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Détournons - Zibeline

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un gratuit qui se litN°58 -du 12/12/12 au 16/01 /13DétournonsNoël


Politique culturelleMarseille Nord 4, 5MP2013 6, 7Le numérique 8, 9ÉvénementsLes Rencontres d’Averroès 10, 11Théma 7, Laterna Magica 12Le monde est à nous, BJCEM 14CritiquesThéâtre 16 à 23Danse 24Arts de la rue 25Jeune public 26Musique 28 à 33Au programmeThéâtre 34 à 37Danse 38Jeune public 39, 40Arts de la rue/Cirque 41Musique 42 à 46Cinéma 47 à 51Arts visuels 52 à 57Rencontres 58, 59LivresCadeaux 60Arts 61 à 64Littérature 65, 66Livres/CD 68, 69Jeunesse 70, 71Rencontres 72 à 75Echange et diffusion des savoirs,le Gyptis, Prix littéraire PACA 76Sciences 78Ce que nousen feronsNotre dernier numéro avant Noël, et l’année capitale… Plusque jamais nous vous enjoignons à sortir, participer, à offrirdes livres, de la musique, des places de spectacles. À garderéveillés votre sens critique, votre capacité de création.L’année culturelle ne se fera pas sans vous, et la restructurationfuture du territoire a besoin de votre vigilance.Pour que ne soient pas oubliés les quartiers pauvres desvilles, et que des établissements culturels y refleurissent,destinés à tous. Pour que les œuvres de l’esprit prennent lepas sur les appareils technologiques qui les diffusent. Pourque la révolution numérique n’entraîne pas un formatagedes esprits, et la surveillance, mais un nouveau dialogue etdes échanges libres, une prise de conscience citoyenne parla circulation de l’information. Pour que les bâtimentsnouveaux qui s’érigent n’abritent plus les réjouissances etpetits fours d’acteurs culturels inféodés à ceux qui les financent,mais deviennent des lieux où l’on repense le politiquepour ne plus le subir. Alors des œuvres nouvelles verront lejour, qui nourriront nos vies.Tous ces choix-là dépendent de nous. Par nos décisions deconsommateur, de citoyen, d’électeur, de travailleur, d’habitant,d’internaute, de lecteur de presse et de spectateur,par notre capacité à considérer nos voisins, femmes, ados,étrangers, homosexuels, pauvres, vieux ou chômeurs commed’autres nous-mêmes, par nos paroles et nos actes, nousfabriquons les sociétés où nous vivons. Ses crises et sesjoies, ses mutations.Les fêtes et l’année qui viennent sont entre nos mains :elles seront belles et pleines de promesses, ou aliénantes etmisérables.AGNÈS FRESCHELMensuel gratuit paraissantle deuxième mercredi du moisEdité à 30 000 exemplairesimprimés sur papier recycléEdité par <strong>Zibeline</strong> SARL76 avenue de la Panouse | n°1113009 MarseilleDépôt légal : janvier 2008Directrice de publicationRédactrice en chefAgnès Freschelagnes.freschel@wanadoo.fr06 09 08 30 34Imprimé par Rotimpress17181 Aiguaviva (Esp.)photo couvertureMarché au SantonsAgnès Mellon095 095 61 70photographeagnesmellon.blogspot.comRetrouveZ <strong>Zibeline</strong> et vos invitations sur notre sitewww.journalzibeline.frSecrétaires de rédactionDominique Marçonjournal.zibeline@gmail.com06 23 00 65 42Delphine Michelangelid.michelangeli@free.fr06 65 79 81 10Arts VisuelsClaude Lorinclaudelorin@wanadoo.fr06 25 54 42 22LivresFred Robertfred.robert.zibeline@free.fr06 82 84 88 94Musique et disquesJacques Frescheljacques.freschel@wanadoo.fr06 20 42 40 57Frédéric Isolettafredisoletta@gmail.com06 03 99 40 07Dan Warzydanwarzy@free.frKévin Derveauxkdx1@hotmail.frCinémaAnnie Gavaannie.gava@laposte.net06 86 94 70 44Élise Padovanielise.padovani@orange.frPhilosophieRégis Vlachosregis.vlachos@free.frPolyvolantesChris Bourguechris.bourgue@wanadoo.fr06 03 58 65 96Maryvonne Colombanimycolombani@yahoo.fr06 62 10 15 75Gaëlle Cloarecga.cloarec@gmail.comMarie-Jo Dhôdho.ramon@wanadoo.frMarie Godfrin-Guidicellim-g-g@wanadoo.fr06 64 97 51 56MaquettistePhilippe Perottiphilippe.zibeline@gmail.com06 19 62 03 61Directrice commercialeVéronique Linaisvlinais@yahoo.fr06 63 70 64 18La RégieJean-Michel Florantlaregie@gmx.fr06 22 17 07 56Collaborateurs réguliers :Yves Bergé, ÉmilienMoreau, ChristopheFloquet, ThomasDalicante, Pierre-AlainHoyet, ClarisseGuichard, ChristineMontixi, Mireille Vercellino,Maurice Padovani,François-Xavier Renucci


POLITIQUE CULTURELLE 05dans les quartiers pauvres de Marseille,et rappelé l’importance de laculture dans le plan gouvernementalpour Marseille.Sa visite y a un sens politique, soulignépar son insistance sur «laperspective stratégique initiée par lePremier Ministre pour l’agglomération»,c’est à dire sur la nécessitéd’une grande métropole, qui rééquilibreraitles ressources du territoire deMarseille Provence, la Capitale culturelleservant à ce titre de banc d’essai.«Il est essentiel, déclara-t-elle, quenous bâtissions ensemble les conditionsde l’après 2013 de MarseilleProvence afin de fixer les lignes deforce de cette structuration durable».Ambitieux programme, qui divise leterritoire au-delà des appartenancespolitiques, toutes les communesavoisinantes ayant peur que l’hégémoniemarseillaise balaye leursidentités, et leur pouvoir démocratiquede décision. Accompagnée,dans un Musée National, du Préfet enuniforme et du directeur de lachambre de commerce de MarseilleProvence, Aurélie Filippetti affirmaitla présence de l’État de façon hiérarchique,et économique. Sait-elle qu’àMarseille le rééquilibrage des ressourcesdevrait se pratiquer entre lesarrondissements autant qu’avec lescommunes voisines ?Ce souhait, légitime, d’une grandemétropole, escamote l’interrogationsur une intervention financière del’État, qui devrait prodiguer ses bienfaitsau-dessus du lit de son enfantmalade, plutôt que de demander à sesvoisins de lui céder leur soupe. Les300 000 habitants des quartiers (très)pauvres de Marseille ont besoin d’unengagement sonnant et trébuchant :pour la police et l’éducation, maisaussi pour la culture, qui doit àMarseille se dispenser plus égalitairement,et se détourner des cocktails etentre-soi d’un certain centre villepour redécouvrir la joie du partageavec le peuple, que les artistes du cruont toujours pratiqué.MARYVONNE COLOMBANI ET AGNÈS FRESCHELD’art et d’eau fraîcheC’est avec une émotion non dissimulée que MichelKelemenis accueillait la ministre de la Culture.Signe fort s’il en est, c’est ainsi que le chorégraphel’a souligné lors de sa présentation passionnée dulieu conçu par l’architecte Guillaume Beccaria,qui, en un an, a vu 80 compagnies, 130 représentationsouvertes au public, 300 heures d’actionsartistiques diverses, un cycle mensuel d’expositions…Sans compter l’attention particulièreaccordée à l’éducation artistique et le remarquabletravail en direction des enfants, avec l’école ParcBellevue : les deux classes de CM1 et CM2 de M.Fortier et M. Frais participent à un projet annuel,répétitions, représentations… «Le contrat est encadrédans la chambre» confie une mère qui insistesur le dynamisme militant et désintéressé de ladirectrice de l’école, Madame Véra Thur. MadameFilippetti assiste à une répétition, enfantsconcentrés, attentifs sous la houlette d’uneprofesseure du BNM (Frédéric Flamand par saprésence marque son indéfectible attachement à cetravail, complémentaire du sien). Tous affirmentleur volonté de continuer la danse. «Tu préfères lefoot ou la danse ?» interroge la ministre. «Lesdeux !» Le spectacle est prévu pour octobre 2013.Atmosphère bon enfant, présentation cocasse etmalicieuse de Monsieur le Préfet, «le monsieurdéguisé, c’est le Préfet !»… si la ministre soulignela chance des enfants de bénéficier d’une telleécole, s’enthousiasme pour l’intelligence des locaux,leur poésie, la scène qui appelle les spectacles,réitère les marques verbales de soutien à MichelKelemenis qui essaie de lui faire partager son rêved’une «Marseille, capitale de la danse», lesproblèmes financiers ne sont pas abordés. Car laprésence de l’État se résume à un logo sur uneaffiche, d’ailleurs jugé trop petit. Si les signes etles mots tuent parfois ils ne suffisent pas, sifavorables et positifs soient-ils, à faire vivre lesprojets artistiques.M.C.En piste le 12 janvierLe programme détaillé de la Capitale Culturelle ne recèle aucune véritablesurprise par rapport à l’avant-programme publié en mai : beaucoup de fêtes,de musiques, d’expos, d’occupation de l’espace public, d’actions participatives,et très très peu de littérature et de théâtre. Il est en ligne depuis le 16novembre sur le site définitif de Marseille Provence 2013. A.F.www.mp2013.frÀ venirLes carnets de Bagouet, en reprenant ses piècestransmises de mémoire à mémoire, rendenthommage au chorégraphe qui inventa la nouvelledanse française et dont Kéléménis fut un danseurDanse Dominique, danse !Résonance Bagouet le 12 décDéserts d’amour, Résonance Bagouet le 13 décF. et Stein, Résonance Bagouet, le 14 décRésonance Bagouet Coline le 15 décLe KLAP04 96 11 11 20www.kelemenis.frLes enfants et enseignants de l'école Bellevue, Frédéric Flamand,Michel Kéléménis, Aurélie Filippetti © Agnès Mellon


POLITIQUE CULTURELLE 07Pour la première fois une capitale culturelle auraun Off, dit-on. Mais celui-ci existe depuis lacandidature, et se prépare avec les mêmes armes,officielles, que MP2013 lui-même. Mécéné par unebanque, représenté par des artistes exclusivementmasculins (Carrèse, Traquandi, Surian, Ricciotti,Blaine, Cadiou…), le Off s’appuie sur un sitedéposé avant la candidature, quelques bonnesidées d’échanges de savoir-faire, d’œuvres et delieux. Souffrant de reposer avant tout sur uneanalyse sociologique de Marseille, et non sur unprojet culturel, ses propositions se déclinent autourde quatre axes sociétaux Poubelle ma ville, où l’onévoque «les voitures, les déchets et la pollution» ;Merguez capitale , qui souligne «l’esprit de chapelle,la structure de la ville fermée sur les petits villages» ;Mytho city, qui dénonce «l’immobilisme marseillais ;et Kalashnikoff, puisque règne à Marseille «une oppositionentre culture populaire et culturebourgeoise» qu’il s’agit de faire exploser. En dehorsde ces déclarations d’intention les propositionsconcrètes, pour l’heure, ne sont pas claires… mêmesi quelques initiatives ont d’ores et déjà réussi, enparticulier la Trocade qui a eu lieu les 7 et 8 déc,et l’an dernier déjà (voir Zib 47), et que le Off aréussi à décrocher des subventions, et le mécénatde la Banque Populaire.Le 11 janvier donc, juste avant l’ouverture capitale,les susdits parrains masculins parleront de Marseilleà la Friche, sous le signe du Banquet de Platon.Sera-t-il davantage question du peuple, de lapratique de l’art, du partage culturel, de la révolteque dans les propositions du In ? En quoi cesartistes et organisateurs masculins sont-ils si Off ?La question se pose aussi avec l’Alter off et le Out,nés du mécontentement sur les contenus artistiques,mais aussi de l’amertume compréhensibleIn, off, out,les cagoules,les banlieueset les margesde certains artistes de n’avoir pas été entendus, nilabellisés. Certains labellisés aussi, sans apportfinancier, refusent le label. Et s’organisent pourdonner de la visibilité à leurs propositions. Lemécontentement à la veille de l’ouverture est partout: un Quartier Créatif à la Busserine vient d’êtrerefusé par les associations d’habitants qui neveulent pas d’un jardin éphémère, mais exigent uneréelle réhabilitation. Ils refusent de servir de vitrineculturelle à MP2013, et d’alibi à l’Agence nationalede rénovation Urbaine pour ne pas s’engager surun réel aménagement urbain.Plus agit pop et plus drôle, Marseille en guerre etle FRIC (Front de résistance à l’intoxication par laculture) dénoncent l’aseptisation politique d’uneville dont les artistes sont les complices plus oumoins volontaires… remise en cause salutaire,mais qui oublie sans doute à quel point les artisteset les intellectuels, du moins la plupart, favorisentplutôt l’esprit de révolte que l’allégeance auxprinces. Même si le fait de dépendre des financementspublics coupe parfois les ailes à leurrévolte, et si quelques-uns se perdent dans l’amourdes cocktails et des petits fours.La capitale Culturelle sera-t-elle réellement unechance pour la ville, ses habitants, ses hommes etses femmes de tous les quartiers et de toutes lesclasses sociales ? Il n’est pas sûr qu’un banquetplatonicien dans une Friche en travaux, ou desinterventions encagoulées sur Daily Motion, le garantissentdavantage que la programmation officielle…AGNÈS FRESCHELEDF lave plus blancC’est un des cinq partenaires officiels de la capitale culturelle, c’est-à-dire unedes cinq entreprises qui s’est engagée à hauteur d’1.5 million d’€. Il faut direqu’EDF est un des plus gros employeurs de la région, avec ses 50000 employésdans les BdR, des corps de métiers très divers, et du personnel généralementqualifié, consommateur de culture. C’est pourquoi EDF ne s’en tient pas à cepartenariat : la Fondation s’engage sur des Quartiers créatifs, et le groupe entreégalement le financement des grandes expositions, et dans le fonds de mécénatde la Ville de Marseille, qui va illuminer le Palais Longchamp, La Major, etnombre de monuments publics.L’autre particularité du partenariat MP2013 EDF est de se concentrer autourd’une thématique, celui du partage des eaux. Ainsi le Groupe F et sesRévélations au Château d’if ou sur le Rhône, Ilotopie et sa Cité lacustre, laChasse au 13’or participative (voir supplément Zib 57)… reçoivent le soutienparticulier d’EDF. Une façon de souligner aussi, le rappelle Anne MarieColombier, déléguée régionale PACA, qu’il n’y a pas de centrale nucléaire enPCA, et que 40% de l’énergie y est hydraulique.La culture, une façon de redorer son image ? Pourquoi pas, si cela amène aussi,en les donnant à voir, à changer de comportement…A.F.anapos Cite lacustre, Martigues © Ilotopie


est implantée ! Autre souci, celui des transmédias, nouveaux, qui n’entrentdans aucune case et ne peuvent bénéficier des mécanismes incitatifs à lacréation…Pierre Lescure insista sur la nécessité d’une politique volontariste pourpréserver le «maillage assez unique de la culture en France». Passer destemps homériques aux temps numériques sonnera-t-il le glas du financementde la création ? L’engloutissement des dépenses culturelles des Françaisdans les objets technologiques, et leur volonté d’accéder gratuitement auxcontenus, semble le laisser craindre… Saura-t-on mettre au point unappareil législatif qui préserve notre exception culturelle, et sache du mêmegeste démocratiser l’accès aux plus belles œuvres de l’esprit ?MARYVONNE COLOMBANI ET AGNÈS FRESCHELLa mission Lescure est passée par Marseille le 27 novembreet par Aix, fac de droit et Librairie Goulard, le 28 novembrewww.culturecommunication.gouv.fr/Actualites/A-la-une/Mission-culture-acte-2-bilan-d-etapeL’important,c’est ce qu’on metdedans…Les journées des 26 et 27 nov réunissaientà la Cité du livre d’Aix sousl’égide de l’Agence régionale duLivre PACA et la direction d’AlainGiffard, une série de conférences autourdes Métamorphoses numériquesdu Livre, suite des deux premières éditionsde 2009 et 2011 qui exploraientles modifications technologiques propresau numérique et les mutations qu’ellesengendrent dans les métiers du livre,auprès des publics et des pratiques.Le thème du colloque de cette annéeétait celui des nouvelles approches.Philippe Chantepie exposait lesbouleversements des modèles économiquesque le numérique entraîne.Reprenant les trois étapes essentiellesde l’économie de la culture, création,diffusion, conservation, il observe lechamp bouleversé depuis un quart desiècle des industries culturelles, leurmigration massive vers le numérique,l’accélération de l’adoption de technologiesnouvelles, qui aboutit au paradoxeactuel : les outils de communication,les matériels coûtent plus cher queles contenus ! On arrive à une «économiede plate-forme» où le jeu entreles annonceurs et les programmesproposés crée une curieuse dialectiquedont la qualité souffre finalement.À une surabondance aussi : 217 livres,172 morceaux de musique, 49 vidéos,11 logiciels sont créés par semaine !La responsabilité de l’internaute prédominealors : la multiplicité accorde enfait un vrai pouvoir à l’individu, mêmes’il ne lui donne pas les outils pouropérer un choix éclairé, et assène desmessages promotionnels favorisantles plus grosses industries culturelles.Franck Cormerais dénonce les «objetsprison et flatteurs à la fois», avec lacontrainte d’acheter tel ou tel supportcompatible pour avoir accès au contenudemandé. On peut se réjouir durenouvellement des pratiques, desméthodes, de la «réalité augmentée»,mais aussi s’interroger sur l’évolutionidéologique rappelle Olivier Le Deuff :il y a une nécessité absolue, conséquenteau nouveau libre-service infinides connaissances, de former et développerl’esprit critique. Car les hommes,consommateurs ou fabricants d’oeuvresculturelles, doivent continuer àdominer l’outil technologique, et nonsubir ses formats.Quelques bonheurs de ces deux jours ?Véronique Drai-Zerbib qui s’interrogesur l’évolution des approches cognitivesavec la lecture numérique. RémiMathis qui en donnait un exempleavec la présentation de Wikipédia, quitémoigne d’un réel altruisme. Et surtout,l’hymne au bibliothécaire parMichel Melot, emporté dans une délicieusedigression sur l’histoire dessignes écrits, et sa sagesse face aunumérique !MARYVONNE COLOMBANI


10 ÉVÉNEMENTS LES RENCONTRES D’AVERROÈSLes tables rondes d’Averroèsont cruellement rappeléque nos démocratiessont fragiles, mais aussiqu’elles en sont à peine…Le vendredi c’est l’Europe du sud qui était à la tribune.Celle qui souffre aujourd’hui d’une confiscationde sa souveraineté par la mise sous tutelle politique,ou économique. Turquie, Espagne, Grèce, Italie.Angelo d’Orsi, passionnant, passa avec humour deMachiavel à Berlusconi, expliquant comment l’argent,la confusion du public et du privé, la mise sous tutelledes appareils judiciaires et législatifs, lasoumission économique des médias, et aussi, exclusivitéberlusconienne, la vulgarité, avaient misà bas la notion même de démocratie en Italie. PilarMartinez Vasseur et Françoise Arvanitis faisaientle même constat : fraichement sorties de dictature,ayant balayé sous le tapis le nécessaire travail historique,politique et judiciaire, et ayant adopté desmodes de développement spéculatifs et dispendieux,la Grèce et l’Espagne n’ont plus de fonctionnementdémocratique : étant sous tutelle extérieure, politiqueet/ou économique, le peuple n’a plus le pouvoirde décision, et se trouve aujourd’hui dans une situationsociale tragique. La Turquie, quant à elle, nevit pas la même crise économique, mais souffred’une absence de mémoire, d’un déni d’histoire bienplus grand encore : fondée sur un peuple compositequi se croit unifié, incapable de reconnaître l’existencedes minorités, la démocratie laïque turquerepose sur un malentendu, celui qui consiste à croireque la majorité donne tous les droits. Ahmet Inselparle pourtant d’avancées, et de ce paradoxe d’unesociété libérale et laïque où le gouvernement conservateuret islamique garantit pourtant, par l’armée,la protection de ceux qui manifestent pour la reconnaissancedu génocide arménien…Surveiller ou participerLa deuxième table ronde avait pour titre Révolutionnumérique ou contrôle des libertés, et on ne sauraittrop conseiller à ceux qui ont raté cet épisode passionnantde l’écouter sur France Culture ou en ligne.Si Internet est le lieu d’un grand espoir citoyen,considéré par certains comme un formidable outild’émancipation des peuples, d’autres y décèlentune opportunité de façonnage de l’opinion publique,voire une menace sécuritaire. Pendant ce temps,la technologie continue à se perfectionner, d’oùL’illusionde ladémocratiel’impérative nécessité de s’interroger sur ses implications: on peut mettre aujourd’hui un pays entiersous écoute. Pour Milad Doueihei, la culture numériqueremet en question la représentativité enpolitique, basée sur la confiance sociale. L’informationcircule sur internet en réseau, de manièrehorizontale, de telle façon que de toutes petitescommunautés peuvent avoir une grande influenceet contrer les opacités classiques de la gouvernancefondée sur la hiérarchie.Quant à la confiance... D’après Fabrice Epelboin,co-fondateur du site OWNI.fr, la France ne secontente pas d’être l’un des principaux marchandsd’armes numériques dans le monde (Bull et Amesyspar exemple fournissent en infrastructures de flicageélectronique une bonne partie des dictaturesafricaines). Sous la pression d’opérateurs industrielsconnus de tous (il cite Orange) faisant passer pour del’intérêt général ce qui est un intérêt d’oligarchie,on installe d’ores et déjà les technologies de surveillancede masse sur notre réseau national. «Lesdécisions ont été prises sans que la population n’enréalise les enjeux majeurs sur notre système. Lasociété de la surveillance est entérinée dans les faitset dans le code.» Et de citer un sinistre précurseur deces pratiques «bien intentionnées» : le fichier répertoriantla religion des citoyens hollandais saisi parles nazis en 1940, qui avec l’aide d’IBM ont enquelques heures disposé de la liste de tous les juifsdes Pays-Bas.Face à ses envolées sardoniques, la verve d’AmiraYahyaoui, cyber-activiste tunisienne : « En Tunisieon a pris le pouvoir pour accéder à nos ministres. Jepars cet après-midi pour emmener des élus dans unpetit village, ils seront au milieu des gens pour répondreà leurs questions. Je n’aime pas le fatalismede Fabrice Epelboin : tout est possible avec laparticipation. (...) Internet ne rendra pas la Franceparticipative, ce sont les citoyens qui doivent imposercela. Vous devez bouger. Vous êtes 60 millions,la réponse est Internet, qui est capable de gérer ladémocratie directe quand l’espace public ne le peutpas. » Avec en contrepoint le propos frappé au coindu bon sens d’Andrea Brighenti : « Il est importantd’écrire sur le net, mais le plus important est d’agirsur le terrain. » Celui de Notre-Dame des Landes,par exemple ?Démocratie libéraleLes tables rondes se sont conclues par une doubleinterrogation sur la tyrannie des marchés et laméfiance des élections. Guillaume Leblanc, quiremplaçait Fabienne Brugère au pied levé, et brillamment,expliqua les malentendus sur les conceptsde base de la démocratie : la représentation, la participation,les principes des élections et les mandatsqu’ils génèrent sont très clairement détaillés dansleur ouvrage commun, Dictionnaire à l’usage desgouvernés. En dehors de ces questions, il fut questionde ce paradoxe qui met aujourd’hui en placedes gouvernements religieux après des révolutionspopulaires dans les pays arabes. Mais malgré lesrevers, et la tragédie Syrienne, Ziad Majed, politologuelibanais, assurait que le vent de la démocraties’était levé, et qu’il ne retomberait plus.Cependant le débat public revint sur la tyrannie desmarchés, peu abordée durant le débat. Peut-on en faitconcevoir une « démocratie libérale », c’est-à-direun régime qui inscrive en ses principes l’idée quele marché est plus important que l’intérêt des peuples? Les inégalités ne cessent de s’accroitre, on enest revenu en France au niveau de la fin du 19 ème siècle,et la misère plane sur l’Europe, où une partie grandissantede la population vit sous le seuil depauvreté, et ne voit plus ses droits fondamentauxrespectés, tandis que les riches menacent de partirdans les paradis fiscaux dès qu’il est question deredistribution. L’éducation, la culture, la santé, lasécurité des citoyens ne sont plus assurées, lessystèmes de répartition solidaires sont mis à mal auprofit d’une privatisation de l’intérêt général, etl’accès aux droits fondamentaux est grignoté, confisqué,pour rembourser une dette imposée par lecapitalisme spéculatif. Démocratie, ou aliénation ?AGNÈS FRESCHEL ET GAËLLE CLOARECL’intégralité des débats est disponible sur le sitewww.rencontresaverroes.net© X-D.R© X-D.R© X-D.R


ÉVÉNEMENTS 11Clôture féminineLa 19 e édition des Rencontresd’Averroès se clôturait le 24novembre à l’Espace Julien surune double prestation fémininede haut volSeule sur scène pour une longue intro a cappella,Emel Mathlouthi embarque le public dès les premièresminutes pour une contrée lointaine. Cettejeune chanteuse tunisienne, aujourd’hui installéeà Paris, à la voix singulière et puissante, présentaitson 1 er album Kelmti Horra (ma parole est libre). Lachanson éponyme, composée en 2008, a beaucoupcirculé sur Internet pendant la révolution de Jasmin.Elle est devenue depuis une sorte d’hymne àl’insurrection tunisienne, à la lutte pour la liberté.Jeune, féminine, ouverte au monde.Car Emel chante en arabe, français, anglais et jouede la guitare acoustique. Accompagnée de quatremusiciens (percussion, guitare électrique, violon etmachines), elle propose un univers sonore à la foissombre et mystique. Les morceaux sont très construits,millimétrés, loin de toute improvisation approximative.Emmanuel Trouvé aux machines, alterne lesrythmes lents et rapides, des basses lourdes très«dub», et des nappes planantes aux claviers. ZiedZouari au violon apporte avec ses modes une touchede poésie orientale qui se marie à la perfectionavec le chant subtil d’Emel. Une personnalité fortedécouverte pendant la révolution, mais aussi uneartiste hors du commun qui prend des risques etoffre en concert une expérience inhabituelle, par samusique subtile.Plus classique mais tout aussi intéressante, l’algérienneDjazia Satour, en 1 e partie, jouait en trioacoustique (chant, guitare et percussion) son savoureuxmélange de musique afro-américaine et derythmes traditionnels maghrébins ; sorte de grooveoriental chaleureux et entraînant. Apogée du concert,la superbe reprise du bluesman Steve James où letalentueux guitariste Ben Richou a ravi le public deson jeu virtuose.KEVIN DERVEAUXEmel Mathlouthi © A.GLa Syrie, anatomied’une dictature© A.GLe 22 novembre, au cinéma Variétés, en prélude aux tables rondes, lesRencontres d’Averroès et l’IEP, en partenariat avec l’INA et le CMCA, ontproposé une soirée consacrée à la Syrie. Dans le hall, une exposition : desdessins d’Ali Ferzat, caricaturiste qui a dénoncé avec son crayon la corruptiondu régime et qui l’a chèrement payé, victime d’une agression qui lui a laisséles mains brisées. Puis la diffusion des épisodes de Top goons, à l’humour unpeu lourd parfois, du collectif Masasit Mati, sketches avec des marionnettes,dont «Beshu» le surnom de Bachar El-Assad.Le cœur de la soirée a été la projection du passionnant documentaire, riched’informations et d’analyses de Christophe Ayad et Vincent de Cointet, Syrie,le crépuscule des Assad ainsi que le débat avec Christophe Ayad et dupolitologue Ziad Majed.L’idée de ce film de géopolitique, suscitée par ARTE, date de 2008, au momentoù le pays semblait calme et où, a précisé Christophe Ayad «la Syrien’intéressait pas grand monde». Il retrace les moments importants du clan desAssad qui gouverne le pays depuis 1970. Après des images clandestines desémeutes du printemps dernier, le documentaire démarre avec la mort du «Lionde Damas» Hafez El-Assad, en juin 2000, après 30 ans de règne absolu. On yvoit son fils, Bachar, qui, au départ n’était pas destiné à lui succéder ; il avaitchoisi des études d’ophtalmologie, mais, à la mort accidentelle en 1994 du«dauphin», Basel, on l’envoie «se former» au Liban, occupé par 35 000 soldatssyriens, où il doit gérer la situation politique complexe et démontrer qu’il estle chef. Il soutient, contre Rafic Hariri, Émile Lahoud qui sera élu. Revenantsur l’accès au pouvoir de son père, Hafez, le film met en lumière les massacresperpétrés tout au long du règne par ce fils de paysan, alaouite, qui rejoint dèsses 16 ans le parti Baas : répression sanglante du soulèvement des Frèresmusulmans en 1982, viols, tortures, entre 15000 et 30000 morts. Bachar aalors 17 ans.L’opinion publique croyait au début du tournage au «Printemps de Damas»mais le film rappelle qu’en 2001, ont été arrêtés les leaders du Manifeste des1000 et que Bachar a placé les membres de sa famille à tous les postesimportants. À travers images d’archives, témoignages d’opposants syriens,interviews d’anciens responsables politiques ou diplomates syriens, libanais,israéliens, américains et français, les documentaristes tentent d’expliquer lerôle joué par le régime syrien et son dictateur, soupçonnés de l’assassinat del’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, aussi bien au Liban que sur lascène internationale. Le film se termine par les images des émeutes, révélantles crimes de ce gouvernement héréditaire qui ne se maintient que par laterreur et la guerre.Après le film, les deux intervenants, très brillants, ont essayé de comprendre«pourquoi cela tient toujours» Parmi toutes les réponses intéressantesapportées sur l’attitude de l’armée, les positions de la Russie, de l’Iran, de laChine ou de la Turquie, une réflexion qui interroge «Bachar s’en fiche, des villes,des habitants qu’il massacre. Ce qui lui importe c’est que rentre dans l’opinioninternationale, l’idée d’un conflit régional ou mondial.»Une soirée passionnante, prélude aux tables rondes du lendemain.ANNIE GAVA


12 ÉVÉNEMENTS TOULON | LATERNA MAGICAThématisons les propositions…Signe d’une évolution des publics, dutemps du loisir qui ne se décline plusseulement en fins de journées detravail, , les théâtres, les cinémas sefont lieu de vie, et programment dessérie thématiques autour de tempsmultiples, expositions, projections,discussions et spectacles. Ainsi autourde La vie est un songe (voir p 19)La Criée programmait un curieuxobjet théâtral, explicitant en troisétapes le rêve freudien, avec un conférencierhurluberlu et quelques extraitstrès pertinents de films… Le MuCEMà l’Alhambra (voir p 49) inaugurait laformule le musée dans la cité enconjuguant cinéma, concert et conférence.Et au Théâtre Liberté à Toulon,les Théma accélèrent le rythme.Après La guerre d’Algérie, 50 ans après(voir p 22, 30 et 72) Théma 7 se consacreau jeu des Apparences. En cinéma :après la projection de Freaks le 6décembre, Bienvenue à Gattaca, contre-utopied’Andrew Niccol avec EthanHawke, Uma Thurman et Jude Law,donnera l’occasion le 13 décembre deRittratto, Torine © Aurore Valadeparler de ce monde dit parfait. Dansle hall deux expositions, de la jeuneAurore Valade qui compose ses photographiescomme des tableaux,vanités et bric-à-brac symbolisant lesgens et les villes ; et de BernardDemenge, qui falsifie les photos defamille… Et le 17 janv le sociologueDavid le Breton tiendra une conférencesuivie d’un débat, sur la Tyranniedes apparences dans une société deconsommation qui modèle nos choix,nos corps, nos amours.Quant au théâtre, Olivier Py jouera àMiss Knife (voir p18), parce que letravestissement n’est pas qu’un jeud’apparence. Ou parce que tout lethéâtre l’est ?AGNÈS FRESCHELApparences, Théma 7jusqu’au 31 janvThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberté.frFabulosa MagicaPlus légère et resserrée qu’à l’accoutumée, circonscriteau territoire marseillais, la 9 e édition de LaternaMagica imaginée par Fotokino est «comme le prologued’une histoire à dérouler tout au long del’année 2013». L’occasion de se donner le temps de«mieux se connaître, de partager des moments etdécouvrir des écritures». Celles d’artistes, notamment,qui auront carte blanche pour inventer leurscartographies imaginaires à l’heure du 10 e anniversairede la manifestation et de la Capitale Culturelle…Aujourd’hui la valorisation de «l’artiste fabricantd’images», l’ouverture au public et la création depasserelles entre les disciplines sont plus quejamais d’actualité. En témoigne la programmationfestive et intense : à L’Alhambra, La Fabuleuse fabriquedu cinéma ouvre les coulisses du cinéma dansune ambiance familiale (expositions, ateliers, projections); à La Criée, Les Petites formes concentreles perles rares du cinéma d’animation (focus surLili Carré, Allison Schulnik et le Studio Overture) etle Grand Bazar ! transforme le hall en souk avecspectacles, projections, gourmandises, librairies,interventions d’artistes. Les Variétés fait son cinémaavec des projections de courts métrages jeunepublic et de grands classiques (La nuit du chasseurde Charles Laughton et Le Mécano de la «Général»de Buster Keaton et Clyde Bruckman) tandis queLa Baleine qui dit vagues dévoile la création de laCompagnie de l’Œil magique, Corbeau indien, mêlantconte, musique et images animées. Sans comptertrois «Petits accrochages» à l’atelier de sérigraphieLa Crêmerie (projections, sérigraphies en direct),au Lièvre de mars (expo Phrases d’une lettre) et àWaaw pour une aventure éditoriale avec Tom Henni(installation participative Atlas-monstre).Quant à Fotokino, son Studio est entièrement consacréà l’illustratrice, auteure et artiste FrédériqueBertrand, fidèle de Laterna Magica depuis 2004, quitransforme l’espace à son «image» pour exposerpeintures, collages, dessins et livres. Et inviter lepublic à plonger dans son univers et naviguer avecelle au fil de ses séries Pyjamarama et Les Passagers,le temps de trois ateliers magiques.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI9 e Laterna Magicajusqu’au 23 décembreFotokino, Marseille 1 er09 81 65 26 44Programme complet sur www.fotokino.org© Frederique Bertrand


14 ÉVÉNEMENTS LE MONDE EST CHEZ NOUS | BJCEMSi tu ne viens pas au monde...sylvie Paz et Bruno Allary © AlmodovarHabitant-e de Marseille-Provence, sache-le : en2013, si tu ne viens pas au monde, le monde viendraà toi (ou l’inverse). L’objectif de la Région Paca,en lançant les Ateliers de création Le Monde estchez nous dans le cadre de MP2013, est d’honorerles nombreux patrimoines culturels qui la constituent,qui la traversent, qui la nourrissent. Enréunissant des artistes professionnels et amateurs,la Régie Culturelle Provence-Alpes-Côte d’Azur veuttémoigner de la vitalité sur notre territoire des pratiquesartistiques dans le champ des musiques etdanses dites «du monde», sans tomber dans lafolklorisation. Dans la continuité des biennales descultures amateures qu’elle a mis en place depuis 10 ans.Deux axes forts à ce projet : pour Jacky Sabatierqui dirige la Régie, il était important de reconnaîtrele travail des non-professionnels : «les amateurs nenous ont pas attendus : leur niveau qualitatif est extraordinaire».Pour son directeur artistique, PhilippeFanise, «la culture occitane est allée à la rencontredes autres cultures depuis longtemps : malgache,italienne, balkanique, africaine, gitane, berbère, bretonne,arménienne, juive, comorienne... Le monde achangé. La modernité doit passer par la confiance enl’autre pour lutter contre l’uniformisation de la pensée.»Les 800 musiciens et danseurs participant au projetont été choisis pour leur capacité à transmettreleur passion, et à relier ces différentes culturesentre elles.Thierry Roche, directeur délégué de MP2013 renchérit: «une Capitale Européenne, c’est un délicatéquilibre entre la dimension internationale de l’événement,et le renforcement des politiques culturellesdes collectivités locales. Le Monde est chez nous estl’un des projets les plus emblématiques de l’annéecapitale.» L’un des points forts du projet est effectivementle travail qui a été mené en partenariatavec le tissu local, et pas seulement dans les grandscentres urbains : le Vélo Théâtre d’Apt ou le Chantierde Correns sont tout aussi partie prenante quele Conservatoire Départemental des Alpes-de-HauteProvence ou la Cité de la Musique, les Voies duChant à Marseille. En tout, ce sont 8 ateliers depratique et de création encadrés par des artistesprofessionnels (Bruno Allary, Sylvie Paz, Fouad Didi,Isabelle Courroy…) qui ont lieu depuis septembre2012 jusqu’en juin 2013, à raison de 10 jours derésidence par atelier. Les prestations qui enémergeront croiseront la route de la grandeTransHumance à Cuges les Pins, au mois de mai,et seront présentées à Aubagne, fortementimpliquée dans ce projet, les 8 et 9 juin prochains.GAËLLE CLOARECUn an aprèsAprès Thessalonique, la sélectionfrançaise issue de la 15 e Biennaledes jeunes créateurs 2011 s’exposeau Château de Servières avecdes nouveautés tous azimutsEvènement majeur pour la jeune création de l’arcméditerranéen, la Bjcem s’est maintenue malgré lacrise et avec succès entre Grèce et Italie àl’automne de l’année dernière (Zib 56). Aujourd’hui,la sélection française (Montpellier, Aix, Marseille,Toulon) pourvoit un prolongement marseillais avecde nouvelles œuvres, éclectiques, entre différentesVincent Betbeze, Géhenne, couteau de boucher, niveau à laser rouge, 2012 © C. Lorin/<strong>Zibeline</strong>postures via peinture, dessin, sculpture, installationou vidéo. Dès l’entrée, Mathias Isouard installeavec Hasard pendulaire un art pauvre, visuel etsonore mais sophistiqué (un peu difficile à capter)contrastant avec deux peintures étrangementvibrantes de Jérémie Delhome (prix Mourlot2009). Couteau de boucher et rayon laser à laverticale du mur dédoublent de précision pourVincent Betbeze lorsque Sophie Pellegrinocontamine les angles du white cube avec Evolutivelines. Sophie Guerrive élabore de complexesdessins à l’encre noire, de son côté ArnaudKwiatkowski (auteur du visuel de la biennale) jouele décoratif flashy sur planche de skate. Laphotographie d’Audrey Martin face au grand largede Thessalonique aurait mérité un très grandformat. Plus sociétales, critiques ou ironiques :JRM propose une version de l’Ultima Ratio Regumavec un missile de fantaisie ; Sandra Lorenzi(actuellement au Passage de l’art) des cartespostales de la guerre de 14 évidées ; Cuba surécoute promène 29’54’’ de musique en guise desurvie. D’autres se livrent à une (auto)critique del’art : croûtes au mur et vidéo vente aux enchèreshappeningdans le TGV pour Sébastien Durante ;pastiche façon télé-achat cynique d’artcontemporain de Younès Baba Ali avec ses propresœuvres. Moussa Sarr clôt les choses par unautoportrait auto destructeur sans espoir de retour.À voir aussi une sélection de vidéos à l’EspaceCulture. Jeunes ? artistes ? prometteurs ?... et desidées en tête afin de donner du sens en une périodeoù ce dernier fait cruellement des faux.L’appel à candidature est déjà lancé pour 2013.Cette fois-ci ce sera à Ancône.CLAUDE LORINRetour de Biennaleà Marseillejusqu’au 22 décembreGalerie Château deServières04 91 85 42 78Espace Culture04 96 11 04 76www.chateaudeservières.orgwww.espaceculture.netwww.bjcem.orgMathias Isouard, Hasard pendulaire,2012, installation sonore générative© C. Lorin/<strong>Zibeline</strong>


16THÉÂTREKLAP | LA MINOTERIE | LE GYMNASE | LES BANCS PUBLICS | LA CITÉLilith, rencontres à l'échelle © X-D.RÀ fleurde peauLes Bancs Publics poursuivent vaillamment malgré la modestiede leurs moyens leur travail de diffusion d’images etde textes d’ailleurs ; «incertitudes et curiosités» sont les motsde Julie Kretzshmar pour définir sa programmation, donttémoigne très partiellement la soirée dont il est question ici :sensible et féminine (ah...) sous le signe de Lilith avec, enpremière partie, la performance de Laurence Garel sur untexte de l’écrivain et activiste iranien Réza Barahéni ;l’homme filmé dans une voiture qui roule dans Marseille lanuit raconte son enlèvement, sa détention les yeux bandés«le pouvoir punit ceux qui voient» et la femme prend la relèvede la voix ; la comédienne, pieds nus, robe noire, lance desimprécations, se couche sur le dos et proclame douloureusementavec le poète le pouvoir-à-prendre de la matrice parle rêve et la pensée… images planantes de lune… L’intentionparalyse ici la réalisation, et le trop à dire tue le dit.Corps interditsLe spectacle joué, adapté et mis enscène par Laurent de Richemondest un objet insolite et inattendu. Lethème annoncé est celui du récit de vied’un homme jeune atteint d’un canceret qui se sait perdu. On se prépare auchoc. Cependant le spectacle commencedans une atmosphère decomédie caustique et ne se départitpas, même dans les moments les plussombres, d’un humour décapant etagressif qui permet le recul. Dans unelangue crue et âpre, une voix s’élèvepour dire son horreur de la famille, duconformisme, et rejette en bloc la Rivedorée de Zürich, les réceptions mondaines,ses parents. Les principesd’éducation de son milieu aseptisé etbourgeois, dans les années 50, ontétouffé le narrateur très rapidementatteint de dépression et d’incapacitétotale à communiquer. Bien que jeune,riche et beau, il déclare n’avoir jamais«fonctionné», ni dans son corps, ni danssa pensée : son corps est sans désir,sa pensée sans interlocuteur possible.Car dans ce milieu étriqué on ne parlepas de choses intéressantes, on ne faitHeureux renversement de perspective opéré par les lecturessuccessives de Sabine Tamisier et de son invitée SarahKérina qui baissant la voix invitent au petit voyage qui faitsortir de soi pour mieux y retourner. D’un été l’autre garde sobrementla trace de ce qu’on appelle «un chagrin d’amour»entre les murs d’une maison et dans les gestes du quotidien ;de quoi distinguer surface et superficiel. Sabine Tamisierose,en maitrisant le risque du trop plein émotionnel, faire parlerson père sur son lit de mort par les mots et la voix qu’elle luiprête. Drôle d’objet que ce Galino qui n’est plus texte maishomme dont la bonté et la clarté de vie transcendent lesparoles ordinaires. Lu debout tout simplement.MARIE JO DHOLes Rencontres à l’Échelle ont eu lieu dans divers lieuxde Marseille du 26 octobre au 8 décembre© Thomas Fourneaupas de vagues. C’est ce qui le tuera :un cancer fabriqué par toutes les larmesqu’il n’a pas pu évacuer, les motsqu’il n’a pas partagés, les corps qu’iln’a pas caressés.Le texte, Mars, est le seul écrit de FritzZorn, l’expression de sa colère (zorn =colère), commencé avec sa psychotérapie.Laurent de Richemond l’a adaptéavec talent pour la scène, faisantintervenir deux comédiennes, ÉdithAmsellemet Anne Naudon, qui échangentdes propos sur la maternité etl’éducation autour d’une table. Etsurtout il met sur la scène les corpsnus de deux danseurs, Barbara Sarreauet Frédéric Pichon, qui duranttout le spectacle glissent l’un sur l’autre,s’agrippent, le regard vide, s’accouplentmécaniquement dans l’espaceindépendant et clinique du dessous dela table, jusqu’au tsunami final. Glaçantet fascinant.CHRIS BOURGUELarmes rentrées de la Cie Soleil verts’est joué à Klap, Maison pourla danse, dans le cadre dela Minoterie hors les mursdu 20 au 24 novembre.Au théâtre Vitez les 19 et 20 marsEnsemble,c’est tout© Michel BellierDans le numéro 50, sous le titreL’Odyssée d’une femme, nous évoquionsla résidence à La Marelle dedeux des trois auteurs impliqués dansun projet transeuropéen d’écriture dramatique,la Turque Sedef Ecer et leFrançais Michel Bellier. Ce projet original,né d’une commande, est rapidementdevenu une «grande histoire d’amour»entre les trois auteurs et une entreprisevraiment collégiale. Depuis le printemps,Va jusqu’où tu pourras a avancé. Le spectacle,qui sera créé en février 2013,n’est pourtant pas terminé : manque ledernier volet de cette trilogie consacrée àl’immigration féminine contemporaine,le texte du Belge Stanislas Cotton,qui devrait s’intituler Le rêve d’Angleterre.C’est néanmoins un excellent «teaser»que Joëlle Cattino (Dynamo théâtre)a proposé le 30 novembre. «Un bonaperçu du travail», comme l’a déclaréla metteure en scène. De fait, L’Absentede Sedef Ecer, puis Les Invisiblesde Michel Bellier ont donné au publicprésent l’envie de voir la fin de cet exodeau féminin. Les textes sont forts etla forme envisagée très prenante. Lespectacle, pluridisciplinaire, conjuguehabilement vidéo et plateau, tandis quela musique de Richard Dubelski accompagnele texte de façon subtile. Quantaux acteurs, Blanche Van Hyfte etFabien Aïssa Busseta, ils incarnentavec brio la jeune Perce-Neige et latranssexuelle Galanthine, tandis queSedef Ecer donne elle-même sa voixet sa présence à la troisième fleur dece bouquet d’exil, Kardelen. Joëlle Cattino,Michel Bellier et Richard Dubelskisont également sur scène. Collégial,on vous dit.FRED ROBERTVa jusqu’où tu pourras a étéprésentée au Théâtre du Gymnasele 30 novembre dans le cadre desplateaux libres


18THÉÂTRELA CRIÉE | LE LENCHE | TOULONLa nuit du couteauMiss Knife est le double d’Olivier Py. Un double de lumièreet de paillettes, avec des zones bleutées, celles de blessuressecrètes. En robe de star de music-hall, souvenir de l’atelierde couture de sa mère, en collants rouges, talons-aiguille etondulations de sirène maladroite, il entre en scène emperruquéde blond bouclé et couvert de bijoux. Mais jamaisil ne joue à la femme, à l’illusion. Au contraire très vite il ôtesa perruque et chante, bien, en baryton : son travestissementest un masque de théâtre, et il reviendra en gorille, enélégante robe noire. Marlène et Marilyn sont là, Barbara pourla voix, pas loin de Berthe Sylva pour le réalisme et l’émotion...Car son music hall est de tendresse et de désespoir :amours mortes, enfance triste, jeunesse enfuie, tout est écritcomme au théâtre, les intermèdes parlés sont ciselés, et onest loin du cabaret. Il nous parle, cruel et drôle, de ses faillesintimes, du jeu provocateur du travestissement, d’amoursde rencontre douloureux, de méchanceté et de désir deviolence, de sensualité et de fractures à vif. C’est là quel’émotion est à son sommet. La musique, composée par lepianiste Stéphane Leach, mêle tango et jazz, avec contrebasse,saxo et batterie, et des arrangements soignés, plusjazzy que sur le disque. Introduites chacune par des anecdotes,les chansons d’Olivier Py, ont des titres éloquents :Chanson de l’Apocalypse, Chanson des perdants, Le Paradisperdu... Mais la douleur s’assortit d’une implacable autodérision,et laisse place à un humour corrosif . Qui est bi-polaire ?S’est disputé avec sa mère récemment ? Entretient unerelation ambigüe avec son père ? L’artiste interroge le publicsur les névroses marseillaises : des doigts se lèvent. Etchacun rit !CHRIS BOURGUEMiss Knife s’est joué à La Criée le 27 novembreGoodies......but not oldies ! À croquer ces Jeunesinventés en toute ressemblance nonfortuite par un David Lescot au regardsur le monde toujours aussi gentimentaiguisé ! Tout comme le plateau artistiquementencombré voire envahi parles guitares, batteries, basses et microsdu groupe qui va œuvrer en arrièreplan(plan-plan d’ailleurs), la tête d’Igor,Jick et Honoré est pleine de rêves radicauxdéjà figés dans le mythe musical :«Et nous choisirons la musique contreMiss Knife © Alain FonterayÀ venirle 21 décThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.frl’amour... l’amour de la musique serapour nous tout l’amour.» Question choix,David Lescot en rocker pépère à chemisecintrée et au verbe posé nousavait prévenu d’entrée en un prologuepince-sans-rire : c’est Gibson ou Fender,corps plat ou corps plein et déjàl’ado pointe sous la lutherie. Pour les«vieux» les attributs brandis signentaussi discrètement la différence dessexes : rasoir électrique ou presse-purée.Et c’est comme ça que se tricotent la© Eric Didymgrandeur éphémère et la décadenceprogrammée du binaire sublimé par untrio d’actrices pétantes d’énergie, touten mimiques caoutchoutées et nervositéscomic-strip. Alexandra Castellon,Bagheera Poulinet MarionVerstraetenjouent les transformistes clic-clacincarnant tout aussi intelligemment les«Schwartz», bébés rockers cités plushaut que les «Pinkettes» car les filles s’ymettent, «s’y jettent» pourrait-on direavec tout leur mal de vivre. Les excèsdes jeunes exploités par des adultespas dégourdis font rire aux éclats (onn’oublie pas le tremplin rock bourguignonet la «loose»), les alarmes hésitantesdes parents dépassés font sourire, leschutes appellent la mélancolie et lascène tend un miroir bienveillant maispas complaisant. Les exaltations et lesfragilités de l’âge ingrat trouvent ici uneforme sinon profonde au moinsextrêmement plaisante !MARIE JO DHOBerbères ?Benjamin Stora, jugé indésirablecomme commissaire de la grande expoCamus qui devait avoir lieu à Aix en2013, était présent pourtant au ThéâtreLiberté de Toulon, pour une conférenceautour de ses ouvrages majeurs,comme La gangrène et l’oubli. La ciemarseillaise Manifeste rien proposaitquant à elle au Théâtre de Lencheune lecture théâtralisée des Trois exils,Juifs d’Algérie ouvrage atypique oùl’historien, à partir de photos de famille,retrace les exils des Juifs d’Algérie: celuiqui les fit accéder à la citoyennetéfrançaise et les sépara des musulmans,Vichy qui leur retira cette citoyenneté,puis l’Indépendance algérienne qui lesenvoya vers un pays qu’ils ne connaissaientpas… L’ouvrage, étrange dansl’oeuvre de Stora, semble mêler mémoireet histoire, mais s’appuie sur uneanalyse scientifique des documents,pour dévoiler des faits peu connus :d’où viennent les juifs «berbères»,comment ils sont perçus par les Juifsd’Europe, par les Musulmans avantl’indépendance… Le mérite de la CieManifeste rien est de mettre les sciencessociales en scène, les apportantainsi sur un plateau au public, etsuscitant ensuite un débat bien mené,documenté et ouvert. La comédienne,Virgine Aimone, qui porte le spectacle,fait preuve d’une passion communicative: sa prestation, qui hésite entreincarnation des personnages, lecture,harangue, rend justice au texte, intelligemmentdécoupé, mais qui gagneraità être canalisée par une véritable miseen scène, et une direction d’acteurplus subtile. Défaut véniel, quand lapensée passe…AGNÈS FRESCHELLes Trois exils d’Algérie,une histoire judéo berbère a été jouéle 26 novembre dans le cadredes Emporte-piècesLes Jeunes, texte, mise en scèneet musique de David Lescota été donné à La Criéedu 27 au 30 novembre


Temps barbarePedro Calderón de la Barca est peujoué en France. Ce qui n’est pas trèsétonnant : noble élevé par les Jésuites,homme d’épée puis prêtre et chapelain,ce dramaturge de Cour, du tempsde Galilée et Descartes, réduit la libertéhumaine à peau de chagrin. Ses autosacramentales sont des pièces de propagandeet La vie est un rêve, son chefd’œuvre, fait froid dans le dos : prisonniersde leurs instincts, de leur honneur,de leur avenir écrit dans les étoiles, lespersonnages vivent des pseudo-existencesoù la prison est une métaphorede la vie terrestre (et le théâtre une métaphorede la vie, boîte gigogne dans laboite). Le seul vrai bien réside au ciel,et la révolte est inutile. Temps barbare…mais toute la comédie espagnole,de Lope à Tirso de Molina, est marquéepar l’Inquisition.La grande réussite de la mise en scènede Jacques Vincey est de faire sentircette pression là, quant les metteursen scène Français généralement n’yvoient qu’un jeu de masque baroque.Son décor, d’une rigidité et d’une froideurabsolue, dit l’artifice du monde© Pierre Grosboisterrestre, boîte où se meuvent les hommescomme des jouets dans les mainsd’un enfant aveugle, où les murs tombentcomme autant d’illusions de papier.Calderón est très loin des dilemmescornéliens entre honneur et amour :son retour à l’ordre final n’unit les couplesque par commodité, voit la mortdu manant, l’emprisonnement du libérateur,et l’impunité des méchants :c’est à Dieu de punir ou accorder lavraie félicité.Les comédiens, tous incroyablementvirtuoses et jouant chacun une partitiondifférente, mettent à distance leréalisme, en artificialisant leurs gestes,leur voix, pour que rien n’ait l’air vrai,mais rigide comme dans un spectaclede marionnettes. Car leur vie est un songe,et ce texte le vestige d’un cauchemarheureusement révolu, où l’homme secroyait entièrement dans les mainsd’un Dieu aussi injuste qu’incompréhensible.AGNÈS FRESCHELLa vie est un rêve a été jouéà La Criée du 6 au 9 décembreAplatir les héros© theatre de la caladeLA CRIÉE | AUBAGNEDe la Sibérieà la Chine…THÉÂTRE 19La compagnie Les Gensd’enface s’empare de la pièce de Copi,L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer pour en livrer uneinterprétation jubilatoire où les mots et les actes jouent avec leurssens. Dans un jeu de masques sans cesse renouvelé, les personnages,tous masculins interprètent des rôles de femmes ou de transsexuelles.Les archétypes sont mis à mal, les conventions démontées. Tentationde l’absurde, seul recours semble-t-il d’une esthétique de ladénonciation des différents carcans sociaux. On rit beaucoup lors decette représentation, le public exulte. Les acteurs savent user de leurforce comique jusque dans les passages les plus tragiques. Identitésfloues, parole féminine portée par des hommes, paroles masculinesprises en charge par des personnages féminins, l’ambiguïté soulignele mal être de ces personnages déportés en Sibérie qui doivent s’enfuiravec la complicité de généraux révolutionnaires en Chine, pays rêvés,fantasmés dans leurs clichés. L’enjeu, la fuite, se heurte aux hésitationsde la jeune Irina, dépossédée de son corps, de son temps, de saliberté, qui ne trouvera que la mutilation, l’acharnement sur elle-mêmecomme ultime échappatoire. Festival d’égoïsmes, d’individualitésfortes, toutes décalées ! Le choix de la farce allège le propos sans luiôter tout à fait sa dimension tragique. Le décor réduit à l’essentiel, leslumières sobres, contribuent au caractère décapant de l’ensemble.MARYVONNE COLOMBANIL’homosexuel... a été joué le 7 déc au Théâtre Comœdia, AubagneMettre en parallèle ou en échos le texte homérique de l’Odyssée et le Camus deTipasa, quelle bonne idée ! riche de tous les possibles : réflexions sur l’homme,poésie puissante où les rames des compagnons d’Ulysse frappent les eaux de lamer violine. Trouver par la confrontation de ces grands textes ce qui fait que leshommes tutoient les dieux, explorer les résonnances entre les siècles, jouer surles épaisseurs du temps, y découvrir de subtiles correspondances, rapprocherdans le mirage des vagues de la Méditerranée l’homme révolté et le héros auxmille ruses ! Voilà un programme de pur gourmet, délices que l’on s’attend àsavourer. Las…Le principe de départ ne manque pas d’intérêt, l’idée de faire de personnagesquelconques les porteurs des textes, pourquoi pas ? En chacun sommeille lamatière héroïque… Mais si la scène encombrée de larges voiles invite au voyagehomérique, on s’attend à davantage de puissance, de folie. L’ensemble reste sage,lisse, sans force. Et certains raccourcis sont absurdes, comme réunir Circé etCalypso en un personnage, qui mène à l’incohérence, sans parler d’assigner auxsirènes le seul rôle de rappeler à Ulysse les charmes de sa vie à Ithaque. Le hérosdevient bien «plan-plan» dans cette version du théâtre de la Calade où tout s’édulcore.Ouvrir et refermer le spectacle sur le Come prima de Dalida donnait d’ailleursla tonalité de l’ensemble. Quant à Camus…M.CCamus/L’Odyssée a été joué le 30 novembre au Théâtre Comœdia Aubagnephoto répétitions © Francis-Rugirello


20 THÉÂTRE AIX | ARLES | CAVAILLONCène de familleDouze personnes, 6 acteurs qui donnent vie à 6marionnettes hyperréalistes du Puppentheater deHalle, sont attablées et croulent, déjà, sous le poidsd’un plafond excessivement bas. La réunion defamille bourgeoise suit et concentre le romannaturaliste, grinçant, de Thomas Mann et va, en2h30, voir exploser les espaces et les conflits autourde la succession patriarcale.La réussite du spectacle tient à l’alliance parfaiteentre acteurs et poupées de latex, les unsprolongeant le corps des autres : la précision de lamanipulation à vue renforce le trouble de l’effetréaliste, et la qualité de jeu des marionnettistesparticipe du résultat. Tout est d’une précisionabsolue, incroyablement orchestré. Ainsi chaquepersonnage semble avoir deux corps, dédoublementqui rappelle leur situation psychologique : cettefresque sociale méticuleuse, écrite en 1911, décrit ledéclin d’une entreprise familiale, et du capitalismepaternaliste, en se concentrant sur la fratrie dessuccesseurs, aux inclinations diamétralementopposées. Thomas, double de l’auteur, artiste rejetéqui «jouit plus des femmes que des affaires», Christian,perdu dans sa rigueur et résigné à maintenir le rangdes Buddenbrook, et la délicieuse Tony, si vivante,qu’on marie à un «bon parti» pour faire «un boninvestissement». «Nous ne sommes pas nés pourréaliser notre bonheur personnel. Nous ne sommespas des individus libres, nous sommes les anneauxAu seuil de l’être© Elise Vignerond’une chaîne» sont les formules éducatives,aliénantes, écrasantes, assenées depuis leur tendreenfance. Travailler, prier et épargner. Respecter lalignée, la tradition, la voie tracée… aucun ne sauras’émanciper. Du grand art, autour d’un grand roman.DELPHINE MICHELANGELIBuddenbrooks a été jouéau Théâtre d’Arles le 4 décembreConstruite autour de la symbolique du passage surdes bribes du texte Seuils de Patrick Kermann, lapièce déambulatoire Traversées d’Élise Vigneronpart à la recherche du soi dans l’entre deux. À la lueurfragile et gracieuse d’une bougie, l’artistemarionnettiste-comédienne-acrobate-graphiste, ellesait tout faire !, sème son indéfinissable poésie enpromenant des poignées de spectateurs de portesen portes, supports démultipliés recelant chacun sadimension mystère. Des seuils à franchir -ou pas, rienn’impose à tout déchiffrer, ni ces quelques motsvidéo-dessinés exprimant la frayeur, ni ce rhizomefilmé dans lequel elle se noie- le temps d’uneexploration sensitive, un brin mégalo, dont on ne peutéchapper (le dispositif et l’influence du son forcent àla sidération…). Une traversée d’ombres et delumières dans un monde onirique animé defragments de vie, de mort, d’intimité à demi dévoilée.Tour à tour automate, vieille femme jouant Narcisse,utilisant sa silhouette pour danser avec l’oubli,délicate et inquiétante, Élise Vigneron, diplômée del’école des arts de la marionnette de Charleville-Mézières, explore ces territoires fragiles avec untalent fou. Elle est à nouveau invitée par la Scènenationale (au CDC des Hivernales) les 17 et 18 janvier,pour présenter sa nouvelle création Impermanence.Cultivera-t-elle cette douce étrangeté ?DE.M.Maman !© Gert KiermeyerLa relation mère fils occupe dans la littérature uneplace considérable. Claire Massabo, avec beaucoupd’humour s’attache dans la pièce Dis-moi…fils à sestraductions à partir d’œuvres multiples, de RomainGary à Mauriac. Une première ébauche de la pièceavait été donnée l’an dernier au théâtre 3bisf (voir Zib53). La version définitive s’articule autour d’uneimmense tour d’où la mère voit, parle, sort parfois,personnage pilier, à la fois princesse de légende,facteur d’épanouissement ou d’enfermementsclérosant… Le spectacle gagne encore en rythme,en vivacité. Tendresse, distanciation, ironie…l’ensemble est porté par une superbe équipe decomédiens, Jean-Marc Fillet, Pascal Rozand,Nader Soufi, pour les fils, inénarrables dans leurenthousiaste danse d’Indiens «du gâteau ! dugâteau !» ou leurs souvenirs de rentrée, l’abominableparka, le pantalon qui gratte…, et une SandraTrambouze lumineuse et inspirée dans le difficilerôle des mères, avec leurs facettes de générosité etd’égoïsme, d’aveuglement quasi amoureux et dejugement dépréciatif. On rit beaucoup, on sourit, onse laisse entraîner dans ce tournoiement avecdélices. Un spectacle vivifiant, à voir par tous, et àréfléchir !MARYVONNE COLOMBANIDis-moi… fils a été joué le 20 novembreau théâtre Vitez, Aix en Provence © Fabrice QuittetTraversées s’est joué en tournée Nomade(s) du théâtrede Cavaillon du 6 au 11 décembre


22 THÉÂTRE TOULONOne Biyouna ShowBiyouna © SvendAndersenLibre et rebelle, Biyouna est telle qu’en elle-même authéâtre. Mise en scène par Ramzy qui avoue «que cen’est pas tous les quatre matins qu’on tombe sur unefemme comme elle», Biyouna ne rate pas une occasionde se moquer de tous, Français et Algériens,avec une ironie culottée. L’actrice de Délice Palomaet La Source des femmes, la maman de Ramzy dansIl reste du jambon ? descend l’escalier d’honneur avecle même aplomb que Lisa Minelli, haut de forme etswing à tous les étages… sauf qu’il s’agit d’unepasserelle d’avion volée par Miloud, jeune «playboy»sans papier qu’elle rudoie tendrement tout le long deson show. Sur la grande scène du Théâtre Liberté,devant un public acquis à sa cause, elle «rêve de diredes conneries», crie «vive la liberté !», chante et danse,essuie une larme lors de séquences photos nostalgiques,fustige les mâles, se moque des traditions,égratigne les relations hommes-femmes, raconte lesaffres du voisinage, là-bas, à Alger. Mais ici ce n’estpas mieux, et tout le monde en prend pour son grade.Dans un rythme en dent de scie, le spectacle mitrailledes salves à l’inégale pertinence comique, vitecompensée par sa générosité et son autodérisionsalutaire : «Moi, Biyouna, si j’étais Présidente !» déclame-t-elleentre deux bouffées de cigarette… Depuisses débuts dans les cabarets d’Alger, Biyouna n’ajamais cessé de dire ce qui ne se pense même pasparce que «se taire c’est mourir un petit peu». Alors,invités dans son salon, on ne boude pas son plaisir àdéguster ses tirades âcres et douces…MARIE GODFRIN-GUIDICELLIBiyouna ! s’est joué le 20 novembreau Théâtre Liberté, ToulonL’Égypte en bandoulièreJean-Louis Martinelli aurait voulu être égyptien. Enfin, iI lui est arrivé de le penserdepuis qu’il a mis en scène des textes venus du Moyen-Orient et qu’il a rencontré, auCaire, l’écrivain Alaa El Aswany dont il a beaucoup aimé L’immeuble Yacoubian. C’étaitau moment où le Printemps arabe a éclaté... Comme un substitut à cette «idée»impossible, il adapte au théâtre son roman Chicago et lui emprunte le titre d’une de sesnouvelles : J’aurais voulu être égyptien. Une entreprise à risques et une réussite ! Ladramaturgie est lumineuse, qui éclaire un texte aux résonances multiples, sur l’exil,l’amour, la diversité du monde, l’instrumentalisation de l’Islam dans les sociétésorientales et occidentales, l’âpreté des combats politiques et le pouvoir. «Il donne laparole à ceux qui ne l’ont pas et nous parle de l’autre tout en parlant de nous mêmes« ditJean-Louis Martinelli, fin décrypteur de la complexité humaine. Car les neuf personnalitésen présence forment un écheveau complexe dont il sait admirablement rendre visibleles tourments, les contradictions, les paradoxes. L’espace clos du théâtre -un vasteappartement qui tient lieu de salle de réunion universitaire où l’on boit et l’on mange àtoutes heures- lui permet d’attiser plus encore les tensions, d’accentuer ce qui se joueentre ces hommes et ces femmes qui se débattent entre deux mondes, celui del’Amérique d’après le 11 septembre, juste avant une visite de Moubarak, et l’Egyptequ’ils ont laissée derrière eux. L’auteur livre une radiographie implacable et tendre deces exilés à Chicago ; le metteur en scène leur donne une ampleur inégalée grâce aujeu intense des acteurs, aux ponctuations musicales reprises en chœur, à leur partitionchorale tout en finesse. Ils habitent, véritablement, le plateau-appartement : ils boivent,se déshabillent, travaillent, fument, évoquent les désirs de l’amour, s’affrontentviolemment aussi. Et Jean-Louis Martinelli, en fin connaisseur de la convention théâtrale,réussit à faire chanter la prose d’Alaa El Aswany, sa belle fluidité : sa pièce se lit commeun roman.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIJ’aurais voulu être égyptien a été donné le 27 novembre à Draguignanles 29, 30 novembre et 1 e décembre au Théâtre Liberté, Toulon© Pascal Victor© Pascal GelyPromesse déçueVoir La Promesse de l’Aube sur scène, on peut enrêver ! Le roman de Romain Gary, si drôle etémouvant, truffé de personnages et d’anecdotes,semble pouvoir se déplier sur un plateau sansdifficulté, et sans trahison d’une langue qui peutsupporter une transposition dramatique. Mais il eutfallu pour cela un comédien exceptionnel, et plus desubtilité : Bruno Abraham-Kremer se met en scèneavec un manque visible de recul, n’habite pas lenarrateur et encore moins sa mère affublée d’unmauvais accent russe (le même que le locatairepolonais), patauge parfois dans le texte. Pour sa miseen scène, il fait le choix d’artifices de théâtre tropattendus, confiant dans la force du texte. Et il a raison,on se laisse malgré tout entrainer irrésistiblement parla dérision, la saveur du roman… même si l’ambiguïtéde la relation à la mère, centrale dans La Promesse del’aube, n’est rendue que très partiellement :excessive, abusive, insupportable, Nina n’est pas unmodèle d’amour maternel populaire, mais dedémesure castratrice…AGNÈS FRESCHELLa Promesse de l’aube a été jouéeles 23 et 24 novembre


24 DANSE DANSEM | SAINT-MAXIMINPlein,videet déliéCe sont plutôt des formes courtes,petits bonheurs serrés dans les 50-60minutes, que nous a proposés pour saquinzième édition le festival Dansemmis en piste par l‘Officina. Quatre soirées,et des surprises plutôt bonnes, quoiquede nature très différente. Qu’ avez-vousvu ? interpellent frontalement ManonAvram et Thierry Escarmant avecleurs deux danseurs un peu comédienset leurs deux comédiens presque danseursjouant entre cinq panneaux quimétamorphosent le fond de scène enimages du monde. Réponse scandéequi cingle d’entrée le spectateur «...tut’es vu... trois mots... pour finir trois mots»et met d’équerre ! Angoisse, impasseet absence d’issue déclinées par lesrats d’Henri Laborit ou la pensée vélocede Bernard Stiegler, déployées parle langage simple des danseurs (seheurter, se frapper, se battre ou battresa coulpe, surtout ne pas renoncer, recommencerdonc) dans un espacesonore parfois saturé ; des livres tombentdes cintres et s’effeuillent ouservent de piédestal pour se hisserjusqu’à un micro bien haut qui porte lavoix ; situationnistes pas morts !Avec le QCM amoureux de ThierryGiannarelli rigoureusement ponctuépar Véronique Delarché sur les motsmixés de Carol Vanni etAlain Michon,l’interrogation se poursuit manu militariet mobilise une attention sans faille à unplateau où flottent ombres et lumières,où se promènent dans l’air fantasmes,désirs et pratiques sexuelles sans quejamais l’interprète ne se déroute ni nequitte l’exercice millimétré imposé àson corps et à sa petite robe de dame ;le souffle se reprend sur un canapéQu'avez-vous vu ? © Manuel Buttnerferme qui n’a rien d’un divan ; les gestesfendent le discours érotique, s’y frottentpar hasard et surtout ne l’incarnentjamais ni ne l’illustrent ; rythme pur etpsychomotricité sans bavure apaisentet renvoient à une vitalité première ;sans réfléchir, on a coché toutes lescases !Et puis c’est Matija que l’on surprendau cœur de son cercle parfait de figurinesplastique, et son prénom, sansdoute tombé du lustre étoilé d’ampoules,Sad Sam © Nada ZgankQuête de sensLa forme du hip hop, sans renier ses origines, liées à l’art dela rue, des battles, se prête à de nouveaux jeux, entre depuisquelques années dans la cour des chorégraphes, apportantun autre souffle, de nouvelles gestuelles, permettant de nouveauxmodes d’expression. Contrairement à l’habitude donnéepar cette danse qui met en avant les performances physiquesde ses acteurs, savoir-faire, maîtrise, destinés à surpasserl’autre, les artistes invités à la Croisée des Arts de Saint-Soiree 3 soli, Mon appart en dit long © Enrico Bartoluccitourne avec les autres qu’il murmureou convoque fermement, liste en main,dans un appel exhaustif qui étire letemps dans le cadran des mots ; lechorégraphe, danseur, performer croates’appelle aussi Ferlin et semblenaître sous nos yeux, porté par unevoix mobile et un physique juvénile ;étonnement, puis stupéfaction d’échapperà l’ennui du presque rien qu’il propose :il déroule des souvenirs limpides jusqu’àce que la pression d’un doigt àdes endroits précis du corps, une morsureà l’avant-bras ou l’évocationd’herbes qui doivent se redresser neviennent troubler le sens et donner unpeu de poids à tant de grâce.Pour conclure une soirée double entreamis. Montaine Chevalier, mutine,nous parle fauteuils, métier de tapissier,assise. Et son corps de danseuseessaie de trouver des appuis nouveauxentre les bras des objets qui nous soutiennent,et qu’elle décrit techniquement.Elle arpente, drôle, présente, la scène,enfile des renforts de mousse, se prendpour un fauteuil, se couvre de cuir. Onsubodore une souffrance, une amorcede reconversion forcée, dans la tapisserie,le chant, l’artisanat. Un abandonde la danse forcé, qui ampute, maisD'Assise © Freddy Perettique la succession de gestes peu explicitesne dit pas assez clairement. Lepublic rit d’ailleurs. À contresens ?Deux autres corps, pour conclure :Carole Vanni et Alain Fourneau présententun non spectacle. L’un resteimmobile et silencieux, hors la lecturede quelques feuillets. L’autre tourne enrond et produit des gestes insensés,sans signifié. Ils disent des mots depeu d’intérêt, notes personnelles deBram Van Velde et Charles Juliet. Chezqui tout n’est pas bon à prendre, etsurtout pas si on en arase le peu desens en adoptant l’atone extrême. Y a-t-il une nécessité à dire rien ?MARIE JO DHO ET AGNÈS FRESCHELDansem s’est déroulé du 13 novau 8 déc au théâtre d’Arles,au Lenche, aux Bernardines,à la Friche, avec leur concoursMaximin apportent une strate supplémentaire à cette forme,choisissant de danser sur des musiques autres que cellesconsacrées traditionnellement au hip hop. La danse prendun caractère intimiste, ne recherche plus l’exploit, mais l’expressionde soi. Langage difficile à construire, difficile aussià faire accepter à des publics venus pour voir du hip hop«classique ». Iffra Dia, dans Hors Jeux ! découvre l’espace,automate qui peu à peu prend ses marques, explorant lesfrontières d’un large carré dessiné au sol, marche décomposée,travail au sol, découverte du corps jusqu’à une maîtriseondoyante, sur des airs qui vont du jazz à Manuel de Falla.Habité de Hakim Maïche avec son incroyable manteau depoussière offre des éléments intéressants (délicatesse de sonoiseau, expressivité des mains), passe par le mime, mériteraitcependant d’avoir un propos plus resserré. Enfin, BintouDembélé, avec son sourire offert, apporte sa belle présencesur le plateau, sachant allier rythme et expression personnelleavec bonheur dans l’humoristique Mon appart en ditlong.... Cette approche novatrice est à saluer, elle refuse à ungenre de s’enfermer dans une voie monolithique.MARYVONNE COLOMBANITrois Soli a été donné le 4 décembreà La Croisée des Arts de Saint-Maximin


Femmesau combatCHÂTEAUVALLON | LIEUX PUBLICS© Stephane TasseARTS DE LA RUE 25De hautes palissades en tôle encerclentle plateau. Une voix fémininesusurre en off «refuser la facilité». Toutun programme… Le rideau de fer joueune partition violente dans le spectacledu jeune congolais DeLa Vallet Bidiefonoqui, dès les premiers instantsimprime un rythme survolté à sa chorégraphie.Ça cogne et ça résonne ! Lamontée en puissance de la musique etdes corps propulse ses interprètes -lesdanseurs de la Compagnie Baningaqu’il a fondée en 2005, dont la charismatiqueElla Ganga, et la françaiseCamille Tholliez- dans une course effrénée.Élans saccadés, pulsions, répulsions,combats, secousses, trépidations haletantes,fuite en avant des corpsintrépides. Mais vers où ? Et qui sortiravainqueur ? DeLa Vallet Bidiefono interrogela condition et la philosophie desfemmes d’Afrique et d’ailleurs, sensibleaux idées féministes et à la liberté desfemmes occidentales. Sa création Oùvers ? met en cage des femmes oppressées,puis les libère. Rebelles, il leur afallu beaucoup de détermination,d’espoir et de fureur de vivre pour libérerleur corps. Maquillage, cigarette,talons haut, robe fourreau : la féminitéfatale fait des ravages. Avec l’énergiedu désespoir elles résistent à la puissancedu mâle, chuchotent, gesticulent,bousculent. Cherchent leur place. Leplateau est un ring où le chaos et latranse collective sont un sas nécessairepour franchir l’infranchissable.Pas de temps mort, ou presque. La danseest entêtante. Où vers ? excelle dansl’expression de la puissance physique,de l’énergie vitale, et la construction del’espace : désormais le rideau de fern’est plus un obstacle vers tous lespossibles.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIOù vers ? a été donnéle 23 novembre au CNCDCChâteauvallon, OllioulesDéguisementn’est pas spectacle© Vincent LucasLe Rara tradition haïtienne vaudou oùdes personnages jouent de diversestrompes et cornets, a été acclimatépar Julien Marchaisseau (mise enscène) et Jérémie Perrouin (musique)en adoptant des personnages macabresde nos sociétés. Mais sur la placede l’opéra l’alchimie ne s’est produiteque trop tard. Après la première sirènele public agglutiné autour d’un carrécentral qui devait servir de piste a dûlever les yeux vers les fenêtres ou despersonnages fantomatiques en noir etblanc, comme les automates d’un coucoulugubre, sonnaient de la vaccine.Un peu, puis plus. On attend. Ça reprend,s’accélère un peu. Puis on attend. Enfin,à quelques secondes de la fin, surle porche de l’opéra, un groupe nombreuxcommence enfin à faire de lamusique, des percussions, se déplaçantcomme des automates encore…cela prend enfin rythme, puis secondesirène, et c’est fini. Rarement le courttemps entre les deux aura paru si long.A.F.À venirLa Sirène de janvier, pour cause dejour de l’an, n’aura pas lieu.Mais Lieux publics prépare deuxclameurs, une Clameur Artaudplace Charles de Gaulle (WilfriedWendling), et une CGà la Bibliothèque départementale(Nadine Estève).Le 12 janv à 19h !www.lieuxpublics.comRetrouveZ toutes nos critiques sur notre site,mis à jour quotidiennementwww.journalzibeline.frun gratuit qui se lit... aussi en ligne !


26 JEUNE PUBLIC CAVAILLON | LE LENCHE | LE MASSALIA | AIXLe corps restéRuminationsAu départ, un texte de commande CieSenag’a, auprès de Sabine Tamisier,le désir de parler de la mort, de la douleur,de la perte, du deuil, de la mémoireenfin. Et de, par l’expérience individuelle,toucher l’universel…Juliette, qui a perdu et son père et son© X-D.R.© Cie LalageUne gigantesque marionnette nous accueille à l’entrée dela salle, mamelue, fessue, dotée d’une «voix» particulière etd’une présence indéniable. Puis ce sont les interprètes quise chamaillent, roulant les uns sur les autres, tiraillés parleurs aspirations contradictoires. L’un d’eux chante aveccynisme le Blowin’ in the wind de Dylan, hymne à la libertécontrariée. Une jeune femme veut voir la mer, mais quandelle l’aperçoit «elle est enfermée derrière un grillage, on diraitqu’elle est en prison». On assiste à la dispute entre Je et Moi,conflit sans issue. Surgit une poupée grillée, noircie, sanglante,filiforme. Avec un seul gant de bal, une robe fanée etdes escarpins brillants, elle est vêtue pour l’amour, commesi rien ne pouvait la décourager, pas même son aspectdérisoire. L’homme qui la manipule avec une tendresse follel’enlace pour une danse... Pas facile de vivre ensemble ! Car«chacun a son ombre... mais le futur n’est pas écrit».GAËLLE CLOARECÀ corps perdu était joué du 4 au 8 décembreau Théâtre de Lenche par la cie Lalagefiancé, avec son refus d’exister, se repliesur sa douleur immense, ruminantde l’intérieur comme une vache sansherbe. Des boules grossissent dansson ventre, fruits de sa douleur. Il luifaudra rencontrer l’autre, accepter deparler au docteur Bouligon, à sa mère,aux autres personnes du village, vivre ànouveau. L’art devient la porte de sortie,des boules de douleur naissent desœuvres d’art. La jeune femme peint,expose, retrouve sa place dans le monde.Sujet grave, douloureux, difficile,interprété avec vivacité par JulienAsselin, Agnès Pétreau et SabineTamisier dans une mise en scène originaleet forte d’Agnès Régolo et unebelle mise en lumières de JocelyneRodriguez. Jeux de parapluies, lieuxstylisés, texte porté avec talent…Cependant il est judicieux de suivre lesconseils d’âge, à partir de 12 ans ! lespectacle étiqueté « jeunesse » estdifficilement accessible pour les pluspetits ! Un versant nouveau dans laproduction théâtrale de la compagnie,courageux qui sait traiter de sujets douloureuxavec une grande délicatesse.M.C.La vache sans herbe le 27 novembreau Bois de L’Aune, Aix-en-ProvenceVacillanteflamme© Paolo Cafiero«Monsieur Andersen aimait écrire deshistoires où les enfants meurent à la fin.Et avec ces histoires, il est devenu trèsriche.» Pourquoi aimait-il ces fins tragiques? C’est une bonne question quepose Katy Deville, mettant ses pas dansl’ombre de la petite fille aux allumettes,morte de froid dans les neiges du nord.Seule en scène pendant 55 minutes,la comédienne questionne le bonheur(le confort ?), la solitude et la mort... ceque l’on épargne habituellement auxenfants, et qui met surtout les adultesmal à l’aise. Comme toujours dans lesproductions du Théâtre de Cuisine,quelques éléments du décor plantentl’atmosphère. Ici se sont les luminaires :un train de maisons éclairées de l’intérieur,tirées avec une locomotive-églisepar un fil rouge, une lampe en forme defenêtre à travers laquelle un visage semblescruter désespérément la chaleurd’un foyer inaccessible... Un grand bravodonc à Bertand Blayo (création lumièreet régie), et Paolo Cafiero(construction).GAËLLE CLOARECLa femme aux allumettes était jouéedu 4 au 8 décembre à la Friche Bellede-Mai,Théâtre MassaliaSuper héros cinégéniqueAu royaume de La Cordonnerie, il n’ya vraiment rien de pourri, c’est le règneintact de l’imagination ! Cette compagnielyonnaise, spécialisée dans lacréation de ciné-spectacles, joue endirect musique originale, bruitages àpartir d’objets détournés et voix off surdes films de sa composition. Dans (super)Hamlet, en une petite heure, enfantsdès 8 ans -et plus grands sous le charme-découvrent l’auteur élisabéthain,dans une version light et compréhensible,néanmoins fidèle à l’œuvre originalemêlée aux Contes de Shakespeare deCharles et Mary Lamb. On retrouve dansle film à la photo magnifique, les ingrédientsde la tragédie : traitrise, ambianceglaciale, fantômes, folie, perversion dupouvoir, mort qui rôde… Hamlet, petitprince «adulescent» resté inconsolable© Laurent Combe et Sebastien Dumasdepuis le meurtre de son père par sononcle Claudius remarié à sa mère Gertrude,fomente sa vengeance en créantson cinéma intérieur… avec les poupéesd’Ophélie. Transformé en superhéros encapoté dans le drapeau duDanemark, risible et touchant, il organise«un traquenard qui va mal finir».Drame final en bord de mer, des nouilless’agitent dans un parapluie pour tracerle ressac tandis que des voix fantomatiquesproclament l’inoubliable «être oune pas être, c’est bien la question. Lereste n’est que silence»… Le spectaclelaisse quant à lui muet d’admiration !DELPHINE MICHELANGELI(super) Hamlet a eu lieu au théâtrede Cavaillon le 23 novembre


28 MUSIQUELYRIQUECornélien Poliuto !Qui connaît encore aujourd’hui Poliuto de Donizetti écritd’après le cornélien Polyeucte, hormis quelques nostalgiquesd’une représentation ou d’un enregistrementmythiques… Peu de monde sans doute, tant les programmationsd’opéras dans monde tournent autour desmêmes affiches ! La culture du bel canto a tendance à seperdre, à la scène et dans les écoles de chant, si bien qu’ona du mal aujourd’hui à réunir un plateau de chanteurs ayantles qualités requises pour ce type de répertoire.Ce ne fut pas le cas à l’Opéra de Marseille ! Dans le rôletitre,Fabio Armiliato a particulièrement brillé grâce à desaigus impressionnants… à faire sauter les sonotones !Daniela Dessi a distillé, dans Paolina, son timbre chaleureux,large, une ligne de chant souple, fruit d’une carrièrede trente ans. La somptueuse basse Wojtek Smilek commele séduisant ténor du français Stanislas de Barbeyracont contribué à la qualité du plateau, dont la palmerevient au baryton Vittorio Vitelli. Ce dernier a magnifiéle rôle de Severo grâce à une incise vocale ronde et cuivrée,et des sol et la bémol lancés à pleine bouche. LeChœur et l’Orchestre de l’Opéra ont donné la pleinemesure de leurs qualités dans un domaine familier sousnos latitudes, si voisines des italiennes.Mais que dire de la version de concert proposée, si ce n’estqu’elle est «économique» ? Si dans certains cas la miseen scène d’une tragédie lyrique ne s’avère pas fondamentale,quand le livret est indigeste, l’action non capitale,le style proche de l’oratorio… dans le cas de Poliuto, lafrustration est grande ! L’histoire de l’aristocrate romainePauline, épouse du chrétien converti Polyeucte, torturéeIntégrale sous tension !La tension est palpable lorsque Marie-Josèphe Judepénètre sur le grand plateau de La Criée. Le piano estcentré sous les projecteurs, bordé d’un écrin acoustiquealliant bois et plastique. Trois lourds micros descendentdes cintres, juges de paix acoustiques reliés à la régie oùRené Gambini capte le moindre parasite sonore. Ledirecteur artistique vient de donner ses instructions : onMarie-Josephe Jude - La Criee © X-D.R© Christian DRESSE 2012par le souvenir de son ancien amour pour le proconsulSévère qu’elle avait cru mort au combat, et qui pourchassejustement les Chrétiens, aurait mérité qu’on la visualise.On aurait aimé que soient mis en scène les élans de lajalousie du héros ou la demande de grâce agenouillée del’épouse, les doutes amoureux, l’accomplissement de lavengeance comme le martyr assumé Mais il aurait fallude nombreux changements, coûteux, de tableaux, de lacaverne ténébreuse des baptisés au temple de Jupiter…jusqu’au cirque final et sa fosse aux lions ! Alors, faut-ilentendre Poliuto sans tout à fait le voir ? Ou ne pasl’entendre du tout ? Un choix… cornélien !JACQUES FRESCHELPoliuto de Donizetti a été représenté à l’Opéra de Marseilledu 24 novembre au 2 décembrene toussera pas, ni vibrera du portable, ni cliquettera dubracelet ! Résultat : le silence est impressionnant, lourd !Il pèse sur la grande salle comble.On retient son souffle… Dès l’entrée, l’artiste doit ressentircette inhabituelle pression : elle sait qu’elle fixe là,sur le vif, des plages pour la vie… au delà, même… Et pasn’importe quelles partitions : les Nocturnes de Chopin…une intégrale ! Marie-Josèphe Jude imagine peut-être déjàle microsillon tournant au fil du laser, avec des accrocs,des bruits qu’on ne pourra effacer… Elle avance, au début,dans l’ordre des opus, manifestement déconcentrée,tendue… À peine place-t-elle le dernier accord de l’Opus9 n°1 en si bémol mineur, la résonance non encore éteinte,qu’un feu d’artifice de toux pétarade. C’est que chacuns’est retenu, avec davantage d’anxiété encore, justementà cause du fait que, précisément, ça lui est interdit… detousser ! Au milieu du Nocturne en mi bémol, l’un des pluscourus, c’est la catastrophe ! Une sonnerie irréfléchiepointe ses fréquences : interminable crescendo d’un portablequi fout tout en l’air… Chopin, Marie-Josèphe et leclan Gambini. Il faudra le rejouer… en bis !Dans la deuxième partie, oubliant un peu l’enjeu et larègle du jeu, la pianiste s’abandonne et donne enfin lemeilleur d’elle-même. On reprendra sûrement quelquesplages, des mesures, de-ci de-là, pour qu’au montage, encoulisse, l’improbable alchimie opère entre le lieu, lepublic, l’artiste et ses singularités, le langage de Chopin…Pour qu’on découvre enfin, casque à l’oreille, ces opusparmi les plus émouvants de la littérature pianistique.JACQUES FRESCHELIntégrale des Nocturnes de Chopin par Marie-Josèphe Jude.Concert donné le 19 novembre à La CriéeDivineVioletta !Après un Carmen un peu décevant, lepublic de l’Opéra de Toulon se réjouissaitd’accueillir en ce mois de novembreune Madama Butterfly interprétéepar Adina Nitescu, une habituée etfidèle du rôle de Cio cio san l’ayantdonné à plusieurs reprises sur de nombreuseset prestigieuses scèneslyriques internationales. Dans lasalle, sa voix avait en effet de quoiséduire en termes de puissance ! Neserait-ce que pour donner la répliqueà un orchestre magistral et tout enpuissance ce soir-là sous la baguettede Giuliano Carella, l’actuel directeurartistique de la maison. Mais levibrato d’une grande amplitude convenaitmal au personnage, jeune femmeamoureuse. Ces oscillations tropprononcées ont même, parfois, euraison de la justesse d’émission.Heureusement, la voix d’Arnold Rutkowskifaisait merveille dansl’interprétation de Pinkerton, l’un desrôles les plus antipathiques du répertoirelyrique, forcément trop courtpuisque l’intrigue repose sur son départ.À leurs côtés, les seconds rôlesétaient remarquables et notammentGiovanna Lanza qui a convaincu l’auditoiregrâce à la rondeur de sontimbre au service d’une Suzuki trèsémouvante. C’est finalement la sobriétéet le bon goût des décors trèsréalistes de Luc Londiveau, aux antipodesd’un japon de carte postale,magnifiquement rehaussés par unemise en lumière parfaite de PhilippeMombellet qui ont séduit le plus enfermantles personnages dans unpathétisme prononcé… Exactementcelui qui convient à cette veine empreintede noirceur, un peu moinsvériste que les précédents opus, dePuccini.EMILIEN MOREAUMadama Butterfly a été jouéeà l’Opéra de Toulondu 16 au 22 novembre


Euterpe fait recette !Dans le hall ça frétille ! Toute l’ancienne Criée aux poissonsest occupée par des bancs de mélomanes grégaires, compulsifs,qui s’agglutinent en grappes mouvantes de labilletterie du théâtre, autour des tables du restaurant,jusque dans les escaliers, au seuil de vastes portes qui tardentà s’ouvrir sur les concerts du début de soirée. Dansla petite salle, les Wanderer poursuivent l’exploration deTrios de Haydn ou Mozart quand, dans la grande, les Modiglianiet Sabine Meyer traiteront bientôt des mêmessujets classiques, à quatre ou cinq ! Certains addicts nagent,entre deux eaux, depuis l’ouverture ; d’autres, voire lesmêmes, fileront jusqu’au cœur de la nuit et sa pêche auxperles sonores en compagnie des pianistes Iddo Bar-Shaï,Abdel Rahman El Bacha ou du violon d’Ye-Eun Choi…18h passées… Les bouchons de la grande salle se décachètent.En quelques minutes les gradins s’emplissent. La soupeest populaire, mais plutôt posée : un bouquet provençal quiattend ses croches en flocons ! Et plus une place dans les rangs !Constater que l’arrivage régulier de la musique au ThéâtreNational de la Criée est un succès est peu dire. Cette FolleCriée, en partenariat avec le Festival international depiano de la Roque d’Anthéron, confirme ce que nous avionsconstaté quelques jours plus tôt avec l’enregistrement publicde Marie-Josèphe Jude : les Marseillais répondentprésents à l’appel de Macha Makeïeff en faveur d’Euterpe.Bientôt les cordes du Quatuor Modigliani virevoltent dansl’allegro de l’Opus 76 d’Haydn : son 1 er violon papillonneau dessus d’un tapis sonore vibrant à l’unisson. Le choralprofond de l’Adagio chante, murmure avant quelque danseternaire à perdre haleine et son final flamboyant. C’estque la fraîcheur du style classique s’accorde aux jouesencore rosées de ces quatre jeunes ! En compagnie de lasuave clarinette de Sabine Meyer, en Quintette (K.581),Théâtre gourmandFrancois Couturier et Philippe Berling, Mardis Liberte © Olivier PastorQuatuor Modigliani © Andrew FrenchComme une parenthèse dans la fureurde la ville, le Théâtre Liberté inauguraiten novembre son rendez-vousmensuel, Les Mardis Liberté, encompagnie du compositeur de jazzFrançois Couturier. À ses côtés, lecodirecteur du lieu, Philippe Berling,initiait un dialogue poétique etalternatif avec des morceaux choisisde l’album Un jour si blanc. Titre tiréd’un poème d’Arseni Tarkovski, pèredu cinéaste russe Andreï Tarkovski, etannonciateur d’une plénitude partagée.Philippe Berling en récita unextrait dans la langue originelle,comme il le fit avec la célèbre chansonde Jule Stune et Sammy Cahn IFall in Love too Easily, et s’inspira dece poème pour faire résonner les motsde Jean-Paul de Dadelsen, PhilippeJaccottet, Rimbaud et Baudelaire. Aupiano, François Couturier offrit un florilègede ses compositions, dont«quatre vingt pour cent d’improvisations»,captant en quelques mouvements l’attentiond’un public heureux de cetteles musiciens explorent un prototype concertant imaginépar Mozart. L’anche occupe le devant, mais les pupitres, duviolon au violoncelle et à l’alto, ne tardent pas à lui répliquerde belle manière ! C’est tendre, élégant… et leuraccord particulièrement sensuel au Larghetto rend grâceau modèle mozartien.Au final on applaudit… à tout rompre ! Les musiciens euxsouffleront un peu… avant de poursuivre leur marathon.JACQUES FRESCHELLa 1 e édition de La Folle Criée, le 1 er décembre,a enregistré, pour les 9 concerts à l’affiche, près de 4500entrées. Forts de ce succès Jean-Pierre & MichelOnoratini, René Martin et Macha Makeiëff donnentrendez-vous au public pour 3 récitals La Roque HorsSaison au cours desquels on entendra Nikolaï Lugansky(15 janv), Adam Laloum (9 avril), David Kadouchavec le violoncelliste Edgar Moreau (21 mai)alliance de nourritures spirituelles etterrestres. Car, à l’heure du déjeuner,la pause est musicale et gourmande(11 euros tout compris), joyeusementproposée dans le hall d’entrée duthéâtre, tout près du bar… Même siquelques désagréments sonores ontinterféré ce premier round, celles-cin’empêchèrent ni de profiter de cetteproximité chaleureuse avec lesartistes, ni de se laisser porter par lamélancolie lumineuse de ce jour siblanc.M.G.-G.À venirLa nouvelle formule se poursuitle 18 déc avec la claveciniste ClaireBodin et la comédienne AnnaVeyrenc autour d’un programmeconsacré aux Noëls provençaux du18 e siècle, et le 22 janv avecl’Ensemble Déséquilibrespour un spécial Ravel et Kodály.Théâtre Liberté, Toulonwww.theatre-liberte.frCONCERTS MUSIQUE 29PapillonvibrantCréée au Théâtre de la Fenice en 1853,La Traviata vint à l’esprit de Verdilorsque, de passage à Paris, il vit surscène La Dame Aux Camélias. Le lendemainde la première, il écrivit : LaTraviata a fait hier un fiasco… je pensetoutefois qu’elle n’a pas dit sondernier mot. On l’entendra de nouveauet nous verrons bien.Aujourd’hui, cet opéra fait salles combles! À l’opéra d’Avignon, la sopranoPatrizia Ciofi, l’une des plus bellesvoix du moment, époustoufla le publicpar ses prouesses. Deux jours plustôt, lors de la générale publique, lacantatrice n’avait pas chanté, préférants’économiser, et on avait dûbaisser le rideau sous les huées desVauclusiens… Une juste réponse del’artiste !Le premier duo entre Alfredo (IsmaelJordi) et Violetta donna le ton : émotion,sensibilité, technique éprouvée...Le Piangi du second acte entreGiorgio Germont (Marc Barrard) etVioletta suscita d’incroyables bravos,comparables à ceux provoquéspar le sempre libera de l’héroïne. Maisla mise en scène de Nadine Duffaut,reprise de la production de 2007,laisse toujours aussi perplexes, voireindignés, les opéraphiles, du fait desa transposition à la fin de la secondeguerre mondiale. Ce qui donne unmixage curieux d’officiers SS avec unchœur des gitanes et un danseurhispanisant, un enfumage noyantles personnages où Violetta, rasée,en robe déchirée, agonise sur desimages d’archives de la Libération,montrant des femmes prisonnièresau crâne tondu… On n’ose percevoirune cohérence dramatique : Violetta,en robe de soirée pailletée garnied’une fleur sur la poitrine durant lesdeux premiers actes, flirte-t-elleavec les nazis, ou la collaboration ?Cela n’empêcha pas le succès de lareprésentation : la voix limpide etsuperbe de Ludivine Gombert enAnina, Patrizia Ciofi, toutsimplement exceptionnelle, ontconquis le public ! Ce qui reste, àl’Opéra, l’essentiel.CHRISTINE REYLa Traviata de Verdi a été représentéles 25, 28 novembre et 1 er décembreà l’Opéra-Théâtre d’Avignon.


30 MUSIQUEACTUELLE | JAZZL’art du trioBrad Mehldau Trio © Michael WilsonLa venue d’un grand nom du jazz endehors de la période estivale en terresvaroises est un événement. Les amateursne se sont donc pas trompés envenant goûter avec ferveur auxprouesses musicales distillées par letrio de Brad Mehldau le 27 novembreà l’Espace Malraux de Six-fours : lesprogrammateurs ont su anticiper surla longue tournée d’un artiste qui, enleader comme en sideman, comptedéjà plus d’une vingtaine d’albumsavec ou sans accompagnateurs.Contraint par l’exercice promotionnel,les musiciens ont livré une setlist trèsproche du récent album Where Do YouStart publié en septembre dernier.Cependant, même si l’on eut aimévoir ces experts explorer des répertoiresplus anciens, la saveur de sesnouveautés garde son aspect enchanteurgrâce à la magie de l’improvisation.À la contrebasse, Larry Grenadier,attentif aux ambiances harmoniqueset maître dans l’art des walking basstourbillonnantes, aidé de son compliceJeff Ballard aux baguettestoujours aussi alertes, ont tissé unerythmique propice aux chorus lyriqueset inventifs du pianiste au touchéexceptionnel. Leur complicité ne sedément pas au fil des ans, rappelantau passage d’autres brillantesformations. Même si la succession destitres était sans surprise, l’ensemblerestait surprenant ! À l’image d’unereprise époustouflante du fameux HeyJoe d’Hendrix qui confinait à latranscendance, art que maîtrisentparfaitement ces trois compagnonsde route.ÉMILIEN MOREAUChaloupe au CargoNaive new beatersÇa chaloupait au Cargo de Nuit arlésien,comme le prévoyait le charismatiqueDavid Boring avec sa phrase fétiche…Un concert en tournée àl’occasion de la sortie de La Onda,deuxième opus discographique deson trio les Naive New Beaters. MartinLuther BB King répondait avecdes riffs simples, efficaces, ravageurset variés aux basses gonflées force10 méchamment entretenues par Eurobélixsur sa console séquenceur.De quoi ouvrir une passe royale auchanteur américain qui surfait sur cesembruns cycliques. Avis de grandfrais ! Cela dit, Boring avec sontimbre nasal inimitable dont il sait,avec l’amplification, jouer à la perfection,contrôle tout cela à la barrede son trio : il négocie avec brio lescoups de vent générés par ses compèreset apporte une touche suavepour faire voguer sa chaloupe sur unemer agitée qui se calme progressivement,pour accoster vers un idéalCalifornien symbolisé par les quatrepalmiers gonflables en arrière plan.Pour y parvenir, l’équipage de NNBSjongle avec les influences rap (D.B)-électro (Eurobélix)-pop-rock (mlbbk)et parvient même à distiller une touchede mélancolie parmi desmoments de francs délires avec deschorégraphies extravagantes (BangBang...) sur des mots que l’on interprèteà défaut de tout comprendre,grâce à la magie dugroove et de l’énergiemusicale libérée. Indicede confiance ? 5/5.PIERRE ALAIN HOYETLe concert deNaive New Beatersau Cargo de Nuit, Arles,le 23 novembreInvitation à la transeOrchestre National de Barbes © Christophe MichelÀ l’initiative du Conseil général du Var dans le cadre des rencontresméditerranéennes, le Théâtre Liberté a ouvert ses portes à l’OrchestreNational de Barbès, quartier tout aussi populaire à Toulon qu’il l’est à Paris.Le groupe constitué de 11 musiciens poly-instrumentistes a littéralementenflammé l’auditoire par une énergie sidérante et communicative. Il étaitdifficile de résister à une rythmique portée par un tandem basse-batterie d’uneredoutable efficacité qui martelait des tempi agités et cette invitation à latranse a donné aux spectateurs des fourmis dans les pieds. Musique métissée,pas vraiment, mais au binaire plus qu’efficace ! La salle Albert Camus s’estmuée en dance floor grâce aux talents déployés par le groupe. Avec unemusique du monde d’un style éclectique, patchwork épicé d’influencesmusicales diverses mises au carré, allant du reggae au dub en passant par leraï et le ska, les musiques populaires du Maghreb se fondaient dans le rock etla pop, à l’image d’une reprise diaboliquement envoutante de Sympathy forthe devil des Stones. Rien ne manquait donc à ce cocktail musical pimenté etexplosif à souhait. On pourra toutefois déplorer le lieu, peu propice à un teldéluge de watts, ce qui n’a pas fait baisser la fièvre jubilatoire qui s’est emparéedes spectateurs dès l’entame du show !ÉMILIEN MOREAU


32 MUSIQUEACTUELLE | JAZZLe corps à son© Dan WarzyLe quintet Denis Colin et les Arpenteursa inauguré le 24 novembre lenouveau Théâtre de Fontblanche,dont la réhabilitation est proche del’achèvement. Une préfiguration del’ouverture du lieu accomplie, en partie,grâce à l’équipe de CharlieFree. Doublantsa capacité d’accueil, dans uneconfiguration très club de jazz, l’équipedu Moulin à Jazz a su recevoir cetafflux de public sans rien perdre desa chaleur habituelle.Le terrain de jeu des Arpenteurs est àgéométrie variable et se dévoile, argumentsà l’appui. Une sorte de puzzlealéatoire qui prend forme dans l’instant,de la démesure à l’équilibre. Uneambiance grave monte puis se calme,des bruits électroniques rivalisent avecune ligne de basse répétitive et le clavierde Benjamin Moussay. L’entréegraduelle des musiciens se fait paronomatopées, comme scandées, defaçon brute, favorisant une multituded’improvisations. Le tout devenanttrès groovy, voire envoûtant. Un rythmesur une corde de la guitare de JulienOmé devenue guimbarde occasionnedes déambulations furtives du FenderRhodes ; un balaiement rythmique deThomas Grimmonprez appuie la situation,et survient la ligne mélodiquelente de la clarinette basse de DenisColin qui dialogue avec le bugle d’AntoineBerjeaut. Et ça met le feu !Pour preuve, ni le public, ni les musiciensn’ont vu le temps passer.DAN WARZYwww.deniscolin.comPanthère funkPercutante, la prestation d’Anthony Joseph et deson Spasm Band a mis K.O le public du Café Julienle 29 nov. Organisé avec les marseillais de Bol de Funk,le concert anniversaire du label parisien HeavenlySweetness était à la hauteur de leurs productionsdiscographiques : haut de gamme.Robert Aaron ouvre la soirée sur un solo de saxophoneténor avant d’entamer un bœuf jazz-funk avecle Spasm Band. La température monte instantanément.Véritable chef d’orchestre, il emmène lesmusiciens avec un naturel déconcertant. Méconnudu grand public, ce poly-instrumentiste de l’ombrea pourtant joué avec de nombreuses pointures.Quelques minutes plus tard, Anthony Joseph sautesur scène et s’empare du micro pour attaquer uneversion accélérée de Griot. Sans que l’esprit desdeux albums soit trahi, les morceaux laissent la partbelle à l’improvisation (C. Webster au sax ténor etC. Arcucci à la guitare). Entre jazz, calypso, funk etafrobeat, le son du Spasm Band est à la fois un hommageà la Black Music et une vision de son avenir.Pendant les chorus, la Panthère Joseph descend descène pour danser avec le public, le Café Julien prenddes allures de club surchauffé des 70’s. Après uneheure de concert, R.Aaron les rejoint sur scène pourun Started Off As A Dancer d’anthologie ; un plateauexceptionnel qui récompense les passionnés.Dommage que ce type d’événement ne rassemble pasplus de monde dans la deuxième ville de France !KEVIN DERVEAUXAnthony Joseph © Fred ThomasCabaret rockUn drugstore et de vieilles berlines américaines,garées au bord d’une longue route rectiligne… AuCabaret aléatoire le 5 décembre, il suffisait de fermerles yeux pour être plongé dans un décor à laTarantino. Armée de sa guitare, Sallie Ford et sestrois compères du Sound Outside ont fait swinguerprès de 200 personnes.Ce quartet de Portland sonne très fifties. Il ressuscitel’esprit du début du rock’n’roll tout en évitantla parodie. Le Sound Outside (guitare, basse, batterie)se balade sans faire d’étincelle entre blues etrock primitif, swing ou rockabilly. Mais c’est le timbreet le charisme de la jeune chanteuse qui élèventle niveau du groupe.Le début du concert est plutôt chaotique suite à desennuis techniques. Mais dès que Sallie Ford attaqueseule l’intro de Write me a letter, on comprend quecette fille a un don. Sa voix brute et puissante, augrain rocailleux, est si expressive, vivante, qu’elletouche les plus hermétiques. Sans chercher la démonstrationtechnique, Sallie Ford envoie franchementtoutes les émotions qui la brûlent et ça vous hérisseles poils. Cachée derrière ses lunettes et saguitare, la jeune artiste chante la vie avec une telleintensité qu’elle vous embarque sans crier gare…K.DSallie Ford © Melanie BrownLa rage positiveL’enthousiasme régnait sur Le Moulin le soir du 6décembre. Keny Arkana y présentait à guichet ferméson nouvel opus Tout tourne autour du soleil dansune ambiance des plus chaleureuses. Accompagnéede RPZ, DJ DRK et de quatre autres musiciens (clavier,guitare, basse et batterie), elle s’est donnée àfond pendant plus de 2h de concert. Son nouveaurépertoire conserve une solide base hip-hop maisemprunte également des sonorités et des rythmesà d’autres styles comme le ska (J’ai osé ), le reggae(Car nous sommes le monde) ou encore l’electro (Capitalede la rupture).Devant une mer de poings levés, elle incarne passionnémentses textes contestataires et engagés.Véritable artiste militante, elle aborde des thèmestel que l’écologie, la solidarité, la révolution, l’altermondialisme, sans jamais tomber dans la caricature.Elle transmet son message combatif, ses valeurshumanistes, ce qui ne l’empêche pas de s’amuseravec le public. Sur le titre Planquez-vous, elle improviseune partie de cache-cache avec 1500personnes (pas évident), invitant chaque spectateurà se «planquer» pendant le refrain. Bref KenyArkana sur scène, c’est la rage, l’espoir et la force.Impressionnante…K.DKeny Arkana © X-D.R.


MUSIQUE 33Changer le mondeQu’aurait été le monde si les croisades étaient cellesde la rencontre et de l’échange entre les peuples ?demande Laurent Mignard. Trompettiste et compositeuril ancre son jazz dans la réalité. Sondiscours s’engage, un brin décalé, sur tous lessujets de la vie dans la société. Un jazzman qui seraitsociologue, économiste et philosophe, comme leprouve son blog. Sur scène, il manie l’humour pourintroduire ses compositions aux titres évocateurstels Frenetic City, Nomad, Playmobil Festival ou OldWorld. La contrebasse d’Eric Jacot, ou son oud, etle batteur Luc Issenmann impulsent une grandeénergie au 4tet. La musique se nimbe de colorationsparticulière grâce aux saxophones de GeoffreySecco et aux différentes sourdines utilisées par latrompette de poche.DAN WARZYCe concert a eu lieu à l’AJMI le 7 décdans le cadre de Jazz en Scènes.Pour Verona la formation du pianiste FrançoisChesnel qui a joué en première partie de soirée,voir www.journalzibeline.frCD : Good News Laurent Mignard Pocket QuartetLabel AMOCwww.laurentmignard.comwww.goodnews-pocket.com (blog)Laurent Mignard Pocket 4tet @ Dan WarzyNoël bucco-rhodanienComme tous les ans, le Conseil Général des Bouches-du-Rhône propose une série de concerts pour les fêtes defin d’année : Les Chants de Noël, du 1 er au 23 décembre.Comme les années précédentes, et à l’occasion des20 ans de l’événement, quatre compagnies vont sillonnerle département pendant le mois de décembrepour donner 55 représentations gratuites.Le projet artistique explore quatre thématiques avecquatre groupes différents. Le Nine Spirit de RaphaëlImbert représente le Noël du Delta, une créationimprégnée de l’esprit du Sud, des Etats Unis à laFrance, un jazz entre Provence et Mississippi.L’association Musique Conte Etc production etl’Ensemble Multitude proposent un spectacle decontes musicaux autour de la Nativité. Leur musiqueriche est tissée d’influences orientales, balkaniquesou portugaises. Ils sont le Noël des quatre vents.Le trio féminin Assurd présentera le Noël de l’Italiedu sud. Leur projet haut en couleur inspiré dechansons traditionnelles napolitaines «Cantato deipastori», mêle compositions et chants classiques.Enfin, un groupe spécialement constitué pour l’occasionoffrira le Noël des Balkans. L’ensembleMayé et le quatuor Balkane/Ecume exploreront leschants grecs et bulgares, inspirés des traditionsByzantines.KEVIN DERVEAUXNoël des BalkansLe 12/12 - Marseille Eglise Sainte Anne 20h28, rue Thieux 13008Le 13/12 - Marignane Théâtre Molière 19h53,55 Avenue Jean Mermoz 13700Le 16/12 Marseille Cathédrale de la Major 17hPlace de la Major 13002Le 18/12 - Marseille Eglise Saint Just 18h68, rue Alphonse Daudet 13013Le 20/12 - Marseille Eglise de Mazargues 20h30Place Saint Roch 13009Le 21/12- Fos s/mer Maison de la Mer 20h30Avenue des sables d’or 13270Le 22/12 - Salon de ProvenceCollégiale Saint Laurent 19h206, rue des Jardins 13300Le 23/12 Port Saint Louis du Rhône Eglise 18hAvenue du port 13230Noël des 4 VentsLe 12/12 - Marseille Eglise Sainte Marguerite 20h20, place Antide Boyer 13009Le 13/12 - Marseille Eglise Saint Pierre 18hPlace Pol Lapeyre 13005Le 14/12- Arles Théâtre Municipal 19h30Boulevard Clémenceau 13200Le 17/12- La Ciotat Salle Paul Eluard 19hAvenue Jules Ferry 13600Le 18/12 - Gréasque Salle Raymond Galhuid 20hRue Laterina 13850Le 19/12 - Marseille Eglise Saint Loup 20h3071, boulevard Saint Loup 13010Le 20/12 - Marseille Eglise Saint Barthélémy 18h12, Avenue Claude Monet 13014Le 21/12 Aix en ProvenceMaison du Château de l’horloge 18h5, rue du Château de l’Horloge 13090Noël de l’Italie du SudLe 12/12 - Allauch Eglise Saint Sébastien 20hPlace Pierre Bellot 13190Le 13/12 - MarseilleOeuvre Saint Louis de Gonzague 20h211, rue d’Endoume 13007Le 14/12- Marseille Eglise Saint Mître 20h67, chemin de Saint-Mître à Four de Buze 13013Le 15/12- Marseille Eglise les Aygalades 20h3024, rue René d’Anjou 13015Le 16/12 - Châteaurenard Eglise Saint-Denys 18h15Place Jeanne d’Arc 13160Le 19/12 - Mallemort Salle des Fêtes 19h30Place Raoul Coustet 13370Le 20/12 - Marseille Eglise de la Capelette 19h7, boulevard Saint Jean 13010Le 21/12 - - Martigues Salle du Grès 20h30Boulevard Léo Lagrange 13500Le 22/12 - Marseille Eglise de l’Estaque 20h6, rue Jumelles 13016Noël du DeltaLe 12/12 - Marseille Eglise Saint Barnabé 19h30Place Caire 13012Le 13/12 - Gémenos Eglise Saint-Martin 19h301, rue Marius Roubaud 13420Le 15/12- Marseille Eglise Saint-Pierre Saint-Paul 15h64, rue Léon Bourgeois/161, boulevardde la Libération 13001Le 16/12 Velaux Espace Nova 17h30997, avenue Jean Moulin 13880Le 17/12- Aix en ProvenceEglise Saint Jean de Malte 20h30Rue Cardinale 13100Le 18/12 - Marseille Eglise Saint-Lazare 17h3013, rue Saint-Lazare 13003Le 19/12 - Miramas Eglise Saint Louis 20h30Place Jourdan 13140Le 20/12 - Marseille Eglise Saint Henri 20h12, chemin du Passet 13016Le 22/12 - Chateauneuf Les MartiguesSalle des Fêtes Léo Lagrange 20h3, place Bellot 13220www.culture-13.fr/agenda/les-20-ans-des-chantsde-noel.html


AU PROGRAMME34THÉÂTREDire non à la guerreSallinger © Pierre GrosboisHomosexuelles au XVII e siècleÉtonnant que cette comédie soit tombéedans l’oubli durant près de 400ans ? Non, quand on sait le tabou quipèse, aujourd’hui encore, sur l’homosexualitéféminine. Iphis et Iante, dansun style baroque assez proche descomédies de Corneille, reprend lamétamorphose d’Ovide qui voit Iphis,élevée comme un homme, aimer Ianthédésespérément («Quelle est cettepassion étonnante, bizarre et nouvelle ?Les dieux devaient-ils me donner despenchants que condamne la nature ?»).Isaac de Bensérade, contrairement àOvide, situe la «métamorphose» d’Iphisen homme après la nuit de noces, quiest décrite par les deux femmes commele sommet du plaisir… Sa comédies’enquiert aussi des élans d’Ergastepour Iphis dans ses habits d’homme.Puis après la transformation sexuelledu «mari», les dialogues s’attachent àdécrire les sensations du corps nouveau,et les conséquences pour le couplede ce changement de genre. Quoi deplus actuel ?Aujourd’hui, alors que le mariage homosexuelest à la fois légalisé et attaqué,Jean-Pierre Vincent fait redécouvrircette comédie qui fut rapidement escamotéedes scènes. Une création,produite par le Gymnase, avec unetroupe de jeunes acteurs, que n’a paslabellisé MP2013. Pourtant le bazardes genres est à son programme. Mais,semble-t-il, pas le texte de théâtre…La grande clameur glamour des Mireilles,un lâcher de Mireille Mathieu chantant«femme amoureuse» en play back, aquant à elle reçu l’approbation de laCapitale européenne. Autre travestissement,plus fun, ironique et distancé…notre culture ?A.F.Iphis et Iantedu 15 au 19 janvThéâtre du Gymnase, Marseille08 2013 2013www.lestheatres.netSallinger n’est pas un texte facile, et ilconvient d’y entrer vierge d’attentes.Car Salinger, avec un seul l, l’auteur américainau sujet duquel Koltès devaitécrire sa première pièce, en est absent.Du moins apparemment. Autrefait troublant : le personnage principalqui la traverse, le Rouquin, est mort. Etpas comme un spectre Shakespearien :c’est un interlocuteur normal, dansant,coloré et débordant d’une vitalité quin’anime pas les autres…Une fois cela admis il reste un écueilpour entrer dans ce texte magistral : siKoltès emprunte ici à la dramaturgieclassique l’emploi des confidents, il vaà contre-courant du schéma dramatiquehabituel des pièces françaises, enrefusant d’exposer l’action. Il laissesourdre peu à peu l’enjeu réel, son lienavec Salinger, auteur qui décrit le passageà l’âge adulte comme personne,traumatisé par la guerre et sa propreexpérience de libération des camps. LeRouquin, et son frère Leslie, sont en cesens Salinger, même s’ils ne sont pasécrivains, et ressemblent aussi à Holdende L’Attrape-cœurs.Car dès la première scène c’est l’Amériqueva-t-en guerre qui est là, celle quis’apprête à sacrifier ses fils au Vietnamcomme elle l’a fait en Corée, et imposeau monde une prétendue normalité totalementschizophrénique. C’est pourquoiles veuves hurlent, les pères se vengentsur leurs fils, les mères pleurent,les frères errent et entrent dans la carrièrequand leurs ainés n’y sont plus.Koltès met en mots cette histoire dégradéequi bégaye, dans des monologuessuccessifs que viennent interromprequelques dialogues jamais explicatifs,tandis que l’intrigue, toute en ellipses,retour en arrière et plongées vers l’avant,se dessine dans les monologues et lesdialogues avec le frère mort.La mise en scène de Catherine Marnastravaille à rendre ces détours limpides,à éclaircir l’implicite de cette pièce à laforme inattendue, et à faire entendreau-delà du texte les futures guerresaméricaines, Afghanes ou Irakiennes,comme si Koltès déjà les pressentait.Les plans dramaturgiques sont symboliséspar un découpage de l’espace enprofondeur et en hauteur, les personnagescaractérisés par leurs costumes,les morceaux de bravoure -le texte enregorge- sont travaillés au millimètre etofferts généreusement à l’avant-scène,pour que tout s’entende. L’ambigüitéaméricaine éclate lorsque le frère et lasœur, la mère et le père, dansent légèrement,comme à Broadway, devant laveuve ou sur le champ de bataille. Lescomédiens de la Compagnie Parnas-mater dolorosa complaisante, pèreodieux et pitoyable, confident-repoussoirdésespéré- composent des personnagesdissociés comme seul Koltès savaitles écrire. Les comédiens du ThéâtreNational de Strasbourg rejoignent lapartition parnassienne et incarnent lespersonnages jeunes en imposant leurtalent : la veuve et la sœur hurlent dedouleur progressive ou obstinée, laconfidente joue un hilarant bon sensde vaudeville, le mort explose d’unejoie tapageuse de beatnik, en équilibresur sa tombe, et le frère impose de savoix grave la vacuité de son destin dechair à canon. Une fois encore la directiond’acteurs de Catherine Marnas estune démonstration de précision, etd’intelligence dramaturgique.AGNÈS FRESCHELles 25 et 26 janvThéâtre Liberté, Toulon04 90 00 56 76www.theatre-liberte.frle 29 janvThéâtres en Dracénie, Draguignan04 94 50 59 59www.theatresendracenie.comSallinger a été crééau Théâtre Nationalde Strasbourg le 20 novet joué jusqu’au 7 décÀ venirle 11 janvLes Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.frle 15 janvLa Passerelle, Gap04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.eule 31 janvLa Colonne, Miramas0810 006 826www.scenesetcines.frle 2 févLe Cratère, Alès04 66 52 52 64www.lecratere.frle 5 févThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.comle 12 févThéâtres en Dracénie,Draguignan04 94 50 59 59www.theatresendracenie.comJean-Pierre Vincent © Vincent LucasLes Mireillesle 12 janvThéâtre du Gymnase, Marseille08 2013 2013www.lestheatres.netle 11 janvAuditorium de Vaucluse, Le Thor(ré-ouverture)04 90 33 97 32www.artsvivants84.fr


Le BourgeoisgentilhommeFin connaisseur de Molière, Denis Podalydès meten scène la comédie ballet mise en musique par Lully,imaginant Monsieur Jourdain (Pascal Rénéric) enbourgeois qui se rêve poète et amis des Arts. Unroturier qui fonce et trébuche, incapable de devenir«l’autre» qu’il aimerait être, comique sans le savoir ens’aventurant dans les territoires inconnus de la culturedominante. Une version complète où la musiqueoriginale (dirigée par Christophe Coin), la danse, l’artpoétique, la mode (costumes de Christian Lacroix)et le beau langage sont convoqués sur le plateau pourretrouver le sens de l’art scénique total.du 5 au 11 janvLa Criée04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.comMemoryUne variation moderne et poétique à la recherche dutemps perdu par Vincent Delerm. Accompagné parle musicien Nicolas Mathuriau, et la complicité artistiquede Macha Makeïeff, le chef de file de la«nouvelle vague» de la chanson française présenteson premier spectacle de théâtre, déroulant ses penséesintérieures et son cinéma muet avec ses chansons,récits, photos et films. Confession d’un enfant du siècle ?le 14 décLa Criée04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.comle 13 décThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr© Pascal Victor Vincent Delerm © Aglae BoryLe VicaireUn demi-siècle après sa création, la première piècede Rolf Hochhuth tend un miroir implacable de noscompromissions. Jean-Paul Tribout reprend l’œuvresur l’ambiguïté des rapports du pape Pie XII avec leIIIe Reich en un oratorio vibrant, inscrit dans uneperspective contemporaine. Une adaptation quiprésente les controverses de l’Histoire et engage laconscience du spectateur dans le débat. Une œuvresalutaire et audacieuse, qui souffle sur des braises.le 15 décLe Toursky0 820 300 033www.toursky.orgles 13 et 14 décChêne Noir, Avignon04 90 82 40 57www.chenenoir.frEl tiempo todoenteroLa dramaturge argentine Romina Paula adaptelibrement La Ménagerie de verre de TennesseeWilliams. Dans Le temps tout entier, elle poursuit lemélodrame en donnant la parole au personnage de lasœur, Antonia, perdue dans les méandres de l’amour.Loin des archétypes de la tragédie autobiographiquede Williams, ici tout le monde est libre… mais chacunest retenu par ses névroses dans un temps distendu.Des acteurs exceptionnels pour une piècepsychologique et subtile programmée par les ATPd’Aix. Spectacle en argentin sous titré.le 11 janvPavillon Noir, Aix0 811 020 111www.atpaix.comle 15 janvThéâtre d’Arles04 90 52 51 55www.theatre-arles.com© Lot © X-D.R.THÉÂTRE41 35Le voyage d’Aliceen SuisseLa pièce de Lukas Bârfuss, prix Adami 2011, retraceles scènes de la vie de l’euthanasiste Gustav Strom.Présenté par l’Atelier Théâtre Actuel, ce voyage queprojette de faire Alice aborde avec habileté lesbouleversements provoqués par le thème del’euthanasie sur le patient et son entourage.le 15 janvSalle Émilien Ventre, Rousset04 42 29 82 53www.rousset-fr.comMon képi blancPlongée abyssale dans la tête enfumée d’un légionnaire,le monologue de Sonia Chiambretto frappefort. Les cheminements de sa pensée engourdie,violente, primaire, sont rendus dans une langue drue,hurlée par Manuel Vallade sans discontinuer, misen scène avec une limpidité musicale, comme unepartition sonore, par Hubert Colas. Estomaquant.les 14 et 15 décBois de l’Aune, Aix04 42 93 85 40www.agglo-paysdaix.frAU PROGRAMME© Sylvain Couzinet-Jacques


AU PROGRAMME36THÉÂTRESuper heureux !Artiste associé aux Salins, Jean-Claude Beruttireprend la pièce de Silke Hassler créée la saisondernière, pour deux comédiens (Julie Delille etVincent Dedienne). Une comédie contemporaine,drôle et entraînante, autour de la question de l’amouret du couple à l’ère de la communication toutazimuts.les 20 et 21 décLes Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.frInstants critiques© Manuelle ToussaintLe temps nousmanqueraLa Cie L’Employeur (Édith Mérieau, Alexandre LeNours, Stéphane Gasc) écrit, met en scène et joueses spectacles, afin de faire surgir une écrituredramatique nouvelle, totale. Ici il est question d’unmort, d’une séparation, d’une absence, et decomment vivre avec les deuils et les petitsrenoncements. Trois comédiens singuliers, différents,jeunes, formés à l’Erac, qui savent aussi écrire, pourla scène.du 13 au 15 décThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.frVillégiatureThomas Quillardet et Jeanne Candel mettent enscène les deux premiers volets de la trilogie de CarloGoldoni, retrouvant la puissance de la satire d’uneVenise décadente. Les jeunes acteurs, au jeu préciset généreux, décapent littéralement la pièce enincarnant l’histoire de ces bourgeois grotesques quis’ennuie dans ses demeures de campagne. Unegénération perdue dans un monde sacrifié à ladéroute économique.les 18 et 19 décThéâtre d’Arles04 90 52 51 51www.theatre-arles.com© Michel Guilllerot© Kim Lan Nguyen ThiFrançois Morel redonne vie aux échangespassionnés entre les deux critiques de cinéma desannées 60/70, Georges Charensol et Jean-LouisBory, dans l’émission radiophonique Le Masque et laPlume. Affrontements dithyrambiques, langage fleuri,vision du monde aux antipodes, piques et louanges,les deux anciens Deschiens, Olivier Saladin etOlivier Broche, accompagnés par LucrèceSassella, retrouvent tout leur mordant. Savoureuxet drôle.le 15 décLa Colonne, Miramas04 90 50 05 26www.scenesetcines.frZoomLa détresse d’une mère égarée qui s’invite à uneréunion de parents d’élèves et retrace le parcours deson fils Burt, un «enfant difficile» comme on lui aappris à dire. Interprété avec justesse par lalumineuse Linda Chaïb, le texte de GillesGranouillet raconte les espoirs perdus d’une mère«à côté de la plaque», touchante malgré le grotesque.le 12 décThéâtre de l’Olivier, Istres04 42 56 48 48www.scenesetcines.fr© Christophe Raynaud de Lage Festival d'AvignonNouveau RomanLe spectacle de Christophe Honoré joué par unepléiade de comédiens stars sait installer une bellenonchalance sur scène, désinvolture un brin aristo,remodelée sixties… Mais le Nouveau Roman n’estpas là. Ni ses problématiques d’écriture, évoquéessurtout pour s’en moquer, ni ses écrivains singuliers,campés par des corps trop jeunes et triomphantspour symboliser la profondeur de leurs mondes, etleurs échecs. Le Nouveau Roman n’est ni beatnik, niSaint-Germain, il puise sa source dans le formalismerusse, et le traumatisme de la guerre…du 10 au 12 janvThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.frEnquête surun grand chantierAprès 15 jours de résidence au théâtre de Fos,Agnès Régolo présente une étape de création deson projet adapté d’Enquête sur un grand chantierd’Hélène Vésian. Un scénario mêlant suspens etrécits fragmentés, basé sur les témoignages deshabitants de Fos, Istres, Port-Saint-Louis etMartigues. Avec le comédien Kristof Lorion.le 12 janvThéâtre de Fos04 42 11 01 99www.scenesetcines.fr


Bonheur titreprovisoire© Manuel PascualLa fausse suivanteUn Marivaux où le jeu des masques est poussé àl’extrême, démontant les rouages d’une société quivit dans le paraître, prête à toutes lescompromissions. Une pièce de choix pour lesamoureux du théâtre avec cette mise en abîme desmasques. Un régal mené de main de maître par lametteure en scène Nadia Vonderheyden.le 18 décLa Passerelle, Gap04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.euPlébiscité cet été dans le Off d’Avignon, la pièce miseen scène par Alain Timar offre un spectacle étonnantoù les approches du bonheur se confrontent àtravers trois personnages interprétés par PaulineMéreuze, Paul Camus et Alain Timar. Entre définitionset nécessité absolue du bonheur, à dressercomme infrangible rempart contre la souffrance et ledésespoir. Un spectacle qui interroge, porté par desuperbes comédiens.du 13 au 15 décThéâtre des Halles, Avignon04 32 76 24 51www.theatredeshalles.comMa MarseillaiseDarina Al Joundi brosse un superbe portrait defemme mis en scène par Alain Timar. Leçon decourage, d’humanité, parcours oh combien épineuxque celui qui permet l’obtention de papiers, lespapiers, nécessaires à l’installation en France aprèsle départ du Liban. Infatigable révolte contre lesinjustices, regard clairvoyant… finesse, humour,distanciation pour un bel hymne à la liberté.les 11 et 12 janvThéâtre des Halles, Avignon04 32 76 24 51www.theatredeshalles.comSonia ChiambrettoArtiste associée au Théâtre Durance, SoniaChiambretto invite Hubert Colas avec DiphtongCie pour une mise en lecture de son texte, Zoned’éducation prioritaire, qui livre une lecture neuve del’espace construit pour les adolescents. Ce sont euxqui mènent ici une visite commentée de leur lycée :un monde codé, rythmé par les sonneries, les appelsau micro, contrôlé par des caméras devidéosurveillance. Mais c’est bien Chiambretto quiécrit : le cadre est remis en question, et une nouvellegéométrie se dessine…le 14 décThéâtre Durance, Château Arnoux04 92 64 27 34www.theatredurance.fr© Didier GrappeLebensraum«Je lance une invitation à six millions de Juifs à venirpoursuivre leur vie en Allemagne.» Ainsi débute lepropos de la pièce d’Israël Horovitz. Répondant auprojet de Rudolph Stroiber, chancelier allemand fictifdu début du XXème, cherchant à racheter la hontequi pèse sur son peuple depuis l’holocauste,enchaînant de multiples réactions… La compagnievaroise L’Écho dans une mise en scène de XavierHeredia s’attache à ce texte provocateur et riche deprolongements.le 13 décPalais des Congrès, Saint-Raphaël04 98 12 43 92www.aggloscenes.comVisitesL’Autre Compagnie met en scène la pièce de JonFosse : famille banale, et pourtant, secrets enfouis,mensonges, jeu de non-dits… Une complexité qu’uneapparente banalité couvre d’un masque... Dans unsalon blanc, glacé, les personnages (la fille, le frère,la mère, l’ami de la mère) évoluent, interrogent.L’essentiel jamais ne se formule, ne se dessine quepar son absence, comme celle inexpliquée du père.Un spectacle tout en finesse, en rythmes cassés etsilences pesants, en faux-fuyants.le 15 janvThéâtre Le Forum, Fréjus04 94 17 73 70www.aggloscenes.com© X-D.R.


FestivalAmarellesLe festival jeune public accueille six spectacles, enséances scolaires ou en famille, autant de voyagesmêlant les arts et les disciplines dans des contréesfantastiques. Conte visuel et poétique pour uneréflexion écologique avec L’après-midi d’un foehn dePhia Ménard, qui donne naissance à une chorégraphiede danseurs de plastiques propulsés dans lescourants d’air au rythme de Debussy (9 janv). Rêverieet imageries aériennes avec S’envoler, contre boréalde Gilberte Tsaï (inspiré du roman de Selma Lagerlöf)dans lequel les aventures du jeune Nils célèbrentle bonheur d’exister (le 12). Avec D’une île à l’autre, lestout-petits seront comblés avec des chants et berceusesdu monde (le 16). Olivier Letellier présente (le 18)sa dernière création interactive et lumineuse, la Scaphandrière,une parabole sur la cupidité où la complexitédes relations filiales est à nouveau explorée. Dans J’avanceet j’efface, Alexis Armengol part sur les traces de lamémoire pour un voyage pluridisciplinaire au Japon (le22) et Michèle Nguyenreprend Vy(Molière du meilleurspectacle Jeune Public 2011), un seul en scène bouleversantet poétique autour des origines (23 janv).du 9 au 23 janvThéâtres en Dracénie, Draguignan04 94 50 59 59www.theatresendracenie.comÀ Bas BruitLe circassien Mathurin Bolze poursuit sa quêteartistique autour de la place de l’homme face à dessituations de risque et de solitude. Inspiré par l’ombrede Jean Rouch, à l’origine du «cinéma vérité», cettenouvelle création mêlera trampoline, acrobatie etdanse, «roue de hamster» à taille humaine et tapisroulant à l’infini avec les artistes de la compagnieMpta à l’incroyable maîtrise technique.les 10 et 11 janvLa Passerelle, Gap04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.euVy © J. Estades© Tom NealCarrouseldes moutonsUn piano-acrobate, un balai trapèze, d’innombrablesmoutons, une étrange frégate… le spectacle deD’Irque et Fien est une invitation à tendre la mainpour mieux saisir nos rêves, quand le temps s’arrêtepour laisser la place aux songes. Un spectacle sansmots qui laisse sans voix.le 20 décThéâtre Durance, Château-Arnoux04 92 64 27 34www.theatredurance.fr© Geert BramsLa petite marchanded’allumettesNicolas Liautard adapte le conte d’Andersen, devenu«patrimoine de l’humanité», pour une petite marchanded’aujourd’hui. Jouée par une enfant de son âge, ellepratique son commerce (illégal) dans un centre commercial,y croise des passants et des êtres fantasmagoriques.Il livre une partition visuelle, lumineuse et onirique,enfantant des images, des sons et des couleurs autourde ce conte traditionnel de notre enfance.le 29 décCarré Léon Gaumont, Sainte-Maxime04 94 56 77 77www.carreleongaumont.comSwiftÀ partir des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, lacompagnie Skappa ! & Associés s’engouffre dansles traces humaines laissées dans les villes, despistes imaginaires pour conduire à la découverte del’Autre. Embarquement pour un voyage aux proportionsdémesurées où l’ombre et la lumière seront lescompagnons de route d’un personnage confronté àla naissance d’un monde rapide et surprenante. Àpartir de 2 ans.le 11 janvThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.comles 15 et 16 janvLa Criée04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.comJEUNE PUBLIC41 39Noir et humideChristophe Laluque adapte la pièce de Jon Fosse,au style dense et répétitif qui rend concrètes lesgrandes questions de la vie. Acteurs et spectateursse tiennent au bord d’une cave, l’endroit où la jeuneLene voudra mesurer ses forces avec la figure noireet angoissante de l’inconnu. Une pièce sur le désiret la peur de grandir, en tournée Nomade(s).les 15, 18, 22 et 25 janvThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.comLes Diseusesde BellaventürContes tziganes et manouches pour un spectacletout public, interactif et polymorphe de la compagnieAprès la pluie. Une conteuse et une violoncellisteracontent les mémoires nomades de la culturetzigane, transmettent la saveur du texte oral et de ladifférence.le 19 décChêne Noir, Avignon04 90 86 74 87www.chenenoir.fr© AminTheatre© X-D.RAU PROGRAMME


Drôles de NoëlsLe Festival des arts de la rue fête sa 9 e édition avecdes animations et spectacles gratuits dans les lieuxpatrimoniaux et les rues d’Arles. Quatre jours pourdécouvrir la magie des arts vivants, en déambulant dansles rues arlésiennes, pendant la période magique desfêtes. Mécanique Vivante ouvrira le festival (à 19hle 21 déc, place de la République) avec l’installationconcertLe Chant des sirènes. Le public pourra chaquejour participer à la construction monumentale éphémèreen carton d’Olivier Grossetête, croiser lacrieuse de rue Zaza ou écouter les fanfares Dangubaou Gugusband, dans les rues de la ville. L’espaceVan Gogh recevra le théâtre de bricolage de la Ciedes Oufs et Bac à fouilles, une comédie archéoludiqueet musicale. À l’église des Frères Prêcheurs, cesont les acrobates Azeïn & Otto qui émerveillerontpetits et grands, au théâtre Antique les Installations defeu de la Cie Carabosse. Au théâtre d’Arles, AnneSylvestre sera reprise par Mine de Rien et sur le Parvisdes Arènes, la cie Bilbobasso présentera A fuegolento, un spectacle d’amour, de tango et de feu. Plusde 50 rendez-vous (pensez à réserver pour certains)et 16 compagnies professionnelles sont programméset durant toute la manifestation, le stationnement encentre-ville est offert par la ville. Noël avant l’heure !du 21 au 24 décDivers lieux, Arles04 90 18 41 20www.droles-de-noels.frGrande ClameurLe 12 janv à 19h pétante, rendez-vous est pris pour leweek-end d’ouverture de Marseille-Provence 2013,l’occasion de faire disjoncter la ville avec une GrandeClameur commune (voir Zib spécial MP2013).Pendant cinq minutes, alors que les éclairages publicsseront éteints, une vague sonore inédite à laquellechacun est invité à participer, annoncera l’ouverturede la Capitale culturelle : performances musicales,bruitages, chorales, percussions, sirènes, cornes debrume, cloches d’églises et carillons, résonnerontdans une trentaine de lieux participants, du Gymnaseà la Criée, du Dock des Suds à la Villa Méditerranée.le 12 janvwww.mp2013.frBilbobasso, A Fuego lento © Ludovic DescognetLe Conte d’hiverEntourés de marionnettes, six acteurs de la compagnieArketal jouent la tragicomédie de Shakespeare,à partir de la traduction de Bernard-Marie Koltès. Unehistoire sur l’éternel recommencement de la vie et lacroyance en l’humain, qui commence mal… et setermine en sacre du printemps.le 15 janvLa Colonne, Miramas04 90 50 05 26www.scenesetcines.frAlice au paysdes MerveillesLe Nouveau Cirque National de Chine reprend àson compte le roman de Lewis Caroll : magie des décors,des acrobaties, pour une Alice contemporainequi se cherche au cœur de la grande ville chinoise, sejouant des clichés liés au conte. La dramaturgie deFabrice Melquiot réussit à puiser un nouveau souffledans sa réinterprétation, avec une mise en scènede Renaud Cohen sur une idée de Brigitte Gruber.les 12 et 13 janvThéâtre Toursky, Marseille0 820 300 033www.toursky.orgLe carré curieuxPrenez quatre personnages timides mais curieux qui,cachés dans d’étranges cabanes, cherchent à jouer,à provoquer, avec beaucoup de malice. Quatre, pourun carré, pour des jeux acrobatiques, des transformationsinattendues… tendresse, complicité… une joliemanière de renouveler l’art du cirque. S’en délecterdès six ans !les 14 et 15 décLes Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr© Louis Fabries © Christophe Raynaud de Lage© L'immediatARTS DE LA RUE/CIRQUE41Tania’s ParadiseTania’s Paradise ou Solo pour contorsionniste de proximité,par la Cie Attention Fragile permet dedécouvrir une artiste exceptionnelle : la performancephysique est magnifique, mais surtout, la partition del’actrice. Tania Scheflan se raconte, ses élans, sesaspirations de jeune fille, ses indignations, sescolères, ses espoirs. Et elle sait aussi interpréter sesémois à la harpe… Un spectacle virtuose ! Attention,hors les murs, parc des Troènes.du 14 au 16 décThéâtre Marélios, La Valette du Var04 94 23 62 06www.lavalette83.frLe CabaretimprobableCamille Boitel et le collectif Immédiat proposentune soirée cabaret surprise. Homme ou femme, tousen robes de soirée, pour une machinajouer danslaquelle tout peut arriver, il suffit de se laisserembarquer par cette équipe circassienne,indescriptible et maîtresse dans l’art de ne rien figer,qui sait développer des projets… débordants.le 15 décVélo Théâtre, Apt04 90 04 85 25www.velotheatre.com© X-D.R.AU PROGRAMME


AU PROGRAMME42MUSIQUEAIXCentre Darius Milhaud : Soirée Jukebox, «Nos plusbelles années en chanson» (12/12), Shalom,musiques juives en ballade (19/12)04 42 27 37 94www.centredariusmilhaud.orgPasino : Alain Souchon (19/12)04 42 59 69 00www.casinoaix.comThéâtre et Chansons : Zigzagances (21/12)04 42 27 37 39www.theatre-et-chansons.comARLESCargo de nuit : Scratch Bandits Crew + Ladea(14/12), Raoul Petite (15/12)04 90 49 55 99www.cargodenuit.comAUBAGNEEscale : MC2 + Groove Buster (15/12), Café Jazzavec Beatrice Bini + Christian Bini + Florent Maynard(20/12), Apocalypse Night (21/12), Trop Puissant (9et 10/1), Café Jazz avec Nafas (17/1)04 42 18 17 18www.mjcaubagne.frComoedia : «Ça va jazzer !» avec Christian BonQuintet (18/1), Michel Portal et Bojan Z (19/1), YvesLaplane Quartet (20/1)04 42 18 19 88www.aubagne.frAVIGNONPassagers du Zinc : Les Yeux d’la Tête (15/12), LaCaravane passe + Vincha (21/12)04 90 89 45 49www.passagersduzinc.comAJMI : Misja Fitzgerald-Michel solo Tea-Jazz (13/1),Présentation des Ateliers (16/1), Jam Session #4(17/1)04 90 860 861www.jazzalajmi.comBERRE L’ETANGForum de Berre : Renaud Garcia-Fons solo (14/12),Minifocus (17/1)04 42 10 23 60www.forumdeberre.comBRIANÇONThéâtre du Briançonnais : Si la lune s’arrête, oùirons-nous chanter la nuit ? (14/12), Epi (21/12),Chloé Lacan + Ottilie B (11/1), Nevchehirlian (18/1)04 92 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.euCHÂTEAU-ARNOUXThéâtre Durance : Andy Sheppard + Michel Benita+ Sebastian Rochford (12/1)04 92 64 27 34www.theatredurance.fr///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////LA CIOTATPassion’Arts : Isabelle Aubret et Kumisa quartet(18/12)04 42 83 08 08CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNEAkwaba : Namogodine + Chatofort & RAPH +Papaya Cake (15/12), Noob + Madben + Jahbass (22/12)04 90 22 55 54www.akwaba.coopDIGNECentre culturel René Char : Presque Oui + ManuGalure (15/12)04 92 30 87 10www.sortiradigne.frDRAGUIGNANThéâtres en Dracénie : «D’une île à l’autre», chantset berceuses du monde (16/1)04 94 50 59 59www.theatresendracenie.comGRANSEspace Robert Hossein : Duende y luz (14/12)04 90 55 71 53www.scenesetcines.frHYÈRESThéâtre Denis : Fred Nevchehirlian + CatherineVincent (14/12), Concert de solidarité Cultures ducoeur organisé par Tandem avec Cosimo Blues Band+ Zenzoo (15/12)04 94 35 38 64ISTRESL’Usine : Lady Linn (14/12), Hubert Felix Thiefaine (12/1)04 42 56 02 21www.scenesetcines.frLE THORAuditorium de Vaucluse : Arthur H et NicolasRepac dans L’Or Noir (12/1), Manu & co (13/1),Evasion (19/1)04 90 33 97 32www.artsvivants84.frSonograf’ : Nico’zz band (18/1)04 90 02 13 30www.lesonograf.frLA VALETTE-DU-VARMarélios : Hifiklub & The Legendary Tigerman à LaTomate (11/1)04 94 23 62 06www.lavalette83.frMARSEILLEBMVR Alcazar : Ahmad Compaoré solo (11/1)04 91 55 90 00www.bmvr.marseille.frCabaret Aléatoire : Scratch Bandits Crew (12 et13/12), Da Cruz + RKK + Hugo Mendez (14/12),Speedometer live band (15/12)04 95 04 95 09www.cabaret-aleatoire.com///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Cité de la Musique : Festival Latinando (13/12),L’anima Lotta (14/12)04 91 39 28 60www.citemusique-marseille.comCri du Port : Sarah Murcia Caroline (17/1), DmitryBaesvsky 4tet (24/1)04 91 505 141www.criduport.frDan Racing : Orgone Gun (14/12), Power in skin(15/12), Looking for someone (21/12), The Shots(22/12), Rock Avenue (4/1), Depool (5/1), Elenyah+ Firewall + Fif (11/1), Plug and play + Aeroplane(12/1), MaDaal Doch + Les Ccar’s (18/1)06 09 17 04 07http://guitarjacky.free.frL’Embobineuse : Za ! + La terre tremble (15/12),Grand Bal de l’Apocalypse 3.0 (21/12)04 91 50 66 09www.lembobineuse.bizEspace Julien : Hyphen Hyphen + Dissonant Nation(14/12), Tremplin emergenza (21 et 22/12)04 91 24 34 10www.espace-julien.comL’éolienne : Françoise Atlan & Fouad Didi dansl’Esprit de Cordoue (15/12)04 91 37 86 89www.leolienne-marseille.frInga des Riaux : Thierry Maucci trio (14/12)06 07 57 55 58www.inga-des-riaux.fr/music.htmlLatté : Duo Compaoré-Hosdikian (14/12), MariannickSaint-Céran trio (15/12), Léotrio avec JoséCaparros (21/12), À 2 voix Pirro-Dos Santos (22/12),World Music (31/12)09 82 33 19 20www.lattemarseille.comLa Machine à Coudre : Forest Pooky + ChansonCastel (12/12), Katawumpus + Fillette (13/12),Mutacion Nacion (14/12), Crash Normal + la Sectedu futur + Sun Sick (15/12), Aimbass + Dj Big Buddha(20/12), Qwx (21/12), Conger Conger + Garces Kelly(22/12), Hush Hush + Blah Blah + Catalogue (11/1),Ensemble traditionnel oriental de Marseille (12/1)04 91 55 62 65www.lamachineacoudre.comLa Meson : Coton Candies (21/12), Malik Ziad#1(18/1), Malik Ziad#2 (19/1), Opus Neo1 OlivierMaurel (25/1), Mario Canonge & Michel Zenino (26/1)04 91 50 11 61www.lameson.comLe Moulin : Massilia Sound System (14/12),Alonzo (15/12)04 91 06 33 94www.lemoulin.org


Nomad Café : Daby Toure + Sibongile Mbmambo(14/12)04 91 62 49 77www.lenomad.comLe Paradox : Awek Blues (14/12),Removing Border (22/12)04 91 63 14 65www.leparadox.frLe Poste à Galène : La Fanfare du Belgistan (14/12),Colorful (14/12), La Fine équipe + Hoosky (21/12)04 91 47 57 99www.leposteagalene.comRouge : Jazz groupD6 Kind of Guy (14/12), Bluesanarseillais (10/1)04 91 07 00 87www.jazzaurouge.musikmars.comwww.henrivoitrouge.comRoll’ Studio : Musica Grazia (5/1), Koedinger-Murphy-Tonton Salut Alto session (19/1)04 91 64 43 15 ou 06 86 72 83 96www.rollstudio.frStation Alexandre : Les Oignons (26/1)04 91 00 90 04www.station-alexandre.orgLe Silo : Laurent Voulzy (12/12), La nuit du Gospel(19/12) Freedom jass dance (12/1)04 91 90 00 00www.silo-marseille.frThéâtre Nono : Réveillon avec Ahmad Compaoré (31/12)04 91 75 64 59///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////MAUBECLa Gare : Alatoul + Merci Marlène (14/12)04 90 76 84 38www.aveclagare.orgMIRAMASCinéma Le Comoedia : Ronald Baker 5tet (20/12)04 90 50 14 74www.scenesetcines.frNIMESPaloma : Fills Monkey (12/12), Finale Buzz Booster(13/12), Festival 10 ans Kourt’Echel (14/12),Stupeflip (20/12)04 11 94 00 10www.paloma-nimes.frOLLIOULESChâteauvallon : Gamblin Jazze Dewilde sextete (18/1)04 94 22 02 02www.chateauvallon.comPORT-DE-BOUCLe Sémaphore : Noël au théâtre avec Robinson entrio (20 et 21/12)04 42 06 39 09www.theatre-semaphore-portdebouc.comSAINT-MAXIMINCroisée des Arts : Charles Berling «Jeune chanteur»(15/1)04 94 86 18 90www.st-maximin.frSAINT REMY DE-PROVENCECinéma Le Palace : Jazz au Ciné (13/12)www.jazzasaintremy.free.fr/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////MUSIQUE 43SALON-DE-PROVENCEPortail Coucou : Yalta club + Honey Pony (14/12),Lescop (15/12)04 90 56 27 99www.portail-coucou.comIMFP - Salon de Musique : Doodlin’ (18/12)04 90 531 252www.imfp.frLA SEYNE SUR MERFort Napoléon - ArtBop : Gerard Murphy 5tet(11/1), Paul Pioli trio (25/1)04 94 09 47 18www.ot-la-seyne-sur-mer.frVENELLESMJC : Romain Didier (11/1)04 42 54 71 70www.mjc-venelles.orgEglise : Soul Gospel (16/12)04 42 54 93 10www.venelles.fr/cultureAU PROGRAMMEIn a landscape10 e édition du festival Nuits d’Hiver du 12 au 21 décembreLe Grim fêtera le centenaire de la naissance de John Cage à travers le NH#10avec une programmation originale et révélatrice de l’activité protéiforme ducompositeur américain. Artiste serait plus approprié pour désigner celui qui fut undes précurseurs de l’ouverture au monde sonore du XX e siècle, conférenceéponyme de Jean-Yves Bosseur, à ne rater sous aucun prétexte (12/12 à 17h àl’Alcazar). À 20h Montévidéo accueillera la violoniste Takumi Fukushima. Desconcerts performances (A. Schellow et J.M. Montera à la Compagnie le 14 décà 21h et le Cabaret Contemporain avec E. Jaumet à la salle Seita le 13 déc à21h30) tisseront une toile commentée d’un Discours sur Rien par Bernard Blochet Freddy Eichelberger à l’orgue (Temple Grignan le 16 déc à 17h30) etconclue par une conférence de Sarah Haefeli sur l’École de New York (+ unconcert de Christian Wolff au Klap le 21 déc à 19h). Avec en plus desprojections, concerts et expositions, cette dixième édition «cagienne» s’annoncepleine de promesses.FRED ISOLETTANH#10du 12 au 21 décDivers lieux, Marseille04 91 04 69 59www.grim-marseille.comFestival FlamencoAu cœur de l’hiver, depuis 23 ans, Nîmes devient la terre d’élection de la cultureflamenca. Pendant plus de 10 jours, le Festival de Flamenco s’étendra du Théâtreà l’Odéon jusqu’aux ruelles de la Cité des Antonins avec des spectacles, desconférences, projections, expositions et stages. Un rendez-vous où se croisent lesartistes les plus créatifs et tous les amateurs de cet art majeur, dès le plus jeuneâge. Antonio Moya, l’enfant du pays devenu maitre de la guitare, symbolise lesliens qui relient la région à l’Andalousie, et offrira le flamenco le plus authentiqueentouré de sa tribu d’intimes. Deux chanteurs inédits en France se produiront : lajeune prodige Celia Romero et Pedro Cintas accompagné par le remarquabledanseur Jesús Ortega. Carmen Linares fera son grand retour dans unhommage éblouissant aux poètes et les étoiles montantes donneront des concertsacoustiques : le chanteur José Méndez (avec Antonio Moya) et Rocio Márquez,en duo avec le guitariste Alfredo Lagos à la salle Paloma, qui recevra égalementTomasito pour un show décapant et burlesque.Côté danse, se succéderont Leonor Leal dans Flamenco en el recreo, unparcours vivifiant à suivre dès 6 ans, l’inclassable Eva Yerbabuena récompenséeà la Biennale de Séville en 2010, la danse pure de Javier Barón, l’explosif MarcoFlores entouré uniquement de femmes, la marseillaise Ana Pérez et le danseurgitan Bobote, pour une soirée festive d’exception.DE.Mdu 7 au 19 janv04 66 36 65 10www.theatredenimes.comTakumi Fukushima © Giannipetta


AU PROGRAMME44MUSIQUEMusiques en Cité(s) 2La Sonate pour piano (Bruno Robillard) et violon(Agnès Pyka) de Poulenc, une de Mozart (KV 373)et la 1 re Sonate de Schumann.MARSEILLE. Le 14 déc à 20h.Bastide de la Magalone04 91 39 28 28www.citemusique-marseille.com/06 11 16 87 21HymnisMusique romantique allemande et italienne par lesvoix féminines dirigées par Bénédicte Peireira.MARSEILLE. Le 14 déc à 20h30.Atelier des Arts (133 bd Ste-Marguerite)06 31 85 22 42www.hymnis.free.frFolle NuitAnne Queffelec © X-D.RAprès le succès de la «Folle Criée» à Marseille (voirp 29), René Martin déroule comme chaque annéeson concept à Nîmes avec Anne Queffelec, lessœurs Bizjak (duo de piano), le QuatuorModigliani pour cinq concerts de 45 mn environ,qui se succèdent autour de la «Musiques françaiseet espagnole» de Debussy, Ravel, Chabrier, Satie,Hahn, Fauré, Poulenc…NÎMES. Le 15 déc à partir de 15h30.Théâtre04 66 36 65 00www.theatredenimes.com///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Jeux d’enfantsPiano à quatre main : Marie-Josèphe Jude etMichel Beroff dans la Petite suite de Debussy, Jeuxd’enfants de Bizet, Dolly de Fauré et Ma Mère l’Oyede Ravel. For childrens !MARSEILLE. Le 15 déc à 20h.La Criée04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.comConcert enregistré en direct par le label LyrinxArabesMusiques traditionnelles et classiques du mondearabe par des «Elèves et anciens du ConservatoireEdward Saïd de Palestine».ARLES. Le 16 déc à 11h.Méjan04 90 49 56 78www.lemejan.comLa PéricholeAprès le succès de L’Heure Exquise, un montaged’extrait fort réussi (voir Zib’ 56), la Troupe LyriqueMéditerranéenne s’attaque à une œuvre complète,mise en scène, jouée, chantée avec, on l’imagine,beaucoup de fantaisie : l’opérette La Péricholed’Offenbach s’annonce drôle et lyrique à souhait !MARSEILLE. Le 16 déc à 15h.Théâtre du Lacydon (Le Panier)06 60 36 99 09www.troupe-lyrique.comViolon et pianoArnaud Tournier et Frédéric Isoletta dans desMusiques tsiganes, airs populaires des Pays de l’Est.MARSEILLE. Le 16 déc à 17h30.Comptoir de la mode (Rue Breteuil)06 14 31 59 55www.fnac.comScènes de balconÀ la rencontre de l’opéra : projection commentéepar Valérie Brotons-Bedouk responsable de laVidéothèque d’Art Lyrique Méjanes.MARSEILLE. Le 18 déc à 17h.Alcazar. Entrée libre04 91 55 90 00www.bmvr.marseille.frScène ouverte…… aux élèves des classes de musiques actuelles dela Cité de la Musique, flûtes et clarinettes de FannyPalisse et Noémie Elbaz.MARSEILLE. Le 18 déc à 19h.Cité de la Musique. Auditorium04 91 39 28 28www.citemusique-marseille.com///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Quatuor Pavel HaasQuatuor Pavel Haas © Marco BorggreveL’un des quatuors (basé à Prague) les plus fameuxde la jeune génération dans Britten, Chostakovitchet Tchaïkovski.MARSEILLE. Le 18 déc à 20h.Auditorium de la Faculté de Médecinewww.musiquedechambremarseille.orgou Espace Culture 04 96 11 04 60Liberté chantéeAu théâtre toulonnais on joue la carte de lachanson et du théâtre musical : après CharlesBerling qui joue au «jeune chanteur» et VincentDelerm pour son «Memory», c’est au tour d’OlivierPy de faire son show : une revue de music-halltransformiste où l’acteur et metteur en scène«chante miss knife» (voir p 18).TOULON. Le 21 déc à 20h30.Théâtre Liberté04 98 00 56 76www.theatre-liberte.frEpiLe chant diphonique mongol d’Enkh Jargal (ditEpi), passé maître dans l’art de produire plusieurssons simultanés : une tradition ancestrale de chantharmonique et chamanique.BRIANÇON. Le 21 déc à 20h30.Théâtre du Briançonnais04 42 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.euAve Maria«Les plus beaux Ave Maria et Œuvres du temps deNoël» signées Caccini, Gounod, Bach, Mozart,Verdi… Avec Annabelle Sodi (soprano) et BenoîtDumont (orgue).FUVEAU. Le 22 déc à 20h30.Eglise St-Michel04 42 50 49 77 Office du tourismeQuatre mainsMartin Gester et Aline Zylberajch au piano-fortepour des Sonates à quatre mains de Mozart.ENTRAIGUES SUR LA SORGUE.Le 28 déc à 20h15.La Courroie04 90 32 11 41www.lacourroie.org (pas de réservation)


La Veuve JoyeuseEn Avignon, on perpétue une tradition : on faitrimer fêtes et opérette ! Autour du réveillon, onpasse «l’heure exquise» en compagnie du chefd’œuvrede Franz Lehar (1909, version française),transposé par Jacques Duparc dans les Années 50.Benjamin Pionnier dirige l’OLRAP, les Chœur &Ballet de l’Opéra-Théâtre, Sophie Marin-Degor(Missia) et Armando Noguera (Danilo).AVIGNON. Les 29, 31 déc à 20h30 et le 30 décà 14h30. Opéra-Théâtre04 90 82 42 42 www.opera-avignon.frZorba le GrecC’est en dansant qu’on passe le réveillon à Toulon !Et la musique de Theodorakis est chantée et jouéepar les Chœurs et l’Orchestre de l’Opéra.TOULON. Les 29, 31 déc à 20h et le 30 déc à14h30. Opéra04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr© Frederic Stephan////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Italiana in AlgeriMarie-Ange Todorovitch © Raphaelle DuroselleÀ Marseille, on passe en 2013 au rythme hallucinéde la musique de Rossini et son orientalisme dixneuviémiste: L’Italienne à Alger est chanté parMarie-Ange Todorovitch, Eduarda Melo, FrédéricAntoun, Alex Esposito, Marc Barrard dans unemise en scène de Nicola Berloffa (dir. GiulianoCarella).MARSEILLE. Les 29, 31 déc, 2, 4 janv à 20het le 6 janv à 14h30. Opéra04 91 55 11 10http://opera.marseille.frConférence Opéra, le 22 déc à 17h.Foyer Opéra«Rencontre Rossini» avec les artistesLe 15 déc à 17h. Alcazar. Entrée libre04 91 55 90 00www.bmvr.marseille.frOrgueMartin Gester joue de la Musique italienne du XVII esiècle.ENTRAIGUES SUR LA SORGUE.Le 30 déc à 11h. La Courroie04 90 32 11 41www.lacourroie.org (pas de réservation)///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////MUSIQUE 45Nouvel-AnL’OLRAP dirigé par Jérôme Pillement dans unexercice coutumier en début d’année.AVIGNON. Le 5 janv à 14h30.Opéra-Théâtre. Entrée libre04 90 82 42 42www.opera-avignon.fr…et Lully !On n’oublie pas que Le bourgeois Gentilhomme estune comédie-ballet dans laquelle Lully retrouve,depuis quelques années, sa place initiale. AuThéâtre National de Marseille (en co-accueil avecle Gymnase), on entend l’Ensemble baroque deLimoges et ses solistes, dans les chants et dansesqui dialoguent (en vers pour les entrées de ballet)avec la prose de Molière (voir p 35).MARSEILLE. Du 5 au 11 janv.La Criée04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.comPastorale MaurelLa Nativité revisitée en langue provençale par LeCercle Saint-Michel.BOUC BEL AIR. Le 6 janv à 14h30.Complexe des Terres blanches. Entrée libre.04 42 60 68 78www.boucbelair.comViolon & pianoLaurence Monti (violon) et Olivier Lechardeur(piano) dans la Sonate de Debussy, Beethoven etson «à Kreutzer», Falla, Granados, Saint-Saëns…TOULON. Le 10 janv à 19h.Foyer Opéra04 94 92 70 78www.operadetoulon.frEnsemble baroque de Limoges © X-D.R.AU PROGRAMME


AU PROGRAMME46MUSIQUEVictoria HarmadjievaLa pianiste interprète les Tableaux d’une expositionde Moussorgski et participe à l’hommage queMusicatreize rend au compositeur Maurice Ohana(à l’occasion du centenaire de sa naissance) enjouant ses Trois Caprices.MARSEILLE. Le 10 janv à 20h.Salle Musicatreize04 91 00 91 31www.musicatreize.orgVioloncellejoue le Concerto n°1 de Saint-Saëns en la mineur encompagnie de l’OLRAP, dirigé par AlexanderValkouski, qui interprète également la 9 eSymphonie «La Grande» de Schubert.AVIGNON. Le 11 janv à 20h30.Opéra-Théâtre04 90 82 42 42www.opera-avignon.frAu cœur de la nuitÀ la rencontre de l’opéra : projection commentéepar Valérie Brotons-Bedouk responsable de laVidéothèque d’Art Lyrique Méjanes.MARSEILLE. Le 12 janv à 17h. Alcazar. Entrée libre04 91 55 90 00www.bmvr.marseille.frClameur géologiquePour entrer dans l’année Capitale la VillaMéditerranée aura sa clameur, concoctée par RaoulLay et l’ensemble Télémaque. Musiciens etparticipants volontaires iront puiser dans les tempsgéologiques pour y retrouver les forces minéralesdu souffle, du choc, de la voix qui s’élève…MARSEILLE. Le 12 janv à 19h.Villa Méditerranée. Entrée librewww.régionpaca.frFolle journée pour 2013Programmation inédite et gratuite pour célébrerl’ouverture de l’Année capitale à l’Opéra deMarseille ! Opéraclameur sur l’esplanade : tout unchacun se joint au Chœur de l’Opéra pour chanterle «Brindisi» de La Traviata. Paroles et partitiontéléchargeables sur le sitehttp://opera.marseille.fr… à apprendre par«chœur» (le 12 janv à partir de 18h30).Quatre concerts gratuits s’enchaînent le lendemain(13 janv) : Musique de chambre avec le QuatuorSyrah pour une création mondiale de FlorianCaroubi (à 11h), suivie d’un récital du quatuor del’ensemble Des Equilibres avec le Quatuor à cordes«Divorce» de Fazil Say qui jouera également Ravelau piano (à 12h). Les chanteurs du CNIPALprennent le relais pour un récital ouvert sur lemonde (à 15h). L’Orchestre Philharmonique del’Opéra (dir. Laurence Foster) parachève la fête encompagnie de Laurent Korcia où le Sud et laProvence sont célébrées (Lalo, Milhaud, Bizet… à17h30).MARSEILLE. Les 12 et 13 janv. Opéra Entréeslibres : places à retirer à partir du 13 déc04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Conférence illustréeGuy Laurent traite, en musique, des Pouvoirs etlimites de la «démarche historique», des valeurs etsens en question…AIX. Le 15 janv à 18h30.Espace Forbin04 42 99 37 11www.orphee.orgNikolaï LuganskyL’un des plus grands pianistes russes actuels estinvité sur le Vieux-port. Après le succès de la FolleCriée (voir p 29), le Théâtre National poursuit sacollaboration avec le Festival International de LaRoque d’Anthéron.MARSEILLE. Le 15 janv à 20h.La Criée04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.comNikolai Lugansky © X-D.R.Ensemble C BarréOn retrouve l’ensemble dirigé par Sébastien Boindans un programme qui jouxte Signes de MauriceOhana (centenaire) et Songs, drones and refrains ofdeath de George Crumb.MARSEILLE. Le 15 janv à 20h.Salle Musicatreize04 91 00 91 31www.musicatreize.org///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////Quatuor de LeipzigPeut-être le meilleur quatuor allemand actuellementdans Mozart, Schubert et Mendelssohn. À nepas manquer !MARSEILLE. Le 15 janv à 20h.Auditorium de la Faculté de Médecinewww.musiquedechambremarseille.orgou Espace Culture 04 96 11 04 60Haendel et le violonL’Alcazar invite l’ensemble Baroques Graffitidirigé par Jean-Paul Serra.MARSEILLE. Le 16 janv à 15h(enfants sur réservation)et 17h (adultes) AlcazarEntrée libre04 91 55 90 00www.bmvr.marseille.frHaendel /BrittenL’ensemble Les Siècles (dir. François-Xavier Roth)propose un programme de musique anglaisecourant du baroque de Haendel aux mélodies deBritten sur des textes de RimbaudAIX. Le 17 janv à 20h30.Jeu de Paume08 2013 2013www.lestheatres.netSonates de HaendelSharman Plesner (violon) et Jean-Paul Serra(clavecin) dans leur répertoire de prédilection.AIX. Le 17 janv à 12h30 et 18h30.Musée des Tapisseries06 79 71 56 50www.baroquesgraffiti.comMARSEILLE. Le 18 janv à 18h et 20h30.Bastide La Magalone04 91 39 28 28www.citemusique-marseille.comKorcia joue TomasiLe violoniste interprète le concerto pour violond’Henri Tomasi avec l’Orchestre Philharmoniquede Marseille (dir. Georges Pehlivanian) qui joueégalement une création de Christian Jost et la 2 esymphonie de Brahms.MARSEILLE. Le 18 janv à 20h.Silo04 91 90 00 00www.silo-marseille.fr


KaléidoscopeSalles combles au Prado pour cette 11e édition deCineHorizontes qui, du 9 au 17 novembre, à traversune quarantaine de films, a révélé la variété, larichesse et la qualité du cinéma hispanique. Filmsrevisitant l’histoire contemporaine. Sans illusioncomme l’iconoclaste No de Pablo Larraín quireconstitue la campagne électorale brillante d’unjeune publicitaire en faveur du non au régime dePinochet dans un Chili moderne gagné aux sirènesde la consommation (voir Zib’53). Bouleversant,comme 30 años de oscuridad du jeune Manuel H.Martin qui revient sur le sort des républicainsn’ayant pu quitter le pays après la victoire de Franco,cachés comme des taupes (Los topos) jusqu’àl’amnistie, quand on ne les a pas découverts etgarrotés avant. On y suit le destin de Manuel Cortés,maire de Mijas, emmuré vivant, trente ans durant,dans sa maison, devenu un fantôme protégé parl’amour de sa femme, de son père puis de sa fille,tous terrorisés par ce terrible secret. Pourreconstituer cette horreur se juxtaposent un dessinexpressionniste, brun et noir à la manière de Valseavec Bachir, le témoignage à la première personnede la petite fille de Manuel, les précisions à latroisième de deux spécialistes du sujet. La vidéo ennoir et blanc de Cortés et de sa femme vieillismarchant enfin au grand jour est un happy end bienamer. L’horreur «pour de rire» conjure la véritable ;elle se cache parfois sous votre lit comme dansMientras duermes, thriller de Jaume Balagueró oùle grand acteur galicien Luis Tosar incarne unmonstre patelin aux yeux doux, concierge pervers etmachiavélique qui détruit minutieusement lebonheur des autres. Parfois, elle est là, bien réelle,dans la chambre d’une petite fille, Silvia, en lapersonne qui l’aime le plus au monde, le père (LuisOmar dit avoir eu là le rôle le plus difficile de sacarrière). Des années durant, il va abuser de sa fille,Deuil en noir et blancPremier plan de Sueño y silencio, Miquel Barceló, dedos, en accéléré, peint à l’aquarelle des êtresaquatiques : gestes du peintre, en silence. Deuxièmeplan, une femme, entrevue entre deux portes, dansun miroir, peignant ses cils : gestes de femme. Puis,des gestes du quotidien, filmés en image argentiqueen noir et blanc : une enfant qui lit allongée à côté deson père, une mère et ses filles dans une boutique devêtements, un architecte qui explique ses choix dansun bureau, une professeure qui fait un cours, deuxsœurs qui jouent dans l’appartement, et puis lesquatre membres de la famille réunis sur un lit, lesparents évoquant la naissance des deux filles… Maisde ces images de bonheur paisible sourd peu à peuune inquiétude qui vient peut-être de la mise encadre : les personnages sortent du champ, certainsvisages sont tronqués, certaines scènes semblentinachevées. Le spectateur est en questionnementSueno y silencio de Jaime RosalesLa Chispa de la vida d'Alex de la Iglesiadans le silence, complice de la mère. No tengasmiedo de Montxo Armendáriz, remarquablementinterprété, est un film nécessaire, fait pour aidercelles qui, comme Silvia, ont connu ce drame.Quand l’horreur est économique, elle devient objetde satire pour Alex de la Iglesia construisant sur unscénario rocambolesque, un film à la Billy Wilder,corrosif à souhait, qui dénonce par l’absurde, lesgags, la caricature, les jeux du cirque de notresociété médiatisée : La Chispa de la vida (le peps dela vie en français), slogan inventé par Roberto,publicitaire au chômage prend un tout autre senslorsque après une chute dans un théâtre romain enchantier, bloqué par une barre de fer qui lui rentredans la tête, il négocie son agonie. Unité de lieu, detemps, d’action, une farce tragique impeccablementmise en scène, à l’issue forcément fatale pour leprotagoniste mais qui s’offre le luxe par le geste finalde la veuve donnant un coup de pied à une valise dedeux millions d’euros, de faire triompher la dignité,l’amour et la compassion. Un choix improbablediront les pessimistes mais auquel on a tant enviede croire comme seul acte de révolte possible.ELISE PADOVANICineHorizontes s’est tenu du 9 au 17 novembrepermanent : qu’est-ce qui se joue là ? Il aura laréponse plus tard, peu à peu : l’accident de voiturequi prive Oriol et Yolanda de leur fille aînée n’est quesuggéré dans une séquence silencieuse montrantde manière hypnotique l’autoroute qui relie Paris oùils habitent au delta de l’Ebre, dans le sud de laCatalogne, où le père et Célia étaient en vacances.La suite du film travaille la question de la perte d’unenfant et du deuil. Le père semble avoir perdu lamémoire, la fille cadette se tait et la mère, noyéedans la douleur, essaie de survivre ; un jour elle croitmême avoir parlé dans un jardin à son enfantdisparue. L’ellipse et le hors champ sont les figurescentrales du quatrième film de Jaime Rosales qui achoisi de tourner avec des acteurs nonprofessionnels, qu’il a laissés parfois improviser etqui s’en sortent très bien. Certes, on peut trouverlongs certains plans séquences comme celui aucimetière, filmé de loin, qui dure sept minutes ou lelent travelling avec un steadicam, à travers les alléesdu parc des Buttes Chaumont. On peut aussi selaisser emporter par cet étirement des plans, dansune méditation sur la fragilité de la vie.ANNIE GAVASueño y silencio de Jaime Rosales a été projeté aucinéma le Prado, lors du 11 e festival CineHorizontesHORIZONTES | AFRICAPTSous le cielbas et lourdIl fallait un moral d’acier au public d’Africapt leweek-end des 10 et 11 novembre : un ciel bas etlourd, l’attente sous la pluie, des films sombres, unétat des lieux du cinéma en Algérie des plus noirs etheureusement des échanges chaleureux quiréchauffent le cœur !Mort à vendre de Faouzi Bensaïdi met en scène troiscopains, Malik au chômage qui ne s’entend pas dutout avec son beau-père et va tomber amoureuxd’une prostituée de luxe, Allal qui vient de sortir deprison et Soufiane, lycéen qui sèche souvent lescours, tous trois pickpockets à Tetouan. Ils décidentun jour de dévaliser une bijouterie, ce qui va lesentrainer dans une spirale sans fin. Mort à vendre,construit comme un film policier, est aussi le portraitd’une jeunesse qui souffre de la pauvreté et del’indifférence et le dénouement laisse peu d’espoir.Présenté en partenariat avec Les Rencontresd’Averroès, Le Repenti de Merzach Allouachedémarre sur un long et beau travelling, montrant lacourse sur la neige des hauts plateaux d’un homme :c’est Rachid, un jeune djihadiste qui rentre dans sonvillage, dans le cadre de la loi sur la concorde civile.Sur la recommandation du commissaire, il estembauché comme cafetier mais la réinsertion esttrès difficile et Rachid ne se voit pas d’avenir. Ilreconnait un pharmacien, victime du terrorisme etlui propose de l’amener sur la tombe de sa fille enéchange d’argent. Inspiré par un fait divers, ce filmdur, bien joué, qui fonctionne sur ellipses, non-dits etintelligence du spectateur, pose des questionsdifficiles : comment faire le deuil dans le cas duterrorisme ? Comment la parole peut-elle circuleren Algérie ? Comment bourreaux et victimes peuvent-ilsvivre ensemble quand tout fonctionne sur ledéni ? Merzach Allouache qui avait en tête cescenario depuis 1999 a décidé de faire ce film aumoment des révolutions arabes, à partir du momentoù les pays autour de l’Algérie ont commencé àbouger. «La société algérienne n’est pas une sociétéapaisée. Les Algériens se sont remis à parler dupassé. À cause de ce qui se passait ailleurs, ceproblème a refait surface. J’ai trouvé que c’était lemoment de faire ce film.» Un constat bien noirqu’ont confirmé deux des courts métrages de laCarte Blanche donnée aux Rencontres cinématographiquesde Bejaia, Brûleurs de Farid Bentoumi(voir Zib’52) et Mon frère de Yanis Koussim sur la violencequotidienne, terrible, d’un frère sur ses trois sœurs.Seule éclaircie du week-end, la comédie douce amèredu Marocain Mohamed Nadif sur le thème gravedes harragas, Andalousie mon amour, qui a fait(sou)rire la salle du Cinemovida, à Apt, après cesfilms sombres, reflets d’un monde qui ne tourne pasbien.ANNIE GAVALe 10 e Festival des Cinémas d’Afriquea eu lieu du 8 au 14 novembre à AptCINÉMA 47Mort à vendre de Faouzi Bensaidi


48 CINÉMAINVISIBLES | TOUS COURTSL’âge et l’homosexuelLe 15 novembre, au cinéma Variétés, SébastienLifshitz, accompagné de trois de sesprotagonistes, est venu présenter son dernierfilm, un documentaire passionnant : LesInvisibles. Il y donne la parole à des hommes etdes femmes qui viennent de milieux sociaux,différents, urbains ou ruraux. Tous ont plus de 70ans et ont commun d’être homosexuels ; ilsracontent leurs choix, leurs difficultés, leurs joies,leur bonheur de vivre. On les écoute durant deuxheures avec beaucoup de plaisir, grâce àl’approche sensible du cinéaste. Et aussi parceque les représentations de l’homosexualité, ycompris dans les médias homosexuelsspécialisés, se centrent très nettement sur lesjeunes.<strong>Zibeline</strong> : Pourquoi ce choix de sujet et depersonnages ?Sébastien Lifshitz : Le projet est né par hasard. Jechinais des photographies anciennes et je suistombé sur un album qui comportait des photos dedeux vieilles dames, assez «vieille France» et jeme suis demandé quel lien les unissait, sœurs,amies, amantes ? J’ai acheté l’album. Le vendeurm’en a montré dix autres. J’ai compris que cesdeux femmes s’aimaient et comme il s’agissait dephotos argentiques, cela signifiait qu’elless’étaient exposées socialement. J’ai trouvéd’autres images amateur, souvent des images debonheur. Contrairement aux idées reçues, cesgens semblaient avoir réussi à négocier pour vivreleur homosexualité. J’ai voulu vérifier cettehypothèse.Comment avez-vous fait le casting ?J’ai pu avoir des contacts par des associations etpuis, c’est le hasard des rencontres… Le casting aduré un an et demi. Il y avait des critères précis :que les personnes n’aient pas peur de la caméra; qu’elles aient en leur possession des documentsphotographiques ou vidéo ; qu’elles aient unecertaine distance par rapport à leur vécu, propiceà une réflexion ; qu’on puisse les filmer dans deslieux de vie cinégéniques. J’ai ainsi rencontré 70personnes et en ai gardé 10. Je les faisais parlerde leur vie en général, ne voulant pas déflorer leurrécit. Je voulais aussi que chaque individu soitsingulier pour la plus grande diversité sociale.Depuis que mon film est projeté, je rencontre dansle public des gens qui viennent me parler d’eux etje me dis que si je les avais rencontrés avant, ilsauraient pu être dans le film. Ç’aurait été un autrefilm !La nature est très présente dans Les Invisibles.Pourquoi ?La nature est présente dans la vie des gens ; c’estcomme une sorte d’écrin. Par exemple, Pierrot atoujours vécu dans son village. Il a passé sa vie àaller de chez lui aux champs. Il a beaucoup apprisde la nature ; c’est un enfant de Rousseau. Il a tiréd’elle une philosophie de la vie, sa liberté deparole. J’ai découvert que l’homosexualité dans lemonde rural était très présente. Les gens nes’affichent pas, c’est tout.Il y a dans le film des phrases fortes : «On s’estrencontré dans un rétroviseur !» ou «Du plus loinde mes souvenirs, je suis une fille qui aime lesfilles ; je m’étonne que les petites filles aiment lespetits garçons.» Comment avez-vous travaillé ?Avez-vous d’abord enregistré des entretiens sansfilmer ?Non ! En général, il y a eu une seule prise. J’ai faitle choix le plus souvent du plan-séquence pourune saisie brute. Ainsi la parole n’est pas tropmanipulée. Au montage, on a essayé de prendredes segments qui se tiennent tout enréfléchissant à la progression du récit. La fluiditédu film tient aux plans de nature.Il y a aussi des militants homosexuels dans le film.Oui ! Christian, par exemple, est très engagé ; ilse veut le gardien de la mémoire de l’histoire desmilitants homosexuels et de l’homosexualité.Mais je voulais montrer des parcours de vieindividuels. Je suis contre LE destin homosexuel.Son destin, chacun le construit. L’important estd’essayer de vivre en accord avec ses désirs lesplus profonds.PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVASebastien Lifshitz © Annie GavaBesoin du fet des courtSalle pleine de lycéens pour les deuxpremières séances du 30 e FestivalTous Courts à Aix, devant des filmspas faciles. Deux ont pour départ unviol : «raté» pour le premier dansMollement, un samedi matin : «Cen’est pas le viol que j’ai voulu traiter,a précisé Sofia Djama lors de larencontre avec le public, mais le violde l’Algérie, la place de la femmedans l’espace public. J’ai voulu raconterAlger par un regard defemme.» Qui ne manque pas d’humour: la jeune femme rencontre ànouveau son violeur qui «bandemou» et lui offre une boite de viagra !L’interrogatoire à Paris d’une jeuneprostituée roumaine, qui ne comprendpas le français, sur le violcollectif qu’elle a subi, est abordéavec plus de violence dans Solitudesde Liova Jedlicki. Inspiré d’unehistoire vraie, encore plus terribleque la fiction, le film dénonce l’indifférencede la police et de l’hôpitalface à ces drames.Dure aussi, l’histoire de Lilli (superbementinterprétée par la jeuneMila Boehning), dans le film éponymede Jan Buttler : la fillette doittout assumer, son frère, les courses,le chauffe-eau, et surtout cacherà tous que leur mère est gravementdépressive et ne se lève plus.On rit devant l’humour glacial deLe Cri du homard de Nicolas Guiot


MUCEMCINÉMA 49éminisme,sCe n’est pas un film de cow boys de Benjamin ParentRécits de chambre froide de GrzegorzJaroszuk : un homme et unefemme reçoivent, pour la troisièmefois consécutive, le titre de «piresemployés du mois» et sont somméspar leur patron de trouver uneraison de vivre ; ils décident de s’inscrireà l’émission de divertissementtélévisuel intitulée «L’individu leplus malheureux». Une satire réussiedu monde du travail.Parmi les 60 films en compétition,beaucoup de réussites : Nieuwpoorten juin de Geoffrey Couanon, unfilm délicat sur les rapports entre unvieil homme et son petit-fils qui apprennentà se connaitre et à s’aimer ;Ce n’est pas un film de cow boys deBenjamin Parent qui met en scènedes adolescents, et leurs représentationsde la virilité, alors qu’ilsparlent dans les toilettes du Secretde Brokeback Mountain ; Le Cri duhomard de Nicolas Guiot, film trèsfort sur les traumatismes de laguerre pour ceux qui en reviennent ;sans oublier l’animation : Tram deMichaela Pavlátová et Tati Ramitsude Victoria Vancells.ANNIE GAVAFestival Tous Courts04 42 27 08 64www.festivaltouscourts.comPalmarès sur notre sitewww.journalzibeline.frQuandle MuCEMs’invite àl’AlhambraLes 30 nov et 1 er déc le futur musée a présenté aupublic du cinéma ses projets et, en organisantprojections et débats, a préfiguré ce qui sepassera dans cette «Cité culturelle transdisciplinaireoù se conjuguent le temps de la parole, letemps des images et le temps des spectacles».Bruno Suzzarelli et Thierry Fabre ont présentéla Galerie de la Méditerranée et les premières expositions; et le Fort St Jean, le Centre deconservation et de ressources, coulisses dumusée.Ils ont précisé leurs choix culturels ainsi que leursprojets de programmation hors exposition : lesIntensités de l’été commenceront par trois joursautour de Marseille Transit en écho avec AnnaSeghers, deux soirées de rencontres sur PourquoiCamus, des ciné-concerts et des spectacles enpartenariat avec d’autres structures… Puis tout lemonde a été convié à la projection du film d’AviMograbi, et dans un jardin, nous sommes entrés!Vive Avi et AliAu départ, Avi Mograbi se demande en quellelangue il aurait parlé avec son grand-père devantleur maison de Damas en 1920. Avi parle peul’arabe et son grand-père n’a pas encore apprisl’hébreu ! Le cinéaste, à la quarantaine,commence l’apprentissage de l’arabe et proposeà son professeur, le Palestinien Ali Al-Azhar,d’écrire et réaliser avec lui. «J’avais pensé suivrel’histoire d’un cousin de mon père, Marcel, unpersonnage étrange, qui ne comprenait pas l’idéemême de frontière.» Mais Avi et Ali se racontentleur histoire respective, tout en filmant et c’estpassionnant. «D’histoire en histoire, à la fin, onn’avait pas parlé de Marcel» plaisante Avi. Peuimporte, car tous les deux sont de vraispersonnages ! À l’Alhambra ils parlent avecpassion et beaucoup d’humour de questionsgraves «Je suis Palestinien, citoyen israélien et jedemande à avoir tout ce qu’Avi a, ni plus, ni moins!» dit Ali avec le sourire. Les séquences avec lajeune Yasmine, la fille d’Ali qui parle du racisme àDans un jardin je suis entré, Avi Mograbi et Ali Al-Azhari au bord de la merl’école, les lettres, filmées en super 8, quiracontent l’histoire d’amour et la séparation d’unhomme et une femme, libanais et juifs, déchiréspar les frontières du Moyen-Orient redessinées,renvoient au réel, présent et passé. Un film sur latraversée des frontières, sur la langue qui sert àcommuniquer mais aussi à dominer, qui parvientpourtant, grâce à Ali et Avi, à donner un peud’espoir.Tapis volantLa veille, l’Alhambra résonnant de babilsenfantins, affichait complet. Des élèves desquartiers nord, leurs parents, leur fratrie, mêmeles tout petits, la tête déjà lourde de sommeil,étaient venus assister à un ciné-concertexceptionnel. Les aventures du prince Ahmed,accompagnées pendant 1h05 par les huitmusiciens du Khoury Project. Deux séancesfurent nécessaires pour accueillir ce publicnombreux.En amont de ce succès, le long travail accomplipar l’équipe de William Benedetto et la touterécente collaboration du cinéma de St Henri avecla responsable du pôle cinéma du MuCEM,Geneviève Houssay. Quel heureux choix que cepetit bijou de 1926, premier long-métraged’animation de l’histoire du cinéma, admiré parJean Renoir, René Clair, Louis Jouvet, et qui plusest, réalisé par une femme, pionnière en sontemps, Lotte Reiniger ! Film étonnammentmoderne dont le générique fait penser à celui d’unJames Bond, où la stylisation conduit parmoments à l’abstraction. Sur des fonds bleus,verts, jaunes, violemment éclairés, se détachenten ombres chinoises les silhouettes du princeAhmed, d’Aladin et de sa lampe, des princessesen dentelles, du Mage africain et des démonsgriffus. Des bouts de papier découpés, uneimagination formelle éblouissante, une minutied’orfèvre. Et la magie opère. Petits et grands,initiés et profanes voyagent ensemble sur le tapisvolant des Mille et une nuits. Shéhérazade brodedes histoires gigognes. Loin de la partitionoriginale pour orchestre philharmonique, les troisfrères Khoury brodent, dialoguant avec cinqjazzmen français embarqués dans l’aventure.Leur musique épouse la chorégraphie desombres en cinq actes. Oud, qanûn, violon oriental,percussions se mêlent aux variations free du saxo,au feulement du trombone, aux pulsations de lacontrebasse. Une proposition répondant à unengagement qui à l’Alhambra sonne comme uncredo : celui de la qualité, pour tous.ANNIE GAVA ET ELISE PADOVANI


50 CINÉMA LES RENDEZ-VOUS D’ANNIEFrank CapraDu 12 au 24 déc, l’Institut de l’image à Aix proposede redécouvrir l’œuvre de Frank Capra, cecinéaste qui disait : «J’ai pris le parti de ceux quirisquent le tout pour le tout, des désespérés, deceux qui sont maltraités pour des raisons de raceou d’argent. Que d’autres fassent des films sur lesgrands mouvements de l’Histoire. Moi, je fais desfilms sur le type qui balaie la rue.»Au programme : New York-Miami, L’ExtravagantMr Deeds, Vous ne l’emporterez pas avec vous,Mr Smith au sénat, Arsenic et vieilles dentelles,L’Enjeu, Milliardaire pour un jour. Le 17 déc à 20h30,Marc Cerisuelo, professeur d’histoire et d’esthétiquedu cinéma, présentera le film «de Noël» : Lavie est belle.Institut de l’Image04 42 26 81 82www.institut-image.orgAl cineHomero Manzi, un poeta en la tormenta d’Eduardo SpanuoloLe 15 déc à 20h, dans le cadre du cycle Al cine,l’ASPAS propose à l’AKdemia del tango deMarseille Homero Manzi, un poeta en la tormentad’Eduardo Spanuolo, un film qui retrace la vie dece grand poète populaire argentin, engagé etimmergé dans la tourmente sociale et politiquede la première moitié du XXe siècle dans son pays.Le 9 janv, ce sera Cuba, une utopie blessée deRenaud Schaack : à travers un voyage dansl’histoire et ses tumultes, ce film propose uneréflexion sur les ambitions et les difficultés d’unepolitique culturelle émancipatrice.ASPAS04 91 48 78 51http://aspas-marseille.orgL’homme et la villeAgnès VardaDu 9 au 29 janv, à l’occasion de l’exposition AgnèsVarda en Bouches-du-Rhône à la Galerie 13 duConseil général, l’Institut de l’image à Aix luirend hommage : on pourra ainsi revoir La Pointecourte, tourné à Sète, Cléo de 5 à 7 qu’AgnèsVarda présentera le 23 janvier à 20h30, Le Bonheur,Les Créatures, Daguerréotypes, Mur Murs, undocumentaire sur les «murals» de Los Angeles,Documenteur, Sans Toit ni loi, Les Glaneurs et laglaneuse, Les Plages d’Agnès et Jacquot de Nantes,en présence de la réalisatrice le 23 à 14h30.Institut de l’Image04 42 26 81 82www.institut-image.orgLa vie est belle de Frank CapraFilm surpriseLe 14 déc à 20h30, le cinéma 3 Casino à Gardannepropose un film surprise en avant-première : unfilm français d’une durée d’1h35, adapté d unroman de Victor Hugo.3 Casino04 42 51 44 93www.cinema-gardanne.comFilm surprise...Gruik de Sylvain BoutroueLe 19 déc à 14h, à la Bibliothèque Départementale,L’homme et la ville, une séance de cinémad’animation pour le jeune public, suivie d’unerencontre avec Sylvain Boutroue de l’associationG.R.U.I.K, qui présentera Gruik, court métraged’animation en stop-motion ainsi que les maquetteset personnages fabriqués pour sa réalisation.ABD04 13 31 83 72www.biblio13.frAlceste à BicycletteLe 20 déc à 20h30 au cinéma Le Prado, à Marseille,en avant-première, Alceste à Bicyclette dePhilippe Le Gua, qui raconte l’histoire d’un acteur(Fabrice Luchini) qui décide de se retirer, fatiguéde l’hypocrisie du milieu du spectacle. Il s’isolesur l’île de Ré avant d’être rattrapé par un autreacteur (Lambert Wilson) qui essaye de le convaincrede jouer dans Le Misanthrope de Molière.Projection suivie d’un débat avec Lambert Wilsonet la productrice Anne-Dominique Toussaint.Cinéma Prado04 91 37 66 83www.cinema-leprado.frAgnès Varda © Rosalie VardaTwo loversLe 10 janv à 20h, Cinépage, en partenariat avec leCinéma Pathé Madeleine, propose Two lovers deJames Gray, avec Joaquin Phoenix, GwynethPaltrow, Vanessa Shaw, Isabella Rossellini. ÀNew York, Leonard hésite longtemps entreépouser la séduisante jeune femme que sesparents ont choisie pour lui et déclarer son amourà sa nouvelle voisine.Cinepage04 91 85 07 17www.cinepage.comTwo lovers de James Gray


La nuit la plus longueLES PRISONS | LE JOUR LE PLUS COURTCINÉMA51© A.GLe 21 décembre, jour le plus courtde l’année, le court métrage est àl’honneur dans toute la France etau-delà. C’est le Jour le plus court,fête du cinéma, initiée par le CNC etl’Agence du court métrage. Cetteannée, les amateurs de courts métragesn’auront que l’embarras duchoix : en effet, c’est plus de trente«événements» qui sont organisés pardes cinémas, des associations et desstructures culturelles. Il y en a pourtous les goûts, toutes les disponibilitéshoraires, tous les publics,répartis sur toute la région.MarseilleUn court précédant un long c’est ceque propose l’Alhambra CinéMarseille: Dernier souffle de MorganeMaschina avant Frankenweenie ;Aflam accourt au Théâtre du Merlanà 14h avec 4 films et, à la Maisonde la Région, à 18h30, est proposéeNuit courte, un programme de 8 filmsdu jeune cinéma d’auteurs en Méditerranée,venant de la région Pacaet de Corse. Tilt s’est associé àFotokinopour présenter, à 19h, Prendrele large, 7 films d’animation etfilms d’artistes, particulièrementdestinés au jeune public, au cinémaVariétés qui, à 20h, en associationavec Films Femmes Méditerranée,propose Comme ça, elles entendentla mer, cinq courts réalisés par desfemmes, en présence d’invité(e)s.Ailleurs aussiÀ Fos, au cinéma l’Odyssée, à18h30, 11 films répartis en deux programmes: Et plus si affinités et laSélection des Lutins ; à l’EspaceFernandel à Carry le Rouet, à partirde 17h30, un programme de 45 films,Courts Côte Bleue, proposé par leFestival de Courts Métrages de laCôte Bleue et à l’initiative de l’IMCAProvence et des Ateliers du courtmétrage,21 films, pleins «d’humour,d’action et de nouvelles sensationscinématographiques», à partir de19h 30, à la salle polyvalente de Montfavet.De courts voyages en cinémajusqu’au bout de la nuit !ANNIE GAVAwww.lejourlepluscourt.comNos prisons :l’échec de la RépubliqueQuelques jours avant que n’éclatel’affaire des Baumettes, où les conditionsscandaleuses de détentionont amené Jean-Marie Delarue,contrôleur général des lieux de détention,à demander à la Garde desSceaux de prendre des mesures d’urgence,la journée nationale des prisonsa donné lieu à une projection qui meten scène son action.La L.D.H et le groupe local «concertationprison» de La Farlède (constituéde bénévoles intervenant auprès desdétenus et de leurs familles) ont profitéde cette journée pour projeterau cinéma Le Royal à Toulon, le documentairefrançais de StéphaneMercurio, À l’ombre de la République.Depuis 2007, Jean-Marie Delarue,aidé par de nombreux contrôleursissus pour la plupart des milieuxcarcéraux, médicaux et judiciaires,est chargé d’inspecter les lieux deprivation de liberté, prisons maisaussi hôpitaux psychiatriques, commissariats,d’établir des rapportsprécis afin d’améliorer les conditionsde vie des détenus qui dans certainscas ne sont pas traités comme deshumains…Stéphane Mercurio a pu suivre pendantquelques mois ces contrôleursdans leurs déplacements, filmer lesentrevues (sauf dans les commissariatsoù seules des photographiesont pu être diffusées) et assister auxcomptes rendus de ces visites. Lerésultat est accablant : exploitation,solitude, détresse, violence quotidiennepour les prisonniers, désarroi etmanque d’effectifs pour le personnel.Le débat qui a suivi la projection réunissaitla directrice adjointe du centreA l’ombre de la Republique de Stephane Mercuriode détention de La Farlède, d’anciensdétenus et un médecin de la prisondes Baumettes, des gardiens. Deleurs témoignages, des conclusionsidentiques : il y a trop de détenus enFrance (67 000 pour 59 000 places),et le projet de constructions denouvelles centrales n’est pas unesolution.Tous semblent être d’accord pouraffirmer que notre système pénalest à revoir. L’enfermement ne résoutrien, dans la mesure où à laséquestration physique s’ajoute uneséquestration mentale aux conséquencesbien plus graves pourl’individu et son devenir.D’autres solutions sont envisageablestelles que le bracelet électronique,les travaux d’intérêt général et surtoutla semi-détention qui a fait sespreuves chez nos voisins européens.MIREILLE VERCELLINOÀ l’ombre de la Républiquea été projeté le 29 novembreau cinéma Le Royal à Toulon


52ARTS VISUELSCôté pile, Olivier Millagou nousinvite à broyer du noir joyeusement àla Galerie des musées (remparts)de Toulon où il donne carte blancheà une folle équipée shootée aux sixtiescaliforniennes (voir Zib’57) ; côtéface, l’artiste nous aveugle et nousréchauffe l’âme dans sa quête duparadis perdu. Bref, en vrai surfeur,il glisse sur la vague de l’exhibitioncollégiale et de la partition solo. Minimaliste,sa proposition à l’Espaced’art Le Moulinest à prendre au piedde la lettre ! D’abord, il y a ce fauxnéon PARADISE écrit blanc sur blancen lettres majuscules, traversé d’unerésistance incandescente. Sa doucechaleur nous délasse mais, si l’envienous prenait de le décrocher au risquede nous brûler les ailes, serait-ilvraiment la clef d’entrée au paradis ?Déstabilisé par l’espace immaculé(«Je cherche une neutralité qui infiltrele lieu, les productions, la lumièreet la musique»), le regard se perdsur une ligne d’horizon tracée parune série de cartes postales, Scratchpost Cards, blanches elles aussi.Souvent, avec Olivier Millagou, latraversée est un jeu : ici, notreISTRES | LA VALETTE | POUILLONCartes postales du paradisOlivier Millagou, Paradise Sounds 2012 © X.D-Rparticipation consiste à deviner sesintuitions, entendre ses suggestions,reconnaître ses indices. On s’interroge.«La mise en série de versoblancs et de recto aux palmierscoloriés» est-elle une manière dedénoncer le vrai du faux, l’illusion dela réalité ? Rêvons-nous de découvrirle Coucher de soleil à Moorea etles Beautiful scènes of Vietnam ?Autant de décors fantasmés etd’images convenues d’un hypothétiqueEden que l’artiste cachesciemment (comme si les cartesencadrées nous tournaient le dos)pour laisser affleurer à la surfaceses dessins tracés au Bic. Quel jolipied de nez à l’exotisme ! La traversées’achève sur un puzzle deplanches de bois ensablées, assembléesde manière aléatoire, tel unnouveau théâtre paradisiaque : la plage,dernier territoire vierge… Celle-ciaura été bercée par «six propositionsaléatoires et suggestives, sixmorceaux de musique composéspar six musiciens» gravés sur unvinyle. Blanc, évidemment.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIÉdition du disque Paradise Soundsavec 10lec6, Appletop, BaderMotor, The Legendary Tigerman,Johnny Hawaii, Hifiklub ; concertliveThe Legendary Tigerman etHificlub le 11 janv à la Tomate,La Valette-du-VarParadise SoundsOlivier Millagoujusqu’au 20 janvEspace d’art Le Moulin,La Valette-du-Var04 94 23 36 49ww.lavalette83.frParcours d’exposition et fiction filmique, Odette Spirit eestinspiré par le génie du cinéma et le spiritismeselon Virginie (complètement ?) BarréL’esprit des chosesIstres. Centre d’art contemporainintercommunal. Au rez-de-chausséeun sculptural chamane portesur ses paumes son alter ego enminiature, au premier étage le filmOdette spirit e , au dernier niveau uneinstallation, des photos et un cabinetsonore. Créé pour l’évènement lefilm emprunte au chef d’œuvre deManciewicz The ghost and Mrs Muirtransporté à Douarnenez par VirgineBarré et ses deux comparsesClaire Guezendar et Florence Paradeis.Dans un genre entre Méliès etTati celles-ci ont imaginé une quêtede la lettre «O» en triporteur suite àun message énigmatique lors d’uneséance de spiritisme «DETTE. MAN-QUE UNE LETTRE». Le film estconstruit sur le rapprochement apparemmentimpensable entre cinémaet spiritisme. Pourtant plusieurs recherchesont tenté de démontrer lesrapports essentiels qu’entretient àson origine le cinéma avec les phénomènesextraordinaires et plus tardavec l’art contemporain*. La cinémagénierepose sur un dispositif etcomportement particuliers du spectateur: salle obscure, apparition/disparition, effet de sidération entreautres.Il n’est pas sûr que le visiteur saisisseà l’issue de son parcours les enjeuxde cette proposition singulière.Peut-être est-ce par excès d’ellipsesqui distendent l’argument d’unesalle obscure à l’autre. À n’en pointtrop montrer on risque d’en éprouvertrop peu. Invité à reconstruireses liens propres entre les différentschapitres et les œuvres exposées levisiteur subodore cependant, suivantun sentiment d’étrangeté, la nécessitéd’un autre regard flottant entreréel et fiction. Il ne lui sera pas inutilede solliciter la médiation de l’unedes collaboratrices du musée pours’aventurer au-delà des apparences.CLAUDE LORINOdette Spirit e l’expositionjusqu’au 12 janvCentre d’art contemporainintercommunal, Istres04 42 55 17 10www.ouestprovence.fr* en particulier Raymond Bellour,La querelle des dispositifset Le corps au cinéma, POLVirginie Barré, Le groupe du vendredi, 2010,resine epoxy, vêtements, accessoires,dimensions variables© C. Lorin/<strong>Zibeline</strong>


Fernand Pouillona cent ansDeux ouvrages récents lui sont consacrés.Un petit livre Fernand Pouillon,l’homme à abattre, de Bernard Marreyaux éditions du Linteau, retracela chronologie de ses démêlés avecla justice et tente de la lui rendre endémontant le processus qui l’a conduiten prison et a retardé sa réhabilitation.Un DVD, Fernand Pouillon, le romand’un Architecte, co-édité par France 3et Images de Ville est consacré à l’œuvreet à sa pérennité.Au milieu (bien nommé) de ses pairs,il se voulait «...le Savonarole raisonnableet triomphant, qui démontreraitpar ses idées et ses méthodes, lanécessité pour l’homme de vivre dansun ensemble de proportions agréables.»De fait, il construisit mieux, plus viteet moins cher que le prix courant. ÀAlger, Aix ou Marseille, les dentsgrinçaient sans conséquence. ÀParis, on se chargea de lui couper lesjambes, qu’il avait maigres etinterminables, en lui inventant unscandale qui lui vaudrait ruine, prisonet déshonneur mais qui jamais ne ledécouragea ni le priva de son talentni de son énergie.Le livre dénoue le fil de l’affaire, tandisque le DVD nous donne à voirl’œuvre, une architecture du monumentpour tous, toujours debout avecses ombres profondes et sa rythmiquecomplexe, puissante et idéale.Une œuvre aux motifs simples etréguliers, à la genèse solide et raisonnable,toujours dans l’excellenceet dont les témoignages des usagersactuels comme des anciens collaborateursmontrent bien l’infini dévouementde Fernand Pouillon architecte plasticien,de Fernand Pouillon bâtisseur,de Fernand Pouillon meneur d’hommes,de Fernand Pouillon créateurde machines à vivre.MAURICE PADOVANIÀ noterLa parution d’un autre ouvrage consacréà l’œuvre bâti de Fernand Pouillondans la collection Carnets d’architectesdes Éditions du Patrimoine,sous la direction de Marc Bédarida.L’auteur était présent pour une conférencele 28 novembre à la Maisonde l’Architecture et de la Ville Paca.À cette occasion, l’équipe de la MAV aannoncé le lancement (en partenariatavec la DRAC Paca, le CAUE,l’Ordre des Architectes, Images deVille, l’ENSAM et le Forum d’Urbanismeet d’Architecture de la Ville deNice) d’une plate-forme numériquedestinée à accueillir les vidéos tournéeslors de ce type d’événement.http://architectes-paca.org/culture-architecturale/architectures-en-ligne.htmlL’édition du 1 er Guide du promeneurarchitectural par le CAUE 13 en partenariatavec l’association Les PierresSauvages de Belcastel. Ce petit dépliantingénieux invite à la découvertede l’œuvre de Pouillon dans lesBouches-du-Rhône, «de la façadereconstruite du Vieux-Port de Marseilleà la petite villa nichée dans lacampagne aixoise».La création d’un nouveau Centre départementalde ressources, de conseilset de culture dédié à l’architecture,l’urbanisme et l’environnement. Cetespace ouvert au public sera situédans les nouveaux locaux du CAUE13, au 18 rue Neuve Sainte Catherine,derrière le Vieux-Port.Fernand Pouillon,l’homme à abattreBernard MarreyÉditions du Linteau, 15 €Fernand Pouillon,le roman d’un architecteFilm documentairede Christian Meuniercoproduit par Image de villeet France 3, 20 €


54ARTS VISUELSBAINS DOUCHES | GALERIEOFMARSEILLERe-voir l’AfriqueLa 3 e éditionde L’Autre-bordse consacreau continentafricain et autraitement dela dimension dela mémoirepour finalementreconsidérernos regardsMohssin Harraki, Arbre généalogique n°00051, peinture acrylique noire au sol, pour Shuffling cards, art-cade,Marseille, 2012 © C. Lorin/<strong>Zibeline</strong>Dans le miroir du tempsÀ l’instar d’un danseur qui, «dansl’improvisation, garde la fraicheur dusoubresaut instinctif», Michèle Sylvandertrouve dans la répétition «unefaçon de colmater le temps qui passe».Tout démarre en 1995 par son Autoportraitau miroir I et se prolonge en2012 par son Autoportrait au miroir II.Troublant dialogue photographiquenoué dans la contemplation de soi etles transformations de l’être : surl’une, les poils d’homme sur sa gorgefemme brouillent les genres ; surl’autre, le corps dans son relâchementapprivoise le temps avec sérénité.«C’est une inversion, quelque chosequi échappe et qui est répété» préciseMichèle Sylvander qui a choisiLa Répétition comme titre à son expositionet à sa nouvelle vidéo où untrès jeune enfant, blond, assis danssa chaise haute, joue innocemmentavec un revolver. C’est sa manièred’appréhender le monde, maladroitavec l’objet dont il ne sait que faire,dans un jeu à haut risque. Le mouvementest lent et l’image tourne enboucle : son mal être nous gagne.Même répétition, même résistanceet même tension dans la vidéo inéditeOnly You qui met en scène samère, de face, accoudée à sa table,l’air pensif à l’écoute de la chanson.Seul le mouvement de ses lèvresdonne chair au visage, et la répétition,là encore, joue sa petite mélodiedestructrice ; dans ce balbutiementLe sous-titre, Mouvement aléatoiredes cartes, pourrait laisser croire àun jeu de hasard, à une géographiemagique. Le problème est pourtantbien réel. Dans son processus historiquede transformation le continentafricain emporte avec lui la disparitionprogressive de ses repères traditionnelset des modes de transmissiondes savoirs, notamment liés à l’oralité.Commissaire invitée par Jean-BaptisteAudat, lui aussi un familier del’Afrique, Cécile Bourne-Farrell annoncequ’«il ne s’agit pas seulementde travailler à partir de traces de papierou d’images, de témoignagesoraux, d’extraits de journaux ou deYoutube, mais de procéder à la réactivationde tout ce qui sera propice àla narration et à l’imagination, touten maintenant une mise à distanceavec l’actualité».Mohssin Harraki réinscrit la généalogiede la famille royale du Maroc,lignée alaouite depuis 1666 dont lesfemmes sont totalement absentes.La vénération dont le roi fait traditionnellementl’objet oblige ses sujetsà baisser le regard : l’artiste l’inscriradonc au sol de la galerie selon destracés éphémères sous la foulée etla confusion de nos pieds.Plus traditionnel Achraf Touloubconfronte sa pratique du dessin à laquasi inaudible on entend les annéesqui s’effilochent, les souvenirsqui affluent.Un jour mon prince viendra 2012, tirage ilfochrome, 30x40 cm, 5 tirages + une épreuve d'artiste© Michele Sylvander, Courtesy of galerieofmarseilleminiature persane tandis que dansTechnique mixte II, Farah Khelil proposeun traitement visuel hallucinésur la base d’occurrences numériquesen suivant l’actualité de la révolutiontunisienne. En convoquant différentsmédiums, photographie (OtobongNkanga, Andrea Sultiens), vidéo(Catherine Poncin, Katia Kameli,Grace Ndiritu), néon (James Webb),dispositif sonore mobile (Karim Rafi)ou encore des carnets d’artistes, cettesélection ouvre sur la variété desmodes opératoires adoptés. À partirde quelles traces s’élaborent les formesesthétiques actuelles ? Quelleshistoires réécrire ? Quelles mémoirespeuvent se réinventer ? Selon quellesprocédures ? On pourra approfondirces questions lors de la visite commentéeavec la commissaire le 30janv à 18h.CLAUDE LORINShuffling cardsjusqu’au 30 janvart-cade04 91 47 87 92www.art-cade.orgCarnets d’artistes en ligne selonle projet collaboratif de la fondationLettera27 www.atwork27.orgLa métamorphose des corps traversel’ensemble des œuvres, évoquéedans La Toison d’or, photo d’un sacde cheveux renversé, vision mortifèreet animale à la fois ; ou en grosplan dans le portrait de sa mère, dedos cette fois, dont on n’aperçoit quela tresse blanchie… Que peut-on espérerà l’approche de sa mort ? Sesouvenir de ce qui a été et tenter delui redonner vie, encore une fois ?Michèle Sylvander nous invite à ycroire quand, dans Le Retour deMarie-Thérèse, sa mère s’exprimeen catalan, «sa langue maternellepresque oubliée» : l’œil bleu, le chignonà peine tenu par un peignetransparent, le nez droit, les ridesprofondes, elle murmure : «J’aimeautant que personne ne me pleure àmon enterrement.» 54 secondesseulement impriment longuementla mémoire de celui qui regarde.C’est dire si La Répétition de MichèleSylvander est tenace.MARIE GODFRIN-GUIDICELLIRépétitionMichèle Sylvanderjusqu’au 19 janvGalerieofmarseille, Marseille 2 e09 53 10 15 26www.galerieofmarseille.com


56ARTS VISUELSAU PROGRAMMEAlice Hamon«L’Atelier» de Vacances Bleues prend des couleurs avec la présence d’Alice Hamon et des enfantsdu quartier de La Soude à Marseille réunis par Arts et Développement. Fruit de leurs rencontres,l’exposition Un quartier, un artiste, un mécène donne à voir une sélection de peintures réaliséesdans l’atelier de rue, et des travaux photographiques personnels de l’artiste autour de trois villes :Marseille, Beyrouth, Damas. M.G.-G.Un quartier, un artiste, un mécènejusqu’au 20 janvFondation Vacances Bleues, Marseille 6 e04 91 00 96 83www.vacancesbleues.comEn Pays d’AixPhotographies argentiques NB de Bernard Lesaing, dispositif visuel et sonore restituantles rencontres avec les travailleurs de la terre réalisé par Bat Sheva et EmmanuelleTaurines, un livre aux éditions Images et Recherche, dédicaces, rencontres et lecturesthéâtrales autour de la thématique, exposition à l’Office de Tourisme jusqu’au 27 janvautour de la Sainte Victoire : un bel hommage au Pays d’Aix versant agricole, pour sortirdes clichés. C.L.The Grandmother and the Black cat© Mahn Kloix© Alice HamonTerres & Paysages [en Pays d’Aix]jusqu’au 12 janvCité du Livre-Bibiothèque Méjanes, Aix04 42 91 98 88www.citedulivre-aix.comPaysage agricole, Le Puy-Sainte-Reparade © Bernard LesaingImages mentalesChat noir, horloge sans aiguilles, créatures hybrides dans des lieux singuliers…Grâce à l’artifice numérique Mahn Kloix fabrique des univers mêlés d’une certaine élégancevisuelle évoquant les images pour magazines chics et habités d’impressions étranges.Pour Caroline Prosper «la série pourrait être lue comme un tarot de Marseille,instrument divinatoire qui se regarde, se contemple, s’expérimente avantde délivrer son message». Les images c’est aussi dans la tête ? C.L.jusqu’au 16 janvLa Citerne du Panier, Marseille04 88 44 31 72www.laciternedupanier.comRob de OudeD’origine hollandaise et vivant à Brooklyn, Rob de Oude superpose minutieusement des dizaines etdes dizaines de lignes droites jusqu’à leur quasi déformation, faisant naître des lacis multicoloreshypnotiques. Pour sa première exposition à Marseille, il dévoile quatre nouvelles séries d’œuvresinclinées, aux alignements déséquilibrés et à la palette chromatique épurée. Leur point commun ?Leurs combinaisons géométriques et leurs jeux de perspectives infinis. M.G.-G.Rob de Oude - Cross -ocular Deflection 01, 2011 Huile sur panneau40,5 x 40,5 cmCourtesy Galerie Gourvennec OgorTiltjusqu’au 5 janvGalerie Gourvennec Ogor, Marseille 2 e09 81 45 23 80www.galeriego.com


ARTS VISUELS57Aurelie Roustan, Houseberg-L3,acrylique sur toile 150x110 cmHerve Di Rosa, Torero, 80x60 cm, estampe 2012© P. SchwartzAndré NègreDurant trois décennies, André Nègre offrit aux artistes «le providentiel espace d’un atelier ducentre ville», cours d’Estienne d’Orves. Parmi eux Georges Bru, Jean-Jacques Ceccarelli, HenryCousinou, Yvan Daumas, Françoise Martinelli, Christian Martin-Galtier, André Masson, Mela,Edgar Mélik, Louis Pons, Pascal Verbena et Jean-Marie Zazzi. Le galeriste Alain Paire les réunitexceptionnellement pour rendre hommage à l’encadreur, au restaurateur, au collectionneur.M.G.-G.Di Rosa et RoustanSur la Carte du pays grotesque il y a un petit point qui clignote :la Villa Tamaris Pacha, où Hervé Di Rosa pose ses valises après sonTour des mondes. Là, il habille les murs d’une longue fresque sur papier,disperse ses sculptures en résine et ses stèles en métal découpé auxtitres facétieux (Colérique, Rieur,…). La présence du vibrionnant Sétoisne doit pas faire oublier celle, plus discrète, de l’artiste marseillaiseAurélie Roustan qui décline en peinture et en volume «le thèmede la ville dans sa relation au paysage». M.G.-G.HousebergAurélie Roustanjusqu’au 6 janvLe Tour des mondesHervé Di Rosajusqu’au 10 marsVilla Tamaris Pacha, La-Seyne-sur-Mer04 94 06 84 00www.villatamaris.frSylvain Couzinet-Jacques, Lys, New Orleans, 2009André Nègre, galeriste et collectionneurjusqu’au 29 décGalerie Alain Paire, Aix-en-Provence04 42 96 23 67www.galerie-alain-paire.comDes retables et des habitacles de Pascal Verbena, chez Andre Negre © X-D.RMADLa nouvelle galerie de l’ESADMM (30 bis boulevard Chave, Marseille 5 e )expose les œuvres des lauréats du concours de photographies de la mairiede maison Blanche. Sylvain Couzinet-Jacques (premier prix, diplômé 2010de l’ESADMM), Andrés Donadio, Valérie Gaillard, Lola Hakimian etMaude Grübel sont de jeunes artistes, émergents, au talent trèsdifférents. À découvrir ! A.F.du 10 janv au 2 févGalerie de l’école supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée09 80 74 82 80www.esadmm.frYfat Gat, Wool wall work, 2011, Festival des Arts Ephemeres, Marseille © X-D.RSupervuesDepuis 2007 avec le soutien de l’association Les Petites bobines, l’hôtelBurrhus à Vaison-la-Romaine ferme temporairement ses portes à laclientèle de voyage pour offrir aux artistes et leurs visiteurs un séjour detrois jours très arty. Chacune des 35 chambres est tirée au sort etattribuée à un artiste en vue de présenter une œuvre existante ou réaliserun projet in situ. C.L.les 14, 15, 16 décHôtel Burrhus, Vaison-la-Romaine04 90 36 00 11www.supervues.com


AU PROGRAMME58RENCONTRESLibraires du sud /Libraires à Marseille - 04 96 12 43 42Rencontres : avec Gilles Bontoux autour de son livreAbsinthe (Noir au Blanc, 2012), biographie romancée deRimbaud, le 12 déc à 18h30 à la librairie Le Lézardamoureux (Cavaillon)avec Michel Mirale du livre Regards croisés : patrimoinevivant en Méditerranée (Désiris) le 13 déc à 17h à lalibrairie Maupetit (Marseille)avec Cabu et Jacques Lamalle à l’occasion de la sortie del’ouvrage Le XX e siécle en 2000 dessins de presse (LesArènes) le 13 déc à 14h à la librairie Goulard (Aix)avec Olivier Adam pour son roman Les Lisières(Flammarion) le 13 déc à la librairie Goulard (Aix)avec Claude Rizzo pour son livre L’Ainé de la famille(Lucien Soury) le 14 déc à 16h à la librairie Les Genêtsd’or (Avignon)avec Jean d’Arrigo pour son ouvrage Marseille mafias(Toucan) le 14 déc à 17h à la librairie Prado Paradis(Marseille)avec Lucien Clergue pour son ouvrage de photographiesNus vénitiens (Seghers) le 14 déc à 17h30 à la librairieForum Harmonia Mundi (Arles)avec Karim Miské autour de son roman Arab Jazz(Viviane Hamy), grand prix de littérature policière 2012,le 14 déc à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille)avec Anne Valérie Munch pour son livre Seule dans lanuit de l’autre (Harmattan) le 15 déc à 18h30 à la librairieApostille (Marseille)avec Hubert Blond autour de son livre Parcours poétiquesdu Berger Albert (éditions à façon) le 15 déc à 15h à lalibrairie La Carline (Forcalquier)avec François Thomazeau et Caroline Sury pourMarseille, quelle histoire ! : la cité phocéenne des origines ànos jours (Gaussen) le 15 déc dès 16h à la librairieMaupetit (Marseille)avec Sophie Testa pour son livre La Mer des masques (LaPoissonnerie) le 15 déc dès 16h à la librairie Maupetit(Marseille)avec Philippe et Pascale Gallo autour de leurs recueilsd’aquarelles sur la Provence le 15 déc, toute la journée, àla librairie Prado Paradis (Marseille)avec Olivier Adam pour son roman Les Lisières(Flammarion) le 15 déc à la librairie Masséna (Nice)avec Jérôme Ferrari autour de son roman Le Sermon surla chute de Rome, Prix Goncourt 2012, le 16 déc dès 16hà la librairie Maupetit (Marseille)avec Jean Contrucci, Gilles Rof, Malika Moine etMarc Spaccesi pour Marseille Culture(s), Croquiscroquant, Tournée générale et Coda le 16 déc de 10h30 à13h à la librairie L’Attrape Mots (Marseille)avec Denis Cavaglia pour son livre sur la Sainte Baumele 17 déc dès 17h à la librairie Prado Paradis (Marseille)avec Rebecca Dautremer, illustratrice de l’album Soie(Tishina) sur un texte d’Alessandro Barrico le 18 déc de16h à 18h à la librairie Masséna (Nice)avec Marco Venanzi, dessinateur de la bande dessinéeAlix, à l’occasion de la sortie du tome 31 L’ombre deSarapis (Casterman) le 19 déc de 16h à 19h à la librairiePrado Paradis (Marseille)avec Jean Contrucci et Gilles Rof pour leur ouvrageMarseille Culture(s) (Hervé Chopin) le 21 déc à la librairiePrado Paradis (Marseille)avec Marco Venanzi, dessinateur de la bande dessinéeAlix, à l’occasion de la sortie du tome 31 L’ombre deSarapis (Casterman) le 21 déc à la librairie galerie Gulliver(Carpentras)avec Jérôme Cellier autour de son livre Mes Cours DeCuisine Jérôme Cellier, pâtissier, avec des textes de AnneGarabedian, et des photos de Jean-philippe Garabedian(Chêne) le 22 déc à la librairie Maupetit (Marseille)avec François Morel pour Raymond Devos, la raison duplus fou (Cherche Midi) et L’air de rien. Chroniques2009/2011 (Denoël) le 23 déc de 11h à 12h30 à lalibrairie Masséna (Nice)Escales en librairie : rencontre avec Philippe Squarzonipour son livre Saison brune (Delcourt) le 13 déc dès 18hà la librairie L’Alinéa (Martigues) et le 14 déc dès 18h àla librairie de l’Arbre (Marseille) ; rencontres animées parBoris Henry.AIXÉcritures Croisées – 04 42 26 16 85Rencontre-lecture avec Laurent Mauvignier et AngelinPreljocaj à l’occasion de la première, au Pavillon Noir,de Ce que j’appelle oubli, le 15 jan à 18h.Cité du livre – 04 42 91 98 88Conférence d’Alain Paire sur Le paysage en peinture à Aixen-Provence,1945-2012, Masson, Tal-Coat, Picasso,Bioulès, Blanche et Ciccolini. Le 13 déc à 18h30.La Non-Maison – 06 29 46 33 98Intervention et méthode d’observation des phénomènesgénéraux de la vie sociale dans les sociétés contemporaines,une proposition de Karim Rafi : projection,improvisation sonore, lecture performative, agoraparticipative, le 12 déc à 19h.Musée Granet – 04 42 52 88 32Exposition Plossu – La montagne blanche : ensemble deses photos de la Sainte-Victoire, jusqu’au 16 déc.Galerie Alain Paire – 04 42 96 23 67Exposition André Nègre, galeriste et collectionneur,jusqu’au 29 déc.Fondation Vasarely – 04 42 20 01 09Véronique Rizzo fait son musée, du 23 nov au 16 déc,vernissage le 23 nov à 20h.Colloque international : Vertu des contraires : art, artiste,société, organisé par le laboratoire d’études en sciencesdes Arts. Les 22, 23 et 24 nov dans la salle des professeursde l’Université Aix-Marseille.3bisf – 04 42 16 17 75Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehauté,tous les jeudis de 13h30 à 16h30.Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une villeimaginaire où se croiseront tous les fantasmes de chacun)animé par Benjamin Marianne, tous les mardis de 14hà 16h30. SPBRIGNOLESLe Bazar du Lézard – 04 94 86 01 63Exposition Recycle ? Art ! : des artistes et artisanss’emparent de mat ériaux et d’objets oubliés pour leurdonner une seconde vie. Jusqu’au 2 fév.CANNESDirection des affaires culturelles - 04 97 06 44 90Puppet time : exposition des marionnettes d’Arketal, du19 déc au 17 fév à l’Espace Miramar.FORCALQUIERAssociation Forcalquier des livres – 04 92 75 09 5912 e édition de la Fête du livre de Forcalquier sur le thèmeLa Lettre et autres caractères : conférences, expositions,performances, ateliers… avec la collaboration de lalibrairie La Carline. Jusqu’au 28 déc.HYÈRESMédiathèque – 04 94 00 11 30Saint-John Perse – Lucien Clergue, genèse d’une rencontre :exposition photographique qui mettra en regard le travailde L. Clergue photographiant Saint-John Perse et larencontre créatrice des deux artistes. Du 19 jan au 23 fév.LES BAUX-DE-PROVENCECarrières de lumières – 04 90 54 55 56Installation Gauguin – Van Gogh, les peintres de lacouleur, jusqu’au 6 janvier 2013.MANOSQUECentre Jean Giono - 04 92 70 54 54Exposition littéraire et artistique Centre Jean Giono, 20ans de création : rétrospective qui rend hommage auxartistes contemporains qui ont su faire approcher lesterritoires intérieurs de l’écrivain aux visiteurs. Jusqu’au31 mars.Giono en portraits : peintures, dessins, sculptures,photographies, les plus grands artistes restituent le visagede Giono entre 1929 et 1968, jusqu’au 31 déc au muséede l’Occitane.MARSEILLEBMVR Alcazar – 04 91 55 90 00Exposition jeunesse Oh pop-up hourra ! en partenariatavec la librairie Imbernon : livres animés de David Carteret Philippe Ug. Jusqu’au 22 déc.ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00Exposition des photos de Denis Dailleux, Egypte, claireet obscure, jusqu’au 22 déc.Exposition César et les secrets du Rhône : découverte despièces antiques les plus spectaculaires du passé de l’Arlesromaine, notamment le buste de César. Du 12 jan au 24mars.Plus loin… : journée d’étude sur Richard Baquié, sous ladirection scientifique de Didier Larnac, Laurent Cauwet,Emmanuel Loi et Marc Partouche, avec l’association Avous de voir. Le 15 déc de 10h à 18h.Maison de la Région – 04 91 57 57 504 e édition du festival du livre franco-arménien :rencontres et dédicaces avec une quarantaine d’auteurs,conférence, par Norbert Nourian, directeur des étudesSciences Po Aix, sur Négationnisme, comment faire aboutirla loi sur la pénalisation en France, cérémonie de remisedes Prix Henri Verneuil et Alain Terzian… Le 15 déc de14h à 20h.Échange et diffusion des savoirs - 04 96 11 24 50Conférences à 18h45 à l’Hôtel du département : À quoisert le futur du monde ? par Ariel Colonomos, philosophe,le 13 déc.Approches cultures et territoires – 04 91 63 59 88BD et Histoire : les travailleurs indochinois à Marseille eten France, avec Pierre Daum, journaliste et auteur deImmigrés de force : les travailleurs indochinois en France, etClément Baloup, dessinateur de BD, auteur de ChínhTri, Le Chemin de Tuan, Mémoires de Viet Kieu, QuitterSaigon, le 13 déc à 18h30.La Friche – 04 95 04 96 23La Marelle Villa des auteurs organise une rencontre avecLaurence Vilaine, animée par Pascal Jourdana, dans lecadre du cycle de rencontres A l’air livre an partenariatavec Système Friche Théâtre, le 18 déc à 19h.Musée d’Arts Africains, Océaniens, Amérindiens – 0491 14 58 38Expositions Parures de plumes amérindiennes, nouvellesacquisitions.MuCEM – 04 91 54 70 54À l’occasion de l’ouverture de Marseille-ProvenceCapitale Européenne de la Culture, le MuCEM organiseune journée «portes ouvertes» du bâtiment du J4 le 13janv de 11h à 18h, en présence de Rudy Ricciotti, et deBruno Suzzarelli, directeur du MuCEM.


Le studio photo itinérant du MuCEMsera installé sur l’esplanade du J4. Lephotographe Paul Ladouce invitera lepublic à prendre la pose, accompagnéd’un objet représentant son lien à laMéditerranée.Le Théâtre de La Criée accueille en avantpremièreles présentations des grandesexpositions du Musée des Civilisations del’Europe et de la Méditerranée : Les jeux dela fête, avec Zeev Gourarier, directeurscientifique et culturel du MuCEM,conservateur général, le 20 déc à 18h30 ;Un rêve méditerranéen, avec Thierry Fabre,responsable programmation et desrelations internationales du MuCEM, le10 jan à 18h30.Association Parole – 06 07 36 91 98Journée Victor Gelu en compagnie deGorelli à travers le vieux Marseille ;rendez-vous à 11h place Sadi-Carnot, 13hplace des moulins et 15h esplanade Saint-Laurent le 12 janv.Théâtre de l’Olivier – 04 91 93 95 50Spectacle de marionnettes Prince auxpieds de fée par la cie Aux rages de l’âme,du 21 au 23 déc.Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59Festival Le Dire des femmes : textes de etpar Maria Montés, Alexia Vidal,Catherine Vallon, Claude Favre, le 14 décà 22h.CIPM – 04 91 91 26 45Exposition photographique et littéraireSerge Assier / Fernando Arrabal, jusqu’au12 janv.Mairie des 9 e et 10 e – 04 91 14 63 56Festival de photographie contemporaineLa photographie Maison Blanche #2 :prix de la photographie Maison blanche àla galerie MAD du 10 janv au 2 fév.Atelier Juxtapoz – 06 63 82 00 76Exposition des œuvres de StéphaneMoscato, avec dj Notorious, jusqu’au 6jan.Galerie Hélène Detaille – 04 91 53 4346Exposition Matthias Olmeta, Rêves desilence, dans le cadre de Marseille Provence2013. Du 12 jan au 23 mars.Amont Patrimoine – 06 86 900 812Exposition d’œuvres, petits formats, deMichel Escallier-Lachaup, jusqu’au 3jan.PORT-DE-BOUCMédiathèque Boris Vian - 04 42 06 6554Rencontre-débat avec Michèle Armanetet Jeanne-Marie Sauvage-Avit pour leurslivres respectifs L’esprit en cage(l’Harmatan) et Le printemps des femmes(éd. des Monts d’Auvergne) le 14 déc à18h.SAINT-CHAMASOffice de tourisme – 04 90 50 90 54Les 50 artistes membres de l’Office detourisme exposent à la Chapelle Saint-Pierre leurs peintures, sculptures, objets,photos… Du 7 au 31 jan.TOULONBibliothèque municipale – 04 94 36 8120Atelier littéraire sur le thème de lanégritude, animé par Julien Kerenflec’h etFabrice Pras. Le 21 déc à 18h.CONCOURSLa Marelle, Alphabetville et Le Bec en l’airlancent un appel à projets pour la mise enplace d’une résidence d’écriture numérique: concevoir une œuvre littéraire d’unformat numérique sur toute forme ousupport technologique, que les candidatsdevront élaborer durant une résidence decréation d’une durée d’un mois. Lesprojets seront validés par un jury composéd’écrivains et de membres des structuresorganisatrices et des institutions partenaires.Il est recommandé aux candidatsde proposer un projet qui dépasse le simplerapport homothétique à la forme livre,pour imaginer un rapport à la lecture et/ou à l’écriture innovant, en rapport avecla spécificité du support. Tous les genressont autorisés (narration, poésie, théâtre,ouvrages pour la jeunesse…). La datelimite de réception des dossiers est fixéeau 31 déc ; ils doivent être envoyés parmail à numerique2013@villa-lamarelle.fr.04 91 05 84 72www.villa-lamarelle.frL’association Peuple & Culture lance unappel à projet pour la mise en place de sarésidence d’écriture 2013-2014, D’unelangue à l’autre : cette résidence est ouverteaux explorations de notre usage dumonde, de l’appréhension du réel par lelangage mais aussi des frontières entrefiction et documentaire. Elle favorise desauteurs dont le travail littéraire mette enjeu l’adaptation (d’un mythe par exemple,mais aussi d’un langage artistique à unautre ...), la traduction (interlinguistiqueou intersémiotique) ou interroge lesregistres de langue en revisitant deslangages techniques, professionnels, voirequotidiens. La résidence se situe à Marseilleau sein de l’association. L’auteurrésident partagera son temps entre sonprojet d’écriture (70%) et des tempsd’ateliers, rencontres... à construire avecl’association. L’organisation et le planningde la résidence se fera en concertationentre l’association et l’auteur. Date limitede candidature le 3 janv.04 91 24 89 71amandine.tamayo@peuple-culturemarseille.orgwww.peuple-culture-marseille.org


60 LIVRESCADEAUXLe plat pays qui est le sienLe titre de cet ouvrage évoque instantanément Brel,tremblant sur scène en chantant les «brumes à venir»de la Belgique. Son auteur, Frédéric Lecloux, peutêtreà la recherche de plus vastes espaces, s’est exilé enFrance. Il est aussi parti au Népal sur les traces deNicolas Bouvier, et parcourt régulièrement le mondepour l’agence Vu, mais c’est sa relation complexe aupays de ses origines qu’il nous livre là. Un mouchoirde poche avec aujourd’hui 360 habitants au kilomètrecarré, 11 millions en tout parlant trois languesdifférentes, et pourtant dans ses photographies on nevoit quasiment personne. Des rails de tramways’enfonçant dans un fourré, un château d’eau, unejante de vélo abandonnée, un jean accroché sur unebranche, une statue de dos plongeant au cœur d’unbuisson de cimetière... Même les bars, les gares, lesfêtes foraines et les friteries semblent désertes. Pour quiveut saisir la tendresse étrangement distante et lanostalgie sans complaisance qui rattachent malgré toutl’auteur au «plat pays qui est le sien», il est recommandéde lire attentivement les textes accompagnant sesimages : on y perçoit la tragédie de la «belgitude», «néecontre, pas pour. Contre le hollandais, pas pour inventerun avenir commun au Flamand et au Wallon. Néecontre, elle mourra contre. Elle est en train. Hélas.»GAËLLE CLOARECBrumes à venirFrédéric LeclouxLe Bec en l’Air, 32 €Tablées du BosphoreOn sait l’importance des saveurs qui réveillent dessouvenirs et renvoient à l’enfance. Le livre de TakuhiTovmasyan en est un exemple. Devenue éditrice cettearménienne de Turquie a voulu évoquer les tabléesfamiliales lors des repas quotidiens ou festifs. Etchaque recette expliquée est l’occasion de faireressurgir des moments de la vie de cette famille auxbranches multiples. Anniversaires, mariages, fêtesreligieuses, tout est prétexte à cuisiner pendant desheures et à partager autour d’une table des metssavoureux et parfumés. L’auteure, née en 1952, rendhommage aux deux grand-mères qui lui ont transmisces savoir-faire traditionnels, si proches de ceux desGrecs et des Turcs. Elle évoque les maisons en bois duvieil Istanbul avec leurs citernes et leurs terrassesfleuries, les boutiques des joaillers et des sertisseurs,mais se tait pudiquement sur le sujet douloureux dugénocide et de l’exil, à peine suggéré. L’iconographieparticipe à cette évocation dans une belle harmoniede gris bleutés.CHRIS BOURGUEMémoires culinaires du BosphoreTakuhi TovmasyanParenthèses, 22 €Patrimoine à la carteTravail titanesque que celui du nouvel atlas del’UNESCO édité pour les 40 ans de la Conventiondu Patrimoine Mondial (1972-2012). En un superbevolume, les 962 sites inscrits sur la Liste du PatrimoineMondial sont répertoriés, classés, situés sur les cartes,présentés visuellement, assortis d’un brefcommentaire. Au début de l’ouvrage, des arbrescorrespondant aux différentes parties du mondeportent les noms des pays ainsi que le nombre de sitesclassés. On peut s’amuser à comparer. L’Italie avec 47sites devance tous les autres, la France est en deuxièmeposition avec 38 sites… Il serait sans doute intéressantde voir pourquoi certains lieux sont dotés de plus deprotection, comment sont évaluées les richesses, selonquels critères culturels. Un autre tableau met enévidence les sites en danger, 38 à ce jour, bien sûr,souffrent de se trouver dans des parties politiquementinstables du globe, mais aussi aux USA, pour le parcde Yellowstone ou en Allemagne pour la cathédrale deCologne… La convention est résumée en 6 histoires,et quelques chiffres évoquent la répartition des 962biens mondiaux en 189 pays. La notion de bienmondial devrait conduire à considérer l’humanitéautrement !MARYVONNE COLOMBANILe Grand Atlas de l’UNESCO, Patrimoine MondialAtlas/éditions UNESCO, 45 €


ARTS LIVRES 61Voir et comprendreRestaurerDevant l’aggravation des dégradations la décision futprise en 2010 de rouvrir le dossier de la restauration del’ultime tableau de Léonard. Après deux ans de restaurationméticuleuse sous la responsabilité de CinziaPasquali la peinture a permis découvrir ce qu’on supposaitdes coloris, du rendu des détails vestimentairescomme de la perspective aérienne et du sfumatolégendairesi subtils. Stan Neumann a suivi la totalité del’évènement qui a convoqué les avis de la fine fleurinternationale des spécialistes du maître. Des constatsalarmants (craquelures, épais vernis jauni dit chanci,repeints successifs, écaillements…) suivis des atermoiementssur l’importance des restaurations à accorder(cette proposition émue de quasi non intervention)au travail de nettoyage méticuleux au plus près del’œuvre jusqu’au résultat final éclatant, nous assistonsà la renaissance de La Sainte-Anne, œuvre promise àun grand succès comme un certain portrait qui continueà attirer les foules du plus grand musée du monde.Ce DVD comporte un complément signé d’une grandefigure de la vulgarisation de l’art, Alain Jaubert,créateur de la série Palettes qui réalisa en 1989 Vinci,le sourire et l’entrelacs à partir du même tableau.ExpliquerVous pourrez prolonger le plaisir avec la collection decinq films consacrée aux œuvres d’un maître conservéesau Louvre : Raphaël, Rembrandt, Poussin Watteauet… Léonard de Vinci. Juliette Garciaset Stan Neumannont opté pour un unique protocole déjà expérimentéquelques années auparavant avec Rembrandt : prendreune œuvre exemplaire, la décrocher des cimaises, ladécadrer si nécessaire et la livrer aux exégèses des plusgrands spécialistes mondiaux rassemblés pour deuxjournées dans une même pièce. Le résultat est saisissant! Le Portrait de Baldassare Castigioneou l’Autoportraitavec un ami, une Fuite en Égypte, le Gilles ou le Pèlerinagepour Cythère, la Belle Ferronnière, le Bœufécorché… sont l’occasion d’une émulation fructueuse,érudite, en bonne compagnie.S’envolerIl ne faudra pas quitter les lieux sans avoir visité le nouveaudépartement des Arts de l’Islam réalisé par RudyRicciotti et Mario Bellini dans la cour Visconti. Siune visite virtuelle ne peut remplacer l’expérience insitu ce film tend la main à notre curiosité. Pour HenriLoyrette, président-directeur du musée, il s’agit àtravers un double intérêt politique et artistique «demontrer la face lumineuse de cette civilisation». Enquelques chapitres et compléments de programmeconfortés par moments par des animations virtuellesen 3D nous assistons aux principaux moments de laconstruction du nouveau bâtiment tout en semi transparenceet courbes (sa toiture évoquerait un tapisvolant) sollicitant des technologies novatrices dont seréclame aussi la muséographie. Les collections sontévoquées avec un best of de pièces exceptionnelles quecomplètent plusieurs courts documentaires qui traversentnos frontières vers la mosquée d’Ispahan ou l’histoiredu tapis de Cracovie.L’actualité artistique desmusées et des grandesexpositions parisiens sontl’occasionde la sortie de nombreusespublications. Preuve s’il lefallait avec le riche cataloguedes éditions ARTE dontles collections du muséedu Louvre bénéficientlargement. Avançonsquelques propositions pourceux qui n’ont pas toujours lebonheur de quitterleur province…Bon plan américainAu moment où l’exposition du Grand Palais s’envolevers des records d’audience, que les numéros spéciauxet hors-série se multiplient, il est tout autant réjouissantde glisser ce DVD dans votre lecteur, bien confortablementinstallé au chaud. Ce documentaire defacture classique mais efficace fait le tour d’EdwardHopper, un personnage discret, farouchement indépendant,témoin des transformations esthétiquesmajeures de son siècle mais imperturbable face auxquerelles esthétiques du moment entre figuration etabstraction. Naissance, famille, jeunesse, années deformation, indifférence du public à ses débuts puispremiers succès vers la quarantaine sont étudiés etcontextualisés par le renfort de documents d’époqueet de rares interviews de l’artiste. On y entrevoit égalementsa vie de couple avec l’infernale mais fidèle Joséphine,son unique modèle, et les témoignages de son amiBrian O’Doherty permettent de prendre un peu dedistance avec le mythe.En bonus, hommage rendu avec une interview deWim Wenders dont le cinéma est en partie redevableau peintre.Et si le désir n’est pas encore assouvi, zigzaguez entreles huit courts métrages originaux commandés parArte à huit cinéastes, Martin de Thurah, HannesStöhr, Mathieu Amalric, Dominique Blanc, SophieFiennes, Valérie Mréjen, Sophie Barthes, Valérie Pirsonrevisitant chacun un tableau de Hopper !Et les fêtes approchant, prenez garde aussi aux effets dusyndrome de Florence !CLAUDE LORINLéonard de Vinci, la restauration du siècleStan NeumannArte Éditions, 15 €La vie cachée des œuvresPoussin, Raphaël, Rembrandt,Léonard de Vinci, WatteauJuliette Garcias et Stan NeumannArte Éditions, 25 €Les Arts de l’Islam au Louvre - La Main tendueRichard CopansArte Éditions, 20 €La toile blanched’Edward HopperJean-PierreDevillersArte Éditions, 20 €


62 LIVRES ARTSAu bout des OrientsUn petit bonheurne venant jamais seul,voici que sortent concomitammentdeux ouvrages passionnantssur l’art oriental dont le coûtne grèvera pas notre budgeten ces temps de criseAlors qu’une exposition se prolonge au musée Guimetqui met à l’honneur Hokusaï, les éditions À Proposdédient une première biographie à Hiroshige, restédans l’ombre du maître de la célèbre vague. De soncôté l’exposition de la Pinacothèque de Paris rendhommage à Van Gogh et au japonisme qui loua tant…Hiroshige, toujours considéré au Japon comme lemaître de l’ukiyo-e ! Et cet Hiroshige, Invitation auvoyage qui vient donc à point nommé se parcourt avecravissement. Destiné au grand public comme les autresbiographies de la collection au format de poche, ilemmène le lecteur dans les paysages du Tôkaidô entreEdo et Kyoto les deux capitales japonaises. Dans unstyle clair mais érudit, les auteurs abordent successivementla vie et l’œuvre du peintre, la vogue du Japonismeen Europe et particulièrement en France, la techniqueparticulière de l’estampe, l’ensemble s’enrichissant aufur et à mesure de petits tableaux chronologiques, desfocus À propos ou Arrêt sur image concis et éclairantssur des thèmes complémentaires tels que la perspectiveà la japonaise ou la révolution du bleu, et se clôt sur unPour en savoir plus. Ne manquerait qu’un petit glossaire ?Avec Une Collection particulière les éditions PhilippePicquier installées à Arles nous gratifient d’un beaulivre consacré à deux peintres chinois ayant exercé auXVII e siècle, Jiang Ting Xi et Zhu Da. Édité pour lapremière fois par les éditions pékinoises Rongbaozhai,cet album se présente sous la forme d’un élégant coffretcartonné comme les deux couvertures reliées par despages en accordéon. On peut ainsi l’aborder par lesdeux bouts pour feuilleter un corpus de reproductions,une dizaine par artiste, de qualité irréprochable aprèsune préface présentant chaque peintre, traduite duchinois par Patricia Batto. L’univers des peintres lettrés,qu’ils appartiennent à la haute administration desmandarins ou qu’ils soient devenus moine bouddhiste,nous est ouvert avec simplicité et dépouillement. Tel cePoisson-Chat de Zhu Da dont quelques traits de pinceausuffisent à exprimer l’essentiel, par un simplegeste le souffle vital qui anime l’image.CLAUDE LORINHiroshige, invitation au voyageNelly Delay, Dominique RuspoliÀ Propos, 12,50 €Zhu Da et Jiang TingxiPhilippe Picquier, 21,50 €Palimpseste pour la navale«Je décidai de faire revivre par la peinture les six milletravailleurs rayés de la carte des vivants». Alain Boggero,charpentier-tôlier issu d’une famille d’ouvriersemployés aux chantiers de construction navale de LaSeyne-sur-Mer, n’a pu se résoudre à la fermeture puisà son licenciement en 1985 de l’entreprise phare duport varois qui employa jusqu’à six mille travailleurs.Cette catastrophe inouïe s’apparentait pour lui au chaosperpétré au sortir de la première guerre mondiale. Letravailleur s’est senti proche des artistes expressionnistesallemands, révolté lui aussi devant tant d’injusticeet de gâchis. Dans un premier temps, de la toile, ducontreplaqué ou des affiches Decaux ont servi de supportsà la révolte du peintre amateur adepte de larécupération. Il en est à plus de trois mille portraitsaujourd’hui. Mais c’est aussi sur une publication del’AREA PACA* qu’il a brossé ses figurations récentesdont rend compte dans la totalité cette premièrepublication de l’association Le Factotum. Fac-similéexact, La Navale vivra se parcourt dans le désordre s’ille faut, couleurs vives, pleine pâte et pleine pageparfois, sans rédactionnel, celui-ci étant reporté dansun livret à part avec une préface de l’artiste et une contributionde l’écrivain Lionel Bourg. Dans une figurationbrute et massive qui n’est pas sans rappeler le style despeintres prolétariens, Alain Boggero jette sur ces pagesdes fragments d’une histoire peuplée de portraitsconnus et devenus des anonymes, comme autant descènes d’un livre d’heures d’une mémoire ouvrièredisparue. Le peintre aurait-il pu profiter des dialoguesofferts avec la brochure qui présentait des Lycées duXXI e siècle en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, etconcevoir, à travers la jeunesse montante, un avenirqu’on pourrait espérer plus radieux ? La fureur de larébellion a parfois ses aveuglements excusables.CLAUDE LORINSignature, rencontre, exposition avec l’artistele 18 janv à 18h à la librairie de l’Arbre, Marseille* Lycées du XXI e siècle, Agence Régionaled’aménagement et d’équipement de la RégionProvence-Alpes-Côte d’Azur, 2007La navale vivraAlain BoggeroLe Factotum, 35 €


Chronique d’une gloire ordinaire«Au vestiaire de la réalité, on est prié de quitter sa défroque»pourrait être l’avertissement au lecteur de Texturesdu jour, première monographie de Gilles Benistrichez Archétype. Son aventure éditoriale a vu le jourgrâce à l’auteur Emmanuel Loi, «compagnon de longuedate», dont le texte court exactement sur la moitié del’ouvrage et «avance avec les images» ; au photographeMichel Cohen, familier de son atelier au Comptoir dela Victorine à Marseille ; et à Philippe Moreau, «grandtechnicien de la typographie» qui a mis tout son savoir-fairedans la réalisation de cet objet bilingue -couverturecartonnée et cahiers cousus- prêt à pénétrer le marchéinternational. Gilles Benistri n’a-t-il pas fait un breakde quatre ans à New York… Sans céder au diktat chronologique,Textures du jour navigue en eaux libresentre 2005 et 2012, entre des personnages occupés àdes tâches triviales et des objets qui ont une âme. UnSur les traces de GTEn 2009, les éditions P (Marseille) publiaient Equinoxe,dans la collection Sec au toucher, composé à partirdes dessins de Gérard Traquandi sur le motif de l’arbre ;à l’occasion d’Art-O-Rama 2012, Denis Prisset lançaitun nouvel opus sobrement intitulé GT. Un titre mystérieux,un livre d’images silencieuses, un texte pourlecteur averti : une immersion chic et sobre, sensuelle,dans l’œuvre de Gérard Traquandi «fabriquée» (enréférence au geste de l’artisan) dans ses ateliers de Pariset d’Aix-en-Provence.GT est circonscrit à trois ans de création : 01.2009/04.2012,date d’un changement opéré dans son travail suite àl’ensevelissement soudain de Marseille sous une«épaisse couche de neige». GT est la photographied’un temps dans la vie de l’artiste où l’on découvre,enchevêtrées, nouvelles recherches graphiques, nouvellescompositions picturales comme autant de tracesvisibles d’un cheminement intérieur. Photographiesde paysages enveloppés de neige, éléments naturels enmacro, toiles accrochées aux cimaises de la galerieLa passion des imagesOn a rarement l’occasion d’appréhender une œuvre,ici celle du peintre britannique contemporain DavidHockney, à travers sa production commentée par luimême: c’est le cas avec cet imagier qui s’adresse toutautant aux jeunes lecteurs qu’aux plus avisés. Découpéen quatre chapitres thématiques (Problèmes de représentation,Moments donnés, Portraits, Espace etlumière) et introduit par un texte bref, David HockneyImages laisse place à un défilé ininterrompu de 325reproductions. Certaines sont accompagnées de citationsde Ma façon de voir où l’artiste, sur le ton de laconversation, développe ses points de vue sur son environnementet l’univers de ses proches, analyse sesrecherches picturales, aborde ses multiples techniques :Polaroid, collages, peinture, dessin, gravure, fax, jusqu’auxapplications iPhone et iPad...En vis-à-vis de l’aquarelle sur papier Cactus Garden IVde 2003 et du fusain sur papier Angel Trumpet andSucculents de 2000 saturés d’une nature exubéranteapprivoisée par l’homme, l’artiste a choisi un extraitmonde interlope mystérieusement banal sur lequelplane quelque chose d’indéfinissable. Images iconographiqueshabilement détournées, comme ces glaneursen baskets et joggings, si loin et si proches de Millet,noyés dans une terre aussi bleue que le ciel ! De peinturesen dessins, Gilles Benistri construit des rébusqu’Emmanuel Loi décrypte dans un texte qui tient ducommentaire poétique, de la prose analytique et del’hommage à un peintre-conteur. Quitte à flirter parfoisavec l’ellipse : «La guérilla de l’inconscient est là avecses bûchers, ses grilles de sens, ses chemins de croix burlesques.Interpréter à la va-vite afin de se dédouanerfonctionne de travers et c’est ce travers qui est interrogé.Peindre le bâillon pour prendre la parole.»MARIE GODFRIN-GUIDICELLILaurent Godin (l’une des deux galeries parisiennes quile représentent avec Catherine Issert) ou dans son atelieraixois La Chapelle : superbe travail éditorial decorrespondances fugaces qui entrouvrent des intersticesintimes.Dans le cahier central, telle une virgule savante, le textede Baldine Saint Girons, membre de l’Institut universitairede France et professeur de philosophie à l’universitéde Paris Ouest, questionne la triade «contact, trace,tracé», évoquant les dessins préhistoriques, l’écriturechinoise, la gravure, la photographie, embrassant pluslargement encore la «lutte entre la trace et l’image ausein de la peinture» profane et sacrée. On se lance dansl’ouvrage comme dans un labyrinthe. L‘issue n’est pascertaine car le fléchage est ardu, mais la promesse d’unvoyage au cœur de la métamorphose est actée. Ici, plusque jamais, les empreintes de Gérard Traquandi sonttraversées de vibrations lumineuses, annonciatrices dedouces méditations.M.G.-G.de son livre David Hockney par David Hockney : J‘aitrès vite été porté à regarder, examiner, représenter leschoses. On touche ici, comme une évidence, à lasingularité d’une oeuvre qui aborde «la problématiquede la représentation sur une image fixe d’un mondeen perpétuel mouvement». On est au coeur du «faire»et du «penser» de l’artiste, on en tire les fils d’Arianed’une manière joyeuse et ludique. David Hockney Imagesnous permet de prendre conscience du monde quinous entoure ; ce monde, justement, que l’artisteobserve et représente différemment. M.G.-GDavid Hockney Images368 pages, 325 illustrationsThames & Hudson, 28 €Également aux éditions Thames & Hudson :Ma façon de voirDavid Hockney248 pages, 365 illustrations, 29,95 €ARTSLIVRES 63Textures du jourPeintures de Gilles Benistri, texte d’Emmanuel LoiTraduction anglaise de Pamela HargreavesArchétype éditions Forcalquier, 30 €GTÉditions P, Marseille, 32 €David Hockney : Portraits de familleMarco Livingstone et Kay Heymer240 pages, 246 illustrations, 45 €David HockneyMarco LivingstoneCollection L’Univers de l’art252 pages, 208 illustrations, 14,95 €


64LIVRESARTSMarseillaises de A à ZElaboré par un quatuor d’historiennes émérites, leDictionnaire des Marseillaises fait suite aux nombreuxtravaux et publications de l’Association les Femmeset la Ville (AFV). Depuis plus de 20 ans, celle-ci s’attacheà faire connaître l’histoire des femmes, celles deMarseille particulièrement. Le dictionnaire qui vientde paraître représente ainsi la somme de ces recherchessur les femmes de Marseille, lesquelles ne sont pastoutes, loin s’en faut, natives de la ville. La préface précisele projet : «Nous avons voulu relater plus de vingt-sixsiècles d’histoire des femmes dans la ville en rappelant […]le parcours d’une personnalité ou d’un groupe exemplaire.[…] Sans décerner des palmes, cet ouvrage vise quand mêmeà rendre justice au souvenir des femmes dont l’action, lesœuvres, ont marqué la ville.» Les articles, rédigés par desCroque-toquesCity lifeLieu de création et creuset de modernité, la ville devientdès la fin du XIX e siècle le personnage principaldes représentations : peintres, cinéastes, photographes,tous «parlent» de la ville. Ce lieu de tous les possibles,décor aussi fascinant qu’inquiétant, est examiné transversalementdans le superbe ouvrage collectif La villemagique, articulé en quatre grandes parties : la verticaliténew-yorkaise, Metropolis, surréalisme, la photographie.La ville magique héberge des résidents prestigieux,acteurs d’une première moitié d’un vingtième sièclefoisonnant de créativité artistique : Picabia, Lang,Sensible et secretRassemblés par Göran Schildt et publiés aux ÉditionsParenthèses, les textes de l’immense architecte finnoisAlvar Aalto constituent une rareté, une majorité étantinédits en français. Un recueil rassemblant ses interventionspubliques et l’ensemble de ses textes étaitattendu depuis longtemps, l’architecte étant plusenclin à construire qu’à discourir. Agrémenté dedessins, croquis et photos d’archives, La table blanchecomblera les passionnés d’architecture. Sensible etdiscret à l’image de son œuvre, cet artiste majeur duplumes alertes et érudites, sont agrémentés de nombreusesillustrations et d’un riche dossier iconographiquecentral ; trois répertoires permettent de s’orienter dansla foule de ces femmes, pas toujours célèbres, qui ontfait Marseille. Un dictionnaire indispensable pour queMireille Lauze, Fifi Turin et les autres ne restent pasque des noms de rues.FRED ROBERTDictionnaire des Marseillaisessous la direction de Renée Dray-Bensousanet Hélène Echinard, Catherine Marant-Fouquet,Eliane Richardcoédition Gaussen-Association les Femmeset la Ville, 30 €En 2009, Malika Moine offrait sa Tournée générale,une agréable balade en poèmes et en dessins dans 51bars de Marseille. Trois ans plus tard, la dessinatriceremet le couvert. Le principe reste le même : unouvrage comme un carnet de croquis (avec spirales ou,plus chic et plus cher, couverture unique reliée), àdroite le dessin, à gauche le texte. Mais cette fois, ellea transporté ses crayons, ses pinceaux et ses aquarellesdans les cuisines, les salles et sur les terrasses de 52restaurants marseillais, poussée sans doute par unegourmandise qu’elle ne cherche pas à dissimuler, parun goût particulier pour les lieux de convivialité, parle désir de saisir sur le vif les scènes et les endroits. Lesdessins, à la fois graciles et précis, restituent les ambiances: ici une vue imprenable sur la ville ou sur lamer, là une cour ombragée, là encore un détail remarquable,cheminée, mosaïque de carrelage, plafond,panoplie de couteaux, nappes à carreaux ; et puis desgens, clients attablés, serveurs, cuisiniers… On aimeraitêtre avec eux. Et encore plus quand on lit les textesdes recettes données par les chefs de tous les lieux quela dessinatrice a croqués. Recettes d’inspiration souventméridionale, quoique le monde y pointe son nez.Et si certaines restent succinctes, d’autres sont de véritablespetits récits qui mettent l’eau à la bouche. Onpeut bien sûr tester soi-même celle des rouleaux d’aubergineau poulpe ou du tajine de homard. Maismieux vaut aller goûter sur place. Il y en a pour toutesles bourses, de la cantine d’association à la table réputée.En fin de livre, une liste et un plan permettent deles retrouver. Un joli guide gourmand de Marseille àoffrir pour les fêtes. F.R.Brassaï, Ruttman, de Chirico… L’ouvrage prend desallures de conte fantastique, fourmillant de splendidesiconographies et d’une documentation pléthorique, àl’image du chapitre consacré à Metropolis, qui justifieà lui seul l’acquisition de ce travail singulier. Étrangeet fascinante, la ville n’en finit pas de se surprendre aufil de ce florilège...F.ILa ville magiqueGallimard, 35 €paysage architectural du XXe siècle se dévoile et se livreavec une grande humanité à travers des constructionsdélicatement agencées entre fonctionnalisme etarchitecture organique, toujours soucieuse del’homme, du matériau et de l’environnement.FRÉDÉRIC ISOLETTALa table blanche et autres textesAlvar AaltoParenthèses, 281 pages, 24 €Croquis Croquant, 52 restaurants à Marseilleet une semaine des cinq jeudisMalika MoineR’garde moi ça, 20 et 33 €


Comme des ratsIl aurait dû s’en douter. Dès son arrivée, rien ne s’estpassé comme prévu. Un contrôle sanitaire à l’atterrissage,personne de l’entreprise pour l’attendre et leconduire à son studio de célibataire, une ville croulantsous les ordures, asphyxiée par les pulvérisations de gazdésinfectant, menacée d’une épidémie inconnue, sonbagage volatilisé. Venu en C. pour y suivre une formationde dératiseur, heureux à l’idée de quitter une«vie décevante» (des collègues méprisants, une femmequi l’a quitté pour un de ses amis), T-K s’aperçoit rapidementqu’il est tout seul et que ses lendemains nechanteront pas. Pire, son existence à C. vire très vite aucauchemar ; un cauchemar auquel il semble ne riencomprendre, et dont il subit les épisodes avec une résignationplacide et inquiétante. Récompensée en Coréepour ses recueils de nouvelles, Pyun Hye-young signeici un premier roman glaçant, dont l’atmosphère et lepersonnage ne sont pas sans rappeler ceux de Kafka.La descente aux enfers du personnage est relatée defaçon distanciée, à la troisième personne, dans un présentflottant qui interdit toute identification. Le personnageprincipal n’a pas de nom, juste des initiales ; certainsde ses compagnons d’infortune ne portent que desnuméros. Dans cet univers anonyme et absurde, lesrats servent de contrepoint constant à l’humanité ;comme eux, «la race humaine n’est pas une espèce facileà éliminer». C’est ce que semble montrer l’histoire deT-K. Une réflexion aiguë (plutôt effrayante) surl’identité, la vacuité des rapports humains, l’absurditéde l’existence. Et l’instinct de survie !FRED ROBERTCendres et rougePyun Hye-youngPhilippe Picquier, 18 €Douloureuse transmissionLe nouvel album Paroles de Poilus poursuit la tragiqueévocation de la première guerre mondiale. Le soustitre,Mon Papa en guerre, désigne le point de vueadopté. La guerre envisagée sous l’angle de la transmission,des relations entre les pères envoyés à laboucherie du front et leurs enfants. Aux lettres despères, répondent celles des enfants, les cartes postales,photos de famille, mots de paix, d’espoir, de tendresse,de jeux, de fautes d’orthographes délicieuses, fraîcheurde l’enfance, maigre contrepoids face à l’horreur vécuepar les papas. Jean-Pierre Guéno après une superbepréface, passionnante et indignée, raconte, évoque lesort de quelques-uns, exemplaires des milliers de destinsbrisés par la folie guerrière, plus de 600 000 morts,blessés ou disparus, rappelle-t-il, seulement lors des 45premiers jours de la guerre ! On retrouve des anonymes,mais aussi des personnages qui auront de remarquablesdestinées, Jean Zay, «fils du journaliste», qui sera plusjeune député de France et ministre du Front Populaire,Françoise Marguerite Marette, «la nièce de l’officier»,future Françoise Dolto… Il y a les photos, les extraitsde lettres, de journaux intimes, de poèmes verlainiens,les BD, magnifiques de précision et de sobriété, quiaccompagnent les textes, toutes composées par de grandsdessinateurs. À ces passages poignants, emplis de ladélicatesse des pères qui cachent la réalité, donnent desconseils, accordent à leurs écrits une valeur testamentaire,pour donner à leurs enfants les armes pour vivreavec dignité, répondent les extraits des discoursofficiels qui exploitent l’image des enfants à des finsbellicistes, véritable «école de la propagande», avec la«croisade des enfants», des formules assassines «votre fusilà vous c’est le porte-plume !», ou totalement absurdes commecelles qui affirment que «les balles allemandes nesont pas du tout dangereuses (…) ne font aucune déchirure»! Un album à mettre entre toutes les mains et àinsérer dans toutes les bibliothèques !MARYVONNE COLOMBANILITTÉRATURELIVRES 65L’auteur était présente à Aix en octobre,dans le cadre des Écritures Croisées (voir Zib’57)Paroles de Poilus Tome 2Mon papa est en guerreScénariste : Jean-Pierre GuénoDessinateur : CollectifSoleil, 19,99 €Poétique du marcheurDélicieux petit volume que ce Walking Class Heroes deMichéa Jacobi : format à glisser aisément en poche,papier épais. Pour 26 courtes biographies de marcheurs.Les textes brefs se refusent à un enchaînementchronologique, mais s’enchaînent le plus souvent parconcaténation : le marcheur, dont la vie est rapportée,a été évoqué lors d’un rapprochement, d’une image,d’une pirouette dans le texte précédent. Jeu de devinettes,qui sera le prochain ? Les biographies adoptentla sobre esthétique du raccourci, choisissant au gré deshistoires les formes du passé, avec un ton quasi mythologiquedans certains passés simples (Basho, haïkisteet Pèlerin), le présent de narration, pour la véritableépopée vécue par David-Néel Alexandra, la «tibétophile»,ou le présent de description lorsque l’auteur sefocalise sur une anecdote éclairante ou cherche à brosserun portrait à la manière de La Bruyère commepour le Piéton de Saint-Pétersbourg. Marche plaisir,marche de découverte, d’explorateur, marche ethnographique,poétique, inspiratrice, philosophique,marche, gage de longévité, pour celui qui marche «avecl’allégresse et la légèreté d’un pigeon» ! Image de comédieitalienne : la marche papale avec les prélats essoufflésderrière… Un petit livre nourri d’anecdotes et deréflexions souvent profondes, à savourer, en marchant,ou pas, et en adoptant son propre rythme et itinérairede lecture. Peu importe si l’on commence au milieu ouà la fin, comme dans une marche où chacun choisitson chemin.M.C.Walking Class Heroes de quelques marcheursMichéa JacobiLa Bibliothèque, collection L’écrivain voyageur, 13 €


66 LIVRES LITTÉRATUREUn pays sans histoire !Le Bonheur des Belges de Patrick Roegiers réussit l’exploitd’être une épopée, une fresque, une farce, unefantaisie, une chanson de gestes. Bref, il est inénarrable,truculent et érudit, baroque et caustique, avec Rabelaistapi dans l’ombre ! Patrick Roegiers nous prend par lamain sans jamais nous lâcher : on glisse d’un personnageà l’autre, illustre ou anonyme, et d’un événementà l’autre à la vitesse du son… de Charlemagne à MarcDutroux enfant, c’est le grand écart permanent ! Onvit en quelques heures ce que le héros de 11 ans, sansprénom et sans famille, va vivre en une journée, c’estdire l’exploit : dans son «royaume microscopique», onle retrouve à batailler aux côtés de Napoléon à Waterloo,à grimper le Tour des Flandres sous les encouragementsde Bob Morane et Michel Vaillant, marcher versl’inconnu sur les conseils de Victor Hugo, se perdre avecMonsieur Belgetype et Monsieur Belgemoyen dans lesallées de l’Exposition Universelle… Construit commeles cadavres exquis des Surréalistes, le roman à neufchapitres (clin d’œil aux 9 provinces de Belgique et aux9 parties de l’Atomium) regorge de rebondissements,de chevauchées, de citations et de références picturales.Ah, la scène où le jeune garçon s’installe «sans gêne» aupremier plan du Repas de Noces de Bruegel et décritpar le menu la terre battue, le quignon de pain, lesjambons et les saucisses qui pendouillent ! Du grandart. Ses tribulations incongrues et ses coups de foudrepour Yolande Moreau et La Malibran, ses mères desubstitution, nous laissent tout ébaubi, comme la languequi chante à l’oreille et nous enivre. On se surprend àlire à haute voix pour jouir de la rondeur des mots.MARIE GODFRIN-GUIDICELLILe bonheur des BelgesPatrick RoegiersGrasset, 22 €Patrick Roegiers était invitéà la Fête du livre de ToulonPsychédéliqueTerriblement doués tous ces «incultes» qui constituentle noyau dur de la revue éponyme au singulier…Christophe Claro, allégé de son prénom, en est l’undes accélérateurs les plus actifs et son seizième romanTous les diamants du ciel ne donne pas le moindre signed’essoufflement... au risque minime mais perceptibled’une certaine inflation justement ! De la vierge enplâtre 1951 de Pont-St-Esprit la bien nommée auxpoupées gonflables de Paris 69, du fournil mauditempoisonné par la CIA aux hosties de LSD, le petitmitron Antoine va croiser la sidérante trajectoire deLucy, tombée du ciel sans ses diamants dans les tempslégendaires où l’homme marcha sur la lune peu aprèsque l’armée française eut éclaboussé en catimini, deses radiations ionisantes, le désert algérien... Claro écritcomme un télévangéliste inspiré et sa parfaite maîtrisede traducteur de l’américain profond agite efficacementune prose fascinante dès l’ouverture, qui pétritpain et poésie sans que l’on ait la moindre idée soimêmede l’objet que l’on est en train de consommer.Cadré en 6 parties, chacune rigoureusement inciséede 3 chapitres (parfois étoilés de paragraphes) aux titresbrillamment et strictement acrostiches (Lumière-Soleil-Désert...) le roman projette mille images à laseconde qui parlent à la rétine avant d’atteindre lecerveau et moins sûrement sans doute le cœur. Avatarélégant et goulu de Flaubert et de Jérôme Bosch, cette«tentation de St Antoine» dégraissée au roman d’espionnageminimaliste (juste les codes et le méchantWen Kroy/New York ) et nourrie de références subliminales(l’inusable Rimbaud rôde...), baigne dans leplaisir d’écrire jusqu’au vertige ! Le lecteur saisi luimêmedu mal des ardents n’hésite guère à déployerses ailes pour traverser cette saison en enfer… la survolerpeut-être.MARIE-JO DHÔTous les diamants du cielClaroActes Sud, 20 €Croatie par iciPuisque personne ne parle croate comme le déploraitplaisamment le CIPM il y a quelques années, en pleineSaison Croate et comme pour saluer l’entrée imminentede la Croatie dans l’UE, la pertinente maisond’éditions de Rustrel, l’Ollave, vient de créer unDomaine Croate/Poésie.Deux générations de poètes pour cette première livraison: du cœur du XX e siècle, Slavko Mihalic disparuen 2007 et tout fringant de modernité, Branko Cegecné en 1957 ; ce dernier multiplie les activités autour dela poésie ; écrivain, essayiste, éditeur, plongé dans l’airdu temps et sensible à la vitesse des métamorphoses,l’auteur en saisit les échos dans la ville qu’il arpente,Istanbul. Notations brèves, fragments arrachés à laréalité qui font se rejoindre sur la page le silicone d’unegay-pride et les maisons de bois d’Arnavutköy ; éclats,fractions et effractions du regard et une adresse quasipermanente à un «tu» féminin dans tous les états de soiou de l’autre, construisent un paysage urbain dissonant,hétérogène ; tournant parfois à l’inventaire oupire, au cadavre exquis, Lune Pleine à Istanbul donneune impression de déjà-lu qui d’ailleurs est peut-êtretout à fait maîtrisée par l’auteur... Slavko Mihalic plusprésent dans ses vers (un choix de poèmes écrits entre1950 et 2000)offre un panorama de la nécessité d’écrireen tournant paradoxalement autour du vide et de ladisparition, quelle que soit la période évoquée ; la«défaite» «les mots déjà éteints» «les étincelles de nonsenspassionné» «l’écrivain endormi au milieu de laphrase» interrogent pourtant avec ferveur l’acte devivre et remettent le poète à une place modeste «net’occupe pas de prophéties/tente de noter le nom desétoiles». Lecture prenante qui oblige à reconnaître dansce jardin aux pommes noires une forme de l’essentiel…MARIE-JO DHÔLune pleine à IstanbulBranko Cegec traduit par Vanda Miksicet Martina KramerLe jardin aux pommes noiresSlavko Mihalic traduit par Vanda MiksicDomaine croate/L’Ollave, 15 €www.ollave.fr


68 CD/LIVRESMUSIQUEJusqu’au burn-outJohn Coltrane est un musicien qui a contribué defaçon significative à l’évolution de la musique afroaméricaine.Son parcours fécond fut très court, auregard d’une vie, et son destin une quête opiniâtre etinépuisable dans laquelle il passa toute l’énergie de sonêtre. Le livre de Xavier Daverat est une sommed’érudit, et demande qu’on s’y plonge. Il y estquestion, entre-autre, de la spiritualité de ce musicienemblématique dans l’histoire du jazz, mais aussi destylistique. Le jeu du saxophoniste y est analysé danstous ses détails. Le vocabulaire coltranien est corréléavec un grand nombre d’autres musiciens dontWagner, Coleman Hawkins, Bartók, Miles Davis ouencore Prokofiev. On y apprend les raisons de sonextrême sensibilité au jeu du batteur Elvin Jones, maisaussi les différences fondamentales, physiques, quifixent l’appropriation de l’instrument : le souffle deSonny Rollins ou de John Coltrane déterminent deuxdiscours, et donc deux vies de l’instrument. Un livrepassionnant !DAN WARZYTombeau de John ColtraneXavier DaveratParenthèses, Coll. Eupalinos, 19 €Maître du SwingJean-Pierre Jackson consacre un ouvrage à l’itinérairedu pianiste Oscar Peterson. Lou Hopper, pianiste dejazz à Montréal sera le premier mentor de cetadolescent doué de l’oreille absolue, d’une maturitémusicale exceptionnelle. À 18 ans en 1944, il formeson premier trio, rencontre Dizzy Gillespie puisl’imprésario Norman Granz qui le révèlera auCarnegie Hall. Il va côtoyer les plus grands jazzmendu moment où le jazz est grand : Charlie Parker,surtout. Petit à petit il s’impose, au Birdland de NewYork puis au Blue Note de Chicago. Son art va trouverson apogée dans le trio, sa formation de prédilection.Durant toute son existence, celui qui n’a cessé dedénoncer les injustices produites par la ségrégationrestera un pianiste exalté… par le rythme ! AprèsCharlie Parker, Miles Davis et Benny Goodman Jean-Pierre Jackson livre une nouvelle biographiedocumentée, qui se lit d’un trait.D.W.Oscar PetersonJean-Pierre JacksonActes Sud, Collection Classica 16,50 €Chanson sans parolesEnregistré aux Studios La Buissonne à Pernes-les-Fontaines, haut lieu du son, ce disque est une surprisemagnifique. En duo, Laurent Dehors aux clarinettes,saxo ténor, cornemuse et harmonica et MatthewBourne au piano nous offrent des compositions quiparlent d’amour par tous les sens, propices auxdéambulations de l’imaginaire et à la rêverie.Originalité des timbres, fulgurances et évidences, cettemusique parle au cœur, comme en pleine lecturepoétique... sans livre ni yeux pour voir, en improvisantà deux, et tout est limpide…D.W.Chansons d’amourMatthew Bourne & Laurent DehorsLabel Émouvance (émv 1034)EnsorcelanteLe premier EP d’Anouk Aïata est un petit bijou,ensorcelant dès la première écoute. Accompagnée deson alter-ego Amos Mâh, violoncelliste héritier d’unfort bagage classique, jazzy, contemporain et co-auteurdes textes et des musiques, la chanteuse présente sontitre Pourquoi regardes-tu la lune ?, figure de proue d’unpremier recueil attachant et poétique. Aïata désignanten Maori la femme mangeuse des nuages du ciel, Anouknavigue au-dessus de la ligne de flottaison dumétissage, souvent prétexte à un espace sonore videde sens. L’album enregistré entre les murs de LaFabrique à Saint-Rémy de Provence emprunte à lagypsy touch de la bande originale de Tony Gatlif dansVengo, côtoie un folk rural aux contours ska. AnoukAïata n’a pas de port d’attache, elle en a plusieurs. Ilspourraient être Marseille, Oran ou La Nouvelle-Orléans.FRED ISOLETTAAnouk AïataUniversal Music


L’été indienThe Endless Summer ? Non, ce n’est pas le documentaireportant le surf aux nues, ni l’album compilationdes Beach Boys. Il s’agit du nouveau projet dusaxophoniste Thomas de Pourquery, esthète experten trouvailles sonores. «Et si vous en avez assez desniaiseries ambiantes […] qui se plantent au premiervirage, alors vous êtes mûrs pour The Endless Summer.»C’est le géniteur de cet album ébouriffant qui vous ledit ! Et annonce «the nouvelle mouture» des divinsrigolus, ce big-band pléthorique et prêt à tout. Desvoix et encore des voix, à l’image d’un Rocky Balboadéjanté, des saxophones en tous genres, du barytonau soprano en passant par l’alto, et des percussions àfoison. Pas besoin d’agiter, ils sont secoués !FRED ISOLETTAThe Endless SummerThomas de PourqueryNueva OndeMUSIQUECD/LIVRES 69Rock’n’rollS’ils sont encore dans la fleur de l’âge, ce ne sont pasdes débutants qui agitent l’univers Noswad. Déjà dixans que les rockers parisiens secouent les planches, euxqui se sont fait une réputation de bêtes de scènesjustifiée. Que nous réservent-ils avec le dernier néFrom dus till dawn ? Un bel album solide, les piedstrempés dans l’acier. Il faut dire que quand on a lestoner dans le sang, on a du mal à s’en détacher. Uneposture presque western blues invite pourtant les fansà un renouveau stylistique qui écarte un peu les mursde ce genre dans lequel ils risquaient de s’enfermer. Ilfaut dire que Vincent, chanteur à ses heures duremuant AqME ne manque pas d’idée et de pêche.Le palindrome de Dawson est convaincant à l’imaged’un titre comme Blind dead, même si tout l’albumn’est pas du même registre.F.I.From dust till dawnNoswadAutoproductionIntégrale BeethovenLes enregistrements publics au Théâtre National deMarseille du label Lyrinx adoptent un rythmesoutenu, puisque la pianiste Marie-Josèphe Jude agravé le 19 novembre (voir p. 28) l’intégrale desNocturnes de Chopin et se représente un mois plustard devant les micros des Gambini avec MichelBeroff pour des quatre mains dédiés à l’enfance : Petitesuite de Debussy, Jeux d’enfants de Bizet, Dolly de Fauréet Ma Mère l’Oye de Ravel (le 15 déc). En 2010/2011,Caroline Sageman (piano) et David Galoustov(violon) ont pris le temps nécessaire pour peaufinerles dix Sonates de Beethoven. Le résultat estenthousiasmant pour leur complicité ludique, le lustredes timbres, l’arche historique maîtrisée où Mozart estsi proche (op. 12)… et déjà si lointain (A Kreuzer).JACQUES FRESCHELComplete Sonatas for Piano & ViolinDavid Galoustov et Caroline SagemanCoffret 3 CD Lyrinx LYR 2267Pärt en françaisArvo Pärt (né en 1935) est aujourd’hui l’un descompositeurs contemporains les plus joués au monde.Son langage, souvent austère, empreint de spiritualité,demeure cependant populaire. Paradoxalement, enFrance, où les adeptes du Cantus in Memory ofBenjamin Britten, Credo, Tabula Rasa et Symphoniessont légion, il n’existait pas de biographie de l’Estonienayant dû fuir son pays sous l’ère socialiste. Introduitpar David Sanson (traducteur de l’allemand original),Bartok bioBéla Bartok est un compositeur majeur de lapremière moitié du XX e siècle, sans doute la plusgrande figure de l’ethnomusicologie, science humainebasée sur l’analyse, l’observation sur le terrain depratiques musicales orales et traditionnelles. Attachéau berceau hongrois, épris d’idéaux nationaux, ilréinvente un folklore appréhendé comme sourced’inspiration à l’avant-gardisme. Son œuvre singulièrerevêt une dimension universelle, à l’image de celles deDebussy, Schoenberg ou Stravinsky. Sa vie passionnéece précieux ouvrage comprend les entretiens éclairantsque Pärt eut en 2003 avec Enzo Restagno, ainsiqu’une vraie analyse, qui ravira les musiciens, du «styletintinnabuli» caractéristique de son langage, signéeLeopold Brauneiss.J.F.Arvo PärtEnzo Restagno et Leopold BrauneissActes Sud/Classicatémoigne aussi d’un courage résistant à lacollaboration nazie… jusqu’au fatal exil américain. Cepremier grand ouvrage de référence, extrêmementdétaillé, fruit d’une dizaine d’années de travail, est unemine !J.F.Béla BartokClaire DelamarcheFayard


70 LIVRES JEUNESSEGrandir en chansonsC’est tout un monde chanté, une compilation agencéeà partir d’une vingtaine de livres CD de GallimardJeunesse : chants de Noël ou comptines à danser, mélodiesde France et du monde entier, pour apprendrel’alphabet ou faire des rondes et même endormir lestêtes brunes et blondes… On sait l’intérêt de ces formulettesaux origines diverses, chantées ou quasi-parlées,berceuses et jeux rythmés, dans la formation des toutpetits! Source de plaisir, souvent à partager avecparents ou grands-parents, la comptine possède unrôle sécurisant, apaisant ; liée au geste, elle revêt uncaractère ludique… on la dit même socialisante ! Dansce livre grand format, les petits écarquilleront aussi lesmirettes sur de grandes planches colorées qui jouxtentles textes.JACQUES FRESCHELLes 40 plus bellescomptines et chansonsLivre CDGallimard Jeunesse, 15 €Qui suis-je ?C’est l’excitation des premières invitations à la maisonoù tout doit être prêt, des décorations au repas…jusqu’aux parents qui attendent avec impatience etfébrilité de rencontrer le fameux invité de leur fillechérie. C’est Gaston, sacré personnage que décrit lapetite fille au long des pages, laissant inquiets et dubitatifsles parents, le chat et le chien… «Grandes oreilles»,«nez immense», «dents qui rebiquent», avec «un grosderrière»… Bigre ! De quoi alimenter les imaginationsles plus fertiles ! Le texte de Raphaële Frier, complétéà merveille par les illustrations très colorées et décaléesde Claire Franek, repose sur l’effet de surprise finalqui surprendra plus d’un petit lecteur. Jusqu’à enreprendre la lecture pour dénicher les indices qui auraientdû nous mettre la puce à l’oreille…D.M.Je vous présente GastonRaphaële Frier (texte),Claire Franek (illustration)L’Edune, 14,50 €InitiationsLes auteurs dits de «jeunesse» semblent se donner pourmission d’apprivoiser les doutes, les peurs ou les désirsde leurs lecteurs. Leurs livres sont des pistes pour comprendrele monde et y trouver sa place.Au Rouergue trois collections s’adressent aux enfants.Dès 7 ans la collection Zig Zag, dont les dessins noirsau trait précis rythment la lecture, n’hésite pas àaborder des thèmes difficiles comme la mort, la maltraitance,le racisme ou ceux plus courants comme lanaissance de l’amitié et la vie à l’école. Y figure ledernier livre de Guillaume Guéraud illustré par MartinRomero souvent primé à Angoulême. À partir de9 ans, la collection Dacodac prend le relai avec des textesplus longs, des aventures au collège, premiers émois etpremières libertés... Le livre de Vincent Cuveliermontrela société des années 70 en même temps que l’apprentissagede la musique de deux garçons de milieuxdifférents, et propose en notes une sélection des succèsde la Pop et du Rhythm’n’blues. La petite dernière,Boomerang, inaugure une formule originale : chaquelivre peut se lire dans un sens ou dans l’autre ; ainsideux histoires se complètent en se retournant, et uneillustration en noir et blanc occupe le centre du livre.Pour les ados (coll. DoAdo) les propositions de décoderles règles du monde des adultes ou de basculerdans l’imaginaire ou l’aventure sont multiples. Maismême dans les polars (DoAdo noir) on ne perd pasde vue l‘apprentissage. Sylvie Deshors, qui dès sonpremier titre a reçu le Prix du Festival de Cognac,évoque le drôle de réveillon de Minus pris en otagepar un Père Noël fou furieux qui le tabasse et croitqu’il va en tirer une rançon ; la catastrophe ultime estévitée au dernier moment. Dans un tout autre registreon retrouve avec plaisir Ahmed Kalouaz qui n’hésitepas à se mettre dans la peau de Juliette rencontrant sonpremier amour alors qu’elle fait du canoë dans lesgorges de l’Ardèche. Nicolas aime la solitude, écrit despoèmes sur des galets et donne un coup de mains à labuvette ; avec Juliette c’est le coup de foudre... avantl’entrée au lycée. Un premier amour aussi chez IrèneCohen-Janca sur fond de détresse familiale ; la sœurd’Antonin est anorexique, l’oncle vit dans le souvenirde la révolution sexuelle de 68. Antonin rentre dansl’âge adulte en ouvrant les yeux à ses parents, dépassés.Le roman, plein de sensibilité, aborde le thème duconflit d’idéaux dans une société en mutation où lesjeunes doivent se faire leur place et oser «demanderl’impossible». Quant au texte d’Alex Cousseau, il retracel’itinéraire extraordinaire d’un personnage quichange trois fois d’identité de 1831 à 1865, depuis savie dans le ventre de sa mère emmenée en esclavage,descendante d’un pirate français, jusqu’à son retoursur l’île maternelle. Parcours initiatique, ce livre est unhymne à la vie.À une exception près ces textes sont écrits à la premièrepersonne comme si leurs auteurs voulaient se glisserdans la peau de leurs personnages tout en servant demiroir à leurs lecteurs, petits ou grands...CHRIS BOURGUEJe sauve le monde dès que je m’ennuie (7 €)Guillaume GuéraudL’été pop (7,80 €)Vincent CuvelierDouce nuit, Minus ! (9,70 €)Sylvie DeshorsMon coeur dans les rapides (10,70 €)Ahmed KalouazDemander l’impossible (13,20 €)Irène Cohen-JancaLes trois vies d’Antoine Anacharsis (15,70 €)Alex Cousseau


Nef de brutesLa collection Noctambule des éditions Soleil proposeune passerelle entre littérature et bande dessinée, oùles auteurs adaptent à leur gré les œuvres littéraires quiles ont marqués. Scénariste et dessinateur de bandedessinée, Riff Reb’s vit au Havre ; la mer est «la premièrevision de tous [s]es matins depuis vingt ans». Il esten outre un fervent admirateur de Jack London, d’oùson choix d’une adaptation libre (et néanmoins trèsproche de l’esprit du romancier américain) du Loup desMers, pour le plus grand plaisir des amateurs d’aventuresmaritimes, de sensations fortes et de personnageshors du commun. Le roman, paru en 1904, retraceles tribulations d’un critique littéraire plutôt dandy,enrôlé par la force des choses comme mousse à bordd’une goélette phoquière en route pour le Japon. Surce voilier au nom glaçant de Fantôme, la vie prend desallures d’enfer et le cruel capitaine Loup Larsen mènela danse… macabre ! Cruauté des hommes, déchaînementdes éléments, la fable de London, un brinmétaphysique, trouve un bel écho dans cette BDinspirée. Le trait acéré de Riff Reb’s plonge le lecteurdans les eaux et les âmes tourmentées. Quant aux couleurs-chacun des 17 chapitres a un fond de teintedifférente, vert anis, orange, bleu nuit…-, elles baignentd’une lumière étrange ce sauvage théâtre d’ombres.FRED ROBERTLe Loup des MersRiff Reb’sSoleil, collection Noctambule, 17,95 €LIVRES 71Billy et les sirènesSaluons le retour de Brouillard, Billy Brouillard ! Lejeune héros au don de trouble vue (qu’il craint d’ailleursd’avoir perdu) revient pour de nouvelles et fantasmagoriquesaventures, pleines d’une émouvante poésiecomme les précédentes. C’est aux sirènes, aux créaturesles plus improbables des grands fonds, et aux fillesaussi, que Guillaume Bianco confronte cette fois-cison personnage, dans un album aussi inclassable etréjouissant que les deux autres. Billy entreprend deconsigner dans son journal les événements extraordinairesqu’il a vécus pendant l’été. Cette trame narrative,sous forme de BD traditionnelle en noir et blanc, estcependant loin de constituer l’essentiel du livre. Poèmes,bestiaires, extraits de la Gazette du Bizarre, contes…enrichissent comme toujours les aventures du jeunegarçon. Au cœur de l’album, une carte des abyssesinfernaux et le récit (sur fond noir) de la terrifiantedescente aux Enfers qu’il accomplit, tel Orphée, poursauver Prune, sa compagne de jeux. Un ouvrageoriginal, à conseiller à tous les amateurs de rêve et defantaisie, petits et grands.F.R.Billy Brouillard, Le chant des sirènesGuillaume BiancoSoleil, collection Métamorphose, 22,95 €Déplier les livresDans le cadre des Escales en librairies, une rencontreet un atelier ont eu lieu le 14 novembre avec l’architecteJean-Charles Trebbi à la Librairie Imbernon,au Corbusier. Un endroit fabuleux, et un instant magiquepour tous les participants. Entre les plis, les découpes,les monts et les vallées, l’artiste sensibilise ses élèvesd’un instant, qui touchent du doigt la complexité, lacréativité et la poésie qui se dégagent de ses imagessurgissantes… Celles qu’on appelait autrefois livre àsystème, aujourd’hui dénommées livre animé et Popup,celui-ci n’étant en fait qu’une des techniques dulivre animé. L’atelier donna l’occasion, par l’expérimentation,de comprendre comment effectuer ce passagedélicat de la deuxième à la troisième dimension, pardes subtils coups de cutter et un savant pliage. Quelplaisir de produire à son tour ce prodige, tout en recevantle précieux savoir de ce designer, passionné degraphisme et de formes épurées, sur les particularitésdu papier et les processus de conception des œuvresqu’il propose de réaliser avec lui. En un instant, onredevient enfant, jouant avec la dextérité retrouvée denos mains et fiers de ces nouvelles productions !Vint ensuite le temps de présenter son dernier livreL’art du Pop-up et du livre animé. Sous la forme d’undiaporama respectant les chapitres de son livre, ilretrace d’abord l’histoire et les difficultés à produire cetype d’ouvrage. Puis il expose les techniques et lesapplications variées du Pop-up depuis le simple pivotinventé par des pionniers comme Lothar Meggendorfer(1847-1925) jusqu’aux Sliceforms, formes entrois dimensions créées à partir de tranches emboîtées,à vous couper le souffle ! Au fait des diverses mouvances,il dresse une typologie des artistes internationauxqui excellent dans la matière en insistant sur leursparcours et leurs particularités. Et puis, imprégné del’œuvre de Muratiet de Komagata, Jean-Charles Trebbipropose, avec beaucoup d’humilité, de faire connaissanceavec ses propres travaux aussi nombreux qu’hétéroclites :décor, sculpture, abécédaire, casier de typologie, dicodes mots rares et précieux, livre animé...On repart avec un livre dense, documenté, trèsagréable, véritable puits d’idées pour qui veut se lancerdans cette discipline. Alors à vos cutters, ciseaux etcrayons ! Une belle idée cadeau en ces temps de fête.CLARISSE GUICHARDL’art du Pop-up et du livre animéJean-Charles TrebbiAlternatives, 33 €


72 LIVRES RENCONTRESUne île littéraireEnfin ! On parle de la Corse sans attentat,sans cliché ridicule, sans la complaisancedes journaux à scandale quiconsidèrent l’île comme une réserve deprimitifs. Un prix Goncourt vient pourla première fois récompenser un écrivaincorse, et pour un roman insulaire,puisqu’il évoque la vie et la mort d’unbar de village en Corse. Le premierdécembre à la librairie Goulard, onassistait à une conférence enthousiaste,solidement documentée de FrançoisRenucci dont beaucoup connaissentdéjà le blog passionnant ainsi que lelivre Éloge de la Littérature Corse. L’hommageappuyé à l’œuvre de Jérôme Ferraridevint prétexte à évoquer la richesse dela littérature Corse…François Renucci cite un autre grandécrivain corse contemporain, Marc Biancarelliqui explique dans sa chronique :«On parle bien de littérature irlandaise,alors, je ne vois pas pourquoi on ne pourraitpas parler de littérature corse. Pour lesprofanes, je dirai que c’est une littératurequi s’écrit depuis le Moyen Âge et qui s’exprimeen latin, en italien, en corse, enfrançais, et j’espère un jour en arabe littéraireou en berbère. Ça donnera sans jourd’hui, la littérature corse s’attache© X-D.Rdoute des maux de tête à Chevènement et aux thèmes de société, aux réalitésà divers autres jacobins, mais ça confortera humaines individuelles, à la SF, elle estl’idée que la richesse est dans la diversité.» sortie du carcan romantique de laLa langue en effet est neuve pour la littérature française du XIX e , et a échappéà la littérature purement patrimoniale.littérature corse, il n’y a pas de norme,il s’agit d’une langue «polynomique», D’ailleursJérôme Ferrari n’est pas nourriidéale pour un écrivain, comme l’écrit de littérature corse, à part JacquesJérôme Ferrari qui se plait à dire que la Thiers, mais d’auteurs comme Dostoïevski.Et la force culturelle de lavraie langue est celle de la traduction.Car il y a une vraie nécessité à traduire Corse repose sur un nombre d’auteursle corse dans toutes les langues, et le conséquent, qui ne peuvent être citésdétacher des clichés identitaires. Au-exhaustivement ! Sylvana Périgot,Sale guerreÀ l’occasion de son Théma sur Laguerre d’Algérie, 50 ans après, le ThéâtreLiberté offrait du 16 au 18 novembreun cycle de lectures particulièrementintéressant, où l’on put entendre destextes forts et rares, Algériens et Français.Celui de Maïssa Bey, bouleversant,panorama historique des souffrancesimposées au peuple, aux mères et auxenfants, partout les mêmes. L’Hôte, nouvellede Camus mettant en scène ledilemme d’un instituteur français face àun prisonnier algérien… La dernièrelecture, faite par Charles Berling, livrades passages essentiels du roman deLaurent Mauvignier, Des Hommes,fondé sur les souvenirs de son père,appelé durant la guerre, vivant l’insupportableexpérience de voir ses camaradesmourir, et de se sentir responsable deshorreurs qu’on lui impose de commettre.Le récit, fondé sur la remontée deréminiscences, de dénis successifs, desentiments mêlés de culpabilité et derévolte, dit le traumatisme d’un générationde jeunes hommes acteurs d’unesale guerre, où l’instinct de survie s’opposaità leur sens de la justice. CharlesBerling lut magistralement, la voixcoupée, l’émotion ample, ce récit où lestemps narratifs s’emmêlent pour mieuxfaire sentir le surgissement du refoulé.À Toulon, devant un public où ex-rapatriés,anciens combattants etimmigrés, récents ou anciens, étaientassis dans les mêmes fauteuils, l’émotionfut palpable. Dans les questions,les témoignages, et les remerciementscommuns.AGNÈS FRESCHELLaure Limongi, Marie Ferranti, PaulDesanti, Pierre Joseph Ferrali,Patrizia Gattaceca, Étienne Cesari,Angèle Paoli… souvent oubliés dansles anthologies de littérature méditerranéenne!MARYVONNE COLOMBANILa rencontre animéepar François Renucci a eu lieule 1 er décembre à la LibrairieGoulard, AixÀ lirePierre Sang Papier ou Cendre,Maïssa Bey, Éd de L’AubeL’Hôte, Albert Camus, Éd GallimardDes hommes, Laurent Mauvignier,Éd de MinuitLa Corse,terre defictionCe court roman a connu succès critiqueet public dès sa sortie au mois d’aoûtavant d’être consacré par le prix Goncourtdébut novembre. L’histoire estcelle d’un grand-père, Marcel Antonetti,qui a raté sa vie : issu d’une sociétébrisée par la 1 ère guerre mondiale, iléchouera à devenir un officier glorieuxdurant la Seconde et finira fonctionnaired’un morceau perdu de l’empirecolonial français en déliquescence. Fortde ces échecs, il soutiendra le projetdélirant et voué à la catastrophe de sonpetit-fils, Matthieu, et d’un de ses amis,Libero : quitter des études brillantes dephilosophie pour ouvrir un bar dans levillage corse de leur enfance. JérômeFerrari a écrit un roman au lyrismetantôt cru, tantôt compassionnel quiest aussi une méditation métaphysiquesur la nature des «mondes» que les hommescréent et croient pouvoir pérenniser.D’où les allusions de plus en plus développéesau sermon que Saint Augustinprononça pour tenter de consoler leschrétiens effrayés par la chute du grandempire romain en l’an 410. Jusqu’à unescène finale aussi audacieuse qu’énigmatique.Deux autres raisons de lire cet ouvragemagnifique ? Il est une entrée rêvée àl’œuvre entière de cet auteur : six romanset un recueil de nouvelles chezActes Sud et Albiana, éditeur corse ; ilpermet à la Corse d’émerger vraimentcomme un territoire littéraire : lisezaussi Murtoriu de Marc Biancarelli,chef d’œuvre de la nouvelle littératurecorse, traduit notamment par JérômeFerrari !FRANÇOIS-XAVIER RENUCCILe sermon sur la chute de RomeJérôme FerrariActes Sud, 19 €


74 LIVRESRENCONTRESLes écrivains parlent aussiQue de belles rencontres dansles librairies et les bibliothèquesen cet automne ! Des occasionsrêvées pour faire le plein de livresen prévision des longues soiréesd’hiver, trouver des idéesde cadeaux durables, écouterles amoureux des mots…Maupetit ne proposait ainsi pas moins de onze rencontrespour le seul mois de novembre ! Une conférencede Jean Contrucci et Gilles Rof pour la sortie de leurénorme ouvrage Marseille Culture(s) : une somme surl’histoire culturelle de Marseille, mais peu pertinentequant aux choix, très masculins, souvent partisans, desartistes d’aujourd’hui… La librairie proposait aussi unhommage à Henri Bauchau, des ateliers créatifs etheure du conte pour les plus jeunes, des expositions,des dédicaces avec Ramona Badescu et avec l’illustrateurBenjamin Lacombe… La plus ancienne librairie deMarseille fête dignement son 85 e anniversaire. Depuiscet été, la devanture claque d’un rouge ardent, l’intérieura été totalement repensé et Damien Bouticourt,le directeur, est ravi de ce nouveau dynamisme.Certaines rencontres étaient consacrées des maisonsd’édition marseillaises, dont celle du Fioupélan, ainsibaptisée du nom d’un crabe velu qu’on met dans labouillabaisse et dont les pinces et la marche de traversillustrent bien les principes de ses fondateurs. MédéricGasquet-Cyrus a rappelé les débuts de cette jeune«maison d’édition locale mais pas régionaliste» spécialiséeen «frivolités narratives» et «marseillitude déjantée». Audépart, deux ouvrages : Marseille en VO puis Le parlergras de JM Valladier (fondateur des éditions). Le succèsde ce «glossaire marseillais iconoclaste» a permis au Fioupélande continuer ses facéties, parodies et pastichesen tous genres, que guide toujours un amour fou dela langue que l’on parle à Marseille, et qu’il s’agit icid’écrire, et pas seulement en glissant des mots typiquesdans les dialogues. En témoignent leurs deux collectionsphares : les nistoulinades, au sein desquelles FrançoisThomazeau a inscrit son Minot, savoureux recueil desouvenirs d’une enfance marseillaise dans les années60 ; et l’overlittérature, dont deux membres éminentsétaient présents : Gilles Ascaride et Henri-FrédéricBlanc. La lecture d’extraits a permis de mesurer leuroralité très élaborée et leur fort potentiel satirique etcomique. Certains sont d’ailleurs mis en scène avecsuccès, pas souvent à Marseille hélas !Amour de la langue, désir d’écrire, étaient au cœurd’une table ronde organisée par la libraire GenevièveGimeno. Elle avait réuni quatre auteurs marseillais,deux femmes, deux hommes (pour la parité), afin qu’ilsracontent comment ils étaient devenus écrivains. Sipour Lucien Vassal, il s’agit d’une vocation tardiveconsécutive à son engagement citoyen, les trois autressont tombés dedans quand ils étaient petits. MathildeGiordano, auteure et illustratrice jeunesse, fabriquaitdès 7 ans des livres pour enfants. Marie Neuser gardele souvenir très ancien du «plaisir sensuel de tracer desHenri-Frederic Blanc © Jean-Marc Valladiermots sur le papier» ; toute petite déjà, elle voulait êtreprofesseur et écrivain. Quant à Vincent Desombre,qui vient de publier son premier roman, il a largementabusé dès son adolescence de cet outil de séductionqu’est l’écriture.Les invités ont également évoqué leurs sentiments àla parution de leur premier livre («J’ai dormi avec !»,avoue Vincent Desombre), leurs relations avec leurséditeurs et les difficultés qu’ils ont à trouver du tempsGilles Ascaride © Jean-Marc ValladierRencontre Dimitri Bortnikov et Elie Treese, Histoire de l’Œil © X-D.Rpour écrire. Car ils ont tous un autre métier : vivre dece qu’on écrit, «en gros, c’est la misère», comme l’a déclaréMarie Neuser. Elle a pourtant conclu qu’il fallait«garder ses rêves d’enfant et le plaisir». Une agréable conversationà quatre voix, menée sur le mode intimiste.Duos littérairesAmour des mots, toujours, et leçons de littérature contemporaine,à L’Histoire de l’Œil cette fois, pour deuxdialogues passionnants. Le premier a réuni deux auteursqui se connaissent bien et s’apprécient, Claro etMathias Enard. Le jeu de questions-réponses coulaitde source et le public a pu pénétrer dans le laboratoirede ces deux forcenés de la langue. Claro se méfie de lanarration (lire p. 66) ; écrire, pour lui, ce n’est pas raconter,c’est «laisser la langue travailler», une languevolontairement tenue, même pour décrire des étatsbizarres, qui «fait confiance à l’accident» afin de livrerun texte «organique plutôt que mécanique». Enard rappelle,lui, comment il utilise la documentation ; elle est«très bien quand on l’oublie» et son dernier roman Rue


CONFÉRENCES 75Enfance communedes voleurs (voir Zib’56) est tout sauf unlivre sur les printemps arabes. Le mondey est mis dans «un ordre littéraire».De même, évoquant la forme de Zone,il insiste sur le fait que «chaque projetapporte avec lui une façon d’écrire».Pour Dimitri Bortnikov comme pourClaro, les livres ont à voir avec la matière.Voilà pourquoi il avait invité, enclôture de sa résidence d’écriture avecPeuple et Culture Marseille, Elie Treesedont le premier roman (édité commelui chez Allia) l’a totalement subjugué.Il l’a donc présenté avec le sens de l’humouret de la métaphore qu’on luiconnaît (voir Zib’54) : un petit livre«comme un loup ou un grand chien qui aréussi à entrer dans un terrier petit petit»,un livre «qui donne la vraie faim», «unlivre à mettre les nouilles debout». De fait,la lecture de l’incipit est saisissante. Undrôle de texte en vérité, bref, dense, dontles voix rappellent celles de Beckett etque l’auteur dit s’être «imposé commeça», après quelque 15 ans de brouillonsinutiles. Un tel texte ne pouvait queséduire l’auteur de Repas de morts. Etattiser la curiosité du public nombreuxvenu ce soir-là.FRED ROBERTÀ lireAu FioupélanMinot de François ThomazeauJ’ai tué Maurice Thorez et autreshistoires overpolitiquesde Gilles AscarideAinsi parlait Frédo le Fadade Henri-Frédéric BlancLucien Vassal, la trilogie des Colline,éd. TacusselMarie Neuser, Un petit jouetmécanique, L’ÉcaillerMathilde Giordano, Marcel, poissonde l’Estaque, Mireille, petite sirène deMalmousque et Gino, lapin de l’Étoile,éditions Crès, collection CaganisVincent Desombre,Maudite soit-elle, ScrinéoChez Actes SudTous les diamants du ciel de ClaroRue des Voleurs de Mathias EnardChez AlliaRepas de morts et Je suis la paixen guerre de Dimitri BortnikovNi ce qu’ils espèrent,ni ce qu’ils croient d’Elie TreeseÀ voirJérôme Ferrari à la librairieMaupetit le 16 décTextes à direCertains rendez-vous d’Écrivainsen dialogue font converser un auteuret un lecteur. C’était le cas le 7décembre. Nathalie Kupermanétait invitée à la BDP Gaston Defferrepour parler de son travail, deses derniers romans surtout, carimpossible d’évoquer tous les livresécrits depuis vingt ans, pour lajeunesse comme pour les adultes.Des livres comme autant de «projetsqui surgissent» et qu’elle saisit auvol, refusant de savoir au départ oùle texte la mènera, travaillant de plusen plus à «lâcher prise», construisantde fait un univers particulier, envahipar la rumeur du monde contemporain,d’un humour explosif, cruelmais jamais cynique. Un univers oùil est question de culpabilité, de placede l’individu dans le couple, lafamille, le groupe, de la «saloperied’exister» (avec l’usure des liens, lesplans sociaux, la précarité rampante…)et de la joie de vivre malgré tout.La comédienne Elisabeth MoreauChristian Carrignon, Gilles Joly et Alain Simon © Théâtre des AteliersLe théâtre d’objets de Christian Carrignonnous a habitués à une poésiede bouts de ficelles, petits mots décalés,saynètes qui mêlent joie etnostalgie légère. Son autobiographienous emmène dans le même mondede détails reconnaissables, réminiscencescommunes, amour sensueldes objets, du quotidien, sensations,synesthésies et rêveries éveillées.Son enfance a la banalité des sagasfamiliales populaires, celles des années60, où elles ne rimaient pasavec misère. C’est l’histoire d’un petitgarçon aimé dans un foyer simple,animé de joies, de terreurs enfantines,d’amitiés profondes, de frasquesanodines, d’amours qui naissent. Sile récit se répète parfois, et s’attardesur des transcriptions de rêves obscures,l’attention aux bruits, objets,sensations qu’il décrit par des motsjustes et inattendus, semble déplierles anecdotes dans l’espace, fairesurgir le décor de cet appartementbanal d’une cité ordinaire en boutde piste, au Bourget.Lu à deux voix, en quatre partiesd’une heure, lors d’une Veillée chaleureuseet intime, Presque tout l’universpermit aussi de faire entendre l’artde la lecture, et comment un comédienpeut donner vie aux mots. AlainSimon, de sa voix grave, nuancée,faisait flamboyer les aventures, variantle rythme et les tons en lecteurvirtuose. Christian Carrignon, moinsà l’aise à raconter sa propre histoire,lui donnait pourtant un joli pétillant,et faisait surgir toute sa poésieburlesque.a proposé trois extraits et sa lectureinspirée a su rendre le relief des textesde la romancière, leur oralité remarquablementorchestrée, leur attentionaux détails, leur caractère comiquementdécalé. Un long passage dePetit éloge de la haine, que l’écrivainen’avait encore jamais entendu lire àhaute voix, a suscité l’enthousiasmedu public, hélas bien clairsemé pourune rencontre de cette qualité. Il estdes livres à dire autant qu’à lire ; lesrécits de Nathalie Kuperman sontde ceux-là. Alors, écrire pour le théâtre? Elle y a pensé mais trouve celadifficile. En revanche, l’adaptationthéâtrale de ses derniers romanspourrait bien voir le jour… un jour !F.R.À lireNous étions des êtres vivantset Petit éloge de la haine (Folio),ainsi que Les raisons de mon crime(voir Zib’ 56)Un texte qui verra le jour sur lascène des Ateliers en 2013 : on l’yvoit déjà…AGNÈS FRESCHELLe texte a été lu le 30 novembre auThéâtre des Ateliers, Aix


76 RENCONTRES ÉCHANGE ET DIFF | LE GYPTIS | PRIX LITT. PACARendre soinRoland Goriétait présent le 24 novembredernier au Gyptis, pour une rencontreavec le public ponctuée d’extraits deNietzsche, René Char et Pasolini lus parFrançoise Chatôt, directrice du théâtre.De son point de vue de psychanalyste,quand on considère la santé et la culturecomme un coût, une charge, un déficit,plutôt que comme un investissementsur l’avenir, quand «on ne peut plus rienfaire sans le calibrer pour la rentabilité»,on ne récolte qu’une misère symboliquegrandissante, on réduit notre humanité,Roland Gori et Francoise Chatôt © Gaëlle Cloarecon accroît inéluctablement la misèrematérielle. Il fait référence à Karl Marxet Herbert Marcuse pour illustrer sonpropos : lorsque l’homme conçoit quelquechose, objet réel ou symbolique, ilse fabrique une certaine manière d’être.En construisant telle ou telle machine,tel ou tel spectacle, tel ou tel produitfinancier, il peut choisir -ou pas- deréduire son monde à des chiffres. Or leschiffres, on les fabrique aussi, ils ont uneffet performatif. «Aujourd’hui, les électionssont un spectacle, une espèce de sessionAuteurs à la barre !Forum lycéens, Emmanuel Lepage & Helene Gestern © Marina PollasLe théâtre des Salins a accueilli onze classes venues de tous lesdépartements pour le premier Forum de rencontre entre leslycéens et une partie de la sélection des auteurs en concurrencepour le Prix littéraire des lycéens et des apprentis dela Région Paca. Car tous les ans depuis 2004 six romans etsix BD sont soumis au vote de leurs lecteurs à l’issue d’uneannée de rencontres, de débats dans les établissements ou lesbibliothèques partenaires.Les lycéens se sont montrés curieux de la genèse de l’écriture.Notamment une question les intriguait : les auteurs savent-ilsdéjà la fin de leur histoire quand ils commencent à écrire ? SiHélène Gestern déclare qu’elle a écrit avec un sentiment d’urgenceet un plan précis, mais dans le désordre, le romancierhollandais Herman Koch préfère être surpris et laisse venir leschoses. Quant aux auteurs de BD, ils étaient tous d’accordpour dire que le dessin est primordial ! Il faut dire que deuxdes albums sur trois ont été fabriqués dans le feu de l’action.Le voyage aux îles de la désolation est le fruit d’un voyaged’études dans l’Antarticque d’Emmanuel Lepage, embarquéavec son frère et des chercheurs ; ce n’est qu’à son retour qu’ilde rattrapage des sondages. Et un patientn’est plus qu’un fragment statistique : laloi ne les protège plus, elle a été conçue sousla pression des lobbies pour défendre leursintérêts.»Roland Gori l’avoue volontiers : «Je medéprime moi-même. Un point positif : ily a quelques années, nous n’étions pas trèsnombreux à tenir ce discours d’alerte.Aujourd’hui, quand on fait son boulot enessayant d’éviter qu’il soit corrompu parla rentabilité, on est déjà dans la résistance.»Dans l’assemblée, une femme selève. Elle parle au nom des salariés duCentre Hospitalier Montperrin, engrève depuis des mois : «On veut nousobliger à faire des choix drastiques, alorsque nos patients sont de plus en plusnombreux. Tous les personnels (médecins,techniciens, soignants...) ont monté uneintersyndicale et organisé un débat citoyenavec les patients. Nous allons occuper lesbureaux de la direction lundi ; venez nousrejoindre.»C’est le moment où jamais de se poserla question avec Françoise Chatôt :comment créer, seul ou en groupe, nospropres îlots de résistance ?GAËLLE CLOARECa cherché un fil conducteur à ses dessins. Même discours chezEdmond Baudoin et Troub’s, qui ont fait un séjour de cinqsemaines à la frontière des États-Unis et du Mexique, régionultra dangereuse, championne de la criminalité. Et PierreMaurel affirme que c’est en dessinant ses fanzines à fond qu’ila trouvé son histoire. Tiens bon la barre... et le crayon !CHRIS BOURGUECe Forum a eu lieu le 5 décembre à Martiguesblog.prixpaca.comEux sur la photoHélene GgesternArléaLe dînerHerman KochBelfondLe voyage aux îles de la DésolationEmmanuel LepageFuturopolisViva la vidaEdmond Baudoin & Troub’sL’associationBlackbirdPierre MaurelL’employé du moiZones grisestapissées d’orPierre Conesa, chercheur associé del’Institut de Relations Internationales etStratégiques et auteur de La fabricationde l’ennemi ou comment tuer avec sa consciencepour soi (Robert Laffont, 2011),est intervenu sur ce qu’il appelle la«mondialisation noire». Ou plutôt surla zone grise dans laquelle fructifient leséchanges entre le monde économique,la sphère politique et la criminalité internationale,favorisés par la dérégulationgénérale. Trafic de drogue, conflits arméssoigneusement entretenus, corruption,vente d’organes, faux médicaments, blanchimentd’argent... Un paradis (fiscal)sur terre. «Avec la libre circulation descapitaux, des biens et des services, les seulsqui ne peuvent pas franchir les frontièressont les policiers et les juges.» Les dictaturesn’ont pas le monopole des pratiquesimmorales : nos modèles démocratiquesne sont pas les derniers à convoiterl’argent facile.Bizarrement, après avoir dressé untableau apocalyptique de la situation,Pierre Conesa a apporté une réponsetrès... modérée à la question crucialed’un membre du public, «Finalement, ya-t-il une différence entre un capitalistehonnête et un capitaliste véreux ?» : «Àmon sens gagner de l’argent n’est pas illégitime,c’est la façon dont on fait face à sesobligations républicaines qui fait la différence.»En somme, tant qu’on ne serend pas coupable de fraude fiscale, onpeut vendre des armes, enrichir sesactionnaires, et dormir sur ses deuxoreilles, la conscience en paix ?GAËLLE CLOARECLa conférence de Pierre Conesaa eu lieu le 6 décembre à l’Hôteldu Département 13, dans le cadred’Échange et Diffusion des savoirs.Pierre Conesa © Robert Espalieu


78 SCIENCES RISCLe temps, les femmes,l’histoire et les sciencesMARSEILLELes Jeudis du CNRS : Arts et sciences : imaginaireset expériences en communConférence de Yannick Butel, Laboratoire d’étudesen sciences des arts, le jeudi 10 janv à 18h, à lasalle de conférence Pierre Desnuelle. Entrée libre.CNRS, 31 chemin Joseph Aiguier, 9ewww.provence-corse.cnrs.frThe Dot and the line, a romance in lower mathematics de Chuck JonesLes Rencontres Internationales Sciences et Cinémas(RISC) déclinaient le thème du temps à traversnotamment vingt-cinq films (courts et longsmétrages), une carte blanche offerte au festivalFilms Femmes Méditerranée, une conférence surl’histoire des sciences arabes par le ProfesseurAhmed Djebbar… Malgré des moyens et un nombrede séances réduits par rapport aux éditionsprécédentes, le succès ne s’est pas démenti…La soirée d’ouverture le 30 novembre proposait undocumentaire Le monde en un jardin de FrédériquePressmann (2011) en présence de la réalisatrice,pour explorer le temps des villes et de la nature.Chronique d’une année au parc de Belleville, à Paris,au sein d’un des quartiers les plus urbains etpopulaires de la ville. Au cœur de ce domaine,Gérard -un jardinier philosophe- invite lapopulation très métissée du quartier à réinvestirl’espace public. On est littéralement charmés parl’exploration à laquelle il nous invite, dans et audelàde ce périmètre, grâce aux prises de vuemacroscopiques alternées avec les splendidespanoramas sur la capitale. On pourrait comme nousy invite la réalisatrice par le truchement de ces jeuxd’échelle, envisager ce jardin comme un modèleréduit de société : «Tout un monde dans ce jardinlà»mais la superposition des portraits -audemeurant très réussis- des habitants ne constituepas un monde en soi : il manquait une vision d’un«vivre ensemble» dans ce jardin.Suivait le lendemain une carte blanche au FestivalFilms Femmes Méditerranée qui proposait d’explorerle temps des conquêtes sociales et spatiales avec ledocumentaire No gravity de Silvia Casalino (2011).Cette jeune ingénieure postule pour devenirastronaute, mais se heurte au plafond de verre dusecteur spatial qui réunit deux bastions de ladomination masculine : la technologie et lemilitaire. Sur les 500 humains qui sont allés dansl’espace jusqu’à aujourd’hui, il n’y a eu que 45femmes. Elle consacre un documentaire à ce désird’apesanteur qui restera à jamais inassouvi. NoGravity est une histoire personnelle, enrichie detémoignages exceptionnels de pionnièresspationautes (dont celui de la seule européenneClaudie Haigneré) et d’archives rares. Elle analyseavec l’historienne et philosophe des sciences DonnaHaraway le «virilocentrisme» de la conquêtespatiale et commente la relation entre genre ettechnologie. Film engagé et féministe quiquestionne l’identité, la légitimité des standards(sociaux, de genre…) et critique l’essentialisme.Cependant No Gravity n’est pas un film revendicatif,mais plutôt d’une réflexion générale sur la placedes femmes dans les sciences ; force est deconstater qu’il est difficile de s’arracher à lapesanteur des conventions sociales et politiques…pour échapper à la gravité !Le 5 décembre à l’Alcazar était venu le Temps desnombres, séance au cours de laquelle nous fûmesinvités par Ahmed Djebbar à jongler avec humouret poésie avec plusieurs objets mathématiques : laligne, le point, le zéro et l’infini… Aidé desShadocks (Les shadoks et les mathématiques deJacques Rouxel, 1986) et de l’histoire de cette lignedroite désespérément amoureuse d’un point (Thedot and the line, a romance in lower mathematics deChuck Jones, 1965), le mathématicien historien dessciences, nous accompagne à travers l’histoire dessciences arabes, du rien à l’infini. Il explique dansquelles conditions ces découvertes ont étépossibles : celles d’un formidable bain de culture,mêlant les religions, les peuples et les cultures. Aucours de ce parcours rapide dans l’histoire de lanumération, il y eut quelques «scoops» : les chiffresarabes sont indiens ! Mais Ahmed Djebbar nous asurtout convaincus de la place que l’histoire dessciences devrait tenir dans tout système éducatif !CHRISTINE MONTIXILes Rencontres Internationales Sciences et Cinémas,organisées par l’association Polly Maggoo,se sont déroulées du 30 novembreau 8 décembre dans différents lieux de Marseille(Maison de la Région, BMVR Alcazaret Cinéma Le Miroir)NICELa section Côte d’Azur de la Société Française dePhysique organise le jeudi 13 déc à 18 h uneconférence grand public à l’Université de Nice-Sophie Antipolis (Campus Valrose), amphithéâtrede Biologie Nice - Faculté des Sciences (Valrose).Christophe Clanet, Directeur de Recherche auLadHyX, professeur de mécanique des fluides àl’ESPCI et chargé de cours à l’École Polytechnique,donnera une conférence sur la Physique du Sport.Entrée libre.SAINT-MICHEL L’OBSERVATOIRELe vendredi 14 déc à 20h30, conférence La fin dumonde n’aura pas lieu le 21 décembre 2012.Après avoir fait le point sur la rumeur maya, lesvrais dangers qui nous menacent, en particulier leséruptions solaires et les risques de collisions avecdes comètes ou des astéroïdes, seront évoqués.Conférence suivie d’un repérage laser desconstellations.Centre d’astronomieEntrée gratuite. Sur réservation au 04 92 76 69 69SÉRIGNAN-DU-COMTATEn hiver, comment reconnaît-on l’espèce des arbresqui perdent leurs feuilles ? Initiation à lareconnaissance des essences lors d’une balade :mercredi 26 déc à 14h30, et jeudi 3 janv à 11h.4,50 € (adulte), 3 € (-18 ans). Durée 2h.Réservation obligatoire au 04 90 30 33 20Comprendre les phénomènes géologiques à l’aided’expériences simples et ludiques. Ateliers à partirde 7 ans. Jeudi 27 déc, mercredi 2 janv et vendredi4 janv à 14h30.4,50 € (adulte) / 3 € (-18 ans).Réservation recommandée au 04 90 30 33 20Le Naturoptère, Chemin du GrèsSOPHIA ANTIPOLISLe colloquium Jacques Morgenstern, créé en2002 à l’initiative de la communauté scientifiquedes Alpes Maritimes fête ses 10 ans, et organise uncolloquium spécial le 14 déc après-midi. Troisconférenciers interviendront à partir de 13h30 :Jean Céa, Bernard Chazelle et Damien Stehlé, enprésence de Suzie Morgenstern.Programme et inscription gratuite mais obligatoiresur : www-sop.inria.fr/colloquium/

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