les 22 et 23 novembreWanderer SeptetUne création musicale d’Yves Rousseauautour de l’œuvre de Franz SchubertDANSE / Les 29 et 30 novembreBoxe BoxeDirection artistique et chorégraphie : Mourad MerzoukiCCN de Créteil et du Val-de-Marne /Compagnie KäfigTHÉÂTRE – Coproduction / Du 4 au 15 décembreCyrano de Bergeracd’Edmond RostandMise <strong>en</strong> scène : Georges <strong>La</strong>vaudantJAZZ / Le 18 décembreEric LegniniNouvel album / Sing Twice !THÉÂTRE / Du 10 au 22 janvierH<strong>en</strong>ry VI cycle 1de William ShakespeareMise <strong>en</strong> scène et scénographie : Thomas Jolly /Cie <strong>La</strong> Piccola FamiliaJAZZ / Le 24 janvierBaptiste Trotignon sextetNouvel album / Song Song SongDANSE / Du 30 janvier au 1 er févrierLux / GloryBallet du Grand Théâtre de G<strong>en</strong>èveLux Chorégraphie : K<strong>en</strong> OssolaGlory Chorégraphie et scénographie : AndonisFoniadakisMUSIQUE – Création – Résid<strong>en</strong>ce aux GémeauxDu 7 au 9 févrierMesse <strong>en</strong> si mineurde Jean-Sébasti<strong>en</strong> Bach<strong>La</strong> Chapelle Rhénane / direction : B<strong>en</strong>oît HallerJAZZ / Le 13 févrierJean-Jacques Milteau sextetNouvel album / ConsidérationTHÉÂTRE – Création <strong>en</strong> France / Du 4 au 9 marsPour la première fois <strong>en</strong> France, le Studio 7 du Théâtre d’Art de Moscou dirigé par KirillSerebr<strong>en</strong>nikov, est invité par le Théâtre National de Chaillot et Les Gémeaux / Sceaux / ScèneNationale, avec trois productionsHamletde William ShakespeareMise <strong>en</strong> scène : David BobéeJAZZ – Émerg<strong>en</strong>ce / Le 7 marsEn collaboration avec le Conseil général des Hauts-de-SeinePremier Prix du Concours« <strong>La</strong> Déf<strong>en</strong>se Jazz Festival » Anne Quillier sextetFLAMENCO/ Du 14 au 16 marsRoza Metal C<strong>en</strong>izaDirection artistique et chorégraphique : Olga PericetJAZZ / Le 21 marsAldo RomanoNouvel album / New BloodTHÉÂTRE – Création <strong>en</strong> France / Du 27 mars au 6 avr.(The little foxes) <strong>La</strong> vipèrede Lillian HellmanMise <strong>en</strong> scène : Thomas Ostermeier /Schaubühne am Lehniner Platz /BerlinMUSIQUE / Le 5 avrilEn collaboration avec la Ville de Bourg-la-Reine dans le cadre des R<strong>en</strong>contres MusicalesLes Années 20 à Paris :le Classique r<strong>en</strong>contre le JazzCINÉ-CONCERT / Le 6 avrilEn collaboration avec la Ville de Bourg-la-Reine dans le cadre des R<strong>en</strong>contres MusicalesLe Mécano de la G<strong>en</strong>eralréalisé par Buster KeatonMusici<strong>en</strong> : Jacques Cambra, au piano(compagnie Fos’Note)JAZZ / Le 13 maiCécile McLorin Salvant / USANouvel album / Woman childLes R<strong>en</strong>dez-VousChorégraphiques de SceauxDANSE – Création 2013 / Les 29 et 30 avrilThe RootsDirection artistique et chorégraphie :Kader Attou /CCN de <strong>La</strong> RochelleDANSE – Création – Coproduction / Les 6 et 7 maiL’Oiseau de feuChorégraphie : Davy Brun / Ando Danse CompagnieDANSE / Du 16 au 18 maiUmusunaMémoires d’avant l’HistoireSankai JukuDANSE / Du 22 au 25 maiC<strong>en</strong>drillonBallet d’après le conte de PerraultBallet de l’Opéra National de Lyon /Chorégraphie et mise <strong>en</strong> scène : Maguy MarinConception graphique Atelier Michel Bouvet / Adaptation, réalisation Marine Saunier / Atelier Michel Bouvet.


34 Focus / les gémeaux, scène nationale de sceaux / saison 2013/2014 octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 / Focus 35<strong>La</strong> création contemporainemêle exig<strong>en</strong>ce et poésieScène emblématique de la création contemporaine, grâce à des li<strong>en</strong>s privilégiés etdes compagnonnages exceptionnels tissés avec de grands artistes, Les Gémeaux nousont fait découvrir au fil des saisons des œuvres d’une rare puissance dramatique.Cette année <strong>en</strong>core, pour un public toujours nombreux et fidèle, Françoise Letellierpropose une programmation de haut vol, par des créateurs qui questionn<strong>en</strong>t le monde,aiguis<strong>en</strong>t la p<strong>en</strong>sée et le regard, et mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> forme avec audace et sincérité leurgeste poétique et politique.théâtre<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> e Françoise LetellierS’inscrire dansle temps <strong>en</strong>tre fidélitéet découverteCette saison fait événem<strong>en</strong>t. Elle fête le vingtième anniversaire de lareconstruction de ce théâtre des Gémeaux dont Françoise Letellier a étéle maître d’œuvre.H<strong>en</strong>ri VIde Shakespeare / mes thomas JollyQuels sont les grands axes de cette saison ?Françoise Letellier : <strong>La</strong> fidélité et la découverte.Ces deux maîtres mots ont toujoursinspiré mes programmations, conjugués ànotre vocation de Scène Nationale, qui estde favoriser et sout<strong>en</strong>ir la création <strong>en</strong> jouantla carte de la pluridisciplinarité artistique.Cette saison 2013/2014, celle du vingtièmeanniversaire de la reconstruction du théâtre,<strong>en</strong> témoigne peut-être plus qu’une autre<strong>en</strong>core. Au regard de ces circonstances particulières,et, plus largem<strong>en</strong>t, pour porterhaut les exigeantes valeurs de l’exceptionculturelle pour tous que je déf<strong>en</strong>ds ardemm<strong>en</strong>t,il m’a semblé opportun de mettre <strong>en</strong>lumière ces deux traits qui font la signaturedes Gémeaux depuis que j’<strong>en</strong> ai la charge.Sur cet axe, j’ai eu la chance de voir se pré-Entreti<strong>en</strong> e Thomas JollyUne saga dramatiquehors normeLe jeune et <strong>en</strong>thousiasmant directeur de la compagnie <strong>La</strong> PiccolaFamilia, Thomas Jolly, ose un geste théâtral unique : rassembler cestrois pièces où Shakespeare retrace, <strong>en</strong> quelques dix mille vers, unequinzaine d’actes et pas moins de c<strong>en</strong>t cinquante personnages, le destinstupéfiant de cet <strong>en</strong>fant proclamé roi d’Angleterre au berceau, H<strong>en</strong>ri VI.Son ambition est tout <strong>en</strong>tière portée par le désir d’exalter la puissancepopulaire de l’art dramatique <strong>en</strong> réveillant son auth<strong>en</strong>tique force defrappe, celle d’un art né dans la cité pour la cité.Comm<strong>en</strong>t est né le projet de mettre <strong>en</strong> scènecette œuvre monum<strong>en</strong>tale ?Thomas Jolly : <strong>La</strong> Piccola Familia existe depuis2006. Elle est une troupe de travail avantd’être une compagnie. Je ne voudrais pasparaître pédant avec cette différ<strong>en</strong>ce affichée.Il y va pour nous – le petit noyau dur, au totalsix acteurs et actrices à l’origine de la troupe– de quelque chose d’ess<strong>en</strong>tiel. Ce sont lesprojets que nous portons et sur lesquels noustravaillons qui nous fond<strong>en</strong>t. Pas l’inverse.Ensemble nous avons monté Arlequin poli parl’amour de Marivaux, Toâ de Sacha Guitry, prixdu public au festival Impati<strong>en</strong>ce au théâtrede l’Odéon <strong>en</strong> 2009, et Piscine (pas d’eau) deMark Rav<strong>en</strong>hill <strong>en</strong> 2011. Trois auteurs, troisunivers, trois spectacles qui ont eu une trèsbelle vie. <strong>La</strong> crainte de dev<strong>en</strong>ir une machine àproduire des spectacles plus ou moins formatés,plus ou moins att<strong>en</strong>dus m’a saisi. L’idéede travailler sur H<strong>en</strong>ri VI est née sur le fond decette remise <strong>en</strong> cause de l’obligation au coupd’éclat perman<strong>en</strong>t, lors de l’été 2009. Un étéde désœuvrem<strong>en</strong>t, de pauvreté et d’<strong>en</strong>nui àRou<strong>en</strong>. <strong>La</strong> Pléïade v<strong>en</strong>ait de rééditer, dans un<strong>en</strong>ouvelle traduction placée sous la directionde Jean-Michel Déprats et Gisèle V<strong>en</strong>et, lesdrames dits « historiques » de William Shakespeare.J’avais déjà travaillé H<strong>en</strong>ri VI auTNB. Je l’ai relu. Je me suis emballé.Françoise Letellier, Directrice de la ScèneNationale des Gémeauxs<strong>en</strong>ter des occasions rares. Je m’<strong>en</strong> suissaisie.Thomas Jolly, Directeur de la compagnie <strong>La</strong> PiccolaFamilia.<strong>La</strong> démesure de ce spectacle fleuve à contrecourantde la majorité des productionsactuelles ne vous a-t-elle pas inquiété ? Surquoi avez-vous pris appui ?T. J : Evidemm<strong>en</strong>t, je me suis trouvé complètem<strong>en</strong>tfou avec cette <strong>en</strong>vie – j’avais 27 ans.C’est peu dire que j’ai eu peur <strong>en</strong> réalisantl’énormité de l’<strong>en</strong>treprise. Et pourtant mondésir était si sincère, si fort, que je ne pouvaisplus faire comme si l’idée ne m’était jamaisv<strong>en</strong>ue. Il fallait que je me lance. Dans le fond,la coïncid<strong>en</strong>ce est manifeste <strong>en</strong>tre ce projetet la conception que j’ai du théâtre. Lieu dep<strong>en</strong>sée, d’éveil, de curiosité, d’épanouissem<strong>en</strong>tde l’intellig<strong>en</strong>ce par les s<strong>en</strong>s, l’émotion,la beauté, la force du langage, il est aussi cetespace où jaillit la création, mu par l’espoir,le temps d’une représ<strong>en</strong>tation, de voir se rassemblertous les publics pour constituer unecommunauté éphémère. Sout<strong>en</strong>u par le Tri-© Olivier Ravoire© D. R.siasmant jeune metteur <strong>en</strong> scène qu’est ThomasJolly, fait événem<strong>en</strong>t. Grâce à lui, nousproposons à nos spectateurs, <strong>en</strong> janvier, devivre une av<strong>en</strong>ture théâtrale hors norme,unique et rare, qui r<strong>en</strong>oue avec l’absolu de lavocation de l’art dramatique. Côté découvertes,nous accueillons aussi <strong>en</strong> mars Hamletde David Bobee avec la fameuse troupe duStudio 7 du Théâtre d’Art de Moscou, composéede jeunes acteurs russes au tal<strong>en</strong>t remarquable.Thomas Ostermeier, directeur de laprestigieuse Schaubühne berlinoise, invité delongue date au théâtre des Gémeaux, est àl’affiche avec une nouvelle création, <strong>La</strong> Vipèrede Lillian Hellman, au printemps. ChristianSchiaretti prés<strong>en</strong>te Une saison au Congod’Aimé Césaire, une merveille, à l’affichedébut novembre. Et Georges <strong>La</strong>vaudant estnotre invité avec ce Cyrano de Bergerac qu<strong>en</strong>ous co-produisons avec la MC 93.Et côté musique et danse ?F. L. : S’inscrire dans la durée et rester ouvert.Même combat d’équilibriste. Avec de magnifiquescoups de cœur. iTMOI d’après le Sacredu Printemps de Stravinsky commandé par le“<strong>La</strong> fidélité et ladécouverte. Ces deuxmaîtres motsont toujours inspirémes programmations.”Françoise LetellierA comm<strong>en</strong>cer par le théâtre, quelles sont cesopportunités ?F. L. : Les cinq pièces au programme cette saison,je le dis sans forfanterie aucune, sonttoutes exceptionnelles. H<strong>en</strong>ri VI de WilliamShakespeare, mis <strong>en</strong> scène par cet <strong>en</strong>thouthéâtreSadler’s Wells de Londres au grand chorégraphecontemporain Akram Khan ouvre lebal. Azimut, cette pièce d’Auréli<strong>en</strong> Bory conçupour le groupe acrobatique de Tanger, est àl’affiche <strong>en</strong> octobre. Boxe Boxe manifeste notreattachem<strong>en</strong>t à Mourad Merzouki et au C<strong>en</strong>treChorégraphique National de Créteil, avec lequelnous avons <strong>en</strong>gagé un part<strong>en</strong>ariat depuis troisans. Sans oublier, bi<strong>en</strong> sûr, les R<strong>en</strong>dez VousChorégraphiques de Sceaux <strong>en</strong> mai. Quant àla programmation musique, elle témoigne d<strong>en</strong>otre confiance r<strong>en</strong>ouvelée à B<strong>en</strong>oît Haller et àla Chapelle Rhénane <strong>en</strong> réservant aussi de trèsbelles surprises côté jazz.Propos recueillis parMarie-Emmanuelle Galfré“Nous avons étéportés parl’<strong>en</strong>thousiasmede nos premiersspectateurs.”Thomas Jollyd<strong>en</strong>t, Scène Nationale de Cherbourg-Octeville,nous avons comm<strong>en</strong>cé à travailler dans l’ombre,comme un exercice d’acteurs, un laboratoireet, petit à petit, ce travail de recherchea pris une ampleur que nous n’aurionspas su anticiper. Nous avons été portés parl’<strong>en</strong>thousiasme de nos premiers spectateurs.Entre janvier 2010 et septembre 2011, sur lestrois représ<strong>en</strong>tations que nous avons données,nous avons affiné nos int<strong>en</strong>tions etdéveloppé notre vocabulaire scénique à vueavec le public. Mon premier part<strong>en</strong>aire, c’estle public. C’est à lui que nous devons d’avoirpu continuer l’av<strong>en</strong>ture. En janvier 2012, nousavons pu créer le premier épisode de ce cycle1 qui sera montré cet hiver aux Gémeaux avecl’épisode 2. Et nous préparons le Cycle 2. Unnouvel Everest.Vous dites : « H<strong>en</strong>ri VI est l’intellig<strong>en</strong>ce quidevra triompher de la bêtise, l’audace quidevra combattre le découragem<strong>en</strong>t, la beautéqui devra terrasser la laideur ». Quels axesde mise <strong>en</strong> scène votre lecture induit-elle ?T. J : Ma posture avec ce spectacle n’estpas différ<strong>en</strong>te de celle qui a toujours été lami<strong>en</strong>ne : je suis là pour réaliser la traduc-Une saison au Congod’Aimé Césaire / mes Christian SchiarettiEnflammem<strong>en</strong>tde la p<strong>en</strong>séeEntreti<strong>en</strong> e Christian SchiarettiEn cette année où la commémoration du c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire d’Aimé Césaire sefait incompréh<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t discrète, Christian Schiaretti met <strong>en</strong> scène laflamboyante Saison au Congo, que le Théâtre des Gémeaux est le seulà accueillir, après sa création au TNP à Villeurbanne.Pourquoi choisir Une saison au Congo ?Christian Schiaretti : Parce que c’est, avec<strong>La</strong> Tragédie du Roi Christophe, la pièce la plusaboutie de Césaire. Les autres œuvres sontrelatives, moins longues, moins diverses, etaffront<strong>en</strong>t moins la matière théâtrale. Surtout,aussi, parce que c’est une pièce politique : peu,dans le répertoire, pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une assembléede ministres pour objet ! Et puis, depuis le discoursde Dakar prononcé par Nicolas Sarkozy<strong>en</strong> 2007, il n’y a pas eu de réponse digne de c<strong>en</strong>om, articulant une même démonstration. OrUne saison au Congo donne un cours d’histoire,voire de géographie. Qui connaît Boula-Matari, le casseur de cailloux ? Qui sait quetel était le surnom de Stanley, qui a coloniséle Congo à la dynamite ? Une saison au Congorelève de l’exercice républicain d’instructionpublique, c’est une réponse active à ce discoursprét<strong>en</strong>dant que les Africains ne sontpas <strong>en</strong>trés dans l’histoire : le véritable problème,c’est que nous-mêmes ne connaissonspas la leur. Cette pièce, par la modélisationdes crises africaines que représ<strong>en</strong>te l’affaireLumumba, est un référ<strong>en</strong>tiel indisp<strong>en</strong>sablepour compr<strong>en</strong>dre la décolonisation.Que raconte la pièce ?C. S. : <strong>La</strong> chute de Lumumba et l’asc<strong>en</strong>sionAzimutconception, scénographie et mes Auréli<strong>en</strong> Bory© D. R.tion scénique de la volonté d’un auteur. Jeme regarde comme celui qui va permettreà l’œuvre d’exister <strong>en</strong> trois dim<strong>en</strong>sions. Jeveille à ne jamais être auteur à la place del’auteur. Il faut déchiffrer et ré-<strong>en</strong>coder <strong>en</strong>3D. Avec H<strong>en</strong>ri VI, c’est un vrai jeu de piste.L’<strong>en</strong>jeu : être dans une lisibilité absolue. Lefoisonnem<strong>en</strong>t des thèmes et des personnages– chaque acteur, <strong>en</strong> tout dix-neuf,<strong>en</strong>dosse plusieurs rôles – oblige à avoirrecours à des conv<strong>en</strong>tions rigoureuses passéesavec le public. Nous ne perdons jamaisde vue qu’un spectateur perdu une minuteest un spectateur perdu à jamais. Les codessont posés pour servir au maximum de nospossibilités l’extraordinaire machineriethéâtrale et le formidable terrain de jeu queShakespeare développe dans cette « saga »politique et poétique, mélangeant hardim<strong>en</strong>tcomédie et tragédie, réalité historique etfiction dramatique. Écrite au xvi e siècle etrelatant quasim<strong>en</strong>t tout le xv e , cette œuvrede Mobutu. Césaire a un regard distancé surLumumba : il n’est pas lumumbiste, au s<strong>en</strong>soù il souti<strong>en</strong>drait une raison qui a eu tort.Lumumba est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t une énergiecourageuse qui fait des erreurs politiques etest écrasé par le s<strong>en</strong>s tactique de Mobutu,sout<strong>en</strong>u par la malignité des Occid<strong>en</strong>taux et latriple coalition du pouvoir financier, du pouvoircolonial et de l’ONU. Lumumba, incapable tactiquem<strong>en</strong>tet poétiquem<strong>en</strong>t sublime, est dansl’élan : il a le dessein de martyr des causes perdues.On retrouve <strong>en</strong> lui la veine politique dePoétique des corpsgros planAuréli<strong>en</strong> Bory signe une nouvelle création avec le groupe acrobatiquede Tanger, qui pratique l’acrobatie comme un art ancestral etcontemporain.C’était <strong>en</strong> 2004, sur une plage de Tanger. Auréli<strong>en</strong>Bory m<strong>en</strong>ait un atelier avec des acrobatesmarocains formés selon la tradition amazighede Sidi Ahmed Ou Moussa, apparue au xvi esiècle. De cette r<strong>en</strong>contre naissait le Groupeacrobatique de Tanger, qui débarquait sur lesscènes du monde avec Taoub comme actefondateur et succès éclatant. Presque dixans plus tard, le metteur <strong>en</strong> scène de cirqueretrouve la troupe et embarque pour une nouvelleav<strong>en</strong>ture. « Azimut vi<strong>en</strong>t du mot arabe« as-samt » qui signifie chemin, direction. Pardérivation, le terme a donné zénith, littéralem<strong>en</strong>tle « chemin au dessus de la tête », ce quir<strong>en</strong>voie à la verticalité de l’acrobatie. Le sautest une t<strong>en</strong>tative de vol qui échoue sans cesseUne pièce pour connaître l’Histoire africaine.et pourtant sans cesse recomm<strong>en</strong>cée. L’azimutévoque aussi l’astronomie car il mesure l’angle<strong>en</strong>tre l’axe vertical des astres et le méridi<strong>en</strong> del’observateur, donc définit une position. Quesignifie être acrobate aujourd’hui au Maroc,dans un contexte social et politique <strong>en</strong> mutation? Quelle route choisir ? Existe-t-il unealternative au rationalisme occid<strong>en</strong>tal et à lareligion ? Toutes ces réflexions préalables ontirrigué la création » raconte-t-il.L’art de l’espacePerformance physique, l’acrobatie porte dessignifications spirituelles et culturelles, parfoiscultuelles, dans les différ<strong>en</strong>tes civilisationsoù elle est pratiquée. Au Maroc, elle se© D. R.donne à voir le l<strong>en</strong>t basculem<strong>en</strong>t d’une époque,l’abandon de valeurs communautairesau profit de la g<strong>en</strong>èse d’un monde individualisé,elle est installée au tournant de notrehistoire. C’est précisém<strong>en</strong>t ce qui m’a faitv<strong>en</strong>ir à elle. Et aussi cette p<strong>en</strong>sée de VictorHugo que je fais mi<strong>en</strong>ne : « Il y a deux façonsde passionner les foules au théâtre : par legrand et par le vrai ».Propos recueillis parMarie-Emmanuelle GalfréCésaire, celle de la négritude et de l’arc t<strong>en</strong>du<strong>en</strong>tre les Africains de l’esclavage et les Africainsd’Afrique. Mais <strong>en</strong> dehors de l’<strong>en</strong>flammem<strong>en</strong>tpolitique, il y a aussi le classicisme d’unelangue très écrite, très t<strong>en</strong>ue, un vers à la foislibre et corseté. Rappelons sa fréqu<strong>en</strong>tationdes surréalistes, et sa capacité à faire surgirdes images flamboyantes percutant la réalitécaribé<strong>en</strong>ne – une sorte de réalisme fantastique,pourrait-on dire –, cette torche surréalistes’alim<strong>en</strong>tant au brasier d’une autre torche,plus claudéli<strong>en</strong>ne, celle de la profusion d’uneproposition maritime, historique, d’un théâtreépique, dont Césaire repr<strong>en</strong>d le flambeau.Quels sont vos choix scéniques ?C. S. : J’ai pris le parti que les rôles des Noirssoi<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>us par des Noirs. Quand Césaire écritpour Serreau, les rôles peuv<strong>en</strong>t être t<strong>en</strong>us pardes Blancs : l’universalité est <strong>en</strong>core possible.Aujourd’hui, je crois que l’Afrique a aussi laresponsabilité de porter haut son Histoire : ilfallait donc une distribution africaine. Pourcela, j’avais quatre options : des Africains belgesd’origine congolaise, des Congolais v<strong>en</strong>antde Paris, le collectif burkinabé B<strong>en</strong>eeré, r<strong>en</strong>contréà Ouagadougou, et une figuration composéeavec des citoy<strong>en</strong>s d’origine africainede Villeurbanne et de Lyon, formant le chœur.Une œuvre empreinte de merveilleux ouverte à de multiples chemins.perpétue grâce à des familles constituées<strong>en</strong> troupes qui se produis<strong>en</strong>t dans des fêtestraditionnelles. Elle désigne d’une part lespyramides humaines, d’origine guerrière, quiservai<strong>en</strong>t autrefois à franchir les murailles,et, d’autre part, toutes les figures qui peuv<strong>en</strong>ts’inscrire dans un cercle, telle que la rouearabe. « Le corps se tord pour dessiner unecourbe et pourrait, théoriquem<strong>en</strong>t, tourner<strong>en</strong> rond à l’infini, comme les derviches. Danscertaines confréries, cette acrobatie est liéeau soufisme. <strong>La</strong> résonance spirituelle a nourriles questionnem<strong>en</strong>ts qui innerv<strong>en</strong>t Azimut »Du v<strong>en</strong>dredi 10 au mercredi 22 janvier.Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h,relâche le jeudi. V<strong>en</strong>dredi 10, mardi 14,v<strong>en</strong>dredi 17 et mardi 21 :épisode 1 (deux spectacles d’1h45 chacun,avec <strong>en</strong>tracte), samedi 11, mercredi 15,samedi 18 et mercredi 22 :épisode 2 (deux spectacles d’1h45 chacun,avec <strong>en</strong>tracte), dimanche 12 et dimanche 19 :intégrale (durée : 8h avec 3 <strong>en</strong>tractes).Je voulais que ce chœur fasse décor, que lescorps ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t lieu d’élém<strong>en</strong>ts scéniques. Aveccette distribution pléthorique, cinq semainesde répétition au lieu des huit initialem<strong>en</strong>t prévues,un budget réduit à ri<strong>en</strong>, puisque nousn’avons pas bénéficié des aides initialem<strong>en</strong>tprévues pour un c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire dont tout le mondese fiche, nous avons t<strong>en</strong>u l’équilibre et créé unspectacle qui réalise ce qui ne s’est jusqu’alorsjamais fait : mettre tr<strong>en</strong>te-deux Noirs, citoy<strong>en</strong>sdu monde, sur un plateau.Dans quelle mesure ce spectacle constituet-ilune étape dans votre travail ?C. S. : Ce que je cherchais dans la déc<strong>en</strong>tralisation,pour des raisons sociales et politiques,loin de la servilité et des honneurs pari-“Une saison au Congorelève de l’exercicerépublicaind’instructionpublique.”Christian Schiarettisi<strong>en</strong>s, je l’ai trouvé avec ce spectacle, dans lapureté originelle d’une collectivité travaillantau bénéfice de l’idée. Dans la rectitude, l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tet le contrat républicains, j’ai vécuun dépassem<strong>en</strong>t qui m’a r<strong>en</strong>du un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tde fraternité, dans une nécessité ress<strong>en</strong>tiepar le public, qu’elle a <strong>en</strong>flammé lui aussi.Dans ce beau texte et cette grande proposition,dans ce théâtre politique sans cintresni dessous, où – et je l’assume contre notreépoque –, on essaie de p<strong>en</strong>ser et non de distraire,il y a, au-dessus de tout, une chose àlaquelle on croit.Propos recueillis par Catherine RobertDu 8 au 24 novembre. Du mercredi au samedià 20h45 ; le dimanche à 17h.poursuit Auréli<strong>en</strong> Bory. Croisant cette traditionacrobatique avec la machinerie duthéâtre baroque, empreint de merveilleux,qui utilise des trucages scéniques pour faireillusion, et pour faire voler les acteurs, Azimutdévoile aussi l’être aux prises avec la machineet ouvre grand l’imaginaire par la poétiquedes corps.Gwénola DavidDu 17 au 20 octobre 2013.Lire aussi notre critique page 22.


36 Focus / les gémeaux, scène nationale de sceaux / saison 2013/2014 octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 Focus 37D’Edmond Rostand / mes Georges <strong>La</strong>vaudantDe Lillian Hellman / mes Thomas Ostermeier<strong>La</strong> Vipère(The Little Foxes)gros planThomas Ostermeier, directeur de la prestigieuse Schaubühne de Berlinet fidèle invité des Gémeaux, tacle la cupidité effrénée de notre époqueautant que la soumission des femmes, coincées dans les conv<strong>en</strong>tionsbourgeoises.Un art pour ici et maint<strong>en</strong>ant : le théâtre selonThomas Ostermeier ne verse pas dans l’esthétismefrigide mais <strong>en</strong> découd avec le prés<strong>en</strong>t,fouille les fissures qui rong<strong>en</strong>t les chairs <strong>en</strong>sil<strong>en</strong>ce sous le vernis souriant des appar<strong>en</strong>ces.« Je conçois <strong>en</strong> effet la mise <strong>en</strong> scènecomme une exploration du réel qui révèle cequi se joue au-delà de l’image superficielle.En ce s<strong>en</strong>s, le réalisme consiste à dévoilerl’intériorité masquée derrière la façade. Simon approche scénique utilise des effets deréel et s’appuie sur un langage réaliste dansun espace concret, elle t<strong>en</strong>te de restituer laperspective intérieure des personnages, lafaçon dont ils viv<strong>en</strong>t les situations » expliquele directeur de la Schaubühne de Berlin. Qu’ilmette <strong>en</strong> scène des textes contemporains oudes classiques du répertoire, il situe l’actionde plain-pied avec les spectateurs, pour leurr<strong>en</strong>voyer l’image de ce qu’ils sont, loin desclichés retouchés de ce qu’ils imagin<strong>en</strong>t ouvoudrai<strong>en</strong>t être. C’est dans le décor design decossues maisons bourgeoises qu’il dévoile lesschémas de p<strong>en</strong>sée incrustés à coups d’évid<strong>en</strong>ces,les peurs ravalées et les mécanismessociétaux qui chaque jour broi<strong>en</strong>t tranquillem<strong>en</strong>tl’humanité commune et gangrèn<strong>en</strong>tl’être au plus intime.Symptôme de notre époqueAvec <strong>La</strong> vipère (The Little Foxes), de Lillian Hellman(1905-1984), le metteur <strong>en</strong> scène allemandtacle la passion dévorante de l’arg<strong>en</strong>tqui finit par tuer autant que la domesticationdes femmes, assignées à résid<strong>en</strong>ce dans leEntreti<strong>en</strong> e Georges <strong>La</strong>vaudantCyrano de Bergerac :une pièce d’amourPatrick Pineau dans le rôle de Cyrano, Marie Kauffmann dans celuide Roxane, Frédéric Borie <strong>en</strong> Christian, Gilles Arbona <strong>en</strong> De Guiche…Georges <strong>La</strong>vaudant réunit une troupe de 17 comédi<strong>en</strong>s pour une versionnerveuse et dépouillée de Cyrano de Bergerac.Qu’est-ce qui est à l’origine de votre projet demettre <strong>en</strong> scène Cyrano de Bergerac ?Georges <strong>La</strong>vaudant : Une décision collective.Je cherchais une pièce à mettre <strong>en</strong> scène aufestival Les Nuits de Fourvière et à la MC93,une pièce qui s’adapte aux contraintes duplein air. Dominique Delorme (ndlr, directeurdes Nuits de Fourvière), Patrick Sommier (ndlr,directeur de la MC93) et moi-même avons évoquétoutes sortes d’idées. Et finalem<strong>en</strong>t, defaçon je dois dire assez inatt<strong>en</strong>due, nous noussommes arrêtés sur Cyrano de Bergerac.Pourquoi dites-vous qu’il s’agit d’un choixinatt<strong>en</strong>du ?G. L. : Parce que Cyrano de Bergerac est un monum<strong>en</strong>tnational, parce que de nombreuses espéranceset de nombreux clichés sont liés à ce classique.Ce n’est pas le g<strong>en</strong>re de pièces vers lequelje me serais dirigé spontaném<strong>en</strong>t. J’avais tort, car<strong>en</strong> la lisant je me suis aperçu que je ne la connaissaispas très bi<strong>en</strong>. Et <strong>en</strong> y regardant de plus près,j’ai été surpris par la finesse de sa construction,la beauté de sa langue, par son étrangeté, sarichesse… Cyrano est une pièce d’amour. Sonintrigue est beaucoup moins simpliste qu’il n’yparaît. Elle est constituée de plusieurs couches,de plusieurs niveaux de lectures possibles.Avez-vous immédiatem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>sé à PatrickPineau pour interpréter le rôle de Cyrano ?G. L. : Oui. Mais il a fallu le convaincre ! Il s’agitd’un rôle-fleuve, extrêmem<strong>en</strong>t long, d’un rôlecomplexe… Pour interpréter un tel personnage,il me fallait bi<strong>en</strong> sûr un grand comédi<strong>en</strong>, uncomédi<strong>en</strong> de la dim<strong>en</strong>sion de Patrick Pineau. Jetravaille depuis longtemps avec lui. Je connaisla palette de jeu impressionnante dont il dispose.De L’Orestie d’Eschyle à <strong>La</strong> Mort de Dantonde Büchner, <strong>en</strong> passant par Un Fil à la patte deFeydeau, Patrick est capable de donner corps àla plus grande des inv<strong>en</strong>tions burlesques, maisaussi aux fêlures humaines les plus profondes.Patrick possède cette amplitude-là, cette agilité,cette dextérité qui lui permett<strong>en</strong>t de passer,<strong>en</strong> une respiration, d’un univers à un autre. C’estThomas Ostermeier.rôle d’épouse soumise. Immortalisée <strong>en</strong> 1941par Bette Davis dans le film de William Wyler,Régina, épouse d’un riche banquier, ourditune machination pour soutirer à son mari lecapital qui lui permettrait d’investir dans uneopération financière et de gagner son indép<strong>en</strong>dance.« Elle rêve d’une vie autonome, loinde sa province monotone, qu’elle n’a jamaisquittée, loin de son mari, Horace, malade ducœur, dont elle dép<strong>en</strong>d, loin de la nostalgiearistocratique de sa belle-sœur Birdie, qui noieses désirs ard<strong>en</strong>ts et ses ress<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts larmoyantsdans l’alcool », explique Florian Borchmeyer,dramaturge. Loin de tailler ce personnage<strong>en</strong> monolithe monstrueux, ThomasOstermeier <strong>en</strong> fait le symptôme d’une sociétéoù la promesse du bonheur reste attachéeaux valeurs de l’arg<strong>en</strong>t.Gwénola DavidDu 27 mars au 6 avril 2014, à 20h45, le dimancheà 17h, relâche lundi, mardi et mercredi. Alire : Thomas Ostermeier, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec SylvieChalaye, éditions Actes Sud-Papiers.© D. R.Patrick Pineauun comédi<strong>en</strong> qui se situe, à chaque seconde, auprés<strong>en</strong>t de la représ<strong>en</strong>tation, qui est dans un étatd’inv<strong>en</strong>tivité perman<strong>en</strong>te. Comme tous les grandsacteurs, on ne sait jamais ce qu’il va faire. En cela,il ressemble d’ailleurs à Cyrano. Car Cyrano n’estjamais dans la préparation, dans l’anticipation. Ilinv<strong>en</strong>te sur l’instant ce qu’il dit et ce qu’il fait, selaisse traverser par une spontanéité absolue.Comm<strong>en</strong>t avez-vous abordé ce grand classiquequi est empreint, comme vous l’avez dit,de nombreux clichés ?G. L. : J’ai souhaité faire <strong>en</strong> sorte que ma mise<strong>en</strong> scène aille vite : comme une flèche que l’ontire, qui arrive à son but après une course rapideet t<strong>en</strong>due. Pour cela, nous avons effectué descoupes et des choix radicaux concernant lespersonnages. Le but était d’aboutir à une sortede quintess<strong>en</strong>ce de l’œuvre, une version d<strong>en</strong>sifiée.Cyrano de Bergerac est une pièce à déploiem<strong>en</strong>ts,une pièce à grand spectacle, une pièceà costumes : nous nous sommes attachés à lar<strong>en</strong>dre plus nerveuse, à l’épurer <strong>en</strong> éliminantcertains bavardages. Notre volonté a toujoursDe Shakespeare / mes David BobeeHamletDANSER<strong>en</strong>dez-vouschorégraphiquesde Sceauxgros planDes pièces fortes, des esthétiques sans concessions : les R<strong>en</strong>dez-vouschorégraphiques de Sceaux rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t une programmation <strong>en</strong>gagée.Du hip-hop à la relecture de ballets classiques,<strong>en</strong> passant par le butô… Les R<strong>en</strong>dez-vouschorégraphiques de Sceaux nousinvit<strong>en</strong>t à expérim<strong>en</strong>ter des états contrastés: la nostalgie teintée d’inquiétude faceau C<strong>en</strong>drillon de Maguy Marin, une fascinationhors du temps avec le groupe mythiqueSankai Juku, l’exploration de rythmes© D. R.“Pour interpréterCyrano, il me fallaitbi<strong>en</strong> sûr un grandcomédi<strong>en</strong>, un comédi<strong>en</strong>de la dim<strong>en</strong>sionde Patrick Pineau.”Georges <strong>La</strong>vaudantété d’aller vers une forme de dépouillem<strong>en</strong>t,d’appréh<strong>en</strong>der Cyrano dans ses fondam<strong>en</strong>tauxplutôt que dans ces clichés.Quels sont, pour vous, ces fondam<strong>en</strong>taux ?G. L. : Comme je le disais, je crois que Cyranoest, avant tout, une histoire d’amour. Ensuite,il y a le côté misanthrope du personnage, lecôté « seul contre tous ». Cyrano a toujoursl’impression d’avoir raison contre le monde<strong>en</strong>tier, comme l’illustre la tirade des « Non,merci ! ». Et puis, il y a quelque chose que jetrouve frappant, c’est la correspondance quise dessine <strong>en</strong>tre Cyrano et Faust. Au c<strong>en</strong>trede ces deux pièces, il y a un pacte. Comm<strong>en</strong>tfabriquer un être hybride, un héros de roman,quelqu’un de beau et d’intellig<strong>en</strong>t qui n’existepas ? C’est pour répondre à cette problématiqueque Cyrano et Christian s’alli<strong>en</strong>t. Leurpacte va les <strong>en</strong>traîner jusqu’à la mort.Entreti<strong>en</strong> réalisé parManuel Piolat SoleymatDu 4 au 15 décembre 2013. Du mercrediau samedi à 20h, le dimanche à 17h.Grand théâtre. Spectacle créé aux Nuits deFourvière <strong>en</strong> juin 2013.Hamlet avec les acteurs du Studio 7 de Moscou.David Bobee prés<strong>en</strong>te Hamlet avec le prodigieuxStudio 7 du Théâtre d’Art de Moscou.Esthétiquem<strong>en</strong>t radical et conceptuellem<strong>en</strong>tjuste…Impressionné par cette jeune troupe à peineéclose de l’école du Théâtre d’Art de Moscou,troupe dirigée par Kirill Serebr<strong>en</strong>nikov,David Bobee réadapte pour eux sa très bellemise <strong>en</strong> scène d’Hamlet. « Ces acteurs alli<strong>en</strong>tune technique de jeu parfaitem<strong>en</strong>t maîtrisée,transmise par les meilleurs maîtres, dans lalignée de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de Stanislavski, à unegrande ouverture d’esprit et souplesse intellectuelle.Tant individuellem<strong>en</strong>t que collectivem<strong>en</strong>t,ils font montre d’une créativité et d’unegénérosité sur scène qui m’étonn<strong>en</strong>t sanscesse » a-t-il confié dans nos colonnes. Dansun palais de carrelage noir, chambre mortuaireimplacable, David Bobee questionne unmonde finissant et un être <strong>en</strong> crise profonde.« Hamlet a des interrogations à la fois intimeset politiques qui résonn<strong>en</strong>t avec ce que j’exploredans mes spectacles depuis toujours : laprés<strong>en</strong>ce de la mort, du deuil, la catastrophecomme révélateur ou élém<strong>en</strong>t perturbateur… »Loin des clichés romantiques, un théâtre quis’av<strong>en</strong>ture à l’intérieur des crânes… A. SantiDu 4 au 8 mars à 20h45, le 9 à 17h.fondateurs chez Kader Attou… Comm<strong>en</strong>tl’émotion naît-elle ? C’est la question fondam<strong>en</strong>taleque se pose Kader Attou. Orl’émotion, pour lui, n’est pas nécessairem<strong>en</strong>tliée à la mise <strong>en</strong> scène d’un récit oud’une situation triste ou gaie : elle jaillit aucœur même d’un geste, d’une technique corporelle.Le chorégraphe, l’un des chefs de© D. R.file du mouvem<strong>en</strong>t hip-hop, explore depuisdes années des esthétiques diverses, de ladanse contemporaine au Kathak indi<strong>en</strong>. TheRoots, sa création 2013, navigue de Brahmsà la musique électro, des souv<strong>en</strong>irs d’<strong>en</strong>fanceaux luttes d’aujourd’hui : les corps desonze interprètes se mett<strong>en</strong>t à nu, révélantce qui les fait vibrer, leurs racines et leurmémoire. Une mémoire qui est égalem<strong>en</strong>tau cœur de la démarche de Davy Brun avecson Oiseau de feu : si le nom de cette œuvre,créée par les Ballets Russes, est connu, ellea <strong>en</strong> revanche rarem<strong>en</strong>t été revisitée.Onirisme et expressivitéLe chorégraphe lyonnais nous invite à redécouvrirle conte russe originel et la musiquede Stravinski dans son intégralité, portéepar une danse virtuose et s<strong>en</strong>suelle.Du 16 au 18 mai, les Gémeaux accueill<strong>en</strong>tJAZZSCEAUX JAZZ !©Jaime Roque de la CruzC<strong>en</strong>drillon, revu par la chorégraphe Maguy Marin et la décoratrice Montserrat Casanova.Ushio Amagatsu et sa compagnie, SankaiJuku. Les huit danseurs prés<strong>en</strong>terontleur création 2012 : Umusuna, une piècegros planUne saison à Sceaux ne serait pas complète sans une bonne dose dejazz. État des lieux <strong>en</strong> la matière pour le programme 2013-2014.Lucky People, le titre du premier disque dutout nouveau Moutin Factory Quintet necroit pas si bi<strong>en</strong> décrire la joie de retrouverles jumeaux qui form<strong>en</strong>t une sacrée paire.François à la contrebasse et Louis auxbaguettes ont suffisamm<strong>en</strong>t bourlinguéderrière tous ceux (ou presque) qui compt<strong>en</strong>tdans le jazz pour ne pas sombrer dansles facilités d’usage à l’heure de signer deleur nom. S<strong>en</strong>s de la rigueur mélodique etsouplesse du geste improvisé, leurs s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tspartagés et leurs qualités d’écoutedevrai<strong>en</strong>t raisonner très fort à Sceaux What(18 et 19 octobre) auprès de part<strong>en</strong>airesau diapason : le pianiste Thomas Enhco,le guitariste Manu Codjia et le saxophonisteChristophe Monniot. C’est dans detelles perspectives que se positionne lecontrebassiste Yves Rousseau, qui convieMUSIQUEMesse <strong>en</strong> si mineur de Bach<strong>La</strong> Chapelle Rhénaneun Wanderer Septet pour visiter l’œuvre deFranz Schubert, avec lequel il a grandi. Desmorceaux choisis, <strong>en</strong>trecoupés de textesde sa correspondance, constitu<strong>en</strong>t le prétexteidéal pour une relecture de ces pagesles plus fécondes du romantisme (22 et 23novembre). Et pour finir l’année 2013, le pianisteÉric Legnini vi<strong>en</strong>t avec sa nouvelle formuleau grand complet – son trio augm<strong>en</strong>téde cuivres et v<strong>en</strong>ts, plus les voix de MamaniKeita et Hugh Coltman – pour un récital oùle jazz flirte avec l’afro-pop et la soul funky(18 décembre).Au fil des voixCe sont des traces parallèles qu’emprunteBaptiste Trotignon, lui aussi pianiste, luiaussi solidem<strong>en</strong>t rivé à la formule trio (dontThomas Bramerie, complice de Legnini), luiL’émotion baroqueEntreti<strong>en</strong> e B<strong>en</strong>oît HallerA la tête de <strong>La</strong> Chapelle Rhénane, B<strong>en</strong>oît Haller poursuit sa résid<strong>en</strong>ceaux Gémeaux de Sceaux. Au programme cette saison : la Messe <strong>en</strong> simineur de Bach.Quel est votre li<strong>en</strong> personnel à la musiquede Bach ?B<strong>en</strong>oît Haller : Les coups de foudre sontgénéralem<strong>en</strong>t difficiles à compr<strong>en</strong>dre…<strong>La</strong> musique de Bach me parle tout particulièrem<strong>en</strong>t,à l’instar de celle de Schütz,Brahms ou M<strong>en</strong>delssohn. Il y a sans doutedes raisons familiales à cela, avec un pèrepasteur, intéressé par la musique luthéri<strong>en</strong>ne,et une mère professeur de lettres,s<strong>en</strong>sibilisée à la question du texte et àson exégèse. Je me suis <strong>en</strong>suite formé àla musique de Bach au sein des <strong>en</strong>semblesdans lesquels j’ai chanté. Mais j’y aisouv<strong>en</strong>t ress<strong>en</strong>ti plus de frustration quede plaisir. Il y avait un souci d’auth<strong>en</strong>ticité,mais l’émotion, à mon s<strong>en</strong>s, n’étaitpas assez mise <strong>en</strong> valeur. Nous faisons unmétier d’interprètes et non de musicologues.Plus la musique est anci<strong>en</strong>ne, pluselle a besoin d’être interprétée.Avez-vous néanmoins des modèles dans cerépertoire ?B. H. : P<strong>en</strong>dant mon adolesc<strong>en</strong>ce, j’écoutaisénormém<strong>en</strong>t la version de <strong>La</strong> Passion selonSaint-Jean par John Eliot Gardiner. Il va dansl’extrême des affects baroques, ses interprétationspr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux tripes. Il ne se limite pasau cadre normé des exécutions sur instrum<strong>en</strong>tsanci<strong>en</strong>s. J’ai égalem<strong>en</strong>t été séduit parle travail choral de Philippe Herreweghe, <strong>en</strong>particulier dans les motets.Avez-vous fondé la Chapelle Rhénane pourvous lancer dans la musique de Bach ?B. H. : Au départ, je n’osais pas ! Je me suisd’abord attaqué à la musique de Schütz, queje voulais faire sortir de son image de compositeuraride. Nous nous sommes <strong>en</strong>suitelancés dans des cantates de Bach, puis desmotets et des messes luthéri<strong>en</strong>nes. Un jour,Alain Pacquier (ndlr : directeur du label K617)© D. R.© D. R.int<strong>en</strong>se et ret<strong>en</strong>ue. « Umusu » <strong>en</strong> japonaissignifie naître, comm<strong>en</strong>cer sa vie : un motqui porte <strong>en</strong> lui la notion du tout et du ri<strong>en</strong>,Aldo Romano, batteur majuscule.aussi conviant deux voix à le rejoindre pourSong Song Song : Monica Passos et JeanneAdded ajout<strong>en</strong>t leurs couleurs contrastéespour ce projet aux contours pop, sans secontraindre à un format précalibré (24 janvier).C’est une manie : l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau s’est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>touré dedeux chanteurs, Michael Robinson et RonSmyth, autant d’indices pour la directionartistique qu’il donne à son nouvel album,Considération, qu’il déf<strong>en</strong>d désormais surscène : du blues certes, mais fortem<strong>en</strong>tgorgé de soul (23 février). En revanche,Aldo Romano délaisse le micro, qu’il avaitrécemm<strong>en</strong>t empoigné, pour se consacrer àm’a proposé d’<strong>en</strong>registrer Les Passions selonSaint Jean et selon Saint Matthieu. Pour moi,c’était irréaliste : aborder Bach au disquet<strong>en</strong>ait du mythe ! Nous avons profité de notrerésid<strong>en</strong>ce à Royaumont de 2007 à 2009 puisaux Gémeaux à Sceaux pour nous plongerdans le corpus de Bach. En 2010, nous avonségalem<strong>en</strong>t donné à Sceaux l’Oratorio de Noël.Et cette saison, nous rev<strong>en</strong>ons à Bach, avecla Messe <strong>en</strong> si, après avoir fait des détours<strong>en</strong>tre temps par Schütz, Charp<strong>en</strong>tier etHa<strong>en</strong>del.de l’exist<strong>en</strong>ce et du néant. « Na » évoque laterre, le sol, le pays. Et c’est une naissanceau monde infinim<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>ouvelée, dans unécoulem<strong>en</strong>t organique, que cette dans<strong>en</strong>ous invite à expérim<strong>en</strong>ter, <strong>en</strong> un rite à lafois étranger et intime. Les R<strong>en</strong>dez-vousse clôtureront avec la C<strong>en</strong>drillon de MaguyMarin, par le ballet de l’Opéra national deLyon. Les danseurs, aux visages masqués,incarn<strong>en</strong>t les personnages naïfs et cruelsdu conte, transposé dans un univers dejouets et de poupées : une œuvre qui achangé le regard de toute une générationsur la danse « narrative » et qui, près de 30ans après sa création, n’a ri<strong>en</strong> perdu de sapoésie.Marie ChavanieuxDu 29 avril au 25 mai 2014.ses premières amours. Le batteur italo-parigotrepart <strong>en</strong> quartette 300 % jazz sur lestraces de The Connection, album mythiquede Freddie Redd sur Blue Note. Les amateursdevrai<strong>en</strong>t apprécier (21 mars). <strong>La</strong>stbut not least, la saison se termine <strong>en</strong> beautéavec la pétulante Cécile McLorin Salvant(13 mai). Après avoir empoché le convoitéPrix Thelonious Monk et s’être distinguéeauprès d’Archie Shepp et Jacky Terrasson, laFranco-Américaine a publié Woman Child, unalbum dans la grande tradition qui confirmeque l’on ti<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> là l’une des grandes voixà suivre du jazz éternel.Jacques D<strong>en</strong>is“Plus la musiqueest anci<strong>en</strong>ne,plus elle a besoind’être interprétée.”B<strong>en</strong>oît HallerQuelle est votre vision de la Messe <strong>en</strong> si ?B. H. : C’est une œuvre de synthèse, absolum<strong>en</strong>tincroyable. Synthèse <strong>en</strong>tre l’Anci<strong>en</strong>et le Nouveau Testam<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre deux stylesd’écriture. Il suffit d’écouter les deuxpremières séqu<strong>en</strong>ces : le « Kyrie » incarneDieu le père, tandis que le « Christe eleison »dépeint un Christ humain, joueur. Ces deuxmondes cohabit<strong>en</strong>t tout au long de l’œuvre,qui est par ailleurs d’une difficulté extraordinaire,notamm<strong>en</strong>t vocale avec les grandesfugues, supérieure aux Passions ou àl’Oratorio de Noël. Dans la direction, il fauttrouver un mélange savant <strong>en</strong>tre l’action etle laisser faire.Propos recueillis par Antoine PecqueurLes 7 et 8 février à 20h45, le 9 février à 17h.Les Gémeaux, Scène Nationale,49 av<strong>en</strong>ue Georges-Clém<strong>en</strong>ceau,92330 Sceaux.Tél. 01 46 61 36 67www.lesgemeaux.com


38 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 39THÉÂTRE LA VIGNETTEUNIVERSITÉ PAUL-VALÉRYMONTPELLIERRégion / TNTd’après Edgar Allan Poe / adaptation Agathe Mélinand / mes <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t PellyExtraordinairesGros planC<strong>en</strong>tre Wallonie Bruxelles / Maison des MétallosGroupovFocus GroupovGros planAgathe Mélinand adapte les œuvres d’Edgar Allan Poe pour composer unportrait s<strong>en</strong>sible de cet auteur protéiforme. <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly met son tal<strong>en</strong>tscénographique au service de cet hommage.Œuvres de théâtre, films, table ronde et réflexions nourries au programmede ce focus Groupov, qui permet de porter l’att<strong>en</strong>tion sur diversespièces, dont le majeur Rwanda 94, et de mettre <strong>en</strong> œuvre une « cultureactive ».SAISON 13 / 1410 ANS !INVENTONS NOTRE THÉÂTREOPEN / FESTIVAL DELA JEUNE CRÉATION THÉÂTRALERECORDMes Marion PELLISSIER× École Nationale Supérieured’Art Dramatique de Montpellier(ENSAD) ×MACBETHDe William SHAKESPEAREMes Tim TONNDORF× École Ernst Busch de Berlin(Allemagne) ×VIEJO, SOLO Y PUTOMes Sergio BORIS(Bu<strong>en</strong>os Aires - Arg<strong>en</strong>tine)× création ×TÊTES-MORTESMes Marie LAMACHÈRECie interstices× création ×SWAMP CLUBConception, mes et scénographiePhilippe QUESNEVivarium Studio× création ×PARIS NOUS APPARTIENTD’après <strong>La</strong> Vie Parisi<strong>en</strong>ned’OFFENBACHMes Olivier C-JABLONKACie Moukd<strong>en</strong>-ThéâtreLE PETIT EYOLFDe H<strong>en</strong>rik IBSENMes Jonathan CHÂTELCie ElkPROJECTIONS++LEHRSTÜCK!Pièces d’appr<strong>en</strong>tissagePENTHÉSILÉEDe Heinrich VON KLEISTMes Maxime CHAZALETCie Stück Théâtre× Université Paul-ValéryMontpellier III ×OH LES BEAUX JOURSDe Samuel BECKETTMes Rush REHMStanford Summer Theater× Université de Stanford(États-Unis) ×Une semaine de cirqueLE GRAINDe et avec Pierre DEAUXet Mika KASKICie Mika et PierreJEUNESSE D’HYPÉRIOND’après le roman de HÖLDERLINAdaptation et mesMarie-José MALISCollaboration à l’écritureJudith BalsoRABAH ROBERTTexte et mes LAZARE× création ×ANGELUS NOVISSIMUSMes et scénographie Alain BÉHARCie QuasiADISHATZ / ADIEUConception et interprétationJonathan CAPDEVIELLEPROGRAMMATIONMUSICALEWWW.THEATRELAVIGNETTE.FRLic<strong>en</strong>ces d’<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eur de spectacle : 1-1063683 / 2-1006318 / 3-1006319« Les personnages de Poe, ou plutôt le personnagede Poe, l’homme aux facultés suraiguës,l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont lavolonté ard<strong>en</strong>te et pati<strong>en</strong>te jette un défi auxdifficultés, celui dont le regard est t<strong>en</strong>du avecla roideur d’une épée sur des objets qui grandiss<strong>en</strong>tà mesure qu’il les regarde, - c’est Poelui-même », disait Baudelaire, de la traductionduquel Agathe Mélinand a adapté l’œuvre dupoète. <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly, codirecteur avec elle duThéâtre National de Toulouse, met <strong>en</strong> scènele spectacle qu’elle a ainsi composé. Les sixcomédi<strong>en</strong>s de l’Atelier volant, avec lesquelsles deux artistes <strong>en</strong>tam<strong>en</strong>t leur troisième collaboration,serv<strong>en</strong>t de guides dans ce voyageà travers les mondes aux merveilles effroyablesd’Edgar Allan Poe.Raconter l’humain dans sa folie« Des châteaux sinistres au milieu de paysagesdésertiques, des personnages solitaires, déséquilibrés,pris dans des tempêtes effrayantes,des eaux mortes, des <strong>en</strong>sevelissem<strong>en</strong>tsprématurés » : voilà pour le décor fantastiqueimaginé pour ce spectacle, même si l’universde Poe ne se réduit pas aux élém<strong>en</strong>ts de cetteExtraordinaires, d’après Poe, par Mélinand et Pelly.Théâtre du Rond-Pointconception et mes Kitty Hartlet Pierrick SorinCabaretNew Burlesque(nouveau spectacle)Nouvelle création du Cabaret New Burlesque,que le film Tournée de Mathieu Amalric alargem<strong>en</strong>t contribué à r<strong>en</strong>dre célèbre, et quePierrick Sorin, plastici<strong>en</strong> décalé, rejoint pourl’occasion.Les femmes <strong>en</strong> formes du Cabaret New burlesqueDéjà dix ans, presque, que Kitty Hartl a regroupécinq américaines exc<strong>en</strong>triques - et un homme -dans la troupe du Cabaret New Burlesque, quin’a de cesse de revisiter l’art dudit cabaret avechumour, audace, s<strong>en</strong>sualité et un goût prononcépour le décalage. Dans cette veine, pour cette© Éric D<strong>en</strong>isetrejoignez-nous sur facebooknévrose embrumée. Car Poe est égalem<strong>en</strong>tun infatigable rieur qui, « pour échapper à sapropre folie lat<strong>en</strong>te, actionne la soupape desécurité de la drôlerie ». Revers obscur d’uneféérie lumineuse, Poe inv<strong>en</strong>te un cauchemarsublimé, mystérieux et <strong>en</strong>voûtant, qui« raconte l’humain dans sa folie ». « Récurr<strong>en</strong>cede thèmes obsessionnels arrachés à lavie du poète, fantasmes, visions, délires, souv<strong>en</strong>irs,perte de la femme aimée et irremplaçable<strong>en</strong>levée par la mort, solitude, terreurs,alcool, magnétisme et ameublem<strong>en</strong>t… » : telssont les thèmes qu’Agathe Mélinand a choisid’ag<strong>en</strong>cer, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Pelly donnant vie à cessidérations extraordinaires à la surnaturelleintranquillité.Catherine RobertTNT-Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées. 1 rue Pierre-Baudis, 31000 Toulouse.Du 17 au 30 octobre 2013. Du mardi au samedià 20h ; le 18, matinée à 14h30 ; le dimancheà 16h ; relâche le lundi et le dimanche 20.Tél. 05 34 45 05 05.Rejoignez-nous sur Facebooknouvelle mouture de la troupe, Pierrick Sorin,dont l’on a pu découvrir la poésie visuelle toutau long de l’année dernière, agrém<strong>en</strong>te certainsnuméros de son art de la vidéo et de la dérision.Un cocktail qui s’annonce une nouvelle foisexplosif et détonnant.E. DemeyThéâtre du Rond-Point, 2 bis av. Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris. Du 10 au 18 octobreà 21h. Tél. 01 44 95 98 21.Studio Théâtre de Stainsd’après Courteline, Feydeau, Gozzi, Marivaux,Molière, Musset et Racine / mes MarjorieNakacheElles(s)Marjorie Nakache revisite les classiques, lesdépoussière et <strong>en</strong> extrait ce qu’on <strong>en</strong> dit desfemmes, comme elles se dis<strong>en</strong>t et comme onles montre. Hommage à la langue, aux femmeset au théâtre.« L’av<strong>en</strong>ture est née de l’<strong>en</strong>vie de travailler surun texte classique et d’adresser cette paroleaux jeunes g<strong>en</strong>s », dit Marjorie Nakache, dontle travail artistique, au Studio Théâtre deStains, est toujours indéfectiblem<strong>en</strong>t lié ausouci d’une adresse incarnée et humaniste aupublic. Pour défaire les clichés sur les classiques,les dépoussiérer sans les affadir ni© ADAGP Claude Lévêque. Courtesy the artist and Kamel M<strong>en</strong>nour.© Groupov© D. R.Cantate théâtrale sur fond de génocide au Rwanda.Le C<strong>en</strong>tre Wallonie-Bruxelles et la Maisondes Métallos ont l’heureuse idée de mettre <strong>en</strong>lumière le Groupov, collectif d’artistes belgesconstitué d’artistes de toutes origines, disciplineset âges, qui propose toujours des formesspectaculaires originales, donnant souv<strong>en</strong>tlieu à réfléchir sur le passé de la colonisation.Du 1 er au 7 octobre au C<strong>en</strong>tre Wallonie-Bruxelles,diverses œuvres sont à découvrir, dont leDiscours sur le colonianisme d’Aimé Césaire,interprété par le magistral Younouss Diallo, etBloody Niggers ! de Dorcy Rugamba, t<strong>en</strong>tantde compr<strong>en</strong>dre pourquoi « l’homme opprimel’homme ». Du 9 au 13 octobre à la Maison desMétallos, les artistes vi<strong>en</strong>dront <strong>en</strong>tonner leurCantate de Bisesero. On se souvi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>corecombi<strong>en</strong> Rwanda 94 avait défrayé la chronique<strong>en</strong> portant sur scène la parole des rescapés dugénocide rwandais.C<strong>en</strong>tre Expérim<strong>en</strong>tal de Culture ActiveSous la forme d’une cantate prise <strong>en</strong> chargepar cinq comédi<strong>en</strong>s, un <strong>en</strong>semble à cordes, unpiano, une clarinette et deux chanteurs, cantatecomposant la dernière partie de RwandaMarjorie Nakache pour les femmes.Excellemm<strong>en</strong>t interprété, par la même troupeque celle d’Andromaque (2008), cet Ubu percutantmis <strong>en</strong> scène par Declan Donnellan fait unefois de plus la preuve du tal<strong>en</strong>t saisissant dumetteur <strong>en</strong> scène. Au départ, un salon bourgeoisimmaculé où règn<strong>en</strong>t ordre et sérénité, puis parl’intermédiaire d’un ado filmant le monde tel unmiroir grossissant apparaiss<strong>en</strong>t les premièresfailles… avant le basculem<strong>en</strong>t dans le monstrueuxgrotesque qui transforme le monde <strong>en</strong>un champ de bataille épouvantable. Allers-relestrahir, elle a voulu « redécouvrir avec plaisirces pièces dont on avait, parfois, oublié leterrain de jeu incroyable qu’elles offrai<strong>en</strong>t auxacteurs ». Un type, la coquette, une situation,l’infidélité, un mythe, celui d’Andromaque: « dans cette collision de scènes et dedébats d’idées, nous t<strong>en</strong>terons de déjouer laconv<strong>en</strong>tion pour transformer la vision du classiquepoussiéreux <strong>en</strong> une formidable paroled’aujourd’hui ». Ce portrait de femme plurielleest <strong>en</strong> même temps un portrait du comédi<strong>en</strong>,de son art paradoxal et de sa capacité à direla vérité de la représ<strong>en</strong>tation. C. RobertStudio Théâtre de Stains, 19 rue Carnot,93240 Stains. Du 7 au 18 octobre 2013.Lundi, mardi et jeudi, à 14h ; v<strong>en</strong>dredi et samedi,à 20h45 ; dimanche 13 octobre à 16h.Tél. 01 48 23 06 61.Théâtre de Ménilmontant, 15, rue du Retrait,75020 Paris. Du 7 novembre au 20 décembre2013. Jeudi et v<strong>en</strong>dredi à 19h. Tél. 01 48 24 16 97.© Johan Persson94, ces témoignages ont été consignés dans unlivret mis <strong>en</strong> musique par Garett List. Bisesero,c’est une colline où cinquante mille Tutsis ontété massacrés après une lutte farouche. Quelquesannées seulem<strong>en</strong>t après les événem<strong>en</strong>ts,<strong>en</strong> 99, monter Rwanda 94 – dont la représ<strong>en</strong>tationfilmée sera égalem<strong>en</strong>t projetée dans sonintégralité le 13 octobre – sonnait comme « unet<strong>en</strong>tative de réparation symbolique <strong>en</strong>vers lesmorts à l’usage des vivants ». On ne peut quese réjouir du retour à Paris du Groupov, fondépar Jacques Delcuvellerie <strong>en</strong> 1980, qui s’estauto-désigné C<strong>en</strong>tre Expérim<strong>en</strong>tal de CultureActive. L’occasion de le redécouvrir aujourd’huine saurait se manquer.Éric DemeyC<strong>en</strong>tre Wallonie-Bruxelles, 46 rue Quincampoix,75004 Paris. Du 1 er au 7 octobre.Tél. 01 53 01 96 96. <strong>La</strong> Maison des Métallos,94 rue Jean-Pierre-Timbaud, 75011 Paris. Du 9au 13 octobre, du mercredi au v<strong>en</strong>dredi à 20h,samedi à 19h, dimanche à 18h. Tél. 01 48 05 88 27.Rejoignez-nous sur FacebookThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelinesde Alfred Jarry / mes Declan DonnellanUbu RoiDeclan Donnellan, à travers cette deuxièmecréation avec une troupe française, fait lapreuve de son tal<strong>en</strong>t saisissant et laisseéclater au grand jour les pires travers del’espèce !Le vernis de la civilisation fiche le camp…Réagissez sur www.journal-laterrasse.frAZIMUTAURÉLIEN BORYAVEC LE GROUPE ACROBATIQUE DE TANGERCIE 111 - AURÉLIEN BORY<strong>La</strong> compagnie 111 - Auréli<strong>en</strong> Bory est associéeau Grand T théâtre de Loire-Atlantique09 - 13.10LE GRAND T - NANTES02 51 88 25 25 / leGrandT.frPHOTO © AGNÈS MELLONVignette-la terrasse-ok.indd 1 12/09/13 14:20


40 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 41LA RADIODU SPECTACLEVIVANTChaque semaine, retrouvezl’actualité du théâtre et des artsvivants sur France CultureTHÉÂTRE & COCOORDINATION BLANDINE MASSON21h-23h / chaque dimancheDIMANCHE 13 OCTOBREFIN DE PARTIE DE SAMUEL BECKETTmise <strong>en</strong> scène de Alain FrançonEn part<strong>en</strong>ariat avecDIMANCHE 27 OCTOBRESPECTRES, MES COMPAGNONS –LETTRE DE CHARLOTTE DELBOÀ LOUIS JOUVET lue par Emmanuelle Rivaréalisé par Marguerite GateauLA DISPUTESPÉCIALE ARTS VIVANTSARNAUD LAPORTERegards critiques sur l’actualitéculturelle21h-22h / chaque lundiCHANGEMENT DE DÉCORJOËLLE GAYOTR<strong>en</strong>contre avec un hommeou une femme de théâtre20h30-21h / chaque dimancheA écouter, réécouter et podcaster surfranceculture.frtours <strong>en</strong>tre le policé et l’outrancier, révélation dece qui se trame sous la surface : cet Ubu pleinde vitalité tape dans le mille. Comme l’a confiéDeclan Donnellan dans nos colonnes (n°202) :« à travers leurs actions, Ma et Père Ubu évoqu<strong>en</strong>tun pot<strong>en</strong>tiel de viol<strong>en</strong>ce qui existe au fondde nous tous : une viol<strong>en</strong>ce qui provi<strong>en</strong>t de cettepartie de nous-mêmes qui nous pousse, <strong>en</strong> tantqu’êtres humains, (et cela constamm<strong>en</strong>t) à lapoursuite du pouvoir, parfois le pouvoir absolu.(…) C’est un des points forts de la pièce de nousremettre <strong>en</strong> contact avec notre propre bassesse,et ainsi d’éclaircir ce que nous p<strong>en</strong>sons pouvoircontrôler, nier ou refouler ». <strong>La</strong> pochade provocatriceet cruelle peut ainsi effrayer autant qu’ellefait rire… A. SantiThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines,place Georges-Pompidou, 78054 Saint-Qu<strong>en</strong>tin<strong>en</strong>-Yvelines.Du 6 au 9 novembre à 20h30sauf jeudi à 19h30. Tél. 01 30 96 99 00.Théâtre de la Villed’après Sonezaki Shinjû Tsuketari KannonMeguri, de Chikamatsu Monzaemon / mes etdirection artistique Hiroshi SugimotoSonezaki Shinjû(double suicideà Sonezaki)Le célèbre photographe Hiroshi Sugimotoéclaire magnifiquem<strong>en</strong>t Le Pèlerinage à ladéesse Kannon, extrait de Double suicide àSonezaki, et revisite ce chef-d’œuvre classiqueavec les marionnettes du bunraku.Les marionnettes du bunraku revisite un grandclassique du théâtre japonais.Le bunraku, théâtre japonais datant du xvii e siècle,utilise des marionnettes de grande taille,manipulées à vue. Cet art magnifie les dramesde la vie et les affres de la passion. Le tal<strong>en</strong>tdes souples manipulateurs, qui se déplac<strong>en</strong>t<strong>en</strong> position de kathakali, et auquel le metteur<strong>en</strong> scène impose la difficulté supplém<strong>en</strong>tairedu masque, celui des joueurs de shamis<strong>en</strong> (luthjaponais), et des tayû, narrateurs du récit, exalt<strong>en</strong>t<strong>en</strong>semble la puissante beauté des poupées,comme animées d’une vie intérieure. HiroshiSugimoto a choisi cette ancestrale techniquepour raconter le destin tragique d’un jeunehomme épris d’une belle courtisane, narré dansDouble suicide à Sonezaki, œuvre perdue par latradition et dont le concepteur de ce spectaclerestaure le passé <strong>en</strong>foui.C. RobertThéâtre de la Ville, 2 place du Châtelet, 75004Paris. Du 10 au 18 octobre 2013 à 20h30 ;les 12 et 19 octobre à 15h et 20h30 ;le 13 octobre à 15h. Spectacle <strong>en</strong> japonaissurtitré <strong>en</strong> français. Tél. 01 42 74 22 77.A noter, du 10 octobre au 26 janvier, expositionHiroshi Sugimoto – Accelerated Buddha, à laFondation Pierre-Bergé-Yves Saint <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t.Théâtre de Suresnes-Jean Vilard’après des extraits de Sky Building, deMagali Mougel / mes Juliette RoudetCrushAffrontant l’ordalie intérieure du burn out,Juliette Roudet compose et interprète unspectacle s<strong>en</strong>sible qui questionne les effetsdélétères du travail et notre capacité à yrésister.Manager chez Sky Building, leader du bâtim<strong>en</strong>tde demain, elle est jeune, ambitieuse etbrillante. Elle sait tout faire, a tout pour réussir© D. R.rejoignez-nous sur facebookJuliette Roudet met le travail <strong>en</strong> question, et seseffets <strong>en</strong> spectacle.et réussit. Jusqu’à ce que le nouveau défi quelui confie son <strong>en</strong>treprise, ajouter un étage augratte-ciel dont elle dirige l’édification, lui fasseperdre pied. Lorsque les objectifs dépass<strong>en</strong>tle sujet auquel on les impose, tout s’écroule.« A l’image de cette femme, les g<strong>en</strong>s sont parfoisvictimes d’inc<strong>en</strong>die, comme les immeubles,et <strong>en</strong> vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à se consumer de l’intérieur. »Juliette Roudet a choisi de faire un spectacleà la fois pudique et implacablem<strong>en</strong>t lucide decette dévastation intérieure, quand le travailn’est plus l’étai mais l’<strong>en</strong>nemi du travailleur. Etlorsque les mots ne suffis<strong>en</strong>t plus, danse etmusique pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le relais, « pour que de cetteexpéri<strong>en</strong>ce naisse l’espoir d’être plus consci<strong>en</strong>t,plus vivant et plus libre ».C. RobertThéâtre de Suresnes-Jean Vilar, 16 place deStalingrad, 92150 Suresnes. Du 19 octobre au8 novembre 2013. Le 19 octobre à 18h30 ;le 20 à 15h ; Du mardi au samedi à 21h ;du 5 au 8 novembre à 21h. Tél. 01 46 97 98 10.A partir de 15 ans.SénartDe Juli<strong>en</strong> Saada / mes Sophie Lecarp<strong>en</strong>tierDu Boucà l’espace videUne traversée joyeuse et pétillante de l’Histoiredu théâtre par deux comédi<strong>en</strong>s confér<strong>en</strong>ciersqui célèbr<strong>en</strong>t et incarn<strong>en</strong>t la paroleet le jeu. Un spectacle à diffuser aussi dansles établissem<strong>en</strong>ts scolaires, ce qui supposequelques sous…Entre explication et incarnation, une confér<strong>en</strong>cesémillante sur l’art du théâtre.D’où vi<strong>en</strong>t le théâtre ? Comm<strong>en</strong>t est-il apparu ?En réponse à cette vaste question, deux confér<strong>en</strong>ciers,qui parfois se font personnages, imagin<strong>en</strong>tun “cours”… plus théâtral que magistral.Juli<strong>en</strong> Saada et Xavier Clion arp<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t joyeusem<strong>en</strong>tle temps et l’Histoire <strong>en</strong>tre exploration,explication et incarnation, traversant plus dedeux millénaires où l’homme s’est essayé à lareprés<strong>en</strong>tation vivante du monde. Une formidableleçon et une célébration du jeu et de laparole, où tout a comm<strong>en</strong>cé le jour où “sur unetable de sacrifice, le bouc s’est mis à chanter”(cf l’étymologie du mot tragédie…). De la tragédiegrecque à la “stand up comedy”, de Plaute àMusset, de Racine à Feydeau, de Brecht à Beckett,de Hugo à Camus, la pièce est nourrie dedivers extraits de pièces et poèmes, émailléed’anecdotes, et donne à voir toute une palettede modes de représ<strong>en</strong>tation et écritures. Uneforme légère et itinérante apte à célébrer l’artdramatique partout et pour tous ! A. SantiScène Nationale de Sénart, <strong>La</strong> Coupole,rue Jean-François-Millet, 77385 Combs-<strong>La</strong>-Ville.Du 8 au 11 octobre. Tél. 01 60 34 53 60.© Marthe Lemelle© D. R.© Tim Wouters© Jean-Louis FernandezThéâtre de la Bastillede Schnitzler - éluard - Bergman / Mes tg STANLe collectif belges’installe à Paris<strong>en</strong> trois piècesrégion / Comédie de Val<strong>en</strong>ceD’Olivier Balazuc / mes Richard BrunelLe Sil<strong>en</strong>cedu WalhallaLe metteur <strong>en</strong> scène Richard Brunel orchestrele collectif artistique de la Comédie deVal<strong>en</strong>ce dans une tragédie musicale ourdiepar l’auteur et comédi<strong>en</strong> Olivier Balazuc.Elias Zorn <strong>en</strong> famille…C’était il y a vingt ans. Soudain le sil<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>vahit la maison, se glissa jusque dansles plis de leurs vies et scella la tragédie.Avant, la musique riait sans cesse, pianotantgaiem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre Pierre, Isle et Gabrielsous l’aura du père, Elias Zorn, compositeuret chef d’orchestre r<strong>en</strong>ommé. Et puisla mère, muse de la maisonnée et célèbrechanteuse, disparut, mystérieusem<strong>en</strong>t.Avec elle, s’<strong>en</strong>volait la joie, le patriarchebannissant désormais toute mélodie dudomaine de Walhalla pour réserver jalousem<strong>en</strong>tson art à la création et au public. Orvoilà qu’aujourd’hui la famille se retrouvelors d’une soirée d’hommage au maître…Transposant <strong>en</strong> littérature le principe de lafugue, l’auteur (et comédi<strong>en</strong>) Olivier Balazuccerne l’énigme des Zorn <strong>en</strong> variant lesregards et tresse une intrigue où le tempsse délite ou hésite, <strong>en</strong>chevêtre passé etprés<strong>en</strong>t, faits et fantasmes. « Entre fiction<strong>en</strong>luminée pour le monde et douleurs refoulées,chaque parcours de vie constitue unet<strong>en</strong>tative de survie » explique-t-il. RichardBrunel, metteur <strong>en</strong> scène directeur de laComédie de la Val<strong>en</strong>ce, dirige ces variationsd’où s’échapp<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> des blessuresfamiliales.Gw. DavidComédie de Val<strong>en</strong>ce, place Charles-Hugu<strong>en</strong>el,26000 Val<strong>en</strong>ce. Du 4 au 11 octobre 2013, à 20h,relâche le 6. Tél. 04 75 78 41 70. Texte publiépar Actes Sud-Papiers.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frGros planLes tg STAN déploi<strong>en</strong>t l’art de l’acteur <strong>en</strong> collectif avec trois œuvres surles variations du couple.« <strong>La</strong> souveraineté de l’acteur doit être reconnuesans réserves. (...) Le comédi<strong>en</strong> totalise<strong>en</strong> lui et exprime les innombrables formesd’une vie-<strong>en</strong>-dev<strong>en</strong>ir » : la formule de l’écrivainbelge Herman Teirlinck saisit <strong>en</strong> quelquestouches la devise des tg STAN. Car cettecompagnie « d’acteurs de théâtre » (traductionde tg pour « toneelspelersgezelschap »),Alma Palacios et Frank Vercruyss<strong>en</strong> dansMademoiselle Else.créée <strong>en</strong> 1989 par un quarteron rebelle auConservatoire d’Anvers, pratique le jeu <strong>en</strong>toute liberté. Contre l’esthétisme guindé,la soumission aux visions d’un metteur <strong>en</strong>scène omnisci<strong>en</strong>t et le dogmatisme formel,Jol<strong>en</strong>te De Keersmaeker, Damiaan De Schrijver,Sara de Roo et Frank Vercruyss<strong>en</strong> rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>tl’intellig<strong>en</strong>ce collective et bouscul<strong>en</strong>ttranquillem<strong>en</strong>t les habitudes bon chic bong<strong>en</strong>re du théâtre. Pour eux, jouer, c’est êtreprés<strong>en</strong>t, à chaque instant. Balançant pardessusbord idées préconçues et autres doctrinespontifiantes qui souv<strong>en</strong>t lest<strong>en</strong>t unecréation, ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t le texte comme partitionouverte, jou<strong>en</strong>t avec les personnageset les situations, déchir<strong>en</strong>t sans complexele voile de l’illusion théâtrale et cherch<strong>en</strong>tle s<strong>en</strong>s à tâtons, <strong>en</strong>traînant le public dansleur processus critique qui croise regard surle monde, réflexion sur la représ<strong>en</strong>tation etquestionnem<strong>en</strong>t perman<strong>en</strong>t sur la pratiqueartistique.Le théâtre n’est pas répétition,mais actionExplorant le répertoire au gré des désirsdes uns et des curiosités des autres, latroupe mène aussi régulièrem<strong>en</strong>t des projetsavec d’autres artistes. Ainsi des troispièces prés<strong>en</strong>tées cette saison au Théâtrede la Bastille. Mademoiselle Else, de Schnitzler,Nusch, d’après Eluard, et Scènes dela vie conjugale, d’après le film de Bergman,déclin<strong>en</strong>t tout <strong>en</strong> fines variations les relationshomme-femme, les ambival<strong>en</strong>ces dudésir et les méandres de l’amour. Entouréde comédi<strong>en</strong>nes, Frank Vercruyss<strong>en</strong> trace letrait d’union de ces trois focales qui observ<strong>en</strong>tle couple. Le jeu dépouillé, le flot de laparole, la simple puissance du verbe nou<strong>en</strong>tici un li<strong>en</strong> presque intime avec les spectateurs.« N’oubliez pas que l’acteur est uneémanation du public » disait <strong>en</strong>core HermanTeirlinck…Gwénola DavidThéâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette,75011 Paris. Mademoiselle Else et Nusch,du 25 octobre au 2 novembre 2013 puisdu 28 janvier au 8 février 2014.Scènes de la vie conjugale, du 11 au 22 février2014. Tél. 01 43 57 42 14.Rejoignez-nous sur Facebookcomédie de picardie62 rue des jacobins - 80000 ami<strong>en</strong>s03 22 22 20 20 // www.comdepic.comet tournéesscène conv<strong>en</strong>tionnée pour le développem<strong>en</strong>tde la création théâtrale <strong>en</strong> région*********************************de sibylle bergmise <strong>en</strong> scène :nora granovsky3 & 4 octobre : annemasse (74)15 octobre : abbeville (80)******************************guy de maupassantadaptation : david gabisonmise <strong>en</strong> scène : colettealexis-varini, sylvie jobert4 octobre : beaucamps-le-vieux (80)28 janvier : cc j tati - ami<strong>en</strong>s (80)******************************virginia woolfadaptation et mise <strong>en</strong> scène :lisa wurmser6 octobre : pont-ste-max<strong>en</strong>ce (60)12 octobre : doull<strong>en</strong>s (80)15 octobre : hirson (02)7-10 novembre : ami<strong>en</strong>s (80)******************************jean-michel rabeux /gilles ostrowsky15-18 octobre : ami<strong>en</strong>s (80)spectacle créé à la Comédie de Picardie,puis <strong>en</strong> tournée déc<strong>en</strong>tralisée de janvier àavril <strong>en</strong> Picardie13 & 14 février : théâtre du filde l’eau - pantin (93)******************************sacha guitrymise <strong>en</strong> scène :arnaud décarsin22 novembre : font<strong>en</strong>ay-lefleury(78)******************************bernard-marie koltèsmise <strong>en</strong> scène :frédéric de goldfiem etchristophe laparra23 novembre : soissons (02)26 novembre : gauchy (02)*********************************


42 Focus / théâtre d’arras et hippodrome de douai / saison 2013-2014 octobre 2013 / N°213 la terrasse la terrasse octobre 2013 / N°213 Focus 43Théâtre d’Arraset Hippodrome de Douai<strong>en</strong> tandem : la traverséedes frontièresDepuis une saison, le Théâtre d’Arras et l’Hippodrome de Douai fonctionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tandem.Sous la houlette de Gilbert <strong>La</strong>nglois, les deux équipes s’attach<strong>en</strong>t à la traversée desfrontières qui, trop souv<strong>en</strong>t, empêch<strong>en</strong>t l’accès au spectacle vivant, ou <strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t ladiversité de ses propositions dans des cadres étanches. Cette ouverture se manifestepar la complém<strong>en</strong>tarité des lieux et des plateaux, par la diversité des g<strong>en</strong>res, maisaussi par une manière nouvelle de p<strong>en</strong>ser la production et la diffusion des spectacles,sur des durées plus longues, offrant aux artistes et aux spectateurs l’occasion devraies r<strong>en</strong>contres. Cet effectif travail de déc<strong>en</strong>tralisation active s’accompagne d’uneouverture internationale : <strong>en</strong>tre la collaboration régionale et la découverte du monde,le tandem Arras-Douai trace une route originale et prospère.Ensemble !Entreti<strong>en</strong> e Gilbert <strong>La</strong>ngloisGilbert <strong>La</strong>nglois est aux commandes de l’Hippodrome de Douai depuis2006. Appelé <strong>en</strong> 2011 pour redresser la situation du Théâtre d’Arras, ildirige ces deux structures « <strong>en</strong> tandem », depuis 2012.Quelle est l’histoire de ce tandem théâtralque vous dirigez ?Gilbert <strong>La</strong>nglois : Après une première annéed’étude lors de la mission qui m’avait étéconfiée pour le théâtre d’Arras, dont le directeurétait parti, j’ai travaillé à la constructionde la saison 2012-2013. <strong>La</strong> troisième étape,<strong>en</strong> 2013-2014, est une saison où on élaboreun seul projet pour les deux lieux, sur un territoireélargi, à cheval sur le Nord et le Pasde-Calais.Le questionnem<strong>en</strong>t à r<strong>en</strong>ouvelerest celui du rapport au public. Celui-ci va deDouai à Arras, un peu moins d’Arras à Douai.Les temps d’expérim<strong>en</strong>tation, avec la mise <strong>en</strong>place de navettes, ont permis de voir comm<strong>en</strong>tle public répondait à nos propositions. Cettepériode d’observation, intéressante et importante,nous a permis de travailler autrem<strong>en</strong>tsur l’accompagnem<strong>en</strong>t et l’accueil, afin d’êtreà même de développer des séries de repré-Théâtre d’Arras / Belgraded’Angélica Liddell / mes Juli<strong>en</strong> FišeraHippodrome de Douai / Petit Eyolfd’H<strong>en</strong>rik Ibs<strong>en</strong> / mes Jonathan ChâtelBelgradeet Petit EyolfDeux jeunes metteurs <strong>en</strong> scène, Juli<strong>en</strong> Fišeraet Jonathan Châtel, s’empar<strong>en</strong>t de deux textesqui interrog<strong>en</strong>t la question de la reconstructionde soi après la crise, et le thème de lafiliation.Écrite <strong>en</strong> 2008 par Angélica Liddell, Belgradeest une pièce inédite de la dramaturge etperformeuse espagnole. Juli<strong>en</strong> Fišera la met<strong>en</strong> scène, éclairant cette matière textuelleà la lumière de ses propres <strong>en</strong>jeux de créateur.« <strong>La</strong> première partie, qui pourrait paraîtredocum<strong>en</strong>taire, conduit à l’universel d’uneinterrogation sur l’amour filial, la figure du pèreet la question de la transmission. C’est cettequestion du rapport <strong>en</strong>tre l’ancrage docum<strong>en</strong>-s<strong>en</strong>tations. Lorsqu’un spectacle se joue <strong>en</strong>trecinq et dix fois, cela impose une autre façond’<strong>en</strong>visager l’information et la relation avec lepublic. Cela permet aussi de travailler autrem<strong>en</strong>tavec les compagnies. Des représ<strong>en</strong>tationsplus nombreuses r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t plus facile lar<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre les artistes et le public. Nousmettons cela <strong>en</strong> place cette saison et le développeronsdavantage <strong>en</strong>core <strong>en</strong> 2014-2015. Letravail <strong>en</strong> commun permet aussi de mutualisercertaines tâches administratives, sans diminuerles effectifs tout <strong>en</strong> permettant l’échanged’expéri<strong>en</strong>ces. L’idée fondam<strong>en</strong>tale de ce projet<strong>en</strong> tandem était non pas de diminuer leséquipes, mais de les réorganiser. L’Hippodromeest une scène nationale, le Théâtre d’Arras estune scène missionnée, conv<strong>en</strong>tionnée musiqueet théâtre, et il est question que le projet<strong>en</strong> tandem acquiert le label scène nationale.L’<strong>en</strong>jeu à v<strong>en</strong>ir est là.Petit Eyolf, drame d’Ibs<strong>en</strong> autour de la mortde l’<strong>en</strong>fant de la maison.taire et l’intimité qui m’intéresse », dit Juli<strong>en</strong>Fišera. Autre époque, autre lieu, mais mêmequestion lancinante de la quête de soi parmiles ruines : Jonathan Châtel met <strong>en</strong> scène PetitEyolf, d’Ibs<strong>en</strong>, où, autour de la mort de l’<strong>en</strong>fantde la maison, se déchir<strong>en</strong>t trois adultes prisdans les rets de la responsabilité. Créée auThéâtre d’Arras, la pièce a reçu cette annéele prix du public au festival Impati<strong>en</strong>ce. C.RobertBelgrade, les 16 et 17 décembre.Petit Eyolf, le 13 février.© Bernard CoutantComm<strong>en</strong>t concevez-vous la complém<strong>en</strong>tarité<strong>en</strong>tre Arras et Douai ?G. L. : Il est important de garder une mêmeexig<strong>en</strong>ce et de prés<strong>en</strong>ter le meilleur dans unlieu comme dans l’autre. L’ess<strong>en</strong>tiel ti<strong>en</strong>t àla complém<strong>en</strong>tarité des plateaux. Le grandplateau de l’Hippodrome permet d’accueillirles grandes formes de la danse ou du cirque.A Arras, le théâtre à l’itali<strong>en</strong>ne et la salle demusique peuv<strong>en</strong>t accueillir d’autres formes. Ilest à la fois très intéressant de travailler avecles contraintes des plateaux, et d’<strong>en</strong> avoir suffisamm<strong>en</strong>tà disposition pour permettre auxartistes de s’y poser et d’y travailler. Les deuxlieux prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t toujours un plateau libreMaqoma, Onikeku,Bidiefono :une Afrique quiveille ses mortsCes trois chorégraphes (Afrique du Sud,Niger, Congo-Brazzaville) sont les représ<strong>en</strong>tantsd’une génération de créateurs <strong>en</strong> priseavec les vibrations de leur contin<strong>en</strong>t.Gregory Maqoma, Qudus Onikeku et De<strong>La</strong>ValletBidiefono ponctu<strong>en</strong>t la saison avec chacun unepièce. Leur point commun ? Des spectacles profondém<strong>en</strong>ttournés vers l’av<strong>en</strong>ir, mais où la mortrevi<strong>en</strong>t hanter le plateau. Maqoma et Onikekuconvoqu<strong>en</strong>t sur scène l’ombre de leurs ancêtres,croisant, pour l’un l’histoire de la rébellion de sonpays, et pour l’autre, une mystique plus personnelle.De<strong>La</strong>Vallet Bidiefono, avec Au-delà, a faitvibrer le Cloître des Célestins au dernier Festivald’Avignon : ses danseurs et musici<strong>en</strong>s se sont© D. R.permettant l’accueil d’une compagnie <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce. Nous continuerons de développercette possibilité dans le cadre du pôle europé<strong>en</strong>de production, de diffusion et d’accueil<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce. Nous voulons inv<strong>en</strong>ter un tempsde prés<strong>en</strong>tation de la création europé<strong>en</strong>ne,<strong>en</strong> offrant, à partir de 2014-2015, des cartesblanches aux grands artistes europé<strong>en</strong>s :ces focus seront des outils de diffusion et decréation et marqueront chaque saison.Dans quelle mesure le tandem <strong>en</strong>tre Arras etDouai modifie-t-il le rapport au territoire ?G. L. : Dans cette région, le développem<strong>en</strong>t dela métropole lilloise a absorbé un certain nombred’institutions. L’idée de ce tandem, dansl’esprit de la dynamique à laquelle participele Louvre à L<strong>en</strong>s, c’est que des villes commeBéthune, Arras, Douai, Cambrai, redévelopp<strong>en</strong>tleur activité <strong>en</strong> repositionnant leurs territoirespour équilibrer le très fort pouvoir d’attractionde la métropole lilloise. Notons qu’il y a unedynamique assez particulière dans le Nord-Pas-de-Calais, puisque les lieux y travaill<strong>en</strong>tfacilem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble. <strong>La</strong> concertation, la circulationet la coproduction sont vraim<strong>en</strong>t possibles,les publics se déplac<strong>en</strong>t, et le partagedes frais permet par exemple de faire v<strong>en</strong>ir descompagnies qui ne vi<strong>en</strong>drai<strong>en</strong>t pas sinon.Quelle est la couleur de votre prochaine saison?G. L. : On peut évidemm<strong>en</strong>t faire ressortirdes thématiques, puisque nous accueillonsdes propositions qui port<strong>en</strong>t un regard sur laliberté, l’amour, la mémoire, la guerre. Mais“Prés<strong>en</strong>ter lemeilleur dans un lieucomme dans l’autre.”Gilbert <strong>La</strong>ngloisnous accueillons surtout des artistes <strong>en</strong>gagésau plateau, et nos différ<strong>en</strong>ts plateaux nouspermett<strong>en</strong>t d’être à des <strong>en</strong>droits très s<strong>en</strong>siblesde transdisciplinarité, à l’écoute des nouveauxlangages, au cœur de formes très nouvellesqui peuv<strong>en</strong>t ouvrir à des nouveaux publics.Il est important que les publics se crois<strong>en</strong>t,et la programmation doit le permettre, dansl’équilibre <strong>en</strong>tre des formes plus facilem<strong>en</strong>trepérables et d’autres plus contemporaines.<strong>La</strong> dim<strong>en</strong>sion internationale est égalem<strong>en</strong>ttrès importante, puisqu’elle permet des r<strong>en</strong>contres,des coups de cœur, la découvertede nouvelles manières d’aborder les textes.Cette ouverture donne un souffle nouveau,à tous et même au directeur, puisque celapermet de se confronter à d’autres manièresde travailler, de construire, de produire. Lesartistes peuv<strong>en</strong>t aussi, par ce biais, se croiseret confronter leurs esthétiques : voilà l’intérêtde construire les choses <strong>en</strong> réseau et avecl’international.Propos recueillis par Catherine Robertjetés dans une danse à réveiller les âmes. Entrecélébration et rituel, le purgatoire n’était pasloin, mais la force des corps a fait loi. N. YokelExit / Exist, de Gregory Maqoma, le 20 novembre(Arras) ; Quadish, de Qudus Onikeku, le 7 janvier(Arras) ; Au-delà de De<strong>La</strong>Vallet Bidiefono,le 11 février (Douai).Théâtre d’Arrasd’après Anton Tchekhov / mes Tina SatterSeagull(Thinking of you)© Ilan BachrachHippodrome de Douai / Une année sans étéde Catherine Anne / mes Joël PommeratL’appr<strong>en</strong>tissagepar la pratique« J’ai lu voici quelques années la pièce de CatherineAnne, sa première, écrite <strong>en</strong> 1987, alors que jeme lançais moi-même dans l’écriture. Elle met <strong>en</strong>scène de jeunes g<strong>en</strong>s confrontés aux questionsess<strong>en</strong>tielles de l’exist<strong>en</strong>ce, dans cette périodeoù la vie elle-même est une œuvre à accomplir.Première française, ce projet s’inscrit dans unedémarche de transmission. Il s’agit pour moi d’accompagnerla formation de comédi<strong>en</strong>s <strong>en</strong> les plaçantdans les conditions réelles d’un processusde création et de tournée. Il me semble que lesécoles néglig<strong>en</strong>t l’apport de cette expéri<strong>en</strong>ce etperpétu<strong>en</strong>t un rapport maître-élève qui t<strong>en</strong>d àdéresponsabiliser l’acteur. L’appr<strong>en</strong>tissage déconnectéde la pratique lui donne un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’importance,voire peut flatter son narcissisme. Orc’est l’<strong>en</strong>semble et le projet artistique qui trans-Propos recueillis e Joël PommeratCatherine Anne saisit à fines touches les doutes de jeunes g<strong>en</strong>s quicherch<strong>en</strong>t leur chemin. Dans cette première française, Joël Pommeratporte pour la première fois au plateau un texte qu’il n’a pas écrit.Multicolores, multiformes, multilingues, multipolaires,multirisques… Multipistes ! A la césure dela saison, ce temps fort décline tout <strong>en</strong> variété lesarts de la piste et du cabaret. Ce sont les plantureusescréatures du Cabaret New burlesque quiouvr<strong>en</strong>t cette édition. Elles réinv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>en</strong> scènel’érotique de l’effeuillage, et compos<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compagniede Pierrick Sorin, facétieux plastici<strong>en</strong>, unshow musical tonique, truffé d’humour et de surprises.Avec Castor et Pollux, Cécilia B<strong>en</strong>golea etFrançois Chaignaud pouss<strong>en</strong>t l’extravagance fantaisistejusque dans les sphères célestes : les deuxdanseurs-chorégraphes incarn<strong>en</strong>t les jumeauxmythiques, condamnés à errer d’asc<strong>en</strong>sions <strong>en</strong>chutes, sans jamais pouvoir se rejoindre.Multiplicité des esthétiquesGémellité et altérité dessin<strong>en</strong>t aussi les lignesde forces de Qui<strong>en</strong> Soy ? (Qui suis-je ?), de lajeune compagnie El Nucleo. Acrobates dan-© Cici Olsson© Marta Ankiersztejnc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les actions individuelles. Trop souv<strong>en</strong>t,l’acteur « fait l’acteur ». Mon travail consiste àessayer d’effacer ces tics professionnels, à chercherla justesse dans la simplicité du jeu. »Propos recueillis par Gwénola DavidLes 8 et 9 janvier 2014.Les MultipistesUn temps fort dédié aux arts de la piste et au cabaret.<strong>La</strong> metteure <strong>en</strong> scène new-yorkaise TinaSatter s’empare de <strong>La</strong> Mouette. Un spectacle<strong>en</strong> anglais surtitré qui porte un nouvel éclairagesur la pièce de Tchekhov.Elle est considérée comme la figure montante duthéâtre expérim<strong>en</strong>tal new-yorkais. <strong>La</strong> directriceartistique de la compagnie Half Straddle s’inspirede la correspondance de Tchekhov, de diversestraductions et de l’histoire de la création de<strong>La</strong> Mouette pour revisiter l’obscurité et la beautéde ce chef-d’œuvre du théâtre. Déconstructiondes textes, univers musical populaire russe auxinflu<strong>en</strong>ces métal : Tina Satter a souhaité s’interroger« sur ce qui fait battre le cœur humain et cequi nous pousse, à tort, à essayer de nous exprimerà haute voix ». En portant un regard singulier« sur la performance, sur l’échec et les t<strong>en</strong>tativesd’amour », la metteure <strong>en</strong> scène veut ainsi traiterl’œuvre de Tchekhov « d’une manière à la foisprofonde et iconoclaste ». M. Piolat SoleymatLes 15 et 16 novembre.Seagull (Thinking of you).© Daniel MichelonQui<strong>en</strong> Soy ?Gros planseurs colombi<strong>en</strong>s, Edward Aleman et WilmerMarquez exprim<strong>en</strong>t au main-à-main l’impactde la r<strong>en</strong>contre et la quête d’id<strong>en</strong>tité au traversde la relation à l’autre. Dans Clockwork de Sisterscompany, trois acrobates au mât chinoisjou<strong>en</strong>t de leurs différ<strong>en</strong>ces pour composer lesélém<strong>en</strong>ts mécaniques d’une minutieuse horlogerieet se fondre <strong>en</strong> une nouvelle <strong>en</strong>tité.Gwénola DavidDu 3 au 20 décembre 2013.Théâtreet politique<strong>La</strong> metteure <strong>en</strong> scène polonaise MartaGórnicka, le comédi<strong>en</strong> belge David Murgiaet les membres de la compagnie itali<strong>en</strong>neMotus mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perspective les normes d<strong>en</strong>otre époque et de nos sociétés.Requiemachine, réquisitoire contre les excès dusystème capitaliste.© Flora Loyau© Paula GarciaHippodrome de Douai / Aimer si fort pour mourir si seuldirection artistique et mes Guy Alloucherie« Depuis plusieurs années, je crée in situdes Veillées <strong>en</strong> compagnie d’artistes qui,à partir de r<strong>en</strong>contres avec les habitantsd’un territoire, propos<strong>en</strong>t une soirée composéede vidéos et de performances. EnPropos recueillis e Guy AlloucherieLe corps mis à l’épreuveGuy Alloucherie croise théâtre, cirque et danse dans une pièce créée àDouai où résonne le monde, <strong>en</strong>tre fureur et mélancolie.voyant <strong>La</strong> Maison de la force d’AngelicaLiddell, j’ai été profondém<strong>en</strong>t touché, troublé,par la puissance de son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsur scène. Elle transc<strong>en</strong>de sa colère, sonmal-être, par la mise à l’épreuve du corps,comme si elle cherchait une vérité absolueAu fil de la saison 2013/2014, sur les scènesd’Arras et de Douai, trois créations sillonnerontles chemins du théâtre politique.Remise <strong>en</strong> cause du libre-échange dansRequiemachine (d’après des textes de WladyslawBroniewski, mis <strong>en</strong> scène par MartaGórnicka) ; adaptation libre de <strong>La</strong> Tempêtede Shakespeare (Nella Tempesta) à traverslaquelle la compagnie Motus repose la questiondu vivre-<strong>en</strong>semble ; état des lieux d<strong>en</strong>os Etats <strong>en</strong> crise dans Discours à la nation(d’Ascanio Celestini, interprété par DavidMurgia) : trois façons de mêler art dramatiqueet interrogations citoy<strong>en</strong>nes par le biaisde propositions <strong>en</strong>tre humour et insoumission.M. Piolat SoleymatRequiemachine, le 24 octobre (Arras).Nella Tempesta, le 25 mars (Douai).Discours à la nation, les 26 et 27 mai (Arras).Théâtre chili<strong>en</strong>Trois compagnies chili<strong>en</strong>nes nous <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>tdans les sinuosités du réel et de la vie.Sur la corde raide, de la compagnie Teatro Milagrosaborde la mort avec simplicité et t<strong>en</strong>dresse.Spectacle d’inspiration docum<strong>en</strong>taire, El año<strong>en</strong> que naci, de Lola Arias, réinterroge l’héritagefamilial et historique de onze individusnés sous la dictature de Pinochet. Spectaclede marionnettes, Sur la corde raide, créé parla compagnie Teatro Milagros, jette un regardnouveau sur notre quotidi<strong>en</strong> <strong>en</strong> cherchantla façon de parler de la mort aux <strong>en</strong>fants.Théâtre visuel mêlant bande dessinée etcinéma, Histoire d’amour, par la compagnieTeatrocinema, aborde les thèmes de lapossessivité, des rapports de domination etd’emprisonnem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tal. Trois occasionsde découvrir les couleurs et les acc<strong>en</strong>ts duthéâtre chili<strong>en</strong>.M. Piolat SoleymatEl año <strong>en</strong> que naci, les 21 et 22 novembre(Douai). Sur la corde raide, le 1 er février (Arras)et le 4 (Douai). Histoire d’amour,les 12 et 13 mars (Douai).par l’épuisem<strong>en</strong>t physique et psychique. J’aialors compris qu’il me fallait rev<strong>en</strong>ir au plateauet donner une forme spectaculaire àla fêlure, à cet indicible, à ce vertige, que jeress<strong>en</strong>s face au monde d’aujourd’hui, face àune certaine confusion politique et morale.J’ai donc rassemblé une dizaine d’acteurs,d’acrobates et de danseurs. Nous allonstravailler avec le texte d’Angelica Liddell,avec des briques et du charbon, matériau« sacré » dans mon <strong>en</strong>fance, passée au cœurdu bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.Nous créerons avec tout ce qui fait que noussommes qui nous sommes, <strong>en</strong> cherchant àfaire naître le mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nous-mêmes,<strong>en</strong> mobilisant le corps tout <strong>en</strong>tier dans unequête d’auth<strong>en</strong>ticité. »Propos recueillis par Gwénola DavidDu 6 au 8 novembre 2013.Le restede la saisonImpossible de reproduire la liste de toutesles propositions faites <strong>en</strong> tandem parles théâtres d’Arras et de Douai. Quelquespépites remarquables, néanmoins, dansce vaste flot aurifère !Une demi-heure <strong>en</strong> navette, et on passed’Arras à Douai et de Douai à Arras.Les adeptes de la déc<strong>en</strong>tralisation etdu déc<strong>en</strong>trem<strong>en</strong>t, les allergiques auxfrontières artistiques et géographiques,les butineurs curieux et les amateursavides de nouveautés sauront selaisser guider par une programmationbicéphale, qui tuile les g<strong>en</strong>res etalterne les formes. A noter cep<strong>en</strong>dant,parmi les propositions de cette saison,quelques spectacles à ne pas manquer.A Arras, les 11 et 12 octobre, UneFlûte <strong>en</strong>chantée, librem<strong>en</strong>t adaptée deMozart : Franck Krawczyk, au piano,et l’imm<strong>en</strong>se Peter Brook, à la mise<strong>en</strong> scène, offr<strong>en</strong>t une version épurée,drôle et t<strong>en</strong>dre de l’opéra de Mozart.Les 17 et 18 avril, à Arras, le concert <strong>en</strong>un acte imaginé par D<strong>en</strong>is Podalydès,autour des Méfaits du tabac, d’AntonTchekhov. Les 6 et 7 mai, à Douai, OncleVania, du même auteur, dans la mise<strong>en</strong> scène d’Eric <strong>La</strong>cascade, qui mêleau texte de la pièce celui de L’Hommedes bois, sa première version, et lesréunit sur un plateau bouillonnant depassions. Enfin, du 13 au 15 juin, untemps fort aux allures de marathon :Les 24 heures. Théâtre, musique, cirque,danse, magie et cinéma compos<strong>en</strong>tun parcours festif dans et hors lesmurs de l’Hippodrome de Douai et duThéâtre d’Arras.Catherine RobertThéâtre d’Arras,7, place du Théâtre, 62000 Arras.Tél. 03 21 71 66 16.Hippodrome de Douai,place du Barlet, 59500 Douai.Tél. 03 27 99 66 66.Site : www.tandem-arrasdouai.eu


44 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 45insertion <strong>Terrasse</strong> octobre13-14_Mise <strong>en</strong> page 1 22/07/13 16:57 Page1Le MonfortFestivalFestivaldes OpérastraditionnelschinoisSixième édition d’un Festival qui invite à ladécouverte d’un art total, multiple, à l’esthétiqueraffinée et singulière.L’Opéra traditionnel chinois à découvrir au Monfort.En octobreJonglagev<strong>en</strong>dredi 4 à 20h30LENTOcie NuuaCirquesamedi 19 à 14h30 et 18h« 2 »Le P’tit Cirkà 19hNO MOLESTARVaivén CircoRÉSERVATION01 49 92 61 61resac<strong>en</strong>treculturel@ville-la-courneuve.frPlus d’infos sur www.ville-la-courneuve.fr© D. R.C’est désormais un r<strong>en</strong>dez-vous automnalhabituel et très dépaysant : le sixième Festivaldes Opéras traditionnels chinois, organisé parle C<strong>en</strong>tre Culturel de Chine à Paris, propose dedécouvrir des œuvres emblématiques, anci<strong>en</strong>nesou modernes, par diverses troupes chevronnées.Art dramatique total, l’Opéra chinoisse déploie dans un décor épuré qui laisse toutesa place à une riche expressivité, façonnée parl’alliage de divers effets – le jeu, le mime, ladanse, la musique, le chant, le maquillage, lescostumes souv<strong>en</strong>t flamboyants et l’acrobatie.A la fois stylisé et mystérieux, codifié et poétique,l’Opéra traditionnel chinois, inscrit aupatrimoine immatériel de l’Unesco, est un artséculaire vivant et toujours populaire.A. SantiLe Monfort Théâtre, parc Georges Brass<strong>en</strong>s,106 rue Brancion, 75015 Paris. Du 22 au26 octobre à 20h30, le 26 matinée à 15h,dimanche 27 à 16h. Tél. 01 56 08 33 88.C<strong>en</strong>tre d’art et de culture de Meudonde Jakop AhlbomLeb<strong>en</strong>sraumLe créateur suédois Jakop Ahlbom fusionnethéâtre, mime, danse et illusion pour donnercorps à « un monde imaginaire au sein duqueltout peut arriver ».S’inspirant du travail de Buster Keaton, lanouvelle création de Jakop Ahlbom noustransporte dans l’univers loufoque de deux© André Baumecker© Creative CommonsLeb<strong>en</strong>sraum au C<strong>en</strong>tre d’art et de culture de Meudon.hommes devant s’accommoder de l’étroitessede leur habitat. Chez eux, tout a plusieursusages : le lit sert de piano, la bibliothèquede réfrigérateur… Et lorsque la « femme deménage robot » qu’ils ont fabriquée s’émancipe,se met à p<strong>en</strong>ser et agir par elle-même,leur quotidi<strong>en</strong> bascule. « J’essaie de franchirles frontières du réel et de créer un mondede l’inconsci<strong>en</strong>t, déclare le créateur d’originesuédoise. Dans mes productions, j’attire lesspectateurs dans un univers merveilleux. Jefais appel à leurs émotions, leurs imaginations,leurs rêves, leurs cauchemars, leurspeurs. Leur soi-disant réalité se retrouve bouleversée.» T<strong>en</strong>tant d’ouvrir et de développernos horizons, Jakop Ahlbom souhaite nousam<strong>en</strong>er à <strong>en</strong>visager toute la complexité del’être humain, nous pousser à « regarder lemonde (…) avec un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’émerveillem<strong>en</strong>t».M. Piolat SoleymatC<strong>en</strong>tre d’art et de culture de Meudon,15 bd. des Nations-Unies, 92190 Meudon.Le 11 octobre 2013, à 20h45. Tél. 01 49 66 68 90.Région / Célestins - Théâtre de LyonFestivalS<strong>en</strong>s InterditsDu 23 au 30 octobre, des artistes v<strong>en</strong>us dumonde <strong>en</strong>tier explor<strong>en</strong>t, sur les scènes de l’agglomérationlyonnaise, les notions de mémoire,d’id<strong>en</strong>tité et de résistance. C’est la troisièmeédition du festival international S<strong>en</strong>s Interdits,organisée par le Théâtre des Célestins.El Año <strong>en</strong> que nací, au festival S<strong>en</strong>s Interdits.Ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du Chili, de Pologne, du Liban,d’Egypte, de Russie, du Cambodge, de Croatie,d’Espagne, de Hongrie, de Slovénie, d’Allemagne,d’Arg<strong>en</strong>tine, de France… Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tleur création sur les scènes de 10 institutionsde l’agglomération lyonnaise (célestins,TNP, Subsistances, Théâtre de L’Elysée…). Cesont les femmes et les hommes de théâtrequi particip<strong>en</strong>t à la 3e édition de la bi<strong>en</strong>naleS<strong>en</strong>s Interdits. « Les artistes veill<strong>en</strong>t !, lancePatrick P<strong>en</strong>ot, codirecteur du Théâtre descélestins et directeur artistique du festival.Ils sont v<strong>en</strong>t debout, comme leur théâtre ! Ilssont pleins de force et d’humour. Ils réveill<strong>en</strong>tles mémoires et secou<strong>en</strong>t les consci<strong>en</strong>ces. Letemps d’un événem<strong>en</strong>t que nous souhaitonsrassembleur, festif et convivial, ils feront desscènes de notre métropole un espace de dialogueoù les histoires d’ailleurs feront résonnercelles d’ici. » Une façon de dire, <strong>en</strong> ces tempstroublés, chaotiques, « l’incandesc<strong>en</strong>ce dumonde ».M. Piolat SoleymatCélestins-Théâtre de Lyon, place des Célestins,69002 Lyon. Du 23 au 30 octobre 2013.él. 04 72 77 40 00. www.celestins-lyon.orget www.s<strong>en</strong>sinterdits.org© D. R.© David Alarcónrejoignez-nous sur facebookLe Monfort Théâtrede la Compagnie des Femmes à barbe / mesGw<strong>en</strong> Aduh<strong>La</strong> TaverneMünchaus<strong>en</strong><strong>La</strong> Compagnie des Femmes à barbe nousdonne r<strong>en</strong>dez-vous au Monfort Théâtre poursa Taverne Münchaus<strong>en</strong>. Une heure tr<strong>en</strong>te« de joutes verbieuses et d’improvisades ».<strong>La</strong> Taverne Münchaus<strong>en</strong>, au Monfort Théâtre.Créée <strong>en</strong> 1999 par Aurélie de Cazanove et Gw<strong>en</strong>Aduh, la Compagnie des Femmes à barbe doitson nom au goût prononcé de ces deux artistes« pour les arts forains, les phénomènes defoire, les personnages étranges, les femmes etles barbes… » S’inspirant de la figure du baronde Münchaus<strong>en</strong> (personnage haut <strong>en</strong> couleurconnu pour son s<strong>en</strong>s du fantasque et ses affabulations),la Taverne que le collectif prés<strong>en</strong>teau Monfort Théâtre nous place face à despersonnages tout aussi loufoques. Tout droitsortis du xviii e siècle, attablés au milieu desspectateurs : la Baronne Rogère de la Ferronie,le Marquis Stanislas de la Hulotte, la PrincesseAnne Angélique de la Trémouaille, Dom Pedrode la Mancha…, se lanc<strong>en</strong>t dans toutes sortesd’histoires imaginaires à partir de thèmes tirésau hasard. Sous le regard d’un cardinal faisantoffice d’arbitre et de maître de cérémonie, ilsinv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des mondes faits d’absurde, d’extravagance,de cocasserie, dans la tradition duthéâtre d’improvisation. M. Piolat SoleymatLe Montfort Théâtre, parc Georges-Brass<strong>en</strong>s,106 rue Brancion , 75015 Paris. Les 5 et6 novembre 2013 à 20h, du 12 au 14 décembreà 20h30, du 4 au 7 juin 2014 à 20h.Tél. 01 56 08 33 88. www.lemonfort.frThéâtre de la Cité Internationaled’après Molière / jeu etmes Guillaume BailliartTartuffe d’aprèsTartuffed’après Tartuffed’après MolièreSeul sur scène, Guillaume Bailliart investittous les rôles de Tartuffe. Une « av<strong>en</strong>turefolle » à travers laquelle l’acteur-metteur <strong>en</strong>scène souhaite explorer la démesure et lesfulgurances de la parole.Guillaume Bailliart dans Tartuffe d’après Tartuffed’après Tartuffe d’après Molière.« Peut-être que je recherche comme uneespèce de transe, explique GuillaumeBailliart, une orgie d’alexandrins comme unplat à feu doux et qui, petit à petit, se met àbouillonner. Au fond, la pièce est comparable© P. Bosc©<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Friquet – C<strong>en</strong>tre Pompidou© D. R.Clém<strong>en</strong>t Bondu confie à Juli<strong>en</strong> Allouf et NaïsEl Fassi le huis clos dévasté d’une histoiresans histoire où le flux continu des motsexplore la difficulté à être <strong>en</strong>semble ou séparés,humains, trop humains…« Jemes<strong>en</strong>splusprochedesromanciersetdespoètesquedesauteursdethéâtre», dit le jeune Clém<strong>en</strong>t Bondu. DansRoman, un homme logorrhéique et ressasàun exorcisme. Comme si Tartuffe avait uséde magie noire pour <strong>en</strong>chanter Orgon, commesi les autres devai<strong>en</strong>t essayer de le déposséderet qu’ils mettai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place, chacun leurtour, une espèce de rituel pour y parv<strong>en</strong>ir. » Nélors de la collaboration du comédi<strong>en</strong>-metteur<strong>en</strong> scène au Théâtre Perman<strong>en</strong>t de Gw<strong>en</strong>aëlMorin (de 2004 à 2009), ce Tartuffe <strong>en</strong> solo(accompagné depuis le gradin par Yann Métivier,François Herpeux ou Viviane Balsiger, <strong>en</strong>alternance) s’appuie sur le jaillissem<strong>en</strong>t del’écriture, sur son énergie. Et sur « la dictatureformelle du vers », contrainte qui autorise,selon Guillaume Bailliart, « les plus bellesinv<strong>en</strong>tions de jeu ». M. Piolat SoleymatThéâtre de la Cité internationale, 17 bd. Jourdan,75014 Paris. Du 10 au 22 octobre 2013. Tous lesjours à 20h, le jeudi à 19h (le jeudi 10 octobreà 20h), relâche les mercredis et dimanches.Durée du spectacle : 1h. Tél. 01 43 13 50 50.région / Comédie de Picardied’après (très lointainem<strong>en</strong>t) l’histoire desAtrides / de Jean-Michel Rabeux et GillesOstrowsky / mes Jean-Michel RabeuxLes Fureursd’OstrowskyL’acteur Gilles Ostrowsky et l’auteur et metteur<strong>en</strong> scène Jean-Michel Rabeux inv<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tun délire grotesque à partir de la tragédie desAtrides. L’art de mêler le rire et le pire…Gilles Ostrowsky, furieux…« Là on va pas se priver, on va les faire parlerles morts ! » promet l’acteur Gilles Ostrowsky, àqui Nicolas Auvray, directeur de la Comédie dePicardie, a proposé de créer un solo. Le comédi<strong>en</strong>est allé <strong>en</strong> parler à l’auteur et metteur <strong>en</strong>scène Jean-Michel Rabeux, qui sait se saisir detoute la liberté d’inv<strong>en</strong>ter que permet le théâtre.«<strong>La</strong> pièce se fabrique à même le plateau,à partir de Gilles et de sa puissance comiqueins<strong>en</strong>sée, sans texte de départ mais avec unthème : délirer de façon grotesque sur le mythede L’Orestie. » Furieux comme Oreste, furieuxcomme le sont les Atrides marqués par le sanget les meurtres familiaux, jusqu’au festin des<strong>en</strong>fants tués et servis avec une sauce au vin :ainsi est Ostrowsky, sur le fil <strong>en</strong>tre un comiqueirrésistible et un tragique absolu. Ostrowskytourne <strong>en</strong> dérision l’horreur, qui pourtant stupéfie.Tout est possible au théâtre ! A. SantiComédie de Picardie, 62 rue des Jacobins,80000 Ami<strong>en</strong>s. Du 15 au 18 octobre à 20h30,sauf le 16 à 19h30. Tél. 03 22 22 20 20.région / Comédie de Picardied’après Virginia Woolf / mes Lisa WurmserEntre les actesC’est une première française. Lisa Wurmseradapte et met <strong>en</strong> scène le dernier roman deVirginia Woolf, où les personnages livr<strong>en</strong>t« la quintess<strong>en</strong>ce des choses » <strong>en</strong>tre lesactes d’une représ<strong>en</strong>tation théâtrale.Juin 1939, une bourgade de la campagneanglaise. Une représ<strong>en</strong>tation théâtrale seprépare chez les Oliver, <strong>en</strong> plein air ou dans lagrange si le temps l’impose. Dans une langue© Ludo LeleuLuce Mouchel et Matthieu Marie dans Entre les Actes.au plus près de l’être, les personnages dialogu<strong>en</strong>t,ou s’évad<strong>en</strong>t dans leurs réflexions etrêveries introspectives. « Je connais et j’aime ceroman depuis plus de vingt ans. Il mêle l’histoireindividuelle et l’histoire collective de manièretrès brillante, développe un point de vue sur l’artpassionnant, et, comme dans <strong>La</strong> Cerisaie deTchekhov, évoque magnifiquem<strong>en</strong>t la dislocationd’un monde. De plus, le regard satirique queVirginia Woolf porte sur la confrontation <strong>en</strong>treles villageois et la bourgeoisie est particulièrem<strong>en</strong>tacéré et moderne » confie la metteure <strong>en</strong>scène Lisa Wurmser. A travers Miss <strong>La</strong> Trobe etson spectacle, c’est aussi l’histoire littéraireanglaise qui apparaît et se superpose à lavie prés<strong>en</strong>te. Un <strong>en</strong>trechoquem<strong>en</strong>t de hautevolée <strong>en</strong>tre l’intime et le social, <strong>en</strong>tre l’intimeet l’Histoire, <strong>en</strong>tre le passé hérité et le prés<strong>en</strong>tincertain qui trace sa voie.A. SantiComédie de Picardie, 62 rue des Jacobins,80000 Ami<strong>en</strong>s. Du 7 au 9 novembre à 20h30,dimanche 10 à 15h30. Tél. 03 22 22 20 20.région / Comédie de l’Estde Fabrice Melquiot / mes Guy Pierre CouleauGuitouGuy Pierre Couleau crée Guitou, de FabriceMelquiot, spectacle lumineux et drôle quiouvre la saison de la Comédie de l’Est <strong>en</strong> réunissantgrands et petits autour du thème dutemps retrouvé.« Je n’écris pas pour les <strong>en</strong>fants. Les <strong>en</strong>fantsn’exist<strong>en</strong>t pas. J’essaie d’écrire depuis l’<strong>en</strong>fance.Le point de départ, c’est toujours l’abandon àune rêverie sur l’<strong>en</strong>fance. Une rêverie d’adulte<strong>en</strong> terrain désolé », dit Fabrice Melquiot à proposde l’histoire de l’anachronique et poétiquerelation <strong>en</strong>tre Armance et Guitou, ami d’<strong>en</strong>fancede son père rev<strong>en</strong>u du passé. Le directeurde la Comédie de l’Est s’empare de cetexte, dont il dit qu’il est « un coup de cœur »,avec sa pudeur et sa délicatesse habituelles.« C’est une pièce très limpide et pourtant pas sisimple, écrite avec une grande sci<strong>en</strong>ce du théâtre,épure et économie. C’est un vrai défi pour lamise <strong>en</strong> scène, puisqu’il faut jouer sur le tempsqui passe, afin que les adultes délivr<strong>en</strong>t leurâme d’<strong>en</strong>fant », dit Guy Pierre Couleau. Dansl’espace restreint, confortable et rassurantd’un bifrontal intime, Armance aide les adultesà dialoguer avec l’<strong>en</strong>fance.C. RobertComédie de l’Est. 6 route d’Ingersheim,68027 Colmar. Du 1 er au 18 octobre. Mardi,mercredi, jeudi, v<strong>en</strong>dredi, à 19h ; samedi à 18h ;mercredi à 15h, sauf le 2, à 19h.Tél. 03 89 24 31 78. A partir de 8 ans.Théâtre 95Texte et mes Clém<strong>en</strong>t BonduRoman-l’hommedanse / la dansesacrée / dansla pluie d’étéRéagissez sur www.journal-laterrasse.frTHÉÂTRE JEAN-VILAR1THÉÂTRE1VILLE DE VITRY-SUR-SEINE SAISON 2013-2014PLUS FORT QUE MON PÈRE / J.-L. SAGOT-DUVAUROUX /FRANÇOIS HA VAN / CIE BLONBALES HISTOIRES DE ROSALIE / MICHEL VINAVER /ANDRÉ LONCIN / LE PETIT THÉÂTRELE MÉPRIS / JULIEN BOUFFIER / CIE ADESSO E SEMPREHUBERT AU MIROIR / DOMINIQUE RICHARD / COLLECTIF RÂLA MAISON AUX ESPRITS /ISABEL ALLENDE / MICHAEL BATZ / CIE YORICKLA LUNE ET L’AMPOULE / DARIO FO / LUCIANO TRAVAGLINO / LA GIRANDOLETROIS PAS DEHORS / FRANÇOIS CHANAL / FRANÇOIS GÉRARD /LA MANIVELLE THÉÂTREMONSTRANUM’S / LEÏLA TOUBEL / EZZEDDINE GANNOUN / EL HAMRALES AVEUGLES / MAURICE MAETERLINCK / DANIEL JEANNETEAU /STUDIO-THÉÂTRE DE VITRY1DANSE1NIL / CIE 7273 / PLATEAUX DE LA DANSE / LA BRIQUETERIE CDCTRANSE / FOUAD BOUSSOUF / CIE MASSALAPINDORAMA / LIA RODRIGUES / Festival d’Automne à ParisISRAEL GALVÁNROMÉOS ET JULIETTES / SÉBASTIEN LEFRANÇOIS / TRAFIC DE STYLESINCERTAIN CORPS / CLAIRE JENNY / CIE POINT VIRGULEDÉSORDRES / 3 ÈME ÉTAGE / DANSEURS DE L’OPÉRA DE PARISDIALOGUE WITH ROTKHO / CAROLYN CARLSONTYRANS / KARINE PONTIES / LA BRIQUETERIE CDC1MUSIQUE1PEER GYNT, adaptation folk / EDVARD GRIEG / LES CLÉS DE L’ÉCOUTEWADADA LEO SMITH / Festival Sons d’HiverL’OISEAU DE FEU / STRAVINSKI / ORCHESTRE NATIONAL D’ÎLE-DE-FRANCELES QUATRE SAISONS / VIVALDI, PIAZZOLLA / ONDIFCHANTIER WOYZECK / LA PÉNICHE OPÉRAAURÉLIEN DUMONT / DORIAN ASTOR / MIREILLE LARROCHE1CHANSON RAP HUMOUR1113, ROKIA TRAORÉ, ALDEBERT / FestiVal de Marne, TÉTÉ,DES VOYAGEURS DANS TA VOIX... FERRÉ / SANDRA ALIBERTI,SOPHIA ARAM01 55 53 10 60 > ABONNEMENT 4 SPECTACLES À PARTIR DE 22 €WWW.THEATREJEANVILAR.COM / 1 PLACE JEAN-VILAR 94400 VITRY-SUR-SEINEÀ 10 MN DE PORTE DE CHOISY / N305 OU BUS 183 / NAVETTE CHÂTELET


46 théâtreAnnonce_presse-122x367_octobre13.<strong>pdf</strong> 1 02/07/13 12:16dansedanse 47CMJCMMJCJCMJNLeb<strong>en</strong>sraumDe Jakop Ahlbom/ Jakop Ahlbom met <strong>en</strong> œuvre unspectacle visuel infernal, hommage àBuster Keaton, où les personnages et lesobjets qui les <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t se livr<strong>en</strong>t uneconcurr<strong>en</strong>ce infinie dans une sorted’appartem<strong>en</strong>t-machine.Sur une partition burlesque aussidéconcertante que drôle, l’art du mime,de l’acrobate, de l’illusionniste, dudanseur et de l’acteur sont conviés pourformer un étourdissant cocktail. /Informations et réservations01 49 66 68 90billetterie.meudon.frmeudon.frThéâtrevisuelVENDREDI11OCTOBRE20H4515 bd des Nations-UniesMEUDON© Stéphane van Hester<strong>en</strong>Conception graphique Limbus Studio 2013sant tâche de se libérer de la réflexion perman<strong>en</strong>tequi l’obsède grâce à la femme quil’écoute raconter sa vie. Comm<strong>en</strong>t la vivreplutôt que de demeurer dans la ratiocinationcontinuelle ? Telle est la question decette chronique obsessionnelle qui affirmeLe Théâtre 95 accueille le Roman de Clém<strong>en</strong>t Bondu.son hermétique poésie <strong>en</strong>tre les ruines d’unkaraoké, une maison abandonnée et unappartem<strong>en</strong>t vide : « Tout est blanc. Dévasté.Il pleut. Il pleut des cordes. À l’intérieur. Ilpleut. <strong>La</strong> pluie lave les paroles. <strong>La</strong> bave. <strong>La</strong>pluie lave. Les visages des vivants. Les douleurs.Les retrouvailles. Les séparations.Il pleut. Il pleut des cordes. À l’intérieur. <strong>La</strong>pluie emporte la blancheur. L’eau coule. Levide s’efface. Enfin. <strong>La</strong> pluie découvre les couleurs.Révèle le temps disparu »… C. RobertThéâtre 95, allée du Théâtre,95000 Cergy-Pontoise. 6 et 8 novembre 2013à 20h30 ; 7 novembre à 19h. Tél. 01 30 38 11 99.ChapiteauCirque RomanèsVoleursde poules !Le dernier opus de la famille Romanès, rythmépar de superbes musiques tziganes et gitanes.Une véritable invitation au voyage, et unspectacle contre les préjugés et l’ignorance.Numéros de cirque, danses, musiques tziganes etgitanes… Un spectacle à voir !Plutôt petit par la taille, grand par le cœur etpar l’int<strong>en</strong>sité flamboyante et chaleureuse quis’y déploie : le chapiteau du Cirque Romanèsest unique <strong>en</strong> Europe, et on ne peut que luisouhaiter de faire son œuvre <strong>en</strong>core pour d<strong>en</strong>ombreuses générations. Cirque et musique setransmett<strong>en</strong>t ici dès le berceau, et l’histoire desspectacles s’écrit <strong>en</strong> famille. Le poète Alexandre- auteur de plusieurs recueils chez Gallimard-, son épouse la chanteuse et musici<strong>en</strong>neDélia, leurs cinq <strong>en</strong>fants, leurs petits-<strong>en</strong>fants…Ils cré<strong>en</strong>t des spectacles qui <strong>en</strong>chant<strong>en</strong>t tousles publics, du bobo intello du 6 e arrondissem<strong>en</strong>tà l’ado des cités. Contorsion, funambule,jonglage, trapèze, corde volante, tissus,danses, flam<strong>en</strong>co, musiques des Balkans…Voleurs de Poules ! conte l’histoire du peuplegitan et son amour de la liberté. Histoire dedépasser les vieux clichés bi<strong>en</strong> t<strong>en</strong>aces et demettre <strong>en</strong> lumière la culture tzigane et gitane,hélas toujours méconnue.A. SantiChapiteau du Cirque Romanès, 42-44 bd. deReims, 75017 Paris. Du 19 octobre au 23 février.Les samedis à 16h et 20h30, les dimanchesà 16h. Représ<strong>en</strong>tations supplém<strong>en</strong>tairesà consulter sur le site. Tél. 01 40 09 24 20ou 06 99 19 49 59.© D. R. © D. R.Théâtre de la VilleChor Trisha BrownDéferlanteTrishaBrownSi le Festival d’Automne fait cetteannée le portrait de Bob Wilsonavec la diffusion de quatre de sespièces, il n’<strong>en</strong> oublie pas moinsune femme de sa génération, quielle aussi a bouleversé la créationcontemporaine : Trisha Brown,chorégraphe de la postmodernité,dont on traverse ici un demi-sièclede recherches.Le Théâtre de la Ville consacre plus de dixjours à des pièces de Trisha Brown emblématiquesde la deuxième moitié du XX esiècle. Celle qui fêtera ses soixante-dixseptans s’expose dans deux programmesde pièces courtes, allant du early work ausolo mythique, de pièces de collaborationplastici<strong>en</strong>/chorégraphe à la pièce hommage<strong>en</strong> clin d’œil à Michel Guy et au Festivald’Automne. On se laissera par exemplefacilem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>drir par le petit bijou queconstitue Homemade, un solo créé <strong>en</strong> 1966,avant même la naissance de la Trisha BrownDance Company. Une danseuse y <strong>en</strong>tre <strong>en</strong>scène, portant sur le dos un petit projecteurMénagerie de VerreConcept et danse Noé SoulierMouvem<strong>en</strong>tsur mouvem<strong>en</strong>tNoé Soulier et William Forsythe : <strong>en</strong>tre lesdeux, l’outil pédagogique ImprovisationTechnologies, qui donne au jeune chorégrapheles bases d’une réflexion sur le mouvem<strong>en</strong>t.Noé Soulier se frotte à William Forsythe.C’est grâce au concours Danse Elargie queNoé Soulier a fait parler de lui, <strong>en</strong> 2010, <strong>en</strong>remportant le premier prix avec Little perceptions.Depuis, il cultive sa singularité <strong>en</strong>portant haut la réflexion sur la danse, <strong>en</strong>appui sur son intérêt pour la philosophie.Mouvem<strong>en</strong>t sur mouvem<strong>en</strong>t est né de l’<strong>en</strong>viede se confronter à une matière chorégraphiqueexistante, à savoir les danses conçuespar Forsythe pour un DVD pédagogique. Évacuanttout comm<strong>en</strong>taire didactique, NoéSoulier <strong>en</strong> extrait les gestes résiduels, provoqued’autres chemins interprétatifs, pour<strong>en</strong> questionner le s<strong>en</strong>s. Noé Soulier s’attacheà ce qui fait danse, <strong>en</strong> dehors des évid<strong>en</strong>ceset des int<strong>en</strong>tions premières. Avec ce travailsur Forsythe, il poursuit là une recherche pluslarge, qui puise dans des sources historiquespour faire apparaître la nature de la danse etles contextes de son surgissem<strong>en</strong>t. N. Yokel<strong>La</strong> Ménagerie de Verre, 12/14 rue Léchevin,75011 Paris. Du 15 au 19 octobre 2013 à 20h30.Tél. 01 43 38 33 44.VOUS CHERCHEZ UN JOB éTUDIANT, éCRIVEZ-NOUS SUR la.terrasse@wanadoo.fr© Chiari Valle Vallomini© Stéphanie Berger© D. R.Homemade, la danse et la vidéo dos à dos.de cinéma. On distingue l’image qui est projetéesur le mur de fond de scène, mais celle-cibouge au fur et à mesure des évolutionsde la danseuse. Sa prés<strong>en</strong>ce se fait espiègle,et, devant la simplicité de la techniquevidéo employée, on s’amuse de ce saut dansle temps qui fait du bi<strong>en</strong> à la danse, préfigurantune réflexion danse-multimédia toujoursà vif. On peut considérer Trisha Browncomme une habituée du Festival d’Automne,un pilier de la programmation danse. Et pourThéâtre de la BastilleChor Anne Teresa de KeersmaekerRe:ZeitungNi reprise, ni réinterprétation, ni réécriture : ceprojet questionne une pièce d’Anne Teresa deKeersmaeker <strong>en</strong> offrant une nouvelle réponse,avec un groupe d’étudiants de P.A.R.T.S.Des étudiants de P.A.R.T.S. se confront<strong>en</strong>t à Zeitung.Zeitung a été créé <strong>en</strong> 2008, sur des musiquesde Bach, Webern et Schönberg. Une piècecomme un précipité de l’art d’Anne Teresade Keersmaeker, combinant sa démarcheautour de la musique et de l’improvisationavec le déliem<strong>en</strong>t de son écriture fluide.Re:Zeitung est un projet particulier, car iltouche à la fois à la création et à la pédagogie,et formalise le lancem<strong>en</strong>t de sa P.A.R.T.SFoundation. Six étudiants de son école sesont immergés dans le matériau chorégraphiqueet les processus traversés par lapièce originale. Le travail n’a pas consistéà se glisser dans les pas des interprètes àla création. C’est davantage dans l’idée dere-questionner, de reformuler, et de digérerque ces jeunes v<strong>en</strong>us du Maroc, du Brésil,de Tunisie ou de France se sont confrontés àZeitung. Pour la chorégraphe, ce projet dansle cadre de sa fondation devi<strong>en</strong>t un véritableoutil pour faciliter l’accès à la dansecontemporaine.N. YokelThéâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette,75011 Paris. Du 15 au 19 octobre 2013 à 21h,le 16 à 15h et 21h. Tél. 01 43 57 42 14.© Frédéric Iovinogros plancause, elle a fait partie, avec Merce Cunningham,des « Américains » que Michel Guy apromus, faisant de la France une terre d’accueilpour la danse postmoderne et un véritableboulevard pour l’éclosion de la dansecontemporaine.Un au revoirC’est bi<strong>en</strong> lui, le fameux MG de sa pièce de1991 For MG : the movie : un spectacle hommage,dont elle signe la chorégraphie, lascénographie et les costumes, et qui vibred’une prés<strong>en</strong>ce nostalgique sous les notesdu pianiste Alvin Curran. <strong>La</strong> programmationdu Théâtre de la Ville propose égalem<strong>en</strong>tun retour sur le travail de la chorégrapheavec Robert Rausch<strong>en</strong>berg, plastici<strong>en</strong> américainqui fit ses premières expositions à laJudson Church bi<strong>en</strong> connue de la chorégraphe.Depuis leur première collaboration <strong>en</strong>1989, ceux-ci n’ont cessé de consolider leuramitié, qui s’affiche ici à travers Foray Forêtet Astral Convertible. Dans If you couldn’tsee me, il a créé les costumes, la musique,la scénographie et la lumière, et la pièceest dev<strong>en</strong>ue le solo le plus mythique deTrisha Brown. A ne pas manquer, d’autantque cette tournée prépare l’après TrishaBrown, qui fait ses adieux à la chorégraphie.Nathalie YokelThéâtre de la Ville, 2 place du Châtelet,75004 Paris. Programme A avec For MG :the movie, Homemade, et Newark, du 22 au26 octobre 2013 à 20h30, le samedi à 15h et20h30. Programme B avec Foray Forêt, If youcouldn’t see me et Astral Convertible, du28 octobre au 1 er novembre 2013 à 20h30.Tél. 01 42 74 22 77.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frMaison de la Musique de NanterreChor Gilles VerièpeLe Carnavalde SaënsParce que le Carnaval des animaux ne serésume pas à la mort de son fameux cygne,Gilles Verièpe <strong>en</strong> a imaginé une versionactualisée avec danseuses et acrobate.Gilles Verièpe fait son Carnaval des Animaux.Destiné au jeune public, ce trio s’appuie surune version electro de la musique de CamilleSaint-Saëns revisitée par Vlad Roda-Gil. Lechorégraphe Gilles Verièpe, qui dans sonparcours d’interprète a croisé longuem<strong>en</strong>tles écritures fouillées de Karine Saporta,Angelin Preljocaj ou Frédéric Flamand,s’amuse ici de la simplicité de gestuellesproposées par ce carnaval. Les danses animalièressont réinterprétées par une danseuseclassique sur pointes, une danseusecontemporaine, et un acrobate. Les corpss’imprègn<strong>en</strong>t des caractères du lion, duhéron, du kangourou… et évolu<strong>en</strong>t davantagedans l’idée d’une évocation que d’uneillustration. <strong>La</strong> scénographie, tout <strong>en</strong> cubescolorés, est un support mouvant sur lequels’appui<strong>en</strong>t les danseurs pour libérer leurimaginaire.N. YokelMaison de la Musique, 8 rue des Anci<strong>en</strong>nes-Mairies, 92000 Nanterre. Le 12 octobre 2013à 15h30. Tél. 01 41 37 94 21.Ecrire à la rédaction-administration : la.terrasse@wanadoo.frPhoto : Federico DeBartoloCOMÉDIE MUSICALE TANGOConception et directionchorégraphiqueMora GodoyLivretMora Godoyet Steph<strong>en</strong> RayneMusique originaleet arrangem<strong>en</strong>tsGerardo GardelínMise <strong>en</strong> scèneSteph<strong>en</strong> RayneDirection musicaleet arrangem<strong>en</strong>tsFernando MarzanAvecMora GodoyMarcos AyalaHoracio GodoyDu 9 octobre au 3 novembre 2013Production du Tangodoy Groupet du Complejo Teatral de Bu<strong>en</strong>os Aires.Avec la Ville de Bu<strong>en</strong>os Aires01 40 28 28 40 – www.chatelet-theatre.comFnac.com, magasins Fnac, 0892 68 36 22 (0,34 ct la mn)


48 danse octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 danse 49gros planCRITIQUE13 € 9 € 8 €...DU PRINTEMPS !———————————————Thi¿erry Thi¿eû Nia¿ng /J¿ean ¿ Pi¿e¿rre Moāul¿èresmardi 15 oct. 19 h 30mercredi 16 oct. 20 h 30dansé par 25 personnes agées amateurs,et la participation de Patrice Chéreaucélèbre unebeauté subtileet délicate oùl’humainrayonnepleinem<strong>en</strong>t,et longtemps.01 40 11 50 23espace-1789.com2-4 rue Alexandre Bachelet93400 Saint-Ou<strong>en</strong>M° Garibaldi (ligne 13)Bus 85 - Vélibterrasse.printemps.indd 1 26/07/13 08:36MJC-Théâtre à Colombes43 e r<strong>en</strong>contresde la ToussaintVoir de la danse, danser soi-même : un grand r<strong>en</strong>dez-vous de la pédagogieet de la création <strong>en</strong> danse Jazz.Les R<strong>en</strong>contres de la Toussaint organiséespar la MJC-Théâtre de Colombes sont l’un desderniers bastions du grand mouvem<strong>en</strong>t qui avu, au cours des dernières déc<strong>en</strong>nies, la dansegagner de nouveaux espaces dans la société.Alors que la reconnaissance institutionnellede cet art est allée de pair avec une frontièregrandissante <strong>en</strong>tre l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et la création,ce r<strong>en</strong>dez-vous annuel continue de promouvoir,dans un même mouvem<strong>en</strong>t, le plaisirde pratiquer et celui d’être spectateur, autourde grandes figures qui sont autant artistesque pédagogues. Trois spectacles sont ainsiproposés par des chorégraphes qui anim<strong>en</strong>tparallèlem<strong>en</strong>t un stage ; le programme descours est complété par Nelly célérine (comédiemusicale), Mohamed El Hajoui (jazz rock)et Patrice Valero (jazz).Vertiges chorégraphiquesLe 27 octobre à 20h30, Alain Gruttadauriaprés<strong>en</strong>te Cellulair, sa création 2013 : à partirdu rêve d’un voyage dans l’espace-temps, lechorégraphe explore l’ambival<strong>en</strong>ce des corps,<strong>en</strong>tre s<strong>en</strong>sualité et mécanique, virtuosité etaveuglem<strong>en</strong>t, curiosité et effroi. Corinne <strong>La</strong>nselleprés<strong>en</strong>te <strong>en</strong>suite (le 28 octobre à 20h30)un « Koncert Khorégraphique » : <strong>en</strong>tre danseet musique, <strong>en</strong>tre styles contemporain ethip-hop, elle explore le corps dansant commecaisse de résonance, mais aussi le mouvem<strong>en</strong>tdu corps musici<strong>en</strong>, nous invitant à goûterl’alchimie de la vue et de l’ouïe, <strong>en</strong> dehorsdes s<strong>en</strong>tiers (s<strong>en</strong>soriels) battus. Enfin, BruceTaylor nous invite (le 30 octobre à 20h30) àretraverser l’une des marches les plus marquantesdu xx e siècle : celle qui fut organiséeCellulair, d’Alain Gruttadauria.<strong>en</strong> 1963 par Martin Luther King pour sout<strong>en</strong>irle projet de loi <strong>en</strong> faveur de l’égalité civiquedes Blancs et des Noirs – marche à l’issuede laquelle le pasteur prononça le célèbrediscours « I Have a Dream ». C’est le titre queBruce Taylor donne à sa pièce. Dans ce balletunissant des danseurs de tous horizons, ilrevi<strong>en</strong>t sur cet événem<strong>en</strong>t marquant auquel,adolesc<strong>en</strong>t, il a pris part : « Cinquante ans plustard, essayons de savoir quelle empreinte cediscours a laissé dans nos corps. <strong>La</strong> danse,reflet de la vie, a-t-elle permis ce mom<strong>en</strong>tsuprême de métissage ? »Marie ChavanieuxMJC-Théâtre, 96/98 rue St-D<strong>en</strong>is,92700 Colombes. Du 27 au 31 octobre.Tél. 01 56 83 81 81.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© D. R.© François Stemmerreprise / Le C<strong>en</strong>tquatreChor Olivier DuboisTRAGÉDIEUne armée <strong>en</strong> marche. Un vrombissem<strong>en</strong>t. Et soudain le corps qui crachesa hargne, et la procession devi<strong>en</strong>t possession.C’est face public que les danseurs, un à un,s’expos<strong>en</strong>t. Une marche millimétrée de douzepas, un aller-retour du lointain jusqu’au bordde la scène, austère, cad<strong>en</strong>cé, rigoureux. Nus,ils ne dis<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> d’autre que l’affrontem<strong>en</strong>tPas moins de dix-huit danseurs pour la marche irrémédiablede l’humanité.au regard du public, féroce et brutal. C’estle nombre (dix-huit danseurs) qui vi<strong>en</strong>draredistribuer les cartes du jeu : les avancéess’offr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> décalage les unes aux autres,organis<strong>en</strong>t peu à peu l’espace et rythm<strong>en</strong>tle temps, donnant à voir d’infimes combinaisons.<strong>La</strong> machinerie hypnotique triomphe untemps, et l’on songe au précéd<strong>en</strong>t Révolution,<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dédié à la transe et à l’épuisem<strong>en</strong>tde ces femmes qui tournoyai<strong>en</strong>t sanscesse. Là où Tragédie nous emporte, c’estlorsque le martèlem<strong>en</strong>t des pas se transforme<strong>en</strong> un martèlem<strong>en</strong>t de l’esprit : quelquechose gronde, quelqu’un tombe, et la manufacturedes corps qui offrait leur diversitéau vu et au su de tous devi<strong>en</strong>t une véritableusine à gaz.Corps et âme<strong>La</strong> musique de François Caff<strong>en</strong>ne est sansdoute pour beaucoup dans le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’êtreemporté, irrémédiablem<strong>en</strong>t, vers une issuefatale. D’abord sourde, elle s’embrase petità petit dans une montée <strong>en</strong> puissance trèsrock, toujours bi<strong>en</strong> trempée. Dans Tragédie,Olivier Dubois a d’abord contraint les corps,pour mieux autoriser leur relâchem<strong>en</strong>t, leurimplication totale dans une danse de possession.Les visages se font grimaçants, lesmembres trembl<strong>en</strong>t, les individus s’écroul<strong>en</strong>t,les <strong>en</strong>sembles s’organis<strong>en</strong>t pour mieuxse détruire <strong>en</strong> un terrifiant chaos. « Corpset âme » : c’est ce qui qualifie le mieux leursétats de corps. Mais la tragédie a-t-elle déjàeu lieu, ou <strong>en</strong> sont-ils les funestes augures ?Sort<strong>en</strong>t-ils tout droit du purgatoire ou sontilsles rescapés de la Shoah ? Le chorégraph<strong>en</strong>’avance pas de réponse. Les images et lesfantômes sont nombreux, qui peupl<strong>en</strong>t unimaginaire furieusem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> marche tout aulong de la pièce.Nathalie YokelLe C<strong>en</strong>tquatre, 5 rue Curial, 75019 Paris.Les 16 et 17 octobre à 20h30. Tél. 01 53 35 50 00.Et aussi le 16 novembre au Volcan au Havre,dans le cadre d’Automne <strong>en</strong> Normandie.Le 20 novembre au Théâtre de Lori<strong>en</strong>t.Le 26 à la Comédie de Val<strong>en</strong>ce.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frAndré Wilms | Paroles d’acteursCasimir et Caroline d’Ödon von HorváthFestival d’Automne à Parisdu 4 au 8 novembre à 20h30 I Créationune saison à Paris|<strong>La</strong> Dérive des contin<strong>en</strong>ts27-29 novembre 2013 | C<strong>en</strong>tre culturel suisseBLACK OUT4-13 décembre 2013 | Théâtre National de Chaillot<strong>La</strong> Nuit transfigurée5-7 février 2014 | C<strong>en</strong>tre national de la dansewww.philippesaire.chThéâtre National de ChaillotChor Annabelle BonnéryExquisesPour ce projet, Annabelle Bonnéryet François D<strong>en</strong>eulin se sontassociés à Thierry Moyne, chefsingulier qui met son tal<strong>en</strong>t pour lacuisine au service d’un banquet…chorégraphique.Pour Exquises, la danseuse Annabelle Bonnéry,habituée des plateaux tout au long de son parcoursd’interprète chez Gallotta, Rui Horta ouMaguy Marin, a souhaité bousculer les conv<strong>en</strong>tionset titiller les papilles : c’est presque à undîner-spectacle qu’elle nous convie, avec lacomplicité du chef Thierry Moyne. On se croiraità un banquet, avec ses tables et couverts dresséset avec son chef aux petits oignons. Maisc’est bel et bi<strong>en</strong> un espace pour la danse qui estdélimité, offrant aux convives une vue privilégiéesur les évolutions des deux danseuses.Voir avec les papilles,goûter avec les yeuxCe festin chorégraphique met le spectateurdans une posture singulière : invité à déguster,à mettre ses s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> éveil, il goûte égalem<strong>en</strong>tà une danse dont la proximité provoque unjeu de regard et d’empathie avec les corps,rejoignez-nous sur facebookgros planFromage ou dessert ? Avec Annabelle Bonnéry, ladanse est un amuse-bouche.qui n’hésit<strong>en</strong>t pas empiéter sur les tables. Ceduo “dégustatif”, qui allie les changem<strong>en</strong>tsde saveurs aux transformations du geste, estproposé ici dans une version à vivre <strong>en</strong> famille.Les harmonies de goût devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une expéri<strong>en</strong>ces<strong>en</strong>sorielle… et savoureuse.Nathalie YokelThéâtre National de Chaillot, 1 place duTrocadéro, 75016 Paris. Du 17 au 20 octobre2013, le jeudi et le v<strong>en</strong>dredi à 10h et 14h30,le samedi à 15h et 20h45, le dimanche à 12h.Tél. 01 53 65 30 00.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© François D<strong>en</strong>eulin© D. R.Étoile du NordfestivalAvisde Turbul<strong>en</strong>ces# 9Après un lancem<strong>en</strong>t où la danse a investi lessalons des appartem<strong>en</strong>ts du quartier, le festivalse poursuit avec des créations et desjeunes chorégraphes à découvrir.A découvrir, Sophie Qu<strong>en</strong>on dans Avis de Turbul<strong>en</strong>ces.Avec Bon Appétit ! Johan Amselem pr<strong>en</strong>d leparti du plaisir, pour une création visant àaiguiser nos s<strong>en</strong>s dans une symphonie decorps, de musiques et d’images. Une façonde réagir à la morosité, de prôner l’éveil etl’émancipation dans un esprit de liberté.Les Rois – la promesse est un serm<strong>en</strong>t queNicolas Maloufi nous livre dans l’idée d’unedanse puissante, <strong>en</strong>vahissant tout son corps.Il partage la soirée avec Traces nos écritures,dernier volet d’une trilogie imaginée parSophie Qu<strong>en</strong>on, chorégraphe discrète dont ilfaut saisir la prés<strong>en</strong>ce à l’occasion du festival.A découvrir égalem<strong>en</strong>t, les jeunes DavidGernez et Lucie Augeai avec W pour lui, un© Danny Willemssolo interprété par le chorégraphe. CamilleMutel poursuit quant à elle son chemin dansla nudité, tandis que Clara Cornil donne à voirla première partie de son solo Noli me tangere,autour de la naissance.N. YokelÉtoile du Nord, 16 rue Georgette-Agutte,75018 Paris. Jusqu’au 19 octobre 2013.Tél. 01 42 26 47 47.Apostrophe-Théâtre des Louvraischor Wim VandekeybusWhat theBody Does NotRememberWim Vandekeybus, ainsi que les compositeursThierry de Mey et Peter Vermeersch, ontreçu le Bessie Award pour cette pièce radicale.Vingt-cinq ans plus tard, le spectacleest à nouveau <strong>en</strong> tournée, avec de nouveauxinterprètes.Le coup de poing chorégraphique de WimVandekeybus.Une détonation dans le monde de la danse :<strong>en</strong> 1987, Wim Vandekeybus chorégraphieRéagissez sur www.journal-laterrasse.frPanorama de la scène chorégraphiquebrésili<strong>en</strong>ne de Rio de Janeiro à Sao Paulo4 compagnies invitées22 et 23 novembre à 20h30Magnet Theatre | Every day, Every year I’m walkingAfrique du Sud29 novembre à 19h30 I familleIsida Micani et Spike | danse et nouvelles technologiesDas Kino5 décembre à 20h30 I Création 2013Andréya Ouamba et Armel Malonga | duo danse - musiqueStep Out / 219 décembre à 20h30Hélène IratchetRoi et Reine27 et 28 janvier à 20h30 I Création 2013+ d’informations sur :masterclasses professionnellesr<strong>en</strong>dez-vous réguliers ouverts au publicfestival JUNE EVENTSwww.atelierdeparis.orgRéservations au 01 417 417 10Cartoucherie | Route du champ de Manœuvre | Paris 12 eL’Atelier de Paris est membre du CDC Paris Réseau / C<strong>en</strong>tre de développem<strong>en</strong>t chorégraphique.photo ©aKoma névé


50 danse octobre 2013 / N°213 la terrasse la terrasse octobre 2013 / N°213 danse 51SAISON 2013-2014 - 96/98 rue st-d<strong>en</strong>is 92700 colombes - 01 56 83 81 81MJC-TCSINON TAPEZ #RUMEURS URBAINES - ACHILLE GRIMAUDI HAVE A DREAMCIE CHOREONYX / BRUCE TAYLORROOM 83CIE CORINNE LANSELLECELLULAIRCIE LA LICORNE / ALAIN GRUTTADAURIAPINOCCHIOCIE MORDOREERMEN, TITRE PROVISOIREPASCAL TOKATLIANVASSILISSA LA BELLETHEATRE DE L’OMBRELLESI D’AVENTURE TU PARTAISLA CITE DES MENESTRELSHIP HOP IS STRONGRIEN... ET M’AIME TROPCIE PAILLE PRODUCTIONSREVES D’ECORCECIE LE 7EME TIROIRL’AFFAIRE DUSSAERTJACQUES MOUGENOTLE LONG VOYAGE D’ULYSSEULYSSE - LE CYCLOPE - CIRCE - PENELOPE - L’INTEGRALECIE LE TEMPS DE VIVRE - RACHID AKBALDANSE DU MONDEWALLYJ’AI ARRETE LES BRETELLES !OLDELAFBP ZOOMMELANGE 2 TEMPSNON STOP JEUNE DANSESERENA FISSEAUD’UNE ILE A L’AUTRE...mjctheatre.compour lesprofesseursde danse<strong>en</strong> conservatoireet structuresassociativesou privées,<strong>en</strong> MJC et c<strong>en</strong>tresd’animation,coordinateurs dedépartem<strong>en</strong>tsdanse,danseursprofessionnels,musici<strong>en</strong>saccompagnateurs.What the Body Does Not Remember à partirde « mom<strong>en</strong>ts extrêmes ». « L’int<strong>en</strong>sité de cesmom<strong>en</strong>ts où l’on n’a pas le choix, où les décisionssont prises à notre place, comme le coupde foudre, ou la seconde juste avant l’accid<strong>en</strong>tqui était inévitable »… Toute la pièce est uneconfrontation : <strong>en</strong>tre danseurs, <strong>en</strong>tre groupesde danseurs, <strong>en</strong>tre l’individu et la masse structuréequi l’<strong>en</strong>toure, <strong>en</strong>tre la danse et la musique,<strong>en</strong>tre des aspirations contradictoires…Un quart de siècle plus tard, la recréation dela pièce est l’occasion de pr<strong>en</strong>dre le pouls d<strong>en</strong>otre époque : que nous r<strong>en</strong>voie, aujourd’hui,cette énergie belliqueuse ? En 2013, pour quellescauses est-on prêt à se jeter, à corps perdu,dans une lutte sans merci ? M. ChavanieuxApostrophe-Théâtre des Louvrais,place de la Paix, 95300 Pontoise. Le 8 octobreà 20h30. Tél. 01 30 17 00 31.Théâtre Jean Vilar-Vitry-sur-Seine /Institut du Monde ArabeChor Fouad BoussoufTranseFouad Boussouf livre ici sa toute nouvellepièce, tout <strong>en</strong> rondeurs et <strong>en</strong> tournoiem<strong>en</strong>ts.Où l’écriture hip hop se fond dans la recherchede la transe.Transe, nouvelle création de Fouad Boussouf.<strong>La</strong> place du répertoire chorégraphiquedans la pédagogieRythme, mouvem<strong>en</strong>t, percussions corporellesPédagogie transversale à la musiqueet à la danseAborder la danze jazz au 1 er cycleL’int<strong>en</strong>tion scénique et ses signesPrés<strong>en</strong>tation de la saisonle jeudi 14 novembre 2013à Micadanses (Paris 4 e arr.)Entrée libre sur inscriptionToutes nos r<strong>en</strong>contres professionnelleset formations sur :www.ariam-idf.comAriam Ile-de-France9 rue <strong>La</strong> Bruyère - 75009 Paris - 01 42 85 45 28contact@ariam-idf.com© Sylvain Lefeuvrephe hip hop, il n’est pas celui qui se cantonneà un seul style, flirtant parfois avec le cirque etla danse contemporaine. Pour cette création,c’est vers l’Ori<strong>en</strong>t qu’il s’est tourné, convoquantchants soufis et poèmes de MahmoudDarwich. Les corps s’<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t alors dans untournoiem<strong>en</strong>t qui recompose leur rapport àl’espace et à l’autre. Mais, loin de s’<strong>en</strong>fermerdans une transe individuelle, ils se laiss<strong>en</strong>tt<strong>en</strong>ter par la conquête de l’Autre, dans desrapprochem<strong>en</strong>ts où la vie peut exulter. Jouantde cette figure du cercle, de la révolution descorps et de cette énergie déployée debout ouau sol, les sept danseurs de Transe embrass<strong>en</strong>tle rythme et la répétition et offr<strong>en</strong>t auxspectateurs une t<strong>en</strong>sion palpable. N. YokelThéâtre Jean Vilar, 1 place Jean-Vilar,94400 Vitry-sur-Seine. Le 18 octobre 2013à 21h. Tél. 01 55 53 10 60.Institut du Monde Arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, place Mohammed-V, 75005 Paris.Le 19 octobre 2013 à 20h30. Tél. 01 40 51 38 14.Théâtre de la Cité Internationalechor Marcelo EvelinMatadouroOn sort de Matadouro comme d’un marathon.Épuisé, passablem<strong>en</strong>t hébété – mais aussirévélé à soi-même, comme à l’issue de touteépreuve.Matadouro (« Abattoirs »), créé <strong>en</strong> 2010, est letroisième volet de la trilogie que le chorégraphebrésili<strong>en</strong> Marcelo Evelin a consacré auroman Os Sertoes d’Euclides da Cunha. Mar-reprise / Maison de la Culture de Bourgesconception et réalisation Philippe JametTRAVAILPhilippe Jamet prés<strong>en</strong>te Travail,une œuvre très aboutie mêlant<strong>en</strong>quête docum<strong>en</strong>taire et créationchorégraphique, sur la place et les<strong>en</strong>s du travail dans nos vies.Dans la continuité de ses Portaits dansés glanésdans le monde, Philippe Jamet explore lasignification du travail dans notre société <strong>en</strong>associant <strong>en</strong>quête docum<strong>en</strong>taire et créationartistique. Il a interrogé et filmé tr<strong>en</strong>te-six personnesde diverses générations et professions,issues de Bourges, Calais, Bobigny, Paris, Vitryet Sénart. Le spectacle comm<strong>en</strong>ce par la diffusiondes <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s réalisés dans trois villes,suivie d’une performance chorégraphiqueassociant trois travailleurs et trois danseurs –des « travailleurs chorégraphiques ». Le travailaccompli par Philippe Jamet et son équipe esttel que les six interprètes parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à composerun <strong>en</strong>semble vif, cohér<strong>en</strong>t et rythmé, qui<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> résonance de multiples façons avecles propos des personnes interrogées, et articuleavec finesse les relations <strong>en</strong>tre l’individuet le collectif. Contraintes, soumission, r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t,instinct de survie, abs<strong>en</strong>ce de liberté,soif de liberté… : les corps parl<strong>en</strong>t, et s’écout<strong>en</strong>t.Philippe Jamet s’appuie notamm<strong>en</strong>t surl’histoire personnelle de l’un des danseurs,Martin Kravitz, internationalem<strong>en</strong>t reconnu,qui évoque la relation à son père et sa décisionde dev<strong>en</strong>ir danseur malgré un corps quin’était pas a priori fait pour ça. Un parcoursqui rappelle qu’avec le travail l’homme réalise« son propre but dont il a consci<strong>en</strong>ce », selonles mots de Karl Marx, et que le travail est unevoie d’accès à la réalisation de soi, comme l’affirmeHegel !Parole libre et réfléchieL’œuvre de Philippe Jamet est réussie car elleexpose de façon flagrante et avec une grandeLe corps comme champ de bataille.C’est <strong>en</strong> puisant aux sources de sa propre histoireque Fouad Boussouf a pu imprégner sarecherche de multiples influ<strong>en</strong>ces. ChorégraceloEvelin a relié cet ouvrage emblématiquede la culture brésili<strong>en</strong>ne, qui retrace la bataillede l’armée républicaine contre les paysansdémunis du Nordeste, aux écrits d’Agamb<strong>en</strong>sur les « corps tuables » d’Auschwitz : descorps qui résist<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>core et <strong>en</strong>core, alorsmême que tout est perdu. Dans une coursesans fin, nus, masqués, accompagnés par unemusique « fatale » (le Quintette à cordes <strong>en</strong> domajeur de Schubert, l’œuvre qu’il a composéeavant de mourir) les huit danseurs nousconfront<strong>en</strong>t radicalem<strong>en</strong>t à la lutte de g<strong>en</strong>sordinaires contre un système sans issue. <strong>La</strong>lutte que l’on livre quand le territoire vital estperdu, et que la civilisation est plus barbareque le corps à l’état sauvage. M. ChavanieuxThéâtre de la Cité Internationale, 17 bd. Jourdan,75014 Paris. Du 14 au 19 octobre à 20h30(relâche le mercredi). Tél. 01 43 13 50 50.Avec le Festival d’Automne à Paris.Comm<strong>en</strong>t le travail structure-t-il nos vies ?CRITIQUEsobriété toute la complexité et la disparitédes situations humaines, face à leur destincommun. L’artiste évite l’écueil du catalogue; la parole recueillie, libre et réfléchie,se confronte au réel sans faux-semblants,et la performance fait écho de belle façon àce foisonnem<strong>en</strong>t, avec beaucoup d’humouret parfois de l’émotion. Si le travail est c<strong>en</strong>séassurer à l’homme subsistance, socialisation,épanouissem<strong>en</strong>t, il signifie aussi la peur,l’aliénation, voire une quête inaccessible. <strong>La</strong>crise frappe aujourd’hui très durem<strong>en</strong>t. Dansl’œuvre hybride créée par Philippe Jamet,c’est l’humain dans son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t etson histoire qui prime, révélant notamm<strong>en</strong>tde cruels contrastes. Ainsi s’affich<strong>en</strong>t l’écart<strong>en</strong>tre ce qu’on désire et ce qu’on obti<strong>en</strong>t, oula fracture <strong>en</strong>tre ceux qui ont trop de travailet ceux qui n’<strong>en</strong> ont pas. Cet ancrage dans levécu et le ress<strong>en</strong>ti pr<strong>en</strong>d à partie le spectateur.L’homme clame haut et fort son besoin detravail, et s’affirme ici malgré toutes les difficultéscomme sujet et non comme objet !Agnès SantiMaison de la Culture de Bourges,18005 Bourges. Du 5 au 8 novembre à 20h.Tél. 02 48 67 74 70. Durée : 1h30.Rejoignez-nous sur Facebook© Sergio Caddah© Olivier Derozière© Federico DeBartolo© Takashi Orikawathéâtre du Châteletcomédie musicale / chor. Mora Godoy / mes Steph<strong>en</strong> RayneChantecler TangoMaison du JaponPar Kim Itoh, Kuniko Katô et Minoru HirotaD à Honnô-ji -Dancing, Drawing,DrummingLe danseur et chorégraphe Kim Itoh, la percussionnisteKuniko Katô et le peintre MinoruHirota uniss<strong>en</strong>t leurs tal<strong>en</strong>ts pour un hommageau Temple du Honnôji, dans la ferveurauth<strong>en</strong>tique de l’élan artistique.Les gestes vifs et précis du danseur Kim Itoh retranscritssur une toile.Pour commémorer les 600 ans du Honnôji, célèbretemple de Kyôto, la Maison du Japon proposeun spectacle hybride mêlant danse, percussionset peinture. Artiste singulier et créatifnourri d’un appr<strong>en</strong>tissage auprès du maître debutoh Anzu Furukawa, Kim Itoh n’a pas dansédans une de ses chorégraphies depuis Kin-Jiki,prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> 2006 lors de la Bi<strong>en</strong>nale de Dansede Lyon. Pour cette création, il est rejoint par lepeintre Minoru Hirota, qui retranscrit les mouvem<strong>en</strong>tsdu danseur sur sa toile, et par la percussionnisteKuniko Katô, à la technique époustouflanteet d’une grande s<strong>en</strong>sibilité. Les chantsde deux moines shômyô rythm<strong>en</strong>t la partitiongestuelle et sonore. A. SantiMaison de la Culture du Japon à Paris,101 bis quai Branly, 75015 Paris.Les 25 et 26 octobre à 20h. Tél. 01 44 37 95 95.Atelier de Paris<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ceL’atelierde Paris<strong>en</strong> partagegros plan« Une fiction à partir d’une histoire vraie » : Mora Godoy, danseuse etchorégraphe arg<strong>en</strong>tine, prés<strong>en</strong>te une grande comédie musicale revisitantl’histoire du tango.Mora Godoy fait revivre le cabaret Chantecler. Un lieu mythique.Bu<strong>en</strong>os Aires, 1924 : c’est l’ouverture du Chantecler,qui devi<strong>en</strong>dra l’un des plus hauts lieux dutango. Dans les imm<strong>en</strong>ses salons Art Déco, decélèbres musici<strong>en</strong>s – Carlos Gardel notamm<strong>en</strong>t– se produis<strong>en</strong>t devant un public on ne peut plusdivers : grands patrons, militaires, membres dela noblesse, mais aussi de la pègre… Dans cecadre chamarré, se joue une page fondam<strong>en</strong>talede l’une des expressions musicales et chorégraphiquesles plus marquantes du xx e siècle,aujourd’hui reconnue comme patrimoine culturelimmatériel de l’Humanité. Voilà plus de cinquanteans que ce bâtim<strong>en</strong>t mythique a été rasé.Mora Godoy, connue à Paris pour le spectacleTanguera (prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> 2007 et 2011), fait revivrece lieu et ceux qui l’animèr<strong>en</strong>t : la comédie musicalequ’elle prés<strong>en</strong>te est irriguée par les travauxd’histori<strong>en</strong>s du tango et par les archives prêtéespar les desc<strong>en</strong>dants de « <strong>La</strong> Ritana », administratricedu cabaret dans les années 1940 et1950 (interprétée sur scène par Mora Godoy).Le tango, une histoire multi-culturelleIl n’est pas anodin que ce grand spectacle, crééà Bu<strong>en</strong>os Aires, vi<strong>en</strong>ne à la r<strong>en</strong>contre du publicparisi<strong>en</strong> : <strong>en</strong>tre Paris et le Rio de la Plata, letango est une histoire de séductions et d’allersretours.Si les origines précises du tango rest<strong>en</strong>ttroubles, on sait que cet art socialem<strong>en</strong>t trèsmarginal à ses débuts (car pratiqué dans descadres lic<strong>en</strong>cieux et lié aux anci<strong>en</strong>s esclavesnoirs) acquiert ses lettres de noblesse lorsqu’ilest introduit dans la haute société parisi<strong>en</strong>ne.C’est égalem<strong>en</strong>t à Paris que le tango connaîtraune nouvelle naissance, dans les années 1980et surtout 1990. Tout au long de son histoire,le tango voyage ainsi d’un contin<strong>en</strong>t à l’autre,se réinv<strong>en</strong>tant constamm<strong>en</strong>t. <strong>La</strong> musique deChantecler Tango évoque cet héritage divers ;on y retrouve de grands tangos des années duChantecler, mais aussi du fox-trot, du jazz, etdes créations originales. A noter : certains soirs,avant la représ<strong>en</strong>tation (à 18h) ou à l’issue duspectacle, il est possible de réserver pour uneinitiation au tango proposée par les artistesdans le grand foyer du théâtre.Marie ChavanieuxThéâtre du Châtelet, 1 place du Châtelet,Paris 1 er , du 9 octobre au 3 novembre,spectacle <strong>en</strong> espagnol surtitré.Initiation au tango : les 11, 17, 24 et 29 octobreà 18h ; les 12, 19, 26 octobre et 2 novembre àl’issue des représ<strong>en</strong>tations. Tél. 01 40 28 28 40.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frFréqu<strong>en</strong>té par des danseurs et des chorégraphes,haut lieu de formation et de création,l’Atelier de Paris ne cesse d’inv<strong>en</strong>ter de nouvellesformes d’ouvertures.On connaît les masterclasses, les ateliers depratiques, les résid<strong>en</strong>ces de création… Tout cepetit monde de la danse, qui se retrouve toutau long de l’année au cœur de la Cartoucherie,Du 11 au 13 octobre 2013CRÉATION 2013iTMOi(in the mind of igor)d’après le Sacredu printemps de StravinskyAkram Khan CompanyTél : 01 46 61 36 67© Jean-Louis Fernandezrejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr


52 danse octobre 2013 / N°213 la terrasseclassique / opéra 53MCB˚SAISNHRS LESMURSREPRISECRÉATIONCOPRODMCB˚TRAVAILPHILIPPE JAMETDU AU NOV BOURGES / AUDITORIUM / :Quel regard portons-nous aujourd’hui sur le travailou l’abs<strong>en</strong>ce de travail ? C'est le point de départ dece spectacle mêlant chant, danse, vidéo, conçu parPhilippe Jamet, chorégraphe associé à la MCB°.Direction artistique / chorégraphie Philippe JametCollaboration artistique Patrick HarlayMontage et participation à l’écriture vidéo Jean-Marie RoignantAvec Mariane de Douhet, Guillaume Dirberg, Patrick Harlay,Martin Kravitz, Nikola Krizkova, Marie-Aimée LebretonCoproduction Maison de la Culture de Seine-Saint-D<strong>en</strong>is (MC93) ; C<strong>en</strong>tre dedéveloppem<strong>en</strong>t chorégraphique du Val-de-Marne ; Scène nationale de Sénart ;Maison des métallos Etablissem<strong>en</strong>t culturel de la Ville de Paris ; Le Channel Scèn<strong>en</strong>ationale de Calais ; MCB° Bourges avec le souti<strong>en</strong> du Ministère de la culture et de lacommunication, la région C<strong>en</strong>tre, le Conseil général du Cher, la ville de Bourges.Avec le souti<strong>en</strong> de la région Ile-de-France et du Ministère de la culture et de la communication(SCPCI).MAISON DE LA CULTUREDE BOURGESSCÈNE NATIONALECENTRE DE CRÉATIONDIRECTION OLIVIER ATLANBP / BOURGES CEDEXALLO CLICWWW.MCBOURGES.COMCRÉATION © BREST BREST BREST PHOTO © PHILIPPE JAMETcroise égalem<strong>en</strong>t les pas de celles et ceux quibénéfici<strong>en</strong>t des mom<strong>en</strong>ts de partage qui rythm<strong>en</strong>tla saison. Ainsi, le simple curieux peut passerune journée <strong>en</strong> compagnie des artistes <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce, assister à la toute fin d’une masterclass,ou découvrir un spectacle. Cet automne,on ne manquera pas le travail de Toméo Vergès,artiste <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce, qui passe par toutes cesétapes dans la mise <strong>en</strong> œuvre de sa prochainecréation Troubles du rythme. A saisir égalem<strong>en</strong>t: le croisem<strong>en</strong>t des champs artistiques,qui conduit aussi bi<strong>en</strong> l’acteur André Wilms –dans sa mise <strong>en</strong> scène de Casimir et Caroline–, que des danseurs brésili<strong>en</strong>s à fréqu<strong>en</strong>ter lesplanches du Théâtre du Chaudron. N. YokelAtelier de Paris Carolyn Carlson, Cartoucherie,route du Champ-de-Manœuvre, 75012 Paris.Masterclass Toméo Vergès du 4 au8 novembre 2013, op<strong>en</strong> studio le 8 novembreà 16h, Atelier de pratique avec Toméo Vergèsle 12 octobre de 11h à 13h, et Une journée<strong>en</strong> compagnie de Toméo Vergès le 11 décembrede 11h à 18h. Casimir et Caroline, mise <strong>en</strong> scèned’André Wilms, du 4 au 8 novembre à 20h30.Dança em Trânsito France, les 22 et23 novembre. Tél. 01 417 417 07.Palais Garniertrois piècesTeshigawara /Brown / KyliánDeux pièces majeures du répertoire contemporainde l’Opéra de Paris, et une création de SaburoTeshigawara : un voyage <strong>en</strong> clair-obscur.Une danse qui r<strong>en</strong>d visible l’écoulem<strong>en</strong>t dutemps : Glacial Decoy fut la première pièceEspace 1789chor Thierry Thieü Niang et Jean-Pierre Moulères…du printemps !rejoignez-nous sur facebookgros planVingt-cinq personnes âgées amateurs, dont dix de la ville de Saint-Ou<strong>en</strong>,dans<strong>en</strong>t le Sacre du Printemps réinv<strong>en</strong>té par Thierry Thieû Niang et Jean-Pierre Moulères.Lorsqu’on aborde la question de la vieillesse,c’est pour convoquer des idées récurr<strong>en</strong>tes :la dép<strong>en</strong>dance, la perte de mobilité, la maladie.Le dramaturge Jean-Pierre Moulères,face à ce constat, a proposé au chorégrapheThierry Thieû Niang de travailler « avecdes s<strong>en</strong>iors dans la fleur de leur troisièmeâge » : l’occasion d’aborder autrem<strong>en</strong>t cettepériode de la vie qui, remarque-t-il, peutaussi être vue comme une autre jeunesse,dans la possibilité qu’elle ouvre de se lancerdans de nouveaux appr<strong>en</strong>tissages, de nouveauxprojets. Voilà bi<strong>en</strong>tôt dix ans, à Marseille,les deux artistes ont lancé des ateliersde mouvem<strong>en</strong>t dansé avec un groupede volontaires. C’est dans ce cadre qu’ilstravaill<strong>en</strong>t un jour, par hasard, sur le Sacredu printemps de Stravinski. C’est un choc :dans cette musique à l’énergie débordante,les corps vieillissants révèl<strong>en</strong>t leur pulsationtrop souv<strong>en</strong>t occultée. C’est ainsi que naît leprojet de …du printemps ! : une œuvre puissanteinterprétée par vingt-cinq amateursâgés, qui, dans un mouvem<strong>en</strong>t de spirale,march<strong>en</strong>t, cour<strong>en</strong>t, se fond<strong>en</strong>t dans un fluxcommun qui r<strong>en</strong>voie chacun à son expéri<strong>en</strong>cedu corps et du temps.Glacial Decoy, de Trisha Brown.du cycle de créations que Trisha Brown,figure de proue de la danse post-moderneaméricaine, <strong>en</strong>tama <strong>en</strong> 1979 <strong>en</strong> comm<strong>en</strong>çantà chorégraphier pour des scènesthéâtrales. Dans le décor et les costumesfluides de Rausch<strong>en</strong>berg, elle inv<strong>en</strong>te unmouvem<strong>en</strong>t continu, qui fait vibrer le plateauautant que son « hors champ ». Enécho, Doux m<strong>en</strong>songes de Jiri Kylián, par unjeu de caméras, suit les danseurs jusqu’auxdessous de scène ; les madrigraux deGesualdo et Monteverdi, interprétés a cappellapar les chanteurs des Arts florissants,accompagn<strong>en</strong>t cette évocation de l’intimitédu couple. Quant à Saburo Teshigawara, ilsigne sa seconde création pour le Balletde l’Opéra : le duo Darkness is hiding blackhorses évoque l’éveil des s<strong>en</strong>s qui nous traversedans l’obscurité, lieu des rêves, despeurs et des fantasmes. M. ChavanieuxPalais Garnier, place de l’opéra, 75009 Paris.Du 31 octobre au 14 novembre.Tél. 08 92 89 90 90.phe vi<strong>en</strong>t animer pour eux <strong>en</strong> région parisi<strong>en</strong>ne.Quinze danseurs de la version initialeles rejoign<strong>en</strong>t et seront hébergés chezeux, pour transmettre aux nouveaux inter-…du printemps !, un parcours obstiné.…du printemps ! à Saint-Ou<strong>en</strong><strong>La</strong> pièce et son esthétique épurée ont profondém<strong>en</strong>tmarqué les esprits, à Avignoncomme au Théâtre de la Ville à Paris. Sa programmationà Saint-Ou<strong>en</strong> n’est pas seulem<strong>en</strong>tune diffusion, mais une re-création :dix « s<strong>en</strong>iors » de Saint-Ou<strong>en</strong> intègr<strong>en</strong>t leprojet, au cours de stages que le chorégraprètesleur expéri<strong>en</strong>ce et leur énergie. Unprojet artistique et humain, qui transformeun âge de la vie trop souv<strong>en</strong>t vu comme un« automne » <strong>en</strong> un printemps vivifiant, etprêt à se r<strong>en</strong>ouveler.Marie ChavanieuxEspace 1789, 2-4 rue Alexandre-Bachelet,93400 St-Ou<strong>en</strong>. Le 15 octobre à 19h30 (suivid’une r<strong>en</strong>contre avec l’équipe artistique)et le 16 octobre à 20h30. Tél. 01 40 11 50 23.Rejoignez-nous sur Facebook© Icare© Jean-Louis Fernandez© Neda NavaeeSALLE GAVEAUVARIATIONS / PIANOCITé DE LA MUSIQUECYCLEFleuvesLe deuxième cycle de la saison de la Cité dela Musique offre un magnifique prétexte auvoyage.Du Gange au Rhin et de la Seine au Mississipi,les fleuves ont souv<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t nourril’imagination des musici<strong>en</strong>s et fait voyagerleur musique. Cheminer d’une rive à l’autre aulong de ces grands fleuves lég<strong>en</strong>daires ouvreévidemm<strong>en</strong>t pour les musici<strong>en</strong>s et leurs auditeursd’infinies possibilités. Parmi les tempsforts du cycle, nous reti<strong>en</strong>drons la créationd’un inatt<strong>en</strong>du Orfeo, par-delà le Gange, né dela l’imagination de Françoise <strong>La</strong>sserre, directricemusicale de Ensemble Akadêmia, qui avoulu rapprocher et faire dialoguer la musiquehindoustanie et le chef-d’œuvre de Monterverdi(le 5 octobre à 20h), un programmeWagner (Voyage de Siegfried sur le Rhin ; L’Ordu Rhin) et Schumann (Symphonie n° 3 « Rhénane») dirigé par Emmanuel Krivine à la têtede sa Chambre Philharmonique (le 12 octobreà 20h) et <strong>en</strong>fin, sur les mêmes rives, un récitalRéagissez sur www.journal-laterrasse.frEntreti<strong>en</strong> e Matan PoratSouv<strong>en</strong>t musici<strong>en</strong> varieNé à Tel-Aviv, diplômé d’un Master de la Juilliard School de New York,Matan Porat est l’un des musici<strong>en</strong>s les plus intrigants et fascinantsde sa génération, excellant à la fois dans l’art du piano et dans celuide la composition. Il vi<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>registrer pour le label Mirare un albumparticulièrem<strong>en</strong>t original et brillant conçu comme une mosaïque de 24pièces de Bach à Boulez <strong>en</strong> passant par Chopin et Debussy, utilisanttoutes un motif <strong>en</strong> commun issu de la Sonate <strong>en</strong> ré mineur K.32 deScarlatti jouée <strong>en</strong> ouverture du disque.trum<strong>en</strong>t qui m’a permis de créer, sans l’aided’autres instrum<strong>en</strong>ts, les sons qui étai<strong>en</strong>tdans ma tête. Je ne peux pas choisir <strong>en</strong>treinterpréter et composer, qui sont une partieess<strong>en</strong>tielle de mon être. Comme j’ai beaucoupde concerts, je me réserve chaque année aumoins deux mois de repos où je peux meconsacrer à mes commandes.Comm<strong>en</strong>t le pianiste influ<strong>en</strong>ce t-il le compositeur? Et réciproquem<strong>en</strong>t ?M. P. : Les deux activités s’influ<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>tbeaucoup, même si elles ne sont pas<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t connectées. Le fait d’être pianistem’aide à mieux id<strong>en</strong>tifier les besoins de l’interprèteet à me placer dans sa perspective. Entant que compositeur, j’aborde, je crois, uneœuvre <strong>en</strong> essayant de trouver son ess<strong>en</strong>ce,peu préoccupé par des aspects parfois plussuperficiels. Un programme comme les Variationssur un thème de Scarlatti est un exempleparfait de cette combinaison : l’idée vi<strong>en</strong>t del’esprit d’un compositeur, mais l’exécution estbi<strong>en</strong> sûr dans les mains du pianiste.Parmi les grands pianistes/compositeurs de© D. R.Quelle est la part de hasard dans votre situationd’être à la fois pianiste et compositeur ?Matan Porat : J’ai toujours été pianiste etcompositeur, dès le début, dès l’âge de 6 ans.Le hasard n’a jamais fait partie de l’équation !Jeune garçon, j’écoutais beaucoup de musiqueorchestrale et le piano est le seul insl’histoirede la musique, lequel vous touchele plus ?M. P. : Quand vous p<strong>en</strong>sez à un grand pianisteet compositeur du passé, les noms de Mozart,Chopin ou Liszt vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tout de suite à l’esprit.En fait, mon nouveau disque est pleinde pièces de compositeurs qui étai<strong>en</strong>t aussi“Je ne peux pas choisir<strong>en</strong>tre interpréteret composer, qui sontune partie ess<strong>en</strong>tiellede mon être.”Matan Poratpianistes : Mozart, Beethov<strong>en</strong>, Chopin, Liszt,Scriabine et aussi Bartok, Brahms et bi<strong>en</strong>sûr Bach, Couperin et Scarlatti lui-même. Cequi est intéressant, c’est de considérer qu’ily a moins de 200 ans, tout le monde faisaitles deux. Il semblait alors étrange de seulem<strong>en</strong>tjouer ou composer. Et si vous p<strong>en</strong>sez àdeux grands pianistes du début du xx e siècle,comme Artur Schnabel, qui est mon pianistepréféré, ou <strong>en</strong>core à Gl<strong>en</strong>n Gould, ils étai<strong>en</strong>taussi compositeurs et fiers de l’être.Propos recueillis par Jean Lukas.Salle Gaveau, 45 rue <strong>La</strong> Boétie 75008 Paris.Mercredi 23 octobre à 20h30. Tél. 01 49 53 05 07.Places : 10 €.Programme du disque paru chez Mirare :Variations on a theme by Scarlatti (œuvres deScarlatti, Couperin, Janácek, M<strong>en</strong>delssohn,Grieg, Bartók, Brahms, Chopin, Boulez,Schumann, Satie, Debussy, Bach, Chostakovich,Antheil, Tchaïkovsky, Beethov<strong>en</strong>, Kurtág, Liszt,Ligeti, Porat, Mozart, Scriabine).Concert prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> ouverture de « <strong>La</strong> FolleNuit à Gaveau » qui se déroule du 22 au27 octobre avec de nombreux artistes du labelMirare : Claire-Marie Le Guay, Shani Diluka,Dana Ciocarlie, Lukas G<strong>en</strong>iusas, Abdel RahmanEl Bacha, Yulianna Avdeeva, Claire Désert,Adam <strong>La</strong>loum, etc… (concerts d’une heure autarif unique de 10 €).Réagissez sur www.journal-laterrasse.frLe chef Emmanuel Krivine dirige Schumann etWagner.TrilogieStrawinskyAPOLLONCONCERTO POUR VIOLONChorégraphies, George Balanchine©The George Balanchine TrustSYMPHONIE EN TROISMOUVEMENTSCréation de Richard WherlockPRODUCTION OPÉRA NATIONAL DE BORDEAUXBALLET DE L’OPÉRA NATIONAL DE BORDEAUXORCHESTRE NATIONAL BORDEAUX AQUITAINEGrand-ThéâtreDU 23 AU 29 OCTOBRE05 56 00 85 95opera-bordeaux.comDirecteur Général Thierry FouquetPhotographie : Sigrid Colomyès © - Opéra National de Bordeaux - N o de lic<strong>en</strong>ce : DOS201137810 - Septembre 2013nnone.indd 1 19/09/13 13:31


54 classique octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 classique 55AP Mutuelle <strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> 122x367_Mise <strong>en</strong> page 1 01/08/13 15:35 Page1de la soprano Kar<strong>en</strong> Vourc’h, accompagnéepar Anne Le Bozec (sur un piano Erard de 1890issu de la collection du Musée de la musique),dans des lieder de Mahler, Wilhelm Killmayeret Schumann, inspirés par la figure lég<strong>en</strong>dairede la Lorelei (le 13 octobre à 16h30). J. LukasVAL D’OISEMusique baroqueAbbaye deRoyaumontSALLE PLEYELOPÉRA EN VERSION DE CONCERTLes Nocesde FigaroHORS-SÉRIE3 garanties santédédiées aux professionnelset aux retraités de la presse, du spectacleet de la communicationJeunesS<strong>en</strong>iorsActifsCité de la Musique, 221 av. Jean-Jaurès,75019 Paris. Du 1 er au 13 octobre.Tél. 01 44 84 44 84.Chapelle Royale du Château de VersaillesMusique sacréeVoix baroquesOlivier Schneebeli et Raphaël Pichon s’attaqu<strong>en</strong>taux grandes pages du répertoire sacréfrançais.Il ne faudrait pas limiter la vie musicale duChâteau de Versailles au seul Opéra. <strong>La</strong> Chapelleroyale accueille ainsi <strong>en</strong> cette r<strong>en</strong>tréedeux programmes alléchants de musiquesacrée française, allant du Grand Siècle auxLumières. Avec Les Pages et les Chantres dela Chapelle et l’Ensemble <strong>La</strong> Rêveuse, OlivierSchneebeli s’attaque à la Missa Assumptaest Maria de Charp<strong>en</strong>tier et à des raretésde Du Mont et Robert (5 octobre), tandis queRaphaël Pichon et son <strong>en</strong>semble Pygmalionréuniss<strong>en</strong>t Rameau (In Convert<strong>en</strong>do et QuamDilecta, beau prélude aux commémorationsde l’année prochaine), Mondonville (In exituIsrael) et, plus étrangem<strong>en</strong>t, Telemann (Deusjudicium tuum) (12 octobre). Entre les deuxconcerts, on ne manquera pas de découvrirles œuvres de Giuseppe P<strong>en</strong>one, maître del’arte povera, disséminées dans les jardins duChâteau.A. PecqueurChâteau de Versailles Spectacles, pavillondes Roulettes, grille du Dragon, 78000 Versailles.Samedi 5 octobre à 20h et Samedi 12 octobreà 20h. Tél. 01 30 83 78 89. Places : 25 à 110 €.Théâtre du Châtelet et CRR de BoulogneMusique symphoniqueOrchestresde jeunesPhilippe Aïche et Pierre-Michel Durand dirig<strong>en</strong>tBerlioz et Wagner.Philippe Aïche, violon solo de l’Orchestre de Paris, estaussi chef d’orchestre.Les orchestres de conservatoire font leur r<strong>en</strong>trée.L’Orchestre du Conservatoire nationalsupérieur de musique de Paris se lance dansl’un des chevaux de bataille du répertoire : laSymphonie fantastique de Berlioz. Pour l’occasion,la phalange accueille dans ses rangsdes musici<strong>en</strong>s de conservatoires chinois. Surle podium, on retrouve le chef Philippe Aïche,plus connu comme violon solo de l’Orchestrede Paris. L’Orchestre du Pôle supérieurParis-Boulogne (les pôles supérieurs sont unecréation réc<strong>en</strong>te, <strong>en</strong>tre les conservatoires etles conservatoires supérieurs) commémorequant à lui le bic<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la naissancede Wagner, avec un programme <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tconsacré au Maître de Bayreuth (avec <strong>en</strong>soliste la soprano cécile Perrin).A. PecqueurThéâtre du Châtelet, 1 place du Châtelet,75001 Paris. Dimanche 6 octobre à 11h.Tél. 01 40 28 28 40. Places : 5 €Auditorium du CRR de Boulogne-Billancourt,22 rue de la Belle-Feuille, 92100 Boulogne-Billancourt. Jeudi 17 octobre à 20h.Tél. 01 41 31 83 44. Entrée libre.© D. R.Week-<strong>en</strong>d dédié à la musique baroque romainemêlant Corelli et Ha<strong>en</strong>del.Amandine Beyer joue des concerti grossi de Corelliavec son <strong>en</strong>semble Gli Incogniti.L’Abbaye de Royaumont accueille <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>cedepuis deux ans <strong>La</strong> Risonanza, un<strong>en</strong>semble baroque itali<strong>en</strong> au dynamismeréjouissant, placé sous la houlette du clavecinisteFabio Bonizzoni. Pour ceux qui neconnaiss<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core cette formation, onne peut imaginer meilleure occasion que leweek-<strong>en</strong>d consacré par la Fondation à lamusique baroque romaine. <strong>La</strong> Risonanzainterprètera le samedi des concerti grosside Corelli et le dimanche l’oratorio <strong>La</strong> Resurrezionede Ha<strong>en</strong>del. On pourra égalem<strong>en</strong>tretrouver <strong>en</strong> invités la magnifique violonistebaroque Amandine Beyer et son <strong>en</strong>sembleGli incogniti (qui se mêleront égalem<strong>en</strong>t auxmusici<strong>en</strong>s de <strong>La</strong> Risonanza) ou <strong>en</strong>core le clavecinisteBertrand Cuiller. Des buffets gourmandsitali<strong>en</strong>s compléteront cette immersiontransalpine.A. PecqueurFondation Royaumont, 95270 Asnières-sur-Oise.Samedi 5 et dimanche 6 octobre.Tél. 01 34 68 05 50. Places : 10 à 25 €.SALLE PLEYELPIANO ET ORCHESTREOrchestresymphoniqued’État de SaoPauloDirigés par leur nouveau chef, l’AméricaineMarin Alsop, les musici<strong>en</strong>s brésili<strong>en</strong>s accompagn<strong>en</strong>tleur compatriote, le pianiste NelsonFreire, dans le Deuxième Concerto de Chopin.Marin Alsop <strong>en</strong> tournée europé<strong>en</strong>ne avec sonOrchestre symphonique de Sao Paulo.<strong>La</strong> tradition symphonique europé<strong>en</strong>ne estsolidem<strong>en</strong>t implantée <strong>en</strong> Amérique du Sud.L’Orchestre symphonique de Sao Paulo, l’unedes principales formations brésili<strong>en</strong>nes, restecep<strong>en</strong>dant peu connu de ce côté-ci de l’Atlantique,malgré quelques beaux <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>tsconsacrés notamm<strong>en</strong>t à la musique d’HeitorVilla-Lobos. Pour sa tournée europé<strong>en</strong>ne, quicomm<strong>en</strong>ce à la Salle Pleyel, l’orchestre proposeun programme très classiquem<strong>en</strong>t romantiqueavec le Deuxième Concerto de Chopin, confiéaux doigts experts de Nelson Freire, et la Symphoni<strong>en</strong>° 1 « Titan » de Mahler. En ouverture,une œuvre de la jeune compositrice ClariceAssad, <strong>en</strong> forme de variations sur l’hymn<strong>en</strong>ational brésili<strong>en</strong>.J.-G. LebrunSalle Pleyel. 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Lundi 7 octobre à 20h.Tél. 01 42 56 13 13.© D. R.© Grant Leighton© Marco Borggreve© Sussie AhlburgR<strong>en</strong>é Jacobs, maître mozarti<strong>en</strong>, <strong>en</strong>traîne leFreiburger Barockorchester et une belle distributionvocale dans le premier chef-d’œuvreélaboré avec le librettiste Da Ponte.R<strong>en</strong>é Jacobs fait vivre Les Noces de Figaro <strong>en</strong> versionde concert à la Salle Pleyel.L’intrigue étant bi<strong>en</strong> connue (une classiquehistoire de barbon s’épr<strong>en</strong>ant d’une servante),les personnages solidem<strong>en</strong>t caractériséset la musique magnifique, l’ouvrag<strong>en</strong>’a guère besoin de mise <strong>en</strong> scène. Tout estdans la musique de Mozart, un ravissem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> quatre actes qui déferle d’airs <strong>en</strong> duos, <strong>en</strong>trios, <strong>en</strong> quatuors : tout, quiproquos et travestissem<strong>en</strong>tsy compris. Avec sa vivacitéinextinguible, Les Noces de Figaro port<strong>en</strong>tà l’incandesc<strong>en</strong>ce le g<strong>en</strong>re de l’opera buffa.Avec Sophie Karthäuser (Suzanne), KonstantinWolff (Figaro), Pietro Spagnoli (Almaviva),Rosemary Joshua (la comtesse) et le JeuneChœur de Paris.J.-G. LebrunSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. V<strong>en</strong>dredi 11 octobre à 19h30.Tél. 01 42 56 13 13.SALLE GAVEAUPIANOB<strong>en</strong>jaminGrosv<strong>en</strong>orUne jeune révélation du piano anglais, réc<strong>en</strong>tesignature du label Decca.B<strong>en</strong>jamin Grosv<strong>en</strong>or, jeune pianiste britanniquesurdoué.Il y a chez ce jeune pianiste surgi sur lascène musicale anglaise <strong>en</strong> 2004 – lorsqu’ilremporte, à onze ans, le concours de la BBCYoung Musician – une élégance souverainesubtilem<strong>en</strong>t teintée d’ironie (mais jamaispédante) et une capacité à plonger sansdétour au cœur même du message musical,qui séduis<strong>en</strong>t immédiatem<strong>en</strong>t. Le publicmélomane français l’a découvert récemm<strong>en</strong>t,au printemps 2012, avec un récital Chopin-Liszt-Ravel paru chez Decca (dont il est lapremière recrue anglaise depuis cinq déc<strong>en</strong>nies)puis lors d’un discret mais magnifiquerécital au Conservatoire d’art dramatique.L’opération séduction se poursuit aujourd’huià Gaveau avec un programme parfaitem<strong>en</strong>tconçu (autre qualité majeure du jeunehomme), autour de l’Humoresque de Schumann,un Impromptu de Schubert, les Valsesnobles et s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales de Ravel et la Valsede Faust de Gounod / Liszt. Des œuvres quidevrai<strong>en</strong>t exalter les qualités expressivesde ce jeune magici<strong>en</strong> du clavier aux airs dedandy nonchalant.J. LukasSalle Gaveau, 45 rue <strong>La</strong> Boétie,75008 Paris. V<strong>en</strong>dredi 11 octobre à 20h30.Tél. 01 49 53 05 07. Places : 22 à 55 €.LA MUSIQUECONTEMPORAINEDANS TOUS SES ÉTATSA PARAÎTRE EN DÉCEMBRE 2013ET JANVIER 2014 EN DIFFUSION AVEC LA TERRASSEDÉJÀ EN PRÉPARATION PAR TOUTE L’ÉQUIPE DE LA TERRASSE,1 ER MÉDIA ARTS VIVANTS EN FRANCEDIFFUSION CERTIFIÉE PAR L’OJD : 90 000 EXEMPLAIRESDISPONIBLE AUSSI EN LIGNE ET EN TÉLÉCHARGEMENTSUR WWW.JOURNAL-LATERRASSE.FR ET VIA LES NEWSLETTERSDE LA TERRASSE (+ DE 200.000 CONTACTS)Bruno Mantovani © DR© Agathe Poup<strong>en</strong>ey - PhotoSc<strong>en</strong>e.frWWW.JOURNAL-LATERRASSE.FRSOMMAIRE•Post-sérialisme, saturation sonore,retour à la tonalité : le point surles différ<strong>en</strong>ts courants esthétiques• Interviews avec les grandescompositeurs, chefs d'orchestre,chanteurs, instrum<strong>en</strong>tistes• théâtre, danse, arts plastiques, vidéo• <strong>en</strong>quête sur le financem<strong>en</strong>t de la création• une analyse sociologique• Les <strong>en</strong>jeux de la formation• • Sélection des concerts etdes <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts indisp<strong>en</strong>sables decette saison• au-delà de nos frontières, avecla Grande-Bretagne, l'Allemagne,les Etats-UnisRENSEIGNEMENTS :Tél. 01 53 02 06 60email : la.terrasse@wanadoo.frrejoignez-nous sur facebook


56 Focus / orchestre national d’ile-de-france octobre 2013 / N°213 la terrasse la terrasse octobre 2013 / N°213 Focus 57L’Orchestre nationald’Ile-de-Francefête ses 40 ansL’Orchestre national d’Ile-de-France (Ondif) occupe une place unique dans le paysagemusical. Tandis que la plupart des formations sont associées à une seule sallede concert, cette phalange sillonne toute la région Ile-de-France. Autre marquede fabrique : la richesse de ses actions culturelles, comparable aux programmespédagogiques des plus grands orchestres anglo-saxons. Enfin, n’oublions pas que,sous la direction d’Enrique Mazzola, cet orchestre est aussi une phalange de premierordre d’un point de vue purem<strong>en</strong>t musical, n’hésitant pas à explorer les chemins detraverse du répertoire symphonique.Entreti<strong>en</strong> e Enrique MazzolaDéf<strong>en</strong>dre la traditionsymphonique françaiseAprès sa première saison <strong>en</strong> qualité de directeur musical de l’ONDIF, lechef itali<strong>en</strong> évoque ses projets pour la formation francili<strong>en</strong>ne.Que ret<strong>en</strong>ez-vous de votre première saison àla tête de l’ONDIF ?Enrique Mazzola : Ce fut une saison particulièrem<strong>en</strong>tint<strong>en</strong>se. <strong>La</strong> r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre unorchestre et son nouveau directeur musicalest un mom<strong>en</strong>t toujours très fort, même sij’avais déjà noué par le passé un li<strong>en</strong> étroitavec l’ONDIF. Au bout d’une saison, je comm<strong>en</strong>ceà connaître la personnalité de chaquemusici<strong>en</strong>, et j’arrive donc à mieux communiqueravec l’Orchestre. Je suis par ailleursimpressionné par la flexibilité des musici<strong>en</strong>s,la vitesse à laquelle l’Orchestre s’adapte à unesalle de concert, du fait de leurs années passéesà sillonner l’Ile-de-France.Les musici<strong>en</strong>s d’orchestre français n’ont pastoujours bonne réputation… Qu’<strong>en</strong> p<strong>en</strong>sezvous?E.M. : Il y a une sorte de lég<strong>en</strong>de sur lesTournéeanniversairesur les ailes deL’Oiseau de feuPour bi<strong>en</strong> comm<strong>en</strong>cer l’année de ses quaranteans, l’Orchestre national d’Ile-de-Frances’offre une fête musicale flamboyante, <strong>en</strong>compagnie du baryton Markus Werba.L’Orchestre national d’Ile-de-France s’est souv<strong>en</strong>tfait remarquer par la qualité de sa programmation,chaque concert racontant une histoireparticulière. L’art de la thématique subtile, oùle prétexte ne pr<strong>en</strong>d pas le pas sur la continuitémusicale, est <strong>en</strong>core une fois magnifiquem<strong>en</strong>tillustré par ce programme concocté par EnriqueMazzola. Le chant avant toute chose, telle pourraitêtre la devise du directeur musical, qui évoqueici la figure de l’oiseau : pour Papag<strong>en</strong>o dans<strong>La</strong> Flûte <strong>en</strong>chantée de Mozart comme pour l<strong>en</strong>arrateur-voyageur des Chants d’un compagnonerrant de Mahler, le chant est le plus sûr moy<strong>en</strong>de communier avec la nature et avec le mondeorchestres français. Je connais d’ailleursbeaucoup de jeunes chefs qui n’os<strong>en</strong>t pasfaire leur début ici, de peur de devoir débattreavec les musici<strong>en</strong>s. C’est vrai que parfois,dans certaines phalanges, des musici<strong>en</strong>speuv<strong>en</strong>t créer des difficultés, mais cela stimulela répétition et empêche la routine !J’aime être provoqué, j’ai une âme latine… Ceque j’apprécie avec l’Ondif, c’est qu’il y a à lafois une atmosphère de travail sérieuse et unejoie, une vraie <strong>en</strong>vie de jouer.Comm<strong>en</strong>t travaillez-vous avec l’Orchestre ?E.M. : Je suis deux directions. Tout d’abord,je communique à l’Orchestre mes idées, monexpéri<strong>en</strong>ce. Puis je m’imprègne du jeu desmusici<strong>en</strong>s, de l’héritage de l’Ondif. Aujourd’hui,les orchestres ont presque tous le même but :jouer les grandes symphonies de Mahler etBruckner. C’est un effet de la mondialisation.L’Oiseau de feu de Stravinsky, une partition haute <strong>en</strong>couleur pour l’Orchestre national d’Île-de-France.(« Le monde n’est-il pas beau ?» questionne lepinson, à grand r<strong>en</strong>fort de clarinette et de flûte).Dans L’Oiseau de feu de Stravinsky, c’est tout l’orchestrequi se met à danser, comme par magie,pour célébrer la liberté et la lumière. Enfin, parcette série de concerts, lancée par les <strong>en</strong>voléesrossini<strong>en</strong>nes de l’ouverture du Voyage à Reims,le chef adresse à son orchestre un malicieuxclin d’œil, à travers les Forty Heartbeats de lacompositrice finlandaise Kaija Saariaho : quarantebattem<strong>en</strong>ts de cœur dont l’ordre commele tempo sont laissés au choix des interprètes.J.-G. LebrunTournée <strong>en</strong> Ile-de-France du 25 janvierau 2 février.© Éric GaraultAvec l’Ondif, je souhaite au contraire remettreà l’honneur le répertoire français, qui est tropsouv<strong>en</strong>t ignoré. Il y a une vraie tradition del’orchestre français, avec une sonorité particulière,que ce soit dans la délicatesse descordes ou le vibrato des cors. Il ne faut pasque cela devi<strong>en</strong>ne une langue perdue, <strong>en</strong> seconc<strong>en</strong>trant uniquem<strong>en</strong>t sur le romantismeallemand.Comm<strong>en</strong>t avez-vous conçu cette saison2013-14 ?E.M. : En 2014, nous ouvrons les festivités des40 ans de l’Orchestre par un concert sur lethème du voyage, avec <strong>en</strong> soliste le barytonMarkus Werba, qui a chanté la saison dernièrele rôle de Don Giovanni au Théâtre desChamps-élysées. Tout au long de cette année,Amjad Ali Khan :rapprochem<strong>en</strong>tEst-OuestLongtemps objet de fascination et de fantasmepour les compositeurs europé<strong>en</strong>s, l’Ori<strong>en</strong>t lointainreste un territoire musical à découvrir.L’Ori<strong>en</strong>t musical s’est longtemps limité à undécor exotique, au mieux imitation de timbreset de rythmes. Les turqueries de l’Enlèvem<strong>en</strong>tau sérail réjouissai<strong>en</strong>t alors – et réjouiss<strong>en</strong>t<strong>en</strong>core aujourd’hui – l’oreille du mélomaneeuropé<strong>en</strong> autant qu’elles le plongeai<strong>en</strong>t dansun monde fleurant bon les mille et une nuits.Une dizaine d’année après l’opéra de Mozart,Haydn faisait à son tour usage de percussions« turques » (triangle, cymbales, et grossecaisse) pour donner une ampleur sonore etdramatique inusitée à quelques mom<strong>en</strong>ts desa Symphonie « militaire ». Ce n’est pourtantqu’au xx e siècle que les compositeurs s’intéress<strong>en</strong>tvraim<strong>en</strong>t aux horizons nouveauxque leur ouvr<strong>en</strong>t les traditions musicalesdes contin<strong>en</strong>ts lointains. À la suite de Ravi© Martin Sigmundnous donnerons de courtes pièces de musiquecontemporaine, de Saariaho à Takemitsu.Par ailleurs, il me semble ess<strong>en</strong>tiel de tisserdes li<strong>en</strong>s avec les autres musiques. Nousaccueillerons ainsi cette saison un joueur desarod (instrum<strong>en</strong>t à cordes pincées indi<strong>en</strong>)qui improvisera avec les musici<strong>en</strong>s ! Il fautbi<strong>en</strong> sûr être très prud<strong>en</strong>t avec ces projets,et je suis contre le mauvais crossover, où unrocker peut par exemple être accompagnéd’un pauvre orchestre à cordes… En parallèle,nous continuons notre cycle des symphoniesde Tchaïkovski et des concertos pour piano deBeethov<strong>en</strong>, avec cédric Tiberghi<strong>en</strong>. Enfin, nous<strong>en</strong>tamons au Théâtre des Champs-élyséesun cycle Rossini. J’aurais trouvé regrettablede ne pas pouvoir transmettre à l’Orchestremon expéri<strong>en</strong>ce de l’opéra et <strong>en</strong> particulierdu bel canto.Quelle place l’ONDIF aura-t-il dans la futurePhilharmonie de Paris ?E.M. : Nous aurons une collaboration plusétroite avec la Philharmonie de Paris, où nousserons orchestre associé, ce qui n’est le casaujourd’hui avec la Salle Pleyel, où nous sommeslocataires. <strong>La</strong> Philharmonie se construitsur un territoire que nous connaissons bi<strong>en</strong>.Nous aurons peut-être moins de difficultésque d’autres orchestres parisi<strong>en</strong>s à y faire“Aujourd’hui, lesorchestres ontpresque tous le mêmebut : jouer les grandessymphonies de Mahleret Bruckner.C’est un effet dela mondialisation.”Enrique Mazzolav<strong>en</strong>ir nos spectateurs, qui lors de nos concertsà Paris sont pour moitié francili<strong>en</strong>s.Sur scène, vous portez toujours sur vousun accessoire de couleur rouge, lunettes,écharpe… Pourquoi ?E.M. : Je suis presque né avec des lunettesrouges ! J’aime cette couleur, qui apporte dela lumière. Ce n’est pas une quelconque affiliationpolitique ! Lors du dernier Festival deGlyndebourne, où je dirigeais Don Pasqualede Donizetti, les musici<strong>en</strong>s du Philharmoniquede Londres ont tous porté, pour la dernièrereprés<strong>en</strong>tation, un accessoire rouge :des chaussettes, des lunettes, des bouclesd’oreilles… Ils avai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> compris l’espritMazzola !Propos recueillis par Antoine PecqueurAmjad Ali Khan, lég<strong>en</strong>de vivante de la musiqued’Inde du Nord.Shankar, qui popularise <strong>en</strong> Occid<strong>en</strong>t le sondu sitar à partir des années cinquante, AmjadAli Khan, virtuose du sarod (une sorte de luth),apporte au public d’Amérique du Nord puisd’Europe la connaissance de la musique classiqued’Inde du Nord. Ces voyages l’ont depuisam<strong>en</strong>é à composer aux frontières des deuxtraditions – indi<strong>en</strong>ne et europé<strong>en</strong>ne – desœuvres où le sarod voisine avec l’orchestresymphonique. C’est le cas de ce concerto intituléSamaagam, qu’il donne avec l’Orchestr<strong>en</strong>ational d’Ile-de-France dirigé par KasparZehnder.J.-G. LebrunTournée <strong>en</strong> Île-de-France du 29 novembreau 8 décembre.© D. R.Wayne Marshall :l’Amérique à Parisgros planFamilier de l’orchestre, le pianiste et chef d’orchestre continue de luitransmettre sa passion du répertoire américain.Anglais de naissance, Wayne Marshall estmusicalem<strong>en</strong>t un Américain d’adoption. « Igot rythm » : le standard de Gershwin, tiréde sa comédie musicale Un Américain àParis, sonne comme un blason pour WayneMarshall, qui n’est jamais tant à son aiseque lorsque la musique réputée sérieusegros planjeune public à l’honneurCréation d’un conte musical, concert participatif : l’Ondif innove <strong>en</strong>matière d’actions pédagogiques.Vous n’<strong>en</strong> pouvez plus des inévitables Pierreet le loup de Prokofiev et autres Carnaval desanimaux de Saint-Saëns ? Le programme d’actionspédagogiques de l’Ondif est fait pour vous !Depuis plusieurs années, la phalange crée d<strong>en</strong>ouveaux concepts, réinv<strong>en</strong>te le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre lesmusici<strong>en</strong>s et les jeunes spectateurs. Cettesaison sera ainsi créé un conte musical poursoprano, baryton et orchestre du compositeurSébasti<strong>en</strong> Gaxie, Céleste, ma planète, d’aprèsle livre de Timothée de Fombelle (éd. Gallimardjeunesse), pour lequel Vanessa Gasztowtt, <strong>en</strong>charge de l’action culturelle de l’Ondif, a eu unvrai coup de cœur : « L’auteur aborde le thèmede l’écologie, mais de manière décalée, à traversPropos recueillis e Fabi<strong>en</strong>ne VoisinRésid<strong>en</strong>ce àAulnay-sous-BoisL’Orchestre pr<strong>en</strong>d ses quartiers dans la ville de Seine-Saint-D<strong>en</strong>is.Explications par Fabi<strong>en</strong>ne Voisin, directrice générale de l’ONDIF.« Nous souhaitions créer une r<strong>en</strong>contre plusprofonde avec le public, aller plus loin quele simple temps du concert. <strong>La</strong> résid<strong>en</strong>cepermet de s’investir, de s’imprégner d’uneville. Nous avons eu la chance de trouverun part<strong>en</strong>aire avec les mêmes <strong>en</strong>vies, ChristopheUbelmann et son équipe du ThéâtreJacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, oùnous avions déjà monté il y a six ans la premièreédition de notre festival de musiquecontemporaine. Pour cette première résid<strong>en</strong>ce,nous avons voulu montrer toutes lesUn mécénat de proximité“Un flashmob dansun c<strong>en</strong>tre commercial,des interv<strong>en</strong>tionsdans les écoles, leshôpitaux (…). Nousirons même à lapiscine et à la gare !”Fabi<strong>en</strong>ne Voisinune histoire d’amour dans un monde futuriste.C’est une écriture fluide, simple, qui parle àtous ». Timothée de Fombelle lui-même adaptepour l’occasion son texte <strong>en</strong> livret. <strong>La</strong> partitionde Sébasti<strong>en</strong> Gaxie, qui vi<strong>en</strong>t de finir son cursusà l’Ircam, fait écho aux problématiques du livre.« Il a composé pour orchestre et électronique,afin de retranscrire la dim<strong>en</strong>sion futuriste dutexte, avec son univers urbain saturé », observeVanessa Gasztowtt. Les parties vocales serontt<strong>en</strong>ues par deux solistes de premier plan, lasoprano Mélanie Boisvert et le baryton LionelPeintre, tandis que la direction est confiée àJean Deroyer, expert <strong>en</strong> matière de musiquecontemporaine – preuve que l’Ondif ne pr<strong>en</strong>dL’ONDIF mise sur le souti<strong>en</strong> des <strong>en</strong>treprises comme des particuliers.Depuis l’arrivée, <strong>en</strong> 2011, de Fabi<strong>en</strong>ne Voisin au poste de directrice générale de l’Ondif, laphalange s’est lancée à la recherche de mécènes. « Avec les <strong>en</strong>treprises, nous misons sur deuxaxes : la notion de territoire et la dim<strong>en</strong>sion sociale. Nous ne cherchons pas le côté prestigieux »,nous explique Audrey Chauvelot, chargée des relations publiques et du mécénat à l’Ondif.L’Orchestre a ainsi mis <strong>en</strong> place un cercle des mécènes, avec un droit d’<strong>en</strong>trée à 3 000 euros.Sont ainsi visées les PME, particulièrem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes sur le territoire francili<strong>en</strong>. Ce projet ad’ailleurs reçu le souti<strong>en</strong> de la région Ile-de-France, soucieuse du li<strong>en</strong> public-privé. « En ce quiconcerne les particuliers, nous avons un cercle d’amis, nommé Cosi, qui réunit une vingtainede fidèles », poursuit Audrey Chauvelot. En contrepartie, ces spectateurs de choix peuv<strong>en</strong>tnotamm<strong>en</strong>t visiter la maison de l’Orchestre et assister aux répétitions.A. Pecqueur© Edgar Brambis© Eric <strong>La</strong>forgueLe chef et pianiste Wayne Marshall, maître de lamusique américaine.fraye avec le jazz. Et c’est avec la musiquede Bernstein, Copland, Gershwin ou Ellingtonqu’il choisit le plus souv<strong>en</strong>t d’emporterle public, de Londres et Los Angeles et Cologne,où il vi<strong>en</strong>t d’être nommé chef du WDRRundfunksorchester, formation sans équival<strong>en</strong>tà Paris, dédiée aux musiques populaires,comédies musicales et autres opérettes.Pour ses retrouvailles avec l’OrchestreL’orchestre national d’Ile-de-France.facettes de l’orchestre. Il y aura ainsi unconcert <strong>en</strong> grand effectif, deux concerts <strong>en</strong>formation plus resserrée (orchestre à cordeset <strong>en</strong>semble de cuivres) et notre projet participatif« Chantons avec », au cours duqueldes élèves de troisième cycle du Conservatoired’Aulnay-sous-Bois joueront au seinde l’Orchestre. Par ailleurs, nous avons misun point d’honneur à aller à la r<strong>en</strong>contrepas des artistes de second choix sous prétextede spectacles pédagogiques. Autre innovationdu projet : son financem<strong>en</strong>t. Pour réaliser la mise<strong>en</strong> scène de Céleste, ma planète, l’Orchestre faitappel au crowdfunding, ce système de financem<strong>en</strong>tparticipatif qui permet à un porteur deprojet (particulier ou structure) de recueillir lesfonds des particuliers via une plateforme internet,<strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce le site Fondatio.« Chantons avec »L’Orchestre a aussi à cœur, depuis plusieursannées, de développer les spectacles participatifs.On retrouve cette saison le désormaisfameux projet « Chantons avec ». Pas moinsde 800 <strong>en</strong>fants, âgés de 9 à 13 ans, tous nonmusici<strong>en</strong>s,sont touchés par cette action, quise déroule sur quatre villes de la région Ile-de-France : Aulnay-sous-bois (où l’Orchestre est <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce cette saison), Vélizy-Villacoublay, Villeparisiset Paris. « Ce projet permet aux <strong>en</strong>fantsde découvrir le répertoire classique, le travaild’orchestre. Mais surtout, cela a un impact surleur conc<strong>en</strong>tration, leur s<strong>en</strong>s de l’écoute, leur travailde mémoire », note la responsable de l’actionculturelle de l’Ondif. On notera égalem<strong>en</strong>t, parmiles actions proposées par la phalange, l’accueild’élèves de deuxième et troisième années duPôle d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur de la musique<strong>en</strong> Seine-Saint-D<strong>en</strong>is au sein même de l’Orchestre,avec un tutorat des musici<strong>en</strong>s. « Depuis queje suis <strong>en</strong>tré à l’orchestre, il y a trois ans et demi,je remarque un intérêt de plus <strong>en</strong> plus granddes musici<strong>en</strong>s pour les actions culturelles »,observe Vanessa Gasztowtt. Preuve définitivede l’importance de l’action pédagogique pourl’Ondif : l’Orchestre vi<strong>en</strong>t de lancer cette saisonsa première campagne de communication surle sujet, avec comme visuel une petite fille tirantla langue. Tout un symbole !A. Pecqueurnational d’Ile-de-France, Wayne Marshallse tourne de nouveau vers Gershwin avectout d’abord l’ouverture de la comédie musicaleOf Thee I sing, chef-d’œuvre écrit pourBroadway, suivie du célèbre Concerto <strong>en</strong> faque le chef dirigera du piano : l’un de sesexercices favoris, qui lui permet d’insufflerà l’orchestre un irrépressible élan rythmique.Le reste du programme est consacréà la musique de Ravel : Boléro et Tombeaude Couperin. Un choix logique si l’on se souvi<strong>en</strong>tque Gershwin demanda un jour à sonaîné de lui donner des cours. On connaît laréponse de Ravel, refusant de gâcher par un<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t la spontanéité du compositeurde la Rhapsody in blue.Jean-Guillaume LebrunTournée <strong>en</strong> Ile-de-France du 12 au 25 octobre.d’un public qui n’est pas forcém<strong>en</strong>t acquisà la musique, et les musici<strong>en</strong>s vont ainsi seproduire <strong>en</strong> musique de chambre dans deslieux inatt<strong>en</strong>dus : il y aura un flashmob dansun c<strong>en</strong>tre commercial, des interv<strong>en</strong>tionsdans les écoles, les hôpitaux, les maisonsde retraite. Nous irons même à la piscineet à la gare ! »Propos recueillis par A. PecqueurL’ONDIF<strong>en</strong> sept dates1974 Création de l’Orchestre nationald’Ile-de-France par Marcel <strong>La</strong>ndowski.1 er chef : Jean Fournet.1982 Jacques Mercier est nommé directeurartistique et chef perman<strong>en</strong>t de l’orchestre.Il élève la formation au rang destructure nationale.2002 Le compositeur Marc-Olivier Dupinassure la direction générale de l’orchestreet l’ouvre à de prestigieux chefs etsolistes tout <strong>en</strong> rénovant son approchedu concert et du public.2004 Nomination de Yoel Levi <strong>en</strong> tant quechef principal. Son arrivée r<strong>en</strong>force l’exig<strong>en</strong>cede qualité et la cohésion musicalede l’orchestre.2009 L’orchestre figure au top t<strong>en</strong> desorchestres les plus <strong>en</strong>gagés au monde dufameux m<strong>en</strong>suel anglais Gramophone.2012 Enrique Mazzola est nommé directeurmusical et chef principal de la formationet Fabi<strong>en</strong>ne Voisin <strong>en</strong> est la nouvelledirectrice générale. Une nouvelleère s’ouvre pour l’orchestre.Orchestre nationald’Ile-de-France,19 rue des écoles,94140 Alfortville.Tél. 01 41 79 03 40.www.orchestre-ile.com


58 classique octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 classique 59CITé DE LA MUSIQUE / OPéRA BASTILLEEICL’APOSTROPHE / PONTOISEMUSIQUE BAROQUEOphélieGaillardAvec son <strong>en</strong>semble Pulcinella, la violoncellistepropose un programme 100 % Ha<strong>en</strong>del.Pulcinella, sous la houlette de la violoncellisteOphélie Gaillard, est le nouvel <strong>en</strong>semble <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>cedu Festival baroque de Pontoise.Ophélie Gaillard sait bi<strong>en</strong> s’<strong>en</strong>tourer. Pourson programme dédié aux métamorphosesamoureuses chez Ha<strong>en</strong>del, donné dans lecadre du Festival de Pontoise, la violoncellisteet chef de l’Ensemble Pulcinellaaccueille deux voix de rêve pour le répertoirebaroque : la soprano Emmanuelle deNegri, au legato toujours stylé, et le barytonMarc Mauillon, à la projection intellig<strong>en</strong>te.Les arias da capo, marque de fabrique deHa<strong>en</strong>del, s’annonc<strong>en</strong>t plus prometteusesque jamais !A. PecqueurL’Apostrophe-Théâtre des Louvrais, place dela Paix, 95027 Pontoise. V<strong>en</strong>dredi 11 octobreà 20h30. Tél. 01 34 20 14 14. Places : 24 €.Entreti<strong>en</strong> e Matthias PintscherDouble compét<strong>en</strong>ceMatthias Pintscher, né <strong>en</strong> 1971, vi<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>tamer un mandat de trois ansde directeur musical de l’Ensemble Intercontemporain. En choisissant unleader à la double id<strong>en</strong>tité de chef et compositeur - l’œuvre de Pintschercompte de nombreuses partitions d’<strong>en</strong>vergure (dont Osiris créé <strong>en</strong> 2008par Pierre Boulez à la tête du Chicago Symphony Orchestra) -, l’EICr<strong>en</strong>oue avec ses principes initiaux, dont Boulez et Peter Eötvös fur<strong>en</strong>tdes modèles saisissants. Matthias Pintscher est à deux reprises dans laproche actualité, à la fois invité de l’Orchestre de l’Opéra de Paris (<strong>en</strong>treautres pour la première française de Chute d’étoiles pour deux trompetteset orchestre) et aux commandes de sa nouvelle formation perman<strong>en</strong>tedans un programme Dufourt-Ronchetti.Vous v<strong>en</strong>ez d’être nommé directeur musicalde l’Ensemble Intercontemporain, quel estvotre état d’esprit au mom<strong>en</strong>t où vous comm<strong>en</strong>cezcette nouvelle av<strong>en</strong>ture ?Matthias Pintscher : C’est un très grandhonneur pour moi d’avoir reçu la confiancedes musici<strong>en</strong>s pour diriger une institutionriche d’une telle histoire. Il est évid<strong>en</strong>t quel’Ensemble Intercontemporain souhaitaitrev<strong>en</strong>ir à ses racines <strong>en</strong> choisissant un chefcompositeur. C’est une énorme responsabilité,d’autant plus que nous sommes <strong>en</strong>train de redessiner, avec les musici<strong>en</strong>s etnotre équipe, le futur artistique et la visionde l’<strong>en</strong>semble. Je connais Paris depuislongtemps et me s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> phase avec sascène musicale. J’ai l’impression d’être toutà fait le bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>u et que de nouvelles idées,répertoires et formats de concerts sont àla fois nécessaire et att<strong>en</strong>dus. Faire de la© Caroline Doutremusique avec les musici<strong>en</strong>s de l’<strong>en</strong>sembleest tout simplem<strong>en</strong>t un bonheur. Ils sonttrès <strong>en</strong>gagés, passionnés, et nous allonsinv<strong>en</strong>ter un futur <strong>en</strong>semble. J’ai beaucoupde chance.Quel est la nouvelle frontière que vous souhaitezatteindre avec l’Ensemble ?M. P. : Nous avons vraim<strong>en</strong>t à l’esprit les troisdim<strong>en</strong>sions du temps : le passé, le futur etparticulièrem<strong>en</strong>t le prés<strong>en</strong>t. C’est “maint<strong>en</strong>ant”qui compte, le mom<strong>en</strong>t dans lequel nousvivons, agissons, créons et jouons. <strong>La</strong> musiqu<strong>en</strong>’existe que dans le temps de sa création,elle doit être inlassablem<strong>en</strong>t ram<strong>en</strong>ée à la vie,toujours et <strong>en</strong>core. Cela nous laisse imaginertoutes les connections possibles <strong>en</strong>tre lerépertoire existant, ce que nous créons maint<strong>en</strong>antet ce que nous <strong>en</strong>visageons pour l’av<strong>en</strong>ir,<strong>en</strong> étant totalem<strong>en</strong>t ouverts aux décou-MUSÉE DE LA GRANDE GUERREMUSIQUE ET HISTOIREEnsembleCalliopéeL’<strong>en</strong>semble dirigé par Karine Lethiec exploredepuis plusieurs années la musique au tempsde la Grande Guerre. Il propose ici une relecturemusicale des Notes de guerre de RomainDarchy, mise <strong>en</strong> images par Didier Bertrand.L’<strong>en</strong>semble Calliopée retrace <strong>en</strong> musique la vie deRomain Darchy, contée par Jean-Pierre Verney etGérard Charroin.rejoignez-nous sur facebook© Jeff Roparsvertes dans des territoires inconnus. Il esttrès important de toujours inclure des piècesde répertoire car cela nous permet d’inscrir<strong>en</strong>otre travail dans la tradition du son uniquede l’<strong>en</strong>semble. Il existe un répertoire spécifiqueassocié à l’<strong>en</strong>semble, que nous déf<strong>en</strong>donsdans le monde <strong>en</strong>tier. Nous voulons continuerde l’<strong>en</strong>richir et l’emm<strong>en</strong>er toujours plus loin.Nous allons prés<strong>en</strong>ter et accompagner d<strong>en</strong>ouveaux compositeurs, ou des compositeursque l’on n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong> France, faire appel àdes curateurs pour nos week-<strong>en</strong>ds “Turbul<strong>en</strong>ces”,expérim<strong>en</strong>ter de nouveaux formatsde concerts, inviter le public à découvrir lesprocessus de nos répétitions, ouvrir des dialogues<strong>en</strong>tre nos musici<strong>en</strong>s, les compositeurset le public de nos concerts, etc. L’interactionest le mot-clé. Nous voulons <strong>en</strong>courager ledialogue sous toutes ses formes, <strong>en</strong> provoquantdes surprises !Vous êtes à la fois compositeur et chef d’orchestre.Est-ce le fruit d’un hasard ou celuid’un choix ?M. P. : J’ai joué du violon dans un orchestrede jeunes à l’âge de 14 ans. Cetteexpéri<strong>en</strong>ce de me retrouver plongé dansla dim<strong>en</strong>sion physique du son orchestralImaginant la musique comme un langage universel,on aimerait croire aujourd’hui qu’ellefût laissée à l’écart des guerres et de la hain<strong>en</strong>ationaliste. On sait cep<strong>en</strong>dant que ce ne futpas le cas et même Debussy emboîta le pasdes agitateurs du « joujou patriotisme », quedénonçait l’écrivain rémy de Gourmont. Loindes tranchées, la guerre se joue sur le front dela culture. Dans les tranchées, c’est différ<strong>en</strong>t.Les œuvres composées alors sont des chantsde deuil et de compassion, comme <strong>La</strong> Croixdouloureuse d’André Caplet, ou bi<strong>en</strong> un refugedans une musique toute de douceur (Troisbeaux oiseaux du Paradis de Ravel). Debussy seplace à hauteur d’<strong>en</strong>fant (Noël des <strong>en</strong>fants quin’ont plus de maison). Ainsi la musique fraternise-t-ellepresque de part et d’autre, <strong>en</strong> mêmetemps que la contestation se fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre (lacélèbre Chanson de Craonne au programmede ce spectacle). Mais, épousant la biographiede Romain Darchy, combattant des deuxguerres décédé <strong>en</strong> 1944, ce concert-hommage,qui s’inscrit dans le cadre d’une résid<strong>en</strong>ce del’<strong>en</strong>semble au Musée de la Grande Guerre deMeaux, emmène aux portes du second conflitmondial (« On ira p<strong>en</strong>dre notre linge sur la ligneSiegfried »), à la résistance (Chant des partisans)et aux l<strong>en</strong>demains du désastre (Im Ab<strong>en</strong>drotde Richard Strauss). J.-G. LebrunMusée de la Grande Guerre, rue <strong>La</strong>zare-Ponticelli, 77100 Meaux. Samedi 12 octobreà 18h. Tél. 01 60 32 10 45.SALLE GAVEAUPIANO ET ORCHESTREOrchestre desPays de SavoieTrois œuvres slaves et une création sont auprogramme de ce beau concert dirigé parNicolas Chalvin.Nicolas Chalvin, directeur musical de l’Orchestre desPays de Savoie.© D. R.© Philippe Hurlin“Nous voulons<strong>en</strong>couragerle dialogue soustoutes ses formes.”Matthias Pintscherm’a donné <strong>en</strong>vie de le créer à mon tour <strong>en</strong>tant que chef mais aussi comme compositeur.C’est un privilège de pouvoir s’exprimerdans ces deux domaines. Les deuxdisciplines se complèt<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>t etpermett<strong>en</strong>t une meilleure perception de lafaçon dont une partition est conçue, et celaquelle que soit la période musicale <strong>en</strong>visagée.Être compositeur est une aide pourl’interprète que je suis. D’un autre coté, jetire un imm<strong>en</strong>se profit de ma pratique dechef <strong>en</strong> tant que compositeur, pour simplifierla notation et gagner <strong>en</strong> efficacitédans la transmission de l’information surle papier, pour savoir ce qui est possible ounon. J’aime être très précis dans les informationsque je donne comme compositeurafin que, plus tard, sur scène, je puisselaisser la mise <strong>en</strong> forme de la musique àun autre que moi. C’est beau pour un compositeurde découvrir ce qu’un interprètepeut apporter à ses idées musicales.Propos recueillis par Jean LukasOpéra Bastille, 120 rue de Lyon, 75012 Paris.Mercredi 30 octobre à 20h. Tél. 0 892 89 90 90.Places : 5 à 60 €. Œuvres de Webern (ImSommerwind), Pintscher (Chute d’étoiles) etStravinsky (L’Oiseau de feu).Cité de la musique, 221 av. Jean-Jaurès,75019 Paris. V<strong>en</strong>dredi 8 novembre à 20h.Tél. 01 44 84 44 84. Places : 18 €.Œuvres de Hugues Dufourt (L’Asie, L’Originedu monde, Les Chardons), Lucia Ronchetti (LePalais du sil<strong>en</strong>ce, création mondiale)Réagissez sur www.journal-laterrasse.frsie de Chostakovitch (Concerto pour piano ettrompette) et l’âme slave magnifiée par Dvorak(Sérénade).J.-G. LebrunSalle Gaveau, 45 rue <strong>La</strong> Boétie, 75008 Paris.Dimanche 13 octobre à 16h. Tél. 01 49 53 05 07.Scène Nationale de SénartMusique anci<strong>en</strong>neRicercarConsortL’<strong>en</strong>semble du violiste Philippe Pierlot redonnevie à la musique de la période élisabéthaine.Dowland, Bull, Morley… Tous ces compositeurstémoign<strong>en</strong>t du faste artistique de la périodeélisabéthaine. Un répertoire aujourd’hui malheureusem<strong>en</strong>ttrop souv<strong>en</strong>t délaissé. <strong>La</strong> ScèneNationale de Sénart a eu la belle idée d’inviterl’un des experts de cette période, le violistePhilippe Pierlot, et son <strong>en</strong>semble RicercarConsort. <strong>La</strong> magie des instrum<strong>en</strong>ts anci<strong>en</strong>ss’allie ici à la liberté agogique des phrasés.Et pour ne ri<strong>en</strong> gâcher, l’<strong>en</strong>semble a invité lecontre-ténor Carlos M<strong>en</strong>a, moins connu queses collègues surmédiatisés, mais d’une intellig<strong>en</strong>cemusicale exemplaire. A. Pecqueur<strong>La</strong> Coupole, rue Jean-François-Millet, 77385Combs-<strong>La</strong>-Ville. Dimanche 13 octobre à 17h.Tél. 01 60 34 53 60. Places : 25€www.journallaterrasse.frFéru de musique française et amateur dedécouvertes, Nicolas Chalvin ne pouvait qu’êtreattiré par la musique très expressive de la compositriceFlor<strong>en</strong>tine Mulsant (née <strong>en</strong> 1962), quise rev<strong>en</strong>dique de l’héritage de Debussy, Ravel,Messia<strong>en</strong> et Dutilleux. Sa Suite pour cordes op.42, donnée <strong>en</strong> création, voisine avec le classicismede Vanhal (Symphonie <strong>en</strong> ut), la fantailisez-nouspartout !© Christine Schneider Photography © Felix Broede / DGSALLE PLEYELRECITAL LYRIQUEPATRICIA PETIBONUn an après la parution de son album NouveauMonde, la soprano repr<strong>en</strong>d ce programme original.<strong>La</strong> soprano française affirme sa curiosité musicaledans le cadre du cycle Les Grandes Voix.C’est dans le répertoire baroque et traditionnelqu’a puisé Patricia Petibon pour composer sonprogramme chanté <strong>en</strong> grande partie <strong>en</strong> espagnolet <strong>en</strong> anglais. Pour cette évocation del’Amérique du Sud du XVIIe siècle, elle convoqueles zarzuelas de José de Nebra et des chantsanci<strong>en</strong>s accompagnés de manière rythmée parla flûte, les castagnettes, le luth ou la cornemuse.C’est <strong>en</strong> public que des chansons commeJ’ai vu le r<strong>en</strong>ard, le loup, le lièvre peuv<strong>en</strong>tpr<strong>en</strong>dre toute leur dim<strong>en</strong>sion populaire, avecla sci<strong>en</strong>ce espiègle du show qui r<strong>en</strong>d PatriciaPetibon si unique. De grandes scènes d’opérasplus connues complèt<strong>en</strong>t le programme : cellede la Folie de Platée de Rameau et l’air final deDidon et Enée de Purcell. A.T. Nguy<strong>en</strong>Salle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Lundi 14 octobre à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 60 €.VERSAILLES / GAVEAURéCITALS DE CHANTAirs et duosde Ha<strong>en</strong>delRiccardo Minasi accompagne avec son<strong>en</strong>semble baroque Il Pomo d’Oro deux récitalsHa<strong>en</strong>del.Valer Sabadus a débuté à Paris <strong>en</strong> 2009 au PalaisGarnier sous la direction de Riccardo Muti.Créé <strong>en</strong> 2012, l’orchestre suisse Il Pomo d’Oros’est déjà fait connaître <strong>en</strong> <strong>en</strong>registrant desalbums avec Max Emanuel C<strong>en</strong>cic ou FrancoFagioli. A la Salle Gaveau, il collabore avec unautre contre-ténor révélé par la déjà lég<strong>en</strong>daireproduction d’Artaserse de Vinci : le jeuneValer Sabadus, capable de fabuleux aigus desoprano sans sacrifier un timbre soyeux. <strong>La</strong>veille, c’est à la Chapelle Royale de Versaillesqu’Il Pomo d’Oro accompagne la sopranoSandrine Piau et la contralto Marie-NicoleLemieux dans des airs et des duos extraitsdes oratorios anglais de Ha<strong>en</strong>del, notamm<strong>en</strong>tHercules, Theodora, Joshua, Belshazzar etd’autres œuvres moins connues de la dernière© D. R.© Balmer & Dixonpériode du compositeur, comme Joseph andhis Breth<strong>en</strong> ou Alexander Balus. A.T. Nguy<strong>en</strong>Piau/Lemieux : Chapelle Royale de Versailles,Château de Versailles, 78000 Versailles.Le 14 octobre à 20h. Tél. 01 30 83 78 89.Places : 45 à 120 €.Sabadus : Salle Gaveau, 45 rue <strong>La</strong> Boétie,75008 Paris. Le 15 octobre à 20h.Tél. 01 49 53 05 07. Places : 22 à 70 €.FONDATION EUGèNE NAPOLéONMUSIQUE DE CHAMBREFestivalHarmoniesd’automneCe festival de r<strong>en</strong>trée choisit Pascal Dusapincomme compositeur invité.Vanessa Wagner interprète 4 des 7 Etudes pour pianode Pascal Dusapin, pièces qu’elle a <strong>en</strong>registrées pourle label Musicales Actes Sud.Placé sous la direction artistique de la pianistefrançaise d’origine russe El<strong>en</strong>a Filonova, qui ajoué <strong>en</strong> soliste sous la direction de maîtres telsque Kirill Kondrachine ou Evgu<strong>en</strong>i Mravinsky etbénéficié de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t d’Emil Gilels, cejeune festival parisi<strong>en</strong> s’est installé dans le paysagemusical comme un lieu privilégié de r<strong>en</strong>contres<strong>en</strong>tre interprètes et répertoires russeset français. Pour cette quatrième édition, Harmoniesd’Automne invite le compositeur PascalDusapin dont de nombreuses œuvres chambristesseront jouées : le Quatuor n°1 (1996) par leQuatuor Enesco (le 17/10), « Iti » pour violon solo(1987) par Sol<strong>en</strong>ne Païdassi (le 18), 4 des 7 Etudespour piano (1999/2001) par Vanessa Wagner(le 19), Improvisation sur des thèmes de « Roméoet Juliette » pour clarinette solo par PhilippeBerrod (le 20)… Poul<strong>en</strong>c, Schubert, Schumann,Fauré, Prokofiev, Ravel, Chabrier ou Debussy sontaussi à l’affiche avec des interprètes de premierplan, dont Marie-Josèphe Jude et Jean-FrançoisHeisser, qui sign<strong>en</strong>t le concert final (le 20 à 17h)avec à leur programme, <strong>en</strong> particulier, Espanade Chabrier et Le Sacre du printemps de Stravinskyjoués à 4 mains.J. LukasChapelle de la Fondation Eugène Napoléon,254 rue du Faubourg Saint-Antoine, 75012 Paris.Du 16 au 20 octobre. Tél. 01 84 16 41 20.Amphithéâtre BastilleRECITALS DE MELODIESYann Beuron& Bo SkovhusCoup d’<strong>en</strong>voi de la dernière série Converg<strong>en</strong>cesde l’ère Joel avec deux valeurs sûres du chantmasculin.A l’affiche de l’Opéra National de Paris depuis unevingtaine d’années, Bo Skovhus s’y produit pour lapremière fois <strong>en</strong> récital.Bo Skovhus offre sa version du Voyage d’hiverde Schubert, cycle que le public de Converg<strong>en</strong>cesretrouve dans sa version pour voixRéagissez sur www.journal-laterrasse.frRéservations : 01 41 37 94 21,www.nanterre.fr, www.fnac.com,www.billetreduc.comTarifs : de 5 € à 23,50 €+ d’infos sur www.nanterre.frMaison de la musique de Nanterrescène conv<strong>en</strong>tionnée8, rue des Anci<strong>en</strong>nes-Mairies 92000Nanterre / Accès RER A - Nanterre-Villesortie n°3 rue Maurice Thorez (7’ à pied)Escale Si loin, si procheMAISONDANIELFÉRYOxmo PuccinoMaison de la musique Mercredi 2 octobre 2013 à 20h30TaïroMaison Daniel-Féry Samedi 5 octobre 2013 à 20h30The CoupMaison Daniel-Féry V<strong>en</strong>dredi 11 octobre 2013 à 20h30LES ARTISTES DU LABEL MIRARELA FOLLENUITÀ GAVEAUDu MER. 23 au DIM. 27 OCT. 2013Maison Daniel-Féry10-14, bd Jules-Mansart 92000 NanterreAccès : RER A Nanterre-Université(7’ min à pied)Information et réservation : 39 92Découvrez, partagez, réagissez,rejoignez la Maison de la musiqueet la Maison Daniel-Féry sur facebook.15 CONCERTS :Récitals de piano 10 € / Musique de chambre 12 € /Intégrale Iberia Albéniz 15 €Avec des révélations piano<strong>La</strong> Roque d’Anthéron :Matan PORAT, Lukas GENIUSAS,Yulianna AVDEEVADes concerts pour <strong>en</strong>fants :Claire-Marie LE GUAY, Shani DILUKAL’intégrale d’Iberia d’Albéniz :Luis Fernando PÉREZwww.nanterre.frEt tant d’autres :Abdel Rahman El BACHA, Claire DÉSERT,Adam LALOUM, Jean-Claude PENNETIER,Lidija et Sanja BIZJAK, Quatuor PRAZAK,Anne QUEFFÉLEC, Marie-Catherine GIRODl’ENSEMBLE VOCAL LAUSANNE,le SINFONIA VARSOVIA et Michel CORBOZ.RÉSERVATION | 01.49.53.05.07 | WWW.SALLEGAVEAU.COM | FNAC | TICKETNETPub Folle nuit_122x182.indd 1 19/09/13 15:05


60 classique octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 opéra théâtre de Limoges / saison 2013/2014 / Focus 61d’homme et piano. Le baryton danois, charismatiqueet doté d’un timbre d’une grandebeauté, déf<strong>en</strong>d le Lied depuis le début de sacarrière. Dans le cadre du c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la PremièreGuerre Mondiale, de nombreux concertsévoqu<strong>en</strong>t durant la saison les grandes figuresartistiques de l’époque. <strong>La</strong> série de représ<strong>en</strong>tationsd’Alceste de Gluck au Palais Garnier àpeine terminée, Yann Beuron revi<strong>en</strong>t à l’AmphiBastille pour un nouveau récital de mélodies(Poul<strong>en</strong>c, Honegger…), sur des textes d’Apollinaireet de ses contemporains dont certainssont récités par Stéphane Varup<strong>en</strong>ne, p<strong>en</strong>sionnairede la Comédie-Française. A.T. Nguy<strong>en</strong>Amphithéâtre Bastille, 120 rue de Lyon,75012 Paris. Les 16, 17 octobre (Beuron) à 20h,le 24 octobre (Skovhus) à 20h.Tél. 0 892 89 90 90. Places : 25 €.SALLE PLEYELMUSIQUE SYMPHONIQUEOrchestrede ParisPaavo Järvi, directeur musical de la phalangeparisi<strong>en</strong>ne, invite deux pianistes, Jean-Frédéric Neuburger et Yefim Bronfman.Impressionnante exposition du pianiste Jean-FrédéricNeuburger, qui sera successivem<strong>en</strong>t soliste du Concertopour la main gauche de Ravel puis du « Deuxième » de Liszt.Le premier des deux part<strong>en</strong>aires du plusparisi<strong>en</strong> des chefs estoni<strong>en</strong>s est jeune et© Carole Bellaiïchefrançais : Jean-Frédéric Neuburger – pas<strong>en</strong>core tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, anci<strong>en</strong> élève d’Heisseret de Vladimir Krainev, et compositeur deplus <strong>en</strong> plus sollicité – <strong>en</strong>chaîne et déchaînedeux concertos différ<strong>en</strong>ts deux soirs desuite <strong>en</strong> jouant le « main gauche » de Ravel(le 16) puis le « Deuxième » de Liszt (le 17).Le second pianiste à s’asseoir devant l’Orchestrede Paris est américain (né <strong>en</strong> 1958<strong>en</strong> Ouzbékistan) et l’un des solistes les pluschevronnés du circuit, anci<strong>en</strong> élève de Serkinet Leon Fleisher à la Juilliard School : YefimBronfman sera le soliste résolum<strong>en</strong>t flamboyantdu Premier concerto de Tchaikovski(les 23 et 24). <strong>La</strong> suite Karelia de Sibelius etla Symphonie n°3 avec orgue de Saint-Saëns(avec Thierry Escaich <strong>en</strong> soliste) complèt<strong>en</strong>tle premier programme, tandis que Glinka(ouverture de Rousslan et Ludmilla), et Prokofiev(Symphonie n° 5) confirm<strong>en</strong>t la couleurrusse du second.J. LukasSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Les 16 et 17 puis les 23 et24 octobre à 20h. Tél. 01 42 56 13 13.SALLE GAVEAUORCHESTRE SYMPHONIQUEOrchestreColonneDeuxième programme de la saison de l’“historique”orchestre parisi<strong>en</strong>.Si les plus actifs, performants et estimésorchestres symphoniques du monde ont tousvu le jour à la fin du xix e siècle (Amsterdam,Vi<strong>en</strong>ne, Berlin, New York, Chicago, Boston, etc),la vie symphonique parisi<strong>en</strong>ne s’est elle développéede toute autre manière, car ses formationshistoriques ont été effacées de sa cartemusicale, par volonté politique, ou bridées parun souti<strong>en</strong> financier modeste. L’OrchestreColonne, fondé <strong>en</strong> 1873 par le violoniste et<strong>La</strong> jeune violoniste niçoise Sol<strong>en</strong>ne Paidassi, invitéede l’Orchestre Colonne dans le Concerto pour violonn° 5 de Mozart.chef d’orchestre Édouard Colonne pour faireconnaître à un large public les compositeursfrançais, est aujourd’hui probablem<strong>en</strong>t leplus actif de ces survivants. Par la volontéde son directeur musical <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Petitgirard,lui-même compositeur, la musique contemporaine,associée à des programmes symphoniquestraditionnels de répertoire, reste unede ses priorités. Le prochain programme dela phalange parisi<strong>en</strong>ne, dirigé par le berlinoisStefan Malzew, le confirme avec, <strong>en</strong> ouverture,Le Pavillon d’or pour koto et orchestrede Philippe Chamouard (né <strong>en</strong> 1952), associéau Concerto pour violon n° 5 de Mozart et à laSymphonie n° 5 de Schubert. Avec <strong>en</strong> solistesMieko Miyazaki (koto) et Sol<strong>en</strong>ne Paidassi(violon), jeune niçoise ayant remporté <strong>en</strong> 2010le Concours Long-Thibaud à Paris. J. LukasSalle Gaveau, 45 rue <strong>La</strong> Boétie, 75008 Paris.Jeudi 17 octobre à 20h. Tél. 01 49 53 05 07.Places : 10 à 30 €.THéâTRE DES CHAMPS-éLYSéESORCHESTRE SYMPHONIQUEOrchestreNationalde FranceDaniele Gatti aborde pour la première foisavec l’ONF les symphonies de Tchaikovki.© Alexandre Moulard© D. R.AMPHITHÉÂTRE BASTILLE / scène watteauMUSIQUES TRADITIONNELLES ET CONTEMPORAINEL’Instant donnéDans le cadre du Festival d’automne, cet<strong>en</strong>semble atypique, qui joue sans chef,explore la création musicale contemporained’Afrique du Sud.Le compositeur Michael Blake et MantombiMatotiyana, virtuose de l’arc musical.Aux côtés de la jeune génération de compositeurs,l’<strong>en</strong>semble interprète une créationde Michael Blake (né <strong>en</strong> 1951), qui s’est largem<strong>en</strong>tconsacré à développer le pot<strong>en</strong>tielde modernité que recèl<strong>en</strong>t les formes et instrum<strong>en</strong>tstraditionnels de la musique sudafricaine.L’Instant donné partage d’ailleursce concert avec Mantombi Matotiyana, chanteuseet l’une des plus grandes virtuosesactuelles de l’arc musical. J.-G. Lebrun<strong>La</strong> Scène Watteau, place du Théâtre,94130 Nog<strong>en</strong>t-sur-Marne. Jeudi 17 octobreà 20h30. Tél. 01 53 45 17 17.Opéra Bastille, place de la Bastille, 75012 Paris.Samedi 19 octobre à 20h. Tél. 01 53 45 17 17.CITÉ DE LA MUSIQUEMUSIQUE CONTEMPORAINEEnsemble intercontemporain© Vinc<strong>en</strong>t PontetNouveau souffle pourl’Orchestre de Limogeset du LimousinDouble anniversaire à Limoges : l’Opéra théâtre fête ses 50 ans et l’Orchestre ses 25 ans !Mais surtout, l’événem<strong>en</strong>t de cette saison, c’est l’arrivée de Robert Tuohy au poste dedirecteur musical associé de l’Orchestre. On ne peut que saluer le choix de ce jeune chef,particulièrem<strong>en</strong>t prometteur, remarqué lors de son mandat de chef assistant à l’Orchestr<strong>en</strong>ational de Montpellier. L’occasion de découvrir la vie musicale limougeaude.Entreti<strong>en</strong> e Robert TuohyHéritage et modernitéRobert Tuohy vi<strong>en</strong>t de pr<strong>en</strong>dre les rênes de l’Orchestre de Limoges. Cechef à la double nationalité américaine et irlandaise nous dévoile sesprojets pour cette formation.Quels sont vos maîtres ?Robert Tuohy : Lors de mes études à la RoyalAcademy of Music de Londres, j’ai été particulièrem<strong>en</strong>tmarqué par les cours avec Sir ColinDavis, qui nous a quittés il y a six mois. Sa gestiquem’impressionnait car elle parv<strong>en</strong>ait à influerdirectem<strong>en</strong>t sur le son de tout l’orchestre. Jegarde égalem<strong>en</strong>t un souv<strong>en</strong>ir très fort de moncontact avec Kurt Masur, <strong>en</strong> particulier sur legrand répertoire, de M<strong>en</strong>delssohn ou Dvorak.Quel est votre li<strong>en</strong> à la France ?R. T. : Après mes études, je suis parti à larecherche d’un poste de chef assistant, <strong>en</strong>souhaitant pouvoir travailler à la fois le répertoiresymphonique et le lyrique. Ce fut le cas àl’Orchestre national de l’Opéra de Montpellier,où je suis resté p<strong>en</strong>dant trois ans et demi. J’aieu la chance d’avoir été appelé dès les premiersmois de mon poste à diriger au piedlevé une représ<strong>en</strong>tation de <strong>La</strong> Chauve-Sourisde Strauss. Et <strong>en</strong>suite, j’ai eu l’opportunité dediriger trois productions d’opéra et près de cinquanteconcerts. Ce n’était donc pas un travailde chef assistant où l’on reste à écouter lesrépétitions.© L. <strong>La</strong>garde (ville de Limoges)“la programmationdéploie une grandevariété.”Robert TuohyComm<strong>en</strong>t avez-vous été nommé à Limoges ?R. T. : <strong>La</strong> direction générale de l'opéra et del'orchestre ainsi que les collectivités tutelles(Ville de Limoges et région Limousin) ont reçu<strong>en</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> les dix candidats préselectionnés.Il <strong>en</strong> a choisi quatre pour v<strong>en</strong>ir dirigerl’Orchestre. Les musici<strong>en</strong>s ont <strong>en</strong>suite voté, etj’ai été choisi. J’ai pris mes fonctions <strong>en</strong> septembre,et mon premier concert <strong>en</strong> qualité dedirecteur musical se déroulera <strong>en</strong> novembreavec la Symphonie n°9 « Du Nouveau Monde »de Dvorak. Mon contrat dure six saisons, cequi permet de réaliser un travail <strong>en</strong> profondeur,avec à chaque saison une productionlyrique et plusieurs concerts symphoniques.Quel est votre projet pour cet orchestre ?R. T. : <strong>La</strong> programmation déploie une grandevariété. Je souhaite pour comm<strong>en</strong>cer mettrel’acc<strong>en</strong>t sur les œuvres de Mozart, Haydn ouBeethov<strong>en</strong>, car au début d’une nouvelle relation<strong>en</strong>tre un chef et un orchestre, ce répertoirepermet de construire un son. A partir delà, on peut aborder tous les styles !Êtes-vous influ<strong>en</strong>cé dans ce répertoire parles interprétations historiquem<strong>en</strong>t informées?R. T. : A l’âge de vingt ans, je me souvi<strong>en</strong>savoir été bouleversé <strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant les symphoniesde Beethov<strong>en</strong> sur instrum<strong>en</strong>tsanci<strong>en</strong>s dirigées par John Eliot Gardiner.Ensuite, je suis allé travailler avec des chefsde l’« anci<strong>en</strong>ne école ». Et <strong>en</strong> voyant le travailde Sir Colin Davis sur le tempo, la souplessedu phrasé, je me suis dit que ses interprétationsdans ce répertoire n’étai<strong>en</strong>t pasdémodées. Je me s<strong>en</strong>s donc <strong>en</strong>tre ces deuxcourants. L’ess<strong>en</strong>tiel, plus que le choix desinstrum<strong>en</strong>ts, c’est que la musique chanteet danse. C’est ce qu’avait si bi<strong>en</strong> comprisCarlos Kleiber.Quel rapport <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ez-vous avec la musiquecontemporaine ?R. T. : Il n’y a pas cette saison de musiquecontemporaine à Limoges, mais je vous prometsdes surprises pour la saison prochaine.Il me semble important de donner à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dreles œuvres de jeunes compositeurs.J’ai dirigé un certain nombre de créationsà Montpellier. J’aime la musique contemporainequi pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte celui qui écoute.Je p<strong>en</strong>se par exemple au compositeur israéli<strong>en</strong>Avner Dorman, qui mêle dans sa musiquelangage contemporain, rock, musique traditionnelle…Il a écrit un magnifique concertopour mandoline !Propos recueillis par Antoine PecqueurDe 11h à 22hAccès libreCiné-Concerto,Jacques Cambra /Fanfare déambulatoire,L’Espérance de St Coin /Concert <strong>en</strong> piscine,Bal Mus’art /Spectacle de rueLes Grooms /Banquet musicalet des surprises...www.tcprevert.fr@TCPrevertfacebook.com/TCPrevertInfos : 01 48 66 49 90En part<strong>en</strong>ariat avec<strong>La</strong>jou®πéeeπch◊πtéeSamedi 19 oct. 2013De l ≤usique dnstoute l ville d’Aulnay !AULNAY-SOUS-BOISDesign Graphique www.retchka.frLe chef milanais Daniele Gatti se lance cette saisondans une intégrale des symphonies de Tchaikovski <strong>en</strong>5 concerts.<strong>La</strong> r<strong>en</strong>trée pied au plancher de Daniele Gatti,patron de l’Orchestre National de France, seconfirme. Après avoir dirigé les deux premiersprogrammes de son orchestre <strong>en</strong> septembreau TCE, il ne quitte pas non plus le podium <strong>en</strong>octobre. Son inspiration le mène aujourd’huipour la première fois avec ses musici<strong>en</strong>s parisi<strong>en</strong>svers l’univers orchestral de Tchaikovski,dont le chef itali<strong>en</strong> dirigera les six symphonies<strong>en</strong> 5 concerts au cours de cette saison(suite et fin de l’intégrale <strong>en</strong> avril et mai 2014).Les trois premières symphonies sont au programme: la « Première » le 17 octobre associéeà Haydn (Symphonie n°96) et Ravel (Concerto<strong>en</strong> sol, avec Jean-Yves Thibaudet au piano), etune semaine plus tard le 24 octobre, les n°2et n°3. « Tchaikovski est un héritier des classiques,de Mozart, de M<strong>en</strong>delssohn, expliqueGatti à Christian Wasselin dans un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>publié sur le site de Radio-France. Ses troispremières symphonies sont moins chargées <strong>en</strong>sucre, ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas misde sucre là où il faut et dans la quantité qu’ilfaut. En respectant ses indications, on peutavoir de la puissance et non pas seulem<strong>en</strong>t dupathos. Il s’agit aussi d’une musique naturellem<strong>en</strong>tcantabile. Mais il faut que les interprètesgard<strong>en</strong>t de la dignité, que le chant ne soit pasdéboutonné ! ».J. LukasThéâtre des Champs-Elysées, 15 av. Montaigne,75008 Paris. Les jeudis 17 et 24 octobre à 20h.Tél. 01 49 52 50 50. Places : 5 à 85 €.rejoignez-nous sur facebookÉloge de la petite forme, ce marathon musicaldirigé par Peter Rundel trace des cheminsétonnants <strong>en</strong>tre les époques, de JohannesOckeghem à Pascal Dusapin.Peter Rundel dirige tout un week-<strong>en</strong>d de concerts à laCité de la Musique.On a trop souv<strong>en</strong>t regretté le formatage desconcerts pour ne pas se réjouir de l’expéri<strong>en</strong>ceque t<strong>en</strong>te, tout au long d’un week-<strong>en</strong>d,l’Ensemble intercontemporain. Tout comm<strong>en</strong>cele v<strong>en</strong>dredi soir avec un programmefleuve reliant les polyphonies de la R<strong>en</strong>aissance(Josquin des Prez, Antoine Brummel)chantées par la Capilla Flam<strong>en</strong>ca, aux œuvresde Varèse, Scelsi ou X<strong>en</strong>akis interprétéespar l’EIC. Mais ce n’est là qu’un prélude : lel<strong>en</strong>demain, le fleuve déborde et mènera lesauditeurs jusqu’à une heure tardive à traversun concert <strong>en</strong> quatre parties, faisant la partbelle à la voix. P<strong>en</strong>dant les <strong>en</strong>tractes, la « ruemusicale » s’animera à son tour de musiques.Retour à la normale le dimanche avec deuxœuvres seulem<strong>en</strong>t, des pièces de PascalDusapin et Morton Feldman inspirées parl’œuvre de Samuel Beckett. J.-G. LebrunCité de la musique, 221 av. Jean-Jaurès,75019 Paris. V<strong>en</strong>dredi 18 et samedi 19 octobreà 20h, dimanche 21 octobre à 16h30.Tél. 01 44 84 44 84.© H<strong>en</strong>rik JordanLes 25 ansde l’OrchestreGROS PLAN<strong>La</strong> nomination de Robert Tuohy comme directeur musical associé ouvreune nouvelle page de l’histoire de l’orchestre, dev<strong>en</strong>u un élém<strong>en</strong>t clefdu développem<strong>en</strong>t de l’Opéra théâtre de Limoges et un acteur ess<strong>en</strong>tielde la vie culturelle <strong>en</strong> Limousin.C’est <strong>en</strong> 1988 qu’une formation ayant vocation àdéf<strong>en</strong>dre le répertoire symphonique à Limogeset <strong>en</strong> région Limousin a vu le jour, à l’initiative duchef d’orchestre Guy Condette, alors à la tête del’opéra. Un quart de siècle après l’inauguration,<strong>en</strong> 1963, du Grand-Théâtre – nommé aujourd’huiOpéra théâtre de Limoges –, la création de cettephalange a donné un nouvel élan à la diffusionUne saison de fêteCinquante ans après sa fondation, l’Opéra théâtre de Limoges propose unesaison-jubilé, lyrique et symphonique, <strong>en</strong>tre clin d’œil au passé et pari surl’av<strong>en</strong>ir.17 mars 1963 : tout juste érigé, le bâtim<strong>en</strong>t auxlignes modernes conçu par l’architecte PierreSonrel accueille sa première production lyrique,Fortunio. Cinquante ans plus tard, pour ouvrircette saison particulière, la comédie lyriqued’André Messager retrouve la scène de l’Opérathéâtre de Limoges dans une mise <strong>en</strong> scèned’Emmanuelle Cordoliani (<strong>en</strong> ouverture de saisonles 10 et 12 novembre). Au-delà du clin d’œil,cette nouvelle production témoigne de l’ambitiond’Alain Mercier : promouvoir un art lyriquepopulaire de qualité, sortant volontiers des s<strong>en</strong>tiersbattus pour faire redécouvrir un répertoiresouv<strong>en</strong>t négligé. <strong>La</strong> distribution idéale réunitune pléiade de chanteurs rompus aux exig<strong>en</strong>cesdu répertoire français (Christophe Berry, AmelBrahim-Djelloul, Franck Leguérinel…). Œuvreemblématique de ce répertoire, Carm<strong>en</strong>, <strong>en</strong> janvier,verra les débuts dans la fosse de RobertTuohy dans ses nouveaux habits de directeurmusical associé. Le reste de la saison lyriquesera itali<strong>en</strong>, avec la reprise du Trouvère de Verdi© F. Avrilde la musique dans cette région rurale, dont lesvilles se sont dotées progressivem<strong>en</strong>t d’équipem<strong>en</strong>tsadaptés. L’Orchestre de Limoges et dumis <strong>en</strong> scène par Gilbert Deflo <strong>en</strong> mars, puis un<strong>en</strong>ouvelle production de Don Pasquale de Donizetticonfiée à Andrea Cigni <strong>en</strong> avril, servie parune distribution des plus idiomatiques emm<strong>en</strong>éepar Simone del Salvio dans le rôle-titre.R<strong>en</strong>dez-vous thématiques<strong>La</strong> saison symphonique se décline quant à elle<strong>en</strong> r<strong>en</strong>dez-vous thématiques : musique française(Debussy, Poul<strong>en</strong>c et Bizet) avec le pianisteAlexandre Tharaud et le chef Guy Condette,qui a présidé à la naissance de l’orchestre il y avingt-cinq ans (le 8 octobre) ; classiques vi<strong>en</strong>nois(Mozart, Haydn et Beethov<strong>en</strong>) le 4 février, sousla direction de Robert Tuohy, avec <strong>en</strong> soliste levioloncelliste Christophe Coin. Le nouveau chefde l’Orchestre de Limoges et du Limousin dirigepar ailleurs, le 30 novembre, un très intéressantprogramme « américain » où se répond<strong>en</strong>tLimousin y fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre le grand répertoire classiqueet romantique (Beethov<strong>en</strong>, Mozart, Brahms,Tchaïkovski…), mais égalem<strong>en</strong>t la création musicalecontemporaine. Dès 1990, l’orchestre a passécommande d’œuvres auprès de compositeurs dela région : André Jorrand (1921-2007) lui confie <strong>en</strong>1995 la création de la deuxième de ses cinq symphonies; après la création de son poème pourcordes Souvi<strong>en</strong>s-toi <strong>en</strong> 1994, Patrice Fouillaudy prés<strong>en</strong>te Oaristys avec la soprano FrançoisePollet <strong>en</strong> 2000. Avec l’arrivée d’Alain Mercier àla direction de l’Opéra théâtre de Limoges, l’orchestreaffirme sa double mission lyrique et symphonique.Après deux saisons confiées à l’expérim<strong>en</strong>téJérôme Kalt<strong>en</strong>bach, c’est désormais aujeune Robert Tuohy qu’il revi<strong>en</strong>t de faire rayonnerl’orchestre, dans la fosse de l’Opéra théâtre et surles scènes du Limousin et d’ailleurs.Jean-Guillaume LebrunStravinsky, Dvorak (Symphonie « Du NouveauMonde ») et la rare Symphonie n° 1 de SamuelBarber. L’orchestre fera égalem<strong>en</strong>t appel à deschefs invités, tel Ernest Martinez-Izquierdo(pour un programme hispanisant le 23 mai),et participera à la saison de danse de l’Opérathéâtre, avec un alléchant programme autourdes musiques de Granados (Goyescas) et Falla(L’Amour sorcier), chorégraphié par Sergio Simónet interprété – au piano et à la baguette – parJean-François Heisser (les 13 et 14 mai).Jean-Guillaume LebrunOpéra Théâtre de Limoges,48 rue Jean-Jaurès, 87000 Limoges.Tél. 05 55 45 95 00.www.operalimoges.fr


62 classique octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 classique 63MUSIQUE CONTEMPORAINEFESTIVALFestival d’AutomneèmeFestivaldeL A O N© Vinc<strong>en</strong>t Pontet25 LAON dldansl’Aisnewww.festival-laon.fr - 03 23 20 87 50Samedi 12 octobre 20h30<strong>La</strong>on - Maison des Arts et LoisirsCréationProust, de Wagner à VinteuilUn concert littérairemélant des extraits de laRecherche du Temps perduet les rares transcriptionspour trio avec pianode pages de Wagner.Marianne D<strong>en</strong>icourt,comédi<strong>en</strong>neTrio George SandAnne-Lise Gastaldi, pianoVirginie Buscail, violonNadine Pierre, violoncellegros planDeux opéras, des découvertes et des hommages : le Festival d’automneapporte cette année <strong>en</strong>core son lot d’événem<strong>en</strong>ts musicaux.Éliane Radigue, une compositrice singulièreà découvrir au Festival d’Automne.tein on the Beach instille dans l’art lyriqueoccid<strong>en</strong>tal une dim<strong>en</strong>sion du temps jusquelà inconnue, qui fait s’<strong>en</strong>voler les habituelsschémas de narration. Œuvre proprem<strong>en</strong>temblématique, l’opéra <strong>en</strong> quatre actes estdepuis rev<strong>en</strong>u scander le temps du festival,Faire le portrait de Robert Wilson, c’est unpeu, pour le Festival d’Automne, se regarderdans un miroir. Invité dès 1972, il y prés<strong>en</strong>tequatre ans plus tard, avec le compositeurPhilip Glass, une proposition artistique quibouleverse le g<strong>en</strong>re de l’opéra et le poussevers des territoires insoupçonnés : Eins<strong>en</strong>1992 d’abord, et <strong>en</strong> janvier prochain, d<strong>en</strong>ouveau remanié, pour la prés<strong>en</strong>te édition.Figures familièresRobert Wilson n’est pas le seul habituédes lieux. George B<strong>en</strong>jamin y a souv<strong>en</strong>tdirigé son œuvre, et ce sera <strong>en</strong>core le cascette année avec la première parisi<strong>en</strong>nede Writt<strong>en</strong> on skin, l’une des plus importantescréations lyriques de ce début dexxi e siècle. Figures familières égalem<strong>en</strong>tque celles d’Hugues Dufourt (né <strong>en</strong> 1943),Karlheinz Stockhaus<strong>en</strong> (1928-2007) ouMatthias Pintscher (né <strong>en</strong> 1971), nouveaudirecteur musical de l’Ensemble intercontemporain(voir interview dans ce mêm<strong>en</strong>uméro), qui dirigera l’Orchestre de l’Opéradans une œuvre réc<strong>en</strong>te, hommage au plastici<strong>en</strong>Anselm Kieffer. Retrouvailles <strong>en</strong>finavec l’œuvre sans égale d’Éliane Radigue(née <strong>en</strong> 1932) : invitée <strong>en</strong> 1974, elle retrouveaujourd’hui le chemin du festival. Cettecompositrice singulière, qui fut proche dePierre H<strong>en</strong>ry, y dévoilera son cycle instrum<strong>en</strong>talOccam Ocean.Jean-Guillaume LebrunFestival d’automne, divers lieux à Paris.Jusqu’au 12 janvier. Tél. 01 53 45 17 17Rejoignez-nous sur Facebook© Gilles VidalSalle PleyelPianoEvgu<strong>en</strong>y KissinLe pianiste russe confronte deux sonates deSchubert et Scriabine.Le mythique Evgu<strong>en</strong>y Kissin <strong>en</strong> récital rue duFaubourg Saint-Honoré.On a t<strong>en</strong>dance à limiter Evgu<strong>en</strong>y Kissinaux seules pages virtuoses du répertoirepianistique, dont sa fluidité digitale ne fait<strong>en</strong> général qu’une bouchée. Mais le musici<strong>en</strong>russe sert aussi admirablem<strong>en</strong>t desœuvres plus intimes, plus introspectives. Ala Salle Pleyel, il a ainsi choisi de faire dialoguerdeux compositeurs au langage peuost<strong>en</strong>tatoire : Schubert (avec sa Sonate D850) et Scriabine (Sonate n°2 et des étudesop.8). Des œuvres idoines pour savourer laprofondeur de toucher de ce pianiste horsnormes.A. PecqueurSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Dimanche 20 octobre à 16h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 100 €.NOTRE-DAMEMUSIQUE CHORALE SACRÉeLe Livre deNotre-DameÀ l’occasion des festivités du 850e anniversairede la construction de la cathédrale,quinze compositeurs ont écrit pour la Maîtrisede Notre-Dame de Paris.<strong>La</strong> Maîtrise de Notre-Dame interprète les créationsde quinze compositeurs.Les textes liturgiques demeur<strong>en</strong>t pour lescompositeurs d’aujourd’hui une sourced’inspiration inépuisable pour l’écriturevocale. C’est ce que montre cette heureuseinitiative de l’association « Musique sacrée àNotre-Dame de Paris », qui permettra d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dredouze motets écrits par des compositeursd’esthétiques et de générationsdiffér<strong>en</strong>tes, de Michèle Reverdy et BrunoDucol à B<strong>en</strong>oît M<strong>en</strong>ut et Caroline Marçot.• HAENDELIntégrale des concertos pour orgueet orchestre <strong>en</strong> plusieurs concertsMichèle Guyard, orgueLes Musici<strong>en</strong>s de Mlle de GuiseDirection <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>ce Pottieréglise évangélique allemande25 rue Banche 75009 Parisles 4 octobre, 18 octobreet 22 novembreà 20 heures précises, billetterie à l’église.© D. R.© NDP-LPEdith Canat de Chizy, Thierry Escaich etNicolas Bacri se sont quant à eux associéspour l’écriture de Messe brève. J.-G. LebrunNotre-Dame de Paris, place Jean-Paul II,75004 Paris. Mardi 22 octobre à 20h30.Tél. 01 44 41 49 99.Salle PleyelPiano et orchestreMartha ArgerichAvec ses amis pianistes, la musici<strong>en</strong>ne arg<strong>en</strong>tinese lance dans les concertos de Bach.David Fray est l’un des pianistes invités pour la soiréeBach autour de Martha Argerich.On se croirait à la Roque d’Anthéron ! <strong>La</strong>Salle Pleyel convoque la crème des pianistespour une soirée consacrée aux concertospour deux, trois et quatre claviers de Jean-Sébasti<strong>en</strong> Bach. Autour de Martha Argerich(qui a définitivem<strong>en</strong>t délaissé le récital <strong>en</strong>solo pour les projets collectifs) et de l’Orchestrede chambre de <strong>La</strong>usanne, défileront,sur deux jours, Nelson Goerner, FrankBraley, David Fray, Steph<strong>en</strong> Kovacevich…Une belle manière de comparer différ<strong>en</strong>tesécoles de jeux, parfois aux antipodes. Pourla parité « anci<strong>en</strong>-moderne », souhaitonsque la Salle Pleyel organise la saison prochainele même projet avec une pléiade declavecinistes.A. PecqueurSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Lundi 21 et mardi 22 octobre à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 85 €.THéâTRE DES CHAMPS-éLYSéESORCHESTRE SYMPHONIQUERiccardo ChaillyLe chef itali<strong>en</strong> dirige l’intégrale de l’œuvresymphonique de Brahms <strong>en</strong> quatre concertsà la tête de son Orchestre du Gewandhaus deLeipzig.Temps fort de ce cycle Brahms dirigé par Chailly :l’éblouissant Arcadi Volodos est le soliste du Concertopour piano n° 2, le 27 octobre à 16 h.Parfaitem<strong>en</strong>t articulé à la parution d’uneintégrale des symphonies de Brahms chezDecca, label historique du maestro milanais,Riccardo Chailly et son Orchestre du Gewandhausde Leipzig se déploi<strong>en</strong>t cet automnesur scène à Londres, Vi<strong>en</strong>ne et Paris, dans© D. R.© Timothy White / Sony© <strong>La</strong>ur<strong>en</strong> Pascheun même répertoire compr<strong>en</strong>ant l’intégraledu répertoire concertant du compositeur.Le premier concert s’ouvre paradoxalem<strong>en</strong>tavec le Double Concerto pour violon et violoncelle(ici servi par Leonidas Kavakos etEnrico Dindo), dernier concerto composé parBrahms, associé au même programme à la« Première » symphonie. A suivre le Concertopour piano n° 2 avec Arcadi Volodos <strong>en</strong> solisteet la Symphonie n° 2 (le 27) ; le Concerto pourpiano n° 1 interprété par Pierre-<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>tAimard et la Symphonie n° 3 (le 1er/11) et<strong>en</strong>fin le Concerto pour violon et la Symphoni<strong>en</strong>° 4 (le 2/11). Riccardo Chailly a dirigé pourla première fois l’orchestre du Gewandhauslors du festival de Salzbourg de 1986, avantde pr<strong>en</strong>dre vingt ans plus tard les fonctions deGewandhauskapellmeister, chef titulaire del’orchestre. Ce cycle Brahms, très prometteur,portera-t-il le chef et sa phalange allemandesur les mêmes cimes où son intégrale Mahler(avec le Concertgebouw d’Amsterdam) l’avaitm<strong>en</strong>é au début des années 2000 ? réponseprochaine sur scène et au disque… J. LukasSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Le 26 octobre à 20h, le 27 à 16h,les 1 er et 2 novembre à 20h. Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 85 €.SALLE GAVEAUCHŒUR ET ORCHESTREMichel CorbozLe chef suisse dirige le Requiem de Fauré,avec son Ensemble vocal de <strong>La</strong>usanne fondéil y a 52 ans.Michel Corboz a fondé son Ensemble vocal de<strong>La</strong>usanne il y a plus d’un demi-siècle.Ambassadeur passionné et t<strong>en</strong>ace de lamusique vocale depuis le début des années60, le suisse Michel Corboz compte, à 75 anspassés, parmi les personnalités musicalesles plus discrètes, attachantes et passionnantesqui soi<strong>en</strong>t. C’est <strong>en</strong> 1961 qu’il fondel’Ensemble Vocal <strong>La</strong>usanne qui allait dev<strong>en</strong>irsa formation emblématique, avec laquelle ila gravé une discographie mirobolante (unec<strong>en</strong>taine de disques dont quelques référ<strong>en</strong>cesess<strong>en</strong>tielles unanimem<strong>en</strong>t reconnuescomme le Requiem de Mozart, le Requiem deFauré, le Requiem de Gounod ou le Miroir deJésus d’André Caplet). Michel Corboz revi<strong>en</strong>t<strong>en</strong> concert à Paris, infatigable et commetoujours magnifiquem<strong>en</strong>t humain dans sonapproche musicale, avec son œuvre fétiche,qu’il a <strong>en</strong>registrée à quatre reprises et dirigéedes c<strong>en</strong>taines de fois : le Requiem de Fauré.En ouverture de ce concert de musique française,figur<strong>en</strong>t aussi les Quatre Motets deMaurice Duruflé, autre compositeur cher auchef suisse, dont il a beaucoup déf<strong>en</strong>du leRequiem.J. LukasSalle Gaveau, 45 rue <strong>La</strong> Boétie, 75008 Paris.Dimanche 27 octobre à 19h. Tél. 01 49 53 05 07.www.journallaterrasse.frlisez-nouspartout !© D. R.© Peter Miller/IMG ArtistTHéâTRE DES CHAMPS-éLYSéESPIANO ET ORCHESTREYouriTemirkanov &Nikolaï LuganskyUn programme 100 % Beethov<strong>en</strong> porté parle lég<strong>en</strong>daire Orchestre philharmonique deSaint-Pétersbourg.Le pianiste Nikolaï Lugansky, soliste du ConcertoL’Empereur de Beethov<strong>en</strong>.De David Oistrakh à Sviatoslav Richter, ou plusprès de nous de Sokolov à Repin, la musiquede Beethov<strong>en</strong> fut souv<strong>en</strong>t portée au firmam<strong>en</strong>tpar les plus grands interprètes russes.Cela devrait être le cas <strong>en</strong>core av<strong>en</strong>ue Montaigne,où l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, son directeur musical YouriTemirkanov et le pianiste Nikolaï Luganskyuniss<strong>en</strong>t leurs forces pour livrer une visionque l’on peut d’avance imaginer marquée parla clarté et l’int<strong>en</strong>sité de la Symphonie n° 3 etdu Concerto pour piano n° 5. J. LukasThéâtre des Champs-Elysées, 15 av. Montaigne75008 Paris. Samedi 26 octobre à 20h.Tél. 01 49 52 50 50.Cité de la musiqueViolon et orchestreJaap van Zwed<strong>en</strong>Le chef hollandais propose un programme demusique du xx e siècle avec l’Orchestre dechambre d’Europe.Hilary Hahn joue le trop rare Concerto de Barber.Osons le superlatif : l’Orchestre de chambred’Europe reste toujours la formation Mozartla plus excitante. Même si ses concurr<strong>en</strong>tssont de plus <strong>en</strong> plus nombreux (DeutscheKammerphilharmonie Brem<strong>en</strong>, MahlerChamber Orchestra, Orchestre de chambrede <strong>La</strong>usanne…), cet orchestre possède unesouplesse et un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t à nul autrepareil. <strong>La</strong> saison dernière, Yannick Nézet-Séguin a offert avec ces musici<strong>en</strong>s une versiondiablem<strong>en</strong>t inspirée des symphonies deSchumann. On se réjouit de les retrouver cemois-ci dans des œuvres du xx e siècle, unrépertoire moins habituel pour eux. Le chefJaap van Zwed<strong>en</strong> a choisi de réunir Scho<strong>en</strong>berg(<strong>La</strong> Nuit transfigurée, du sur-mesurepour les cordes de l’orchestre), Barber (lerare Concerto pour violon avec la star HilaryHahn) et Chostakovitch (avec sa délicieusem<strong>en</strong>tironique Symphonie n°9, dont le solo debasson est à tomber).A. PecqueurCité de la musique, 221 av. Jean-Jaurès.75019 Paris. Mercredi 30 octobre à 20h.Téel. 01 44 84 44 84. Places : 32 à 41 €.Musée de la Grande Guerre du Pays de MeauxUn nouveau regard sur 14/18Saison culturelle 2013Un Musée, des MusiquesÀ l’aube du C<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire de la Grande Guerre,c’est <strong>en</strong> musique que le musée vous invite à plongerau cœur du 1 er conflit mondial à la r<strong>en</strong>contre des destinstourm<strong>en</strong>tés d’hommes et de femmes du monde <strong>en</strong>tier.CONCERTS Un destin exemplaire mis <strong>en</strong> musique et <strong>en</strong> images par l’Ensemble Calliopée,<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce au musée (www.<strong>en</strong>semblecalliopee.com)Combattant des deux guerres et résistant, Romain Darchy est l’auteur de Carnetsde guerre qui retrac<strong>en</strong>t les terribles épreuves auxquelles sa génération a étéconfrontée <strong>en</strong>tre 1914 et 1918. <strong>La</strong> vie et les <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts de cet homme, lesvaleurs qu’il a déf<strong>en</strong>dues jusqu’à la mort sont exemplaires.L’Ensemble Calliopée lui r<strong>en</strong>d un hommage musical conçu par la musici<strong>en</strong>neKarine Lethiec et l’histori<strong>en</strong> Jean-Pierre Verney comme une "double voix" <strong>en</strong>tremusique et récit, <strong>en</strong> collaboration avec le comédi<strong>en</strong> Gérard Charroin. par Marie-Hélène Féry, accompagnée à l’accordéonLes soldats part<strong>en</strong>t au front avec des chansons plein la tête. On chante Mayol,Ouvrard, Dranem, Fragson, Vinc<strong>en</strong>t Scotto et bi<strong>en</strong> d’autres... P<strong>en</strong>dant la guerre,les chansonniers écriv<strong>en</strong>t des milliers de chansons à la gloire des soldats, et lesvedettes "à la mode" continu<strong>en</strong>t de chanter à l’arrière du front. Ceux qu’onappelle "les poilus" écriv<strong>en</strong>t, à leur tour, des c<strong>en</strong>taines de textes sur des airs dechansons connues, qui exprim<strong>en</strong>t leurs souffrances et leurs espoirs.CONTE MUSICAL À PARTIR DE 6 ANS par l’Ensemble CalliopéeLe russe Serge Prokofiev (1891-1953), pianiste compositeur marqué par laGrande Guerre et la révolution de 1917, choisit l’exil et voyage <strong>en</strong>tre l’Europe etles Etats- Unis. C’est pour des amis musici<strong>en</strong>s juifs réfugiés à New York, réunisdans l’Ensemble Zimro, que Serge Prokofiev écrit son Ouverture sur des thèmesjuifs, inspirée d’un petit cahier de chants populaires juifs.Il écrit son Pierre et le loup, évocation symbolique de la guerre, à son retour <strong>en</strong>URSS <strong>en</strong> 1936.Musée de la Grande Guerre du Pays de MeauxUne collection unique <strong>en</strong> Europe sur 14/18rue <strong>La</strong>zare Ponticelli - 77100 Meaux01 60 32 14 18A 50 kms de Paris (A4/RN3) – parking gratuit et café sur placeÀ 30 min. par la Gare de l’Est (puis ligne de bus M6)Profitez du dézonage du pass navigo le week-<strong>en</strong>d pour v<strong>en</strong>ir au musée <strong>en</strong> Transili<strong>en</strong> !www.museedelagrandeguerre.euMP_laon_<strong>Terrasse</strong>_2.indd 2 25/09/13 16:29


64 classique octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre jacques-prévert / aulnay-sous-bois / saison 2013/2014 / Focus 65Salle PleyelViolon et orchestreTugan SokhievLiadov, Khatchaturian et Elgar sont au m<strong>en</strong>udu concert donné par le chef ossète avec sonOrchestre du Capitole de Toulouse.Sergey Khatchatrian joue le concerto de son compatrioteSergey Khatchaturian.Après avoir été une phalange de référ<strong>en</strong>cedans la musique française, sous le mandatde Michel Plasson, l’Orchestre du capitole deToulouse est dev<strong>en</strong>u, depuis l’arrivée à sa têtede Tugan Sokhiev, spécialiste du répertoireslave. <strong>La</strong> saison dernière, à la Halle aux grains,le chef ossète galvanisait une fois de plus sesmusici<strong>en</strong>s et le public dans une Symphoni<strong>en</strong>°7 de Dvorak d’anthologie. A la Salle Pleyel,il propose <strong>en</strong> première partie deux raretés :Le <strong>La</strong>c <strong>en</strong>chanté de Liadov et le Concerto pourviolon de Khatchaturian (avec <strong>en</strong> soliste l’archetlimpide, mais parfois lisse, de SergeyKhatchatrian). En deuxième partie, un choixplus étonnant : les Variations Enigma d’Elgar,dont le mouvem<strong>en</strong>t Nimrod est d’une émotionbouleversante.A. PecqueurSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Jeudi 31 octobre à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 60 €.éGLISE SAINT-EUSTACHEMESSEUn RequiemallemandBertrand Halary et Ouri Bronchti remplac<strong>en</strong>tau piano la partie orchestrale dans un arrangem<strong>en</strong>tsigné de Brahms lui-même.Le Chœur de Radio France interprète Un Requiemallemand dans la version accompagnée au piano.D’un point de vue strictem<strong>en</strong>t musical, Brahmsn’a jamais été associé à la modernité. Eindeutsches Requiem découle pourtant d’unedémarche qui se rapproche de l’auditeur, <strong>en</strong>s’adressant à lui dans sa langue et non plusdans un latin liturgique, exemple suivi plustard par Bernstein dans Mass ou Britt<strong>en</strong> avecle War Requiem. <strong>La</strong> version pour piano est uneidée de l’éditeur de Brahms. Le résultat sonnetrès différemm<strong>en</strong>t de la version originale etr<strong>en</strong>force la proximité avec le public, tout <strong>en</strong>exposant davantage le chœur. A.T. Nguy<strong>en</strong>église Saint-Eustache, 2 impasse Saint-Eustache, 75001 Paris. Jeudi 31 Octobre à 20h.Tél. 01 56 40 15 16. Places : 20 €.Théâtre des Champs-élyséesPiano et chorégraphie<strong>La</strong>ng <strong>La</strong>ngLe virtuose propose un programme Chopin,<strong>en</strong>touré de danseurs du Houston Ballet dansune chorégraphie de Stanton Welch.Dev<strong>en</strong>ue une véritable icône du piano, <strong>La</strong>ng<strong>La</strong>ng pourrait se cont<strong>en</strong>ter de jouer les© Philippe Gontier / Naïve© Christophe Abramowitz / Radio France<strong>La</strong> star chinoise (et même mondiale) du piano <strong>La</strong>ng<strong>La</strong>ng est à l’affiche av<strong>en</strong>ue Montaigne.mêmes concertos à travers toute la planète.Mais le musici<strong>en</strong> chinois aime surpr<strong>en</strong>dre etexplorer des chemins de traverse. Au Théâtredes Champs-Elysées, il propose ainsi(avec sa propre société de production) unspectacle mêlant musique et danse autourde Chopin. L’occasion de (ré)<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sousses doigts ballades, valses et autres nocturnes,qu’il joue avec beaucoup de brillancemais avec aussi une vraie s<strong>en</strong>sibilité dutoucher. On oubliera juste le titre du spectacle,digne d’un roman de Marc Lévy : Sonsde l’âme.A. PecqueurThéâtre des Champs Elysées, 15 av. Montaigne75008 Paris. Du 31 octobre au 4 novembre à 20h.Tél. 01 49 52 50 O0. Places : 15 à 95 €.CITÉ DE LA MUSIQUEMUSIQUE DE CHAMBRE ET ORCHESTRALEHugues Dufourt<strong>La</strong> Cité de la musique consacre un vaste cycleau compositeur, dont l’œuvre orchestrale etla musique de chambre sont mises <strong>en</strong> regardde celles de Debussy.Michel Tabachnik dirige le Brussels Philharmonicdans des œuvres de Debussy et Hugues Dufourt.<strong>La</strong> musique d’Hugues Dufourt et ses titressont pétris de référ<strong>en</strong>ces picturales bi<strong>en</strong>plus souv<strong>en</strong>t que musicales. L’Asie d’aprèsTiepolo, L’Origine du monde (d’après Courbet)et Les Chardons d’après Van Goghsont ainsi au programme du concert quedonne, <strong>en</strong> clôture de ce cycle-portrait,l’Ensemble intercontemporain dirigé parson nouveau chef Matthias Pintscher.Cette dim<strong>en</strong>sion de « musée imaginaire »que le compositeur donne à son œuvre estpleinem<strong>en</strong>t rev<strong>en</strong>diquée : cette « mise <strong>en</strong>image sonore » est pour Hugues Dufourtune façon d’accorder la préémin<strong>en</strong>ce à lacouleur, au timbre. Voyage par-delà lesfleuves et les monts, son œuvre pour grandorchestre la plus réc<strong>en</strong>te, créée à Nice <strong>en</strong>2010, offre une incessante succession declimats, où l’oreille ne se perd que pourdécouvrir chaque fois une autre imageorchestrale, comme l’œil qui contemple lapeinture chinoise du xi e siècle, qui a inspiréle compositeur. Michel Tabachnik, à la têtedu Brussels Philharmonic, accompagnele chef-d’œuvre Images pour orchestre deDebussy (ainsi que sa Rhapsodie n°1 avecla clarinettiste Sabine Meyer), esquissantune filiation évid<strong>en</strong>te, qui se ress<strong>en</strong>t aussidans la musique pour piano (Erlkönig,que François-Frédéric Guy rapproche desPréludes, livre II de Debussy). Égalem<strong>en</strong>tprogrammés : les deux quatuors d’HuguesDufourt par leur dédicataire, le QuatuorArditti (<strong>en</strong> regard, bi<strong>en</strong> sûr, du Quatuor deDebussy), ainsi qu’une création de LuciaRonchetti (née <strong>en</strong> 1963), Le Palais dessil<strong>en</strong>ces : un titre que Debussy avait choisipour une œuvre jamais écrite. J.-G. LebrunCité de la musique, 221 av. Jean-Jaurès,75019 Paris. Du 2 au 8 novembre.Tél. 01 44 84 44 84.© D. R.© D. R.rejoignez-nous sur facebookRungisMusique symphoniqueEnsembleLes Dissonances<strong>La</strong> formation de David Grimal interprète lesSymphonies n°4 et n°8 de Beethov<strong>en</strong>.Le violoniste David Grimal, fondateur d’un orchestresans chef.Faire de la musique de chambre avec un effectifsymphonique, c’est le beau pari relevé par lesDissonances, un orchestre sans chef fondé parle violoniste David Grimal. Au Théâtre de Rungis,la formation s’attaque à deux symphonies deBeethov<strong>en</strong> : la Quatrième, au finale d’une virtuositéinc<strong>en</strong>diaire, et la Huitième, subtil hommagedu Maître de Bonn au style classique. Entre cesdeux œuvres, un rapide détour par la musiquecontemporaine, avec Terra Memoria de Saariaho,joué par le quatuor Cavatine. A. PecqueurThéâtre de Rungis, 1 place du Général-de-Gaulle, 94150 Rungis. Mardi 5 novembre à 20h30.Tél. 01 45 60 79 09. Places : 5 à 18 €.Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-YvelinesPiano et accordéon – CréationFranckKrawczykAvec la metteur <strong>en</strong> scène Véronique Samakh,le compositeur « re-joue » son <strong>en</strong>fance.Franck Krawczyk est <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce au Théâtre deSaint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines.Franck Krawczyk est une figure attachante etatypique de la création contemporaine. Celati<strong>en</strong>t à son parcours d’autodidacte (qui lui apermis de ne jamais être accolé à un courantesthétique déterminé) et à ses r<strong>en</strong>contres, leplus souv<strong>en</strong>t extra-musicales (avec le plastici<strong>en</strong>Chritian Boltanski, le metteur <strong>en</strong> scènePeter Brook…). Le théâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin<strong>en</strong>-Yvelinesa eu la belle idée de l’accueillir<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce, lui offrant une carte blancheplus qu’attirante. Début novembre, il proposeainsi un spectacle mis <strong>en</strong> scène par VéroniqueSamakh, dans lequel il revisite son <strong>en</strong>fance.Avec un titre délicieusem<strong>en</strong>t lacani<strong>en</strong> : « Rejouer». Seul sur scène, Krawczyk alternera<strong>en</strong>tre piano et accordéon. A. PecqueurThéâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines,Scène Nationale, place Georges-Pompidou,78054 Saint-Qu<strong>en</strong>tin <strong>en</strong> Yvelines.Le 5 novembre à 20h30, le 6 novembre à 15het 20h30, le 7 novembre à 19h30.Tél. 01 30 96 99 00. Places : 21 €.MUSéE DU LOUVREVIOLON ET PIANOMaria MilsteinPremier concert <strong>en</strong> France de cette jeune violonisterusse installée aux Pays-Bas.Le public français découvre cette magnifiquejeune violoniste pas <strong>en</strong>core tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, née© D. R.© D. R.Une magnifique jeune violoniste née à Moscou, àdécouvrir sur la scène des « Concerts de midi » duMusée du Louvre.à Moscou, au nom prédestiné. Mais si MariaMilstein a bi<strong>en</strong> grandi dans une famille demusici<strong>en</strong>s et comm<strong>en</strong>cé le violon à l’âge decinq ans, elle n’a aucun li<strong>en</strong> de par<strong>en</strong>té avecle lég<strong>en</strong>daire Nathan Milstein. En att<strong>en</strong>dantla sortie dans les prochains mois d’un disqueconsacré aux œuvres pour violon etorchestre de Saint-Saëns (chez Zig-ZagTerritoires), et une tournée à travers l’Europe<strong>en</strong> 2014 dans le cadre de la série EchoRising Stars, qui devrai<strong>en</strong>t la jeter sous lessunlights de l’actualité musicale, la discrètemusici<strong>en</strong>ne nous convie <strong>en</strong> toute intimité àun concert de midi du Musée du Louvre, <strong>en</strong>tandem avec le jeune pianiste néerlandaisHannes Minnaar, son part<strong>en</strong>aire régulierau sein du trio van Baerle. Au programme :Beethov<strong>en</strong> (Sonate <strong>en</strong> sol majeur opus 96),Lutoslawski (Subito) et Schubert (Duo <strong>en</strong> lamajeur D 574).J. LukasMusée du Louvre, 162 rue de Rivoli, 75001 Paris.Jeudi 7 novembre à 12h30. Tél. 01 40 20 55 00.THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉESPIANO ET ORCHESTREOrchestr<strong>en</strong>ationalde FranceUn voyage orchestral (de Saint-Saëns à KaijaSaariaho <strong>en</strong> passant par Elgar) sous la directionde Juanjo M<strong>en</strong>a.Le chef espagnol Juanjo M<strong>en</strong>a dirige la création deCircle Map de Kaija Saariaho.Le Cinquième Concerto pour piano de Saint-Saëns doit son surnom d’égypti<strong>en</strong> autant aulieu de sa composition qu’à ses influ<strong>en</strong>cesméditerrané<strong>en</strong>nes. Interprété <strong>en</strong> solistepar l’Espagnol Javier Perianes, il a toutesa place dans ce programme dirigé par soncompatriote Juanjo M<strong>en</strong>a. En ouverture, <strong>en</strong>effet, l’Orchestre National de France, cocommanditairede l’œuvre avec cinq autresformations, donne la première audition <strong>en</strong>France de Circle Map, une partition de laFinlandaise Kaija Saariaho inspirée par lapoésie mystique du Persan Rumi, qu’elleinterprète <strong>en</strong> textures sonores aéri<strong>en</strong>nes.Juanjo M<strong>en</strong>a, récemm<strong>en</strong>t nommé à la têtedu BBC Philharmonic, conclut ce concertavec l’une des plus célèbres œuvres « àclefs » du répertoire : les Variations Enigmad’Elgar.J.-G. LebrunThéâtre des Champs-Élysées, 15 av. Montaigne,75008 Paris. Jeudi 7 novembre à 20h.Tél. 01 56 40 15 16.© Marco Borggreve© D. R.<strong>La</strong> musique commemarque de fabriqueAvec des propositions artistiques à la fois exigeantes et accessibles, le Théâtre JacquesPrévert déf<strong>en</strong>d et met <strong>en</strong> œuvre une saison résolum<strong>en</strong>t pluridisciplinaire et créative. <strong>La</strong>musique et la voix y ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une place privilégiée, par l’éclectisme et la richesse de laprogrammation comme de la création. Du Festival Aulnay All Blues à la complicité avecle Créa et à la résid<strong>en</strong>ce de l’Ondif : une palette d’expressions large et nuancée !Propos recueillis e Christophe Ubelmannsaison ouverte à tousChristophe Ubelmann, directeur du Théâtre Jacques Prévert, propose une saisonpluridisciplinaire, célébrant la musique et la voix sous toutes ses formes.« Aulnay est une ville où la musique joue un rôleimportant dans le paysage culturel, et mettrel’acc<strong>en</strong>t sur la musique et la voix définit notremarque de fabrique et notre id<strong>en</strong>tité. Plus deFestival Aulnay All Blues e ENTRETIEN e LARRY SKOLLERMuddy Waters le titanEn charge du festival, le spécialiste <strong>La</strong>rry Skoller revi<strong>en</strong>t sur l’œuvre deMuddy Waters, dont il s’apprête à célébrer l’aura <strong>en</strong> musique.Vous r<strong>en</strong>dez hommage à Muddy Waters, donton fête le c<strong>en</strong>tième anniversaire. Que représ<strong>en</strong>te-t-ildans l’histoire du blues ?<strong>La</strong>rry Skoller : Muddy Waters reste l’artistele plus influ<strong>en</strong>t du blues de l’après-guerre etl’un des artistes américains les plus importantsdu vingtième siècle. D’autres bluesm<strong>en</strong>ont compté, mais lui fut le moteur qui permitl’électrification du blues. Ce titan de la musiqueaméricaine a simplem<strong>en</strong>t créé le modèlepour le rock et la pop qui perdure jusqu’àaujourd’hui. L’ét<strong>en</strong>due de son influ<strong>en</strong>ce sur lamusique du vingtième siècle est incalculable.Quelle forme pr<strong>en</strong>dra cet hommage ?L. S. : Muddy Waters est né <strong>en</strong> 1913, mais achangé cette date <strong>en</strong> 1915. Je crée donc unhommage qui court de 2013 à 2015, ce qui permetune célébration à la mesure de son phénoménalhéritage. Cela débute avec la créationde John Primer, le porteur de flambeau deMuddy Waters : cet héritier fut non seulem<strong>en</strong>tson dernier guitariste mais Muddy Waters étaitpour lui comme un père. À cela, nous ajoutonsun spectacle sur l’héritage du Blues : Le Bluesa eu un <strong>en</strong>fant et on l’a appelé rock’n’roll.Est-ce l’<strong>en</strong>vie de réparer une injustice par“L’ét<strong>en</strong>due del’influ<strong>en</strong>ce de MuddyWaters sur la musiquedu vingtième siècleest incalculable.”<strong>La</strong>rry SkollerEntreti<strong>en</strong> e Didier Grojsmanà l’école du chantDidier Grojsman dirige le Créa, c<strong>en</strong>tre d’éveil artistique. Il revi<strong>en</strong>t sur lefonctionnem<strong>en</strong>t et les projets de cette structure atypique.Quelle relation le Créa et le Théâtre JacquesPrévert <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t-ils ?Didier Grojsman : C’est un li<strong>en</strong> historique. En1987, quand j’ai souhaité fonder le Créa, j’aifait le tour des théâtres de mon départem<strong>en</strong>t,la Seine-Saint-D<strong>en</strong>is. <strong>La</strong> plupart de mes interlocuteursconsidérai<strong>en</strong>t le chœur d’<strong>en</strong>fantscomme quelque chose de scolaire, de poussiéreux.Seul Christian <strong>La</strong>ndy, à l’époque directeurdu Théâtre Jacques Prévert, a été séduit.Christophe Ubelmann a <strong>en</strong>suite pris le relais,et l’histoire d’amour, de confiance et de respecta pu se poursuivre. Depuis vingt-sept ans,toutes nos productions ont été créées ici. Nousoccupons beaucoup ce lieu, trop même ! C’estpourquoi devrait être construite prochainem<strong>en</strong>tà Aulnay une salle dédiée au Créa. Si cec<strong>en</strong>tre accueillera nos répétitions, notre lieu dediffusion restera le Théâtre Jacques Prévert.Quelle est aujourd’hui votre mission ?D. G. : Nous accueillons sans sélection des<strong>en</strong>fants que nous formons au chant et aux“<strong>La</strong> pratiqueartistique permetaux <strong>en</strong>fants de dev<strong>en</strong>irdes adultes épanouis.”Didier Grojsman© Gilles <strong>La</strong>sselin© Christophe Ubelmannvingt spectacles sont consacrés à la musiqueet la voix, dont cinq créations. <strong>La</strong> musique estla pratique artistique la plus universelle et laMuddy Waters.rapport aux pionniers noirs du rock, considéréecomme une musique blanche ?L. S. : Bonne question, mais réponse complexe.Il s’agit pour nous de saluer l’histoire d’unartiste, pas celle d’un style, même si bi<strong>en</strong> sûrcela va de pair. J’ai mis l’acc<strong>en</strong>t sur les « <strong>en</strong>fantsdu blues » pour éclairer le public sur l’importancedu blues pour la musique d’aujourd’hui :rock, rap, jazz, pop, hip-hop Le blues est néde l’oppression d’un peuple, mais, après sonélectrification qui permit de jeter les bases durock’n’roll, les Blancs se le sont approprié, et ilest dev<strong>en</strong>u un phénomène global.Jacques D<strong>en</strong>isHommage à Muddy Waters, samedi 23 novembreà 20h. Le Blues a eu un <strong>en</strong>fant, mercredi 20et jeudi 21 novembre. The Hot 8 Brass Band,mercredi 20 novembre, à 21h.arts de la scène. <strong>La</strong> pratique artistique permetaux <strong>en</strong>fants de dev<strong>en</strong>ir des adultes épanouis.Nous formons aussi le public de demain. Jesouhaiterais maint<strong>en</strong>ant que notre structurese développe sur tout le pays, et passer la mainpetit à petit.Quels sont vos temps forts au ThéâtreJacques Prévert ?D. G. : Nous proposons <strong>en</strong> début de saison LesEnfants du Levant, un opéra d’Isabelle Aboulker,une compositrice de style néo-classiquequi sait magnifiquem<strong>en</strong>t écrire pour voix d’<strong>en</strong>fants.Le texte, de Christian Emery, aborde unsujet toujours tabou : les colonies agricolespénit<strong>en</strong>tiaires. Il y aura <strong>en</strong>suite Somewhere,mêlant des extraits de Bernstein, Gershwin ou<strong>en</strong>core du trop rare Sondheim. Dans un espritcomplètem<strong>en</strong>t Broadway !Propos recueillis par Antoine PecqueurLes Enfants du Levant, les 4 et 5 octobre à20h30, le 6 à 16h.Somewhere, le 3 novembre à 16het le 5 à 20h30.plus partagée, elle s’adresse à toutes les générations,au public néophyte ou très exigeant.Nous m<strong>en</strong>ons une politique de création ouverteà tous. Les spectacles prés<strong>en</strong>tés lors du Festivalde Blues ne sont que des créations ; avec leCréa, compagnie <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce depuis vingt-cinqans, nous prés<strong>en</strong>tons un opéra, Les Enfants duLevant, et une comédie musicale Somewhere ;nous proposons aussi p<strong>en</strong>dant toute la saisondes spectacles très éclectiques avec l’Orchestr<strong>en</strong>ational d’Ile-de-France, qui fête ses quaranteans, et le 19 octobre, <strong>La</strong> Journée <strong>en</strong>chantée diffusela musique dans toute la ville. En théâtreou danse, nous programmons un répertoirerevisité, des œuvres portées par un gestecréatif original et fort, tels par exemple May Bde Maguy Marin, chef-d’œuvre qui a marquél’Histoire de la danse, ou le cycle Tchekhov deChristian B<strong>en</strong>edetti, qui insuffle une force devie incroyable à ses mises <strong>en</strong> scène. Dans toutesles disciplines, divers spectacles concern<strong>en</strong>tle jeune public : nous coproduisons L’Ombrede Jacques Vincey, d’après un superbe conted’Anders<strong>en</strong>. Citons aussi une création musicalepour tous les âges : Le Blues a eu un <strong>en</strong>fant eton l’a appelé rock’n’roll. C’est une saison trèsstimulante ! »Propos recueillis par Agnès SantiL’Ondif investitAulnay-sous-Bois<strong>La</strong> formation francili<strong>en</strong>ne célèbre ses quaranteans par une résid<strong>en</strong>ce festive au ThéâtreJacques Prévert.L’Orchestre national d’Ile-de-France connaîtbi<strong>en</strong> le Théâtre Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois, pour y avoir notamm<strong>en</strong>t créé il y a six ansun festival de musique contemporaine, « Ile dedécouvertes ». Ri<strong>en</strong> d’étonnant donc à ce quel’Ondif ait choisi cette ville de Seine-Saint-D<strong>en</strong>ispour lancer sa première résid<strong>en</strong>ce, un projetdes plus ambitieux. Le Théâtre Jacques Prévertva ainsi accueillir trois concerts de l’Orchestre.Le premier, <strong>en</strong> grande formation, confronteramusiques française et américaine, sous la houlettedu génial pianiste et chef d’orchestre WayneMarshall (20 octobre à 16h30). Les deux autresprogrammes seront donnés <strong>en</strong> formation plusintime : orchestre à cordes (autour des Quatresaisons de Vivaldi et Piazzolla, le 7 mars) et<strong>en</strong>semble de cuivres (avec un programme hautem<strong>en</strong>tfestif, le 8 mars). Les musici<strong>en</strong>s vont aussise produire <strong>en</strong> musique de chambre aux quatrecoins de la ville, dans les hôpitaux, les maisonsde retraite, les écoles… Un « flashmob » estmême prévu au c<strong>en</strong>tre commercial d’Aulnay. Avectoujours le même credo : montrer que la musiqueclassique s’adresse au plus grand nombre,et n’est ni élitiste, ni <strong>en</strong>nuyeuse. A. Pecqueur<strong>La</strong> journée<strong>en</strong>chantée<strong>La</strong>ncem<strong>en</strong>t de saison dans toute la ville.<strong>La</strong> musique est dans l’ADN du Théâtre JacquesPrévert. Pour preuve, cette journée <strong>en</strong>chantée(et marathon !) qui inaugure la saison musicale.Les festivités comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t avec un programmede courts-métrages, accompagnés <strong>en</strong> live par lepianiste Jacques Cambra. Est <strong>en</strong>suite annoncéun apéro-concert suivi d’un Concert à l’eau, au…c<strong>en</strong>tre nautique. <strong>La</strong> compagnie Les Grooms proposeun spectacle de rue Le bonheur est dans lechant. Et pour finir, banquet musical avec piqu<strong>en</strong>ique.A. PecqueurLe 19 octobre 2013. Accès libre.Théâtre-cinéma Jacques-Prévert, 134 av. Anatole-France,93600 Aulnay-sous-Bois.Tél. 01 48 66 49 90.www.ejp93.fr


66 classique octobre 2013 / N°213 la terrasseSalle PleyelMusique symphoniqueMyung-WhunChungAvec l’Orchestre philharmonique de RadioFrance, le chef propose un programme <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tdédié à la musique française.Nicolas Baldeyrou joue <strong>en</strong> soliste la Rhapsodie deDebussy.Même si l’arrivée prochaine de Mikko Franckà la tête du Philharmonique de Radio Franceaiguise l’appétit, on ne boudera pas sonplaisir <strong>en</strong> retrouvant Myung-Whun Chungdans un programme de musique française.Le chef coré<strong>en</strong> sait faire ressortir les couleurs,doser les équilibres propres à cerépertoire. <strong>La</strong> Rhapsodie pour clarinette deDebussy met à l’honneur le soliste de l’Orchestre,Nicolas Baldeyrou, réc<strong>en</strong>t « transfert» du National de France. L’Asc<strong>en</strong>sionde Messia<strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t rappeler le li<strong>en</strong> étroit deMyung-Whun Chung à ce compositeur, dontil avait dirigé à l’Opéra Bastille l’opéra Saint-François d’Assise. Quant à la Symphonie n°3de Saint-Saëns, on ne peut que regretterque la partie d’orgue soit ici t<strong>en</strong>ue sur uninstrum<strong>en</strong>t portatif – <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant le futurorgue du nouvel auditorium de la Maison dela radio.A. PecqueurSalle Pleyel, 252 rue du Faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. V<strong>en</strong>dredi 8 novembre à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : 10 à 60 €.maison de la musique de NanterreMusique contemporaineTM+<strong>La</strong> formation de <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Cuniot voyage à traversles siècles, de Liszt à Jonathan Harvey.Le hautboïste Jean-Pierre Arnaud joue des pièces deBritt<strong>en</strong> et de Harvey.C’est la marque de fabrique de TM+ :confronter les œuvres du répertoire à lamusique contemporaine. <strong>La</strong> démarchepeut paraître pragmatique – faire v<strong>en</strong>irun public effrayé par la création – maisse révèle passionnante musicalem<strong>en</strong>t,offrant de subtils allers-retours <strong>en</strong>tre lessiècles. <strong>La</strong> preuve une fois de plus <strong>en</strong> cedébut novembre, avec deux programmestrès excitants. Le premier fait la part belleau hautbois, <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce celui de Jean-Pierre Arnaud, anci<strong>en</strong> cor anglais de l’Orchestrede l’Opéra de Paris et directeur del’<strong>en</strong>semble Carpe Diem, avec des œuvres« British » de Britt<strong>en</strong> et de Jonathan Harvey,sans oublier des improvisations deErguner. Le l<strong>en</strong>demain, le concert ose desdialogues parfois inatt<strong>en</strong>dus, <strong>en</strong>tre Liszt,Debussy, Webern, Berg, Boulez. Le RER An’a jamais été aussi attirant. A. PecqueurMaison de la Musique de Nanterre, 8 rue desAnci<strong>en</strong>nes-Mairies, 92100 Nanterre.Les 8 novembre à 20h30 et 9 novembre à 19h.Tél. 01 41 37 52 18.© D. R.© D. R.Théâtre deS AbbessesMusique baroqueJuan ManuelQuintanaLe musici<strong>en</strong> arg<strong>en</strong>tin explore le répertoireallemand de la viole de gambe.Juan Manuel Quintana joue au Théâtre des Abbesses,<strong>en</strong>touré du violoniste Rodolfo Richter et du clavecinisteNicholas Parle.<strong>La</strong> viole de gambe ne se résume pas à JordiSavall, loin de là. Le Théâtre des Abbessesaccueille ainsi régulièrem<strong>en</strong>t (c’estson septième concert sur cette scène) unmusici<strong>en</strong> arg<strong>en</strong>tin, à la sonorité délicieusem<strong>en</strong>tcorsé : Juan Manuel Quintana. Pourson concert début novembre, il a choisi dese conc<strong>en</strong>trer sur le répertoire allemand deson instrum<strong>en</strong>t. Au programme : Bach bi<strong>en</strong>sûr, Buxtehude, mais égalem<strong>en</strong>t quelquesfigures oubliées, comme Philipp HeinrichErlebach, Johann Jakob Walther ou <strong>en</strong>coreAugustinus Kertzinger, qui occupa les fonctionsde maître de chapelle à la cathédraleSaint-Eti<strong>en</strong>ne de Vi<strong>en</strong>ne. Pour l’occasion,Juan Manuel Quintana a fait appel à deuxmusici<strong>en</strong>s chevronnés de la scène baroque :le violoniste Rodolfo Richter et le clavecinisteNicholas Parle.A. PecqueurThéâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses.75018 Paris. Samedi 9 novembre à 17h.Tél. 01 42 74 22 77. Places : 19 €.www.journal-laterrasse.frlisez-nouspartout !© D. R.opérarejoignez-nous sur facebookOPéRA BASTILLENouvelle productionAida de VerdiPhilippe Jordan dirige Marcelo Alvarez,Luciana d’Intino et Sergei Murzaev dans cett<strong>en</strong>ouvelle production.<strong>La</strong> soprano Oksana Dyka assure la première de cespectacle, <strong>en</strong> alternance avec Lucrezia Garcia.Créée à l’Opéra du Caire sur un scénario del’égyptologue Auguste Mariette, Aida repr<strong>en</strong>dun schéma classique d’amours secrètes etd’impératifs princiers mais avec un réel respecthistorique de l’Egypte de Ramsès III. Verdisigne peut-être ici sa plus belle partition, trèsvocale et <strong>en</strong> même temps d’un grand raffinem<strong>en</strong>torchestral. L’Opéra de Paris n’avait plusprés<strong>en</strong>té Aida depuis la v<strong>en</strong>ue de LeontynePrice <strong>en</strong> 1968, dans une production datant desannées 30. Le directeur du Festival d’AvignonOlivier Py met évidemm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> scène une visionplus politique qu’exotique de l’œuvre, une visionéminemm<strong>en</strong>t personnelle. A.T. Nguy<strong>en</strong>Opéra Bastille, 120 rue de Lyon, 75012 Paris.Du 10 octobre au 16 novembre.Tél. 08 92 89 90 90.ChâtillonComédie Musicale / REPRISEWest Side StoryLe tube de Bernstein revisité par les Solisteset les Percussions claviers de Lyon.Jean <strong>La</strong>cornerie met <strong>en</strong> espace West Side Story.<strong>La</strong> force de West Side Story, c’est avant toutson énergie rythmique. Il était donc légitime dela part de Gérard Lecointe, directeur artistiquedes Percussions claviers de Lyon, de transcrirecette œuvre pour chanteurs et percussionnistes.Une version <strong>en</strong>diablée, portée ici par lesvoix des Solistes de Lyon de Bernard Têtu, sansoublier la mise <strong>en</strong> espace, sobre mais efficace,de Jean <strong>La</strong>cornerie, directeur du Théâtre de laCroix Rousse. <strong>La</strong> musique de Bernstein offreainsi une belle synergie <strong>en</strong>tre les structuresculturelles lyonnaises.A. PecqueurThéâtre de Chatillon, 3 rue Sadi-Carnot,92320 Châtillon. Samedi 12 octobre à 20h30.Tél. 01 55 48 06 90. Places : 16 à 22 €.THéâTRE DES CHAMPS-éLYSéESOPéRA<strong>La</strong> VestaleRetour à Paris de l’opéra le plus connu deGasparo Spontini dans la mise <strong>en</strong> scèned’Eric <strong>La</strong>cascade.Après Médée de Cherubini la saison dernière,le Théâtre des Champs-Elysées r<strong>en</strong>d hommageà un autre compositeur itali<strong>en</strong> franciséde la période napoléoni<strong>en</strong>ne. <strong>La</strong> Vestale (1807)de Spontini est familière des mélomanes par© D. R.© D. R.Interprète s<strong>en</strong>sible de Puccini et de Verdi, ErmonelaJaho interprète ici le rôle de Julia.les airs gravés dans une traduction itali<strong>en</strong>nepar Maria Callas <strong>en</strong> 1955. <strong>La</strong> production scaligèrede 1954 marqua le début de sa collaborationfructueuse avec Visconti. Inspiré par lanoblesse des partitions de Gluck, Spontini am<strong>en</strong>é l’opéra français vers le g<strong>en</strong>re du grandopéra, <strong>en</strong> y insufflant <strong>en</strong>core plus de tragique, et<strong>en</strong> étoffant l’orchestration par l’usage des cuivres.<strong>La</strong> nouvelle production d’Eric <strong>La</strong>cascad<strong>en</strong>e cherche pas à actualiser un sujet antique :Julia, dev<strong>en</strong>ue vestale lorsque son fiancé Liciniusest parti à la guerre, lui ouvre les portes dutemple à son retour. Trahie par l’extinction dufeu sacré sur lequel elle devait veiller, l’héroïnedoit affronter le jugem<strong>en</strong>t des prêtres. Dans lafosse, le Cercle de l’Harmonie est dirigé par letal<strong>en</strong>tueux Jérémie Rhorer. A.T. Nguy<strong>en</strong>Théâtre des Champs-Elysées, 15 av. Montaigne,75008 Paris. Du 15 au 28 octobre à 19h30(17h mât.). Tél. 01 49 52 50 50.Places : de 5 à 140 €.TOURNéE EN ILE-DE-FRANCEOPéRAUne Flûte<strong>en</strong>chantée<strong>La</strong> tournée internationale de ce très beauspectacle débutée il y a presque trois anscontinue <strong>en</strong> Ile-de-France.L’opéra populaire de Mozart prés<strong>en</strong>té comme unconte musical touchant et simple.Avec le concours du compositeur Franck Krawczyk,Peter Brook a prés<strong>en</strong>té pour la premièrefois <strong>en</strong> 2010 aux Bouffes du Nord une versionallégée du chef-d’œuvre de Mozart, dépouilléede sa tradition académique et sa symboliquemaçonnique. Depuis, le spectacle a triomphédans le monde <strong>en</strong>tier, de Milan à New York, deRio à Séoul. S’il n’est pas certain que le publicnéophyte pr<strong>en</strong>ne consci<strong>en</strong>ce du “prestige” decette production d’une appar<strong>en</strong>te modestie, ilne peut rester ins<strong>en</strong>sible à l’esprit de troupeproche de celle de Schikaneder, premier Papag<strong>en</strong>oet librettiste original. D’une durée ram<strong>en</strong>éeà une heure tr<strong>en</strong>te, cette relecture poétique duSingspiel dans un décor simple fait porter l’att<strong>en</strong>tiondu spectateur sur l’auth<strong>en</strong>ticité de jeudes chanteurs-comédi<strong>en</strong>s. A.T. Nguy<strong>en</strong>Le Carré Bellefeuille, Boulogne-Billancourt.Le 8 octobre. Tél. 01 55 18 54 00.Théâtre d’Arras, les 11 et 12 octobre.Tél. 03 21 71 76 30.L’Onde, Vélizy-Villacoublay, les 17 et 18 octobre.Tél. 01 34 58 03 35.Le C<strong>en</strong>tre d’Art et de Culture, Meudon,le 6 novembre. Tél. 01 49 66 68 90.Théâtre de Saint-Qu<strong>en</strong>tin-<strong>en</strong>-Yvelines,place Georges Pompidou, Montigny-le-Bretonneux, du 17 au 21 décembre.Tél. 01 30 96 99 00. Etc.© D. R.© R<strong>en</strong>ato Velasco© Vinc<strong>en</strong>t Pontet© Juli<strong>en</strong> Mignotjazz / musiques du monde / chanson 67DUC DES LOMBARDSJAZZ SOUL / BRéSILPARISFESTIVALFESTIVAL D’iLE-DE-FRANCEPour sa 37 e édition, l’éclectique événem<strong>en</strong>tfrancili<strong>en</strong> invite les artistes à provoquer desr<strong>en</strong>contres inédites et fertiles.Le dernier album du pianiste franco-israéli<strong>en</strong> YaronHerman s’accorde avec la thématique du festival :il s’appelle égalem<strong>en</strong>t Alter Ego (ACT, 2012).Sous-titrée « Alter Ego, Musiques <strong>en</strong> Partage», l’édition 2013 du Festival d’Ile-de-France aborde <strong>en</strong> octobre sa dernière lignedroite et réserve <strong>en</strong>core quelques bellesalliances majeures, à comm<strong>en</strong>cer par celleque propos<strong>en</strong>t le chanteur français d’originesyri<strong>en</strong>ne Abed Azrié et le ténor allemandJan Kobow (7 octobre, Théâtre de l’Atelier,20h30). Aux côtés du pianiste arg<strong>en</strong>tin GustavoBeytelmann, ils feront dialoguer deuximm<strong>en</strong>ses poètes philosophes, le PerseHâfez et l’Allemand Goethe. Dans un registreplus pop et déjanté, le trublion de la chansonfrançaise mâtinée d’électronique érotiqueSébasti<strong>en</strong> Tellier convie le batteur TonyAll<strong>en</strong> et la soprano Caroline Villain (12 octobre,<strong>La</strong> Cigale, 20h30). Dernière r<strong>en</strong>contre à360 degrés, celle qu’initie le pianiste YaronHerman (13 octobre, Trianon, 17h) : le jazzmanconvoque la pop suédoise de FredrikaStahl, la musique classique de son ami Ber-trand Chamayou et l’électronique nordiquedu complice de Björk Valgeir Sigurðsson. Unmélange fort alléchant.M. DurandDivers lieux à Paris Jusqu’au dimanche13 octobre. Tél. 01 58 71 01 01. Places : 21 à 26 €.région / PERPIGNANFESTIVAL JAZZJAZZÈBRELe festival fête son quart de siècle <strong>en</strong> conviantgrands noms et nouvelles créations dans tousles styles.<strong>La</strong> contrebassiste Sarah Murcia et le oudisteKamilya Jubran, <strong>en</strong> concert au Théâtre de Perpignanle 8 octobre.Le jazz est mutiple, on ne cesse de vous ledire. Incernable, il échappe aux logiques decloisonnem<strong>en</strong>t stylistique, ces barrières qui<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t les artistes dans des prés carrésproprem<strong>en</strong>t délimités. C’est cela, cet <strong>en</strong>jeuqui parle au-delà des notes d’une ouvertureà l’altérité, que met <strong>en</strong> scène Jazzèbre, autravers d’une programmation où formulesconsacrées (John Abercombrie, Erik Truffaz,Michel Portal…) et formations <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir (Vinc<strong>en</strong>tPeirani, Elodie Pasquier, Eve Risser…)ont toutes leur place. Du jazz dans tous less<strong>en</strong>s du terme, de l’improvisation libre (lessuperbes Mediums de Vinc<strong>en</strong>t Courtois avecDaniel Erdmann et Robin Fincker) aux parti-Réagissez sur www.journal-laterrasse.frGROS PLANEd Motta oul’invitation au plaisirCe crooner brésili<strong>en</strong> signe un album gorgé de mélodies et saveurscaliforni<strong>en</strong>nes vintage.<strong>La</strong> surprise du mois au Duc ! <strong>La</strong> grosse etdouce voix Soul-Jazz d’Ed Motta, découvertepour beaucoup (et pourtant quel parcours !),vi<strong>en</strong>t faire souffler un v<strong>en</strong>t chaud et s<strong>en</strong>suelsur notre automne parisi<strong>en</strong>. Le crooner« Colosse de Rio », star au Brésil, Ed Motta surgit surla scène française.Carioca, mûri au soleil de Rio de Janeiro,familier de tous les détours et tournis musicaux,sorcier du studio et collectionneurmaniaque (il possède plus de 30 000 albumsdans son appartem<strong>en</strong>t), nous <strong>en</strong>traîne dansson nouvel album dans un univers très cali-© Emmanuel Rioufolforni<strong>en</strong> truffé de référ<strong>en</strong>ces et souv<strong>en</strong>irs.« AOR » (Membran / Harmonia Mundi), douzièmeopus personnel de ce colosse à la voixde miel, est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t chanté <strong>en</strong> anglais etconçu comme un véritable hommage au son« Album-Ori<strong>en</strong>ted-Rock », cher à des groupescomme les Doobie Brothers, Chicago, TheBeach Boys ou Steely Dan.Le long des cocotiers…Mélodies simples et belles, productionluxueuse, énergie solaire, Ed Motta nousinvite à succomber aux joies d’un hédonismemusical, joyeusem<strong>en</strong>t anachronique,régressif et nostalgique. « Avant d’écoutercet album, il faut adopter le modus viv<strong>en</strong>diet l’imaginaire AOR, c’est-à-dire mettre unechemise hawaï<strong>en</strong>ne à la Magnum, <strong>en</strong>filer unepaire de mocassins sans chaussettes commedans Miami Vice, monter dans une décapotableet rouler le long des cocotiers au coucherdu soleil… » explique Ed Motta <strong>en</strong> guise demode d’emploi de son propre disque. Kitschet délectable.Jean-Luc CaradecDuc des Lombards, 42 rue des Lombards,75001 Paris. Du 6 au 9 octobre à 20h et 22h.Tél. 01 42 33 22 88.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frAUTOMNE2013Auxcouleursde l’étéindi<strong>en</strong>MusiqueLES ENFANTS DU LEVANT CRÉA4-5/10 À 20H30 & 6/10 À 16HLA JOURNÉE ENCHANTÉEHORS LES MURS19/10 DE 11H À 22HPARIS / NEW YORK ONDIF20/10 À 16H30SOMEWHERE CRÉA3/11 À 16H & 5/11 À 20H30FESTIVAL AULNAY ALL BLUESHOMMAGE À MUDDY WATERSDU 18 AU 24/11OXMO PUCCINO29/11 À 20H30OPERETTA CIE COR DE TEATRE1/12 À 16H30RÉSERVATIONS01 48 66 49 90134 av. Anatole France93600 Aulnay-sous-BoisDirection Christophe UbelmannThéâtreLES SERMENTS INDISCRETSCHRISTOPHE RAUCK9/11 À 20H30L’OMBRE JACQUES VINCEY20/12 À 20H30Cirque-DanseEN CORPS CIE ACTA16/10 À 15HSWAN LUC PETTON13/11 À 20H30FESTIVAL H 2 ODU 4 AU 7 /12CIRQUE BLEU DU VIETNAM10/12 À 20H30TABAC ROUGE JAMES THIÉRÉE14/ 12 À 20H30 & 15/12 À 16Hwww.aulnay-sous-bois.frwww.tcprevert.fr @TCPrevertfacebook.com / TCPrevertAULNAY-SOUS-BOISDesign Graphique www.retchka.fr


68 jazz / musiques du monde / chanson octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 jazz / musiques du monde / chanson 69tions plus classiques (la voix chaude GregoryPorter), mais aussi du funk (Anthony Josephet son Spasm Band), mais <strong>en</strong>core des films,sans oublier le terroir d’origine : des concertsdans les vignes… À la clef, l’ivresse des notes,<strong>en</strong>core et toujours.J. D<strong>en</strong>isPerpignan et région, jusqu’au 20 octobre.Places : de 5 à 30 €. Tél. 04 68 51 13 14.www.jazzebre.comPARISIMPROVISATIONSoundpaintingFestival<strong>La</strong>ngage de gestes multidisciplinaires, lesoundpainting utilise plus de 1200 signes etouvre de passionnantes possibilités de composition<strong>en</strong> temps réel.François Jeanneau, invité privilégié du premier festival<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t dédié au Soundpainting, <strong>en</strong> concertle 11 octobre à 20h30 à la Dynamo.Inv<strong>en</strong>té par l’américain Walter Thomson<strong>en</strong> 1974 à New York (à sa sortie de la BerkleeSchool of Music), importé <strong>en</strong> France il y a 15ans par François Jeanneau, le Soundpaintingn’a cessé depuis, discrètem<strong>en</strong>t mais sûrem<strong>en</strong>t,de susciter des vocations et d’inspirerdes adeptes. Un festival parisi<strong>en</strong>, tout nouveautout beau, se propose d’éclairer ce mouvem<strong>en</strong>tartistique basé « sur un langage de signes, universelet multidisciplinaire, permettant la com-Harriet Tubman fut au xix e siècle une figure-clédu combat des Afro-Américains. Surnommée« la Moïse noire », elle participa àl’Underground Railroad, un réseau de rouposition<strong>en</strong> temps réel ». Plus de c<strong>en</strong>t artistessont mobilisés par le festival, répartis dans 10<strong>en</strong>sembles à l’affiche de sept lieux de spectacles.Et comme François Cotinaud, instigateurde l’événem<strong>en</strong>t, fait bi<strong>en</strong> les choses, stages,master classes (de Walter Thomson <strong>en</strong> personne)et actions de s<strong>en</strong>sibilisation complèt<strong>en</strong>tla programmation. J.-L. CaradecDivers lieux parisi<strong>en</strong>s, du 28 septembre au21 octobre. www.soundpaintingfestival.frLe Triton, 11 bis rue du Coq-Français,93260 Les Lilas. Concert exceptionnel duWalter Thompson Orchestra : le 3 octobre à 21h.Tél. 01 49 72 83 13. Places : 15 €.LUCERNAIRECHANSONNathalie JolychanteYvette GuilbertDeuxième volet de la création de la comédi<strong>en</strong>nechanteuse autour du répertoire d’YvetteGuilbert.Nathalie Joly a créé ce spectacle au Théâtre de laTempête l’an dernier, dans une mise <strong>en</strong> scène deJacques Verzier.Après le beau succès professionnel, médiatiqueet public de son programme « En v’làune drôle d’affaire », dédié au répertoire dela Reine du caf’ conç’, Nathalie Joly a récidivé.G I L B E R TLAFFAILLEL’EUROPÉENL A F F A I L L E© D. R.© D. R.Ce deuxième volet du projet revi<strong>en</strong>t sur unescène parisi<strong>en</strong>ne avec des chansons souv<strong>en</strong>tinédites, issues d’une période de maturité deson art et de sa vie : « Yvette explore avec passionle passé médiéval des mythes, des contes,des complaintes et des poèmes. Jusque dansles choix audacieux qu’elle n’a cessé de faire,elle communique le s<strong>en</strong>s du courage d’êtrelibre. Ces portraits de femmes prostituées,morphinées, alcooliques, infanticides, captivesrest<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t contemporains » préciseNathalie Joly.J.-L. CaradecLe Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs,75006 Paris. Du 25 septembre au 3 novembre,du mardi au samedi à 21h30, dimanche à 17h.Tél. 01 45 44 57 34.TRIANONÉTHIOPIEMULATU ASTATKÉLe père de l’éthio-jazz célèbre la sortie deson nouvel opus.Mulatu Astatké vi<strong>en</strong>t fêter la sortie de son nouvelopus : « Sketches Of Ethiopia ».célébré par les amateurs de musique depuisla parution d’un anthologique volume de lasérie Ethiopiques, célèbre depuis son apparitionsur la bande-son des Brok<strong>en</strong> Flowersde Jim Jarmush, Mulatu Astatké est de retourà Paris, avec dans ses bagages Sketches OfEthiopia. Autrem<strong>en</strong>t dit, il apporte son regardsur la diversité musicale qui peuple hiercomme aujourd’hui son pays - <strong>en</strong> ri<strong>en</strong> unevision passéiste. Entouré d’une équipe quibrasse Londoni<strong>en</strong>s et Ethiopi<strong>en</strong>s, Mali<strong>en</strong>set Français, le Duke Ellington d’Addis-Abebacrée une version aussi résolum<strong>en</strong>t ouvertesur le monde des musiques que foncièrem<strong>en</strong>tancrée dans le terroir des traditions. Commeun écho au fameux Body and Soul, qui l’a biberonnévoici un demi-siècle.J. D<strong>en</strong>isTrianon, 80 bd. de Rochechouart, 75018 Paris.Jeudi 10 octobre à partir de 20h.Tél. 01 44 92 78 00. Places : de 25 € à 30 €.NEW MORNINGJAZZCASSANDRAWILSONL’<strong>en</strong>ivrante diva américaine du jazz escortéepar un trio de classe mondiale.Elle a été cette année été consacrée « meilleure chanteuse» par le prestigieux « Down Beat Critics Poll ».© Alexis Maryon© Marco Glavianorejoignez-nous sur facebooktes clandestines destiné à faciliter l’accèsdes esclaves à la liberté. Quand BrandonRoss (guitare électrique, banjo, chant), MelvinGibbs (basse) et JT Lewis (batterie) ontdécidé d’allier leurs tal<strong>en</strong>ts affolants, c’est cepatronyme empli de symbole qu’ils ont choisi.Ces trois hérauts du groove qui ont escortéHerbie Hancock, Arto Lindsay, Bill Frisell ou<strong>en</strong>core Tina Turner bâtiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble unefusion <strong>en</strong>voûtante et éprise de liberté. Il y adonc comme une évid<strong>en</strong>ce à les voir inviterCassandra Wilson, l’une des grandes voixinsoumises du jazz des ces vingt dernièresannées.M. DurandNew Morning, 7-9 rue des Petites-écuries,75010 Paris. Lundi 14 octobre à 20h30.Tél. 01 45 23 51 41. Places : 28 €.THEATRE TRAVERSIEREBLUESÉric BibbNouvel album du bluesman américain.Éric Bibb, voix et cœur s<strong>en</strong>sible du blues contemporain.On suit avec gourmandise depuis une dizained’années, sur le label Dixiefrog, le parcoursde ce Bluesman new-yorkais de Londres,musici<strong>en</strong> voyageur et humaniste, écoutant lemonde et ses habitants autant qu’il s’att<strong>en</strong>d àce qu’on l’écoute lui-même… Éric Bibb, chanteuret guitariste émérite, délivre dans JerichoRoad un message fort et émouvant, prônantla tolérance, porté par de savoureux arrangem<strong>en</strong>tsmusicaux et la réalisation de Gl<strong>en</strong>Scott, le jeune producteur anglais d’originejamaïcaine.J.-L. CaradecThéâtre Traversière, 15 rue Traversière,75012 Paris. Jeudi 10 octobre à 20h.Tél. 01 43 41 81 27.STUDIO DE L’ERMITAGEWORLD-JAZZWORLD KORATRIOUn violoncelle, une kora, des percussions etdes dizaines de possibilités. Une triade délicateet vibrante.Leur premier disque Korazon est sorti l’an dernierchez Cristal Publishing / L’Autre Distribution.Entre jazz et rock, musiques traditionnellesdes quatre coins du monde et improvisationsdébridées, Eric Longsworth (violoncelle),Chérif Soumano (kora) et Jean-Luc Di Fraya(percussions et chant) ne veul<strong>en</strong>t pas choisir.résultat ? Leur alliance par-delà les culturesrespire la joie de jouer <strong>en</strong>semble. S’ils se sontr<strong>en</strong>contrés par hasard il y a trois ans, ils donn<strong>en</strong>tle s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de se connaître depuis toujours.Des esprits libres qui devrai<strong>en</strong>t séduireles aficionados de l’Hadouk Trio et des métissagess<strong>en</strong>sibles.M. DurandStudio de l’Ermitage, 8 rue de l’Ermitage,75020 Paris. Mardi 15 octobre à 20h30.Tél. 01 44 62 02 86. Places : 12 à 15 €.© D. R.© D. R.© Vinc<strong>en</strong>t Pontet© Daniel KaminskiNEW MORNINGLe PJ5 du guitariste Paul JarretSUNSIDEMUSIQUES DU MONDEMor Kabasi<strong>La</strong> jeune chanteuse israéli<strong>en</strong>ne de Sévillerelie ses multiples influ<strong>en</strong>ces judéo-espagnoles.Mor Kabasi : quand la musique retrace une Histoireméditerrané<strong>en</strong>ne.De la Perse à la Péninsule ibérique, du legsséfarade aux cultures andalouses, MorKabasi fusionne avec une force <strong>en</strong>veloppanteles rythmes flam<strong>en</strong>cos, l’éloqu<strong>en</strong>cedu fado, les gammes ori<strong>en</strong>tales, les languesde ses ancêtres. Une musique qu’elle charged’histoire, celle de la Tsadika, martyre juivedu xix e , de compositions originales maisaussi de reprises pop ou de chants tradi-propos recueillis e paul jarretParoles de jazzman…Distingué lors de l’été 2012 où il remporte le Premier Prix de compositionet le 2 e Prix de groupe au toujours clairvoyant Concours de Jazz de laDéf<strong>en</strong>se, le jeune guitariste Paul Jarret (né <strong>en</strong> 1985) signe avec Wordson premier album personnel sous la bannière de son groupe PJ5 (chezSuch Productions).Paul Jarret signe toutes les compositions du répertoire de PJ5.« En réunissant les musici<strong>en</strong>s qui allai<strong>en</strong>tformer le Pj5, j’avais déjà une idée assezclaire du principe musical de ce groupe. Ceserait une sorte de représ<strong>en</strong>tation de mon“monde musical”, une synthèse de toute lamusique qui m’a profondém<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cé. LePj5 est définitivem<strong>en</strong>t un groupe de jazz :par notre manière d’aborder la musique,de communiquer et d’interagir sur scène…C’est notre langage, <strong>en</strong> terme de vocabulairedans nos improvisations, forgé à l’écoute etl’étude des “anci<strong>en</strong>s”. Nous avons tous, ausein du groupe, un énorme respect pour lesgénérations précéd<strong>en</strong>tes de jazzm<strong>en</strong>. Il y aaussi dans cet album un li<strong>en</strong> étroit avec laSuède, pays d’origine de ma mère et auquelje suis <strong>en</strong>core très attaché, qui a participé àla construction de mon id<strong>en</strong>tité, musicale etextra-musicale.Hommage à la SuèdeUne sorte d’hommage omniprés<strong>en</strong>t et diffusest r<strong>en</strong>du à ce pays et à cette culture, notamm<strong>en</strong>tau travers de la Far North Suite, que j’aiécrite pour un nonette. Pour cette composition,le Pj5 s’<strong>en</strong>richit de la prés<strong>en</strong>ce de deux© Blerta Kambobugles, d’un euphonium, et d’Isabel Sörling,chanteuse suédoise dont l’univers, la techniqueincroyable et la sincérité m’ont immédiatem<strong>en</strong>tséduit. J’ai appelé cet album Word :je me suis r<strong>en</strong>du compte lors du mixage quequelques-unes des compositions prés<strong>en</strong>tessur ce disque ont un titre <strong>en</strong> rapport directavec la parole (Talk, Mutisme, Stammer,Give It A Name), ou au contraire l’abs<strong>en</strong>cede parole. <strong>La</strong> musique n’est à mon s<strong>en</strong>s quesons et vibrations, mais aussi le mode d’expressionartistique dans sa forme la pluspure. Elle ne se rattache à ri<strong>en</strong> de concret,de matériel. Comme un langage sans paroles,le plus universel qui soit, et certainem<strong>en</strong>t leplus puissant. »Jean-Luc CaradecNew Morning, 7-9 rue des Petites-écuries,75010 Paris. Mercredi 23 octobre à 21h.Tél. 01 45 23 51 41.PJ5 est composé de Paul Jarret (guitare etcompositions), Max<strong>en</strong>ce Ravelomanantsoa(sax ténor), Léo Pellet (trombone), AlexandrePerrot (contrebasse) et Ariel Tessier (batterie).Réagissez sur www.journal-laterrasse.frtionnels, qui lui donn<strong>en</strong>t matière à assumerson ardeur artistique.V. FaraSunside-Sunset, 60 rue des Lombards,75001 Paris. Mardi 15 octobre à 20h et 22h.Tél. 01 40 26 46 60. Places : 20 à 29 €.CAFE DE LA DANSEJAZZ VOCALElina DuniUn jazz intrigant, doucem<strong>en</strong>t fécond.Elina Duni, chanteuse suisse v<strong>en</strong>ue d’Albanie, au Caféde la Danse.D’une <strong>en</strong>fance et d’une famille albanaise,Elina Duni retranscrit musicalem<strong>en</strong>t unfolklore très personnel, chargé de recher-Réagissez sur www.journal-laterrasse.frDANSE HIP-HOPEX-ILSVEN 11 OCT - 20 H 30> SALLE PABLO NERUDAChorégraphie : Mehdi SlimaniCompagnie NoMadTarifs : 2,40 € / 8,60 € / 13,70 €CONCERTLE BAL DE L’AFRIQUEENCHANTÉEVEN 18 OCT - 20 H 30> SALLE PABLO NERUDACONCERTDIDIER SUPER EN SOLOSAM 26 OCT - 20 H> CANAL 93BATTLE LOCKINGPAY THE COST TO BE THE BOSSDIM 3 NOV - 13 H 30> CANAL 93DANSE HIP-HOPLES ELLES DU HIP-HOPVEN 15 NOV - 20 H 30> SALLE PABLO NERUDACONCERTADDICTIVE TV + ELECTRO BAMAKOVEN 29 NOV - 20 H> CANAL 93CONCERTDIDIER WAMPASSAM 14 DÉC - 20 H> CANAL 93Retrouvez l’<strong>en</strong>semble de la programmation 2013/2014et réservez vos places sur www.culture.bobigny.frService culturel - salle Pablo Neruda : 01 48 96 25 75www.culture.bobigny.frCanal 93 : 01 49 91 10 50 - www.canal93.net


DANSE Homemadede Trisha Brown.THÉÂTRE Perturbationde Thomas Bernhard, mise <strong>en</strong> scène de Krystian Lupa.CLASSIQUE/OPÉRA Bo Skovhus70 jazz / musiques du monde / chanson octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 jazz / musiques du monde / chanson 71che sur les matières sonores, les épaisseurset les résonances, les touches d’éclat,les finesses harmoniques. Elle rev<strong>en</strong>diquel’héritage de la péninsule balkanique, làoù on retrouverait presque un jazz scandinave,ou plutôt suisse, parfois une popteintée de world, et toujours une subtilitéqui oscille <strong>en</strong>tre impression diaphane etautorité créative.V. FaraCafé de la Danse, 5 passage Louis-Philippe,75011 Paris. Jeudi 17 octobre à 20h.Tél. 01 47 00 57 59. Places : 20 et 25 €.LA DYNAMO DE PANTINJAZzKEN VANDERMARK& PAAL NILSSEN-LOVE DUO /LANGSTON PROJECT<strong>La</strong> Dynamo continue de dynamiter les histoiresde styles afin d’éprouver la dynamiqueactualité du jazz.Le batteur Paal Nilss<strong>en</strong>-Love et le saxophoniste K<strong>en</strong>Vandermark, ou une idée certaine de la liberté de jouer.Mon premier est un duo qui combine deuxmusici<strong>en</strong>s v<strong>en</strong>us des espaces ouverts de lajazzosphère. Le Norvégi<strong>en</strong> Paal Nilss<strong>en</strong>-Lovea chargé sa batterie sur nombre de projetsqui défris<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Scandinavie, et le saxophonisteaméricain K<strong>en</strong> Vandermark s’activedepuis des lustres sur le front des free sons.Ensemble, cette paire d’électrons libres gravitedans les espaces d’un jazz éminemm<strong>en</strong>tcosmique. Les seconds form<strong>en</strong>t un quartetteinédit, trois improvisateurs à l’énergiedébridée (le trio SPEEQ avec Luc Ex, HassePouls<strong>en</strong> et Mark Sanders) et une chanteuseanglaise Elaine Mitch<strong>en</strong>er, pas franchem<strong>en</strong>tnu soul, plutôt carrém<strong>en</strong>t new thing. Ensemble,ils salu<strong>en</strong>t l’écriture majuscule de <strong>La</strong>ngstonHugues, l’écrivain totémique de la HarlemR<strong>en</strong>aissance. Mon tout forme somme touteune soirée fortem<strong>en</strong>t conseillée aux espritscurieux.J. D<strong>en</strong>is<strong>La</strong> Dynamo, 9 rue Gabrielle-Josserand,93500 Pantin. Jeudi 17 octobre à 20h30.Tél. 01 49 22 10 10. Places : de 8 à 14 €.SALLE PLEYELJAZzREMEMBERSHAKTI : JOHNMcLAUGHLIN /ZAKIR HUSSAINRemember Shakti, histoire de repr<strong>en</strong>drele cours d’une lég<strong>en</strong>de qui a marqué lesesprits.Se souv<strong>en</strong>ir de Shakti, c’est <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ir auxfolles échappées se faisant la belle sur lesvirages post-psychédéliques des années1970. Quand deux futurs grands, JohnMc<strong>La</strong>ughlin et Zakir Hussain, s’uniss<strong>en</strong>t pourune formation phare d’un jazz pas <strong>en</strong>corequalifié de world music. L’un est Britannique,guitariste éclectique ; l’autre est Indi<strong>en</strong>,tablaïste virtuose. En rev<strong>en</strong>ir à Shakti, c’estaussi nécessairem<strong>en</strong>t repr<strong>en</strong>dre une leçond’étymologie. Shakti, l’énergie <strong>en</strong> sanskrit,ou plutôt sa version féminine… Et <strong>en</strong> musi-© Rune Mort<strong>en</strong>s<strong>en</strong>John Mc<strong>La</strong>ughlin et Zakir Hussain ont de la (bonne)mémoire.que, le tour de force de combiner musiqueshindoustanie et carnatique, jazz et rock. Unsiècle plus tard, les revoilà <strong>en</strong> piste avec deplus jeunes part<strong>en</strong>aires, dont Selvaganesh,percussionniste virtuose qui n’est autre quele fils de T.H. Vikku Vinayakram, le joueur deghatam à la fondation de Shakti, <strong>en</strong> 1975.L’histoire continue.J. D<strong>en</strong>isSalle Pleyel, 252 rue du faubourg Saint-Honoré,75008 Paris. Lundi 4 novembre à 20h.Tél. 01 42 56 13 13. Places : de 30 à 45 €.VAL D’OISEFESTIVALJazz au Filde l’OiseCoup d’<strong>en</strong>voi de la dix-huitième édition dufestival dirigé par Isabelle Mechali.Le violoncelliste Vinc<strong>en</strong>t Courtois, artiste invité <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce du festival Jazz au fil de l’Oise.Avant son grand lever de rideau du 8 novembreautour du jeune pianiste Thomas Encho,révélation 2013 du jazz français, le festivalqui voyage le long des méandres de l’Oises’ouvre prochainem<strong>en</strong>t, à pas feutrés, dansle cadre d’une soirée de prés<strong>en</strong>tation <strong>en</strong><strong>en</strong>trée libre à L’apostrophe. C’est Vinc<strong>en</strong>tCourtois, violoncelliste et « artiste invité <strong>en</strong>résid<strong>en</strong>ce » du festival pour cette édition2013 qui sera sur scène pour une ouvertureun duo avec le slameur et conteur camerounaisAndré Ze Jam Afane. Artiste singulier etintransigeant, Courtois nous conviera dansla suite du festival à deux autres r<strong>en</strong>dezvous: le 20 novembre pour un ciné-concertoù il accompagnera (<strong>en</strong> trio avec les saxophonistesDaniel Erdmann et Robin Fincker)le film Freaks (1932) de Ted Browning,avant la création de <strong>La</strong> Leçon des mots avecB<strong>en</strong>hjamin Moussay et de nouveau AndréZe Jam Afane le 29 novembre. Égalem<strong>en</strong>tatt<strong>en</strong>dus au fil de l’Oise et des semaines :le Trance Blues d’Otis Taylor, les chansonspour petites oreilles d’Elisa Caron, DavidLinx et le complice de ses débuts DiederikWissels <strong>en</strong> quartet, le Trio Joubran, EdouardFerlet et son magnifique « Think Bach », lejazz électrique et épique de Guillaume Perret,etc. A suivre !J.-L. CaradecL’apostrophe-Théâtre des Louvrais,place de la Paix, 95300 Pontoise. Samedi19 octobre à 18h30. Tél. 01 34 48 45 03.Entrée libre sur réservation.Puis du 8 novembre au 15 décembre auFil de l’Oise (Auvers-sur-Oise, Butry, Cergy,Courdimanche, etc…).© D. R.© D. R.maison de la musique de NanterreALGéRIE / KABYLIEIdirDeux concerts exceptionnels de la grandevoix de la culture kabyle à Nanterre.Le chanteur Idir, symbole de l’id<strong>en</strong>tité Kabyle.<strong>La</strong> maison de la musique de Nanterre prolongeson cycle « Algérie je t’aime » de la saison dernièreavec deux soirées <strong>en</strong> compagnie du poètetroubadour natif de Ait <strong>La</strong>hcène. Depuis le succèsmondial de sa chanson « A Vava Inouva »,véritable hymne aux montagnes de l’Atlas, Idirn’a jamais cessé de regarder le monde quil’<strong>en</strong>toure – celui des souv<strong>en</strong>irs mais aussi del’exil et de la r<strong>en</strong>contre de l’autre – avec uneprofondeur, une force et un tal<strong>en</strong>t qui font delui l’indiscutable ambassadeur artistique dela Kabylie. Deux projections de films <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>tces concerts : Les crooners de la Casbahde Michèle Collery éclaire à travers des imagesd’archives le tal<strong>en</strong>t et l’art singulier des chanteursjuifs séfarades d’Afrique de Nord desannées 50, dont Lili Boniche ou Salim Halili,(le 18/10 à 19h), et Mélodies de l’exil, film initiatiqueet de souv<strong>en</strong>irs de Mustapha Hasnaoui etMahmoud B<strong>en</strong> Mahmoud, évoque de grandesfigures musicales de leur <strong>en</strong>fance comme AkliYahiat<strong>en</strong> et Kamel Hamadi. J.-L. CaradecMaison de la Musique de Nanterre,8 rue des Anci<strong>en</strong>nes-Mairies, 92000 Nanterre.V<strong>en</strong>dredi 18 et samedi 19 octobre à 20h30.Tél. 01 41 37 94 21.BAGNOLETJAZZ / BIG BANDSurnaturalOrchestraCarte blanche au big band déjanté qui rassembleautour de lui le temps d’un week-<strong>en</strong>dquelques-uns de ses « <strong>en</strong>fants ».Le « Surnatural » réouvre son « atelier de créationd’un orchestre », expéri<strong>en</strong>ce pédagogique dirigée par<strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Gehant et Nicola Stephan, visant à donnernaissance à un orchestre d’élèves autonome.Le big band le plus agité, scénique et coloréde la scène française s’offre, dans le prolongem<strong>en</strong>tde son festival de printemps, une carteblanche au Théâtre de l’Echangeur de Bagnolet.<strong>La</strong> programmation s’organise autour dugrand concert de r<strong>en</strong>trée du Surnatural quiaura lieu le 26 octobre à 21h, avec, du samedià 14h30 au dimanche à 18h, une myriade degroupes amis qui se succèderont dans undésordre chaleureux et alternatif, balayantRéagissez sur www.journal-laterrasse.frRejoignez-nous sur Facebooket soyez informés quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t© D. R.© Jérôme Tisserandtous les mondes sonores (funk, jazz, rock,classique, free, etc). A l’affiche : Alcool, TangoLéon, <strong>La</strong> Soustraction des Fleurs, Trio Bartok,Hyperactive Leslie etc… J.-L. CaradecThéâtre de l’Echangeur, 59 av. du Général-de-Gaulle, 93170 Bagnolet. Samedi 26 et dimanche27 octobre de 10 à 23h. Tél. 01 43 62 71 20.ELANCOURTJAZZDAVE HOLLANDEntre fusion raffinée, blues moderne et groovevirtuose, le nouveau quartette d’un contrebassistede lég<strong>en</strong>de.« Prism », le disque du répertoire qu’il déf<strong>en</strong>d cetautomne sur scène vi<strong>en</strong>t de sortir sur son proprelabel, Dare2 Records.Comme beaucoup de pièces maîtresses dujazz, il est passé par l’école Miles Davis, la plusprestigieuse, la plus exigeante, la plus dingue.A la fin des années 60, il contribua à deux desdisques électriques les plus flamboyants dutrompettiste américain : Filles de Kilimanjaroet In a Sil<strong>en</strong>t Way. Depuis le contrebassiste britanniquea conservé deux des valeurs cardinalesde son maître : ne jamais se reposer surses lauriers et s’accompagner des meilleursmusici<strong>en</strong>s. C’est chose faite avec son quartette« Prism » qui résonne comme une exploration<strong>en</strong>diablée de l’art du groove s<strong>en</strong>sible. À sescôtés, on retrouve tout bonnem<strong>en</strong>t la crèmede la crème de la scène américaine : le pianisteCraig Taborn, le guitariste Kevin Eubanks et lebatteur Eric Harland.M. DurandLe Prisme, quartier des 7 Mares,78990 Elancourt. Mardi 5 novembre à 21h.Tél. 01 30 51 46 06. Places : 21 à 26 €.scène WATTEAUJAZZMARC RIBOTMarc Ribot revi<strong>en</strong>t avec ce trio qui traversetoute l’âme de la musique américaine.Le guitariste Marc Ribot demeure aux avant-postes.À l’heure où beaucoup song<strong>en</strong>t à la retraite,le guitariste new-yorkais continue d’explorerles pistes du jazz libre comme dans sesvertes années. C’est le cas avec le CeramicDog, un power trio que <strong>La</strong>urie Anderson qualifiade « messe avec une énergie irradiante ».Pareilles s<strong>en</strong>sations peuv<strong>en</strong>t s’appliquer à laformule qui l’associe au batteur percussionnisteChad Taylor et au bassiste violon(cell)© Mark Higashino© Barbara Rigon© D. R.© D. R.iste H<strong>en</strong>ry Grimes, un trio habité par l’espritd’Albert Ayler, époque Spiritual Unity. À la clef,impressions dés<strong>en</strong>chantées et improvisations<strong>en</strong>diablées, <strong>en</strong>tre blues-folk abyssal et fre<strong>en</strong>oisy freaky. Au détour d’un rhythm’n’bluesmade in Bayou, on peut même apercevoir lespectre de Tom Waits, autre électron prochede la sphère Ribot.J. D<strong>en</strong>is<strong>La</strong> Scène Watteau, place du Théâtre,94130 Nog<strong>en</strong>t-sur-Marne. V<strong>en</strong>dredi 11 octobreà 20h30. Tél. 01 48 72 94 94. Places : de 7 à 20 €.STUDIO DE L’ERMITAGEJAZZ VOCAL / BRéSILMônica PassosUne musique franco-brésili<strong>en</strong>ne aux modulationsimmémoriales.<strong>La</strong> toujours spectaculaire Mônica Passos au Studiode l’Ermitage.Elle conjugue avec originalité le jazz brésili<strong>en</strong>,les musiques du monde et sa poésie d’exilfrançaise, aimant jouer de la voix et de lascène, des rythmes et des onomatopées, deslarges tessitures et des timbres habités. Sonscat planant emprunte certes beaucoup à labossa et la samba, mais surtout à un lyrismeaussi céleste que charnel.V. FaraStudio de l’Ermitage, 8 rue de l’Ermitage,75020 Paris. Mercredi 16 octobre à 20h30.Tél. 01 44 62 02 86. Places : 8 et 12 €.SUNSETJEUNE PUBLICJazz et goûterDu jazz familial le dimanche à 16h pour les<strong>en</strong>fants à partir de 3 ans.Manu Le Prince fête Hallowe<strong>en</strong> dans l’édition du 3novembre des concerts « Jazz et goûter » du Sunset !Ce concept novateur qui vise à s<strong>en</strong>sibiliser lejeune public au jazz connaît depuis quatre ansun grand succès. <strong>La</strong> recette, simple et savoureuse,est tout <strong>en</strong>tière dans le titre : dans uneatmosphère conviviale, des musici<strong>en</strong>s de hautniveau propos<strong>en</strong>t des concerts dans un espritludique, pédagogique et interactif à l’heure dugoûter. Prochains r<strong>en</strong>dez-vous : la chanteuseSusanna Bartilla pour un hommage à WaltDisney <strong>en</strong>tourée d’un quintette où l’on distingueraAlain Jean-Marie au piano (le 20/10), lapianiste Ramona Horvath <strong>en</strong> trio dans le répertoired’Oscar Peterson (le 27/10), la chanteuseManu Le Prince dans un m<strong>en</strong>u musical spécial« Hallowe<strong>en</strong> » (le 3/11), la chanteuse RaphaëleAtlan pour un hommage à Nina Simone (le10/11), etc. J.-L. CaradecSunset, 60 rue des Lombards, 75001 Paris.Tous les dimanche à 16h. Tél. 01 40 26 46 60.recruteétudiantsétudiantesPour distribuer devant les salles de concertet de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.Disponibilité quelques heures par mois.Tarif horaire : 9,43 €/brut+ 2 € net d’indemnité de déplacem<strong>en</strong>tEnvoyer photocopies carte d’étudiant+ carte d’id<strong>en</strong>tité+ carte de sécu et coordonnées àemail : la.terrasse@wanadoo.frObjet : recrutem<strong>en</strong>t étudiantétudiantsétudiantesavec voiturePour distribuer devant les salles de concertet de théâtre le soir à 18 h 30 et 19 h 30.Tarif horaire : 13 €/brut+ 6 € d'indemnité de carburantemail : la.terrasse@wanadoo.frObjet : recrutem<strong>en</strong>t étudiant/voitureTél. 01 53 02 06 60www.journal-laterrasse.frFax : 01.43.44.07.08.E-mail : la.terrasse@wanadoo.frDirecteur de la publicationDan AbitbolRédactionOnt participé à ce numéroThéâtre Gwénola David, éric Demey,Manuel Piolat Soleymat, Catherine Robert,Agnès SantiDanse Marie Chavanieux, Gwénola David,Nathalie YokelMusique classique et opéraJean Lukas, Jean-Guillaume Lebrun,Anh-Tuan Nguy<strong>en</strong>, Antoine PecqueurJazz -musiques du monde chansonJean-Luc Caradec, Jacques D<strong>en</strong>is,Mathieu Durand, Vanessa FaraDirecteur délégué des rubriquesclassique /jazz et du hors-sérieAvignon-<strong>en</strong>-scènesJean-Luc CaradecResponsable des part<strong>en</strong>ariatsclassique / opéraEmmanuel CharletSecrétariat de rédactionAgnès SantiMaquetteLuc-Marie Bouët 01 42 71 12 64Conception graphiqueAgnès Dahan Studio, ParisWebmaster : Ari AbitbolDiffusion : Nicolas KapetanovicImprimé par : Coldset Printing PartnersGroot-Bijgaard<strong>en</strong> – BelgiquePublicité et annonces classées au journalTirageCe numéro est distribué à 80 000 exemplaires.Déclaration de tirage sous la responsabilitéde l’éditeur soumise à vérification de l’OJD.Dernière période contrôlée année 2012,diffusion moy<strong>en</strong>ne 75 803 ex.Chiffres certifiés sur www.ojd.comÉditeur : SAS Eliaz éditions,4, av<strong>en</strong>ue de Corbéra 75012 Paristél. 01.53.02.06.60. – Fax : 01.43.44.07.08.E-mail : la.terrasse@wanadoo.fr<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> est une publication de la sociétéSAS Eliaz éditions.Présid<strong>en</strong>t : Dan Abitbol – I.S.S.N 1241 - 5715Toute reproduction d’articles, annonces, publicités,est formellem<strong>en</strong>t interdite et <strong>en</strong>gage les contrev<strong>en</strong>antsà des poursuites judiciaires.ouiNom :Prénom :Adresse :Code postal :Ville :téléphone :abonnez-vous !L’abonnem<strong>en</strong>t 1 an,soit 11 numéros de date à date59€Pays zone Europe : 89 ePays autres zones : 99 eSommaire complet sur www.journal-laterrasse.frEmail :213LE JOURNAL DE RÉFÉRENCEDES ARTS VIVANTSOCTOBRE 2013LA TERRASSE4 av<strong>en</strong>ue de Corbéra 75012 ParisTél : 01 53 02 06 60 / Fax : 01 43 44 07 08la.terrasse@wanadoo.frParu le 2 octobre 2013Prochaine parution (Novembre) le 30 octobre 201321 e saison / 80 000 exemplairesAbonnem<strong>en</strong>t p. 71 / Sommaire p. 2Directeur de la publication : Dan Abitbolwww.journal-laterrasse.frDANSETRISHA BROWNDiverses pièces emblématiquesdanse post-moderne américaine,à (re)découvrir. p. 48CIRQUEje m’abonne à la terrasse pour 59 €Écrire <strong>en</strong> lettres capitales, merciCoupon à retourner à<strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong>, service abonnem<strong>en</strong>t, 4 av<strong>en</strong>ue de Corbéra - 75012 Paris.Commander par téléphone au 01 53 02 06 60Je règle aujourd’hui la somme deCi-joint mon règlem<strong>en</strong>t par© Stéphanie BergerEXCEPTIONNEL p. 55HORS-SÉRIE SPÉCIALMUSIQUE CONTEMPORAINEParutions décembre 2013 et janvier 2014THÉÂTRECRÉATIONSÀ FOISON© Elisabeth CarecchioJAZZ / MUSIQUES DU MONDELES ENFANTSDU JAZZDistingué au cours de l’été 2012 au Concoursde Jazz de la Déf<strong>en</strong>se, le groupe PJ5 du guitaristeet compositeur Paul Jarret incarne la tout<strong>en</strong>ouvelle génération du jazz français. p. 69FOCUSSAISON 2013 /14LES GÉMEAUX,SCÈNEEMBLÉMATIQUELe Théâtre Les Gémeaux à Sceaux proposeune programmation de haute t<strong>en</strong>ue pardes créateurs qui questionn<strong>en</strong>t le monde,aiguis<strong>en</strong>t la p<strong>en</strong>sée et le regard. p. 34LES COLPORTEURS 7 NOV - 29 DÉCLE BAL DES INTOUCHABLESTextes du répertoire ou créations <strong>en</strong> prise directeavec notre monde, nos critiques d’octobre explor<strong>en</strong>ttoutes les pistes : Illuminations, Please Continue (Hamlet),L’École des Femmes, Nana, Au Monde, Les Marchands,Perturbation, Et jamais nous ne serons séparés,Roméo et Juliette…. A vous de voir ! p. 4CLASSIQUE / OPÉRAAUTOMNE SURTOUS LES TONSWeek-<strong>en</strong>d baroque à Royaumont, Pintschernouveau directeur musical de l’EIC, Chaillydans Brahms, Gatti dans Tchaikovski, MatanPorat et la Folle Nuit à Gaveau, Bo Skovhus(photo) <strong>en</strong> récital à Bastille, etc. p. 53villette.combulletin d’abonnem<strong>en</strong>t chèque CCP mandat à l’ordre de <strong>La</strong> <strong>Terrasse</strong> LA TERRASSE 213Imprimez aussi notre formulaire d’abonnem<strong>en</strong>t sur www.journal-laterrasse.fr© Balmer & Dixon


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