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LA QCD A L'OEUVRE : des hadrons au plasma - Cenbg - IN2P3

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L'INSTITUT NATIONAL DE PHYSIQUE NUCLEAIRE ET DE PHYSIQUE DES PARTICULES DU CNRSen collaboration avec<strong>LA</strong> DIRECTION DES SCIENCES DE <strong>LA</strong> MATIERE DU CEA,LE FONDS NATIONAL DE <strong>LA</strong> RECHERCHE SCIENTIFIQUE DE BELGIQUEET LE SERVICE DE PHYSIQUE NUCLEAIRE DU CEA/DAMECOLE JOLIOT-CURIEDEPHYSIQUE NUCLEAIRE2005<strong>LA</strong> <strong>QCD</strong> A L’ŒUVRE : DES HADRONS AU P<strong>LA</strong>SMAP. AURENCHEO. PENEF. GULMINELLIB. MOUSSAL<strong>LA</strong>MJ.-M. LE GOFFR. GRANIER DE CASSAGNACC. ROYP. DUPIEUX


ECOLE INTERNATIONALE JOLIOT-CURIEDE PHYSIQUE NUCLEAIREM<strong>au</strong>buisson, France24ème session, 11-17 Septembre 2005L'Institut National de Physique Nucléaire et de Physique <strong>des</strong> Particules du CNRSen collaboration avecLa Direction <strong>des</strong> Sciences de la Matière du CEA,le Fonds National de la Recherche Scientifique de Belgiqueet le Service de Physique Nucléaire du CEA/DAM<strong>LA</strong> <strong>QCD</strong> A L’OEUVRE : DES HADRONS AU P<strong>LA</strong>SMAP. AURENCHEO. PENEF. GULMINELLIB. MOUSSAL<strong>LA</strong>MJ.-M. LE GOFFR. GRANIER DE CASSAGNACC. ROYP. DUPIEUX


Conseil ScientifiqueG. BELIER (CEA Bruyères-Le-Châtel), B. B<strong>LA</strong>NK (CEN Borde<strong>au</strong>x), P. BONCHE (CEA Saclay),B. CHEYNIS (IPN Lyon), J. CUGNON (U Liège), G. DE FRANCE (GANIL Caen), P.DESSAGNE (IPHC Strasbourg), P. DUPIEUX (LPC Clermont), Ch. FINCK (SUBATECHNantes), M. GUIDAL (IPN Orsay), P.-H. HEENEN (UL Bruxelles), D. <strong>LA</strong>CROIX (LPC Caen), V.<strong>LA</strong>POUX (CEA Saclay), C. LECLERCQ-WIL<strong>LA</strong>IN (UL Bruxelles), A. LEFEBVRE (CSNSMOrsay), P. LELEUX (UC Louvain), D. LHUILLIER (CEA Saclay), J.-F. MATHIOT (LPCClermont), J.-Y. OLLITRAULT (CEA Saclay), M.-G. PORQUET (CSNSM Orsay), N. REDON(IPN Lyon), G. ROYER (SUBATECH Nantes), G. RUDOLF (IPHC, Strasbourg), C. SEMAY (UMons), B. SILVESTRE-BRAC (LPSC Grenoble), O. SORLIN (GANIL Caen), C. VOLPE (IPNOrsay).Comité d'OrganisationB. CHEYNIS, Ch. FINCK, M. GUIDAL, D. LHUILLIER, M.-G. PORQUET, C. SEMAY,B. SILVESTRE-BRAC


Cours enseignés <strong>au</strong>x précédentes sessions de l’Ecole Joliot-Curie de Physique Nucléaire :1982 : COLLISIONS NUCLEAIRES AUX ENERGIES VOISINES DE L'ENERGIE DE FERMIH. Flocard, J. Hüfner, J. Richert, B. Tamain, R. Babinet, J. Cugnon, D. Guerre<strong>au</strong>, C. Guet, J. Menet,H. Pirner1983 : STRUCTURE NUCLEAIRE AUX FRONTIERES DE <strong>LA</strong> STABILITEJ.-P. Blaizot, M. Epherre, C. Mah<strong>au</strong>x, M. Meyer, H. Sergolle, Z. Szymanski, S. Della Negra,J. Delorme, S. Gales, D. Gogny, B. Haas, J.-P. Vivien.1984 : MESONS, BARYONS, QUARKS ET PHYSIQUE NUCLEAIREB. Desplanques, B. Frois, U. Gastaldi, E. Predazzi, G. Ripka, J. Arvieux, J.-J. Aubert, M. Ericson,G. London, B. Vignon.1985 : <strong>LA</strong> MATIERE NUCLEAIRE DANS TOUS SES ETATSP. Bonche, J. Cugnon, R. Babinet, J.-F. Mathiot, L. Van Hove, M. Buenerd, J. Galin, M.-C. Lemaire,J. Meyer.1986 : SYMETRIES ET PHYSIQUE NUCLEAIREP. Depommier, S. Gales, Nguyen Van Giai, P. Guichon, P. Schuck, D. Goutte, M. Vergnes,M. Avenier, P. Hubert, G. Girardi, B. Loise<strong>au</strong>.1987 : AU-DE<strong>LA</strong> DU CHAMP MOYENK. Dietrich, G.-J. Wagner, C. Grégoire, X. Campi, B. Silvestre-Brac, S. Platchkov, B. Mayer,Y. Abgrall, O. Bohigas, P. Grangé, C. Signarbieux.1988 : a/ INSTRUMENTATION EN PHYSIQUE NUCLEAIRE ET PHYSIQUE DES PARTICULESF. S<strong>au</strong>li, V. Comparat, M. Suffert, J. Séguinot, P. Farthouat, R. Wigmans, B. Equer, D. L'Hôte,L. Fayard, H. Vide<strong>au</strong>, J.-M. Durand, A. Boudart, H. Fanet, F. Bourgeois, D. Perret-Gallix,L. Gonzalez-Mestres (en vente <strong>au</strong>x éditions de Physique, Paris)b/ <strong>LA</strong> RECHERCHE DU P<strong>LA</strong>SMA DE QUARKS ET DE GLUONS : LES COLLISIONS D'IONSLOURDS ULTRARE<strong>LA</strong>TIVISTES - ANALYSE MULTIDIMENSIONNELLEJ.-P. Blaizot, J.-N. Capdevielle, A. Capella, J. Gosset, G. Land<strong>au</strong>d, P. Lutz, A. Morel, B. Pire,D. V<strong>au</strong>therin.1989 : NUCLEONS DANS LE NOYAU, MAIS ENCORE...P. Grangé, J.-F. Mathiot, M. Ericson, H.-J. Pirner, M. Roy-Stephan, J. Delorme, R. Frascaria,S. Gales, A. Magnon, M. Arnould.1990 : <strong>LA</strong> PHYSIQUE NUCLEAIRE DU <strong>LA</strong>BORATOIRE AUX ETOILESN. Prantzos, M. Arnould, E. Schatzman, J.-P. Thib<strong>au</strong>d, P. Descouvemont, J.-P. Dufour, P. Quentin,E. Sur<strong>au</strong>d, R. Schaeffer.1991 : LES NOYAUX EN PLEINES FORMESZ. Szymanski, P.-H. Heenen, J.-F. Berger, K. Heyde, B. Haas, R. Janssens, D. Paya, D. Gogny,G. Huber, S. Bj∅rnholm, M. Brack.1992 : MATIERE HADRONIQUE OU...AUJOURD'HUI ET DEMAIN AVEC LES ELECTRONSV. Breton, H. Fonvieille, B. Frois, R. Van de Vyver, G. Smadja, J. Martino, J.-P. Blaizot, J.-F. Mathiot,P. Vernin, X. Artru, J. Remillieux1993 : LES NOYAUX EN 1993 : une nouvelle façon d'existerJ. Meyer, G. Sletten, S. Gales, A. Mueller, D. V<strong>au</strong>therin, J.-P. Dufour, P. Armbruster, B. Tamain,P. Leleux, M. Belakhovsky.


1994 : PHYSIQUE NUCLEAIRE INSTRUMENTALE : <strong>des</strong> éléments pour un bon choixCh. Bourgeois, J.-M. Brom, Y. El Masri, W. Mittig, D. L'Hôte, J.-P. Didelez, P. Desesquelles,F. Hannachi, G. Fournier, M. Maire, L. Valentin.1995 : NOYAUX EN COLLISONSR. Balian, B. Rem<strong>au</strong>d, E. Sur<strong>au</strong>d, D. Durand, A. Gobbi, J. Cugnon, O. Drapier, J. Govaerts, R. Prieels.1996 : PRODUCTION D'ENERGIE NUCLEAIRE ET TRAITEMENT DES DECHETS : <strong>des</strong> filièresd'<strong>au</strong>jourd'hui <strong>au</strong>x solutions innovantesJ.-P. Dufour, G. Barre<strong>au</strong>, P. Reuss, J. Cugnon, J. Fréh<strong>au</strong>t, Y. Quéré, H. Métivier, J.-P. Schapira,J.-M. Cavedon, M. Delpech, J.-M. Loise<strong>au</strong>x, J.-M. Lagniel, S. Leray.1997 : STRUCTURE NUCLEAIRE : un nouvel horizonJ.-F. Mathiot, J.-P. Blaizot, A. Poves, P.-H. Heenen, Ph. Chomaz, P. Van Duppen, N. Orr, B. Gall,W.R. Phillips, P. Hello1998 : MATIERE HADRONIQUE : de la structure du nucléon <strong>au</strong> déconfinement <strong>des</strong> quarksM. Knecht, P. Guichon, J.-Y. Ollitr<strong>au</strong>lt, C. Cavata, H.-J. Pirner, S. Kox, G. Chanfray, C. Kuhn,M. Gonin, O. Sorlin1999 : NOYAU, CHAMP ET CORTEGECh. Leclercq-Willain, C. Rouyer, D. Lunney, J. Kiener, F. Le Blanc, J.-F. Chemin, V. Méot,G. Neyens, M.-G. Porquet, Ph. Moretto2000 : ASTROPHYSIQUE NUCLEAIRE : du microcosme nucléaire <strong>au</strong> macrocosme astrophysiqueM. Arnould, J. Meyer, G. Audi, N. Orr, C. Volpe, O. Sorlin, S. Goriely, P. Descouvemont,P. Leleux, B. Cordier, B. Degrange.2001 : PHYSIQUE NUCLEAIRE INSTRUMENTALE : "de la mesure à la grandeur physique"S. Hustache Ottini, D. Buskulic, J. Bouchez, E. Nappi, H. Savajols, M. Guidal, J. Pouthas, G. Duchêne,T. Pussieux, M. Loiselet, P. Salati2002 : LES NOYAUX EXOTIQUES : "un <strong>au</strong>tre regard sur la structure nucléaire"J. Dobaczewski, Y. Blumenfeld, H. Flocard, M.J. Garcia Borge, F. Nowacki, S. Rombouts, C. Theisen,F.M. Marquès, D. Lacroix, P. Dessagne, A. Lopez-Martens, H. Gaeggeler2003 : L'INTERACTION FAIBLE : l'histoire continue…J. Martino, J.-M. Frère, O. Naviliat-Cuncic, C. Volpe, J. Marte<strong>au</strong>, D. Lhuillier, D. Vign<strong>au</strong>d,R. Legac, J. Bartlett.2004 : LES RAYONNEMENTS ET LE VIVANTP. Andrey, L. Lacroix, A. Chétioui, N. G<strong>au</strong>lt, R. Ferrand, M. Ricard, I. Buvat, F. Lethimonier,C. Comtat.Ces cours peuvent être consultés dans les bibliothèques <strong>des</strong> laboratoires de l’<strong>IN2P3</strong>, du CEA, duFNRS belge et <strong>au</strong> CERN. Les cours 2001, 2002 et 2003 et 2004 encore disponibles peuvent êtreobtenus sur demande <strong>au</strong>près de :Pascale CHAMBONCEN Borde<strong>au</strong>xBP 12033175 GRADIGNAN Cedex - France 05 57 12 08 49E-mail : chambon@cenbg.in2p3.fr


TABLE DES MATIERESAVANT-PROPOSM.-G. PORQUET<strong>LA</strong> <strong>QCD</strong> ET SON HISTOIRE : PARTONS D’UN BON PIEDP. AURENCHE 1<strong>LA</strong> <strong>QCD</strong> SANS PEINEO. PENE 61TRANSITIONS DE PHASE : DE <strong>LA</strong> LIMITE THERMODYNAMIQUE AUX SYSTEMESFINISF. GULMINELLI 105SYMMETRIE CHIRALE EN <strong>QCD</strong> ET THEORIE EFFECTIVE DE BASSE ENERGIEB. MOUSSAL<strong>LA</strong>M 137THE STRUCTURE OF HADRONSJ.-M. LE GOFF 167QGP : SONDES PREDITES ET ETUDIEES AU SPSR. GRANIER DE CASSAGNAC 221UNE MATIERE SOUS CONDITIONS EXTREMES AUX ENERGIES RHIC OU LEFLUIDE ETAIT PRESQUE PARFAITC. ROY 261L’ETUDE DU QGP AU LHCP. DUPIEUX 303SEMINAIRES JEUNES 333LISTE DES PARTICIPANTS 345


AVANT-PROPOSLa rédaction de ces quelques lignes marque l'achèvement de ce volume maintenant prêt àpartir à la reprographie. Son <strong>au</strong>teure en éprouve un net soulagement : jusqu'à ladernière minute, elle se demande si les orateurs - qui ont déjà fait, <strong>au</strong> moment de l'été,un immense travail pour la préparation de leur prestation orale - trouverontsuffisamment de temps pour écrire "noir sur blanc" (et en couleur, pour la versionélectronique) ces cours dont le succès est toujours indéniable ! Au nom de tous (et enparticulier <strong>des</strong> futurs lecteurs, les étudiants qui commenceront un travail de thèse surces sujets <strong>au</strong> cours <strong>des</strong> prochaines années), je tiens donc à remercier tous les orateursde l'Ecole 2005 pour avoir, pour la plupart, pris sur leur temps de vacances, afin que les"copies" soient toutes rendues en ce début d'année 2006.Sept ans après la session "Physique hadronique : de la structure du nucléon <strong>au</strong>déconfinement <strong>des</strong> quarks", le conseil scientifique de l'Ecole a choisi de garder lesmêmes contours. Il était temps de faire le point sur les avancées de ces dernièresannées, tant à propos <strong>des</strong> propriétés <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> que du <strong>plasma</strong> quark-gluon. Comme àl'accoutumée les discussions ont été animées, <strong>au</strong>ssi bien en fin de chaque cours quependant les deux séances générales.La quasi-totalité <strong>des</strong> étudiants s'étant portés volontaires pour présenter brièvementleur trav<strong>au</strong>x, nous avons du jouer les prolongations en ajoutant, <strong>au</strong>x trois séances déjàprévues dans l'emploi du temps, deux séances après dîner. Les résumés de cesséminaires sont rassemblés en fin de volume.La dernière soirée a été consacrée à "la diffusion scientifique <strong>au</strong>près du grand public".Joël Martin (Dapnia, CEA Saclay) a débuté par une brève présentation, faite avec brioet enthousiasme, de son expérience et de ses réflexions sur le sujet, puis il a animé lesdiscussions qui, espérons-le, ont montré à chacun l'importance d'une telle démarche.D'ailleurs, deux jours <strong>au</strong>paravant, Bernard Silvestre-Brac (LPSC, Grenoble) avaitprésenté une conférence grand-public devant <strong>des</strong> vacanciers venus en grand nombrepour passer la soirée "la tête dans les étoiles" ! Cette intervention, décidée <strong>au</strong> pied levé(merci encore à Bernard), a fait suite à une conversation entre vacanciers et collèguesde l'Ecole.Cette année l'Ecole a retrouvé ses racines en revenant dans son lieu historique, la côteatlantique, dans la résidence "Arts & Vie" de M<strong>au</strong>buisson : nous remercions sondirecteur et tout le personnel pour les excellentes conditions matérielles dont nousavons bénéficié pendant notre séjour. Nous sommes également très redevables àl'équipe de la Formation Permanente de l'<strong>IN2P3</strong> qui s'occupe efficacement de tous lesaspects financiers nécessaires à la tenue de l'Ecole.Je termine ces propos en insistant sur le rôle primordial de Pascale Chambon (CENBG,Borde<strong>au</strong>x) : sans jamais se départir de sa bonne humeur, elle assure avec compétence lesecrétariat de l'Ecole. Nous tous (moi, la première …) profitons du fruit de sa longueexpérience qu'elle enrichit <strong>au</strong> fil <strong>des</strong> ans.Marie-Geneviève Porquet


Vous trouverez l'ensemble de ces cours, avec leurs figures en couleur, sur le siteInternet de l'Ecole :http://www.cenbg.in2p3.fr/joliot-curie


La <strong>QCD</strong> et son histoire : partons d’un bon pied!P. Aurenche 11. Laboratoire d’Annecy-le-Vieux de Physique Théorique <strong>LA</strong>PTH, ∗B.P. 110, F-74941 Annecy-le-Vieux Cedex, FranceRésuméOù l’on parle très brièvement <strong>des</strong> modèles d’interactions fortes <strong>des</strong> années ’60-’70et <strong>des</strong> différents ingrédients qui constituent ce qu’il est convenu d’appeler la ChromodynamiqueQuantique (<strong>QCD</strong>) perturbative : modèle <strong>des</strong> partons, le lagrangien <strong>QCD</strong>, libertéasymptotique, violations d’invariance d’échelle. On mentionne quelques applications.AbstractThe strong interaction models of the years 1960-1970 are briefly presented. The basicsof perturbative Quantum Chromodynamics (<strong>QCD</strong>) are then introduced: parton model,the <strong>QCD</strong> lagrangian, renormalisation, asymptotic freedom, scaling violations. Some phenomenologicalapplications are discussed.∗ UMR5108 du CNRS, associée à l’Université de Savoie.1


Je remercie le comité d’organisation pour le titre plein d’humour sur un sujet très à lamode cette année. La suite de l’exposé n’est pas à la h<strong>au</strong>teur et <strong>au</strong>cune trace d’humourne peut y être décelée.Après avoir brièvement rappelé les modèles pré-<strong>QCD</strong> en vogue pour d’écrire la structuredu nucléon (modèle <strong>des</strong> quarks) et la diffusion à h<strong>au</strong>te énergie (pôles de Regge etmodèles du<strong>au</strong>x) on se tourne vers le modèle <strong>des</strong> partons naïf (le titre oblige!) sur lequelrepose la <strong>QCD</strong> perturbative. L’invariance de j<strong>au</strong>ge et le lagrangien <strong>QCD</strong> font l’objetde la troisième section, suivie d’une présentation succinte de la renormalisation et de sesconséquences (couplage mobile et liberté asymptotique de <strong>QCD</strong>). La violation d’invarianced’échelle <strong>des</strong> distributions de partons dans les <strong>hadrons</strong> est ensuite discutée avant de conclurepar quelques applications à la diffusion hadronique à h<strong>au</strong>te énergie. Il existe de trèsnombreuses revues et livres sur la chromodynamique quantique [1, 2].1 Les interactions fortes : ère pré-<strong>QCD</strong>Au début <strong>des</strong> années 1930, les noy<strong>au</strong>x apparaissent formés de protons et de neutrons.Ces derniers sont considérés, avec l’électron, comme les constituants élémentaires dela matière. La dimension caractéristique du noy<strong>au</strong> d’un atome est de l’ordre de 10 −14mètre. La quatrième particule fondamentale est le photon, médiateur <strong>des</strong> interactionsélectromagnétiques.Le pion a été imaginé par Hideka Yukawa en 1935, pour expliquer la stabilité du noy<strong>au</strong><strong>des</strong> atomes qui <strong>au</strong>rait dû se désintégrer sous l’effet de la force électromagnétique répulsive :le pion est le porteur de la force nucléaire forte qui lie protons et neutrons. Sa masse étaitestimée à 200 m e . Il a été observé en 1947 à Berkeley par C. Powell et al. L’interactionentre proton, neutron, pion est dite forte par opposition <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres interactions identifiées :électromagnétique et faible sans parler de l’interaction gravitationnelle.La fin <strong>des</strong> années 1940 et les années 1950 voient le développement <strong>des</strong> accélérateursde particules (synchrocyclotron, puis synchrotron) avec, en particulier, le Bevatron àBerkeley (énergie de 6,2 GeV) qui permet la découverte de l’antiproton et de ”résonances”particules à courte durée de vie. Les grands accélérateurs ont été par la suite les princip<strong>au</strong>xinstruments de découverte en physique <strong>des</strong> particules.Au début <strong>des</strong> années 1960 on avait découvert une centaine de ”particules élémentaires”sensibles à l’interaction forte : les <strong>hadrons</strong>. Ces particules sont réparties en deux catégories :– les baryons (”lourd” ) dont le prototype est le proton ou le neutron : ce sont <strong>des</strong> particulesde spin demi-entier : 1/2, 3/2, .... Comme exemple de résonance on peut citer lebaryon ∆, de spin 3/2, se désintégrant en un proton et un pion;– les mésons (”moyen”) dont le prototype est le pion : particules de spin entier 0, 1, ....Comme exemples, on peut citer les mésons ρ et ω de spin 1.Vu leur nombre croissant, il était clair que ces <strong>hadrons</strong> ne pouvaient plus être considéréscomme ”élémentaires”. D’<strong>au</strong>tre part, un certain nombre d’expériences de diffusionmontraient que le proton n’était pas ponctuel mais avait une extension spatiale de l’ordrede 10 −15 mètre.2


Pour essayer d’établir un certain ordre dans l’accumulation <strong>des</strong> données expérimentales,deux approches complémentaires ont été suivies. La première a consisté à ”classer” les<strong>hadrons</strong> c’est à dire à en faire la spectroscopie. L’échelle d’énergie caractéristique associéeest de l’ordre de la masse <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>, soit approximativement le GeV † . Les dates et lesrésultats importants sont :– 1961-1962 : la voie octuple ”eightfold way” fondée sur le groupe de symétrie SU(3) (<strong>des</strong>aveur) par Y. Ne’eman [3] et M. Gell-Mann [4] ;– 1964 : le modèle <strong>des</strong> quarks proposé indépendamment par M. Gell-Mann [5] et S. Zweig ‡ [6].Le modèle <strong>des</strong> quarks est une réalisation explicite de la symétrie SU(3) de saveur.L’<strong>au</strong>tre approche suivie consiste à faire <strong>des</strong> expériences de diffusion <strong>au</strong>x plus h<strong>au</strong>tesénergies possibles pour ”casser” le hadron et ”libérer”, s’ils existent, ses constituants.C’est cette quête d’énergie toujours plus élevée qui motive la construction d’accélérateurs,puis de collisionneurs toujours plus puissants. Du point de vue théorique, deux voies ontété suivies :– dans les années 1960-1970, la ”matrice S” et les pôles de Regge [7], qui permettent de”comprendre” les collisions avec petits transferts d’énergie [9] ;– le modèle <strong>des</strong> partons par J.D. Bjorken [10] et R.P. Feynman [11], formulé en 1969-1972, faisant suite à la découverte, en 1968, de la structure granulaire du proton dans ladiffusion ep à l’accélérateur linéaire du S<strong>LA</strong>C par Friedman, Kendall, Taylor et al. [12].Les modèles de <strong>hadrons</strong> construits à partir <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de spectroscopie et diffusionà h<strong>au</strong>te énergie sont maintenant unifiées dans une théorie unique, la ChromodynamiqueQuantique (<strong>QCD</strong>), dont les bases ont été établies dans les années 1970 et 1980 avec la participationde très nombreux physiciens. On peut dire, en simplifiant, que la spectroscopieet la diffusion à h<strong>au</strong>te énergie à grand transfert correspondent à deux régimes différentsde la Chromodynamique Quantique : non perturbatif (voir le cours d’O. Pène) dans lepremier cas et perturbatif dans le deuxième. La <strong>QCD</strong> fait l’objet de très nombreusesrecherches, le but étant de calculer à partir d’un ensemble unique de paramètres de basede la théorie la quantité phénoménale d’observables expérimentales. Sera t’elle un jourprise en déf<strong>au</strong>t?1.1 La ”voie octuple”Au début <strong>des</strong> années 1960, Ne’eman et Gell-Mann proposent indépendamment une classification<strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> qui apparaissent comme éléments de représentations d’un groupede symétrie. Ce groupe, SU(3), est une généralisation du groupe de symétrie d’isospinintroduit par W. Heisenberg en 1932 pour exprimer le fait que l’interaction forte nedistingue pas le proton du neutron : ces derniers sont les deux états d’une même particule,le nucléon. Par analogie avec le spin, le nucléon d’isopsin 1/2 peut être dansun état d’isospin ”up” (I 3 = 1/2, proton) ou d’isospin ”down” (I 3 = −1/2, neutron).L’interaction forte ne peut distinguer ces deux états ce qui s’exprime mathématiquementpar l’invariance sous une rotation dans l’espace d’isospin, en conséquence de quoi l’isospin† Dans ces notes, les conventions habituelles sont sytématiquement utilisées, soit = c = 1, de sorteque la masse, l’impulsion et l’énergie ont la même dimension que l’on exprime en MeV ou en Gev.‡ dont le papier n’a jamais été publié sans doute pour c<strong>au</strong>se de trop grande originalité.3


est un nombre quantique conservé. Le groupe d’invariance associé est SU(2). Le nucléonappartient à la représentation fondamentale 2. Quant <strong>au</strong> pion (π + , π 0 , π − ) il appartientà la représentation adjointe denotée 3.Avec la découverte expérimentale <strong>des</strong> particules ”étranges” après 1947 et l’introductiond’un nouve<strong>au</strong> nombre quantique conservé, l’hypercharge Y = S + B, également relié à lacharge électrique Q par la relation Q = I 3 + Y/2, on peut ”naturellement” introduire legroupe d’invariance SU(3) et classer les <strong>hadrons</strong> dans les représentations de ce groupe. Les<strong>hadrons</strong> d’un même multiplet ont les mêmes spin, parité, parité C mais ils se distinguentpar la valeur de leur hypercharge et leur composante d’isospin. On observe que les mésonspeuvent être classés dans les représentations singulet 1 ou octet 8 alors que les baryonssont tous dans les représentations octet 8 ou décuplet 10. Des exemples de multipletssont donnés dans la fig. 1 (1 et 8 <strong>des</strong> mésons pseudos-scalaires) et la fig. 2 (8 du protonet 10 du baryon ∆ de spin J = 3/2).La symétrie SU(3) que l’on vient de discuter est dite symétrie de saveur. Cettesymétrie n’est pas exacte, en particulier parceque les particules d’un même multipletn’ont pas la même masse (m π − ∼ 139, 5702 MeV, m K ∼ 493, 68 Mev). On peut noter quela symétrie SU(2) d’isospin est également brisée, mais dans <strong>des</strong> proportions moindres,par les interactions électromagnétiques (m π − ∼ 139, 5702 MeV, m π 0 ∼ 134, 9766 MeV).(ds)K 01(us)K + π +(du)-1π -π 0η η '(ud)1l 3K -(su)-1Figure 1: Le nonet du pion, J P C = 0 −+ , de spin 0, de parité négative et de C-paritépositive. Les mésons η and η ′ sont <strong>des</strong> combinaisons linéaires d’une composante octet etd’une composante singulet. Le contenu en quarks est indiqué.K 0 (sd)y(udd)(uud)(ddd) (uuu)np∆− ∆ 0 ∆ + ∆ ++Σ − Σ 0 ΛΣ + Σ− Σ 0 Σ +l 3Ξ − Ξ 0Ξ − Ξ 0Ω −l 3l'octet du protonle décuplet du ∆Figure 2: L’octet du nucléon et le décuplet du baryon ∆. Le contenu en quarks est indiqué.4


1.2 Le modèle <strong>des</strong> quarks [13]Il était surprenant de voir que la représentation de plus basse dimension de SU(3), lareprésentation fondamentale ”triplet” 3, n’apparaissait pas. En 1964, Gell-Mann etindépendamment G. Zweig § introduisent le ”modèle <strong>des</strong> quarks”. Les quarks sont <strong>des</strong>particules hypothétiques qui sont justement membres de la représentation fondamentale3 de SU(3). Ces quarks sont caractérisés par les nombres quantiques suivants :– charge fractionnaire, exprimée en unité de −e, la charge de l’électron, : (2/3, -1/3, -1/3)– nombre baryonique : (1/3, 1/3, 1/3)– étrangeté : (0, 0, -1) et donc hypercharge (1/3, 1/3, -2/3).Ces trois quarks correspondent à trois saveurs (u, d, s) pour ”up”, ”down” et ”strange”.Les antiquarks sont dans la représentation conjuguée ¯3. La fig. 3 représente les multiplets<strong>des</strong> quarks et <strong>des</strong> antiquarks. Tous les <strong>hadrons</strong> connus pouvaient être construits à l’aide,YYd1/3u2/3s-1/21/2l 3-1/21/2l 3s-2/3u-1/3dquarksantiquarksFigure 3: Le triplet 3 du quark et l’anti-triplet ¯3 de l’anti-quark.– pour les mésons, d’une paire quark-antiquark (nombre baryonique = 0),– pour les baryons, de trois quarks (nombre baryonique =1).En termes mathématiques, les <strong>hadrons</strong> appartiennent à <strong>des</strong> représentations irréductibles,construites à partir de produits directs de la représentation fondamentale <strong>des</strong> quarks ouantiquarks. Ainsi puisque :3 ⊗ ¯3 = 8 ⊕ 1les mésons appartiennent à <strong>des</strong> 1 et 8, en accord avec l’expérience. Pour les baryons ona :3 ⊗ 3 ⊗ 3 = 10 ⊕ 8 ⊕ 8 ⊕ 1où la représentation 10 est totalement symétrique et le singulet 1 est totalement antisymétrique.A noter qu’<strong>au</strong>cun baryon n’appartient à la représentation 1 (voir plus bas).En tenant compte de la brisure de masse (quark s be<strong>au</strong>coup plus lourd que les quarksu et d) on arrive à comprendre, dans ce modèle, la masse <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> ainsi que leurpropriétés de désintégration. Un <strong>des</strong> succès incontestable du modèle est la prédiction dubaryon Ω − = (sss) (voir fig. 2) avant sa découverte expérimentale.§ G. Zweig les appelait les as.5


Du point de vue théorique ce modèle posait un problème : en effet la fonction d’onded’un baryon, construite à partir <strong>des</strong> fonctions d’onde <strong>des</strong> quarks, était symétrique paréchange de deux quarks ce qui est en contradiction avec la statistique de Fermi-Dirac.Pour résoudre ce problème, on introduit un nouve<strong>au</strong> nombre quantique [14], la couleur.Chaque quark existe en trois variétés de couleur (N c = 3), i = R, G, B, de sorte que l’ona⎛u = ⎝⎞u Ru G⎠ d =u B⎛⎝⎞d Rd G⎠ s =d B⎛⎝⎞s Rs G⎠s BA ce nouve<strong>au</strong> nombre quantique est associé le groupe de symétrie de couleur SU(3),quelquefois dénoté SU(3) c pour le distinguer de la symétrie SU(3) de saveur opérant surles u, d, s. Chaque quark est donc un triplet de couleur et on postule que les <strong>hadrons</strong> sont<strong>des</strong> 1 de couleur (les <strong>hadrons</strong> sont incolores et la couleur est donc une symétrie cachée).Ainsi la fonction d’onde du ∆ ++ , de spin J 3 = 3/2, est∆ ++ = √ 1)(u ↑ R 6 u↑ G u↑ B − u↑ R u↑ B u↑ G + u↑ B u↑ R u↑ G − u↑ B u↑ G u↑ R + u↑ G u↑ B u↑ R − u↑ G u↑ R u↑ Bqui est totalement antisymétrique sous une permutation <strong>des</strong> couleurs. De manière générale,la fonction d’onde du baryon est construite de façon qu’elle soit totalement antisymétriquedans l’espace <strong>des</strong> couleurs mais totalement symétrique en ce qui concerne le momentorbital ⊗ spin ⊗ saveur. On ”comprend” <strong>au</strong>ssi qu’il n’existe pas de baryon dans lareprésentation 1 de saveur, comme mentionné plus h<strong>au</strong>t, car sa fonction d’onde seraitglobalement symétrique, puisqu’antisymétrique à la fois dans l’espace <strong>des</strong> couleurs et <strong>des</strong>saveurs. Les mésons sont <strong>au</strong>ssi <strong>des</strong> singulets de SU(3) c , et leur fonction d’onde s’écrit, dupoint de vue de la couleurM = 1 √33∑i¯q i q ′ i = 1 √3(¯q R q ′ R + ¯q G q ′ G + ¯q B q ′ B)Les règles ci-<strong>des</strong>sus ”expliquent” pourquoi il n’existe pas d’états hadroniques [qq] ou[qq¯q] puisqu’ils ne sont pas <strong>des</strong> 1 de couleur, mais n’exclut pas l’existence d’états [qq¯q¯q],[qqq¯qq].Si la couleur est nécessaire pour la cohérence interne du modèle <strong>des</strong> quarks ellel’est également du point de vue expérimental comme on peut le voir en considérant ladésintegration du pion, π 0 → γγ via une boucle de quarks : sans la couleur le t<strong>au</strong>x dedécroissance serait un facteur N 2 c = 9 trop faible.Le modèle <strong>des</strong> quarks s’est enrichi <strong>au</strong> cours <strong>des</strong> années avec la découverte de 3 nouve<strong>au</strong>xéléments :– quark ”charmé” (m c ∼ 1, 15 à 1, 35 GeV) en 1974 dans une expérience e + e − → <strong>hadrons</strong><strong>au</strong> S<strong>LA</strong>C (B. Richter et al. [15]) et simultanément pp → <strong>hadrons</strong> (S. Ting et al. [16]) àBrookhaven ;– quark ”bottom” en 1977 à Fermilab par L. Lederman et al. [17] (m b ∼ 4, 5 GeV).Ces deux quarks ont été découverts sous forme d’états liés lourds, J/Ψ et Υ respectivement,de temps de vie anormalement long pour leur masse.6


– quark ”top” en 1994 à Fermilab par l’expérience CDF [18] et un peu plus tard par D0. Lamasse très élevée (m t ∼ 176 GeV) avait été estimée, par <strong>des</strong> calculs théoriques, sur la basedu résultat <strong>des</strong> expériences extrêment précises du LEP. Ceci a permis <strong>au</strong> directeur généraldu CERN, C. Llewellyn-Smith, de féliciter ses collègues de Fermilab d’avoir ”confirmé”l’existence du top déjà découvert <strong>au</strong> CERN!En résumé, les quarks apparaissent sous 6 saveurs différentes qui sont maintenantregroupées en trois ”générations”: (u, d), (c, s) et (t, b), chaque quark ayant trois couleurs.Question : Tous les <strong>hadrons</strong> entrent-ils dans la classification ci-<strong>des</strong>sus? La réponsen’est pas claire. Récemment, en particulier, les résultats d’expériences variées ont sembléindiquer l’existence de baryons n’étant pas constitués de 3 quarks mais plutôt de 5quarks : les pentaquarks [qqqq¯q]. Il semble cependant que cette année la significationde ces résultats se soit affaiblie. De même l’existence de mésons de type tetraquarks oubaryonium est mentionnée, ainsi que celle <strong>des</strong> mésons hybri<strong>des</strong> [qqg] ou de gluonium [19].1.3 Diffusion hadronique à h<strong>au</strong>te énergieSi le modèle <strong>des</strong> quarks permettait de comprendre la ”spectroscopie” <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> (masse,désintégration) il ne permettait pas de comprendre l’interaction entre <strong>hadrons</strong> dans lescollisions à h<strong>au</strong>te énergie. L’intérêt <strong>des</strong> expériences à <strong>des</strong> énergies toujours plus gran<strong>des</strong>est de ”sonder” les particules avec une résolution toujours plus fine (cf. les relationsd’incertitude de Heisenberg de type ∆x ∼ 0, 2 GeV·fm/∆E) et ainsi de ”voir” la structure<strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> à <strong>des</strong> échelles de longueur toujours plus petites.L’approche en vogue à l’époque est celle de la ”théorie de la matrice S” [7]. Les degrésde liberté fondament<strong>au</strong>x sont les <strong>hadrons</strong> eux-mêmes (et non d’hypothétiques constituants<strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>) et l’on s’intéresse à construire l’amplitude de diffusion A entre les <strong>hadrons</strong>.Elle est contrainte par les relations d’unitarité, de type Im A ∼ A 2 , et d’analyticité,Re A ∼ ∮ Im A. On étudie dans ce cadre les diffusions à (quasi-)deux corps du type :a + b → c + d (1.1)↓↓e + f g + hPour une réaction à deux corps, ignorant le spin, les variables cinématiques pertinentessont les variables de Mandelstam : le carré de l’énergie invariante s et le carré del’impulsion de transfert t. Tous les <strong>hadrons</strong> sont traités sur une base démocratique : ils apparaissentsoit comme particules fondamentales (entrantes ou sortantes dans la réaction)soit, à l’état virtuel, comme médiateurs de la force entre les particules. Dans cette approche,la diffusionπ + p → π + p (1.2)procède, par exemple, par production de résonance ∆ dans la voie s et échange de mésonρ dans la voie t, tandis que les réactionsπ + p → ρ + p (1.3)7


etπ + p → π + ∆ (1.4)procèdent par production de résonance ∆ dans la voie s et échange de π dans la voie t,pour la première, et nucléon N et ρ pour la seconde. A basse énergie le mécanisme deproduction de résonances domine tandis qu’à h<strong>au</strong>te énergie c’est celui d’échange de ”pôlesde Regge” qui décrit la diffusion [8, 9]. Dans ce dernier cas, l’amplitude de diffusion A(s, t)est exprimée comme la transformée de Mellin de l’amplitude dans le plan de momentangulaire complexe (omettant les détails de spin, parité, choix du contour, ...) :∫A(s, t) = dJ A(J, t) s J (1.5)Coù A(J, t) est paramétrée comme une somme de pôles de Regge dans le plan du momentangulaire complexe,A(J, t) = ∑ β i (t)J − αii (t) , (1.6)α i (t) = α i + α ′ t étant la trajectoire de Regge associée à la résonance i échangée dans lavoie t (α i l’intercept et α ′ la pente universelle) . Il en résulte que l’amplitude de diffusiona la forme asymptotique :A(s, t) ∼ ∑ iβ i (t) s α i(t) , s → grand, t fini. (1.7)Pour une diffusion élastique, <strong>au</strong>x énergies asymptotiques, la trajectoire dominante est lePomeron d’intercept 1. Cette approche a rencontré un très grand succès dans la <strong>des</strong>cription<strong>des</strong> réactions hadroniques exclusives dans le domaine s > 10 GeV 2 , t < 2 GeV 2 [9].Cette <strong>des</strong>cription de la diffusion hadronique, résonances à basse énergie et pôles deRegge à h<strong>au</strong>te énergie, a été unifiée de façon spectaculaire dans le modèle dual deG. Veneziano [20]. Pour une diffusion 2 → 2 de particules scalaires, l’amplitude estextrêmement simple,A(s, t) ∼ = B(−α(s), −α(t)) ==∫ 10dx x −α(s)−1 (1 − x) −α(t)−1Γ(−α(s)) Γ(−α(t))Γ(−α(s) − α(t))(1.8)qui peut être vue comme une somme infinie de résonances (de largeur nulle) dans la voie sou dans la voie t ‖ : ceci illustre la propriété de dualité à la base du modèle. De plus dansla limite t/s ≪ 1 et s → ∞ on retrouve le comportement à la Regge s α(t) . Cette formule aété généralisée par un grand nombre d’<strong>au</strong>teurs à la diffusion multiparticules. Nambu [21]et d’<strong>au</strong>tres ont remarqué que le spectre de résonances du modèle dual est le même quecelui <strong>des</strong> excitations d’une corde quantifiée. Mais il est apparu que, d’un point de vuethéorique, les modèles du<strong>au</strong>x [22] n’étaient cohérents qu’en 10 ou 26 dimensions suivant lescas considérés : ces conditions étaient nécessaires pour éliminer les états tachyoniques non Pour une résonance de masse m et de spin J la trajectoire de Regge correspondante satisfait àα(m 2 ) = J.‖ On rappelle que la fonction Γ(x) a un pôle ∀ x entier ≤ 0.8


physiques. Du fait de ces difficultés l’approche duale (ou de façon équivalente le modèle<strong>des</strong> cor<strong>des</strong>) a été presque complètement oubliée, à partir <strong>des</strong> années 1975-1980, commemodèle <strong>des</strong> interactions fortes <strong>au</strong> profit du ”modèle <strong>des</strong> partons” (voir section suivante)qui connut alors un essor spectaculaire et justifié. Cependant J. Scherk et J. Schwartz [23]avait montré, en 1974, que la théorie de la gravitation (<strong>au</strong>gmenté d’un champ scalaire)était la limite quand α ′ → 0 d’un modèle dual. Avec de nombreux développementsthéoriques le modèle <strong>des</strong> cor<strong>des</strong>, enrichi de la propriété de supersymétrie et ses extensions,est maintenant, de façon un peu trop hégémonique peut-être, considéré comme le candidatà l’unification de toutes les interactions. Il n’existe cependant actuellement <strong>au</strong>cune baseexpérimentale pour ces époustouflantes idées théoriques.1.4 La diffusion inélastique profonde à S<strong>LA</strong>CPendant qu’un grand nombre de physiciens, théoriciens et expérimentateurs, étudiait lescollisions hadroniques dans le cadre de l’approche de Regge ou du modèle dual, un groupeexpérimental à l’accélérateur linéaire de S<strong>LA</strong>C s’intéressait à la réaction d’électroproductionsuivante :e + p → e + <strong>hadrons</strong>, E e = 20 GeV, (1.9)où l’on observait la distribution angulaire de l’électron final. C’est la fameuse expériencede ”diffusion profondément inélastique”. Le nombre d’électrons diffusés à grand angle étaitplus important que prévu : par analogie avec l’expérience de Rutherford sur les noy<strong>au</strong>x,l’interprétation de l’expérience était que la charge du proton n’était pas uniformémentrépartie mais plutôt qu’elle était portée par <strong>des</strong> grains de matière ponctuels. De plus,alors que la taille du proton était estimée à 10 −15 m, cette expérience, dont le pouvoirde résolution variait de 2 10 −16 à 5 10 −17 m, indiquait que l’image du proton n’était pasmodifiée quand on variait le pouvoir de résolution : c’est la fameuse propriété ”d’invarianced’échelle” (scaling). Sous certaines conditions cinématiques, le proton se comportait donccomme une collection d’objets ponctuels, appelés ”partons” par R.P. Feynman.Ce n’est qu’après de nombreuses étu<strong>des</strong> expérimentales et théoriques que les partonschargés ont été identifiés comme ayant les nombres quantiques <strong>des</strong> quarks de Gell-Mann (spin 1/2, charge électrique fractionnaire et portant une charge de couleur). Ala différence du modèle <strong>des</strong> quarks cependant, l’accord du modèle <strong>des</strong> partons avec lesdonnées nécessitait l’existence de partons électriquement neutres : les gluons.L’interaction entre les quarks et les gluons est contenue dans le lagrangian de <strong>QCD</strong>construit, comme le lagrangian de l’électrodynqmique Quantique (QED), sur la base del’invariance de j<strong>au</strong>ge, mais non abélienne dans le cas <strong>des</strong> interactions colorées. Deuxpropriétés fondamentales justifient la validité de la <strong>QCD</strong> perturbative comme théorie <strong>des</strong>interactions entre <strong>hadrons</strong> à h<strong>au</strong>te énergie:– la liberté asymptotique qui exprime le fait que le couplage de <strong>QCD</strong> devient petit quandl’énergie en jeu est grande, ce qui justifie une approche perturbative à la dynamique <strong>des</strong>quarks et <strong>des</strong> gluons [24] ;– le théorème de factorisation qui permet de construire les sections efficaces de diffusionentre <strong>hadrons</strong> à partir de sections efficaces de processus partoniques [25].Le domaine d’applicabilité de la <strong>QCD</strong> perturbative n’est pas le même que celui <strong>des</strong>9


pôles de Regge : toutes les variables cinématiques sont supposées être gran<strong>des</strong> et du mêmeordre dans le premier cas tandis que s grand, t ∼ 1. GeV 2 dans le second. Mais on peutnoter un intense effort théorique, avec L. Lipatov notamment, pour étendre les techniquespertubatives de <strong>QCD</strong> <strong>au</strong> domaine de Regge.Comme le modèle <strong>des</strong> partons est un <strong>des</strong> piliers de l’application de <strong>QCD</strong> à la physique<strong>des</strong> h<strong>au</strong>tes énergies il est nécessaire de s’attarder sur ce modèle et, en particulier, sur ladiffusion profondément inélastique qui a joué un rôle fondamental dans son élaboration.Ce sera l’objet de la prochaine section. Puis, dans les parties suivantes on justifiera lapropriéte de liberté asymptotique et celle de factorisation avant de conclure par quelquesapplications. Différentes applications font l’objet de la dernière section.2 La diffusion profondément inélastique (DIS).Historiquement, l’expérience qui a joué un rôle fondamental est la diffusion profondémentinélastique du nucléon (Deep Inelastic Scattering: DIS) <strong>au</strong> S<strong>LA</strong>C <strong>au</strong> début <strong>des</strong> années1970 [12]. Le processus considéré este − N → e − X(ou µ − N → µ − X)où N est un nucléon et X est le système hadronique produit mais non détecté.diagramme, on ae -Ene -kθqk'γ ∗NXLe photon virtuel émis par l’électron (ou le muon) à h<strong>au</strong>te énergie est absorbé par lenucléon qui se casse en <strong>hadrons</strong>. Du point de vue expérimental, on n’observe que lelepton sortant. Dans le référentiel du laboratoire la cinématique est définie comme suit :nucléon, N P = (M,⃗0)e − entrant, k = (E, 0, 0, k) ≃ (E, 0, 0, E), E >> m, masse du leptone − sortant, k ′ = (E ′ , E ′ sin θ, 0, E ′ cos θ)photon virtuel, q = (E − E ′ , −E ′ sin θ, 0, E − E ′ cos θ), impulsion du transfert.où θ est l’angle de diffusion du lepton. Le système photon-hadron est caractérisé par lesvariables :ν = E − E ′ ,Q 2 = −q 2 = 4EE ′ sin 2 θ,2x = Q2= Q2,2P q 2Mνénergie du γ ∗ dans le laboratoirecarré de l’impulsion de transfertvariable de Bjorken, sans dimension, qui prendr<strong>au</strong>ne signification physique dans le modèle <strong>des</strong> partons.10


On peut alors écrire, pour la collision γ ∗ N → X,MX 2 = (P + q)2 = M 2 2 (1 − x)+ QxPuisque M 2 X > M 2 (le nucléon étant le plus léger <strong>des</strong> baryons), on a nécessairement0 ≤ x ≤ 1, le cas x = 1 correspondant à la diffusion élastique.L’élément de matrice <strong>au</strong> carré se décompose en trois parties :| M | 2 = e4Q 4 Lµν W µν , avec (2.10)– le tenseur leptonique connu qui décrit l’interaction lepton-photon :L µν = 1 2 T r(̸ k′ γ µ ̸ kγ ν ) = 2(k µ k ′ν + k ν k ′µ − kk ′ g µν ) ; (2.11)– le carré du propagateur du photon e 4 /Q 4 ;– le tenseur hadronique que l’on paramètre commeW µν = −2MW 1 (g µν − qµ q νq 2 ) + 2W 2M (P µ − P qq 2 qµ )(P ν − P qq 2 qν ) (2.12)qui est la forme la plus générale respectant (i) la parité et (ii) l’invariance de j<strong>au</strong>geq µ W µν = 0. Les fonctions de structure, W 1 (Q 2 , 2P q, P 2 ) et W 2 (Q 2 , 2P q, P 2 ) dépendent<strong>des</strong> invariants du système hadronique. Après contraction <strong>des</strong> indices, l’élément de matrice<strong>au</strong> carré devient,| M | 2 = 8MEE(2W ′ e4Q 4 1 sin 2 θ 2 + W 2 cos 2 θ ). (2.13)2La section efficace lepton-proton est alors donnée par∫1 d 3 k ′ d 4 P Xσ =2(P + k) 2 (2π) 3 2E ′ (2π) | M 3 |2 (2π) 4 δ (4) (P + k − P X − k ′ ) (2.14)où :– 1/2(P + k) 2 ∼ 1/4ME est le facteur de flux ;– d 3 k ′ /(2π) 3 2E ′ , l’espace de phase invariant du lepton final ;– d 4 P X /(2π) 3 , l’espace de phase de X (on intègre non seulement sur la tri-impulsion mais<strong>au</strong>ssi sur la masse invariante du système).Evaluant explicitement l’équation ci-<strong>des</strong>sus on a, dans le repère du laboratoire:dσdE ′ d cos θ =2πα24E 2 sin 4 θ 2(2W 1 (Q 2 , 2P q, P 2 ) sin 2 θ 2 + W 2(Q 2 , 2P q, P 2 ) cos 2 θ 2Il est utile d’avoir l’expression de la section différentielle sous forme invariante de Lorentz :{E ′ dσdk = α2 2Q 2 (2MW ′3 s Q 4 1 − W 2 P.qM x ) + W }22M (s2 + u 2 ) . (2.15)où les invariants de Mandelstam, s et u, sont définis par : (P + k) 2 = s, (P − k ′ ) 2 = u .11).


Remarques :– la dynamique de l’interaction γ ∗ N est entièrement dans les fonctions inconnues W 1 , W 2 ;– en jouant sur E, E ′ , θ on peut extraire W 1 (Q 2 , 2P q, P 2 ), W 2 (Q 2 , 2P q, P 2 ) expérimentalement;– MW 1 , P.qM W 2 = νW 2 sont sans dimensions ; on peut donc les exprimer comme fonctionsde variables sans dimension et écrireMW 1(x, P 2Q 2 ), νW 2(x, P 2Q 2 ). (2.16)L’expérience permet de mettre en évidence les deux faits importants suivants (voir fig. 4) :(MW 1 x, P )(2≡ MWQ 2 1 (x), νW 2 x, P )2≡ νWQ 2 2 (x) (2.17)c’est-à-dire qu’il n’y a pas de dépendence explicite en Q 2 , à l’intérieur <strong>des</strong> barres d’erreursexpérimentales. C’est la propriété d’invariance d’échelle [10]. Si l’on avait négligé depuisle début la masse M du proton, (P 2 = M 2 = 0) on <strong>au</strong>rait eu immédiatement l’invarianced’échelle. Tout se passe donc comme si le photon virtuel est insensible à la taille duproton ;– la relation 2MW 1 (x) ≡ νW 2 (x)/x est satisfaite expérimentalement.Figure 4: Résultats expériment<strong>au</strong>x de S<strong>LA</strong>C [12] montrant l’invariance d’échelle de lafonction νW 2 . La variable ω = 1/x.Nous allons maintenant montrer comment ces deux propriétés se comprennent dans lemodèle <strong>des</strong> partons de spin 1 2 .2.1 Le modèle <strong>des</strong> partons et la diffusion profondément inélastiqueFeynman a proposé de considérer le proton (ou le nucléon) comme composé de partons,objets sans structure (ponctuels) dont les nombres quantiques sont à priori inconnus (spin,12


charge ...) mais qui doivent cependant former un objet de spin, charge,... connus [11].On se place dans un repère où l’impulsion du proton P ∼ (E, 0, 0, E), E → ∞ (repère”d’impulsion infinie”) et on négligera éventuellement les masses du proton et <strong>des</strong> partons.L’impulsion du proton est portée par les constituants et on peut donc écrirep i = x i Poù p i est l’impulsion du parton i et on a ∑ i x i = 1.Le postulat de base consiste à décrire l’interaction γ ∗ -hadron en termes d’interactionγ ∗ -parton puisque le photon très virtuel a un pouvoir de résolution très élevé et qu’il peutdonc ”voir” les constituants du proton. Ceci est symbolisé par le diagramme suivant oùle photon virtuel est absorbé par le parton p iγ ∗p iLe temps caractéristique de l’interaction électromagnétique est (l’inverse de la virtualitédu photon ”dilatée” dans le repère d’impulsion infinie) :τ emg ∼ 1 √Q2q 0 + q√Q2 = 1xE→ ∞ quand E → ∞ . (2.18)En comparaison, le temps caractéristique de l’interaction forte (en supposant le protonde masse M constitué de 2 partons de masse nulle pour simplifier) est :τ i.f. ∼1∼ E → ∞ quand E → ∞. (2.19)E − E 1 − E 2 M2On en conclut l’inégalité τ emg ≪ τ i.f. et l’interaction électromagnétique est quasi instantanéecomparée <strong>au</strong> temps d’interaction forte quand E → ∞, x ≠ 0. Il paraît donc justifiéde négliger les effets de l’interaction forte et de considérer les partons comme ”libres” lorsde la diffusion électromagnétique. Pendant le temps de l’interaction γ ∗ p i , on va ignorerl’interaction hadronique qui prend place sur une échelle de temps be<strong>au</strong>coup plus grande.Bien après l’interaction électromagnétique, les partons se recombinent pour donner <strong>des</strong><strong>hadrons</strong> avec une probabilité unité puisque l’on n’observe que <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> dans le systèmeX. Puisque les interactions fortes de confinement n’affectent pas l’interaction du γ ∗ avecle parton, il suffira donc de calculereeγ ∗interactionelectromagnétiquep ip j13


et d’ajouter ensuite de façon incohérente les sections efficaces invariantes ep i pour reconstituerla section efficace électron-proton.2.1.1 Section efficace électron-partonOn va décomposer l’amplitude invariante de la manière suivante (c.f. éq. 2.10)| M | 2 ep i= e2 i e 4Q 4 Lµν Ŵ µν}{{}interact.γ ∗ -partonoù e i est la charge du parton mesurée par rapport à celle du proton e. On suppose pourle moment que les partons ont un spin 1 2 (certains partons ont nécessairement un spin 1 2 ,puisque le proton a S = 1 2 ). On peut poser pour l’interaction γ∗ -parton, et par analogieavec QED, l’éq. (2.11),Ŵ µν = 1 2 T r(̸ p′ γ µ ̸ pγ ν ) = 2(p iµ p ′ iν + p iν p ′ iµ − p i p ′ ig µν ), (2.20)où l’impulsion du parton final est p ′ i = p i + q. Pour <strong>des</strong> partons de masse nulle on a alors,| M | 2 ep i= 8 e2 i e4Q 4 ((pi k) 2 + (p i k ′ ) 2) . (2.21)La section efficace de diffusion électron-parton sera donc (c.f. (éq. 2.14))dˆσ = 1 ∫1 d 3 k ′ d 3 p ′ i| M | 22ŝ (2π) 2 2E ′ 2p ′ 0 ep iδ (4) (k + p i − k ′ − p ′ i ) (2.22)iavec ŝ = (p i + k) 2 . Après intégration, la section efficace différentielle invariante <strong>au</strong>ra laforme:E ′ dˆσ= α2 8 (d 3 k ′ ŝ e2 i (pi k) 2 + (pQ 4 i k ′ ) 2) δ(2p i q − Q 2 ).Pour trouver la forme de la section efficace hadronique, on va sommer de façon incohérenteles diverses contributions partoniques. On va donc devoir calculer:.E ′ dσd 3 k ′= ∑ i∫ 10dz i F i (z i ) E′ dˆσd 3 k ′ ∣ ∣∣∣pi=z i P(2.23)où F i (z) est la probabilité de trouver dans le proton un parton de type i portant la fractiond’impulsion z i du proton. Introduisant la notation ŝ = 2p i k = z i s et 2p i k ′ = −z i u, ontrouve.E ′ dσ= α2d 3 k ′ s= α2s∑ie 2 i∫ 10s 2 + u 2 ∑Q 4idz iz iF i (z i ) 2z2 iQ 4 (s2 + u 2 )δ(2z i P.q − Q 2 )e 2 ixP q F i(x) (2.24)valable pour <strong>des</strong> partons de spin 1 . On note que les contraintes cinématiques fixent la2valeur de l’impulsion du parton interagissant à z i = Q2= x, la variable de Bjorken. Si2P q14


on compare avec la formule de la section efficace différentielle invariante électron-proton(éq. 2.15), on peut identifier:qui est équivalent àet on observe, de plus, queW 2M (x, Q2 , P 2 ) = ∑ iνW 2 (x, Q 2 , P 2 ) = ∑ ie 2 ixP q F i(x)e 2 i xF i (x) (2.25)2MW 1 (x, Q 2 , P 2 ) = 1 x νW 2(x)Exercice : Montrer que pour <strong>des</strong> partons de spin 0 (couplage <strong>au</strong> γ ∗ donné par e i (p i + p ′ i) µ )on a W 1 ≡ 0.En conclusion,• On voit donc que le modèle <strong>des</strong> partons prédit bien l’invariance d’échelle, c’est-à-direque νW 2 (x, Q 2 , P 2 ) = νW 2 (x) (conséquence de la nature ponctuelle <strong>des</strong> partons) ;• La relation 2MW 1 (x) = νW 2 (x)/x est une conséquence du spin 1 <strong>des</strong> partons : cela2montre que les seuls partons chargés dans le proton sont de spin 2 1 ;• La variable de Bjorken x = Q2prend un sens physique : c’est l’impulsion normalisée2P qdu parton qui a subi l’interaction électromagnétique ;• La fonction de structure νW 2 acquiert également une interprétation : c’est la sommepondérée, par l’impulsion x et la charge e 2 i , <strong>des</strong> probabilités de trouver un parton idans le proton.2.1.2 Identification partons ≡ quarks + ... ; règles de sommeIl est tentant d’identifier les partons de Feynman <strong>au</strong>x quarks de Gell-Mann et Zweiget de supposer que le proton et le neutron, dans les expériences d’inélastique profonds’expriment, comme dans le modèle <strong>des</strong> quarks, par:proton = (uud)neutron = (udd).Ce sont les quarks de valence et on dénote u v (x) et d v (x) la distribution de ces quarks uet d dans le proton. Par la symétrie d’isospin on a (p dénote ici le proton et n le neutron)F p u (x) = F n d (x) = u v(x)F p d (x) = F n u (x) = d v (x)Les nombres quantiques du nucléon sont portés par les quarks de valence. L’expériencemontre que le proton contient également <strong>des</strong> antiquarks : ce sont les antiquarks de la mer15


ou ”matelots”. La somme <strong>des</strong> nombres quantiques portés par les quarks et antiquarks dela mer est nulle. Leur distribution est donc notée : u s (x) = ū s (x), d s (x) = ¯d s (x), s s (x) =¯s s (x). On définitu(x) = u v (x) + u s (x)d(x) = d v (x) + d s (x).En négligeant le rôle <strong>des</strong> quarks étranges, on peut écrire, suivant le modèle <strong>des</strong> partons(voir éq. (2.25))1 epνW2 = 4 x 9 (u(x) + ū(x)) + 1 (d(x) + ¯d(x))91 enνW2 = 1 x 9 (u(x) + ū(x)) + 4 (d(x) + ¯d(x)).9où on utilise la notation simplifiée: ū s = ū, ¯d s = ¯d.L’interprétation <strong>des</strong> fonctions u(x), d(x) comme probabilités de trouver <strong>des</strong> quarksdans le nucléon permet d’écrire de nombreuses ”règles de somme” qui exprime le faitque les caractéristiques d’un hadron sont entièrement portées par ses constituants. Parexemple, la différence:νx W ep2 (x)− ν x W 2 en (x) = ν x W ep−en2 (x) = 1 ( ) 1u(x) + ū(x) − d(x) − ¯d(x) =33 (u v(x) − d v (x))dont l’intégrale mesurée expérimentalement est :∫ 1dx30 x∫ 1ep−enνW2 (x) = dx (u v (x) − d v (x)) = 10qui correspond bien à la différence du nombre de quarks de valence de type u et d. Si l’onconnait u, d, ū et ¯d indépendamment, on peut également vérifier les règles de somme decharge:∫ 1[ 2dx0 3 (u − ū) − 1 ](d − ¯d) = 1 = charge du proton9∫ 1[ 2dx3 (d − ¯d) − 1 ]9 (u − ū) = 0 = charge du neutron0Ces règles de somme sont en accord avec l’expérience. D’<strong>au</strong>tre part, il est possible demesurer1 ep+enνW2 = 5 ( )u(x) + ū(x) + d(x) + ¯d(x)x 9et ainsi calculer∫9 1∫ 1dx νW ep+en2 = dx x ( u(x) + ū(x) + d(x) +5¯d(x) )00qui mesure l’impulsion moyenne portée par les quarks u, d, ū et ¯d dans le nucléon. Lerésultat de cette expérience est:〈x〉 q+¯q ≃ 0.45 ≠ 1. (2.26)16


ce qui signifie que les quarks ne portent que la moitié de l’impulsion du nucléon, le resteétant porté par <strong>des</strong> partons neutres: il est tentant, alors, d’identifier ces partons neutres<strong>au</strong>x ”gluons” qui lient les quarks entre eux dans le nucléon (le quark s ne joue pas un rôleimportant dans cette réaction car la production de K, Λ est négligeable).Pour terminer avec cette succinte introduction <strong>au</strong> modèle <strong>des</strong> partons, on peut noterque la diffusion ν-nucléon est susceptible d’une <strong>des</strong>cription similaire à celle de e-nucléonà condition de remplacer l’échange d’un photon virtuel par l’échange d’un boson de j<strong>au</strong>geW ± ou Z virtuel suivant que l’on étudie les courants chargé ou neutre.2.1.3 Application du modèle <strong>des</strong> partonsOn peut considérer le processus croisé de DIS, à savoir e + e − → <strong>hadrons</strong>:e -e +γ ∗<strong>hadrons</strong>Pour E e + e − = Q → ∞ on peut appliquer le modèle <strong>des</strong> partons: le photon virtuel degenre temps (Q 2 > 0) se couplera à une paire quark-antiquark qui, ”longtemps” aprèsl’interaction electromagnétique, se désintègrera en <strong>hadrons</strong>:e -q i<strong>hadrons</strong>e +q iLa transition q i ¯q i → <strong>hadrons</strong> se fait avec probabilité 1. On peut donc écrireσ e+ e − →had = ∑ iσ e+ e − →q i ¯q i.Il est traditionnel de définir le rapport sans dimension:R = σe+ e − →had.σ e+ e − →µ + µ −= ∑ ie 2 i .On voit que les seules différence entre le processus hadronique et le processus purementleptonique sont les facteurs de charge (les facteurs cinématiques, γ µ , espace de phase sontidentiques pour les quarks et les µ car ce sont <strong>des</strong> particules de spin 1/2, et qu’on négligeles masses). On trouve alorsR = 4 + 1 + 1 + 4}{{} 9 }{{} 9 }{{} 9 9u d s}{{}c+ 1 = 11}{{} 9 9boù pour Q > 10 GeV, il f<strong>au</strong>t prendre en compte la contribution <strong>des</strong> saveurs lour<strong>des</strong> c et b (leseuil de production du quark top est be<strong>au</strong>coup plus élevé et correspond à Q > 350 GeV).Ce résultat est en désaccord avec les résultats expériment<strong>au</strong>x comme on peut le voir sur17


[)\:]0^L_)`a b)cedgf hi jkBl f mnji o p)q#rnsntuv jq0t wxuq0hyxz)kq0{i |xi jt k(} j~sl yxt k(mnf snh}€!q0iqHk(t t snt }Bq0t k6i sniq0lz)k(l s#P‚Lƒ!k(„Tq0hyx} iq0i f } i f v(q0l¤q0zs0rnk8‚ƒ!k(„DYZrnk(}q0t ki jk}q0wHkq0}f h‡†:f mˆ‰Š‹HŒ^)cDŽ¤¦‘Wyq0iq%q0z)s#rnkx’!“ ˆ”•Lk(t k¨hsniH– {l l |"vsnt t kvi ky‡– sntLtqny~f q0i f rnkxk—)kvi }uBq0hy>¦k¨t kiq0f h…¤jk¨v{tjk(w˜sh‡i jk3l sniLsnhl |š– sntf l l {} i tq0i f rk{t )sn} k}x¤f i j›qšh~st wHq0l f œ(q0i f snh3– qvi snts0–6‰…¤jk¨– {l l'l f } iLs0–8t k– kt k(hvk(}¨i s>i jk3snt f mnf hq0l'yq0iq>q0hyi¢¡¤£¦¥¨§ ©¤¨©©©¨¦! "§ # %$&'(()+*,.-0/213-(46587:9=(?@BADC¢E'FG5H?DCIJE?8/LKNMPO¢?BQ67


la fig. 5 (les pics correspondent à la production de résonances près du seuil d’une saveuradditionnelle).En fait, dans le calcul ci-<strong>des</strong>sus, on n’a pas tenu compte du fait que les quarks sontcolorés. Prenant ceci en compte il f<strong>au</strong>t sommer sur les 3 types de couleur, ce qui donneR = N c∑ie 2 i = 113et qui est en accord avec l’expérience. On peut noter qu’en <strong>des</strong>sous du seuil de productiondu quark charmé les données sont <strong>au</strong>tour de R = 2 comme il se doit.2.1.4 Le modèle <strong>des</strong> partons: formulation générale1. Sous certaines conditions que l’on précisera ci-<strong>des</strong>sous, on considère qu’un hadronest constitué de partons. On travaille dans le repère d’impulsion infinie du hadron.On a doncH = {p i }P = ∑ i p ii = 1, ∞où les P, p i sont les impulsions du hadron et <strong>des</strong> partons respectivement.On néglige toutes les masses (du hadron et <strong>des</strong> partons) et on peut alors écrirep i = x i P avec ∑ ix i = 1.Les partons sont sans structure et on ignore leurs interactions à l’intérieur du hadron.2. L’interaction entre <strong>hadrons</strong> se réduit à une interaction entre partons selon le diagrammesuivantH 1x 1p ip jH 2 x 2σ^ijp kp loù σˆij est la section efficace de l’interaction ”dure” entre partons. La section efficacehadronique est une superposition incohérente <strong>des</strong> sections efficaces partoniquesc’est-à-dire que l’on ajoute les probabilités et non les amplitu<strong>des</strong>. On écrit alorsσ H 1H 2= ∑ ∫dx 1 dx 2 F H 1i (x 1 ) F H 2j (x 2 ) ˆσ ij (x 1 , x 2 , s).i,jLa fonction FiH (x) est la densité partonique c’est-à-dire la probabilité de trouverdans le hadron H un parton de type i portant la fraction x de l’impulsion du hadron.On néglige les effets d’impulsion transverse. La fonction FiH (x) est invariante19


d’échelle, c’est-à-dire indépendante <strong>des</strong> variables (dimensionnées) de Mandelstams, t, u. Elle contient les effets à ”longue distance” (confinement) et la dépendanceen x n’est pas prédite par la théorie. Les effets de ”courte distance” sont contenusdans la section efficace partonique ”dure” ˆσ ij . Cette séparation - factorisation - entrephysique à longue distance et physique à courte distance est analogue à celle réaliséepar l’approche be<strong>au</strong>coup plus rigoureuse mais plus restrictive du développement enproduit d’opérateurs sur le cône de lumière [27].3. Le modèle <strong>des</strong> partons est un postulat valable quand toutes les variables dimensionnéess, t, u sont gran<strong>des</strong> comparées à l’échelle de masse <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> (∼ 1 GeV 2 ).2.2 Au delà du modèle <strong>des</strong> partons naïfUne version moderne de la fig. 4 est montrée en fig. 6. Les données combinées de nombreusesexpériences permettent de couvrir un très grand domaine en x, 0, 000063 < x


¢¡¢£¥¤§¦©¨¦©¨¦©©¢"$#!% &'(!)*% +"% ),)-!./% 021($% 3-4-425)-"367"$(-8(!)--3-1-0% 9+41--1;:!"=1($5?@=1A>CB3,.0?@8D==$.0?@8% DE1-% 0)F0#§1D=D@"G6,0(D=4H )$(-D=% 1B3D=F41-I1:F 2(x,Q 2 ) * 2 i x10 810 7H1ZEUSBCDMSE665NMCS<strong>LA</strong>C10 9 10 -1 1 10 10 2 10 3 10 4 10 5 10 610 610 510 410 310 210110 -110 -210 -3Q 2 (GeV 2 )igj Y=k!`]b[]Y=l5eT_CY©mTY=cE^][]\ j k!n-_Y©^]eoc$Èc©k!^]^]Y©[]eT_n5\!d@Z3\-`]ep^][]\-_`,\-_J¢KML3N0O!P5QRSTRUWV¥XYFZ[]\-^]\-_Cà^][]b3cE^]b[]Y+dMb_3cE^]eT\-_gfhj Y©_/^]ùtvwxFk!_3l$y§z={©|/eT_,^]XY@}/eT_Y j k!^]eoc¢l/\ j k!eT_G\!d0^]XY@yv~¥€lk!^Ek|-dM\-[¢+‚„ƒ… ƒ-ƒ-ƒ-ƒ-†§q©‡pˆŠ‰Z[]\-^]\-_`qrcE\-mTmTeol/Y©[¢YEsZ3Y©[]eŒ¢dM\-[¢lk!^Ek§k!^0` j k!mTmTY©[ k!_3l,Ž i {©|/k!_3l@dM\-[Y©mTY=cE^][]\-_`qrx¥{¢k!_3l j b\-_`¢qr‘¢¥’@“+x|/v†-†-”|-•“+¥{–\-_$k—sY=l‹eTn3…z=†…j k!^]eoc@Y©[][]\-[]`Gk-ll/Y=l+eT_2-b3k-l/[Ek!^]b[]Y,k![]YG`]X\!š¥_…¢V¥XY$lk!^Ek$k![]YGZmT\-^]^]Y=l>k!`@k dMb_3cE^]eT\-_^Ek![]n-Y©^=…x/^Ek!^]eT`]^]eoc©k!mk!_3lF`]˜/`]^]Yi eT_>›eT_`@\!d¢—sY=l2…¥x/\ j YGZ3\-eT_/^]`@X3k=œ-YG›3Y©Y©_5`]mTeTn-X/^]mT˜F\!`]Y©^GeT_2Ž i dM\-[§cEmok![]eT^r˜/…V¥XY$tvwx2›eT__eT_žn$eT_2>eT`\!dŽ^Ek$k![]YG[]Y©›eT__Y=l+^]\$^]XY,+œ-k!mTbY©`\!d¢^]XY,tvwx>lk!^Ek…¥‹\-[^]XYGZb[]Z3\-`]YG\!d¡ZmT\-^]^]eT_n3|b`]Y=l+eT_+^]XeT`ZmT\-^=Ÿk!mTm\-^]XY©[§lkf h¥o¦,§€zGqr,§„ƒ¨ ©-”-{ª^]\,¥o¦,§„¢-©i X3k!`¢›3Y©Y©_ j bmT^]eTZmTeTY=l§›/˜F¢!£T¤;|š¥XY©[]Y§¥o¦$eT`¥^]XY@_/b j ›3Y©[¢\!d0^]XY§$›eT_|/[Ek!_n-eT_n§dM[]\ jqr$§€ƒ¨ ƒ-ƒ-ƒ-ƒ-†-«-{©…~¥YEdMY©[]Y©_3cEY©`=¬§­®Q-¯„@…@l/mT\!„°E±¢²!³ ‰o|v0b[=…´0X/˜/`=…3µ3…§·Q|«-«Fqr¢-ƒ-ƒz={©Ÿ3@…3@l/mT\!g°E±¥²!³ ‰o|v–b[=…¥´0X/˜/`=…‰o|v0b[=…0´0X/˜/`=…0µ3…§·Q|º-º/«¿qr¢-ƒ-ƒz={©Ÿµ3…qrk-c©cEY©Z^]Y=l5dM\-[§Zb›mTeoc©k!^]eT\-_3{XY©Z/ŗYEs3¹-ƒ-«-ƒ!º/ƒ-ƒ-«Ÿ¢»¼½+¾3¯„x…¢XY©}-k!_\!œg°E±¥²!³@…-‘Y©_/œ-Y©_/b^]e¢°E±u²!³ ‰o|/´0X/˜/`=…Y©^]^=…ÀG·3·3Ä|-º/©-”GqEz=Œ-©-Œ-{¢qrk!`n-eTœ-Y©_$eT_ÆÅ ”!º!ÇM{©Ÿ-¼R3R3È/¯„“2… ~§…!@lk j `°E±¥²!³ ‰o|À,§ÁFÂþ3ḡG…‰o|3•¥b3cEmr…´0X/˜/`=…À§ÉË3Ä|3«$qrŒ-Ì-{©Ÿ¾Í¢Î$¯„… ÏÃ…ÐÏgXeT^]mT\!š´0X/˜/`=…~¥Y©œ…3ÁFÈÉ0|3«-ƒ-ƒ-†$qEz=Œ-Œ-†-{ŠŸ3ÊFÂï„“2…3[]_Y©\l/\2°E±¥²!³‰T|´0X/˜/`=…3Y©^]^=…3ÀG·3Ë3·|/º/Ì-” qEz=Œ-Œ-¢-{©…°E±¥²!³Figure 6: Compilation par le ”Particle Data Group” <strong>des</strong> données récentes de la fonctionde structure F 2 (x, Q 2 ) = νW 2 (x, Q 2 )/x.21


2.3 ConclusionsNous avons essayé dans la section 2 de décrire quelques résultats qui semblent indiquer queles <strong>hadrons</strong> sont constitués d’entités plus fondamentales. En effet, on peut comprendreun grand nombre de phénomènes physiques <strong>au</strong>x échelles de masse de M∼1 GeV <strong>au</strong>ssi bienque M≫1 GeV si l’on suppose que les <strong>hadrons</strong> sont constitués de quarks définis comme<strong>des</strong> objets ponctuels de spin 1 , et de charge fractionnaire. Ces quarks sont groupés en2trois familles:( ) ( ) ( )u c td s bD’<strong>au</strong>tre part, dans le Modèle Standard, un quark de saveur donnée vient en 3 couleurs q =(q i ), i = 1, 2, 3, q appartenant à la représentation fondamentale 3 du groupe SU(3) couleur .Les <strong>au</strong>tres candidats possibles pour le groupe de couleur comme O(3), SO(3) et U(3) sontéliminés car ils sont en désaccord avec les résultats expériment<strong>au</strong>x:• SO(3) et O(3) permettent l’existence d’états [qq] singulets de couleur de chargefractionnaire, car ils ne distinguent pas la couleur de l’anti-couleur. De tels états nesont pas observés expérimentalement.• U(3) sera exclu ultérieurement lorsqu’on imposera l’invariance de j<strong>au</strong>ge locale : ilexisterait alors un gluon de masse nulle, sans couleur, qui induirait une interactionà longue portée entre les <strong>hadrons</strong>, en contradiction avec l’expérience.Remarque : A priori, le Modèle Standard, tel que décrit ci-<strong>des</strong>sus, n’était pas laseule possibilité. En particulier, Han et Nambu [26] ont proposé une alternative où lesquarks ont une charge entière (c.f. table 1). La version j<strong>au</strong>gée de Han-Nambu (due àPati et Salam) a eu une certaine vogue: toutes les prédictions ∼ ∑ q e2 q coïncident aveccelle du Modèle Standard. Elle a néanmoins été éliminée lorsque <strong>des</strong> mesures précises dequantités expérimentales dépendant de ∑ q e4 q sont apparues (p. ex. dans les processusγ + p → γ + X, pp → γ + γ + X).R G Bu 0 1 1d -1 0 0s -1 0 0Table 1: Charge <strong>des</strong> différents quarks colorés dans le modèle de Han-Nambu3 Le Lagrangien <strong>QCD</strong>Avant d’entrer dans le détail de l’interaction entre quarks et gluons nous allons fairequelques rappels sur l’électrodynamique quantique. Le principe de construction de lathéorie, l’invariance de j<strong>au</strong>ge, est le même dans les deux cas mais le cas abélien de QED estbe<strong>au</strong>coup plus simple à écrire. Le comportement asymptotique (infrarouge et ultraviolet)22


<strong>des</strong> deux théories est cependant complètement différent. Toute la physique est contenuedans la densité lagrangienne, L(φ(x), ∂ µ φ(x)), une fonctionnelle locale <strong>des</strong> champs φ(x)et de leurs premières dérivées, à partir de laquelle on construit l’action:∫S = d 4 xL(φ(x), ∂ µ φ(x)).L’action est une quantité sans dimension. Si on impose que l’action est stationnaire sousune variation du champ (principe de Hamilton), on obtient les équations d’Euler-Lagrange:δLδφ(x) − ∂ δLµδ∂ µ φ(x) = 0 (3.27)qui décrivent l’évolution classique du champ φ(x). C’est à partir de ces équations, qu’enformalisme de la seconde quantification, on obtient les règles de Feynman qui permettentde calculer perturbativement n’importe quel processus en théorie <strong>des</strong> champs.3.1 Le Lagrangien QEDPour QED, la densité lagrangienne s’écrit pour un fermion Ψ de masse m et de charge eoù le tenseur du champ électromagnétique estL QED = − 1 4 F µν F µν + ¯ψ(i ̸D − m)ψ (3.28)F µν (x) = ∂ µ A ν (x) − ∂ ν A µ (x)avec A µ (x) est le champ du photon, tandis que le dérivée covariante est définie par D µ =∂ µ − ieA µ . Une transformation de j<strong>au</strong>ge locale est définie parψ(x) → ψ ′ (x) = e ieα(x) ψ(x) , ¯ψ(x) → ¯ψ′ (x) = e −ieα(x) ¯ψ(x) (3.29)et simultanément pour le photonA µ (x) → A ′ µ (x) = A µ(x) + ∂ µ α(x).avec α(x) une fonction réelle. Sous forme infinitésimale une transformation de j<strong>au</strong>ges’écrit :δψ = igαψ , δ ¯ψ = −ie ¯ψα , δA µ = ∂ µ α ⇒ δF µν = 0 (3.30)L’invariance de j<strong>au</strong>ge garantit que le photon est de masse nulle : en effet un terme de massetel que m 2 A µ A µ ne serait pas invariant. L’application <strong>des</strong> équations d’Euler-Lagrangemènent à l’équation de Diracet <strong>au</strong>x équations de Maxwell inhomogènes(i ̸∂ − m)ψ(x) = −e ̸A(x)ψ(x)} {{ }terme d’interactionQuant <strong>au</strong>x équations homogènes elles résultent de(3.31)∂ µ F µν (x) = e ¯Ψγ µ Ψ. (3.32)∂ µ ˜Fµν (x) . = ∂ µ ɛ µνρλ F ρλ = 0 . (3.33)23


3.2 Invariance de j<strong>au</strong>ge non abélienne et le Lagrangien <strong>QCD</strong>En <strong>QCD</strong>, le champ du quark est une collection de 3 champs de Dirac, un pour chaquecomposante colorée ψ i . Il est noté :⎛ ⎞ψ 1ψ = ⎝ ψ 2⎠ ,ψ 3et il appartient à la représentation fondamentale 3 du groupe SU(3) ou U(3) (on doitencore déterminer le groupe d’invariance). D’après la théorie <strong>des</strong> groupes de Lie, unélément U du groupe agissant sur la représentation fondamentale s’écrit :U = e ig P a αaTa ,avec T a les générateurs de l’algèbre, α a <strong>des</strong> paramètres réels arbitraires et g, le couplage.La condition d’unitarité U † = U −1 impose T a = T a † . Pour SU(3) comme groupe de j<strong>au</strong>ge,la condition det U = 1 impose Tr T a = 0 et on a 8 générateurs T a (a = 1, . . . 8) quisatisfont <strong>au</strong>x relations de commutation d’une algèbre de Lie,[T a , T b ] = if abc T c ,avec f abc totalement antisymétrique et réel. De plus, les générateurs T a sont orthogon<strong>au</strong>xdans le sens oùTr(T a T b ) = 1 2 δab .Si on choisit U(3) comme groupe d’invariance <strong>au</strong> lieu de SU(3) on a alors un générateursupplémentaire qui est la matrice 1 commutant avec tous les générateurs de SU(3) :[1, T a ] = 0. On impose à la théorie une invariance de j<strong>au</strong>ge locale [28]. Si on appliqueune transformation de j<strong>au</strong>ge locale,δψ = igα a T a ψ , δ ¯ψ = ¯ψ(−igα a T a ) ,à la densité lagrangienne L = ¯ψ(i ̸∂ − m)ψ , on obtient alorsδL = ¯ψ {−g(∂ µ α a )T a γ µ } ψ.Par analogie avec QED, on va rétablir l’invariance en introduisant les champs vecteursA b µ (x) :L = ¯ψ ( i(∂ µ − igA b µ (x)T b )γ µ − m ) ψ,b = 1, . . . , 8 pour SU(3) ou 9 pour U(3),qui devient invariant de j<strong>au</strong>ge si on impose la transformation suivante sur les champs A b µ :δA c µ = ∂ µ α c − f cab α a A b µ.Comme pour QED on vérifie facilement qu’un terme de masse associé <strong>au</strong>x champs A a µ (x)n’est pas invariant de j<strong>au</strong>ge. Les gluons sont donc <strong>des</strong> champs de masse nulle qui induisentalors <strong>des</strong> interactions à longue portée. Ce dernier argument est déterminant pour le choixdu groupe de j<strong>au</strong>ge. En effet, si U(3) était le groupe d’invariance, on <strong>au</strong>rait une interaction24


à longue portée entre <strong>hadrons</strong> qui serait singulet 1 de couleur. Ceci est contraire <strong>au</strong>xobservations expérimentales puisqu’on sait que la force nucléaire forte est à courte portée :∼ 1m π. Cet argument exclut donc le groupe U(3) comme groupe de couleur et on resteavec SU(3) et 8 gluons colorés de masse nulle.Pour compléter le lagrangien de <strong>QCD</strong> il f<strong>au</strong>t introduire le terme cinétique <strong>des</strong> champsde j<strong>au</strong>ge. L’analogue du tenseur F µν de QED estFµν a = ∂ µA a ν − ∂ νA a µ + gf abc A b µ Ac ν .} {{ }terme non abélienIl est pratique d’introduire les notations matricielles suivantes :ᾱ = α a (x)T a , A µ (x) = A a µ(x)T a , F µν = F a µνT a (3.34)ainsi que la dérivée covariante agissant sur le fermion D µ = ∂ µ − igA µ (x). Le lagrangien,pour un fermion coloré, prend alors la forme compacte suivante (cf. éq. 3.28) :L <strong>QCD</strong> = − 1 2 TrF µνF µν + ¯ψ (i ̸D − m) ψ (3.35)et l’on peut vérifier, avec pas mal de sueur, que L <strong>QCD</strong> est invariant sous la transformationδψ = igᾱψ ⇒ δ(D µ ψ) = igᾱD µ ψδA µ = ∂ µ α − ig[A µ , ᾱ] ⇒ δF µν = −ig[F µν , ᾱ] (3.36)L’application <strong>des</strong> équations d’Euler-Lagrange (3.27) <strong>au</strong> champ du fermion permet d’obtenirl’équation de Dirac du fermion coloré :(i ̸∂ − m)ψ = −gT a A a µ γµ ψ, ψ = (ψ i ). (3.37)tandis que pour les bosons de j<strong>au</strong>ge on trouve :ou, de façon explicite,∂ µ F a µν = −gf abc A bµ F c µν − g ¯ψγ ν T a ψ. (3.38)(□g µ ν − ∂ µ ∂ ν )A a µ(x) = −g ¯Ψγ ν T a Ψ − gf abc A bµ (∂ µ A a ν − ∂ ν A a µ) − g 2 f abc f cde A bµ A d µA e ν(3.39)On peut alors extraire de ces équations :j– le couplage fermion-gluon-fermion:µai−igT a ji γµpa– le couplage à trois gluons :λb qµνcr−gf abc [(p − q) ν g λµ + (q − r) λ g µν + (r − p) µ g νλ ]25


λ– le couplage à 4 gluons:b µcaρdν−ig 2 [ f abe f cde (g λν g µρ − g λρ g µν ) + f ace f bde (g λµ g νρ − g λρ g µν ) + f ade f bce (g λµ g νρ − g λν g µρ ) ]Il est important de noter que la même constante de couplage apparaît tant dans le vertex àtrois gluons (linéairement), le vertex à quatre gluons (quadratiquement) que dans le vertexquark-quark-gluon (linéairement). Ceci est due à l’invariance de j<strong>au</strong>ge de la théorie.Les termes d’<strong>au</strong>to-couplage <strong>des</strong> bosons de j<strong>au</strong>ge sont un <strong>des</strong> aspects caractéristiquesde <strong>QCD</strong> et c’est une différence fondamentale entre cette théorie et QED. Ce sont eux quivont être responsables, comme on le verra dans le chapitre suivant, de la propriété de”liberté asymptotique” de <strong>QCD</strong> <strong>au</strong>x h<strong>au</strong>tes énergies et <strong>au</strong>ssi du confinement <strong>des</strong> quarkset <strong>des</strong> gluons dans les <strong>hadrons</strong> (non encore prouvé théoriquement).3.3 Fantômes de Fadeev-PopovOn rappelle que les formes covariantes du propagateur du gluon contiennent <strong>des</strong> sommationssur les degrés de liberté non physiques (polarisations scalaire, longitudinale). Cescontributions ne sont pas génantes en QED car elles ne sont pas couplées <strong>au</strong> courantfermionique. En <strong>QCD</strong>, les gluons interagissent entre eux (couplage à 3 et 4 gluons) et lespropriétés de ces <strong>au</strong>to-interactions ne permettent pas le découplage <strong>des</strong> états de polarisationnon physiques. Pour les éliminer, on introduit, pour chaque gluon coloré A a µ, unchamp scalaire φ a (fantôme de Fadeev-Popov) obéissant à la statistique de Fermi (nombrede Grassmann) et dont le propagateur v<strong>au</strong>t−δ abip 2 + iɛ .Le fait que φ a soit non-commutant est crucial car, pour chaque boucle, on obtiendra unfacteur (−1) nécessaire pour compenser la contribution de A a µ due <strong>au</strong>x états de polarisationnon physique. Pour que la compensation de la contribution <strong>des</strong> états non physiques aitlieu le couplage du gluon <strong>au</strong> fantôme est nécessairement de la forme (faire attention <strong>au</strong>choix <strong>des</strong> impulsions et <strong>au</strong> sens de la flèche):aµbrc −gf abc r µ .Le couplage φφA ci-<strong>des</strong>sus est valable dans la j<strong>au</strong>ge de Land<strong>au</strong> <strong>au</strong>ssi bien que dans laj<strong>au</strong>ge de Feynman. Ces règles de Feynman associées <strong>au</strong>x fantômes correspondent dans lelagrangien à un nouve<strong>au</strong> termeL FP ∼ ¯φ∂ µ D µ φ.26


En conclusion, si on fait le calcul en j<strong>au</strong>ge covariante, il ne f<strong>au</strong>t pas omettre les diagrammescontenant les fantômes. Par contre, si on choisit de travailler avec une j<strong>au</strong>ge non covariante(kɛ = nɛ = 0), il n’y a pas de fantômes puisque seuls les deux degrés de polarisationphysique <strong>des</strong> bosons de j<strong>au</strong>ge sont pris en compte.Notre introduction <strong>des</strong> fantômes de Fadeev-Popov est bien légère! La façon moderneet correcte de quantifier les théories de j<strong>au</strong>ge non abélienne repose sur la construction dela fonctionnelle génératrice qui, par dérivation, donnent les règles de Feynman de la sérieperturbative. Pour donner un sens mathématique à cette fonctionnelle il f<strong>au</strong>t d’abord”fixer” la j<strong>au</strong>ge par une contrainte. C’est cette contrainte qui peut s’exprimer sous formede champs de Fadeev-Popov dans le lagrangien de <strong>QCD</strong> [29]. Quant à la renormalisabilitéde <strong>QCD</strong> elle a d’abord été prouvée par ’t Hooft [30] puis, sous une forme élégante etsimplifiée, par Becchi, Rouet, Stora [31].4 Divergences ultraviolettes et renormalisationDans ce qui suit nous allons appliquer les règles de Feynman qui décrivent l’interactionentre électrons et photons (QED) et entre quarks et gluons (<strong>QCD</strong>) à l’étude <strong>des</strong> processus àh<strong>au</strong>tes énergies. Dans un calcul d’ordre supérieur on est amené à calculer <strong>des</strong> diagrammesen ”boucles”. Or ces derniers sont divergents. L’objet de ce chapitre est de montrercomment traiter ces divergences pour donner un sens à la théorie. Le problème est d’abordillustré par l’étude d’un modèle scalaire simple.4.1 Divergences ultraviolettes et renormalisation en λφ 4 .Le lagrangien de la théorie λφ 4 estL = 1 2 (∂ µφ(x)) 2 − m22 φ2 (x) − λ 4! φ4 (x) (4.40)où φ(x) est un champ scalaire réel. Les règles de Feynman correspondantes sontvertex : × = −iλ ; propagateur : =ip 2 − m 2 + iɛLa diffusion de deux particules est représentée par:qp3¡¡p4= +3 4pp1p2p+q1 23 4 43++ + ...1 21 227


On n’a gardé que les diagrammes <strong>au</strong>x deux premiers ordres de la théorie <strong>des</strong> perturbations.Si on dénote q = p 1 − p 3 l’impulsion de transfert entre particules entrante et sortante ona q 2 < 0. L’amplitude de diffusion s’écritM = −iλ + λ22∫d 4 p(2π) 4 1(p 2 − m 2 + iɛ)((p + q) 2 − m 2 + iɛ)+ ... (4.41)où p est l’impulsion dans la boucle et où ”...” dénote la contribution <strong>des</strong> deux derniersdiagrammes. L’élément d’espace de phase peut s’écrire∫ ∫d 4 p = p 3 dp dΩoù p dénote la norme du vecteur et dΩ est l’élément d’angle solide. Une analyse dimensionellede l’intégrand montre que quand p → ∞ il se comporte comme ∫ dp/p quidiverge lorgarithmiquement. Pour donner un sens <strong>au</strong> calcul on régularise l’intégrale enintroduisant un cut-off ultraviolet Λ UV ,∫ dpp → ∫ ΛUVdpp(4.42)L’évaluation de l’éq. (4.41) donne une expression de la forme−ig(q 2 , Λ 2 UV ) = −iλ + 3i λ 2(4π) 2 ln Λ2 UV−q 2 + termes indépendants de Λ UV (4.43)où la notation g(q 2 , Λ 2 UV ) rappelle que le résultat du calcul dépend de l’invariant physiqueq 2 et du cut-off. Considèrant maintenant le même processus à l’échelle 10 q 2 , on a :Eliminant λ à l’aide de l’équation (4.43) on ag(10q 2 , Λ 2 UV ) = λ − 3 λ2(4π) 2 ln Λ2 UV−10q 2 + · · · (4.44)g(10q 2 , Λ 2 UV ) = g(q2 , Λ 2 UV ) + 3g2 −10q2ln + · · · + O(λ 3 ) (4.45)(4π)2−q 2Dans le terme en λ 2 on a substitué λ = g ce qui est tout à fait justifié puisque le calculest mené <strong>au</strong>x deux premiers ordres de la théorie <strong>des</strong> perturbations et que l’on négligeles termes d’ordre supérieur en λ 3 ∼ g 3 . La morale de l’histoire est que si l’on exprimel’amplitude de diffusion à l’échelle 10 q 2 en fonction de celle à l’échelle q 2 , toute dépendenceexplicite en Λ UV a disparu <strong>des</strong> équations. En d’<strong>au</strong>tres termes, si on fait une expérience àl’échelle q 2 pour déterminer la valeur de l’amplitude de diffusion à cette échelle, alors lathéorie prédit, par l’équation (4.45), quel sera le résultat d’une expérience à 10q 2 .En général, la série perturbative pour une quantité physique, ici g(q ′2 ) où q ′2 est uneéchelle qui caractérise l’énergie du processus étudié, construite à l’aide du paramètre λ (λcouplage dans le lagrangien) n’est pas bien définie car les coefficients du développementen λ sont infinis (dépendent du cut-off non physique Λ UV dans la théorie régularisée).En revanche, la série perturbative pour g(q ′2 ) construite à l’aide de g(q 2 ), (q 2 ≠ q ′2 ) estparfaitement définie, les coefficients de la série étant finis. On rappelle que la divergence28


<strong>des</strong> coefficients de la série en λ est due <strong>au</strong>x divergences ultraviolettes dans les diagrammesen boucle. Ce que prédit la théorie n’est donc pas la valeur de l’amplitude de diffusion,en fonction de λ et <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres paramètres du lagrangien, mais seulement la variation del’amplitude avec l’échelle d’énergie connaissant cette amplitude à une énergie donnée.On peut exprimer l’éq. (4.44) sous forme différentielle :dg(q 2 , Λ 2 UV )dq 2= 3 λ2 1(4π 2 ) q ∼ 3g2 1(4.46)2 (4π 2 ) q 2puisque λ ∼ g à l’ordre <strong>au</strong>quel on fait le calcul. Il s’ensuit, par intégration :g(q 2 ) =g(q 2 0 )1 − c g(q0 2 q2) lnq02, c = 3(4π) 2 en théorie λφ 4 . (4.47)C’est ce que l’on appelle la ”constante de couplage mobile” (running coupling). Connaissantla valeur du couplage en un point q0 2 , la théorie prédit sa valeur en tout point. Leparamètre de couplage λ dans le lagrangien est, quant à lui, appelé le ”couplage nu”. Onpeut ré-écrire l’éq. (4.45)]g(q ′2 ) =[g(q 2 ) − 3g2 −q2ln + 3g2 −q′2ln . (4.48)(4π)2Λ 2 UV(4π)2Λ 2 UVLe terme entre [ ] est la contribution du terme en arbre, exprimé en fonction du couplagerenormalisé, tandis que le dernier terme est la correction à une boucle. La forme (4.48) estla forme sous laquelle on va construire la série perturbative, c’est-à-dire directement enfonction du couplage renormalisé. Pour cela on écrit la relation entre les deux couplagessous la forme (renormalisation multiplicative) :λ = Z λ g où Z λ = 1 −3g(4π) 2−q2lnΛ 2 UV(4.49)4.1.1 Principes de la procédure de renormalisation.Une analyse systématique montre qu’il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi introduire une masse renormalisée etun champ renormalisé. En fait, pour chaque paramètre, dit paramètre nu, apparaissantdans le lagrangien il f<strong>au</strong>t introduire son équivalent renormalisé. On écrit le lagrangienL = 1 2 (∂ µφ B ) 2 − m2 B2 φ2 B − λ B4!φ 4 B (4.50)où l’indice B dénote les quantités nues (bare en anglais). On exprime la relation entreparamètres nus et les paramètres renormalisés par une généralisation de l’équation (4.49)φ B = Z 1/23 φ R , m 2 B = Z m m 2 R , λ B = Z λ λ R . (4.51)Les φ R , m R et λ R sont les quantités renormalisées. Pour <strong>des</strong> raisons qui vont devenirévidentes, on écrit habituellementZ m = Z 0Z 3, Z λ = Z 1Z 2 3(4.52)29


Les Z i sont de la forme éq. (4.49), c’est-à-dire qu’ils admettent un développement perturbatifen λ R . A ce point, on introduit une théorie régularisée pour donner un sensmathématique <strong>au</strong>x divergences ultraviolettes. Ci-<strong>des</strong>sus on a introduit un cut-off Λ UV .Pour QED, <strong>QCD</strong>, l’approche moderne consiste à travailler en n ≠ 4 dimensions (voir plusbas). Les relations de type (4.49) dépendent évidemment de la procédure de régularisation.Puisque l’on veut travailler directement avec les quantités renormalisées on va ré-écrire lelagrangien en fonction <strong>des</strong> φ R , m R , λ R . On trouve immédiatementL = Z 32 (∂ µφ R ) 2 − Z 02 m2 R φ 2 R − Z 14!λ R φ 4 R= 1 2 (∂ µφ R ) 2 − m2 R2 φ2 R − λ Rφ 4 R4!+ δZ 32 (∂ µφ R ) 2 − δZ 02 m2 R φ2 R − δZ 14! λ R φ 4 R≡ L R + δL (4.53)Par définition, L R est identique à L s<strong>au</strong>f qu’il est exprimé en fonction <strong>des</strong> quantitésrenormalisées tandis que δL contient les contre-termes proportionnels à δZ i = Z i − 1.Au lieu maintenant de construire la série perturbative à partir de la forme éq. (4.50),on va la construire à partir de la décomposition éq. (4.53) du lagrangien. Les règles deFeynman pour L R sont les mêmes que celles pour L s<strong>au</strong>f qu’elles concernent maintenantles quantités renormalisées. Pour avoir la même théorie que celle en éq. (4.50) il f<strong>au</strong>draalors ajouter la contribution <strong>des</strong> contre-termes qui seront choisis de façon à compenserles divergences engendrées par les boucles de L R (cf. éq. (4.48)). Ces contre-termes sonttraités comme <strong>des</strong> couplages et correspondent à de nouve<strong>au</strong>x diagrammes de Feynmandont les règles sont:= −iλ R δZ 1 , contre-terme du vertex= ip 2 δZ 3 , contre-terme de la fonction d’onde= −im 2 R δZ 0, contre-terme de masse(4.54)Par exemple, pour la fonction à 4-points déjà considérée on <strong>au</strong>ra à calculer la série dediagrammesq’ = + 3 + 3où, dans ce cas, seul le contre-terme de vertex entre en jeu, L’application <strong>des</strong> règles deFeynman donne alors, en accord avec l’éq. (4.48)−ig(q ′2 ) = −iλ R + i 3λ2 R Λ2ln(4π)2−q − (iλ R) 3λ R −q2ln ′2 (4π)2Λ . (4.55)2où la contribution du contre-terme est le dernier terme à droite.30


4.1.2 Résumé et discussionDans les calculs d’ordre supérieur (calculs en boucles) en théorie <strong>des</strong> champs, apparaissent<strong>des</strong> divergences ultraviolettes dans les coefficients du développement perturbatif.Pour donner un sens à la théorie il f<strong>au</strong>t la renormaliser. La procédure de renormalisationse décompose en plusieurs étapes :– on exprime, à priori, le lagrangien en fonction <strong>des</strong> paramètres renormalisés et on écritles contre-termes ;– on régularise la théorie pour donner un sens mathématique <strong>au</strong>x divergences ; on utiliserala régularisation dimensionnelle où l’espace de phase est en dimension n et les divergencesapparaissent comme <strong>des</strong> pôles en 1/ε où ε = n − 4 ;– on choisit les contre-termes de façon à compenser les divergences ; différents choix decontre-termes, qui diffèrent par <strong>des</strong> termes finis, mènent à différents schémas de renormalisation.Les paramètres renormalisés dépendent d’une échelle de masse caractéristiquedu probème considéré. Les coefficients du développement perturbatif de n’importe quelobservable, sont alors finis (si la théorie est renormalisable) et, à l’ordre <strong>au</strong>quel on fait lecalcul, tous les schémas de renormalisation donne le même résultat.L’origine <strong>des</strong> divergences ultraviolettes est lié <strong>au</strong> fait que l’on suppose la théorie valablequelque soit l’échelle d’énergie considérée, en particulier quand |q 2 | → ∞. Par les relationsd’incertitude de Heisenberg cela correspond à <strong>des</strong> distances infiniment petites. Ceci est àcontraster avec la situation habituelle en physique où les lois ont un domaine de validitélimité. Par exemple, la physique atomique est caractérisée par une longueur l ≃ 1 Å=10 −10 m alors que la physique nucléaire est caractérisée par l ≃ 1 fm = 10 −15 m. Celacorrespond respectivement à <strong>des</strong> énergies de l’ordre de 1 eV et 100 MeV tandis que ledomaine de la physique <strong>des</strong> particules est de 1 GeV et <strong>au</strong> delà.Toute la connaissance de la physique nucléaire nécessaire à la physique atomique serésume à quelques constantes comme la masse et la charge du noy<strong>au</strong>. De même, laphysique <strong>des</strong> particules utile à la physique nucléaire se réduit à la connaissance de la massedu proton, du neutron, du pion et du couplage πNN. Donc l’étude de la physique à uneéchelle donnée n’a pas besoin <strong>des</strong> détails de la physique à une échelle de distance be<strong>au</strong>coupplus petite: seule la valeur de quelques constantes suffit. La procédure de renormalisationramène le cas de la théorie <strong>des</strong> champs à une situation habituelle en physique puisquetoutes les complications liées <strong>au</strong>x divergences ultraviolettes peuvent être éliminées parune re-définition de quelques paramètres tels que masse, couplage, normalisation de lafonction d’onde.Avant de passer <strong>au</strong>x détails <strong>des</strong> calculs on peut faire la remarque suivante concernantle couplage mobile. Si dans le lagrangien, éq. (4.40) on avait choisi m = 0, il n’y <strong>au</strong>rait paseu d’echelle de masse explicite dans la théorie puisque λ est sans dimension. On <strong>au</strong>rait pudéfinir le couplage mobile et on <strong>au</strong>rait alors trouvé l’éq. (4.47) qui dépend explicitementd’une échelle de masse. Ceci peut paraître paradoxal mais c’est une conséquence de laprocédure de renormalisation car, pour définir le couplage renormalisé, on a du d’abordrégulariser la théorie par l’introduction d’un cut-off ce qui a implicitement introduit uneéchelle de masse.31


4.2 Analyse dimensionnelleLa ”régularisation dimensionnelle” [32] consiste à travailler dans un espace à n dimensions,n = 4 − 2ε ,et à la fin <strong>des</strong> calculs prendre la limite ε → 0. Il est important d’utiliser une procédure quipréserve les invariances de la théorie. Le cut-off utilisé précédemment brise l’invariancesous les translations, puisqu’il met une borne sur l’intégration de l’impulsion interne.Pour QED et <strong>QCD</strong>, théories covariantes de Lorentz, ce choix n’est pas approprié ∗∗ etl’on préfere utiliser la régularisation dimensionnelle qui respecte l’invariance de la théoriesous les translations ainsi que l’invariance de j<strong>au</strong>ge.On utilise QED comme exemple.dimension∫S =On rappelle que l’action est une quantité sansd n x L(ψ, ¯ψ, A µ ).Les paramètres (champs, couplage) voient leur dimension, exprimée en unité de masse,affectée lorsque l’on passe de ∫ d 4 x à ∫ d n x. Si on dénote la dimension de ψ par le symbole[ψ], · · · , on a alors[S] = 0 , [d n x] = −n.D’où, de façon évidente,[ ¯ψ∂ µ ψ] = n ⇒ [ψ] = n−1 [∂2 µ A ν ∂ µ A ν ] = n ⇒ [A µ ] = n−22[e ¯ψ ̸Aψ] = n ⇒ [e] = 4−n = ε [m ¯ψψ] = n ⇒ [m] = 12(4.56)Le résultat important est que la charge électrique (couplage) acquiert une dimension ε.Dans la théorie régularisée à n-dimensions, la charge sera alors écriteeµ ε , µ paramètre de masse arbitraire.Le terme µ ε va jouer un rôle important dans la procédure de renormalisation : il va tenir lerôle du point de soustraction −q 2 dans la discussion précédente utilisant la régularisationpar un cut-off. Si en régularisation dimensionnelle le couplage est modifié les propagateurs,eux, ne sont pas modifiés.Lors du calcul <strong>des</strong> intégrales en boucles on devra typiquement évaluer :∫( )(eµ) 2ε d n k 1e 2 4πµ2 εΓ(1 + ε)= i(2π) n (k 2 − M 2 ) 2 (4π) 2 M 2 ε[ ( ) ]= i e2 1 µ24π ε + ln 4π − γ + ln + O(ε 2 )M 2(4.57)4.3 Renormalisation de QED à une boucle.Le lagrangien QED, exprimé en fonction <strong>des</strong> quantités nues, estL = − 1 4 F Bµν F µνB + ¯ψ B (i ̸∂ − e B ̸A B )ψ B + m B ¯ψB ψ B . (4.58)∗∗ Voir cependant le cours d’Olivier Pène et la régularisation ”sur rése<strong>au</strong>”.32


On introduit les champs, couplage, masse renormalisés en relation avec leur équivalent nuA µ B = Z1/2 3 A µ , m B = Z 0Z 2m ,Le lagrangien se décompose alors L = L R + δL avec1ψ B = Z 22 ψ , e B = Z 1eµ ε (4.59)Z 2 Z 1/23L R = − 1 4 F µνF µν + ¯ψ(i ̸∂ − eµ ε ̸A)ψ + m ¯ψψ (4.60)exprimé en fonction <strong>des</strong> quantités renormalisées etδL = − 1 4 (Z 3 − 1)F µν F µν + (Z 2 − 1) ¯ψi ̸∂ψ − (Z 1 − 1)eµ ε ¯ψ ̸Aψ − (Z0 − 1)m ¯ψψ. (4.61)Le lagrangien renormalisé L R donnent les règles de Feynman usuelles tandis que δL introduitde nouvelles règles associées <strong>au</strong>x contre-termes. Les contre-termes sont traitéscomme <strong>des</strong> termes d’interaction et on obtient les diagrammes suivants:(Z 0 − 1)m ¯ψψ → = −im(Z 0 − 1) c.terme de masse(Z 2 − 1) ¯ψi¯∂ψ → X = i ̸p(Z 2 − 1) c.terme de fn. d’onde(Z 1 − 1)eµ ɛ ¯ψAψ → = −ieµ ɛ γ α (Z 1 − 1) c.terme de couplage− 1 4 (Z 3 − 1)F µν F µν → X = i(q µ q ν − q 2 g µν )(Z 3 − 1) c.terme de fonctiond’onde du photonEn QED, à l’approximation d’une boucle il f<strong>au</strong>t calculer 3 types de diagrammes pourlesquels va maintenant citer les résultats.4.3.1 Polarisation du vide : calcul de Z 3 .On considère ”la polarisation du vide” donnée par les diagrammes à 2 photons externes,à l’ordre d’une boucle. On suppose les photons externes hors-couche q 2 < 0 :p-q→ qµ ν+XpOn dénote iΠ µν (q) ces contributions et on a donc,iΠ µν (q) = iΠ boucleµν (q) + i(Z 3 − 1)(q µ q ν − q 2 g µν ). (4.62)On peut calculer la boucle explicitement ou remarquer que l’invariance de j<strong>au</strong>ge imposeΠ boucleµν (q) = (q µ q ν − q 2 g µν )Π boucle (q 2 ) (4.63)où Π boucle (q 2 ) est une fonction scalaire. Il suffit alors de calculer la traceΠ µ µ (q2 )| boucle = (2ε − 3) q 2 Π boucle (q 2 ).33


L’application <strong>des</strong> règles de Feynman donne le résultat :Π(q 2 ) = Z 3 − 1 + 1 3 (1 ε + ln 4π − γ)α π − 2α π∫ 10dx x(1 − x) ln m2 − q 2 x(1 − x)µ 2 (4.64)Schémas de renormalisationLe choix du contre-terme pour compenser la divergence définit le schéma de renormalisation:• schéma MS: ”minimal subtraction scheme” (’t Hooft, Veltman)Z 3 −1| MS = − α3πε ⇒ ΠMS (q 2 ) = α ∫ 13π (ln 4π−γ)−2α dx x(1−x) ln m2 − q 2 x(1 − x)π 0µ 2 (4.65)• schéma MS: (Buras, Bardeen, ...)Z 3 −1| MS = − α 3π (1 ε +ln 4π−γ) ⇒ ΠMS (q 2 ) = − 2α π∫ 10dx x(1−x) ln m2 − q 2 x(1 − x)µ 2 (4.66)Il permet de se débarasser d’inutiles facteurs ln 4π − γ dans les quantités renormalisées.• schéma ON (schéma physique ou sur couche de masse): c’est le schéma adopté dansla discussion de λφ 4 . On soustrait le contre-terme à q 2 = 0 (condition ”on shell”)en imposant la contrainteΠ(q 2 = 0)| ON = 0, (4.67)d’oùet doncZ 3 − 1| ON = − α 3π (1 ε + ln 4π − γ) − α 3πΠ(q 2 )| ON = − 2α π≃− α 3π∫ 10lnm2µ 2dx x(1 − x) ln m2 − q 2 x(1 − x)m 2Ce genre de conditions est souvent utilisé en QED.ln−q2m 2 quand q 2 → ∞, (−q 2 >> m 2 ) (4.68)On voit que les différents schémas de renormalisation diffèrent par <strong>des</strong> termes constants.4.3.2 Conséquence et applicationLe propagateur du photon est modifié par l’insertion de boucles et contre-termes. Pourle diffusion eµ, par exemple, on peut calculer la série complète34


e µ+ + + ... +X + X + ...= =1 2L’amplitude de diffusion s’obtient après sommation de la série géométrique et on a :ū 1 γ µ u 1−iq 2 (gµν − qµ q νq 2 )ū 2γ ν u 2e 2 R1 + Π R (q 2 ) = e 2 R1 + Π R (q 2 )ū1γ µ u 1−iq 2 ū2γ µ u 2 (4.69)On choisit de travailler dans le schéma de renormalisation ON (physique). Dans ce schémaela charge est, par définition, la valeur de la constante2 ON= 1+Π ON (0) e2 ON à q2 = 0 (voir éq.(4.67)). On trouve par une mesure expérimentale queα ON = e2 ON4π = 1137, 0359895 , (4.70)valeur que l’on dénote habituellement par α. A une valeur q 2 , la charge effective serasoite 2 ON(q 2 ) =e 2 ON1 + Π ON (q 2 ) = e 2 ON1 − e2 ON12π 2 ln −q2m 2 , −q 2 >> m 2α ON (q 2 ) =Au LEP, par exemple, q 2 = M 2 Z = (90 GeV)2 , on <strong>au</strong>raα ON (M 2 Z) =α1 − α ln , |q 2 | >> m 2 (4.71)|q2 |3π m 21/1371 − 1 1ln ≃ 1M Z2 128137 3π m 2qui est la valeur utilisée pour l’analyse <strong>des</strong> résultats expériment<strong>au</strong>x. La prise en compte<strong>des</strong> termes d’ordre supérieur de la théorie <strong>des</strong> perturbations implique donc que la chargeélectrique effective dépend <strong>des</strong> conditions cinématiques de l’observation.Remarque : Attention! On n’a considéré dans la discussion qu’une partie <strong>des</strong> diagrammesà une boucle ce qui est justifié pour QED comme on le verra plus bas. Le calcul correctet complet doit prendre en considération tous les diagrammes du même ordre en α queceux considérés ici.4.3.3 Self-énergie du fermion (calcul de Z 0 , Z 2 ) et du vertex (Z 1 )On considère maintenant le diagramme à deux fermions externes supposant, pour le moment,le fermion légèrement hors couche (p 2 ≠ m 2 ). Il y a trois diagrammes à prendre encompte:← kpp+k+ X + =35


−iΣ boucle (p) + i ̸p(Z 2 − 1) + (−im)(Z 0 − 1) = −iΣ(p)contre-terme contre-termede fn. d’onde de masse(4.72)La renormalisation s’obtient dans le schéma MS par le choix <strong>des</strong> contre-termes :Z 0 − 1| MS = − α Γ(1 + ε)(4π)ε = − α π ε π (1 + ln 4π − γ)εZ 2 − 1| MS = − α Γ(1 + ε)(4π)ε = − α 4π ε 4π (1 + ln 4π − γ), (4.73)εet la forme du propagateur renormalisé dans ce schéma sera donc˜S F (p)| MS =i̸p − m − Σ(p)| MS + iɛPour le vertex, les diagrammes à considérer sont :(4.74)p+kα↓q+↓qp← kp'Il suffira, pour déterminer la partie divergente, de choisir une cinématique particulièresimple, par exemple q = 0 ⇒ p = p ′ . On a alorsΛ α (p, p) = Λ boucleα (p, p) + (Z 1 − 1)γ∫ α= (Z 1 − 1)γ α − i(eµ ε ) 2 d n k(2π) γ 1n ρ̸p+ ̸k − m + iɛ γ 11α̸p+ ̸k − m + iɛ γρ k 2 + iɛLe choixZ 1 − 1| MS = Z 2 − 1| MS = − α 4πrendra le vertex renormalisé fini dans le schéma MS.pp'( 1ε + ln 4π − γ )(4.75)Remarque : La relation Z 1 = Z 2 + éventuellement <strong>des</strong> termes finis est une relationgénérale, valable à tous les ordres de la théorie <strong>des</strong> perturbations, conséquencede l’invariance de j<strong>au</strong>ge de la théorie. C’est un cas particulier <strong>des</strong> identités de Ward-Takahashi.En résumé, nous avons calculé dans les sections précédentes les contre-termes Z i quirendent l’électrodynamique quantique finie dans l’approximation à une boucle de la théorie<strong>des</strong> perturbations. C’est à dire que tout processus physique calculé dans cette approximationn’<strong>au</strong>ra pas de divergences ultraviolettes et le résultat du calcul devra être fini. Dans leschéma MS les contre-termes dans les équations (4.66), (4.73), (4.75) sont respectivement:Γ(1+ε)(4π)→ Z 3 = 1 + c ε e 23 , cε 3 = − 112π 2Γ(1+ε)(4π)→ Z 2 = 1 + c ε e⎫⎪ 22 , cε 2 = − 1 ⎬16π 2en MS⎪Γ(1+ε)(4π)→ Z 1 = 1 + c ε e ⎭ 21 , cε 1 = c 236


Le calcul d’un processus physique quelconque à l’ordre d’une boucle nécessitera évidemmentle calcul complet de tous les diagrammes et non seulement celui de la partie divergentedans l’ultraviolet. On pourra alors obtenir les corrections d’ordre α par rapport<strong>au</strong> terme de Born. C’est ainsi que l’on peut calculer le moment magnétique anormal del’électron ou du muon.4.3.4 Conséquence : la fonction β(α) et le couplage mobile.Nous avons montré de façon intuitive comment les corrections d’ordre supérieur modifiaientla constante de couplage et comment il était naturel d’introduire un couplage mobile(dépendant de la variable d’énergie du problème considéré). On va introduire maintenantde façon plus formelle et générale le couplage mobile.Le point de départ est la relation éq. (4.59) entre couplage nu, couplage renormaliséet les fonctions Z ie B = eµ ε Z 1Z 2 Z 1 23(4.76)avec, dans le schéma MS, <strong>des</strong> Z i de la forme2 Γ(1 + ε)Z i = 1 + c i e (4π) ε (4.77)εDans le cadre de l’approximation à une boucle (approximation d’ordre e 2 ) on peut toujoursré-écrireZ 1e 2≡ ZZ 2 Z 1 e = 1 + C e (4.78)2 ε3où la constante C e est connue dès que les Z i le sont, puisque(C e = c 1 − c 2 − c )3Γ(1 + ε)(4π) ε (4.79)2Dans nos notations simplifiées on a donc e B = eµ ε Z e (e) où e(µ), le couplage renormalisé,est une fonction de µ. On introduit de façon traditionnelle la fonction β(e), dite fonctionβ de Gell-Mann/Low,β(e) ≡ µ dedµ = ded ln µ . (4.80)Le couplage e B est évidemment indépendant de µ : en effet, la masse µ et le couplagerenormalisé ne sont introduits que lorsqu’on sépare la densité lagrangienne entre unepartie ”renormalisée” et les contre-termes. On a doncµ de Bdµ ≡ 0 ⇒ µ ddµ (eµε Z e (e)) ≡ β(e)µ ε Z e (e) + εeµ ε Z e (e) + eµ ε µ dZ e(e)dµAprès un calcul un peu subtil, on voit que les termes en 1/ε disparaissent et que= 0. (4.81)β(e) ≃ 2C e e 3 (4.82)37


où C e est connu, via l’équation (4.79). Il est traditionnel de définir, plutôt que β(e) dansl’équation (4.80), la fonctionβ(α) =dαd ln µ = 12 4πde 2d ln µ 2 ⇒ β(α) = e4πβ(e). (4.83)D’où par l’éq. (4.82), β(α) = 8πC e α 2 = α2 , qui montre que la constante de couplage α3πcroît quand µ croît. Intégrant cette équation différentielle, on obtient le couplage mobilesous sa forme usuelle,α(µ 2 α(µ 2) =0)(4.84)1 − α(µ2 0 ) µ2ln3π µ 2 0On remarque par comparaison avec l’équation (4.71) que l’évolution en masse (q 2 ≡ µ 2 )<strong>des</strong> fonctions α ON (q 2 ) et α(q 2 ) ≡ α MS (q 2 ) est identique. Les deux fonctions diffèrent parles conditions <strong>au</strong>x limites ce qui est normal puisque les fonctions sont définies dans <strong>des</strong>schémas de renormalisation différents.La relation du type de B≡ 0 (éq. (4.59) n’est qu’un cas particulier <strong>des</strong> équations dudµgroupe de renormalisation qui jouent un rôle fondamental en théorie <strong>des</strong> champs. Ellesexpriment que les prédictions physiques (observables) ne doivent pas dépendre du choixde la procédure de régularisation ni du schéma de renormalisation. En particulier, l’éq.(4.84) exprime comment le couplage α(µ) doit varier en fonction de µ pour que, quand le”point de renormalisation” µ varie, les prédictions physiques soient indépendantes de µ.4.4 Renormalisation de <strong>QCD</strong> à une boucleOn rappelle les règles de Feynman de <strong>QCD</strong> (voir 3). Pour renormaliser la théorie on doitprocéder comme pour QED, c’est-à-dire, partir de L <strong>QCD</strong> (ψ iB , A a µB , g B, ...) et exprimercette densité lagrangienne en fonction <strong>des</strong> quantités renormalisées et <strong>des</strong> contre-termes.Notre but ici étant seulement le calcul du couplage mobile on se contentera de partir dela relationg B = Z 1√ gµ ε (4.85)Z 2 Z3concernant le couplage gluon-fermion-fermion. Les Z i ont la même signification qu’enQED : Z 1 contre-terme du vertex, Z 2 contre-terme de la fonction d’onde du quark (onsupposera les quarks de masse nulle donc pas de Z 0 ), Z 3 contre-terme de la fonction d’ondedu gluon. Le calcul est effectué en j<strong>au</strong>ge covariante, le propagateur du gluon étant choiside la forme :δ abiq 2 + iɛ(−g µν + (1 − a) q µq νq 2 + iɛavec a = 0 en j<strong>au</strong>ge de Land<strong>au</strong> utilisée ci-<strong>des</strong>sous.successivement Z 2 , Z 3 et Z 1 .)Nous allons maintenant calculer4.4.1 Calcul de Z 2C’est le contre-terme de la fonction d’onde du quark. Il n’y pas lieu de calculer le contretermede masse δZ 0 puisque les quarks sont supposés de masse nulle (m B = m = 0). Les38


diagrammes à considérer sont similaires à ceux de QED avec essentiellement le facteur decouleur en plus :liLe diagramme en boucle s’écrit :−i Σ boucle = (−igµ ε ) 2 < T aikT a kj >j+i j= −iΣ boucle (p) + (Z 2 − 1)i ̸p∫d n l(2π) n γ µi(̸p+ ̸l)(p + l) 2 + iɛ γ νil 2 + iɛ (−gµν + (1 − a) lµ l νl 2 )où la seule différence avec QED est le calcul du facteur de couleur (voir le vertex fermionfermion-gluonen sec. 3.2) :g 2 ∑ a(T a T a ) ij = g 2 < c F > δ ij = 4 3 g2 δ ijaprès avoir sommé sur l’indice de couleur du gluon et du quark interne. Le résultat est :Σ boucle (p) = −a < c F >Γ(1 + ε)ε( ) 4πµ2 εg 2(1 + ε) ̸p−p 2 16π2 Comme on travaille en j<strong>au</strong>ge de Land<strong>au</strong> on a alors trivialement,Σ boucle (p) = 0et donc nécessairement Z 2 | MS = 1 puisqu’il n’y a pas de divergence à compenser! Onpeut remarquer que ce résultat est différent de celui en j<strong>au</strong>ge de Feynman, a = 1, commeon peut s’en rendre compte si on le compare avec le calcul de la self-énergie de l’électrondécrit plus h<strong>au</strong>t. Ceci illustre le fait que les diagrammes de Feynman ne sont pas individuellementindépendants de j<strong>au</strong>ge alors que les observables physiques le sont.4.4.2 Calcul de Z 3Le calcul de ce contre-terme est bien plus compliqué et il met en jeu <strong>des</strong> diagrammestypiques d’une théorie non abélienne puisqu’ils contiennent <strong>des</strong> couplages à trois ou quatrebosons de j<strong>au</strong>ge. Il f<strong>au</strong>t évaluer :iπ µν (q) = ajib+ + + +Dans une notation évidente on décompose le diagramme de polarisation du gluon en unesérie de termes :Π µν (q) = Π µνF(q) + Πµν g(q) + Πµνgh(q) + Πµν 4g (q) + (Z 3 − 1)(q µ q ν − q 2 g µν ).- Π µνF(q) : ce diagramme contient une boucle fermionique et du point de vue structurede Lorentz il est similaire <strong>au</strong> diagramme de polarisation du vide en QED. Aucun nouve<strong>au</strong>39


calcul n’est nécessaire pour évaluer l’intégrale sur l’impulsion interne. Quant à la partiede couleur, elle est simplement :T aij T b ji = T rT a T b = δab2 .Cependant puisque chaque espèce de quark léger contribue à part égale (quarks de massenulle) il f<strong>au</strong>dra multiplier le résultat par N F , le nombre de saveurs considérées. AinsiΠ µνF (q) = < N δ abF2 > Πµν (q)| QED= < N Fδ ab( )2 > g2 4πµ2 εΓ(1 + ε)12π 2 −q 2 ε(1 + ε )(q µ q ν − q 2 )g µν6- Π µν4g (q) : c’est le diagramme de type ”tadpole”, le seul qui fasse intervenir le couplageà quatre gluons. Il se trouve être égal à 0 en régularisation dimensionnelle.- Π µνg (q) : c’est le diagramme avec la boucle de gluons; le calcul de l’intégrale surl’impulsion est très long mais ne présente <strong>au</strong>cune difficulté majeure et nous nous borneronsà citer le résultat. Quant <strong>au</strong> facteur de couleur c’est simplement :dab~ f acd f bcd ~ N c δ abOn trouve finalement :( )Π µνg (q) = − < N cδ ab > g2 4πµ2 εΓ(1 + ε)16π 2 −q 2 εc( 73 qµ q ν − 2512 q2 g µν )On constate aisément que le calcul n’est pas complet car la condition de transversalitén’est pas satisfaite : q µ Π µνg ≠ 0, ce qui est une manifestation de la non-invariance de j<strong>au</strong>gede ce diagramme. En effet, il f<strong>au</strong>t calculer la contribution de la boucle avec fantômes.- Π µνgh(q) : l’application <strong>des</strong> règles de Feynman permet d’écrire facilement avec lesconventions de la figure (attention <strong>au</strong>x signes!) :qdk+qackbiΠ µνgh (q) =< N cδ ab >( ) g2 4πµ2 ε (Γ(1 + ε) 116π 2 −q 2 ε 6 qµ q ν + 1 )12 q2 g µνEn combinant tous les termes, on arrive finalement à déterminer le contre-terme de lafonction d’onde du gluon, dans le schéma MS,〈 13(Z 3 − 1)| MS=6 N c − 4 〉 g26 N Γ(1 + ε)F(4π) ε (4.86)16π 2 ε40


4.4.3 Calcul de Z 1Il y a trois diagrammes :ap'cjµ+ abl + µapi−igµ ε Λ µ (p, p ′ )| boucle + (−igµ ε ) (Z 1 − 1) T aij γµ- La première boucle (avec 2 fermions internes) est de la même forme qu’en QED s<strong>au</strong>fpour les facteurs de couleur. La partie divergente est en relation avec la partie divergentede la ”self-energie” du fermion et nous avions trouvé que Z 1 = Z 2 . Cette relation estvraie en j<strong>au</strong>ge de Land<strong>au</strong> et ce diagramme n’a donc pas de divergence ultraviolette.- La seconde boucle a le facteur de couleurf abc T bil T clj = f abc (T b T c ) ij = f abc 1 2 [T b , T c ] ij⇒ i < c A2 > T aij = i < N c2 > T aij (4.87)Après avoir évalué la partie de Lorentz (calcul fastidieux), on peut déterminer le contretermedans le schéma MS et on trouve :〈 〉Nc 3 g 2 Γ(1 + ε)(Z 1 − 1)| MS = −(4π) ε (4.88)2 2 16π 2 εEn résumé, dans la notation de l’éq. (4.77), la valeur <strong>des</strong> contre-termes Z 1 , Z 2 , Z 3 estc 1 = − 3 N ⎫4 c Γ(1+ε)(4π)ε16π ⎬ 2c 2 = 0c 3 = ( 13N c− 4 N ) Γ(1+ε)(4π) ε ⎭ ⇒ C g = − 1 ( 1132π 2 3 N c − 2 )3 N F6 6 F 16π 2où l’on a évidemment défini C g = c 1 − c 2 − c 32.4.4.4 Le couplage mobile α s et définition de Λ <strong>QCD</strong>Nous sommes maintenant en mesure de calculer la fonction β(α s ) de <strong>QCD</strong> (où α s =g 2 /4π est la ”constante de structure fine” de la chromodynamique quantique) ainsi quele couplage mobile. Utilisant les résultats ci-<strong>des</strong>sus dans les éqs. (4.82, 4.83) il vientd’où le couplage mobileβ(α s ) ≡dα sd ln µ = − 12 4π( 113 N c − 2 3 N F)α s (µ) =α s (µ 0 )1 + (11Nc−2N F )12πα s (µ 0 ) ln µ2µ 2 0. (4.89)41


Le couplage décroît donc quand µ croît si 11N c − 2N F > 0 (nombre de saveurs de quarksinférieur à 17) : c’est la propriété de liberté asymptotique [24].On retrouve le résultat pour QED si N c = 0 et N F < 1 2 >= 1 (pour un fermionsans couleur). Le terme proportionnel à N c dans l’équation ci-<strong>des</strong>sus, associé <strong>au</strong>x termes”non-abéliens” avec couplage à trois gluons, est responsable de la propriété de libertéasymptotique (il est positif) tandis que le terme dépendant de N F , qui vient uniquementde la boucle fermionique, est négatif comme en QED. On peut se rappeler le signe relatifentre ces deux types de contributions en se souvenant que les boucles de fermions ont unfacteur (−1) supplémentaire dû à la statistique de Fermi-Dirac.Pour le calcul de α s nous avons considéré le couplage quark-gluon-quark. Nous <strong>au</strong>rions<strong>au</strong>ssi bien pu choisir le couplage à trois gluons où le couplage fantôme-gluon-fantôme,calculer les facteurs Z i correspondants et en déduire les fonctions β(α s ) relatives à cescouplages. L’invariance de j<strong>au</strong>ge de <strong>QCD</strong> implique certaines relations entre les Z i (invarianceBRS (Becchi, Rouet, Stora) en <strong>QCD</strong>) qui sont l’équivalent de la relation Z 1 = Z 2en QED. Ces relations impliquent que l’on obtient la même fonction β(α s ) quelque soitle couplage étudié.Comme application on considère la diffusion quark-quark †† et on travaille à ”l‘approximation<strong>des</strong> logarithmes dominants” c’est à dire que l’on néglige les termes d’ordre α s comparés<strong>au</strong>x termes d’ordre 1 et α s ln(−q 2 /µ 2 0 ) où q est l’impulsion de transfert du processus.2q→q 1 q 2théorie=+ +...L’amplitude de diffusion <strong>au</strong> carré, c’est à dire à un facteur de proportionalité près lasection efficace différentielle, s’écrit théoriquement (voir l’éq. 4.69:⎛|M q 1q 2 →q 1 q 2| 2 ≡ ⎝α s (µ 0 )⎞2⎠1|ū 2 γ µ u 2q ū1γ µ u 2 1 | 2 (4.90)1 + (11Nc−2N F )12πα s (µ 0 ) ln( −q2µ 2 0On choisira une valeur de µ 0 arbitraire et on déterminera alors la valeur numérique deα s (µ 0 ) de façon que la normalisation du membre de droite soit en accord avec le résultatexpérimental à une impulsion de transfert quelconque. La chromodynamique quantiquesera alors capable de prédire la dépendance en q 2 de la diffusion quark-quark et biend’<strong>au</strong>tres choses d’ailleurs.On <strong>au</strong>rait pu effectuer la renormalisation à une <strong>au</strong>tre échelle µ 1 ≠ µ 0 et obtenir uneéquation similaire à celle ci-<strong>des</strong>sus avec µ 0 → µ 1 . La relation éq. (4.89) exprime quela théorie renormalisée à l’échelle µ 0 et celle renormalisée à l’échelle µ 1 donnent lesmêmes prédictions physiques. Il est clair, par <strong>des</strong> arguments génér<strong>au</strong>x que les prédictionsthéoriques ne dépendent pas du choix du point de renormalisation : en effet, on rappelleque toute la physique est contenue dans L(ψ iB , A µB , g B, ...) et l’éq. (4.89) exprime juste-†† La diffusion quark-quark est une ”expérience de pensée” : il f<strong>au</strong>t utiliser le modèle <strong>des</strong> partons pourpasser de la diffusion parton-parton à diffusion hadron-hadron qui est l’observable.42)2


ment l’indépendance du couplage nu g Bpar rapport <strong>au</strong> point de renormalisation (voir l’éq.(4.81)). Les sceptiques peuvent vérifier explicitement ce résultat sur l’exemple ci-<strong>des</strong>sus.L’analogue de l’éq. (4.90) pour la théorie renormalisée à µ 1 est :⎛|M q 1q 2 →q 1 q 2| 2 ≡ ⎝1 + (11Nc−2N F )12πα s (µ 1 )α s (µ 1 ) ln( −q2µ 2 1⎞⎠)2|ū 2 γ µ u 21q 2 ū1γ µ u 1 | 2 (4.91)Injectant l’éq. (4.89), avec µ = µ 1 , dans cette équation et négligeant tous les termes enαs 2 on retrouve exactement l’éq. (4.90).Le couple de valeurs (µ, α s (µ)) ne correspond pas à deux variables indépendantes maisà une seule puisqu’elles sont contraintes pour pouvoir décrire la même physique quelquesoit µ. Mathématiquement cela s’exprime par le fait que l’on peut introduire une échellede masse unique qui déterminera complètement le couplage mobile. En effet, on peutécrire l’équation (4.89):avecα s (µ) =11α s(µ 0 ) + 11Nc−2N F12πln µ2µ 2 0()Λ 2 = µ 2 12π0 exp −(11N c − 2N F )α s (µ 2 0)=1b ln µ 2 /Λ 2 (4.92)et b =12π11N c − 2N F(4.93)Λ est la constante fondamentale de <strong>QCD</strong> que l’on détermine expérimentalement. Sur labase d’une compilation <strong>des</strong> données expérimentales [33] on trouve :ou, de façon équivalente,Λ N F =5MS= 210 +34−30 MeV (4.94)α s (M Z ) = .1182 ± .0027dans le schéma MS, dans un monde avec 5 saveurs de quarks légers.On peut comparer la situation en <strong>QCD</strong> avec celle en QED. La constante de structurefine de QED α = 1/137, 0359895 pourrait paraître plus fondamentale que celle de <strong>QCD</strong>α s (M Z )| MSpour laquelle il f<strong>au</strong>t spécifier, le schéma de renormalisation ainsi qu’une valeurde l’énergie. En fait il n’en n’est rien et la situation est identique dans les deux cas (hormisla précision <strong>des</strong> mesures expérimentales!). En effet, la valeur de α ci-<strong>des</strong>sus est donnée, defaçon traditionnelle dans le schéma de renormalisation sur couche de masse (schéma ONde la section 4.3) dans la limite où les impulsions → 0. Comme jusqu’à récemment c’étaitle seul schéma de renormalisation utilisé en QED on ”oubliait” de le préciser. Dans leschéma MS la valeur de α serait différente et elle peut être calculée avec les formules dela section 4.3. La différence avec <strong>QCD</strong> réside dans le fait qu’il n’est pas possible de définirun schéma ON en chromodynamique car les quarks et les gluons étant confinés dans les<strong>hadrons</strong> ils ne sont pas sur leur couche de masse. D’<strong>au</strong>tre part, il n’est pas possible deprendre la limite <strong>des</strong> impulsions nulles car en théorie perturbative le couplage n’est alorsplus défini puisqu’il tend vers l’infini.Le concept de liberté asymptotique est illustré par la fig. 7 où l’on voit clairement ladécroissance du couplage fort en fonction de l’échelle de masse.43


Figure 7: Compilation <strong>des</strong> résultats expériment<strong>au</strong>x illustrant la liberté asymptotique :décroissance du couplage fort avec l’échelle d’énergie [33].5 Violations de l’invariance d’échelle dans les fonctionsde structureDans la discussion précédente nous n’avons étudié que les diagrammes en boucles. Nousavons extrait de ces diagrammes la partie divergente dans l’ultraviolet (∼ 1/ε) et nousavons vu que, par la renormalisation, on pouvait absorber ces singularités et définir uncouplage mobile. Par exemple, si on considère les diagrammes suivants de la diffusionqq → qq à grande impulsion de transfert [Q = √ −q 2 ]M B == α s A B α sM v =+ + +...↑-q 2 =Q 2leur contribution à la section efficace est de la formeσ V ∼ |M B + M V | 2 ≃ |M B | 2 + 2Re M B M ∗ V∼ α 2 (Q) ( )|AMS B | 2 + 2 α MS(Q) ReA B B V44


si l’on a effectué la renormalisation dans le schéma MS, et la contribution B V <strong>des</strong> diagrammesen boucle n’a plus de singularité ultraviolette. A ce point, cependant, le calcul dela section efficace n’est pas complet, car <strong>au</strong> même ordre contribuent <strong>au</strong>ssi les diagrammes”réels” correspondant à la production de quanta sur couche de masse (”réels”). Ce sontles processus du type 2 corps → 3 corps tels quep 1kM R =+ +p 2p 3p 4k+...dont la contribution à σ est de la forme σ R ∼ |M R | 2 qui est d’ordre α 3 . Ces termesMSne peuvent avoir de divergences ultraviolettes puisque l’énergie <strong>des</strong> partons finals estlimitée par l’énergie initiale finie. En revanche, ils possèdent <strong>des</strong> ”divergences colinéaires”ou ”singularités de masse” ainsi que <strong>des</strong> ”divergences infrarouges”. Ainsi, le premierdiagramme correspondant à l’émission d’un gluon par un quark incident conduit, quandon intègre sur l’espace de phase du gluon, à un terme dans σ R du type∫I div =∫ √ sdk d cos θ dϕ(p 1 − k) 2 − m = 220∫ +1 ∫ 2πdk d cos θ dϕ−101−2p 1 .k(5.95)où √ s/2 est l’énergie maximale que peut avoir le gluon dans le repère du centre de masse.Dans ce repère on a (on donne une masse m fictive <strong>au</strong> quark) :(√ ) sp 1 =2 , 0, 0, p , p = 1 (s − 4m2 )1 √ s2 ∼22 − √ m2quand √ m


oucles. Ne nous intéressant alors qu’<strong>au</strong> comportement dans l’ultraviolet, nous n’avionspas cherché à les mettre en évidence.En résumé, la structure d’un calcul perturbatif <strong>au</strong>x deux premiers ordres, avant renormalisation,est la suivante, dans le cas où on introduit Λ UV régulateur ultraviolet, λrégulateur IR, m le régulateur colinéaire (F symbolise les fonctions de structure, ⊗ la convolutionavec les sections partoniques et Q l’échelle caractéristique du processus étudié),σ B = α p F ⊗ ̂σ(σ V = α p+1 F ⊗ a ln Λ UVQ + b 1 ln Q λ ln Q m + b 2 ln Q λ + b 3 ln Q )m + c (σ R = α p+1 F ⊗+b ′ 1 ln Q λ ln Q m + b′ 2 ln Q λ + b′ 3 ln Q )m + c′où la première ligne est la section efficace dans l’approximation de Born, c’est à dire àl’ordre le plus bas en α (ici d’ordre p), tandis que les deux lignes suivantes symbolisentrespectivement la contribution <strong>des</strong> diagrammes virtuels et réels d’ordre supérieur.On peut prouver que b 1 + b ′ 1 = b 2 + b ′ 2 = 0. C’est le théorème de Lee-Kinoshita-N<strong>au</strong>enberg [34] : les divergences infrarouges se compensent entre diagrammes réels etvirtuels. Donc, après renormalisation, et après compensation <strong>des</strong> singularités IR on aσ = α(̂σ p (Q)F ⊗ + αMS MS(Q)(b 3 + b ′ 3 ) ln Q )m + α (Q)(c + c′ )MSoù on a effectué la renormalisation dans le schéma MS et on a choisi Q comme échellede renormalisation. De façon similaire à la renormalisation, on peut éliminer de cetteexpression les divergences colinéaires par une redéfinition <strong>des</strong> fonctions de structure quiacquièrent alors une dépendence en une variable de masse [25], ici Q : c’est-à-dire quede telle sorte queF → F MS(Q)σ = α p MS (Q) F MS (Q) ⊗ (̂σ + α MS(Q)(c + c ′ ) ) (5.98)On dit que les fonctions de structure ainsi définies violent l’invariance d’échelle. Commedans le cas du couplage mobile, on pourra définir F (Q) de plusieurs façons (par exemple,F MS(Q), F MS(Q), F DIS (Q), ...) suivant les termes finis que l’on inclut dans la relationentre F et F i (Q). Cette propriété, qui consiste à définir F i (Q) à partir de F est uneillustration du théorème de factorisation : les divergences de masse sont factorisées dusous-processus partonique dur (c’est-à-dire de la série ̂σ + α MS(c + c ′ ) + ...) et associées<strong>au</strong>x pattes externes modifiant ainsi les distributions <strong>des</strong> partons dans les <strong>hadrons</strong>.5.1 Violations d’invariance d’échelle : approximation <strong>des</strong> logarithmesdominants.Cet exemple a été traité en détail, à l’approximation de Born (ordre (0)), en sec. 2.1.On simplifie par rapport à cette étude en ne gardant que le vertex hadronique, c’est-àdireen ne considérant que le processus γ ∗ P → <strong>hadrons</strong> <strong>au</strong> lieu de eP → <strong>hadrons</strong>. La46


section hadronique est une superposition de sections efficaces <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> partonique (voiréq. 2.23) :∫σ µν (0) (P, q) = dz q(z) ̂σ µν (0) (zP, q) (5.99)où p = zP est l’impulsion du quark qui absorbe le photon et q(z) la densité de quarksdans le hadron. On a la ”section efficace” γ ∗ q → q (voir éqs. 2.20, 2.22)̂σ µν (0) = 1 ∫ d 3 p ′4pq e2 q2E (2π) ′ δ(4) (p ′ − q − p)Ŵµν(zP, q) = 1 xπ4pq e2 qQ δ(z − x) 2 Ŵµν (5.100) .La ”section efficace” <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> hadronique s’écrit alors simplement (via l’éq. (5.99))σ (0)µν (P, q) = 14P.q q(x) e2 qπQ 2 Ŵ µν . (5.101)Au premier ordre <strong>des</strong> interactions fortes, c’est-à-dire à l’ordre α s , il f<strong>au</strong>t considérerl’amplitudeγ*γ*+PPet prendre le carré de cette amplitude. On obtient alors, après un calcul long et compliqué,σ µν (1) = 1 ∫ 1[dz4P q z q(z) δ(1 − x z ) + α ( ) ]s 1 + (x/z)22π c Fln Q2e 2 π1 − x/z m 2 qQ Ŵ 2 µν , (5.102)0où la section efficace partonique est factorisée hors de l’intégrale, ce qui permet d’écrirepar analogie avec l’éq. (5.101)Rσ µν = 14P q q(x, Q) πe2 qQ Ŵ 2 µν (5.103)avec la nouvelle distribution partonique :∫ [ dzq(x, Q) =z q(z) δ(1 − x z ) + α ( )s 1 + (x/z)22π c F1 − x/z= q(x) + α ∫ 1( )s2π C dz 1 + (x/z)2Fz q(z) 1 − x/zxRRln Q2m 2 ]ln Q2m 2 (5.104)Dans les équations précédentes, on n’a gardé que les termes contenant les ”grands” logarithmesln(Q 2 /m 2 ) (approximation <strong>des</strong> ”logaritmes dominants” [LL]). On voit que detels termes peuvent naturellement être absorbés dans une redéfinition de la distributionde quarks dans le proton qui acquiert ainsi une dépendence en l’échelle caractéristiquedu processus considéré, la section partonique dure restant inchangée. Ce phénomène est”naturel” en ce sens que le terme logarithmique reflète la sensibilité de la section efficace àla physique à longue distance [m 2 est ”petit”] et il est normal qu’un tel terme soit associéà la patte externe plutôt qu’<strong>au</strong> processus de diffusion dure [c’est-à-dire à courte distance].Il f<strong>au</strong>t cependant noter que si on fait un calcul <strong>au</strong> delà de l’approximation <strong>des</strong> logarithmes47


dominants on doit garder les termes ”finis” [ne contenant pas ln(Q 2 /m 2 )] et la sectionpartonique dure sera alors modifée par <strong>des</strong> corrections d’ordre α s .Techniquement, l’éq. (5.104) n’est pas définie quand le régulateur m → 0, cependantla dérivéedq(x, Q)= α ∫ 1( )s(Q)d ln Q 2 2πc dz 1 + (x/z)2Fx z q(z, Q) (5.105)1 − x/zRl’est parfaitement! Dans cette équation on a substitué q(z) → q(z, Q) dans le membrede droite ce qui est justifié à l’ordre α s où on fait le calcul. La théorie ne préditdonc pas q(x, Q) mais seulement l’évolution de la fonction de structure avec l’échelleQ. L’équation (5.105) a de nombreux pères et elle est maintenant connue sous le nomd’équation d’évolution de Dokshitser-Gribov-Lipatov-Altarelli-Parisi [35].Dans les expressions précédentes l’indice R veut dire que la fonction ainsi indexéeest regularisée <strong>au</strong> pôle z = x, qui correspond à l’émission d’un gluon d’impulsion nullece qui induit une divergence IR. Cette dernière est compensée par la contribution <strong>des</strong>diagrammes virtuels.5.1.1 Solution de l’équation d’évolution par la méthode <strong>des</strong> moments.On peut ramener l’équation intégro-différentielle (5.105) à une équation différentielle ordinaireen considérant les momentsM n (τ) =∫ 10dx x n−1 q(x, Q) (5.106)où on a introduit la variable naturelle τ = ln Q 2 /Λ 2 . En terme <strong>des</strong> moments l’équationd’évolution est simplementdM n (τ)dτ= α s(Q)2πM n (τ) · d (n)qq (5.107)avec d (n)qq , appelé n-ième moment de la dimension anomale, est donnée par∫ 1 ( x) ( x) ( )n−1 1 + (x/z)d (n)2qq = c F d. (5.108)z z 1 − x/z0La solution est obtenue par1 dM n= d(n) qq 1M n dτ 2π bτoù on a substitué à α s (Q) sa dépendance explicite en fonction de l’échelle (voir éq. 4.92).La solution est donnée par( )d (n)−qqM n (τ)M n (τ 0 ) = αs 2πb(Q) . (5.109)α s (Q 0 )On peut montrer que d (1)qq = 0, d (n)qq < 0 pour n ≥ 2. Plus n est grand, plus lepoids de la région à grand x est important dans l’intégrale (5.106). Donc l’évolution enQ de M n ( ) à grand n reflète l’évolution en Q de q(x, Q) à grand x. L’éq. (5.109) donneM n (τ) ∼ (ln Q 2 /Λ 2 ) d(n) qq /2πb qui décroît quand Q croît pour n ≥ 2. D’où q(x, Q) décroît àgrand x quand Q croît. La dépendance en Q est lente puisque logarithmique.48R


5.1.2 Equations d’évolution couplées : cas singulet.S’affranchissant <strong>des</strong> détails de la collision dure on peut résumer l’étude précédente par lesdiagrammesQPHxP+ quarkgluonLe symbole ⊗ indique la collision ”dure” du parton : dans le cas précédent ce processusest simplement l’absorption d’un photon virtuel par le quark. Un hadron contient <strong>au</strong>ssi<strong>des</strong> gluons et le quark de saveur i qui participe à la collision dure peut être émis, à l’ordreα s , par un gluon par les diagrammes suivant :QiQiHGi+iCe processus va ajouter un terme à l’équation (5.104) ci-<strong>des</strong>sus, et il n’est pas étonnantque ce terme ait la structure suivanteδq i (x, Q) = α s(Q)2π∫ 1xdz( x)z G(z) P q Gln Q2(5.110)z m 2comme on peut s’en convaincre par le calcul. La fonction G(z) est la densité de gluons dansle hadron et la fonction P qG (z) = 1 2 (z2 + (1 − z) 2 ), l’analogue de P qq (z) du cas précédent,décrit la fragmentation du gluon en une paire quark-antiquark. A noter que cette fonctionest indépendante de la saveur i puisque le gluon n’est pas sensible à la ”saveur” <strong>des</strong> quarkslégers. On peut <strong>au</strong>ssi remarquer que ce processus contribue de la même façon à la densitéde quarks q i ou d’antiquarks ¯q i . On définit la distribution ”singulet”Σ(x, Q) = ∑ i(q i (x, Q) + ¯q i (x, Q)) (5.111)qui est la probabilité de trouver un q ou un ¯q dans le hadron et, à l’ordre α s , il vient paranalogie avec l’éq. (5.104)∫ 1dzΣ(x, Q) ={Σ( x [z z ) δ(1 − z) + α ]s(Q)2πP qq(z) ln Q2−p 2x+G( x z ) α s(Q)2πP q Gln Q2−p × 2 2 }{{}q i +¯q i×N F }{{}nb. de saveurs⎫⎬⎭ (5.112)Sous forme différentielle on trouvedΣ(x, Q)d ln Q 2= α s(Q)2π∫ 1xdzz{Σ( x z , Q)P qq(z) + 2N F G( x }z , Q)P q G(z)(5.113)49


qui généralise l’éq. (5.105).Jusqu’à maintenant nous n’avons consideré que le cas où le quark participe directementà la sous-collision dure [ici absorbtion du photon virtuel] mais on peut imaginer <strong>des</strong>processus, purement hadroniques, où le gluon peut lui <strong>au</strong>ssi participer à la diffusion dureet on a alors à prendre en compte les diagrammes suivants :HG+ + q i + q iqui mènent à une équation d’évolution pour le gluon similaire à (5.113). Regroupant touton obtient les équations couplées pour les distributions du singulet et du gluon( )d Σ(x, Q)= α ∫ 1( ) (s(Q) dz Pqq (z) 2N F P qG (z) Σ(x, Q))d ln Q 2 zG(x, Q) 2π z P G q(z) P GG(z) G( x, Q) , (5.114)ztandis que pour l’évolution d’un quark de valence V i = q i − ¯q i on axdV i (x, Q)d ln Q 2= α s(Q)2π∫ 1xdzz P qq(z) V i ( x , Q) (5.115)zpour chaque saveur i. Les P ij (z), appelés noy<strong>au</strong>x d’Altarelli-Parisi, sont prédits par lathéorie et dans l’approximation <strong>des</strong> logarithmes dominants on trouve:( )1 + z2P qq (z) = < C F > + 3 1 − z| δ(1 − z) + 2P qG (z) = < 1 2 > (z2 + (1 − z) 2 )1 + (1 − z)2P G q(z) = < C F >( zzP GG(z) = < 2N c > + 1 − z ) 〈 11Nc − 2N F+ z(1 − z) +1 − z| + z6〉δ(1 − z)(5.116)où la prescription ”+” est la notation habituelle pour la régularisation dénotée ”R” <strong>des</strong>divergences infrarouges et est définie <strong>au</strong> sens <strong>des</strong> distributions par∫ 1h(z) étant une fonction test.0dzh(z) =1 − z| +∫ 10dzh(z) − h(1), (5.117)1 − zDans le modèle <strong>des</strong> partons naïf on était conduit <strong>au</strong>x règles de somme suivantes∫ 10dx V i (x) = n i⇒ nombre de quarks de valence de type i∫ 10dx x (Σ(x) + G(x)) = 1 ⇒ conservation de l’impulsion.50


Ces lois de conservation sont indépendantes de l’échelle Q de la collision dure. Est-ce vraiaprès corrections <strong>QCD</strong>, c’est-à-dire les relations∫d 1d ln Q 20dxV i (x, Q) = 0 ;∫d 1d ln Q 20dxx(Σ(x, Q) + G(x, Q)) = 0sont-elles vérifiées? On peut voir que c’est le cas à c<strong>au</strong>se <strong>des</strong> règles de somme suivantes :∫ 10∫ 10dz P qq (z) = 0dz z [P qq (z) + P G q(z)] = 0 ,∫ 10dz z [P GG(z) + 2N G P qG (z)] = 0 . (5.118)5.1.3 PhénoménologieExpérimentalement les violations d’invariance d’échelle sont étudiées dans les réactions dediffusion profondément inélastiques sur le nucléon, où l’on peut mesurer (voir l’éq. (2.25))νW 2 (x, Q 2 )x≡ F 2(x, Q 2 )x= ∑ ie 2 q iq i (x, Q), (5.119)qui est valable dans l’approximation <strong>des</strong> logarithmes dominants. La figure 6 montre unecompilation <strong>des</strong> données récentes sur la fonction de structure du proton obtenues dans lescollisions ep et µp. Comme prévu par la théorie (voir éq. 5.109), la violation de l’invarianced’échelle a tendance à faire décroître F 2 (x, Q 2 ) à x > 0, 25 quand Q 2 <strong>au</strong>gmente, tandisqu’<strong>au</strong>x petites valeurs de x la fonction de structure F 2 (x, Q 2 ) croît rapidement avec Q 2pour <strong>des</strong> valeurs suffisament gran<strong>des</strong> : l’évolution en Q 2 dégrade l’énergie <strong>des</strong> partons àgrands x par l’émission <strong>des</strong> gluons à petits x, ces gluons se désintégrant à leur tour enune paire q¯q, etc. Il est convenu d’appeler ce mécanisme ”parton shower” en franglais.A partir de ces données, et en utilisant <strong>au</strong>ssi d’<strong>au</strong>tres réactions telles que celles discutéesdans la section suivante, il est possible d’extraire la distribution <strong>des</strong> quarks u, d, ...et du gluon dans le proton. La figure 8 montrent le résultat obtenu, dans l’approximation<strong>au</strong> delà <strong>des</strong> logarithmes dominants, pour deux valeurs de Q 2 . A grand x on voit la dominance<strong>des</strong> quarks sur le gluon alors que le gluon domine complètement à petit x. AQ 2 = 10000 GeV 2 toutes les distributions tendent à devenir ”piquées” <strong>au</strong>x petites valeursde x : en première approximation les distributions décroissent quand Q 2 <strong>au</strong>gmente pourx grand et croissent <strong>au</strong>x valeurs de x petites. C’est une conséquence du mécanisme de”parton shower” d’après lequel les partons ”rayonnent” en se cassant en deux partonsd’impulsion plus basse. Ceci explique la présence du pic dans la distribution <strong>des</strong> quarksà x = 0, pic dû <strong>au</strong>x quarks matelots produits de désintégration du gluon.5.1.4 ConclusionsDans l’approximation <strong>des</strong> logarithmes dominants, il n’y a pas de modifications <strong>au</strong> modèle<strong>des</strong> partons, s<strong>au</strong>f que les fonctions de structure acquièrent une dépendance en l’échellede masse caractéristique du processus considéré : ce sont les violations de l’invariance51


Figure 8: Distributions pondérées par x <strong>des</strong> quarks u, d et du gluon à Q 2 = 10 GeV 2et à Q 2 = 10000 GeV 2 . Ces graphes peuvent être obtenus sur le site de Durham HEPDatabases : http://durpdg.dur.ac.uk/hepdata/pdf.htmld’échelle. Cette dépendance <strong>des</strong> fonctions de structure en fonction de l’échelle de masseest prédite par la théorie et elle est universelle c’est-à-dire qu’elle sera la même quelquesoit le processus dur considéré où apparaissent ces fonctions de structure.6 Le modèle <strong>des</strong> partons amélioré et applications.Le modèle <strong>des</strong> partons amélioré par les corrections <strong>QCD</strong> s’applique à d’<strong>au</strong>tres processusque le DIS, pourvu qu’ils mettent en jeu <strong>des</strong> échelles de masse ou <strong>des</strong> impulsions detransfert importantes. On discute d’abord le cas de la production de paires de leptonsdans les collisions hadroniques, ou mécanisme de Drell-Yan, qui a joué un rôle fondamentaldans la découverte <strong>des</strong> bosons de j<strong>au</strong>ge W et Z <strong>au</strong> CERN dans les années 80. Onpassera ensuite rapidement en revue la production de photons directs à grande impulsiontransverse et la production de gerbes hadroniques (”jets”) dans les collisions hadroniques.Ces différents processus sont utiles pour déterminer avec précision la distribution <strong>des</strong>quarks et <strong>des</strong> gluons dans les <strong>hadrons</strong> ainsi que la valeur de Λ, la constante fondamentale<strong>des</strong> interactions fortes. Nous ne considérerons pas ici la production de saveurs lour<strong>des</strong>pour laquelle le modèle <strong>des</strong> partons s’applique <strong>au</strong>ssi ni les réactions de photoproductionqui jouent un rôle très important à HERA.6.1 Processus de Drell-YanIl est relié à la diffusion profondément inélastique par croisement et, dans l’approximationde Born, le photon virtuel est produit dans l’état final par annihilation d’un quark de l’un<strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> initi<strong>au</strong>x avec un antiquark de l’<strong>au</strong>tre comme indiqué dans la figure.52


ASBx 1p 1p 2x 2l +γ ∗ l -Le modèle <strong>des</strong> partons s’applique quand la masse invariante Q de la paire de leptonsproduite est grande car, alors, le photon virtuel de genre temps a un h<strong>au</strong>t pouvoir derésolution et il peut ”voir” les constituants <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> A et B. Les diagrammes d’ordresupérieur à l’origine <strong>des</strong> violations d’invariance d’échelle sont :++++On écrit la section efficace de production sous la formedσdQ = ∑ ∫(dx 2 1 dx 2 Fq/A (x 1 , Q)F¯q/B (x 2 , Q) + F¯q/A (x 1 , Q)F q/B (x 2 , Q) ) d̂σ q¯q(6.120)dQ 2 qoù les F i/H sont les fonctions de structure et où on doit sommer sur toutes les saveurs dequarks dans les <strong>hadrons</strong> A et B. La section efficace partonique q¯q → l + l − est simplementd̂σ q¯qdQ = 4πα22 3Q 2e 2 qN cδ(ŝ − Q 2 ),ŝ = x 1 x 2 sDans les collisions pp, la section efficace est proportionnelle à la distribution <strong>des</strong> antiquarksdans le proton, ce qui permet donc de mesurer cette dernière.A <strong>des</strong> énergies élevées il est possible de produire les bosons de j<strong>au</strong>ge chargés W + (resp.W − ) par annihilation d’une paire quark-antiquark u ¯d (resp. dū) ou le boson neutre Z 0par annihilation uū ou d ¯d. C’est par ce mécanisme que les bosons électrofaibles ont étédécouverts <strong>au</strong> collisionneur du CERN dans les années 1970 [36], [37]. On espère bientôtmettre en évidence le fameux boson de Higgs <strong>au</strong> LHC dans un processus similaire maisimpliquant l’annihilation de deux gluons.6.2 Production de photons directs à grands transfertsLe processus considéré ici est la réaction A B → γX, où X représente les <strong>hadrons</strong> produitsnon observés. Au nive<strong>au</strong> partonique, il f<strong>au</strong>t calculer la diffusion qq → γg (annihilation)53


et qg → γq ou qg → γq (diffusion de type Compton) qui ont la représentation diagrammatiquesuivante,(a)(b)On considère le cas où le photon est produit à grande impulsion transverse k T . La sectionhadronique inclusive est donnée park 0 dσ= dσdk 3 d ⃗ k T dy = ∑ ∫dx 1 dx 2 F i/A (x 1 , k T )F j/B (x 2 , k T )k 0 dˆσijdk , (6.121)3 i,joù l’on a inclu les corrections <strong>QCD</strong> à l’approximation <strong>des</strong> logarithmes dominants et on achoisi k T comme échelle de factorisation dans les fonctions de structure. Symboliquement,la section efficace s’écritdσ = q ⊗ ¯q dσ q¯q + G ⊗ q dσ Gqoù q, ¯q et G dénotent respectivement la distribution <strong>des</strong> quarks, antiquarks et gluons dansles <strong>hadrons</strong>. Dans le cas de la diffusion pp, q ⊗ ¯q ≪ G ⊗ q et le deuxième terme dominecomplètement la section efficace. La réaction pp → γX est donc idéale pour mesurerdirectement la distribution du gluon dans le proton. Notre discussion de la production dephotons directs est très simplifiée et nous n’avons parlé que du mécanisme où le photonparticipe <strong>au</strong> processus dur comme indiqué par les diagrammes de Feyman ci-<strong>des</strong>sus. Ilexiste un <strong>au</strong>tre mécanisme où le photon est rayonné par un quark produit à grandeimpulsion transverse. Ce processus n’est pas important dans les expériences de type ciblefixe mais il joue un rôle prédominant <strong>au</strong>x collisioneurs où la valeur de la variable k T / √ Sest petite. Une compilation récente <strong>des</strong> données expérimentales et de leur comparaisonavec la théorie, <strong>au</strong> delà <strong>des</strong> logarithmes dominants [38], est montrée en fig. 9. On peutnoter le remarquable accord sur 9 ordres de grandeur, pour <strong>des</strong> expériences couvrant 2ordres de grandeur en énergie (à l’exception toutefois <strong>des</strong> données E706).6.3 Production de jets dans les collisions hadroniquesDans l’approximation <strong>des</strong> logarithmes dominants la gerbe hadronique ou ”jet” est identifiéà un parton final (quark ou gluon) produit à grande impulsion transverse k T . Aucun effetde fragmentation du parton en <strong>hadrons</strong> n’est pris en compte. La cinématique est doncla même que pour la production d’un photon mais on doit sommer sur tous les types departons de l’état finalk 0 dσ3dk = 1 st∑i,j,k,l∫ 1x minidx 1x 2 11F i/A (x, k T )F j/B (x 2 , k T )(4π) | M 2 |2 ij→klLa dynamique <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> partonique est assez compliquée car il y a un grand nombre deprocessus en jeu: qq → qq, q¯q → q¯q, ¯q¯q → ¯q¯q, q¯q → gg, gg → q¯q, gq → gq, gg → gg.54


Figure 9: Compilation de la section efficace inclusive de production d’un photon en fonctionde l’énergie transverse du photon dans les collisions pp ou p¯p de √ s = 22,9 GeV à1,96 TeV. Les prédictions théoriques sont calculées <strong>au</strong>-delà de l’ordre dominant.A l’énergie <strong>des</strong> collisioneurs p¯p actuels les processus dominants sont qq → qq <strong>au</strong>x valeursélevées du k T et gq → gq à k T plus faible quand les valeurs effectives <strong>des</strong> x i <strong>des</strong> partonsdans les <strong>hadrons</strong> incidents sont petites. Il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi signaler que la section efficace deproduction de jets est proportionnelle à αs 2 et elle est donc très sensible à la valeur de Λ.On compare dans la figure 10 les données sur la production inclusive d’un jet, en fonctionde l’énergie transverse du jet, <strong>au</strong> Tevatron (Fermilab) ( √ s = 1, 96 TeV) [39] avec lesprédictions théoriques dans l’approximation <strong>au</strong> delà <strong>des</strong> logarithmes dominants: l’accordentre théorie et expérience sur 8 ordres de grandeurs est remarquable.6.4 Au delà de l’approximation <strong>des</strong> logarithmes dominantsLe modèle <strong>des</strong> partons amélioré (<strong>QCD</strong> en L<strong>LA</strong>) donne une image simple <strong>des</strong> processushadroniques durs. En combinant notre étude sur la renormalisation et celle sur la factorisation,on a vu qu’une section efficace a la forme∫dσ AB = αs p (Q) dx 1 dx 2 F i/A (x 1 , Q)F j/B (x 2 , Q)dˆσ ijoù Q est l’échelle caractéristique du processus dur : Q ∼ M γ ∗, M l + l − pour la productiond’une paire de leptons ou, Q ∼ √ kT 2 , pour les processus à grande impulsion de transfert k T .55


[nb/(GeV/c)]JET/ dY dP Tσ2d210-110-21010101-3-410-510K TD=0.7 0.1


Si l’on se reporte à l’éq. (4.90) on voit qu’une section efficace hadronique typique peutêtre écrite symboliquement sous la forme))dσ = α(dˆσ p (µ) + αMS MS(µ)(p b ln µ2−q dˆσ + k(. . .) (6.123)2où dˆσ représente la section efficace à l’ordre le plus bas dont on a extrait la dépendanceen la constante de couplage α p et où b est défini dans l’éq. (4.93). Par rapport à l’éq.MS(4.90) on a développé l’expression en puissance de α MSne gardant que les deux premierstermes. La fonction k(. . .) contient les ”corrections d’ordre supérieur” à l’exclusion <strong>des</strong>termes en ln(µ 2 / − q 2 ) que l’on a explicitement écrits. Utilisant l’éq. (4.89) on trouve quela variation de l’éq. (6.123) par rapport à µ est()dσ= −p bα p+1d ln µ (µ) dσ 2 MS 0 + α MS(µ)(pb ln µ2−q dσ 2 0 + k(. . .)) + pbα p+1 (µ)dσ 0 + O(α p+2 )MS MS∼ O(α p+2MS ) (6.124)Il f<strong>au</strong>t bien remarquer que, pour obtenir ce résultat, il est crucial de garder le facteuren ln(µ 2 / − q 2 ) du terme d’ordre supérieur qui compense la variation en µ du termedominant. Ceci est cohérent car si on fait un calcul à l’ordre α p+1 l’ambiguité de laMSprédiction théorique est d’ordre α p+2.MSLe même mécanisme est à l’œuvre concernant l’échelle de factorisation M de telle sorteque l’ambiguité d’un calcul ”<strong>au</strong> delà <strong>des</strong> logarithmes dominants” est d’un ordre supérieurà celui <strong>au</strong>quel le calcul est conduit.En <strong>QCD</strong> perturbative, les seuls calculs qui peuvent prétendre être quantitatifs sontdonc ceux qui sont faits à l’approximation ”<strong>au</strong> delà <strong>des</strong> logarithmes dominants”6.5 ConclusionsUn nombre considérable d’observables dépendent <strong>des</strong> fonctions de structure <strong>des</strong> partonsdans les <strong>hadrons</strong> et de la valeur de Λ. Pour que <strong>QCD</strong> soit validée en tant que théorie ilf<strong>au</strong>t que les prédictions soient en accord avec toutes les observables. Les données devenantde plus en plus précises et couvrant un domaine cinématique de plus en plus étendu lestests de <strong>QCD</strong> deviennent de plus en plus contraignants. Jusqu’à maintenant la <strong>QCD</strong>perturbative a passé avec succès tous les tests expériment<strong>au</strong>x.References[1] Yu. L. Dokshitzer, D. I. Dyakonov, S.I. Troyan, Phys. Rept. 58 (1980) 269 ;G. Altarelli, Phys. Rept. 81 (1982) 1.[2] T. Muta, Foundations of <strong>QCD</strong>: an Introduction to Perturbative Methods in G<strong>au</strong>geTheories, World Scientific, Singapour ;S. Pokorski, G<strong>au</strong>ge Field Theories, Cambridge Monographs in Mathematical Physics.57


[3] Y. Ne’eman, Nucl. Phys. 26 (1961) 222.[4] M. Gell-Mann, Phys. Rev. 125 (1962) 1067.[5] M. Gell-Mann, Phys. Lett. 8 (1964) 214.[6] G. Zweig, prétirage CERN-TH-412 (1964).[7] G.F. Chew, S-matrix theory of strong interactions, Frontiers in Physics, W.A. Benjamin,New-York.[8] S.C. Fr<strong>au</strong>tshi, Regge poles and S-matrix theory, Frontiers in Physics, W.A. Benjamin,New-York, 1963.[9] V. Barger, D.B. Cline, Phenomenological theory of high energy scattering, Frontiersin Physics, W.A. Benjamin, New-York, 1969.[10] J. D. Bjorken, Phys. Rev. 179 (1969) 1547.[11] R.P. Feynman, Photon-hadron interactions, Frontiers in Physics, W.A. Benjamin,Reading, Massachusetts, 1972.[12] E. D. Bloom et al., Phys. Rev. Lett. 23 (1969) 930 ;M. Breidenbach et al., Phys. Rev. Lett. 23 (1969) 935.[13] Pour une revue ancienne du modèle <strong>des</strong> quarks voir J. J. J. Kokkedee, The quarkmodel, Frontiers in Physics, W.A. Benjamin, New-York, 1969.[14] O. W. Greenberg, Phys. Rev. Lett. 13 (1964) 598 ;le nombre quantique de couleur avait été proposé <strong>au</strong>paravant par les physicienssoviétiques N. N. Bogoliubov, B. Struminsky et A.H. Tavchelidze.[15] J. E. Augustin et al. [S<strong>LA</strong>C-SP-017 Collaboration], Phys. Rev. Lett. 33 (1974) 1406.[16] J. J. Aubert et al. [E598 Collaboration], Phys. Rev. Lett. 33 (1974) 1404.[17] S. W. Herb et al., Phys. Rev. Lett. 39 (1977) 252.[18] F. Abe et al. [CDF Collaboration], Phys. Rev. Lett. 73 (1994) 225 [arXiv:hepex/9405005]; Phys. Rev. Lett. 74 (1995) 2626 [arXiv:hep-ex/9503002].[19] Pour <strong>des</strong> revues récentes voir, par exemple, F. E. Close, Eur. Phys. J. A 24S1 (2005)9 ; Nature 435 (2005) 287.[20] G. Veneziano, Nuovo Cimento 57 A (1968) 190.[21] Y. Nambu, Proc. Conf. on Symmetries and Quark Models, Detroit (1969), (Gordonand Breach, 1970) p. 269.[22] Pour <strong>des</strong> revues sur le sujet voir G. Veneziano, Phys. Rept. 9 (1974) 199 ; C. Rebbi,Phys. Rept. 12 (1974) 1 ; S. Mandelstam, Phys. Rept. 13 (1974) 259 ; J. Scherk,Rev. Mod. Phys. 47 (1975) 123.[23] J. Scherk, J. H. Schwarz, Nucl. Phys. B 81 (1974) 118.58


[24] H.D. Politzer, Phys. Rev. Lett. 30 (1973) 1346 ;D.J. Gross, F. Wilczek, Phys. Rev. Lett. 30 (1973) 1343 ;La propriété de liberté asymptotique était déjà connue <strong>des</strong> physiciens soviétiques,B. Kriplovich, M. Terentiev, Vanjashin, et de G. ’t Hooft qui l’avait exposée lorsd’un colloque à Marseille en septembre 1972.[25] H. Georgi, H. D. Politzer, Phys. Rev. D 9 (1974) 416 ;D. J. Gross, F. Wilczek, Phys. Rev. D 9 (1974) 980.[26] M. Y. Han, Y. Nambu, Phys. Rev. 139 (1965) B1006.[27] K. Wilson, Phys. Rev. 179 (1969) 1499.[28] H. Fritsch, M. Gell-Mann, 16th Int. Conf. on High Energy Physics Chicago-Batavia(1972) vol. 2, p.135 ;H. Fritsch, M. Gell-Mann, H. Leutwyler Phys. Lett. 47B (1973) 365 ;S. Weinberg, Phys. Rev. Lett. 31 (1973) 494 ; Phys. Rev. D 8 (1973) 4482.[29] L. S. Fadeev, U. N. Popov, Phys. Lett. B 25 (1967) 29.[30] G. ’t Hooft, Nucl. Phys. B 33 (1971) 173 ; Nucl. Phys. B 35 (1971) 167 ;B.W. Lee, J. Zinn-Justin, Phys. Rev. D5 (1972) 3121,3137.[31] C. Becchi, A. Rouet, R. Stora, Comm. Math. Phys. 42 (11975) 127.[32] C. G. Bollini, J. J. Gianbiagi, Nuovo Cimento B 12 (1970) 20;G. ’t Hooft, M. J. G. Veltman, Nucl. Phys. B 44 (1972) 189.[33] S. Bethke, Nucl. Phys. Proc. Suppl. 135 (2004) 345 [arXiv:hep-ex/0407021].[34] T. D. Lee, M. N<strong>au</strong>enberg, Phys. Rev. 133 (1964) B1549 ;T. Kinoshita, J. Math. Phys. 3 (1962) 650.[35] Les équations d’evolution ont d’abord été obtenues en électrodynamique quantiquepar V. N. Gribov, L. N. Lipatov, Sov. Jour. Nucl. Phys. 15 (1972) 438, 675.En <strong>QCD</strong> elles ont été dérivées par G. Parisi 11ème Rencontre de Moriond,J. Tran Thanh Van éd. ; G. Altarelli, G. Parisi Nuc. Phys. B 126 (1977) 298 ;Yu. L. Dokshitzer Sov. Phys. JETP 46 (1977) 641.[36] Découverte du boson W : G. Arnison et al. [UA1 Collaboration], Phys. Lett. B 122(1983) 103 ; M. Banner et al. [UA2 Collaboration], Phys. Lett. B 122 (1983) 476.[37] Découverte du boson Z : G. Arnison et al. [UA1 Collaboration], Phys. Lett. B 126(1983) 398 ; P. Bagnaia et al. [UA2 Collaboration], Phys. Lett. B 129 (1983) 130.[38] P. Aurenche, M. Fontannaz, J. P. Guillet, E. Pilon, M. Werlen, arXiv:hepph/0602133.[39] A. Abulencia et.al. [CDF Collaboration] [arXiv: hep-ex/0512020] ;The D∅ Collaboration, D∅ note 4751-CONF, http://www.do.fnal.gov59


<strong>QCD</strong> SANS PEINEO. PèneLaboratoire de Physique Théorique,Unité mixte de recherche du CNRS-UMR 8627Université de Paris XI, Bâtiment 211, 91405 Orsay Cedex, FranceAbstractQuantum chromodynamics (<strong>QCD</strong>) is the theory of the strong interactions,able to explain the hadron properties and the nuclear matterincluding its manifestations at very high temperature. We try to providean overview skiping the technicalities.The following items will betreated. Theoretical principles: Lagrangian, g<strong>au</strong>ge invariance, path integral,fermion determinant, g<strong>au</strong>ge fixing. Asymptotic freedom: principlesof renormalisation, scale dependence, anti-screening, non-trivial vacuum.Non-perturbative phenomena and particularly confinement: Wilson loop,dual Meissner effect, instanton liquid model. Methods for non-perturbativecalculations, first of all lattice <strong>QCD</strong>, principles of the method and a typicalapplication; then a glance on the <strong>QCD</strong> sum rule method. Finally presentationof lattice <strong>QCD</strong> results related to the themes of this school: <strong>hadrons</strong>properties and quark-gluon <strong>plasma</strong>s.RésuméLa chromodynamique quantique (<strong>QCD</strong>) est la théorie <strong>des</strong> interactionsfortes, elle est en mesure d’expliquer les propriétés <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>, et les propriétésde la matière nucléaire y compris ses manifestations à très h<strong>au</strong>tetempérature. Nous essayons d’en donner un aperçu en évitant les aspectstrop techniques. Les thèmes suivant seront traités. Principes théoriques:Lagrangien, invariance de j<strong>au</strong>ge, intégrale de chemin, déterminant fermionique,et fixation de j<strong>au</strong>ge. Liberté asymptotique: le principe de la renormalisation,la dépendence d’échelle, l’effet d’anti-écran, vide non trivial.Phénomènes non-perturbatifs et en particulier le confinement: boucle deWilson, effet Meissner dual, modèle <strong>des</strong> liqui<strong>des</strong> d’instantons. Métho<strong>des</strong> decalcul non-perturbatif, à commencer par la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>, principe de laméthode et une application typique; ensuite un coup d’oeil sur la méthode<strong>des</strong> règles de somme de la <strong>QCD</strong>. Finalement présentation de résultats dela <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> en rapport avec les thèmes de cette école: propriétés<strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> et <strong>des</strong> <strong>plasma</strong>s de quarks et de gluons.61


1 IntroductionLes différents domaines théoriques et expériment<strong>au</strong>x qui sont <strong>au</strong> programme decette école, et bien d’<strong>au</strong>tres encore, dépendent d’une même théorie, la chromodynamiquequantique (<strong>QCD</strong>). Cette théorie a vu le jour à la fin <strong>des</strong> années 60, cfl’historique présenté dans cette école [5], et elle n’a cessé d’accumuler les succèsexpériment<strong>au</strong>x. Il est tout à fait exceptionnel, sinon unique, dans l’histoire <strong>des</strong>sciences, qu’un domaine <strong>au</strong>ssi riche et <strong>au</strong>ssi varié dépende soit expliqué par unethéorie dont l’énoncé <strong>des</strong> principes soit si compacte et le nombre <strong>des</strong> paramètressi restreint. Il s’agit bien d’une théorie, non d’un modèle.La contrepartie de ces caractéristiques extraordinaires de la <strong>QCD</strong> sont sacomplexité conceptuelle et pratique. La théorie quantique <strong>des</strong> champs n’est pasfacile à concevoir sous tous ses aspects. Celle-ci l’est encore moins à c<strong>au</strong>se decette propriété mystérieuse nommée le confinement. Elle est <strong>au</strong>ssi très difficile àcalculer en pratique car, étant une théorie d’interactions fortes, il n’existe pas depetit paramètre dans laquelle on puisse faire un développement 1 en série.Notre objet sera donc de présenter, de façon <strong>au</strong>ssi peu technique que possible,les princip<strong>au</strong>x concepts à l’oeuvre ici, d’essayer de faire sentir comment ilspourraient expliquer les propriétés étranges de la <strong>QCD</strong> et en particulier le confinement,enfin d’indiquer les métho<strong>des</strong> de calcul non-perturbative et surtout la<strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>, seule méthode non-perturbative ab initio. Nous essaierons dechoisir les exemples en relation avec l’objet de cette école.2 LES DEFINITIONS DE BASE2.1 LagrangienLe Lagrangien de la <strong>QCD</strong> s’écritL <strong>QCD</strong> = − 1 4 Ga µνG µνa+ i ∑ fq i fγ µ (D µ ) ij q j f − ∑ fm f q i fq fi , (1)où i, j, a sont les indices de couleur, f est la saveur du quark (f = u, d, s, c, b, t),µ, ν les indices de Lorentz, q est un champ de spineur de dimension 12 (couleur× Dirac) et oùG a µν = ∂ µ A a ν − ∂ ν A a µ + g s f abc A b µA c ν,(D µν ) ij = δ ij ∂ µ − ig s∑aλ a ij2 Aa µDe cette simple formule on peut en principe dériver une quantité immense deprédictions.1 Même dans son domaine perturbatif, où on développe en fonction de la constante α s , cettedernière n’est pas si petit que cela.62


Deux tâches s’offrent à la physique: comprendre et résoudre la <strong>QCD</strong>. Comprendresignifie par exemple comprendre le confinement, la brisure de la symétriechirale, etc. Résoudre la <strong>QCD</strong> signifie être capable d’en dériver les conséquencesexpérimentales. Il y a encore be<strong>au</strong>coup à faire ! On n’y parviendra pas “sanspeine”. Peut-on esquisser “sans peine” le chemin à parcourir ? On va s’y essayer.2.2 Invariance de j<strong>au</strong>geLes transformations de j<strong>au</strong>ge infinitésimales sont définies par un ensemble de huitfonction réelles infnitésimales ɛ a (x), a = 1, 8, et la transformation <strong>des</strong> champs 2δA a µ(x) = 1 g s∂ µ ɛ a (x) + f abc A b µ(x) ɛ c (x),δq(x) = iɛ c (x) λc2q(x) (2)Les transformation de j<strong>au</strong>ge non infinitésimales sont définies par une matriceunitaire 3 × 3: g(x) définie en chaque point de l’espace-temps et les transformationsq(x) → g(x) q(x), W (x, y) → g(x)W (x, y)g −1 (y) (3)où on a défini la “ligne de Wilson”[W (x, y) = Pexp{ig s∫C x,yd µ z A µ (z)C étant un chemin arbitraire menant de x à y et P indiquant un produit ordonnéen chemin. Quand g(x) s’approche de l’unité, on retrouve l’eq. (2) si on substitueg(x) ≃ 1 + iɛ(x). Les transformations de j<strong>au</strong>ge forment un groupe SU(3) N où Nest le nombre de points de l’espace-temps. Dans l’espace temps continu, N estinfini. Sur un rése<strong>au</strong> fini N est fini et, comme SU(3) est un groupe compact devolume fini, SU(3) N est <strong>au</strong>ssi de volume fini.A partir de eq. (3) on peut vérifier que}](4)q(x) W (x, y) q(y), et T r[W (x, x)] (5)sont invariants de j<strong>au</strong>ge. Une ligne de Wilson qui se referme sur elle-même telleque W (x, x) est appelée une boucle de Wilson. Nous verrons plus tard d’<strong>au</strong>tresopérateurs invariants de j<strong>au</strong>ge.• Une transformation de j<strong>au</strong>ge ne transforme pas un état physique dans un<strong>au</strong>tre, comme le fait une transformation de Lorentz, une transformation P, C etT , où une transformation chirale. Seuls les états invariants de j<strong>au</strong>ge reprśentent<strong>des</strong> états physiques. L’invariance de j<strong>au</strong>ge reflète le fait qu’il y a redondance<strong>des</strong> degrés de liberté de la théorie de champ par rapport <strong>au</strong>x degrés de libertéphysiques.Toute observable physique est invariante de j<strong>au</strong>ge, cependant il estsouvent utile, voire nécessaire, de faire le calcul dans une j<strong>au</strong>ge fixée.2 L’indice de saveur f du champ de quark est omis et il en sera ainsi chaque fois que saprésence ne sera pas nécessaire.63


2.3 Les fonctions de GreenUne théorie <strong>des</strong> champs est résolue si on est capable d’en calculertoutes les fonctions de Green. En effet on connaît alors tous les éléments dela “matrice-S”, les largeurs de désintégration, les facteurs de forme, etc.Mais, caculer toutes les fonctions de Green est un vaste et difficileprogramme ! Par où s’y prendre ?Les fonctions de Green sont (en général) <strong>des</strong> valeurs moyennes dans le videde produits ordonnés en temps d’opérateurs. Les opérateurs sont construits àpartir <strong>des</strong> champs de la <strong>QCD</strong>. Par exemple le propagateur d’un quark (de y versx) s’écrit:S(x, y) ≡ 〈0 |T [q(x) q(y)]| 0〉 (6)S(x, y) est une matrice 12×12 (Dirac × couleur). Noter que ce propagateur n’estpas invariant de j<strong>au</strong>ge. Il f<strong>au</strong>dra donc fixer une j<strong>au</strong>ge pour faire ce calcul, sinonle résultat donnerait zéro.La fonction de corrélation de deux courants électromagnétiques est définiecommeT µν (x, y) ≡ ∑ 〈 ∣ ∣∣T[e f 0 Jfµ (x)Jν f (x) ]∣ 〉∣ ∑0 = − e f 〈0 |T r [γ µ S f (x, y)γ ν S f (y, x)]| 0〉ff(7)où e f est la charge électrique du quark f (2/3 e ou −1/3 e) et pour chaque saveurle courant vectoriel est défini parJ µ (x) ≡ q(x) γ µ q(x) (8)Noter que la fonction de Green (7) est invariante de j<strong>au</strong>ge contrairement à cellede (6). En effet, la partie imaginaire de T µν (x, y), transformée de Fourier, estproportionelle à la section efficace totale e + e − → <strong>hadrons</strong>. C’est une observablephysique dont on trouve un résumé <strong>des</strong> mesures dans le PDG [1], cf fig. 1.Nous verrons plus tard que ce type de fonctions de Green invariantes de j<strong>au</strong>geest essentiel pour déterminer les propriétés <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>.2.4 L’intégrale de chemin2.4.1 Le principeLes fonctions de Green sont <strong>des</strong> valeurs moyennes dans le vide de produitsd’opérateurs. La question de calculer les fonctions de Green se ramène doncà celle de calculer les valeurs moyennes d’opérateurs dans le vide.Ces valeurs moyennes sont définies à partir de l’intégrale de chemin [2].Soit une théorie de champs génériques φ(x), définie par un Lagrangien L[φ] parexemple la théorie λφ 4 :L ≡ 1 2 (∂ µφ(x)) 2 − 1 2 m2 φ 2 (x) − λ 4! φ4 (x) (9)64


Figure 1: Figure extraite de PDG [1]: il s’agit en h<strong>au</strong>t de la section efficacetotale σ(e + e − → <strong>hadrons</strong>) en fonction de l’énergie. En bas c’est la même quantitédivisée par σ(e + e − → µ + µ − ). Si les quarks étaient <strong>des</strong> particules libres, ce rapportserait égal à la somme <strong>des</strong> charges (en unité de e) <strong>au</strong> carré <strong>des</strong> quarks tels que2m f < √ s.65


On peut montrer que la valeur moyenne d’un opérateur O est définie par∫Πx Dφ(x) O exp {iS[φ]}< O >= ∫Πx Dφ(x) exp {iS[φ]}(10)où l’action S[φ] est définie par∫S[φ] ≡d 4 x L[φ(x)] (11)Par exemple le propagateur d’un méson φ sera donné en prenant O = T [φ(x)φ(y)]:∫Πx Dφ(x) T [φ(x) φ(y)] exp {iS[φ]}< T [φ(x) φ(y)] >= ∫ (12)Πx Dφ(x) exp {iS[φ]}Les intégrales de chemin, eq. (10) ont une infinité de variables d’intégration:une par champ en chaque point de l’espace temps. On devine donc que cesintégrales ne sont pas faciles à définir mathématiquement et quand on y parvient,qu’elles sont très divergentes: on y reviendra à propos de la renormalisation.2.4.2 Les déterminants fermioniquesLes champs φ ci-<strong>des</strong>sus sont <strong>des</strong> champs bosoniques. Que faire <strong>des</strong> fermions ? Lapartie du Lagrangien (1) de la <strong>QCD</strong> qui contient le champ de quark de saveur festL qf= q f (x)() ]λ a[γ µ i ∂ µ + g s2 Aa µ − m fq f (x) ≡ ∑ q f (x)M f (x, y)q f (y) (13)x,yoù M f (x, y) est une matrice dans l’espace produit direct de l’espace-temps ×couleur × spin:M f (x, y) = ∑ [ ]iγ µµ 2a (δ λ ax+ˆµ,y − δ x−ˆµ,y ) + g s2 Aa µ δ x,y − m f δ x,y (14)où une notation discrétisée a été utilisée. ˆµ est un vecteur de longueur a dansla direction µ. Le terme en ∂ µ est diagonal dans l’espace de couleur, le termede masse est diagonal dans l’espace de spin et de couleur. La matrice M f estappelée “opérateur de Dirac”. On calcule d’abord, pour une valeur fixée <strong>des</strong>champs de j<strong>au</strong>ge, l’intégrale de chemin sur les champs de quark. L’intégrale sefait sur <strong>des</strong> variables d’intégration qui ne sont pas <strong>des</strong> nombres ordinaires maisles éléments d’une “algèbre de Grassman” que nous désignerons par les symbolesη f (x), η f (x) . Donnons juste le résultat:⎡⎤∫Π x,y,f Dη f (x)Dη f (y) exp ⎣ ∑ ∫d 4 zd 4 t η f (z)i M f (z, t)η f (t) ⎦ = Π f Det [i M f ]f(15)66


Le résultat de l’intégrale sur les variables fermioniques est donc simplement leproduit <strong>des</strong> déterminants <strong>des</strong> opérateurs de Dirac afférents à toutes les saveurs dequarks. Cette belle formule très compacte ne doit pas nous tromper: ce produitde déterminants est un objet très difficile à calculer. Il est une fonctionnelle nonlocale <strong>des</strong> champs de j<strong>au</strong>ge. Le sens physique de ce produit de déterminantsest le suivant: il prend en compte l’effet <strong>des</strong> boucles de quarks, c’est à dire,la polarisation du vide par les paires quark-antiquark virtuelles. En d’<strong>au</strong>trestermes, le déterminant décrit l’effet <strong>des</strong> quarks de la mer. La figure 2.A illustrela dynamique dite “quenched” quand on néglige ces déterminants et la figure 2.Billustre la prise en compte de ces déterminants.(A) Quenched <strong>QCD</strong>: quark loops neglected(B) Full <strong>QCD</strong>Figure 2: Effet du déterminant fermionique2.4.3 L’intégrale <strong>des</strong> champs de j<strong>au</strong>geUne fois intégrés les champs fermioniques, il f<strong>au</strong>t intégrer les champs de j<strong>au</strong>ge. Cesont <strong>des</strong> champs bosoniques, mais l’invariance de j<strong>au</strong>ge impose <strong>des</strong> préc<strong>au</strong>tionsparticulières: la dérivation de la formule de l’intégrale de chemin est assez délicateet ne peut se faire “sans peine”. Donnons d’abord quelques définitions: Nous appelons“configuration de j<strong>au</strong>ge” une fonction suffisamment régulière x → A a µ(x).C’est dans l’espace <strong>des</strong> configurations de j<strong>au</strong>ge que se fait l’intégrale de chemin.67


Nous appelons “orbite de j<strong>au</strong>ge” l’ensemble <strong>des</strong> transformées de j<strong>au</strong>ge d’une configurationde j<strong>au</strong>ge. Pour les quantités invariantes de j<strong>au</strong>ge le résultat est le mêmesur toute une orbite. Une orbite est de volume fini sur un rése<strong>au</strong> fini (volumedu groupe de j<strong>au</strong>ge), mais de volume infini dans le continu. Il en résulte quel’approche est nécessairement différente dans le continu et sur un rése<strong>au</strong>. Sur unrése<strong>au</strong> fini on peut définir l’intégrale de chemin sur tout l’espace <strong>des</strong> configurationsde j<strong>au</strong>ge et ensuite diviser le résultat par le volume du groupe de j<strong>au</strong>ge.Dans le continu il f<strong>au</strong>t fixer la j<strong>au</strong>ge. Dans les cas courants la j<strong>au</strong>ge est fixée enmultipliant l’intégrand de l’intégrale de chemin par[B[∂ µ A a µ] ≡ exp − i ∫]d 4 x (∂ µ A a2ξµ) 2 (16)Noter que quand ξ → 0 on retrouve la j<strong>au</strong>ge de Land<strong>au</strong>:B[∂ µ A a µ] → Π x,a δ(∂ µ A a µ) =⇒ ∂ µ A a µ = 0 (17)Cependant il a été montré [3] que l’invariance de j<strong>au</strong>ge impose d’ajouter ledéterminant de “l’opérateur de Faddeev-Popov” qui exprime l’effet d’une tranformationde j<strong>au</strong>ge infinitésimale 1 + i ɛ b sur ∂ µ A a µ:F ax;cy ≡ δ[∂ µA a µ(x)]δɛ c (y)∂ µ A a µ → ∂ µ A a µ + 1 g s[∂ 2 δ ac + g s f abc A b µ∂ µ ]ɛ c (18)= 1 g s[∂ 2 δ 4 (x − y) δ ac + g s f abc ∂ µ(Abµ δ 4 (x − y) )] (19)Pour résumer l’intǵrale de chemin sur les champs de j<strong>au</strong>ge s’écrit∫Z = Π µ,a,x DA a µ(x) B[∂ µ A a µ] Det[F] Π f Det [i M f ] exp[iS G ] (20)où on a utilisé les eqs. (15), (17), (19) et où∫S G = −d 4 x 1 4 Ga µν(x)G µνa (x) (21)Notons en passant que l’on est tenté, nous souvenant de l’eq. (15) dans laquellel’intégration <strong>des</strong> champs fermioniques s’est traduite par le déterminant deDirac, d’interpréter le déterminant de Faddeev-Popov Det[F] comme le résultatde l’intégration de champs anti-commutants, scalaires et octets de couleur. Ceschamps sont appelés les “fantômes de Faddeev-Popov” et ont donné lieu à denombreux développements, en particulier à la symétrie BRST. Mais nous en resteronslà.Pour conclure la valeur moyenne d’un opérateur O de la <strong>QCD</strong> s’écrira:∫Πµ,a,x DA a< O >=µ(x) B[∂ µ A a µ] Det[F] Π f Det [i M f ] exp[iS G ] O∫ (22)Πµ,a,x DA a µ(x) B[∂ µ A a µ] Det[F] Π f Det [i M f ] exp[iS G ]68


Pour O on pourra considérer le propagateur d’un quark, d’un gluon, d’un hadronet bien d’<strong>au</strong>tres fonctions de Green. Nous possédons donc maintenant un moyenformel de calculer n’importe quelle fonction de Green de la <strong>QCD</strong> et donc de larésoudre complétement. Il f<strong>au</strong>t cependant trouver <strong>des</strong> moyens pratiques de lescalculer.2.5 Passage <strong>au</strong> temps imaginaireUn ingrédient très embarrassant de l’équation (22) se trouve dans les phasescomplexes dues <strong>au</strong>x facteurs i de l’exponentielle. L’action S G est réelle, maismultipliée par i. De même pour le déterminant fermionique. Les configurationsde j<strong>au</strong>ge dont l’action est très grande ne contribuent pas de façon significativeà l’intégrale de chemin par une compensation <strong>des</strong> fortes oscillations de phase duterme exp[iS G ]. En pratique, dans un calcul numérique ces fortes oscillationsproduisent be<strong>au</strong>coup de bruit.Une méthode fréquemment employée est de pratiquer un prolongement analytiquevers le temps imaginaire. Nous définissions le temps τ = x 4 = ix 0 = itet de même p 4 = ip 0 = iE. La produit scalaire dans la métrique de Lorentz,x 0 p 0 − ⃗x · ⃗p, devient − ∑ µ=1,4 x µ p µ . A un signe global, sans importance, prèsnous sommes dans la métrique Euclidienne. L’intégrale de chemin contient le facteurexp[i ∫ d 4 xL M ]. On remplace la variable d’intégration dx 0 par dx 4 = idx 0 , oneffectue le même changement de variable sur toutes les composantes temporelles<strong>des</strong> champs et on change le signe du Lagrangien Euclidien, le facteur exponentieldevient alors exp[− ∫ d 4 xL E ]. Le changement de signe du Lagrangien fait que leLagrangien Minkowskien ∫ ( E ⃗ 2 − B ⃗ 2 ) devient ∫ ( E ⃗ 2 + B ⃗ 2 ) en Euclidien, ce qui enfait un Lagrangien positif. Ce fait est très important: le facteur exponentielde l’intégrale de chemin Euclidienne est un nombre positif inférieur à1. On peut interpréter ∫ ( E ⃗ 2 + B ⃗ 2 ) comme un “Hamiltonien” à quatredimensions. Les déterminants fermioniques, le déterminant de Faddeev-Popovet le terme de fixation de j<strong>au</strong>ge B[∂ µ A a µ] sont <strong>au</strong>ssi, dans l’Euclidien, <strong>des</strong> densitéspositives.< O >=∫Πµ,a,x DA a µ(x) B[∂ µ A a µ] Det[F] Π f Det [M f ] exp[−S G ] O∫Πµ,a,x DA a µ(x) B[∂ µ A a µ] Det[F] Π f Det [M f ] exp[−S G ](23)où l’action Euclidienne est positive:∫S G = d 4 x 1 4 Ga µν(x)G µνa (x) (24)Pour résumer le passage à l’Euclidien a transformé l’intégrale de chemin exp[iS]en une intégrale de type Boltzman, exp[−S], S ayant les propriétés d’un Hamiltonienà quatre dimensions. Le rapport (22) devient une valeur moyenne <strong>au</strong> sensprobabiliste (23) avec une distribution de probabilité positive.69


En passant à l’Euclidien on a transfromé le problème de la théorie <strong>des</strong> champsquantique en un problème de physique statistique classique. Toutes les métho<strong>des</strong>de la physique statistique, tous les algorithmes sont à notre disposition. La <strong>QCD</strong>sur rése<strong>au</strong> de même que les règles de somme de <strong>QCD</strong> utilisent le prolongementEuclidien.La question qui se pose est la suivante. En supposant que l’on ait résolula théorie dans son prolongement Euclidien, comment revenir dans le domainephysique, c’est à dire dans le domaine Minkowskien. Le réponse est simple enprincipe et elle s’appuie sur les propriétés d’analyticité <strong>des</strong> fonctions de Green.Si on connaissait parfaitement les fonctions de Green Euclidiennes on pourraiten faire le prolongement analytique vers le Minkowskien. Le problème est quela connaissance que nous pouvons acquérir dans l’Euclidien n’est pas exacte. Laprécision du prolongement analytique de l’Euclidien vers le Minkowskien dépenddu processus considéré. Dans le cas où un seul hadron est présent c’est exceptionnellementsimple. Le facteur d’évolution exp[−Et] devient exp[−iEt].3 La renormalisation et la liberté asymptotiqueLa belle formule (22) résume d’une façon compacte le programme de la solutionde la <strong>QCD</strong>. Cependant le nombre de variables d’intégation est l’infini du continusi bien que cette écriture élégante ne recouvre <strong>au</strong>cun objet mathématique biendéfini. Après avoir fait une rotation vers le temps imaginaire on parvient à (23),un objet que les mathématiciens savent définir: une intégrale de Wiener. Maisces intégrales sont divergentes, même après avoir compensé les singularités dunumérateur et du dénominateur. Ces divergences sont dites “ultraviolettes” carelles proviennent <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> impulsions dans les boucles de Feynman. Nousparlerons de leur traitement par la renormalisation dans la sous-section suivante.Même après avoir renormalisé la théorie, les intégrales de chemin sont excessivementdifficiles à calculer. Il existe <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> pratiques de calcul analytiqueou numériques: <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>, métho<strong>des</strong> perturbatives, théories effectives,modèles qui seront vues plus tard dans cette école. Dans l’immédiatnous essaierons de décrire qualitativement certaines propriétés qui résultent del’intégrale de chemin, et en particulier il sera question <strong>des</strong> propriétés du videde la <strong>QCD</strong>3.1 RenormalisationNous allons aborder la renormalisation d’une façon dénuée de toute “pénibilité”.La qcd possède en tout et pour 3 tout n f + 1 paramètres, la constante decouplage et les masses <strong>des</strong> quarks. Comme dans n’importe quelle théoriephysique il f<strong>au</strong>t fixer ces paramètres, appelés “paramètres nus”, à partir de n f +13 Nous omettons le terme de violation de CP qui ajouterait un paramètre.70


0.3α s(µ)0.20.101 10 10 2µ GeVFigure 3: Constante de couplage forte [1]mesures indépendantes. La théorie est bonne si on peut, après cela, prédire correctementtoute <strong>au</strong>tre mesure. On pourrait résumer la théorie de la renormalisationde la <strong>QCD</strong> à ces propos de bon sens. Par exemple on ajuste la masse duméson ρ, du π + et du π 0 , du K, du D, du B (oublions le t) et tout le reste estprédictible !!Dans les théories de champs, il y a cependant une complications due <strong>au</strong>x“singularités ultraviolettes”: De nombreuses fonctions de Green G(x − y) divergentquand x → y. On doit “régulariser” ces divergences. Il y a de nombreusesmétho<strong>des</strong> de régularisation qui toutes dépendent d’une coupure ultraviolette quenous nommons génériquement Λ. Bien sûr, la <strong>QCD</strong> ne peut être validée que siles prédictions de physique sont indépendantes de la méthode de régularisationet convergent vers une valeur commune quand Λ → ∞. En principe il doit enêtre ainsi. Les paramètres nus dépendent, bien sûr, de Λ et de la méthode derégularisation.71


3.1.1 Schémas de renormalisationOn en <strong>au</strong>rait fini avec la renormalisation si il était facile d’aller <strong>des</strong> n f + 1paramètres nus jusqu’<strong>au</strong>x observables physiques. Mais c’est en général très difficile.Des étapes intermédiaires sont nécessaires. Par exemple on doit calculer<strong>des</strong> fonctions de Green en termes <strong>des</strong> champs fondament<strong>au</strong>x de la théorie (gluons,quarks, fantômes). Ces objets ne sont pas <strong>des</strong> observables physiques, ilsdépendent de la j<strong>au</strong>ge, on ne peut pas les prendre de l’expérience. Alors on faitappel à un “schéma de renormalisation”. Il y a un très grand nombre detels schémas. Tous les résultats intermédiaires du calcul dépendent de ce schémade même qu’ils dépendent de la j<strong>au</strong>ge. Le résultat final du calcul, celui qui concerneles observables physiques, doit lui être totalement indépendant du schémaet de la j<strong>au</strong>ge. En outre, <strong>au</strong> sein d’un schéma donné apparaît une dépendanceadditionnelle dans une échelle d’énergie que l’on appelle le “point de renormalisation”.Nous allons juste illustrer cela sur un exemple simple pour en montrer le fonctionnement.Un schéma nommé “MOM” impose par exemple que le propagateurrenormalisé du gluon soit égal, dans la j<strong>au</strong>ge dite de Feynman, <strong>au</strong> propagateurd’un gluon libre, c’est à dire à −i g µν δ ab /p 2 pour une valeur précise de la norme del’impulsion: p 2 = µ 2 . µ est ici cette échelle d’énergie, ce point de renormalisation.Cette échelle d’énergie est arbitraire en principe, mais elle doit être fixée pour quela procédure de renormalisation soit définie. La procédure est alors la suivante.Etant donnés les n f + 1 paramètres nus de la théorie, on calcule, par un procédéà définir, le propagateur du gluon résultant de toutes les interactions de la <strong>QCD</strong>.Le résultat dépendra bien sûr de ces paramètres et de la valeur du cut-off Λ. Parexemple on calcule l’effet <strong>des</strong> diagrammes à une boucle de gluon et de quark.On appelle le résultat de ce calcul le “propagateur nu”, −i g µν δ ab G b . On calculeune constante de renromalisation Z 3 qui fournit le “propagateur renormalisé”−i g µν δ ab G r par une simple multiplication:G r (p 2 , µ 2 ) ≡ Z 3 (µ 2 , Λ 2 )G b (p 2 , Λ 2 ), Z 3 (µ 2 , Λ 2 ) = µ 2 G b (p 2 , Λ 2 ). (25)La valeur de Z 3 ci <strong>des</strong>sus exprime simplement que pour p 2 = µ 2 le propagateurrenormalisé est le propagateur d’un gluon libre - G r (µ 2 , µ 2 ) = 1/µ 2 - elle découle<strong>des</strong> règles adoptées pour ce schéma.Le résultat dépend évidemment de µ. S’il en était <strong>au</strong>trement cela signifieraitqu’en ayant ajusté le propagateur renormalisé <strong>au</strong> propagateur libre pour uneéchelle µ 2 il serait égal <strong>au</strong> propagateur libre pour toutes les valeurs de p 2 , doncque la <strong>QCD</strong> se comporterait comme une théorie de gluons libres !! C’est loind’être le cas.On peut de façon semblable renormaliser d’<strong>au</strong>tres fonctions de Green, la constantede couplage forte et les masses <strong>des</strong> quarks <strong>au</strong> moyen d’un nombre fini deconstantes de renormalisations. On dit que la <strong>QCD</strong> est renormalisable 44 La théorie effective chiral est renormalisable <strong>au</strong> prix d’un nombre infini, mais ordonné, de72


3.2 La dépendance d’échelleLa dépendance d’échelle <strong>des</strong> fonctions de Green, de la constante de couplage et<strong>des</strong> masses <strong>des</strong> quarks est très riche d’enseignements. Il f<strong>au</strong>t d’abord préciserque si le choix du point de renormalisation µ est arbitraire, il est en pratiquepréférable de choisir µ de l’ordre <strong>des</strong> impulsions-énergies typiques du processusque l’on étudie. On le voit dans l’exemple ci-<strong>des</strong>sus où le propagateur du gluon estparticulièrement simple pour p 2 = µ 2 . Par exemple si on étudie les désintégrationsdu Z 0 <strong>au</strong> LEP on <strong>au</strong>ra intèrêt à choisir µ de l’ordre de 45 GeV. Si on s’intéresse<strong>au</strong> facteur de forme du nucléon à un transfert de Q 2 ∼ (10 GeV) 2 on prendraµ = 10 GeV. Donc, bien que µ ne soit pas une grandeur physique, la dépendanceen µ, par exemple de la constante de couplage, véhicule un important message dephysique.Hé bien La constante de couplage diminue quand µ <strong>au</strong>gmente et elletend vers zero pour µ → ∞. C’est la “liberté asymptotique”. Ce résultatessentiel peut se démontrer en théorie <strong>des</strong> perturbation, il est confirmé par <strong>des</strong>métho<strong>des</strong> non perturbatives et mieux encore par l’expérience. La figure 3 montreune compilation <strong>des</strong> mesures expérimentales de cette constante en fonction del’énérgie.-+-- + +-- - ++ ++ - -QgggQ _Figure 4: effet d’écran, en h<strong>au</strong>t, et d’anti-écran en bas3.2.1 Effet d’écran et d’anti-écranCette dépendance d’échelle de la constante de couplage peut paraître paradoxale :en termes simples, elle signifie que l’interaction entre deux sources <strong>au</strong>gmente avecla distance. En électrodynamique l’effet est inverse et on peut le comprendre dela façon suivante: on suppose deux charges électriques statiques de signe opposé,elles tendent à polariser le vide, c’est à dire à faire surgir du vide <strong>des</strong> charges + etconstantes de renormalisation. On dit que la théorie n’est pas renormalisable.73


- qui vont naturellement écranter les charges statiques, cf fig. 4 (<strong>des</strong>sin du h<strong>au</strong>t).Cet effet d’écran <strong>au</strong>gmente naturellement avec la distance entre les charges etl’interaction décroît avec la distance.Mais en <strong>QCD</strong> on observe un effet d’anti-écran: l’interaction <strong>au</strong>gmente avec ladistance (diminue avec l’énergie). D’où vient cette différence ? les quarks et lesgluons polarisés transversalement exercent pourtant un effet d’écran comme lesélectrons en électrodynamique, mais cet effet est contrebalancé par l’interactionentre les lignes de champs, cf fig. 4 (<strong>des</strong>sin du bas) due <strong>au</strong> fait que les gluonsportent une charge de couleur.Avant de développer les idées qui tentent d’expliquer cet effet d’anti-écranainsi que le confinement qui lui est lié, nous allons conclure par un résumé <strong>des</strong>conséquences de la liberté asymptotique.Figure 5: e + e − → q¯q, 2 jets, dans l’expérience DELPHI <strong>au</strong> LEP [4],74


3.2.2 Les conséquences de la liberté asymptotique• 1) A grande énergie-impulsion la constante de couplage est petite. Celajustifie l’usage de la théorie <strong>des</strong> perturbations et explique le comportementquasi partonique <strong>des</strong> quarks et gluons à grande énergie, cf fig. 5. Cettepropriété permet de donner un sens à la <strong>QCD</strong> quand on fait tendre lacoupure ultraviolette vers l’infini alors que les théories qui ont le comportementinverse (fort couplage petite distance, dite infra-rouges libres) tellesl’électrodynamique ou la théorie λφ 4 ne le permettent pas sous peine dedevenir “triviales” à cette limite. Lié à cela il résulte <strong>au</strong>ssi que la <strong>QCD</strong> surrése<strong>au</strong> a une limite “du continu” (quand la maille du rése<strong>au</strong> tend vers zéro)bien définie.• 2) A grande distance, quand la constante de couplage n’est plus petite(α s ∼ 1), la théorie <strong>des</strong> perturbations ne s’applique plus du tout, les mo<strong>des</strong>infrarouges deviennent cruci<strong>au</strong>x, les propriétés non-perturbatives du videde <strong>QCD</strong> sont déterminantes. Le confinement se manifeste (sans que celasoit bien compris). La brisure spontanée de la symétrie chirale se manifeste<strong>au</strong>ssi.Cette dualité ultraviolet/infrarouge, perturbatif/non-perturbatif, polarisetoute la <strong>QCD</strong>. Elle lui donne toute sa richesse. Historiquement laliberté asymptotique a permis d’éclaircir le mystère de l’interaction forte, cf lecours de Patrick Aurenche [5], et cette découverte a été saluée par le prix nobelde physique 2004. La maîtrise de l’aspect non-perturbatif reste un défi.3.3 Les parties dominantes de l’intégale de cheminL’intégrale de chemin, eq. (23), permet de définir formellement toutes les quantitésd’intérêt physique de la <strong>QCD</strong>. Il est bon de s’attarder sur quelques unes <strong>des</strong>es propriétés. Il s’agit d’un intégrale fonctionnelle. L’espace d’intégration estl’espace <strong>des</strong> configurations de j<strong>au</strong>ge défini dans la section 2.4.1: une configurationgénérique de j<strong>au</strong>ge est la donnée d’une valeur générique tout à fait arbitraire <strong>des</strong>champs de j<strong>au</strong>ge en tous les points de l’espace-temps (on peut ajouter <strong>des</strong> contraintesde continuité et de dérivabilité). Cet espace <strong>des</strong> configurations de j<strong>au</strong>geest très vaste. Grâce <strong>au</strong> passage <strong>au</strong> temps imaginaire la fonctionnelle à intégrerest positive. Une méthode approchée pour ce genre d’intégrale, la méthode du col,consiste à effectuer l’intégrale près <strong>des</strong> maxima loc<strong>au</strong>x de l’intégrand, c’est à direprès <strong>des</strong> minima loc<strong>au</strong>x de l’action (l’intégrale de chemin est schématiquement∫ exp(−S)). Autrement dit, sur cet immense espace de configurations de j<strong>au</strong>gelintégrale sera dominée par les régions où l’action n’est pas très grande, <strong>au</strong> voisinage<strong>des</strong> minima loc<strong>au</strong>x c’est à dire <strong>des</strong> <strong>des</strong> solutions classiques <strong>des</strong> équations dechamps.75


Il y a de très nombreux minima loc<strong>au</strong>x, mais le minimum absolu est, àune transformation de j<strong>au</strong>ge près, le “vide trivial”: A µ (x) = 0 pour lequelG a µν(x)G µνa (x) = 0 et par conséquent S G = 0 à partir de l’équation (24). Lathéorie <strong>des</strong> perturbations prend en compte les fluctuations quantiques <strong>au</strong>tourde ce vide trivial. Il en résulte que la théorie <strong>des</strong> perturbations ne peut pasrendre compte de la richesse <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres minima. On peut comprendre qualitativementpourquoi, cependant, les mo<strong>des</strong> à grande impulsion de la <strong>QCD</strong> sont biendécrits par la théorie <strong>des</strong> perturbation: ces mo<strong>des</strong> correspondent à une action S Gtrès grande, et - souvenons-nous que l’action euclidienne est une “énergie” d’unsystème statistique classique de dimension 4 - à cette “énergie”, les variations <strong>des</strong>différents vi<strong>des</strong> sont peu sensibles, de même qu’un avion de h<strong>au</strong>te altitude passesans effort d’une vallée à l’<strong>au</strong>tre.Par contre, les propriétés <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de basse fréquence sont très profondémentmodifiées par l’effet de ces nombreux minima. Une <strong>des</strong> conséquences les plusremarquables est que dans le vide de la <strong>QCD</strong> la valeur moyenne< 0|G a µν(0)G µνa (0)|0 > > 0. (26)En effet, les minima non trivi<strong>au</strong>x de l’action ont évidemment une action positive,et une valeur de G a µν(x)G µνa (x) strictement positive. En utilisant le fait quetous les translatés d’un tel minimum seront <strong>au</strong>ssi <strong>des</strong> minima non trivi<strong>au</strong>x on engendre<strong>des</strong> “mo<strong>des</strong> zéros” de densité G a µν(0)G µνa (0) non nulle. Quand on calculela valeur moyenne dans le vide < 0|G a µν(0)G µνa (0)|0 > en utilisant la formule 23,on ne trouve pas zéro à c<strong>au</strong>se de la contribution de ces vi<strong>des</strong> non trivi<strong>au</strong>x. Ondésigne le fait que < 0|G a µν(0)G µνa (0)|0 > > 0, comme signalant l’existence d’un“ condensat G 2 ”.L’explication ci-<strong>des</strong>sous est par trop naïve car elle passe sous silence <strong>des</strong>problèmes complexes de renormalisation. Elle illustre cependant le lien qui existeentre la structure complexe <strong>des</strong> minima de l’action et les propriétés nonperturbativesdu vide de la <strong>QCD</strong>.4 Les mystères de la <strong>QCD</strong> non perturbativeNous avons vu dans la section précédente une caractéristique importante du videde la <strong>QCD</strong>, le condensat G 2 , et plus généralement que les caractéristiques particulièresdu vide de la <strong>QCD</strong> ouvrent <strong>des</strong> perspectives sur ses propriétés nonperturbatives.Cela ne suffit cependant pas à expliquer les grands mystères dela <strong>QCD</strong> : le confinement, la brisure de la symétrie chirale, etc. A dire vrai leurexplication n’est pas encore connue, mais il existe <strong>des</strong> tentatives d’explication àpartir de modèles du vide de la <strong>QCD</strong>. Nous allons en présenter quelques uns danscette section. Cependant nous allons d’abord discuter de l’existence de critèresde confinement.76


4.1 La boucle de WilsonOuvrons d’abord une parenthèse. Considérons un état physique quelconque |n >d’énergie E n et un opérateur O(t) dépendant du temps t tel que |n >= O(0)|0 >et O † (0)|n >= |0 >, où |0 > représente le vide. Alors la valeur moyenne< 0|O † (t)O(0)|0 >∝ e −Ent (27)xR0Figure 6: Boucle de WilsonTtIl s’agit de la traduction euclidienne de l’évolution quantique ∝ e −iEt quidevient une décroissance exponentielle. Venons-en à la boucle de Wilson. Nousavons défini (4) la ligne de Wilson et la boucle de Wilson (5) dont la trace estun invariant de j<strong>au</strong>ge. Considérons la boucle de Wilson représentée en fig. 6.On peut monter que les lignes horizontales représentent <strong>des</strong> sources de couleurstatiques (liées à <strong>des</strong> quarks de masse infinie). On peut donc interpréter la fig. 6comme la création d’un système invariant de j<strong>au</strong>ge constitué d’une paire quarkantiquarkstatiques, distants de R qui se propage durant un temps T . Selonce que nous venons de rappeler, la valeur moyenne de cette boucle de Wilsonest donc proportionnelle à exp(−ET ) où E est l’énergie du système de sources77


statiques distantes de R, la valeur du potentiel Q ¯Q. Quand R devient grand,considérons deux cas: le potentiel linéaire, c’est à dire confinant, et un potentielque tende vers zéro à l’infini, comme le potentiel de Coulomb, non-confinant.< 0|T r[W (x, x)]|0 >∝ e −σRT = e −σA < 0|T r[W (x, x)]|0 >∝ e −cP (28)où A = RT est l’aire insérée dans la boucle de Wilson et P est le périmètre decette boucle. Wilson a donc proposé la “loi <strong>des</strong> aires” (à g<strong>au</strong>che ci-<strong>des</strong>sus) commecritère du confinement. La loi en périmètre (à droite ci-<strong>des</strong>sus) est <strong>au</strong> contraireun indice de non confinement.Figure 7: Représentation d’un supraconduceur de type II traversé par un fortchamp magnétique [6].Les simulations numériques confirment l’existence de cette loi exp(−σA) pourla <strong>QCD</strong> sans quarks dynamiques. En présence de quarks dynamiques les choses secompliquent. Si on construit comme ci-<strong>des</strong>sus un système de charges de couleurstatiques Q ¯Q à distance R, il devient à grande distance dynamiquement avantageuxqu’une paire q¯q de quarks légers issue du vide constitue deux “mésons”statiques Q¯q et q ¯Q. L’énergie potentielle du système reste finie et devient con-78


stante, égale à moins deux fois l’énergie de liaison <strong>des</strong> mésons statiques 5 , quandles sources statiques s’éloignent à l’infini escortées de leur partenaire léger 6 .La boucle de Wilson avec quarks dynamiques se comportera donc ∝ e −cPmême en cas de confinement, et le critère de la loi en e −σA ne peut donc plus servirde critère de confinement. De fait <strong>au</strong>cun critère de confinement, <strong>au</strong>cun paramètred’ordre du confinement, n’a été trouvé dans le cas de quarks dynamiques. Notonsnéanmoins que le confinement garde son sens premier: les états colorés ne peuventconstituer <strong>des</strong> états asymptotiques, et c’est bien le cas dans l’exemple ci-<strong>des</strong>suspuisque <strong>des</strong> quarks du vide apparaissent pour neutraliser la couleur <strong>des</strong> sourcesstatiques.Maxwell eqs.Abelian theoryHiggsmechanismtype II superconductorBBANO stringscondensate of Cooper pairsDUALITYEBB-EQQmagnetic monopole condensateFigure 8: Effet meissner dual, figure de la référence [9]5 Rappelons que dans le cas confinant l’énergie de liaison est négative.6 On peut <strong>au</strong>ssi se représenter les sources de couleur statiques comme <strong>des</strong> quarks de massetendant vers l’infini. Dans les raisonnements ci-<strong>des</strong>sus on doit alors soustraire systématiquementla masse du quark lourd pour rester avec <strong>des</strong> quantités finies.79


4.2 Une image du confinement: l’effet Meissner dual4.2.1 les supraconducteurs de type IILa figure 7 représente un supraconduceur de type II traversé par un fort champmagnétique. A la température considérée, l’état d’énergie la plus basse du matéri<strong>au</strong>est l’état supraconducteur. Dans cet état le champ magnétique ne peut paspénétrer. La nécessité de contourner le matéri<strong>au</strong> coûte be<strong>au</strong>coup d’énergie. Le“compromis” que trouve le système est le percement d’un “tube d’Abrikosov” nonsupraconducteur dans le matéri<strong>au</strong>. Le champs magnétique traverse le matéri<strong>au</strong>en empruntant les tubes de sorte que le flux magnétique dans chaque tube soitquantifié 7 . Un compromis s’inst<strong>au</strong>re qui fixe la section du tube. Si cette sectionest trop faible, le champ magnétique <strong>au</strong>ra une énergie ∝ B ⃗ 2 qui diverge à fluxconstant à section nulle. Si la section est trop grande, la perte d’énergie due à latransformation du matéri<strong>au</strong> de supraconducteur en un matéri<strong>au</strong> normal est tropgrande.4.2.2 L’effet Meissner dualOn explique donc le confinement en supposant que la <strong>QCD</strong> présente un effetMeissner dual [7, 8], dual <strong>au</strong> sens de la dualité électrique magnétique, ouplus précisément électrique/chromomagnétique et magnétique/chromoélectrique.Cet effet est bien illustré dans la fig. 8 emprunté à la référence [9]. Le videest supposé supraconducteur dual, c’est à dire que le champ chromoélectrique(électrique de couleur) ne peut traverser ce milieu sans le transformer en vide nonsupraconducteur(peu différent du vide perturbatif). Donc, entre deux sourcesde couleur statiques Q et Q, les lignes de champ chromoélectrique doivent transformerle vide <strong>au</strong> prix d’un coût énergétique. De ce fait les lignes de champ,<strong>au</strong> lieu de s’écarter comme en électromagnétisme, ont dynamiquement intérêt àpercer un tube dont la section est déterminée selon le même principe que celle<strong>des</strong> tubes d’Abrikosov décrits ci-<strong>des</strong>sus. L’énergie de ces tubes cylindriques <strong>des</strong>ection déterminée est bien sûr proportionnelle à la longueur du tube, c’est àdire à la distance entre Q et Q: on a donc expliqué, dans ce modèle, le potentiellinéaire comme dû à un tube de flux chromoélectrique.Ce modèle de confinement a une conséquence intéressante: selon la théorieBCS la supraconductivité est due à un condensat de paires d’électrons, les “pairesde Cooper”. La supraconductivité duale suppose donc un condensat de monopôlesmagnétiques [8]. Ce modèle semble confirmé par les calculs sur rése<strong>au</strong>. Les tubesde flux chromoélectriques entre sources statiques le sont <strong>au</strong>ssi, cf la fig. 9 d’aprèsla référence [10].7 Cette quantification est imposée par le fait que le long d’une boucle entourant le tube lechamp électromagnétique doit retrouver sa phase après un tour.80


Figure 9: Tube de flux en <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> entre deux sources statiques [10].4.3 Une <strong>au</strong>tre vision du vide de la <strong>QCD</strong>: les instantonsUn instanton (anti-instanton) est une solution classique <strong>des</strong> équations de champde la <strong>QCD</strong> [11, 12]. Pour simplifier les notations nous allons les écrire dans lathéorie de j<strong>au</strong>ge SU(2):A a µ(x) = 2 η a µνx ν ρ 2(29)g (x 2 + ρ 2 )x 2oùη a ij = ɛ aij , η a i4 = δ a i , η a 4i = −δ a i . (30)L’action <strong>des</strong> instantons et <strong>des</strong> anti-instantons est une valeur constante:S =∫ 14 Ga µνG µνa= 8π2g 2 (31)Asymptotiquement, à l’infini, l’instanton devient une pure j<strong>au</strong>ge:A a µ(x) ≃ g(x) 1ig ∂ µg −1 (x) pour |x| → ∞ avec g(x) = (x 4 + i⃗x · ⃗τ)ρ 2|x| 3 (32)Donc, à l’infini, les champs d’instantons sont les transformés de j<strong>au</strong>ge du champtrivial A a µ(x) = 0. Mais on ne peut pas les ramener en même temps en tous les81


points d’une hypershpère à l’infini a un champ trivial à c<strong>au</strong>se d’une propriétéd’enroulement topologique 8 qui se manifeste dans la singularité de la fonctiong(x) en x = 0, (32): il est impossible d’effectuer dans tout l’espace-temps latransformation de j<strong>au</strong>ge (32) à c<strong>au</strong>se de cette singularité. Les instantons ontun nombre topologique +1, les anti-instantons ont un nombre -1. Il existe <strong>des</strong>solutions avec ±n entier. Ce sont <strong>des</strong> solutions classiques, <strong>des</strong> minima loc<strong>au</strong>x del’action euclidienne, qui ne peuvent évoluer classiquement vers la solution trivialeà c<strong>au</strong>se de cette propriété topologique.Figure 10: Représentation de la densité d’action euclidienne sur une tranched’une configuration de j<strong>au</strong>ge d’un rése<strong>au</strong> [16]. A g<strong>au</strong>che la configuration tellequ’elle sort de la simulation. A droite après qu’un procédé de refroidissementait éliminé les fluctuations quantiques de petit longueur d’onde: on voit degran<strong>des</strong> structures dont on peut démontrer qu’elles sont proches d’instantons(anti-instantons)4.3.1 Modèle de liquide d’instantonsImaginons un instanton et un anti-instanton éloignés l’un de l’<strong>au</strong>tre. La configurationde j<strong>au</strong>ge a pour nombre topologique n = 0, ce n’est pas une solutionclassique, cette configuration peut classiquement évoluer vers la solution trivialepar annihilation de l’instanton avec l’anti-instanton. Mais cela est peu probablesi ils sont éloignés. Si le recouvrement de l’instanton et de l’anti-instanton sontfaibles, on a presque une solution classique <strong>des</strong> équations de champs puisque leséquations sont locales et que localement on est presque dans une configurationd’instanton, ou d’anti-instanton ou dans une j<strong>au</strong>ge pure.Le modèle de liquide d’instanton [13, 14] généralise cette idée à une superpositiond’un nombre n + d’instantons et n − d’anti-instantons. le nombre topologique8 Ce phénomène topologique est un peu analogue <strong>au</strong> fait qu’un fil noué qui est enroulé n fois<strong>au</strong>tour d’un pote<strong>au</strong> ne peut être déroulé.82


est n + − n − . Il a été montré que ce modèle ne donne pas d’explication du confinement.Par contre il donne une bonne explications de la brisure de la symétriechirale qui est traitée dans le cours de Bachir Moussalam [15]. Ce modèle duvide de la <strong>QCD</strong> semble <strong>au</strong>ssi confirmé par la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> comme l’indique lafig. 10Il ne f<strong>au</strong>t pas s’étonner que deux représentations différentes du vide, Meissnerdualet liquide d’instantons semblent confirmées toutes deux par les simulations: il s’agit de deux aspects d’une réalité complexe.5 Métho<strong>des</strong> de calcul non-perturbatif5.1 La <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>a) b)Figure 11: a) représentation schématique d’un rése<strong>au</strong> cubique. b) représentationd’une “plaquette”.La seule méthode de calcul ab initio de la <strong>QCD</strong> non-perturbative est la <strong>QCD</strong>sur rése<strong>au</strong>. mais c’est une méthode numériquement lourde. Elle consiste d’abordà discrétiser l’espace-temps euclidien, cf fig. 11-a. Les calculs se font sur un volumefini. Les mailles sont typiquement plus petites que 0.1 fm car il f<strong>au</strong>t que cettelongueur soit dans le domaine de la <strong>QCD</strong> perturbative et donc analytiquement83


sous contrôle, alors que les phénomènes à grande distance, de l’ordre du fm, sontsimulés numériquement. Le volume a typiquement <strong>des</strong> côtés plus grand que 3 fmpour pouvoir contenir <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>. Sur chaque lien du rése<strong>au</strong> le champ de j<strong>au</strong>geest implémenté sous la forme d’une petite ligne de Wilson:U µ (x) = P{e iag 0∫ 1}0 dτAi µ (x+τaˆµ) λ i2où U µ (x) ∈ SU(3) et la transformation de j<strong>au</strong>ge s’écrit (3):L’action de g<strong>au</strong>ge v<strong>au</strong>t(33)U µ (x) → g(x)U µ (x)g −1 (x + aˆµ). (34)S[U] = − ∑x,µ,ν13 Re {Tr [1 − P (x) µ,ν]} (35)où P est une plaquette définie comme le produit ordonné de matrices U <strong>au</strong>tourd’un carré élémentaire, cf fig. 11-b :P µν (x) = U µ (x)U ν (x + aˆµ)U −µ (x + aˆµ + aˆν)U −ν (x + aˆν). (36)L’intégrale de chemin, intégrée sur toutes les orbites de j<strong>au</strong>ge, s’écrit∫Π x,µ dU µ (x)e − 6g 2 S[U] (37)On peut montrer que l’on retrouve les formules du continu (23,24) quand a → 0.Il est habituel de définir β = 6/g 2 .Si on veut calculer une quantité invariante de j<strong>au</strong>ge on n’a pas besoin de fixerla j<strong>au</strong>ge, on intègre sur toutes les configurations de j<strong>au</strong>ge, le volume du groupede j<strong>au</strong>ge SU(3) N (N est le nombre de points du rése<strong>au</strong>) se factorise et s’éliminequand on calcule une valeur moyenne. On n’a donc pas besoin du terme defixation de j<strong>au</strong>ge ni du déterminant de Faddeev-Popov.Par contre on a besoin du déterminant fermionique, cf section 2.4.2. Il existede nombreuses façon d’écrire l’action <strong>des</strong> quarks, c’est à dire l’opérateur de Diracdiscrétisé: action de Wilson, staggered, overlap, domain wall, etc. Ce sujet étantassez long nous allons le s<strong>au</strong>ter et nous supposerons que nous possédons uneaction <strong>des</strong> quarks ∑ f ¯q f M f q f satisfaisante pour chaque problème.La valeur moyenne d’un opérateur O invariant de j<strong>au</strong>ge est donnée par< 0|O|0 >=∫Πx,µ dU µ (x)e − 6g 2 S[U] Π f Det[M f ]Ooù f est la saveur du quark et∫Z = Π x,µ dU µ (x)e − 6g 2 S[U] Π f Det[M f ] (39)Z(38)Cette intégrale dépend de centaines de millions de variables d’intégration. Ilf<strong>au</strong>t donc une méthode de calcul apropriée: ce sera la méthode de Monte-carlo.84


5.2 Exemple de calcul sur rése<strong>au</strong>: le nucléonGadyak et al, hep-lat/0112040b)a)Figure 12: a) Masse effective en fonction du temps. On voit qu’à temps long cettemasse converge vers la masse de l’état fondamenatl, le nucléon. b) Le calcul dela fonction de Green se fait à partir du calcul de trois propagateurs <strong>des</strong> quarks devalence.Nous voulons calculer le propagateur d’un nucléon et en déduire sa masse.L’opérateur à calculer est une fonction de Green à deux points:〈0| N a (x) N a (y)|0〉 = 1 ∫[DA µ ][Dψ][DZ¯ψ] e −βS[U] N a (x) N a (y) (40)où β = 6/g 2 . N a (y) crée un nucléon et les résonances N J=1/2+ , N a (x) annihilele nucléon et les résonances N J=1/2+ . N a (x) et N a (y) sont <strong>des</strong> “champs interpolants”du nucléon, écrits en termes <strong>des</strong> champs de quarks de sorte à avoir lesbons nombres quantiques, J = 1/2 et P = +:N a ≡ ¯ɛ ijk (u i Cγ 5 d j )u k a, N a ≡ ɛ ijk (ū i Cγ 5 ¯dj )ū k a (41)Pour considérer un nucléon d’impulsion ⃗p on fait la transformée de Fourier dansl’espace:G 2ab (t x , ⃗p) ≡ ∑ e −i⃗p′ ⃗x 〈0|N a (x)N b (0)|0〉 , (42)⃗x85


Figure 13: Fonction de Green utilisée pour le calcul <strong>des</strong> facteurs de forme d’unnucléon. Le champ interpolant en t 0 crée une somme de baryons. Si t y − t 0est suffisamment long, seul l’état fondamental, le nucléon, subsiste <strong>au</strong> temps t yquand agit le courant. Il f<strong>au</strong>t ensuite que t x − t y soit suffisamment long pour queseul l’état fondamental soit présent à droite. Par “suffisamment long” on veutdire de l’ordre de 10 unités rése<strong>au</strong> comme nous l’indique la fig. 12-a.En utilisant le principe de complétude: 1 = ∑ n |n >< n| on obtient∑G 2ab (t x , ⃗p) = V 3 〈0|N a (0)|n〉〈n|N b (0)|0〉e −Entx , (43)nOù V 3 est le volume d’espace du rése<strong>au</strong>. Quand le temps t x devient grand, seulle terme d’énergie la plus faible E 0 contribue, les <strong>au</strong>tres étant exponentiellementsupprimés. On peut vérifier ce fait en calculant en fonction du temps l’énergieeffective:[ ]G2ab (t x , ⃗p)E eff (t x ) = ln. (44)G 2ab (t x + 1, ⃗p)Quand le temps est suffisamment grand ce rapport tend vers une constante quin’est <strong>au</strong>tre que l’énergie du nucléon d’impulsion ⃗p. Un exemple à impulsion nulleen est donné par la courbe a) de la fig. 12-a, emprunté à la ref. [17].86


Le diagramme b) de la fig. 12 illustre la manière dont la valeur moyenne (40)est calculée. Dans chaque configuration de j<strong>au</strong>ge qui contribue à notre échantillonMonte-carlo nous calculons le propagateur du quark. Cela se fait en inversantl’opérateur de Dirac, c’est à dire la matrice M f qui est une très grande matricecreuse (<strong>des</strong> centaines de millions de lignes et de colonnes). Les propagateurs <strong>des</strong>quarks sont alors combinés selon les tenseurs de l’eq. (41).5.2.1 Les facteurs de formeLes facteurs de forme sont un objet important de cette école [18]. Nous n’allonspas détailler la façon dont la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> les calcule. Disons qu’il s’agit d’uneactivité importante et bien contrôlée. Outre les fonctions de Green à deux pointsprésentées ci-<strong>des</strong>sus, on calcule les fonctions de Green à trois points comme c’estillustré dans la fig. 13. Nous présenterons certains résultats dans la section 6.1.Figure 14: Les cercles creux montrent les prédictions du calcul sans quarksdynamiques, les cercles pleins correspondent à un calcul avec deux quarks dynamiques,les barres horizontales correspondent <strong>au</strong>x données expérimentales.87


5.2.2 Spectroscopie <strong>des</strong> baryonsNous présentons, fig. 14, un exemple de spectroscopie complète <strong>des</strong> baryons effectuépar la collaboration JL<strong>QCD</strong> [19].5.3 Le modèle <strong>des</strong> quarksCette question est traitée dans le cours de J.-M. Le Goff [18]. Cette méthode nedoit pas être négligée, même si on ne sait la dériver de la <strong>QCD</strong> que dans le cas<strong>des</strong> quarks lourds ou dans le cas <strong>des</strong> fonctions d’onde sur le cône lumière. En effetce modèle donne une <strong>des</strong>cription transparente de la spectroscopie hadronique etcette <strong>des</strong>cription rencontre un succès étonnant. Le modèle <strong>des</strong> quarks permet<strong>au</strong>ssi d’étudier la dynamique, les facteurs de forme, etc. C’est en général la seuleméthode d’étude <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> + excités (résonances) + … qui sont d’un abord très difficileavec les méthode de la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> et <strong>des</strong> règles de somme de la <strong>QCD</strong>.xx+ +X XX X+ +Figure 15: Diagrammes dominants contribuant à la fonction de Green (7). Lapremière ligne correspond à la <strong>QCD</strong> perturbative, la seconde inclut le condensatG 2 , et la troisième le condensat ¯qq.5.4 Le développement <strong>des</strong> produits d’opérateurs et lesrègles de somme de la <strong>QCD</strong>5.4.1 Un outil rigoureux: le développement en produit d’opérateurNous prendrons l’exemple de la fonction de Green (7) dont la valeur expérimentalede la partie imaginaire a été montrée dans la fig. 1. Il a été montré [5] que siles quarks étaient libres, le rapport R (fig. 1-bas) serait égal à ∑ f 3e 2 f, sommésur les quarks pour lesquels on est <strong>au</strong> <strong>des</strong>sus du seuil. Le facteur 3 est dû à lacouleur: trois types de quarks. Cela signifie R = 2 en <strong>des</strong>sous du seuil du charme,puis R = 10/3 jusqu’<strong>au</strong> seuil de la be<strong>au</strong>té etc. On voit sur la fig. 1-bas qu’il y aces paliers, mais avec <strong>des</strong> structures saillantes correspondant <strong>au</strong>x résonances. La<strong>QCD</strong> perturbative nous indique qu’il f<strong>au</strong>t corriger cette image simple par l’effet88


<strong>des</strong> gluons.∫i(2π) 4d 4 xe −iqx < 0|T (j µ (x)j ν (0))|0 >= (q µ q ν − g µν q 2 )×{− 1 (1 + α )}sln Q24π 2 π µ + ..... 2où Q 2 = −q 2 et les points de suspensions représentent les ordres plus élevés enα s . Cette formule ne peut expliquer les pics aigus de fig. 1. Ces derniers sont nonperturbatifs.Dans la section 3.3 nous avons souligné qu’un effet non-perturbatifimportant de la <strong>QCD</strong> était l’existence du condensat G 2 , c’est à dire de la valeurmoyenne non nulle dans le vide de G a µνG µνa (0). Un <strong>au</strong>tre condensat important,< 0|¯qq(0)|0 > a à voir avec la brisure spontanée de la symétrie chirale.Le groupe “SVZ” [20, 21] a proposé d’utiliser cette propriété non-perturbativepour la phénoménologie. Ils utilisent un principe découvert par Wilson [22] selonlequel un produit d’opérateurs, tel que le produit <strong>des</strong> courants j µ dans (45),peut s’exprimer comme une somme d’opérateurs rangés selon leur dimensiondécroissante, multipliés par <strong>des</strong> coefficient <strong>au</strong>jourd’hui dénommés “coefficients deWilson”. On nomme ce développement “OPE” (Operator Product Expansion).Comme le produit (45) est invariant de j<strong>au</strong>ge, on se contente <strong>des</strong> opérateursinvariants de j<strong>au</strong>ge. La formule (45) devient∫id 4 xe −iqx < 0|T (j(2π) 4 µ (x)j ν (0))|0 >= (q µ q ν − g µν q 2 )×{− 1 (1 + α )sln Q24π 2 π µ + α s2 12πQ 4 Ga µνG µνa (0) + 2m }qQ ¯qq(0)......... 4(45)(46)où les points de suspension renvoient <strong>au</strong>x termes d’ordre supérieur en α s et <strong>au</strong>xtermes d’ordre supérieur en 1/Q 2 .La contribution perturbative (45) contient la contribution de l’opérateur dedimension minimale, l’opérateur identité: 1. Les deux termes suivants dans (46)contiennent les opérateurs invariants de j<strong>au</strong>ge non trivi<strong>au</strong>x de dimension la plusfaible. Ils ont dimension 4 et les coefficients de Wilson qui les multiplient contiennentle facteur 1/(Q 2 ) 2 de dimension -4. A grand Q 2 c’est la contribution perturbativequi domine, en accord avec la liberté asymptotique. Quand Q 2 diminue,les opérateurs sous-dominants donnent une contribution non-négligeable.Cependant ces contributions, qui restent “douces”, ne suffiront pas à engendrerles pics aigus de la figure 1. Il f<strong>au</strong>drait baisser encore Q 2 et l’on sortirait dudomaine de validité du développement OPE. Que faire ?5.4.2 Les règles de somme et leur utilisation en phénoménologieLes <strong>au</strong>teurs de [20, 21] proposent d’utiliser le fait qu’en moyenne le résultatde la formule (46) représente la courbe expérimentale 1. C’est illustré dans la89


Figure 16: Comparaison du rapport R dans le secteur du quark léger avec lathéorie <strong>des</strong> perturbations corrigée par l’OPE. On voit la dualité en moyenne entreles quarks (théorie <strong>des</strong> perturbations) et le résultat expérimental. la résonance ρest manifestement non-perturbativefigure 16 empruntée à [23]. A partir de cette remarque, et en faisant quelquesmanipulations mathématiques simples, ils proposent une hypothèse qui permet<strong>des</strong> prédictions. Définissons la fonction Π(q 2 ) par∫i(2π) 4d 4 xe −iqx < 0|T (j µ (x)j ν (0))|0 >= (q µ q ν − g µν q 2 ) × Π(q 2 ) (47)La prédiction théorique pour Π theo (q 2 ) se lit simplement à partir de l’eq. (46). Lerapport R montré en bas de la figure 1 v<strong>au</strong>t:R q (s) ≡ σ(e+ e − → <strong>hadrons</strong>)σ(e + e − → µ + µ − )= 12πQ 2 qIm(Π(s)) (48)où Π(q 2 ) et sa partie imaginaire sont reliés par une relation de dispersion:Π(Q 2 ) = − Q2π∫ds Im(Π(s))s(Q 2 + s) , Q2 = −q 2 . (49)90


On peut estimer que pour Q 2 suffisamment grand (disons ∼ 4 GeV 2 ), Π theo (q 2 )est assez proche du Π(q 2 ) exact. Cependant le Π(q 2 ) a une partie imaginaire avecles pics de resonances déjà observés alors que la partie imaginaire de Π theo (q 2 )n’a qu’une variation douce. La relation de dispersion (49) nous démontre doncl’accord en moyenne <strong>des</strong> parties imaginaires de Π theo (q 2 ) et de Π(q 2 ) bien qu’ellesaient <strong>des</strong> allures si différentes.Le groupe SVZ [20, 21] veut faire, en utilisant cet “accord en moyenne”, <strong>des</strong>prédictions sur la résonance la plus légère du spectre (il s’agira du méson ρ) àpartir du développement de l’eq. (46). Ils proposent une opération mathématiquenommément une transformation de Borel:∫−Q 2 d∞ ( ) 1dQ 2 Π(Q2 ) = Q 2 d ˜Π(M 2 )e −Q2 /M 2 (50)0 M 2de sorte que la partie imaginaire Im ˜Π(s) est concentrée vers le bas du spectre.˜Π(M 2 ) = 1πM 2 ∫ds ImΠ(s)e −s/M 2 (51)A ce stade on suppose que la partie imaginaire est saturée par la résonance ρsupposée étroiteImΠ(s)e −s/M 2 ≃ πf 2 ρ e −m2 ρ/M 2 (52)où f ρ est la constante de désintégration du méson ρ en e + e−, c’est à dire soncouplage <strong>au</strong> courant électromagnétique. Des eqs. (46,50) on tire, en négligeant lecondensat ¯qq :˜Π(M 2 ) = 1 (1 + α )s4π 2 π+ 1 < 0| αsπ Ga µνG µνa (0)|0 >(53)24 M 4Il f<strong>au</strong>t une estimation du condensat G 2 que l’on peut extraire d’une <strong>au</strong>tre applicationde la même méthode, par exemple <strong>au</strong> méson J/ψ. Il résulte de ce calculsimplifié:f ρ = √ e m ρ2π = 0.26, expérience : f ρ = 0.28 (54)Cette présentation archi-simplifiée de la méthode dite “<strong>des</strong> règles de somme dela <strong>QCD</strong>” montre le petit miracle qui s’est opéré: à partir de la <strong>QCD</strong> perturbativecorrigée par l’OPE on prédit <strong>des</strong> grandeurs telles que f ρ de nature véritablementnon-perturbative. Sans les termes OPE, c’est à dire si on avait utilisé seulementla formule théorique (45) le résultat (54) n’<strong>au</strong>rait pas été possible. Cela indiqueque les corrections OPE ont quelque chose à voir avec le confinement.Ce qui est rigoureux, c’est qu’en moyenne les résultats calculés en <strong>QCD</strong> perturbativecorrigée par l’OPE sont ég<strong>au</strong>x à la contribution hadronique. Cela s’appellela “dualité quarks-<strong>hadrons</strong>”. Ce qui demande <strong>des</strong> hypothèses additionnelles et uncertain “savoir faire”, c’est de saturer la contribution hadronique par une seulerésonance. La méthode <strong>des</strong> règles de somme de la <strong>QCD</strong> est be<strong>au</strong>coup moins91


lourde que la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>. Son application à la phénoménologie hadroniqueest fondée sur la <strong>QCD</strong> (de ce point de vue, plus rigoureuse que le modèle <strong>des</strong>quarks) plus <strong>des</strong> hypothèses ad hoc (de ce point de vue, moins rigoureuse que la<strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>).Figure 17: Facteur de forme electrique et magnétique isovectoriel avec fit dipolairecalculé sur rése<strong>au</strong> [24].6 Phénoménologie en liaison avec les thèmes del’école Joliot-CurieDans cette section nous allons présenter <strong>des</strong> résultats de simulations diversessur rése<strong>au</strong> en liaison avec les thèmes traités <strong>au</strong> cours de l’école, c’est à direessentiellement les propriétés <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> et celles <strong>des</strong> <strong>plasma</strong>s de quarks et degluons. Nous n’expliquerons que peu comment ces résultats sont obtenus maisen discuterons brièvement les leçons physiques.92


c)a)Test expérimental de la SSEb)d)Figure 18: a) Moment magnétique vectoriel sur rése<strong>au</strong> avec extrapolation linéaire.b) Moment magnétique vectoriel anormal sur rése<strong>au</strong>, extrapolation selon lathéorie chirale effective SSE. c) Rapport <strong>des</strong> facteurs de forme magnétiques etélectriques sur rése<strong>au</strong> comparé <strong>au</strong> fit dipolaire extrapolé à la limite chirale. d)Rapport <strong>des</strong> moments magnétiques anorm<strong>au</strong>x isoscalaires: rése<strong>au</strong> et SSE.6.1 Facteurs de forme et distributions de partons6.1.1 Facteurs de formeLa figure 17, provenant de la ref. [24], montre <strong>des</strong> facteurs de forme isovectorielscalculés en <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> sans quarks dynamiques. Ce calcul a été fait avec<strong>des</strong> quarks sensiblement plus lourds que dans la nature, et un problème a étéd’extrapoler le résultat vers <strong>des</strong> masses plus raisonnables. Pour cela les <strong>au</strong>teursont utilisé une théorie effective chirale nommée “small scale expansion (SSE)”.6.1.2 Facteur de forme étrange du nucleonLa composante étrange du nucléon a été étudiée [25]. La contribution disconnexeest très difficile à estimer numériquement. Or la composante étrange estbien sûr disconnexe. Les <strong>au</strong>teurs ont contourné l’obstacle en calculant l’ensemble93


Figure 19: Diagrammes illustrant les deux topologies différentes pour l’insertiond’un courant en <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>. Ces diagrammes squelettes pour l’insertionconnexe (g<strong>au</strong>che) et disconnexe (droite) sont habillés par un nombre arbitraire degluons et de boucles de quarks.<strong>des</strong> moments magnétiques <strong>des</strong> baryons, fig. 20, et en en déduisant la contributionétrange sur le nucléon à partir d’une relation de ces différents momentsmagnétiques. De tels calculs devront bien évidemment être vérifiés par un calculdirecte <strong>des</strong> diagrammes disconnexes.6.1.3 Distribution de partons généralisésUn nombre croissant d’étu<strong>des</strong> <strong>des</strong> fonctions de structures et <strong>des</strong> distribution departons généralisées ont été faites sur rése<strong>au</strong>. A titre d’exemple nous présentonssur la figure 21 un résultat emprunté à la ref. [26]. Ces calculs se font à partir<strong>des</strong> moments qui sont reliés à <strong>des</strong> éléments de matrice de type suivant:< N(p)|(O sf ) µ1···µ s= is−2s!¯q f γ {µ1 D ↔ µ 2 · D ↔ µ s}q f |N(p ′ ) > (55)La fig. 21 présente en fonction de la masse <strong>des</strong> quarks - ou de façon équivalente,de la masse carrée du pion - les grandeurs suivante: somme ∆Σ du spin <strong>des</strong>quarks dans le nucléon, et moment angulaire L q porté par les quarks. Le résultatde la simulation sur rése<strong>au</strong> pour ∆Σ est deux fois plus grande que l’expérience,peut-être parce que la masse <strong>des</strong> quarks était trop grande dans ces simulations.Pour conclure cette section, il semble que plusieurs phénomènes expériment<strong>au</strong>xfort intéressants sont liés à la masse faible <strong>des</strong> quarks u et d. Les simulationsactuelles, bien que prometteuses, ne décrivent pas certaines de ces expéreinces defaçon satisfaisante, à moins d’être complétées par la théorie effective chirale quithéorise la limite de faible masse <strong>des</strong> quarks. La nouvelle génération d’ordinateurssera confrontée à ces problèmes dans <strong>des</strong> conditions plus réalistes de masse et cesera un enjeu passionnant de voir ce qui se passera.94


Figure 20: La dépendance <strong>des</strong> moments magnétiques de l’octet <strong>des</strong> baryonsdans les différentes métho<strong>des</strong> d’ajustement de la maille du rése<strong>au</strong>. Les mesuresexpérimentales sont indiquées à g<strong>au</strong>che pour chaque baryon (cercles peins).6.2 La <strong>QCD</strong> à température et densité baryonique finiesNous avons entendu un cours de principe sur les transitions de phases [27], ettrois cours sur les collisions d’ions lourds passés, en cours ou à venir [28]. Nousallons d’abord rappeler en peu de mots comment on traite la théorie quantique<strong>des</strong> champs à température finie dans le formalisme du temps imaginaire, puisdonner quelques résultats de simulations sur rése<strong>au</strong>.6.2.1 La théorie <strong>des</strong> champs à T finieLa règle est simple comme l’a dit Cl<strong>au</strong>de Bernard [29], la théorie <strong>des</strong> champsà température finie T à l’équilibre se résout en résolvant la théorie en tempsimaginaire (nous avons choisi ce formalisme tout du long) sur un hyper-cylindre dedimension infinie dans l’espace mais tel que la longueur temporelle (circonférencedu cylindre) soit égale à 1/T . Présentons une idée de la dérivation de ce trèsbe<strong>au</strong> résultat dans le cas d’une théorie d’un champ scalaire φ(x). On définit une95


Figure 21: Calcul rése<strong>au</strong> du spin total porté par les quarks, dans une normalisationoù le spin du proton v<strong>au</strong>t 1, et contribution du moment orbital <strong>des</strong> quarks.A g<strong>au</strong>che la valeur expérimentale.base d’états un peu particulière à partir de la valeur du champ:φ(⃗x, 0)|φ 0 >= φ 0 (⃗x) φ(⃗x, 0)|φ 1 >= φ 1 (⃗x) (56)L’opérateur d’évolution, en temps réel, entre l’état |φ 0 > <strong>au</strong> temps 0 et l’état|φ 1 > <strong>au</strong> temps t 1 s’écrit :∫< φ 1 |e −iHt φ(⃗x,t1 )=φ 1 (⃗x){ ∫ t1∫1|φ 0 >= Ndπ(x)dφ(x) exp i dt d 3 x i π ˙φ}− H(π, φ)φ(⃗x,0)=φ 0 (⃗x)0(57)Où H est le Hamiltonien. Passons <strong>au</strong> temps imaginaire et imposons φ 1 = φ 0(condition périodique), et intégrons sur φ 1 = φ 0 , on obtient en choisissant t 1 =β = 1/TT r[e −βH ] = ∑ < φ|e −βH |φ > (58)φ∫ ∫{ ∫ β ∫}= N dπ(x) dφ(x) exp − dt d 3 x i π ˙φ − H(π, φ)periodic0∫{ ∫ β ∫}= N dφ(x) exp − dt d 3 x i L(φ)periodicLa mécanique quantique à température finie nous enseigne que la valeur moyenned’un opérateur dans un système à l’équilibre est donné par la distribution de960


16.014.012.010.08.06.04.02.00.0ε/T 4 ε SB /T 43 flavour2+1 flavour2 flavourT/T c1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0Figure 22: Densité d’énergieBoltzman:< O >= T r[e−βH O]T r[e −βH ](59)Donc nous voyons que dans le formalisme à temps imaginaire il suffit de procédercomme avec un théorie de champs à température zéro, mais en remplaçant le volumequadridimensionnel infini par un cylindre de volume spatial infini et de circonférenceβ = 1/T dans la direction temporelle. Cela se généralise <strong>au</strong>x théoriesde champs [29] et permet d’y donner une définition Lagrangienne - cf dernièreligne de l’eq. (58) - et invariante de j<strong>au</strong>ge de la valeur moyenne <strong>des</strong> opérateursinvariants de j<strong>au</strong>ge.6.2.2 La <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> à température finieOn comprend que la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> s’adapte parfaitement à la température finie.A température zéro on travaille - contraints et forcés - dans un espace-temps finiavec, en général, <strong>des</strong> conditions périodiques <strong>au</strong>x bords <strong>des</strong> quatre dimensionsd’espace temps. La longueur du rése<strong>au</strong> dans les quatre directions est choisieassez grande pour minimiser les artefacts de volume fini.A température finie, on applique la même règle pour les dimensions spatialeset la dimension temporelle est ajustée à β = 1/T . Cela n’a de sens que si97


∞G < H =%* 8 -0/2nd orderO(4) ?n f = 21storderPureG<strong>au</strong>ge9;:;< '>=?6 8 -0/¢¡¤£ ¥§¦©¨© ¥ ¥¥9¢@BADCFE2 2tricmsm s??phys.pointcrossovern f = 3n f = 11 111 22211 12 1 "! #%$ & ')(+* ,.-0/ 1storder2nd orderZ(2)33 3 3 3 3 34 4 4 434 "! #%$ & 5%676 8 -0/4A CFI G < H *J* 8 -0/ @00m u , md∞Figure 23: Diagramme indiquant la nature de la transition de phase en fonctionde la masse <strong>des</strong> quarks légers (supposés dégénérés) et de celle du quark étrange.les dimensions spatiales sont gran<strong>des</strong> par rapport à la dimension temporelle (enpratique on exige <strong>au</strong> moins un rapport 4).A partir de là on peut calculer non seulement les fonctions de Green, mais lesgrandeurs thermodynamiques. Voyons en quelques unes à titre d’exemple. Ondéfinit Z(T, V ) la fonction de partition (intégrale de chemin) en fonction de latempérature T et du volume spatial V . La densité d’énergie libre f et la pressionp sont données parf = −p = − T ln Z(T, V ) (60)VLa densité d’énergie, ɛ, et la densité d’entropie, s, sont alors données par lesrelationsɛ − 3p= T d ( ) p s,T 4 dT T 4 T = ɛ + p(61)3 T 4et la vitesse du son parc 2 s = dp(62)dɛLa figure 22 empruntés à [30] donne la densité d’énergie en fonction de latempérature pour trois saveurs dégénérées de quarks dynamiques (3), deux dégénérées98


0.30.614.0L0.512.00.21.00.4m10.08.00.36.00.10.50.24.0Lm q /T = 0.08005.2 5.3 5.40.12.0m q /T = 0.08005.2 5.3 5.4T/T cFigure 24: Déconfinement et rest<strong>au</strong>ration de la symétrie chirale dans la <strong>QCD</strong>à deux saveurs: On peut voir 〈L〉 (à g<strong>au</strong>che), qui est un paramètre d’ordre dudéconfinement à la limite de la théorie sans quarks dynamiques, et ¯qq, (à droite)qui est le paramètre d’ordre de la brisure de la symétrie chirale à la limite chirale(m q → 0). On peut <strong>au</strong>ssi voir les suceptibilités correspondantes, qui forment unpic <strong>au</strong> moment de la transition de phase, en fonction du couplage β = 6/g 2 . Ilf<strong>au</strong>t noter que le couplage contrôle la maille du rése<strong>au</strong>, et donc, à nombre demailles constantes, la dimension temporelle, par conséquent la température.(2), et deux dégénérées plus une de masse différente (2+1). On y voit clairementune transition entre la phase hadronique et la phase du <strong>plasma</strong> de quarks et degluons à h<strong>au</strong>te température.Le diagramme de phase et la nature <strong>des</strong> transitions (1er ordre, 2ème ordre,cross-over) est une fonction compliquée de la masse <strong>des</strong> quarks, résumée avec sesinterrogations dans la figure 23 empruntée à [30]. A la limite de masse infinie<strong>des</strong> quarks, on est dans le cas où les paramètres d’ordre du confinement existent.On peut montrer que la transition est du premier ordre. Au contraire, quand lesmasses tendent vers zéro, il existe un paramètre d’ordre de la symétrie chirale.Un <strong>des</strong> mystères les plus profonds de la <strong>QCD</strong> est que la transition de déconfinementet la transition de rest<strong>au</strong>ration de la symétrie chirale semblent survenir à la mêmetempérature. Ce fait est bien illustré par la figure 24 elle <strong>au</strong>ssi empruntée à [30]:La figure de g<strong>au</strong>che indique la transition de phase de déconfinement en mesurantla “boucle de Polyakov”, paramètre d’ordre que nous n’avons pas introduit dansce cours, la figure de droite indique la transition de phase de rest<strong>au</strong>ration de lasymétrie chirale en mesurant le condensat ¯qq. La coincidence <strong>des</strong> deux transitionsest étonnante.6.2.3 La <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> à densité baryonique finieLes collisions d’ions lourds comportent une densité baryonique à l’endroit dela collision où on espère la formation d’un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons. Ilf<strong>au</strong>drait donc calculer la <strong>QCD</strong> à densité baryonique non nulle, c’est à dire àpotentiel chimique non nul pour le nombre baryonique [27]. Cela est très difficileà temps imaginaire, car le potentiel chimique introduit une phase complexe. Orle principe <strong>des</strong> calculs en <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> c’est que l’intégrale de chemin intègre99


!5.065.045.0254.984.964.944.924.94.884.864.844.824.80 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5confined ~ 0.85(1)a µD’Elia, Lombardo 16 3Azcoiti et al., 8 3Fodor, Katz, 6 3Our reweighting, 6 3This work, 6 3 ~ 0.45(5)0 0.5 1 1.5 2µ/TQGP ~ 0.1(1)1.00.950.900.850.800.750.70T/T cFigure 25: Transition de phase en fonction du potentiel chimique, c’est à direde la densité baryonique. L’axe vertical porte le couplage β = 6/g 2 qui contrôlela maille du rése<strong>au</strong>, et donc, à nombre de mailles constantes, la dimension temporelle,par conséquent la température.une fonction de probabilité positive. C’est la raison pour laquelle on passe <strong>au</strong>temps imaginaire: afin de transformer l’intégrale de chemin en une intégraleBoltzmanienne d’une fonction de probabilité positive (23). On évite ainsi lesoscillations que donnerait la phase complexe de l’intégrale de chemin en tempsréel (22). Avec un potentiel chimique on perd cet avantage, on doit intégrer unefonctionnelle de phase complexe variable. On ne sait pas comment faire.Cependant, quand le potentiel chimique n’est pas trop éloigné de zéro, àtempérature non nulle, différentes métho<strong>des</strong> ont été proposées. Nous ne décrironspas ces métho<strong>des</strong>. Contentons-nous de montrer qu’elles convergent assez largement.La figure 25, empruntée à [31] montre la courbe de changement de phase,de déconfinement, en fonction du potentiel chimique. Les différentes métho<strong>des</strong> ysont comparées. Il est intéressant de noter que les collisions d’ions lourds à RHICet à LHC, <strong>au</strong> moment de la collision et dans les régions centrales, se trouvent<strong>au</strong> voisinage de la courbe ainsi calculée. Par contre la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> ne saitpas encore comment traiter le centre <strong>des</strong> étoiles à neutron, à température zéro etpotentiel chimique non nul.7 ConclusionLa <strong>QCD</strong> est sans doute la théorie <strong>des</strong> interactions forte. Ses prémisses sontextrêmement compactes, le nombre de ses paramètres très petit. C’est unevéritable théorie dont on peut en principe déduire toutes les conséquences ab100


initio. C’est un théorie quantique <strong>des</strong> champs, c’est à dire qu’elle se situe dansun cadre théorique complexe mais bien très défini en principe. La particularité dela <strong>QCD</strong> est l’extraordinaire richesse de son champ d’application. Cette richesseest due à la féconde dualité entre son secteur perturbatif et non-perturbatif.Elle est due <strong>au</strong> confinement qui fait qu’à partir <strong>des</strong> quarks et <strong>des</strong> gluons elledécrit un cheptel immense de <strong>hadrons</strong>. Les métho<strong>des</strong> théoriques essentielles dansles secteurs perturbatifs et non–perturbatifs sont respectivement les métho<strong>des</strong>,complémentaires, <strong>des</strong> diagrammes de Feynman et de la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>. La<strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> demande <strong>des</strong> moyens de calcul très lourds et est limitée dansson champ d’application. Cependant <strong>des</strong> progrès rapi<strong>des</strong> en étendent ce champet en améliorent la précision. Bien sûr, une maîtrise analytique de la <strong>QCD</strong> dansson domaine non-perturbatif et une démonstration du confinement restent <strong>des</strong>objectif théorique très ambitieux, mais qu’il ne f<strong>au</strong>t jamais perdre de vue.Ainsi les différents thèmes de cette école, les facteurs de forme et distributionspartoniques <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>, les propriétés de la matière dans les conditionsextrêmes <strong>des</strong> collisions d’ions lourds, les propriétés chirales <strong>des</strong> pions et kaons debasse énergie, et <strong>au</strong> delà de l’objet de cette école, les propriétés <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> soumis<strong>au</strong>x interactions faibles, y compris les secteurs charmés et de be<strong>au</strong>té, tous ces observables,toutes ces expériences si différentes, font partie du champ d’applicationd’une seule et même théorie, la chromodynamique quantique.References[1] The 2004 Review of Particle Physics,http://pdg.lbl.gov/2005/reviews/contents sports.html, Plots of cross sectionsand related quantities (Rev.).[2] R. P. Feynman, Rev. Mod. Phys. 20 (1948) 367.[3] L. D. Faddeev and V. N. Popov, Phys. Lett. B 25 (1967) 29.[4] Evénements de l’expérience DELPHI http://delphiwww.cern.ch/delfigs/events/z0ps/z0maxen.html[5] “La <strong>QCD</strong> et son histoire : partons du bon pied”, cours de Patrick Aurenchedans cette école.[6] Figure empruntée <strong>au</strong> site http://www.lema.phys.univtours.fr/Materi<strong>au</strong>x/Supra/Types/TypesII.htm.[7] S. Mandelstam, Phys. Rept. 23 (1976) 245.[8] G. ’t Hooft, Nucl. Phys. B 190 (1981) 455.[9] N. Brambilla and A. Vairo, arXiv:hep-ph/9904330.101


[10] G. S. Bali, K. Schilling and C. Schlichter, Phys. Rev. D 51 (1995) 5165[arXiv:hep-lat/9409005].[11] A. A. Belavin, A. M. Polyakov, A. S. Shvarts and Y. S. Tyupkin, Phys. Lett.B 59, 85 (1975).[12] G. ’t Hooft, Phys. Rev. D 14, 3432 (1976) [Erratum-ibid. D 18, 2199 (1978)].[13] Shuryak E.V., Nucl. Phys. B 198 (1983) 83; Ilgenfritz E.-M., Müller-Preussker M., Nucl. Phys. B 184 (1981) 443.[14] D. Diakonov and V. Y. Petrov, Nucl. Phys. B 245, 259 (1984).[15] “ Symétrie chirale en <strong>QCD</strong> et théorie effective de basse énergie”, cours deBachir Moussalam dans cette école.[16] Je remercie Feliciano de Soto pour cette figure.[17] V. Gadiyak, X. d. Ji and C. w. Jung, Phys. Rev. D 65 (2002) 094510[arXiv:hep-lat/0112040].[18] “Structure <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>”, Jean-Marc le Goff, dans cette école.[19] S. Aoki et al. [JL<strong>QCD</strong> Collaboration], Phys. Rev. D 68 (2003) 054502[arXiv:hep-lat/0212039].[20] M. A. Shifman, A. I. Vainshtein and V. I. Zakharov, Nucl. Phys. B 147(1979) 385.[21] M. A. Shifman, A. I. Vainshtein and V. I. Zakharov, Nucl. Phys. B 147(1979) 448.[22] K. G. Wilson, Phys. Rev. 179 (1969) 1499.[23] M. A. Shifman, arXiv:hep-ph/0009131.[24] M. Gockeler, T. R. Hemmert, R. Horsley, D. Pleiter, P. E. L. Rakow,A. Schafer and G. Schierholz [<strong>QCD</strong>SF Collaboration], Phys. Rev. D 71(2005) 034508 [arXiv:hep-lat/0303019].[25] D. B. Leinweber, S. Boinepalli, A. W. Thomas, A. G. Williams, R. D. Young,J. B. Zhang and J. M. Zanotti, Nucl. Phys. Proc. Suppl. 141 (2005) 287[arXiv:hep-lat/0502004].[26] J. W. Negele, arXiv:hep-lat/0509100.[27] “Transitions de phase, de la limite thermodynamique <strong>au</strong>x systèmes finis”,Cours de Francesca Gulminelli dans cette école.102


[28] Coursdans cette école: “QGP : son<strong>des</strong> prédites et étudiées <strong>au</strong> SPS” , RaphalGranier de Cassagnac ‘ne matière sous conditions extrêmes <strong>au</strong>x énergies duRHIC”, Christelle Roy “L’étude du QGP <strong>au</strong> LHC”, Pascal Dupieux.[29] C. W. Bernard, Phys. Rev. D 9 (1974) 3312.[30] F. Karsch, Lect. Notes Phys. 583 (2002) 209 [arXiv:hep-lat/0106019].[31] O. Philipsen, PoS <strong>LA</strong>T2005 (2005) 016 [arXiv:hep-lat/0510077].103


Transitions de phase:de la limite thermodynamique <strong>au</strong>x systèmes finisFrancesca GulminelliLPC Caen et Institut Universitaire de FranceRésuméDans ce cours nous passerons en revue les caractéristiques principales <strong>des</strong> transitions de phase et les possiblesextensions <strong>au</strong>x systèmes finis. La formalisation de la mécanique statistique à l’aide de la théorie de l’informationpermet d’associer univoquement les transitions de phase à <strong>des</strong> non analyticités dans la fonction de partition, quise reflètent dans <strong>des</strong> propriétés topologiques particulières de la fonctionnelle d’entropie.Cet ensemble d’outils formels permet de distinguer très naturellement les deux familles de transitions de phase :les transitions de premier ordre et les transitions continues.Guidés par les images intuitives de la théorie de Land<strong>au</strong>, nous établirons le lien entre transition du premierordre et coexistence de phases, et nous nous concentrerons plus particulièrement dans le cas <strong>des</strong> transitionsavec plusieurs charges conservées.Dans le cas <strong>des</strong> transitions continues, nous analyserons la connexion entre divergence de la fonction decorrélation et exposants critiques. Une brève excursion dans la théorie du groupe de renormalisation nouspermettra d’aborder les propriétés d’universalité associées à tout phénomène critique.Dans la deuxième partie de ce cours, les concepts élaborés dans la première partie seront re-analysés de façoncritique pour pouvoir les étendre <strong>au</strong> cas physique concret de systèmes formés d’un nombre fini de constituants.Nous verrons que le concept même d’équilibre doit être revisité dans les systèmes finis. Pour ces systèmesl’image traditionnelle d’un équilibre unique, immuable et stationnaire est dénouée de sens physique et une<strong>des</strong>cription statistique cohérente doit nécessairement prendre en compte la variable temporelle.En outre l’unicité <strong>des</strong> équations d’état n’est pas garantie dans ces systèmes, ce qui implique que la définition etles observables associées <strong>au</strong>x transitions de phase dépendent <strong>des</strong> conditions spécifiques de l’expérience.Nous verrons que la théorie de l’information permet de traiter de façon simple et intuitive ces sujets, et deproposer <strong>des</strong> observables mesurables de transition de phase hors de la limite thermodynamique <strong>des</strong> systèmesinfinis.SummaryWe review the main characteristics of phase transitions and the possible extensions to treat finite systems.The formalization of statistical mechanics through information theory allows to univocally associate phasetransitions to non analyticities in the partition sum, which reflect in specific topologic properties of the entropyfunctional.This ensemble of formal tools leads to a simple definition of first order and continuous transitions.With the help of Land<strong>au</strong> theory we will link first order phase transitions and phase coexistence, and will stressthe specific case of a phase transition with different conserved charges. In the case of continuous transitions, wewill study the connection between the divergence of the correlation lenght and critical exponents. A short reviewof renormalization group theory will be used to discuss the universality associated to critical phenomena.In the second part, these concepts will be critically reanalyzed to extend the theory to finite systems. For thesesystems the traditional representation of a single unique static equilibrium is meaningless, and a coherentstatistical treatment must necessarily include the time variable.Moreover statistical ensembles are inequivalent in finite systems, meaning that the definition and observablesassociated to phase transitions depend on the specific experimental conditions. Information theory provi<strong>des</strong> acoherent <strong>des</strong>cription of these phenomena and allows to calculate phase transition observables even out of thethermodynamic limit.105


1. Transitions de phase1.1. Généralités [1,2]1.1.1 Etats et observablesLa physique moderne associe à tout système physique deux types d’objets différents : lesobservables qui caractérisent les quantités physiques mesurables et les états, dont laconnaissance permet de prédire les résultats <strong>des</strong> expériences. Du point de vuemicroscopique, chaque réalisation d’un système avec N degrés de liberté est caractérisée parun état pur ou micro-état i.e. une fonction d’onde Ψ en mécanique quantique ou un pointdans l’espace de phase à 2N dimensions s = (q 1 ,…,q N ;p 1,…, p N ) en mécanique classique, où q iet p i sont les positions et les impulsions de chaque degré de liberté.Si le système est suffisamment complexe, l’état exact est en général impossible à définir etchaque réalisation correspond à un micro-état (n) avec une probabilité p (n) . Dans ce cas, il estplus adapté de parler d’états de mélange (ou macro-états) décrits par la densitéDˆ=∑n∑ ( n)( s − s )( n)( n)( n)( n)p ou Dˆ ψ ψ( s)= p δ(1.1.1)Les observables sont <strong>des</strong> opérateurs définis sur l’espace d’Hilbert, ou classiquement <strong>des</strong>fonctions réelles de 2N variables réelles. L’information qui peut être associée <strong>au</strong> système estl’ensemble <strong>des</strong> moyennes <strong>des</strong> observables A l , i.e. l’ensemble <strong>des</strong> observations=Σ n p (n) A (n) ( n)( n)( )l oùˆ nAl= ψ Alψ est le résultat de la mesure sur la réalisation (n).Si l’information est complète à l’instant initial, ceci reste vrai à tous les temps car l’évolutiondynamique <strong>des</strong> états est gouvernée par l’équation déterministe de Liouville Von Neumann.Toutefois dans le cas de systèmes complexes, les conditions initiales en général ne sont pasconnues de façon complète et une solution exacte de l’équation de Liouville Von Neumannest hors de portée. En général, à c<strong>au</strong>se de la complexité de l’opérateur densité, pour connaîtrel’état du système (i.e. la totalité <strong>des</strong> p (n) ) il est suffisant de connaître à chaque instant unnombre limité d’observables pertinentes.Le manque d’information peut être quantifié à l’aide de l’entropie statistique ou entropie deShannon S [3]( n)( n)S = − p ln p = −TrDˆln Dˆ∑ (1.1.2)n( )Le postulat fondamental de la mécanique statistique peut être exprimé de la façon suivante :La distribution statistique <strong>des</strong> micro-états (communément appelée équilibre) est celle quimaximise l’entropie statistique sous contrainte de l’information pertinente imposée <strong>au</strong>système.En effet toute <strong>au</strong>tre distribution introduirait une source ultérieure d’information, encontradiction avec l’affirmation que toute l’information disponible est donnée par lescontraintes. Il est important de noter que ce postulat, bien que intuitif et élégant, n’impliquepas nécessairement que la théorie ait un quelconque pouvoir prédictif : le fait que nouspossédons une quantité limitée d’information sur le système n’implique pas que l’informationcontenue dans le système soit objectivement limitée. Dans la suite nous garderons en tous les106n


cas le postulat fondamental comme la seule hypothèse de travail raisonnable dans un systèmecomplexe.Le postulat fondamental de la mécanique statistique permet de déterminer les valeursd’équilibre <strong>des</strong> probabilités <strong>des</strong> micro-états p (i) . Ceci se fait aisément avec la méthode <strong>des</strong>multiplicateurs de Lagrange :L( Dˆln Dˆ) − Aˆ= max∑− Tr λ (1.1.3)l = 01.1.2 Equations d’état et transformations de LegendreLa solution est la matrice densité à l’équilibre fonction <strong>des</strong> multiplicateurs de Lagrange λ l [2]llLL⎛ ⎞Dˆ 1 = ⎜ − ∑ lAˆ⎛ ⎞0exp λ l⎟ Z = Tr exp⎜− ∑λl Aˆl⎟(1.1.4)Z ⎝ l=1 ⎠⎝ l=1 ⎠où la condition de normalisation est prise en compte par la définition de la fonction departition Z.Le lien entre la contrainte (ou observation, ou variable extensive) et le multiplicateur deLagrange associé λ l (ou variable intensive thermodynamiquement conjuguée) est donnée parl’équation d’étatZA ˆ ∂ lnl= −∂λ(1.1.5)lIl est <strong>au</strong>ssi possible d’exprimer λ l en fonction de en inversant l’équation d’état. En effetl’équilibre obtenu est associé à l’entropie statistiqueSL( Dˆln Dˆ) = Aˆln Z= −Tr0 0 ∑λ l l+(1.1.6)l=1Cette équation donne la relation entre l’entropie et la fonction de partition. Elle est connuesous le nom de transformation de Legendre. On en déduit pour les multiplicateurs deLagrange∂Sλl=(1.1.7)∂ AˆlRemarquons que si la matrice densité D 0 et la fonction de partition ln Z sont fonctions <strong>des</strong>variables intensives λ l , la fonction S obtenue par transformation de Legendre, est fonction <strong>des</strong>variables extensives associées .1.1.3 Paramètres d’ordre, paramètres de contrôle, diagrammes de phase [4]En général, pour une valeur donnée <strong>des</strong> variables intensives de contrôle, les propriétés d’unesubstance sont définies de façon univoque, i.e. les variables extensives conjuguées ont unevaleur unique, définie par l’équation d’état correspondante. Par exemple le volume occupé parn moles d’un gaz idéal à une pression donnée P et une température T est donné par V=nRT/P.Pour tout système fini, quelle que soit sa taille, les équations d’état sont en outre <strong>des</strong> fonctions107


continues et analytiques, ce qui implique qu’en général les propriétés <strong>des</strong> substances (i.e. lesvariables extensives) varient continûment en variant les variables de contrôle. Une exceptionà cette affirmation générale est constituée par les transitions de phase. Les équations d’étatdéveloppent <strong>des</strong> discontinuités : une petite variation d’un paramètre de contrôle déclenche unemodification qualitative spectaculaire du système. Des situations existent <strong>au</strong>ssi dans lesquellesles propriétés du système ne sont pas spécifiées univoquement même pour une valeurdéterminée <strong>des</strong> paramètres de contrôle : les distributions de probabilité <strong>des</strong> observablesextensives sont bimodales et ne tendent pas vers une g<strong>au</strong>ssienne à la limite thermodynamique.Ces situations correspondent à <strong>des</strong> coexistences de phase (transitions de phase du premierordre) pour lesquelles deux propriétés (phases) qualitativement différentes sont possibles pourla même valeur du paramètre de contrôle. Les variables extensives qui permettent dedistinguer les deux phases prennent le nom de paramètres d’ordre.Pour un système donné, les domaines d’existence <strong>des</strong> diverses phases du système sontreprésentés dans un diagramme de phase qui a pour axes les paramètres de contrôle. La figure(1) montre l’exemple du diagramme de phase de l’e<strong>au</strong> avec ses trois états possible : solide,liquide et gazeux. Les lignes continues représentent les lignes de transition entre lesdifférentes phases et se terminent dans un point de transition du deuxième ordre ou pointcritique (C).Figure 1 : diagramme de phase de l’e<strong>au</strong>.A l’approche d’un point critique, on observe que la plupart <strong>des</strong> quantités physiquesimpliquées présentent un comportement en loi de puissance ∝ t x où t représente la distance dupoint critique et la quantité x est nommée exposant critique. Nous verrons plus loin que lesexposants critiques traduisent l’invariance d’échelle du système <strong>au</strong> point critique et vérifient<strong>des</strong> propriétés d’universalité : ils sont largement indépendants du système étudié et dépendentessentiellement de la dimension de l’espace et du paramètre d’ordre. La table suivante donneune liste <strong>des</strong> exposants critiques princip<strong>au</strong>x (nous avons posé t = (T-T c )/T c températureréduite, et λ le champ associé <strong>au</strong> paramètre d’ordre Φ).exposant Propriété du système Expression108


α chaleur spécifique C ∝ t -αβ paramètre d’ordre Φ ∝ t βγ Susceptibilité χ ∝ t -γδ paramètre d’ordre Φ ∝ λ -1/δη Fonction de corrélation G(r) ∝ r -|d-2+η|ν Longueur decorrélationξ ∝ t -νLes transitions de phase du deuxième ordre peuvent <strong>au</strong>ssi être vues comme <strong>des</strong> bifurcationsliées à une brisure spontanée de symétrie. Cette notion est à la base de la théorie <strong>des</strong>catastrophes [5].Isotrope et homogène <strong>au</strong>-<strong>des</strong>sus de la température critique, la matière bifurque, à bassetempérature, dans une région macroscopique donnée, vers une densité préférentielle. Enl’absence d’excitation extérieure (ici une pression extérieure) rien ne permet de prévoir àpartir <strong>des</strong> équations ou <strong>des</strong> conditions <strong>au</strong>x limites qui déterminent le système, la branchechoisie en un point donné de l’espace.Si l’on baisse la température du système <strong>au</strong>-<strong>des</strong>sus de la température critique, on peut voir unevariation discontinue du paramètre d’ordre à la transition. D’une réalisation microscopique àl’<strong>au</strong>tre du système (ou d’une région spatiale à l’<strong>au</strong>tre, pour <strong>des</strong> systèmes de taillemacroscopique) la configuration du système change de façon discontinue (transition de phasedu premier ordre). A la température de bifurcation ou température critique le paramètred’ordre varie continûment, tandis que certaines grandeurs thermodynamiques (susceptibilité,compressibilité, chaleur massique) divergent, à c<strong>au</strong>se d’une <strong>au</strong>gmentation dramatique de lalongueur de corrélation et de la taille caractéristique <strong>des</strong> fluctuations, qui deviennentcomparables à la taille du système (transition de phase du deuxième ordre).1.1.4 Classification <strong>des</strong> transitions de phaseLa différente phénoménologie <strong>des</strong> transitions de phase du premier et deuxième ordre secomprend théoriquement à partir de la classification d’Ehrenfest [6,7].Transition de phase du premier ordre est une transition dans laquelle <strong>au</strong> moins une <strong>des</strong>dérivées première du logarithme de la fonction de partition présente une discontinuité ; onassiste à une transition du deuxième ordre si toutes les dérivées premières sont continues etune discontinuité (ou une divergence) est observée dans une <strong>des</strong> dérivées deuxièmes. Quandla discontinuité est observée dans une dérivée d’ordre supérieure <strong>au</strong> premier, on parle plusgénéralement de transition continue. Une représentation schématique d’une fonction departition présentant une ligne de transition du premier ordre est montrée en figure (2). Si β −1est une température, la discontinuité dans l’énergie moyenne selon l’éq.(1.1.3) montre quecette dernière observable est paramètre d’ordre.109


lnZ(β,λ)λβλβFigure 2 : représentation schématique d’une fonction de partition (g<strong>au</strong>che) et de sa dérivée première (droite)pour un système présentant une ligne de transitions de premier ordre qui se terminent sur une transitioncontinue. Les points anguleux dans lnZ correspondent à une discontinuité du paramètre d’ordre. Tirée de [8]1.2. Transitions du premier ordre1.2.1. Théorie de champ moyenLa première théorie quantitative pour les transitions de phase est la théorie de Land<strong>au</strong> (1936)qui est encore largement utilisée <strong>au</strong>jourd’hui [9].L’hypothèse cruciale de la théorie de Land<strong>au</strong> est que le potentiel thermodynamiqueΩ = -TlnZ puisse être développé en série en fonction du paramètre d’ordre Φ.Il est important de savoir qu’en général le postulat basilaire de la théorie, le fait que Ω soittoujours une fonction analytique de Φ, n’est pas vérifié. Toutefois la théorie de Land<strong>au</strong> resteun outil qualitatif puissant et, proprement généralisé, est à la base de la moderne théorie derenormalisation de Wilson [10].Considérons un paramètre d’ordre scalaire (ex : densité) Φ = - II , défini de tellefaçon que Φ=0 dans la phase à plus h<strong>au</strong>te température. Considérons pour simplicité deuxseules variables intensives relevantes, un paramètre de Lagrange générique h = λ−λ c (où λ cest la valeur à la transition vers la phase II, ex : pression ou température), et le champ~ ~β = β − β t associé <strong>au</strong> paramètre d’ordre (ex : température ou champ magnétique).Spécialisons ultérieurement <strong>au</strong> cas où <strong>au</strong> point de transition β = 0 la symétrie simpleΩ(Φ)=Ω(-Φ) existe. Alors le développement s’écrit [9]log Z= S − βΦ = Sβhc121424( Φ) = −βΦ + a Φ + c Φ + …hh(1.2.1)où les coefficients a et c peuvent en principe dépendre de l’<strong>au</strong>tre variable intensive h.Supposons avec Land<strong>au</strong> a h = a 0 (h-h c ), c h = cte > 0.La famille de courbes correspondante a l’allure suivante110


S cS cS cΦ 1 Φ 2β>0β=0Φβ


S cΦββ tβ = ∂ ΦSΦ 1 Φ 2Φp tp = −T∂V log Z = −Tlog z= Ts − βΦFigure 4 : Représentation schématique de l’entropie contrainte S c , de l’équation d’état associée <strong>au</strong> paramètred’ordre β(Φ), et du grand potentiel Ω=pV lors d’une transition de phase du premier ordre. La ligne tiretéereprésente la construction de Maxwell pour la coexistence de phase.Si le système est caractérisé par plus d’une variable extensive, la maximisation de l’entropieimpose en coexistence l’égalité entre les deux phases pour toutes les variables intensivesassociées. Dans le plan <strong>des</strong> variables intensives une coexistence de phase est alors identifiéepar un croisement entre deux courbes qui représentent les équations d’état <strong>des</strong> phases pures,comme il est montré dans la figure 4 (partie droite). Remarquons que à la limitethermodynamique la fonction de partition par unité de volume est toujours une variableintensive, et s’identifie avec la pression selon l’équation d’état p = −T∂V log Z = −Tlog z .Tous les points de la zone de coexistence correspondent donc à un point anguleux de lafonction lnZ(β) conformément à la classification <strong>des</strong> transitions de phase du premier ordre.Ceci montre qu’il n’y a pas de contradiction entre la combinaison linéaire <strong>des</strong> deux phases encoexistence et la discontinuité du paramètre d’ordre demandée par la classificationd’Ehrenfest.1.2.3. Construction de GibbsJusqu’à maintenant nous nous sommes limités <strong>au</strong> cas simple d’une seule observablepertinente à la limite thermodynamique, la densité du paramètre d’ordre φ = Φ / V . Ce cassimple s’applique <strong>au</strong>x transitions liquide-solide-gaz de la matière ordinaire, où φ=Ν/Vreprésente la densité de matière et le paramètre de Lagrange β est le potentiel chimiqueassocié. Souvent toutefois la matière est constituée de plusieurs composantes qui peuventvérifier <strong>des</strong> lois de conservation indépendantes (densité baryonique, leptonique,etc…). Dansce cas le diagramme de phase doit être étudié dans l’espace multidimensionnel de toutes lesvariables extensives pertinentes et le paramètre d’ordre peut être une quantité vectorielle [12].Considérons à titre d’exemple le cas de la matière nucléaire à basse température, caractériséepar deux densités indépendantes de neutrons et de protons [13].En ce qui concerne la détermination de la zone de coexistence, ceci revient à considérerune construction tangente non plus selon l’axe densité baryonique ρ mais dans le plan ρ n − ρ p, et imposer l’égalité <strong>des</strong> potentiels chimiques pour les deux composantes∂s∂ρn ρ nl∂s=∂ρn ρ ng= −μnt∂s∂s; = = −μpt(1.2.3)∂ρ∂ρpρplpρpg112


La construction de Maxwell est alors remplacée par la construction de Gibbs, l’enveloppeconcave qui interpole entre les points d’égale tangente (voir figure 5). Les points (μ p , μ n ) quisatisfont l’éq.(1.2.3) définissent <strong>des</strong> lignes droites dans le plan ρ n − ρ p et donnent la directionisotopique de séparation entre la phase à h<strong>au</strong>te densité (liquide nucléaire) et à basse densité(gaz nucléaire). La longueur de ces lignes donne l’extension du s<strong>au</strong>t du paramètre d’ordre à latransition. Nous pouvons voir que la zone de coexistence se termine en deux points(symétriques dans le plan ρ n − ρ p à c<strong>au</strong>se de la symétrie d’isospin de la matière nucléaire) oùle s<strong>au</strong>t du paramètre d’ordre s’annule. Il s’agit de deux points critiques.ρ p (fm -3 )S c = S-β E+βμ t ρ s/β(MeV.fm -3 )0--ρ p0.0.00 0.00ρ n0.ρ n (fm -3 )Figure 5 : construction de Gibbs de l’entropie contrainte à une température sous-critique pour la matièrenucléaire calculée en approximation Hartree Fock avec la fonctionnelle de Skyrme Sly4. La région opaquemontre la zone de coexistence liquide-gaz nucléaire et les lignes droites donnent la direction de séparationentre les deux phases. Tirée de [8].1.2.4. Equilibre, instabilités et métastabilités [11]Le fait qu’on puisse soigner les convexités <strong>des</strong> fonctionnelles de champ moyen par uneconstruction de Gibbs montre que ces dernières présentent <strong>des</strong> instabilités.Considérons encore par simplicité le cas d’une matière composée de deux espèces différentesde particules avec nombres N a et N b . Une instabilité est caractérisée par le fait qu’il existe unedirection dans le plan ρ a - ρ b selon laquelle l’entropie contrainte présente une convexité oucourbure négative. Toute fluctuation de densité dans cette direction par rapport à la densité duchamp moyen conduira à une réponse du système qui amplifie la fluctuation.Concrètement il s’agit de diagonaliser la matrice de courbureMc=2 2∂ Sc∂ Sc2∂ρa∂ρ∂ρ2∂ Sc∂∂ρ∂ρ∂baa b2Sc2ρb∂= −∂ρρabμμaa∂∂ρρabμμbb(1.2.4)Si l’une <strong>des</strong> valeurs propres est négative, le vecteur propre correspondant donne la directiond’instabilité (instabilité isoscalaire). Si les deux valeurs propres sont négatives, le plan estinstable (instabilité isovectorielle). La figure 6 (partie g<strong>au</strong>che) donne le résultat de ce calculpour la matière nucléaire purement baryonique à basse température. La zone foncée est le lieu<strong>des</strong> points d’instabilité (spinodale) et les vecteurs donnent les directions d’instabilité dansquelques points choisis. Il est important de distinguer entre instabilité locale, qui correspond àla région spinodale, et instabilité globale, qui correspond à la région sous-tendue à113


l’enveloppe concave donnée par la construction de Gibbs. Vu que tous les points de courburenégative sont nécessairement contenus dans l’enveloppe concave, la région spinodale esttoujours moins étendue que la zone de coexistence. La région à l’extérieur de la spinodale quireste <strong>au</strong> <strong>des</strong>sous de l’enveloppe concave n’est pas instable mais ne correspond pas àl’équilibre : il s’agit d’une zone métastable. Il est intéressant de remarquer que dans le casreprésenté en figure la direction d’instabilité locale est partout approximativementorthogonale à la direction ρ p +ρ n =cst. Ceci signifie que d’un point de vue physique l’instabilitécorrespond à une amplification de fluctuations de densité baryonique totale, c’est-à-dire uneséparation entre une phase à h<strong>au</strong>te densité (liquide) et une phase a faible densité (gaz).ρ p (fm -3 )S c = S-β E+βμ t ρρ n (fm -3 )Figure 6 :Courbe bleue : zone de coexistence pour la matière nucléaire (voir figure 5). Surface rouge : régionspinodale. Flèches : directions d’instabilité. Dans la partie droite de la figure, pour un point à l’intérieur de laspinodale la direction d’instabilité est comparée à la direction de séparation entre les deux phases (droite fine)et à la droite ρ p /ρ n = cst (ligne épaisse).Tirée de [8]1.2.5. DistillationLa séparation de phase dans les systèmes composés de plusieurs espèces différentes estaccompagnée par le phénomène de distillation [12,13] : la proportion relative <strong>des</strong> différentesespèces n’est pas la même dans les deux phase, la phase désordonnées étant systématiquementplus asymétrique que la phase ordonnée. Ce phénomène est illustré dans la figure 6 (partiedroite).Dans cette figure, pour un point donné à l’intérieur de la région de coexistence, la direction <strong>des</strong>éparation entre les deux phases déterminée par la construction de Gibbs est comparée à ladirection ρ p /ρ n = cst qui correspond à une composition isotopique homogène entre les deuxphases. Il est clair que la phase dense est plus riche en protons, i.e. plus symétrique de laphase diluée. Il est <strong>au</strong>ssi intéressant de remarquer que la direction de séparation de phase n’a àpriori <strong>au</strong>cune raison de coïncider avec la direction d’instabilité donnée par le critère deconvexité locale (1.2.4) : la décomposition spinodale tende à partager le système entre deuxphases avec une distillation plus accentuée que la prédiction de l’équilibre. Ceci signifiequ’une mesure expérimentale de la composition isotopique <strong>des</strong> différentes phases peutpermettre de remonter <strong>au</strong> mécanisme de séparation de phase (décomposition spinodale versuséquilibre de phases).1.2.6. Transitions versus transformationsPour conclure cette courte exploration de la coexistence de phase avec plusieurs composantes,il est intéressant de considérer le cas physique où un paramètre d’ordre est strictementcontrôlé <strong>au</strong> croisement d’une transition du premier ordre. Ceci est par exemple le cas de lamatière nucléaire à basse température où l’isospin N/Z=ρ n /ρ p est une quantité conservée.Cette observable étant corrélée à la densité baryonique totale, elle est comme cette dernière114


<strong>au</strong>ssi discontinue à la transition. Une transformation qui traverse la transition tout enconservant l’isospin parcourt alors nécessairement l’intérieur de la zone de coexistence : dansla représentation <strong>des</strong> variables intensives (voir figure 7) elle suit donc la courbe de transition.Figure 7 : pression en fonction du potentiel chimique protonique et neutronique à une température sous critiquecalculée pour la matière nucléaire baryonique avec l’interaction Sly4. La transformation Z/A=0.3 est indiquéeainsi que la relation correspondante entre la pression et la densité baryonique totale.Tirée de [8].Chaque point de la courbe de transition correspond à une valeur définie de la pression et detoutes les <strong>au</strong>tres variables intensives. Ceci implique que la transformation N/Z=cst conduit àune variation continue de la pression bien que la transition soit du premier ordre. Cet exemplemontre qu’une transition du premier ordre ne correspond pas nécessairement à un plate<strong>au</strong>dans la transformation p(ρ) si le système possède plusieurs charges conservées, bien que leséquations d’état ∂ ln Z / ∂ρisoient discontinues comme demandé par le critère d’Ehrenfest.Il ne f<strong>au</strong>t donc pas confondre donc transitions continues comme par exemple les pointscritiques, où toutes les équations d’état sont continues, et transformations continues quisuivent la ligne de coexistence à c<strong>au</strong>se d’une loi de conservation sur le paramètre d’ordre.1.3. Phénomènes critiques1.3.1. Théorie de Land<strong>au</strong> [4,9]Afin de comprendre les caractéristiques d’une transition du deuxième ordre revenons sur lathéorie de Land<strong>au</strong> dans le cas simple où l’entropie contrainte dépend de deux seules variablesintensives T et λ, et en l’absence d’une contrainte explicite sur le paramètre d’ordre lasymétrie S c (Φ)=S c (-Φ) est valable. Le développement s’écrit(1.3.1)Tλ1 2 1 4log Z = Sc( Φ) = aTΦ + cTΦ ; aT= a0( T − Tc);cT= c > 02 4où par commodité de notation nous avons inverti le rôle <strong>des</strong> paramètres β=T -1 et h=λ−λ c quimaintenant représente la variable conjuguée <strong>au</strong> paramètre d’ordre.115


S cΦΦχT Tcaavec un exposant critique γ=1.1.3.2. Fluctuations et corrélations[4,11]En utilisant la définition de la fonction de partition, il est immédiat de se convaincre que lasusceptibilité est liée à la fluctuation du paramètre d’ordre par0∂ Φ ∂2 log Zλχ = = = σ2∂λ∂λ2Φ(1.3.4)Une transition du deuxième ordre est caractérisée donc par une divergence <strong>des</strong> fluctuations duparamètre d’ordre. Nous pouvons <strong>au</strong>ssi introduire la fonction de corrélation G χ = drdr 'drdr ' G(r − r ')(1.3.5)∫( ϕ(r ) − < ϕ > )( ϕ(r ') − < ϕ > ) = ∫ −s/ξEn posant G(s)∝ e nous pouvons voir que la longueur de corrélation ξ <strong>au</strong>ssi diverge <strong>au</strong>point de transition : bien que gouverné par <strong>des</strong> interactions à courte portée, le systèmeprésente <strong>des</strong> corrélations sur toutes les échelles de longueur.116


1.3.3. Exposants critiques et lois d’échelle[4,10,14]Nous avons déjà introduit <strong>des</strong> exposants critiques (α,β,γ, ...) dans les chapitres précédents.Ces exposants gouvernent le comportement <strong>au</strong> point critique de certaines grandeursthermodynamiques. On se propose maintenant de mieux formaliser le concept d'exposantcritique.Soit ε la distance (sans dimension) <strong>au</strong> point critique d'une variable intensive, par exempleε=(T-T c )/T c . Soit f(ε) une fonction arbitraire continue et positive <strong>au</strong>tour de ε=0 . Si la limiteln f ( ε )λ = lim( ε → 0)(1.3.6)lnεexiste, λ est défini comme l'exposant critique à associer à f , f(ε)≈ ε λ . La forme spécifiquede la fonction peut être plus complexe, f(ε) = A ε λ ( 1 + B ε λ’ + ...) mais le comportementdominant à proximité du point critique est en loi de puissance.Pourquoi étudier les exposants critiques?Expérimentalement β≈1/3 dans la transition ferromagnétique-paramagnétique, liquide-gaz,superfluide-fluide normal. Les forces d'interaction dans ces systèmes physiques très différentsn'étant évidemment pas de même nature, les phénomènes critiques ont donc un certaincaractère d'universalité.Le modèle de Land<strong>au</strong> traduisait cette universalité puisque le potentiel thermodynamique avaita priori la même forme près d'un point critique pour tous les systèmes physiques. On sait qu'ilne rend compte que très imparfaitement de la réalité, si l'on excepte quelques classes detransitions. Les physiciens ont donc cherché d'<strong>au</strong>tres modèles pour expliquer les phénomènescritiques et leur universalité.Domb[15], Kadanoff[10] et Widom[16], en particulier, ont émis l'hypothèse que, près d'unpoint critique, les grandeurs thermodynamiques obéissent à <strong>des</strong> lois d'échelle.1.3.4. Relations entre les exposants critiquesL'hypothèse d'échelle[16] affirme que le potentiel thermodynamique ln Zà proximité d'un point critique est une fonction homogène généraliséeln Z(λ a x, λ b y) = λ ln Z(x,y) (1.3.7)où par simplicité nous nous sommes limités <strong>au</strong> cas de deux variables intensives (par exempleune température et un champ magnétique, x=(T-T c )/T c ≡ε, y=h). Nous allons alors montrerque tous les exposants critiques peuvent s'exprimer à l'aide <strong>des</strong> deux nombres a,b. Leparamètre d'ordre s'obtient en dérivant par rapport à y≡hλ b m(λ a ε, λ b h) = λ m(ε,h) (1.3.8)Cette relation est vraie pour toute valeur de λ. En particulier nous pouvons choisirλ = ε −1/a , ce qui donne à champ nulm(ε,0) = λ b-1 m(λ a ε, 0) (1.3.9)De cette dernière expression, on déduit la relationβ = (1-b)/a (1.3.10)La susceptibilité généralisée s'obtient en dérivant une deuxième fois par rapport <strong>au</strong> champ117


λ 2b χ(λ a ε, λ b h) = λ χ(ε,h) (1.3.11)ce qui donneγ = γ’ = (2b-1)/a (1.3.12)En utilisant le raisonnement ci-<strong>des</strong>sus, tous les exposant critiques peuvent ainsi être calculés àl'aide de a et b, qui jouent donc le rôle de paramètres d'échelle.On peut <strong>au</strong>ssi éliminer a et b entre ces relations; on obtiendra <strong>des</strong> nouvelles égalités entre lesexposants critiques [14]:L'égalité de Rushbrooke: α + 2β + γ = 2L'égalité de Griffiths: α + β(δ+1) = 2L'égalité de Widom: γ’ = β(δ−1)Ces relations sont vérifiées expérimentalement sur la plupart <strong>des</strong> systèmes: il n'existe doncbien que deux exposants nécessaires pour décrire <strong>des</strong> phénomènes critiques.En fait, il découle <strong>des</strong> théories récentes <strong>des</strong> phénomènes critiques (groupe de renormalisation,voir paragraphe suivant), que tous les exposants critiques peuvent être calculés en fonction dedeux nombres: le nombre de dimensions du système et la dimensionnalité n du paramètred'ordre.1.3.5. Auto-similarité, lois d'échelles et groupe de renormalisationLa théorie du groupe de renormalisation de Wilson[10,17] permet de rendre compte <strong>des</strong> loisd'échelle qui caractérisent les phénomènes critiques et l'universalité qui en découle.Considérons le comportement d'un fluide comme l'e<strong>au</strong>. Loin du point critique il présente <strong>des</strong>fluctuations de densité sur une échelle atomique (≈1 Angstrom). Si la température et lapression sont <strong>au</strong>gmentées, la longueur d'onde <strong>des</strong> fluctuations devient plus importante. Aproximité du point critique, apparaissent <strong>des</strong> fluctuations à toutes les échelles, à partir <strong>des</strong>fluctuations microscopiques jusqu'à la longueur de corrélation ξ qui tend vers l'infini <strong>au</strong> pointcritique. Du point de vue expérimental, les fluctuations macroscopiques sur <strong>des</strong> échelles de10 3 -10 4 Angstrom reflètent la lumière ordinaire et produisent le phénomène de l'opalescencecritique. L'apparition de corrélations de portée infinie dans un système avec <strong>des</strong> constituantsqui interagissent avec <strong>des</strong> forces à très courte portée, est la caractéristique la plus étonnante<strong>des</strong> transitions de phase du deuxième ordre.Le problème théorique qui se pose est comment gérer un problème avec toutes ces échelles delongueur. Le but du groupe de renormalisation est de réduire de façon systématique le grandnombre de degrés de liberté et le grand nombre d'échelles de longueur du système.Dans le cas le plus général l'hamiltonien dépend de plusieurs constantes de couplage K ({ s}) + K ({ }) + …H1 12φ2= −β H = K φs(1.3.13)où {s} = s 1 ,s 2 ,…,s N représentent les degrés de liberté.Une transformation R b qui réduit toutes les longueurs d'un facteur b>1 (l (1) =l/b), est choisiepour l'hamiltonienH= Rb (1)[ H ] K = R [ K ]de telle façon que la forme de l'hamiltonien soit préservée(1); (1.3.14)118b


H(1)(1)Ng( K)+ K φ s(1.3.15)(1)({ s}) + K φ ({ } ) + …=1 1 1 2 2 1et les fonctions φ κ dépendent d'un nombre réduit de degrés de liberté {s} 1 =s 1 ,…s N1 avecN (1) =N/b D .Cette procédure s'appelle groupe de renormalisation car la transformation R satisfait lapropriété de groupeRb [ R [ K] R [ K ]b= (1.3.16)2bEn réalité l'appellation de groupe est impropre (il s'agit plutôt d'un semi-groupe) car latransformation inverse n'existe pas: il n'est pas possible de reconstituer les interaction <strong>des</strong>degrés de liberté individuels à partir d'un bloc.La fonction de partition est <strong>au</strong>to-similaire (forme préservée par le changement d'échelle) ⎛ N (1) ⎞ ln Z(N,K)= ln Z⎜, K Ng(K)D ⎟ +(1.3.17)⎝ b ⎠La caractéristique la plus importante de la transformation est qu'elle peut être itéréeH (1) = R[H] ; H (2) = R[H (1) ] ... (1.3.18)Le processus de renormalisation converge vers <strong>des</strong> points fixes=H * *= R b [ H*] ; K R ( K )b(1.3.19)qui ont un spécifique domaine d'attraction, défini comme l’intervalle Δ K dans l’espace <strong>des</strong>constantes de couplage, qui correspond à une famille d'hamiltoniens qui sous renormalisationconverge vers le même point fixe. Les hamiltoniens qui convergent vers un point fixeadmettent un comportement critique.En effet l'opération de renormalisation correspond à changer les échelles de longueur d'unfacteur b : la longueur de corrélation sous renormalisation devientEn appliquant la procédure n fois nous avonsξ= (1.3.20)( 1) −1( K ) b ξ ( K )ξ = (1.3.21)n( K ) b ξ ( R ( K)Si R nb( K ) approche un point fixe*K *avec ( )du système physique ξ ( K ) doit être infinie.nbξ K non nulle, alors la longueur de corrélationLes points fixes correspondent à une classe d'universalité déterminée: il est possible demontrer que tous les hamiltoniens qui convergent <strong>au</strong> même point fixe présentent les mêmescomportements critiques avec les mêmes exposants. La non analyticité de la fonction departition <strong>au</strong> point critique résulte de ce comportement limite quand le nombre d'itérations tendvers l'infini.119


Pour fixer les idées considérons le cas de deux couplages K 1 ,K 2 (par exemple une interactionconstante à deux corps K 1 =β J et un champ externe K 2 =βh ). Il est possible de montrer quedeux points fixes trivi<strong>au</strong>x (K 1 ,K 2 )=(0,0) et (K 1 ,K 2 )=(∞,∞) existent toujours. Il se peut que un<strong>au</strong>tre point fixe soit présent, (K 1 * ,K 2 * ). Dans l'espace bidimensionnel <strong>des</strong> constantes decouplage, le flot de renormalisation converge alors vers un <strong>des</strong> trois possibles points fixes. Sil’hamiltonien H possède un point critique (K 1 c ,K 2 c ), nous pouvons considérer tous leshamiltoniens obtenus à partir de H en variant les couplages (J 1 ,J 2 ). La relation entre les J i etles K i, (K 1 c ,K 2 c )=β c (J 1 ,J 2 ) montre que le point critique décrit une courbe ( surface critique)dans l'espace <strong>des</strong> constantes de couplage (voir figure 9).Nous venons de voir que seul un point a longueur de corrélation infinie peut converger vers lepoint fixe non trivial : donc le domaine d’attraction de (K 1 * ,K 2 * ) est donné par la surfacecritique : le flot <strong>des</strong> points critiques tend vers le point fixe (K 1 * ,K 2 * ).K 2 =βJ 2T>T cK *T


2. De la limite thermodynamique <strong>au</strong>x systèmes finis2.1. Spécificité <strong>des</strong> systèmes finis [18-20]2.1.1. Equilibre et ergodicité[20,7]]A priori les outils de la mécanique statistique introduits <strong>au</strong> paragraphe (1.1) sont définis pourun nombre arbitraire de degrés de liberté, et la limite thermodynamique de très grandssystèmes n’est pas nécessaire pour donner un sens à <strong>des</strong> concepts comme la température oul’équilibre. Toutefois la signification physique d’un ensemble statistique ou d’une équationd’état est très différente à la limite thermodynamique et dans les petits systèmes. En effetquand la limite thermodynamique s’applique, le théorème de Van Hove [11,21] garantit queles différents ensembles statistiques convergent vers le même état d’équilibrethermodynamique. Ceci signifie que l’ensemble statistique est essentiellement un outilmathématique dépourvu de véritable sens physique.A l’opposé dans les systèmes finis les différents ensembles ne sont pas équivalents, ce quiimplique que la pertinence et le sens physique <strong>des</strong> différents ensembles doit être analysée.D’un point de vue macroscopique, un ensemble statistique peut être vu comme une collection(infinie) de sous-systèmes (infinis) du système étudié dans une condition thermodynamiquedonnée. Avec cette interprétation une unique réalisation d’un système physique peut êtreconsidérée comme un ensemble statistique et discutée en termes d’équilibre. Cetteinterprétation n’est pas pertinente pour un système fini car les interactions de surface entresous-systèmes ne peuvent être négligées : une réalisation unique d’un système physique nepeut pas être discutée en termes d’équilibre et l’ensemble de Gibbs doit être considéré commeun véritable ensemble de répliques physiques du système donné.Une compréhension physique de ces répliques de Gibbs est donnée par l’hypothèse ergodiquede Boltzmann. Dans cette interprétation l’ensemble statistique représente la collection <strong>des</strong>états successifs explorés par le système en évolution <strong>au</strong> cours du temps, et l’équivalence avecun ensemble de Gibbs est garantie par le théorème ergodique.Cette interprétation toutefois souffre de plusieurs problèmes. Non seulement l’ergodicité nepeut pas en général être prouvée de façon rigoureuse, mais même pour un hamiltonienergodique une expérience sur une échelle de temps finie peut très bien rester confinée dansun sous-espace de l’espace de phase total. Plus important encore, le concept d’ergodicité nes’applique pas dans la plupart <strong>des</strong> expériences de physique, où le système n’est pas suivi <strong>au</strong>cours du temps mais les moyennes sont obtenues sur un grand nombre de répliques <strong>des</strong>ystèmes préparés de façon semblable et observés à un temps défini. Dans cette condition iln’y a pas de connexion claire entre le temps de mesure et le temps nécessaire pour exploreruniformément l’espace accessible. Finalement, l’ergodicité s’applique seulement à <strong>des</strong>systèmes confinés, quand les expériences collisionelles produisent <strong>des</strong> systèmes en expansionlibre dans le vide. Le concept d’un équilibre stationnaire, uniquement défini par les variablesconservées par la dynamique à l’intérieur d’une boite hypothétique, n’est certainement pasadéquate pour décrire ce genre de systèmes.Toutefois les approches statistiques, qui expriment la réduction de l’information disponible àun nombre limité d’observables collectives, restent extrêmement pertinents pour les systèmescomplexes finis. La signification physique d’un tel ensemble statistique est différente du casdu système ergodique ou d’un ‘coarse graining’ macroscopique. L’hypothèse de base est quela dynamique est suffisamment complexe (chaotique ou mixing) pour que, en répétant uneexpérience plusieurs fois, l’ensemble <strong>des</strong> événements puisse peupler un espace de phase defaçon assez ‘démocratique’ pour que les propriétés fondamentales de l’ensemble <strong>des</strong>événements soient dominées par un nombre limité de variables collectives. Dans ce cas, lepostulat d’entropie maximale ne peut pas être justifié à partir du théorème ergodique, mais121


doit être interprété comme un postulat d’information minimale du à la complexité de ladynamique et indépendamment de toute échelle de temps. Cette approche de théoried’information est une extension très puissante de l’équilibre de Gibbs classique : touteobservable peut être utilisée comme variable d’état, y compris les observables qui ne sontliées à <strong>au</strong>cune loi de conservation. Le prix à payer pour cette généralisation est que lescontraintes et la matrice densité évoluent <strong>au</strong> cours du temps, ce qui signifie qu’il n’est paspossible d’ignorer entièrement la dépendance en temps du processus. Un exemple bien connude cette approche conceptuelle est donné par les théories de champ moyen dépendent dutemps, qui peuvent se dériver à partir d’un principe variationnel d’entropie maximale sous lacontrainte de toutes les observables à un corps <strong>au</strong> cours du temps.2.1.2. Inéquivalence entre ensembles[19,20]La connaissance <strong>des</strong> interactions du système et <strong>des</strong> conditions spécifiques de l’expériencepermette de définir les variables pertinentes pour notre étude, qui doivent être imposéescomme contraintes et vont jouer le rôle de variables d’état (énergie, nombres de particules,volume, déformation, flot radial, flot elliptique….). Ces observables significatives peuventêtre imposées sous forme de contraintes en valeur moyenne (voir paragraphe 1.1.1) ou commelois de conservation exactes. Le prototype de ces deux ensembles statistiques possibles estdonné par l’ensemble canonique et microcanonique. Dans les deux cas l’hamiltonien estutilisé comme contrainte, mais si tous les micro-états correspondent à la même énergie totaledans le cas microcanonique, l’énergie varie dans l’ensemble canonique avec une fluctuationqui est liée à la capacité calorifique du système (voir paragraphe 1.3.2)2 2σ (2.1.1)E= CTLe choix entre les deux ensembles n’est pas anodin car en système fini les ensembles ne sontpas équivalents, comme nous allons montrer.Dans l’approche microcanonique la maximisation de l’entropie (1.1.1) conduit à ladistribution d’équilibrep (n ) = δ(E − E (n ) )/W (E) (2.1.2)et l’entropie de Boltzmann apparaît naturellement comme un cas particulier de l’entropie deShannonS(E) = logW (E) (2.1.3)L’équation (1.1.7) donne l’équation d’état pour cet ensembleT −1 = ∂ ES(E) (2.1.4)Si nous imposons l’énergie à l’aide du multiplicateur de Lagrange β la distribution <strong>des</strong> microétatsrésulte immédiatementp (n ) = e −βE (n) /Z(β)(2.1.5)où la fonction de partition s’écritZ(β) = ∫ dE e − βE W (E)(2.1.6)L’équation (2.1.6) montre que le potentiel thermodynamique canonique logZ β etmicrocanonique logZ E =logW sont liés par une transformation intégrale de Laplace.L’équation d’état canonique s’obtient à partir de l’éq.(1.1.5)122


E >= −∂ βlogZ(β)(2.1.7)Pour comparer cette équation à l’expression microcanonique (2.1.4), nous pouvons introduirel’entropie canonique contrainte, i.e. la transformée de Legendre de la fonction de partitionéq.(1.1.6)S c(< E >) = logZ(β) + β < E > (2.1.8)Comme la transformée intégrale de Laplace éq.(2.1.6) est différente de la transformée linéairede Legendre (2.1.8), il est clair que les deux équations d’état sont différentes, c'est-à-dire lesdeux ensembles ne sont en général pas équivalents.Cette discussion a été basée sur l’énergie comme contrainte, mais elle peut être aisémentétendue à toutes les couples de variables thermodynamiquement conjuguées : les ensemblesextensifs dans lesquels la variable d’état est une observable, et les ensembles intensifscaractérisés par le Lagrange conjugué ne sont pas équivalents.A la limite thermodynamique, le théorème de la limite centrale de Laplace garantit que lesdistributions sont g<strong>au</strong>ssiennes. Dans cette limite la fonction qui apparaît dans l’intégrale(2.1.6) f(E)=W(E)exp(-βE) est une g<strong>au</strong>ssienne, et l’intégrale est analytique (approximation depoint selle)2Zβ≈ W ( E )exp( − β E ) 2πσE(2.1.9)Cette équation montre que l’équivalence <strong>des</strong> ensembles, violée dans les systèmes finis, estrétablie à la limite thermodynamique [22].2.1.3. Conditions <strong>au</strong>x bords et états du continuum [23]Une complication additionnelle dans l’étude de la mécanique statistique <strong>des</strong> systèmes finis estdonnée par le problème <strong>des</strong> conditions <strong>au</strong>x bords. En effet si le système présente <strong>des</strong> étatsdans le continuum les ensembles statistiques ne sont pas définis en l’absence de conditions<strong>au</strong>x bords. Pour étudier l’équilibre à densité non nulle, la procédure habituelle consiste àintroduire une boite artificielle de volume V dans laquelle le système est confiné. D’un pointde vue mathématique ceci correspond à définir l’équation d’une surface (par exemple uncube) σ(x,y,z)=0 et imposer que la fonction d’onde s’annule sur la surface et <strong>au</strong> delà.En introduisant le projecteur Pˆ Sassocié, les conditions <strong>au</strong>x bords s’écrivent donc P ˆSψ = 0ou P ˆ = ψ Pˆψ = 0 (on rappelle la propriété <strong>des</strong> projecteurs Pˆ 2 = ˆ ).SSSP SSi nous imposons la contrainte additionnelle P ˆ = 0 à la maximisation de l’entropie,l’éq.(1.1.4) pour la distribution d’équilibre devientS1 ⎛Dˆ ⎞S= ⎜−Aˆ− bSPˆλexp λS ⎟(2.1.10)Z ⎝ ⎠λSCette équation montre que la thermodynamique du système dépend de la structure de lasurface S : pour les mêmes caractéristiques globales (densités, énergies), il y a <strong>au</strong>ra <strong>au</strong>tantd’ensembles statistiques que de conditions <strong>au</strong>x bords.Cette situation non satisfaisante dépend du fait que la spécification de Pˆ Sdemande laconnaissance exacte de la surface en tout point, ce qui n’est pas compatible avec le principefondateur de la mécanique statistique <strong>des</strong> petits systèmes basé sur l’information minimale.Ce raisonnement montre que l’imposition d’une boite fictive pour confiner le système, qui està la base de l’ensemble microcanonique isochore W(E,N,V), est non physique pour étudier lamécanique statistique <strong>des</strong> systèmes finis avec continuum.123


Une possibilité de sortir de cette impasse est d’utiliser encore la théorie de l’information pourtraiter notre connaissance incomplète <strong>des</strong> conditions <strong>au</strong>x bords, en imposant une hiérarchied’observables décrivant la taille et la forme de la distribution de matière. Par exemple si nous2imposons seulement la connaissance du rayon carré moyen ˆR l’ensemble statistiquepertinent est un ensemble ‘isobare’ˆD 1=⎛⎜ exp − λAˆ− ωRˆλωZ ⎝λω2⎞⎟⎠(2.1.11)où ω=p/T représente une pression surfacique divisée par une température.Une application typique de l’équation (2.1.11) est donnée par l’hypothèse de freeze-outproposée pour les systèmes transients produits par collision : dans cette hypothèse la créationd’entropie s’arrête à un temps défini, <strong>au</strong> bout du quel les partitions sont essentiellement geléesà c<strong>au</strong>se de l’absence d’interaction. Ce freeze-out a lieu a densité finie, ce qui implique queparmi les variables collectives qui caractérisent l’ensemble statistique nous devons inclure <strong>au</strong>moins une observables caractérisant la taille moyenne du système.Le choix d’un ensemble ‘isobare’ à la place d’un ensemble ‘isochore’ a <strong>des</strong> conséquencesimportantes sur la thermodynamique à c<strong>au</strong>se de la non équivalence <strong>des</strong> ensembles discutéeplus h<strong>au</strong>t : par exemple seulement dans un ensemble isobare la capacité calorifique d’unsystème isolé est attendue négative dans une transition du premier ordre, et divergente dansune transition du deuxième ordre.2.1.4. Ensembles statistiques dépendant du temps[2,23,24]Nous venons de voir que les systèmes physiques isolés en présence de continuum peuvent êtretraités statistiquement seulement si nous introduisons dans l’équilibre <strong>au</strong> moins uneobservable reliée à la taille du système. Comme ces observables ne sont pas <strong>des</strong> constantes dumouvement, ces états sont par nature non stationnaires : en l’absence d’une force de rappel, lataille du système <strong>au</strong>gmente dans le temps et <strong>des</strong> flots collectifs sont générés.La nature non stationnaire de ces ensembles statistiques, et le fait que les temps de freeze-outpeuvent être fluctuants et différents pour <strong>des</strong> différentes observables, conduit à introduire unegénéralisation <strong>des</strong> ensembles de Gibbs à <strong>des</strong> processus dépendant du temps.Une situation dans laquelle le(s) temps t l où les observables sont figées ne coïncide pas avecLe temps t d’observation du système peut etre modélisée en modifiant le principe variationnel(1.1.3)L− Tr Dˆ ( t)lnDˆ ( t)− λ Aˆ=(2.1.12)où A Tr( Dˆ ( t ) Aˆ)ltlll( ) max∑l ltl = 0lˆ = est la valeur moyenne de l’observable A l ou temps t l .Considérons par simplicité une seule observable A observée <strong>au</strong> temps t 0 . L’utilisation del’équation d’évolution pour la matrice densité ∂ Dˆ/ ∂t= −i[ Hˆ, Dˆ] conduit naturellement à ladéfinition de nouvelles contraintes qui prennent en compte l’évolution temporelle entre letemps t 0 et tB= −i[ HˆBˆ( p−1), ] ; Bˆ(0= Aˆˆ ( p))(2.1.13)La matrice densité qui décrit le processus dépendant du temps s’écritDλν= Z−1 ∑ ∞ ( ) ( )exp−ˆ −p ˆ pλνλAν Bp=1124(2.1.14)


0. Ce formalisme résulteparticulièrement utile quand les opérateurs B (p) forment une algèbre de Lie fermée : dans cecas une information limitée, i.e. un nombre fini de contraintes, permet une <strong>des</strong>cription exactede l’évolution du système à tous les temps.( p)avec <strong>des</strong> nouve<strong>au</strong>x multiplicateurs de Lagrange ν = λ( t − t ) / p!2.1.5. Exemple : la dynamique de l’expansion[23]Un exemple intéressant pour les processus collisionels est celui d’un système de particules demasse m initialement préparé <strong>au</strong> temps t 0 et en expansion libre pour t>t 0 . La condition initialeétant donnée par l’équation (2.1.11), l’évolution <strong>au</strong>x temps successifs conduit naturellement àl’apparition d’une nouvelle contrainte de flot collectif radial Bˆ = −i[ HˆRˆ2 1, ] = ⎜⎛ Rˆ⋅ Pˆ+ Pˆ⋅ Rˆ⎟ ⎞m ⎝ ⎠p(2.1.15)et d’<strong>au</strong>tres termes apparaissent dus <strong>au</strong>x commutateurs avec la partie d’interaction del’hamiltonien. Il est intéressant de remarquer que si le système est sans interaction, comme ilest le cas si t 0 coïncide avec le temps de freeze-out, alors la série (2.1.14) peut être resomméeexactement et la solution à tous les temps s’écrit⎛ˆ 2⎞⎜ ∑ ( p − h(t)ˆ r )ˆi i i2D ∝ exp − ( t)− ( t)Rˆ⎟βλhβλ⎜2m⎟(2.1.16)⎝⎠Nous pouvons reconnaître un équilibre ordinaire de Gibbs dans le référentiel en expansion,avec une température effective β, une pression λ et un facteur de Hubble h dépendant dutemps2β ( t ) = β0 + 2λ0( t − t0)/ mm 2λ(t)= λ0 − β ( t)h ( t)22λ0(t − t0)h(t)=2βm+ 2λ( t − t )00(2.1.17)125


2.2. Effets de taille finie dans les transitions du premier ordre2.2.1. Transitions de phase dans les systèmes finis[18-19]Nous avons déjà introduit dans le paragraphe (1.2.2) le concept de coexistence de phase à lalimite thermodynamique à travers la construction de Maxwell, ou la construction de Gibbspour les systèmes composés de plusieurs types de particules (voir figure 10). Chaque fois quel’entropie contrainte d’un système homogène présente une convexité ou courbure négative enfonction d’une variable extensive Φ, elle peut être maximisée en introduisant les partitionsdishomogènes qui consistent en une combinaison linéaire (séparation de phase, ligne tiretée)<strong>des</strong> solutions Φ 1 et Φ 2 correspondant à la même valeur pour les variables intensives, i.e. à lamême dérivée S’(Φ) (équilibre de phase). Pour obtenir cette solution nous avonsexplicitement utilisé l’extensivité de l’entropie S ( Φ ) = Vs( Φ / V ), ce qui est valableseulement à la limite thermodynamique.Figure 10 : représentation schématique de l’entropie contrainte en fonction du paramètre d’ordre Φ=X pour unsystème fini présentant une transition de phase du premier ordre.Pour tout système fini l’introduction de partitions mixtes <strong>au</strong>gmente l’entropie par rapport <strong>au</strong>système uniforme sans toutefois combler le déf<strong>au</strong>t de convexité, car la présence de surfacesdans les partitions du système fini réduit l’entropie par rapport à la valeur limite avec un3terme d’entropie de surface ∝ N−2 / [25]. Ceci est très facile à comprendre si on prendl’exemple de la transition liquide-gaz avec l’énergie comme paramètre d’ordre. Les partitionsmixtes du système fini correspondent alors à une goutte de liquide entourée de vapeur. Ladensité d’énergie d’un tel mélange composé d’une fraction α de liquide et (1-α) de vapeurs’écrit126


e = αe+ (1 −α)e = α(e) elv−esN1/ 30+ ) + (1 −αv(2.2.1)où la densité d’énergie de surface du liquide e s est une quantité positive. Ce raisonnementmontre que les partitions mixtes du système fini correspondent à une densité d’énergie plusélevée par rapport à la limite thermodynamique, et ne peuvent donc pas compenser le déf<strong>au</strong>tde concavité [25].Par conséquent nous nous attendons à pouvoir signer une transition de phase du premier ordredans un système fini par une convexité de l’entropie contrainte à l’équilibre, ou de façonéquivalente (voir 1.2.2) par une susceptibilité négative associée à une variable extensive X,qui peut être identifiée avec le paramètre d’ordre de la transition, X=Φ.2.2.2. Le théorème de Yang LeeUne approche plus formelle et, comme nous allons voir, équivalente à la précédente, estdonnée par le théorème du cercle unitaire de Yang et Lee[26].Nous savons (paragraphe 1.1.4) qu’une transition du premier ordre peut être reconnue par lanon analyticité (un point anguleux) du potentiel thermodynamique G=-TlogZ pour une valeurβ t de la variable intensive pertinente (température, pression, potentiel chimique…).Dans le cas d’un système fini la fonction de partition est une somme finie de fonctions du typeexponentiel, elle est donc partout analytique. Ceci signifie que les équations d’état sontnécessairement continues, et il n’y a <strong>au</strong>cune différence qualitative avec les équations d’étatd’un système qui à la limite thermodynamique ne présente pas de transition.En ce sens les transitions de phase ne peuvent donc pas être définies dans un système fini.Si la fonction de partition ne peut s’annuler pour <strong>au</strong>cune valeur réelle de β, elle présentetoutefois <strong>des</strong> zéros dans le plan γ=β+ιη <strong>des</strong> β complexes.sinηβcosηFigure 11 : représentation schématique du théorème du cercle unitaire de Yang et Lee. Partie g<strong>au</strong>che :distribution <strong>des</strong> zéros de Z dans le plan <strong>des</strong> températures complexes γ=β+ιη ; les régions à l’intérieur <strong>des</strong>ellipses correspondent <strong>au</strong>x intervalles d’analyticité de Z. Partie droite : distribution <strong>des</strong> zéros d’un système finiprésentant à la limite thermodynamique une transition du premier ordre.Le théorème de Yang Lee [11,26], que nous nous limitons à énoncer, permet de montrer que- Pour toute région R entourant l’axe réel qui ne contient pas de zéro de Z,lim( N → ∞)log Z / N est une fonction analytique ;- Une transition de phase est associée à un zéro réel à la limite thermodynamique,β 0 +ιη 0 avec η0 ⎯N ⎯ →∞ →0 ;- Si les zéros du système fini sont asymptotiquement distribués de façon uniforme surl’axe imaginaire avec une densité g( η)⎯N ⎯ →∞ →cN/ 2π proportionnelle <strong>au</strong> nombre departicules, la transition est du premier ordre.127


Le théorème de Yang Lee (voir figure 11) permet de définir de façon rigoureuse lestransitions du premier ordre dans les systèmes finis, sur la base de la distribution <strong>des</strong> zéros dela fonction de partition dans le plan complexe. Dans le prochain paragraphe nous allonsmontrer que cette définition peut être reconduite, moyennant quelques hypothèses, <strong>au</strong>xanomalies de courbure de l’entropie contrainte introduites plus h<strong>au</strong>t.2.2.3. Transitions du premier ordre et anomalies thermodynamique2.2.3.1. Bimodalités[18,27,28]La distribution <strong>des</strong> zéros de la fonction de partition dans le plan <strong>des</strong> Lagranges complexespeut se connecter directement <strong>au</strong>x propriétés topologiques de la distribution de probabilité duparamètre d’ordre. En effet la fonction de partition Z γ en tout point de l’espace peut être reécritecomme transformée de Fourier de la distribution de probabilité P(Φ) du paramètred’ordre Φ−iηΦZ = Z dΦPΦ e(2.2.2)γβ∫β( )Les propriétés <strong>des</strong> transformées de Fourier permettent donc d’associer la distribution <strong>des</strong>zéros de Z à la structure de la distribution de probabilité du paramètre d’ordre. En particulier,si P(Φ) est monomodale, une approximation de point selle <strong>au</strong>tour du maximum Φ 0 donneZγ= exp( f ( Φ ))γ01 2 2 12fγ( Φ)= ln Pβ( Φ)− iηΦ + η σ ( Φ)+ ln(2πσ( Φ))+ cst2 2(2.2.3)−22avec σ = −∂Φln P β( Φ). Cette équation montre qu’une distribution monomodale ne peut pasêtre associée à une transition de phase. Si à l’opposé la distribution est bimodale, nouspouvons utiliser une double approximation du point selle qui sera valable à la limitethermodynamique <strong>au</strong>tour <strong>des</strong> deux maxima Φ 1 et Φ 2( f ( Φ )) + exp( f ( ))Z exp1Φ2(2.2.4)γ=γγContrairement à l’expression (2.2.3), cette forme permet <strong>des</strong> zéros pour Z dans le plancomplexe. La fonction de partition s’annule pourou <strong>au</strong>ssif Φ ) − f ( Φ ) = i(2n1 π(2.2.5)λ(1 λ 2+ )η = (2n+ 1) π /( Φ2− Φ1)R ( f ( Φ ) − f ( Φ ))= 0λ1λ2(2.2.6)La solution <strong>des</strong> équations (2.2.6) à proximité de l’axe réel définit un β qui peut être identifiéavec le β de transition β t . Si la structure bimodale persiste à la limite thermodynamique, alorsles équations (2.2.6) montrent que le lieu <strong>des</strong> zéros correspond à une ligne perpendiculaire àl’axe réel ave une distribution uniforme comme demandé par le théorème de Yang et Lee.Cette démonstration nous permet d’énoncer une deuxième définition de transition de phase dupremier ordre dans un système fini :128


une transition du premier ordre dans un système fini est caractérisée par une distributionbimodale (ou multimodale, si plus de deux phases coexistent <strong>au</strong> même temps) du paramètred’ordre Φ, dans l’ensemble intensif où Φ est contrôlé à travers la variable intensive associée.Un exemple typique est une distribution d’énergie bimodale dans l’ensemble canonique pourla transition solide – liquide qui présente une chaleur latente finie : l’énergie est doncparamètre d’ordre. Cette définition de transition de phase a été utilisée expérimentalementpour caractériser la fusion d’agrégats métalliques [29].2.2.3.2. Susceptibilités négatives[18,25]Cette définition de transition du premier ordre comme bimodalité dans la distribution duparamètre d’ordre est exactement équivalente <strong>au</strong> critère de concavité de l’entropie contraintedéfini plus h<strong>au</strong>t. En effet la distribution d’une variable extensive générique Φ peut s’écrireP ( Φ)= Zβ= Z−1β−1βW ( Φexp−1)exp( − βΦ) = Zβexp( S(Φ)− βΦ)( ( Φ))S c(2.2.7)où W(Φ) est le nombre de micro-états correspondant à la valeur Φ. Il est clair à partir del’équation (2.2.7) que une bimodalité dans P(Φ) est exactement équivalente à un déf<strong>au</strong>t deconcavité dans l’entropie associée. En plus, en rappelant la définition de l’équation d’état(1.1.7) nous pouvons immédiatement déduire2∂ S2∂Φ−> 0 ⇔ χ1∂λΦ= −∂Φ< 0(2.2.8)où λ Φ est la variable intensive associée <strong>au</strong> paramètre d’ordre dans l’ensemble statistique danslequel Φ est contrôlé événement par événement – c'est-à-dire la valeur de Φ estrigoureusement la même dans tous les micro-états (ex : microcanonique) - et χ est lasusceptibilité associée.Si nous prenons encore l’exemple d’une transition avec chaleur latente (i.e. l’énergie commeparamètre d’ordre), l’équation (2.2.8) implique que la capacité calorifique d’un système isoléest négative dans une transition du premier ordre. Un exemple est donné dans la figure 12pour le modèle de gaz sur rése<strong>au</strong>, qui est connu présenter une transition de phase du typeliquide-gaz. Nous pouvons voir que la région de probabilité minimale pour le système encontact avec un bain thermique (i.e. canonique) correspond bien à une capacité calorifiquenégative pour le système isolé (i.e. microcanonique). Comme nous avons vu dans leparagraphe (1.2.4), cette région de faible probabilité pour le système fini à l’équilibre, est unerégion d’instabilité à la limite thermodynamique : les échanges d’énergie avec le réservoirconduisent le système à l’intérieur de la coexistence a rejoindre l’un de deux pics deprobabilité. Si le système est isolé la séparation de phase n’est pas possible et cette région àcapacité calorifique microcanonique négative n’est pas seulement stable, mais peut survivrejusqu’à la limite thermodynamique, ce qui est un clair exemple de non équivalence <strong>des</strong>ensembles (voir paragraphe 2.1.2).En ce qui concerne le système fini:si le paramètre d’ordre est contrôlé par une loi de conservation, une transition du premierordre dans un système fini est caractérisée par un déf<strong>au</strong>t de concavité de l’entropie associée,ce qui implique une inversion de pente de l’équation d’état correspondante et unesusceptibilité associée négative.129


Cette définition a été utilisée pour proposer que la fragmentation d’agrégats hydrogèneobservée expérimentalement puisse s’interpréter comme une transition de phase du premierordre [30].Figure 12 : Du h<strong>au</strong>t vers le bas : distribution d’énergie canonique, température microcanonique, fluctuationpartielle et capacité calorifique microcanonique en fonction de l’énergie dans le modèle de gaz dur rése<strong>au</strong> pourun système de 216 particules <strong>au</strong> <strong>des</strong>sous de la pression critique. Dans le dernier panne<strong>au</strong> la courbe continuereprésente la dérivée de l’équation d’état, et les symboles donnent l’expression approximée éq.(2.2.14).Tirée de[31].2.2.3.3. Fluctuations anormales[18,32]La plus grande partie de systèmes physiques est caractérisée par plus d’une variable extensivepertinente, et il est en général difficile de toutes les mesurer dans une même expérience. Lecomportement fonctionnel <strong>des</strong> variables intensives en fonction <strong>des</strong> variables extensivesassociées ne dépend alors pas seulement <strong>des</strong> propriétés de la surface d’entropie du système,mais <strong>au</strong>ssi de la transformation effectuée dans l’espace <strong>des</strong> variables extensives.Par exemple dans le cas de la transition liquide-vapeur, le nombre de particules, le volume etl’énergie sont tous trois paramètres d’ordre. La courbe calorique T(E) d’un système fluide finiet isolé dépend alors de la variation – non nécessairement mesurable – du volume avecl’énergie selon l’équation2dT 1 ∂ S ∂T∂ω= − +(2.2.9)2 2dE T ∂E∂ωEωoù ω est le paramètre de Lagrange associé <strong>au</strong> rayon carré moyen du système fini (voir(2.1.11)). Ceci signifie que le comportement observé de la courbe calorique, et plus engénéral, de la variable intensive mesurée en fonction du paramètre d’ordre, ne nous renseignepas forcement sur l’équation d’état, à savoir sur les propriétés de convexité de l’entropie.Par conséquent dans les expériences la définition de transition de phase introduite dans ledernier paragraphe à partir de l’équation d’état, est de difficile application. Par exemple nousavons déjà mentionné dans le paragraphe (1.2.6) que la transition du premier ordre de lamatière nucléaire ne présente pas de plate<strong>au</strong> dans la corrélation p(V) à c<strong>au</strong>se de la130E∂


conservation du nombre de protons et de neutrons, qui impose la transformation Z/A=cst (voirfigure 7). Pour la même raison, dans la transition correspondante dans les noy<strong>au</strong>x finis lafonctionnelle p(V,Z/A=cst) est monotone, et ne présente pas d’inversion de pente bien que la2compressibilité ∂V log S soit bien négative à l’intérieur de la spinodale.Dans tous ces cas il peut être utile d’utiliser une <strong>au</strong>tre définition de transition du premier ordredans les petits systèmes, basée sur les propriétés de fluctuations.Considérons le cas où le système peut se diviser en deux sous parties statistiquementindépendantesΦ = Φ1+ Φ21,( Φ Φ ) = W ( Φ ) ⊗W( ); W Φ(2.2.10)2où ⊗ indique le produit tensoriel. Supposons <strong>au</strong>ssi que l’anomalie de concavité de l’entropieS=logW concerne seulement le système 2, et que W 1 soit une fonction sans accident. Un castypique de cette division est donné par l’énergie cinétique et potentielle d’un système isolé. Ladistribution de Φ 1 dans l’ensemble où Φ est conservé est donnée par∫( Φ1) W2( Φ − Φ1)W ( Φ ) W ( Φ − Φ )112W1PΦ( Φ1)=(2.2.11)dΦ111212T σ 2 /T 2V=ctep=cteFigure 13 : Température (g<strong>au</strong>che) et fluctuation d’énergie cinétique (droite) en fonction de l’énergie et duLagrange associé <strong>au</strong> volume moyen dans le modèle de gaz sur rése<strong>au</strong> pour un système de 216 particules. Deuxtransformations à pression constante et volume constant sont indiquées. La région correspondant à <strong>des</strong>fluctuations anormales selon l’éq.(2.2.14) est <strong>au</strong>ssi indiquée. Tirée de [33].Si la distribution de Φ 1 n’est pas bimodale, elle peut être évaluée par une approximation depoint selle <strong>au</strong>tour de son maximum. Il est alors immédiat de montrer queσ = χ + χ(2.2.12)−2 −1−11 2ou σ 2 représente la variance de la distribution de Φ 1 et les susceptibilités partielles sont−12données par χi = −∂ΦlogW i. Dans la même approximation g<strong>au</strong>ssienne, la susceptibilitéitotale s’écrit131


2−11 ⎛ σ ⎞χ ≅⎜1−⎟(2.2.13)22σcan ⎝ σ can ⎠2 canoù σcan= χ1= ∂ Φ1/ ∂βest la fluctuation attendue pour Φ 1 dans l’ensemble intensif où leparamètre d’ordre est contrôlé à travers son Lagrange (l’ensemble canonique si Φ est uneénergie). En particularisant <strong>au</strong> cas de l’énergie comme paramètre d’ordre nous obtenonsCC2σ≅ −(2.2.14)σ112can22où C est la capacité calorifique microcanonique, σ can= C1T(voir paragraphe 1.3.2) et C 1 estla capacité calorifique pour un système sans interaction (C 1 =3/2NT pour un système classiquede N particules). Les équations (2.2.13)-(2.2.14) montrent que quand le paramètre d’ordre estcontrôlé, la fluctuation d’un sous système σ peut être plus importante que dans le cas où leparamètre d’ordre est libre de fluctuer σ can . Ces fluctuations anormalement élevées sont liées àun déf<strong>au</strong>t de courbure dans l’entropie associée, donc à une susceptibilité négative et signent latransition de phase du premier ordre dans le système fini.Un exemple de la qualité de l’approximation (2.2.14) pour remonter à la capacité calorifiqueest donné dans la figure 12.L’équation (2.2.13) peut aisément se généraliser <strong>au</strong> cas de plusieurs variables intensivescomme il est montré dans la figure 13.Comme les fluctuations sont une variable d’état, l’observable de fluctuation anormale signeune capacité calorifique négative indépendamment de la transformation entre les états dedifférente énergie.Cette observable est actuellement utilisée pour mesurer la capacité calorifique dans lesexpériences de multifragmentation nucléaire [34].2.3. Effets de taille finie dans les phénomènes critiques2.3.1. Finite size scaling[14,15]Nous avons déjà discuté <strong>au</strong> paragraphe (1.3) que lors d’une transition du deuxième ordre lesystème présente un comportement critique. La divergence d’une dérivée seconde de lafonction de partition (susceptibilité)− T −Tχ ∝ t γt =(2.3.1)T∞c∞ctraduit l’absence d’échelle caractéristique, ou invariance d’échelle, du système <strong>au</strong> point detransition. En effet le lien (1.3.5) entre susceptibilité et fonction de corrélation G χ = V∫dsG−1−η−s/ ξ ( t)( s ) ∝ s e(2.3.2)montre qu’une divergence de la susceptibilité est liée à une divergence de la longueur decorrélation ξ du système par−νξ ( t) ∝ t(2.3.3)132


où γ,η,ν sont <strong>des</strong> exposants critiques.Dans un système fini la longueur de corrélation est limitée par la dimension linéaire dusystème L et ne peut diverger. Dès que la longueur de corrélation approche L l’équation(2.3.2) montre que la susceptibilité, ainsi que toute <strong>au</strong>tre variable thermodynamique, sature.Un comportement critique strictu sensu ne peut donc pas être défini pour un système fini.L’étude <strong>des</strong> comportements critiques dans les systèmes finis consiste donc dans la recherche<strong>des</strong> lois d’échelle que les variables thermodynamiques doivent présenter dans un système finipour que le comportement à la limite thermodynamique soit critique. Cette théorie d’échelle,ou finite size scaling , peut s’obtenir en faisant l’hypothèse que à proximité d’un pointcritique, il existe <strong>au</strong>ssi pour le système fini une seule échelle de longueur ξ(t) qui déterminela portée <strong>des</strong> corrélations. L’ hypothèse d’échelle implique pour la susceptibilitéχ−γ( L, t) t g( L / ξ ( T ))où g(x) est une fonction d’échelle qui a le comportement limite= (2.3.4)gx→∞x→0γ /ν( x)⎯ ⎯⎯ →cst; g(x)⎯⎯→x(2.3.5)La première limite garantit le correct comportement critique à la limite thermodynamique, etla deuxième assure que la susceptibilité devient indépendante de la température quand lalongueur de corrélation (du système infini) dépasse la dimension linéaire L. Cette formeprédit <strong>au</strong>ssi que le pic de la susceptibilité pour le système fini doit grandir avec la taille dusystème commeχγ / νmax∝ L(2.3.6)L’hypothèse d’échelle est par définition vérifiée pour L → ∞ et t → 0. Ils n’existent parcontre pas de théorèmes génér<strong>au</strong>x quant <strong>au</strong> domaine de validité en taille et température. Lavérification expérimentale de l’équation (2.3.4), (2.3.6) et <strong>des</strong> expressions analogues pour les<strong>au</strong>tres variables thermodynamiques, permet de remonter <strong>au</strong>x exposants critiques dans lesexpériences conduites sur les systèmes finis.2.3.2. Comportements pseudo-critiques en coexistence[35]La vérification <strong>des</strong> lois d’échelle dans les systèmes finis est condition nécessaire mais nonsuffisante pour que le système infini correspondant présente un comportement critique. Eneffet nous avons discuté <strong>au</strong>x paragraphes (2.2.3.1), (2.2.3.3) que une transition du premierordre dans un système fini est accompagnée de fluctuations très élevées dans la distributiondu paramètre d’ordre. Si le paramètre d’ordre est libre de fluctuer cette distribution estbimodale, et si le paramètre d’ordre est contraint par une loi de conservation les fluctuations<strong>des</strong> variables corrélées sont anormalement gran<strong>des</strong>.133


100x100x1008x8x8ρ cρ c2Figure 14 : Distribution de la taille <strong>des</strong> amas dans le modèle de gaz sur rése<strong>au</strong> à une densité correspondante àla transition du deuxième ordre (h<strong>au</strong>t) et du premier ordre (bas) dans un rése<strong>au</strong> cubique de dimension linéaireL=8 (droite) et L=100 (g<strong>au</strong>che). Les propriétés d’échelle observées pour le petit système en transition dupremier ordre disparaissent en <strong>au</strong>gmentant la taille du système.Tirée de [36].Etant donnée la connexion (1.3.4),(1.3.5) entre fluctuation et corrélation, il est alors clair quesi le système est suffisamment petit pour que la longueur associée <strong>au</strong>x fluctuations dépasse lataille linéaire du système, le phénomène de coexistence de phase discuté <strong>au</strong> paragraphe (2.2)pourra produire <strong>des</strong> sign<strong>au</strong>x analogues <strong>au</strong>x sign<strong>au</strong>x attendus <strong>au</strong> point critique : une longueurde corrélation qui s’étend sur tout le système, <strong>des</strong> variables thermodynamiques qui saturentavec la température et un comportement d’échelle. Un exemple de ces comportements pseudocritiques est donné par la figure 14, qui montre la fonction d’échelle f obtenue par une ansatzanalogue à l’équation (2.3.4) pour la distribution n de fragments produits en fonction de leurtaille A [37]n(A,t)−τ σ= A f(t,A )(2.3.7)dans le modèle de gaz sur rése<strong>au</strong>. Seulement pour <strong>des</strong> tailles du système de l’ordre de 10 6 ilest possible de se rendre compte que le comportement d’échelle observé à l’intérieur de lazone de coexistence est un effet de taille fini et ne correspond pas à une divergence de lalongueur de corrélation.134


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Le Plasma de Quarks et de GluonsSon<strong>des</strong> prédites et étudiées <strong>au</strong> SPSRaphaël Granier de Cassagnac ∗Laboratoire Leprince-Ringuet & expérience PHENIXSeptembre 2005RésuméLes quarks et les gluons sont habituellement confinés dans les <strong>hadrons</strong>. La chromodynamiquequantique prédit une transition de phase entre la matière nucléaire ordinaireet un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons. Ce nouvel état de la matière est supposé avoirexisté pendant les premières microsecon<strong>des</strong> du big-bang et repose peut-être <strong>au</strong> cœur decertaines étoiles. Les collisions d’ions lourds devraient permettre de le créer et de l’étudieren laboratoire, pour peu que la densité d’énergie atteigne environ 1 GeV/fm 3 . Cefut a priori le cas <strong>au</strong> SPS du CERN. Un premier indice de la formation du <strong>plasma</strong> dequarks et de gluons y a été vu : la suppression anormale du méson J/ψ. D’<strong>au</strong>tres de sessignatures prédites ont été observées depuis (<strong>au</strong>gmentation de l’étrangeté, modification<strong>des</strong> résonances légères, production de photons et de dileptons thermiques et atténuation<strong>des</strong> gerbes.) Dans ce cours, je tâche de dresser une revue de ces observables et de leurspossibles interprétations.AbstractQuarks and gluons are usually confined into <strong>hadrons</strong>. Quantum Chromodynamicspredicts that a phase transition can occur between ordinary nuclear matter and a quarkgluon <strong>plasma</strong>. This new state of matter is believed to have existed during the firstmicroseconds after the big-bang and perhaps to lie in the core of some stars. Heavy ioncollisions should allow us to create and study this <strong>plasma</strong> in our laboratories, if we areable to reach an energy density of 1 GeV/fm 3 . This, was a priori the case at the CERNSPS. A first hint of the quark gluon <strong>plasma</strong> formation was seen, namely the anomaloussuppression of J/ψ mesons. Others of its predicted signatures were observed since then(strangeness enhancement, light mesons modifications, thermal photons and dileptonsproduction and jet quenching.) In this lecture, I try to give a revue of these observablesand of their possible interpretations.∗ Mél : raphael@in2p3.fr.221


TABLE DES MATIÈRESTable <strong>des</strong> matières1 Une prédiction théorique 2232 Les collisions d’ions lourds 2252.1 Panorama expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2252.2 Définitions cinématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2252.3 La centralité : N coll , N part et les <strong>au</strong>tres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2262.4 La densité d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2283 Les signatures prédites pour le <strong>plasma</strong> 2294 L’<strong>au</strong>gmentation de l’étrangeté <strong>au</strong> SPS (et à RHIC) 2314.1 La prédiction théorique et historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2314.2 Les rapports étranges K/π et Λ/π . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2324.3 Un modèle thermique global . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2334.4 Les (anti)baryons étranges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2374.5 Une étrange conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2385 La modification <strong>des</strong> résonances 2396 La suppression du J/ψ <strong>au</strong> SPS (et à RHIC) 2406.1 La prédiction théorique et historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2406.2 NA38 et l’absorption nucléaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2416.3 NA50 et l’absorption anormale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2446.4 Les résultats préliminaires de NA60 et PHENIX . . . . . . . . . . . . . . 2517 Les photons (et les dileptons) thermiques 2558 L’atténuation <strong>des</strong> gerbes 2569 Conclusion 256Glossaire– AGS : Alternating Gradient Synchrotron, à BNL.– BNL : Brookhaven National Laboratory, New-York, États-Unis.– CERN : Laboratoire Européen de Physique <strong>des</strong> Particules, Genève, Suisse.– LHC : Large Hadron Collider, démarrera en 2007 <strong>au</strong> CERN.– NA/WAXX : North/West Area, les expériences du hall nord/ouest du SPS.– PQG : Le Plasma de Quarks et de Gluons tant recherché.– <strong>QCD</strong> : Quantum ChromoDynamics, la théorie de l’interaction forte.– RHIC : Relativistic Heavy Ion Collider, en fonctionnement à BNL.– SPS : Super Proton Synchrotron, <strong>au</strong> CERN.222


1 Une prédiction théoriqueL’interaction forte possède <strong>des</strong> propriétés bien particulières, comme nous l’avons vudans les cours de Patrick Aurenche et d’Olivier Pène. Dans ses aspects les plus élémentaires,elle est décrite par la chromodynamique quantique (<strong>QCD</strong>) qui se caractérise pardeux comportements remarquables :– À basse énergie, la constante α s de couplage de l’interaction devient grande.Sans permettre de le calculer, ce comportement est relié <strong>au</strong> confinement <strong>des</strong>quarks et <strong>des</strong> gluons à l’intérieur <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>. En effet, même si <strong>des</strong> quarks ont étévus à l’intérieur <strong>des</strong> protons – Friedman, Kendall et Taylor reçurent le prix Nobelen 1990 pour cela – personne n’a jamais observé de quarks légers 1 libres.– À h<strong>au</strong>te énergie en revanche, les calculs de renormalisation et les mesures d’expériencestelles que H1, ZEUS, CDF, D0 s’accordent et montrent que α s est faible.Ce comportement, appelé la liberté asymptotique, a valu leur prix Nobel àGross, Polizer et Wilczek en 2004.Ce second comportement a mené à la prédiction de l’existence d’un <strong>plasma</strong> de quarkset de gluons (PQG.) L’idée est que si l’on parvient à ch<strong>au</strong>ffer ou à comprimer la matièrenucléaire suffisamment pour que le milieu produit soit intégralement dans un régimeoù α s est petite, les nucléons perdent leur identité et les quarks et les gluons évoluentlibrement. Quantitativement, <strong>des</strong> calculs de <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> prédisent ce comportement.La figure 1 montre le résultat d’un de ces calculs, sans doute le plus populaire [1].En ordonnée, la densité d’énergie (divisée par la température à la puissance quatrième)semble être un paramètre d’ordre. En abscisse, la température est ramenée àune température critique T c à laquelle s’opère la brusque variation de densité d’énergie.La matière nucléaire subirait alors une transition de phase 2 – Francesca Gulminelli nousa enseigné de qu’elles sont lors de cette école – entre <strong>des</strong> matières confinée (hadronique)et déconfinée (partonique.) Dans le calcul suscité, la transition de phase a lieu pour :ɛ c = 0,7 ± 0,3 GeV/fm 3 et T c ∼ 170 MeV, (1)soit à une température d’environ 10 13 K, supérieure de cinq ordres de grandeur à celledu soleil (10 8 K.)Dès lors, nous pouvons nous demander où et quand trouver les conditions extrêmesrequises pour former le <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons. La réponse est triple.– Pendant les premières microsecon<strong>des</strong> du big bang. En effet, les équationscommunément admises pour l’évolution de l’univers prédisent qu’il était un <strong>plasma</strong>de quarks et de gluons d’une dizaine de kilomètres, lorsqu’il subit soudain, une dizainede microsecon<strong>des</strong> après sa naissance, une transition de phase vers l’univershadronique qui nous est <strong>au</strong>jourd’hui familier. Cet événement pourrait avoir <strong>des</strong>1. Le quark top dont la masse (175 GeV/c 2 ) est grande devant l’échelle de l’interaction faible sedésintègre avant d’avoir formé <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>.2. Son ordre est mal connu, même si la mode est à une transition de type crossover.223


1 UNE PRÉDICTION THÉORIQUEFig. 1 – Prédiction d’une transition de phase entre matières confinée et déconfinée [1].conséquences détectables dans notre univers visible (voir par exemple la revue deDominik Schwarz [2]), en particulier sur les abondances <strong>des</strong> éléments légers (nucléosynthèseprimordiale) ou l’existence de reliques exotiques (boules de glue oupépites de quarks étranges) qui pourraient contribuer à la matière noire. Pourl’instant, <strong>au</strong>cun de ces indices n’a été observé, si bien que cosmologie et chromodynamiquerestent <strong>des</strong> sciences plutôt étrangères. Espérons que cela change avecles progrès récents et fulgurants <strong>des</strong> deux disciplines.– Au cœur <strong>des</strong> étoiles les plus denses. Une poignée d’étoiles candidates existent,en particulier RX J156.5-3754 qui se trouve à 120 pc de nous, ne mesure que cinqou six kilomètres et nous envoie un remarquable spectre de corps noir. Cela dit,la signature d’une étoile à quarks n’est pas évidente, comme vous pourrez vous enrendre compte en lisant un article récent [3] plein de références pour commencerà hésiter entre <strong>des</strong> étoiles certes dénudées, mais à quarks ou à neutrons?– Lors de collisions de noy<strong>au</strong>x lourds. C’est là l’outil que nous avons à notredisposition pour espérer créer le PQG dans nos laboratoires, même si son existencey sera brève (typiquement le temps qu’il f<strong>au</strong>t à la lumière pour traverser un noy<strong>au</strong>,soit 10 −23 seconde.) Notons que même si les machines modernes déshabillent entièrementles atomes utilisés, on préfère le terme d’ions lourds à celui de noy<strong>au</strong>xlourds.224


2 Les collisions d’ions lourdsLes collisions d’ions lourds donc, sont l’indispensable outil pour l’étude du <strong>plasma</strong>de quarks et de gluons.2.1 Panorama expérimentalNous avons vu (équation 1) que le PQG était théoriquement créé pour <strong>des</strong> densitésd’énergie supérieures à 1 GeV/fm 3 . Quatre accélérateurs, résumés dans le table<strong>au</strong> 1ont théoriquement permis de dépasser cette valeur. L’AGS (Alternating Gradient Synchrotron)du Laboratoire National américain de Brookhaven (BNL, New-York) n’a paspermis de conclure à la formation du PQG. Le SPS (Super Proton Synchrotron) duLaboratoire Européen de Physique <strong>des</strong> Particules (CERN, Genève) a fourni <strong>des</strong> indicesforts de la création du PQG, amenant la direction à publier, le 10 février 2000, un communiquéde presse annonçant « un nouvel état de la matière créé <strong>au</strong> CERN. » Le proposde ce cours est d’étudier le PQG par ses signatures prédites qui rencontrèrent un certainsuccès <strong>au</strong> SPS.Aujourd’hui, la balle est revenue dans l’état de New-York, avec le RHIC (RelativisticHeavy Ion Collider), qui fait un bond d’un facteur dix en énergie disponible dans leréférentiel du centre de masse. Le cours de Christelle Roy traite <strong>des</strong> découvertes faites<strong>au</strong>près de cette machine, à l’exception du devenir <strong>des</strong> son<strong>des</strong> qui fournirent <strong>des</strong> résultatstrès marquants <strong>au</strong> SPS et qui sont traitées ici, dans la continuité. L’avenir de la disciplinese situe <strong>au</strong> LHC (Large Hadron Collider) de retour <strong>au</strong> CERN avec une montée enénergie d’un facteur presque trente. Pascal Dupieux nous raconte dans son cours ce àquoi s’attendent les physiciens du LHC et comment ils s’y sont préparés. Il est le seula évoqué la problématique expérimentale de la détection de la multitude de particulesémises lors <strong>des</strong> collisions d’ions lourds.√Machine Lieu Mode Année Ions lourds sNN (GeV) ɛ (GeV/fm 3 )AGS BNL Cible fixe 1992 Au+Au 4,8 ∼ 1,5SPS CERN Cible fixe 1994 Pb+Pb 17,3 ∼ 3,5RHIC BNL Collisions 2001 Au+Au 200 ∼ 5,5LHC CERN Collisions >2007 Pb+Pb 5 500 ∼ 10Tab. 1 – Petite histoire <strong>des</strong> collisions d’ions lourds. Pour chaque machine sont indiquésles ions les plus lourds accélérés et les années correspondantes. La densité d’énergie estcalculée (prédite pour le LHC) avec la formule (6) de Bjorken pour τ 0 = 1 fm/c.2.2 Définitions cinématiquesAvant de nous lancer dans l’étude <strong>des</strong> collisions d’ions lourds, quelques définitions<strong>des</strong> variables cinématiques communément utilisées peuvent s’avérer utiles. Le termelongitudinal désignera naturellement l’axe z <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x.225


2 LES COLLISIONS D’IONS LOURDS– La rapidité y a le mérite d’être additive en relativité restreinte et est reliée à lavitesse longitudinale β l = v l /c, ou à l’énergie E et à l’impulsion longitudinale p zpar :y = 1 2 ln 1 + β l1 − β l= 1 2 ln E + p zE − p z. (2)– La pseudo-rapidité η est une variable plus expérimentale car ne dépendantque de l’angle θ avec l’axe <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x. Elle se confond avec la rapidité lorsquel’impulsion est grande devant la masse de la particule.η = − ln tan θ 2 . (3)– L’impulsion transverse p T est la composante de l’impulsion perpendiculaireà l’axe <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x. Son intérêt réside dans le fait qu’elle ne peut précisémentpas provenir <strong>des</strong> impulsions initiales <strong>des</strong> partons, mais uniquement de l’interactionelle-même. On s’intéresse également à la masse transverse m T d’une particulede masse m :m 2 T = m 2 + p 2 T avec p 2 T = p 2 x + p 2 y. (4)– L’énergie transverse E T est l’énergie pondérée par la transversalité. Elle seconfond avec l’impulsion transverse lorsque l’impulsion est grande devant la massede la particule :E T = E sin θ. (5)2.3 La centralité : N coll , N part et les <strong>au</strong>tresPour espérer estimer la densité d’énergie, il est crucial de caractériser la violenced’une collision d’ions lourds. Plusieurs variables en rendent compte :– Le paramètre d’impact b est la distance transverse entre les deux centres <strong>des</strong>noy<strong>au</strong>x impliqués, comme l’illustre la figure 2 de g<strong>au</strong>che.– Le nombre N part (ou N wound ) de nucléons dits « participants » qui subissent<strong>au</strong> moins une collision. L’ensemble de ces participants répartissent leur énergiedans tout l’angle solide. Naïvement, ce sont les nucléons contenues dans la zone derecouvrement <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x (<strong>au</strong> cœur de la figure 2 centrale.)– Le nombre N coll (ou N bin ) de collisions binaires qui ont lieu lors de la collision.Un nucléon participant peut participer à plusieurs collisions.– Le nombre de nucléons dits « spectateurs » qui ne participent pas à lacollision (ceux qui s’en sortent sur la figure 2 de droite.)Expérimentalement, nous n’avons accès à <strong>au</strong>cune de ces variables, mais plutôt <strong>au</strong>nombre de particules chargées émises, ou à l’énergie déposée dans <strong>des</strong> calorimètres àzéro degré (dans l’axe <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x.) Pour relier les unes <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres, nous utilisons lemodèle de Gl<strong>au</strong>ber 3 [4].3. Il s’agit bien du l<strong>au</strong>réat du prix Nobel 2005, mais il n’a pas reçu son prix pour avoir modélisé lescollisions d’ions lourds.226


2.3 La centralité : N coll , N part et les <strong>au</strong>tresFig. 2 – Vues naïves d’une collision d’ions lourds, dans le référentiel du centre de masse.Il s’agit d’un modèle géométrique simple qui suppose que la trajectoire d’un nucléonest rectiligne et parallèle à la direction du faisce<strong>au</strong>. Connaissant le profil de densité <strong>des</strong>nucléons dans les noy<strong>au</strong>x 4 et la section efficace totale d’interaction inélastique nucléonnucléon(de l’ordre de 30 mb dépendant légèrement de l’énergie de collision), il permetde calculer N part et N coll .En faisant correspondre <strong>des</strong> plages de paramètres d’impact avec <strong>des</strong> plages d’unemesure expérimentale de la centralité, il est alors possible d’estimer les nombres moyensde collisions ou de participants correspondants.Les figures 3 montrent un exemple parmi d’<strong>au</strong>tres de cette procédure. Elles présentent,dans le cas <strong>des</strong> collisions indium-indium observées par l’expérience NA60, lacorrespondance entre énergies déposées dans un calorimètre à zéro degré et nombres departicipants.Remarque importante : N part et N coll revêtent une importance particulière car laproduction de certaines particules s’avère être proportionnelle à l’une ou l’<strong>au</strong>tre de cesvariables. Nous retiendrons que :– Les processus dits « mous » (de basse énergie) sont fréquents et proportionnels àl’énergie totale injectée dans la collisions, c’est-à-dire à N part .– Les processus dits « durs » (de grande énergie) sont rares et ont une certaineprobabilité d’arriver à chaque collision, la production totale étant proportionnelleà N coll .4. Nous pouvons par exemple prendre <strong>des</strong> distributions de Woods-Saxon ρ(r) = ρ 0 /(1 + exp r−Ra) oùρ 0 = 0,17/fm 3 est la densité nucléaire normale, R et a sont le rayon et l’épaisseur du noy<strong>au</strong> considéré.227


2 LES COLLISIONS D’IONS LOURDSFig. 3 – À g<strong>au</strong>che : distribution de l’énergie à zéro degré (E ZDC) lors de collisionsindium-indium observées par l’expérience NA60. À droite : distribution du nombre departicipants, pour <strong>des</strong> tranches d’E ZDC d’un TeV de large. Les grands nombres de participantscorrespondent <strong>au</strong>x petites E ZDC .2.4 La densité d’énergieReste à mesurer expérimentalement la densité d’énergie pour estimer si nous sommesen <strong>des</strong>sus ou en <strong>des</strong>sous du GeV/fm 3 avancé pour l’apparition du PQG. En 1983, Bjorkenpropose la méthode qui est <strong>au</strong>jourd’hui utilisée [5]. Dans <strong>des</strong> collisions ultrarelativistes,les ions subissent une contraction de Lorentz qui les fait apparaître plats comme <strong>des</strong>crêpes dans notre référentiel. Ils déposent derrière eux leur énergie cinétique, ce quiconstituera l’état initial du milieu formé. Ce milieu s’étend très rapidement longitudinalementavec l’éloignement <strong>des</strong> ions en interaction. Bjorken montre que la densitéd’énergie déposée <strong>au</strong> bout d’un temps τ 0 donné est proportionnelle à l’énergie transversepar unité de rapidité mesurée à rapidité nulle :ɛ = 1 × dE T∣ (6)A T τ 0 dy y=0où A T est la surface sur laquelle est déposée l’énergie, c’est-à-dire la surface transversede recouvrement <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x (πR 2 lors de collisions parfaitement centrales.)Quelle valeur de τ 0 utiliser ? Dans l’article original, Bjorken l’interprète comme letemps <strong>au</strong>quel les conditions initiales de l’évolution hydrodynamique sont établies etil propose l’ordre de grandeur de 1 fm/c. C’est la valeur communément admise (enparticulier dans le table<strong>au</strong> 1.) Néanmoins, remarquons que, dans le modèle de Bjorken,les ions sont infiniment plats et se croisent donc instantanément, à un temps qui fondel’origine de la collision. Expérimentalement, les ions ne sont pas infiniment contractéset mettent 2R/γ soit 5,4 1,5 0,13 et 0,05 fm/c à se dépasser à l’AGS, <strong>au</strong> SPS, à RHICet <strong>au</strong> LHC respectivement. Il paraît alors curieux d’utiliser 1 fm/c <strong>au</strong> SPS et surtoutà l’AGS. C’est pourtant ce qui est fait dans le table<strong>au</strong> 1 et nous constatons que lesdensités d’énergie obtenues dépassent la valeur fatidique de 1 GeV/fm 3 . Ces valeurs sont228


à considérer avec préc<strong>au</strong>tion. La formule de Bjorken est surtout utile pour comparer,à une énergie donnée donc à τ 0 fixé, différentes collisions et centralités, <strong>au</strong> travers <strong>des</strong>variations de la surface et de l’énergie transverse.Les curieux trouveront une discussion intéressante de l’utilisation de la formule deBjorken et de la détermination <strong>des</strong> temps de croisement <strong>des</strong> ions, de formation <strong>des</strong>quarks et de thermalisation du milieu <strong>au</strong>x énergie du RHIC dans le White Paper dePHENIX [6].Dans le cas du SPS qui nous intéresse particulièrement dans ce cours, même si nousajoutons le temps de croisement, nous obtenons une borne inférieure de la densité d’énergiede 3,5/2,6 = 1,3 GeV/fm 3 qui reste supérieure à la prédiction de <strong>QCD</strong>. Les conditionssemblent donc réunies pour que le PQG ait été créé <strong>au</strong> SPS. Il reste à chercher un moyende le vérifier, une signature de son éphémère apparition.3 Les signatures prédites pour le <strong>plasma</strong>Comment être sûr que le <strong>plasma</strong> a été créé? La démarche scientifique est la suivante :1. Une prédiction théorique est énoncée et une observable expérimentale proposée.2. L’observable doit être mesurée lors de collisions proton-proton, pour connaître sonélémentaire référence (par exemple, une section efficace de production.)3. L’observable doit être mesurée lors de collisions proton-noy<strong>au</strong>, si possible en variantles noy<strong>au</strong>x utilisés pour estimer les effets de la matière nucléaire ordinaire (parexemple, une section efficace d’absorption.)4. Ces deux références établies, nous pouvons nous tourner vers les collisions noy<strong>au</strong>noy<strong>au</strong>pour lesquelles nous attendons le PQG de pieds fermes, et voir si l’observabley est sensiblement modifiée.5. Si une déviation est observée, nous devons vérifier qu’<strong>au</strong>cun modèle ne faisantintervenir que <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> (et pas de PQG) ne permet de la reproduire.6. Il se produit généralement <strong>des</strong> allers-retours entre les points 4 et 5 pendant lesquelsles théoriciens raffinent leurs modèles et les expérimentateurs varient leursobservations en changeant les ions et les énergies étudiés, ainsi que les variablescinématiques considérées (rapidité, impulsion transverse, etc.)7. Lorsque le point 5 est assuré, il ne reste alors plus comme explication que le <strong>plasma</strong>de quarks et de gluons.Avant de passer à l’expérience, il nous reste à énoncer les signatures théoriquementprédites. Helmut Satz écrit dans une revue critique sur la recherche du <strong>plasma</strong> de quarkset de gluons [7] :There was a general feeling that if the quark-gluon <strong>plasma</strong> was indeed produced,it would manifest itself in a variety of unknown but dramatic ways,including... the end of the world !De fait, <strong>des</strong> articles sérieux [8] ont envisagé, avant le démarrage du RHIC, <strong>des</strong> scénarioscatastrophes tels que production de trous noirs mangeurs de matière, basculement229


3 LES SIGNATURES PRÉDITES POUR LE P<strong>LA</strong>SMAvers un nouve<strong>au</strong> vide électro-faible ou production de dangereux strangelets plus stablesque nos bons vieux noy<strong>au</strong>x. Heureusement, les <strong>au</strong>teurs les ont écartés avec l’argumentessentiel que les rayons cosmiques de très h<strong>au</strong>te énergie <strong>au</strong>raient déjà dû déclencher cescatastrophes si elles étaient probables. Nous sommes bien peu de choses...Ces terribles preuves du PQG écartées, voici une liste (non exh<strong>au</strong>stive mais presque)<strong>des</strong> signatures prédites <strong>au</strong> début <strong>des</strong> années 80 et de leur référence fondatrice. Nous netraitons que celles qui ont donné <strong>des</strong> résultats significatifs <strong>au</strong> SPS (dans ce cours) et/ou<strong>au</strong> RHIC (dans le cours de Christelle Roy.)1. La production thermique et l’<strong>au</strong>gmentation de l’étrangeté [9, 10] est traitée endétail <strong>au</strong> chapitre 4.2. La production du PQG est censée s’accompagner d’une rest<strong>au</strong>ration de la symétriechirale susceptible de modifier les mésons légers de courte durée de vie [11, 12].Un intéressant résultat préliminaire concernant la largeur du méson ρ <strong>au</strong> SPS estmontré <strong>au</strong> chapitre 5.3. Le milieu déconfiné produit pourrait être susceptible de fondre les quarkonia, enparticulier le J/ψ, par écrantage de couleur [13]. Le J/ψ étant en effet fortementsupprimé <strong>au</strong> SPS, j’en donne une <strong>des</strong>cription détaillée <strong>au</strong> chapitre 6, ainsi qu’unaperçu <strong>des</strong> mesures préliminaires effectuées <strong>au</strong> RHIC.4. La température initiale du milieu produit devrait être mesurable par l’observationde photons [14] ou de di-leptons [15], dits thermiques. De légers sign<strong>au</strong>x observés<strong>au</strong> SPS seront mentionnés <strong>au</strong> chapitre 7.5. La matière dense et colorée que constitue le <strong>plasma</strong> pourrait ralentir les partonsproduits et atténuer les gerbes de particules [16]. Cette signature, le populaire jetquenching, est marquante <strong>au</strong>x énergies du RHIC. Elle est décrite en détail dans lecours de Christelle Roy. Au chapitre 8, je ne ferai que dire en deux paragraphesqu’elle a également été aperçue <strong>au</strong> SPS.6. L’expansion du milieu ch<strong>au</strong>d serait mesurable par l’élargissement et les anisotropiesazimuthales du spectre de moment transverse [17]. Ces questions de flot (flow) sontévoquées dans le cours de Christelle Roy.7. La taille et l’âge de la source <strong>au</strong> moment du gel (transition de phases inverse) devraitêtre accessibles par la mesure d’interférométrie Handbury-Brow-Twiss fondéesur les corrélations à deux particules [18]. Une <strong>au</strong>gmentation de la taille traduiraitune <strong>au</strong>gmentation de la densité initiale et de l’expansion du milieu. Cet effet n’estpas traité dans nos cours.8. La formation de matière baryonique étrange, les strangelets, a également été considérée[19], mais <strong>au</strong>cun événements n’a été vu à ce jour.9. ...Devant la multitude <strong>des</strong> signatures envisagées, un programme de recherche du PQGse doit de diversifier ses expériences et ses détecteurs pour être capable d’en aborderle plus possible. Le table<strong>au</strong> 2 dresse la liste <strong>des</strong> expériences dédiées à l’étude du PQGqui ont vu le jour <strong>au</strong>près du SPS <strong>au</strong> CERN. Le programme a duré de 1986 à 2004.Certaines expériences produisent encore <strong>des</strong> résultats (NA49, CERES, NA57 et NA60 àla conférence Quark Matter 2005 par exemple.)230


Expériences Observables SignaturesNA34/HELIOS2 Hadrons Spectre <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>HELIOS3 Dimuons Modification <strong>des</strong> mésons légersNA35/49 Hadrons chargés Spectre <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>, corrélations, flotHadrons étranges Abondances, étrangetéNA36 Hadrons étranges Production d’étrangetéNA44 Pions et kaons Interférométrie HBT, spectreNA45/CERES Di-électrons Modification <strong>des</strong> mésons légersHadrons chargés CorrélationsNA38/50/51/60 Dimuons Suppression <strong>des</strong> quarkonia (J/ψ, ψ ′ )Modification <strong>des</strong> mésons légersNA52 Noy<strong>au</strong>x de bas Z/A StrangeletsWA80/93/98 Photons Photons thermiques, spectre de π 0 , flotWA85/94/97, NA57 Hypérons Augmentation de l’étrangetéTab. 2 – Expériences dédiées à l’étude du PQG <strong>au</strong>près du SPS du CERN.4 L’<strong>au</strong>gmentation de l’étrangeté <strong>au</strong> SPS (et à RHIC)Dès l’AGS, nous observons une <strong>au</strong>gmentation de la production d’étrangeté dansles collisions ion-ion par rapport <strong>au</strong>x collisions proton-proton. Il s’agit là d’une <strong>des</strong>signatures prédites du PQG. Mais nous allons voir que son interprétation n’est pastriviale et qu’elle illustre bien toute la difficulté de se convaincre de la formation duPQG.4.1 La prédiction théorique et historiqueEn 1982, Rafelski et Müller [9] remarquent que l’étrangeté (quarks étranges et antiétranges)devrait être plus aisément créée dans un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons quedans un gaz hadronique.Les quarks étranges sont les plus légers après les ups et les downs qui sont présentsdans notre matière et donc <strong>au</strong>x conditions initiales de la collision. Ils doivent être produitspar paire ss. Dans un gaz de <strong>hadrons</strong>, le seuil pour les produire est élevé (530 MeVpour la première réaction π + N → Λ + K.) Dans le PQG, ce seuil <strong>des</strong>cend <strong>au</strong> doublede la masse <strong>des</strong> quarks étranges nus, soit moins de 300 MeV. De plus, les paires sspeuvent y être créées par fusion de gluons (gg → ss) dont la section efficace est plusélevée qu’une section efficace hadronique. La formation de paires ss est ainsi favoriséedans un PQG.Plus quantitativement, Rafelski et Müller estiment à l’aide <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x <strong>des</strong> réactionsgg → ss (dominante) et uu, dd → ss, que l’abondance <strong>des</strong> quarks étranges atteintsa limite d’équilibre thermique en un temps de l’ordre de grandeur de la durée de viedu <strong>plasma</strong>. Par exemple, <strong>au</strong> bout de 2.10 −23 s, à une température de 160 MeV, laconcentration <strong>des</strong> quarks étranges devrait valoir 75% de la concentration d’équilibre.Autrement dit, dans un PQG, les quarks étranges devraient être thermalisés.231


4 L’AUGMENTATION DE L’ÉTRANGETÉ AU SPS (ET À RHIC)En revanche, dans un gaz de <strong>hadrons</strong>, l’équilibre est loin d’être atteint, comme lemontrent <strong>des</strong> calculs détaillés par les mêmes <strong>au</strong>teurs (plus Koch) [10]. La productiond’objets multi-étranges est particulièrement défavorisée car elle demande soit <strong>des</strong> réactions<strong>au</strong>x seuils très élevés (par exemple ππ → ΩΩ qui demande quelques 3 GeV) soit<strong>des</strong> réactions successives qui n’ont que peu de chances d’arriver dans le temps pendantlequel le gaz de <strong>hadrons</strong> est en interaction. À une température de 160 MeV et <strong>au</strong> boutde 10 −22 s d’interaction, les Ξ (deux quark étranges) et le Ω − (trois quarks étranges)seraient respectivement à moins de 1/10 et de 1/100 de leur concentration d’équilibre.En revanche, dans le PQG, la production <strong>des</strong> objets multi-étranges se fera par recombinaison<strong>des</strong> quarks présents dans le milieu et ne dépendra que de la (forte) concentrationen quark ss.Sans épiloguer sur les prédictions théoriques, intéressons-nous <strong>au</strong>x mesures d’étrangetédans les collisions d’ions lourds.4.2 Les rapports étranges K/π et Λ/πLa première <strong>des</strong> observables que nous pouvons regarder est l’évolution du rapportd’une particule étrange sur une particule dénuée d’étrangeté, en fonction de la densitéd’énergie. Les plus légères à notre disposition sont les kaons et les pions. La figure 4 deg<strong>au</strong>che montre le rapport K + (us)/π + (ud) en collisions proton-proton et noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong>pour différentes énergies. La figure de droite montre les mêmes dépendances pour lerapport Λ(uds)/π. Mettons nous un instant à la place <strong>des</strong> physiciens de l’AGS, à uneépoque où on ignorait les résultats de plus h<strong>au</strong>tes énergies. Nous constatons une montéeviolente du rapport K + /π + donc de l’étrangeté. Devons nous en conclure que le PQGvient d’être découvert?Fig. 4 – Rapport K + /π + (g<strong>au</strong>che) et Λ/π (droite) en fonction de √ s NN en GeV pour<strong>des</strong> collisions proton-proton (cercles) et noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong> (<strong>au</strong>tres symboles.)232


4.3 Un modèle thermique globalL’histoire montre que nous <strong>au</strong>rions tord. Plusieurs observations montrent que lasurproduction de K + et de Λ n’est pas qu’une affaire d’étrangeté 5 :– Le rapport K − (us)/π − (ud) montre une <strong>au</strong>gmentation bien moins importante.– De même, les baryons (comme le Λ de la figure 4 de droite mais <strong>au</strong>ssi les Ξ et les Ω)sont be<strong>au</strong>coup plus produits que leurs antiparticules (Λ, Ξ et Ω.) Ces deux pointssuggèrent qu’il ne s’agit pas juste d’une question d’étrangeté puisque quarks s etantiquarks s sont nécessairement produits en quantités égales.– L’expérience NA49 <strong>au</strong> CERN a mesuré pour quatre énergies de faisce<strong>au</strong>x (correspondantà √ s NN =7,6 8,8 12,3 et 158 AGeV) la distribution en rapidité <strong>des</strong>hypérons Λ. Il apparaît que plus l’énergie <strong>au</strong>gmente, plus les hypérons se retrouventvers l’avant.– Le rapport K − /K + est corrélé <strong>au</strong> rapport p/p, quelle que soit l’énergie ou larapidité explorée.La conclusion de ces observations est que la conservation du nombre baryoniqueinitial (apporté par les protons et les neutrons <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x) joue un rôle crucial dansla production de particules étranges. Les Λ(uds) et mêmes les K + (us) sont davantageproduits que leurs antiparticules (<strong>au</strong> moins) car elles contiennent simplement <strong>des</strong> quarksu et d.Un mot de la corne : La figure 4 de g<strong>au</strong>che présente une allure en forme de corne quifait couler be<strong>au</strong>coup d’encre. De nombreuses interprétations circulent sur le marché, allantdu simple mimétisme du nombre baryonique à la preuve de l’apparition du PQG [21]en passant par <strong>des</strong> transitions de gaz de <strong>hadrons</strong> baryonique vers mésonique [22] ou <strong>des</strong>modèles thermiques hors d’équilibre [23], et sans doute d’<strong>au</strong>tres. Loin de moi l’idée detrancher entre ces modèles. Retenons simplement devant leur variété que cette fameusecorne ne s<strong>au</strong>rait pour l’instant constituer une preuve de la formation du PQG.Nous retiendrons également que la production d’étrangeté doit nécessairement êtretraitée en même temps que la conservation du nombre baryonique, ce qui est fait dansla section suivante.4.3 Un modèle thermique globalIl s’agit ici de considérer les abondances de toutes les particules émises lors <strong>des</strong> collisionsd’ions lourds. La figure 5 montre en ordonnée les abondances de quatorze espècesde particules mesurées par l’expérience NA49 <strong>au</strong> SPS, depuis les pions, jusqu’à l’antibaryontriplement étrange Ω + . En abscisse sont portées ces mêmes abondances, tellesqu’elles sont produites par un modèle thermodynamique simple [24]. Nous constatonsque le modèle décrit très bien les données 6 comme l’illustre la figure du bas qui porte en5. Les figurent étayant les affirmations suivantes furent montrées dans le cours oral et peuvent êtretrouvées ainsi que les références correspondantes dans une excellente revue sur l’étrangeté d’HelenCaines [20].6. À l’exception du Λ(1520), une résonance susceptible d’être affectée par le fait qu’elle se désintègreavant de sortir du milieu.233


4 L’AUGMENTATION DE L’ÉTRANGETÉ AU SPS (ET À RHIC)fonction de l’espèce, la différence <strong>des</strong> mesures <strong>au</strong>x prédictions, assortie <strong>des</strong> erreurs surles mesures.Fig. 5 – Ajustement <strong>des</strong> abondances observées à √ s NNNA49 [24].= 17,3 GeV par l’expérienceCe modèle donne un traitement statistique <strong>des</strong> abondances. La multiplicité d’uneparticule primaire j de masse m j et de spin J j v<strong>au</strong>t :< n j >= V × 2J ∫j + 1d 3 p(7)(2π 3 ) e√p 2 +m 2 j /T −⃗µ. ⃗q j/T ± 1où le + et le − s’appliquent respectivement <strong>au</strong>x fermions et <strong>au</strong>x bosons et où ⃗q j est unvecteur de charges conservées sur lesquelles sont imposées <strong>des</strong> contraintes par l’intermédiaired’un vecteur <strong>des</strong> potentiels chimiques ⃗µ. Les charges conservées par l’interaction234


4.3 Un modèle thermique globalforte sont la charge électrique Q, le nombre baryonique B, et les contenus en quarks s, c,b et t. Ces quarks étant initialement absents, il n’est pas nécessaire de les considérés. Enrevanche, comme nous l’avons vu dans la section précédente, la conservation du nombrebaryonique joue un rôle crucial et un potentiel baryonique µ B doit être introduit. Laconservation de la charge électrique joue bien entendu un rôle mais puisque la chargeinitiale est directement liée <strong>au</strong> nombre baryonique, son potentiel l’est également et les<strong>au</strong>teurs prennent (µ Q = µ B × A/Z.) Les paramètres libres de ce modèle sont donc <strong>au</strong>nombre de trois :– Le volume V traduit le volume sur lequel se fait l’équilibre chimique (d’<strong>au</strong>tresversions de ce modèle préfèrent ajuster <strong>des</strong> rapports d’abondance pour s’affranchirde ce paramètre.)– La température T à laquelle se fixe les abondances.– Le potentiel baryonique µ B qui rend compte du nombre de baryons qui restent dansle volume (il est à noter que ce dernier dépend de la zone en rapidité considérée.)Le modèle consiste en un ajustement simultané de ces paramètres pour reproduire lesabondances observées, sans oublier de tenir compte du fait que certaines <strong>des</strong> particulesproduites (selon l’équation 7) se désintègrent et viennent nourrir d’<strong>au</strong>tres abondancesexpérimentales. Tel quel, cet ajustement ne fonctionne pas sur les données de NA49 <strong>au</strong>SPS (ni sur celles de l’AGS, ni sur les données les plus centrales du RHIC.) En revanche,il suffit, pour obtenir les résultats exposés sur la figure, de modifier l’équation (7) ainsi :e −⃗µ. ⃗q j/T→γ S s × e −⃗µ. ⃗q j/T(8)où γ s est un nouve<strong>au</strong> paramètre à ajuster et S est le nombre de quarks étrangeset anti-étrange (s + s) dans la particule considérée. L’adjonction de ce seul paramètrepermet d’ajuster <strong>des</strong> abondances de particules <strong>au</strong>x nombres variés de s et de s : K, φ, Λ,Λ, Ξ, Ξ, Ω et Ω. La nécessité d’introduire le facteur γ s suggère que les quarks étrangesne sont pas arrivés à saturation thermodynamique.À l’exception du volume – ils obtiennent en l’occurrence (9,4 fm) 3 – les valeursobtenues pour les paramètres sont données sur la figure. Nous allons maintenant voircomment ces paramètres évoluent quand l’exercice est répété à d’<strong>au</strong>tres énergies 7 .– La température de gel chimique T sature à environ 170 MeV, ce qui est prochede la valeur prédite pour la transition de phase (souvenez-vous de l’équation (1)p. 223). Devons-nous en déduire qu’il y a bien eu transition de phase et que nousvenons de mesurer et confirmer la valeur de la température critique? Force est decroire que non, puisque <strong>des</strong> ajustements similaires (bien qu’utilisant l’ensemble canonique)sur de nombreuses abondances mesurées lors de collisions proton-proton[25] (et même électron-positron) fonctionnent et donnent la même température.Cette dernière rendrait donc compte d’un processus universel d’hadronisation, plutôtque de la création d’un milieu à l’équilibre. Il semble qu’on ne puisse tirer deconclusions fortes liées à l’existence du PQG de cette température.7. Le plan (T,µ B ) est abondamment visité dans la littérature. Vous en trouverez en particulier unereprésentation dans l’introduction du cours de Christelle Roy.235


4 L’AUGMENTATION DE L’ÉTRANGETÉ AU SPS (ET À RHIC)– Le potentiel baryonique µ B diminue. Plus l’énergie <strong>des</strong> collisions élémentairesest violente, plus les baryons initi<strong>au</strong>x se retrouvent vers l’avant et le milieu créén’en est pas affecté.– Le facteur de (sous)saturation de l’étrangeté γ s monte et atteint l’unité,en particulier <strong>au</strong> RHIC où l’expérience STAR a pratiqué cette analyse en fonctionde la centralité (voir l’encart de la figure 6, ainsi que la thèse de MagaliEstienne [26] pour une analyse détaillée.) Ainsi, dans les collisions les plus centrales<strong>au</strong> RHIC, l’équilibre de l’étrangeté semble enfin pouvoir être atteint. AuSPS, à énergie constante, γ s <strong>au</strong>gmente également avec la centralité en collisionsplomb-plomb. Mais le comportement n’est pas monotone si on considère <strong>des</strong> ionsplus légers [27]. Pour les données proton-proton, γ s ∼ 0,5.Fig. 6 – Ajustement <strong>des</strong> rapports d’abondances observées dans les collisions centralesor-or à √ s NN = 200 GeV par l’expérience STAR [28]. Les valeurs obtenues sont T =165 ± 10 MeV, µ B = 24 ± 4 MeV et γ s = 0,99 ± 0,07. En encart : les valeurs obtenuespour γ s en fonction de la centralité, traduite ici en nombre de participants.Les calculs de Rafelski et Müller nous indiquaient que l’équilibre de l’étrangeté (γ s =1) n’était pas accessible dans un gaz de <strong>hadrons</strong>. Si nous croyons à cette affirmation, lefait que γ s sature à 100% constitue peut-être un indice de la création du PQG, mais ilme semble difficile de conclure sans une compréhension profonde de la signification <strong>des</strong>236


4.4 Les (anti)baryons étrangesajustements thermodynamiques, et une explication pour la non-monotonie de γ s dansles systèmes légers.D’<strong>au</strong>tres modèles : Par souci de clarté, je n’ai exposé ici qu’un seul <strong>des</strong> modèlesstatistiques existant sur le marché. Par souci de complétude, je me dois de signaler qu’ilen existe d’<strong>au</strong>tres (voir [24, 26] pour trouver <strong>des</strong> listes de références.) J’ai choisi celui-cipour sa simplicité, c’est-à-dire la petitesse du nombre de paramètres ajustés. D’<strong>au</strong>tresintroduisent <strong>des</strong> potentiels chimiques pour l’étrangeté µ s , <strong>des</strong> paramètres de saturationγ pour tous les quarks pour donner un traitement hors équilibre de l’ensemble.4.4 Les (anti)baryons étrangesParmi les particules étranges, les baryons et les antibaryons sont particulièrementintéressants. La différence <strong>des</strong> productions entre QGP et gaz hadronique est d’<strong>au</strong>tantplus marquée que la particule contient <strong>des</strong> quarks étranges et <strong>des</strong> anti-quarks en général,les différences de seuils de création étant de plus en plus élevés.La figure 7 montre les t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> baryons et <strong>des</strong> anti-baryons étranges àl’énergie la plus élevée atteinte <strong>au</strong> SPS ( √ s NN = 17,3 GeV), dans les collisions plombplombnormalisées <strong>au</strong>x collisions proton-béryllium. Nous y constatons bien l’effet graduelattendu, avec un facteur d’<strong>au</strong>gmentation jusqu’à vingt pour les Ω. Est-ce là la preuvede l’apparition du PQG?Il semble que non. Le Dual Parton Model est capable de reproduire cette <strong>au</strong>gmentationsans faire appelle à une phase de <strong>plasma</strong> [29], mais en produisant les baryonsmulti-étranges par interactions hadroniques dans l’état final (π + N → K + Λ ou Σ,π + Λ ou Σ → K + Ξ et π + Ξ → K + Ω.)Une <strong>au</strong>tre interprétation est possible dans le cadre <strong>des</strong> modèles thermodynamiquesévoqués à la section précédente. Ils suggèrent que l’<strong>au</strong>gmentation de l’étrangeté est liée àune « suppression canonique » c’est-à-dire <strong>au</strong> passage de l’ensemble canonique qui fonctionnepour les collisions proton-proton à l’ensemble grand canonique qui fonctionnepour les collisions noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong>. Ce modèle prédit les dépendances en centralité et rapidité<strong>des</strong> t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> baryons étranges [30]. Ainsi, en <strong>au</strong>gmentant l’énergiede la collision, nous diminuons la suppression canonique, diminuant donc l’<strong>au</strong>gmentationde l’étrangeté. Les données récentes à plus basse (NA57, √ s NN = 8,8 GeV [31])et plus h<strong>au</strong>te (STAR, √ s NN = 62, 130 et 200 GeV [32]) énergies ne semblent pas allerdans le sens de cette interprétation. Les données de STAR en particulier, ne suggèrentpas l’existence d’un plate<strong>au</strong> à grande centralité, comme le fait le modèle de suppressioncanonique.Une piste explorée actuellement pour comprendre ceci tient en la compréhension duvolume de corrélation [33].237


4 L’AUGMENTATION DE L’ÉTRANGETÉ AU SPS (ET À RHIC)Fig. 7 – T<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> (anti)baryons étranges normalisés par et en fonction dunombre de participants < N wound > observés par l’expérience NA57 [31]. Les particulesde g<strong>au</strong>che comportent <strong>des</strong> quarks de valence (u et d) alors que celles de droite n’en ontpas (s et anti-quarks.)4.5 Une étrange conclusionAu SPS, l’étrangeté semble <strong>au</strong>gmenter conformément à la prédiction historique etthéorique. En particulier, les (anti)baryons étranges sont d’<strong>au</strong>tant plus <strong>au</strong>gmentés qu’ilssont « anti » et étranges. Néanmoins, <strong>au</strong>jourd’hui encore, il n’est pas clair qu’il s’agissebien d’une preuve de la formation du PQG, un modèle hadronique permettant encored’expliquer cette <strong>au</strong>gmentation.Nous avons vu que la production d’étrangeté était liée à la conservation du nombrebaryonique lors de la collision. Les modèles thermodynamiques semblent montrer quel’étrangeté tend vers sa concentration d’équilibre. Au SPS, le facteur de (sous)saturationγ s atteint 80%, mais le fait qu’il soit non-monotone lorsque nous considérons <strong>des</strong> ionsplus légers vient troubler cette interprétation. Au RHIC, ce paramètre croit et satureà 100% ce qui constitue sans doute un indice fort de la création du PQG, indice dontla vedette est volée par d’<strong>au</strong>tres plus violents (voir le jet quenching dans le cours deChristelle Roy.)238


5 La modification <strong>des</strong> résonancesUn <strong>au</strong>tre aspect théorique de la transition de phase vers un <strong>plasma</strong> de quarks et degluons est qu’elle s’accompagne d’une rest<strong>au</strong>ration de la symétrie chirale, symétrie quiest traitée par Bachir Moussalam dans cette école. Comme Olivier Pène le mentionnedans son cours, les calculs de <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> montrent que les deux transitions devraientse dérouler simultanément. Ainsi, en même temps que les quarks se déconfinent, nousnous attendons à ce que leur masse diminue. Ce comportement peut avoir un effet surles mésons légers [11, 12].Le ρ, par exemple, a un temps de vie de 1,3 fm/c bien inférieur à la durée de vietypique (10 fm/c) du PQG. Il peut ainsi être affecté par la rest<strong>au</strong>ration de la symétriechirale. Les effets prédits sont une <strong>au</strong>gmentation de sa largeur (déjà considérable de150 MeV) et éventuellement, une modification de sa masse.Fig. 8 – Modification du méson ρ observée par l’expérience NA60, lors de collisionsindium-indium à √ s NN = 17,3 GeV, résultat préliminaire [34].La figure 8 montre les résultats préliminaires obtenus pas l’expérience NA60 lorsde collisions indium-indium à √ s NN = 17,3 GeV et présentés à la conférence QuarkMatter 2005 [34]. Il s’agit là de collisions semi-centrales, mais l’expérience a découpéquatre tranches de centralité dans ses données et l’effet est d’<strong>au</strong>tant plus flagrant queles collisions sont frontales. Les mesures (triangles) montrent un clair élargissement parrapport <strong>au</strong>x ρ produits dans le vide (ligne rouge qui domine) et pas de modificationnotoire de la masse. Les <strong>au</strong>tres lignes pleines sont <strong>des</strong> prédictions de modèles théoriques239


6 <strong>LA</strong> SUPPRESSION DU J/ψ AU SPS (ET À RHIC)rendant compte de la modification <strong>des</strong> mésons dans un PQG. Nous noterons que les<strong>au</strong>teurs de l’une d’elle ont immédiatement demandé à ce que cette courbe (la vertede g<strong>au</strong>che) soit ôtée de cette figure [35]. L’<strong>au</strong>tre modèle [36] (courbe pleine et bleue)reproduit assez bien l’élargissement observé (l’excès à grande masse pouvant être dû à<strong>des</strong> dileptons thermiques, voir chapitre 7.)Toujours est-il que cette signature attendue de la formation du PQG vient d’êtreobservée <strong>au</strong>x énergies du SPS, et ce dès les collisions indium-indium.6 La suppression du J/ψ <strong>au</strong> SPS (et à RHIC)Parmi les signatures proposées pour la découverte du PQG, la diminution du t<strong>au</strong>xde production <strong>des</strong> quarkonia, du J/ψ en particulier, est celle qui est la plus spectaculaireà l’énergie du SPS.6.1 La prédiction théorique et historiqueEn 1986, Matsui et Satz proposent une nouvelle signature du <strong>plasma</strong> de quarks etde gluons [13]. L’idée est que le potentiel susceptible de lier une paire quark anti-quarkchange selon l’environnement dans lequel les quarks sont formés. Lors d’une collisionnucléon-nucléon, il existe une certaine probabilité qu’une paire qq produite se lie pourformer ce qu’on appelle un quarkonia. Dans un milieu coloré déconfiné, ce potentielchute, entraînant avec lui la probabilité de former l’état lié.Le méson J/ψ est formé d’un charme et d’un anti-charme. Les <strong>au</strong>teurs modélisentl’interaction entre ces quarks par un potentiel de la forme :V (r) = σ.r − α r(9)où σ traduit la tension entre les deux quarks et α est une interaction « coulombienne » decouleur. L’interaction coulombienne électrique est négligeable dans ce monde de brutesinteragissant fortement.La résolution de l’équation de Schrödinger pour ce potentiel donne la succession <strong>des</strong>états de charmonia (quarkonia cc.) Des valeurs typiques <strong>des</strong> paramètres (σ ≃ 0,2 GeV 2 ,α ≃ π/12) permettent de reproduire le spectre expérimental <strong>des</strong> charmonia (états liéscc : J/ψ, ψ ′ , χ c ) et <strong>des</strong> bottomonia (états liés bb : Υ, χ b , Υ ′ , etc.) Le table<strong>au</strong> 3 résume lesrésultats d’une résolution moderne de l’équation de Schrödinger [37] et montre que cemodèle simple reproduit bien le spectre observé. En plus de donner la masse <strong>des</strong> états,il donne la taille typique de l’état lié, en l’occurrence 0,5 fm pour le J/ψ.Pour estimer le devenir <strong>des</strong> charmonia dans un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons, il f<strong>au</strong>testimer ce que deviennent les paramètres du potentiel en fonction de la température.La tension de corde σ décroît avec la température et devient essentiellement nullesi une transition de phase vers un milieu déconfiné a lieu : σ(T > T c ) = 0. Notons quele potentiel coulombien seul peut produire <strong>des</strong> états liés, et ce même <strong>au</strong> delà de T c .Autrement dit, l’annulation de la tension de corde ne suffit pas nécessairement à fondreles quarkonia, qui peuvent éventuellement ne se dissocier qu’à une température plusélevée que nous appellerons température de dissociation et noterons T d .240


6.2 NA38 et l’absorption nucléaireÉtat J/ψ χ c ψ ′ Υ χ b Υ ′ χ ′ b Υ ′′m (GeV/c 2 ) 3,10 3,53 3,68 9,46 9,99 10,02 10,26 10,36∆E (GeV) 0,64 0,20 0,05 1,10 0,67 0,54 0,31 0,20r 0 (fm) 0,50 0,72 0,90 0,28 0,44 0,56 0,68 0,78T d /T c 2,10 1,16 1,12 > 4,0 1,76 1,60 1,19 1,17Tab. 3 – Spectroscopie <strong>des</strong> quarkonia, d’après [37].Le potentiel coulombien est écranté par la présence de charges de couleur entre lesdeux quarks, dont la densité dépend a priori de la température. Dans l’article historique,les <strong>au</strong>teurs le modifient ainsi :V (r,T > T c ) = − α r × exp−rr D (T )où r D , dit rayon de Debye, est le rayon <strong>au</strong>-delà duquel l’interaction de couleur estévanescente. Il est obtenu par <strong>des</strong> calculs de <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>.Dans l’article original, les <strong>au</strong>teurs concluent que le J/ψ fond juste <strong>au</strong>-<strong>des</strong>sus de latempérature critique T c , et dans tous les cas à 1,5 T c . Ils se concentrent sur le J/ψ maisremarquent que comme les rayons <strong>des</strong> états excités sont plus grands, ils fondent à plusbasse température. Dans un souci de faire de cette propriété une véritable signature del’apparition du <strong>plasma</strong>, ils posent également les deux questions suivantes :– Un <strong>au</strong>tre mécanisme est-il susceptible de supprimer les J/ψ? Il est en effet possibleque les J/ψ soient absorbés dans la matière nucléaire normale. Des expériences dephoto-production et de collision proton-noy<strong>au</strong> ont montré à la fin <strong>des</strong> années 70que cette absorption était faible (de 1 à 3 mb citent les <strong>au</strong>teurs) et elle n’est apriori pas susceptible de détruire complètement les J/ψ produits.– Le bruit de fond est-il modifié de telle manière que la variation du t<strong>au</strong>x de J/ψ neserait plus observable? Un <strong>au</strong>tre signal avancé pour signer l’apparition du <strong>plasma</strong>de quarks et de gluons est la production accrue de di-leptons thermiques. Commeles J/ψ sont détectables précisément par leur désintégration en deux leptons, unesurproduction de di-leptons thermiques pourraient masquer les J/ψ et rendre cettesignature concrètement inobservable. La fin de l’article démontre que ce n’est apriori pas le cas.Ces deux problèmes écartés, les <strong>au</strong>teurs concluent que l’expérience est réalisable.Ce modèle historique a depuis été amélioré et le lecteur curieux pourra se référer à larevue [37]. En particulier, les valeurs modernes <strong>des</strong> températures de dissociation (consignéesdans le table<strong>au</strong> 3) sont plus élevées que les valeurs historiques.6.2 NA38 et l’absorption nucléaireÀ l’époque de la parution de l’article de Matsui et Satz, l’expérience NA38, alorsen préparation, avait été conçue pour étudier la production de di-muons thermiqueset se trouvait idéalement disposée pour observer les mésons J/ψ. L’expérience utilisait241(10)


6 <strong>LA</strong> SUPPRESSION DU J/ψ AU SPS (ET À RHIC)<strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x de proton, de cuivre et d’oxygène à 200 GeV/c par nucléon et les faisaitinteragir sur différentes cibles (ce qui correspond à 19,4 GeV par paire de nucléons dansle référentiel du centre de masse.) Rapidement, une suppression fut observée dans lescollisions ion-ion, comme le montre la figure 9 (voir par exemple [38]). Sur cette figure, let<strong>au</strong>x de production de J/ψ est normalisé <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de production du continuum di-muons.L’abscisse portée est la densité d’énergie, estimée grâce à la formule de Bjorken (équation6 p. 228.) Les deux ban<strong>des</strong> supérieures correspondent à <strong>des</strong> collisions proton-noy<strong>au</strong>(cuivre ou uranium) <strong>au</strong>xquelles <strong>au</strong>cune densité d’énergie n’est associée. Toutes les collisionsion-ion exhibent ainsi une suppression du méson J/ψ par rapport à ces références,suppression d’<strong>au</strong>tant plus prononcée que la densité d’énergie est élevée. Fallait-il pour<strong>au</strong>tant en conclure que le <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons était découvert?Fig. 9 – Premiers indices d’une suppression du méson J/ψ en collisions d’ions lourds,obtenus par l’expérience NA38 <strong>au</strong> CERN [38]. T<strong>au</strong>x de J/ψ observés normalisés <strong>au</strong>continuum, en fonction de la densité d’énergie.Que nenni ! Peu de temps après, la même expérience observa un effet similaire lorsde collisions proton-noy<strong>au</strong> [39] alors que le <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons n’y est pasattendu. Les figures 10 montrent une étude systématique [40] <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x de production deJ/ψ (B µµ σ ψ ) normalisés par le nombre total de collisions binaires (A×B) ayant lieu lorsde collisions entre un noy<strong>au</strong> A et un noy<strong>au</strong> B – <strong>au</strong>cune distinction de centralité n’estfaite – depuis proton-proton jusqu’à soufre-uranium, le tout à 200 GeV/c par nucléon 8 .Sur la figure de g<strong>au</strong>che, le nombre totale de collisions A × B est portée en abscisse. Sur8. Les collision proton-proton et proton-deuton furent mesurées par l’expériences NA51, les <strong>au</strong>trescollisions étant ici mesurées par NA38.242


6.2 NA38 et l’absorption nucléaireces échelles logarithmiques, une tendance linéaire se dégage nettement, suggérant quela suppression lors <strong>des</strong> collisions noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong> n’est qu’un prolongement naturel de lasuppression observée en collision proton-noy<strong>au</strong>, soit, quels que soient A et B :σ AB = σ pp × (AB) α . (11)Fig. 10 – Suppression normale du J/ψ observée par l’expérience NA38, à g<strong>au</strong>che intégréeen centralité et en fonction du produit <strong>des</strong> nombres atomiques <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x impliquéset à droite en fonction de la longueur de matière nucléaire traversée.Le paramètre α ajusté ainsi 9 v<strong>au</strong>t 0,918 ± 0,015.D’<strong>au</strong>tres processus durs, tels que le Drell-Yan [41] (NN → γ ∗ → µ + µ − ) ou le charmeouvert [42] (NN → cc → DD . . .) se comportent en revanche proportionnellement <strong>au</strong>nombre de collisions (α = 1). Il est alors probable que la suppression vue pour le J/ψsoit due à une absorption de la paire cc dans l’état final.Pour tester cette hypothèse, la figure 10 de droite montre les mêmes données enfonction de la longueur de matière nucléaire vue par le J/ψ, cette fois en abscisse linéaire.Cette longueur L (calculée dans le cadre du modèle de Gl<strong>au</strong>ber introduit à la section 2.3p. 226) représente la longueur moyenne de matière nucléaire traversée par le J/ψ, comptetenu de la plage en paramètres d’impact considérée et d’une distribution réaliste <strong>des</strong>points de production de la paire cc. Autrement dit, le produit de L et de la densitéde matière nucléaire ordinaire (ρ = 0,17 nucléon par fermi cube) représente le nombremoyen de nucléons avec lequel le J/ψ peut interagir. La tendance exponentiellement9. En fait, deux énergies furent utilisées ici : 200 et 450 GeV/c par nucléon, mais <strong>des</strong> ajustementsséparés de α ne permettent pas de distinguer de valeurs différentes. Les données à 450 GeV/c ont étéramenées à l’acceptance en rapidité de l’appareillage et à l’énergie de 200 GeV/c (voir [40] pour l’analysedétaillée.)243


6 <strong>LA</strong> SUPPRESSION DU J/ψ AU SPS (ET À RHIC)décroissante observée sur les données permet de déduire une section efficace d’absorptiondu J/ψ par la matière nucléaire :σ J/ψabsσ AB ∝ exp(−σ J/ψabs× ρL). (12)L’ajustement sur les figures 10 donne σ J/ψabs= 6,5 ± 1,0 mb, mais une analyse plusrécente [43], ne reposant que sur <strong>des</strong> données proton-noy<strong>au</strong> et en particulier sur <strong>des</strong>données plus précises acquises par l’expérience NA50, donne la valeur de σ J/ψabsque nousretiendrons :σ J/ψabs= 4,18 ± 0,35 mb. (13)L’analyse <strong>des</strong> données de NA38 ne s’arrête pas là. Les données soufre-uranium furentanalysées en fonction de la centralité <strong>des</strong> collisions. Les résultats d’un découpage en cinqtranches de centralité sont présentées par la figure 11 de droite (carrés.) Les pointss’alignent parfaitement avec la courbe exponentiellement décroissante de l’absorptionnucléaire normale.6.3 NA50 et l’absorption anormaleL’expérience NA50 fut l’héritière de NA38, tant <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de l’appareillage que <strong>des</strong>observables recherchées. Elle se proposait simplement de monter en densité d’énergie,en regardant <strong>des</strong> collisions plomb-plomb. L’impulsion commodément accessible pour cesions étaient de 158 GeV/c par nucléon, soit 17,3 GeV dans le centre de masse. Il est ànoter que la densité critique était en principe déjà atteinte par NA38 : les valeurs de lafigure 9 sont en effet supérieures <strong>au</strong> GeV/fm 3 avancé par la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> (équation1 p. 223). Cela dit, les incertitu<strong>des</strong> théoriques étaient gran<strong>des</strong>, à la fois quant à latempérature critique elle-même, mais également quant à la température de fonte duJ/ψ ou de ses états excités. Il était donc intéressant d’explorer de plus gran<strong>des</strong> densitésd’énergie, ce que se proposaient de faire les physiciens de NA50.Grand bien leur fit ! Le résultat de NA50 fut positif [41], les collisions plomb-plombmontrant une suppression additionnelle par rapport à l’absorption nucléaire normale,comme l’illustre la figure 11 de g<strong>au</strong>che qui est essentiellement identique à la figure 10 deg<strong>au</strong>che, avec un point supplémentaire pour les collisions plomb-plomb.La figure de droite représente les résultats finals de l’expérience NA50 [43]. Sontprésentés ici les t<strong>au</strong>x de production du J/ψ normalisés <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de production du Drell-Yan (mesuré dans le continuum di-muon entre 2,9 et 4,5 GeV/c 2 ) en fonction de lalongueur de matière nucléaire traversée. L’étude reprend les données <strong>des</strong> expériencesNA38 et NA51 précédemment exposées. Onze tranches en centralité sont découpéesdans les données plomb-plomb (triangles pointant vers le bas.) Nous constatons que lestrois tranches les plus périphériques se raccordent bien avec le scénario de l’absorptionnucléaire normale (la droite encadrée par sa barre d’erreur) alors que les <strong>au</strong>tres en dévientsensiblement. Quelle interprétation donner à cette suppression anormale? S’agit-il du<strong>plasma</strong> de quarks et de gluons?Les cinq paragraphes qui suivent dressent une revue <strong>des</strong> explications vali<strong>des</strong> <strong>des</strong>données de NA50.244


6.3 NA50 et l’absorption anormaleFig. 11 – Suppression anormale du J/ψ observée par l’expérience NA50, à g<strong>au</strong>che intégréeen centralité et en fonction du produit <strong>des</strong> nombres atomiques <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x impliqués,et à droite en fonction de la longueur de matière nucléaire traversée.6.3.1 Absorption par co-voyageursAujourd’hui, une explication alternative à un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons subsiste.Elle réside dans une interaction du J/ψ avec <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> co-voyageurs 10 h voyageantprès de lui dans l’explosion qui suit l’interaction nucléaire. Cette interaction est alorssusceptible de dissocier le J/ψ selon J/ψ + h → D + D + . . .Dans ce modèle, les <strong>au</strong>teurs ajustent trois paramètres : les sections efficaces d’absorptionpar la matière nucléaire normale (σ J/ψabs ) et par les co-voyageurs (σ co) ainsi qu’unenormalisation qui est essentiellement reliée à la densité de co-voyageurs. La figure 12montre l’ultime ajustement <strong>des</strong> dernières données de NA50 [44, 45]. La valeur de σ J/ψabsutilisée est 4,5 mb (calculée sur les seules données proton-noy<strong>au</strong>.) Cette valeur fixée, lesdeux <strong>au</strong>tres paramètres sont estimés sur les données noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong> : σ co = 0,65 mb et <strong>des</strong>normalisations qui sont cohérentes entre les collisions soufre-uranium et plomb-plomb,ce dont les <strong>au</strong>teurs se félicitent.Ce modèle semble ainsi expliquer le résultat de NA50 sans <strong>plasma</strong> de quarks et degluons. Quatre critiques peuvent toutefois être formulées à son encontre :– Pour ajuster les données proton-noy<strong>au</strong>, la section efficace d’interaction avec lesco-voyageurs σ co est nécessairement faible, ce qui donne une normalisation pourjustifier la suppression anormale sur les données noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong> relativement élevée,sans doute plus d’un co-voyageur par fermi cube. Ce nombre paraît un peu excessif.– Le modèle n’est pas réellement capable de distinguer entre une interaction avec<strong>des</strong> co-voyageurs de nature partonique ou hadronique. Or précisément, nous nous10. Comovers est le terme consacré en anglais.245


6 <strong>LA</strong> SUPPRESSION DU J/ψ AU SPS (ET À RHIC)attendons à ce que le J/ψ soit dissocié dans le <strong>plasma</strong> de quarks et de gluonspar son interaction avec les gluons ambiants. Un modèle incapable de faire cettedistinction ne me paraît pas pertinent pour invalider l’hypothèse du PQG.– De plus, il existe d’<strong>au</strong>tres tentatives d’expliquer la suppression anormale du J/ψpar <strong>des</strong> modèles hadroniques dont certaines échouent [46] en essayant d’imposer<strong>des</strong> conditions typiquement hadroniques et d’<strong>au</strong>tres réussissent [47] en ajustant<strong>des</strong> paramètres a priori inconnus.– Enfin, ce modèle ne semble pas rendre compte <strong>des</strong> mesures préliminaires faites parNA60, comme nous le verrons <strong>au</strong> paragraphe 6.4.1.Néanmoins, les trois premiers arguments restant subjectifs, nous admettrons pourl’instant qu’une explication alternative de la suppression du J/ψ vue par NA50 est l’interactionavec <strong>des</strong> co-voyageurs hadroniques. En revanche, si le quatrième point venait àse confirmer, le modèle <strong>des</strong> co-voyageurs ne constituerait plus un candidat à l’explicationde la suppression anormale du J/ψ.Fig. 12 – Interprétations <strong>des</strong> données de NA50. À g<strong>au</strong>che : T<strong>au</strong>x de J/ψ normalisé <strong>au</strong>Drell-Yan en fonction de l’énergie transverse, ajusté par le modèle <strong>des</strong> co-voyageurs [45].À droite : T<strong>au</strong>x de J/ψ et de ψ ′ divisés par le t<strong>au</strong>x attendu (absorption nucléaire déduite<strong>des</strong> collisions proton-noy<strong>au</strong>), en fonction de la longueur de matière nucléaire traversée[48], supportant l’idée d’une fonte séquentielle <strong>des</strong> charmonia.6.3.2 Fonte séquentielleJusqu’ici, j’ai négligé dans l’exposé le fait que certains J/ψ étaient produits par ladésintégration de particules plus lour<strong>des</strong>. Les principales contributions sont le ψ ′ quise désintègre dans 58% <strong>des</strong> cas en J/ψ (accompagné d’<strong>au</strong>tres mésons, principalementd’une paire de pions) et les différents χ c qui se désintègrent en γJ/ψ. Les largeurs deces particules sont telles (de 281 keV à 10 MeV) que la désintégration a lieu <strong>au</strong> delà de246


6.3 NA50 et l’absorption anormalela boule de feu (longueurs caractéristiques de 20 à 1000 fermis.) Si ces désintégrationscontribuent significativement <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x de J/ψ final, il est possible que le comportementobservé pour les J/ψ reflète en partie ce qu’il est advenu de leur particule mère dans laboule de feu.Or, il a été observé expérimentalement qu’une fraction non négligeable <strong>des</strong> J/ψprovenait bien <strong>des</strong> états excités. La section 2 de la référence [49] résume la situationpour les quarkonia (charmonia et bottomonia.) Pour les J/ψ, les <strong>au</strong>teurs obtiennent(avec <strong>des</strong> incertitu<strong>des</strong> de quelques pourcents sur la répartition exacte) :J/ψ = 0,62 J/ψ + 0,30 (χ c → J/ψ) + 0,08 (ψ ′ → J/ψ). (14)Or, dès l’article historique [13], les <strong>au</strong>teurs remarquent que le J/ψ fond à une températuresplus élevée (<strong>au</strong> plus 1,5 T c ) que ses états excités (sous la température critique.)La référence suscitée [49] donne <strong>des</strong> températures de fonte <strong>des</strong> J/ψ χ c et ψ ′ de 1,1 0,74et 0,2 T c respectivement. Cela dit, <strong>des</strong> progrès récents <strong>des</strong> calculs de <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>(références [50, 51, 52] ainsi que les valeurs portées <strong>au</strong> table<strong>au</strong> 3 p. 241) s’accordent pourdonner <strong>des</strong> températures plus élevées, de l’ordre de 1,1 T c pour les états excités et de1,5 à 2,25 T c pour le J/ψ.Même si les valeurs exactes <strong>des</strong> températures de fonte (et a fortiori <strong>des</strong> densitésd’énergie) ne sont pas connues, il est établi que les états excités fondent avant le J/ψ.Dès lors, nous sommes tentés d’attribuer le premier décrochement <strong>des</strong> J/ψ par rapportà la droite d’absorption (à L ∼ 7 fm sur la figure 11 de g<strong>au</strong>che) à une fonte de ses étatsexcités – le décrochement est bien de l’ordre de 30% – suivie éventuellement d’un débutde fonte du J/ψ (à 9 fm.) Nous verrons <strong>au</strong> paragraphe 6.3.4 que ce second décrochementpossède éventuellement une <strong>au</strong>tre interprétation.Parenthèse sur le ψ ′ : il est à noter que l’expérience NA50 observe une suppressiondu ψ ′ pour <strong>des</strong> collisions soufre-uranium et plomb-plomb dès L = 4 fm. Cette fontedu ψ ′ , très antérieure à celle du J/ψ s’insère parfaitement dans le scénario d’une fonteséquentielle du ψ ′ suivi du χ c puis du J/ψ dans un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons.Néanmoins, le ψ ′ étant très peu lié, il est, encore plus que pour le J/ψ, possible que sasuppression soit due à <strong>des</strong> co-voyageurs. D’<strong>au</strong>tres <strong>au</strong>teurs [53] associent la fonte prématuréedu ψ ′ à l’ouverture du canal ψ ′ → DD par modification de la masse <strong>des</strong> D dansle <strong>plasma</strong>. La figure 12 de droite résume les mesures <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x de production de J/ψ etde ψ ′ , divisés par l’absorption nucléaire, qui est pour le ψ ′ de : σ ψ′abs= 7,9 ± 0,6 mb [48].6.3.3 Percolation partoniqueLa percolation est un phénomène critique lié à l’occupation de l’espace. Nous pouvonsnous en faire une bonne idée en imaginant une surface donnée que l’on remplit petit àpetit en positionnant <strong>au</strong> hasard <strong>des</strong> disques d’une surface fixée. On montre en effet quela plus grande distance qu’il est possible de parcourir en restant dans l’empilement <strong>des</strong>disques est un paramètre d’ordre du nombre de disques positionnés. Autrement dit, lepassage d’un libre parcours moyen de l’ordre d’un disque à celui de l’ordre de la surfaceentière est une transition de phase.247


6 <strong>LA</strong> SUPPRESSION DU J/ψ AU SPS (ET À RHIC)Certains <strong>au</strong>teurs appliquent ce raisonnement <strong>au</strong>x collisions d’ions lourds : la surfacetotale est la surface de recouvrement <strong>des</strong> deux noy<strong>au</strong>x, et les disques sont constitués<strong>des</strong> partons en interaction dans les tout premiers instants de la collision. Si la tailletransverse de ces partons est telle qu’ils se recouvrent, ils forment un milieu déconfiné etconstituent la condition initiale de la boule de feu qui se développera ultérieurement. Lapercolation partonique peut ainsi être vue comme une forme de déconfinement, géométriqueet éphémère. Il ne s’agit plus alors d’un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons, supposése thermaliser et vivre pendant quelques fm/c. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit biend’un déconfinement.Si ce milieu est suffisamment vaste et contient <strong>des</strong> partons assez durs pour dissocierles charmonia, alors ceux-ci ne seront peut-être même pas produits à l’instant initial <strong>des</strong>collisions d’ions lourds. Le branchement de la suppression <strong>des</strong> charmonia coïncide alorsavec le branchement de la percolation (que l’on peut relier <strong>au</strong> nombre de participants),et n’est plus directement lié à une température de fonte dans un milieu thermalisé. C’estce qui pourrait permettre de distinguer entre les deux scénarios.La figure 13 tirée de l’article [54], montre que ce scénario s’applique bien <strong>au</strong>x donnéesde NA50, avec une disparition séquentielle du χ c et du J/ψ. Comme dans le modèleprécédent, la percolation prédit une disparition successive <strong>des</strong> quarkonia, liée <strong>au</strong> fait queleurs rayons caractéristiques ne sont pas identiques. Il f<strong>au</strong>t en effet que la taille <strong>des</strong> bullesde percolation excède celles <strong>des</strong> charmonia qui sont assez différentes (souvenons-nous dutable<strong>au</strong> 3 p. 241.)Fig. 13 – Interprétation <strong>des</strong> données de NA50 en terme de percolation partonique [54].248


6.3 NA50 et l’absorption anormale6.3.4 Attention <strong>au</strong>x fluctuations !Dans les deux scénarios précédents (fonte séquentielle et percolation partonique),nous sommes tentés d’attribuer les deux seuils de disparition du J/ψ (bien visiblesp. 245 sur la figure 11 à droite) à une fonte du χ c , suivie d’une fonte du J/ψ à plush<strong>au</strong>te température. Or, Dinh, Blaizot et Ollitr<strong>au</strong>lt [55] font remarquer que le second décrochementpourrait n’être qu’un artefact de la mesure de la centralité de la réaction. Àun même paramètre d’impact peuvent en effet correspondre <strong>des</strong> densités d’énergie légèrementdifférentes, qui se traduisent sur les observables de centralité. Dans cet article, ilsintroduisent <strong>des</strong> fluctuations (dont l’origine est physique, mais également expérimentale,la résolution <strong>des</strong> détecteurs introduisant une fluctuation supplémentaire) sur l’énergietransverse E T et reproduisent ainsi le second décrochement, sans invoquer de secondseuil de suppression.Le premier seuil n’en reste pas moins bien réel.6.3.5 Des modèle de <strong>plasma</strong>Aurais-je gardé le meilleur pour la fin ? Sans doute puisque plusieurs modèles de<strong>plasma</strong> de quarks et de gluons reproduisent très bien les données de NA50. Sans êtreexh<strong>au</strong>stif, citons deux exemples.Zhu, Zhuang et Xu [56] combinent les équations d’évolution hydrodynamique d’unPQG avec une équation de transport <strong>des</strong> J/ψ. Les gluons présents dans le PQG sontsusceptibles de casser le J/ψ lors de collisions inélastiques. Les <strong>au</strong>teurs incluent la fonteséquentielle (en faisant l’approximation qu’il y a 40% de χ c et pas de ψ ′ .) Leurs résultatsreproduisent remarquablement les mesures de NA50, à la fois en suppression, et enimpulsion transverse carré moyenne (< p 2 T >), comme le montre la figure 14.D’<strong>au</strong>tres modèles font appel à <strong>des</strong> mécanismes de recombinaison <strong>des</strong> paires cc <strong>au</strong>hasard de la boule de feu. Le modèle de Grandchamp, Rapp et Brown [53] reproduitla suppression du J/ψ (en incluant une fonte séquentielle <strong>des</strong> χ c et du ψ ′ .) Dans lescollisions les plus centrales, l’effet de la recombinaison ne contribue que pour 25% dut<strong>au</strong>x de J/ψ survivants. La probabilité qu’un quark c rencontre par hasard un c estessentiellement proportionnelle <strong>au</strong> carré du nombre de paire cc (Ncc). 2 Or, le nombrede paires cc produites est supposé <strong>au</strong>gmenter avec l’énergie <strong>des</strong> collisions. Comme lesexpérimentateurs aiment <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>gmenter l’énergie, cet effet est amené à jouer un rôle deplus en plus important avec le temps. Nous verrons plus loin les résultats préliminairesobtenus <strong>au</strong> RHIC, dans <strong>des</strong> collisions dix fois plus violentes.En conclusion : La suppression anormale du J/ψ vue par NA50 est ainsi explicablepar plusieurs modèles de <strong>plasma</strong>. Il reste difficile de distinguer entre ces modèles et doncde caractériser la matière nouvellement créée. Cette interprétation est d’<strong>au</strong>tant plusdélicate qu’un modèle de suppression par <strong>des</strong> co-voyageurs subsiste et ne nécessite pasde formation d’un PQG. Pour trancher, d’<strong>au</strong>tres données sont nécessaires.249


6 <strong>LA</strong> SUPPRESSION DU J/ψ AU SPS (ET À RHIC)Fig. 14 – Ajustement <strong>des</strong> données de NA50 par un modèle de <strong>plasma</strong> de quarks etde gluons [56]. En h<strong>au</strong>t, le t<strong>au</strong>x de production normalisé par le Drell-Yan et en bas,l’impulsion transverse carré moyenne, toutes deux en fonction de l’énergie transverse.250


6.4 Les résultats préliminaires de NA60 et PHENIX6.4 Les résultats préliminaires de NA60 et PHENIXRemarque liminaire : les résultats concernant <strong>des</strong> données noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong> présentésdans cette section sont préliminaires et ne sont publiés que dans <strong>des</strong> actes de conférence,en particulier ceux de la conférence Quark Matter 2005 où ils furent montrés pour lapremière fois. Nous les interpréterons tels quels, mais nous souviendrons que les résultatsfinals <strong>des</strong> expériences concernées (NA60 et PHENIX) sont encore à venir.6.4.1 Retour à basse densité d’énergieLe programme du SPS ne s’est pas arrêté avec l’expérience NA50 et sa spectaculairesuppression anormale. L’expérience a été améliorée (principalement par l’adjonction d’undétecteur de vertex) et renommée NA60. Les objectifs de NA60 sont, entre <strong>au</strong>tres, d’explorerprécisément les densités d’énergie les plus basses que celles de NA50, et d’essayerd’exhiber une variable selon laquelle le comportement <strong>des</strong> quarkonia serait universel. Surla figure 15 de g<strong>au</strong>che, nous voyons clairement que la longueur L de matière nucléairetraversée par le J/ψ ne s<strong>au</strong>rait être cette variable. Dans un même domaine de L, entresix et huit fermis, le J/ψ n’est pas supprimé lors de collisions soufre-uranium (NA38,cercles) alors que les récentes mesures en collisions indium-indium (NA60, disques etétoiles) montrent la même suppression que dans les collisions plomb-plomb (NA50, trianglespointant vers le bas.) Notons que les trois points de NA60 représentés par <strong>des</strong>étoiles (et de gran<strong>des</strong> barres d’erreur) sont normalisés <strong>au</strong> Drell-Yan, alors que les trianglesémanent d’une analyse normalisée par un modèle de Gl<strong>au</strong>ber prenant en comptel’absorption nucléaire normale.Sur la figure de droite, les mêmes données (à l’exclusion <strong>des</strong> collisions proton-noy<strong>au</strong>)sont cette fois présentées en fonction du nombre de participants. Les différents pointsse confondent plutôt bien. Il en va de même <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres variables présentées à QuarkMatter 2005 (densité d’énergie 11 , densité de participants.)Remarquons que les résultats de NA60 présentent un plate<strong>au</strong> extrêmement marquéd’une suppression du J/ψ d’environ 20%, compatible avec celle observée par l’expérienceNA50. Ce plate<strong>au</strong> n’était pas prédit par les modèles qui parviennent à ajuster les donnéesde NA50 :– Les co-voyageurs (voir le paragraphe 6.3.1 et [57]) ne peuvent s’accommoder qued’un comportement continu.– Le modèle de <strong>plasma</strong> de Grandchamp et al. (voir le paragraphe 6.3.5 et [58]) préditégalement un comportement plutôt continu.– La percolation partonique (voir le paragraphe 6.3.3 et [54]) prédit une transitionde phase à N part ∼ 140 alors qu’il semble qu’elle ait plutôt lieu à N part ∼ 90.Néanmoins, étant donnée la jeunesse de ces données, il serait aventureux de tirer detrop gran<strong>des</strong> conclusions. Nous retiendrons toutefois qu’elles excluent tout modèle ha-11. La densité d’énergie est a priori la variable la plus intéressante à représenter, puisque la transitionde phase est attendue en fonction de celle-ci. Malheureusement, elle est difficile à mesurer et j’ai choiside ne pas montrer l’allure de la suppression en fonction de cette variable, car les densités de NA50montrées à Quark Matter 2005 différaient d’environ 10% selon qu’ils étaient montrés par NA50 ouNA60 !251


6 <strong>LA</strong> SUPPRESSION DU J/ψ AU SPS (ET À RHIC)dronique, et qu’elles ne sont pas incompatibles avec une fonte séquentielle (thermique etnon par percolation) <strong>des</strong> charmonia. La présence d’un plate<strong>au</strong> <strong>au</strong>ssi marqué, bien qu’unpeu h<strong>au</strong>t (seulement 20% de suppression), abonde dans le sens d’une fonte séquentielle.Fig. 15 – Résultats préliminaires de NA60 [59], comparées <strong>au</strong>x résultats <strong>des</strong> expériencesNA38, NA50 et NA51. Sont représentés les t<strong>au</strong>x de production du J/ψ normalisés à l’absorptionnucléaire normale. À g<strong>au</strong>che, en fonction de la longueur de matière nucléairetraversée par le J/ψ. À droite, en fonction du nombre de participants.6.4.2 Montée en énergie du RHICL’expérience PHENIX a récemment présenté <strong>des</strong> mesures de la production <strong>des</strong> J/ψen collisions or-or et cuivre-cuivre ([60] ainsi que la thèse de Vi-Nham Tram [61].)À l’énergie du RHIC, la production de Drell-Yan est difficilement mesurable. Laproduction de J/ψ est comparée à la production observée en proton-proton, ramenée <strong>au</strong>nombre moyen de collisions < N coll > correspondant <strong>au</strong>x centralités considérées. Nousdéfinissons ainsi le facteur de modification nucléaire :R AA =J/ψ| AA< N coll > J/ψ| pp. (15)La production de J/ψ étant un processus dur, nous nous attendons à ce que saproduction soit proportionnelle <strong>au</strong> nombre de collisions. Notons que PHENIX a mesuréque le charme ouvert 12 est effectivement produit proportionnellement <strong>au</strong> nombre decollisions [62]. Ces mesures nous informent également que dix à vingt paires de quarkscharme-anticharme sont produites lors d’une collision centrale à RHIC.12. Les mesures sont effectuées sur les désintégrations semi-leptoniques <strong>des</strong> mésons D et leur précisionest limitée à environ 25% par les bruits de fond considérables que constituent les désintégrationsordinaires <strong>des</strong> pions et <strong>des</strong> kaons. Une meilleure précision pourra être atteindre à l’aide d’un détecteurde vertex actuellement en construction.252


6.4 Les résultats préliminaires de NA60 et PHENIXLes effets nucléaires « froids » : Comme <strong>au</strong> SPS, l’interprétation de la production<strong>des</strong> quarkonia dans les collisions noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong> ne s<strong>au</strong>rait se faire sérieusement sans uneétude préalable de la production en collision proton-noy<strong>au</strong>. L’expérience PHENIX a mesuréla production <strong>des</strong> J/ψ lors de collisions noy<strong>au</strong>-deuton 13 et rapporte une absorptionnucléaire plus faible qu’<strong>au</strong> SPS, entre 1 et 3 mb [63]. Un <strong>au</strong>tre effet prend de l’importanceà RHIC : le shadowing 14 <strong>des</strong> fonctions de structure.Les fonctions de distribution de partons que nous a présentées Jean-Marc LeGofflors de cette école peuvent être modifiées dans les noy<strong>au</strong>x, par rapport à ce qu’elles sontdans les nucléons. Toute modification introduit une déviation par rapport à l’unité durapport de modification nucléaire défini par l’équation (15). En montant en énergie, nouséchantillonnons <strong>des</strong> partons dont les fractions d’impulsion x sont de plus plus petites. Leshadowing <strong>des</strong> fonctions de structure peut être vu comme la recombinaison <strong>des</strong> partonsde petite impulsion (donc de grande extension spatiale) en <strong>des</strong> partons de plus grandeimpulsion. La distribution <strong>des</strong> partons se dépeuple à petit x (shadowing) et se repeupleà grand x (antishadowing.) PHENIX a observé cet effet sur la production <strong>des</strong> J/ψ parune asymétrie de leur distribution en rapidité [63].De ces effets nucléaires froids (absorption nucléaire et shadowing), Ramona Vogt [64]déduit le comportement que les J/ψ <strong>au</strong>raient lors de collisions noy<strong>au</strong>-noy<strong>au</strong>, en absencede PQG. La figure 16 illustre cela pour les deux domaines en rapidité que couvre l’expérience,et pour deux valeurs extrêmes de l’absorption nucléaire normale (1 et 3 mb.)Nous observons dans les deux domaines de rapidité et pour les collisions les plus centralesque la suppression du J/ψ est plus forte que celle déduite <strong>des</strong> effets nucléairesfroids.Comparaison avec les modèles : Il est alors tentant d’essayer d’appliquer les modèlesqui expliquaient convenablement les données de NA50 <strong>au</strong>x énergies du RHIC.C’est ce que présente la figure 17 de g<strong>au</strong>che. Nous constatons immédiatement que cesprédictions ont toutes surestimé la suppression. Parmi les modèles présentés se trouvele modèle <strong>des</strong> co-voyageurs [57]. Les deux <strong>au</strong>tres sont <strong>des</strong> modèles de <strong>plasma</strong> [53, 65]dans lesquels <strong>au</strong>cun effet de recombinaison n’a été implémenté. Dès lors, <strong>au</strong> moins troishypothèses permettent de justifier la suppression vue à RHIC.1. Les <strong>au</strong>teurs précédents, ainsi que d’<strong>au</strong>tres [66, 67], parviennent à obtenir un t<strong>au</strong>xde suppression comparable à celui observé par PHENIX en incluant <strong>des</strong> effets derecombinaison <strong>des</strong> quarks charmés (figure 17 de droite.)2. D’<strong>au</strong>tres <strong>au</strong>teurs [56] qui reproduisent les données de NA50 (voir figure 14) avaientprédit une suppression similaire à celle observée par PHENIX sans pour <strong>au</strong>tantinclure de recombinaison : dans un modèle de transport, ils attribuent la survie duJ/ψ à un effet de fuite <strong>des</strong> J/ψ à grande impulsion transverse (Zhu et al sur lafigure 17 de droite.) Néanmoins, ils semblent sousestimer la valeur de l’impulsiontransverse moyenne, comme une comparaison <strong>des</strong> références [60] et [56] le révèle.13. Les deutons sont préférés <strong>au</strong>x protons car plus faciles à accélérer en même temps que <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>xd’or du fait de la proximité <strong>des</strong> rapports de leur charge à leur masse. La formation d’un PQG n’est pasplus attendue en collisions deuton-noy<strong>au</strong> qu’en proton-noy<strong>au</strong>.14. Je n’ose tenter une traduction, même si les puristes en prendront ombrage.253


6 <strong>LA</strong> SUPPRESSION DU J/ψ AU SPS (ET À RHIC)Fig. 16 – Résultats préliminaires de PHENIX [60]. Facteurs de modification nucléairedu J/ψ comparés <strong>au</strong>x prédictions <strong>des</strong> effets nucléaires froids [64]. À g<strong>au</strong>che, pour <strong>des</strong>rapidités |y| < 0,35. À droite, pour 1,2 < y < 2,2.3. Enfin, l’amplitude de la suppression anormale à RHIC est compatible avec unesimple fonte <strong>des</strong> états excités (χ c et ψ ′ ) sans fonte du J/ψ (voir par exemple unerécente <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> données du SPS et du RHIC dans ce cadre [68].) Cettehypothèse est renforcée par les calculs récents de <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> qui donnent <strong>des</strong>températures de fonte du J/ψ pouvant atteindre 2 T c .Il n’est <strong>au</strong>jourd’hui pas possible de trancher entre ces différents scénarios. Plusieurspoints sont importants pour y parvenir et seront abordés à l’avenir :– Finaliser les mesures de PHENIX (incertitu<strong>des</strong> plus petites, en particulier l’incertitudeliée à la normalisation proton-proton, et échantillonnage plus fin de lacentralité.)– Comparer les distributions cinématiques <strong>des</strong> modèles et <strong>des</strong> données (impulsiontransverse, rapidité,...)– Avoir une meilleur maîtrise <strong>des</strong> effets nucléaires froids (<strong>au</strong>gmenter la statistiqueproton/deuton-noy<strong>au</strong>.)– Avoir une meilleure maîtrise de l’état initial (mesurer précisément le charme ouvert,d’<strong>au</strong>tant que les effets de la recombinaison qui associe précisément deuxquarks charmés évoluent quadratiquement avec le nombre de paires produites.)254


Fig. 17 – Résultats préliminaires de PHENIX [60]. Facteurs de modification nucléairedu J/ψ. À g<strong>au</strong>che, comparés <strong>au</strong>x prédictions de modèles ne contenant que <strong>des</strong> effetspermettant d’ajuster les données de NA50 [53, 57, 65]. À droite, comparés à <strong>des</strong> modèlescomprenant de la recombinaison [53, 66, 67] ou <strong>des</strong> équations de transport détaillé [56].(Certaines courbes sont modifiées par rapport <strong>au</strong>x publications, après discussions privéesavec les <strong>au</strong>teurs.)Il est important de souligner que tous les scénarios permettant pour l’instant d’expliquerla suppression vue par PHENIX reposent sur l’existence du PQG et que notredémarche est désormais de comprendre les mécanismes à l’œuvre dans le <strong>plasma</strong>, plutôtque de prouver son existence, ce qui a été fait à plus basse énergie, et <strong>au</strong> travers d’<strong>au</strong>tresobservables à RHIC, comme Christelle Roy le montre dans son cours à cette même école.7 Les photons (et les dileptons) thermiquesUne <strong>au</strong>tre signature attendue du PQG dont il existe <strong>des</strong> indices <strong>au</strong> SPS est la radiationde photons directs depuis le <strong>plasma</strong> [14]. L’expérience WA98 a en effet observéun léger excès dans les collisions centrales plomb-plomb, et pas en collisions périphériques[69]. Ces données sont montrées dans le cours de Christelle Roy qui souligneque l’interprétation de cet excès, en lui même assez faible, est délicat car les référencesproton-proton ou théoriques sont mal connues.S’il s’agit bien d’une radiation du <strong>plasma</strong>, divers ajustements de ces données luiattribuent <strong>des</strong> températures initiales de 200 à 335 MeV (pour une revue, voir [70].)Il est à noter qu’un excès de dileptons a également été observé et pourrait <strong>au</strong>ssi êtreattribué à une radiation thermique du <strong>plasma</strong>. Il s’agit d’un excès de dimuons de masseinvariante intermédiaire entre le φ et le J/ψ observé par l’expérience NA50 [71]. Cetexcès est imputable soit à une radiation du <strong>plasma</strong>, soit à une <strong>au</strong>gmentation du charme.255


9 CONCLUSIONRécemment, l’expérience NA60 a montré <strong>des</strong> résultats préliminaires qui semblentfavoriser l’hypothése du <strong>plasma</strong> [72]. Affaire à suivre !8 L’atténuation <strong>des</strong> gerbesL’atténuation <strong>des</strong> gerbes (ou jet quenching) est la signature en or <strong>au</strong>x énergies duRHIC, comme vous le découvrirez dans le cours de Christelle Roy. Au SPS, <strong>des</strong> indicesde l’atténuation <strong>des</strong> gerbes ont récemment été vus dans les données <strong>des</strong> expériencesWA98 [73], NA57 [74] et NA49 [75]. Ces résultats sont moins impressionnantsque ceux obtenus <strong>au</strong> RHIC car l’effet Cronin (diffusion multiple <strong>des</strong> partons incidentsayant tendance à renforcer l’impulsion transverse <strong>des</strong> gerbes) y est important dansla zone en impulsion transverse explorée et que les facteurs de modification nucléaire(R AA = dN AA / < N coll > dN pp ) y restent proches de l’unité.Il n’en reste pas moins qu’un soupçon d’atténuation <strong>des</strong> gerbes a été vu <strong>au</strong> SPS. Ilest important de noter que ces analyses <strong>au</strong> SPS n’ont eu lieu qu’après que l’effet a étéviolemment observé <strong>au</strong> RHIC. Ceci illustre l’intérêt qu’il y a à étudier simultanément lamatière nucléaire à plusieurs énergies, l’expérience <strong>des</strong> uns pouvant profiter à celles <strong>des</strong><strong>au</strong>tres, de la basse vers la h<strong>au</strong>te énergie, et vice-versa.9 ConclusionJe restreins mes conclusions à la seule énergie du SPS, laissant le soin à ChristelleRoy de conclure pour les observations faites <strong>au</strong> RHIC, dans le cours qu’elle consacre à lamatière créée à ces densités d’énergie. Au SPS donc, cinq <strong>des</strong> signatures prédites ont étéobservées, avec <strong>des</strong> nive<strong>au</strong>x de confiance variés, décrits dans les chapitres précédents :– L’accroissement de l’étrangeté, en particulier par l’<strong>au</strong>gmentation <strong>des</strong> (anti)baryonsétranges et du paramètre de (sous)saturation γ s .– Les photons thermiques observés par WA98, ainsi que les dileptons thermiques(résultats préliminaires de NA60.)– L’atténuation <strong>des</strong> gerbes qui se cache sous un effet Cronin plus grand qu’<strong>au</strong> RHIC.– La modification du méson ρ dans les collisions indium-indium (résultats préliminairesde NA60.)– La suppression <strong>des</strong> J/ψ dans les données plomb-plomb, mais également dans lesdonnées indium-indium (résultats préliminaires de NA60) qui semble invalider toutmodèle hadronique.Il me semble qu’à la lumière de ces résultats considérés dans leur ensemble, nouspouvons affirmer qu’un « nouvel état de la matière » a été créé <strong>au</strong> CERN, <strong>au</strong>jourd’huibien plus encore que lors du communiqué de presse de février 2000.256


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Une matière sous conditions extrêmes <strong>au</strong>x énergiesRHICouLe fluide était presque parfaitChristelle Roy (α)SUBATECHCNRS/<strong>IN2P3</strong>, Ecole <strong>des</strong> Mines de Nantes, Université de Nantes4 rue Alfred Kastler – 44 307 Nantes Cedex 03Résumé :Depuis 2000, le collisionneur RHIC de Brookhaven produit <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x d’ions lourds lesfaisant collisionner à <strong>des</strong> énergies les plus élevées <strong>au</strong> monde, dans l’optique de créer un<strong>plasma</strong> de quarks et de gluons. Cet état a été originellement défini comme un milieuconstitué de partons libres de toute interaction. Depuis cinq ans, une pléthore de résultatsnouve<strong>au</strong>x et surtout surprenants a été collectée à RHIC. Il est apparu qu’une matière bienatypique y a été créée : une phase partonique semble effectivement avoir été produite et quiplus est, avec <strong>des</strong> quarks et <strong>des</strong> gluons qui interagiraient fortement. Des phénomènes ontété mis en évidence pour la première fois dans l’histoire de la physique <strong>des</strong> ions lourdsrelativistes tels la suppression <strong>des</strong> jets de h<strong>au</strong>te énergie ou plus récemment, uncomportement collectif de la matière nucléaire que l’on comprend <strong>au</strong>jourd’hui comme étantcelui d’un fluide nucléaire quasiment parfait, le fluide le plus parfait qui n’ait jamais été créé.Aussi est-il tentant d’extrapoler que l’Univers a été liquide quelques fractions de secondeaprès le Big Bang, le <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons étant supposé être l’état de l’Univers àcet instant.Abstract :Since 2000, the RHIC collider in Brookhaven National Laboratory delivers heavy ion beamsat the world highest collision energy with the aim to create a quark gluon <strong>plasma</strong>. This stateof matter has been originally defined as a medium in which partons are totally free, withoutany interaction. Since five years, a huge amount of new results and moreover very surprisingones has been collected at RHIC. The created matter has been found very atypical : it seemsthat indeed a partonic phase has been formed but with strongly interacting constituents.Some phenomena have been highlighted for the first time in the relativistic heavy ion historysuch as the jet quenching or more recently a collective behaviour of the nuclear matter whichcan be understood today as the behaviour of a nearly perfect nuclear fluid, the most perfectfluid which has never been created. It is quite tentative to speculate that the Universe hasbeen liquid a few fraction of second after the Big Bang since the quark gluon <strong>plasma</strong> issupposed to be the state of our Universe at this precise time.α Christelle.Roy@subatech.in2p3.fr261


(A découper selon les pointillés)Pour comprendre :AGS : Alternating Gradient SynchrotronBNL : Brookhaven National LaboratoryBRAHMS : Broad RAnge Hadron Magnetic Spectrometer experiment at RHICCERN : Conseil Européen pour la Recherche NucléaireLHC : Large Hadron ColliderL<strong>QCD</strong> : Lattice Quantum ChromoDynamics<strong>QCD</strong> : Quantum ChromoDynamicsQGP : Quark Gluon PlasmaRHIC : Relativistic Heavy Ion ColliderSPS : Super Proton SynchrotronsQGP : strongly coupled (strongly interacting) QGPSTAR : Solenoidal Tracker At RHIC√s NN énergie par paire de nucléon dans le centre de masse de la collisionTable <strong>des</strong> matières1. Avant-propos ....................................................................................................2632. Il était une fois RHIC ........................................................................................2642.1. Du QGP <strong>au</strong> sQGP.....................................................................................2642.2. Une construction très motivée...................................................................2662.3. Des conditions différentes .........................................................................2673. Phénoménologie d’une collision d'ions lourds ..................................................2703.1. Un <strong>plasma</strong> en laboratoire ..........................................................................2703.2. Scénario d’une collision d'ions lourds........................................................2714. Quand RHIC mesure les observables du BEVA<strong>LA</strong>C........................................2744.1. Multiplicité <strong>des</strong> particules ..........................................................................2744.2. Densité d’énergie ......................................................................................2764.3. Les degrés de liberté longitudinal et transverse ........................................2765. Le régime « doux »...........................................................................................2785.1. Une production étrange.............................................................................2785.2. Propriétés chimiques.................................................................................2815.3. Propriétés dynamiques..............................................................................2836. Le régime « dur » .............................................................................................2876.1. Emprisonnement <strong>des</strong> jets..........................................................................2876.2. Radiation ...................................................................................................2916.3. Saturation..................................................................................................2947. RHIC en trois actions .......................................................................................2967.1. Ce qu’il reste à faire ..................................................................................2967.2. Ce qui ne sera pas fait… en France..........................................................2977.3. Ce qui a été fait .........................................................................................2988. Références bibliographiques ............................................................................300262


1. Avant-proposC’est un état de la matière nucléaire bien étrange que les physiciens s’évertuent àcréer <strong>au</strong>près <strong>des</strong> accélérateurs et collisionneurs de particules et ceci depuis près devingt-cinq ans. La théorie de la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>x a prédit que sous <strong>des</strong> conditions dedensités d’énergie et de températures extrêmes, atteintes lors de collisions d'ionslourds les plus violentes, les partons constituant la matière nucléaire ordinaire ditehadronique, devraient se désolidariser les uns <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres, créant ainsi cet état siparticulier qui fut appelé <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons, le QGP (Quark GluonPlasma). Il est par ailleurs communément admis <strong>au</strong>jourd’hui, que cet état <strong>au</strong>raitprévalu quelques fractions de seconde après le Big Bang. En étudiant cette matière,le cadre de la physique nucléaire est largement dépassé puisque l’un de sesdomaines connexes, celui de l’astrophysique, est également concerné par sa miseen évidence. Parallèlement à sa recherche en laboratoire, les astrophysiciensscrutent l’Univers afin de déceler la présence d’étoiles de quarks qui contiendraientles stigmates <strong>des</strong> premiers instants de l’Univers. Un candidat avait été annoncé en2002 par un groupe d’astrophysiciens, suscitant un vif intérêt de la part de lacommun<strong>au</strong>té scientifique mais a été, hélas, démenti depuis.Côté laboratoire, la recherche n’est pas plus aisée si l’on constate que les premièresexpériences d’ions lourds relativistes ont eu lieu <strong>au</strong> début <strong>des</strong> années 80. Avec letemps, le changement de machine s’est accompagné d’une montée en énergie : duBevalac <strong>au</strong> LBNL de Berkeley opérant à une énergie de √s NN ≈ 1 GeV, à l’AGS duBNL à Brookhaven avec √s NN = 5 GeV, <strong>au</strong> SPS du CERN à Genève avec √s NN = 17GeV jusqu’<strong>au</strong> √s NN = 200 GeV de l’actuel RHIC du BNL. LHC prendra le relais en2007 avec une énergie nominale égale à √s NN = 5,5 TeV : le cours de PascalDupieux propose une revue de la physique que les physiciens se préparent à yétudier.Jusqu’à ce début de siècle, <strong>au</strong>cune preuve décisive n’a pu être apportée quant à laformation de ce <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons bien que les expériences <strong>au</strong>près duSPS y ont vu <strong>des</strong> signes de sa présence. Le cours de Raphaël Granier deCassagnac décrit quels ont été les signes les plus criants de la présence dephénomènes anorm<strong>au</strong>x et suspectés liés à la formation du QGP : l’<strong>au</strong>gmentation dela production d’étrangeté et surtout, la suppression de la production de saveurslour<strong>des</strong> comme la résonance J/ψ. Au RHIC, nous allons le voir, une matière bienatypique a été créée et si le terme de <strong>plasma</strong> n’y est que rarement et prudemmentassocié, c’est indubitablement une matière intrigante et qui ne ressemble à riend’<strong>au</strong>tre sur Terre ou qui ait pu être créée <strong>au</strong>paravant. J’exposerai les phénomènesles plus marquants de RHIC et comparerai, dès que cela est possible, à leurséquivalents du SPS. Cet aller-retour entre SPS et RHIC est essentiel car nonseulement la physique de RHIC se comprend <strong>au</strong>jourd’hui en regardant les mesuresantérieures mais <strong>au</strong>ssi car ce sont bien souvent les nouvelles analyses faites à RHICqui ont conduit à un retour sur les interprétations voire sur les analyses <strong>des</strong> donnéesdu SPS.Pour les aspects théoriques relatifs à la matière dite <strong>QCD</strong>, je renvoie le lecteur <strong>au</strong>xcours de Patrick Aurenche et de Olivier Pène. Francesca Gulminelli apporte dansson cours <strong>des</strong> explications très claires quant <strong>au</strong>x transitions de phase, leur nature etleurs caractéristiques et il serait bien utopique et même prétentieux de ma part deprétendre faire mieux que ces experts.263


Ce cours commence par relater les motivations <strong>des</strong> physiciens et <strong>des</strong> financeurs quiont souhaité la construction de RHIC après le vaste programme du SPS dédié à larecherche du QGP. Je résume ensuite les résultats concernant les observables ditesdu Bevalac, c’est-à-dire <strong>des</strong> observables globales (comme la multiplicité <strong>des</strong>particules, la densité d’énergie ou encore les distributions de rapidité ou d’impulsiontransverse) qui sont relativement « faciles » à mesurer et qui permettent de dire trèsrapidement si oui ou non les physiciens font bonne route vers le QGP. Puis, à l’imagede la séparation quelque peu caricaturale qui est faite habituellement lors <strong>des</strong>exposés sur la physique de RHIC, je distingue deux aspects : la physique dite« tendre » ou « molle » ou « douce » (je laisse le lecteur jugé de la traduction peuheureuse de soft physics) gouvernée par les particules dont les impulsions sontrelativement mo<strong>des</strong>tes, inférieures à 2 GeV/c, mais qui représentent plus de 99% dela production <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> ; puis la physique « dure » (de l’anglais hard physics)venant <strong>des</strong> particules d’impulsion transverse très élevée, de 6 à 20 GeV/c. Nousverrons que la matière de RHIC, avec les propriétés que nous lui connaissons àl’heure actuelle, n’est comparable en rien à ce qui existe déjà sur Terre ou qui ait puêtre observé dans l’Univers. Ce cours s’achèvera sur les perspectives de physiquedu collisionneur RHIC puis une tentative de conclusion sur la nature de la matièrecréée à RHIC, <strong>au</strong>trement dit, si oui ou non un QGP a été découvert à RHIC.2. Il était une fois RHIC2.1. Du QGP <strong>au</strong> sQGPAu milieu <strong>des</strong> années soixante-dix, <strong>des</strong> théoriciens s’intéressent <strong>au</strong> domaine <strong>des</strong>h<strong>au</strong>tes températures et stipulent que sous certaines conditions, la matière nucléairehadronique doit « se fondre », conduisant à la libération <strong>des</strong> quarks et <strong>des</strong> gluons[Col75]. Collins et Perry écrivent :« Our basic picture then is that matter at densities higher than nuclear consistsof a quark soup. The quarks become free at sufficiently high density ».Dans sa revue datant de 1980 sur « la chromodynamique quantique et la théorie dela matière super-dense » [Shu80], Shuryak propose d’appeler cet état, le Plasma deQuarks et de Gluons, qui répondra <strong>au</strong>x acronymes PQG ou QGP :« When the energy density exceeds some typical hadronic value (~1GeV/fm 3 ), matter no longer consists of separate <strong>hadrons</strong> (protons, neutrons,etc.), but of their fundamental constituents, quarks and gluons. Bec<strong>au</strong>se of theapparent analogy with similar phenomena in atomic physics we may call thisphase of matter the <strong>QCD</strong> (or quark-gluon) <strong>plasma</strong>. »Ce que RHIC a apparemment révélé et c’est ce que nous allons découvrir dans cecours, c’est qu’il ne s’agirait plus d’un QGP mais d’un sQGP, « s » étant pourStrongly coupled ou encore Strongly interacting QGP. Les résultats de RHICtendent à montrer en effet que les quarks et les gluons seraient soumis à <strong>des</strong>interactions contrairement <strong>au</strong>x définitions <strong>des</strong> premières heures du <strong>plasma</strong>.Mais avant d’en arriver là, et surtout, pour pouvoir y arriver, il a fallu plus de vingt ansde recherche et en particulier le vaste programme expérimental du CERN dont les264


princip<strong>au</strong>x jalons sont décrits dans le cours de Raphaël Granier de Cassagnac.Reprenons nos habitu<strong>des</strong> de physiciens <strong>des</strong> ions lourds et présentons le diagramme<strong>des</strong> phases de la matière nucléaire dans le plan température T – potentiel chimiquebaryonique 1 μ B , afin de comparer les domaines nucléaires couverts à RHIC et <strong>au</strong>SPS.Figure 1 : Diagramme <strong>des</strong> phases de la matière nucléaire dans le plan température –potentiel chimique baryonique. Les symboles représentent les valeurs <strong>des</strong> quantitésthermodynamiques obtenues à partir <strong>des</strong> données expérimentales de RHIC, du SPS etde l’AGS. Deux courbes donnent les prédictions de deux approches théoriques : l’uneest donnée par Fodor et Katz avec leurs calculs de <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>x (la plus marquée<strong>des</strong> deux courbes), l’<strong>au</strong>tre montre les prédictions d’un modèle thermique (voir plusloin). E localise la présence d’un point tricritique dans ce diagramme.La figure 1 présente ce diagramme avec ses diverses phases. La région située <strong>au</strong>xbasses températures et à un potentiel baryonique proche de 850 MeV correspond àla matière nucléaire ordinaire. En <strong>au</strong>gmentant la densité d’énergie du système parcompression ou par éch<strong>au</strong>ffement, la matière se transforme en un gaz de <strong>hadrons</strong>dans lequel les nucléons interagissent, forment <strong>des</strong> pions, <strong>des</strong> états excités deproton ou neutron (les résonances Δ) et d’<strong>au</strong>tres <strong>hadrons</strong>. En élevant davantage ladensité d’énergie, la transition de phase du gaz de <strong>hadrons</strong> vers un <strong>plasma</strong> dequarks et de gluons est attendue. Cette transition serait de type crossover c’est-àdiresans singularité dans la variation <strong>des</strong> grandeurs thermodynamiques.Si l’on s’intéresse maintenant à la formation de l’Univers primordial, la transition d’unétat de déconfinement vers un gaz de <strong>hadrons</strong> <strong>au</strong>rait eu lieu à un potentielbaryonique pratiquement nul, tandis qu’à <strong>des</strong> températures proches de zéro, lesétoiles à neutrons, suite à leur effondrement, présentent <strong>des</strong> densités baryoniques1 Le potentiel chimique baryonique μ B traduit la variation d’énergie E du système quand le nombrebaryonique total N B (baryons – antibaryons) <strong>au</strong>gmente d’une unité, soit μ B = δE/δN B265


extrêmes (μ B > 1200 MeV) conduisant à une sorte de chev<strong>au</strong>chement <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>,leur faisant ainsi perdre toute individualité. Enfin, une phase de supraconductivité decouleur pourrait siéger <strong>au</strong>x plus h<strong>au</strong>tes valeurs de potentiels chimiques.Comme l’indique l’étoile sur le diagramme, à RHIC, le potentiel chimique étaitattendu très faible et nous verrons que cela a été le cas. En revanche, <strong>au</strong> SPS, lesénergies ne permettaient pas d’obtenir un si faible potentiel (les antiparticules n’ontpas été créées <strong>au</strong>ssi nombreuses qu’à RHIC) mais il est important de souligner quele SPS a permis d’explorer une très large région du diagramme <strong>des</strong> phases. Et c’estcertainement grâce <strong>au</strong>x nombreuses données collectées à cette énergie qu’il a étépossible de comprendre plus amplement ce qui se passait à RHIC.A la fin <strong>des</strong> années 70 donc, le cadre théorique était défini mais il restait à le raffiner.Aux énergies inférieures à environ 1 GeV, la seule façon d’obtenir <strong>des</strong> prédictionsfiables à partir de la <strong>QCD</strong> non-perturbative, est de la formuler sur un espace-tempsdiscrétisé : c’est la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>x (L<strong>QCD</strong>). Ici, il f<strong>au</strong>t se référer <strong>au</strong>x cours dePatrick Aurenche et de Olivier Pène. Je souligne cependant que la densité d’énergie(normalisée à la température puissance quatrième) n’atteint jamais les valeursobtenues pour un gaz de Stefan-Boltzmann, quelle que soit la températureconsidérée, c’est-à-dire un gaz dans lequel les constituants sont sans interaction[Kar02]. L’écart est de l’ordre de 20% indépendamment <strong>des</strong> hypothèses formuléessur les saveurs <strong>des</strong> quarks dans le calcul. Ici réside la première indication que peutêtreles partons pouvaient interagir entre eux. Il f<strong>au</strong>dra également se souvenir queles valeurs 2 de températures et de densités d’énergie <strong>au</strong>xquelles <strong>au</strong>rait lieu latransition d’une phase hadronique à partonique sont respectivement de l’ordre 173MeV et de 1 GeV/fm 3 .2.2. Une construction très motivéeLes performances de la « machine » RHIC sont impressionnantes. Il f<strong>au</strong>t dire quepour voir le jour, RHIC devait présenter <strong>des</strong> atouts majeurs pour la recherche duQGP tandis que les expériences du SPS étaient en plein fonctionnement.La pré-histoire de RHIC débute en 1963 à Berkeley où lors d’une réunion, <strong>des</strong>physiciens débattent <strong>des</strong> avantages d’avoir <strong>des</strong> anne<strong>au</strong>x de stockage pourfonctionner en mode collisionneur qui permettrait de fournir <strong>des</strong> énergies dans lecentre de masse de la collision bien supérieures à ce qu’<strong>au</strong>torisent les collisions surcible fixe. Si de tels anne<strong>au</strong>x paraissaient réalisables, l’idée n’a cependant pas étéretenue, certains jugeant que <strong>des</strong> anne<strong>au</strong>x de stockage n’offraient pas la mêmepolyvalence qu’un accélérateur de protons à la même énergie. En 1970 a lieu unenouvelle revue de projet et cette fois-ci, l’enthousiasme est <strong>au</strong> rendez-vous. Deuxanne<strong>au</strong>x de stockage seront construits sur le site de Brookhaven et l’AGS servirad’injecteur. Le projet est baptisé Isabelle et la construction démarre en 1974.Jusqu’en 1979, ce programme n’en est pas moins que la première prioritéscientifique <strong>au</strong> plan national. Mais en 1981, <strong>des</strong> problèmes techniques surviennentsur la fabrication <strong>des</strong> aimants supraconducteurs et ils sont tels qu’Isabelle doit êtreremplacé par un nouve<strong>au</strong> <strong>des</strong>ign de machine : ce sera le Colliding Beam Accelerator.2 Des calculs récents montrés à la conférence Quark Matter 2005 donnent <strong>des</strong> températuressensiblement plus élevées mais compte-tenu <strong>des</strong> larges barres d’erreur, les variations peuvent êtreoubliées.266


Mais en 1983, le Congrès refuse son financement préférant allouer les crédits <strong>au</strong>projet Superconducting Super Collider, une sorte de précurseur du LHC avec unecirconférence d’environ 80 km et sensé délivrer <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x de 20 TeV (l’ironie decette histoire réside dans le fait que ce projet sera lui <strong>au</strong>ssi abandonné mais en1993).En 1984, les physiciens de Brookhaven ne se découragent pas et proposent pourleur laboratoire le projet RHIC qui sera <strong>des</strong>tiné à la recherche du <strong>plasma</strong> de quarkset de gluons. Afin de rivaliser avec le programme du CERN, RHIC présente <strong>des</strong>caractéristiques qui, si l’on en croit les théoriciens, devraient permettre de former ceQGP… à coup sûr. En 1991, la première pierre de RHIC est posée !2.3. Des conditions différentesAvec une circonférence de 3,8 km (photographie de la figure 2), RHIC possède unecapacité unique <strong>au</strong> monde : celle de permettre <strong>des</strong> collisions d’ions lourds(symétriques et asymétriques, de proton à Au avec <strong>des</strong> énergies variant de √s NN = 19à 200 GeV) mais également de faisce<strong>au</strong>x de protons polarisés avec une énergieallant jusqu’à 0,5 TeV.Les deux faisce<strong>au</strong>x de RHIC se rencontrent en quatre points d’impact <strong>au</strong>tours<strong>des</strong>quels sont placés quatre détecteurs : PHENIX 3 et STAR, les plus imposantes,BRAHMS et PHOBOS 4 de taille plus mo<strong>des</strong>te, ont adopté <strong>des</strong> approchessensiblement différentes pour étudier le déconfinement de la matière nucléaire, cequi fait un atout de taille pour RHIC :− STAR se concentre sur les mesures de production de <strong>hadrons</strong> sur un vastedomaine d’angle solide pour étudier les distributions de spectres de particulesvariées ainsi que <strong>des</strong> observables globales, événement par événement.− PHENIX a pour objectif les mesures de production de leptons, photons et a accèségalement <strong>au</strong>x mesures <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> sur un domaine limité en pseudo-rapidité eten angle azimutal.− BRAHMS peut mesurer de façon systématique la production de <strong>hadrons</strong>.− PHOBOS se focalise sur les mesures <strong>des</strong> spectres et l’identification de tout typede particules ainsi que leurs corrélations.3 Le nom PHENIX vient de PHOENIX car cette expérience est née <strong>des</strong> cendres de trois expériencesdont les lettres d’intention avaient été déposées mais non approuvées.4 PHOBOS est la seule expérience du RHIC dont le nom n’est pas un acronyme. L’expérienceoriginelle MARS (Modular Array for RHIC Spectroscopy) n’ayant pas été approuvée, un <strong>au</strong>tre dispositifpossédant <strong>des</strong> caractéristiques similaires a, lui, été retenu et a été baptisé du nom de l’une <strong>des</strong> lunesde la planète MARS.267


PHENIXFigure 2 : Vue aérienne du complexe RHIC avec ses deux anne<strong>au</strong>x concentriques de 3,8 km decirconférence et ses quatre expériences, BRAHMS à 2h, STAR à 6h, PHENIX à 8h et PHOBOS à10h. Au premier plan de la figure sont visualisées les diverses machines (TANDEMS, AGS, LINAC,BOOSTER, G-2) qui servent à la production <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x du RHIC.Les <strong>des</strong>criptions techniques détaillées de ces expériences peuvent être trouvées surles sites Internet [Web]. Ce qu’il f<strong>au</strong>t signaler ici c’est que même si chacune de cesexpériences a chacune ses spécificités la rendant ainsi parfois tout à faitcomplémentaire, il a également été possible de réaliser, pour ne pas dire vérifier,certaines mesures par les quatre expériences indépendamment (ce qui étaittotalement exclu avec les expériences du SPS) permettant ainsi de conforter lesobservations <strong>des</strong> physiciens.RHIC a délivré ses premiers faisce<strong>au</strong>x en juin 2000 et a depuis permis cinqcampagnes de mesures appelées « Run », répertoriées dans le table<strong>au</strong> 1.Le table<strong>au</strong> 2 compare les observables (estimées ou mesurées selon les cas) du SPSet de RHIC pour les collisions d’ions lourds les plus centrales réalisées <strong>au</strong>x énergiesnominales <strong>des</strong> deux machines. L’énergie nominale par paire de nucléon (dans lecentre de masse de la collision) à RHIC est plus de 10 fois supérieure à celle duSPS. Naturellement, le nombre de particules créées par unité de rapidité y est plusélevé mais nous reviendrons sur le fait surprenant que la différence n’est pas nonplus très marquée. La densité d’énergie est attendue bien plus importante : à RHIC,elle excède très franchement la valeur de densité prédite pour la transition vers unephase de déconfinement. Au SPS, les conditions sont plus proches que cellesprédites par <strong>QCD</strong>, ceci suggérant que si certaines manifestations n’ont pas été vuescontrairement à RHIC, c’était peut-être en raison de conditions trop limites. Avec lesdensités d’énergie de RHIC, les propriétés du QGP sont attendues bien plusfavorables puisque son temps de vie sera plus long et son volume plus important.Avec ces propriétés qualitativement différentes, RHIC devait créer « quelque chose »de … différent.268


Run Années Systèmes√s NN(GeV)PhysiqueI 2000Au–AuAu–Au55,87130,4Premiers aperçus <strong>des</strong> collisions àRHIC.II 2001 – 2002Au–AuAu–AuAu–Aup–p130,4200,019,59200,0Propriétés globales, distributions departicules selon les rapidités,impulsions transverses, centralités…Premiers aperçus de la physique dure.Premier lien avec l’énergie du SPS.III 2002 – 2003d–Aup–p200,7200,0Comparaison avec les données Au–Au.Physique à petits x de la matière froide.IV 2003 – 2004Au–AuAu–Aup–p200,062,4200,0Longue prise de données pour avoir lesstatistiques maximales, les événementsrares et un balayage en énergie.V 2004 – 2005Cu–CuCu–CuCu–Cup–p22,462200200Etu<strong>des</strong> comparatives, pour déceler leseffets de volume, de surface et decentralité et regarder en fonction del’énergie de collision.Table<strong>au</strong> 1 : Campagnes de faisce<strong>au</strong>x du RHIC répertoriées selon les années, systèmes et énergies decollisions ainsi que les points de physique qui ont été planifiés et atteints.Collisions A-A centrales SPS RHIC√s NN (GeV) 17 200dN ch /dy 500 850ε (GeV/fm 3 ) 2.5 4 – 5Volume du QGP (fm 3 ) 10 3 7.10 3Temps de vie du QGP (fm/c) < 1 1.5 – 4.0Temps d’équilibration du QGP (fm/c) ~ 1 ~ 0.5Table<strong>au</strong> 2 : Comparaison SPS-RHIC (de h<strong>au</strong>t en bas) <strong>des</strong> : énergies par paire de nucléon dans lecentre de masse, nombres de particules chargées par unité de rapidité, densités d’énergie, volumesdu QGP, temps de vie du QGP et le temps mis pour atteindre la phase QGP.Les cinq campagnes de mesures de RHIC ont été jugées par la commun<strong>au</strong>téscientifique spectaculaires avec <strong>des</strong> découvertes majeures comme nous le verronset un nombre impressionnant de publications (près de 150 et <strong>des</strong> milliers decitations). Les résultats obtenus lors <strong>des</strong> trois premières années de fonctionnementde RHIC sont consignés dans un numéro spécial de Nuclear Physics A [NPA03].269


3. Phénoménologie d’une collision d'ions lourds3.1. Un <strong>plasma</strong> en laboratoireComme cela a été introduit dans le cours de Raphaël, réaliser <strong>des</strong> collisions d'ionslourds à <strong>des</strong> énergies relativistes est la seule façon (connue à ce jour) de parvenirà créer un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons en laboratoire : les ions lourds apportent ladensité baryonique nécessaire tandis que les énergies permettent d’atteindre <strong>des</strong>pressions et températures suffisantes pour le déconfinement.Toujours dans les années 70, parallèlement à l’apparition <strong>des</strong> premières théories, ungroupe d’une trentaine de physiciens procédait à <strong>des</strong> collisions d'ions lourdsrelativistes sur cible fixe, à <strong>des</strong> énergies allant jusqu’à 2 GeV/n, <strong>au</strong>près du complexeBevalac <strong>au</strong> LBNL près de San Francisco. Sa motivation était d’exploiter les trav<strong>au</strong>x<strong>des</strong> théoriciens de Livermore, Francfort ou encore de Los Alamos préconisant que detelles collisions permettaient de créer une « onde de choc comprimant » le largevolume de matière nucléaire formé dans la zone de recouvrement <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x eninteraction et partant, d’investiguer les propriétés d’une matière hadronique soumiseà de fortes pressions et températures. L’idée sous-jacente était là <strong>au</strong>ssi, d’élaborerune équation d’état. Dans ce cours, il ne serait pas approprié de transcrirelonguement les résultats qui y ont été obtenus. En revanche, je me réfèrerai <strong>au</strong>xécrits de Stock assurant que la physique <strong>des</strong> ions lourds <strong>au</strong>jourd’hui héritecopieusement <strong>des</strong> expériences qui se sont déroulées <strong>au</strong> Bevalac jusqu’en 1984[Sto04]. Il donne deux arguments à cela : les physiciens d’<strong>au</strong>jourd’hui essaient,premièrement de trouver <strong>des</strong> observables qui gardent la mémoire de leur formationlors <strong>des</strong> toutes premières étapes de la collision et deuxièmement, de rechercher <strong>des</strong>sign<strong>au</strong>x qui se sont construits tout <strong>au</strong> long <strong>des</strong> différentes étapes de l’évolutiondynamique de la collision.Expérimentalement, la démarche adoptée est la suivante : <strong>des</strong> observables sontmesurées dans les collisions où les conditions sont optimales pour créer un QGPc’est-à-dire dans les collisions les plus frontales, les plus centrales, mettant en jeu lesions les plus lourds possible, or ou plomb. Puis, les mêmes observables sontmesurées dans <strong>des</strong> collisions pour lesquelles les conditions ne sont certainementpas réunies pour permettre la création d’un <strong>plasma</strong>, c’est-à-dire <strong>des</strong> collisions avec<strong>des</strong> ions plus légers (proton–proton ou proton–Noy<strong>au</strong>) ou à <strong>des</strong> énergies plus faibles.Il f<strong>au</strong>dra ensuite tenter de déceler <strong>des</strong> comportements atypiques, de les interpréter ets’ils peuvent s’expliquer ou non par la présence d’un QGP. Celui-ci n’étant formé quependant un temps très furtif, il est totalement exclu de l’étudier directement. Insistonssur le fait que ce qui est à la disposition <strong>des</strong> expérimentateurs, c’est la mesure <strong>des</strong><strong>hadrons</strong> dans les détecteurs, c’est-à-dire en fin de chaîne. C’est justement cettechaîne qu’il f<strong>au</strong>dra remonter afin de savoir ce qui a pu se passer à son début. C’estnotamment ce point qui justifie la pertinence <strong>des</strong> mesures <strong>des</strong> particules multiétranges: en effet, elles sont sensées avoir de faibles sections efficaces d’interactionet par conséquent, elles devraient parvenir dans les détecteurs avec <strong>des</strong> propriétés,dynamiques ou chimiques, acquises <strong>au</strong> tout début de la collision voire durant laphase partonique si tant est qu’elle ait eu lieu.270


3.2. Scénario d’une collision d'ions lourdsMalheureusement, il n’existe pas de formalisme unique capable de décrire unecollision noy<strong>au</strong>–noy<strong>au</strong> à h<strong>au</strong>te énergie. La figure 3 schématise le scénario sur lequella majorité <strong>des</strong> physiciens <strong>des</strong> ions lourds relativistes s’accorde <strong>au</strong>jourd’hui, unscénario se déroulant en plusieurs étapes [Bjo83, Sat92] et qu’il s’agira decomprendre de la façon la plus complète possible.Après une phase de pré-équilibre qui durerait environ 1 fm/c, le système dense etch<strong>au</strong>d est supposé atteindre un équilibre thermique. Si la densité d’énergie estsuffisamment élevée, un QGP peut être formé et perdurer pendant environ 5 fm/c.Puis, à mesure que le temps s’écoule, les températures et les pressions diminuent.Une phase mixte s’inst<strong>au</strong>re pendant 10 à 20 fm/c. Les degrés de liberté partoniquesse combineraient alors ensemble pour former <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>. Ce gaz de <strong>hadrons</strong> est lesiège d’interactions inélastiques et élastiques et là, deux instants sont distingués.Tout d’abord, l’instant où les interactions inélastiques cessent, est dénommé gel (oufreeze-out) chimique : la composition chimique <strong>des</strong> constituants est fixée ; puisl’instant où les interactions élastiques s’interrompent à leur tour correspond <strong>au</strong> gel(ou freeze-out) cinétique 5 : les <strong>hadrons</strong> n’interagissent plus et volent librementjusqu’à leur ultime interaction dans les détecteurs. La durée entre les deux freeze-outest sujette à c<strong>au</strong>tion : elle varie selon les modèles, certains préconisant même leursimultanéité [Bro01], d’<strong>au</strong>tres défendant une séquence d’occurrence basée sur le faitque ce sont les processus les plus rares qui vont s’arrêter en premier donc lesinteractions inélastiques. Par exemple, <strong>des</strong> calculs faits avec le modèle UrQMD[Ble02] montre qu’après la première étape de pré-équilibre, les collisions inélastiquesdominent avant que les collisions élastiques et pseudo-élastiques deviennentmajoritaires. Ce changement peut être interprété comme l’instant où se produit lefreeze-out chimique.Toutefois, avant que le système parvienne <strong>au</strong> freeze-out cinétique, il est donc lesiège de nombreuses interactions. Ces interactions vont avoir pour conséquence degénérer <strong>des</strong> phénomènes de flot ou phénomènes dits collectifs, qui traduisentl’émission de matière dans <strong>des</strong> directions privilégiées de l’espace de phase. En effet,ils trouvent leur origine dans l’existence d’un gradient de pression induit dans la zonede recouvrement <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x en collision. Les interactions éjectent les constituants etcomme elles sont abondantes, elles induisent une vitesse de flot commune(collective) à tous ces constituants. Le flot est donc directement sensible à l’ampleur<strong>des</strong> interactions et les distributions en impulsion transverse <strong>des</strong> particules sont lerésultat de la combinaison d’un mouvement aléatoire qui peut être quantifié par latempérature <strong>au</strong> freeze-out cinétique et d’un mouvement lié à une composantecollective quantifiée par une vitesse de flot.Ces phénomènes de flot trouvent également leur importance en terme d’informationsqu’ils sont susceptibles d’apporter car ce sont ces interactions qui vontéventuellement permettre <strong>au</strong> système d’aboutir à un équilibre thermique, et cecirelativement rapidement, c’est-à-dire dans la limite de temps de vie du système.5 Le terme « thermique » est souvent utilisé également <strong>au</strong> lieu de cinétique.271


Figure 3 : Evolution temporelle d’une collision d'ions lourds en fonction de son expansionlongitudinale et du temps. Les noms et durées <strong>des</strong> diverses phases (pré-équilibre, mixte,<strong>plasma</strong>, gaz hadronique) sont indiqués ainsi que les deux instants particuliers que sont lesfreeze-out chimique et cinétique (thermique).Les phénomènes collectifs ont été observés pour la première fois <strong>au</strong> Bevalac[Gus84] puis à SIS 6 [Rei97] et sont d’ailleurs relativement bien compris à cesénergies où ils reflètent purement les propriétés d’une matière hadronique dense. Aplus h<strong>au</strong>te énergie, et dans <strong>des</strong> collisions non-centrales, le gradient de pressionsiégeant dans la zone de recouvrement <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x incidents, possède initialementune asymétrie azimutale qui transforme l’anisotropie <strong>au</strong> départ spatiale en uneanisotropie dans l’espace <strong>des</strong> impulsions. Ces phénomènes ont été appelés flotelliptique en raison de la forme en amande prise par le système en expansion.En outre, le flot est une grandeur additive et par conséquent, elle est accumulée tout<strong>au</strong> long de l’évolution du système, la rendant ainsi potentiellement sensible àl’équation d’état. Il pourrait par exemple résulter d’une composante partoniquesuperposée à une composante hadronique. Toute la difficulté sera de parvenir àséparer les deux composantes.La <strong>des</strong>cription du scénario <strong>au</strong>quel il est possible de s’attendre lors d’une collisiond'ions lourds relativistes, même si elle est synthétique, dénote de complexité et <strong>des</strong>difficultés à venir, théoriques et expérimentales.Au plan théorique tout d’abord car en effet, il n’existe pas, <strong>au</strong>jourd’hui, de formalismeunique capable de décrire les différentes étapes. Les diverses approches théoriques<strong>au</strong>ront leur propre domaine d’applicabilité et les résultats obtenus à RHIC que je6 Le synchrotron SIS est implanté <strong>au</strong> GSI (Gesellschaft für Schwere Ionen) de Darmstadt enAllemagne et délivre <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x d’ions lourds à <strong>des</strong> énergies inférieures à 2 GeV/nucléon.272


présenterai dans les chapitres suivants en donneront une démonstration sans appel.La figure 4 présente de manière très sommaire les régimes selon le domaine enimpulsion transverse couvert. En guise de repère, les accélérateurs et collisionneurssont également indiqués, accélérateur passé comme le SPS, collisionneurs actuelcomme RHIC et futurs comme LHC et RHIC-II.Figure 4 : Les différents régimes d’une collision d'ions lourds <strong>au</strong>x énergies ultra-relativistes et lesdomaines d’applicabilité de quelques approches théoriques.• Aux plus basses valeurs, c’est le domaine de la physique dite molle, celui oùpeut s’appliquer l’hydrodynamique. Les processus donc les observablesassociées doivent évoluer comme le nombre de participants (N part ) : lesénergies relativement modérées vont limiter fortement le nombre d’interactionspossible pour un nucléon si bien qu’il correspond en moyenne <strong>au</strong> nombre departicipants.• Aux plus h<strong>au</strong>tes valeurs d’impulsions transverses en revanche, la physiquedite dure règne et la <strong>QCD</strong> perturbative est applicable. Les phénomènes dansce régime sont attendus évoluer davantage comme le nombre de collisionsbinaires 7 (N bin ou N coll ) : cette fois-ci, les impulsions sont si élevées qu’unnucléon peut interagir plusieurs fois car même s’il perd de l’énergie, il peut luien rester suffisamment pour renouveler ses interactions et dans ce cas, lenombre de collisions qu’il subit est loin du nombre de participants qu’il neserait pas judicieux d’utiliser.7 N part et N bin calculés à partir du modèle de Gl<strong>au</strong>ber sont introduits dans le cours de Raphaël Granierde Cassagnac.273


• Aux impulsions transverses intermédiaires, deux régions sont indiquées : dansl’une, devraient dominer les phénomènes de coalescence, dans l’<strong>au</strong>tre leseffets de milieu et de fragmentation. Ceci est très schématique bien sûr carsinon, ce ne serait en fait pas si compliqué que cela…. Nous reviendrons plusen détail sur ce point lors de l’interprétation <strong>des</strong> résultats de RHIC.Au plan expérimental, les difficultés liées <strong>au</strong>x différentes étapes de l’évolution de lacollision se retrouvent dans les observables qu’il f<strong>au</strong>dra rechercher pour caractériser<strong>au</strong> mieux ces différentes étapes et qu’il f<strong>au</strong>dra mesurer, avec le problèmesupplémentaire qu’elles <strong>au</strong>ssi diffèreront selon l’étape de collision à laquelle elles serapportent. Malgré la non-trivialité de cette physique, <strong>des</strong> résultats expériment<strong>au</strong>xmajeurs ont cependant été produits permettant une avancée, majeure également,dans notre compréhension de cette physique.Dans le cours de Raphaël sont décrites les observables donc les phénomènesphysiques qui sont apparus les plus marquants <strong>au</strong> SPS, donc dans le secteur del’étrangeté et du charme. Il regarde également le devenir de ces observables <strong>au</strong>xénergies RHIC. Pour ma part, la démarche est en quelque sorte inversée puisque jeme concentre sur les effets majeurs de RHIC qui pour la plupart n’ont que peu oupas été observés <strong>au</strong> SPS : la suppression <strong>des</strong> jets, le flot partonique et les photonsthermiques.4. Quand RHIC mesure les observables du BEVA<strong>LA</strong>C4.1. Multiplicité <strong>des</strong> particulesLors de la conférence Quark Matter de Turin en 1999 précédant le démarrage duRHIC, différents théoriciens [Bas99] ont saisi l’unique opportunité, on peut même direle risque, de présenter leurs prédictions, pour changer une fois n’est pas coutume,<strong>des</strong> plus habituelles « post-dictions » <strong>des</strong> énergies de l’AGS et du SPS. Dans sesremarques de conclusion, Gyulassy soulignait les « variations considérables <strong>des</strong>prédictions traduisant l’ignorance <strong>des</strong> théoriciens quant <strong>au</strong>x conditions initiales etparticulièrement sur leur composante douce » c’est-à-dire celle correspondant à <strong>des</strong>impulsions transverses inférieures à 2 GeV/c.Les observables globales basées sur la mesure <strong>des</strong> particules venant du « gros de laréaction », traduction peu heureuse de bulk en anglais (d’ailleurs, je garderai leterme bulk), comme les densités de rapidité de la multiplicité de <strong>hadrons</strong> ou d’énergietransverse, peuvent être vues comme <strong>des</strong> baromètres ou thermomètres <strong>des</strong>dynamiques qui prennent place très tôt dans la collision. Ces observables peuventen effet être reliées à <strong>des</strong> quantités comme les densités d’énergie ou d’entropiefournissant ainsi <strong>des</strong> contraintes significatives sur ce que doivent être les conditionsinitiales. En conséquence, elles vont permettre de contraindre très fortement lesmodèles.274


Figure 5 : Densités de particuleschargées dans les collisions d'ions lourdsde l’AGS, du SPS et de RHIC (mesuresde PHOBOS et <strong>des</strong> quatre expériencescombinées) en fonction de l’énergie decollision. Les densités sont divisées parle nombre moyen de nucléonsparticipants.La figure 5 présente la densité de particules chargées émises à <strong>des</strong> pseudorapidités8 telles que ⏐η⏐ < 1, par paire de nucléons participants, dans les collisionsAu–Au de l’AGS [Ahl00, Bac02, Kla03], Pb–Pb du SPS [Ant04] et Au–Au de RHIC[Bac00, Bac04] en fonction de l’énergie de collision par nucléon dans le centre demasse. Avec <strong>des</strong> valeurs plus basses que celles prédites à Turin en 1999, lesdonnées de RHIC mesurées par PHOBOS suivent une « simple » extrapolationlogarithmique <strong>des</strong> données à plus basses énergies et sont plus élevées d’un facteurdeux par rapport à la densité de particules à l’énergie nominale du SPS. Ce résultat,sujet de la première publication de RHIC, a constitué une surprise dans lacommun<strong>au</strong>té qui attendait plutôt une explosion du nombre de particules par unité derapidité. Une surprise effectivement car l’habitude était plutôt <strong>au</strong>x évolutionsd’observables présentant <strong>des</strong> s<strong>au</strong>ts importants voire <strong>des</strong> ruptures telles que préditespar les promoteurs de la transition de phase du premier ordre. Ainsi, l’évolution trèsprogressive de la multiplicité <strong>des</strong> particules chargées telle que le montre la figure 5évoque les comportements attendus dans le cas d’une transition douce.Par ailleurs, les modèles basés sur la saturation [Kha01] parviennent à reproduire àRHIC la multiplicité <strong>des</strong> particules. Même s’ils ne sont pas applicables <strong>au</strong>x énergiesde collisions inférieures, ils expliquent l’évolution de cette multiplicité avec l’énergiede collision par le phénomène de saturation <strong>des</strong> gluons lors <strong>des</strong> tout premiersinstants de la collision qui sert en quelque sorte de limiteur à la production departicules.8 Dans le cas où l’impulsion de la particule est connue mais pas son énergie (par exemple si samasse est inconnue), alors la pseudo-rapidité peut être utilisée η = - ln(tan (cos -1 (pz/p)/2). Sil’impulsion de la particule est très supérieure à sa masse, alors η ≈ y.275


4.2. Densité d’énergieA l’instar de l’estimation de la densité d’énergie réalisée par les Collaborations NA49[Mar95] et NA50 [Abr00], une analyse similaire a été réalisée à RHIC [Adc01],partant de l’approximation de Bjorken [Bjo83] qui considéra une matière sansinteraction, en expansion longitudinale, avec création de particules pendant un tempsτ = 1 fm/c (la justification de cette valeur ne se trouve que dans la volonté de donnerun ordre de grandeur). Il montra ensuite que la densité d’énergie ε atteinte dans lescollisions d'ions lourds pouvait s’écrire :ε=1πR2τdETdyavec R le rayon du noy<strong>au</strong> (de 7 fm/c pour un noy<strong>au</strong> Au) et dE T /dy l’énergietransverse par unité de rapidité qui est l’unique quantité à mesurer.A RHIC donc, la densité d’énergie a été évaluée comme étant égale à 5,5 GeV/fm 3 ,soit 1,7 fois plus élevée qu’<strong>au</strong> SPS 9 . Comme cela était déjà le cas <strong>au</strong> SPS, la valeurdépasse largement celle de la densité d’énergie critique prédite par L<strong>QCD</strong> et qui estnécessaire pour permettre la transition de déconfinement. Même s’il ne s’agit là qued’une estimation, elle a permis néanmoins de confirmer, dès les premières analyses,que RHIC était dans la bonne direction, que les conditions optimales semblaientréunies. Que la densité d’énergie soit supérieure à la densité d’énergie critique pourun déconfinement, est une condition nécessaire mais elle n’est certes passuffisante.4.3. Les degrés de liberté longitudinal et transverseToujours <strong>au</strong> plan <strong>des</strong> observables globales, les « thermomètres de collision », lesdistributions en rapidité et en impulsion transverse, représentées sur les figures 6 et7 respectivement, dénotent <strong>des</strong> caractéristiques de la cinématique de la réaction.Pour plus de précision, regardons la figure 6 montrant la distribution de la densiténette de protons, c’est-à-dire de la différence entre les t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong>protons et les t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> antiprotons, pour l’AGS, le SPS et mesurée parBRAHMS [Bea03] pour RHIC. A l’AGS, le nombre d’antibaryons produits est faible etla distribution de la densité nette de protons (ou densité nette baryonique) estsimilaire à la distribution <strong>des</strong> protons, présentant un maximum <strong>au</strong>tour de 0. Au SPS,la distribution prend la forme d’un « M » traduisant le fait que la réaction commence àêtre transparente dans le sens où une très faible proportion de baryons origin<strong>au</strong>x seretrouve à rapidité centrale après la collision, contrairement à ce qui se passe donc àplus basse énergie. A RHIC, la distribution est très différente <strong>des</strong> deux précédentes :elle présente en effet une faible valeur à y = 0, <strong>au</strong>tour de 7 seulement, puis<strong>au</strong>gmente très modérément avec la rapidité, dénotant de la très grandetransparence de la matière nucléaire à RHIC.9 Au SPS, NA49 avait ainsi estimé que la densité d’énergie à l’énergie nominale, équivalait 2,9GeV/fm 3 dans les collisions Pb–Pb, soit une valeur supérieure à la densité d’énergie critique préditepar L<strong>QCD</strong> pour qu’ait lieu la transition de phase. Cette limite était en outre franchie dans les collisionsAu–Au de l’AGS à √s NN = 5 GeV puisque la densité d’énergie a été estimée à 1,5 GeV/fm 3 .276


Figure 6 : Distributions de la densité nette deprotons (i.e. protons – antiprotons) mesurées<strong>au</strong>x énergies nominales de l’AGS, du SPS et deRHIC (données de BRAHMS [Bea03]).Figure 7 : Distributions en impulsion transverse <strong>des</strong>particules chargées mesurées par STAR pour septdomaines de centralité <strong>des</strong> collisions Au–Au à √s NN =200 GeV. La ligne pointillée verticale visualise la limiteen deçà de laquelle se trouve la région dite <strong>des</strong>basses impulsions et dans laquelle 99,5% <strong>des</strong>particules sont comprises.Selon la composante transverse à présent, les distributions en impulsion (p T )mesurées notamment par STAR [Ull03] et représentées sur la figure 7 pour différentscritères de centralité, traduisent la violence de collisions à 200 GeV car les valeursmaximales d’impulsion transverse avoisinent les 12 GeV/c. Les dernières analysesfaites à RHIC utilisant toute la statistique disponible <strong>des</strong> collisions Au–Au à √s NN =200 GeV montre que les impulsions transverses atteignent 20 GeV/c. En attendantde voir que ces particules très énergétiques donneront <strong>des</strong> indications trèsparticulières et originales, notons en outre, que 99,5% <strong>des</strong> particules ont <strong>des</strong>impulsions transverses inférieures à 2 GeV/c, le fameux bulk mentionnéprécédemment, qui naturellement gouvernera une large part de la dynamique de lacollision. Ces distributions d’impulsions transverses sont analysées de manière trèsintensives car à partir de leur amplitude, les t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> particules sontextraits et de là, les propriétés chimiques ou encore les conditions <strong>au</strong> freeze-outchimique. Leur forme quant à elle va permettre d’extraire les caractéristiquesdynamiques en tentant de la reproduire par <strong>des</strong> fonctions contenant <strong>des</strong> paramètresliés à <strong>des</strong> propriétés dynamiques (vitesse de flot par exemple) et qu’il f<strong>au</strong>dra ajuster.Les conditions <strong>au</strong> freeze-out cinétique pourront être investiguées.Décrivons à présent la physique de RHIC selon les différents régimes car comme jel’ai déjà évoqué, les physiciens ions lourds ont pris l’habitude de parler de régimesoft et hard, doux (mou) et dur, selon que le domaine investigué se rapporte <strong>au</strong>ximpulsions transverses, respectivement inférieures à 2 GeV/c ou supérieures à6 GeV/c. Entre ces valeurs, le régime est qualifié… d’intermédiaire.277


5. Le régime « doux »5.1. Une production étrangeLa production <strong>des</strong> particules, <strong>au</strong>trement dit, l’hadronisation, est un processusméconnu <strong>au</strong>jourd’hui encore et si l’on tente de comprendre comment se forment les<strong>hadrons</strong>, les questions suscitées demeurent souvent sans réponse.L’évolution <strong>des</strong> multiplicités de particules chargées en fonction de l’énergie decollision (figure 5) a constitué une surprise par sa progression monotone. Enregardant plus en détails et selon le contenu en étrangeté <strong>des</strong> particules, cetteévolution peut paraître encore plus intrigante. La partie h<strong>au</strong>te de la figure 8 (extraitede [Est05] présente les t<strong>au</strong>x de particules simplement (Λ), doublement (Ξ) ettriplement étranges (Ω) en fonction de l’énergie de collision et il est tout à faitsurprenant de constater que même si deux ordres de grandeur séparent les énergiesnominales de l’AGS et de RHIC, les t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> particules étranges necroissent pas en conséquence, surtout pour les Λ dont les t<strong>au</strong>x restent pratiquementconstants. Pour ce qui est <strong>des</strong> anti-particules, les t<strong>au</strong>x présentent un accroissementavec l’énergie (milieu de la figure 8) qui se retrouve sur l’évolution <strong>des</strong> rapports <strong>des</strong>t<strong>au</strong>x <strong>des</strong> antibaryons et <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x <strong>des</strong> baryons (bas de la figure 8). Cette<strong>au</strong>gmentation est tout à fait naturelle puisque plus l’énergie <strong>au</strong>gmente, plus lesantiparticules sont créées en abondance et le potentiel chimique baryonique doitdiminuer. Reste à comprendre pourquoi les particules étranges ne suivent pas cettetendance de manière marquée.En guise de première approche afin de savoir à quel moment l’étrangeté apparaît <strong>au</strong>cours de la collision, examinons à présent les t<strong>au</strong>x de production, par unité derapidité et en fonction du nombre de participants, pour les antiparticules non-,simplement- et doublement-étranges sur la figure 9 (figure du h<strong>au</strong>t). Pour lesantiprotons, les t<strong>au</strong>x <strong>au</strong>gmentent faiblement avec le nombre de participants commecela était attendu. Pour les Λ et de façon plus marquée encore pour les Ξ, les t<strong>au</strong>x deproduction se démarquent de cette <strong>au</strong>gmentation linéairement proportionnelle <strong>au</strong>nombre de participants.Si maintenant, les t<strong>au</strong>x de production de ces mêmes particules sont normalisés <strong>au</strong>nombre de collisions binaires et représentés toujours en fonction du nombre departicipants comme le montre la figure 9 dans sa partie inférieure, les comportementssont inversés : les hypérons semblent suivre le facteur d’échelle défini par le nombrede collisions binaires et cela est d’<strong>au</strong>tant plus vérifié que le contenu en quarksétranges de la particule est important.A partir de ces faits, il semble donc que le facteur d’échelle n’est pas le mêmesuivant que le quark est léger (u et d) et suivant qu’il est étrange et que ce facteurd’échelle doit être défini différemment selon qu’un quark léger ou étrange estconsidéré.278


Figure 8 : H<strong>au</strong>t : T<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> particulessimplement (Λ), doublement (Ξ) et triplementétranges (Ω) en fonction de l’énergie de collisiondans le centre de masse par paire de nucléon.Milieu : même analyse mais pour lesantiparticules. Bas : Rapports antibaryon/baryon<strong>des</strong> particules précédentes ainsi que les rapportsantiproton/proton.Figure 9 - H<strong>au</strong>t : T<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> Ξ + comparésà ceux <strong>des</strong> antiprotons et antilambdas pour lescollisions Au-Au à √s NN = 200 GeV en fonction dunombre de participants. Les données sont normalisées<strong>au</strong> nombre de participants le plus faible (donc pour lescollisions périphériques). Bas : Mêmes distributionsmais normalisées par le nombre de collisions binaires,toujours en fonction du nombre de participants.Une nouvelle normalisation a été proposée [Cai05] définie pour chaque particule,individuellement en utilisant le facteur d’échelle suivant :N légers *N part /N total + N étranges *N bin /N totaloù N légers est le nombre de quarks u et d, N étranges le nombre de quarks étranges etN total le nombre total de quarks. Ainsi, les protons doivent évoluer comme N part et lesΩ comme N bin . L’à propos de cette graduation apparaît sur les données Au–Au à√s NN = 200 GeV, indiquant que le volume pertinent pour la production de particulesétranges n’est pas simplement géométrique : il est contrôlé selon le nombre departicipants mais fortement influencé par le nombre de processus durs <strong>au</strong> cours de lacollision. Les distributions <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> particules normalisés cettefois-ci par ce nouve<strong>au</strong> facteur d’échelle sont effectivement plates en fonction dunombre de participants. Des trav<strong>au</strong>x sont en cours <strong>au</strong> sein de la Collaboration STAR279


afin de tenter de trouver l’observable la mieux à même de décrire le volume deréaction.Mais quoi qu’il en soit, outre le fait qu’il f<strong>au</strong>t encore trouver une signification physiqueà ce facteur d’échelle, ces étu<strong>des</strong> soulèvent un certain nombre de questions commepar exemple : les quarks étranges voient-ils un volume de réaction différent de celuivu par les quarks légers ? Quand et donc comment sont-ils formés ? A partir <strong>des</strong>données du SPS et de RHIC, Aichelin démontre que les quarks étranges semblentmontrer effectivement une sensibilité <strong>au</strong>x collisions binaires et il conclut que cesquarks pourraient être créés comme les quarks charmés par les mêmes processusde nature plutôt dure [Aic05].Figure 10 : Rapports proton/pionmesurés par PHENIX et comparés<strong>au</strong>x prédictions de trois modèlesproposant la coalescence de quarkspour expliquer l’hadronisation dans larégion <strong>des</strong> impulsions intermédiaires.Toujours <strong>au</strong> plan <strong>des</strong> productions incomprises, l’une <strong>des</strong> découvertes [Adc02, Adl03]inattendue et <strong>au</strong>jourd’hui encore non comprise réside dans ce qui a été appelé« l’anomalie <strong>des</strong> baryons » [Vit02] : les baryons et antibaryons <strong>au</strong>gmententfortement par rapport <strong>au</strong>x pions dans le domaine d’impulsion p T ~ 2 – 5 GeV/c. Audelàde cette valeur, les baryons retrouvent un comportement normal. La figure 10présente les mesures de PHENIX [Adl03] <strong>des</strong> rapports proton/pion, comparées <strong>au</strong>xprédictions de divers modèles de coalescences de quarks. Cette anomalie contrastede manière frappante avec la suppression de la production <strong>des</strong> pions dans la mêmetranche d’impulsion transverse laissant supposer que les baryons ne subissent doncpas la même suppression que les mésons.A l’AGS et <strong>au</strong> SPS, un rapport proton/pion supérieur à l’unité a également étémesuré mais à ces plus faibles énergies, la plupart <strong>des</strong> protons n’est pas créée <strong>au</strong>cours de la collision mais provient de la région de fragmentation de la cible et duprojectile. De plus, le flot radial est très important (environ 50% de la vitesse de lalumière) et peut provoquer la valeur élevée du rapport proton/pion : les protons étanten effet plus lourds, une vitesse de flot importante dynamise plus fortement lesprotons que les pions, leur procurant ainsi de plus fortes valeurs d’impulsiontransverse. Cette physique est bien différente de celle à RHIC où dans ce cas, lamajorité <strong>des</strong> protons est créée <strong>au</strong> cours du processus de réaction et une explicationreste à trouver.280


La réponse pourrait se trouver dans les modèles de coalescence de quarks. Cesmodèles supposent que l’hadronisation, dans la région <strong>des</strong> impulsionsintermédiaires, se réalise par la coalescence de quarks qui sont proches dansl‘espace de phase. Sur la figure 10, les prédictions de trois de ces modèles [Fri04,Non04, Gre03] sont comparées <strong>au</strong>x mesures de PHENIX et les accords sontrelativement satisfaisants surtout pour les modèles les plus raffinés comme Oregonet TAMU [Gre03] qui considèrent les désintégrations de type ρ→ 2π permettant depeupler la région <strong>des</strong> faibles impulsions. Mais actuellement, ces modèles decoalescence ne sont performants qu’à <strong>des</strong> valeurs d’impulsions transversessupérieures à environ 2 GeV/c. A plus h<strong>au</strong>te impulsion transverse, <strong>au</strong>-delà de 6GeV/c, les modèles ne peuvent pas non plus reproduire les tendancesexpérimentales. Dans cette gamme de p T siègent les processus durs et le jetquenchingintervient également comme nous le verrons plus tard. Les modèles defragmentation de quarks succèdent alors <strong>au</strong>x modèles de coalescence pourexpliquer la formation <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>.Topor Pop et ses collaborateurs montrent que le modèle Hijing/B[B v2.0 parvient àreproduire la production de baryons et donnent, pour reprendre les termes <strong>des</strong><strong>au</strong>teurs, une explication partielle à cette anomalie [Top04]. « Partielle » car dans cetarticle, les <strong>au</strong>teurs reconnaissent qu’ils ne peuvent pour l’instant reproduire lesdistributions de baryons dans la région <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> rapidités. En revanche, la priseen compte <strong>des</strong> boucles jonction–anti-jonction dans cette version du modèle conduiteffectivement à une production de baryons supplémentaire dans les collisionsNoy<strong>au</strong>–Noy<strong>au</strong>. Les <strong>au</strong>teurs concluent leur article en reconnaissant que s’ilsparviennent à reproduire be<strong>au</strong>coup de données expérimentales, la compréhensionde la production de particules étranges restent une question ouverte. Nousreviendrons sur les prédictions de ce modèle qui depuis cet article de 2004 a évoluésensiblement.A ce stade de notre compréhension, le succès <strong>des</strong> modèles de coalescencefont émerger l’idée que les quarks pourraient être les degrés de libertépertinents pour la <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> processus.5.2. Propriétés chimiquesQuoiqu’il en soit, c’est en tout cas <strong>au</strong> moment du freeze-out chimique que lacomposition <strong>des</strong> diverses entités est figée. A l’instar <strong>des</strong> approches suivies <strong>au</strong> SPS,les conditions sous lesquelles existe le système <strong>au</strong> moment du freeze-out chimiquepeuvent être appréhendées par les rapports de particules dans le cadre d’un modèlestatistique. Sa température T ch ainsi que le potentiel chimique baryonique μ B sont lesparamètres du modèle qui vont permettre l’ajustement <strong>des</strong> données expérimentaleset théoriques. Le facteur de saturation en étrangeté γ s ou fugacité est un paramètresupplémentaire introduit un peu plus tardivement dans l’histoire <strong>des</strong> modèlesstatistiques afin de rendre compte du degré de saturation de la productiond’étrangeté dans le système. Le modèle décrit dans la référence [Kan02] a été utilisépour reproduire les rapports mesurés à RHIC à √s NN = 200 GeV. Cette analyse estmontrée sur la figure 11.281


Figure 11 : Rapports de <strong>hadrons</strong>mesurés par STAR et comparés <strong>au</strong>xprédictions du modèle statistique deKaneta et Xu.Du SPS à RHIC, la densité baryonique diminue très fortement puisqu’elle atteint 23 ±3 MeV, indiquant une création d’antimatière croissante avec l’énergie disponibledans le centre de masse. La température de freeze-out chimique est en revancherelativement stable avec la centralité et l’énergie de collision atteignant 157 ± 3 MeVà RHIC. Cette température de freeze-out chimique est remarquablement prochede la température critique prédite pour le changement de phase par la <strong>QCD</strong> surrése<strong>au</strong>x [Kar02] à une densité baryonique nulle. Il semble donc que quelles quesoient les conditions initiales, le système dense et ch<strong>au</strong>d qui a été créé dans lescollisions d'ions lourds ultra-relativistes, évolue toujours vers une même températurede freeze-out chimique. Pour Br<strong>au</strong>n-Munzinger et ses collaborateurs [Bra04],l’équilibre ne peut se faire <strong>au</strong> cours de la phase d’hadronisation si l’on en croît lest<strong>au</strong>x de collisions trop faibles et les temps trop courts extraits <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> sur lescorrélations de particules. La quasi-coïncidence <strong>des</strong> deux températures pourrait secomprendre par le fait qu’<strong>au</strong> voisinage de la température critique, les multiplescollisions à N corps peuvent engendrer un mécanisme pour l’équilibration dusystème. L’argument est de dire que la transition de phase gouverne les densités departicules et en raison de leur changement brutal <strong>au</strong> voisinage du changement dephase, les collisions multiples entre particules fournissent une explication naturellepour la mise en place d’un équilibre chimique, conduisant à une température defreeze-out égale à celle de la transition de déconfinement à quelques MeV près.Pour les collisions les plus centrales de RHIC, la fugacité γ s approche 1 (0,99 ± 0,07)indiquant que l’équilibre chimique en étrangeté serait atteint à l’énergienominale du RHIC dans les collisions Au–Au frontales. Autrement dit, l’espacede phase est saturé en étrangeté. Au SPS, la valeur maximale atteinte par γ s dansles collisions Pb–Pb les plus centrales n’était que 0,821 ± 0,024, <strong>des</strong> collisions doncrelativement éloignées de la saturation.282


5.3. Propriétés dynamiquesAvant que le système parvienne <strong>au</strong> freeze-out cinétique, il est le siège denombreuses interactions qui ont pour conséquence de générer <strong>des</strong> phénomènes deflot ou phénomènes dits collectifs, qui traduisent l’émission de matière dans <strong>des</strong>directions privilégiées de l’espace de phase. En effet, ils trouvent leur origine dansl’existence d’un gradient de pression induit dans la zone de recouvrement <strong>des</strong>noy<strong>au</strong>x en collision. Les interactions éjectent les constituants et comme elles sontabondantes, elles induisent une vitesse de flot commune – collective – à tous cesconstituants. Le flot est donc directement sensible à l’ampleur <strong>des</strong> interactions et lesdistributions en impulsion transverse <strong>des</strong> particules sont le résultat de la combinaisond’un mouvement aléatoire qui peut être quantifié par la température <strong>au</strong> freeze-outcinétique et d’un mouvement lié à une composante collective quantifiée par unevitesse de flot.Les phénomènes collectifs ont été observés à plus basse énergie [Gus84, Rei97] etsont d’ailleurs relativement bien compris à ces énergies où ils reflètent purement lespropriétés d’une matière hadronique dense. A plus h<strong>au</strong>te énergie, et dans <strong>des</strong>collisions non-centrales, le gradient de pression siégeant dans la zone derecouvrement <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x incidents, possède initialement une asymétrie azimutalequi transforme l’anisotropie <strong>au</strong> départ spatiale en une anisotropie dans l’espace <strong>des</strong>impulsions. Ces phénomènes ont été discutés pour la première fois par Ollitr<strong>au</strong>ltdans le cadre <strong>des</strong> collisions <strong>au</strong>x énergies relativistes du SPS [Oll92] : cesphénomènes ont été appelés flot elliptique en raison de la forme en amande prisepar le système en expansion. L’asymétrie spatiale décroît généralement à mesureque dure l’expansion du système, expansion qui en d’<strong>au</strong>tres termes, amoindrit le flotelliptique le rendant ainsi sensible <strong>au</strong>x interactions entre constituants lors <strong>des</strong> toutespremières étapes de la collision [Sor99] et en particulier, lors <strong>des</strong> interactions entrepartons.En outre, comme nous l’avons dit, le flot est une grandeur additive, accumulée tout<strong>au</strong> long de l’évolution du système, la rendant ainsi potentiellement sensible àl’équation d’état. Il s’agira de parvenir à séparer les composantes partonique ethadronique et les particules multi-étranges vont jouer un rôle primordial. Lesinteractions entre constituants sont sensées conduire à une thermalisation dusystème, rejoignant ainsi la question de l’équation d’état de la matière nucléaire.Le flot radial transverse et le flot elliptique sont deux observables liées à ces effetscollectifs.Le flot transverse dépend <strong>des</strong> conditions <strong>au</strong> freeze-out cinétique sur lesquelles il estpossible de s’informer grâce <strong>au</strong>x distributions en impulsion (masse) transverse <strong>des</strong>particules. Elles peuvent en effet être reproduites si la source d’émission estsupposée être celle d’une source en équilibre thermique à la température de freezeoutcinétique et en expansion à une vitesse de flot β, possédant un profil de vitessetel que décrit, par exemple, par Schnedermann et ses collaborateurs [Sch93]. Certes,cette <strong>des</strong>cription phénoménologique, appelée Blast-wave, n’est pas le fruit d’unmodèle complexe et complet mais elle permet néanmoins de quantifier globalementcette émission dynamique en extrayant les températures et vitesses de flot.Pour les collisions Au–Au à √s NN = 200 GeV, l’ajustement <strong>des</strong> distributions enimpulsion transverse <strong>des</strong> π, K, p a pu être fait en commun, pour une même valeur de283


température de freeze-out cinétique (T FO = 89 ± 10 MeV) et une même vitesse de flot( = 0,59 ± 0,05 c). Il a en revanche dû être réalisé indépendamment pour lesbaryons multi-étranges donnant une température plus élevée (T FO = 165 ± 40 MeV)et une vitesse de flot moindre ( = 0,45 ± 0,1 c). Le traitement <strong>des</strong> Λ donne, sanssurprise <strong>au</strong>cune, <strong>des</strong> valeurs intermédiaires entre celles trouvées pour les particuleslégères et celles <strong>des</strong> particules les plus lour<strong>des</strong>.Figure 12 : Température de freeze-out cinétique en fonction de la vitesse transverse,paramètres du modèle blastwave ajustés sur les distributions en impulsion transverse <strong>des</strong>π, K, p, Ξ et Ω émis lors <strong>des</strong> collisions Au+Au à √s NN = 200 GeV pour plusieurs degrés decentralité.En outre, l’étude en fonction de la centralité montre que plus la collision est centrale,plus les températures de freeze-out cinétique sont faibles et plus les vitesses de flotsont élevées. Ceci se comprend facilement puisque plus la collision est centrale, plusl’expansion dure longtemps : les températures se refroidissent davantage tandis queles interactions peuvent perdurer plus longtemps permettant de développer un flotplus important. Pour les baryons multi-étranges, <strong>au</strong>cune variation <strong>des</strong> valeurs <strong>des</strong>paramètres n’apparaît clairement. L’insensibilité <strong>des</strong> multi-étranges à la durée de laphase hadronique confirme leur faible section efficace d’interaction et leur échappéedu système très précocement dans l’évolution du système.Ces résultats montrent que :• Les baryons multi-étranges se découplent du système plus tôt que lesparticules plus légères, probablement en raison de leurs faibles sectionsefficaces d’interaction.• Les baryons multi-étranges sont soumis à un flot collectif important. Etantdonné qu’ils n’ont quasiment pas connu la phase hadronique et que le flotprovient <strong>des</strong> interactions entre constituants, cela suggère que le flot a été créépar les interactions entre constituants avant qu’ils ne soient <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>,donc un flot partonique. Ce point signifie que les partons, contrairement<strong>au</strong>x idées premières <strong>des</strong> années soixante-dix, seraient en interaction.284


Cette matière en interaction n’est <strong>au</strong>tre que le sQGP dont les premierspas sont apparus dans les calculs sur rése<strong>au</strong>x de Karsch.Au SPS, les tendances semblaient similaires à celles vues à RHIC dans le sens oùles particules légères ont un flot qui peut être décrit par un jeu de paramètrescommuns et que les particules chargées d’étrangeté se démarquent de cescomportements. Mais la différence est moins marquée qu’à RHIC et les tendancessemblent donc moins nettes.Le flot elliptique, lui, vient de l’asymétrie <strong>au</strong> départ spatiale qui est convertie en uneasymétrie dans l’espace <strong>des</strong> impulsions. Pour quantifier cet effet, la techniquehabituellement utilisée consiste à mesurer les angles d’émission azimut<strong>au</strong>x <strong>des</strong>particules par rapport <strong>au</strong> plan de la réaction. Théoriquement, ce plan de réaction estdéfini par la direction du faisce<strong>au</strong> et par le paramètre d’impact <strong>des</strong> deux noy<strong>au</strong>xtandis qu’expérimentalement, il est calculé selon diverses métho<strong>des</strong> basées sur lescorrélations à 2 ou 4 particules [Pos98, Bor01]. La distribution en angle azimutal estdécomposée en série de Fourier et dans la région de rapidité centrale qui nousintéresse, le premier coefficient v 1 s’annulant, le second coefficient v 2 , appelé flotelliptique, devient la contribution dominante.Quantitativement, <strong>au</strong> SPS, le flot <strong>des</strong> particules chargées était important puisqueatteignant environ 35% de la vitesse de la lumière. En passant <strong>au</strong>x énergies RHIC,l’<strong>au</strong>gmentation du v 2 est très importante puisque cette contribution atteint 50%.Les étu<strong>des</strong> de flot elliptique réalisées dans les collisions Au–Au à √s NN = 200 GeV demanière exclusive sur le type de particules sont résumées sur la figure 13 extraite[Sta05]. Elle montre respectivement, le flot elliptique (a) <strong>des</strong> pions, kaons, K s 0 et Λ,(b) <strong>des</strong> Ξ et (c) <strong>des</strong> Ω en fonction de l’impulsion transverse. Une saturation du v 2 seproduit pour chacune <strong>des</strong> entités avec un nive<strong>au</strong> de saturation cependant différentselon que le hadron est un méson ou un baryon. Dans cette région de saturation, lescalculs hydrodynamiques représentés par les zones colorées (le gris est une couleur<strong>au</strong>ssi !) surévaluent fortement l’amplitude du flot elliptique alors que l’accord de leursprédictions avec les mesures était remarquable à basse impulsion transverse.La dépendance <strong>au</strong> type de particules, méson/baryon, est indubitablement à relier à ladépendance du même type que nous avons mise en évidence par l’analyse <strong>des</strong>distributions du R cp . Afin de mieux se rendre compte de ce phénomène si curieux, lesv 2 et p T ont été normalisés par le nombre de quarks de valence constituant le hadron.Cette manipulation est présentée sur la partie (d) : les distributions sont alorssuperposées les unes sur les <strong>au</strong>tres 10 , là <strong>au</strong>ssi, indiquant la pertinence <strong>des</strong> quarks(<strong>au</strong> moins de valence) comme degré de liberté. Les modèles de coalescence dequarks sont <strong>au</strong>ssi capables de reproduire les tendances observéesexpérimentalement sur le flot elliptique dans les collisions d'ions lourds [Gre04].Discutons à présent d’un point essentiel : le flot <strong>des</strong> hypérons multi-étranges. Ce quenous avions d’ores et déjà observé sur le flot radial transverse se confirme ici : cesparticules, censées interagir faiblement avec le milieu, ont un flot elliptique très10 Seule la courbe <strong>des</strong> pions (losanges) se démarque <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres courbes car les pions considérés icin’ont <strong>au</strong>cunement été corrigés <strong>des</strong> pions secondaires issus de la décroissance de résonances. Avecl’apport d’une telle correction, <strong>des</strong> simulations ont montré que la courbe <strong>des</strong> pions coïnciderait aveccelle <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres particules.285


marqué. Ce flot naît <strong>des</strong> interactions entre constituants et là <strong>au</strong>ssi, il est tentant deconclure quant à la marque d’un flot qui se serait développé lors d’une phase doncpartonique, le signe d’un sQGP !Figure 13 : v 2 en fonction de l’impulsion transverse pour (a) les p+[p ,π , K s 0 et Λ+[Λ émisdans les collisions Au-Au de biais minimum à √s NN = 200 GeV. Les lignes pointillées-tiretéessont <strong>des</strong> ajustements <strong>au</strong>x données par de simples fonctions analytiques alors que les calculshydrodynamiques sont représentés par les ban<strong>des</strong> j<strong>au</strong>nes ou grisées. (b) v 2 pour lesΞ+[Ξ. (c) pour les Ω+[Ω. (d) v 2 <strong>des</strong> p+[p , Λ+[Λ et Ξ+[Ξ normalisé <strong>au</strong> nombre de quarks devalence n q de chaque hadron, en fonction de l’impulsion transverse également normaliséepar n q (figure extraite [Sta05]).Le fait que l’hydrodynamique reproduise les mesures expérimentales et en particulierla dépendance en masse dans la région <strong>des</strong> basses impulsions transverses (p T < 1,5– 2 GeV/c) signifierait qu’à RHIC, la limite hydrodynamique est atteinte contrairementà ce qui se passe à plus basse énergie : les données rejoignent effectivement lescalculs hydrodynamiques de Huovinen et ses collaborateurs [Huo01] qui postulentl’existence d’une phase hadronique succédant à une phase partonique et un tempsd’équilibration très précoce, inférieur à 1 fm/c. Au SPS, les calculs hydrodynamiquespourraient reproduire les données mais avec <strong>des</strong> paramètres loin d’être réalistes.Constater que l’hydrodynamique reproduit le flot elliptique, tant son amplitude que sadépendance en impulsion transverse, a conduit bon nombre de physiciens àconclure que le milieu était thermalisé et que la matière créée à RHIC secomportait comme un fluide parfait. Les calculs hydrodynamiques sont en effetréalisés avec une viscosité nulle. Or, Borghini et Ollitr<strong>au</strong>lt notamment affirment qu’iln’en est rien [Bor05] du moins qu’<strong>au</strong>cune information pertinente ne peut être extraitesur la thermalisation. A partir de prédictions générales sur la dynamique d’un fluideidéal, ils dérivent <strong>des</strong> propriétés générales sur les spectres en impulsion transverse286


de diverses particules émises par un fluide idéal, indépendamment de tout modèlespécifique. Ils incluent une distinction importante, entre les particules lentes qui ontune vitesse égale à la vitesse du fluide à un temps donné et les particules rapi<strong>des</strong>qui ont une vitesse supérieure à celle du fluide. Cette distinction n’est absolumentpas prise en compte dans les modèles hydrodynamiques du type Blast-wave. Leurscalculs montrent qu’il est possible de conclure assurément que certes, l’évolution dusystème est gouvernée par une expansion collective mais en <strong>au</strong>cun cas qu’unéquilibre local thermique quelconque soit atteint. Ollitr<strong>au</strong>lt souligne également quedans la dépendance du v 2 à l’énergie de collision, qu’il n’y a <strong>au</strong>cune indication <strong>des</strong>aturation de ce flot et partant, prédit que le flot <strong>au</strong> LHC n’en sera que plus important.6. Le régime « dur »Les propriétés originelles de la matière créée dans les collisions d'ions lourds sont enprincipe susceptibles d’être investiguées par <strong>des</strong> son<strong>des</strong> qui sont présentes dès lespremiers instants de la réaction et qui sont également influencées par lescaractéristiques du milieu dans lequel elles évoluent. Les partons créés dans <strong>des</strong>processus durs lors <strong>des</strong> premiers instants de la collision remplissent ces conditions.L’un <strong>des</strong> princip<strong>au</strong>x atouts de RHIC par rapport <strong>au</strong>x machines opérant à plus basseénergie réside dans le fait que les son<strong>des</strong> dures du domaine où la <strong>QCD</strong> perturbative(p<strong>QCD</strong>) est applicable, sont produites à RHIC avec <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x supérieurs de plusieursordres de grandeur et sur un domaine cinématique significativement plus étendu[Gyu02].Se posant comme précurseur dans ce domaine encore, Bjorken se pencha sur laperte d’énergie <strong>des</strong> partons dans un milieu déconfiné [Bjo82] et parla d’extinction <strong>des</strong>jets, jet–extinction, dans les collisions hadron–hadron, selon les termes suivant :« This jet-extinction phenomenon is, however, sufficiently credible that experimentalefforts should be made to look for it. »6.1. Emprisonnement <strong>des</strong> jetsPour infirmer ou confirmer expérimentalement ce phénomène, un facteur demodification nucléaire est défini de manière à permettre une comparaison directe <strong>des</strong>t<strong>au</strong>x de <strong>hadrons</strong> de h<strong>au</strong>te impulsion transverse dans <strong>des</strong> collisions de naturedifférente.− Comparaison <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x de production dans <strong>des</strong> collisions d’ions lourds A–B avecles t<strong>au</strong>x obtenus dans <strong>des</strong> collisions avec <strong>des</strong> noy<strong>au</strong>x plus élémentaires typeproton–proton : le facteur R AB où AB se rapporte <strong>au</strong>x collisions Au–Au ou d–Au,est défini comme :2d N/dηdpTRAB( pT) =2 ppTABd σ /dηdpTavec pour numérateur, le t<strong>au</strong>x de production différentiel par événement dans lacollision A+B ; T AB = /σ pp inél. décrit la géométrie de la collision et permet <strong>des</strong>’affranchir d’effets géométriques trivi<strong>au</strong>x (N bin est le nombre de collisions binaireset une section efficace inélastique σ pp inél.= 42 mb a été adoptée) ; le reste du287


dénominateur relatif <strong>au</strong>x collisions p–p inélastiques est déterminé par la sectionefficace différentielle p–p mesurée. En l’absence d’effets nucléaires, d’effetCronin ou de saturation de gluons, <strong>au</strong>trement dit si le phénomène évolue commele nombre de collisions binaires alors R AB = 1.− Comparaison <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x de production dans les collisions d’ions lourds les pluscentrales et avec les t<strong>au</strong>x obtenus dans les collisions les plus périphériques : lefacteur R cp où C et P se rapportent <strong>au</strong>x collisions Au–Au Centrales etPériphériques respectivement, est défini de manière analogue <strong>au</strong> facteur R AB :( pT)R CP =centrales[( dN/dpT) N bin]périphériques[( dN dpT) NSi le phénomène évolue comme le nombre de collisions binaires, R CP = 1. Utiliserle R CP est une alternative intéressante car elle permet de définir une référence<strong>au</strong>tre que celle <strong>des</strong> collisions proton–proton : avec un seul jeu de données Au–Aude biais minimum, le facteur peut être mesuré et de plus, les erreurssystématiques du numérateur et du dénominateur se compensent et n’ont doncpas besoin d’être évaluées.Les quatre expériences du RHIC ont investigué, à rapidité centrale, les distributionsdu facteur de modification nucléaire R AB dans les collisions Au–Au et d–Aurelativement <strong>au</strong>x collisions proton–proton. Leurs analyses synthétisées sur la figure14 montrent de façon joliment complémentaire, la suppression de la production departicules lorsque p T > 2,5 – 3 GeV/c.Ce phénomène est en outre plus marqué dans le cas <strong>des</strong> particules neutresmesurées par PHENIX, ce qui n’est d’ailleurs toujours pas compris. La décroissance<strong>des</strong> t<strong>au</strong>x de production, lorsque l’impulsion transverse diminue de 2 GeV/c à 0, peuten revanche être attribuée <strong>au</strong>x effets d’ombrage ou shadowing : ces effets mis enévidence lors <strong>des</strong> expériences de diffusions profondément inélastiques, traduisent lefait que les fonctions de structure <strong>des</strong> partons sont modifiées lorsque le parton estdans un nucléon isolé ou dans un nucléon environné par les <strong>au</strong>tres nucléonscomposant le noy<strong>au</strong> dont il fait partie. L’impulsion <strong>des</strong> nucléons est alors plus faibleque lorsque le nucléon n’est pas isolé.Dans les collisions d–Au, le facteur de modification nucléaire croît <strong>au</strong>x impulsionstransverses intermédiaires, phénomène attribué à l’effet Cronin [Ant79] : cet effettraduit le fait que lorsque le nucléon d’un noy<strong>au</strong> interagit avec les nucléons d’un <strong>au</strong>trenoy<strong>au</strong>, les collisions multiples élastiques dans l’état initial entre partons conduisent àune <strong>au</strong>gmentation de l’impulsion transverse <strong>des</strong> partons telle que = p 2 0 +A 1/3 δp 2 T dans la région <strong>des</strong> impulsions transverses intermédiaires et à une diminution<strong>au</strong>x faibles valeurs de p T . L’effet est plus rapide qu’une évolution de la sectionefficace en proton-Noy<strong>au</strong> linéaire avec le nombre de collisions binaires : dσ pA =dσ pp (Nbin) α où α = α(p T ). L’effet Cronin a été largement étudié dans les collisions p–A jusqu’à 800 GeV.288


Nuclear Modification Factor1.510.5d+Au (MB) η=0Au+Au (0-10%)1 2 3 4 5p T[GeV/c]Figure 14 : Facteurs de modification nucléaire R AB (p T ) pour les <strong>hadrons</strong> chargés et pions neutres <strong>des</strong>collisions Au–Au et d–Au à 200 GeV par rapport <strong>au</strong>x collisions p–p mesurés par : en h<strong>au</strong>t à g<strong>au</strong>chePHENIX [Adl03bis], en h<strong>au</strong>t à droite STAR [Ada03], en bas à g<strong>au</strong>che PHOBOS [Bac03] et en bas à droiteBRAHMS [Bac03]. Les ban<strong>des</strong> horizontales <strong>au</strong>tour de l’unité indiquent les erreurs systématiques surl’évaluation du nombre de collisions binaires. Pour PHOBOS, le facteur est présenté dans le cas <strong>des</strong>collisions Au–Au pour la centralité 0–20% par la courbe bleue.Wang a ensuite prédit que dans le cas de collisions Noy<strong>au</strong>–Noy<strong>au</strong>, l’effet Cronindevrait être d’un facteur 2 dans les collisions Pb–Pb à l’énergie nominale du SPS[Wan98]. Dans un premier temps, WA98 a effectivement confirmé cette prédiction enregardant la production de pions neutres. Puis les analyses ont été reprises pard’Enterria [Ent04] remarquant que la paramétrisation utilisée pour les donnéesproton-proton n’était pas adaptée (une paramétrisation doit en effet être appliquéecar <strong>au</strong>cune donnée de référence en proton-proton n’existe dans le domained’énergie considéré). En changeant de paramétrisation donc pour les collisionsproton–proton, il montre que certes un effet Cronin subsiste mais be<strong>au</strong>coup moinsprononcé suggérant l’existence d’un mécanisme atténuateur abaissantl’<strong>au</strong>gmentation due à Cronin d’un R AA supérieur à deux unités à un R AA compatibleavec l’unité dans les collisions Pb–Pb. L’<strong>au</strong>teur conclue qu’il <strong>au</strong>rait été intéressant demontrer que le jet-quenching est déjà présent <strong>au</strong> SPS mais de manière modéréemais il <strong>au</strong>rait fallu pour cela disposer d’une mesure directe de la production <strong>des</strong> pions289


neutres dans les collisions proton-proton <strong>au</strong> SPS. Indépendamment de cesévolutions de comportement <strong>au</strong> SPS, l’<strong>au</strong>gmentation du facteur de modificationnucléaire vue dans les collisions d–Au à RHIC est quant à elle attribuée à un effetCronin. Tout récemment, la Collaboration NA57 [Ant05] a présenté les facteurs demodification nucléaire <strong>des</strong> collisions Pb–Pb centrales rapportées <strong>au</strong>x collisionspériphériques à √s NN = 17,3 GeV pour les K 0 s, Λ, [Λ ainsi que les <strong>hadrons</strong> chargés.Pour les hypérons, les distributions du R cp sont similaires à celles obtenues <strong>au</strong>xénergies RHIC (nous le détaillerons plus tard) et ne peuvent être reproduites par <strong>des</strong>calculs n’incluant que <strong>des</strong> effets d’états initi<strong>au</strong>x. Les données sont en effet mieuxreproduites si une perte d’énergie <strong>des</strong> partons dans l’état final est incluse. Ainsidonc, les résultats du SPS que l’on croyait il y a quelques mois encore, dénués detoute information liée <strong>au</strong> jet-quenching semblent indiquer de plus en plus fortementqu’une perte d’énergie <strong>des</strong> partons dans un milieu dense est nécessaire pourexpliquer les données.Revenons à RHIC d’où est apparu le phénomène de jet-quenching. Indubitablement,le fait que quatre expériences, indépendantes, mettent en évidence le même effetdémontre que quelque chose de nouve<strong>au</strong> a été découvert à RHIC dans les collisionsAu–Au. « Nouve<strong>au</strong> » car effectivement, lorsque ce phénomène a été mis enévidence, <strong>au</strong>cune suppression n’avait pu être mise en évidence à l’énergie moindredu SPS, Cronin étant l’effet dominant. Le jet-quenching est apparu comme unedécouverte très excitante et j’ajoute sans intention de polémique, les commentairesde Gyulassy à ce propos [Gyu02]:« Cette découverte est peut-être plus excitante que celle de la suppression du J/ψde NA50 car cette suppression est <strong>au</strong>ssi vue dans les collisions p–A et qualifiée <strong>des</strong>uppression normale dans la matière nucléaire froide par rapport à la suppressionanormale dans les collisions Noy<strong>au</strong>–Noy<strong>au</strong>, donc une même tendance maisd’amplitude différente. Dans le cas du jet-quenching, ce sont <strong>des</strong> tendancesradicalement opposées qui s’observent. »L’interprétation théorique du jet-quenching est en cours d’élaboration suscitant <strong>des</strong>débats passionnés car les propositions <strong>des</strong> théoriciens sont relativement diverses.Pour <strong>des</strong> impulsions transverses <strong>au</strong>-delà de 2 GeV/c, les observables liées à lamesure <strong>des</strong> mésons 11 peuvent être traitées dans le cadre de la <strong>QCD</strong> perturbative[Gyu02, Bai00]. D’ailleurs, p<strong>QCD</strong> reproduit de manière satisfaisante la suppressionobservée expérimentalement lorsqu’elle tient compte de la perte d’énergie <strong>des</strong>partons [Vit02bis]. Les <strong>au</strong>teurs du modèle GLV [Gyu00, Vit02bis] préconisent que lavariation de la suppression en fonction du p T est un effet qui est loin d’être trivial, enparticulier sa constance pour les valeurs en p T les plus élevées à RHIC : ellerésulterait de la combinaison de plusieurs effets, la dépendance en p T <strong>des</strong>contributions de jets de gluons et de partons, la dépendance en p T de l’effet Cronin,les effets de shadowing ou encore EMC 12 qui modifient les fonctions de structure <strong>des</strong>partons. Les effets de shadowing et EMC traduisent la modification <strong>des</strong> fonctions de11 Pour <strong>des</strong> impulsions transverses en deçà de 5 GeV/c, les baryons ne peuvent être traités par p<strong>QCD</strong>et un bon nombre de développements théoriques sont en cours d’élaboration pour pallier cettedéficience comme ceux proposés par Fries, Greco, Kharzeev, Molnar, Vance, Vitev, etc.12 EMC est l’acronyme de la collaboration qui l’a découvert : European Muon Collaboration.290


structure <strong>des</strong> partons lorsque ceux-ci sont liés dans noy<strong>au</strong>, l’effet EMC se produisantà <strong>des</strong> x Bjorken plus élevés. Ils ont été mis en évidence lors <strong>des</strong> expériences dediffusions multiples de leptons et neutrinos-Noy<strong>au</strong> [Aub87].La comparaison <strong>des</strong> mesures du R AA <strong>des</strong> π 0 par PHENIX avec les calculs de GLV apermis d’estimer la densité gluonique initiale, dN g /dy = 1000 ± 200, soit une densitégluonique environ 50 fois supérieure à la densité gluonique dans la matièrenucléaire froide.Figure 15: Facteur de modification nucléaireprédit par GLV [Vit02bis] en fonction de p T <strong>au</strong>xénergies du SPS, de RHIC et du LHC (courbesen trait plein et pointillées) et comparé <strong>au</strong>xmesures de PHENIX et STAR pour les mésons(symboles).La figure 15 présente l’étude par GLV du R AA (p T ) en fonction de l’impulsiontransverse, <strong>au</strong>x énergies du SPS où l’effet Cronin domine, à RHIC où le rapport estaccidentellement constant et <strong>au</strong> LHC pour lequel les <strong>au</strong>teurs de GLV attendent unesuppression à une valeur en <strong>des</strong>sous de celle relative <strong>au</strong> nombre de participantsmais diminuant avec l’impulsion.Nous reviendrons sur le phénomène de jet-quenching dans le paragraphe 6.3. où estrésumée une alternative à la <strong>des</strong>cription de ce phénomène, alternative s’insérantdans le cadre de la physique de la saturation.6.2. RadiationLa mesure <strong>des</strong> photons thermiques est probablement le seul moyen pour collecter<strong>des</strong> informations directes sur les propriétés thermodynamiques du système. Lesphénomènes de radiation électromagnétique (appelés photons réels et virtuels) ontlongtemps été considérés comme une sonde privilégiée du système dense et ch<strong>au</strong>d[Shu78] puisque les photons ne sont pas perturbés par les interactions dans l’état291


final en raison de leur faible interaction avec le milieu. Les sources de photons sontnombreuses comme on peut le voir sur la figure 16.γdirectsp tProcessus durs(jets)γdécroissancesPhotons thermiques4π 0 , η, etc...Gaz de partons (QGP)1Gaz hadroniqueTemps(fm/c)O(1) O(10) O(10 7 )Figure 16 : Différentes sources de photons, schématisés dans le plan de l’impulsion transverse(exprimée en GeV/c) et du temps (ordres de grandeur exprimés en fm/c).Les photons directs, définis comme <strong>des</strong> photons réels n’étant pas issus de ladécroissance d’<strong>hadrons</strong>, sont émis à diverses étapes de la collision selon différentsprocessus :• <strong>des</strong> photons dits prompts (ou durs ou photons de pré-équilibre ou photonsp<strong>QCD</strong>) sont émis par diffusion entre partons lors <strong>des</strong> premiers dixièmes defm/c de la collision.• <strong>des</strong> photons dits thermiques peuvent venir <strong>des</strong> milieux donc thermalisés quesont les phases partoniques et hadroniques de la collision. Ils se situent dansla région <strong>des</strong> relativement basses impulsions transverses et sont émisrelativement tôt <strong>au</strong> cours de la réaction (à <strong>des</strong> temps inférieurs à 10 fm/c).Auprès du SPS, la Collaboration WA98 a mesuré un excès de photons [Agg00]dans les collisions centrales Pb–Pb à l’énergie nominale du SPS, excès inexistantdans les collisions plus périphériques comme le montre la figure 17.292


Figure 17 : Production de photons mesurée parWA98 dans les collisions périphériques (en h<strong>au</strong>t)et centrales (en bas) en fonction de l’impulsiontransverse [Agg00]. Les zones colorées indiquentles erreurs systématiques sur la dépendance enp T .Cependant, il est apparu très difficile de conclure à partir de ces résultats en raisonde l’incertitude importante sur la détermination <strong>des</strong> radiations venant <strong>des</strong> collisionspartoniques. L’absence de mesures de référence (de collisions proton-proton)empêche également toute évaluation quantitative de l’excès de photons dans lescollisions centrales. De plus, du point de vue théorique, la situation n’est pas plusclaire car les calculs <strong>QCD</strong> de type NLO (Next-to-Leading-Order) sous-estiment lessections efficaces différentielles nucléon-nucléon lorsque les énergies sontinférieures à √s NN = 30 GeV.La situation à RHIC est bien différente car non seulement les données sontaccessibles à la fois pour les collisions Au-Au et proton-proton mais <strong>au</strong>ssi laréférence en proton-proton est bien comprise du point de vue théorique : les calculsNLO reproduisent les données de RHIC à h<strong>au</strong>te impulsion transverse. Afind’améliorer la mesure de la production <strong>des</strong> photons directs <strong>au</strong>x faibles impulsionstransverses, PHENIX a utilisé une nouvelle technique d’analyses qui permetd’accéder <strong>au</strong>x photons directs par la détection <strong>des</strong> décroissances e + e - quiaccompagnent ces photons directs virtuels à très basse masse [Bat05]. Cela a puêtre possible grâce à l’excellente résolution en masse et à la faible probabilité deconversion de PHENIX. Cette méthode est basée sur l’hypothèse que toute sourcede photons réels et <strong>des</strong> photons réels directs en particulier, produit <strong>des</strong> photonsvirtuels avec une masse invariante très basse. Les t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong> photonsdirects réels sont obtenus à partir <strong>des</strong> t<strong>au</strong>x de photons directs virtuels avecl’hypothèse que γ*direct/ γ*incl. = γdirect/ γincl., les photons inclusifs étant mesurésdans le calorimètre de PHENIX.La figure 18 à g<strong>au</strong>che montre l’excès de photons γdirect/ γincl.+1 comparé <strong>au</strong>nouve<strong>au</strong> résultat préliminaire de l’analyse conventionnelle, mesure effectuée dansles collisions de 0 à 20% les plus centrales. Un excès significatif de photons estprésent <strong>au</strong>-delà <strong>des</strong> erreurs systématiques dans la région <strong>des</strong> p T comprises entre 1et 5 GeV/c. Sur la partie droite, les t<strong>au</strong>x déduits sont représentés en fonction de293


l’impulsion transverse et comparés <strong>au</strong>x résultats trouvés précédemment (en 2002) et<strong>au</strong>x résultats obtenus par <strong>des</strong> calculs p<strong>QCD</strong>, par un modèle de photons thermiqueset par la combinaison <strong>des</strong> deux [Ent05]. Les t<strong>au</strong>x expériment<strong>au</strong>x sont bien <strong>au</strong>-<strong>des</strong>sus<strong>des</strong> calculs de p<strong>QCD</strong> et deviennent compatibles avec les prédictions théoriques siles t<strong>au</strong>x de photons thermiques sont pris en compte. D’<strong>au</strong>tres modèles parviennent àreproduire les mesures et tous supposent une température maximale <strong>au</strong> centre de laboule de feu, de l’ordre de 500 – 600 MeV. En moyennant sur le volume entier, latempérature est de 300 – 400 MeV. Ces résultats constituent la première mesure dela température initiale de la matière produite à RHIC, si bien sûr il s’agissait vraimentde photons thermiques. Il f<strong>au</strong>t cependant attendre les références en proton-proton oud-Au avant de pouvoir conclure définitivement.Figure 18 : Excès de photons (à g<strong>au</strong>che) et t<strong>au</strong>x invariants de photons directs (à droite) enfonction de p T pour les collisions Au+Au centrales et pour deux techniques d’analysesdifférentes : la méthode conventionnelle (carrés) et la nouvelle méthode (cercles) basés surles photons virtuels.6.3. SaturationNous avons vu que le phénomène de jet-quenching peut trouver une explicationdans la perte d’énergie <strong>des</strong> partons dans ce milieu dense qu’est le <strong>plasma</strong> de quarkset de gluons. Les débats <strong>au</strong>tours de la suppression à h<strong>au</strong>t p T sont <strong>au</strong>jourd’hui encoretoujours passionnés en partie en raison de la proposition d’interprétation <strong>des</strong>théoriciens travaillant sur la physique de la saturation ou encore, la physique duCGC, du condensat de verre de couleur. Pour une revue, nous conseillons laréférence [Ian03] et pour les développements récents sur les résultats du RHIC,[Jal04,Gyu04]. Dans cette dernière référence notamment, le CGC, venant d’unethéorie effective de la <strong>QCD</strong> pour les h<strong>au</strong>tes énergies (pour les petits x), est défini parGyulassy et McLerran comme un système faiblement couplé, de type condensat enraison de la très forte concentration voire saturation de gluons, de couleur car lesgluons (entités majoritaires à h<strong>au</strong>te énergie) qui le composent sont colorés, de verre294


car ses propriétés rappellent celles du verre évoluant lentement avec le temps. LeCGC fournirait les conditions initiales pour la formation du <strong>plasma</strong> de quarks et degluons.L’idée est en effet qu’après l’impact <strong>des</strong> deux noy<strong>au</strong>x, lorsque l’on regarde unnucléon (un proton) à <strong>des</strong> énergies de plus en plus gran<strong>des</strong>, les gluons, trèsnombreux, subissent <strong>des</strong> fluctuations et les seuls possibles à ce moment là, sont lesfluctuations 1g → 2g qui accroissent encore le nombre de gluons. Puis les gluonssont si nombreux dans le nucléon qu’interviennent <strong>des</strong> processus du type 1g → 1g,processus par ailleurs négligeables à basse énergie et n’existant qu’<strong>au</strong>x densitésélevées. Mais la densité de gluons n’<strong>au</strong>gmente pas <strong>au</strong>ssi vite que l’énergie croît etc’est là où se produit la saturation. Peu de temps après la collision (vers 0,1 – 0,2fm/c), le système comprend donc be<strong>au</strong>coup de gluons, donc dispose d’une grandequantité d’énergie sous forme de gluons. Puis, les quarks apparaissent alors, seformant par <strong>des</strong> processus g → q + [g et cette matière qui prend forme jusqu’à cequ’elle existe <strong>au</strong> moment de la thermalisation, est ce que l’on appelle le QGP. Uneterminologie nouvelle a été adoptée : les effets d’état initial sont relatifs <strong>au</strong> CGCtandis que les effets d’état final se réfèrent <strong>au</strong> QGP.Figure 19 : Facteur de modificationnucléaire d–Au en fonction del’impulsion transverse et mesurédans quatre domaines de rapiditédifférents, η = 0 (en h<strong>au</strong>t à g<strong>au</strong>che),η = 1 (en h<strong>au</strong>t à droite), η = 2,2 (enbas à g<strong>au</strong>che) η = 3,2 (en bas àdroite). Les prédictions du modèle <strong>des</strong>aturation sont représentées par lescourbes en trait plein.A rapidité centrale et h<strong>au</strong>te impulsion transverse, la physique <strong>des</strong> collisions Noy<strong>au</strong>–Noy<strong>au</strong> est dominée par les interactions d’état final entre les partons créés, ce qui estconfirmé par l’absence de suppression dans les collisions d–Au à rapidité centraleégalement. Afin de s’affranchir de la dominance <strong>des</strong> effets d’état final, les théoriciensdu CGC ont clamé que pour observer sa manifestation, les meilleures conditions sontoffertes dans la région <strong>des</strong> rapidités élevées, qui plus est, dans les collisions proton–Noy<strong>au</strong>, soit d–Au à RHIC. L’argumentaire est basé sur le fait que ce domainecorrespondant <strong>au</strong>x plus petits x possibles, est quasi-dénué d’interactions d’état finalpuisque <strong>au</strong>cun QGP n’y est attendu. Par conséquent, c’est ici que la manifestation295


du CGC est attendue la plus spectaculaire. La Collaboration BRAHMS aeffectivement montré que ses mesures du facteur de modification nucléaire dans lescollisions d–Au, pour différentes valeurs de pseudo-rapidité [Ars04] étaientreproduites qualitativement par les prédictions du CGC [Kha04] : une suppression àh<strong>au</strong>t p T est observée dès que η = 1 et est d’<strong>au</strong>tant plus marquée que la rapidité<strong>au</strong>gmente permettant ainsi de penser, qu’ici, elle serait due à l’existence du CGC.Cette analyse de la Collaboration BRAHMS est résumée sur la figure 19.Le succès <strong>des</strong> modèles de saturation ne se résume pas à cet accord avec lesmesures du facteur de modification nucléaire. Les distributions de multiplicité sontégalement reproduites remarquablement comme l’a démontré la CollaborationPHOBOS [Bac02b].Toutefois, a ce jour, <strong>au</strong>cune conclusion ne peut être extraite de façon définitive. Ils’agit de faits expériment<strong>au</strong>x et théoriques nouve<strong>au</strong>x et extrêmement surprenantsdemandant une investigation encore poussée car n’oublions pas que leurcompréhension n’est basée que sur les prédictions de théories loin d’êtreconsensuelles et loin d’être restreintes <strong>au</strong>x développements que nous avons décrits.7. RHIC en trois actions7.1. Ce qu’il reste à faireRHIC continue de produire <strong>des</strong> collisions avec maintenant <strong>des</strong> énergies et <strong>des</strong>systèmes <strong>au</strong>tres que ceux mis en œuvre jusqu’à présent. La prise de données hiverprintemps2005 concernait en effet les collisions Cu–Cu à √s NN = 62,8 GeV et 200GeV, donc un système intermédiaire entre les collisions d–Au et Au–Au offrant ainsi<strong>des</strong> possibilités d’étu<strong>des</strong> systématiques en fonction de taille du système. Les prisesde données <strong>des</strong> années prochaines ne sont pas toutes encore décidées mais RHICcontinuera son programme ions lourds jusqu’en 2008.Il est apparu de façon remarquablement évidente que les collisions d’ions lourdsnécessitent <strong>au</strong>jourd’hui encore un patchwork de modèles théoriques pour décrire lesphénomènes observés. Certes, il existe <strong>des</strong> domaines d’applicabilité <strong>des</strong> diversmodèles qui impliquent donc <strong>des</strong> <strong>des</strong>criptions théoriques appropriées. Par exemple,le domaine <strong>des</strong> faibles impulsions transverses pourra éventuellement êtreappréhendé par une <strong>des</strong>cription hydrodynamique ce qui est conceptuellement exclusi le domaine <strong>des</strong> h<strong>au</strong>tes impulsions est considéré.Cependant, si l’on prend un exemple que je trouve particulièrement illustratif, celui dela distribution du facteur de forme nucléaire comparant les distributions centrales etpériphériques, l’interprétation qui en est faite est la suivante : <strong>au</strong>x faibles impulsionstransverses, l’hydrodynamique est invoquée, on parle de dépendance en masse,d’<strong>au</strong>gmentation avec l’impulsion notamment ; <strong>au</strong>x impulsions transversesintermédiaires, les modèles de coalescence de quarks sont utilisés et on parle dedépendance méson/baryon, d’évolution proportionnelle <strong>au</strong> nombre de constituants,notamment ; enfin, <strong>au</strong>x plus fortes valeurs d’impulsion transverse, ce sont lesmodèles mettant en jeu <strong>des</strong> processus durs qui sont alors considérés, ceux baséssur la fragmentation <strong>des</strong> jets, prenant en compte <strong>des</strong> effets de perte d’énergie <strong>des</strong>partons dans le milieu, notamment. Ce constat conduit tout de même à un certainscepticisme vis-à-vis <strong>des</strong> approches théoriques : la <strong>des</strong>cription du comportement296


d’une seule observable nécessite un recours à trois modèles vraiment différents depar leurs fondements. Il n’existe <strong>au</strong>jourd’hui <strong>au</strong>cun modèle permettant d’interpréterles données dans leur ensemble. J’ai pris ici l’exemple d’une observable« découpée » en tranche pour son interprétation. Il y a également les cas où unmodèle peut décrire une observable donnée mais est totalement incapable d’endécrire une <strong>au</strong>tre.On a également pu constater la multiplication <strong>des</strong> différentes approches statistiques,d’ailleurs, pas si différentes que cela les unes <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres. On peut se demander si laclé n’est pas plutôt de tenter de converger vers une approche unique. C’est en outrela démarche adoptée par les développeurs de Share, modèle statistique unifiant uncertain nombre d’approches statistiques antérieures. Les démarches égalementprometteuses sont celles cherchant à comprendre en priorité les phénomènes <strong>des</strong>collisions élémentaires avant de « s’attaquer » à la complexité <strong>des</strong> collisions d’ionslourds. Au plan théorique, il reste encore be<strong>au</strong>coup à faire et sans ôter le moindreintérêt <strong>au</strong>x données du RHIC, les théoriciens attendent patiemment les données duLHC qui seront décryptées par ALICE car la densité nette baryonique atteinte dansles collisions d'ions lourds à l’énergie nominale sera nulle, correspondant à celle del’Univers primordial d’une part, mais <strong>au</strong>ssi et surtout, permettant <strong>des</strong> développementsthéoriques plus simples. Il f<strong>au</strong>dra également compter avec le cadre théorique duColor Glass Condensate. Au RHIC, il a été remarquable, tant par sa faculté à prédireou reproduire certains phénomènes, que par les concepts inhabituels et fascinantsqu’il véhicule. Certains voient déjà en LHC une usine à Color Glass Condensate.7.2. Ce qui ne sera pas fait… en FranceQuelle va être l’évolution <strong>des</strong> commun<strong>au</strong>tés de physiciens travaillant dans laphysique <strong>des</strong> ions lourds ultra-relativistes ?Aux Etats-Unis, plus particulièrement à Brookhaven, <strong>des</strong> physiciens du RHIC ontdéposé en février 2003 un papier blanc quant <strong>au</strong>x projets RHIC-II et eRHIC. Cedernier est dévolu à la construction d’une machine à électron de 10 GeV pourréaliser <strong>des</strong> collisions électrons-ions lourds. RHIC-II quant à lui a pour objectifd’<strong>au</strong>gmenter la luminosité de l’actuelle machine d’un facteur 10 afin de répondre <strong>au</strong>xquestions suivantes :− Quelles sont exactement les propriétés du sQGP, ce <strong>plasma</strong> de quarks et degluons soumis à de si fortes interactions ? Serait-il possible d’en créer un, àRHIC, qui interagirait plus faiblement ?− Comment les particules acquièrent-elles leur masse et quel est l’effet de larest<strong>au</strong>ration de la symétrie chirale sur le phénomène d’hadronisation dans unmilieu dense ?− Existe-t-il une <strong>au</strong>tre phase de matière <strong>au</strong>x petits x-Bjorken, ou en d’<strong>au</strong>tres termes,le CGC existe-t-il ? S’il est effectivement présent, quelles sont sescaractéristiques et comment évolue-t-il dans un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons. Sinon, les fonctions de distribution <strong>des</strong> partons <strong>au</strong>x petits x sont-elles biencomprises et peuvent-elles décrire la production de particules ?− Quelles sont les structures et les dynamiques en jeu <strong>au</strong> sein d’un proton,notamment le spin <strong>des</strong> partons et leur moment angulaire orbital ? Quelles sont les297


contributions <strong>des</strong> gluons à la polarisation <strong>des</strong> protons ? Quelle est la dépendanceen saveur ?Ainsi donc la commun<strong>au</strong>té, principalement américaine, du RHIC s’apprête à setourner vers ce programme dont la R&D, si financée par le DoE, démarre en 2007pour permettre <strong>des</strong> prises de données physiques dès 2013.Le chemin suivi par la commun<strong>au</strong>té française est tout <strong>au</strong>tre. L’implication <strong>des</strong>physiciens sur STAR se terminera en 2007, disons <strong>au</strong> démarrage du LHC. Lamajorité <strong>des</strong> physiciens <strong>des</strong> ions lourds ultra-relativistes s’est en effet impliquée dansl’expérience ALICE. Avec l’expérience qu’ils ont acquise <strong>au</strong> RHIC, ils ont pu sediversifier dans plusieurs thèmes de physiques : la physique douce (avec l’étude enparticulier de la production de particules étranges), la physique <strong>des</strong> quarkonia(résonances lour<strong>des</strong>, charme et be<strong>au</strong>té ouvertes) et enfin la physique dure, celle <strong>des</strong>h<strong>au</strong>tes impulsions transverses, de la production de jets, <strong>des</strong> photons. Les questions<strong>des</strong> futurs analyseurs de données d’ALICE sont <strong>au</strong>jourd’hui bien semblables à cellesque se posent les physiciens du RHIC.7.3. Ce qui a été faitSi la synthèse proposée ici est correcte, la présentation <strong>des</strong> résultats doit permettred’entrevoir la création d’une matière atypique <strong>au</strong>x énergies RHIC : <strong>des</strong>comportements ont en effet été mis en évidence pour la première fois, <strong>des</strong> processusdurs sont révélés abondants et h<strong>au</strong>tement influents, <strong>des</strong> conditions d’équilibresemblent se <strong>des</strong>siner.Alors … « Y sommes-nous ? »…Traduction du « Are we there yet ? » qui a titré leWhite Paper de STAR lorsqu’il n’était accessible que par les membres de notrecollaboration avant sa publication donc, et son titre actuel et définitif plus solennel :«Experimental and Theoretical Challenges in the Search for the Quark GluonPlasma: The STAR Collaboration’s Critical Assessment of the Evidence from RHICCollisions. »Lors de la lecture d’une version préliminaire de ce papier, un physicien externe à lacollaboration posait la question originelle <strong>au</strong>trement :« How can you possibly not be there yet, when you already arrived at your<strong>des</strong>tination several years ago? »Bien que cela ne soit certainement pas la manière la plus élégante de référencer lesrésultats du SPS, cette remarque n’est pas totalement dénuée de bon sens.Nombreux sont les théoriciens et expérimentateurs qui avouent comprendre lesrésultats du SPS bien mieux <strong>au</strong>jourd’hui qu’il y a cinq ans et ceci, <strong>au</strong> travers del’interprétation <strong>des</strong> résultats du RHIC. Reprenons à présent les points qui pourraientpermettre de <strong>des</strong>siner une conclusion quant à la formation du <strong>plasma</strong> de quarks etde gluons :− La densité d’énergie à RHIC est supérieure à celle prédite pour qu’ait lieu lepassage d’un gaz hadronique à un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons. Etait-ce déjàle cas <strong>au</strong> SPS ? La réponse est Oui.− La production de particules semble être réalisée à partir d’un système enéquilibre chimique et les spectres en impulsion transverse sont compatibles298


avec ceux produits par une source en équilibre thermique animée d’uneexpansion avec une vitesse collective (scénario type hydrodynamique). Etait-cedéjà le cas <strong>au</strong> SPS ? La réponse est Oui.− Le flot elliptique à RHIC est important en raison <strong>des</strong> fortes interactions dans lemilieu dense et la limite hydrodynamique est atteinte dans les collisions d’ionslourds les plus centrales avec un temps de thermalisation très court, de l’ordrede 1 fm/c. Il est apparu également que le coefficient de viscosité que l’on peutassocié à cette matière est très faible. La matière de RHIC serait un fluidequasiment parfait. Etait-ce le cas <strong>au</strong> SPS ? La réponse est Non. Le flot elliptiqueplus faible ne peut être reproduit par <strong>des</strong> <strong>des</strong>criptions hydrodynamiques qu’<strong>au</strong>xprix d’hypothèses non réalistes.− La dépendance <strong>au</strong> type de particules, méson ou baryon, est mise en évidencesur les observables liées <strong>au</strong> flot elliptique et <strong>au</strong> facteur de forme nucléaire. Elleest prédite par les modèles décrivant la formation <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> par coalescencede quarks dans un milieu dense et thermalisé. Etait-ce le cas déjà <strong>au</strong> SPS ? Laréponse est Non.− La forte suppression de la production de particules est observée à RHIC à h<strong>au</strong>teimpulsion transverse et à rapidité centrale dans les collisions centrales Au–Au etelle est compatible avec la perte d’énergie <strong>des</strong> partons dans un milieu dense.Etait-ce déjà le cas <strong>au</strong> SPS ? La réponse est plutôt Non (même si cela semble deplus en plus probable qu’une perte d’énergie dans le milieu substantielle existait,<strong>des</strong> confirmations sont encore nécessaires).Alors ? Alors, les expérimentateurs sont <strong>au</strong>jourd’hui encore très prudents, d’<strong>au</strong>cun neconcluant définitivement quant à la formation du <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons maispréférant certifier la formation d’une matière très dense, à RHIC, avec de fortesinteractions, une matière qui n’a jamais été décelée <strong>au</strong>paravant, sur Terre ou dansl’espace. Les évaluations critiques <strong>des</strong> quatre expériences du RHIC sont consignésdans leurs papiers blancs [Whi05]. Les théoriciens se sont avérés be<strong>au</strong>coup plusconcluants comme le montre l’entête de l’article de Gyulassy reproduit ci-<strong>des</strong>sous etsur lequel je conclue ce cours.299


8. Références bibliographiques[Abr00] M. Abreu et al., Collaboration NA50, Phys. Lett. B477 (2000) 28.[Ada03] J. Adams et al., Collaboration STAR, Phys. Rev. Lett. 91 (2003) 072304.[Adc01] K. Adcox et al., Collaboration PHENIX, Phys. Rev. Lett. 87 (2001) 52301.[Adc02] K. Adcox et al., Collaboration PHENIX, Phys. Rev. Lett. 88 (2002) 242301.[Adl03] S. Adler et al., Collaboration PHENIX, Phys. Rev. Lett. 91 (2003) 172301.[Adl03bis] S.S. Adler et al., Collaboration PHENIX, Phys. Rev. Lett. 91 (2003)72303.[Agg00] M.M Aggarwal et al., Collaboration WA98, Phys. Rev. Lett. 85 (2000) 3595.[Ahl00] L. Ahle et al., Collaboration E866, Phys. Lett. B490 (2000) 53.[Aic05] J. Aichelin, communication privée, en cours de rédaction.[Ant04] T. Anticic et al., Collaboration NA49, Phys. Rev C69 (2004) 024902.[Ant79] D. Antreasyan, et al., Phys. Rev. D19 (1979) 764.[Ant05] F. Antinori et al., Collaboration NA57, nucl-ex/0507012.[Ars03] I. Arsene et al., Collaboration BRAHMS, Phys. Rev. Lett. 91 (2003)072305.[Ars04] I. Arsene et al., Collaboration BRAHMS, Phys.Rev.Lett. 93 (2004)242303.[Aub87] J.J. Aubert et al., Collaboration EMC, Nucl. Phys. B293 (1987) 740.[Bac00] B. Back et al., Collaboration PHOBOS, Phys. Rev. Lett. 85 (2000) 3100.[Bac02] B. Back et al., Collaboration E917 Phys. Rev. C66 (2002) 054901.[Bac02b] B. Back et al., Collaboration PHOBOS Phys. Rev. C65 (2002) 061901R.[Bac03] B. Back et al., Collaboration PHOBOS, Phys. Rev. Lett. 91 (2003) 072302.[Bac04] B. Back et al., Collaboration PHOBOS, Phys. Rev. C70 (2004) 021902R.[Bai00] R. Baier et al., Ann. Rev. Nucl. Part. Sci. 50 (2000) 37.[Bat05] S. Bathe et al., Collaboration PHENIX, nucl-ex/0511042.[Bas99] S. Bass et al., Nucl. Phys. A661 (1999) 205.[Bea03] I. Bearden et al., Collaboration BRAHMS, Nucl. Phys. A715 (2003) 171c.[Bjo83] J. Bjorken, Phys. Rev. D27 (1983) 140.[Ble02] M. Bleicher et al., Phys. Lett. B530 (2002) 81.[Bor01] N. Borghini et al., Phys. Rev. C64 (2001) 054901.[Bor05] N. Borghini et al., nucl-th/0506045.[Bra04] P. Br<strong>au</strong>n-Munzinger et al., Phys. Lett. B596 (2004) 61.[Bro01] W. Broniowski et al., Phys. Rev. Lett. 87 (2001) 272302.[Bue05] H. Bueching, et al., Collaboration PHENIX, nucl-ex/0511044.[Cai05] H. Caines et al., Collaboration STAR, J. Phys.G. : Nucl. Part. Phys. 31 (2005)S1057.[Col75] J. Collins et al., Phys. Rev. Lett. 34 (1975) 1353.[Ent04] D. d’Enterria , Phys. Lett. B596 (2004) 32.[Ent05] D. d’Enterria et al., nucl-th/0503054.[Est05] M. Estienne, Thèse de l’Université de Nantes, 2005.[Fri04] V. Friese et al., Collaboration NA49, J. Phys. G. : Nucl. Part. Phys. 30 (2004)S119.[Gre03] V. Greco et al., Phys. Rev. Lett. 90 (2003) 202302.300


[Gre04] V. Greco et al., nucl-th/0405040.[Gus84] H.A. Gustafsson et al., Plastic Ball Coll., Phys. Rev. Lett. 52 (1984) 1590.[Gyu00] M. Gyulassy et al., Nucl. Phys. B571 (2000)197.[Gyu02] M. Gyulassy, Lect. Notes Phys. 583 (2002) 37.[Huo01] P. Huovinen et al., Phys. Lett. B503 (2001) 58.[Ian03] E. Iancu et R. Venugopalan, paru dans QGP3, Eds. R.C. Hwa etX.N.Wang, World Scientific. Dans Hwa, R.C. (ed.) et al.: Quark gluon <strong>plasma</strong>*249-3363. hep-ph/0303204.[Jal04] J. Jalilian-Marian, J. Phys. G : Nucl. Part. Phys. 30 (2004) S751.[Kan02] M. Kaneta et al., Nucl. Phys. A698 (2002) 306c.[Kar02] F. Karsch, Nucl. Phys. A698 (2002) 199.[Kha01] D. Kharzeev et al., Phys. Lett. B507 (2001)121.[Kha04] D. Kharzeev et al., Nucl. Phys. A730 (2004) 448.[Kla03] J. Klay et al., Collaboration E895, Phys. Rev. C68 (2003) 054905.[Mar95] S. Margetis et al., Collaboration NA49, Phys. Rev. Lett. 75 (1995) 3814.[Non04] C. Nonaka et al., Phys. Rev. Lett. B583 (2004) 73.[NPA03] Numéro spécial de Nuclear Physics A 757 présentant les résultats <strong>des</strong>quatre expériences sur les trois premières années de fonctionnement de RHIC.[Pos98] A.M. Poskanzer et al., Phys. Rev. C58 (1998) 1671.[Oll92] J.Y. Ollitr<strong>au</strong>lt, Phys. Rev. D46 (1992) 229.[Rei97] W. Reisdorf et al., Ann. Rev. Nucl. Part. Sci. 47 (1997) 663.[Sat92] H. Satz, Nucl. Phys. A544 (1992) 371c–392c.[Sch93] ] E. Schnedermann et al., Phys. Rev. C48 (1993) 2462.[Shu78] E. Shuryak, Phys. Lett. B78 (1978) 150.[Shu80] E. Shuryak, Phys. Rep. 61 (1980) 71.[Sor99] H. Sorge, Phys. Rev. Lett. 82 (1999) 2048.[Sta05] Star White Paper, Nucl. Phys. A757 (2005) 102.[Sto04] R. Stock, J. Phys. G30 (2004) S633-S648.[Top04] V. Topor Pop, et al., Phys. Rev. C70 (2004) 064906.[Ull03] T. Ullrich et al., Collaboration STAR, Nucl. Phys. A715 (2003) 399c.[Vit02] I. Vitev et al., Phys. Rev. C 65 (2002) 041902.[Vit02bis] I. Vitev et M. Gyulassy, Phys. Rev. Lett. 89 (2002) 252301.[Wan98] X. Wang, Phys. Rev. Lett. 81 (1998) 2655.[Web] Pour BRAHMS: http://www4.rcf.bnl.gov/brahms/WWW/Pour PHENIX: http://www.phenix.bnl.gov/Pour PHOBOS: http://www.bnl.gov/rhic/PHOBOS.htmPour STAR: http://www.star.bnl.gov/[Whi05] Brahms White Paper, Nucl. Phys. A757 (2005)1.Phobos White Paper, Nucl. Phys. A757 (2005) 28.Phenix White Paper, Nucl. Phys. A757 (2005) 184.Star White Paper, Nucl. Phys. A757 (2005) 102.301


L’ETUDE DU QGPAU LHCPascal DupieuxLaboratoire de Physique Corpusculaire de Clermont-Ferrand,<strong>IN2P3</strong>/CNRS et Université Blaise Pascal de Clermont-Fd,63177 Aubière cedex, FranceRésumé : Le LHC (Large Hadron Collider), dont les premiers faisce<strong>au</strong>x sont programméspour l’été 2007, offrira la possibilité de faire collisionner <strong>des</strong> protons et <strong>des</strong> ions lourds à <strong>des</strong>énergies de plusieurs TeV par nucléon, avec une luminosité très importante. La densitéd’énergie atteinte en collisions d’ions lourds est si importante que, selon les prédictions de lathéorie <strong>QCD</strong> (Quantum Chromo-Dynamics) <strong>des</strong> interactions fortes, la matière nucléairepassera par la phase de QGP (Plasma de Quarks et Gluons), dans laquelle le système sedécline en terme de partons déconfinés (dans un grand volume). Ainsi, la question <strong>au</strong> LHCn’est pas tant de mettre en évidence le QGP, mais plutôt d’étudier ses propriétés et sonhadronisation. Les détecteurs en cours de réalisation et d’installation, notamment ALICE,AT<strong>LA</strong>S et CMS, permettront de faire ces étu<strong>des</strong>. Après quelques aspects génér<strong>au</strong>x,notamment sur les faisce<strong>au</strong>x, les performances <strong>des</strong> détecteurs et une sélection de thèmes dephysique en ions lourds <strong>au</strong> LHC seront présentées dans ce cours.Summary: The first LHC (Large Hadron Collider) beams are scheduled for summer 2007. Itwill open the possibility to collide protons and heavy ions at energies of a few TeV, with avery high luminosity. The energy density reached in heavy ion collisions at LHC is so hugethat, according to the predictions of the <strong>QCD</strong> (Quantum Chromo-Dynamics) theory of stronginteractions, nuclear matter will go through a QGP (Quark Gluon Plasma) phase, a state ofdeconfined partons (in a large volume). Hence, the question at LHC is not actually to303


evidence the QGP but rather to study its properties and hadronisation. The detectors, ALICE,AT<strong>LA</strong>S and CMS, which are presently assembled, will open the possibility to perform suchstudies. After few general aspects mainly about beam specifications, the detectorperformances and selected topics of heavy ion physics at LHC will be presented in thislecture.1 INTRODUCTION ................................................................................................. 3052 ASPECTS GENERAUX AU LHC....................................................................... 3062.1 LES FAISCEAUX............................................................................................................. 3062.2 ASPECTS « NOUVEAUX » AU LHC (VS. SPS/RHIC)...................................................... 3083 LES DETECTEURS DU LHC............................................................................. 3103.1 ALICE.......................................................................................................................... 3103.1.1 Résolution (ALICE Barrel) en p T .......................................................................... 3123.1.2 Efficacité (ALICE Barrel) ..................................................................................... 3123.1.3 Vertex primaire et secondaires ............................................................................. 3133.1.4 Performances sur la mesure <strong>des</strong> dimuons............................................................. 3133.2 AT<strong>LA</strong>S ET CMS........................................................................................................... 3143.2.1 Le calcul <strong>au</strong> LHC .................................................................................................. 3154 THEMES DE PHYSIQUE ET OBSERVABLES ASSOCIEES ....................... 3164.1 PHYSIQUE « SOFT » (DOUCE) ......................................................................................... 3164.1.1 Multiplicité : <strong>des</strong> collisions p-p àux collisions A-A .............................................. 3164.1.2 Multiplicité : dépendence en énergie incidente .................................................... 3174.1.3 Multiplicité : mesures et performances................................................................. 3184.1.4 physique « soft »: conclusion ................................................................................ 3194.2 PHYSIQUE « HARD » (DURE) .......................................................................................... 3204.2.1 Les saveurs lour<strong>des</strong> ouvertes ................................................................................ 3204.2.2 Les quarkonia <strong>des</strong> familles du J/ψ et ϒ................................................................. 3254.2.3 Les jets................................................................................................................... 3284.2.4 Autres thèmes de physique « hard »...................................................................... 3305 CONCLUSION...................................................................................................... 330REFERENCES ......................................................................................................... 330304


1 INTRODUCTIONLe LHC (Large Hadron Collider) du CERN, qui devrait délivrer ces premiers faisce<strong>au</strong>xdès l’été 2007, offrira la possibilité d’étudier les collisions p-p, p-A et A-A, à <strong>des</strong> énergies deplusieurs TeV par nucléon, avec une luminosité très importante. La densité d’énergie atteinteen collisions d’ions lourds est si importante que la matière nucléaire passera par la phase deQGP (Plasma de Quarks et Gluons), dans laquelle le système se décline en terme de partonsdéconfinés (dans un grand volume). Ceci est illustré sur la Figure 1, obtenue à partir decalculs <strong>QCD</strong> (Quantum Chromo-Dynamics) sur rése<strong>au</strong> [1]. On remarque que lestempératures atteintes dans les collisions d’ions lourds <strong>au</strong> LHC excèdent très nettement latempérature critique T C <strong>au</strong>-delà de laquelle le QGP est formé. La limite <strong>des</strong> gaz parfaits deStefan-Boltzmann ε SB n’est cependant pas encore atteinte.Figure 1: Equation d’état de la matière nucléaire dans le plan température – densité d’énergie.A partir de calculs <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> [1].Ainsi, sur le plan théorique, ces étu<strong>des</strong> contribueront à repousser les limites de notrecompréhension <strong>des</strong> processus d’équilibration et <strong>des</strong> états d’équilibre de <strong>QCD</strong>.Les conditions expérimentales, types et caractéristiques <strong>des</strong> faisce<strong>au</strong>x notamment,sont présentées dans la section 2. Certains aspects « nouve<strong>au</strong>x » de la physique <strong>des</strong> ionslourds <strong>au</strong> LHC sont introduits dans cette même section.305


La commun<strong>au</strong>té <strong>des</strong> ions lourds s’est dotée d’un détecteur, ALICE, spécialementconçu pour couvrir tous les aspects de cette Physique. Des étu<strong>des</strong> de quelques pointsspécifiques sont <strong>au</strong>ssi envisagées par les collaborations AT<strong>LA</strong>S et CMS, les détecteurscorrespondant ayant été optimisés pour la physique <strong>des</strong> collisions p-p à très h<strong>au</strong>teluminosité. Ces différents détecteurs sont décrits succinctement dans la section 3 et leursperformances principales sont résumées.Dans la section 4, une sélection de thèmes de physique, et leurs observablesassociées, est traitée. Je me restreindrai à la <strong>des</strong>cription de ceux qui sont orientés versl’étude du QGP et qui sont les plus spécifiques <strong>des</strong> collisions d’ions lourds <strong>au</strong> LHC, même sice choix procède évidemment d’un certain arbitraire. Les données expérimentales n’étantpas encore disponibles (!), je m’appuierai sur <strong>des</strong> prédictions de modèles théoriques ou <strong>des</strong>extrapolations faites à partir de mesures existantes. Le but est essentiellement d’évaluer lesperformances et la sensibilité <strong>des</strong> détecteurs vis-à-vis de scénarii supposés être réalistes, ouqui sont pris volontairement conservatifs. Dans la plupart <strong>des</strong> cas <strong>au</strong>ssi, il f<strong>au</strong>t s’appuyer surles prédictions/mesures en p-p (p-A) car la mise en évidence de phénomènes nouve<strong>au</strong>x,propres <strong>au</strong>x collisions A-A, se dévoile presque toujours indirectement, par une absence de loid’échelle (« scaling ») par rapport à p-p (p-A).2 ASPECTS GENERAUX AU LHC2.1 LES FAISCEAUXLes premières collisions de protons du LHC sont prévues pour l’été 2007. Il s’agira decollisions p-p; les ions lourds ne seront disponibles qu’à plus long terme. Les caractéristiquesprincipales <strong>des</strong> collisions p-p et Pb-Pb sont données dans le Table<strong>au</strong> 1 (extrait de [2]).Système√s NN(TeV)f bunch(MHz)L0(cm -2 s -1 )/L0(%)Run time(s/an)σ geo(barn)p-p 14.0 40 10 34 10 7 0.07f coll(Hz)Pb-Pb 5.5 10 10 27 ~50 10 6 7.7 4000Table<strong>au</strong> 1: Quelques caractéristiques pour les collisions p-p et Pb-Pb <strong>au</strong> LHC.306


L’énergie par nucléon dans le centre de masse √s NN est respectivement de 14 TeV et5.5 TeV pour p-p et Pb-Pb, avec <strong>des</strong> fréquences de croisement de faisce<strong>au</strong> f bunch de 40 MHz(25 ns) et 10 MHz (100 ns).La luminosité maximale L0 atteindra 10 34 cm -2 s -1 , en p-p, après quelques annéesd’exploitation: elle sera cependant volontairement limitée entre 10 29 cm -2 s -1 et 5.10 30 cm -2 s -1dans ALICE. En Pb-Pb, la luminosité maximale sera de 10 27 cm -2 s -1 , et sa valeur moyenne sera de l’ordre de 50% de L0, selon le nombre d’expériences fonctionnant en parallèle.Les temps de prises de données en collisions d’ions seront de l’ordre de un mois par an (10 6s, en incluant un facteur de « réalité ») et de plusieurs mois par an en p-p. Ceci correspondà une luminosité intégrée de 0.5 nb -1 /an en Pb-Pb. Finalement, compte tenu <strong>des</strong> sectionsefficaces géométriques, le nombre moyen de collisions par seconde sera de 4000 Hz en Pb-Pb et sera limité à ~0.2 MHz en p-p dans ALICE.Le programme de prises de données sera complété par <strong>des</strong> mesures en collisionsp(d)-A et avec <strong>des</strong> ions plus légers comme Ar-Ar. Des mesures en p-p à d’<strong>au</strong>tres énergiesincidentes sont <strong>au</strong>ssi envisagées.Faire varier le type d’ions en collision permet de sonder une gamme assez large endensité d’énergie atteinte, comme le montre la Figure 2.Figure 2: Densité d’énergie ε-Bjorken atteinte en fonction du système en collision [2]. Le h<strong>au</strong>t de la bande enénergie correspond <strong>au</strong>x collisions centrales, le bas correspond <strong>au</strong>x collisions « minimum bias ».suivante :La densité d’énergie ε-Bjorken (en MeV/fm 3 ) est évaluée <strong>au</strong> moyen de la relation−2 / 3ε = 160 A dNCH/ dy Eq. 1307


apiditéavec, pour les collisions centrales, une multiplicité de particules chargées par unité dedN CH / dy (à y ~0) de 6000, 1200 et 6.5 respectivement pour Pb-Pb (A=208), Ar-Ar(A=40) et p-p (A=1). Le calcul de ε-Bjorken dans Eq. 1 est implicitement effectué à untemps τ=1 fm/c après la collision initiale. Comme nous le verrons dans la section suivante, laformation du QGP pourrait être be<strong>au</strong>coup plus rapide à LHC, ce qui implique <strong>des</strong> densitésd’énergie atteintes qui seraient très supérieures à celles présentées Figure 2.2.2 ASPECTS « NOUVEAUX » AU LHC (VS. SPS/RHIC)Un s<strong>au</strong>t en énergie d’un facteur 30 (300) sera effectué avec le LHC, par rapport <strong>au</strong> RHIC(SPS). Ce s<strong>au</strong>t est quantitatif mais <strong>au</strong>ssi qualitatif. Ceci est résumé dans le Table<strong>au</strong> 2(adapté de [3]) qui donne quelques chiffres types et aspects spécifiques pour les collisionscentrales Pb-Pb (ou Au-Au) <strong>au</strong> SPS/RHIC/LHC. Ces chiffres montrent de manière évidenteque l’environnement <strong>des</strong> collisions d’ions lourds <strong>au</strong> LHC est idéal pour l’étude du QGP.Collisions centrales Pb-Pb (ou Au-Au) SPS RHIC LHC√s NN (GeV) 17 200 5500dN CH / dy (à y ~0) 400 850 2000-8000τ 0 (fm/c) : formation du QGP ~1 ~0.2 ~0.1T/T C à τ 0 QGP : T C température critique 1.1 1.9 3-4.2ε (à 1 fm/c) (GeV/fm 3 ) 3 5 16-64τ QGP (fm/c) : durée de vie du QGP ≤2 2-4 ≥10V f (fm 3 ) : volume <strong>au</strong> freeze-out few 10 3 few 10 4 few 10 5τ f (fm/c) : temps de freeze-out ~10 ~20-30 ~30-40Type dominant de processussoft → semi-hard → hardbaryon rich → baryon freeTable<strong>au</strong> 2: Comparatif SPS/RHIC/LHC (adapté de [3]).308


La production de particules sera déterminée par les distributions initiales de partons(PDF, « Parton Distribution Function ») et leur modification dans le milieu à h<strong>au</strong>te densité(quasi-saturée à LHC) de gluons. Des valeurs de x-Bjorken=10 -5 (x-Bjorken représente lafraction de l’impulsion du nucléon portée par un parton), très inférieures à celles atteintes àRHIC, seront accessibles, pour lesquelles un fort phénomène d’écrantage (« shadowing ») degluons est attendu. La Figure 3 montre, à titre d’illustration, un exemple de PDF [4]. Lesgluons sont dominants <strong>au</strong> LHC à petit x-Bjorken. Ainsi, la dynamique <strong>des</strong> partonsdéterminera la phase d’expansion et les effets collectifs observables sur les distributionsfinales de <strong>hadrons</strong>.Figure 3: Exemple de PDF dans le proton, pour laparamétrisation CTEQ-4L à Q²=5 GeV².Les processus durs (« hard ») vont contribuer de manière très sensible à la sectionefficace A-A (98 % <strong>au</strong> LHC contre 50 % à RHIC [5]). Ainsi, les t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong>son<strong>des</strong> dures (quarks lourds, photons directs, jets), créées <strong>au</strong>x tous premiers instants de lacollision, deviennent importants. De nouvelles analyses dans le domaine de la physique duresont ainsi envisageables et de nouvelles observables sont accessibles <strong>au</strong> LHC. Autreavantage notable, ces processus sont calculables par <strong>QCD</strong> perturbative.Finalement, il ne f<strong>au</strong>t pas sous-estimer le fait que l’histoire de la physique a montréqu’un tel s<strong>au</strong>t en énergie présente un réel potentiel de découverte.309


3 LES DETECTEURS DU LHCLes détecteurs ALICE, AT<strong>LA</strong>S et CMS proposent <strong>des</strong> mesures en ions lourds <strong>au</strong> LHC.Les sign<strong>au</strong>x à mesurer et les informations apportées sont, classés dans un ordre temporelcroissant (et, de fait, dans l’ordre croissant de p T ou « dureté ») :• phase initiale de la collision : photons directs, saveurs lour<strong>des</strong> et jets,essentiellement pour <strong>des</strong> tests de <strong>QCD</strong> perturbative ;• phase de déconfinement : photons thermiques, saveurs lour<strong>des</strong> et jetsquenching, pour <strong>des</strong> mesures <strong>des</strong> propriétés du QGP ;• phase d’hadronisation : fluctuations événement/événement, dileptons debasse masse, particules exotiques ;• phase de freeze-out : multiplicité, t<strong>au</strong>x de particules, spectres de particules,flow, HBT, en tant qu’indicateurs <strong>des</strong> conditions thermiques et chimiques, etde l’évolution dynamique du système.Contrairement à AT<strong>LA</strong>S et CMS, ALICE est équipé pour mesurer l’ensemble de cessign<strong>au</strong>x et leurs corrélations. Nous allons passer rapidement en revue les performances deces trois détecteurs.chargées3.1 ALICEL’expérience ALICE [2], Figure 4, est conçue pour une multiplicité de particulesdN CH / dy =8000 (à y ~0).La partie centrale (ou « Barrel »), dans l’aimant solénoïdal L3, se composeessentiellement <strong>des</strong> sous-détecteurs ITS (Internal Tracking System, composé de six couchesde détecteurs Silicium), TPC (Time Projective Chamber, le cœur du détecteur), TOF (Time OfFlight, composé de RPCs multi-gaps), et TRD (Transition Radiation Detector). Ces grandsdétecteurs assurent l’identification <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> et électrons à l’intérieur d’une acceptanceη < 0.9 , approximativement.310


Figure 4: Schéma de l’expérience ALICE.Ils sont complétés par d’<strong>au</strong>tres ensembles de détection ayant <strong>des</strong> tâches plusspécifiques comme la mesure <strong>des</strong> multiplicités de chargées et de photons, de la centralité ou<strong>des</strong> gran<strong>des</strong> impulsions (HMPID). ALICE est <strong>au</strong>ssi équipé du spectromètre PHOS, pour lamesure <strong>des</strong> photons, qui sera complété à terme par un grand calorimètre électromagnétique,EMCAL.Finalement, <strong>au</strong>x petits angles 2.5


3.1.1 RESOLUTION (ALICE BARREL) EN P TFigure 6: Résolution en p T (ALICE Barrel), à bas p T (g<strong>au</strong>che) et h<strong>au</strong>t p T (droite).La résolution en impulsion transverse p T dans la partie centrale (Barrel) de ALICE [6]est présentée Figure 6, pour les bas p T à g<strong>au</strong>che et les h<strong>au</strong>ts p T à droite, en utilisant soit lesinformations de ITS+TPC, soit ITS+TPC+TRD. Les performances sont excellentes sur tout ledomaine en p T .3.1.2 EFFICACITE (ALICE BARREL)p tFigure 7: Efficacité (ALICE Barrel) en fonction de p T .Pour <strong>des</strong> densités réalistes de particules chargées, l’efficacité de « tracking »combinée (ITS+TPC+TOF+TRD), Figure 7, est supérieure à 90%, avec un t<strong>au</strong>x de f<strong>au</strong>ssestraces inférieur à 5%, sur une large gamme en p T [6].312


3.1.3 VERTEX PRIMAIRE ET SECONDAIRES(faisce<strong>au</strong>) etLe vertex primaire de la collision sera mesuré avec une résolutionσ x−yσ z


3.2 AT<strong>LA</strong>S ET CMSAT<strong>LA</strong>S [8] et CMS [10] ont été conçus pour effectuer le programme p-p à très h<strong>au</strong>teluminosité du LHC. Ils présentent cependant un potentiel intéressant en ions lourds, dans<strong>des</strong> domaines d’acceptance souvent complémentaires à celui de ALICE.Les deux détecteurs possèdent une calorimétrie électromagnétique et hadronique trèsperformante ( η < 4. 9 pour AT<strong>LA</strong>S et η < 5. 2 pour CMS), qui leur procure une bonnerésolution sur la mesure <strong>des</strong> jets et qu’ils se proposent d’exploiter <strong>au</strong> mieux en collisionsd’ions lourds.Ils sont équipés pour la mesure <strong>des</strong> muons dans une grande acceptance ( η < 2. 7pour AT<strong>LA</strong>S et η < 2. 4 pour CMS) à mi-rapidité. De plus, <strong>des</strong> « Tracker Silicium »complètent cette région centrale de rapidité ( η < 2. 5 pour AT<strong>LA</strong>S et η < 2. 4 pour CMS).Bien entendu, à la différence de ALICE, AT<strong>LA</strong>S et CMS ne peuvent pas faire uneidentification quasi exh<strong>au</strong>stive <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> en collisions d’ions lourds.La Figure 10 illustre la complémentarité ALICE-AT<strong>LA</strong>S-CMS pour l’identification <strong>des</strong><strong>hadrons</strong>, muons et électrons [11]. Seul ALICE couvre les bas p T et les muons à granderapidité.Dans les sections suivantes, <strong>des</strong> exemples plus concrets, basés sur <strong>des</strong> analyses decan<strong>au</strong>x de physique, permettront de montrer plus en détail les capacités et les performancesen ions lourds de ALICE, AT<strong>LA</strong>S et CMS.Figure 10: Complémentarité ALICE-AT<strong>LA</strong>S-CMS pour l’identification <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>,électrons et muons en collisions d’ions lourds.314


3.2.1 LE CALCUL AU LHCLes collaborations du LHC s’appuient sur <strong>des</strong> logiciels de simulation et d’analysecomplexes. Du fait du flux de données à acquérir, et donc à traiter, de l’ordre de 1 Gb parseconde et par expérience, le calcul <strong>au</strong> LHC est un très grand défit en soit, pris en chargepar le projet LCG pour « LHC Computing GRID ». Le traitement <strong>des</strong> données <strong>des</strong> expériencesLHC fait appel <strong>au</strong> « calcul distribué », organisé en « Tier » comme l’illustre la Figure 11.Tier-2Tier-2Tier-2s and Tier-1s areinter-connected by the generalpurpose research networksTier-2Tier-2Any Tier-2 mayaccess data atany Tier-1BNL<strong>IN2P3</strong>GridKaTRIUMFASCCTier-2Tier-2Tier-2NordicFNALTier-2CNAFTier-2Tier-2SARAPICRALFigure 11: Organisation du projet de calcul LCG.Dans ce schéma, le Tier-0, <strong>au</strong> cœur du système, est localisé <strong>au</strong> CERN alors que lesTier-1 correspondent <strong>au</strong>x grands centres nation<strong>au</strong>x de calcul. Les Tier-2 sont <strong>des</strong> plus petitscentres de calcul. Le partage <strong>des</strong> tâches (s<strong>au</strong>vegarde, reconstruction, analyse, simulation)entre les différents Tier peut varier d’une expérience à l’<strong>au</strong>tre, selon le modèle de calculproposé [12].En quelques chiffres, le calcul <strong>au</strong> LHC représente un besoin en puissance de calculsupérieur à 50 MSI2K (~50.000 Pentium4) et une capacité de stockage sur disquesupérieure à 20 Pb (1 Pb=1000 Gb) par an (hors stockage de masse).315


4 THEMES DE PHYSIQUE ET OBSERVABLESASSOCIEES4.1 PHYSIQUE « SOFT » (DOUCE)Cette partie de la physique <strong>des</strong> collisions d’ions lourds <strong>au</strong> LHC sera essentiellementfaite avec ALICE. Dans ce cours, je ne traite qu’un seul exemple de physique « soft », lamultiplicité de particules produites, qui est une observable dite « day-one » (mesurable dèsles premières heures de faisce<strong>au</strong>), extrêmement fondamentale. En effet, lors de laconception de l’expérience, la multiplicité (estimée par simulation en général) influencefortement le <strong>des</strong>ign <strong>des</strong> détecteurs. Ensuite, la multiplicité (mesurée) est caractéristique dela densité d’énergie atteinte lors de la collision.La multiplicité, très influencée par les processus durs dans l’état initial et la région <strong>des</strong>aturation à petites valeurs de x-Bjorken, reste très difficile à modéliser du fait del’importance <strong>des</strong> processus « soft » dans l’état final (hadronisation du QGP,désintégrations,…), non prédictibles par les théories fondamentales. Les mesures de RHIC nepermettent pas non plus de contraindre fortement la multiplicité <strong>au</strong> LHC car, comme nousl’avons déjà mentionné, l’<strong>au</strong>gmentation en énergie incidente induit <strong>au</strong>ssi une transition versun régime différent de collisions. Avant de montrer quelques prédictions théoriques, ilsemble intéressant de s’intéresser <strong>au</strong>x évolutions de la multiplicité entre p-p et A-A d’unepart, et en fonction de l’énergie de collision d’<strong>au</strong>tre part.4.1.1 MULTIPLICITE : DES COLLISIONS P-P AUX COLLISIONS A-ALa comparaison entre collisions p-p et collisions A-A permet, de façon générale, demettre en évidence les effets nucléaires. Il f<strong>au</strong>t trouver <strong>des</strong> variables pertinentes quidevraient évoluer régulièrement entre p-p et A-A en l’absence d’effets nucléaires (dans cecas, il y a « scaling »). On utilise souvent la variable N CH /(0.5 N PART ). N CH est la multiplicité departicules chargées et N PART est le nombre de participants de la collision. Cette variablereprésente en quelque sorte l’efficacité, par participant, à produire <strong>des</strong> particules chargées.N PART est une variable géométrique qui ne dépend que de la centralité de la collision :• collision p-p : N PART =2• collision centrale A-A : N PART ~2×A316


Le modèle de Gl<strong>au</strong>ber [13] est traditionnellement employé pour déterminer N PART enfonction de la centralité de la collision.Nous verrons par la suite (Figure 12 et [2]) qu’une <strong>au</strong>gmentation de N CH /(0.5 N PART )de l’ordre de 50% est mesurée à RHIC entre p-p et Au-Au à √s NN =200 GeV. Une<strong>au</strong>gmentation de ~150% est prédite à LHC par les modèles de saturation [14], entre p-p etPb-Pb à √s NN =5.5 TeV.4.1.2 MULTIPLICITE : DEPENDENCE EN ENERGIE INCIDENTEEn p-p, une dépendance lente (logarithmique) avec √s NN est mesurée, contrainte àh<strong>au</strong>te énergie par les données de l’expérience CDF à √s NN =2 TeV. On <strong>au</strong>rait ainsi, commeindiqué Figure 12, N CH /(0.5 N PART )~1.8 (~2.4, ~5) à √s NN =17 GeV (200 GeV, 5.5 TeV).Figure 12: Multiplicité de particules chargées en fonction de l’énergie incidente [2].Trait plein (resp. pointillé): ajustement (logarithmique) <strong>des</strong> données p-p (resp. A-A).Tiretés longs : prédiction d’un modèle de saturation [14].En A-A, on peut s’attendre à une évolution en énergie différente. En effet, lamultiplicité <strong>au</strong>x énergies SPS varie proportionnellement à N PART (« scaling » en A) alors que,du fait de la dominance <strong>des</strong> processus durs, on s’attend à une variation proportionnelle àN COLL (« scaling » en A 4/3 ) <strong>au</strong> LHC. Cette <strong>au</strong>gmentation avec l’énergie, be<strong>au</strong>coup plus rapideen A-A qu’en p-p, sera certainement atténuée par les effets de « shadowing ». Quelquesscénarii sont proposés Figure 12. Le modèle de saturation [14], qui reproduit bien lesdonnées RHIC, prédit une multiplicité dN CH /dη~2500 (à η~0) <strong>au</strong> LHC.317


Les résultats d’une simulation d’événements centr<strong>au</strong>x Pb-Pb [2] avec HIJING (version1.36) sont donnés Figure 13. Une multiplicité dN CH /dη~6000 (à η~0) est prédite, avec lesparamètres par déf<strong>au</strong>t pour la simulation de l’effet de jet quenching. On voit l’importance decet effet sur la multiplicité : en l’absence de prise en compte de ce phénomène, HIJINGdonne dN CH /dη~3000 (à η~0). Il f<strong>au</strong>t <strong>au</strong>ssi remarquer que la sensibilité est bien moindre<strong>au</strong>x gran<strong>des</strong> rapidités.Figure 13: Simulation d’événements centr<strong>au</strong>x Pb-Pb à 5.5 TeV avec HIJING.Trait plein (resp. pointillés) : avec (resp. sans) effet de jet quenching.Finalement, de gran<strong>des</strong> incertitu<strong>des</strong> subsistent sur la valeur de la multiplicité dans lescollisions A-A à LHC. Les modèles actuels semblent pointer vers <strong>des</strong> valeurs de dN CH /dη (àη~0) comprises entre 2000 et 6000.4.1.3 MULTIPLICITE : MESURES ET PERFORMANCESLa Figure 14 montre les performances de ALICE [6] et AT<strong>LA</strong>S [8] pour la mesure dela multiplicité de particules chargées en collisions centrales Pb-Pb (simulations avecgénérateur HIJING).ALICE permet une mesure entre -5


Figure 14: Mesure de dN CH /dη en fonction de η, avec ALICE (g<strong>au</strong>che) et AT<strong>LA</strong>S (droite).4.1.4 PHYSIQUE « SOFT »: CONCLUSIONBien entendu, la physique « soft » ne s’arrête pas à la mesure de la multiplicité [6].Rappelons <strong>au</strong>ssi l’intérêt d’étudier les spectres de particules (flow, température, …) et lesrapports entre types de particules (température, potentiel chimique baryonique, ...). Lathéorie prédit un potentiel chimique baryonique µ B ~9 MeV ( p / p ~0.9) <strong>au</strong> LHC (Figure 15).LHC↓Figure 15: Rapports particules-antiparticuleset potentiel chimique baryonique.La possibilité de faire, pour la première fois, ces analyses thermo-chimiquesévénement par événement sera possible à LHC, du fait de la très grande multiplicitéattendue. De telles mesures, événement par événement, sont très intéressantes puisqu’ellesinforment sur <strong>des</strong> fluctuations qui peuvent être d’origine non statistique.Tout ce type d’analyses pourra être fait avec ALICE seulement puisqu’uneidentification la plus exh<strong>au</strong>stive possible <strong>des</strong> particules est nécessaire.319


4.2 PHYSIQUE « HARD » (DURE)La physique dure est le domaine de prédilection de LHC. Les trois expériences, ALICE,AT<strong>LA</strong>S et CMS, proposent <strong>des</strong> contributions dans ce domaine. Les t<strong>au</strong>x de production <strong>des</strong>son<strong>des</strong> dures donnent <strong>des</strong> informations relativement directes sur l’instant initial <strong>des</strong>collisions, PDFs notamment, mais <strong>au</strong>ssi sur le milieu environnant (QGP). Leur mesure est eneffet, en général, altérée par <strong>des</strong> effets de milieu, ré-intéractions (« multiple scattering »),perte d’énergie <strong>des</strong> partons, écrantage de couleur, lors de l’évolution de la collision. Unecomparaison entre les mesures A-A, p-p et p-A est nécessaire pour isoler l’influence <strong>des</strong>différents effets. Quelques sujets de physique « hard » sont développés ci-après.4.2.1 LES SAVEURS LOURDES OUVERTESLes quarks lourds [4] [15] [17] sont produits en abondance dans <strong>des</strong> processus durs<strong>au</strong> LHC (Table<strong>au</strong> 3) : 120 paires ccet 5 paires b b par événement central Pb-Pb, à comparerà 10 paires ccet 100 fois moins de paires bbà RHIC. Ils sont produits <strong>au</strong>x tous premiersinstants <strong>des</strong> collisions (~1/2 m Q ~0.1 fm/c, à comparer à τ QGP ~10 fm/c) et traversentensuite le milieu (QGP). Leur étude permettra ainsi de :• tester <strong>QCD</strong> perturbative;• sonder le milieu traversé via l’étude de leur perte d’énergie (quenching);• normaliser la production de quarkonia.Ils peuvent former <strong>des</strong> quarkonia (familles du J/ψ et ϒ notamment, voir section 4.2.2)ou <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> de saveur lourde ouverte (par exemple <strong>des</strong> mésons D ou B) ayant <strong>des</strong> voiesde désintégration hadronique (ex D 0 → K - π + ) et leptonique.Paires cc0.2 10Paires b b 0.05SPS RHIC LHC120σ pp =6.64 mbC shad =0.655σ pp =0.21 mbC shad =0.84Table<strong>au</strong> 3: Production de quarks lourds dans les collisions Pb-Pb(ou Au-Au à RHIC), à b=0. σ pp et C shad sont respectivement les sections efficacesde production en p-p et les facteurs de shadowing considérés pour LHC.320


Les princip<strong>au</strong>x diagrammes de production <strong>des</strong> quarks lourds [16] sont présentésFigure 16. Les diagrammes, à l’ordre dominant (LO), sont: (a) fusion de gluons et (b)création de saveur. Les diagrammes à l’ordre suivant (NLO) sont: (c) création de paire (avecémission d’un gluon), (d) excitation de saveur et (e) « splitting » de gluons. Les diagrammesNLO représenteraient la principale source de production de quarks lourds <strong>au</strong> LHC [15].Figure 16: Princip<strong>au</strong>x diagrammes de production <strong>des</strong> quarks lourds <strong>au</strong> LHC.be<strong>au</strong>té.La Figure 17 [4] illustre l’acceptance en x-Bjorken de ALICE pour le charme et laFigure 17: Acceptance en x-Bjorken pour le charme (g<strong>au</strong>che) et la be<strong>au</strong>té (droite) dansle spectromètre à muons (gris fonçé) et la partie centrale de ALICE (gris clair).4.2.1.1 Be<strong>au</strong>té ouverte dans le canal semi-muonique avec ALICELa be<strong>au</strong>té ouverte peut être mesurée inclusivement en « muons simples » (Figure 18)dans le spectromètre de ALICE [22]. La be<strong>au</strong>té ouverte domine le spectre à grand p T <strong>des</strong>muons produits. Cette mesure en muons simples a l’avantage de fournir une gran<strong>des</strong>tatistique (Table<strong>au</strong> 4) et sera ainsi un excellent candidat d’observable « day-one » (en p-ppuis en Pb-Pb) <strong>au</strong> LHC.321


Figure 18: Distribution inclusive en p T <strong>des</strong> muons de désintégrationde la be<strong>au</strong>té ouverte dans les collisions centrales Pb-Pb.p T (GeV/c) 1.5-3 3-6 6-9 9-30N µ 5.3 10 6 1.7 10 6 0.14 10 6 0.03 10 6Table<strong>au</strong> 4: Nombre de muons de désintégration de la be<strong>au</strong>té ouverte, pour 400 millions de collisions centralesPb-Pb (~1 mois de prise de données), dans le spectromètre à muons de ALICE.La be<strong>au</strong>té ouverte peut <strong>au</strong>ssi être mesurée en dimuons [22]. Le spectre en masseinvariante <strong>des</strong> dimuons de signe opposé est présenté Figure 19, dans la région <strong>des</strong> bassesmasses (g<strong>au</strong>che) et <strong>des</strong> plus h<strong>au</strong>tes masses (droite). Ces deux régions sont dominées par<strong>des</strong> phénomènes de production différents, appelés « B-chain » et « BB-diff » (Figure 20), àbasse et h<strong>au</strong>te masse respectivement. Les statistiques attendues sont, bien entendu,moindres qu’en muons simples (Table<strong>au</strong> 5).Mass (GeV) 0.3-5 5-20Nµ+ µ − 41 10 3 7 10 3Table<strong>au</strong> 5: Nombre de dimuons de signe opposé de désintégration de la be<strong>au</strong>té ouverte,pour 400 millions de collisions centrales Pb-Pb (~1 mois de prise de données), dans le spectromètreà muons de ALICE. Une coupure p T >1.5 GeV/c est imposée <strong>au</strong>x muons simples.Figure 19: Spectre en masse <strong>des</strong> dimuons de signe opposé de désintégrationde la be<strong>au</strong>té ouverte, pour 400 millions de collisions centrales Pb-Pb.322


Figure 20: Processus B-chain et BB-diff de production dedimuons de signe opposé provenant de la be<strong>au</strong>té ouverte.4.2.1.2 Be<strong>au</strong>té ouverte dans le canal semi-électronique avec ALICELa be<strong>au</strong>té ouverte sera <strong>au</strong>ssi mesurée dans la voie de désintégration semiélectronique(B → e ± + X) [6][23] dans ALICE (Figure 21). Les électrons sont identifiés <strong>au</strong>moyen <strong>des</strong> détecteurs centr<strong>au</strong>x TPC+TRD. Une coupure sur le paramètre d’impact d 0, mesurégrâce à l’ITS, permet d’améliorer le rapport signal/bruit.Figure 21: Statistique espérée (droite) d’électrons de désintégration de la be<strong>au</strong>té, pour 10 millionsde collisions centrales Pb-Pb (~1 mois de prise de données) dans la partie centrale de ALICE. Unecoupure en paramètre d’impact 200< d 0


Figure 22: Spectre de masse invariante Kπ(g<strong>au</strong>che) pour 10 millions d’événementscentr<strong>au</strong>x Pb-Pb (avec/sans soustraction de bruit de fond).Sections efficaces en p T (droite) pour D 0 → K - π + , par collision N-N,pour les collisions p-p, p-Pb et Pb-Pb.Connaissant la distribution en p T en collision p-p et A-A, le facteur de modificationnucléaire R AA , s’obtient par:1 dNR ×/ dpAA TAA = Eq. 2NCOLLdNpp/ dp TFigure 23: Facteur de modification nucléaire R AA pour les mésons D 0 , aveceffets de shadowing et perte d’énergie <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> partonique (quenching).Ce facteur R AA met en évidence les effets nucléaires, comme la perte d’énergiepartonique (quenching). Comme le montre la Figure 23 [24], à grand p T à LHC, on attendune valeur R AA ~0.2 pour une perte d’énergie caractérisée par qˆ =25-100 GeV 2 /fm (valeursextrapolées <strong>des</strong> mesures RHIC) alors que R AA ~1 en l’absence de perte d’énergie ( qˆ =0). Leseffets de shadowing sont visibles à petit p T sur la courbe à qˆ =0.324


4.2.2 LES QUARKONIA DES FAMILLES DU J/ψ ET ϒComme nous l’avons montré dans la section précédente, la mesure <strong>des</strong> quarks lourdsdonne <strong>des</strong> informations sur les PDFs et la perte d’énergie partonique. Les quarkonia[15][17][18] <strong>des</strong> familles <strong>des</strong> résonances J/ψ et ϒ, eux, sont sensibles <strong>au</strong> phénomèned’écrantage de couleur dans le QGP, conduisant à une réduction de leur production en A-Arelative à p-p. Fait unique, la densité d’énergie atteinte en ions lourds <strong>au</strong> LHC pourrait êtresuffisante pour dissocier la résonance ϒ [19]. De plus, la statistique attendue (Table<strong>au</strong> 6)permettra <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> détaillées. Cependant, notamment pour le J/ψ, <strong>des</strong> phénomènes de« régénération » [20] pourraient <strong>au</strong> contraire conduire à une <strong>au</strong>gmentation du t<strong>au</strong>x de leurproduction en A-A, relativement à p-p.Pb-Pb (b


Figure 24: Spectres de masse invariante dimuons de signe opposé pour <strong>des</strong> collisions Pb-Pbcentrales (h<strong>au</strong>t) et périphériques (bas), en ~1 mois de prises de données (=5.10 26 cm -2 s -1 ).J/ψψ’ϒϒ’ϒ’’b (fm) 0-3 3-6 6-9 9-12 12-16ε (GeV/fm 3 ) 32 30 28 16 5Min. biasS (×10 3 ) 131 232 196 93 21 673S/B 0.19 0.27 0.47 1.06 3.05 0.32S/√S+B 148 227 256 224 128 406S (×10 3 ) 3.7 6.5 5.5 2.6 0.6 18.9S/B 0.01 0.02 0.03 0.06 0.17 0.02S/√S+B 6.7 11 13 12 9.3 19.5S (×10 3 ) 1.37 2.42 2.02 0.95 0.21 6.96S/B 1.67 2.26 3.74 6.52 9.04 2.68S/√S+B 28.7 40.2 40.1 28.9 13.4 71.2S (×10 3 ) 0.36 0.63 0.53 0.25 0.05 1.82S/B 0.65 0.88 1.4 2.38 3.18 1.03S/√S+B 11.7 18.7 17.4 14.1 6.3 30.4S (×10 3 ) 0.20 0.36 0.30 0.14 0.03 1.04S/B 0.48 0.63 1.03 1.70 2.21 0.74S/√S+B 10.5 12.7 13.4 8.8 5.1 21.1Table<strong>au</strong> 7: Statistiques attendues pour les résonances de quarks lourds avec le spectromètre à muons de ALICE,pour Pb-Pb et différentes tranches de centralité, en ~1 mois de prises de données (=5.10 26 cm -2 s -1 ).326


Des étu<strong>des</strong> préliminaires ont été menées en incluant <strong>des</strong> scénarii de suppression pareffet d’écrantage de couleur et éventuellement <strong>des</strong> effets d’absorption nucléaire <strong>des</strong>résonances J/ψ et ϒ. La be<strong>au</strong>té ouverte est utilisée en tant que normalisation. La sensibilité,en fonction de la centralité, est illustrée Figure 25, pour deux scénarii extrêmes d’écrantage[6], sans effet d’absorption nucléaire.Figure 25: Rapports J/ψ (g<strong>au</strong>che) et ϒ (droite) sur be<strong>au</strong>té ouverte bben fonction de la centralité(N PART ) pour Pb-Pb, sans suppression et avec deux hypothèses de suppression par écrantage de couleur.4.2.2.2 Les quarkonia <strong>des</strong> familles du J/ψ et ϒ en dimuons avec AT<strong>LA</strong>Set CMSAT<strong>LA</strong>S [8] et CMS [10] mesurent les muons à mi-rapidité, dans une acceptancetrès différente de celle de ALICE. Les statistiques attendues en J/ψ et ϒ sont cependantcomparables mais le rapport S/B est moins bon car le bruit de fond hadronique estdominant à mi-rapidité, même à la masse de l’ϒ. La résolution en masse sur les dimuonsde CMS est excellente (Figure 26), bien meilleure que celle d’AT<strong>LA</strong>S.800080007000700060006000500050004000400030003000200020001000100002 2.5 3 3.5 4 4.508.5 9 9.5 10 10.5 11Figure 26: Spectres de masse invariante dimuons de signe opposé avec CMS(g<strong>au</strong>che) et AT<strong>LA</strong>S (droite), en collisions Pb-Pb (bruit de fond soustrait).327


4.2.3 LES JETSQuelques 10 6 jets [2][26] de E T >100 GeV sont prédits en un mois de collisionsPb-Pb à luminosité nominale <strong>au</strong> LHC dans le domaine |η|< 1. Suite <strong>au</strong>x mesures deRHIC [25], un fort phénomène de jet quenching (perte d’énergie de la « leading »particule, issue directement de l’interaction partonique initiale) est attendu <strong>au</strong> LHC.Ainsi, la fonction de fragmentation du jet dans le milieu sera modifiée et la mesure <strong>des</strong>jets donnera <strong>des</strong> informations sur le milieu créé dans la collision, le QGP.LHC propose d’étendre la mesure de R AA (Eq. 2) à <strong>des</strong> valeurs de p T jusqu’à 100GeV/c (Figure 27), pour différents types de <strong>hadrons</strong> [27]. Une nouvelle possibilité qui estofferte à LHC est la reconstruction événement par événement <strong>des</strong> jets très énergétiques(E T >50 GeV typiquement) en collision A-A. Dans ce cas, le jet peut être discerné du fondcomme le montre la simulation présentée Figure 28 (extraite de [28]). L’étude <strong>des</strong>distributions d’énergie transverse et parallèle <strong>au</strong> jet donnera <strong>des</strong> informations sur lephénomène de quenching. La sensibilité de telles mesures serait supérieure à cellefournie par l’observable R AA .Figure 27: Extension de la gamme de mesure de R AA en fonction de p T à LHC.328


Figure 28: Simulation d’un jet de E T =100 GeV et du bruit de fond associé(cas d’une collision Pb-Pb centrale <strong>au</strong> LHC).ALICE <strong>au</strong>ra besoin du calorimètre EMCAL (énergie neutre, possibilité dedéclenchement) en complément de la TPC pour arriver à de bonnes performances sur lamesure (résolution en énergie notamment) <strong>des</strong> jets de h<strong>au</strong>te énergie [6][29]. Par contre, laTPC apportera certainement be<strong>au</strong>coup, grâce <strong>au</strong> potentiel d’identification <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> <strong>au</strong>xbas p T , pour la mesure <strong>des</strong> formes <strong>des</strong> jets. En effet, <strong>des</strong> mesures calorimétriques seulespourraient se révéler insuffisantes car l’énergie du jet est redistribuée, mais conservée, suiteà l’effet de jet quenching.AT<strong>LA</strong>S, de part la qualité de sa calorimétrie, sera très performant sur la mesure <strong>des</strong>jets de h<strong>au</strong>te énergie [8], comme le montre la Figure 29. Le jet est recherché dans un cônede taille ∆Φx∆η =0.4x0.4. Le bruit de fond moyen est de 50±11 GeV, ce qui donne un seuilde reconstruction <strong>des</strong> jets de ~30-40 GeV en collisions Pb-Pb centrales (contre ~15 GeV encollisions p-p).Figure 29: Efficacité de détection (g<strong>au</strong>che) et résolution sur l’énergie du jet (droite) avec AT<strong>LA</strong>S, encollisions centrales Pb-Pb. Le jet est simulé <strong>au</strong> moyen de PYTHIA, le bruit de fond <strong>au</strong> moyen de HIJING.329


4.2.4 AUTRES THEMES DE PHYSIQUE « HARD »Les quelques sujets de physique « hard » abordés dans les sections précédentes sontbien entendus loin de donner une vue exh<strong>au</strong>stive de ce vaste domaine <strong>au</strong> LHC. Citons parexemple deux <strong>au</strong>tres thèmes très prometteurs comme les photons directs (non thermiques)[6] et les W et Z [6][10].D’<strong>au</strong>tre part, à l’intérieur <strong>des</strong> thèmes présentés, il y a <strong>au</strong>ssi be<strong>au</strong>coup d’<strong>au</strong>tresdéveloppements possibles. Citons par exemple les quarkonia en di-électrons [6][30], les diélectronset dimuons de même signe [31], les J/ψ secondaires [30][32], les tri-muons [6],les coïncidences électrons-muons [33], les mésons vecteurs de basse masse (ρ,ω,Φ)[34],…5 CONCLUSIONLHC est la prochaine machine pour les collisions d’ions lourds, peut-être même ladernière à la frontière en énergie.Un pas en énergie très important <strong>au</strong> delà <strong>des</strong> énergies de RHIC est franchi, ouvrantde vastes espaces vierges de physique, notamment de physique dure, tant sur le planexpérimental que théorique.Les détecteurs du LHC sont très performants car technologiquement très évolués.La commun<strong>au</strong>té <strong>des</strong> physiciens <strong>des</strong> ions lourds doit aller de l’avant pour exploitercette chance unique d’explorer le Plasma de Quarks et Gluons.REFERENCES[1] F. Karsch and E. Laermann, “Thermodynamics and in-medium hadron properties fromlattice <strong>QCD</strong>”, arXiv:hep-lat/0305025 (2003).[2] ALICE Collaboration, ALICE Physics Performance Report (Volume 1), CERN/LHCC2003-049 (2003).[3] J. Schukraft, Nucl. Phys. A698 (2002) 287.[4] N. Carrer and A. Dainese, “Charm and be<strong>au</strong>ty production at LHC”, ALICE-INT-2003-019 v.3, hep-ph/0311225 (2003).330


[5] K. Kajantie, Nucl. Phys. A715 (2003) 432c.[6] ALICE Collaboration, ALICE Physics Performance Report (Volume 2), CERN/LHCC2005-030 (2005).[7] ALICE Collaboration, “Dimuon forward spectrometer”, Technical Design Report,CERN/LHCC 99-22 (1999). Addendum, CERN/LHCC 00-46 (2000).[8] A. Zinchenko et al., “Development of algorithms for cluster finding and trackreconstruction in the forward muon spectrometer of ALICE experiment”, CERN-2005-002-V-2 (2005) p276.[9] AT<strong>LA</strong>S Collaboration, “Heavy Ion Physics with the AT<strong>LA</strong>S Detector”, Letter of Intent,CERN/LHCC/2004-009 (2004).[10] CMS Collaboration, “Heavy ion Physics in CMS”, CMS-NOTE-2000-060 (2000).[11] P. Crochet, “(di-)leptons and heavy flavours in heavy ion collisions at the LHC”,International Workshop on Electromagnetic Probes of Hot and Dense Matter, Trento,Italy (Juin 2005).[12] AT<strong>LA</strong>S Collaboration, AT<strong>LA</strong>S computing model, CERN-LHCC-2004-037-G-085.ALICE Collaboration, ALICE computing model, CERN-LHCC-2004-038-G-086.CMS Collaboration, CMS computing mode, CERN-LHCC-2004-035-G-083.[13] R.J. Gl<strong>au</strong>ber and G. Matthiae, Nucl. Phys. B21 (1970) 135.[14] K.J. Eskola et al., Nucl. Phys. B570 (2000) 379. K.J. Eskola et al., “Multiplicities andtransverse energies in central A-A collisions at RHIC and LHC from p<strong>QCD</strong>, saturationand hydrodynamics”, arXiv:hep-ph/0104010 (2001).[15] M. Bedjidian et al., “Hard probes in heavy ion collisions at the LHC: heavy flavourphysics”, hep-ph/0311048 (2003).[16] E. Norrbin and T. Sjostrand, Eur. Phys. J. C17 (2000) 137.[17] P. Crochet, “Quarkonia and heavy flavors at the LHC”, Eur. Phys. J. C43 (2005) 437.[18] N. Brambilla et al., “Heavy quarkonium physics”, hep-ph/0412158 (2004).[19] S. Digal et al., Phys. Rev. D64 (2001) 094015. C. Y. Wong, Phys. Rev. C65 (2002)034902.[20] P. Br<strong>au</strong>n-Munziger and J. Stachel, Phys. Lett. B490 (2000) 196. R.L. Thews et al.,Phys. Rev. C63 (2001) 054905.[21] A. Morsch and K. Eggert, “Onium production in heavy-ion collisions at the LHC -Signals and backgrounds in the two-muon channel”, ALICE-INT/PHY 95-05 (1995).[22] R. Guernane et al., “Measuring the B-meson production cross section in 5.5 TeV Pb-Pb collisions using semileptonic decay muons”, ALICE Collaboration, ALICE-INT-2005-018 (2005).[23] A. Dainese et al., “Measuring be<strong>au</strong>ty production in Pb–Pb collisions at the LHC viasingle electrons in ALICE”, nucl-ex/0510083 (2005).[24] A. Dainese, “Charm production and in-medium <strong>QCD</strong> energy loss in nucleus-nucleuscollisions with ALICE. A performance study.”, arXiv:nucl-ex/0311004 (2003).[25] BRAHMS, PHENIX, PHOBOS, STAR Collaborations, Nucl. Phys. A757 (2005).[26] A. Accardi et al., “Hard Probes in Heavy Ion Collisions at the LHC: Jet Physics”, hepph/0310274(2003).331


[27] I. Vitev and M. Gyulassy, Phys. Rev. Lett. 89 (2002) 252301.[28] S. Blyth, ”Jet Study in Ultra-Relativistic Heavy-Ion Collisions with the ALICEDetectors at the LHC”, nucl-ex/0510065 (2005).[29] A. Morsch et al., Nucl. Part. Phys. 31 (2005) S597.[30] ALICE Collaboration, “Transition Radiation Detector”, Technical Proposal, Addendum2, CERN/LHCC/99-13. ALICE Collaboration, “Transition Radiation Detector”, TechnicalDesign Report, CERN/LHCC/2002-21.[31] P. Crochet and P. Br<strong>au</strong>n-Munziger, Nucl. Instr. And Meth A484 (2002) 564.[32] I.P. Lokhtin and A.M. Snigirev, “High-mass dimuon and secondary J/Ψ productionat CMS as probes of medium-induced bottom quark energy loss in heavy ioncollisions”, CMS-NOTE-2001-008 (2001).[33] P. Crochet et al., “Electron-Muon Coincidence as a Measure of Charm and Bottomwith ALICE”, ALICE-INT-2000-01 (2000).[34] B. Rapp, "Production de dimuons en réactions p-p et Pb-Pb avec ALICE: le détecteurV0 et les résonances de basse masse", Université Cl<strong>au</strong>de Bernard - Lyon I, 2004.332


SEMINAIRES JEUNESEtats liés de gluons dans le contexte de modèles potentielsVincent MATHIEU, Université Mons Hain<strong>au</strong>tLes états liés de gluons, appelés boules de glu, sont <strong>des</strong> prédictions de la <strong>QCD</strong>. Bien qu'ils n’aientpas encore été découverts expérimentalement de façon certaine, ils constituent un sujet d'étudeintéressant. Dans le cadre <strong>des</strong> modèles potentiels, le système est défini par un hamiltoniencomprenant une partie cinétique et une partie potentielle.Les premiers trav<strong>au</strong>x dans ce domaine ont été effectués dès le début <strong>des</strong> années 80 [1][2][3] . Il estadmis que le potentiel d’une boule de glu à deux gluons se décompose en deux parties. Lapremière, résultant de l’échange d’un gluon, prend en compte les termes de courtes portées etest construit à partir de la limite non-relativiste <strong>des</strong> diagrammes de Feynman. La seconde régitles interactions à longue portée, le confinement. Puisque les calculs sur rése<strong>au</strong>x ont montré que lechamp de couleur était localisé sur l’axe joignant les deux particules, le confinement est modélisépar un potentiel linéaire.Nous proposons d’étendre ces résultats <strong>au</strong>x boules de glu à trois gluons. Le tube de flux seraremplacé par une jonction Y. Les calculs sur rése<strong>au</strong>x nous montrent en effet que le champ decouleur est représenté par trois tubes de flux se rejoignant de façon à minimiser l’énergie. Leterme d’interaction à courte portée est une somme de potentiel d’échange d’un gluon entre lesdifférentes paires de gluons. La modification majeure à ce terme sera le calcul d’une massedynamique pour les gluons provenant du confinement et dépendant <strong>des</strong> nombres quantiques de laboule de glu. Enfin, notre dernière contribution sera de donner <strong>au</strong>x gluons une taille effective cequi permet d’éviter les problèmes liés <strong>au</strong>x singularités dans le potentiel à courte portée. Lesrésultats obtenus pour les boules de glu à deux gluons sont en bonne concordance avec certainscandidats expériment<strong>au</strong>x et les prédictions <strong>des</strong> calculs sur rése<strong>au</strong>x. Le hamiltonien à trois corpssera diagonalisé dans une base de g<strong>au</strong>ssiennes.[1] J.M. Corwall and A. Soni, Phys. Lett. 120B, 431 (1983)[2] W.S. Hou and G.G. Wong, Phys. Rev. D 67, 034003 (2003)[3] F. Br<strong>au</strong> and C. Semay, Phys. Rev. D 70, 014017 (2004)Les résonances de quarks lourds comme sonde du QGPPhilippe PILLOT, IPN LyonD'après les prédictions de <strong>QCD</strong>, <strong>au</strong> delà d'une certaine température ou densité d'énergie, lamatière nucléaire devrait subir une transition de phase vers un nouvel état, le Plasma de Quarkset de Gluons (QGP), dans lequel les quarks et les gluons ne seraient plus confinés à l'intérieur <strong>des</strong><strong>hadrons</strong>. Expérimentalement, un tel état pourrait se former dans <strong>des</strong> collisions d'ions lourdsultra-relativistes. Afin de le mettre en évidence, plusieurs signatures ont été proposées parmilesquelles la suppression <strong>des</strong> résonances de quarks lourds.L'expérience NA50, <strong>au</strong> CERN, a observé une suppression "anormale" du J/Ψ (résonance c c ) dansles collisions Pb-Pb centrales à 158 GeV/c par nucléon incident. Cependant, cette observation nepeut pas être clairement reliée à la formation d'un QGP. En 2003, afin de clarifier la situation,l'expérience NA60 a pris <strong>des</strong> données en collisions indium-indium à la même énergie incidente.333


Nos premiers résultats montrent qu'une suppression "anormale" est également présente dans lescollisions centrales. Une étude précise de l'évolution de cette suppression en fonction de lacentralité de la collision est actuellement en cours. Elle devrait permettre, par comparaison avecles résultats <strong>des</strong> expériences précédentes, de remonter <strong>au</strong> mécanisme qui en est responsable.L'expérience ALICE se propose d'étudier la production <strong>des</strong> résonances de quarks lourds <strong>au</strong>xénergies du LHC. Comme dans NA60, ces résonances sont détectées via leur désintégration endeux muons, à l'aide d'un spectromètre à muons. Afin d'atteindre la résolution optimalepermettant de séparer les différentes résonances de la famille du Υ( b b ), la position <strong>des</strong>différents plans de détection du spectromètre doit être connue avec une très grande précision.Pour cela, nous avons conçu un système (le GMS) permettant de mesurer les déplacements etdéformations de ces plans <strong>au</strong> cours <strong>des</strong> prises de données. Ce système, composé de plusieurscentaines d'appareils optiques, atteint <strong>des</strong> précisions meilleures que la centaine de microns.Etude de la production de J/Ψ et Υ dans le cadre du modèle de CGCAlexandre CHARPY, IPN OrsayEtude <strong>des</strong> effets de retard dans les mésonsFabien BUISSERET, Université Mons-Hain<strong>au</strong>tLes mésons, états liés quark-antiquark, sont bien décrits par la chromodynamique quantique(<strong>QCD</strong>). Malheureusement, la résolution <strong>des</strong> équations d’Euler-Lagrange de cette théorie est unproblème complexe, <strong>au</strong>ssi bien analytiquement que numériquement. Il est donc utile de travailleravec un modèle effectif. En particulier, pour les mésons, le modèle effectif dit « de la cordetournante » peut être établi à partir du lagrangien <strong>QCD</strong> [1,2]. Dans ce modèle, le méson est vucomme composé de deux particules ponctuelles sans spin - le quark et l’antiquark, reliées par unecorde (voir figure ci-contre). Cette corde modélise de manière simplifiée les échanges de gluonsq τq virtuels à longue portée entre les deux particules, et simule donc leconfinement. Dans cette approche, les interactions de spin sontqqestimées comme assez faibles pour être ajoutées en perturbation. Deuxhypothèses importantes interviennent dans le calcul de ce modèle. Premièrement, la corde estconsidérée comme rectiligne, suivant les indications de la <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong> [3]. Deuxièmement, lescoordonnées temporelles du quark, de l’antiquark et de la corde sont supposées égales à τ, letemps propre commun du système, lui-même identifié <strong>au</strong> temps du centre de masse (ansatz <strong>des</strong>temps ég<strong>au</strong>x). Ces deux hypothèses impliquent que l’interaction se propage instantanément. Ils’ensuit que le modèle de la corde tournante néglige les effets de retard dus à la vitesse finie depropagation <strong>des</strong> gluons.Inclure le retard dans cette <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> mésons passe donc nécessairement par laconsidération d’un temps relatif σ non nul, afin de s’abstraire de l’ansatz <strong>des</strong> temps ég<strong>au</strong>x. Nousavons donc récrit le modèle de la corde tournante en supposant uniquement l’égalité du tempspropre et du temps du centre de masse [4]. Nous avons ainsi montré que le terme de retard étaitune perturbation du hamiltonien original, dont l’effet est de diminuer la masse <strong>des</strong> mésons. Cetteperturbation se présente comme un oscillateur harmonique en la variable σ, dont seul lefondamental possède un sens physique. De plus, elle présente la propriété intéressante depréserver les trajectoires de Regge (relation linéaire entre la masse <strong>au</strong> carré et le momentangulaire <strong>des</strong> mésons légers). La fonction d’onde du méson acquiert une dépendance g<strong>au</strong>ssienne enle temps relatif, centrée en σ = 0. Enfin, le modèle de la corde tournante, avec l’ajout du retard334


et d’un terme à courte portée <strong>des</strong>tiné à prendre en compte les processus d’échange d’un gluon,s’avère en bon accord avec les données expérimentales actuelles.[1] A. Yu. Dubin, A. B. Kaidalov and Yu. A. Simonov, Phys. Atom. Nucl. 56, 1745 (1993)[hep-ph/9311344].[2] F. Buisseret and C. Semay, Phys. Rev. D 70, 077501 (2004) [hep-ph/0406216].[3] Y. Koma et al., Phys. Rev. D 64, 014015 (2001) [hep-ph/0011165].[4] F. Buisseret and C. Semay [hep-ph/0505168].Etude du système de déclenchement de la sonde muonique de l’expérienceALICEFabien GUERIN, LPC ClermontALICE (A Large Ion Collider Experiment) est une expérience dédiée à l'étude <strong>des</strong> collisionsd'ions lourds ultra-relativistes qui opérera <strong>au</strong> LHC (Large Hadron Collider) en 2007. Le but decette expérience est de mettre en évidence et d'étudier le <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons (QGP).Une <strong>des</strong> signatures possibles de ce nouvel état de la matière est la variation du t<strong>au</strong>x deproduction <strong>des</strong> quarkonia (J/Ψ, Υ) lorsqu'on passe d'une phase purement hadronique à une phaseoù les quarks et les gluons sont déconfinés. Le spectromètre à muons d'ALICE permettra dedétecter les paires de muons de signes différents qui proviennent de la désintégration <strong>des</strong>quarkonia (J/Ψ, Υ → μ + μ - ). Un système de déclenchement rapide (''trigger''), associé <strong>au</strong>spectromètre à muons, permet de sélectionner les collisions physiquement intéressantes (unquarkonia <strong>au</strong> minimum est produit) en effectuant <strong>des</strong> coupures sur l'impulsion transverse <strong>des</strong>muons. Nous avons donc évalué les performances du système de déclenchement en termed'efficacité de trigger et de t<strong>au</strong>x de trigger. De telles étu<strong>des</strong> vont permettre d'élaborer <strong>des</strong>scénarii d'acquisition en associant les t<strong>au</strong>x de trigger <strong>des</strong> différents sous-détecteurs d'ALICE(trigger dimuons, trigger diélectrons, centralité...).Caractérisation <strong>des</strong> performances du détecteur SSD de l’expérience STAR<strong>au</strong>près du collisionneur RHICJonathan BOUCHET, SUBATECH NantesSTAR( Solenoid Tracker At Rhic) est l’une <strong>des</strong> 4 expériences dédiées à la physique <strong>des</strong> ionslourds, installée <strong>au</strong> RHIC (Relativistic Heavy Ion Collider), BNL, Etats-Unis.Les conditions atteintes lors de ces collisions très énergétiques doivent être favorables à laformation d’un <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons (QGP), état où les constituants de la matière nesont plus liés entre eux à l’intérieur <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong>.L'objectif de STAR étant la mesure précise <strong>des</strong> particules chargées produites à rapiditécentrale, son coeur se compose notamment d’une chambre de trajectographie cylindrique et pourla partie interne d’un détecteur de vertex, composé de couches concentriques de détecteurs <strong>au</strong>silicium .L'ensemble est plongé dans un champ magnétique.Le SSD (Silicon Strip Detector) est la quatrième couche du détecteur de vertex, placée à 23 cmde l’axe du faisce<strong>au</strong> et répartie en 20 échelles de 16 modules de détection. Chaque module seconstitue d'un détecteur à micropistes double faces : les 2 faces sont segmentées en pistesespacées de 95 µm, ce qui permet une mesure de la position <strong>des</strong> points d’impacts à 2 dimensions.Le rôle du SSD est d’améliorer la trajectographie en fournissant un point supplémentaire entrela TPC et le SVT. Il permet de diminuer la distance de projection <strong>des</strong> traces formées dans la335


TPC. On s'attend en particulier à une amélioration de reconstruction <strong>des</strong> particules issues dedécroissances et d'une meilleure précision sur la position du vertex primaire.On quantifiera l’apport du SSD via le t<strong>au</strong>x et la qualité de reconstruction <strong>des</strong> particules étrangesà faible durée de vie dont la production est l’une <strong>des</strong> observables analysées pour mettre enévidence le QGP.Etude <strong>des</strong> transitions 0 + 0 + . Rapport d’embranchement du 62 GaAnissa BEY, CEN Borde<strong>au</strong>x Gradignan+ + +L’étude <strong>des</strong> transitions ( 0 → 0 )β superpermises – transitions ayant lieu entre les membresd’un même multiplet d’isospin –constitue un outil puissant pour comprendre et tester lespropriétés de l’interaction faible. En effet, à c<strong>au</strong>se règles <strong>des</strong> sélections sur le moment orbital,la seule interaction présente dans ces désintégrations β dites de Fermi est de type vectoriel (V).Si le courant vectoriel est conservé par l’interaction faible (hypothèse CVC) alors la constantede couplage vectorielle G V associée <strong>au</strong>x transitions de Fermi est non renormalisable dans lesmilieux nucléaires (noy<strong>au</strong>x). En d'<strong>au</strong>tres termes, la même interaction vectorielle seraitresponsable de toutes les décroissances β superpermises <strong>des</strong> particules. Par conséquent, la forcede transition Ft corrigée caractérisant une désintégration de Fermi est indépendante du noy<strong>au</strong>.La constante de couplage vectoriel G V est déterminée expérimentalement à partir de la durée devie du noy<strong>au</strong> émetteur T 1/2 , du bilan énergétique de la réaction Q β et de BR l'intensité de latransition superpermise. On s'est intéressé à l'étude du cas particulier de l'émetteur exotique62 Ga (N=Z=31). En effet, l'exotisme <strong>des</strong> super émetteurs β avec A ≥ 62 ( 62 Ga, 66 As, 74 Rb, 78 Y..)constitue un facteur très limitant quant à la précision requise sur la valeurexpérimentale Ft (≈10 -4 ) pour le test de l'hypothèse CVC. Par ailleurs, la connaissance de laconstante G V permet de déterminer la valeur de l'élément V ud de la matrice de Cabbibo-Kobayashi-Maskawa (CKM) du Modèle Standard (SM) <strong>des</strong> interactions électrofaibles.Le but de ce travail de thèse, est de déterminer les rapports d'embranchements β du 62 Zn dansla décroissance de Fermi du 62 Ga. L'intensité de la transition analogue BR reliant les deux étatsfondamentales permettra de calculer la durée de vie partielle t = T 1/2 /BR. D'<strong>au</strong>tre part, oncherchera à mesurer les branches faibles vers les états excités, celles-ci serviront à valider lescalculs théoriques <strong>des</strong> corrections imposées à la valeur Ft expérimentale. En effet, de nombreuxmodèles prédisent <strong>des</strong> corrections plus importantes pour les masses A ≥ 62.La nouvelle valeur Ft du 62 Ga, combinée à l'ensemble <strong>des</strong> 9 transitions superpermises bienconnues ( 10 C- 54 Co) permettront de déterminer et d'améliorer la précision sur l'élément V ud de lamatrice CKM ainsi -peut être- rest<strong>au</strong>rer l'unitarité de celle-ci qui constitue une problématique etun défit <strong>au</strong> Modèle Standard minimal et sa possible extension.Un proton bien étrangeMarouan Abdelbaste EL-YAKOUBI, IPN OrsayDans le cadre de la Chromodynamique quantique (<strong>QCD</strong>), le proton est constitué de trois quarks devalence (uud) baignant dans une mer de gluons et de paires de quarks-antiquarks. Seuls les troisquarks les plus légers (up, down et strange) contribuent de façon significative <strong>au</strong>x propriétés dunucléon. Nous utilisons la propriété de l'interaction faible de violer la parité pour déterminerséparément les contributions <strong>des</strong> 3 types de quarks <strong>au</strong>x facteurs de forme du nucléon.L'expérience PVA4 (Parity Violation in Hall A4), qui a lieu à MAMI (Mainzer Mikrotron) enAllemagne, a mesuré l'asymétrie de violation de parité dans la diffusion élastique électron-proton336


à l'aide d'un faisce<strong>au</strong> d'électrons polarisés longitudinalement à deux moments transférésdifférents Q² = 0.23 et 0.1( GeV/c)². Les mesures d'asymétries <strong>au</strong>x angles avant et arrièrevont permettre de déterminer séparément les contributions électriques et magnétiques <strong>des</strong>quarks étranges <strong>au</strong>x facteurs de forme du nucléon (séparation de Rosenbluth).L'expérience PVA4 utilise une cible d'hydrogène liquide dont la fenêtre d'entrée, en aluminium, <strong>au</strong>ne épaisseur de 50 µm et en voie de sortie, une fenêtre d'épaisseur 350 µm. J'ai évalué lacontribution de la diffusion <strong>des</strong> électrons sur ces parois en Aluminium. La comparaison <strong>au</strong> spectreexpérimental associé à l'ensemble Aluminium + Hydrogène a permis de déterminer la contribution<strong>des</strong> parois.Extraire la précison sur la contribution étrange <strong>au</strong>x facteurs de forme du nucléon nécessite laconnaissance de l'erreur sur l'asymétrie mesurée et l'incertitude sur le facteur de formeélectromagnétique. Vu que les paramétrisations habituelles ne permettent pas de prédirel'erreur sur le facteur de forme, une méthode originale basée sur la méthode de Monte Carlo aété développée. Cette méthode nous a permis de déterminer une bande d'erreur sur chaquefacteur de forme correspondant à un moment de transfert Q 2 donné.Le futur détecteur de vertex (HFT) de STARAlexandre SHABETAÏ, IReS StrasbourgLa masse <strong>des</strong> quarks « lourds » (quarks charmés par exemple) étant grande devant <strong>des</strong> quarksdits « légers » (u, d, et s), leurs mouvements collectifs devraient permettre d’évaluer l’état dethermalisation de ces derniers. Cette propriété joue un rôle important dans la détermination del’équation d’état du Plasma de Quarks et Gluons (QGP), formé <strong>au</strong> cours de collisions d’ions lourdsultra-relativistes.D’un point de vue expérimental, la mesure (directe) du flow elliptique (v2) du charme [1] à basseimpulsion transverse (pt) devrait permettre de remonter <strong>au</strong>x propriétés de thermalisation dusystème formé lors de ces collisions. Aujourd’hui cette mesure n’est possible que de façonindirecte [2] (à travers le v2 <strong>des</strong> électrons (e - ) issus de désintégrations <strong>des</strong> <strong>hadrons</strong> charmés (D e - + X) et est peu précise car elle est accompagnée de gran<strong>des</strong> incertitu<strong>des</strong> systématiques(liées <strong>au</strong>x multiples sources de bruit de fond)).L’expérience STAR [3] (pour « Solenoidal Tracker at RHIC ») <strong>au</strong> RHIC (pour « Relativistic heavyIon Collider ») propose d’effectuer cette mesure de façon directe et bien plus précise qu’enutilisant les e - , grâce à son futur détecteur de vertex, le HFT (pour « Heavy Flavour Tracker »),premier détecteur qui exploitera la technologie CMOS. Les capteurs CMOS, en plein essorindustriel, cumulant de nombreux avantages comme leur granularité, leur rapidité, leur résistance<strong>au</strong>x radiations, leur coût,…L’étude <strong>des</strong> paramètres de ce détecteur (épaisseur, résolution) et l’optimisation (utilisant <strong>des</strong>métho<strong>des</strong> d’analyse multi-variables) de la reconstruction de <strong>hadrons</strong> charmés (D o , D + , D s ) à l’aidede simulations montrent qu’une telle mesure sera directement réalisable de façon précise, dès lapremière année de prise de données avec ce détecteur.[1] Bin Zhang Lie-Wen Chen and C.M. Ko, Phys. Rev. C 72 (2005) 024906[2] Frank L<strong>au</strong>e (for the STAR Collaboration), J. Phys. G 31 (2005) S27-S34[3] K.H. Ackermann et al., Nucl. Instrum. Meth. A 499 (2003) 624337


La Diffusion Compton Profondément Virtuelle (DVCS) sur le nucléon avec ledétecteur C<strong>LA</strong>S du Jefferson Lab.Hyon-Suk JO, IPN OrsayL'expérience DVCS (Deeply Virtual Compton Scattering) s'est déroulée dans le Hall B duJefferson Lab (Virginie, USA) en 2005. Ce projet implique principalement l'IPN d'Orsay, le CEASaclay, ITEP Moscow, et Jefferson Lab. Avec l'objectif d'étudier la réaction exclusive ep →epγ, cette expérience consiste en la diffusion Compton de photons profondément virtuels sur lesquarks du proton.Nous allons mesurer les sections efficaces et l'asymétrie de spin du faisce<strong>au</strong>. Cela permettrad'accéder <strong>au</strong>x Distributions de Partons Généralisées (GPDs). Les GPDs paramétrisent lescorrélations <strong>des</strong> quarks du nucléon et portent l'information sur les distributions d'impulsion, <strong>des</strong>pin, de moment orbital, de saveur <strong>des</strong> quarks du nucléon.Un calorimètre électromagnétique à h<strong>au</strong>te résolution et à t<strong>au</strong>x de comptage élevé dédié à cetteexpérience a été conçu et construit à l'IPN d'Orsay afin de compléter le détecteur à largeacceptance C<strong>LA</strong>S du Hall B. Ce calorimètre consiste en l'assemblage de 424 crist<strong>au</strong>x detungstate de plomb (PbWO4), associés à <strong>des</strong> Photodio<strong>des</strong> à Avalanche (APDs).Recherche de matière étrange et exotique à RHIC et LHCRen<strong>au</strong>d VERNET, IReS StrasbourgLa caractérisation d'un Plasma de Quarks et de Gluons repose sur l'étude en laboratoire <strong>des</strong>collisions d'ions lourds ultra-relativistes. Les collisionneurs RHIC (BNL) et futur LHC (CERN)permettent de sonder <strong>des</strong> gammes d'énergie disponible dans le centre de masse allant de= 20 à 200 GeV et sNN= 5.5 TeV respectivement, et ainsi d'étudier différentes zones dudiagramme <strong>des</strong> phases de la matière nucléaire. L'identification <strong>des</strong> particules étranges yreprésente un domaine d'étude majeur, car elle constitue une sonde directe <strong>des</strong> espèceschimiques produites lors de la collision.Grâce <strong>au</strong> détecteur STAR <strong>au</strong> RHIC a été étudiée dans les collisions centrales Au-Au la formationd'une particule étrange encore hypothétique, le H 0 -dibaryon ou (ΛΛ), prédit sous forme <strong>des</strong>trangelet ou d'état lié hadronique. Son spectre en masse invariante donne à la masse attendueun pic d'une significance S / B de 4.7 ; <strong>des</strong> données complémentaires nécessaires à laconfirmation de ce résultat sont en cours d'analyse.Il a été parallèlement effectué par simulation d'événements Pb-Pb une étude <strong>des</strong> performancesdu futur détecteur ALICE <strong>au</strong> LHC sur l'identification de particules étranges (et leurs antiparticulesassociées). Pour <strong>des</strong> événements de multiplicité dN ch /dy = 4000, on estime, moyennant0certaines prédictions sur leur t<strong>au</strong>x de production, qu'un nombre de 30 K S, 11 Λ et 0.075 Ξpourra être reconstruit par événement. La valeur pour les Ω nécessite une plus grande quantitéd'événements que ceux alors disponibles, mais devrait bientôt pouvoir être estimée.sNN338


Etude <strong>des</strong> réactions (n, Xn) à 96 MeVImmaculada SAGRADO GARCIA, LPC CaenL’aval du cycle électronucléaire groupe deux gran<strong>des</strong> branches de recherche : la créationd’énergie et le traitement de déchets nucléaires par <strong>des</strong> options nouvelles. Dans le cadre del’étude <strong>des</strong> Systèmes Hybri<strong>des</strong> [1] le laboratoire LPC [2] en collaboration avec le laboratoire TSL[3], a mis en place une campagne de mesure <strong>des</strong> sections efficaces doublement différentielles(en angle et en énergie), de production <strong>des</strong> neutrons dans les réactions induites par <strong>des</strong> neutrons.La motivation de cette campagne de mesures est de compléter le jeu de données déjà obtenues àpartir de la collaboration européenne HINDAS [4]. Cette base de données permettral’optimisation et le développement <strong>des</strong> co<strong>des</strong> numériques existant ou en cours de réalisation dansla région d’étude, entre 20 et 200 MeVLe LPC a développé un dispositif original, CLODIA: Chambre à LOcalisation par DérIve etAmplification. CLODIA est un ensemble qui permet la conversion d’un neutron incident dans ledispositif en proton, à partir <strong>des</strong> réactions H(n,p), ainsi que la mesure de la trajectoire et del’angle d’émission du proton émis. Un faisce<strong>au</strong> de neutrons à 96 MeV est disponible <strong>au</strong> TSL, ainsiqu’un dispositif qui permet la mesure de l’énergie du proton de recul dans les réactions induitesdans CLODIA. Ce dispositif est nommé SCANDAL, SCAttered Nucleon Detection AssembLy. Enutilisant l’ensemble CLODIA & SCANDAL l’angle et l’énergie du proton émis peuvent êtremesurés, et à partir de ces valeurs l’énergie du neutron incident peut être calculée.Avec la mise en œuvre de CLODIA sur site à TSL plusieurs mesures ont été effectuées. L’analyse<strong>des</strong> données correspondant à l’émission de neutrons produits à partir <strong>des</strong> réactions induites par<strong>des</strong> neutrons sur une cible de plomb à 15° a donné <strong>des</strong> résultats satisfaisants. Les donnéescorrespondant à l’émission de neutrons produits sur <strong>des</strong> cibles de fer et de plomb à différentespositions angulaires sont actuellement en cour d’analyse et seront prochainement disponibles.[1] Couplage entre un accélérateur et un réacteur[2] Laboratoire de Physique Corpusculaire, (Caen)[3] The Svedberg Laboratory, (Uppsala, Suède)[4] High and Intermediate energy Nuclear Data for Accelerator-driven SystemsUn modèle de propagation <strong>des</strong> quarks lourds dans le QGPVincent GUIHO, SUBATECH NantesIl y a de cela plus de 20 ans, une théorie naissante, la chromodynamique quantique (<strong>QCD</strong>),prédisait l'existence d'un nouvel état de la matière (le QGP), état qui <strong>au</strong>rait prévalu quelquesnano-secon<strong>des</strong> après le Big-Bang, et juste avant la coexistence <strong>des</strong> quarks et gluons pour formerles protons et neutrons composant l'ensemble de la matière nucléaire actuelle.Be<strong>au</strong>coup de moyens expériment<strong>au</strong>x furent mis en oeuvres afin de confirmer cette prédiction.Malheureusement, la complexité du système physique étudié laissa plus de place àl'interprétation subjective qu'à <strong>des</strong> affirmations formelles relatives à son existence., et ce,parce que l'on a peut-être s<strong>au</strong>té certaines étapes essentielles à la compréhension d'un telsystème. Afin de répondre à la question « quoi ? », il f<strong>au</strong>t tout d'abord savoir « comment ? »,<strong>au</strong>trement dit, c'est l'étude <strong>des</strong> propriétés d'un système physique qui permet de le caractériser,et ainsi de répondre à cette première question.339


C'est pourquoi, l'on propose un modèle phénoménologique permettant de dégager <strong>des</strong>caractéristiques « grossières » du QGP, mais qui trace le chemin vers une compréhension plusfine, en faisant le lien entre résultats expériment<strong>au</strong>x et <strong>QCD</strong> sur rése<strong>au</strong>.P.B. Gossi<strong>au</strong>x, V. Guiho, J. Aichelin, contribution presented at SQM04 (hep-ph/0411324),To be published in J. Phys. G: Nucl. Part. Phys.Description de la matière nucléaire dans un modèle de Nambu-Jona-LasinioRémi HUGUET, CEN Borde<strong>au</strong>x GradignanNous avons étudié durant mon travail de Master Recherche la possibilité d'améliorer la<strong>des</strong>cription de la matière nucléaire dans un modèle hadronique incluant la symétrie chirale et sabrisure dynamique dans le vide, le modèle de Nambu-Jona-Lasinio.Nous avons montré qu'il était possible, en incluant <strong>des</strong> termes d'interaction ponctuels jusqu'àdouze fermions, de décrire correctement les principales caractéristiques de la matière nucléaireà la densité de saturation ( énergie de liaison, module d'incompressibilité, masse effective dunucléon, ... ).La densité critique pour laquelle la symétrie chirale est totalement rest<strong>au</strong>rée est directementliée à l'impulsion de coupure introduite dans le modèle. Nous avons montré que pour obtenir <strong>des</strong>propriétés de saturation réalistes, <strong>des</strong> impulsions de coupure de 400 à 550 MeV peuvent êtreutilisées, donnant <strong>des</strong> densités critiques de 3 à 8 fois la densité de saturation de la matièrenucléaire.Mesure du J/Ψ µ+µ- dans les collisions Cu + Cu àl’expérience PHENIX. Dépendance en rapiditéAndry RAKOTOZAFINDRABE, LLR Palaise<strong>au</strong>sNN= 200GeV dansLe méson J/Ψ ( c c ) est une sonde dure prometteuse pour étudier la matière dense et ch<strong>au</strong>decréée lors <strong>des</strong> collisions d’ions lourds relativistes. Dans le cas où la matière créée seraitdéconfinée, les modèles théoriques indiquent que le t<strong>au</strong>x de production du J/Ψ sera affecté parce <strong>plasma</strong> de quarks et de gluons. L’expérience NA50 (CERN) a ainsi annoncé l’observation de lasuppression “anormale” du J/Ψ dans les collisions Pb + Pb les plus centrales (à petit paramètred’impact), en excès de la suppression dite “normale” attendue dans le cas de l’absorption du J/ Ψpar la matière nucléaire ordinaire [1]. Le collisionneur RHIC (BNL) a notamment été construitpour confirmer et étudier de manière systématique le déconfinement à une énergie disponiblesNNdix fois plus élevée par paire de nucléons dans le centre de masse. Les bras muons dePHENIX, une <strong>des</strong> expériences installées <strong>au</strong>près du RHIC, permettent de détecter le J/Ψ via lecanal dimuon dans la région de rapidité 1.2 < |y| < 2.2. En Mars 2005 s’est achevée la prise dedonnées Cu + Cu à sNN= 200 GeV .Deux étapes clefs de l’analyse sont l’extraction du signal (coupures et soustraction du bruit defond combinatoire) et l’évaluation <strong>des</strong> corrections d’acceptance et d’efficacité (prenant encompte détecteurs, systèmes de déclenchement et algorithme de reconstruction). Les résultatsprésentés sont préliminaires. En particulier, la dépendance en rapidité du facteur de modificationnucléaire R CuCu peut être confrontée à deux prédictions théoriques :340


• les effets nucléaires “froids” sur la production du J/ Ψ (l’absorption nucléaire normale etla modification <strong>des</strong> fonctions de distribution <strong>des</strong> partons dans le milieu, connue sous lenom de “shadowing” [2]) ;• la recombinaison (la probabilité que les quarks c et c , séparés <strong>au</strong> moment dudéconfinement, se recombinent en J/Ψ n’est plus négligeable en raison du nombrerelativement grand de c et de c produits <strong>au</strong>x énergies du RHIC).La dépendance en rapidité de R CuCu pour les tranches de centralité les plus périphériques estcompatible avec les effets nucléaires froids, ce qui semble ne pas être le cas de la tranche laplus centrale. Lorsqu’on va de la tranche la plus périphérique à la plus centrale, la forme de ladistribution en rapidité du t<strong>au</strong>x de production de J/Ψ ne semble pas évoluer vers unedistribution très piquée à y = 0, laquelle est prédite par le modèle de recombinaison [3].[1] M. C. Abreu et. al. Evidence for deconfinement of quarks and gluons from the J/Ψsuppression pattern measured in Pb-Pb collisions at the CERN-SPS. Phys. Lett. B, 477 :28–36,March 2000.NA50 Collaboration.[2] R. Vogt. Baseline cold nuclear effects on J/Ψ production in AA collisions at RHIC.nuclth/0507027, 2005.[3] R. L. Thews and M. L. Mangano. Momentum spectra of charmonium produced in a quark-gluon<strong>plasma</strong>. nucl-th/0507027, 2005.Etude de la faisabilité de détection <strong>des</strong> bosons W à l’expérience ALICE<strong>au</strong>près du LHCZaida CONESA DEL VALLE, SUBATECH NantesLes bosons W créés lors <strong>des</strong> différents types de collisions <strong>au</strong> LHC (pp@14TeV, PbPb@5.5TeV,...)sont formés durant les premiers instants <strong>des</strong> collisions, et interagissent faiblement avec le milieuentourant. Ils nous apprendront <strong>des</strong> informations cruciales. Nous permettront de sonder lespropriétés <strong>des</strong> partons (« Parton Distribution Functions ») durant les collisions pp. Cecipermettra d'étudier les modifications nucléaires <strong>au</strong>x PDFs en collisions pA. De plus, laproduction <strong>des</strong> W pourra être utilisée comme référence <strong>des</strong> son<strong>des</strong> sensibles à la formation du<strong>plasma</strong> de quarks et gluons dans les collisions d'ions lourds. Les bosons W pourront êtreidentifiés grâce <strong>au</strong> Spectromètre à Muons d'ALICE en observant les muons de grande impulsiontransverse (pT) issus de sa décroissance. Les prédictions phénoménologiques estiment la sectionefficace de production <strong>des</strong> W dans le canal muonique en les collisions pp@14TeV à 20.9nb, et à280μb dans PbPb@5.5TeV. Ainsi, les premiers calculs prévoient une production de plus d'un demimillier de W dans le canal muonique en collisions pp@14TeV en conditions nominales, dont 80.000dans l'acceptance du spectromètre. Une analyse exh<strong>au</strong>stive <strong>des</strong> spectres de muons produits amontré que le spectre de muons à bas pT est fortement peuplé par la contribution de laproduction de charme et de be<strong>au</strong>té. Tandis que dans la région <strong>des</strong> h<strong>au</strong>t pT les muons sontprincipalement issus de la décroissance <strong>des</strong> W. Par conséquent, on sera capable de les identifierdans ALICE.Finalement, il est intéressant de noter que la possibilité de se servir de la production de cesbosons comme sonde de référence pour observer la perte d'énergie <strong>des</strong> quarks lourds <strong>au</strong> <strong>plasma</strong>est en train d'être étudiée.341


Oscillateur harmonique avec incertitude minimale non nulle sur la position enmécanique quantiqueDjamil BOUAZIZ, Université de JijelEn théorie de la gravitation quantique ainsi qu’en théorie <strong>des</strong> cor<strong>des</strong>, on propose <strong>des</strong> relations decommutation modifiées [1]. Ces modifications engendrent <strong>des</strong> incertitu<strong>des</strong> minimales non nullessur la position . L’étude <strong>des</strong> implications de ces incertitu<strong>des</strong> minimales a été un sujet de grandeimportance durant les dix dernières années. Ceci, car on croit que l’incertitude minimale peutêtre interprétée comme étant la dimension finie de la particule [2], et donc le formalisme qui endécoule pourrait constituer une théorie effective à basse énergie <strong>des</strong> particules non ponctuelles,qui serait capable de bien décrire les particules composites telles que les <strong>hadrons</strong> [3].Dans ce contexte, on a repris le problème de l’oscillateur harmonique, qui a été traité parplusieurs approches [2,4,5] et on a considéré celle de Br<strong>au</strong>. Cet <strong>au</strong>teur dans son papier [2] atrouvé une représentation simple dans l’espace de position qui satisfait les relations decommutation considérées. Mais en fait, cette représentation n’est pas unique. En effet, on en apu trouver une <strong>au</strong>tre vérifiant ces mêmes relations de commutation. En utilisant cette nouvellereprésentation, on a réussi à traiter perturbativement l’oscillateur harmonique. La correction surle spectre d’énergie qu’on a obtenue est semblable à celle trouvée par Br<strong>au</strong> (dépendance ennombres quantiques n et l ), mais elles ne sont pas égales. Ceci, pourrait dire que le choix de lareprésentation influe sur le spectre d’énergie. Le traitement de l’atome d’hydrogène, qui est unpeu compliqué, peut confirmer ce résultat.[1] D.J.Gross et al, Nucl.Phys.303,407 (1988)[2] F.Br<strong>au</strong>, J.Phys.A : Math.Gen.32,7691(1999)[3] A.Kempf, J.Phys.A : Math.Gen.30,2093(1999)[4] L.N.Chang et al, Phys.Rev.D65, 125027 (2002)[5] A.Kempf et al, Phys.Rev.D52, 1108 (1995)Une nouvelle méthode d’alignement du spectromètre à muons de PHENIXCatherine TELLO SILVESTRE, DSM/DAPNIA/SPhN, CEA SaclayL'efficacité de la reconstruction <strong>des</strong> évènements <strong>au</strong> sein d'un système de détection dépendentre <strong>au</strong>tres de la connaissance précise du positionnement <strong>des</strong> détecteurs. Or les réparationsentre deux prises de données ou la mise en route du champ magnétique peuvent déplacer cesdétecteurs. Pour améliorer l'analyse, on cherche à minimiser la différence entre la position <strong>des</strong>particules mesurée dans chaque détecteur et celle résultant de l'ajustement.Une nouvelle méthode globale d'alignement, développée par M. Blobel, théoricien allemand deDesy, a déjà fait ses preuves notamment sur COMPASS. L'algorithme permet de calculer lemeilleur jeu de paramètres d'alignement pour l'ensemble <strong>des</strong> détecteurs. Il utilise toutel'information obtenue lors de la reconstruction pour trouver une solution qui minimise la somme<strong>des</strong> χ 2 <strong>des</strong> traces. Pour résoudre le système matriciel, M. Blobel s'est appuyé sur le fait que lestraces sont indépendantes les unes par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres et que le jeu de paramètresd'alignement est le même pour toutes les traces.La méthode d'alignement globale a été adaptée <strong>au</strong> spectromètre à muon de l'expérience PHENIXdu collisionneur RHIC. Les résultats de l'étude faite sur <strong>des</strong> données simulées confirment uneamélioration du χ 2 <strong>des</strong> traces grâce à cette méthode d'alignement.342


Simulation d’un détecteur de recul pour l’étude du DVCS avec l’expérienceCOMPASSMichael SEIMETZ, DSM/DAPNIA/SPhN, CEA SaclayDans la <strong>des</strong>cription du processus de Diffusion Compton Profondément Virtuelle (DVCS), lp → l'pγ,<strong>au</strong> 1 er ordre, un photon virtuel (provenant d'un lepton diffusé de h<strong>au</strong>te énergie) interagit avec unquark du proton en produisant un photon réel. Ce processus a gagné be<strong>au</strong>coup d'intérêt car il estlié <strong>au</strong>x Distributions de Partons Généralisées (GPD), <strong>des</strong> fonctions qui semblent trèsprometteuses pour une modélisation détaillée et complète <strong>des</strong> partons à l'intérieur du nucléon. Ala différence de la Diffusion Profondément Inélastique (DIS), qui a été exploréeexpérimentalement pendant <strong>des</strong> dizaines d'années, le proton reste intact dans le DVCS. Uneidentification du processus exclusif de DVCS exige alors, en général, une détection <strong>des</strong> troisparticules dans l'état final.Une mesure du DVCS est prévue avec le spectromètre COMPASS, <strong>au</strong> CERN, à partir de 2010.Grâce à la h<strong>au</strong>te énergie du faisce<strong>au</strong> de muons polarisé (100 GeV) on y pourra accéder à undomaine cinématique complémentaire de celui <strong>des</strong> expériences déjà existantes. Cependant, ilf<strong>au</strong>dra ajouter à ce spectromètre un détecteur de recul pour <strong>des</strong> protons de 250-750 MeV/c.Son but est l'identification <strong>des</strong> protons et la mesure de leurs impulsions avec une méthode detemps de vol. Il consiste en deux tonne<strong>au</strong>x concentriques de scintillateurs plastiques. Malgréleurs longueurs (jusqu'à 4 m), la résolution temporelle de ces scintillateurs doit être excellente(σ t ≈ 140 ps). Actuellement, la faisabilité de ce projet est vérifiée par la construction d'unprototype de détecteur avec les mêmes dimensions que le dispositif final, mais qui couvriraseulement 1/8 de l'acceptance angulaire.Afin d'optimiser les propriétés optiques de toutes les composantes, une simulation détaillée de laproduction et de la propagation de la lumière dans les scintillateurs a été effectuée avec lelogiciel LITRANI. Il a fallu intégrer plusieurs nouvelles métho<strong>des</strong> dans ce programme pour prendreen compte les qualités du matéri<strong>au</strong> BC 408 et l'interaction de protons à basse énergie avec lamatière, et pour modéliser la transmission dans les gui<strong>des</strong> de lumière twistés. Le code a permisde déterminer une géométrie idéale pour ces pièces. En plus, on a montré que la résolution <strong>des</strong>scintillateurs peut atteindre l'ordre de grandeur désiré. La simulation sera un outil importantpendant les tests <strong>des</strong> premiers modules, qui démarreront en <strong>au</strong>tomne 2005.Dans une deuxième simulation avec le logiciel GEANT 3, les questions de l'acceptance et del'efficacité du détecteur proposé ont été explorées. On a obtenu <strong>des</strong> informations surl'absorption <strong>des</strong> protons, la conversion γ → e + e - dans les parois de la cible et sur la distributiondu bruit de fonds corrélé, ce qui est important non seulement pour l'optimisation de la géométriedu dispositif, mais encore pour le <strong>des</strong>sin du système de déclenchement.Un test du prototype de détecteur <strong>au</strong> site de COMPASS est prévu pour 2007.High-Acceptance DiElecton SpectrometerEmilie MORINIERE, IPN OrsayL’expérience HADES est une expérience de physique hadronique qui se déroule àGSI/Darmstadt, en Allemagne. Le but de cette expérience est de mesurer la masse <strong>des</strong> mésonsvecteursdans la matière nucléaire. En effet, certaines théories prévoit un décalage ou unélargissement de la masse <strong>des</strong> mésons-vecteurs dans la matière nucléaire. Ces mésons-vecteurspeuvent décroître en une paire de dilepton (e + e - ). En détectant ces 2 leptons, on remonte343


directement à la masse du méson par masse invariante. En effet, les leptons ne sont pas altérésdans la matière nucléaire.Le détecteur HADES est donc un détecteur de dileptons, avec, principalement, un détecteurCherenkov (pour l’identification <strong>des</strong> électrons et <strong>des</strong> positrons) et <strong>des</strong> chambres à dérive (pour latrajectographie <strong>des</strong> particules).Les prises de données sont commencées depuis 2002. Les prochaines données permettrontd’étudier les contributions élémentaires puisque nous regarderons les réactions proton surproton à 3.5 GeV.344


LISTE DES PARTICIPANTSAURENCHE Patrick<strong>LA</strong>PTh – BP 110 – F-74941 ANNECY-LE-VIEUX - <strong>au</strong>renche@lapp.in2p3.frBACRI HenriLes Figons – F-13510 EGUILLES–henri.bacry@free.frBELHOBSI ZouinaFaculté <strong>des</strong> Sciences – Univ. De Jijel – BP 98 Ouled Aissa – 18100 JIJEL, AlgérieBENSAFA Imad KhaledLPC Clermont - F-63177 AUBIERE Cedex - bensafa@clermont.in2p3.frBEY AnissaCENBG – BP 120 –F-33175 GRADIGNAN Cedex – bey@cenbg.in2p3.frBOUAZIZ DjamilFaculté <strong>des</strong> Sciences – Univ. De Jijel – BP 98 Ouled Aissa – 18100 JIJEL, Algérie – bouazizdjamil@yahoo.frBOUCHET JonathanSUBATECH – BP 20722 – 4 rue A. Kastler – F-44307 NANTES Cedex 3 – jonathan.bouchet @subatech.in2p3.frBOUCHIGNY SylvainIPN Orsay – 15 rue Georges Clémence<strong>au</strong> – F-91406 ORSAY Cedex – bouchign@ipno.in2p3.frBOURDAUD GuénoléSUBATECH – BP 20722 – 4 rue A. Kastler – F-44307 NANTES Cedex 3 – guenole.bourd<strong>au</strong>d@subatech.in2p3.frBUISSERET FabienUniv. Mons Hain<strong>au</strong>t – Phys. Théorique – 20 Place du Parc, B-7000 MONS – fabien.buisseret@umh.ac.beCARBONELL J<strong>au</strong>meLPSC Grenoble - 53 Avenue <strong>des</strong> Martyrs - F-38026 GRENOBLE Cedex – carbonel@lpsc.in2p3.frCHARPY AlexandreIPN Orsay – 15 rue Georges Clémence<strong>au</strong> – F-91406 ORSAY Cedex – charpy@ipno.in2p3.frCHEYNIS BrigitteIPN Lyon – 43 Bld du 11 Novembre 1918 – F-69622 VILLEURBANNE Cedex – b.cheynis@ipnl.in2p3.frCONESA DEL VALLE ZaidaSUBATECH – BP 20722 – 4 rue A. Kastler – F-44307 NANTES Cedex 3 – zaida.conesa@subatech.in2p3.fDUPIEUX PascalLPC Clermont – 24 avenue <strong>des</strong> Landais – F-63177 AUBIERE Cedex – dupieux@clermont.in2p3.frEL YAKOUBI MarouanIPN Orsay – 15 rue Georges Clémence<strong>au</strong> – F-91406 ORSAY Cedex – marouan@ipno.in2p3.frESTIENNE MagaliIReS Strasbourg - 23 Rue du Loess - F-67037 STRASBOURG Cedex 2 – magali.estienne@subatech.in2p3.frFINCK ChristianSUBATECH – BP 20722 – 4 rue A. Kastler – F-44307 NANTES Cedex 3 – christian.finck@subatech.in2p3.frGRANIER DE CASSAGNAC RaphaëlLaboratoire Leprince Ringuet LLR – Route de Saclay– F-91128 PA<strong>LA</strong>ISEAU – raphael@in2p3.frGUERIN FabienLPC Clermont – 24 avenue <strong>des</strong> Landais – F-63177 AUBIERE Cedex – fabien.guerin@clermont.in2p3.frGUIDAL MichelIPN Orsay – 15 rue Georges Clémence<strong>au</strong> – F-91406 ORSAY Cedex – guidal@ipno.in2p3.frGUIHO VincentSUBATECH – BP 20722 – 4 rue A. Kastler – F-44307 NANTES Cedex 3 – vincent.guiho@subatech.in2p3.frGULMINELLI FrancescaLPC/ISMRA - 6, Boulevard du Maréchal Juin - F-14050 CAEN Cedex – gulminelli@lpccaen.in2p3.fr345


HADJ HENNI AhmedSUBATECH – BP 20722 – 4 rue A. Kastler – F-44307 NANTES Cedex 3 – hadjheni@subatech.in2p3.frHUGUET RémiCENBG – Rue du Solarium – BP 110 – F-33175 GRADIGNAN Cedex – huguet@cenbg.in2p3.frJO Hyon-SukIPN Orsay – 15 rue Georges Clémence<strong>au</strong> – F-91406 ORSAY Cedex – jo@ipno.in2p3.frLE GOFF Jean-MarcDSM/DAPNIA/SPhN – CEA Saclay – F-91191 GIF-SUR-YVETTE Cedex – jmlegoff@cea.frLHUILLIER DavidDSM/DAPNIA/SPhN – CEA Saclay – F-91191 GIF-SUR-YVETTE Cedex – dlhuillier@cea.frMANGIN BRINET MarianeLPSC Grenoble - 53 Avenue <strong>des</strong> Martyrs - F-38026 GRENOBLE Cedex – mariane@lpsc.in2p3.frMARTIN JoëlDSM/DAPNIA/SPhN – CEA Saclay – F-91191 GIF-SUR-YVETTE Cedex – jmartin@cea.frMARTINO JacquesSUBATECH – BP 20722 – 4 rue A. Kastler – F-44307 NANTES Cedex 3 – jmartino@subatech.in2p3.frMATHIEU VincentUniv. Mons Hain<strong>au</strong>t – Phys. Théorique – 20 Place du Parc, B-7000 MONS – vincent.mathieu@umh.ac.beMORINIERE EmilieIPN Orsay – 15 rue Georges Clémence<strong>au</strong> – F-91406 ORSAY Cedex – morinier@ipno.in2p3.frMOUSSAL<strong>LA</strong>M BachirIPN Orsay – 15 rue Georges Clémence<strong>au</strong> – F-91406 ORSAY Cedex – moussall@ipno.in2p3.frPENE OlivierLPT – Université Paris-Sud, Bâtiment 210 - F-91405 ORSAY – olivier .pene@th.u-psud.frPILLOT PhilippeIPN Lyon – 43 Bld du 11 Novembre 1918 – F-69622 VILLEURBANNE Cedex – pillot@ipnl.in2p3.frPORQUET Marie-GenevièveCSNSM – Bâtiment 104-108- F-91405 ORSAY – porquet@csnsm.in2p3.frROSNET PhilippeLPC Clermont – 24 avenue <strong>des</strong> Landais – F-63177 AUBIERE Cedex – rosnet@clermont.in2p3.frRAKOTOZAFINDRABE AndryLaboratoire Leprince Ringuet LLR – Route de Saclay– F-91128 PA<strong>LA</strong>ISEAU – andry@.in2p3.frROY ChristelleSUBATECH – BP 20722 – 4 rue A. Kastler – F-44307 NANTES Cedex 3 – christelle.roy@subatech.in2p3.frSAGRADO GARCIA ImmaculadaLPC/ISMRA - 6, Boulevard du Maréchal Juin - F-14050 CAEN Cedex – sagrado@lpccaen.in2p3.frSEIMETZ MichaelDSM/DAPNIA/SPhN – CEA Saclay – F-91191 GIF-SUR-YVETTE Cedex – mseimetz@cea.frSEMAY Cl<strong>au</strong>deUniv. Mons Hain<strong>au</strong>t – Phys. Théorique – 20 Place du Parc, B-7000 MONS – cl<strong>au</strong>de.semay@umh.ac.beSHABETAI AlexandreIReS Strasbourg - 23 Rue du Loess - F-67037 STRASBOURG Cedex 2 – ashabetai@ires.in2p3.frSILVESTRE BRAC BernardLPSC Grenoble - 53 Avenue <strong>des</strong> Martyrs - F-38026 GRENOBLE Cedex – silvestre@lpsc.in2p3.frTELLO SILVESTRE CatherineDSM/DAPNIA/SPhN – CEA Saclay – F-91191 GIF-SUR-YVETTE Cedex – csilvestre@cea.frVERNET Ren<strong>au</strong>dIReS Strasbourg - 23 Rue du Loess - F-67037 STRASBOURG Cedex 2 – ren<strong>au</strong>d.vernet@cern.chWANE Sada TamimouUniv. Cheik Anta Diop – Faculté <strong>des</strong> Sciences et Techniques – DAKAR – Sénégal – sadatwan@refer.sn346

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