Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

AVERTISSEMENT 

Cette thèse n’a été imprimée qu’en 20 exemplaires en vue de la soutenance. Or depuis dix 

ans, plusieurs personnes m’en ont demandé la communication, mais je n’ai pu le faire que partiellement 

pour une raison trop simple : passé d’Appleworks qui fait tout (texte, base de données, tableurs, 

dessin) mais n’est pas commun, à Word de tout le monde, les polices API de l’un n’allaient 

pas sur l’autre, et réciproquement ; j’ai cherché celles qui allaient sur Word, et quand je les ai eues, 

m’a manqué le temps de les changer dans mon texte. Ce que je n’ai fait que par petits morceaux… 

Ayant décidé d’en finir, je présente ici une réédition .pdf aussi fidèle que possible ; en particulier, 

la pagination a été strictement respectée pour ne pas modifier les tables et les renvois internes. 

Cependant, à la demande du jury, j’ai corrigé ou supprimé quelques courts passages et corrigé 

quelques termes impropres ; ont été aussi corrigés les titres de deux premiers membres du jury, extérieurs 

à l’Université de Rennes 2, que j’avais noté d’abord, respectivement, « Directeur de recherche, 

CNRS » et « Professeur, Université d’Amiens ». Et aussi, bien sûr, les fautes de frappe apparues 

au fil des relectures ont été corrigées. 

Sur le fond, la finale posttonique notée par ! a été corrigée en œ, plus conforme à la prononciation 

observée entre 1941 et 1963 par les enquêteurs de l’Atlas linguistique de la Gascogne. 

Mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts de la Garonne, de l’Adour et des gaves… 

Le principal évènement date de la fin Juillet 2008 ; c’est l’introduction dans le titre XI “Collectivités 

territoriales” de la Constitution d’un article 75-1 selon lequel « Les langues régionales appartiennent 

au patrimoine de la France. » Cela n’a l’air de rien, mais est gros de conséquences : ces 

collectivités sont placées au premier rang de la conservation de ce « patrimoine », qui ne peut être 

que celui de leur territoire, et comme tout patrimoine, il ne peut s’agir que de la langue transmise 

continument de génération en génération, avec son nom propre et son système d’écriture ; ne sont 

plus légalement possible que les innovations dans la continuité, pour adapter le patrimoine aux 

changements de la société. En matière de graphie, sont donc consacrées les graphies modernes (voir 

définition, p. 98), tandis que les classiques sont écartées en tant qu’elles rompent la tradition par un 

retour à un lointain passé, qui n’est même pas toujours celui du territoire. 

Comme à ce cadre légal s’ajoute aujourd’hui l’impérative nécessité de ne pas gaspiller les 

fonds publics, une graphie conçue pour un enseignement plus facile n’en sera que plus utile. 

Pratiquement, mes propositions pour actualiser la graphie moderne des Félibres répondent à 

cet objectif ; mais celles qui tendaient à améliorer la graphie classique ne sont plus de mise. Cependant, 

en labourant à cette fin le champ phonétique de l’ensemble gascon à travers les siècles, je 

pense avoir facilité la reprise de la graphie moderne comme une plante chétive reprend dans une 

bonne terre, et ainsi orienté son adaptation aux changements sociaux intervenus en un siècle. 

Dans cette perspective, j’ai poursuivi ma réflexion et envisagé quelques nouvelles menues retouches 

aux règles proposées dans cette thèse ; cette édition .pdf n’en tient pas compte. 

J’envisage donc un complément à cette thèse qui réunira les études que j’ai rédigées depuis 

dix ans. Après, s’il plait à Dieu, je pense à une refonte de la thèse en rangeant dans le passé tout ce 

qui concerne la graphie classique et en faisant des graphies modernes le thème central de l’ouvrage. 

Une remarque pour finir : le lecteur aura tôt fait de constater la place prépondérante des occitanistes 

ou sympathisants parmi les auteurs que je cite. Depuis 50 ans en effet, ils ont presque été 

les seuls à publier sur la langue gasconne et béarnaise ; mais convaincus de détenir la Vérité, tout 

comme les “hussards noirs de la République” qui apportaient le français aux patoisants arriérés, ils 

ont découragé la réflexion critique et précipité le déclin de la langue vivante. Hélas ! 

5 novembre 2011

Université de Rennes 2 - Haute Bretagne 

École Doctorale Humanités et Sciences de l’Homme 

CREDILIF (EA ERELLIF 3207) 

THÈSE SUR TRAVAUX 

pour obtenir le grade de 

DOCTEUR DE L!UNIVERSITÉ DE RENNES 2 

Discipline : Sciences du langage 

présentée et soutenue publiquement 

par 

Jean LAFITTE 

le 17 octobre 2005 

SITUATION 

SOCIOLINGUISTIQUE 

ET 

ÉCRITURE DU GASCON 

AUJOURD’HUI 

Directeur de thèse : Professeur Philippe BLANCHET 

JURY 

Madame Liselotte BIEDERMANN-PASQUES, Directeur de recherche, Paris III-Sorbonne. 

Monsieur Jean-Michel ELOY, Professeur, Université de Picardie – Jules Verne – Amiens. 

Monsieur Francis MANZANO, Maitre de Conférences HDR, Université Rennes 2. 

Monsieur Philippe BLANCHET, Professeur, Université Rennes 2. 

TOME I

A la mie moulhè Annick, 

qui’m soustienou capvath de plân loungs estùdis 

enta la loengue dous mêns payrans. 

A touts lous més amics 

qui, dou paysân gascoûn au proufessou d’universitat, 

e’s hidèn a you 

e m’encouradyèn sus ûn camîn pas toustém exenyë de trebucs. 

E especiauméns a la memòrie dou proufessou Jacques Allières 

qui m’oubri amistouseméns las portes dous mieylocs de la lingüistique. 

Aus regéns e proufessous 

chepicous d’ue loengue vive, blousse e de boûn ensegna.

SOMMAIRE 

Tome I er 

Prologue 5 

Chapitre préliminaire - La langue gasconne 13 

Première partie - Situation sociolinguistique du gascon 35 

Chapitre I er - La représentation de la langue chez les Gascons et Béarnais 36 

Chapitre II - La pratique de la langue par les Gascons et Béarnais 54 

Chapitre III - La transmission artificielle : l’enseignement 65 

Chapitre IV - Les institutions qui militent pour la langue 76 

Chapitre V - Y a-t-il un avenir pour des langues “régionales” ? 90 

Deuxième partie – Écrire le gascon aujourd’hui 97 

Chapitre I er - Historique des graphies du gascon 98 

Chapitre II - Sociolinguistique des graphies du gascon 193 

Chapitre III - Graphie “classique” ou graphie “moderne” ? 221 

Chapitre IV - Pour une graphie “classique” vraiment gasconne 233 

Chapitre V - Pour une graphie “moderne” améliorée 307 

Chapitre VI - Bilan 341 

Épilogue 345 

Bibliographie 349 

Tables 359 

Table des abréviations et sigles 359 

Table des auteurs et personnages cités 360 

Table des matières 365 

Table des illustrations 374 

Tome II 

Annexes 377 

I - Le domaine linguistique gascon 377 

II - Les linguistes donnent leur avis sur le gascon 378 

III - Traits linguistiques comparés entre catalan, gascon et occitan (langued.) 381 

IV - Synopse Alibert-Palay 382 

V - Extrait de La langue béarnaise et son histoire - Étude sur l’évolution 

de l’occitan du Béarn 384 

VI - “gascon”, “béarnais” et “occitan” dans les annonces de presse 

des organisations occitanistes du Béarn 385 

VII - « L’ “occitan”, c’est pas du béarnais » 388 

VIII - Marc Cazalets témoigne 389 

IX - Extrait du dépliant quadriptyque “Apprendre l’occitan et le basque 

dans les lycées aquitains” 391

Jean Lafitte 4 Sommaire 

X - L’espace juridique selon les Fors anciens de Béarn 394 

XI - Écriture et lecture du béarnais selon Arnaud de Salette 395 

XII - Les idées de l’abbé Pédegert (1809-1889) sur la graphie du gascon 401 

XIII - Les textes officiels de l’I.E.O. 405 

XIV - La graphie moderne dans la presse quotidienne 413 

XV - Lettre ouverte aux occitanistes, par Sèrgi Bec 415 

XVI - Les débuts de la graphie classique en Béarn 418 

XVII - L’orthographe occitane normalisée, par Michel Grosclaude (extraits) 422 

XVIII - Œuvres “normalisées”, œuvres et normes malmenées 426 

XIX - Dictionnaires gascons avec notation fiable de la prononciation 437 

XX - L’apophonie du a intérieur 439 

XXI - Le i du graphème ish (ou ix) 447 

XXII - Synopse des graphies “DiGaM” 451 

XXIII - Dictionnaire gascon français (échantillon : lettres A et B-V) 461

Prologue 

Dans un article sur les langues dites “régionales”, M. Alain Peyrefitte, ancien ministre et 

membre de l’Académie française, fondait notamment son opposition à leur emploi public sur le fait 

que ce n’étaient que des langues orales, sans écriture, et donc impropres à un tel usage. C’est sans 

doute vrai pour un certain nombre d’entre elles, surtout si l’on considère l’impressionnante liste 

dressée par le Pr. Bernard Cerquiglini qui en compte 75 sur le territoire de la République. Mais 

l’éminent académicien connaissait sans doute mieux la Chine que nos pays, car pour peu que l’on 

ait ouvert des livres d’histoire, on s’aperçoit que l’écrit en langues d’oc fut celui de l’administration 

et de la justice de la France, de l’Angleterre, de l’Empire et même de la petite Navarre, dans ce qui 

est devenu le Midi de la France. 

Il a cependant tout à fait raison en ce sens qu’à l’époque moderne des relations à distance, 

l’écrit est un des principaux vecteurs de toute langue, comme celle-ci l’est de toute pensée. D’où 

l’identification que l’on fait entre lettres — le signe matériel qui sert à écrire — et pensée, qui ne 

relève pas du domaine quantifiable des mathématiques et des sciences de la matière; et la tendance 

à considérer qu’une langue n’a pas de littérature quand il n’y a pas d’écrit pour transmettre sa poésie, 

son histoire et ses légendes. Pourtant, Homère s’est chanté bien avant d’être écrit ! 

Quoi qu’il en soit, le gascon s’écrit au moins depuis le XII e s. (Chartes du Comminges éditées 

par C. Brunel) et a produit aux XIX e et XX e de nombreuses œuvres littéraires de valeur. Mais chaque 

fois que s’est manifesté un courant littéraire — encore les lettres ! — en faveur d’une langue 

traditionnelle qui tendait à disparaitre devant une autre, on s’est posé la question de son écriture. Et 

à chaque fois, on s’est efforcé d’établir un système qui soit à la fois fidèle à la tradition et accessible 

au commun des locuteurs. 

Ainsi, au fil des siècles, les générations de clercs et d’écrivains ont perfectionné l’outil de 

l’écriture des langues du Midi de la France… même si les avancées sur certains points s’accompagnèrent 

parfois de reculs sur d’autres. Mais si l’on avait trouvé LE système parfait, mes travaux 

n’auraient pas leur raison d’être; mon itinéraire personnel dans la connaissance de la langue gasconne 

m’a en effet conduit à étudier les deux grands systèmes orthographiques en usage pour 

constater qu’aucun n’était pleinement satisfaisant pour les besoins de notre époque. D’où mes travaux 

sur ces questions, travaux principalement publiés dans ma petite revue Ligam-DiGaM; et d’où 

la présente thèse, dont l’idée m’est venue de l’accueil fait à ces travaux par des personnes bien plus 

compétentes que moi. Mais avant d’entrer dans le sujet, il me parait utile de rappeler succinctement 

ce que fut mon itinéraire. 

MON ITINÉRAIRE PERSONNEL 

À l’origine, il y a quelque évènement fortuit qui m’a conduit, à 50 ans passés, à retrouver la 

langue de mes pères, comme béarnais d’abord, puis comme gascon, tous membres de la famille 

d’Oc. Le désir d’en savoir plus me fit aussi découvrir l’Escole Gastoû Febus, le manuel de Michel 

Grosclaude Lo gascon lèu e plan, les stages béarnais de Bedous, l’association occitaniste Per Noste 

et plus encore sans doute, les hommes et les femmes qui, Béarnais de souche ou non, œuvrent pour 

maintenir vivante la lengue mayrane. Leur exemple m’entraina.

Jean Lafitte 6 Prologue 

Mettant à profit mon admission à la retraite, le Président de l’association occitaniste de la région 

parisienne, l’I.E.O.-Paris (Section parisienne de l’Institut d’études occitanes), m’invita à me 

charger d’un cours de gascon à partir de l’automne 1989. Le besoin de mieux connaitre cette langue 

qu’il allait falloir enseigner m’engagea alors dans des études assidues qui devaient profiter de ma 

petite expérience en micro-informatique. Le doigt était dans l’engrenage… 

Or à la même époque se créait à Montpellier un Groupe d’initiative pour un dictionnaire informatisé 

de la langue occitane, le GIDILOc, qui ne semblait pas prévoir d’inclure le gascon dans 

ses travaux. Le Secrétaire général de l’I.E.O.-Paris me suggéra alors d’en faire autant pour le gascon. 

J’aurais aimé agir dans le cadre de l’Escole Gastoû Febus, dont le Dictionnaire de Simin Palay 

porte les armes, voire dans celui de l’association occitaniste de Béarn Per Noste. Je rencontrais 

donc les présidents de ces associations en février 1990. Mais trop engagés dans d’autres tâches pour 

pouvoir diriger une telle entreprise, ils déclinèrent mes offres de service. Cependant, la Présidente 

de l’Escole Gastoû Febus m’invita à rencontrer son Secrétaire général, M. Jean Salles-Loustau, que 

ses compétences désignaient tout particulièrement pour cela; quand je lui présentai mon projet, il 

me donna comme premier conseil de réunir une équipe de gens compétents et de fixer dès le départ 

les règles générales qui seraient suivies pour ne pas avoir à les modifier sans cesse au fur et à mesure 

que se rencontreraient les problèmes. Il exposa d’ailleurs aussitôt ses vues techniques sur le 

sujet, mais aussi qu’une telle œuvre ne pouvait être l’affaire que de l’État ou plus vraisemblablement 

des régions, le rôle de l’Escole Gastoû Febus se limitant à faire « tout son possible pour sensibiliser 

les responsables sur la nécessité d’élaborer un dictionnaire moderne » (Per un diccionari, 

Reclams, Mars 1990). 

LE PROJET DiGaM 

Plutôt partisan du proverbe gascon « Lou qui’s mude, Diu l’ayude » {celui qui se remue, Dieu 

l’aide}, j’ai estimé que la mise en branle des régions pourrait demander beaucoup de temps — 

quinze ans après, on n’a encore rien vu —, et mis au pied du mur, je me suis lancé seul dans 

l’aventure. J’ai appelé cette entreprise lexicographique DiGaM, Dictionnaire du Gascon Moderne, 

et j’ai reçu le soutien juridique et administratif de l’I.E.O.-Paris, tant qu’une association du “pays” 

ne s’en serait pas chargée. Le projet tendrait à préparer des dictionnaires répondant aux besoins 

contemporains, ceux d’une langue de la fin du XX ème siècle dont l’usage quotidien disparait et dont 

la transmission repose sur l’école; et ils seraient établis à partir de l’œuvre de Palay et de tous les 

autres lexicographes gascons accessibles. 

Devant l’ampleur de la tâche qui m’attendait, j’ai alors voulu m’associer tous les Gascons de 

bonne volonté grâce à une modeste publication de linguistique et lexicographie gasconnes, Ligam- 

DiGaM (n° 1, Avril 1993). Cela m’a révélé que si ce genre de revue a des lecteurs, fussent-ils peu 

nombreux, très rares sont ceux qui ont à la fois les connaissances, le temps et la documentation qui 

leur permettraient d’y écrire. 

Quoi qu’il en soit, ce sont aujourd’hui 24 cahiers de 48 pages de format A5 qui sont parus, 

sans compter quelques numéros hors-série dont le plus vendu est le n° 4, Le Gascon, langue à part 

entière et le Béarnais, âme du gascon (1996; 2 ème éd. 1999). On y trouve donc de nombreuses études, 

pour la plupart de ma plume, sur le vocabulaire, la syntaxe, la graphie, la vitalité réelle de la 

langue, l’attente de ceux qui s’y intéressent encore et, question essentielle, la place du gascon parmi 

les langues romanes; la prise en compte de cet arrière-plan sociologique et linguistique est en effet


déterminante pour le choix des solutions aux problèmes que le lexicographe ne manquera pas de 

rencontrer, tant pour ce qui est de la langue elle-même que de son écriture. 

DE DiGaM À UNE THÈSE DE DOCTORAT ? 

Le volume de ces études et surtout l’accueil qu’elles ont rencontré de la part de lecteurs 

“éclairés” m’ont laissé penser que, jointes à mon expérience de quatorze années d’enseignement, 

elles pourraient fournir la matière d’une thèse de doctorat “sur travaux”. Et comme les études sur la 

graphie étaient celles qui me paraissaient constituer un corps cohérent, abouti et, à lui seul, d’un volume 

suffisant, j’ai pensé pouvoir en faire l’objet central de cette thèse et le proposer ainsi à discussion 

et validation scientifiques. 

Cette thèse, j’avais d’abord envisagé de l’intituler « Écrire le gascon aujourd’hui ». Mais 

quand mon directeur de thèse Philippe Blanchet, Professeur des universités en sociolinguistique et 

didactique des langues, m’a suggéré le titre « Situation sociolinguistique et écriture du gascon aujourd'hui 

», je l’ai accepté d’emblée; j’ai en effet pris conscience de ce que ma recherche partait 

d’un constat sociolinguistique, parce que l’écriture d’une langue vivante ne peut être envisagée hors 

de son contexte sociolinguistique. 

Cependant, cela devait renforcer mon attention à tout ce qui est sociolinguistique dans mon 

approche des problèmes du gascon contemporain et m’a conduit à un changement complet dans 

mon appréciation des systèmes graphiques en présence. 

DiGaM ET LA GRAPHIE CLASSIQUE 

Je connaissais déjà assez bien la graphie moderne 1 de l’Escole Gastoû Febus, apparentée à 

celle du Félibrige et qui était celle des Reclams de Biarn e Gascougne lors de mon premier abonnement 

en 1981. Mais je lui avais très vite préféré la graphie classique, préconisée par le mouvement 

occitaniste et désignée souvent comme « graphie occitane » : elle me paraissait alors plus logique 

et donc plus propre à l’enseignement rationnel de personnes qui ne parlent guère la langue. 

C’est donc elle que j’ai adoptée sans hésiter pour mon projet DiGaM, d’autant qu’elle s’avérait la 

seule en usage chez les enseignants en place. 

Pour l’appliquer correctement, j’ai donc voulu m’appuyer sur les textes officiels de l’I.E.O. 

publiés en 1950 pour l’occitan et en 1952 pour le gascon; paradoxalement, je dus m’adresser au 

Centre international de documentation occitane de Béziers pour en obtenir des copies, car ils n’ont 

jamais été réédités ! Inutile de dire qu’ils sont parfaitement méconnus de la très grande majorité de 

ceux qui pratiquent et même enseignent la graphie “occitane”, transmise de bouche à oreille, ou au 

mieux par des ouvrages de seconde main ou plus… Roger Teulat, professeur d’occitan à la faculté 

de lettres de Clermont-Ferrand, n’écrivait-il pas en octobre 1982 qu’il venait de découvrir le document 

I.E.O. de 1950 ? (voir plus loin, p. 143). L’étude de ces textes me fit vite découvrir que, loin 

du discours ambiant qui vante leur rationalité, les règles qu’ils énonçaient pour notre langue comportaient 

des faiblesses dont ne pouvait s’accommoder l’enseignement d’une langue que maitres et 

élèves n’entendent plus guère dans la rue. 

Problème après problème, j’ai donc recherché des solutions cohérentes qui permettraient 

l’écriture correcte d’une langue gasconne mieux connue que du temps où ces règles classiques furent 

1 Pour le sens que je donne à “classique” et à “moderne”, voir p. 98.


formulées par un non-gascon, et ensuite une lecture qui retrouverait l’oral de façon univoque. J’ai 

ainsi défini une graphie classique du gascon, dite graphie DiGaM, qui n’est en fait qu’une variante 

proprement gasconne de la graphie classique occitane; au demeurant, aucune des solutions que je 

propose n’est originale (sauf peut-être ô pour /o/ non tonique…), toutes ayant été déjà utilisée, parfois 

pendant très longtemps, parfois seulement par quelques auteurs, mais des plus avertis (Pey de 

Garros, Coromines…). 

J’étais pratiquement au bout de cette tâche quand l’éditeur Princi Néguer m’a engagé dans la 

réédition du Dictionnaire béarnais ancien et moderne de Vastin Lespy et Paul Raymond; cela m’a 

donné l’occasion d’ajouter à chaque entrée sa graphie classique selon DiGaM (1998). Cette graphie 

y est exposée dans les tableaux d’écriture et de lecture de l’Introduction, avec des développements 

explicatifs dans les notes ajoutées à certains articles, notamment en tête de certaines lettres. 

Certes, cette présentation de ma graphie n’a pas convaincu ceux qui restent viscéralement attachés 

à ce que l’I.E.O. leur a enseigné comme une vérité éternelle, mais les esprits les plus avertis 

y ont trouvé des réponses satisfaisantes à des questions qu’ils se posaient depuis longtemps et que 

les premiers avaient écartées comme des blasphèmes. Il en est résulté que des livres gascons sont 

publiés dans ma variante de la graphie classique et que les habitués de la variante selon Alibert 

n’ont aucun mal à les lire. En revanche, les habitués de la graphie moderne ne s’y retrouvent pas 

mieux que dans celle de l’I.E.O. 

Je comptais donc constituer ma thèse par l’exposé des problèmes à résoudre et des règles 

d’écriture classique que je proposais, avec un lexique orthographique qui en illustrerait 

l’application. Or, comme je l’ai dit plus haut, l’approfondissement de ma réflexion sociolinguistique 

a complètement modifié la donne. 

RETOUR À LA GRAPHIE MODERNE 

Un premier doute sur la graphie classique m’était venu, il y a quelques années déjà, en voyant 

l’enseigne « Lou Marmitou » d’un charcutier béarnais au Salon de l’Agriculture de Paris; je ne tardai 

pas à constater alors que tous ceux qui voulaient vendre quelque produit du pays sous un nom 

du pays, l’écrivaient toujours en graphie moderne. 

À cela s’est ajoutée, tout au long des années, mon expérience d’enseignement du gascon à des 

adultes de la région parisienne; il s’agit de personnes dont les emplois actuels ou passés sont gages 

d’une instruction plutôt au-dessus de la moyenne. Or il est très difficile de les accoutumer à une lecture 

de la graphie classique sans fautes ni hésitations, même s’il s’agit de jeunes qui l’ont pratiquée 

au cours de leur scolarité; alors que tous se sentent vite à l’aise avec des textes en graphie moderne. 

Au demeurant, mes contacts avec mes amis béarnais du pays n’ont jamais démenti cette impression 

parisienne : même très instruits, ils considèrent spontanément l’écrit classique comme une autre 

langue, de l’“occitan”, voisin mais différent de leur langue naturelle. 

Or à partir de mon “inscription en thèse”, je devais être encore plus sensible à cet aspect des 

choses. C’est ainsi que vers la fin de 2002, je lus avec le plus grand intérêt les Actes d’un colloque 

tenu à Marcinelle en 1997 sur le thème « Écrire les langues d’oïl ». Pour presque toutes ces langues, 

la conclusion était que la place majeure du français dans la vie quotidienne des locuteurs imposait 

d’utiliser au maximum les graphèmes du français, avec la même valeur.


Puis, en février 2003, dans une communication sur la phonologie du gascon et sa graphie, je 

fis observer que si la notation classique de /u/ était théoriquement réglée par l’opposition o ou ó ~ ò, 

en pratique, le public n’arrivait pas à s’y accoutumer. Un auditeur me répondit : « C’est simplement 

une affaire d’enseignement ». Certes ! Mais que de temps passé dans les écoles à enseigner ces différences 

d’avec le français, alors que sont si réduits les temps dont on dispose pour enseigner tout le 

reste de la langue ! 

Enfin, parut chez l’éditeur Princi negue, en mars 2003, un petit livre qui sans doute fera date, 

Ninete bajole…; l’auteur en est Jan Bonnemason, naguère conseiller pédagogique d’“occitan” en 

Gironde; après avoir propagé la graphie classique de l’I.E.O. pendant des années, il déclare : « j’ai 

utilisé la graphie de l’Escole Gastoû Febus pour respecter l’engagement moral de rendre à mes informateurs 

ce qu’ils m’avaient donné et comme ils me l’avaient donné. » Chez un homme qui doit 

savoir ce qu’il dit et écrit, c’est avouer que la graphie classique ne permet pas d’exprimer la langue 

telle qu’elle a été parlée. 

Et voilà que pour achever de me “convertir”, il s’est trouvé qu’en juin suivant, j’assistais à la 

messe d’un village béarnais le jour de la fête patronale; la petite église était pleine et à la fin, tous de 

chanter en chœur Boune May dou Boun Diu {Bonne Mère du Bon Dieu}, écrit en graphie fébusienne 

sur la feuille distribuée l’entrée. C’était la confirmation pratique de ce que je sentais depuis 

longtemps : à quoi sert une graphie savante du gascon lue par les lettrés de Montpellier ou Nice, 

voire de Boston, Vienne ou Tokyo, si les Gascons et Béarnais ordinaires ne peuvent la lire ? 

J’abandonne ainsi sans regret l’illusion de la graphie classique à laquelle je crus depuis mon entrée 

à l’I.E.O.-Paris en 1982. 

Ceux qui ont fait des questions de graphie une affaire quasi religieuse me jugeront peut-être 

digne du bucher. Mais religion pour religion, après l’Histoire Sainte béarnaise du XIV e s. (Lespy et 

Raymond, 1876-7, t. I, p. 124), je rappellerai l’histoire des “Septante”, ces 70 ou plus exactement 

72 docteurs juifs qui, selon la Lettre d’Aristée (II e s. av. J.-C.), auraient été invités par le pharaon 

Ptolémée II pour traduire en grec la Torah juive, parce que les Juifs hellénisés de la Diaspora ne 

comprenaient plus l’hébreu. Dieu sait pourtant la vénération des Juifs pieux pour la Bible et sa langue 

originelle… Malgré tout, ces Juifs hellénisés ont jugé la parole divine plus importante que la 

forme linguistique qui l’exprimait. Pour moi, c’est bien moins grave, je garde la langue, mais 

j’estime qu’elle vaut mieux que la graphie qui la représenta au Moyen-Âge, et que son intelligence 

par les gens du XXI e s. est infiniment plus importante que la conservation de formes graphiques anciennes… 

et somme toute contingentes. 

Mais cela m’oblige à modifier un peu mes plans ! Dans le dossier réuni pour la validation de 

mon acquis en vue de l’inscription en thèse, j’avais projeté de présenter « la description d’un système 

de graphie “classique” ou savante, ainsi que des suggestions pour rendre plus fiable la graphie 

“moderne”, bien plus populaire ». Je garde ce plan, mais en l’infléchissant quelque peu : ma présentation 

du système classique aura surtout pour but de faire apparaitre en quoi j’estime devoir modifier 

celui de l’I.E.O. pour en atténuer les défauts, tant que l’enseignement officiel restera de fait attaché 

au système classique. Cela expliquera en outre certains de mes choix pour améliorer le système 

moderne, conséquence de quelque quatorze ans de travaux et réflexions dans le cadre “classique”. 

Car j’exposerai ensuite en détail les améliorations qu’il me parait très utile, voire parfois indispensable 

d’apporter à la graphie moderne pour qu’elle réponde à l’état actuel de la langue dans la 

société gasconne. Et je terminerai par une brève comparaison entre les deux systèmes retouchés.


Au fond, il s’est passé ce que j’ai déjà éprouvé pour plusieurs études ayant abouti à des articles 

de Ligam-DiGaM ou à des notes de la réédition du Lespy : les faits rencontrés et ma réflexion 

m’ont conduit à des conclusions fort différentes de ce que je pensais en début d’étude, voire à 

l’opposé. 

Mais il est temps d’entrer dans le vif du sujet. 

PLAN 

Comme le titre nous y invite, je traiterai de la sociolinguistique du gascon dans une première 

partie et de son écriture dans une seconde; mais avant toutes choses, un chapitre préliminaire essaiera 

de situer le gascon parmi les langues romanes, et tout particulièrement parmi les langues 

d’oc : 

– la première partie traitera successivement de la représentation de la langue dans l’esprit 

des Gascons et Béarnais, et spécialement sur la façon de la nommer, de son état actuel, qui n’en assure 

plus la transmission naturelle, et donc également de la transmission “artificielle” par l’école; 

puis sera faite une brève présentation des institutions qui militent pour la langue et j’achèverai cette 

partie en évoquant les perspectives d’avenir; en revanche, la sociolinguistique de la graphie sera 

renvoyée à la seconde partie, car elle ne se comprend bien qu’après avoir vu l’histoire des graphies; 

– la seconde partie débutera donc par un historique des systèmes graphiques du gascon, suivi 

d’une réflexion sociolinguistique sur la réception des systèmes actuels par le public gasconophone; 

ainsi éclairé sur les besoins de ce public, j’exposerai mes propositions pour amender les deux système 

en usage, classique et moderne. 

Sur la place du Béarn dans ce travail 

UNE REMARQUE DE FOND 

Ce travail fait une large place au gascon dans sa forme béarnaise et à sa pratique en Béarn. 

Il y a à cela une raison très personnelle, c’est mon enracinement dans cette terre; c’est en 

Béarn que j’ai passé mon adolescence et “fait mes humanités”, Béarn où ma mère était née et dont 

elle avait pratiqué la langue dans son enfance, Béarn où j’ai toujours mes amis de jeunesse, Béarn 

dont je suis la vie par la lecture quotidienne de L’Éclair, journal de Pau que lisaient mes parents et 

qui partage aujourd’hui la majeure partie de ses pages avec l’autre titre palois, La République. 

Cette première place du Béarn dans ma recherche est néanmoins légitimée par son importance 

objective dans le maintien de la langue gasconne depuis plus d’un siècle. Sans doute faut-il y voir 

un reste du prestige de l’ancienne principauté qui en conserva l’usage officiel, en droit jusqu’en 

1620, en fait jusqu’en 1789 (voir p. 54), au fait que Pau fut le siège du Parlement de Navarre, puis 

de la Cour d’appel avant d’y recevoir une Université. 

C’est un fait en tout cas, comme on le verra plus loin, pp. 76 sqq., que c’est en Béarn que sont 

nées les premières associations gasconnes du Félibrige, puis de l’occitanisme, et qu’elles existent 

toujours; que c’est d’elles que sont sortis le seul grand Dictionnaire du gascon (Simin Palay, 1934, 

puis 1961) et la première méthode moderne d’enseignement du gascon, Lo gascon lèu e plan (Grosclaude, 

1977); que c’est en Béarn que sont édités le plus grand nombre d’écrits gascons ou sur le 

gascon; que c’est sa langue classique qu’ont adoptée ou prise pour référence la plupart des auteurs


gascons du XX e s. et que P. Bec a qualifiée de « gascon-standard » (préface de Lo gascon lèu e 

plan). 

Enseignant personnellement le gascon à des adultes à Paris, j’ai pour étudiants des Landais du 

sud, des Béarnais, des Bigourdans, mais jamais ne se sont manifestés des Gascons des autres régions, 

signe probable d’un recul plus grand d’une langue qu’on ne souhaite retrouver que si on l’a 

déjà vécue plus ou moins au Pays. 

Au demeurant, si l’ensemble gascon dans sa totalité est bien connu par l’Atlas linguistique de 

Jean Séguy, sa littérature l’est beaucoup moins, celle du Béarn étant la plus accessible; et les quelques 

enquêtes linguistiques réalisées éclairent davantage le Béarn, et un peu moins la Bigorre, que 

les autres régions; de fait, c’est en Béarn que les professeurs suisses A. M. Kristol et J. T. Wüest 

sont d’abord venus faire leurs enquêtes linguistiques de 1983 sur la pratique du gascon. 

Enfin, ce qui se constate dans les Hautes-Pyrénées, aujourd’hui très dynamiques pour la 

conservation de leur gascon propre, n’est jamais venu démentir ce que l’on observait en Béarn. 

De toute façon, je me suis toujours efforcé de m’ouvrir aux autres terres gasconnes et à leurs 

auteurs, même si j’ai regretté bien des fois de ne pas y rencontrer davantage de personnes effectivement 

engagées dans la défense de notre langue commune. 

C’est cette même ouverture qui m’a fait observer avec la plus grande attention ce qui se passe 

sur les autres terres d’oc, qui rencontrent à des degrés divers les mêmes problèmes et dont les réalisations 

peuvent toujours donner de bonnes idées pour la Gascogne. 

Sur l’orthographe du français 

TROIS REMARQUES DE FORME 

Soucieux d’une orthographe gasconne à la fois fidèle à la langue et facile à enseigner, je ne 

pouvais pas moins que d’appliquer à mon français les simplifications orthographiques adoptées par 

l’Académie française en 1990. Donc, notamment, règlementaire, connaitre, bruler etc. 

Sur la traduction des citations 

Les nombreux auteurs que je cite ont écrit le plus souvent en gascon ou en occitan. J’ai estimé 

que les citer dans leur texte allongerait ce travail sans utilité majeure sur le fond. J’ai donc traduit 

toutes ces citations en français (une ou deux exceptions, tellement transparentes que c’eût été faire 

offense au lecteur que de les lui traduire !). Comme il s’agit le plus souvent de textes “savants”, les 

mots autres que les outils grammaticaux sont ceux de beaucoup de langues occidentales et leur traduction 

est facile. 

Mais parfois, les auteurs usent d’un langage plus familier, et là, le Gascon peut être embarrassé 

devant un mot, une expression occitane, provençale ou autre. J’ai donc essayé de rendre le mieux 

possible l’esprit de ce qui était dit. Par exemple, p. 72, “hérissé” traduit espolofit de R. Lafont (Alibert 

ignore espolofit, mais donne : espelofir, ébouriffer, hérisser). 

Sur les tables 

On trouvera à la fin de ce travail plusieurs tables destinées à en faciliter la lecture, et spécialement 

une table des abréviations et sigles et une table des personnes citées.

Chapitre préliminaire 

La langue gasconne 

La langue d’oc est-elle unique et le gascon l’un de ses dialectes ou variantes, ou faut-il dire 

« les langues d’oc », groupe linguistique comprenant notamment la langue gasconne ? Pour ceux 

qui tiennent à l’unité de la langue d’oc, avec derrière la tête l’idée de l’unifier pour en faire la 

langue d’un pays indépendant qu’on appellerait “Occitanie”, poser une telle question relève des 

disputes des gens de Byzance sur le sexe des anges au moment où les Turcs assiégeaient la ville. 

Pourtant, définir une graphie pour une langue qui n’est pas unifiée implique d’en fixer les 

contours, pour que cette graphie reflète le mieux possible toute la langue dans ses variétés, sans en 

sacrifier aucune. Et c’est parce que l’habit graphique conçu pour l’“occitan” à partir du languedocien 

du pharmacien audois Alibert s’adapte mal à « la » langue d’oc dans son ensemble, et spécialement 

au gascon, qu’il m’a paru nécessaire d’éclairer d’abord la place du gascon dans cet ensemble 

linguistique. Ce chapitre préliminaire a donc pour objet de rendre compte de ma recherche. 

Mais d’abord, pour permettre au lecteur de situer d’emblée notre problème dans l’espace, je 

dirai deux mots du domaine linguistique gascon. 

Le domaine linguistique gascon (Carte en Annexe I) 

Que l’on considère le gascon comme un dialecte d’une langue d’oc unique ou comme une 

langue indépendante, il est une question sur laquelle tout le monde s’accorde : le domaine du 

gascon coïncide sensiblement avec le triangle aquitain que César délimitait par la Garonne, l’Océan 

et les Pyrénées (Guerre des Gaules, Ch. I er ). En fait, les faisceaux d’isoglosses particulièrement 

serrés qui délimitent ce domaine l’étendent en outre sur la rive droite de la Garonne, avec le 

Couserans au sud-est et l’Entre-deux-Mers au nord; et lui enlèvent le Pays Basque au sud-ouest, où 

se parle ce que l’on pense être la continuation de l’ancienne langue des Aquitains de César. 

Langue ou dialecte ? Pourquoi je me suis posé la question 

Historiquement, la question de la vision des linguistes sur le gascon est la première que je me 

suis posée. Mon cheminement personnel, évoqué dans le Prologue, m’a en effet très vite mis en 

contact avec le mouvement occitaniste; certes, l’écoute des cassettes du manuel de M. Grosclaude 

Lo gascon lèu e plan m’a vite rassuré sur la langue qu’il y proposait, même si sa graphie “occitane” 

m’avait d’abord semblé bien loin de ce que j’attendais. 

Mais bientôt, au sein de l’I.E.O.-Paris, j’ai été en contact avec le languedocien, “dialecte” 

d’oc largement dominant dans les revues occitanistes, et là, il m’a semblé franchir une frontière. 

Certes, ma connaissance progressive du gascon, celle du latin et de l’espagnol toujours vive, m’a 

toujours permis d’en comprendre l’écrit ordinaire, souvent calqué sur le français dans lequel les 

auteurs modernes l’avaient d’abord pensé; mais j’ai eu le sentiment que ce n’était pas “ma” langue, 

malgré le discours occitaniste ordinaire. Mon malaise s’accrut encore plus quand je découvris que 

le but de l’occitanisme était d’arriver à ce que la langue commune de l’“Occitanie” future soit une 

sorte de languedocien revisité par des théoriciens fascinés par le XII ème siècle méridional et le 

XX ème siècle catalan, l’occitan standard (cf. pp. 23 sqq.). 

Ce qui me retint de partir, ce fut la découverte d’un rapport totalement oublié des occitanistes 

d’aujourd’hui et néanmoins fondamental pour ce sujet, celui que le Pr. Pierre Bec avait fait approuver

Jean Lafitte 14 La langue gasconne 

par l’assemblée générale de l’I.E.O. de septembre 1972, Per una dinamica novèla de la lenga de 

referéncia : le gascon était une langue distincte, hors du processus en cause. J’y reviendrai. 

Cela explique que je me sois préoccupé de savoir ce que les linguistes, notamment étrangers 

et français non occitanistes, pensaient de tout cela. Et comme mon projet lexicographique supposait 

des idées claires sur le sujet, je l’ai abordé dès le n° 1 de Ligam-DiGaM sous le titre Pour un 

gascon standard : Après avoir donné l’avis de quelques auteurs de marque, comme P. Bec, mais 

aussi Carl Appel, Simin Palay, Gehrard Rohlfs, Louis Alibert et enfin Roger Teulat, je finissais par 

dire « Dialecte occitan ou langue spécifique ou à part entière, mais très voisine de l’occitan 

proprement dit, peu importe ! » L’essentiel étant au plan pratique, je poursuivais : 

« La Langue d’oc du Félibrige n’est qu’une expression symbolique pour désigner les 

langues du Midi de la France comme étant d’une même famille. […] Pratiquement, le 

gascon est donc une langue qui sera normalisée par les Gascons… s’ils le veulent; et 

l’aranais lui-même, souvent cité comme l’idéal des occitanistes aussi bien que des félibres, 

est une langue autonome et officielle. » 

Par la suite, en butte à des critiques globales de ma position de la part de gens qui manifestement 

n’avaient pas les mêmes lectures, je fus amené en 1996 à consacrer un numéro spécial à la 

question, Le gascon, langue à part entière et le béarnais âme du gascon, puis à le rééditer avec de 

nouveaux témoignages en 1999 et à en reprendre l’essentiel l’année suivante dans un chapitre d’un 

“livre blanc” 10 ans au service du gascon : DiGaM. J’y puise l’essentiel de ce qui suit. 

Le témoignage des linguistes occitanistes… 

Destiné d’abord aux occitanistes, Le gascon, langue à part entière… privilégiait le 

témoignage des maitres à penser de l’occitanisme déjà nommés; d’abord, Louis Alibert (1884- 

1959), auteur d’une remarquable Gramatica occitana segón los parlars lengadocians (1935); et 

plus encore Pierre Bec (1921- ), professeur d’université, auteur notamment d’un Manuel pratique 

de philologie romane (1970-1) ainsi que d’un Manuel pratique d’occitan moderne (1973), et 

président de l’I.E.O. de 1962 à 1980. 

Alibert, avait été à Toulouse l’étudiant du Pr. Joseph Anglade et avait obtenu un diplôme 

supérieur d’études méridionales. Mais n’ayant guère bougé du canton de l’Aude où il était né, sa 

connaissance du gascon tenait surtout du ouï-dire, et la bibliographie qu’il annexa à sa Gramatica 

révèle une particulière pauvreté en ouvrages sur cette langue. De fait, son œuvre contient quelques 

erreurs notables sur le gascon (cf. Lafitte, 2002-3). 

Mais cela ne doit pas étonner, car en plusieurs occurrences, il a traité le gascon et le catalan 

— qu’il écrivait couramment — comme des langues distinctes de l’occitan. Ainsi, quand, en tête de 

la Gramatica, il compare le languedocien aux « langues et dialectes qui l’entourent », le pluriel du 

mot « langues » ne peut viser que le catalan et le gascon cités en premier. Plus tard, dans un grand 

article sur La langue d’oc (1951, p. 53), il écrit : 

« Dès la naissance de notre langue, le gascon et le catalan ont des caractères 

phonétiques bien tranchés qui les distinguent de la langue des troubadours. Cependant, les 

futurs dialectes sont déjà reconnaissables : limousin, auvergnat, provençal, languedocien, 

dauphinois. L’unité de la langue des troubadours était toute relative. » 

On ne peut dire plus clairement que le gascon et le catalan sont des langues à part de celle 

d’où sortiront les cinq grands dialectes occitans actuels; et le gascon lui-même comporte des dialectes 

comme l’écrira le même Alibert en p. 5 de L’application… de 1952 (cf. infra, 144 et Annexe


XIII). Tout cela, sans nier que ces langues forment un ensemble que l’approximation littéraire 

appelle Langue d’oc et que les linguistes, Alibert en tête, nomment plus rigoureusement l’ensemble 

occitano-roman. Au demeurant, la même vision était déjà, trente ans plus tôt, chez Joseph Anglade 

(1921, p. 19) : 

« Le gascon et le catalan ont évidemment dès le début de la langue la plupart de leurs 

traits distinctifs; mais ces traits ne sont pas encore tellement accusés et tellement nombreux 

qu’ils soient un obstacle insurmontable — comme ils le sont devenus aujourd’hui — à une 

unité linguistique, au moins relative. » 

Pierre Bec reprend le concept d’ensemble occitano-roman et s’y tient dans son premier 

Manuel (1970-1); il y présente en trois chapitres de même niveau l’occitan, le catalan et le gascon 

et l’achève (t. II, 472) par un tableau général de langues romanes, particulièrement explicite sur ce 

point : 

2) Gallo-roman « occitan » (ou d’oc) ou occitano-roman : 

–!occitan 

–!gascon 

–!catalan 

" 

# 

$ 

" 

# 

$ 

nord-occitan (limousin, auvergnat, provençal alpin) ! gallo-roman d’oïl 

occitan moyen!: languedocien, provençal 

% 

catalan oriental ! langue littéraire ! ibéro-roman 

catalan occidental ! aragonais 

& 

' 

Et dans son second Manuel (1973), l’auteur reprend textuellement en français ce qu’il a écrit 

en occitan dans le rapport des Annales de l’I.E.O. de 1972 évoqué plus haut (p. 13) : 

« Nous retrouverons […] la même adéquation [entre graphie et phonie] (peut-être 

plus étroite même) en gascon, dialecte également très conservateur dans l’ensemble 

aquitano-pyrénéen. Mais il s’agit là, on le sait, d’un autre diasystème difficilement 

réductible aux structures d’ensemble de l’occitan; en fait d’une langue très proche, certes, 

mais spécifique (et ce dès les origines), au moins autant que le catalan. » 

Il est intéressant de mentionner ici l’attitude pas toujours cohérente du Pr. Robert Lafont sur 

ce sujet, lui qui passe aujourd’hui pour le maitre à penser d’un occitanisme peu enclin à reconnaitre 

l’autonomie du gascon. D’une part, il ne protesta jamais contre cette affirmation de son collègue et 

ami Bec, alors qu’il signait un autre rapport du même numéro des Annales, mais encore il a souvent 

cité les deux Manuels de ce dernier. Par exemple, dans les Éléments de phonétique, 1983-2, p. 6 : 

« Nous ne pensons certes pas remplacer les ouvrages fondamentaux de P. Bec, le 

Manuel pratique de philologie romane, pour deux chapitres (l’occitan, le gascon) du tome 

I […] et le Manuel pratique d’occitan moderne…» 

Il ne bronche pas en énumérant ces deux chapitres distincts du premier manuel, et ne fait 

aucune restriction sur la reprise en français, dans le second, de la phrase clé du rapport de 1972 que 

je viens de citer. 

Il y revient à la rubrique “Linguistique” de sa revue Amiras (n° 6, oct. 1983, pp. 71-81) et 

spécialement pp. 72-73, sur le gascon : 

« On sait que ses traits phonético-phonologiques, mais aussi morpho-syntaxiques et 

lexicaux, tels qu’ils sont concentrés sur les Pyrénées et dans l’extrême Ouest béarnais ou 

landais, ont servi, dans l’analyse linguistique, à fonder quelquefois une langue distincte de 

l’occitan central ou septentrional. Mais on remarquera que le plus souvent c’est relativement 

à l’indépendance du catalan que la question est posée (chez Carl Appel, G. Rohlfs, P. 

Bec). Il s’agit donc bien non des faits intrinsèquement considérés, mais du statut. Une dialectique 

est établie sur trois termes : occitan, catalan, gascon. Si le catalan n’est pas de


l’occitan, le gascon n’en est pas non plus. Et si le gascon en est, il faut bien que le catalan 

en soit. Pierre Bec en a tiré la conclusion classificatoire d’un occitano-roman à trois 

instances : occitan proprement dit, catalan, gascon (Manuel pratique de philologie romane, 

Picard, Paris, 1970, t. I). » 

Non seulement R. Lafont ne critique pas ce point de vue, mais encore légitime la prise en 

compte du catalan pour juger du gascon quand il écrit un peu plus loin, p. 75 : 

« Quand l’italien, l’espagnol, le catalan serviront à éclairer l’occitan de façon 

normale, les Occitans seront plus à l’aise pour comprendre ce qu’est leur propre occitan. » 

Et même, il arrive à R. Lafont de reconnaitre dans le gascon une “vraie langue” : 

• Dans l’Anthologie…, 1974, p. 286 : « À l’exception de Jean de Nostredame […] et surtout 

de Pey de Garros qui a réfléchi d’une façon remarquable aux problèmes d’une langue gasconne 

moderne…»; 

• dans les Éléments de phonétique, 1983-2, il traite par principe le gascon comme un dialecte 

de l’occitan mais il le mentionne quelque 35 fois comme s’écartant de la règle générale, alors que 

les autres parlers d’oc ne sont ainsi mentionnés que de 23 (provençal) à 5 fois (gévaudanais, 

carcinol, rouergat); par deux fois, il va jusqu’à opposer explicitement le gascon à l’« ensemble 

occitan », ce qui, si le français a un sens, place le gascon en dehors de cet « ensemble » : 

« /w/ pour le gascon, /!/ pour l’ensemble occitan sont apparus aussi dans uò et uè. » 

(p. 39); 

« Le phonème /gw/ conservé en gascon devant a : guarir, ou même e, güeitar, 

“regarder”, est réduit à g dans l’ensemble occitan : garir, gaitar. » (pp. 53-54). 

Jean Séguy et son “école” (cf. p. 148) ne sont pas à proprement parler des “militants” de 

l’occitanisme, mais le climat occitaniste de Toulouse a dû les marquer, car leurs écrits dénotent un 

certain flou sur la place du gascon par rapport à l’« occitan ». Voici par exemple ce que l’on peut 

remarquer dans le volume VI de l’ALG, qui, daté de 1973, est de la main de Séguy : le texte 

accompagnant la carte 2504 débute par « En occitan du Sud-Ouest…», mais la carte suivante 2505 

“corrige” aussitôt par « En gascon…»; et le mot gascon ou ses dérivés reviennent dans une vingtaine 

d’autres cartes alors que occitan ne se retrouve que pour qualifier l’adverbe aquì {ici} (c. 2281) 

et le nom lairon {voleur} (c. 2516) et surtout à la carte 2530 « Champ gradient de la gasconité ». 

Or l’analyse du texte assez long qui présente cette carte révèle bien le fond de la pensée de ce 

maitre du gascon, au terme de l’immense travail que fut la réalisation de l’ALG. Deux passages 

doivent être cités in extenso, la première phrase et le troisième et dernier alinéa : 

« Nous avons tenté de cerner les traits spécifiques du gascon qui opposent cet 

ensemble non seulement au reste de l’occitan, mais au gallo-roman en général. » 

« Précisons que ces traits ne peuvent servir à opposer le gascon à l’ibéro-roman, 

catalan compris, si nous avions écarté ceux qui sont communs au gascon et à l’ibéroroman, 

il ne serait resté que peu de chose. La distinction du gascon et de l’ibéro-roman 

demanderait un travail spécial qu’il n’est pas question d’entreprendre ici; il est d’ailleurs 

probable que les traits pertinents seraient alors communs au gascon et au gallo-roman. » 

La première phrase situe bien le gascon dans l’occitan, mais il s’oppose « au gallo-roman en 

général », donc au français notamment, par les mêmes traits qu’au « reste de l’occitan »; en 

revanche, selon le dernier alinéa, si l’on écartait de ces traits tous « ceux qui sont communs au gascon 

et à l’ibéro-roman, il ne [resterait] que peu de chose », tandis que si l’on voulait réunir les traits 

qui opposent le gascon à cet ensemble, « les traits pertinents seraient alors communs au gascon et 

au gallo-roman. » Bien sûr, tout cela n’est qu’appréciation globale qu’une étude détaillée devrait


nuancer, mais j’en conclus ceci : pour Séguy, arrivé au bout de l’ALG, le gascon n’est pas plus 

« occitan » que gallo-roman quand on l’oppose à ces ensembles, ou est autant « occitan » que galloroman 

quand on l’oppose à l’ensemble ibéro-roman. 

Et quand on considère les cartes de ce volume VI, qui sont des cartes de synthèse, on est frappé 

de constater que la grande majorité comporte une isoglosse schématique (droite oblique) sur le 

cours de la Garonne, séparant systématiquement le gascon de l’occitan languedocien; ce n’est qu’au 

sud-est que les traits gascons se poursuivent souvent en languedocien pyrénéen, ce que P. Bec 

constatait en définissant un « complexus aquitano-pyrénéen » (1963, pp. 38 et 54). Si l’on ajoute à 

cela les cartes 2525 et 2526 qui tentent de définir les « Frontières dialectales du gascon », donc les 

aires de ses “dialectes”, on est bien en présence d’une langue divisée en dialectes, comme P. Bec 

l’écrivait au même moment (1973, p. 171). Mais sept ans plus tôt, c’est bien J. Séguy lui-même qui 

par deux fois avait nommé explicitement « la langue gasconne » (1966, pp. 4 et 13) et assuré la 

qualité des enquêtes par le fait que « tous les enquêteurs [étaient] gascons » (ib, p. 5). La clé, c’est 

que pour Séguy l’« occitan » n’était probablement pas une langue, mais un ensemble linguistique, 

ce qui lui permettait d’écrire aussi « mots occitans (gascon compris) » (ib., p. 15). 

Le même décalage entre ce qui semble la pensée profonde du savant et un discours souvent 

convenu apparait chez Jacques Allières; par exemple, les mots gascons du volume V sont des 

« formes occitanes » (ALG V, Fasc. 2, p. V) et la Gascogne est à l’extrême ouest de l’« Occitanie » 

… mais « c’est en opposition à la Romania toute entière que le gascon occidental manifeste son originalité 

» (ib. pp. 30 et 32). Et plus encore, il concluait en 1988 une communication faite à Valence 

d’Espagne — loin des pressions toulousaines ? — en donnant à la « langue gasconne » une place 

comparable à celle du catalan parmi les langues romanes (citation complète en Annexe II). 

Et de Xavier Ravier, je ne citerai qu’un de ses derniers articles (2002) : il définit le « gascon 

médiéval » comme « la forme qu’avait prise l’occitan gascon à l’époque de rédaction des actes » (p. 

400), pour dire un peu plus loin que dans les actes engageant l’autorité comtale, « la lingua mixta et 

la langue gasconne sont l’une et l’autre sollicitées » (p. 408). 

De semblables hésitations se retrouvent chez André Hourcade, inspecteur départemental de 

l’éducation nationale et auteur d’une remarquable Grammaire béarnaise (1986). Dans une 

interview donnée à Per Noste-Païs gascons (n° 93, 11-12/1982, p. 13), il admet d’abord que « Le 

béarnais est une variété du gascon, lui-même variété de la langue occitane »; mais un peu plus loin, 

sur son rôle de formateur des instituteurs : « L’an dernier, il n’y eut rien pour la formation à la 

langue béarnaise », ce qu’il renforce quelques lignes plus bas : « le béarnais est une langue 

véritable, avec une syntaxe, des structures tout à fait particulières. » Il y reviendra sans ambages 

dans la Grammaire : son but est de donner « une description aussi détaillée que possible de la 

langue béarnaise » (p. 19); « La langue béarnaise est, ici, objet d’étude, mais pour l’étudier, on se 

sert de la langue française » (p. 22). 

On verra bientôt, p. 20, comment J.-P. Chambon et Y. Greub (2002) réfutent et même 

ridiculisent quelque peu ces hésitations sur l’autonomie du gascon, hésitations que J.-P. Chambon 

(2003) met avec vraisemblance sur le compte le la « coalescence » entre militantisme et 

linguistique (cf. p. 24). Nous en avons confirmation dans les vues des linguistes indépendants, nonmilitants.


… et des linguistes indépendants, français et étrangers 

En cela, rien de nouveau non plus, puisque l’idée avait été avancée dès les premières études 

linguistiques sur le gascon. Il devait en être de même de la part de tous les grands linguistes qui ont 

étudié de près notre langue. Pour s’en convaincre, il suffit de lire leurs témoignages, échelonnés sur 

120 ans, et venant de partout; des seize donnés dans mon livre blanc, je ne retiens ici que les quatre 

reproduits, avec celui de P. Bec déjà cité, dans ma réédition 1998 du Dictionnaire béarnais ancien 

et moderne de Vastin Lespy (p. 14); d’autres figurent en Annexe II : 

1879 – Achille Luchaire, Étude sur les idiomes pyrénéens de la région française, p. 193. — 

« Si, à l’exemple de l’un de nos meilleurs romanistes, M. Chabaneau, nous qualifions le gascon de 

langue, ce n’est pas que nous méconnaissions le lien qui le rattache à la langue d’oc; c’est en raison 

du grand nombre de caractères originaux qui lui font une place tout-à-fait à part parmi nos dialectes 

du Midi. » 

1962 – Kurt Baldinger, Revue de linguistique romane, p. 331. — Le gascon, « on doit le 

considérer comme une quatrième unité linguistique, s’opposant au domaine français, occitan et 

franco-provençal. » (Voir aussi p. 19). 

1985 – Tomás Buesa Oliver, Lengas y hablas pirenáicas, 4° cours d’été à San-Sebastián, p. 

15. — « Le gascon a une telle individualité qu’on ne peut le subordonner à l’occitan. » 

1996 – André Martinet, Lettre à Jean Lafitte, 18 novembre 1996. — « Si l’on s’en tient à la 

forme linguistique des parlers, il parait indispensable de mettre à part, parmi les parlers du midi, le 

catalan et le gascon, celui-ci profondément influencé par le contact avec le basque. […] Il ne me 

parait pas qu’il y ait à faire des distinctions aussi tranchées entre les parlers restants, provençaux, 

languedociens, auvergnats et autres. 

« Il serait utile, dans la terminologie linguistique, de mieux marquer l’originalité du gascon 

par rapport à ses voisins. » 

Avec ce dernier témoignage du regretté Pr. Martinet, mon “livre blanc” de 2000 bouclait en 

quelque sorte la boucle en retrouvant la présentation d’Alibert dans la Gramatica et l’étude de 

1951 : deux langues d’une part, gascon et catalan, et quatre ou cinq grands dialectes occitans de 

l’autre (sans préjudice des aspects sociolinguistiques qui en font des langues à part entière). 

J’en ai eu une nouvelle confirmation de la part de M. Anthony Lodge, professeur de linguistique 

romane à l’Université St-Andrews en Écosse, lors du Colloque sur les langues latines organisé 

par la ville de Sceaux et le Félibrige le 1 er juin 2002. 

Sa communication avait pour titre développé Les langues romanes dans le contexte européen 

: unité face aux langues germaniques; intelligibilité réciproque; artificialité de leurs divisions 

au sein de la Romania; focalisation autour du français. 

D’une part, à côté des « langues officielles » (catalan, espagnol, français, italien, portugais, 

rhétoroman et roumain), il compte séparément, parmi « les autres », le corse, le franco-provençal, le 

galicien, le gascon, l’occitan, le picard, le piémontais, le sarde etc. 

D’autre part, tout en soulignant le continuum entre langues voisines, M. Lodge a voulu montrer 

par un schéma, particulièrement significatif, que du temps où nos langues d’oc étaient d’usage 

généralisé, ce continuum se hiérarchisait en « zones d’intercompréhension dégressive » : avec l’occitan 

en zone centrale — l’organisation du colloque par le Félibrige justifiait ce point de vue —, on


trouve dans la même zone le catalan et l’italien tandis que le gascon est dans une première 

couronne, avec l’espagnol et le franco-provençal : 

gascon 

espagnol 

portugais 

français 

franco-provençal 

occitan 

catalan italien 

roumain 

Outre que nous retrouvons là les quatre « unités linguistiques » du gallo-roman selon K. 

Baldinger, et le « au moins autant que le catalan » de P. Bec, la proximité constatée entre italien et 

catalan rejoint l’argument des Catalans du Manifest de 1934 (traduit du catalan) : 

« Nul n’aura l’idée de dire que le catalan et l’italien appartiennent à une même unité 

linguistique par le seul fait qu’un public catalan puisse suivre avec une relative facilité une 

représentation théâtrale en italien, langue facile si on la compare avec certains parlers 

occitans comme l’auvergnat ou le gascon, compréhensibles seulement pour qui s’est 

adonné spécialement à leur étude. » 

Plus près du concret, on peut citer l’avis de Gaston Guillaumie (1948) sur Jasmin : 

« Il est fort heureux que le poète, croyant restaurer la langue des troubadours 

[gascons, Cercamon et Marcabru], ait écrit et déclamé dans son dialecte d’Agen, si proche 

du languedocien. S’il avait utilisé le gascon, il aurait couru le risque de ne pas être 

universellement compris, comme il l’a été, dans toute l’étendue du domaine occitan. » 

C’était aussi l’avis d’André Hourcade dans l’interview citée plus haut : 

« …j’ai aussi passé 5 ans à Albi […] et même si les différences [entre béarnais et 

languedocien] sont nombreuses, je n’ai jamais eu aucune difficulté pour comprendre les 

Tarnais… Pour eux, par contre, c’était un peu plus difficile de me comprendre à cause des 

particularités du gascon et du béarnais. » (P.N.-P.G. n° 93, 11-12/1982, p. 13). 

Mais locuteur béarnais depuis l’enfance, inspecteur départemental chargé des langues régionales, 

il était particulièrement préparé à comprendre un autre parler roman, et peut-être aussi ses 

interlocuteurs tarnais, s’il s’agissait d’enseignants d’occitan. 

En tout cas, plus près de nous, un sympathique « saltimbanque » — il se qualifie ainsi luimême 

— le chanteur français bien connu Marcel Amont, à qui il arrive aussi de chanter en béarnais, 

rejoint étonnamment les Pr. Lodge et Guillaumie quant à la douteuse “intercompréhension” 

entre locuteurs de Bayonne à Nice; voulant se documenter sur la langue de ses pères, le gascon 

d’Aspe, auprès de « ceux qui sont censés en savoir plus long », il a surtout interviewé deux occitanistes 

avérés, M. Grosclaude et J. Salles-Loustau, pour qui le gascon s’intègre à l’occitan; mais ils 

ne l’ont pas du tout convaincu (2001, p. 155) : 

« Mais moi je continue à constater qu’AUJOURD’HUI, quoi qu’on en dise, si je 

parle ou chante en béarnais au pays de Mistral, devant des Carcassonnais ou même des


Toulousains, plus proches géographiquement, je ne serai pas compris de la plupart des autochtones, 

sauf des spécialistes, tout au moins de ceux qui ont un peu étudié la question. » 

Mais ce sont des linguistes qui auront ici le dernier mot : en démontrant que les sept traits 

spécifiques qui caractérisent le gascon depuis Luchaire étaient déjà acquis autour de l’an 600, donc 

avant ce que le premier appelle l’émergence de l’occitan, le Pr. Jean-Pierre Chambon et Y. 

Greub (2002) ont établi, semble-t-il définitivement, que 

« le gascon n’a pu se détacher d’un ensemble linguistique qui n’existait pas — ou, si 

l’on préfère, qui n’existait pas encore — au moment où il était lui-même constitué. Il ne 

peut par conséquent être considéré comme un dialecte ou une variété d’occitan au sens 

génétique de ces termes («forme idiomatique évoluée de»). Du point de vue génétique, le 

(proto)gascon est à définir comme une langue romane autonome ». 

Certes, dans son Introduction à la linguistique occitane (2003), J.-P. Chambon ne parle plus 

que de langue occitane; mais en affirmant qu’elle est « une langue dialectale [qui] se réalise concrètement 

et dès les débuts de son histoire, sous la forme de variétés géographiques (ou diatopiques) 

bien marquées » (p. 3), il aboutit au même résultat pratique qu’en admettant une pluralité de 

langues plus ou moins apparentées. Il vient en effet d’insister (p. 3) : 

« Il N’existe donc PAS (malgré les efforts de certains militants dans ce sens) de 

variété standard qui soit reconnue comme telle de manière unanime par la communauté 

linguistique et possédant de ce fait une existence sociale réelle. Au Moyen Âge, il N’a 

PAS existé davantage de koinè occitane (variété commune au-dessus des variétés géographiques 

régionales ou locales). Il N’existe PAS non plus — plus modestement — une 

variété qui soit reconnue comme plus prestigieuse que les autres par les usagers. » 

Et sur l’“intercompréhension”, il a confirmé ce que j’ai rapporté plus haut (ib.) : 

« Bien qu’on ne dispose que de peu de données à ce sujet, l’intercompréhension est 

sans doute difficile entre locuteurs de Gascogne, du Limousin ou de Provence (lesquels, du 

reste, s’ils se rencontrent, ne communiquent plus en occitan...). » 

Pour finalement faire une large place à la situation “à part” du gascon (p. 4) : 

« 7/ L’unité de l’objet de la linguistique occitane est problématique - On a souligné 

plus haut […] le fort degré de variation diatopique qui caractérise la langue occitane. Mais 

il y a plus : un vaste ensemble de parlers, le gascon, présente des caractéristiques si 

fortement divergentes et surtout si anciennes que tous les linguistes romanistes s’accordent 

pour dire que le gascon, presque toujours considéré comme une des grandes variétés dialectales 

de l’occitan, pourrait être considéré comme une langue spécifique (au sens génétique 

du mot ’langue’, qui permet de dire, par exemple, que le francoprovençal est une langue 

romane autonome). D’autre part, au contraire du gascon, les autres parlers occitans ne 

présentent aucune innovation majeure à la fois ancienne et commune : il est donc difficile, 

voire impossible, de dire qu’il constituent une ‘langue’ au sens génétique de ce terme. » 

Derrière ces avis : la distance linguistique en schéma et statistique 

Il est difficile de mettre en doute des témoignages aussi concourants de la part de maitres 

incontestés de la linguistique, romane notamment. Mais s’agissant là d’avis synthétisant une pensée 

formée par des travaux multiples, on peut légitimement souhaiter en avoir quelque justification 

concrète. C’est ce que j’ai essayé, pour moi-même comme pour les lecteurs de Ligam-DiGaM. 

Par le schéma ci-dessous, je synthétise les comparaisons phonétiques, morphologiques et 

syntaxiques du tableau de l’Annexe III tiré de ma brochure Le gascon, langue à part entière…, 

comparaisons qui prolongent celles entre languedocien et « langues et dialectes qui l’entourent » de 

la Gramatica d’Alibert.


Chacun des traits qui réunissent deux à deux le gascon, l’“occitan” (représenté par le languedocien 

“standard”) et le catalan symbolise un “trait” linguistique. Sept de ces traits sont différents 

dans les trois langues; pour les autres, on voit que le gascon n’en a que huit communs avec 

l’“occitan”, mais douze avec le catalan, qui en a autant avec l’“occitan”, ce qui explique bien les 

avis des linguistes. 

O 

G C 

Par ailleurs, mon expérience personnelle m’avait conduit à douter de l’affirmation suivante : 

« Le lexique gascon est à peu près le même, dans son ensemble, que celui de tout le 

gallo-roman méridional. Mais ce dialecte possède en plus un nombre assez important de 

mots dont ni le latin ni le gaulois ne rendent compte. » (P. Bec, La langue occitane, p. 50). 

Pour en avoir le cœur net et en attendant une étude plus vaste, j’ai donc effectué un sondage 

sur le lexique, sondage réalisé en rapprochant trois pages tirées au sort dans le Dictionnaire 

d’Alibert et les portions correspondantes du Dictionnaire de Simin Palay (détails et exemple en 

Annexe IV). Certes, l’échantillon n’est que 0,5 %, mais à la même échelle, un sondage de la 

SOFRES devrait s’appuyer sur plus de 300 000 Français ! Nous prendrons donc ces résultats avec 

prudence, tout en considérant qu’ils sont un bon indicateur de tendance. 

Identiques Peu différents “Faux amis” Sans équivalent 

61,7% 

20,8% 

10,8% 

6,7% 

73,7% 

14,3% 

Alibert (269 mots) Palay (391 mots) 

7,4% 

4,6%


Voici comment sont définies les quatre catégories de mots présentés : 

– identiques (ou ayant au moins une variante identique) et ayant au moins une acception identique; 

– peu différents (ex. archiprèire/arquiprèstre, ardit/hardit…), et ayant au moins une acception 

identique; 

– “faux amis”, identiques mais d’acception totalement différente; 

– sans équivalent dans l’autre dictionnaire. 

Pratiquement, donc, dès que nous sortons du vocabulaire abstrait commun aux langues modernes, 

c’est plus de 78 % des mots gascons que l’“Occitan” ne trouvera pas chez Alibert, et plus 

de 68 % des mots “occitans” que le Gascon ne trouvera pas chez Palay, avec encore le risque de se 

fourvoyer sur des faux amis ! Un seul exemple concret, le titre d’un “album-disque” en “occitan” 

dont je reçus fin 2000 l’appel à souscription, Lo pastre, lo caramèl e la sèrp : sur trois substantifs, 

le gascon ne connait que sèrp; il traduit les deux autres par pastou et calamèth ou calumèth. Et cela, 

sans compter les particularités des mots grammaticaux, des paradigmes verbaux et de la syntaxe… 

La réalité des actions linguistiques 

On ne sera donc pas étonné de constater que chaque fois qu’il a fallu agir effectivement sur le 

catalan, l’occitan et le gascon, on a été obligé de les traiter séparément : 

• tandis que leurs grands intellectuels proclamaient solennellement que leur langue n’était pas 

un dialecte de l’occitan (Manifest de Mai 1934 évoqué p. 19), les Catalans ont fait leurs choix 

linguistiques et orthographiques sans se soucier de l’occitan; 

• malgré son admiration pour les Catalans, Alibert établit lui-même ses normes orthographiques 

de l’occitan en rejetant explicitement des solutions qu’il jugeait trop spécifiquement catalanes; 

• et quand, en 1950, il eut publié ces normes orthographiques en français, il s’empressa 

d’établir un document distinct et parallèle pour le gascon, dument approuvé par l’I.E.O. (1952); 

• enfin, quand il s’agit de définir les orientations de l’I.E.O. pour établir un « occitan de 

référence », si le rapport de P. Bec de 1972 mentionnait le gascon, c’était pour ajouter aussitôt 

« que nous laisserons à part ». 

Or P. Sauzet (1990, p. 45) voyait dans ce texte de P. Bec un « article décisif »; c’est donc 

logiquement qu’il a écarté le gascon de « la langue occitane » objet du GIDILOc qu’il venait de 

créer (voir p. 6), et que, dans son article La lenga foncciona (1996), il ne mentionne pas le gascon, 

ni DiGaM parmi « les lieux divers où l’on travaille sur la langue et avec la langue ». De même, 

dans un article Pron de la mòrt ! (2000), sa collaboratrice Josiane Ubaud n’y fait pas la moindre 

allusion : en citant d’abord Alibert comme base du futur Diccionari ortografic du GIDILOc 

(« Alibert + Mistral + lexique contemporain »), elle laisse supposer une focalisation sur l’“occitan”, 

languedocien surtout, alors que l’accent mis sur Mistral aurait supposé l’inclusion du gascon et la 

primauté du provençal; en outre, le rejet des particularismes (aveyronnais, gardois, audois, 

provençal marseillais etc.) ne laisse de place au gascon que dans l’« etc. ». 

Le gascon n’est pas séparatiste, ce sont les “Occitans” qui l’écartent depuis au moins les Leys 

d’amor du XIV e siècle (cf. p. 36), car telle est la nature des choses, linguistiquement parlant. 

Le témoignage des libraires 

Au demeurant, les libraires des pays d’oc savent cela depuis longtemps, eux qui vendent bien 

peu de livres occitans dans les terres gasconnes et presque aucun livre gascon en dehors d’elles. Je


n’en donnerai qu’un témoignage, le rapport de Jean Jaurion et Serge Viaules, chargés du “Secteur 

Diffusion” de l’I.E.O., en vue de l’assemblée générale des 3 et 4 novembre 1984 : 

« En fait, un petit nombre de livres de la collection Pròsa gascona suffit au Secteur 

Diffusion pour répondre à une demande assez faible (estequida = “épuisée, étique, 

chétive”), étant donné que le gros des commandes se fait par l’intermédiaire de Per Noste 

[…]. Il vaudrait mieux, à notre avis, que ces livres fussent principalement dans les dépôts 

des Cercles locaux de Gascogne. Pour qu’un livre se vende il faut qu’il soit vu par un 

public potentiellement intéressé. » (Occitans !, supp. au n° 13, p. 35). 

Ce n’est là pourtant que la conséquence “commerciale” d’une réalité sociolinguistique qui 

sera étudiée plus spécialement au chapitre suivant, pp. 35 sqq. 

L’autonomie du gascon, un obstacle pour l’expansion occitaniste 

Mais voilà que la spécificité linguistique du gascon et la conscience qu’en ont ses locuteurs 

sont un sérieux obstacle sur la route des occitanistes les plus engagés vers un « occitan standard », 

unique pour toute l’“Occitanie”. Certes, ce but n’a jamais figuré dans les statuts de l’I.E.O., inchangés 

depuis 1946 (cf. p. 78), mais il est inexact d’écrire « À l’heure actuelle, le but de créer un occitan 

moyen ne figure plus au programme de l’I.E.O. » (P. Boschung et M. Frick, 1985, p. 154) car le 

rapport d’orientation vers une langue de référence de 1972 n’a jamais été désavoué, encore qu’il 

laissât le gascon en dehors de son champ d’action (cf. pp. 13 et 15). Et la marche vers la langue 

unique reste une tendance forte de l’occitanisme languedocien, avec l’aide de quelques supplétifs 

dont la langue maternelle était autre, soit le provençal pour le Nîmois Robert Lafont ou le gascon 

pour le Lomagnol Jacques Taupiac. 

En pratique, ce que l’on appelle souvent le centralisme ou le jacobinisme languedocien se traduit 

par l’usage fréquent du mot « occitan » sans autre précision pour désigner la langue et les ouvrages 

languedociens. Ainsi la méthode L’occitan lèu lèu e plan (infra, p. 42); ou encore le lapsus 

d’une occitaniste au Colloque Albert Dauzat de Thiers, le 7 novembre 1998 : « Excusez-moi de ne 

pas parler en auvergnat, je vais le faire en occitan… Pardon ! en languedocien ». Et quand un lecteur 

italien demande à la revue très modérée Lo Gai Saber de lui indiquer des titres de dictionnaires 

occitan-français, à part le Trésor du Félibrige de Mistral qui reste « l’ouvrage le plus riche », ne 

sont donnés que des ouvrages sur le languedocien (Lo Gai Saber, n° 481, 2001, p. 95). 

Et dans les faits, la pression demeure; ainsi ce témoignage oral, soigneusement noté, du président 

de l’I.E.O.-Paris de l’époque, Jean-François Blanc, le 20 février 1999 : 

« L’autre jour, je me suis heurté avec un de ces occitanistes qui ont une croix occitane 

à la place du cerveau. Comme je parlais gascon qu’il ne comprend pas et n’essaie pas 

de comprendre, il me l’a reproché en me disant que tous les vrais Occitans devraient faire 

l’effort de parler occitan. » 

…c’est à dire languedocien comme lui. 

Peu après, le 19 avril, l’Institut occitan de Pau lance un appel au secours, ses finances étant 

mal en point; en quelles langues ? en occitan standard (languedocien) et, pour être sûr d’être compris, 

en français; pas un mot en « occitan de Gascogne » ou « de Béarn » ! d’ailleurs, tout ce que 

j’en ai reçu au titre de sa “communication” générale est en occitan standard (et en français) : vœux 

du Président en début d’année, carton de présentation de l’Institut, lettre circulaire du 24 juillet 

2000 sur un Annuaire de la culture occitane etc. 

L’année suivante, le mensuel occitaniste de Provence Aquò d’Aquí présentait ainsi un long


article du même R. Lafont écrit en languedocien (alors que sa langue propre est le provençal) : « Le 

message adressé aux Provençaux par le plus grand écrivain provençal vivant est en occitan 

“futuriste”, c’est-à-dire en languedocien : une page se tourne ! » (n° 146, Juin 2001). Certes, 

dans le numéro suivant, on répondait aux protestations des lecteurs (surtout Provençaux) en disant 

que c’était une plaisanterie à lire au second degré. Mais cela allait tellement dans le sens des idées 

du “maitre” que l’on peut douter de la vérité de la qualification de « plaisanterie »… 

Le refus occitaniste 

Si donc des “provinces satellites” du domaine languedocien s’avisent qu’elles ne parlent pas 

“occitan” et ne veulent entendre parler ni d’“occitan standard” ni d’“Occitanie”, c’en est fait de 

tous ces beaux plans sur l’avenir. Aussi faudra-t-il contrer ces tendances centrifuges, et donc 

combattre toute opinion linguistique qui pourrait les soutenir. Pour le gascon en particulier, on aura 

définitivement oublié ce que le Pr. P. Bec exposait dans son rapport de 1972 comme une évidence 

(« on le sait ») et qu’une assemblée générale de l’I.E.O. approuvait sans broncher. 

Le linguiste occitaniste va ainsi se trouver dans la « situation de porosité ou de coalescence, 

voire d’identification déclarée entre le champ militant et le champ scientifique » (J.-P. Chambon, 

2003, p. 5), situation qui fait obstacle en fait à la liberté du chercheur, notamment sur la place du 

gascon : 

« si, dans le cas du gascon […], tous les linguistes reconnaissent que celui[-ci] 

pourrait être considéré comme une langue indépendante, alors que très peu d’entre eux le 

comptent effectivement comme langue indépendante, c’est qu’en réalité la main invisible 

du renaissantisme a tranché le débat […]. » (ib.). 

J’illustrerai cet avis par quatre témoignages. 

Le premier est celui d’Henri Giordan, dans un article Occitan vs Langues d’oc, Culture 

subalterne et culture dominante paru dans les Annals de l’I.E.O. de 1977. Le monde occitaniste 

était alors en émoi parce que la Circulaire “Haby” du 29 mars 1976 avait usé de l’expression 

langues d’oc au lieu de langue occitane (voir pp. 29 et 32); mais faute d’arguments linguistiques 

décisifs et encore moins de l’adhésion des intéressés eux-mêmes — à l’époque, essentiellement des 

Provençaux de la mouvance félibréenne — H. Giordan plaçait résolument (et honnêtement) le 

problème sur le terrain de la lutte des classes : 

« Surtout en Provence, les organisations félibréennes constituent des regroupement 

d’intellectuels qui sont spécifiques à la culture occitane : ces groupes existent encore de 

nos jours car ils répondent à une fonction, justement subalterne, de l’hégémonie bourgeoise, 

celle d’orienter de l’intérieur une culture minoritaire vers les valeurs bourgeoises. […] 

« Les langues autres que le français […], l’occitan comme le breton, le corse, etc…, 

sont un élément de la culture d’une partie des classes subalternes de notre pays et la façon 

de les traiter peut mettre en évidence leur fonction narcotique ou, au contraire, ouvrir la 

voie à leur utilisation dans le travail en cours pour l’invention d’une nouvelle culture intégrant 

la culture des classes subalternes. 

« […] Ce n’est pas, en effet, parce que des linguistes ont défini des critères unissant 

les dialectes d’oc dans un ensemble unitaire, l’occitan, […] que la référence à d’éventuelles 

langues d’oc est nulle et non recevable. À ce compte-là, la revendication culturelle corse 

serait à renvoyer aux poubelles d’une histoire dirigée par les linguistes. Donner la préférence 

à une vision des choses qui privilégie les facteurs d’unité par rapport aux facteurs 

d’opposition est un choix imposé par la volonté de substituer un discours construisant une 

culture alternative en France à un discours dont le rôle est de maintenir en place la culture 

hégémonique de la bourgeoisie dans ce pays. »


Le second témoignage vient d’un “majoral” du Félibrige, Jean Monestier (1930-1992), 

restaurateur à Bordeaux et très engagé dans le Félibrige bordelais et périgourdin dont il présida les 

“écoles”, Jaufré Rudel à Bordeaux (voir plus loin, p. 77) et Lo Bornat à Périgueux. En 1980, le Pr. 

Robert Escarpit avait élaboré, dans le cadre de l’association Maine gascon {Domaine gascon}, un 

projet de Charte culturelle de la Gascogne à proposer aux autorités régionales d’Aquitaine. Mais 

craignant que cela ne marginalisât les autres langues d’oc d’Aquitaine, J. Monestier publia dans le 

Courrier français du 10 octobre un article Pour une Charte culturelle occitane : 

« […] Malgré le “vœu pieux” de soutenir les autres chartes culturelles occitanes. Il 

est bien évident que lorsque tous les crédits auront été absorbés par le domaine gascon, 

lorsque tout le temps d’antenne sera occupé : il ne restera rien pour les autres. 

« De plus, le concept de langue gasconne est dangereux et contraire du reste à la loi 

n° 51-46 du 11 Janvier 1951 (Loi Deixonne) qui ne parle avec juste raison que de Langue 

Occitane et d’ensemble culturel Occitano-Catalan. 

« Si nous acceptions la notion de langue gasconne, nous aurions demain la langue 

périgorde, la langue limousine ou la langue auvergnate, alors qu’il n’existe qu’une langue 

d’oc une, et diverse, ainsi que l’écrit fort justement le Majoral Fournier dans son ouvrage 

Mon premier livre d’Oc. 

« Il serait impensable de parler des langues italiennes ou des langues françaises, alors 

repoussons tout ce qui peut prêter à une confusion aux buts inavouables : il n’y a pas des 

langues d’oc. » 

Per noste-Païs gascons qui reproduisait cet article (n° 83 de 3/4-1981, p. 15) le faisait précéder 

d’une “note de la rédaction” approbatrice, en gascon, qui s’achevait ainsi : 

« Personne ne s’étonne quand le Québec se lie au Français pour demander 

l’autonomie ou quand le général De Gaulle cria : “Vive le Québec ! le Québec… LIBRE !” 

mais le vieux centralisme jacobin crie au scandale quand nous affirmons l’unicité et l’unité 

possible du continent occitano-catalan dans une Europe des Ethnies. » 

D’emblée, J. Monestier affiche les enjeux : il y a concurrence entre les parlers d’oc, et s’il 

craint d’être marginalisé face au gascon, il compte bien inverser la tendance dans un grand ensemble 

d’oc. Mais sur la question linguistique proprement dite, aucun argument scientifique. 

À la place, une référence juridique, par l’invocation de la loi Deixonne sur laquelle je reviendrai 

plus loin, p. 31. Mais ici même, on doit observer que J. Monestier abuse le lecteur en faisant 

mention d’un « ensemble culturel Occitano-Catalan » qu’on chercherait en vain dans le texte de 

loi ! Bien au contraire, son article 10 énumère distinctement le « catalan » et « la langue occitane »; 

et l’article 11 de même, traite successivement de « la langue et de la littérature catalanes » (art. 11, 

c) et « de la langue, de la littérature, de l’histoire occitanes » (art. 11, d). 

Enfin, J. Monestier poursuit par des affirmations bien martelées, mais sans preuves, ceux qui 

seraient d’avis contraire ne pouvant poursuivre que des « buts inavouables ». 

La “note de la rédaction” de Per noste vient honnêtement confirmer ma lecture : la question 

est (géo)-politique, un point, c’est tout. 

C’est encore semble-t-il dans ce contexte de réaction au pluriel de “langues d’oc” que se place 

la présentation de la « Situation du parler de Béarn dans l’ensemble occitan », paragraphe signé 

par Michel Grosclaude aux pages 10-13 du Petit dictionnaire français-occitan (Béarn) publié sept 

ans plus tard, en 1984 (cf. pp. 43 et 159). Même force d’affirmation chez cet homme de foi 

protestante et de foi occitane que je présenterai plus longuement p. 40 :


« Il existe indiscutablement une langue occitane ou langue d’oc. Cette vérité est 

reconnue par tous les linguistes du monde : elle n’est contestée que par des détracteurs 

incompétents ou malveillants. […] Traditionnellement, on s’accorde à considérer qu’il y a 

quatre grands dialectes occitans : le gascon, le languedocien, le nord-occitan et le 

provençal. » 

En réalité, personne n’a jamais nié l’existence de la « langue d’oc »; mais il faut lire entre les 

lignes : c’est sur son unité, sur le « la », qu’il y a débat : tant qu’on en est resté au discours des Félibres 

qui exaltaient « la langue d’oc des Alpes aux Pyrénées » (Mistral) mais laissaient les grands 

“dialectes” se parler et s’écrire comme bon leur semblait, ce « la » unitaire ne gênait personne, et 

donnait même l’impression d’une grande force qu’on célébrait par discours, toasts et folklore dans 

les grandes réunions de printemps qu’étaient les fêtes de Ste Estelle; mais du jour où l’occitanisme 

a montré son intention d’unifier tous les parlers du Midi en un “occitan standard” ou “référentiel” 

ou “fédéral” ou autre (multiples sont les qualificatifs, suivant les promoteurs) à base de languedocien, 

l’unité est apparue comme un nouveau danger pour tous les autres parlers d’oc. Autrement dit, 

la haie basse d’arbustes non épineux et de fleurs fait très joli entre bons voisins; mais quand l’un 

d’eux prend ses aises et empiète délibérément chez l’autre, le mur de béton ne tarde pas à s’élever, 

tandis que le voisin envahissant essaie de se donner le beau rôle en en dénonçant la laideur. 

Ceci dit, pour M. Grosclaude, « indiscutablement », « vérité […] reconnue », excluent toute 

discussion; « par tous les linguistes du monde », le dispense d’en nommer un seul; et bien sûr, la 

contester ne peut être l’affaire que de « détracteurs incompétents ou malveillants ». Procéder ainsi, 

y compris par des termes injurieux à l’encontre de ceux qui ne partagent pas les idées occitanistes, 

rappelle fâcheusement ce qu’un autre occitaniste reprochait au Front national de J.-M. Le Pen : 

« [ce] discours […] n’a pas peur d’affirmer sans démontrer, de montrer le coupable 

comme une évidence, et ainsi de donner le sentiment que les choses sont simples. […] 

l’imprécation au lieu du discours ou de la discussion, le rejet au lieu du respect de la 

différence, la violence au lieu de la parole, montrent un fonctionnement bâti sur l’illusion 

[…]. » (J.-P. Darrigrand, psychologue, président de Per noste, 2002, pp. 11 et 12). 

En fait, on est dans le dogme, pas dans la réflexion scientifique. Et l’on peut sans doute imputer 

à ce climat irrationnel l’étonnante contradiction qu’une lecture attentive a tôt fait de découvrir 

entre les propos ci-dessus rapportés de M. Grosclaude, en p. 10 du Petit dictionnaire français-occitan 

(Béarn), et la justification de ce titre en p. 9, dans la Présentation du dictionnaire signée par les 

deux associations éditrices, La Civada et Per Noste. Comme je le montrerai p. 43, en écrivant 

« l’occitan du Béarn est un occitan à part entière et non pas une variante plus ou moins marginale », 

les auteurs sous-entendent qu’il y a plusieurs occitans, donc plusieurs langues d’oc. 

Pourtant, c’est au nom de la science que deux ans plus tard, en 1986, l’Introduction de La 

langue béarnaise et son histoire - Étude sur l’évolution de l’occitan du Béarn sera la tribune de M. 

Grosclaude pour condamner l’expression « langue béarnaise » dont il use dans le titre : 

« Si je m’étais exprimé autrement, j’aurais couru le risque de ne pas être compris de 

certains lecteurs éventuels qui sont justement ceux à qui principalement ce travail s’adresse. 

Qu’ils sachent donc désormais que seul le sous-titre ÉTUDES SUR L’ÉVOLUTION 

DE L’OCCITAN DU BÉARN est correct scientifiquement. » 

En clair, « langue béarnaise » dans le titre, c’est le parfum de miel dans la glu du papier 

attrape-mouches d’autrefois. Au demeurant, cette Introduction est tellement caractéristique du discours 

de cet occitaniste que j’estime indispensable de la reproduire en Annexe V. Elle mêle comme 

souvent l’exposé de faits incontestables et des contre-vérités affirmées avec force, ce qui n’est guère 

scientifique ni respectueux du lecteur, mais là n’est pas la question, il faut répandre une religion.


Ainsi, en écrivant « en toute correction scientifique, le béarnais n’est pas une langue, mais un 

sous-dialecte du gascon qui est à son tour un dialecte occitan », l’auteur contredit l’affirmation 

précédente « l’occitan du Béarn est un occitan à part entière et non pas une variante plus ou moins 

marginale ». 

De même, dans l’approche de la notion de langue, l’auteur fait intervenir les éléments linguistiques 

intrinsèques et la « psychologie » des locuteurs, autrement dit la fameuse intercompréhension. 

Or sur les premiers, il se garde bien de se souvenir qu’Alibert lui-même traitait le catalan et le 

gascon comme des langues qui “entouraient” le languedocien (cf. p. 14 ci-dessus) juste avant d’énumérer 

les traits phonétiques qui rapprochaient ou distinguaient ces divers idiomes. Et de l’intercompréhension, 

il ne donne aucune preuve, alors qu’à peine trois ans avant, lors du Colloque Arnaud de 

Salette de 1983 (cf. p. 107), il doutait publiquement de l’intercompréhension entre Béarnais : 

« Le Psautier est écrit dans la langue de la plaine, comment les habitants des vallées 

pyrénéennes pouvaient-ils le comprendre ? » (Darrigrand, 1983-1, p. 154). 

C’est d’ailleurs en insistant sur les différences entre parlers du Béarn, souvent plus fortes 

qu’entre les parlers du nord et ceux du reste de la Gascogne, que M. Grosclaude est le plus crédible. 

Il l’est aussi quand il reconnait que dire « langue béarnaise » est 

« une habitude de parler courante en Béarn, habitude qui relève (je l’accorde) d’une 

sorte de nationalisme béarnais latent mais toujours vivant. Les Béarnais sont habitués à 

dire que leur parler est une langue. C’est ainsi. » 

Mais cela, c’est justement l’aspect sociolinguistique de l’identification des « langues », aspect 

que M. Grosclaude semble totalement ignorer ou traiter comme complètement négligeable. Il ne 

retient que l’existence d’un état qui puisse caractériser une langue et notamment la distinguer des 

voisines par une graphie propre…; or l’état béarnais n’a pas perduré, il n’y a donc pas de « langue 

béarnaise ». C.Q.F.D. 

Étonnamment, ces affirmations seront pulvérisées par les propos de R. Lafont sur la Corse et 

sa langue, propos sur lequel nous reviendrons en conclusion de ce chapitre, p. 34. 

Avec le quatrième témoignage, nous revenons à plus de rationalité. Comme Robert Lafont qui 

fut « un militant de la langue d’oc avant que de devenir sociolinguiste » (Chambon, 2003, p. 4), 

Jean Sibille a été connu comme membre de l’I.E.O.-Paris dont il est toujours président avant de 

publier divers travaux comme spécialiste des langues régionales et notamment de l’“occitan” (cf. 

Bibliographie). Il dirigeait Estudis occitans quand parut ma brochure Le gascon, langue à part entière 

(1996); cela suscita des échanges courtois dans cette revue, dont un premier article de J. Sibille, Lo 

gascon dialècte occitan o lenga a part entièra : es que la question a un sens (1996); l’auteur y 

exprime un avis nuancé tout à fait défendable pour qui ignore l’aspect « génétique » exposé depuis 

par J.-P. Chambon et encore plus les contraintes de l’efficacité que nous dicteront les observations 

sociolinguistiques : 

« vu que l’intercompréhension ne peut pas être un critère objectif, il n’y a aucune 

raison de dire que le gascon est ou n’est pas un dialecte de l’occitan. Dire que le gascon 

n’est pas un dialecte occitan est une prise de position idéologique, dire le contraire en est 

une aussi. Et de même pour le catalan ». 

Puis un second article Gascon, occitan : per n’acabar [pour en finir] (1997); à défaut de 

critère linguistique non contestable, J. Sibille se réfère à l’existence d’une « civilisation occitane »


(supposée différente de celle des autres citoyens de l’hexagone) à laquelle il croit et clôt le débat 

par cette phrase lapidaire : 

« LO GASCON ES UN DIALECTE OCCITAN PERQUÉ LOS GASCONS SON OCCITANS » 

On est donc hors du domaine de la science, c’est celui de la foi en une civilisation 

particulière, probablement encore plus difficile à distinguer d’une autre qu’une langue de sa 

voisine. La discussion n’est donc plus possible, mais au moins, on sait pourquoi. 

Pourtant, c’est au nom de la science, mais sans davantage de preuves, que Jean Sibille devait 

stigmatiser la pluralité des langues d’oc dans sa contribution à l’ouvrage collectif Les langues de 

France publié en 2003, p. 179 : 

« L'emploi du terme langues d’oc (au pluriel) est relativement nouveau et très 

minoritaire, mais il tend à être mis en avant par des minorités agissantes ou des individus 

isolés qui, pour des raisons plus idéologiques que scientifiques, voudraient voir reconnaître 

autant de langues que de régions ou anciennes provinces. » 

Évidemment, le « relativement nouveau » montre les limites — excusables, certes — des 

lectures de l’auteur, puisque, en se limitant au domaine gascon, l’expression critiquée se lit à la une 

des Reclams de Biarn e Gascougne de Juin 1906 : sous le titre Un bel exemple, le Majoral Jean- 

Victor Lalanne, secrétaire général de l’Escole Gastou Febus et son futur capdau {président} (1919- 

1923), fait l’éloge du Provençal Jules Ronjat qui vient de verser une cotisation à vie de 200 francs 

or; et d’ajouter « Avec la plus jolie facilité, il écrit et parle toutes les langues d’Oc…» (toutes las 

loéngues d’O). Par la suite, ce pluriel reviendra sans doute plus d’une fois chez les auteurs gascons. 

Par exemple, le professeur agrégé René Cuzacq (1950, pp. 5, 7, 11 etc.); ou encore chez les responsables 

de l’Escole; comme le capdau Denis Palu-Laboureu, professeur de lycée, dans son discours 

de l’assemblée générale du 1 er mai 1977 : « tous ceux qui travaillent à maintenir et faire fleurir le 

gascon et toutes les autres langues d’Oc. » (Reclams, 7/8-1977, p. 101); et l’année suivante, à la 

Ste-Estelle d’Avignon, Micheline Turon, “reine” du Félibrige, achève son toast par ces mots : « je 

lève [la Coupe Sante] au Félibrige et à la vie des langues d’Oc. » (Reclams, 9/10-1978, p. 133). En 

1985, enfin, ces mêmes Reclams, dirigés par Jean Salles-Loustau, publiaient dans leur n° 3/4-1985, 

p. 45, une intéressante étude de R. Saint-Guilhem, L’influence du français sur le gascon, qui 

s’ouvrait par ces mots : « La langue gasconne appartient au groupe des langues d’oc » 2 . 

Hors du domaine gascon et même du domaine d’oc et de ses divisions, on peut aussi citer un 

manuel d’enseignement comme l’Initiation au latin 5e de MM. Cousteix, Hinard et Weinberg 

(Paris, SOCODEL, 1975) : p. 56, il mentionne parmi les langues romanes « les langues d’oc ou 

langues occitanes » parallèlement aux « langues d’oil », et ses auteurs sont si peu hostiles à 

l’occitanisme qu’ils donnent en exemples des mots provençaux notés en graphie occitane unifiée… 

Et bien “au-dessus” de ces pédagogues de terrain, c’est le linguiste Claude Hagège, professeur au 

Collège de France, qui parle de « langues d’oc » dans la conférence donnée à Thiers le soir du 5 

novembre 1998, dans le cadre du colloque Albert Dauzat (La Montagne du 7, p. 9); les 

protestations des organisateurs ne le font pas changer de langage. 

Mais surtout, Jean Sibille passe totalement sous silence l’usage de l’expression « les langues 

2 Il est vrai que dans le numéro suivant (5/6-1985, p. 95), on trouvait la « Reaccion » d’un certain Pèire Baile qui considérait 

la publication de cet article comme « une honte pour une revue littéraire gasconne » et y voyait « les réflexions 

profondes d’un analphabète ». Le ton et l’absence totale de démonstration suffisent à juger cette « Reaccion ». 

Mais un troisième numéro (7/8/9/10-1985, p. 154) allait publier « avec le plus grand plaisir » un complément que R. 

Saint-Guilhem avait adressé à la revue, et «les langues d’oc » y étaient encore mentionnées.


d’oc » dans Circulaire “Haby” du 29 mars 1976 déjà évoquée p. 24, et encore plus le rejet par le 

Conseil d’État de la requête en annulation dirigée contre elle (détail, p. 32). Or c’est lui et Michel 

Alessio qui, comme fonctionnaires sous les ordres de Bernard Cerquiglini, Délégué général pour la 

langue française et les langues de France, ont réuni les textes de l’ouvrage collectif en cause. Que 

peut signifier un tel silence dans un ouvrage officiel ? 

Que signifie encore, de la part d’un fonctionnaire censé œuvrer pour la protection des langues 

« minoritaires », le fait qu’il déprécie une opinion parce que « très minoritaire » (Galilée ne l’étaitil 

pas aussi ?) ou mise en avant par des « minorités » (mais l’occitanisme, n’est-il pas une 

« minorité agissante » qui sait bien placer ses partisans dans l’appareil de l’État ?) 

Enfin, pour le caractère « scientifique » du singulier « langue d’oc », on se reportera au texte 

de Charles de Lespinay cité au paragraphe suivant… 

Mais ces quatre opinions émanent de non-Gascons, même si M. Grosclaude a servi la langue 

gasconne et béarnaise avec une loyauté exemplaire. Or on verra plus loin, p. 43, que les occitanistes 

gascons refusent tout amoindrissement de leur “dialecte” en face d’un occitan standard menaçant. 

Refus curieusement repris dans le rapport du Pr. Bernard Cerquiglini de 1999 

Il faut rappeler ici qu’en prévision de la ratification de la Charte européenne des langues 

régionales ou minoritaires, les ministres de l’Éducation nationale (Claude Allègre) et de la Culture 

(Catherine Trautmann) avaient chargé le Pr. Bernard Cerquiglini, alors Directeur de l’Institut national 

de la langue française, de dresser la liste des langues de France (lettre du 23 décembre 1998). 

Son rapport fut rendu public en avril 1999; comme la Charte exclut de son champ d’application les 

« dialectes de la langue officielle », le Rapporteur montre par un bref rappel de l’émergence du 

français que l’écart qui n’a cessé de se creuser entre lui et les autres variétés de la langue d’oïl ne 

permet plus de considérer celles-ci comme des « dialectes du français »; on doit donc opérer entre 

elles et le français une « disjonction » et retenir chacune comme langue régionale de la France; il 

est vrai que, sans s’en expliquer, H. Giordan avait déjà admis la pluralité des langues d’oïl (1982, p. 

56). Mais pour B. Cerquiglini, leur situation s’oppose 

« à la situation que montre l’occitan. Celle-ci pourrait être qualifiée de conjonction, 

l’occitan étant la somme de ses variétés. L’unité linguistique est en effet fort nette, même 

si une diversité interne est perceptible. Cinq grands ensembles au moins sont repérables : 

gascon, languedocien, provençal, auvergnat-limousin et alpin-dauphinois. Des 

subdivisions plus fines sont possibles (vivaro-alpin ? nissard ?); elles relèvent toutefois 

moins de la linguistique que de la géographie, voire de la politique. » (p. 10). 

Ainsi rédigé, ce passage laissait entendre que si les subdivisions des « grands ensembles » 

pouvaient relever de la politique, la « conjonction » mentionnée résultait d’une constatation 

scientifique, selon ce qu’on était en droit d’attendre de l’auteur, linguiste et membre du Centre 

national de la recherche scientifique. 

Or une consultation du site internet de la D.G.L.F. faite le 5 janvier 2003 me fit découvrir une 

présentation générale des « Langues régionales et “trans-régionales” de France » par un texte de 

Charles de Lespinay, daté du 20 janvier 1999. Et dans ce texte, le seul du site qui fût signé et daté, 

on lisait cette déclaration d’une honnêteté exemplaire : 

« Le fait que l’on parle aujourd’hui de langues d’oïl (au pluriel) et de dialectes d’oc, 

mais de langue occitane (au singulier), est un choix politique et non scientifique, 

répondant aux enjeux du moment. »


Comme ce texte est antérieur à la publication du rapport de M. Cerquiglini, mais contemporain 

de sa rédaction hâtive (la lettre des ministres souhaitait obtenir ce rapport avant le 31 janvier !), 

il y a tout lieu de supposer qu’il a inspiré la conclusion du Rapporteur sur ce point, essentiel pour 

l’ensemble linguistique le plus important de France après le français. 

Quels étaient donc les « enjeux du moment » auxquels était censé répondre ce « choix politique 

et non scientifique » ? On ne peut faire que des conjectures sur ce point, ce dont ne s’est pas 

privé l’écrivain Pierre Pessemesse, dont l’engagement occitaniste ne peut se satisfaire de ce qui parait 

pourtant consacrer les thèses occitanistes. Il le fait dans un truculent billet en provençal intitulé 

« Document ou provocation ? » publié par Lo Lugarn, organe du Parti nationaliste occitan (n° 73, 

Automne 2000, p. 8). Il stigmatise cette liste à laquelle il reproche d’abord de ne pas avoir distingué 

les langues métropolitaines, souvent dotées d’une écriture et d’une littérature depuis des siècles, des 

langues d’outre-mer, exclusivement orale jusqu’il y a peu; probablement parce que l’« occitan » lui 

parait un peu seul en face de soixante-quatorze autres « langues de France », dont vingt-huit pour la 

seule nouvelle-Calédonie, et autant de créoles que de territoires; puis, ignorant sans doute le précédent 

du rapport Giordan de 1982, Pierre Pessemesse poursuit : 

« La grande erreur a été de faire des dialectes de la langue d’oïl des langues à part 

entière (berrichon, poitevin, picard, morvandiau, etc.) alors que la langue d’oc est mentionnée 

correctement “occitan qui comprend les dialectes suivants…”. Cela pose une petite 

énigme car l’auteur du texte aurait dû ignorer également l’occitan et ne mentionner que le 

provençal, le gascon, le rouergat, etc… Moi, je fais l’hypothèse que dans les bureaux moquettés 

de la haute administration le linguiste de pacotille qui nous a fait cette bévue était 

“collègue” [au sens provençal d’ami] d’un de ses pairs, occitaniste de conviction et de carrière, 

et que celui-ci est judicieusement intervenu. Mais quand même, cet homme de l’ombre 

aurait dû nous corriger l’erreur des langues de la famille d’oïl. [Erreur qui va pousser 

les partisans de la pluralité des langues d’oc à demander un égal traitement.] En outre, je 

constate que depuis des mois que ce document extravagant et foufou est paru, il n’y aura 

pas une seule voix occitane pour le contester et le critiquer. Et à ce propos, je ferai une 

seconde hypothèse encore plus terrible que la première. Ne serait-ce pas l’un des nôtres 

l’auteur de la nomenclature ? » 

Plus mesuré mais aussi net, le linguiste occitaniste Fritz Peter Kirsch trouve cette liste grosse 

de « conséquences désastreuses » (Vers une histoire interculturelle de la littérature occitane, Oc, n° 

70-71-72, Prima - Estiu 2004, p. 105). Et sans nommer la liste, en ignorant aussi, semble-t-il, le 

précédent du rapport Giordan, le Pr. Patrick Sauzet en condamne le fond : « …la langue d’oïl (mais 

curieusement pas le français, alors que les deux termes sont supposés synonymes) est pluralisée en 

langues multiples (picard, angevin, morvandiau…) et en écho la pluralisation de la langue d’oc tente 

ceux que la prise en compte globale de l’espace occitan déroute, dépasse ou effraie. » (Compte 

rendu d’un ouvrage valencien, Nouvelle revue d’onomastique n° 43-44, 2004, p. 281). 

Quoi qu’il en soit, il est certain que le peu de temps dont disposait M. Cerquiglini l’a contraint 

à limiter ses consultations à l’avis des seuls « savants », à savoir douze personnalités, dont les 

directeurs de recherches au C.N.R.S. Mme Marie-Rose Simoni pour les langues d’oïl et M. Jean- 

Philippe Dalbera pour l’« occitan », plus M. Jean Salles-Loustau, en tant qu’inspecteur général de 

l’éducation nationale, chargé des langues régionales, mais qui est connu pour son engagement 

public et déterminé en faveur de l’occitan. Dommage qu’il n’ait pas eu le temps de consulter ces 

autres « savants » que sont les sociolinguistes, qui s’intéressent notamment à la représentation des 

langues dans l’esprit de leurs locuteurs. 

Du moins le texte de Ch. de Lespinay m’a permis une fois encore de constater que le rejet de


l’autonomie linguistique du gascon et plus généralement de la pluralité des langues d’oc ne 

s’appuie pas sur des données scientifiques. Et pour l’avenir, on ose espérer que les « choix 

politiques » de 1999 seront bientôt révisés selon la volonté affichée de M. Cerquiglini (2002) : 

« La volonté de la délégation générale à la langue française et aux langues de France, 

est de fonder les politiques linguistiques non pas sur des impressions, des sentiments, voire 

des ressentiments, mais sur des savoirs scientifiques et sur les pratiques linguistiques 

réelles. » 

De fait, hirondelle annonçant peut-être leur printemps, les langues d’oc étaient bel et bien 

détaillées dans la liste des langues de France placée en arrière-plan des documents diffusés par la 

Délégation générale avant et après les 1 ères Assises des langues de France du 4 octobre 2003. 

Le faux prétexte juridique 

De toute façon, on ne saurait reprocher au Pr. Cerquiglini de s’être retranché derrière le 

paravent de la légalité pour justifier « la langue occitane » par sa mention dans la loi Deixonne du 

11 janvier 1951. Mais on a pu voir que les occitanistes ont souvent combattu la thèse d’une pluralité 

des langues d’oc au nom de cette prétendue légalité. 

Comme en toute autre matière, pourtant, on ne peut manier les arguments de droit sans quelques 

connaissances juridiques. Il convient donc de rappeler que cette « loi relative à l’enseignement 

des langues et dialectes locaux », publiée au Journal officiel du 13 janvier 1951, p. 13, fut adoptée 

sous le régime de la Constitution de 1946 qui ne distinguait pas un domaine de la loi, réservé en 

principe au Législateur, c’est-à-dire au Parlement, et un domaine du règlement, réservé à l’Exécutif. 

La loi de 1951 contenait donc des dispositions d’exécution pratique que la Constitution de 1958 

placerait dans le domaine règlementaire, comme les dispositions transitoires de l’article 10 fixant à 

la rentrée suivante l’application des articles 2 à 9 « dans les zones d’influence du breton, du basque, 

du catalan et de la langue occitane ». 

Les circonstances qui conduisirent à l’adoption de cette loi nous ont été contées dans Lo Gai 

Saber (1951) par le Gascon Pierre-Louis Berthaud, qui fut le « Délégué général du Cartel de Défense 

des langues et dialectes régionaux de France » constitué en février 1950 à l’initiative du Dr. Max 

Rouquette, écrivain languedocien. P.-L. Berthaud, journaliste, était lui-même syndic général de la 

presse parlementaire et majoral du Félibrige; il est vrai qu’à l’époque, l’hégémonisme languedocien 

ne s’était pas encore manifesté. 

Selon cet acteur majeur de l’affaire, il faut en voir l’origine dans trois initiatives de députés, 

l’une en faveur du catalan, les deux autres du breton, auxquels se joignirent ensuite les Occitans. 

Cela devait aboutir, en juillet 1949, à la proposition de loi élaborée par le rapporteur des trois 

propositions initiales, le député de la Dordogne M. Deixonne. Mais l’hostilité que rencontrait cette 

proposition dans une partie agissante de l’opinion devait conduire ses promoteurs à manœuvrer 

auprès du ministre de l’Éducation pour qu’il acceptât que la proposition fût soumise à la procédure 

parlementaire de l’adoption sans débat, les « débats » s’étant déroulés préalablement au sein du ministère, 

entre militants et services administratifs. Le choix de l’expression « langue occitane » — on 

remarque que les autres langues sont désignées par leur seul nom — ne résulte donc donc pas véritablement 

d’un « débat » démocratique, encore moins d’une étude sociolinguistique, mais d’une 

démarche militante et d’un processus bureaucratique qu’expliquent les circonstances. 

Vingt-cinq ans plus tard, nous l’avons vu p. 24, la Circulaire n° 76-123 du 29 mars 1976 du


ministre de l’Éducation nationale M. Haby (Bulletin officiel de l’Éducation nationale n° 14 du 8 

avril 1976, pp. 1465-69) allait mettre en émoi le monde occitaniste; on y lisait en effet, p. 1468 : 

« Je rappelle que les langues reconnues par la règlementation en vigueur sont : le 

breton, le basque, le catalan, les langues d’oc et le corse. » 

« Chaque fois qu’une langue est pratiquée sous forme de dialectes différenciés, c’est 

le dialecte correspondant au lieu où l’enseignement est dispensé et la graphie la plus 

appropriée à ce dialecte qui seront utilisés. » 

On observe d’emblée que la liste des langues est fixée par « la règlementation », comme 

modalité de l’organisation de l’enseignement, ainsi que l’avait reconnu le Conseil d’État lorsque fut 

pris le décret n° 70-650 du 10 juillet 1970 portant une première modification de la loi de 1951; que 

« les langues d’oc » remplace « la langue occitane » de cette loi, et qu’y est ajouté « le corse », 

selon un décret du 16 janvier 1974. 

Mais les occitanistes ne pouvaient voir disparaitre la mention unitaire de « langue occitane », 

indispensable pour bâtir une « Occitanie » politique et dotée d’une langue unifiée et standardisée. 

Ce fut la Fédération de l’enseignement occitan qui se chargea d’exercer un recours, d’abord 

“gracieux” auprès du ministre, le 10 mai 1976, puis contentieux devant le Conseil d’État, le 19 

octobre; la requête était présentée par le secrétaire général de la Fédération, M. Philippe Carbonne, 

jeune maitre-assistant à l’université de Toulouse II qui agissait aussi en son nom personnel. 

Au terme de la procédure, le commissaire du Gouvernement M. Denoix de Saint-Marc démontra 

dans ses conclusions que tout l’esprit de la loi Deixonne était « de favoriser l’étude des langues 

et dialectes locaux dans les régions où ils sont en usage » (art. 1 er ), et que rien ne permettait 

de dire que par le singulier « langue occitane » de l’article 10, le législateur avait entendu « poser 

en règle de droit l’unité de la langue d’oc ». Et de citer les dictionnaires et encyclopédies contemporains 

qui définissent au contraire l’occitan « comme l’ensemble des dialectes de langue d’oc », 

donc comme multiple. Se conformant à cet avis, le Conseil d’État rendit son arrêt le 7 octobre 

1977 : il rejetait la requête et déclarait donc légale la mention des « langues d’oc » au pluriel, car 

elle était « purement interprétative ». 

Ainsi, aux requérants qui souhaitaient une application à la lettre — et, osons le mot, centralisatrice 

et “jacobine” — des mots « langue occitane » de l’article 10, le Conseil d’État opposait l’esprit 

de la loi, qui voulait être au plus près des réalités de terrain. 

Au demeurant, un illustre occitaniste René Nelli (1906-1982) allait bientôt approuver ce pluriel 

de « langues d’oc » dans un ouvrage de réflexion critique et sans concession sur l’occitanisme, 

achevé peu avant l’arrêt et publié l’année suivante : Mais enfin qu’est-ce que l’Occitanie ?. Ancien 

professeur de lettres et de philosophie au lycée de Carcassonne, puis à la Faculté de lettres de 

Toulouse, ancien président de la Société d’études occitanes (1943-1944) et l’un des fondateurs de 

l’I.E.O. en 1945 (d’après J. Fourié, 1994), Nelli dénonçait en particulier, p. 31, la confusion qui… 

« consiste à traiter l’occitan comme un langage existant en tant que tel. En réalité, il 

est partout et nulle part. Personne n’écrit en occitan, mais en provençal, en languedocien, 

en gascon… Les circulaires ministérielles ont donc raison de parler de l’enseignement 

des « langues d’oc » et non pas de l’occitan. Reconnaitre que chacune des langues est 

occitane ne change rien au fond du problème. Ce n’est pas parce que le Provençal, l’Espagnol 

et l’Italien sont trois langues « néo-romanes » que le Néo-roman existe. Le provençal 

est de l’occitan, mais l’occitan n’est pas le provençal ! » 

Le sociologue Pierre Bourdieu (1982, p. 140) devait aller dans le même sens :


« Le fait d’appeler “occitan” 5 la langue que parlent ceux que l’on appelle les “Occitans” 

parce qu’ils parlent cette langue (que personne ne parle à proprement parler 

puisqu’elle n’est que la somme d’un très grand nombre de parlers différents) et de nommer 

“Occitanie”, prétendant ainsi à la faire exister comme “région” ou comme “nation” (avec 

toutes les implications historiquement constituées que ces notions enferment au moment 

considéré), la région (au sens d’espace physique) où cette langue est parlée, n’est pas une 

fiction sans effet 6 . 

5 L’adjectif “occitan”, et, a fortiori, le substantif “Occitanie” sont des mots savants et récents (forgés par la 

latinisation de langue d’oc en lingua occitana), destinés à désigner des réalités savantes qui, pour le moment 

au moins, n’existent que sur le papier. 

6 En fait, cette langue est elle-même un artefact social, inventé au prix d’une indifférence décisoire aux 

différences, qui reproduit au niveau de la “région” l’imposition arbitraire d’une norme unique contre 

laquelle se dresse le régionalisme et qui ne pourrait devenir le principe réel des pratiques linguistiques qu’au 

prix d’une inculcation systématique analogue à celle qui a imposé l’usage généralisé du français. » 

Et dans la perspective de la reconnaissance du seul occitan pour le Midi roman de la France, 

l’historien Jean Favier, de l’Institut, devait écrire (Le Figaro, 17 septembre 1999, Opinions) : 

« …c’est oublier que l’occitan est une construction politique, et que d’Arles à Limoges 

et Bordeaux en passant par Toulouse, vingt parlers d’Oc à la riche histoire font pendant 

aux parlers d’Oil que sont le Bourguignon, le Picard ou le Normand. » 

Néanmoins, le monde occitaniste fit un black-out total sur l’arrêt du 7 octobre 1977 et sa nonpublication 

dans le Recueil des arrêts du Conseil d’État contribua à son oubli. Ainsi, lorsque en 

aout 1981 M. Jack Lang, ministre de la culture, chargea Henri Giordan d’un rapport pour la mise 

en œuvre d’une politique tendant notamment à « l’épanouissement des différences linguistiques et 

culturelles dont la France est riche », M. Giordan reprit ses critiques de la circulaire “Haby” sans 

souffler mot de l’arrêt de 1977 qui ne l’avait pas désavouée (1982, p. 60); et bien que ses consultations 

aient ignoré Auvergne, Limousin et Gascogne (p. 9), il put affirmer tranquillement l’unité de 

l’occitan, à la fois aux yeux des linguistes et dans la conscience des dialectophones (p. 60), et 

proposer de rendre obligatoire sa graphie occitane unifiée, dans laquelle seraient transcrits les textes 

littéraires à usage pédagogique (pp. 62, 63). Mais cela fut vite oublié semble-t-il; en particulier, si 

le rapporteur critiquait les gouvernements de droite pour n’avoir jamais publié le décret qui eût 

énuméré les sept langues régionales pouvant bénéficier des dispositions de l’art. 12 de la loi 

“Haby” du 11 juillet 1975 (p. 86) et proposait une ambitieuse législation sur les langues régionales, 

rien de tout cela ne fut réalisé par les gouvernements de gauche venus au pouvoir depuis 1981. 

Pire encore, c’est à l’initiative du même M. Jack Lang, devenu ministre de l’éducation 

nationale, qu’une ordonnance n° 2000-549 du 15 juin 2000 (J. O. du 22, p. 9 346) allait abroger la 

loi Deixonne en instituant un Code de l’éducation, partie Législative; ce code intègre certes les 

parties législatives de la loi de 1951, mais non ses dispositions transitoires, non législatives, dont la 

mention de la « langue occitane ». Est maintenu par ailleurs, comme article L 311-2, l’article 8 de 

la loi de 1975 selon lequel « le contenu des formations [est défini par] arrêtés du ministre de l’éducation 

»; ainsi en est-il sans doute de la désignation des « langues et cultures régionales » dont l’enseignement 

« peut être dispensé tout au long de la scolarité » (art. L 312-10 du Code). 

Pour le moment, en tout cas, cette désignation ne figure que dans des arrêtés : les plus anciens 

emploient encore « langue occitane » ou « occitan », parfois associé à « langue d’oc »; mais depuis 

l’Arrêté du 6 janvier 2003 relatif à la liste des académies et des territoires d’outre-mer dans 

lesquels peuvent être subies certaines épreuves de langues vivantes a la session 2003 du baccalauréat 

[…] (J.O. du 15, p. 856), chacune des langues d’oc est traitée comme langue à part entière, au


même titre que le grec moderne, le russe ou le vietnamien…, son nom propre étant préfixé par 

« langue d’oc » : « langue d’oc auvergnat, langue d’oc gascon, langue d’oc languedocien, langue 

d’oc limousin, langue d’oc nissart, langue d’oc provençal, langue d’oc vivaro-alpin ». Les mêmes 

dispositions ont été reprises pour 2004 par l’arrêté du 13 janvier 2004 (J.O. du 22, p. 1653) et pour 

2005 par l’arrêté du 31 décembre 2004 (J.O. du 12 janvier 2005, p. 489). 

Toute référence à la loi Deixonne relève donc désormais de l’histoire ancienne. 

Mais le refus occitaniste n’est peut-être pas définitif 

Cela pourrait peut-être aider à une évolution des idées dans le monde occitaniste. À cet égard, 

voici un extrait fort intéressant d’une carte illustrant sans commentaire un article sur l’Eurocongrès 

2000 de l’espace occitano-catalan ouvert à Narbonne le 26 mai 2001 et clôturé à Barcelone le 5 

avril 2003 (Aquò d’Aquí n° 167, Septembre 2003, p. 8) : 

Comme “par hasard”, on y retrouve les quatre domaines romans de France selon K. Baldinger 

: français, occitan, franco-provençal et gascon. 

Mais cela ne tient compte que des langues en elles-mêmes, étudiées in vitro pourrait-on dire; 

ainsi la Corse est-elle partagée entre deux domaines linguistiques, italien et sarde. Or le Pr. Robert 

Lafont, bien connu comme sociolinguiste, devait se plaire à souligner dans la revue Septimanie 

(Lafont, 2000) que les Corses se moquaient bien de l’avis des linguistes quand ils voulaient une 

langue corse, et que c’est eux qui avaient raison : « le linguiste doit toujours s’incliner devant le 

socio-linguiste, et celui-ci devant la décision des usagers ». 

Une même recherche sur l’ensemble du domaine d’oc montrerait très probablement que 

l’« Occitania » de cette carte devrait être partagée entre les domaines des autres langues d’oc dont 

les locuteurs, Provençaux en tête, ne se reconnaissent absolument pas comme “Occitans”. Sauf à 

admettre « Vérité en Corse, erreur sur le Continent »… 

D’où, pour notre recherche, l’importance de la suite : comment la langue gasconne est-elle 

perçue par les Gascons eux-mêmes et encore plus, comment en usent-ils ?

Première partie 

Situation sociolinguistique du gascon 

Il peut paraitre surprenant de vouloir définir un système d’écriture pour une langue dont les 

premiers témoignages écrits ont plus de neuf siècles. Mais si l’on écrit, c’est pour être lu, et en 

gascon comme en français, bien peu aujourd’hui sont capables de lire et de comprendre l’écrit d’il y 

a neuf cents ans. Or depuis plus de cent-vingt ans, le mouvement que l’on appelle aujourd’hui 

occitaniste a fait du retour à la graphie médiévale la clé du rétablissement de la langue d’oc dans sa 

dignité de jadis, le gascon n’étant pas oublié dans l’opération. 

Pourtant, le déclin accéléré de toutes les langues d’oc me porte à m’interroger sur l’efficacité 

des remèdes qui leur ont été appliqués et en particulier sur l’adaptation de la graphie médiévale, 

même retouchée, aux besoins d’une langue moderne dans son contexte social effectif. 

La première partie de ce travail va donc essayer d’ausculter la société gasconne 

contemporaine pour connaitre l’état actuel de la langue gasconne et déterminer dans quel sens 

devra s’orienter ma recherche pour que la graphie de cette langue convienne à cet état social. 

Un premier chapitre fera le point de la représentation de la langue dans l’esprit des Gascons et 

Béarnais, et spécialement sur la façon de la nommer. 

Un deuxième chapitre donnera un aperçu de l’état de la langue en Gascogne, état qui n’en 

assure plus la transmission naturelle, de telle sorte qu’un troisième chapitre abordera la question du 

palliatif utilisé : la transmission “artificielle” par l’école, avec ses difficultés et ses limites. 

Un quatrième chapitre présentera et “auscultera” les institutions qui militent pour la langue. 

Un dernier chapitre évoquera les perspectives d’avenir.

Chapitre I er 

La représentation de la langue chez les Gascons et Béarnais 

I – Aux temps passés 

« Edmond de Kent se dispensa d’interroger les barons de Budos et de Fargues de 

Mauvezin; ceux-là ne parlaient ni le français ni l’anglais, mais seulement le gascon, et 

Kent ne comprenait rien à leurs palabres. » (Maurice Druon, Les rois maudits - 5, La louve 

de France, p. 131). 

Selon l’académicien et romancier Maurice Druon, la langue des Gascons était donc désignée 

comme gascon à la fin d’août 1324, quand les Français vinrent mettre le siège devant La Réole. Et 

ce n’est pas un anachronisme, car c’est bien sous ce nom qu’elle est écartée par les fameuses Leys 

d’amor, solennellement promulguées à Toulouse en 1356, alors que ces Leys n’ont pas de nom propre 

pour la langue de Toulouse : « Et appelam lengatge estranh : frances, engles, espanhol, gasco, 

lombart, navares, aragones e granre d’autres. » (Ed. Joseph Anglade, 1920, t. III, p. 164) {Et nous 

appelons langue étrangère : (…) et beaucoup d’autres}. En 1431, la confirmation des privilèges de 

Montory, en Soule, faite en latin par le duc de Lancastre en 1383, est traduite « en romans et bon 

gascon » (J. Dumonteil et B. Cheronnet, 1980, p. 168). En 1554, le Béarnais Bernard Du Poey 

publie à Toulouse un recueil de Poésie en diverses langues sur la naissance de Henry de Bourbon 

etc. (le futur Henri IV), parmi lesquelles trois en béarnais, un « Sonnet en gascon » et un « Dixain 

al langaige de Tolosa », toujours dépourvu de nom propre (textes annexés à Ph. Gardy, 1983). En 

1562, dans une affaire de succession intéressant la Maison de Foix, un arrêt du Parlement de Paris 

du 22 mai mentionne des « pièces vieilles et antiennes estans en langaige 3 byernois et gascon » qui 

ont été traduites en « langaige vulgaire françois » (Archives Nationales. Parlement de Paris X 1a 

1602, f° 285 v°, copie de M. Henri Courteault publiée par les Reclams de Biarn e Gascougne, 1 er 

juin 1910, pp. 118-119). 

C’est donc le plus naturellement du monde que, cinq ans après, Pey de Garros appelait sa langue 

« gascon », avec une vue particulièrement claire de son domaine : « nostre lãgage par vn mot 

general est appelé Gascon […] le langage specialement apelé Gascon, naturel a nous de Bearn, de 

Comenge, de Armagnac & autres, qui somes enclos entre les mons Pyrenees & la Garone » 

(Poesias gasconas, Au Lecteur, pp. 6, 7). Et cette langue méprisée par les Toulousains probablement 

autant que par ceux qui accédaient au français du Roi, Garros entendait bien la défendre et 

l’orner grâce à l’arme de sa plume (ib., Épitre III, 5-39, passim, traduction d’A. Berry, sauf le 

dernier vers) : 

5 La causa damnada La cause condamnée 

De nosta lenga mesprezada : de notre langue méprisée : 

Damnada la podétz entene, condamnée, cela se peut entendre, 

Si degun no la vo dehene : si personne ne veut prendre sa défense. 

Cadun la leixa e desempara, Chacun la laisse et l’abandonne; 

10 Tot lo mond’ l’apera barbara, tout le monde l’appelle barbare, 

E, q’es causa mes plañedera et, chose plus déplorable, 

Nosautz medix nos trupham d’era nous-mêmes nous moquons d’elle. 

[…] […] 

23 Mes de ma part, jo bz asseguri, Mais pour ma part je vous assure 

E religiosament vos juri, et vous jure religieusement 

25 Que jo scriuré dam vehementia, que j’écrirai avec véhémence; 

3 On remarque qu’à l’époque, en oc comme en français, langaige signifie « langue, idiome », comme language en 

anglais.

Jean Lafitte 37 Sociolinguistique du gascon 

No m’ cararé, n’aure patientia, je ne me tairai, ne me tiendrai tranquille 

Deqia qe siam totz acordatz que nous ne soyons tous accordés 

E d’ua conspiration bandatz, et unis en une conspiration 

Per l’hono deu pays sostengue, pour soutenir l’honneur du pays 

30 E per sa dignitat mantengue : et pour maintenir sa dignité : 

[…] […] 

37 Més au loc de lansas pontxudas, Mais, au lieu de lances pointues, 

Armem nos de plumas agudas, armons-nous de plumes aiguës 

Per orná lo gascon lengatge […] pour orner le langage gascon […]. 

Plus connu, son contemporain Michel Montaigne s’affirmait Gascon (Essais, II, ch. VIII, p. 

367) et écrivait sa fameuse phrase : « Il y a bien au-dessus de nous, vers les montaignes, un Gascon 

que je treuve singulierement beau, sec, bref, signifiant […]. » (ib., III, ch. XVII, p. 622). 

Et en 1790, quand Pierre Bernadau, correspondant bordelais de l’abbé Grégoire, participait à 

l’enquête sur les « patois », il n’avait que le mot gascon pour nommer celui de Bordeaux et de sa 

région : « je peux, Monsieur, vous faire connaître : 1° le peu d’écrits qui nous restent en gascon de 

Bordeaux; 2° un dictionnaire ms. de ce dialecte […] » (Lettre du 4 septembre 1790); six jours 

après, il envoyait à l’abbé Les Droits de l’homme et du citoyen « Mis en patois le plus généralement 

approprié aux diverses nuances du gascon que l’on parle dans le district de Bordeaux… » etc. (cité 

d’après de Certeau, 1975, 2002, pp. 190-1). 

Même chose du côté d’Agen et surtout d’Auch, chez d’autres correspondants de l’abbé 

Grégoire : la mention fréquente qu’ils font de Dastros (ou d’Astros, cf. p. 115) est pour Ph. Gardy 

« bien plus qu’une référence un peu isolée : une œuvre agréable, et même une sorte de symbole de 

la culture et de la langue gasconnes. » (Reclams, 1-2-3/1994, p. 35). 

En Béarn, principauté indépendante depuis plusieurs siècles, la langue de l’administration 

vicomtale et des notaires est le béarnais, comme les États de Béarn le rappelèrent énergiquement au 

Roi et à la Reine de Navarre (requête antérieure au 24 juillet 1556, date de la décision favorable des 

souverains; Arch. dép. Pyr.-Atl. C 684 et 685, d’après R. Darrigrand, 1984, note 9, p. 169) : 

« Remonstren las gentz deux tres estatz de Bearn cum per temps immemorial lor 

ayen usat et acostumat haber toutes pattentes privilieges et far toutes scriptures et 

pleyteyatz en justicie en lo lengadge bearnes supplican tres humblement placie mandar 

aquero far entertenir et no expedir aucunes pattentes de provisions de tiltres appuntamentz 

ny autres affars de justicie confirmations de privilieges ni autrement que en ledit lengadge 

bearnes aixi signat De Castanher, Sindicq Bearn » 4 . 

Mais déjà, en 1554, nous avons vu que B. du Poey avait publié trois poésies béarnaises, et 

deux d’entre elles étaient présentées comme écrites « en Bernes ». En 1583, ce sera la langue 

d’Arnaud de Salette pour sa traduction des Psaumes, et, dans l’Advertissement placé en tête, il la 

nommera sans aucune hésitation « lengoa Bernesa » (Salette, 1583, 1983, p. XLI). 

Par la suite, une tradition ininterrompue utilisera ce nom de béarnais; en voici quelques 

jalons, tous les 100 ans : vers 1690, l’avocat béarnais Jean-Henri de Fondeville décrit la prédication 

des pasteurs protestants « En frances, en biarnes, chens nat mout de latii » (Églogues, v. 123); en 

1796, un autre avocat Pierre Hourcastrémé glisse neuf poésies en « béarnais » dans l’un des quatre 

tomes de ses mélanges Les Aventures de messire Anselme, chevalier des loix (III, pp. 35-47); en 

4 « Les gens des trois états de Béarn rappellent que de temps immémorial, leur us et coutume fut d’avoir toutes patentes 

et privilèges et de faire toutes écritures et plaidoiries en justice dans la langue béarnaise; ils les supplient donc très 

humblement qu’il leur plaise d’ordonner de faire maintenir cela et de ne délivrer aucune patente de concession de titres, 

jugement, ni autres affaires de justice, confirmations de privilèges, etc. que dans ladite langue béarnaise. Signé De 

Castanher, Syndic de Béarn »


1887, l’érudit Vastin Lespy sera le premier à publier un Dictionnaire béarnais ancien et moderne; 

enfin, en 1986, est parue la remarquable Grammaire béarnaise de l’Inspecteur départemental de 

l’Éducation nationale André Hourcade, préfacée par le Pr. Robert Lafont. 

De toute façon, nommée ou innommée, la langue était sentie comme signe d’identité, surtout 

sur les “marches”, confrontées au languedocien; ainsi les Gascons du Couserans s’opposaient aux 

“Contadins” du pays de Foix, malgré les “interférences” entre leurs langues que P. Bec a étudiées 

dans sa thèse (1968); de même, J. Allières voit dans les participes passés en -it ou -èit du verbe 

gascon correspondant à “ouvrir” un moyen d’affirmer la gasconité d’une “ceinture” séparant le 

centre du domaine de la zone languedocienne : 

« il suffit de confronter la “ceinture” avec les isoglosses crampa/cramba (c. 907) et 

lua/luna (c. 1010), évoquées en 4.1.5, pour comprendre que la zone qu’elles définissent 

toutes trois est une “marche” gasconne, où les populations ont confusément cherché à se 

différencier de leurs voisins à dominante languedocienne : le néologisme en -'it était 

une marque comme une autre, sans qu’il s’agisse précisément d’un gasconnisme 

caractérisé; il a été adopté, tandis que plus loin vers le SO, où il n’y avait plus 

confrontation d’ethnies, le type en -èrt est demeuré intact. » (ALG V-2, p. 288-290). 

Mais l’abandon de l’usage officiel de la langue et plus encore sans doute le ralliement des élites 

au français ont malheureusement englobé tous les autres parlers de France sous la dénomination 

de “patois”. 

II – Le temps de Félibres 

Il est impossible de parler des langues d’oc à partir du XIX e s. sans mentionner le mouvement 

culturel que Mistral et ses amis fondèrent en 1854 sous le nom de Félibrige, ni même l’occitanisme 

qui devait le concurrencer à partir des années 1920. Je n’ai pas manqué de le faire déjà en plusieurs 

occurrences et je vais continuer, tout en renvoyant au Chapitre IV, p. 76, une présentation plus 

détaillée de ces mouvements et des institutions qui s’en réclament. 

Pour le Félibrige, il n’était plus question d’user du mot “patois”, à connotation péjorative, et 

sans attendre la naissance de la première Escole félibréenne gasconne en 1896, les milieux 

“éclairés” parlaient de gascon et de béarnais tandis que le Pr. Achille Luchaire ouvrait dès 1879 

les études universitaires gasconnes à la Faculté de Lettres de Bordeaux. 

On a vu plus haut, p. 18, l’avis de ce linguiste sur la langue gasconne. Sans doute n’est-il pas 

étranger au fait qu’en 1894, c’est le gascon qui a été officiellement nommé par l’administration 

française parmi les quatre idiomes de France considérés comme « langage clair » pour la rédaction 

des télégrammes; il s’agit du décret du 12 janvier 1894 (Journal officiel du 11 février, p. 675-679) 

signé par le Président Sadi Carnot et contre-signé par le ministre du commerce, de l’industrie et 

des colonies dont le nom, J. Marty, fait supposer des origines méridionales : 

« Art. 17 – Le langage clair est celui qui offre un sens compréhensible dans l’une 

quelconque des langues autorisées pour la correspondance télégraphique internationale 

(tableau n° 3), ou dans l’un des idiomes basque, breton, gascon et provençal. » 

Reconduites de décret en décret, ces dispositions aboutirent à l’article D. 113 et à son tableau 

annexe n° 1 dans le Code des postes et télécommunications, 3 ème partie, décrets, institué par le 

Décret n° 62-275 du 12 mars 1962 (J. O. du 14, rect. aux J. O. des 30 mars et 8 avril). Mais depuis 

quelques années, le service des télégrammes a été abandonné…


Et la personnalité particulière du gascon dans l’ensemble d’oc était déjà parfaitement perçue 

par des écrivains de l’époque. 

Ainsi, dès 1891, dans l’Introduction de son Anthologie populaire du Labrit, l’abbé Léopold 

Dardy, folkloriste de l’Albret, refusait toute subordination du gascon au provençal : 

« Les écarts qui existent entre notre dialecte et le provençal sont tels que je n’ai pas à 

dire pourquoi je n’accepte pas certaines concessions de priorité, de droit d’aînesse en 

faveur de ce dernier. Notre degré de parenté avec la langue de Mistral est des plus 

éloignés, et la prétention de lui subordonner toute la famille de la langue romane ne saurait 

nous atteindre; nous sommes d’un foyer bien distinct, bien différent, bien indépendant. La 

meilleure preuve à l’appui serait de faire parler ensemble un vrai provençal et un vrai 

gascon, le gascon croirait entendre un italien, et le provençal un espagnol. L’idiome est 

d’ailleurs pour chaque province comme pour les nations une providentielle délimitation 

contre le capricieux morcellement qui n’atteindra jamais le caractère distinctif, les 

coutumes et le parler des populations comme il fait le territoire. La Provence, le 

Languedoc, la Gascogne gardent ainsi dans leur dialecte leur ancienne démarcation que les 

cartes officielles n’ont pas fait disparaître, et que n’affecteront pas davantage des 

prétentions que rien ne justifie. 

[…] « La gerbe que j’ai moissonnée dans le champ de la langue gasconne constitue 

un génie littéraire fort original dont les poétiques inspirations, ignorées jusqu’ici, sont près 

de s’éteindre. » (d’après la réédition I.E.O. d’A. de Gavaudan en 1984). 

En 1901, c’était un autre prêtre, l’abbé Césaire Daugé, d’Aire-sur-Adour, qui souhaitait 

l’élaboration de grammaires de « tous les dialectes qui sont parlés des Pyrénées à la Garonne », 

d’où une commission tirerait une orthographe unifiée « de la langue gasconne » (préface de son 

recueil de poésies Flous de Lane, p. XV); ce qui n’empêcha pas Mistral, destinataire de la dédicace, 

de mentionner dans sa réponse « le parler du Midi, de la Gascogne à la Provence ». 

Et l’on a vu, p. 28, qu’en 1906, le Majoral Jean-Victor Lalanne disait de Jules Ronjat qu’il 

écrivait et parlait « toutes les langues d’Oc…». 

Son successeur à la tête de l’Escole Gastoû Febus, Simin Palay, n’a apparemment jamais 

écrit ouvertement que le gascon fût autre chose qu’un dialecte de la langue d’oc. Mais en pratique, 

s’il n’a jamais perdu de vue ses affinités avec les autres parlers d’oc, il l’a toujours traité comme 

une langue autonome. Et surtout, devant les prétentions du félibre languedocien Sully-André Peyre 

d’imposer aux écrivains d’oc de n’écrire que dans le provençal de Mistral, il a “poussé” un « Cri de 

doctrine » qui affirme sans équivoque que provençal et gascon sont des langues différentes : 

« Comme chaque langue a son esprit, un génie propre que nous portons en nous à la 

naissance, S.-A. Peyre niera-t-il que celui qui aurait abandonné sa langue maternelle pour 

une autre ne perdrait pas beaucoup au change ? Car il en serait, pour me servir d’un 

exemple facile, comme d’un primaire qui s’exprime en français : il fait toujours une 

traduction et… traduttore traditore. Non ! à chacun ce qui lui est propre par droit de 

naissance. Quand S.-A. Peyre rime en français — comme il le connait très bien — il ne fait 

pas une traduction du languedocien, mais tous n’ont pas sa compétence, et j’ai le sentiment 

que celui qui aurait appris le provençal dans les livres y perdrait une bonne part de sa 

personnalité. Et enfin, dans son pays natal, la plupart de ses compatriotes perdrait une 

grande part de son œuvre. » (Lou dret de cap d’obre, Reclams, 1958, pp. 2-3). 

III – Le tournant de 1951 : le gascon vu par l’occitanisme 

La « langue occitane » entre à l’école 

Entre temps, la loi n° 51-46 du 11 janvier 1951, dite loi Deixonne avait introduit « la langue 

occitane » dans l’appareil juridique français (cf. p. 31). C’est donc en toute légalité que l’Éducation


nationale allait désormais enseigner le gascon et le béarnais sous le nom d’“occitan”, la pluralité 

dialectale étant affirmée en maintes occasions (circulaires et arrêtés ministériels). 

Le gascon renommé « occitan de Gascogne » 

Mais cela ne suffisait sans doute pas aux plus engagés des occitanistes, et à la fin des années 

70, l’I.E.O. adopta en assemblée générale la dénomination d’« occitan de Gascogne » pour remplacer 

le nom de gascon, jugé peut-être trop “séparatiste” pour une future “Occitanie” (cf. p. 24). 

On observera d’abord qu’une telle dénomination est tautologique, puisque la Gascogne 

politique ou administrative a changé maintes fois de frontières pour disparaitre officiellement en 

1790 avec la création des départements, et qu’on ne définit plus — savamment — la Gascogne que 

comme le territoire où l’on parle gascon ! Il est vrai qu’une nouvelle appellation d’« ouest-occitan » 

(remarquer l’ordre déterminant-déterminé très anglo-saxon !), mentionnée par Y. Vidal (2002, v° 

gascon), évite la tautologie… mais élimine toute référence à la Gascogne ou au gascon ! 

De plus, comme il n’y a pas de raison de ne pas parler aussi d’« occitan d’Auvergne », 

d’« occitan de Provence » etc…, cela signifie qu’il y a autant d’« occitans » que de grandes régions 

d’oc, donc autant de « langues d’oc » — horresco referens ! (cf. pp. 26 et 43). 

Enfin, on peut sourire de la prétention d’une simple association de quelques centaines 

d’adhérents pour tout le Midi de vouloir effacer le nom de « gascon », en usage incontesté depuis 

six ou sept siècles au moins ! 

Mais cela correspondait aux vues des occitanistes béarnais, qui étaient de fait les plus actifs 

des Gascons pour la défense et la promotion de la langue du pays. Ou plus exactement sans doute, 

cela correspondait aux vues de celui qui fut le maitre à penser de l’occitanisme gascon, le professeur 

de philosophie du lycée d’Orthez, Michel Grosclaude. 

L’influence de Michel Grosclaude 

Bien des choses s’expliquent en effet pour peu que l’on examine le rôle de cet homme, de son 

adhésion à Per Noste dès sa fondation jusqu’à son décès en mai 2002. Les lignes qui suivent 

s’appuient sur l’article de son ami G. Narioo (2002) et sur celui de L. Laborde-Balen (2002). 

Né à Nancy en 1926 d’un père protestant et d’une mère catholique, M. Grosclaude fut 

d’abord élevé dans la foi de sa mère; sa famille paternelle établie à Marseille venait du Jura suisse 

et sa mère était lorraine; d’abord à Paris, ses parents vinrent en 1939 s’établir à Marseille, où il 

reçut du pasteur protestant Théodore Gounelle des cours d’instruction religieuse et d’histoire 

exceptionnels et passionnants, notamment sur la Croisade albigeoise, la Réforme, les Camisards… 

Quant à la langue d’oc, il l’avait entendue avec le provençal de Marseille puis le parler de la Haute- 

Loire où il passa la dernière année de la guerre dans un village entièrement protestant et connu pour 

ses faits de résistance. Il sentit alors que « Cathares, camisards protestants et langue d’oc avaient en 

commun d’avoir été victimes de l’intolérance, de la persécution, de l’absolutisme. Et la langue d’oc 

avait été au cours des siècles celle des persécutés. » 

Jeune professeur de philosophie, il fut d’abord affecté à Chinon en 1953, puis muté en Béarn 

en 1958 parce qu’il désirait « “aller dans le Midi”, attiré par le soleil, affecté de ce “phototropisme” 

qui atteint tous ceux qui vivent dans le Nord » nous a-t-il conté (Grosclaude, 1969); et d’expliquer, 

avec sincérité et lucidité, comment il était « arrivé à [se] sentir personnellement concerné par la


cause de la Langue Béarnaise et, à travers elle, par toute la culture Occitane » : 

« Il m’a donc fallu apprendre que ce “patois” que j’entendais dans les villages et sur 

les places des marchés, c’était la Langue d’oc, la vieille langue des Troubadours. Il m’a 

fallu apprendre que cette langue couvrait tout le Midi, de la Provence au Limousin, de la 

Marche au Béarn. Surprise de découvrir que sous le vocable infâmant de « patois », se 

cachait une véritable langue avec sa grammaire, sa littérature oubliée, ses richesses 

insoupçonnées. Surprise de découvrir que le Latin jadis appris sur les bancs du Lycée 

chantait encore sur les lèvres des anciens des villages. 

« J’ai donc appris à parler et à comprendre le Béarnais (très mal, il est vrai, car les 

monolingues parisiens sont infiniments [sic] moins bien doués pour les langues vivantes 

que les bilingues méridionaux). » 

Il fut donc aux côtés de son collègue et ainé Roger Lapassade pour fonder deux ans plus tard 

l’association Per nouste qui s’inscrirait dans le grand mouvement méridional de défense de la 

langue d’oc, désormais appelée « occitan » (cf. p. 78). 

Il est présent dès le premier numéro de la revue lancée sous le même nom de Per nouste en 

juin 1967, et déjà, il apparait comme le théoricien politique du mouvement. Son article est en 

français, Plaidoyer pour une histoire occitane; mais tout en faisant le procès de l’histoire de France 

telle qu’elle est enseignée, du seul point de vue de Paris et de l’agrandissement du “pré carré” royal, 

il retrace la conquête du Midi par les Francs du seul point de vue du Languedoc, épicentre de 

l’“Occitanie” rêvée; tout comme on enseignait aux petits Sénégalais que leurs ancêtres gaulois 

avaient été conquis par Jules César, M. Grosclaude décrit aux Béarnais la conquête franque en trois 

épisodes : la lointaine bataille de Vouillé qui vit en 507 la victoire de Francs sur les Wisigoths — 

on serait pourtant tenté de parler de querelle de Germains —, l’expédition de Charles Martel qui 

ravagea ce qui serait plus tard le Languedoc, et enfin la Croisade des Albigeois. Et même, l’auteur 

profite de la mention de l’expédition de Charles Martel pour évoquer « l’épisode de Roncevaux » 

dont « chacun sait qu’il faut y voir une révolte des populations gasconnes contre les exactions des 

guerriers francs ». 

Sans être historien, on peut avoir des doutes. Ainsi, pour ce qui est de la Croisade albigeoise, 

on sait qu’elle laissa totalement de côté les pays gascons, pour la plupart sous suzeraineté anglaise, 

sauf que les rangs des croisés comptèrent nombre de mercenaires gascons… M. Grosclaude l’admet 

dix ans plus tard, dans un des dialogues de son manuel Lo gascon lèu e plan, p. 112 : « Mais la 

Croisade des Albigeois ne concerna pas la Gascogne. — C’est vrai, la Gascogne resta un peu à 

part. ». Quant à enlever Roncevaux aux Basques pour l’offrir aux Gascons et transformer le démantèlement 

de Pampelune en dévastation des pays gascons… (cf. Delpla, 1979, p. 84); mais neuf ans 

plus tard, l’auteur devait se faire son propre juge : ironisant sur une émission de quatre heures « de 

la 2e chaîne couleur » sur le Béarn qui avait « glorifi[é] Roland à Roncevaux », il écrivait : « tout le 

monde sait que Roncevaux est au Pays Basque et que c’est une victoire Basque sur les envahisseurs 

germaniques. » (P.N. n° 52, 1-2/1976, p. 2). 

Par la suite, innombrables sont les articles “orientés” signés par Michel Grosclaude, sans 

compter les textes anonymes qu’une analyse de style permettrait sans doute de lui attribuer. L’étude 

de cette prose justifierait à elle seule une thèse… Ce fut aussi un vaillant conférencier propagandiste 

de la “cause” occitane, donnant à R. Lapassade l’occasion de dire, avec son humour tout 

béarnais, son appréciation sur ce militant venu d’ailleurs. Il l’a fait dans un « conte » publié dans le 

numéro de Nadau {Noël} de 1972 de la revue Per noste, conte qui n’est même pas accompagné de 

la phrase rituelle « Toute ressemblance avec des personnages existants… »; ce conte sera repris


dans le recueil Sonque un arríder amistós {Rien qu’un sourire amical} (1975-1, p. 113) : 

R. Lapassade se rend un soir à une « réunion d’information occitane » organisée par un 

certain Miquèu {Michel} dans un village du nord de Pau; et à la lueur des phares de sa Simca, il 

aperçoit une jeune fille qui fait du stop; comme elle se rend à la même réunion, il la prend à bord. 

Mais voilà qu’il ressent d’étranges cahots, il a une roue crevée; c’est alors la demoiselle qui sait 

trouver la roue de secours et réparer au clair de lune. Il dit son ennui d’être une fois de plus en 

retard : 

« — Heureusement, Michel me connait, il aura commencé. 

« — Votre ami, sans doute ? […] 

« — Oui, un ami de toujours, très savant, mais entêté, sournois, et intéressé comme 

le pire des maquignons. Pour tout dire, un homme entendu en philosophie, mais qui ne 

parle jamais de philosophie mais de linguistique occitane et d’histoire. Il a appris le gascon 

en suivant les pelères {réunions entre voisins pour tuer le porc d’une famille, en faire la 

cuisine… et festoyer} et il a pris chez les Béarnais peu de qualités mais un tas de défauts : 

le vin blanc, par exemple, il n’y crache pas dessus ! 

« La jeune fille en rit. » 

Le lecteur aussi, sans doute, mais on sent déjà la réserve de l’authentique Béarnais qu’était R. 

Lapassade devant l’attitude péremptoire de M. Grosclaude, déjà ressenti comme trop sûr de lui en 

face d’autochtones qu’il devait considérer comme idéologiquement arriérés. 

Sur le point qui nous intéresse ici, l’intégration du gascon dans l’occitan et de la Gascogne 

dans l’“Occitanie” est pour lui une vérité révélée, donc intangible et indiscutable (cf. pp. 26-27). Et 

son autorité de professeur de la plus haute classe du lycée d’Orthez va lui permettre de veiller 

pendant quarante ans à l’“orthodoxie” de ce qui sera publié par l’association Per Noste établie dans 

cette ville (cf. p. 78) et spécialement dans sa revue Per nouste / Per Noste / Païs gascons. 

C’est ainsi que les lecteurs de cette revue se verront marteler l’appellation d’« occitan » pour 

la langue béarnaise et gasconne, même si quelques « langue gasconne » ou « langue béarnaise » 

échappent parfois à l’attention de M. Grosclaude censeur. 

On a pu voir plus haut qu’il parle lui-même de « Langue Béarnaise » et de « Béarnais » dans 

son article autobiographique de 1969. C’est aussi le cas du titre de Lo gascon lèu e plan, remarquable 

méthode parue en 1977, qui a certainement aidé bien des gens à apprendre ou perfectionner leur 

gascon ou leur béarnais. La raison nous en est donnée par G. Narioo (2002, p. 5) : s’insérant dans 

une collection lancée par la société anglaise Omnivox, filiale de la B.B.C., elle devait avoir un titre 

homogène avec ceux des autres ouvrages, L’occitan lèu lèu e plan étant notamment le nom de celui 

qui est essentiellement (22 leçons sur 25) consacré au languedocien… Finalement, le point de vue 

des éditeurs d’outre-Channel n’était peut-être pas si mauvais que cela, d’autant que pour vendre un 

produit, il faut que les chalands le reconnaissent ! Le contenu du livre réserve aussi quelques 

surprises : p. 56, un exercice distingue los cors/las leçons d’occitan, de ceux de gascon; p. 108, il 

est question de « l’ancienne langue gasconne » et p. 129, de « La langue gasconne » tout court. 

De même, M. Grosclaude achève par ces mots l’Introduccion à l’Evangèli segon sant Matèu 

qu’il a traduit en 1995 : « Il existe des versions de la Bible en créole de Haïti ou en eskimo de la 

Terre de Baffin. La langue gasconne attend encore. » C’est reconnaitre implicitement que la 

« langue gasconne » est distincte de l’« occitan », puisque celui-ci dispose au moins des traductions 

languedociennes, par l’abbé Jules Cubaynes, des quatre Évangiles (Société d’études occitanes — 

cf. p. 77 —, 1932), du Livre de Tobie (1942), du Nouveau testament (1956) et des Psaumes (1967).


La même année, un article sur le protestantisme en Béarn (Grosclaude, 1995) lui donne 

l’occasion d’en désigner cinq fois la langue comme « occitan », 9 fois comme « biarnés » ou 

« bearnés » et 2 fois comme « lenga biarnesa ». 

Néanmoins, persistant dans son idée, « dans les livres qu’il fit ensuite, le mot occitan était 

toujours en avant » (Narioo, 2002, p. 5); par exemple, en 1981 L’esquira, vocabulari basic illustrat, 

version occitana de Gasconha; en 1986, malgré l’ambiguïté du double titre (cf. Annexe V et p. 26), 

La langue béarnaise et son histoire - Étude sur l’évolution de l’occitan du Béarn; en 1998, le Répertoire 

des conjugaisons occitanes de Gascogne; et en 2000, 70 clés pour la formation de l’occitan 

de Gascogne qui démarque Du Gascon au Latin de J. Bouzet et Th. Lalanne de 1935 (cf. p. 76). 

La schizophrénie de l’occitanisme gascon 

Le libellé de ces titres nous interroge : « Du passé faisons table rase » ou « Gardons notre 

patrimoine » ? Car les deux derniers ouvrages titrés en « occitan de Gascogne » sont présentés, en 

page 4 de couverture, par deux textes qui ne parlent plus que de gascon : « Est-il possible de 

maîtriser parfaitement les conjugaisons des verbes gascons… », « Par quelles transformations le 

latin […] est-il devenu le gascon… ». Cette contradiction est plus qu’apparente : elle reflète la 

déchirure des occitanistes gascons entre leur adhésion à l’occitanisme, qui voudrait mener à un 

« occitan standard », unique pour toute l’« Occitanie », et leur attachement profond à la langue 

gasconne dans toute son authenticité. C’est ce qui fit écrire de Per Noste : 

« Bien qu’issue 5 de l’I.E.O., elle ne prône pas un occitan de référence. Dans la 

mesure où elle ne vise pas une unification linguistique, elle n’est pas occitaniste de stricte 

obédience. » (P. Boschung et M. Frick in A. Kristol et J. Wüest, 1985, p. 148). 

Ainsi, M. Grosclaude a toujours été un farouche défenseur de la pluralité linguistique : 

« Il voyait l’Occitanie telle qu’elle est, une et diverse. Il se méfiait des linguistes 

occitanistes dits “incontournables”, imbus de culture jacobine française, qui voulaient nous 

imposer la langue occitane une et indivisible » (Narioo, 2002, p. 5). 

Mais pour rassurer les Béarnais et Gascons qui s’en inquiétaient, il avait préféré nier la réalité 

du danger : 

« Faut-il […] ériger ce Languedocien central en dialecte privilégié qui progressivement 

supplanterait les autres dialectes et viser une langue occitane unifiée et uniformisée ? 

Je ne pense pas qu’il existe beaucoup de gens dans le mouvement occitaniste pour soutenir 

ce point de vue. » (E se disèvam : “pro !” {Et si nous disions : “assez !”}, P.N. n° 72, 5- 

6/1979, p. 5). 

Cependant, c’est sans doute par réaction à la tendance occitaniste à faire disparaitre les 

dialectes d’oc périphériques qu’a été choisi le titre du Petit dictionnaire français-occitan (Béarn) 

ou Civadot (cf. p. 159); en effet, les deux associations éditrices, La Civada et Per Noste, signaient, 

en pp. 9 et 10, une « Présentation du dictionnaire » dont le second alinéa justifie ainsi le titre : c’est 

une double affirmation « que le Béarn fait partie de l’ensemble occitan (langue d’oc) » et « que 

l’appellation d’occitan ne doit pas être réservée aux seuls parlers des régions languedociennes ». 

Mais les éditeurs ajoutent : « l’occitan du Béarn est un occitan à part entière et non pas une variante 

plus ou moins marginale »; or deux lignes avant, les mots « ensemble occitan (la langue d’oc) », 

rappelaient l’égalité bien connue « occitan = langue d’oc »; donc si l’« occitan du Béarn », ou 

béarnais, « est un occitan à part entière », c’est une langue d’oc parmi plusieurs autres : si les mots 

ont un sens, c’est reconnaitre la pertinence du pluriel « les langues d’oc », tout comme le suppose 

5 Il serait plus exact de dire « se réclamant », car elle est juridiquement indépendante.


l’appellation d’« occitan de Gascogne » (cf. p. 40). Or les collaborateurs de Per Noste dans 

l’élaboration de l’ouvrage étaient MM. Grosclaude et Narioo… 

Au surplus, on ne peut ignorer les vers de Bernard Manciet, écrivain très gascon de 

renommée nationale, souvent présenté comme un des meilleurs auteurs “occitans” contemporains : 

— Ce qu’il y a de pire maintenant — l’Occitanie 

vis d’Archimède à vide — ils t’auront, Gascogne 

abâtardie (L’enterrament a Sabres, 1989-2, p. 48). 

N’est-ce pas dénoncer l’aliénation causée par l’abandon du nom multiséculaire de gascon ? 

C’est sans doute à rapprocher de ce qu’on lisait dans La Clau lemosina (n° 92, Octobre 1993, 

p. 26) d’un autre grand auteur “occitan”, Marcelle Delpastre, après son passage à l’émission de télévision 

La marche du siècle pour son livre en français Les chemins creux, une enfance limousine : 

elle « n’a pas dit qu’elle écrivait aussi en occitan. »; pourquoi ? « pense-t-elle vraiment ce qu’elle 

avait dit publiquement à Limoges, lors d’une Quinzaine Oc : “L’occitan, je m’en fous !” ? ». 

Pour revenir au Gascon Manciet, même idée encore quand il accuse aussi bien les Occitans 

que les Français d’avoir écarté la « civilisation » particulière des Gascons : 

« Dès le Moyen-âge, notre civilisation littéraire et mystique s’est vue repoussée, par 

les Occitans comme par les Français, au-delà des monts. » (1989-1, p. 33). 

Et s’il est un homme qui dut y voir clair dans tout cela, c’est bien Roger Lapassade, le fondateur 

de Per Noste; il avait eu la sagesse de se retirer assez tôt de la présidence de l’association pour 

laisser la place à plus jeune que lui, mais il continuait à observer attentivement ce qui se passait 

dans le monde occitaniste. Et s’il ne se sentait plus d’âge à s’engager dans des combats, il devait 

laisser un message qui pour être formulé poétiquement n’en était pas moins explicite : Drapèus 

arlats (Drapeaux mités) est un poème écrit le 24 juin 1994, qu’il a placé en tête de son dernier 

recueil La cadena; ironie du sort ou malice toute béarnaise de l’auteur, ce recueil a été mis en vente 

le 15 mars 1997, à l’occasion du Colloque que l’Institut occitan de Pau et la ville d’Orthez avaient 

organisé pour l’honorer comme militant occitaniste. On lit en effet : 

« J’ai mêlé trois drapeaux pour une seule patrie. J’ai […] brandi des étendards […] 

pavillons sang et or [l’occitan, frappé de la croix de Toulouse] ou des trois couleurs et qui 

tous me trompaient. Seul le carré béarnais […] aux deux vaches rouges dans l’or du blé 

mûr m’a réjoui le cœur. » 

Ainsi, ce grand sage béarnais avait fini par comprendre que l’occitanisme est une tromperie 

pour le monde d’oc, qu’il ne feint de défendre la diversité de nos parlers que pour “ratisser large”. 

De son côté, G. Narioo alors président de Per Noste, a maintes fois dénoncé les menées centralistes 

de l’occitanisme qui conduiraient à l’élimination du gascon. Tantôt par une allusion ironique : 

« Aujourd’hui, les pies font leurs nids […] du côté de la faculté de lettres où elles 

sont devenues, m’a-t-on dit, très savantes, elles comprennent parait-il l’occitan 

référentiel. » (P.N.-P.G. 209, 3-4/2002, p. 10). 

Tantôt de façon plus directe : 

« À un moment donné, à la faculté de Pau, un professeur prétentieux et très 

opportuniste, qui se faisait valoir en profitant du travail des autres, criait quand il avait un 

étudiant qui ne parlait pas : “le patois est mort, vive l’occitan !” Sans être capable de dire 

deux phrases correctes dans notre langue ni de définir cet “Occitan” avec un O majuscule 

[…]. » (2002, p. 4). 

Et tout dernièrement, retraçant l’itinéraire “occitaniste” de son ami M. Grosclaude : 

« Il est en relation permanente avec les linguistes occitans de toute l’Occitanie. Mais


il se tient à l’écart, pourtant, de ce monde […], surtout de ceux qui manipulent continuellement 

la langue pour en faire un occitan transgénique, un jargon qu’on ne parle nulle part. 

Ce monde, le gascon, c’est sûr, les embarrasse. Tant pis ! » (P.G., 1-2/2005, p. 14). 

Pourtant, en présentant une grammaire d’occitan médiéval, M. Grosclaude allait écrire que 

pour bien l’utiliser, le lecteur devrait « connaître déjà l’occitan actuel (que ce soit sous sa forme 

gasconne, languedocienne, nord-occitane ou provençale) » (P.N.-P.G. 198, 5-6/2000, p. 20). Alors, 

le gascon, forme (ou variante, ou dialecte) de l’occitan, ou un occitan à part entière ? 

Et voilà que c’est M. Grosclaude qui signe tout seul l’Avant-propos (posthume) du Dictionnaire 

français-occitan (gascon) de 2003 (cf. p. 186); or il y reprend successivement les deux textes 

de présentation du Civadot en 1984, en changeant simplement Béarn / parler de Béarn par Gascogne 

/ gascon (pp. 7 et 10); donc « l’occitan parlé en Gascogne est un occitan à part entière et non 

pas une variante plus ou moins marginale » ! Il valide donc à nouveau la pluralité des occitans ou 

langues d’oc, en contradiction avec la phrase péremptoire de la p. 10, « Il existe indiscutablement 

une langue occitane ou langue d’oc […] ». Et en note de la p. 11, il cite sans s’en émouvoir les vues 

de J. Taupiac selon lesquelles il y aurait « un occitan méridional […], un occitan septentrional […], 

un occitan occidental comprenant le seul dialecte gascon et un occitan du “croissant” ou de la 

Marche. »; cela fait donc quatre occitans ou quatre langues d’oc, le gascon tout seul étant l’une de 

ces langues. 

Erreur de “copier-coller” ? ou plutôt confusion inévitable d’une pensée tiraillée entre un credo 

dépassé qu’on n’a pas le courage de remettre en cause et la réalité d’une langue très particulière que 

menacent « les occitanistes intégristes, réducteurs » comme dit G. Narioo (P.N.-P.G. n° 208, 1- 

2/2002, p. 10). 

On en verra un autre exemple dans la « dictée occitane » organisée par Per Noste le 31 

janvier 2004, sur laquelle je reviendrai pp. 79 et 218. Elle était « occitane » dans le titre, mais 

réalisée « dans la langue régionale, le Béarnais en l’occurrence à Orthez » (L’Éclair des 31 

janvier/1 er février); cette confusion avait d’ailleurs provoqué les protestations d’un lecteur d’Orthez, 

protestations dont l’article rendait compte honnêtement… mais sans prendre parti ! Au demeurant, 

le compte-rendu publié le 2 février affirmait que « l’essentiel était […] dans le plaisir de se 

mesurer à la langue béarnaise », membre de phrase repris d’ailleurs en sous-titre… 

Le résultat : confusion dans les titres, confusion dans les esprits 

Plus généralement, si l’on considère les ouvrages d’enseignement publiés par des auteurs se 

réclamant plus ou moins du courant occitaniste et en tout cas adeptes de la graphie occitane, force 

est de constater que pour ce qui est de la désignation du gascon, on a droit à un peu de tout; outre le 

cas du Civadot et du Dictionnaire français-occitan (gascon) que je viens d’évoquer : 

Petit diccionari castelhan-aranés (occitan)-catalan-francés e aranés (occitan)-castelhan etc., 

1991, de Frederic Vergés Bartau : l’auteur ne nomme la langue qu’aranais ou à la rigueur « aranés 

(occitan) » et va jusqu’à signaler par le sigle « dV » les mots pris au gascon général, plus riche que 

l’aranais, c’est-à-dire « dehòra dera Val » (hors de la vallée) : le gascon non aranais n’est plus que 

de l’aranais, parlé hors de la vallée ! 

Lexique alphabétique Français-gascon (Bazadais), 1994 de G. Dulau et du collectif Bazas 

Art Culture Tradition : « gascon » est dans le titre; l’auteur remercie pour son apport une association 

ayant travaillé « sur le thème : La langue gasconne et la vie traditionnelle en Bazadais » et ouvre


l’avertissement en parlant sans ambages de la « langue gasconne ». 

Diccionari Occitan-Francés segon los parlars de Gasconha, Princi Negre 1994, de Pèir Morà 

(Pierre Mora) : ingénieur de métier, l’auteur n’a sans doute pas osé se démarquer du “politiquement 

correct” dans le monde occitaniste où il avait milité; d’où un titre tout à fait “orthodoxe”. Mais son 

Abans-díser oppose « gascon referenciau » {référentiel} et dialectes, tout comme le Pr. P. Bec 

(1973), opposait le « gascon standard » (pp. 172, note 2; 195, al. 3) à l’occitan standard (p. 172, 

note 3) et à ses propres dialectes (p. 171, al. 5) ou aires dialectales (p. 195, al. 2). Mais deux pages 

plus loin, le gascon n’est plus pour P. Morà qu’un des dialectes de l’occitan, tout en étant associé 

au catalan, « langue jumelle », comme l’un des plus différenciés ! et il revient encore sur la pluralité 

dialectale du gascon… 

Que parlam - nous parlons gascon, 1996, d’Aci Gasconha est un manuel de conversation en 

22 thèmes de vie courante suivi d’un lexique du vocabulaire des dialogues, dans les deux sens, 

français-gascon et gascon-français. C’est un ouvrage collectif auquel ont participé des « Professeurs 

et élèves des cours de gascon »; mais faute sans doute d’entente totale entre les auteurs, les 

textes de présentation parlent tantôt de langue gasconne parmi les langues d’oc (p. 7, 10, 20, 24) et 

de dialecte gascon au sein de l’occitan (p. 20). L’ouvrage se veut avant tout une entreprise de 

sauvetage du « gascon de Bayonne ». Voir aussi p. 172. 

Atau que’s ditz, Dictionnaire français-occitan (Gascon des Hautes-Pyrénées), 1998, œuvre 

d’un collectif réuni par le Département des Hautes-Pyrénées : les auteurs sacrifient aussi au 

“politiquement correct” en titrant « français-occitan », mais ajoutent aussitôt « Gascon des Hautes- 

Pyrénées »; et la « Présentation » bilingue n’en a que pour le gascon. Voir aussi p. 175. 

Dictionnaire gascon-français - Le parler du bassin d’Arcachon et des ses environs (I) et Dictionnaire 

français-gascon - Le parler du bassin Pays de Buch (II), Les Dossiers d’Aquitaine, 2000 

et 2002, de Yolande Vidal; l’auteur est une animatrice municipale de loisirs qui vécut en pays Gallo 

dans sa jeunesse et vint de Paris en 1968 pour se fixer dans le pays (II, p. 6); elle s’y est passionnée 

« pour la langue gasconne » (I, p. 289) découverte sur les lèvres des personnes du “3 ème âge” des 

clubs municipaux de Gujan-Mestras. Si donc le premier ouvrage s’ouvre par une « présentation 

linguistique du gascon » très “orthodoxe” selon l’occitanisme, rédigée par Alain Viaut en 1980, et 

le second par un Avant-propos non moins “orthodoxe” de Marie-Claire Latry, la répétition des mots 

« langue gasconne » dans les textes de la main de l’auteur, et spécialement en p. 4 de couverture du 

second ouvrage, ne laissent aucun doute sur les convictions profondes de Mme Vidal. 

Cela se retrouve de façon éclatante dans le gros Dossier langue occitane joint au numéro de 

Décembre 2003 - Janvier 2004 de Lettres d’Aquitaine, revue du très officiel Centre régional des 

Lettres d’Aquitaine. « occitan », « langue occitane » et même « Occitanie » sont partout dans ce 

cahier très “politiquement correct” de 28 pages de format A3; mais à l’évidence, c’est parce que les 

“acteurs” culturels consultés sont massivement acquis à ces concepts, ou tout au moins en usent 

naturellement; car aucune censure n’a été exercée contre les rares « gascon » ou même « béarnais » 

que l’on rencontre de ci de là. Il est à cet égard tout à fait remarquable que trois auteurs ignorent 

« occitan » et sa famille pour n’user que de « gascon » ou même de « langue gasconne » : p. 6, 

François-Xavier Benuziglio, Directeur du service éducation, sport et patrimoine du Département 

des Landes, pour la politique linguistique de ce département; p. 7, Jean-François Sibers, conseiller à 

la Direction régionale des affaires culturelles d’Aquitaine, correspondant de la Délégation générale 

à la langue française et aux langues de France; p. 14, le présentateur anonyme de País gascons,


mentionné pourtant comme revue de « Per noste, section départementale de l’Institut d’études 

occitanes ». 

Le comble est atteint, semble-t-il, sur le nom de Sèrgi Javaloyès que Guilhem Joanjòrdi 

présente comme auteur ayant choisi « la langue occitane » (p. 11) et qui ferraille volontiers contre 

la pluralité des langues d’oc; or pour J.-F. Sibers, p. 7, c’est comme « écrivain et éditeur gascon » 

qu’il a été proposé par le préfet au Conseil économique et social d’Aquitaine pour y représenter « à 

la fois le gascon, le basque et les langues du Maghreb », ce qui met le gascon au même rang 

linguistique que le basque et les langues du Maghreb où cet auteur naquit en 1951 d’une famille 

catalano-espagnole (La République des Pyrénées, 22/23 mai 2004); à la même page 7, c’est en 

louant « l’intelligence toute gasconne » de Guy Latry qu’il achève lui-même la présentation de cet 

universitaire; et Lo viatge de l’auca {Le voyage de l’oie} dont il est l’auteur est une « pièce de 

théâtre en français et en gascon » (p. 22). 

À la vérité, cependant, dans la mesure où ce dossier de Lettres d’Aquitaine s’adresse au 

microcosme intéressé par les langues d’oc écrites, la confusion n’est peut-être pas trop grave. Mais 

quand, p. 18, une journaliste voit dans le Dictionnaire du béarnais et du gascon modernes de Simin 

Palay « la bible de l’occitan » et renvoie ainsi aux oubliettes le Trésor du Félibrige de Mistral, on 

peut imaginer les dégâts qu’un tel désordre peut produire dans le grand public. 

Ce désordre choque même des occitanistes lucides comme le président de la section de 

Dordogne de l’I.E.O., Michel Chadeuil; présentant une Gramatica occitana de J. Taupiac et un 

manuel d’enseignement Passapòrt tà l’occitan de Jan Bonnemason, il observe : « Quand le Gascon 

Taupiac dit “occitan”, il faut entendre “languedocien”. Quand le Gascon Bonnemason dit “occitan”, 

il faut entendre “gascon” » (Paraulas de Novelum, n° 70, hiver 1995-6, p. 7). 

Au demeurant, les dirigeants des associations occitanistes de Gascogne et de Béarn doivent 

être conscients de la méfiance, sinon du rejet, populaire face à ce qui s’étiquette comme “occitan”. 

Aussi ces associations n’affichent guère leur couleur : si Per nouste, puis Per noste marquait sa une 

de couverture par un gros I.E.O. de 1967 à 1972, l’affiliation à l’Institut d’études occitanes s’y est 

faite de plus en plus discrète, alors que son titre s’est doublé d’un gros Païs gascons à partir de 

1979; s’y ajoute en Béarn La Civada; en Bas-Adour, c’est Aci Gasconha; en Bigorre, Nosautes de 

Bigòrra; la maison occitane fournie par la ville de Pau est l’Ostau bearnés et la radio occitaniste est 

Radio País, sans plus. De même, ces associations annoncent bien souvent leurs activités ouvertes 

au public en mettant en avant béarnais, et même « langue béarnaise » ou gascon. On en trouvera 

des exemples en Annexe VI. 

Le résultat est facile à imaginer : c’est une grande confusion dans les esprits peu préparés aux 

subtilités linguistiques et administratives. Et plus encore, le fait que « occitan, Occitanie » ne disent 

rien à la grande majorité des gens de Béarn et de Gascogne, comme on le verra bientôt. 

Mais enfermés dans leurs certitudes, d’autres dirigeants occitanistes gascons n’ont pas su ou 

voulu le voir. C’est tout particulièrement le cas de M. Grosclaude qui avait cru voir dans le titre du 

célèbre ouvrage historique d’Emmanuel Leroy-Ladurie, Montaillou, village occitan, la réussite de 

ces mots (PN. n° 54, 7-8/1976, p. 8) : 

« J’ai entendu critiquer le caractère publicitaire du titre : “village occitan”. Et il faut 

reconnaître que le titre est “psychologiquement” bien choisi. Si l’auteur (ou l’éditeur) avait 

intitulé l’ouvrage “Montaillou, village pyrénéen” ou “village ariégeois”, gageons que le 

livre ne se serait pas vendu comme il s’est vendu… et de loin ! Les mots “occitan”,


“occitanie” sont devenus d’excellents slogans publicitaires. Mais finalement, tant mieux ! 

N’y voyons pas seulement les dangers, mais voyons y également la preuve de la réussite 

de nos efforts militants. Au moment d’ailleurs où certains dénigrent ce mot qui, pour nous, 

symbolise notre pays enfin retrouvé, il n’est pas négligeable qu’un historien sérieux qui 

n’est ni occitan ni occitaniste nous apporte ainsi sa caution. » 

Il feignait d’ignorer que Montaillou est en zone languedocienne, à qui l’épithète savante 

d’« occitan » convient sans conteste, et aussi que ces mots ont quelque chose d’un exotisme intérieur 

6 qui plait à l’intelligentsia qui achète ce genre de livres savants, mais reste étranger au 

“Français moyen”. Un quart de siècle plus tard, il en témoigne lui-même, quand il déplore le silence 

de la presse sur l’Occitanie : 

« Quand il est question de l’enseignement des langues régionales, on parle du corse, 

du basque, du breton et de l’alsacien. De l’occitan et de l’Occitanie, jamais ou presque 

jamais. [La cause serait] dans le subconscient français. […] que des régions périphériques 

accèdent à une certaine reconnaissance de leur identité [ce serait acceptable, mais pas 

pour] l’Occitanie qui représente un bon tiers du territoire » (2000-2). 

Certes, cela se défend, de même qu’on peut penser que le libéralisme linguistique de 

l’Espagne et même de la Catalogne à l’égard du Val d’Aran s’explique par la taille minuscule de ce 

territoire situé sur le versant français des Pyrénées. Mais sans aller fouiller le subconscient, il parait 

bien plus évident que les quatre langues évoquées, corse, basque, breton et alsacien, sont nommées 

de leur nom multiséculaire, sans équivoque et connu de tous les Français. Alors que l’“occitan”… 7 

C’est aussi sans doute la leçon du choix d’Omnivox pour des noms sans équivoque pour ses 

manuels d’apprentissage des dialectes (ou langues) d’oc… Mais quand on est un idéologue qui 

compte sur les subventions publiques pour équilibrer les comptes de ses publications, on est peu 

porté à chercher à savoir ce que sentent et comprennent les acheteurs et lecteurs potentiels que sont 

les locuteurs de nos langues. 

IV – Aujourd’hui : le regard des locuteurs 

J’envisagerai d’abord le point de vue des locuteurs, ou tout au moins de ceux qui ont approché 

d’assez près la langue gasconne et béarnaise pour en avoir leur petite idée. Après un bref rappel 

d’une petite enquête béarnaise de 1974, je m’appuierai surtout sur celles des dix dernières années. 

L’enquête béarnaise de 1974 (J.-P. Latrubesse, 1974) 

Ce fut une enquête par questionnaire papier rempli, avec l’aide d’enseignants, par des parents 

d’élèves de « quelques villes (ou villages types : Pau, Castétarbes, Sault-de-Navailles, Artix, 

Asson »; en fait, à part Pau et Asson, village au pied de la montagne, ce sont surtout trois villages 

des alentours d’Orthez. Une centaine de réponse seulement ont été recueillies, et n’ont été prises en 

considération que celles des Béarnais d’origine, les non-Béarnais étant trop peu nombreux pour que 

leurs réponses fussent significatives. L’intérêt majeur est que la langue n’y a été désignée que 

comme « Béarnais » : Connaissance du Béarnais ?, Trouvez-vous normal qu’on parle Béarnais aux 

enfants ?, Pensez-vous que le Béarnais est une langue, un dialecte ou un patois ? etc. Pour cette 

dernière question, 35 % ont dit langue, 17 % dialecte et 48 % patois, mais on ne sait comment 

6 Aujourd’hui, cette mode semble dépassée; par exemple, Télérama, pourtant ouvert aux cultures du monde, présente 

ainsi les personnages du téléfilm Malaterra tourné dans les Alpes de Haute-Provence : « Ils sont moches, sales, 

dégénérés, parlent occitan pour faire plus vrai, font de grands “ssslurps” en mangeant leur soupe […] » (n° 2860, du 

6 au 12 novembre 2004, journée du 11 novembre). 

7 Cf. la lettre du lecteur Pierre Boissière, citée p. 82, qui réagit justement à cet éditorial de M. Grosclaude.


étaient définis et opposés ces concepts ! En tout cas, 64 % disaient parler couramment le béarnais, 

35 % le comprendre et seulement 1 % ne pas le comprendre ! J.-P. Latrubesse doutait néanmoins de 

ce pourcentage élevé de gens parlant « couramment », estimant qu’en fait, c’était souvent une 

capacité de parler, mais que les gens n’en usaient pas autant qu’ils le laissaient entendre. 

Intéressantes en revanche étaient deux remarques d’enquêtés que J.-P. Latrubesse livrait sans 

commentaire à l’appréciation des lecteurs : « Il ne faut pas que la défense du terroir et de sa 

richesse culturelle soit un tremplin pour autre chose, disons la politique. » et « Le combat occitan 

est juste, il est indissociable du combat socialiste. » 

Les enquêtes départementales et régionale des années 1990 (B. Moreux, 2001) 

Menées sur une bien plus grande échelle, ces enquêtes ont pourtant souffert sans doute d’une 

certaine confusion des esprits sur la pratique et la désignation de la langue. Bernard Moreux, 

chercheur associé au C.N.R.S. et ancien maitre de conférences à l’Université de Pau et des Pays de 

l’Adour, en a présenté une sorte de synthèse dans une communication au Colloque « Diversité et 

vitalité des langues régionales du Sud de la France » (Centre d’études et de recherches d’oc, 

CEROc, de la Sorbonne, 15 juin 2001). 

Il s’est appuyé principalement sur « les trois rapports intitulés Pratique(s), (présence) et 

représentations de l’occitan (ou langue occitane) publiés entre 1994 et 1997 à la suite d’enquêtes 

commanditées par les Conseils Généraux des Pyrénées-Atlantiques [enquête portant seulement sur 

les Pyrénées-Atlantiques gasconophones : P. A. (G)] et des Hautes-Pyrénées et par le Conseil 

Régional d’Aquitaine » ainsi que sur l’enquête de Cynthia Arenas (1999) auprès d’une population 

de 100 Béarnais, volontairement « diversifiée mais qui n’a pas été constituée de façon à être 

représentative ». Il a également utilisé ses propres enquêtes et entretiens, principalement en Béarn. 

Comme l’objet de la présente thèse n’est pas principalement d’étudier la vitalité de la langue 

gasconne, mais de lui offrir une graphie aussi pratique que possible, je ne vais pas reprendre ces 

travaux suffisamment récents pour mon propos, mais plutôt exposer les principales conclusions de 

B. Moreux, tout comme lui-même a utilisé ouvertement et avec beaucoup de bienveillance mes 

propres travaux. Mais plutôt que sa communication de 2001, j’en utiliserai ici une version 2002 

préparée pour publication en anglais dans l’International Journal of the Sociology of Language (n° 

169, pp. 25-62), version que l’auteur m’a très aimablement communiquée. 

Voici donc, synthétisés par B. Moreux, les résultats des trois enquêtes commanditées par les 

collectivités territoriales « sur le nom (ou les noms) donné(s) par l’informateur à la (aux) langue(s) 

autres que le français parlées sur le territoire concerné » une fois écartées « les réponses 

inutilisables : basque, langues latines, Ne sait pas, Autres » : 

P.A (G) H.P. Aquitaine 

“patois” 32% 82% 55% 

“béarnais” 52% 12% 

“occitan” ou “langue d’oc” (*) 10% 8% 27% 

“gascon” 7% 2% 5% 

« * Langue d’oc, moins chargé idéologiquement, est aussi moins fréquemment cité 

qu’occitan. 

« Les conditions de l’enquête favorisaient indûment la mention de l’occitan dans les 

deux premiers sondages cités : la question portant sur la dénomination de la langue par les


sondés n’était posée que dans le dernier quart de ces trois questionnaires; dans les 

questions antérieures, la langue était nommée par l’enquêteur lui-même : occitan. Dans les 

Hautes-Pyrénées au contraire, “l’appellation de la langue régionale a été laissée au choix 

de la personne questionnée”; c’est justement dans cette enquête que le pourcentage de 

mentions de l’occitan est le plus faible. » 

B. Moreux en fait alors un commentaire où je prends l’essentiel de ce qui suit : 

Pour le Béarnais, nommer sa langue béarnais est une façon d’affirmer sa fierté identitaire, 

appuyée sur l’histoire exceptionnelle de cette petite seigneurie du domaine gascon, devenue 

principauté indépendante et tête du royaume de Navarre (cf. p. 37). Cette branche du gascon fut 

ainsi la langue d’un État et son nom de béarnais est aussi bien utilisé par des non-béarnophones du 

Béarn que par des habitants du reste de la Gascogne. M. Grosclaude attestait lui-même sans 

ambages l’appellation de « langue béarnaise » pour le gascon du Béarn (voir plus haut, p. 26). On 

peut en dire autant du nom d’aranais par lequel les habitants du val d’Aran désignent leur gascon 

(cf. p. 45). 

patois, en revanche, passe plutôt pour dépréciatif, et s’il a une valeur identitaire, c’est celle 

d’une population paysanne modeste, âgée et restée à l’écart de la modernisation. Mais depuis 

quelques décennies, les humiliations subies autrefois se transmutent en nostalgie, voire en motif de 

fierté et de revanche, de telle façon que bien des Béarnais n’hésitent pas à dire qu’ils parlent patois. 

J’ajouterai même deux exemples de cette valorisation récente du mot patois, comme si l’on 

voulait faire la nique aux doctrinaires de la langue : le premier vient du candidat UDF pour la 3 ème 

circonscription des Pyrénées-Atlantiques, Michel Bernos, présenté sous le titre « L’énarque qui parle 

patois » (L’Éclair du 16 mai 2002) et revendiquant à nouveau cette qualité dans une fiche publiée le 

6 juin; le second, c’est l’annonce de l’« Arrivée d’un curé béarnais » à Pontacq, précisant qu’il « a 

vécu sa jeunesse à Salies-de-Béarn. C’est dire s’il connait bien le patois et les gens du pays. » 

(L’Éclair du 16 octobre 2002). 

Et pour confirmer le pourcentage élevé de « patois » dans les Hautes-Pyrénées, ce témoignage 

du Président de l’association occitaniste Nosauts de Bigòrra (cf. p. 80), Michel Pujol (2001) : 

« Nous sommes près du marché [de Tarbes], comme chaque jeudi, ils sont venus 

vendre quelque volaille, et ils bavardent tant et plus en « patois » (c’est ainsi qu’ils disent, 

bien sûr ! « occitan » leur semble autre chose, si par hasard ils en ont entendu parler). » 

Pour le (socio)linguiste, les termes béarnais et patois se justifient donc par l’usage qu’en font 

les locuteurs eux-mêmes. 

Mais le linguiste “pur” leur préfèrera le terme gascon; construit à partir de la comparaison 

interne des différents parlers romans, ce concept bénéficie en effet de la caution de la communauté 

linguistique. Il est aussi l’objet de sentiments identitaires, mais à peu près uniquement, semble-t-il 

de la part de lettrés, philologues et linguistes, surtout non Béarnais (Puyau 1989, pp. 90, 102-104). 

Cependant, comme domaine linguistique du gascon, la Gascogne souffre de sa division en 

pays divers aux dimensions fluctuantes au cours des siècles, d’une absence de capitale véritable et 

de son partage en deux régions de la République où chaque moitié est associée à des pays nongascons. 

Elle est donc largement absente de la conscience collective. 

S’appuyant souvent sur le concept de langue gasconne, des mouvements tendent aujourd’hui 

à rendre la Gascogne plus populaire, lui cherchent un drapeau, en affichent les cartes, tantôt dans le 

cadre de l’occitanisme, tantôt en réaction contre lui. Mais cela reste surtout le fait d’intellectuels.


Quoi qu’il en soit, le gascon, qui ne gêne personne, ne suscite que des réactions positives… 

mais peu de militants; au contraire, l’occitan est porteur d’une très forte charge affective : positive 

bien sûr chez la minorité occitaniste qui sait fort bien utiliser les médias, mais négative chez la très 

grande majorité des gasconophones que la médiatisation occitaniste irrite le plus souvent, comme 

c’est le cas en Béarn. Mais tout cela reste très marginal, comme l’est l’intérêt porté aux langues 

d’oc, en Gascogne comme ailleurs. 

Quelques exemples pris sur le vif 

Pour illustrer ces conclusions, voici par exemple un article de L’Éclair du 30 mai 2000 : en 

présentant un marchand forain d’articles de ménage à l’enseigne Marcat de nouste {marché de chez 

nous}, un journaliste anonyme écrit « Retour aux sources ou mode nouvelle ? Occitan imposé ou 

béarnais préservé, étal aseptisé, loi imposée, européanisée ou étatisée, souhaitons que nos bons 

marchés de campagne aient la possibilité d’exister […] »; pour qui lit entre les lignes, l’occitan 

n’est pas vu comme libérateur, mais rangé avec les facteurs d’unification imposée de l’extérieur… 

On trouvera une autre manifestation de l’extranéité de l’occitan dans l’encadré de la p. 81 et 

spécialement dans la photo de droite illustrant un article sur l’action occitaniste auprès des 

candidats à l’élection présidentielle. En tout cas, l’absence totale des langues de France dans le 

débat électoral et le score ridicule des candidats occitanistes aux législatives montrent bien que ces 

combats sont hors des préoccupations des gens du pays. 

Dans Le Monde du 24 aout 2000, Jean-Paul Besset, correspondant régional à Toulouse, 

donnait largement et exclusivement la parole à Jean Vilotte, secrétaire général du Parti occitan, et à 

Philippe Carbonne, professeur de mathématiques à l’Université de Toulouse-Le Mirail et alors 

président de l’I.E.O. Avec de tels informateurs, le journaliste pouvait définir l’Occitanie « par une 

langue encore vivace, malgré son éclatement en dialectes différents que 2 millions de personnes 

parlent couramment et que 6 millions d’autres comprennent, ainsi que par une longue et 

prestigieuse histoire que la littérature des troubadours porta à son apogée. » Mais les enquêtes 

scientifiques (cf. notamment pp. 59-60) ruinent ces affirmations exaltées; il n’est donc pas 

surprenant que le journaliste s’étonne qu’ « excepté quelques résurgences folkloriques et les fortes 

convictions d’une poignée de militants, d’enseignants (on compte une vingtaine d’écoles en langue 

d’oc, les calendrettes) et d’artistes, rien ne semble fédérer cet espace de 13 millions d’habitants. » 

Et de rapporter l’aveu lucide des occitanistes « Le drame de l’Occitanie, c’est que les Occitans ne 

se savent pas occitans et ne ressentent pas une communauté de destin ». 

Je puis ajouter ici mon témoignage personnel : combien de fois n’ai-je pas entendu des 

Béarnais rejeter comme “occitan” du béarnais parlé par des “néo-locuteurs”; ceux-ci, formés par 

des enseignants acquis aux idées occitanistes ou simplement influencés inconsciemment par elles, 

truffent la langue d’archaïsmes ou de néologismes fabriqués par quelques militants pour échapper 

au modèle français prégnant dans la langue vivante; de telle sorte que “occitan” est toujours senti 

comme non-béarnais; la conversation enregistrée en Annexe VII en est un amusant témoignage. Et 

les mieux informés sont pour le moins réticents, quand ce n’est pas fortement hostiles, à l’égard de 

tout ce qui est “étiqueté” occitan, en raison même des visées annexionnistes et unificatrices des plus 

en vue des occitanistes, essentiellement Languedociens.


Même en Val d’Aran… 

Je complèterai les données rapportées par B. Moreux par le cas du Val d’Aran, ce petit 

territoire du nord des Pyrénées où nait la Garonne et que l’Histoire a rattaché à l’Espagne; la langue 

autochtone est gasconne et, mis à part ses nombreux catalanismes et même castillanismes, elle est 

fondamentalement identique à celle du Haut-Comminges français qu’aucun obstacle ne sépare de 

l’Aran. Pour une population de l’ordre de 6 000 habitants, un recensement linguistique officiel de 

1984 permettait à A. Viaut d’évaluer à 79,1 %, donc quelque 4 700 personnes, celles « qui au 

moins comprennent ou parlent le gascon » (Viaut, 1987, p. 56). Profitant du climat politique 

favorable d’après la mort de Franco, les Aranais ont obtenu la reconnaissance officielle de leur 

langue, ce qui leur vaut toutes les attentions des occitanistes de France. Mais le décret du 14 janvier 

1983 du Président de la Généralité de Catalogne qui en définit la graphie la nomme aranais (cf. p. 

158); tout juste son préambule en évoque-t-il la parenté linguistique dans une formule 

particulièrement prudente : « filiation de l’aranais dans la branche gasconne de la famille 

linguistique occitane ». Il est patent en tout cas que toutes les publications sur la langue ne la 

nomment qu’aranais ou à la rigueur « aranés (occitan) », comme le Petit diccionari évoqué plus 

haut, p. 45, et que, pratiquement, occitan et encore plus gascon sont passés à la trappe. Les Aranais 

n’ont donc rien à envier aux Béarnais pour ce qui est de la fierté identitaire. 

V – Et le regard des autres ? 

Mais cette fierté est-elle du gout de tout le monde ? Commentant les fortes oppositions 

auxquelles s’est heurté le projet gouvernemental de ratification de la Charte européenne des 

langues régionales ou minoritaires, J. Sibille (2000-2, p. 105) cite une interview de François 

Bayrou, après qu’aient pris fin ses fonctions de ministre de l’Éducation nationale (François 

Bayrou : le bilan de quatre années de gouvernement, La Setmana, n° 125, 23 octobre 1997). 

Béarnais fils de paysan qui ne cache pas ses origines, F. Bayrou a gardé de son enfance un certain 

attachement à la langue de ses pères qu’il pratique à l’occasion et de ses années d’études à 

Bordeaux quelque chose des idées occitanistes qui y étaient de mode à l’époque (il avait 17 ans en 

1968, et l’occitanisme “surfa” un temps sur les idées de 1968). Or sa volonté d’action de ministre 

en faveur des langues régionales s’est heurtée à une grande incompréhension : 

« — F.B. : Dans cette affaire de langue, nous avons à lutter contre des résistances 

psychologiques et peut-être aussi psychanalytiques, inconscientes. Certains ne supportent 

pas l’évocation de la défense des langues et des cultures de France. — La Setmana : 

Balladur ne comprenait pas que vous soyez béarnais, occitan ? — F.B. : Non, il ne le 

comprenait pas. […] Mais à Paris, en général, on ne le supporte pas. L’idée que l’autre 

puisse avoir deux langues alors qu’on n’en a qu’une, qu’il puisse réclamer le privilège de 

deux cultures, alors qu’on n’en a qu’une, fait naître des sentiments d’une violence que j’ai 

rarement vue. C’est la seule fois de ma vie que j’ai failli claquer la porte au nez de mon 

chef de gouvernement. Et aussi de son entourage : conseillers d’État, conseillers 

techniques et d’autres ministres, et non des moindres. […] Ce n’était que mépris, un 

mépris d’une violence que je n’avais encore jamais ressentie. Et il a fallu que je m’énerve 

vraiment pour que cela cesse. » 

À cela, je mettrai cependant une double atténuation : 

D’une part, le mépris ou l’ironie des “Parisiens” et autres “Français du Nord” à l’égard des 

“Français du Midi” n’est le fait que d’une faible minorité que je me dispenserai de qualifier. Vivant 

depuis une quarantaine d’années en région parisienne, je n’ai moi-même jamais souffert du regard 

des autres, sans pour autant abandonner mon accent ni, l’hiver, mon béret. Mais mieux vaut sans


doute le témoignage d’autrui, un lecteur de Per noste qui avait été choqué par un dessin de 

couverture de la revue qui caricaturait méchamment des “Parisiens” venus en Béarn : 

« Faut tout de même pas prendre les touristes pour des idiots ! J’ai habité par force 

Paris pendant cinq ans et jamais je n’ai entendu une phrase aussi désobligeante [que celle 

prêtée aux touristes par le dessinateur] à mon égard et Dieu sait si mon accent paraissait 

marqué ! Depuis huit mois je côtoie journellement plusieurs personnes du style que vous 

paraphrasez et là aussi, jamais une quelconque allusion à mon appartenance gasconne. » 

« Nous n’avons pas le droit de sous-estimer les autres et nous n’avons pas la primeur 

de la vérité. Ce n’est pas avec de tels propos que vous ferez gagner cette fameuse 

“conscience occitane”, bien au contraire ! Élevez les débats. Ne vous trompez pas 

d’adversaire. » (Roland Estrem, Per noste n° 56, 9-10/1976, p. 2) 

D’autre part, en sens inverse, l’incompréhension à l’égard de ceux qui ne sont pas des 

“Occitans” monolithiques existe aussi en pays d’Oc. En voici deux exemples : 

À la suite d’un « Stage occitan » organisé à Orthez en mars 1975, « Un groupe de Stagiaires 

Béarnais » réagissait à l’attitude de certains occitanistes, peu soucieux de traiter les autres comme 

ils auraient voulu être traités eux-mêmes (P.N. 12, 5-6/1975, p. 3) : 

« Dans l’atmosphère générale de ces quelques journées, nous avons constaté un 

racisme latent à l’égard des Français, à savoir : les réactions des Stagiaires à certaines 

répliques et allusions (dans les pièces de théâtre, saynettes, histoires). C’est hélas, 

l’impression que nous ont laissée certains applaudissements ! Nous tenons aussi a signaler 

un incident survenu un soir au café : des jeunes extérieurs au stage, Orthéziens peut-être, 

ont chanté avec nous, puis seuls en Français, Basque ou Espagnol et cela sous le regard 

désapprobateur de certains stagiaires fiers de leur vérité occitane. Autre élément choquant : 

à l’entrée du Lycée était affiché une ironique, mais non moins dangereuse pancarte : 

“Estatgi occitan, aciu se parla Occitan, tà los que parlan Francés, un tiquet de vergonha !” 

{Stage occitan, ici, on parle Occitan; pour ceux qui parlent Français, un ticket de honte !}. 

Faut-il systématiquement un bouc émissaire, en l’occurrence le Français, pour se dire 

Occitan ! ? 

Autre exemple, que j’ai vécu. Le 26 septembre 1997 se célébrait au Zénith de Pau une “grand 

messe” autour d’un projet « Béarn XXI e siècle ». Sur la scène, l’ancien ministre socialiste André 

Labarrère, maire de Pau, et François Bayrou, ministre en exercice. Ambiance conviviale, « Mon 

cher François » par ci, « Mon cher André » par là. Et voilà que les pistes d’actions pour le XXI e s. 

semblaient avoir oublié celles en faveur de l’“occitan”. D’où une certaine impatience de la part de 

quelques militants, un peu perdus dans une foule très nombreuses; et l’un d’eux, Béarnais sincère 

mais peut-être trop “endoctriné”, demande la parole et une fois muni du micro, interpelle en béarnais 

les deux hommes politiques. Bien sûr, l’un et l’autre comprennent parfaitement, mais pas la 

foule, qui soudain se met à crier au militant « En français ! en français ! »; et malheureusement, au 

lieu de s’en tirer par quelque trait d’esprit bien béarnais qui détend l’atmosphère, le militant persiste. 

Inutile de dire que ce jour-là, la cause de la langue du pays n’a pas gagné beaucoup de soutiens. 

De même, il existe à Pau, fournie par la ville depuis 1980, une villa mise à la disposition 

d’une association d’obédience occitaniste, l’Ostau biarnés, la “maison béarnaise”. Toutes les 

inscriptions murales y sont en béarnais écrit en graphie classique, de telle sorte que les nonbéarnophones 

s’y sentent étrangers, et même les béarnophones non initiés à la graphie classique; 

j’en ai eu plusieurs fois des échos, et cela aussi ne plaide pas en faveur de cette langue, alors que les 

mêmes occitanistes revendiquent une signalisation routière et urbaine bilingue ! 

Car, s’il n’y a probablement plus un seul “autochtone” qui ne sache lire et comprendre la signalétique 

en français, c’est au contraire la majorité, surtout dans les villes, qui, malheureusement, 

ne comprend plus la langue gasconne et béarnaise. C’est ce que nous allons voir maintenant.

Chapitre II 

La pratique de la langue par les Gascons et Béarnais 

I – Du Moyen âge au milieu du XX e siècle 

La grande poétesse bigourdane Philadelphe de Gerde porta jusqu’à la mort le deuil de la 

défaite de Muret, symbole de la conquête française des Terres d’oc, et l’Occitanisme a propagé le 

thème de l’effacement de la « langue d’oc » à cause de cette conquête. Alibert en a une idée plus 

réaliste quand il note qu’« il fallut la Croisade (albigeoise) pour empêcher la constitution d’un État 

occitan ébauché parallèlement à Barcelone et à Toulouse » (1966, XII), idée reprise par Patrick 

Sauzet au Cercle de minuit, France 2, nuit du 3 au 4 avril 1996 : « La Croisade a ruiné ce qui avait 

des chances d’être un état à peu près au centre du domaine occitan. […] L’occitan a été écrasé par 

la construction d’une autre langue; le français s’est construit d’abord comme symbole du pouvoir 

royal, puis comme instrument de ce pouvoir, avant d’être d’une pratique générale. ». Mais rien ne 

dit que l’État “occitan” avorté n’aurait pas été d’abord catalan… et catalanophone, puis du fait des 

vicissitudes de l’histoire, finalement espagnol et castillanophone; on ne refait pas l’Histoire ! 

Quoi qu’il en soit, en Gascogne, si « le Roi, notre seigneur » était à Londres jusqu’en 1453… 

et parlait français, il administrait cette terre en latin et en gascon, au point qu’il est vraisemblable 

que le mot anglais judge ainsi orthographié (contre village pris au français) est le mot gascon 

emprunté à Bordeaux… 

En Béarn, petit état dont le vicomte souverain était devenu roi de Navarre, le béarnais était 

langue d’état, comme on l’a vu p. 37, et la décision des souverains en date du 24 juillet 1556 fut 

reprise dans le Stil de la justicy deu Païs de Bearn publié en 1564; la Rubrique XXVII Judges, 

Advocats, Notaris précise en effet, à l’art. IV : « Et feran losdits Advocats lors requisitions & pleiteyats 

en lengadge vulgar & dèu present Païs, tant de palaure que per escriut, saub en las allegations 

& rasons de drect, sus losquoaux pleyteyats sera bailhat aussi per lo Judge l’appuntement 

requis tant en l’Audience que fore dequere en lo medixs lengadge. » 8 . Le français ne fut substitué 

au béarnais que par l’Édit d’annexion de Louis XIII, signé à Fontainebleau en octobre 1620 : 

« Voulons, en outre et ordonnons que les Ordonnances, Arrêts et Procédures de notre dite Cour de 

Parlement soient faits et expédiés en langage François. » Cependant, le Roi maintenait les « Fors, 

Franchises, Libertés, Privilèges et Droits appartenant à nos Sujets dudit Royaume et Pays de Béarn, 

que Nous voulons leur être inviolablement gardés et entretenus. » Ainsi s’expliquent plusieurs 

réimpressions avec « privilegi deu Rey, Senhor souviran » de Los Fors et Costumas de Bearn écrits 

en béarnais et leur maintien en vigueur jusqu’à la fameuse nuit du 4 aout 1789. 

Quant au peuple, il parlait gascon (ou béarnais) dans la vie de tous les jours, quand les techniques 

de production ne changeaient guère, l’enseignement était peu répandu et les déplacements 

rares, en dehors des exils souvent définitifs de ceux qui allaient chercher fortune ailleurs. 

Cependant, les élites se mirent aussi au français, tout en conservant l’usage du gascon avec 

leurs voisins et domestiques, voire pour taquiner la Muse. Ainsi, on a vu p. 37 que l’avocat Pierre 

Hourcastrémé avait introduit neuf poésies béarnaises dans ses mélanges philosophiques publiés en 

1792 et réédités en 1794-96. 

8 « Et lesdits Avocats feront leurs requêtes et plaidoiries en langage vulgaire et du présent Pays, tant en paroles que par 

écrit, sauf dans les allégations et raisons de droit, sur lesquelles plaidoiries sera donné aussi par le Juge le jugement 

requis tant en l’Audience qu’en dehors d’elle, dans le même langage. » L’exception stipulée signifie vraisemblablement 

qu’on admettait l’énoncé en latin des axiomes juridiques du droit romain.


Mais à la fin du siècle des lumières, la Révolution française invente la nation française identifiée 

à la population de la République, une et indivisible comme celle-ci; le français parlé par tous 

les ténors de la Révolution doit être la langue de tous les républicains tandis que « le fédéralisme 

et la superstition parlent bas breton;[…] le fanatisme parle le basque » comme nous le savons bien 

depuis le rapport du Bigourdan Bertrand Barère de Vieuzac (de Certeau et autres, 1975, p. 326). 

L’école publique mènera logiquement l’affaire jusqu’au bout, aidée par la révolution industrielle, 

puis par les Guerres de 14-18 et encore plus de 39-45, qui vident la campagne : la modernité, 

représentée par l’électricité, l’eau au robinet, puis les tracteurs, les engrais et tout le machinisme 

agricole etc. parlent français — voire anglais d’Amérique (cf. les machines Mc Cormick) —, tandis 

que les autres langues sont des patois honteux 9 . 

C’est pourtant un thème classique chez les félibres et les occitanistes que la langue, que les 

oracles annonçaient comme moribonde depuis des siècles, se parle toujours en ce début du XXI e 

siècle. Oui ! Mais par quelles personnes, et combien sont-elles ? 

Des témoignages 

II – Qui parle encore gascon ? 

Commençons par ceux d’auteurs peu suspects d’hostilité envers les langues d’oc : 

Roger Lapassade (1975-1, p. 66); un Béarnais rentre d’Amérique : 

« Un garçonnet de sept ou huit ans, un petit sac noir sur le dos, venait à ma rencontre. 

« – Mignon, connais-tu Émilie de Céserette ? lui dis-je [en béarnais]. Le gamin 

devint rouge jusqu’à la pointe des oreilles et ne répondit pas. 

« – Émilie, tu sais, la couturière ! Il me regardait interdit sans remuer les lèvres. Il 

avait pourtant la mine intelligente, ce petit, et je ne m’expliquais pas pourquoi il demeurait 

muet. 

« J’en étais là quand le facteur passa sur son vélomoteur. Je l’arrêtai d’un geste de la 

main. 

« – S’il vous plait, pourriez-vous me dire où est Émilie ? Ce gamin, quand je le lui ai 

demandé, n’a pas desserré les lèvres. 

« – Ça ne m’étonne pas du tout, il ne connait pas le béarnais. 

« – Ah ! Il est Parisien ? 

« – Non ! C’est Jean de Tachoires, vous savez, Tachoires, sur le coteau des vairons. 

« – Mais je suis en Béarn ou au Canada ? 

« – Ne vous étonnez pas, la jeunesse d’aujourd’hui ne sait plus le béarnais. 

« Le petit Jan, la tête haute, rassuré, nous écoutait. 

« – Tu n’as pas compris ce que t’a dit l’Américain ? Tu n’es pourtant pas bête ! 

« – Non, je ne sais pas l’américain, répliqua-t-il. 

« – Mais, couillon de la lune, c’est du béarnais, comme parlent papa et maman quand 

tu es à l’école. 

« – Ah ! c’est du patois ! 

« Maintenant, je comprenais. Nous étions en 1972 10 . Le monde avait changé et ma 

pauvre langue s’en allait par morceaux. » 

p. 120 : « Le curé, né à Aubertin, refusait de faire chanter en béarnais : 

« – Nous avons abandonné le latin, ce n’est pas pour revenir au gascon ! 

« L’instituteur, lui non plus, n’a que faire de l’occitan. Il fait de la spéléo et le 

dessous de la terre lui plait plus que le dessus. Le facteur des P.T.T. lui, était fâché avec la 

9 Concernant le Médoc, on se reportera avec fruit à A. Viaut, 1992, pp. 28-33. 

10 Plus de trente ans après, Jean de Tachoires doit être papa; peut-on croire qu’il parle béarnais à sa femme, pendant que 

le petit est à l’école ?


nouvelle graphie : 

« – Moi, elle m’estomaque ! Jamais je ne pourrai me la mettre dans la tête. » 

Michel Pujol, président de Nosauts de Bigòrra (I.E.O.-Hautes-Pyrénées) – (2003) : 

« Claude Marti [chanteur occitaniste célèbre des années 1970] lui-même est venu en 

Bigorre, à la demande d’une association que veut tisser des liens entre les générations, et 

l’a chargé de recueillir la mémoire de quartiers populaires de Tarbes et des environs. Ce 

projet a donné un joli petit livre « Paroles d’ici », avec des témoignages émouvants et 

intéressants, mais… en langue française, avec bien peu de courtes citations en gascon. 

L’auteur, qui a tant fait pour la langue, explique qu’ici, il n’a pas pu faire autrement… quel 

crève-cœur ! Le sujet se prêtait à l’emploi de la langue, l’auteur était un héros de la langue, 

mais les lecteurs éventuels n’auraient pas su lire, et aussi les personnes interrogées ne se 

souciaient pas de la langue ou l’avaient oubliée. Et le héros devait gagner sa vie… 

« Et aujourd’hui, nous devons réfléchir à deux fois avant de redire : “Parle occitan, tu 

gagneras ta vie !” » 

Dans les milieux félibréens ou occitanistes eux-mêmes, chez ceux qui paient les cotisations, il 

n’est pas sûr qu’on en compte un sur dix qui puisse tenir une conversation ordinaire en un dialecte 

quelconque : 

Gilbert Narioo (1988) : 

« La grande déception de nos amis catalans, c’est de voir tant d’occitanistes qui 

tergiversent : deux mots en occitan, dix en français, comme quelqu’un qui ne sait pas ce 

qu’il veut, comme pour se moquer de lui-même. 

« C’est chose rare comme le merle blanc une réunion occitaniste où l’on parle oc 

d’un bout à l’autre. On peut même trouver des gens qui militent pendant des années sans 

jamais dire un mot en notre langue… S’ils avaient toujours entendu parler occitan sans 

tergiverser par leurs amis qui savent, ils s’y seraient mis ! 

« Nous connaissons tous des professeurs d’occitan enflammés mais qui font les cours 

en français, qui vous parlent toujours en français, qui n’ont jamais parlé occitan chez eux à 

leurs enfants : tergiverseurs ! […] 

« Nous ne pouvons pas attendre de l’État qu’il nous oblige à parler notre langue. 

Nous devons d’abord la parler nous-mêmes. […] » 

Et de là à parler en oc couramment chez soi, à transmettre la langue aux enfants, à voir ceuxci 

continuer à la parler une fois passés par les écoles et l’université… les obstacles sont immenses. 

À commencer par le fait que pour parler dans une langue, il faut être au moins deux qui la parlent et 

la comprennent… et surtout qui veuillent l’employer. Jadis, c’était facile, quand les couples se 

formaient entre voisins; ainsi les héros d’une nouvelle béarnaise : « Je suis fils de paysans, elle 

aussi… Nous croyons au même Dieu… Nous parlons la même langue… Tous deux nous sommes 

riverains du même gave… » (Yulien de Caseboune, Esprabes d’amou, 1926). Mais aujourd’hui… 

On pourra lire en Annexe VIII le témoignage d’un de mes amis très proches, Marc Cazalets, né en 

1929. Et dans le même sens, ci-après, d’autres, parallèles, pris en pays d’oc hors de Gascogne : 

Patric Choffrut-Faure (1996), qui fut Président de l’I.E.O. de 1980 à 1981 : 

« Mon garçon habite en Allemagne avec sa mère et parle couramment, outre le 

français et l’allemand, la langue anglaise, puisque c’est celle que nous parlons chez nous, 

ma femme étant citoyenne nord-américaine. [Le fils, Vincent, passionné d’alpinisme] 

s’était arrêté pour une nuit à l’auberge de Seguin, chez Pessemesse. Quand il vit le nom du 

jeune, Pierre Pessemesse alla directement vers lui pour lui parler, et naturellement Vincent 

n’y comprit pas un mot. De cette affaire, nous en sommes sortis mortifiés tout les trois, 

Pessemesse, de ce que le fils de Choffrut ne savait pas parler l’oc, Vincent, qui avait 

depuis longtemps refusé de répondre en oc quand je voulais lui parler, et moi, qui n’ai pas 

été capable de réussir le passage de notre langue. […]


« Entre deux personnes, on parle toujours dans la langue la plus connue, et quand le 

pli est pris, c’est quasiment impossible de changer. Maintenant que les occitanophones 

sont devenus rares, le français est “naturellement” l’idiome commun. […] 

« En plus de cela, il y a des langues qu’on peut se permettre de dire à voix haute dans 

un lieu public comme l’anglais, et il faut un drôle de courage pour parler en oc. Je parle 

anglais avec ma femme dans le Leclerc d’Avignon, et il m’est difficile de parler français 

dans un “Target” de Minneapolis… » 

Guiu Garnier – Bilingüisme… (1996, p. 4) : 

[Pour la génération du grand-père puis de la mère de l’auteur, « la langue d’oc était 

leur langue maternelle, naturelle, aussi comme on dit. C’était leur langue de tous les jours, 

celle de la famille, du travail, de la boutique […] » Mais déjà, pour celle de sa mère « en 

dehors de la maison, on la parlait surtout entre adultes. De plus en plus, les petits entre eux, 

avec l’aide de l’école, employaient le français. L’école fonctionnait depuis une vingtaine 

d’années, le français était bien maitrisé à l’oral comme à l’écrit. Mais aussi la langue d’oc 

restait une langue vivante, d’un usage actif. En ce temps-là, ni la langue d’oc, ni le français 

n’étaient des langues passives. Il me semble que c’est le moment, entre les deux guerres, 

où le bilinguisme fut le plus équilibré. Il faut dire cependant que c’est à ce moment que la 

langue d’oc, qui était “sociale”, comme disent les linguistes, devint “individuelle”. C’est le 

temps aussi où, pour des causes qu’il faudrait analyser, la seule explication par l’école 

n’est pas suffisante, que les gens attrapèrent la honte de leur langue. C’est ainsi que les 

gens de cette génération n’ont pas parlé leur langue maternelle à leurs enfants, cela aurait 

compromis leur avenir ! C’est ainsi que ma mère, tout en croyant bien faire, ne m’a pas 

parlé notre langue… » 

J’ai pu constater moi-même le fait suivant : le 15 mars 1997, je participais à Orthez au 

Colloque organisé en l’honneur de Roger Lapassade (cf. p. 44). Des jeunes filles accueillaient les 

participants; pensant bien faire, je leur parlai en béarnais : aucune de celles à qui j’eus affaire ne sut 

me répondre, elles ignoraient toutes la langue de Lapassade… En revanche, le 12 octobre 2003, à la 

fête du maïs de Laas, à 15 km d’Orthez, je me suis adressé directement en béarnais à un paysan 

d’une cinquantaine d’années qui était là, avec une paire de vaches sous le joug, tirant un bros {char 

à deux roues} en démonstration; il m’a répondu tout de go, sans s’étonner de mon vêtement de 

“monsieur de la ville en promenade aux champs” : 

« — E y a encoère moundë qui sabën yugnë ? {Il y a encore des gens qui savent 

mettre le joug ?} 

« — O, coum vedét; e las yulhes que soun naves… » {Oui, comme vous le voyez; et 

les courroies du joug sont neuves.} 

Je mentionne plus loin, p. 208, une publicité du Leclerc d’Orthez de décembre 1990, où 

s’affichaient les noms béarnais d’articles de charcuterie en graphie classique, tout en observant que 

l’expérience ne me semblait pas s’être renouvelée. Il est certain en tout cas que j’ai cherché en vain 

la moindre trace de gascon dans le flot des publicités pour Noël 2003; ou plus exactement, je n’ai 

trouvé que deux mots, magret et pacherenc, mais ils étaient utilisés comme mots français. Ce qui 

nous rappelle au passage qu’une langue s’exporte avec les innovations enviables de ses locuteurs… 

Les enquêtes linguistiques d’avant 1999 

Mais ce ne sont là que des touches impressionnistes sur l’état de la langue. Peut-on aller plus 

loin avec des enquêtes scientifiques ? À la vérité, on a eu surtout pendant très longtemps des 

évaluations d’un grand optimisme émanant des milieux militants (cf. p. 51), évaluations dont J.-P. 

Chambon (2003, pp. 10-11) a fait judicieusement la critique. Et A. Kristol et J. Wüest supposaient 

que « Si les recherches empiriques restent rares, c’est peut-être parce que “la crainte de voir révéler 

une faiblesse de l’usage de l’occitan” est toujours vivace. » Les enquêtes régionales de 1991, 1997


et 1998 ont heureusement marqué « la fin d’un mythe » (Chambon), et plus encore l’enquête 

INSEE-INED annexée au recensement de 1999. Mais d’abord, revenons sur les enquêtes déjà évoquées 

au chapitre précédent et pour lesquelles je m’appuierai encore largement sur B. Moreux : 

L’auteur se réfère d’abord aux enquêtes effectuées en Béarn : selon la revue occitaniste Per 

Noste/Païs Gascons (n° 108, 1985, pp. 8-9), 51 % de locuteurs en Béarn (proportion surévaluée 

pour B. Moreux); Kristol et Wüest, 1985, de 39 (Oloron) à 77 % (Osse en Aspe); B. et C. Moreux 

1989, p. 240, en 1983, 61 % de pratiquants réguliers à Bruges (village des coteaux entre Arudy en 

Ossau et Nay dans la plaine du Gave de Pau) nés en Béarn et de plus de 15 ans. Il y ajoute le 

Couserans et le Haut-Comminges, non couverts par les sondages, mais pour lesquels il dispose de 

quelques données (Couserans, d’après Wüest et Kristol, 1993, pp. 29-139; Haut-Comminges, 

communications personnelles). 

Certes, fait-il remarquer, « Les chiffres donnés ci-dessous doivent être considérés 

comme indicatifs. Le degré de fiabilité de la méthode des quotas utilisée dépend de la pertinence 

des variables retenues (dans le cas présent : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle). 

D’autre part, leur méthodologie, fondée sur l’autoévaluation de personnes 

interrogées dans de brefs entretiens en face-à-face ou par téléphone, est mal adaptée à leur 

objet (Blanchet, 1994). Néanmoins on constate qu’en gros leurs résultats rejoignent ceux 

des enquêtes de terrain. » 

Selon l’enquête diligentée par les Pyrénées-Atlantiques sur les plus de 14 ans, on aurait, pour 

la partie gasconne et béarnaise du département, 14 % des sondés qui déclarent parler bien 

(“locuteurs experts”) et 12 % un peu, soit 26 % de “locuteurs tous niveaux”. 

D’autres enquêtes montrent que ces locuteurs sont presque tous nés en Béarn ou dans les 

départements voisins et parmi les sondés qui déclarent parler au moins un peu “l’occitan”, 88 % ont 

dit l’avoir appris en famille ou avec l’entourage. Mais selon l’INSEE, à peine plus de la moitié des 

plus de 14 ans en 1994 était née en Béarn, l’afflux de population étrangère au Béarn « a été une 

cause mécanique importante (outre ses effets indirects) de la diminution de la proportion de béarnophones 

dans l’ensemble de la population ». 

D’autre part, si l’on ajoute aux “locuteurs tous niveaux” les locuteurs potentiels (B. Moreux) 

ou passifs (Ph. Blanchet), c’est-à-dire « ceux qui disent comprendre mais ne pas parler […], on 

obtient des chiffres qui vont de 36 % à 49 % de la population des plus de 14 ans en Béarn (suivant 

qu’on inclut ou non les personnes qui disent comprendre “un peu” ). » 

Mais évidemment, les variations géographiques sont considérables. Ainsi, selon l’enquête 

de 1997 en Aquitaine (déclarations des sondés) : 

Secteur Comprennent Parlent 

Agglomération bordelaise 11 % 3 % 

Reste de la Gironde 27 % 13 % 

Lot-et-Garonne 42 % 22 % 

Landes 48 % 28 % 

Pyrénées-Atlantiques 41 % 22 % 

Et pour les Hautes-Pyrénées, Haut-Comminges et Couserans 35 % 

B. Moreux signale un même type de variation géographique à l’intérieur des zones ainsi 

distinguées, d’où des situations locales complexes. Par exemple, dans l’agglomération paloise, qui


fournit actuellement presque la moitié de la population totale du Béarn, même si les locuteurs sont 

plus nombreux qu’à Bordeaux, ils sont presque exclusivement âgés de plus de 50 ou 55 ans et sont 

minoritaires même dans cette classe d’âge. « Au contraire, dans la commune d’Arette, située dans 

la partie de la vallée de Barétous la plus éloignée d’Oloron, le béarnais est parlé par presque toutes 

les personnes âgées de plus de 40 ans. Et la compétence passive est quasi-générale dans les zones 

rurales. 

B. Moreux rappelle alors l’évolution générale au cours du XX e s de la société française, et de 

sa part rurale principalement, phénomène bien connu : « La société agraire a plus changé de 1950 à 

1980 qu’au cours des cinq siècles précédents. » (Bertrand Hervieu, sociologue du monde rural, 

Président de l’Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.), interviewé à l’occasion du 

Salon de l’Agriculture, Pèlerin Magazine, n° 6723 du 21 février 2003). 

B. Moreux y voit avec raison une cause déterminante dans le recul du gascon et du béarnais, 

et plus encore dans la fin de sa transmission familiale, d’où le constat de R. Lafont (2000) : « Les 

langues et cultures régionales […] leur transmission familiale s’est arrêtée vers 1960. » 

B. Moreux parle alors du rôle particulier des femmes dans la transmission de ces langues (cf. 

A. Kristol et J. Wüest, 1985, p. 43), sujet sur lequel je reviendrai, p. 94 : 

« les femmes, qui ne fournissent qu’un gros tiers (36 %) des locuteurs experts 

actuellement dans les Pyrénées-Atlantiques gasconophones (32 % dans les Hautes- 

Pyrénées), ont joué un rôle capital. En effet, paradoxalement, alors que les mères sont 

habituellement les agents déterminants de l’apprentissage de la langue maternelle, elles ont 

été, en Gascogne, les premiers éléments de la cellule familiale à valoriser le français, à 

tenter par leur propre exemple, en collaboration avec l’école, d’en imprégner précocement 

leurs enfants. Ainsi les mères, actives d’ailleurs à tous les niveaux de la modernisation en 

opposition souvent au conservatisme paternel, constituaient un relais de proximité des 

autres facteurs plus diffus de changement, relais d’autant plus efficace qu’il empruntait les 

voies de l’affectivité. » 

B. Moreux fait enfin deux constats, qui ne surprendront personne : les compétences, aussi 

bien passives qu’actives décroissent continument de génération en génération; par exemple, si la 

moitié des plus de 64 ans parle ou seulement comprend plus ou moins la langue, cela n’est plus que 

les 7 % des jeunes entre 15 et 24 ans. Quant aux couches sociales des locuteurs, ce sont 

évidemment les agriculteurs qui sont les plus nombreux, alors qu’étudiants, cadres supérieurs et 

professions libérales sont sous-représentés; et les employés et ouvriers aussi, faute de liens avec le 

monde rural. 

L’enquête INSEE-INED de 1999 (Colette Deguillaume et Éric Amrane, 2002) 

Depuis ont été publiés les résultats de « l’enquête Étude de l’histoire familiale de 

1999 […] conçue avec le concours de l’Institut national d’études démographiques et 

réalisée par l’INSEE. Elle fait l’objet d’une exploitation concertée entre les deux instituts. 

Pour la première fois, elle comportait un volet consacré à la “Transmission familiale des 

langues et parlers”. Les questions concernant cette transmission ont permis d’isoler et d 

étudier les trois grands axes suivants : 

« - d’une part, “l’héritage” de ces langues et parlers différents transmis par nos 

parents, considérés isolément, dans notre enfance, 

« - d’autre part, l’usage que nous-mêmes avons adopté vis à vis de ces langues et 

parlers, avec nos jeunes enfants, 

« - et enfin, notre pratique actuelle avec notre entourage, de ces mêmes langues et 

parlers.


« Ces questionnaires, remplis en même temps que les bulletins du recensement de 

mars 1999, ont concerné 380 000 adultes vivant en métropole, dont les plus âgés sont nés 

avant la guerre de 1914. » 

La présentation des résultats confirme les évaluations précédentes quant aux proportions relatives 

de locuteurs selon les âges, secteurs d’habitat et catégories socioprofessionnelles, mais oblige 

de réviser à la baisse les effectifs globaux, et encore s’agit-il ici aussi des déclarations des sondés. 

L’idéologie occitaniste bien infiltrée dans les administrations fait évidemment appeler 

« occitan » tout ce qui est d’oc, sans égard aux déclarations des intéressés, ni aux enseignements de 

l’histoire sur le gascon (cf. plus haut, p. 37), alors que les “langues régionales” y sont définies, p. 4, 

comme « langues historiquement parlées sur une partie du territoire métropolitain ». Mais ceci dit, 

apparait p. 5 une remarque des plus intéressantes : sur les quelque « 786 000 locuteurs d’occitan en 

France […] Aquitaine et Midi-Pyrénées […] regroupent […] la moitié des locuteurs d’occitan », 

soit quelque 393 000 locuteurs; toutes choses égales par ailleurs, les 13 départements concernés 

auraient donc un taux de locuteurs de moitié supérieur à celui des autres pays d’oc ! Et sur ce total, 

on en compte « 160 600 en Aquitaine précisément, région dans laquelle tout ce qu’on appelle patois 

est assimilé à l’occitan ». On peut néanmoins s’interroger sur l’absence totale du poitevinsaintongeais, 

“patois” non “occitan” du nord de la Gironde. 

J’ai demandé à l’INSEE-Aquitaine et à l’INSEE-Midi-Pyrénées des précisions sur les 

résultats par cantons, mais sans résultat. J’ai donc raisonné sur la population de ces 13 départements 

selon le recensement de 1999, pour essayer de mieux cerner la population qui se dit gasconophone. 

J’ai considéré que le Pays basque, y compris les Basques de Bayonne, représente en gros le tiers 

des Pyrénées-Atlantiques, que les populations d’oïl de la Gironde en représentent le cinquième, que 

le Lot-et-Garonne, le Tarn-et-Garonne et l’Ariège se partagent par moitié entre gascon et 

languedocien, et que la part gasconne de la Haute-Garonne est de l’ordre de celle de l’Ariège, soit 

quelque 70 000 habitants. En répartissant les 160 600 locuteurs d’oc d’Aquitaine et les 232 400 de 

Midi-Pyrénées au prorata de la population d’oc ainsi évaluée, on obtient les chiffres suivants pour 

les locuteurs gascons de plus de 18 ans : 

Gironde 67 450 Ariège 6 250 

Landes 21 460 Gers 15 680 

Lot-et-Garonne 10 000 Haute-Garonne 6 380 

Pyrénées-Atlantiques 26 250 Hautes-Pyrénées 20 240 

Tarn-et-Garonne 9 380 

Aquitaine 125 160 Midi-Pyrénées 57 930 

Total général 183 090 

Bien évidemment, ce n’est là qu’un jeu mathématique, qui ne tient aucun compte de ce qu’on 

sait par ailleurs du faible taux de locuteurs en milieu urbain, alors que les agglomérations de Bordeaux, 

Toulouse, voire Pau, Bayonne… pèsent très lourd sur la population d’ensemble; mais comme 

le degré d’urbanisation est du même ordre dans les deux régions considérées, la répartition de la 

masse de locuteurs donnée par l’INSEE n’a rien de fantaisiste. En revanche, le prorata standard de 

locuteurs d’oc non-gascons calculé pour la Dordogne ne tient pas compte du fait que c’est le premier 

département d’Aquitaine pour la proportion de locuteurs; il est donc au-dessous de la réalité et 

le “reste” de 125 160 locuteurs gascons d’Aquitaine, un peu au-dessus. Néanmoins, le total général 

pour les deux régions, de l’ordre de 180 000 locuteurs gascons de 18 ans et plus, est certainement 

plus proche de la réalité que toutes les évaluations militantes qu’on a pu faire jusqu’ici. Exactement


l’opinion de J.-P. Chambon, 2003. 

Le texte de synthèse de la p. 5 de Le Quatre pages - INSEE Aquitaine n° 110 souligne qu’un 

quart de ces locuteurs est agriculteur ou ancien agriculteur et que « les deux tiers d’entre eux ont au 

moins 65 ans ». Et de poursuivre : 

« Pourtant chez les générations des moins de 35 ans, la tendance à la baisse s’est, 

semble-t-il, stabilisée et la proportion de locuteurs pour ces âges, à partir de 18 ans, se 

maintient à un peu plus de 2 %. 

« Ces chiffres, pour encourageants qu’ils soient, ne sont pourtant pas le fruit de la 

transmission par les parents, puisque contrairement à ce qui se passe pour le basque, la 

transmission par les parents aux enfants se révèle être très faible, inférieure à 1 %, qu’elle 

soit occasionnelle et encore plus habituelle. » 

Quant à J.-P. Chambon (2003) déjà cité, après avoir rappelé les exagérations passées et les premières 

enquêtes régionales (1991, 1997, 1998), il s’attache surtout à l’enquête INSEE et conclut : 

« Le noyau des usagers habituels de la langue occitane semble pouvoir être évalué 

aujourd’hui à un demi-million de personnes environ. Certes, ce chiffre ne doit pas être 

confondu avec celui des locuteurs compétents (on ne dispose pas, à notre connaissance, 

d’estimation fondée à cet égard) : le cas de locuteurs compétents mais non habituels de 

l’occitan n’est, en effet, pas exceptionnel. Il est néanmoins significatif de l’ordre de 

grandeur du noyau de la communauté occitanophone actuelle (environ un trentième de la 

population du domaine). Les enquêtes régionales font également attendre un chiffre global 

assez élevé de semi-locuteurs. Quoi qu’il en soit, il convient d’abandonner définitivement 

les estimations hautes, non seulement celle de 12 millions, qui se situe entièrement en 

déprise de réalité pour les raisons que nous avons évoquées plus haut, mais aussi celles qui 

supputaient encore récemment 2 à 4 millions de locuteurs […]. Toute réserve faite sur le 

premier chiffre (en raison de la méthode de calcul très hypothétique), on peut néanmoins 

estimer, pour fixer les idées, qu’en deux siècles, le nombre de locuteurs de l’occitan est 

passé de 8 millions environ (?) à 500 000 environ. Au cours du 20e siècle, on a assisté à ce 

qui semble bien être une extinction progressive de la transmission familiale de la langue. » 

D’où la réflexion de Patrick Sauzet au Cercle de minuit, déjà cité : 

« […] Actuellement, il y a une langue qui est en train de disparaitre. La transmission 

naturelle aujourd’hui arrive vraiment à son terme. On s’en émeut si peu… Basque, breton, 

catalan, occitan… sont au point de disparaitre peut-être, malgré les efforts de ceux qui 

produisent, qui écrivent, créent, parlent, chantent. » 

À présent, comme au chapitre précédent, je complète ce qui précède par ce que l’on sait de la 

pratique de l’aranais, que sa reconnaissance officielle par l’Espagne érige pourtant en modèle pour 

les militants occitanistes : 

Jusèp Loís Sans Socasau (1995) : 

« […] Quand ces jeunes aranais ont à s’adresser à un étranger au Val d’Aran ils le 

font à 80 % en castillan, 11 % le feraient en aranais et 9 % en catalan. Si on leur présente 

un écrit dans les trois langues usuelles en Aran (castillan, catalan et aranais), 35 % la 

liraient en aranais et 55 % en castillan. À la fin d’un jour normal 65 % des jeunes 

reconnaissent que la langue qu’ils ont le plus utilisée est le castillan (21 %, l’aranais) et 

44 % des jeunes de 15 à 18 ans qui vivent en Aran disent qu’ils n’utilisent pratiquement 

l’aranais pour rien. […] 

« 77 % des aranais de 15 à 18 ans pensent qu’il faut pousser davantage l’emploi de 

l’aranais, mais ce sentiment ne se traduit pas par une attitude active. Dans l’enquête citée 

plus haut de la Généralité de Catalogne, 100 % des jeunes de 11 à 20 ans estimaient que la 

langue qu’ils aimeraient que tout le mode parle est l’aranais. […] 

« 64 % des jeunes ont clairement perçu que l’aranais s’utilise de moins en moins. 

[…]


« Et en face de tout cela, il faut rappeler au lecteur peu informé que la langue 

occitane est officielle en Aran, qu’on l’enseigne obligatoirement dans les écoles au moins 

deux heures par semaine et qu’il existe tout un ensemble de mesures protectionnistes très 

importantes d’un point de vue quantitatif, rapporté au nombre d’habitants. » 

III – De quoi parle-t-on en gascon ? 

On l’a déjà fait remarquer, les réponses aux enquêtes relèvent toutes de l’auto-évaluation. En 

outre, quand on dit parler couramment patois, béarnais ou gascon, cela n’a certainement pas la 

même signification que quand on dit parler français. Même pour les locuteurs habituels, cela se 

limite à quelques mots de salutations, des banalités sur le temps qu’il fait, la santé, les activités 

domestiques ou agricoles… 

À cet égard, me parait particulièrement significatif un dépliant publié en novembre 2004 par 

la Région Aquitaine et le Rectorat de Bordeaux pour inciter les élèves de 3 ème à choisir au lycée les 

options de basque et d’« occitan ». On y trouve en effet trois témoignages de jeunes sur chacune de 

ces langues; renvoyant à plus tard (p. 72 et en Annexe IX) une réflexion sur l’« occitan » des 

témoignages « occitans », je voudrais montrer ici le contraste entre les Basques et les « Occitans ». 

Deux des Basques parlent de l’intérêt professionnel de leur connaissance du basque, l’un 

parce que son entreprise « a des marchés avec la communauté autonome basque et la Navarre », 

l’autre parce qu’elle lui a permis de « faire un stage au sein d’une télévision basque », tout en 

mettant en premier le fait qu’il se sent basque, que c’est son identité; le troisième témoignage est 

d’une maman qui, venue de Nantes, a placé sa fille en classe bilingue « pour qu’elle s’intègre 

mieux à la région. » 

Du côté « occitan », les témoignages reproduits en Annexe IX sont chacun dans l’une des 

trois langues d’oc qui peuvent être présentées au baccalauréat dans la région (cf. les arrêtés cités p. 

33) : gascon, languedocien et limousin; mais curieusement, il n’en est rien dit. Le gascon est d’une 

étudiante, très probablement gasconne, qui se réfère à la langue « qui a bercé son enfance »; le 

limousin est d’un lycéen sénégalais venu étudier à Bordeaux deux ans plus tôt; et le languedocien 

est d’un journaliste languedocien embauché par l’hebdomadaire occitaniste La Setmana. 

Si l’aspect identitaire est explicitement revendiqué par l’un des Basques, il est ignoré des 

« Occitans », ce qui ne saurait étonner, car « l’Occitan, lui, est inconnu comme point du schéma 

ethnique » selon la pertinente observation de Jean Marie Sarpoulet, aujourd’hui responsable de 

l’« occitan » à l’Académie de Bordeaux (Amiras n° 20, 1990, p. 52). Mais surtout, aucun des 

« Occitans » n’envisage de parler la langue apprise au lycée avec des personnes de son entourage, 

encore moins d’en faire un avantage professionnel. Certes, l’étudiante, qui est aussi « enseignante 

vacataire d’occitan », espère sans doute en devenir professeur titulaire, et le Languedocien en fait 

son métier dans le journalisme occitaniste. Mais ce sont des emplois “à la marge”, largement 

dépendants de crédits publics, même à La Setmana, qui ne dépasse sans doute pas les 50 abonnés 

par département « occitan », dont bon nombre de bibliothèques publiques ou scolaires. 

On voit donc que dès qu’on sort du microcosme scolaire ou militant, ou des banalités de la 

conversation, le gascon se dérobe, même pour parler de politique municipale ou cantonale, le 

vocabulaire manque et l’usage de mots français, même gasconisés, entraine vite la poursuite de la 

conversation en français. Mais chez les “anciens”, quelques mots de « patois » sont le mot de passe 

d’une certaine convivialité qu’on ne partage qu’avec des compatriotes, conscients d’une 

communauté de racines et porteurs des mêmes souvenirs du temps de la jeunesse.


J’en donnerai un seul exemple : quand il s’est agi de traduire en béarnais la notice historique 

sur la ville de Navarrenx à l’intention des touristes — il y en avait déjà une version anglaise et une 

allemande, il fallait bien que le béarnais se montrât — aucun des locuteurs habituels contactés ne 

fut en mesure de le faire, faute de vocabulaire technique (histoire, fortifications); et c’est à moi 

qu’échut la tâche. Car pour écrire, encore faut-il savoir exprimer ce que l’on pense… 

IV – Et donc, où en est l’écrit gascon ? 

L’occitan peut tout dire, comme l’écrivit M. Grosclaude (1980), en donnant la version 

gasconne des principes de la thermodynamique. 

Mais déjà, au milieu du XIV e s., le très indépendant Gaston Fébus, qui gouvernait sa principauté 

en béarnais, écrivait en français son célèbre Livre de la chasse; et vers 1600, le Gascon Guillaume 

Ader, bien qu’il eût illustré la langue gasconne méprisée par la bonne société de Toulouse, 

écrivit en latin ses deux traités de médecine (Cf. Guilhem Ader, Actes du colloque de Lombez de 

1991, CIDO 1992, pp. 34 et 44). De nos jours, sur les 55 numéros de 1993 à 2002 de la revue Per 

Noste-Païs gascons, de l’association occitaniste du Béarn, 19 éditoriaux étaient en gascon contre 34 

en français, sans doute pour être plus surs d’être lus et compris par les abonnés… Et 30 de ces derniers 

étaient signés par M. Grosclaude qui avait écrit « Le militant que je suis pense qu’il faut toujours 

présenter le français comme une langue étrangère au pays. » (Kristol et Wüest, 1985, p. VII). 

Même un bon romancier préfèrera le français à l’occitan : 

Enric {Henri} Gougaud interviewé par Christian Lagarde (1996) dans Lo Gai Saber : 

« G.S. [Gai Saber] Voici le dernier point : vos romans semblent être profondément 

occitans, et on se demande si la langue occitane ne porterait pas mieux ce qui est en vous 

que la langue française. N’avez-vous pas besoin, au moins occasionnellement, d’une 

langue plus adaptée à l’époque, à la thématique ? 

« E.G. Vous savez, d’abord, je n’ai pas une grande maîtrise de la langue. […] 

D’autre part, écrire un roman en occitan réduit considérablement son lectorat. Pourquoi le 

diminuerais-je, moi, dans la mesure où, quoi qu’en disent les occitanistes, ils lisent aussi le 

français. Donc ils peuvent lire, et les autres aussi, au lieu que si j’écris en occitan, seuls les 

occitanistes — et encore les militants !, car lire l’occitan est difficile, eh !… » 

L’écrit d’oc, donc l’écrit gascon, se limitera à des poèmes, contes ou nouvelles et à quelques 

écrits sur la langue ou autour d’elle. « Aucune production d’ouvrages non littéraires — il faut 

excepter les ouvrages pédagogiques — n’est signalée. » (Chambon, 2003, p. 15). Quant à l’avenir : 

Dans sa communication au Colloque de Nanterre d’Avril 1992, Georg Kremnitz, professeur 

de philologie à l’Université de Vienne, donnait son avis d’observateur extérieur sur la situation 

générale de l’« occitan » et de sa littérature (Kremnitz, 1992). Avec l’inéluctable disparition des 

locuteurs naturels ou “primaires”, l’acte d’écriture ne peut plus prendre sa source dans la 

communication orale; et de citer, pour l’écarter aussitôt, l’exemple de langues mortes comme le 

latin qui ont continué à produire des œuvres littéraires : mais ce n’est plus qu’un jeu d’initiés qui 

n’a guère d’importance sociale, et qui de toute façon n’est plus propice aux innovations qui 

renouvèlent toute littérature vivante. On en est arrivé à une « littérature du comme si », selon une 

expression de R. Lafont rapportée par G. Kremnitz. 

Aussi, quand les auteurs renoncent à remémorer le passé rural de la langue et veulent faire 

acte de modernité, ils ont « à “inventer” le tissu social de leurs textes » (Kremnitz, ib., p. 245), 

créant un monde imaginaire où la vie est toute en « occitan »; et ce n’est même plus de la “science


fiction”, car si le Nautilus de Jules Verne et la fusée lunaire d’Hergé anticipaient une réalité future, 

rien ne permet d’espérer, hélas, qu’un jour revienne où l’oc sera redevenu la langue courante du 

Midi. 

Et comme pour assombrir le tableau, G. Kremnitz poursuit : 

« “l’occitanité linguistique” des textes publiés devient de plus en plus hésitante. [… ] 

Bien souvent, surtout dans la prose utilitaire, on produit des textes français avec des mots 

occitans 11 . Le vocabulaire le plus typique ne s’emploie plus guère depuis quelque temps, 

mais aujourd’hui, ce sont la syntaxe et la “mélodie” de la phrase occitane qui sont bien 

souvent sacrifiées. Le lecteur a parfois l’impression de se trouver en présence d’un texte 

pensé en français et plus ou moins traduit en occitan. » 

“Sur le terrain”, on ne trouve guère de quoi contredire le professeur autrichien. Ainsi, parmi 

les textes en “tribune libre” du dossier préparatoire à l’Assemblée générale de l’I.E.O. des 8 et 9 

mai 2002 à Tarbes (supplément à la revue Occitans !, pp. 17-18), Joan-Pau Ferré, enseignant et 

Gascon d’Ariège, se préoccupait de l’avenir du livre occitan : « un garçon sérieux […] à qui je 

conseillais un roman en gascon : “Je ne lis rien en français, alors vous pensez si je vais lire quelque 

chose en occitan !” ». La littérature occitane n’est connue que d’une infime minorité, un roman en 

gascon récompensé par un prix n’a été vendu qu’à 800 exemplaires… La poésie rebute encore 

plus : « les gens qui font l’effort de lire s’arrêtent souvent au premier niveau de lecture et ne veulent 

pas se casser la tête avec de la poésie difficile à comprendre. » Mais ce qui manque, c’est la 

littérature dite populaire. Et de citer Catinou de Charles Mouly, recueil d’histoires brèves et 

amusantes de la vie de tous les jours, écrit en languedocien de Toulouse, qui en est à sa quatrième 

édition; mais ce que J.-P. Ferré ne dit pas, c’est que Catinou est écrit en graphie moderne, pas dans 

la classique de l’I.E.O.; j’y reviendrai, p. 207. Puis J.-P. Ferré propose des pistes pour faire 

mieux… ce qui n’est pas dans mon sujet et, au demeurant me laisse sceptique : un dicton béarnais 

dit que tout n’est pas perdu quand « era may de las òulhes n’ey pas mourte », la mère des brebis 

n’est pas morte (Lespy, Dic. béarnais); mais aujourd’hui, la mère de la « langue maternelle » est 

bien morte, et on voit mal comment pourrait en naitre une littérature… 

À moins que l’école… 

11 Même dans les consignes pour la dissertation du CAPES d’occitan-langue d’oc ! cf. Blanchet, 2003-2, p. 235.

Chapitre III 

La transmission artificielle : l’enseignement 

L’école, espoir suprême et suprême pensée… 

Quand la langue était véritablement vivante dans le monde rural, et que les écoliers l’avaient 

pour “langue maternelle”, Camélat et combien d’autres plaidaient pour faire entrer la langue d’oc à 

l’école publique; ce fut réalisé par des arrêtés du 24 décembre 1941 pris par le secrétaire d’État à 

l’éducation nationale et à la jeunesse du Maréchal Pétain, Jérôme Carcopino; le principal de ces 

textes autorise les instituteurs et les institutrices « à organiser dans les locaux scolaires, en dehors 

des heures de classe, des cours facultatifs de langue dialectale (langues basque, bretonne, flamande, 

provençale…) […]. ». La mesure fut saluée par les occitanistes comme par les félibres; ainsi, Louis 

Alibert (1943, p. 25) : 

« Aujourd’hui, une nouvelle aurore se lève, qui promet de beaux jours à la langue 

d’oc renaissante. Le gouvernement du maréchal Pétain vient de lui ouvrir la porte des 

écoles primaires et il nous promet la reconstitution de nos vieilles provinces. » 

Mais moins de deux ans plus tard, à la Libération, l’ordonnance du 9 aout 1944 tendant au 

rétablissement de la « légalité républicaine » en France continentale (J. O. du 10, p. 688) constatait 

expressément la nullité de nombreux actes intéressant l’éducation nationale, dont « Tous les actes 

relatifs à l’éducation générale et sportive », parmi lesquels les arrêtés “Carcopino”. 

Les défenseurs des langues qu’on appellerait plus tard “régionales” ne s’avouèrent pas 

vaincus et s’efforcèrent de démontrer qu’enseigner ces langues dans l’école publique n’était pas 

contraire à la légalité républicaine. C’est ainsi qu’une proposition de loi Deixonne autorisant 

l’enseignement des « langues et dialectes locaux » finit par être votée à la fin de 1950 et 

promulguée le 11 janvier 1951 (cf. p. 31). Cela a permis quelques progrès dans l’école publique, 

tandis que se créaient ces écoles privées, nés en Béarn en 1979, qu’on appelle Calandretas. 

Mais aujourd’hui, la “langue maternelle” n’est plus le gascon : « La transmission orale 

n’existe plus, la transmission familiale non plus, l’enseignement doit transmettre, il doit suppléer. » 

(Jean Salles-Loustau, professeur d’occitan à l’Université de Pau et chargé de mission pour la 

culture occitane auprès du ministre de l’Éducation Nationale, 1995). 

Même constat et même conclusion de la part du “Capoulié” {Président} du Félibrige, Pierre 

Fabre, enseignant lui aussi, in Jacques Chambon, 2001 : 

« … j’ai énormément espoir dans l’enseignement de notre langue, c’est-à-dire dans 

les jeunes générations… (en provençal traduit [sic; c’est-à-dire “traduit en occitan 

standard”]) : Le temps où la langue se transmettait de père en fils et de mère en fille est 

heureusement [sic ! le traduttore aurait-il été un traditore ?] bien achevé, tari, et donc 

notre langue se transmettra et ne se transmettra qu’à travers l’enseignement dans les 

écoles, de l’école maternelle jusqu’à l’université. » 

Notre société attend en effet beaucoup de l’école, le monde félibréen et l’occitaniste encore 

plus, pour être surtout constitués de professionnels de l’éducation, de l’instituteur au professeur 

d’université. Ils ont une sorte de foi dans la loi, le décret, la circulaire du ministre, l’action des 

syndicats de l’éducation nationale. Bref, une démarche par les couloirs de l’État républicain dont 

les mêmes critiquent souvent le centralisme… 

Pourtant, cela n’aboutit guère. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, le français est la langue des


gens du Midi 12 , fussent-ils renommés “Occitans” par certains, et même s’ils aiment entendre parler 

patois ou chanter en patois et répondent aux sondages que ce serait dommage que la langue 

“régionale” se perde entièrement. Mais nous savons quel serait le choix des parents d’élèves entre 

le maintien d’une classe dans telle école de ville ou de village et la création d’un poste d’instituteur 

itinérant en langue d’oc. Et les occitanistes en ont conscience : 

Ainsi, G. Narioo, président de l’association Per Noste, en publiant la version gasconne d’un 

article d’une Catalane, Silvia Aymerich I Lemo (1995), sur la situation linguistique en Irlande. Il 

fait état du recul dans la politique linguistique qui tendait à restaurer l’irlandais depuis la fondation 

de l’état libre en 1921, mais qui a fortement fléchi depuis 1960 au point que depuis 1973, il n’est 

plus nécessaire de réussir une épreuve d’irlandais pour obtenir le baccalauréat. Le directeur d’une 

école primaire en irlandais, militant très engagé dans son rôle, faisait même état des difficultés 

rencontrées pour « convaincre pères et mères que l’apprentissage de l’irlandais ne causerait aucun 

retard dans l’apprentissage de l’anglais, surmonter “la haine” (sic) des enfants envers la langue 

irlandaise pour pouvoir ensuite la leur enseigner. » Ce que le linguiste irlandais Macnamara 

explique comme la conséquence du fait qu’« une bonne part de la société refuse la responsabilité 

dans une entreprise sociale et la relègue aux écoles ». 

Ce sont les mêmes réactions que décrit J.-P. Latrubesse dans un article des Reclams de 1995 

(n° 4/5/6, pp. 64-69) : si 60 % de la population souhaite, selon un sondage demandé par le Conseil 

Général, « que leurs enfants apprennent l’occitan [sic] à l’école, […], au moment des inscriptions 

[en classe] il n’y a pas un tel élan. En effet, il y a un capital de sympathie qui s’arrête là et, au moment 

des choix, […] il se trouve toujours une option plus importante pour l’enfant. » Et sans chercher 

à lire entre les lignes, on voit bien que la motivation principale est d’obtenir plus facilement le 

bac si la cotation des épreuves est favorable à la matière; et de reconnaitre que sous le régime de la 

“loi Haby”, « plus d’un avait le bac grâce à l’occitan », ce qui peut laisser sceptique quant à l’avenir 

professionnel des intéressés… À cet égard, le prospectus qu’il avait rédigé pour motiver des 

inscriptions dans cette matière parait bien optimiste : « l’occitan est une chance pour les jeunes : les 

racines, la richesse linguistique, l’ouverture vers l’Europe et l’avenir avec le C.A.P.E.S. et les 

emplois au Pays. » Et d’insister : « De plus, avec la crise de l’emploi, ce CAPES en fait rêver plus 

d’un parce que — et c’est un argument de poids — c’est le seul qui permette de travailler au 

Pays. » Pauvre pays, qui n’aurait d’autre ressource pour vivre que de compter sur des emplois aussi 

spécialisés de fonctionnaires payés par le reste de la nation ! On comprend que l’appel final que 

l’auteur adressait aux politiques pour soutenir de tels projets n’ait guère trouvé d’échos… 

L’année suivante, Jean-Louis Blenet, président de la fédération des Calandretas, était plus 

réaliste (P.N.-P.G. n° 173, 3-4/1996, Courrier des lecteurs, p. 20) : 

« Le mouvement d’oc, maintes fois dans son histoire, pour ne pas dire constamment, 

semble demander qu’une loi fasse vivre la culture occitane. 

« Mais il n’y pas de loi qui fasse tenir debout celui qui veut se coucher. 

« Et nous devons reconnaître qu’en gros la société d’oc ne porte pas en acte et d’une 

façon forte son envie de donner un avenir à la culture occitane. […] 

« L’État dans son refus pose aux occitanistes une question qui est positive. 

« L’État dit : “Tu me demandes des mesures, un statut ?… Je dis non. Que fais-tu ? 

Que faisons-nous ? D’autres demandes ?” 

« Et l’État n’a pas besoin d’être putassier pour ce faire, il a un bon argumentaire. 

12 Cf. Louis Alibert qui compare la langue des troubadours à « nos classiques du XVII e siècle » français, évidemment ! 

(1951, p. 54).


« Il dit : “Pourquoi je dis non ? Parce que j’ai un tas de demandes, de milliers de 

choses à faire et que je choisirai l’indispensable, parce que nous ne devons pas gaspiller 

l’argent public, etc. Alors je dis d’abord non à tout et je ferai ce à quoi je ne pourrai pas 

échapper.” 

« Et nous pouvons être sûrs que tant qu’il pourra y échapper, il le fera. » 

Dans le même sens, en une journée de réflexion sur Pyrénées-Atlantiques au XXI e siècle 

initiée par le Conseil général que présidait F. Bayrou, Maurice Jeantet, président de l’Institut 

d’administration des entreprises, disait : « Pourquoi aussi ne pas apprendre l’espagnol dès l’école 

primaire ? L’occitan et le basque c’est bien, mais pour la veillée ». (Éclair-Pyrénées, 26 juin 1996). 

Une école alibi ? 

La reconquête du terrain perdu par la langue n’est donc pas le souci premier des populations; 

mais pire encore, on a observé que bien des parents qui envoient leurs enfants dans les Calandretas 

le font en raison des méthodes d’enseignement et des petits effectifs, beaucoup plus que par 

attachement à la langue “régionale”; il en est probablement de même pour les quelques classes 

bilingues instituées dans l’enseignement public. Cela explique par exemple ce constat fait par J. 

Salles-Loustau (1995) : 

« si l’on veut bien s’attarder un instant sur les profils des catégories socio 

professionnelles des parents des enfants qui fréquentent les calendretas, à qui il faut 

reconnaître un mouvement précurseur déterminant en matière de maintien de l’occitan : 

ingénieurs, cadres supérieurs, professions libérales, pour la plupart d’entre eux. » 

Le chargé de mission pour la culture occitane en tirait aussitôt la conclusion optimiste : 

« Et c’est grâce à ces catégories sociales là que l’occitan est en train de regagner ses 

lettres de noblesse. » 

Dans le même sens, Serge Javaloyès (1999), co-président de la Confédération Calandreta 

depuis 1989, célébrait les 20 ans de ces écoles en constatant : 

« En 1993 [sic; peut-être une coquille pour 1999 ?], la langue est encore une 

motivation mais c’est la dialectique “langue/méthode pédagogique” qui fait venir de 

nouvelles personnes et tout particulièrement des gens des villes. Calandreta devient, 

finalement, un mouvement urbain, un mouvement du changement social. » 13 . 

De quoi d’ailleurs se demander si le « changement social » est bien le but des Calandretas ! 

En tout cas, une enquête récente sur d’anciens élèves de la Calandreta de la Còsta pavada de 

Toulouse montre que dès le passage au collège, ces enfants ont tendance à abandonner l’oc, à la 

fois comme par rupture avec ce qui leur fut en quelque sorte imposé par leurs parents et par désir de 

suivre la majorité qui trouve cela ringard, vieux jeu… (Chantal Dompmartin-Normand, 2002). Au 

demeurant, selon cet auteur, la plupart des élèves des Calandretas en milieu urbain n’utilisent guère 

l’occitan hors de la salle de classe, ce qui n’a pas de quoi surprendre… 

Même constat dans une enquête sur 17 anciens de la Calandreta de Béziers, aujourd’hui 

étudiants en université, mais dont « un seul s’est orienté vers une spécialisation en occitan » : 

« ce qui ne manquera pas d’en étonner plus d’un, c’est le désintérêt majoritaire pour 

la mouvance militante occitaniste et une désaffection pour la création culturelle occitane 

actuelle. Et plusieurs qualifient même de “patois” l’occitan hérité […]. Ces ex- 

“calandrons” se souviennent que c’était bien essentiellement le français qu’ils parlaient 

13 On observera combien ce court texte, traduit mot à mot du gascon, vérifie l’observation de Kremnitz (1992) 

rapportée plus haut, p. 64 « Le lecteur a parfois l’impression de se trouver en présence d’un texte pensé en français et 

plus ou moins traduit en occitan. »


dans la cour de récréation de leur “Calandreta”… » (Henri Boyer, Professeur à l’université 

de Montpellier III, 2003). 

Moi-même, en 14 ans d’enseignement du gascon à Paris, je n’ai jamais vu arriver un ancien 

de Calandreta qui aurait voulu continuer à apprendre et parler gascon dans l’“exil” de la capitale. 

Mais la clé de cet échec, c’est en quelque sorte le militant Gilbert Narioo qui nous la donne 

dans un éditorial de Per noste-Païs gascons (n° 97, 7-8/1983, p. 1); il suffit de remplacer « anglais » 

par « gascon » ou « occitan » : 

« Il faut que les parents sachent que l’enseignement de l’anglais dans les écoles 

maternelles de chez nous est une grande sottise […]. Car […] l’anglais ne sera pas entendu 

par les enfants ni chez eux, ni dans la vie courante, donc oublié dès la sortie de l’école. » 

Au demeurant, J. Salles-Loustau (1995) insistait surtout sur les avantages pédagogiques de 

l’enseignement bilingue : 

« Les enfants qui ont suivi un enseignement bilingue régional sont meilleurs, en 

mathématiques, en français, — car c’est aussi la seule façon de sauver le français, car si on 

met l’anglais à la place de l’occitan, le français est perdu —, mais cela leur facilite 

également l’apprentissage futur d’autres langues. » 

Mais l’enseignement de l’espagnol aboutirait aux mêmes résultats tout en ouvrant sur une 

langue qui compte quelque 450 millions de locuteurs dans le monde. 

Une fausse panacée ? 

Avec ce titre, je reprends un sous-titre de l’article sur l’Irlande que je citais p. 66. Ce qui vient 

d’être dit peut expliquer en effet que, finalement, le maintien de la langue “régionale” n’est pas le 

souci premier des promoteurs de tous ces enseignements particuliers; au demeurant, c’est sans 

doute un objectif hors de portée du fait du petit nombre d’élèves formés et du bas niveau des 

connaissances dispensées. 

D’abord, à supposer que les élèves passés par les cours de langues d’oc fussent des locuteurs 

effectifs, ils seraient bien trop peu nombreux : 

« L’école, seule, ne réalisera pas une renaissance des langues de France. Il faudrait 

que des milliers d’enfants les étudient comme ils étudient le français. Et encore faudrait-il 

que ces enfants retrouvent, de façon constante et soutenue, leur langue à la maison, à la 

télévision et dans les médias en général; ils auraient ainsi l’occasion de l’entendre, de la 

réentendre, de l’écouter, de la pratiquer régulièrement, mais ce n’est pas le cas, car cet 

espace reste à créer. 

« Il faut, nous l’avons vu, non seulement une volonté politique, mais aussi que cette 

dernière soit affermie par un choix et un engagement des familles. Beaucoup d’entre elles 

ne comprennent pas qu’après deux siècles au cours desquels on leur a expliqué que leur 

langue et leur culture étaient de peu de valeur (beaucoup en sont encore persuadées), on 

vienne leur dire aujourd’hui le contraire. » (Jean Bonnemason, 1993, p. 45.) 

« Il y a bien les Calandretas, des cours dans l’enseignement public, mais c’est très 

marginal… Des milliers de locuteurs naturels meurent chaque année, que ne remplacent 

pas les quelques jeunes passés par l’enseignement. Des personnes qui naissent aujourd’hui, 

combien sauront la langue ? » (Patrick Sauzet, intervention déjà citée au Cercle de minuit 

de la nuit du 3 au 4 avril 1996). 

Même en Barétous (cf. B. Moreux, p. 59 ci-dessus), la pratique courante de la langue n’existe 

plus dans les foyers des jeunes élèves apprenant le béarnais : 

« Chez eux, les enfants n’entendent plus parler la langue régionale, sauf peut-être un ou 

deux qui échangent quelques mots avec leurs grands-parents. » (Félix Laxague, instituteur


basque, animateur de la fête des bergers d’Aramits, où il fait chanter « en béarnais » ses 

élèves barétounais, propos rapportés dans L’Éclair, 18 Sept. 2002). 

Qui plus est, la compétence linguistique obtenue en fin de parcours scolaire ne permettra 

guère un usage habituel de la langue : 

« Ce n’est pas un mystère que 90 % de ceux qui présentent l’épreuve d’occitan au 

bac ne sont pas seulement capables de faire un phrase de cinq mots. » (S. Pepissaire, 1980). 

« …le nombre de ceux qui apprennent l’occitan à l’école augmente. Mais peu 

nombreux sont ceux qui l’apprennent jusqu’à le maîtriser véritablement. Ils le lisent, le 

comprennent, mais, le plus souvent, ils n’ont pas une grande capacité d’expression. Ils ont 

une pratique restreinte de la langue et cela les gêne, au point qu’ils hésitent à l’employer et 

qu’ainsi, leur compétence ne peut guère s’améliorer. Donc, globalement, la compétence 

linguistique baisse […] » (G. Kremnitz, 1992, p. 244) 

Même constat, malgré le ton optimiste, de la part de J.-P. Latrubesse qui voulait, à la fin de 

son article de 1995 (cf. p. 66), « crier nos réussites »; il citait ses élèves littéraires qui avaient été 

forcés de prendre l’occitan comme troisième langue vivante sous le régime de la “loi Haby” : 

« ces jeunes, pas du tout motivés, ont été enthousiastes de découvrir une langue, une 

littérature, une culture […]; tous ont été capables — peu ou prou — de parler pour 

l’épreuve du bac. » 

D’où la tentation de certains, et non des moindres, de renoncer à toute référence à la langue 

du pays, ravalée au rang de patois; ainsi, dans l’interview de 1995 déjà citée, J. Salles-Loustau a cru 

pouvoir affirmer : « On n’est pas là pour enseigner le patois. Le patois est mort, c’est l’occitan qui 

reste ». De fait, ne sont pas rares les témoignages dans ce sens sur le “qualitatif” : 

« la langue enseignée, le plus souvent dénommée occitan, est parfois un peu 

différente de celle que certains enfants ou adolescents entendent chez eux (on cite des cas 

où, pour cette raison, la communication entre les générations se fait mal ou pas du tout). » 

(B. Moreux, 2001). 

« Et encore, je n’ai rien dit de l’impression qu’ont les plus jeunes de parler le 

véritable occitan, tandis que les locuteurs naturels parleraient un patois qu’on peut 

négliger. » (Michel Audoyer, Lo Gai Saber n° 491, 2003, p. 445). 

« Beaucoup de néo-occitanophones traitent notre langue comme si elle était tout à 

fait morte et donc s’en considèrent comme les uniques propriétaires. 

« Souvent, ils n’ont pas reçu la langue en famille. Ils l’ont apprise… laborieusement 

et mal, semble-t-il. Mais au lieu d’être humbles, ils imposent leur médiocrité. » (Alain 

Broc, ib. p. 449). 

Le décalage entre langue enseignée et langue parlée a même été reconnu avec humour par le 

sage pédagogue et fin connaisseur de la langue André Lagarde, qui venait tout juste de publier un 

remarquable dictionnaire scolaire occitan-français et français occitan (languedocien). Dans sa chronique 

de langue de Lo Gai Saber (n° 463, 1996, pp. 282-3), il relatait ainsi une conversation avec 

une fermière chez qui il avait accompagné son mythique ami M. Laplume, venu quérir son lait : 

« — Vous ne craignez pas le mal de la vaca bauja {vache folle} ? 

« — Plait-il ? 

« — De la vaca fòla, précise M. Laplume. 

« — Oh ! ça ne risque pas ! Ici, Monsieur, nous ne nourrissons pas le bétail avec de 

la farine artificielle. Nous ne lui donnons que du bon fourrage, du bon tourteau… 

« Elle m’a répondu d’un air hargneux. 

« — Excusez-moi, Madame Cabirol, je vous posais des questions rien que pour 

plaisanter. Vous savez, dans les journaux on en parle a bèlas paginas {à pleines pages}… 

« — Comment dites-vous ?


« — A plenas pajas, traduit M. Laplume. 

« — Je ne vous avais pas compris… Nous autres, ici, nous parlons patois, pas 

occitan… ! 

« — Vous avez vu ? me fait M. Laplume une fois revenus dans la voiture. Madame 

Cabirol n’y est pas allée par quatre chemins pour vous faire comprendre qu’elle n’aime pas 

l’artificiel. C’est pour cela que moi, pour le lait, la volaille ou les œufs, je me sers chez elle 

en toute confiance […] » 

Et de reconnaitre : pagina « est une forme que pour mon compte je n’ai jamais bien encaissée 

[…] Je pense qu’il faudrait dire et écrire paja, même si c’est peut-être un emprunt au français. ». Or 

son dictionnaire traduit “fou” par fòl, mais aussi par baug, “page” par pagina seul, “âge” par edat et 

atge, “carte” (de géographie) par mapa, mots qui sont pour M. Laplume des « archaïsmes ou des 

catalanismes »; il s’en excuse : 

« — Il faut bien accepter par discipline les décisions des linguistes qui fixent la 

norme. 

« — À condition qu’ils ne nous coupent pas de la langue vivante. » 

… répond M. Laplume, qui se garderait bien de demander à la dame « Quina edat {âge} an 

vòstres enfants », mais plutôt « Quin atge… », pour conclure dans le sens de la pensée profonde de 

l’auteur : « Pour fuir cette artificialité, il serait bon que les spécialises de la langue aillent consulter, 

comme disait l’autre, les crocheteurs du Port au foin… » [en français dans le texte]. 

Même distance entre langue vivante et langue enseignée dans les Fiches de grammaire 

d’occitan gascon normé. Il s’agit de fiches pédagogiques dont un « Volume 1 » 14 , signé par André 

Bianchi et Alain Viaut, a paru en 1995 avec le sous-titre « Prononciation et graphie - 

Conjugaisons ». 

Ces fiches ont été conçues par un groupe de professeurs comprenant Mme Nathalie 

Ganuchaud, MM. Éric Astié, André Bianchi, Guy Latry, Maurice Romieu, Jean Salles-Loustau, 

Pascal Sarpoulet et Alain Viaut, bien connus comme enseignants d’« occitan » en Gascogne (un 

seul n’enseigne pas en université), mais les trois-quarts girondins, alors que c’est en Gironde que la 

langue est probablement la moins parlée, un seul Béarnais, M. Salles-Loustau, et un Rouergat 

installé en Béarn dont il a fort bien appris la langue, M. Romieu. Mais personne des Hautes- 

Pyrénées ou des Landes, où l’on a vu que la langue est encore vivante chez nombre de locuteurs. 

Ont cependant apporté des renseignements et conseils les Pr. Jacques Allières, Philippe Gardy, 

Xavier Ravier et Patrick Sauzet. Au demeurant, s’agissant de fiches pédagogiques destinées « à 

deux des universités du domaine gascon » (Préface), donc Pau et Bordeaux, mais pas Toulouse, il 

était normal qu’elles vinssent du haut de la hiérarchie. En revanche, il semble qu’elles n’aient été 

que peu diffusées en dehors de l’enseignement supérieur. 

Pour limitée qu’elle soit dans son objet et son domaine d’action, c’est donc là une entreprise 

de normalisation de la langue gasconne ; mais celle-ci est conçue exclusivement comme matière 

scolaire, totalement en marge de ce qui reste de langue vivante dans la société gasconne. 

On ne peut en faire grief à ces professeurs, soucieux de s’acquitter au mieux de leur mission 

d’enseignement d’une langue que ses locuteurs ont rénoncé à transmettre à leurs enfants. Mais une 

langue vivante n’est pas une matière inerte comme l’objet de la physique ou de la chimie, ou même 

une langue morte. Et quand on la traite comme une langue morte, entièrement entre les mains des 

14 Je n’ai pas eu connaissance de la parution d’une suite.


professeurs qui l’enseignent, c’est bel et bien qu’elle est pratiquement morte. * 

Un doute : les enseignants sont-ils compétents ? 

Et le doute nous vient sur la compétence même des enseignants, quand la presse publie des 

photos de tableaux d’école, le maitre à côté, où on lit « espectadors » pour « espectators » 

(L’Éclair, 22 mai 2002) ou encore « Que volem 19 pòstas » {Nous voulons 19 postes} (de 

professeurs) au lieu de « pòstes » suivant l’unanimité des dictionnaires gascons ou occitans (ib. 18 

juillet 2002); mais ce dernier maitre est peut-être un Gascon de l’ouest ? (cf. p. 215). 

Citons encore cette jeune enseignante d’« occitan » en Béarn, du primaire semble-t-il, passée 

au stand de l’Institut béarnais et gascon, lors du Salon du livre de Pau à la fin novembre 2002 : j’ai 

été amené à lui parler du Comminges et du Couserans; ça ne lui disait rien; j’ai alors insisté : 

« Mais vous savez, les pays gascons de l’est du domaine… — Oh ! vous savez, moi, la 

géographie… ». 

Mais on peut répondre qu’il ne s’agit là que de débutants, et donc de péchés de jeunesse. Or 

je puis aussi citer un professeur éprouvé, Jean-Paul Latrubesse, plutôt en fin de carrière, qui a appris 

le béarnais en famille, le parle naturellement très bien et a toujours milité en sa faveur; d’abord 

professeur de physique et chimie, il a, pendant plusieurs années, enseigné le béarnais sous l’étiquette 

officielle d’“occitan”, avant d’en obtenir le CAPES. Il en témoigne de façon très honnête dans 

l’article des Reclams déjà cité (p. 66), et c’est là justement que j’ai relevé trois “fautes” de langue 

dont on ne trouverait sans doute pas l’équivalent chez un professeur de français : emploi adverbial 

de tornar {à nouveau}, normal en languedocien mais inconnu du gascon, et dénoncé à juste titre 

par G. Narioo (P.N.-P.G. n° 216, 5-6/2003, p. 11); l’obligation ou la destination notées par aver + 

de {avoir à} : « Lo CAPES qu’ei donc ua avançada grana ja qu’aja enquèra de’s melhorar » {Le 

CAPES est donc une grande avancée bien qu’il ait encore à s’améliorer}; la tournure semble inconnue 

du gascon et rare en languedocien (Alibert, ib., p. 325), alors que depuis toujours, le gascon use 

de aver + a (cf. Lafitte, 2002-1, chaleureusement approuvé par Taupiac, 2002); en sens opposé, 

alignement sur le français pour le choix d’avoir ou être aux temps composés d’un semi-auxiliaire : 

choix d’après le semi-auxiliaire au lieu du verbe principal, comme le veut le gascon (Rohlfs, 1977, 

p. 224) et le béarnais, sans exception (Hourcade, 1986, pp. 171-172) et comme « semble le préférer le 

languedocien » (Alibert, 1976, p. 317) : « los eslhèves que son anats véder au director » {les élèves 

* Cet alinéa et celui qui le précède résument quatre alinéas originaux, qui pouvaient passer pour une digression dans 

une thèse.


sont allés voir le directeur} au lieu de « … qu’an anat véder … ». Quant aux dérives orthographiques 

de ce professeur, elles sont exposées p. 215. En revanche, si, selon l’idéologie occitaniste, 

il introduit dans la langue des formes archaïques dont n’use aucun locuteur naturel (exemplar pour 

exemplàri chez Palay), il prend heureusement quelques libertés à l’égard de cette idéologie pour 

respecter le caractère épicène de certains adjectifs gascons : « las opcions non son pas mei 

rentables, la dotacion orari » {les options ne sont plus rentables, la dotation horaire}, au lieu de 

rentablas, orària. 

Mais il ne s’agit là que d’exemples relevés au hasard d’articles ou de rencontres. L’inquiétude 

s’aggrave quand les fautes de langue reçoivent la caution d’institutions publiques, comme celles que 

l’on peut relever dans un dépliant de propagande « Réalisé par l’ONISEP Aquitaine avec le soutien 

du conseil Régional d’Aquitaine et du rectorat de l’Académie de Bordeaux » en novembre 2004. La 

chose est tellement “grosse” que j’y consacre l’Annexe IX à laquelle on voudra bien se reporter. 

On imagine alors ce qui peut en être dans une jeunesse qui ne sait à peu près rien de la vieille 

langue du pays. Et je ne suis pas, malheureusement, le seul à faire ce genre de constat : 

« […] les enseignants, dans leur immense majorité, n’ont pas la formation suffisante 

pour maîtriser pleinement les principes (linguistiques notamment) qu’ils sont chargés 

d’appliquer, […] ils sont réduits au rang d’exécutants. » (Florian Vernet, 1999). 

« Je suis hérissé par le vosautres [pour vos {vous}] de politesse qui s’est répandu 

parmi les maitres des Calandretas comme une carte professionnelle, et je frémis à l’idée 

que se répande le debacte [pour debat {débat}] que l’Université d’été de cette année vient 

d’inventer. » (Robert Lafont, 2001, p. 36). 

« … l’occitan à la faculté est une chose assez nouvelle. […] beaucoup de jeunes 

arrivent à l’université avec une petite idée de ce qu’est cette langue. Pour ceux qui la 

prennent en option, c’est une chance et une matière très originale. Ceux qui prennent le 

cursus principal changent parfois d’avis, mais pas forcément ceux qui ne connaissent pas 

bien la langue, non, ceux qui la savent déjà un peu. Par manque d’effectifs, des gens de 

niveaux différents se retrouvent ensemble, les uns à essayer de comprendre ce que disent 

les autres, les seconds à attendre que les premiers comprennent. Enseignement à une 

vitesse, la qualité de certains professeurs cache une sorte de baisse de qualité de langue. 

Cependant, après trois années de faculté, on retrouve des gens qui au CAPES ne parlent 

pas du tout la langue. […] Apparemment, il vaut mieux être très fort dans une matière à 

option que d’avoir une envie véritable d’enseigner la langue à celui qui veut l’apprendre. » 

(Vinçent Rivièra, 2002, p. 5). 

« Je connais des jeunes qui ont eu des maitres pour qui l’occitan était une langue 

apprise. Ces jeunes articulaient LaS brancas, laS nivols [au lieu de LaZ brancas, laZ 

nivols]. Je crois qu’on paie ici le prix de l’artificialité. » (Michel Audoyer, 2003, p. 444). 

Mais les concours de recrutement des enseignants n’y sont peut-être pas étrangers, comme le 

faisait remarquer un jeune professeur qui venait d’obtenir le CAPES d’« occitan » : 

« La connaissance de la langue n’est pas, me semble-t-il, appréciée et valorisée 

convenablement par les jurys. On donne trop d’importance à la littérature […]. Si c’est un 

honneur pour notre langue d’avoir une littérature, la langue vient en premier. J’ai discuté 

avec des gens qui ont passé le CAPES d’espagnol ou d’anglais et il m’a semblé que le 

CAPES d’occitan est encore plus littéraire que les autres CAPES de langue. […] Veut-on 

que les professeurs d’occitan enseignent notre langue comme le latin ? » (Éric Gonzalès, 

P.N.-P.G. n° 163/164, 7-10/1994, Courrier des lecteurs, p. 20). 

Et le rapport officiel du jury du CAPES d’occitan-langue d’oc de 2002, le dernier dont j’ai eu 

un écho, n’est pas fait pour nous rassurer : 

« Les correcteurs soulignent à nouveau le faible niveau, y compris linguistique, de


nombreux candidats, en citant des erreurs de langues qui laissent rêveur (le meilleur 

admissible a 10,67 de moyenne, le premier admis, 12,23 de moyenne et le dernier admis 

6,81 !) » (Philippe Blanchet, 2003-2, p. 234). 

Cependant, relever ce niveau n’est peut-être pas le premier souci de l’Éducation nationale, qui 

a tant d’autres problèmes à régler, alors qu’on trouve parmi les défenseurs patentés de l’«occitan » 

des voix pour admettre la médiocrité et le laisser-aller, « car toute langue vivante évolue »; certes, 

mais du fait de sa propre vie, non de l’ignorance de ceux qui ont pour métier de l’enseigner. On ne 

lira donc pas sans quelque malaise ces lignes d’un billet de S. Javaloyès (2004), « écrivain occitan » 

(cf. p. 216), haut responsable dans l’organisation des Calandretas et membre du Conseil 

économique et social de la région Aquitaine (ci-dessus, p. 47); n’étant peut-être pas trop sûr de la 

qualité de la langue dont il use ou qu’il contribue à faire enseigner, il réagit contre ceux qui se 

soucient de cette qualité et doutent des bienfaits des vues et pratiques occitanistes pour la garantir : 

« Ils passent leur temps précieux à désigner les délinquants linguistiques qui 

menacent la pureté de la langue : la leur, la vôtre, la mienne… Curieuse façon de sauver 

cet idiome menacé de disparition que d’attaquer ceux qui s’efforcent depuis des lustres de 

le faire vivre pour créer et rejoindre l’universel qui sommeille en elle [sic]. » 

Et le reste à l’avenant, pour ridiculiser ces pauvres autochtones paranoïaques qui voient dans 

« L’occitan, un envahisseur »; pourtant, c’est bien un responsable occitaniste, G. Narioo, qui, oubliant 

les “écrivains occitans” modernes, achève ainsi sa chronique Parlar plan {bien parler} du 

numéro de País gascons reçu le jour même où paraissait ce billet (P.G. n° 221, avril 2004, p. 12) : 

« Nous ne recommanderons jamais assez aux jeunes, qui veulent apprendre à parler 

une bonne langue, de lire les bonnes œuvres, comme celles que nous a laissées le Félibrige 

qui a su produire des trésors. » 

Mais pour revenir à l’enseignement institutionnel, celui-ci souffre sans doute d’une difficulté 

spécifique à son CAPES, difficulté « signalée, du reste, tous les ans et à maints endroits du 

rapport », comme le rappelle Ph. Blanchet (2003-2, pp. 234-235) : contrairement à d’autres CAPES 

comparables comme celui de créole qui cantonne les candidats dans la variété qu’ils ont choisie, 

celui-ci exige des candidats une compétence passive dans toutes les variétés d’oc, à l’oral et à 

l’écrit, une gageure « étant donné l’immense diversité du domaine d’oc (au point que nombreux 

sont ceux qui y voient plusieurs langues et non une seule). » Qui trop embrasse mal étreint… 

La « confusion » qui s’était produite en 1982 pour l’épreuve facultative bonifiante du 

concours externe de recrutement des Écoles normales en apporte la contrépreuve, selon ce qu’en 

rapportait Per noste-Païs gascons (n° 93, Nov-Déc. 1982, p. 15) : outre diverses langues de 

l’immigration, le décret (de juin 1982) énumérait des langues régionales, parmi lesquelles le 

béarnais, le niçart, l’occitan et le provençal; conséquence : « Les candidats béarnais se virent 

évidemment avantagés parce qu’ayant à traduire un texte de leur région précise [je dirais plutôt “de 

leur langue propre” !]. Mais tous les autres Gascons, Auvergnats, Limousins furent contraints, en 

bloc, de se rabattre sur un texte unique de Carcassonne ou Albi. » On ne peut dire mieux que les 

compétences “occitanes” ne sont pas interchangeables. 

Au demeurant, en présence d’un étudiant qui connait bien le gascon ou une autre langue d’oc 

des “marges”, il est des professeurs d’université qui reconnaissent honnêtement que leur étudiant en 

sait plus qu’eux-mêmes sur le sujet. Cela les honore, mais pose effectivement le problème de la 

fiction de l’unicité de “la langue d’oc” ou “occitan”; imaginerait-on un CAPES d’hispanique réunissant 

portugais, galicien, castillan, aragonais et catalan ? ou de celtique, ou de germanique, etc. ?


Et malheureusement, la médiocrité ne se cantonne plus aux niveaux élémentaire et 

secondaire, comme l’observe Philippe Carbonne (2003, p. 290), professeur d’université en 

mathématiques, ancien président de l’I.E.O. et locuteur languedocien depuis son enfance : 

« …je m’aperçus qu’un enseignant d’occitan dans une université, donc quelqu’un 

qui forme les enseignants de demain, qui est aussi un romancier, ne respectait jamais la 

règle [de la place des pronoms dans un groupe de verbes] dans ses œuvres. […] 

« Quand j’entends un responsable de haut niveau de l’éducation nationale me parler 

de problème et y revenir plus d’une fois, je me dis qu’en fait de problèma, il y en a un gros 

[…] 15 . 

« Dans le manuscrit d’un écrivain aujourd’hui reconnu, qui est aussi professeur 

d’occitan, je vois “un jeune homme sous le calpre [{charme}, l’arbre !] d’une femme. ». 

Quant au linguiste Jean-Pierre Chambon, peu enclin à la “langue de bois”, il éreinte sans ménagement 

Maurice Romieu et André Bianchi, « provençalistes des universités de Pau et de Bordeaux 

», à propos de leur ouvrage didactique La lenga del trobar. La langue du trobar. Precís de 

gramatica d’occitan ancian. Précis de grammaire d’occitan ancien publié aux Presses universitaires 

de Bordeaux en 1999 (Compte rendu dans la Revue de linguistique romane n° 267-268, 7- 

12/2003, pp. 576-583) : écrit en occitan, et en français par « concession », c’est « un ouvrage en 

quelque sorte militant », et l’on verra bientôt, p. 83, le procès que J.-P. Chambon fait à la linguistique 

occitane militante. De fait, les auteurs veulent dès le titre faire coïncider la langue littéraire des 

Troubadours avec l’occitan médiéval et répètent un certain nombre d’idées reçues dans les milieux 

occitanistes, dans la méconnaissance totale des résultats de la recherche de la seconde moitié du 

XX e s. C’est là « un danger réel pour les études portant sur la langue d’oc dans notre pays ». Et de 

poursuivre l’exposé de nombreuses erreurs ou impasses scientifiques, accompagnées d’une 

normalisation des formes anciennes « sans que le lecteur en soit averti », selon une pratique 

fréquente chez les occitanistes (cf. Annexe XVIII). « Le linguiste peut ainsi contempler, non sans 

stupeur, mais en même temps avec beaucoup d’intérêt, le procès de standardisation de l’ancien 

occitan… par les soins des grammairiens du 20e siècle. » J.-P. Chambon conclut enfin : 

« Le Précis de grammaire d’occitan ancien se donne deux publics : “les étudiants - 

ou même les curieux” (p. 10). On a fourni plus haut quelques-unes des raisons qui poussent 

à déconseiller l’ouvrage aux étudiants (qu’on exhortera, comme il se doit, à se plonger 

d’entrée dans la lecture des bons auteurs); il faut cependant convenir que les curieux ne 

seront pas déçus. Les auteurs assurent que “[leur] ambition n’est pas de remplacer ce qui 

existe déjà” (p. 9) : de ce point de vue, leur travail est une impeccable réussite. » 

La seule consolation est que cet ouvrage ne touche pas à la langue contemporaine et ne nuira 

pas à l’apprentissage du gascon pour lequel il existe de « bons auteurs ». 

Pourtant, si l’on ajoute à cela les dérives politiques de quelques enseignants-militants (cf. p. 

79, la falsification de la « dictée occitane ») 16 , on peut parfois douter de l’opportunité de dépenser 

l’argent public à maintenir des postes pour enseigner l’oc comme langue vivante “régionale”. Alors 

qu’il est une langue morte qui mérite que l’on fasse des efforts pour l’enseigner, c’est le latin, langue 

mère de toutes nos langues romanes, cultivée par les Anglo-Saxons comme par les Germains, 

et jusque chez les Finlandais (pensons à Veiko Väänänen !). La langue de Mistral, de Camélat, de 

Palay et d’Arnaudin, cela peut être une excellente activité culturelle pour beaucoup, mais est-ce à 

15 Un Gascon pourrait cependant se justifier par proublèm" du Dictionnaire de Palay, qui se prononce bien en -[e]. 

16 Je préfère mettre au compte d’un lapsus « non révélateur » un mot de l’anonyme présentant le Cap’Òc, « outil de 

l’Éducation nationale au service de tous les enseignants d’occitan de l’Académie de Bordeaux » à la p. 18 du dossier de 

Lettres d’Aquitaine étudié pp. 46-47; y sont évoquées les « “Maiadas”, ces rassemblements pédagogiques d’élèves 

occitanistes organisés par l’Éducation nationale ».


l’Éducation nationale de s’en charger ? Ou alors, il faut changer complètement l’approche du 

problème. 

Une autre façon de voir le rôle de l’École ? 

Au nom de la science et du progrès, les « hussards de la République » d’il y a 100 ans ont 

méprisé les paysans des pays d’oc pour leur patois et les ont découragés de le transmettre à leurs 

fils et filles. Et depuis près de 50 ans, d’autres « hussards », mais cette fois, de l’« Occitanie », leur 

on dit sur tous les tons que leur patois n’était pas le « vrai occitan » et que ceux qui l’écrivaient 

jusque là — et qu’ils lisaient avec plaisir dans les billets des journaux — étaient des incultes 

asservis à l’orthographe française et ne savaient pas écrire. Allaient-ils dans ces conditions 

transmettre à leurs enfants un savoir dévalué ? 

Pourtant, consulté par un lecteur isolé de Per Noste qui essayait d’apprendre le gascon, M. 

Grosclaude fit un jour cette réponse : « La meilleure façon d’étudier une langue, c’est encore de vivre 

avec ceux qui la parlent : Alors, si vous le pouvez, il faut aller chez les paysans. Ce sont eux qui 

sont les meilleurs professeurs » (P.N. 12, 5-6/1969, p. 13). Or il y a encore dans nos campagnes des 

locuteurs naturels qui savent finement la langue et seraient capables d’en transmettre l’essentiel à 

leurs petits-enfants. Quel énorme potentiel, dont les enseignants professionnels viendraient compléter 

l’œuvre, comme ils le font pour le français que la majorité des élèves apprennent en famille ! 

Si l’on veut vraiment “sauver” le gascon et les autres langues d’oc, la première tâche est donc 

de se mettre à la portée des locuteurs, et d’écrire d’abord pour eux, dans une graphie immédiatement 

lisible, sans avoir à revenir sur les bancs de l’école. S’ils sont « “analphabètes” en occitan » 

(Chambon, 2003, p. 14), il sont généralement bien instruits en français, et une graphie « voisine des 

procédés auxquels nous sommes habitués depuis l’école » (Alibert, 1935, 1976, p. 7) leur sera rapidement 

accessible. Et si, pour Pierre Bourdieu, l’enseignement en Calandreta devait avoir « pour 

effet indirect de réhabiliter la langue gasconne aux yeux de ceux qui la possèdent encore » (lettre du 

10 décembre 1987 citée par S. Javaloyès, 1999), on peut penser qu’il en sera de même a fortiori 

s’ils voient leur langue écrite et lisible, à leur portée, et enseignée sous cette forme dans les écoles. 

De là, ils prendront gout à enseigner leurs petits-enfants. Et l’on sait combien ce qui vient de 

grands-parents aimés peut auréoler les souvenirs… : toujours au Cercle de minuit, Patrick Sauzet ne 

disait-il pas de son enseignement que « l’étudiant y retrouve les mots qu’il a entendus de la bouche 

de son grand-père. » ? Certes, cela ne “marchera” que dans ce conservatoire linguistique qu’est le 

milieu rural, mais ce sera autant de sauvé, et pour peu qu’ils sachent s’appuyer sur ces locuteurs 

naturels, les enseignants professionnels ne seront pas au chômage ! et ils retrouveront vite l’estime 

des gens modestes qui les font vivre par leurs impôts. 

Mais de là à rendre au gascon sa place d’antan dans la vie sociale…

Chapitre IV 

Les institutions qui militent pour la langue 

Rendre au gascon sa place dans la vie sociale est incontestablement le but avoué des 

institutions traditionnelles relevant du Félibrige fondé par Mistral en 1854 et de l’occitanisme 

représenté au niveau supérieur par l’Institut d’Études occitanes, I.E.O. Mais comment se portent 

ces institutions ? 

L’Escole Gastou Febus 

I – Le Félibrige gascon 

Curieusement, c’est une tournée en Béarn-Bigorre des « Félibres et cigaliers de Paris », à l’été 

1890, qui a accéléré la prise de conscience de la valeur de la vieille langue du pays; ainsi s’est créée 

en 1896, pour les quatre départements du sud-ouest gascon, l’Escole Gastou Febus (E.G.F.), école 

littéraire affiliée au Félibrige provençal, mais très attentive à la personnalité de sa « langue d’oc », 

le béarnais et le gascon. 

Menée principalement par deux de ses fondateurs, Simin Palay (1874-1965) et Michel Camélat 

(1871-1962), cette Escole s’est montrée particulièrement féconde. Sa revue Reclams de Biarn e 

Gascougne, ininterrompue depuis 1897, fut le reflet de la pensée et la vitrine des œuvres des Félibres 

béarnais et gascons. S’y ajoutent toutes les œuvres de ses membres publiées séparément et 

dont la liste serait bien longue à dresser. Palay nous a laissé aussi une énorme gerbe d’écrits en 

prose et de poésies, notamment des pièces de théâtre témoins d’une langue vivante parlée sans 

contraintes et dont le succès fut très grand en un temps où chacun comprenait le gascon du Béarn. 

Quant à Camélat, animateur des Reclams, il nous a aussi laissé une œuvre d’une extrême richesse, 

dans une langue gasconne à la fois profondément populaire et remarquablement travaillée, que ce 

soit en poésie (avec son immortelle Beline, le grand poème à la langue Mourte e bibe, etc.) ou en 

prose, particulièrement dans ces tranches de la vie de son temps, admirablement ciselées, qu’il a 

publiées sous le titre de Bite bitante. 

Pour mériter son nom, l’Escole s’est aussi attachée à produire des outils pédagogiques de la 

langue gasconne et béarnaise, le premier étant sans doute la Grammaire gasconne (dialecte d’Aire) 

de l’abbé Daugé (1905), suivi en 1928 du Manuel de grammaire béarnaise de Jean Bouzet (1892- 

1954), agrégé d’espagnol, et surtout en 1932-34 de la première édition du Dictionnaire du béarnais 

et du gascon modernes de Palay, œuvre monumentale et irremplaçable; il sera élargi et réédité en 

1961 avec le concours du CNRS, qui le réimprime régulièrement; en 1937, Jean Bouzet et l’abbé 

landais Th. Lalanne publieront un savant opuscule Du gascon au latin; et la Syntaxe béarnaise et 

gasconne du premier sera éditée après sa mort, en 1963. Parallèlement, Camélat publiait des recueils 

de textes, poésie et prose, à l’usage des écoles. Il faut dire que si l’école publique restait toujours 

officiellement fermée aux langues autochtones, l’évêque de Bayonne Mgr Gieure, d’origine 

landaise, en avait prescrit l’enseignement dans les écoles et collèges catholiques dès octobre 1923. 

Mais la grande longévité de Simin Palay, qui présida l’Escole de 1923 à sa mort en 1965, finit 

par lui nuire, gênant le renouvèlement des militants. Michel Camélat en fut le Secrétaire pendant 

très longtemps lui aussi, la maladie et la mort l’ayant privé du successeur qu’il avait espéré, l’agrégé 

d’espagnol André Pic (1910-1958). Le dépérissement de l’Escole allait favoriser l’éclosion de 

l’association occitaniste Per Noste et plus tard son propre passage à l’occitanisme quand de jeunes


occitanistes lettrés en prirent la direction, en 1984 et la renommèrent Escòla Gaston Febus en 1997. 

Depuis, elle a du mal à se trouver un président autochtone et la plupart de ses adhérents de toujours 

l’ont quittée sur la pointe des pieds. Son histoire relève désormais de l’occitanisme. 

L’Escolo deras Pirenéos 

Peu après la naissance de l’Escole Gastou Febus, en 1904, un Commingeois, le professeur 

agrégé de philosophie Bernard Sarrieu (1875-1935) et ses amis fondaient de la même façon 

l’Escolo deras Pirenéos pour le sud-est gascon (Comminges et Couserans français, Val d’Aran 

espagnol). Comme s’il sentait sa fin prochaine, B. Sarrieu publia en 1933 un numéro spécial (10 à 

12) de sa revue Era Bouts dera Mountanho qui récapitulait l’activité de l’Escolo et de ses membres 

depuis sa fondation. Il devait en effet mourir en 1935, entrainant chez ses disciples un culte 

comparable à celui de Mistral dans le Félibrige provençal, avec un repliement sur soi et un rejet 

violent de tout ce que pouvait représenter l’occitanisme. On lui doit cependant la publication, entre 

autres, des œuvres de son fondateur, du grand poète aranais l’abbé Condó Sambeat (1867-1919) et 

de l’abbé couseranais Jean Castet (1883-1961). Mais faute de renouvèlement, cette école a disparu 

avec la mort de ses derniers dirigeants. 

L’Academie gascoune 

Ressentie peut-être comme trop béarnaise, l’Escole Gastou Febus ne dut pas suffire aux 

Gascons du Bas-Adour, de telle sorte qu’en 1926 fut fondée à Bayonne une autre Escole 

félibréenne, l’Academie gascoune. Elle eut parmi ses fondateurs le professeur Henri Gavel qui 

devait plus tard conseiller Simin Palay dans la rédaction de son Dictionnaire et être à Toulouse l’un 

des maitres de Jean Séguy et Jacques Allières (cf. p. 141). Un autre fondateur, Pierre Rectoran 

(1880-1952), a laissé un ouvrage didactique sur Le Gascon maritime de Bayonne et du val d’Adour 

(grammaire, vocabulaire, guide de conversation, etc.), qui n’a pu être édité qu’en 1996. Le 

rayonnement de cette Academie est limité à sa petite région. 

L’Escole Jaufré Rudel 

Une troisième école félibréenne de Gascogne, l’Escole Jaufré Rudel, fut fondée à Bordeaux 

dans les années 50; elle a peut-être souffert de l’inadéquation linguistique de son domaine, à cheval 

sur le gascon, le limousin et le languedocien des confins de la Dordogne. On n’a guère parlé d’elle. 

L’Escole Simin Palay 

Enfin, en réaction au changement de cap de l’Escole Gastoû Febus, s’est fondée à Pau, à la 

fin de 1990, une nouvelle école Félibréenne, l’Escole Simin Palay; mais la moyenne d’âge élevée 

de ses membres et l’absence de personnes capables d’écrire et d’étudier la limite à quelques cours 

de béarnais et à des activité folkloriques. 

L’Institut d’études occitanes 

II – L’occitanisme gascon 

Pas plus qu’il n’y aurait eu sans doute de Félibrige gascon si Mistral n’avait pas créé quarante 

ans plus tôt le Félibrige provençal, il n’y aurait probablement pas eu d’occitanisme gascon sans 

l’occitanisme languedocien. À partir de 1930, celui-ci s’est organisé dans une Société d’études


occitanes (S.E.O.) créée autour de Louis Alibert, qui en fut la cheville ouvrière jusqu’à la fin de la 

guerre. Mais peut-être pour faire oublier qu’elle avait salué avec enthousiasme les mesures du 

Gouvernement de Vichy en faveur des langues dialectales (cf. p. 65), voire qu’Alibert lui-même 

avait été condamné à la prison pour faits de collaboration, plusieurs de ses membres fondèrent à 

Toulouse, en 1945, l’Institut d’études occitanes (I.E.O.), association « née de la Résistance » selon 

son statut; la S.E.O. fut bientôt dissoute, lui apportant membres et biens. 

L’association Per nouste, puis Per noste 

L’un des fondateurs de l’I.E.O. était le Gascon Ismaël Girard, médecin toulousain originaire 

du Bas-Comminges, et quelques Gascons adhérèrent à l’I.E.O. Mais il fallut attendre les années 

soixante pour que naisse vraiment un occitanisme gascon. 

Au départ, Roger Lapassade (1912-1999), homme de grande valeur humaine et patriote 

béarnais « cap e tout ». Pendant sa captivité en Allemagne, il avait retrouvé la langue apprise de sa 

grand-mère dans son enfance béarnaise et adhéré à l’Escole Gastoû Fèbus dont il fut longtemps 

sost-capdau {vice-président}. Tout en étant très respectueux de Camélat et de Palay, il ne put se 

contenter du train-train d’une Escole vieillissante, et comme professeur de français et d’espagnol au 

collège moderne — aujourd’hui lycée — d’Orthez, il n’eut de cesse que de faire vivre la langue 

béarnaise, et en particulier d’en promouvoir l’enseignement à l’école publique. 

Ayant alors découvert le mouvement occitaniste qu’animaient surtout des enseignants, il 

suivit les stages organisés par l’I.E.O. et, finalement, avec quelques amis d’Orthez, créa en 1960 

Per Nouste, section du Béarn de l’I.E.O., devenue bientôt Per Noste. Parmi les fondateurs, on 

remarquait deux autres hommes d’exception, le béarnais Robert Darrigrand, agrégé d’espagnol, et 

Michel Grosclaude, professeur de philosophie au même collège (pour l’action décisive de ce 

dernier, voir p. 40). 

De fait, la nouvelle association s’opposait sur bien des points à l’Escole Gastoû Fèbus. 

C’était d’abord une affaire de générations : depuis 37 ans, l’Escole Gastoû avait pour capdau 

{président}, Simin Palay, âgé de 86 ans en 1960, et pour secrétaire Camélat, 87 ans; en face, R. 

Lapassade était le plus âgé avec 48 ans, Grosclaude en avait 34 et Darrigrand 26. 

J’y ajouterais volontiers quelques éléments d’opposition sociologique, à partir du constat de 

G. Brasquet (1978, p. 76) dans un intéressant mémoire présenté à l’Institut d’études politiques de 

Bordeaux sous la direction de Jacques Ellul et publié par Per Noste : 

« Les dirigeants du mouvement et le Comité de rédaction de la revue comportent une 

importante proportion d’enseignants publics du primaire et surtout du secondaire (signe de 

l’importance de l’enseignement de la langue rendu possible, théoriquement du moins, par 

la loi DEIXONNE du 11 Janvier 1951). De plus, ce noyau, à nette dominante orthézienne se 

distingue également par une forte majorité protestante alors que l’ESCOLE GASTOU FEBUS 

a toujours attiré beaucoup d’ecclésiastiques catholiques, ce qui lui valait de la part de ses 

adversaires, une accusation de cléricalisme. 

« Enfin, politiquement la plupart de ces dirigeants peuvent être considérés comme 

appartenant à la gauche de l’opinion. Cela n’empêche pas que “PER NOSTE” soit un 

mouvement non politique, bien que ses dirigeants n’hésitent pas à aborder les problèmes 

d’actualité lorsqu’ils estiment que celle-ci a des rapports avec le combat qu’ils mènent. » 

On avait donc quatre oppositions qui s’ajoutaient à celle des générations :


Escole Gastoû Febus Per Noste 

Pau et est du Béarn Orthez 

Palay, autodidacte, tailleur, puis secrétaire de importante proportion d’enseignants 

rédaction du journal catholique de Pau; publics du primaire 

Camélat, petit épicier de village et surtout du secondaire 

en majorité catholiques en majorité protestants 

“sensibilité” de droite appartenance à la gauche 

Mais les temps ont changé; en 1975, Per Noste pouvait rassembler sous le titre Notre langue 

maternelle « huit études sur la langue occitane » parues d’abord dans la revue de juin 1967 à 

septembre 1968 : tous les auteurs étaient des enseignants, âgés de 33 à 55 ans. Aujourd’hui, bien 

peu d’enseignants de ces âges ont le béarnais ou le gascon pour « langue maternelle »; de plus, le 

bénévolat fait d’autant moins recette dans le domaine des langues régionales que c’est devenu une 

affaire d’Éducation nationale, et il n’est pas dans les mœurs que les salariés que sont les professeurs 

d’« occitan » pallient bénévolement les « carences » de leur employeur, l’État; on revendiquera 

donc pour obtenir postes et crédits, mais le militantisme classique pour la langue et son 

enseignement seront laissés aux anciens. 

Or R. Lapassade a quitté ce monde en 1999 et M. Grosclaude en 2002; les cadres de Per 

Noste vieillissent sans renouvèlement suffisant, si l’on en juge par les signatures de sa revue Per 

Noste-País gascons. Quant aux effectifs, rien n’en est publié, mais ils ne doivent pas dépasser la 

trentaine de cotisants. 

Et depuis la disparition de ces deux enseignants, d’une grande rigueur morale, Per noste 

donne des signes inquiétants de dérive partisane. Ainsi, dans la « dictée occitane » évoquée p. 45, 

c’est une véritable falsification que les organisateurs ont fait subir au texte proposé aux adultes, 

« extrait du livre de Roger Lapassade, “Sonque un arríder amistós” {Seulement un sourire 

amical}, et qui raconte une anecdote de son séjour dans un camp de prisonniers en Allemagne. » 

(L’Éclair du 2 février 2004). Là, à l’arrivée de nouveaux prisonniers, il se tenait « devant la 

baraque 19 pour accueillir les Gascons, les Basques, les Occitans… »; or “on” a dicté « … pour 

accueillir les Gascons et autres Occitans, les Basques… ». “On” ne pouvait dire que pour le 

Béarnais Lapassade, les Basques passaient avant les « Occitans » — qu’il n’appelait certainement 

pas ainsi à l’époque — et que les Gascons étaient distincts des « Occitans ». De plus le hasard (?) 

veut que le texte dicté ait été arrêté juste avant l’évocation des réunions qui rassemblaient chaque 

soir les Gascons dans la baraque la plus éloignée et où « Le Gascon résonnait ». 

Un occitaniste, qui devait savoir ce dont il parlait, a un jour réécrit la devise de l’I.E.O. « La 

foi sans les œuvres est morte » (tirée de l’Épitre de St Jacques, 2, 26) en « La mauvaise foi n’est pas 

morte »… C’est plaisant, mais ici, quand on songe que les organisateurs sont des enseignants, cela 

devient inquiétant : l’enseignement de l’“occitan” a-t-il pour but de faire parler la langue ou de 

préparer des militants indépendantistes ? 

L’association Aci Gasconha 

Depuis 1975, les Pyrénées-Atlantiques comptent en Bas-Adour une autre association qui ne 

se présente pas comme occitaniste, mais use de la graphie de l’I.E.O., Aci Gasconha. Moins connue 

que Per noste, elle essaie de faire entendre une voix gasconne dans un environnement basque 

dominant. On lui doit un intéressant guide de conversation Que parlam (1996) présenté p. 172.


Les autres associations gasconnes se réclamant de l’I.E.O. 

L’organisation de l’I.E.O. veut que chaque département ait une “section” qui se réclame de 

lui. En fait, celle des Landes L’Esquiròu, créée en 1971, ne donne plus signe de vie, et celle de 

Gironde qui réunissait surtout des enseignants et des étudiants a également disparu. Seule est bien 

vivante et active l’association des Hautes-Pyrénées Nosauts de Bigòrra, soutenue efficacement par 

le Département. Le Gers semble n’avoir aucune association occitaniste ou félibréenne. Les Gascons 

du Haut-Comminges se fondent dans l’association languedocienne de Toulouse et ceux du 

Couserans font cause commune avec les Languedociens du Pays de Foix, mais leur langue est 

encore plus malade qu’en Béarn (Wüest et Kristol, 1993, p. 189). De même pour le Lot-et-Garonne 

et le Tarn-et-Garonne, à cheval sur Gascogne et Languedoc. 

L’Institut occitan de Pau, puis de Billère 

Finalement, pour l’occitanisme comme pour le Félibrige, c’est encore le Béarn qui est en 

pointe. Non content d’avoir Per noste et l’Escòla Gaston Febus, avatar occitaniste de la vieille 

Escole Gastoû Fèbus, le “politiquement correct” l’a doté à Pau, en 1995, d’un Institut occitan, 

largement financé par le département, aboutissement de ce qui devait être à l’origine l’Institut 

culturel béarnais et gascon, pendant de l’Institut culturel basque de Bayonne. 

« Yamoussoukro 17 à la sauce béarnaise » était le titre de l’éditorial d’Occitans ! n° 73 de 

Mai-Junh 1996, signé par Robert Marty, président de l’I.E.O.; sans doute ce Languedocien lettré 

voyait-il d’un mauvais œil qu’un “centre” occitan pût être créé sur la périphérie, et spécialement en 

Béarn; mais en soulignant le fait que c’était l’œuvre d’un “prince” — malencontreusement de 

droite, comme ne l’est pas exactement la sensibilité de beaucoup d’occitanistes — R. Marty voulait 

dire que l’avenir de cet organisme serait lié à la fortune de ce “prince” : 

« Sans reconnaissance de la langue occitane par l’État français, sans volonté 

politique de l’enseigner, sans socialisation véritable, sans chaine de télévision… le Centre 

Occitan de Pau, lié à la volonté locale d’un ministre, risque de demeurer, comme la 

cathédrale de Yamoussoukro, un monument vide et sonore, car il en va du sort des 

ministres comme du bleu du ciel. La politique et la météo sont très changeantes, et le “bèth 

cèu de Pau” {beau ciel de Pau} peut aussi se couvrir. » 

En fait, cet organisme semble peu efficace, même s’il coute cher à la collectivité, département 

et région Aquitaine principalement. Interviewé au terme de son contrat de 5 ans, son premier directeur, 

Jordi Fernández-Cuadrench, à qui l’on demandait « À quoi sert et à quoi à servi depuis cinq 

ans l’institut occitan ? » a répondu : « À être soi-même. À savoir qui l’on est pour savoir où l’on va. 

Peut-être aussi à se protéger un peu contre la mondialisation sauvage. » (Sud-Ouest, 7 aout 2003). 

Il a reconnu également que « Ce qualificatif “occitan” nous identifie souvent comme venant 

de l’extérieur, or rien n’est moins vrai. Il faut encore que les Béarnais, les Gascons s’approprient 

l’I.O. » Or c’est bien là que gît la difficulté, et elle porte sur tout ce qui se dit “occitan”. 

L’aliénation “occitane” 

Deux photos de la presse quotidienne de Pau peuvent illustrer cette difficulté. L’encadré de la 

page ci-contre fait en effet ressortir deux faits, lourds de conséquences : 

– d’une part, tandis que Per noste était avant tout une affaire de Béarnais de souche, aux 

noms bien béarnais, tous les “leaders” occitanistes de la “relève” apparaissent comme étrangers au 

17 R. Marty rappelle que Yamoussoukro est le « village de brousse » natal du président ivoirien Houphouët-Boigny qui 

y a fait édifier une réplique de St Pierre de Rome, à peine moins haute de 3m pour ne pas rivaliser avec le Pape !


Béarn, à la Gascogne et même à l’« Occitanie ». On peut certes condamner le « chauvinisme », 

voire le « racisme borné » des autochtones, mais dans une affaire qui touche tellement aux racines 

et aux traditions d’un peuple, c’est le genre de reproches qui ne fait qu’ancrer les gens dans leurs 

sentiments. Mais cela n’est pas propre au Béarn ou à la Gascogne, et si l’on en doutait, horsain et 

hors-venu du Rézeau (2001) seraient là pour nous convaincre. D’ailleurs le Lorrain Michel 

Grosclaude en était bien conscient, et avait même joué sur l’onomastique béarnaise et gasconne 

pour ironiser sur les autochtones qui voudraient se cacher derrière des appellations étrangères : à la 

p. 123 de Lo gascon lèu e plan, un dessin montre un chanteur et des musiciens aux longs cheveux 

qui se produisent sous le nom de « The young crazy boys »; l’un des deux spectateurs en béret dit à 

l’autre : « Ceux-là, je les connais tous ! Il y a Pédeboscq, Lacarrère, Lahitette et Bordenave. » 

– le second fait est que les institutions occitanistes ont du mal à trouver des dirigeants 

autochtones, alors que Mistral faisait jurer à la Reine Jeanne du XIV e s. « de n’imposer au pays le 

gouvernement de quiconque n’y est pas né » (cité par R. Lafont, 1980, p. 228). Certes, aujourd’hui, 

c’est le “pays” qui les choisit, comme le président de l’I.E.O. et celui de l’Escole Gastoû Febus; et 

ceux-ci parlent et écrivent le béarnais; mais on est en droit de se demander comment il se fait 

qu’aucun autochtone ne se soit proposé et n’ait été choisi pour présider ces associations. Depuis, 

certes, S. Javaloyès a cédé son siège à un jeune Béarnais. 

Plus grave encore semble-t-il, quand en 1998 l’Institut occitan de Pau (installé à Billère depuis) 

lança un appel à candidature pour recruter son premier directeur salarié, « les candidats locaux


ne se sont pas bousculés » (L’Éclair, 3 novembre 1998) et il fallut aller à Barcelone pour trouver J. 

Fernández-Cuadrench, catalanophone qui promit alors d’apprendre le béarnais dans les six mois; et 

son successeur au patronyme flamand, bien que né à Orthez en 1955 et affirmant son « attachement 

pour la région », n’a pas profité dans sa jeunesse de l’enseignement “occitan” dispensé au lycée de 

cette ville par R. Lapassade et M. Grosclaude; en effet, « il ne parle pas totalement occitan » mais 

« espère bien le comprendre d’ici six mois » grâce à des cours suivis à l’Université du temps libre 

de Pau (L’Éclair, 21 janvier 2004). 

L’Institut béarnais et gascon 

III – D’autres perspectives ? 

Inquiets des menaces que le “tout occitan” des institutions en vedette faisait peser sur l’avenir 

de leur langue béarnaise et gasconne, des Béarnais sentaient qu’il fallait “faire quelque chose”. Ils 

avaient donc accueilli avec espoir la promesse des “politiques” de créer un institut culturel béarnais 

qui aurait été le pendant de l’Institut culturel basque déjà réalisé. Las ! ce fut l’Institut occitan qui 

vit le jour à Pau, provoquant aussitôt la constitution de l’association Pays de Béarn et de Gascogne. 

Les Béarnais “de base” ayant fait bon accueil à cette initiative, les dirigeants de cette 

association voulurent aller plus loin : ils ont donc créé en janvier 2002 un Institut béarnais et 

gascon dont le nom même affirme la volonté de se placer sur le terrain scientifique pour défendre le 

béarnais d’abord, le gascon dans son ensemble ensuite, dans leur authenticité menacée. 

Pour l’instant, cet Institut a publié un Dictionnaire français-béarnais dont il sera question pp. 

181 sqq. et quelques œuvres littéraires, surtout des rééditions. Il donne des cours à Pau et dispose à 

Paris d’une antenne qui fait de même. 

Appel aux jeunes ? 

« Qué y a de nau ? — Arré, tout qu’ey viélh. » {Quoi de neuf ? — Rien, tout est vieux.} diton 

plaisamment en béarnais. Malheureusement, c’est aussi l’impression que donnent la plupart de 

toutes ces institutions; en 2002, pour l’ensemble du Midi, « 8 % seulement des membres de l’I.E.O. 

[avaient] moins de 30 ans » (Estève Clerc, 2002). Seul semble faire exception l’Institut occitan de 

Billère, mais il s’agit de salariés, qui œuvreront au rythme des institutions publiques en général, et 

seulement tant que la manne des subventions continuera à être versée. 

L’avenir est dans la jeunesse, ici comme ailleurs; mais la langue qui n’est plus maternelle ne 

mobilise guère. Et curieusement, les gens nés dans les pays d’oc semblent encore moins motivés 

que quelques “étrangers” qui ont découvert les langues d’oc, éclairées d’un exotisme auquel les 

autochtones sont peu sensibles, comme on l’a vu plus haut, p. 51. Voici par exemple un extrait 

d’une lettre d’un lecteur gascon de La Teste de Buch, sur le Bassin d’Arcachon, publiée dans P.N.- 

P.G. n° 200, 9-10/2000, p. 20 : 

« Soyons clairs, l’Occitanie et l’occitan ce sont : 

« – 0,77 % aux élections régionales du 15 mars 1998 pour le département de la 

Gironde, « liste occitane » de Yves Rauzier, 

« – 2,31% aux élections régionales du 15 mars 1998 pour le département du Lot-et- 

Garonne, liste Aquitaine pais d’Òc de Pierre Boissière (qui a dépassé 50 % chez lui, à 

Lacaussade : chapeau !). 

« Quel intérêt pour les “Parisiens” si les indigènes ne s’intéressent pas à l’Occitanie 

et à sa langue ? Ce qu’un peuple ne fait pas pour lui-même personne ne le fera à sa place.


[…] 

« Il nous faudrait du monde, un peuple occitan. Il n’y en a pas. Il n’y en aura pas. 

« “L’Occitanie, connais pas” peuvent dire les médias. Pour qu’il y ait combat, il faut 

des combattants. Il y a une arrière-garde, une chapelle, constituée par une poignée de 

cœurs vaillants nostalgiques de “la lenga nòsta”. 

« Il y a une arrière-garde qui combat (il y a encore des coups à recevoir), qui ne se 

rendra pas, mais qui se meurt peu à peu dans l’indifférence générale. » 

Et la désaffection ne touche pas que les activités bénévoles; même les postes d’enseignants 

publics d’« occitan » ont du mal à être pourvus : pour le rectorat de Bordeaux, un sur trois n’a pu 

l’être à la rentrée 2003 et M. Jean-Michel Eple, inspecteur d’académie, soulignait naguère « la crise 

de vocation » (L’Éclair du 25 septembre 2003). 

Il ne faut pas s’étonner dès lors qu’au plan intellectuel, ces institutions ne font plus preuve 

d’une grande vitalité. 

Une linguistique d’amateurs militants 

IV – Vitalité intellectuelle 

J.-P. Chambon (2003, p. 5), qui désigne les mouvements que je viens d’évoquer sous le nom 

de « renaissantisme », fait la constatation suivante : 

« … l’influence de ce mouvement s’est fait fortement sentir sur le développement de 

la linguistique occitane. Non seulement, beaucoup de renaissantistes se sont intéressés à la 

langue en tant qu’amateurs ou en tant que pédagogues, mais encore un grand nombre des 

linguistes français qui ont étudié ou étudient l’occitan ont été et sont des mainteneurs 

militants. On pourrait citer beaucoup de noms : Jules Ronjat, Charles Camproux, Robert 

Lafont, Pierre Bec sont parmi les plus connus (les trois derniers étant aussi des auteurs 

littéraires de qualité en oc). » 

Pour ce qui nous intéresse, avec la disparition de M. Grosclaude, il ne reste plus grand monde 

pour travailler en “amateur” et publier sur la linguistique gasconne. J’ai évoqué p. 70 les Fiches de 

grammaire d’occitan gascon normé, mais elles sont l’œuvre d’enseignants, comme la version 

gasconne du récent manuel Òc-ben édité par l’Éducation nationale. Et je n’oublie pas les dictionnaires 

qui sortent nombreux, mais sans toujours témoigner d’études linguistiques approfondies en 

amont; j’en reparlerai surtout dans l’Historique des graphies, pp. 99 sqq. Le Félibrige n’ayant, en 

Gascogne comme ailleurs, aucun programme d’études linguistiques, je voudrais jeter ici un coup 

d’œil sur ce que fait en ce domaine l’I.E.O., qui est, ne l’oublions pas, l’Institut d’études occitanes. 

L’I.E.O. et les études occitanes 

On a vu plus haut, p. 78, comment l’I.E.O. avait été créé en 1945; institut « d’études », la 

version de 1946 de son statut lui donnait effectivement pour but « la direction, l’harmonisation, la 

normalisation et la centralisation de tous les travaux se rapportant à la culture Occitane dans son 

ensemble, dans le sens de l’enseignement, du maintien et du développement ». Il avait pour cela un 

Conseil d’études recruté par cooptation à raison de la compétence des postulants. 

Et en matière de linguistique, il eut toujours une structure spécialisée qui changea de nom au 

cours des ans, notamment : Section de philologie du Conseil d’études, Commission de 

normalisation philologique, et en dernier lieu Secteur de linguistique. Et il publia dans ses débuts 

des Annales, dont le dernier numéro parut en 1978.


Mais le vent de 1968 était peu favorable à l’élitisme des organes cooptés et au “mandarinat” 

des professeurs d’université. Le statut de 1946 paraissant intouchable du fait de la reconnaissance 

d’utilité publique qui y était attachée, c’est par une modification du Règlement intérieur — d’une 

légalité douteuse ! — que le Conseil d’études fut ouvert en 1977 à tous les adhérents, donc 

pratiquement supprimé en tant qu’organe d’études suprême. 

Peu après (1979), en présentant l’édition “occitane” de Beline de Camélat (cf. p. 135), le 

président de Nosauts de Bigòrra (cf. p. 80), I. Scaravetti, demandait l’indulgence des lecteurs pour 

les imperfections de ce travail car « Notre métier d’occitaniste ne nous laisse guère le loisir de 

prendre du recul. Nous n’avons pas le temps d’attendre la perfection. » 

Certes, celle-ci n’est pas de ce monde, mais le militantisme se prête mal à la réflexion et à la 

recherche, d’où ce divorce entre les universitaires des premières générations d’occitanistes et les 

militants des suivantes. Ainsi, rendant compte du n° 19 des Fascicle de l’Astrado prouvençalo, R. 

Teulat répondait à ses attaques contre l’I.E.O. par ce jugement sévère : « S’en prendre à l’I.E.O., 

c’est oublier qu’il est en pleine décadence depuis quelques années. » (C.L.O. n° 11, 11/1982, p. 75). 

Certes, J. Sibille allait en quelque sorte relever le gant en lançant Estudis occitans au 2 nd semestre 

1986, mais cela n’a duré que 12 ans — 24 numéros semestriels —, et l’universitaire Christian 

Lagarde (2002) pouvait en écrire récemment : 

« L’occitanisme est devenu, depuis bien des années, malade de ces deux horribles 

péchés [ruminer sans cesse les vieilles querelles, regarder les choses “par le nombril de ses 

rancunes”] et ne finit pas d’en payer le prix, celui d’une rupture entre les générations de 

porte-drapeaux et de déchirures profondes entre un secteur militant capable d’autisme 

radoteur et une société qui n’arrive pas à se reconnaitre en eux, [vus] comme un nid de 

zizanies. » 

Et sur la réalisation souhaitable d’un dictionnaire tout en occitan, Serge Granier (2002) : 

« Mais monter un projet dans ce but, qui y pense ? “Faire des animations”, mettre 

des plaques de signalisation bilingues ou éditer des livres, cela ne t’en laisse pas le temps. 

Nous faisons beaucoup d’associations d’“éducation populaire” et d’éditions courantes ou 

savantes, rien qui soit un “institut” et s’occupe d’études. » 

On ne sera donc pas surpris de constater que la “production” des organes linguistiques de 

l’I.E.O. se soit limitée à quelques décisions sur la graphie, mères de graves dissensions dans le microcosme 

occitaniste, menant à la création en 1997 d’une autre association, le Conseil de la langue 

occitane (C.L.O.). J’en traiterai au chapitre sur la sociolinguistique des graphies, pp. 193 sqq. 

V – Se serait-on trompé ? 

Des institutions peu efficaces 

Jugeant avec le recul qui sied à des étrangers de l’efficacité réelle de ces institutions en faveur 

du seul béarnais — mais c’est sans doute valable bien au delà —, A. Kristol et J. Wüest écrivaient 

il y a près de vingt ans (1985, p. 53) : 

« Nous aurions aussi quelques réserves à formuler en ce qui concerne l’efficacité du 

travail des organisations qui luttent pour la survie du béarnais. Quand on vit à l’étranger, 

les publications émanant d’organisations occitanistes sont généralement un moyen 

d’information privilégié. Quand on enquête ensuite sur le terrain, on est frappé par le faible 

impact de ces organisations sur l’opinion publique. Il n’est pas douteux que trop souvent 

les activités des organisations occitanistes (et félibréennes) n’atteignent qu’un petit cercle 

de militants. »


Certes, ils tempèrent cette constatation en signalant le succès des « nombreux groupes de 

musique traditionnelle » et aussi d’« un théâtre en langue béarnaise ». On peut aussi mentionner le 

Carnaval béarnais qui occupe une place importante dans la presse locale de la mi-janvier jusqu’à 

Pâques, car il n’a plus rien à voir avec l’entrée en Carême ! Mais pour ce qui est des chanteurs, une 

militante les qualifiait de « Biarnés d’empoun » {Béarnais d’estrade, de scène} pour bien signifier 

que sitôt descendus de l’empoun, ils ne parlent plus que français; a fortiori l’assistance… Et de 

même pour le Carnaval, néo-folklore un peu soixante-huitard devenu le “fond de commerce” 

d’occitanistes, très critiques par ailleurs à l’égard du folklore à l’ancienne des Félibres; ce ne sont 

pas quelques banderoles humoristico-revendicatives écrites en graphie classique et des discours 

convenus sur les méfaits de Carnaval, que l’on brulera bientôt, qui font vivre la langue chez un 

public jeune qui ne la comprend pas dans sa grande majorité. 

Et pour ce qui est des quelques activités publiques félibréennes, elles ne sont sans doute pas 

plus efficaces pour la valorisation de la langue auprès du grand public. 

Une erreur “stratégique” : l’élitisme bourgeois du Félibrige 

Alors, on en vient à se demander si tout le mouvement en faveur des langues d’oc, depuis le 

XIX e siècle, et spécialement depuis Mistral, n’a pas complètement manqué son but par une erreur 

stratégique de ceux qui l’ont mené. 

Quand Mistral lança le Félibrige, c’était une réaction de jeunes bourgeois d’esprit romantique 

qui généralement ne travaillaient pas de leurs mains. Ils chantèrent la noblesse du travail des 

paysans qui leur permettait de vivre de leurs rentes et se convainquirent qu’ils parlaient la langue de 

ces paysans et des ouvriers à qui ils rendaient une dignité perdue. Mais ils demeurèrent loin du 

peuple, jugé trop inculte, comme le souligne Pierre Pasquini pour la Provence (1983) et surtout 

dans sa thèse Le pays des parlers perdus, Montpellier, 1994. Ils firent de l’oc une langue de 

culture, faite des mots d’un dictionnaire de référence, le Tresòr dóu Felibrige, avec ses 

grammairiens et ses académies, dispensatrices de prix aux « bons élèves » de la classe. Tout ce 

qu’il fallait pour décourager ceux qui n’avaient que de mauvais souvenirs de l’école et de la 

grammaire. Forçant sans doute le trait, Pasquini (1983, p. 12) conclut : « Les félibres sont, par leurs 

œuvres, les artisans de la renaissance littéraire, mais sont aussi, par leur action, les fossoyeurs de la 

langue. » 

Qui étaient-ils en effet, ces félibres ? En général, de petits bourgeois lettrés, passés par le 

lycée et souvent par l’université, médecins, pharmaciens, avocats ou notaires; des prêtres aussi, 

souvent d’origine rurale et modeste, mais formés au latin, et enfin des instituteurs, aux études plus 

courtes. 

Pratiquant tous le français dans l’exercice de leur métier — sauf sans doute les prêtres des 

campagnes qui devaient encore prêcher en « patois » pour être compris de tous — et ignorants tout 

ce que la linguistique moderne a révélé sur la sociologie des langues ainsi que sur leur évolution 

fonctionnelle, ils ont rêvé d’une langue d’oc littéraire et policée pour revues et discours de fin de 

banquet, mais sans lien avec la vie ordinaire de ceux qui la pratiquaient quotidiennement. Il suffit 

de parcourir les publications du Félibrige pour voir combien étaient rares les signatures des gens 

ordinaires, au demeurant peu rompus au maniement de la plume.


Erreur poursuivie par l’élitisme bourgeois de l’occitanisme 

L’occitanisme se présenta comme une réaction contre une prétendue subordination de la 

graphie au modèle français et de la langue au modèle provençal, mais ne changea pas 

sociologiquement. Et si une sorte de gauchisme de 1945 supplanta le romantisme de 1854, 

l’occitanisme resta l’affaire d’une petite bourgeoisie; mais au lieu de vivre de rentes ou de 

commerce comme Mistral et ses amis, ils faisaient carrière au service de l’État français, la plupart 

comme enseignants, et souvent de français. Et les publications de l’Occitanisme ne comptaient pas 

plus de signatures des gens ordinaires que celles du Félibrige. 

L’aboutissement le plus achevé est sans doute l’œuvre de Louis Alibert, qui ne s’intéresse 

qu’à ce qu’il appelle la « langue littéraire », la seule que l’on ait le droit d’écrire; la langue parlée 

dans sa variété et sa vitalité ne peut que demeurer dans l’oralité. D’où notamment une graphie qui 

ne se soucie absolument pas de noter les sonorités de la langue vivante. Et en 1951, son jeune 

disciple P. Bec se souciait aussi de « la fixation du gascon littéraire » (1952, p. 45) 

C’est facile de parler patois, quand on a une pile de diplômes de la République pour prouver à 

tout le monde qu’on est des maitres dans la langue de Molière et de Descartes, surtout après avoir 

changé le nom méprisé de patois en ce nom scientifique d’occitan. Jean-François Chanet (2000), 

maitre de conférences à l’Université Charles de Gaulle - Lille III, faisait justement observer que la 

francisation a été appelée par les couches populaires, alors que la défense des “langues régionales” 

était le fait des classes instruites et bourgeoises qui possédaient parfaitement le français. 

VI – Le résultat : peu nombreux, les militants sont isolés 

Des militants non reconnus par le peuple des locuteurs 

Dès lors, le militant des langues d’oc n’a pas été reçu comme un modèle par le peuple sorti tôt 

de l’école et qui parlait le patois appris de parents sans diplômes. 

Et pour ceux à qui leur condition familiale ou leur aventure personnelle avaient ouvert les 

chemins des études et de la réussite sociale, ces militants sont souvent apparus comme de doux rêveurs 

qui trouvaient dans ce combat une compensation à une moindre réussite dans la vie, voire un 

moyen de se mettre autrement en valeur, ou même de se faire offrir de nouvelles perspectives dans 

les carrières administratives. Par exemple, quand l’enseignant-militant revendiquait la création d’un 

CAPES d’occitan, en attendant celle d’une agrégation, quand aujourd’hui il réclame des postes 

d’enseignants d’oc, est-ce pour la langue, ou pour sa propre carrière ? Sans doute un peu de tout, et 

il ne faut pas museler le bœuf quand il foule le grain, dit la Bible (Deut. 25,4); mais on se méfie… 

J’en prendrai à témoin Michel Pujol, président de Nosauts de Bigòrra que j’ai déjà cité pp. 50 

et 56; c’est un occitaniste non seulement lucide, mais encore courageux, qui refuse la “langue de 

bois” et réussit à être publié dans le magazine de l’I.E.O. Occitans ! (n° 106, 5-6/202, p. 18). À la 

suite de l’assemblée générale de l’I.E.O. tenue à Tarbes en 2002, il écrit : 

« …il peut sembler que tout va bien en occitanisme quand les motions son votées à 

l’unanimité, quand on décide de mieux professionnaliser, de créer un secteur des jeunes, 

de secouer par écrit les candidats [à l’élection présidentielle de 2002]. Une question reste 

posée : qui nous suit ? Qui touchons-nous ? Où en est notre peuple ? […] 

« Il faut bien constater que notre mouvance est partagée, divisée, éclatée. Il y eut 

bien des absents à cette A.G., et sans que cela soit la faute des organisateurs, qui ont fait 

tout ce qu’ils ont pu. Non ! la fracture est de sensibilité, et dans les assemblées comme celle 

de l’I.E.O., où se tient un discours assez idéologique, bien peu viennent du grand nombre


de chorales, chanteurs, groupes de danse, conteurs, instituteurs itinérants, acteurs culturels, 

public des ateliers de langue, en tout cas ici en Gascogne. 

« Les choses se passent souvent comme s’il y avait d’un côté les activistes et 

idéologues, de l’autre le “peuple” qui ne comprend pas trop ce que veulent ces gens-là. Les 

uns ont vite fait de juger les autres arriérés, ceux-ci voient dans les premiers des fauteurs 

de désordre bons à crier et écrire une langue où ils ne se reconnaissent pas. 

« La vieille division entre le Félibrige et les occitanistes n’en finit pas de nous 

ronger, quoique sous d’autres formes, avec d’autres mots, et il ne faut pas croire que cela 

ne se passe qu’en Provence. Nous jetons un manteau pudique sur tout cela — je sais que je 

ne suis pas politiquement correct d’en parler —, nous allons continuer à mettre la tête dans 

le sable. Au lieu de toujours fuir en avant par des proclamations, il faut tout faire pour 

essayer, si c’est encore possible, de prendre en charge notre histoire totale, sans écarter 

aucune sensibilité. » 

Si les défenseurs des langues d’oc, félibres et occitanistes, étaient vraiment sentis comme 

modèles pour les peuples d’oc et en particulier pour les jeunes, comme le sont les sportifs ou les 

chanteurs, il y aurait peut-être un courant pour donner envie d’apprendre et de parler la langue. 

Mais, comme le notait amèrement Michel Chapduelh [Chadeuil, cf. p. 47] (Occitans ! n° 70, Nov.- 

Dec. 1995, p. 19), la génération de 68 a tout fait pour tuer « l’affectivité, origine de tous les 

fascismes » et on s’étonne d’avoir de jeunes élèves sans enthousiasme. C’était mal vu de vouloir 

parler de la « langue du papet » (cf. a contrario P. Sauzet au Cercle de minuit, cité p. 75), l’avenir 

était pour l’occitan normé, standardisé etc. 

On en vient donc à douter de la pertinence de la Réforme linguistique occitane dont Louis 

Alibert fut le grand théoricien avant la II nde Guerre mondiale, et qui fut adoptée comme allant de soi 

par l’établissement scolaire (pour le gascon, voir pp. 221 sqq.). Enfermée dans une linguistique 

“pure”, elle a ignoré totalement les données sociolinguistiques des langues d’oc en France dans les 

années 20 du siècle dernier… à plus forte raison depuis cette Guerre. 

Si la langue des dictionnaires et des grammaires normées vaut plus que celle du cœur, 

pourquoi se fatiguer à l’apprendre quand on sait qu’elle ne servira pas du tout dans la vie de tous les 

jours, sinon pour devenir capessien d’occitan et se chercher des postes et des élèves pour faire 

tourner la roue ? 

Et même les retraités ne sont guère incités à retrouver une langue de leur jeunesse : quand, en 

Octobre 2000, la presse de Pau publie un supplément gratuit Vivre senior, la 6 ème des « Dix recettes 

pour garder la forme », Apprenez, n’envisage que des langues étrangères; qu’on l’appelle occitan, 

gascon ou béarnais, la langue d’oc du pays est totalement oubliée. 

Le résultat, c’est que le discours de l’école d’autrefois, qui interdisait le « patois » au profit du 

français, langue de la modernité et de la liberté, s’est trouvé renforcé par celui des maitres en oc qui 

méprisent ce même « patois » que l’on confinera dans l’oralité et l’usage privé : 

« ... si nous voulons défendre sérieusement notre langue, il importe qu’elle 

n’apparaisse pas comme une succursale du français ou comme un patois abâtardi et 

incapable de se suffire à lui-même. » (M. Grosclaude, Introduction de Narioo et autres, 

2003, p. 14). 

Citant ce passage d’après le Petit dictionnaire Français-Occitan (Béarn) dit Civadot (p. 14) 

d’où il est repris en 2003, A. Kristol et J. Wüest (1985, p. 50) faisaient justement observer : 

« Il nous parait que les auteurs de ce texte sont victimes des préjugés de leur 

entourage quand ils traitent l’occitan parlé de “patois abâtardi”. Il a beaucoup été question 

des inconséquences de la politique linguistique du Félibrige, mais celle des occitanistes 

n’est pas toujours cohérente non plus. »


En effet, comment les locuteurs naturels auraient-ils transmis à leurs enfants cette langue 

honteuse et impropre à en assurer l’avenir ? 

Un monde politique qui pratiquement les ignore 

De tout cela, les hommes politiques sont bien conscients, eux dont les militants attendent des 

mesures miracles qui feraient revivre les langues d’oc. Bien loin du temps où les nobles du Béarn 

avaient obtenu de Jeanne d’Albret (1528-1572) que les textes officiels fussent rédigés en béarnais 

(cf. p. 37), les « puissants » de notre société moderne n’ont aucune revendication de l’espèce, et 

« le peuple » s’en désintéresse tout autant dans sa grande majorité. 

Nos hommes politiques savent bien que les électeurs n’ont pas envie de voir l’argent public 

passer à tout ce qu’il faudrait pour enseigner la langue d’autrefois 18 . Ils viendront serrer les mains 

aux fêtes des félibres et des occitanistes, ils chanteront sur la scène de Siros ou d’Ibos, ils feront des 

déclarations en patois, en béarnais, en oc ou en occitan, comme on voudra… mais ils n’iront guère 

plus loin s’ils veulent être réélus par des gens qui savent ce que leur coûtent les impôts. 

À cet égard, le président du département des Pyrénées-Atlantiques Jean-Jacques Lasserre a eu 

récemment l’occasion de s’exprimer avec une rare franchise. Pour la constitution du dossier Langue 

occitane de Lettres d’Aquitaine déjà étudié pp. 46-47, il a été interrogé sur la politique linguistique 

du département et, des cinq présidents départements de la région, il a été le seul à répondre 

personnellement, p. 6. Or il a fixé ainsi les conditions qui doivent toutes être réunies pour que la 

« langue occitane » reste une langue vivante : 

« – à la “base”, une volonté réellement marquée d’une partie au moins très 

significative des populations concernées de passer d’un intérêt “passif” pour sa langue 

régionale (par exemple “l’opinion très positive” exprimée lors des fréquents sondages 

d’opinion sur le sujet) à un intérêt “actif” (par exemple, l’inscription de ses enfants en 

filière bilingue lorsque la possibilité en est offerte) assortie d’un soutien concret, rapide et 

pérenne des collectivités de proximité (communes, intercommunalités…) lorsque cette 

volonté se manifeste; » 

S’y ajoutent au « sommet » des actions du département, de la région et de l’État « allant bien 

au-delà de quelques cofinancements ponctuels » et dans « l’entre-deux », un réseau culturel et 

associatif fort à base de militants. 

Mais ce qui me parait essentiel, c’est la demande de « la base » qu’il a nommée en premier, 

ce que j’appellerais une demande « solvable » comme on dit en économie, c’est-à-dire prête à payer 

elle-même le prix par un engagement personnel. Or cette disposition des individus me semble très 

rare, et on est loin de la constater chez « une partie au moins très significative des populations 

concernées ». Cela veut dire que l’on n’est pas près d’avoir des actions massives de ce département, 

qui ne sont actuellement réclamées que par une poignée de militants, même s’ils font du bruit dans 

les médias… 

De fait, les élections régionales et cantonales de mars 2004 me paraissent avoir confirmé le 

désintérêt de la population pour les « langues régionales » : au moins dans les pays d’oc, elles ont 

semble-t-il été totalement absentes du débat public. 

Concrètement, en Béarn, les candidats ont tous été contactés par les associations occitanistes 

18 Quelques subventions 1996 du Conseil régional d’Aquitaine aux associations des Pyrénées-Atlantiques (Éclair- 

Pyrénées du 26 juin 1996) : Fédération des Calandretas, 165 000 F; Image-Imatge (cinéma occitan), 52 000 F; 

Carnaval-Pantalonada de Pau, 30 000 F; Fédération départementale des chasseurs, 325 250 F; sans commentaire.


et ont tous fait quelques promesses rapportées par les bulletins ou communiqués de ces 

associations. Mais dans les interviews sur leurs programmes publiées dans la presse (17 et 18 

mars), même les trois candidats aux élections cantonales qui pouvaient passer pour des militants de 

l’« occitan » se sont concentrés sur les projets économiques et d’aménagement et n’ont rien dit de 

la vieille langue du pays; six ans plus tôt, pourtant, le premier d’entre eux affichait un bel 

optimisme pour l’« occitan » dans une interview titrée « Les langues régionales intéressent les 

politiques » (L’Éclair, 27 mars 1998); mais en 2004, peut-être ont-ils pensé qu’ils perdraient plus 

de voix qu’ils n’en gagneraient en mettant à leur programme le soutien de l’« occitan », alors qu’ils 

se présentaient tous dans des cantons fortement ruraux où le béarnais est encore vivant, au moins 

chez les anciens : 

– à tout seigneur, tout honneur, Jean Salles-Loustau, inspecteur général de l’éducation 

nationale chargé des langues France; maire depuis 1989 de Bordes, dans la plaine à l’est de Pau, où 

il a fait ouvrir une classe bilingue « occitan »-français; candidat UDF ou apparenté, battu par un 

socialiste; 

– Yves Sallenave-Péhé, administrateur civil de haut rang au ministère de la Défense; maire 

depuis 2001 de Monein, au pied des coteaux producteurs du vin de Jurançon, où il a favorisé 

l’ouverture d’une école Calandreta en langue béarnaise; candidat socialiste, élu au 1 er tour; 

– Serge Larrey-Lassalle, instituteur spécialisé dans l’« occitan », membre d’un groupe de 

chanteurs béarnais Los Pagalhós; maire depuis 1995 de Préchacq-Navarrenx, dans la plaine du 

Gave d’Oloron; candidat socialiste, battu par un UDF. 

Quand leurs militants ou sympathisants cachent leur drapeau, il est difficile de croire que les 

langues d’oc ont le vent en poupe. Mais n’est-ce pas dû au décalage entre ces langues, et même la 

plupart des langues “régionales”, par rapport à l’évolution du monde vers des échanges de plus en 

plus lointains ?

Victimes de la modernité 

Chapitre V 

Y a-t-il un avenir pour des langues “régionales” ? 

Le déclin du gascon et des langues d’oc que nous venons de constater fait certainement 

beaucoup de peine à ceux qui ont conscience des valeurs qu’elles portent; et sans doute en est-il de 

même des autres langues “régionales” de France. Mais n’est-ce pas inscrit dans une Histoire qu’on 

ne refera pas ? En transposant l’expression d’Alibert sur l’abandon de la langue gauloise devant le 

latin, les « autres langues de France » ne peuvent lutter avantageusement avec la langue de Paris. 

Parce que deux mots sont la clé, le ressort de nos efforts : ascension sociale, faire mieux que 

père et mère et permettre aux enfants de ne pas connaître les difficultés, parfois la pauvreté que 

nous avons éprouvées nous-mêmes. Et même, dans La lecçon de francés, court récit d’autrefois en 

appendice à Vie et mort de personne de Pierre Calmette (éd. Vent terral, 2001), c’est la grande sœur 

qui invite parents et petit frère à parler français et abandonner le patois. « Pas besoin d’un hussard 

noir » commente le critique Léon Castel (Occitans ! n° 104, 1-2/2002, p. 19). Car quelle est la 

langue des examens qui consacrent la réussite scolaire ? En quelle langue s’écrivent les livres 

dispensateurs du savoir dans presque toutes les matières ? 

C’est l’évolution du monde qui a fait disparaitre la société et le mode de vie ruraux où 

s’étaient maintenues les langues d’oc, leur biotope comme disent ceux qui veulent, à coup de 

millions d’euros, faire revivre l’ours dans les Pyrénées. Résultat : 

« Les langues et cultures régionales ou minoritaires ont été largement laminées. Je 

sais bien que leur transmission familiale s’est arrêtée vers 1960. Elles sont mortes en 

patois, sans se défendre, mortes d’innocence. » (R. Lafont, 2000). 

Certes, voulant être optimistes, A. Kristol et J. Wüest écrivaient en 1985 (p. 52) : 

« en définitive, le béarnais ne peut être sauvé que si un nombre croissant de Béarnais 

sont prêts à parler béarnais avec leurs enfants. Sur ce plan-là, nous sommes totalement 

d’accord avec Robert Lafont (1984, Pour retrousser la diglossie, Lengas n° 15, p. 31) 

quand il dit “une langue qui n’est pas la langue de la petite enfance n’est point langue 

sociale du tout.” » 

Mais on se doute bien que cela ne pouvait être, car les jeunes parents de 1985 ne parlaient 

déjà plus béarnais eux-mêmes. 

L’illusion de l’officialisation 

La voie familiale n’ouvrant guère d’espoirs, le mouvement occitaniste organise périodiquement 

des manifestations « Occitan, langue officielle », comme si l’admission de l’occitan — au 

fait, lequel ? — à un statut de co-officialité avec le français permettrait de revitaliser la langue. 

C’est souvent une grande maladresse, car les effectifs squelettiques des manifestants révèlent 

au grand jour la faiblesse du mouvement. Par exemple, le 27 mai 2000, ils étaient 500 à Toulouse, 

cœur de l’« Occitanie » virtuelle, pour une agglomération de plus de 600 000 habitants ! (Occitans ! 

n° 96, 5-6/2000, p. 11). 

C’est surtout méconnaitre les expériences d’autres pays. Et d’abord celle irreproductible de 

l’état d’Israël, citée par Henri Polge, Directeur des Archives départementales du Gers, à la fin d’un 

article sur l’innovation lexicale (Via Domitia, n° XVII, 1972, p. 60) :


« Un seul peuple au monde a réussi cet exploit incomparable de rendre la vie à une 

langue morte : le peuple israélien. Mais précisément l’État juif, officiellement créé en 1948 

seulement, offrait cette particularité exceptionnelle qu’il ne comportait aucune langue 

commune, mettant ainsi à la disposition de ses locuteurs une manière de vide. » 

Car l’officialité toute seule est impuissante. L’affaire n’est pas gagnée en Catalogne, bien 

qu’elle ait une bourgeoisie catalaniste depuis toujours (cf. Lamuela, 2002, p. 397), encore moins en 

Irlande indépendante… 

Deux témoignages récents sur le canton des Grisons viennent même renforcer cette impression, 

tellement la situation du romanche est comparable à celle de nos langues d’oc, avec toutefois 

à son avantage le fait d’être encore très vivant dans les campagnes (Solèr, 2004 et Furer, 1996). Il 

faut rappeler que ce canton suisse compte quelque 180 000 habitants, dont 30 % sont rassemblés au 

chef-lieu Coire, majoritairement germanophone. Mais outre l’allemand et l’italien, « pour les rapports 

avec les citoyens romanches, le romanche est aussi langue officielle » selon l’article 116 de la 

Constitution fédérale suisse révisée en 1996; il est donc utilisé dans les administrations, l’enseignement 

et le commerce. Or il est partagé en cinq variétés appelées idiomes, où pénètrent bien des 

mots ou calques allemands, aboutissant à une « langue transcodique (“Code mixing”) ». Aussi les 

militants ont-ils créé en 1982 un standard appelé Rumantsch Grischun. Cependant, selon Solèr… 

« Il arrive même que des gens utilisant un registre romanche élevé doivent le corriger 

par le bas et choisir un romanche transcodique pour s’adapter “socialement” aux 

partenaires et ne pas faire figure de rumantschans, militants romanches. Le romanche et 

l’allemand forment incontestablement un bilinguisme déséquilibré. Cette situation réduit 

l’usage de la langue romanche, déjà touchée à tous les niveaux. Aussi aucune tentative de 

remanier le romanche et de l’actualiser pour les besoins modernes n’a pu l’empêcher de 

devenir davantage un calque de l’allemand, une langue transcodique, définie par “materia 

romana espirito tedesco” (Ascoli, G. I., 1883, Annotazioni sistematiche al Barlaam e 

Giosafat, Archivio glottologico italiano 7, p. 407). […] 

« Conscientes de ce fait, les institutions protectrices et politiques tentent d’améliorer 

la base du romanche — ainsi que de l’italien. On décrète officiellement l’usage des trois 

langues dans les administrations, les écoles et les institutions publiques. Des communautés 

obligent leur personnel à s’adapter linguistiquement. Un affaiblissement est pourtant le 

refus pratique et psychologique du Rumantsch Grischun qui reste fantomatique, étant 

donné qu’il ne correspond à aucun besoin autre que théorique-idéologique; dans l’intimité 

régionale, les idiomes, voire les patois oraux, suffisent et, au-delà, c’est indubitablement 

l’allemand qui s’impose. » 

Et l’on ne saurait oublier l’effet pervers résultant du peu d’enthousiasme des agents 

germanophones de l’administration, obligés d’apprendre le romanche pour converser avec quelques 

romanchophones néanmoins bilingues : 

« s’adresser en romanche à un officiel germanophone de Coire signifierait retarder la 

réponse et pourrait même attirer la malveillance de ce représentant de la majorité 

linguistique » (Victoria Popovici, résumant Furer, 1996). 

Au demeurant, tandis que les derniers locuteurs naturels d’oc se passent bien d’officialité, les 

occitanistes eux-mêmes parlent plus aisément fançais dans leurs réunions : 

« Nous sommes près du marché [de Tarbes], comme chaque jeudi, ils sont venus 

vendre quelque volaille, et ils bavardent tant et plus en “patois” […]. Quel plaisir chaque 

fois de les écouter; comme elle coule, naturelle et plaisante, “notre langue” ! » 

« Maintenant, nous sommes dans une assemblée d’occitanistes comme il s’en tient 

tant et tant. Approchez-vous et vous serez à peu près chaque fois étonné du mélange qu’on 

peut y entendre. L’un a commencé en occitan, un lui répond en français, un autre fera un 

effort pour revenir à l’occitan, mais il peine, et il achève son propos en français. Chacun a 

pu faire l’expérience de notre difficulté à tenir une assemblée entièrement dans la langue


qui nous réunit. Et souvent, il s’en faut de beaucoup que notre parole soit naturelle et 

plaisante. » Michel Pujol (2001). 

Et qui pourrait chiffrer le cout de la traduction en oc, même unifié, de l’immense “littérature” 

scientifique et technique qui commande tout travail moderne ? Déjà, on n’arrive pas à le faire de 

l’anglais au français… Nous sommes en-dessous de la masse critique, et celui qui veut être lu écrit 

en français (cf. Henri Gougaud, cité p. 63). 

Il faut des langues à l’échelle du monde… 

En élevant le débat, d’ailleurs, on se rend bien compte que la vie et la mort des langues sont 

liées à leur utilité sociale, donc d’abord comme moyen de communication de la pensée, utilité dont 

l’intérêt culturel n’est qu’une partie, selon le vieil adage Primum vivere, deinde philosophari… Et 

le fait est que les peuples adoptent les langues qui leur paraissent les plus utiles. 

Or cette utilité s’apprécie différemment selon qu’on est un sédentaire vivant en autarcie ou 

presque ou qu’on est un “itinérant”, à la recherche d’aventures, de profits ou simplement de survie. 

Parlant du passage graduel du latin aux langues romanes, le Pr. Michel Banniard situe le début de 

l’étape dite Latin parlé tardif de phase 2 (LPT 2), soit en Gaule le latin mérovingien, au VI e s., 

lorsque le latin commençait à se dialectaliser du fait du ralentissement des échanges au sein de 

l’Empire; et d’ajouter que c’est un fait bien connu que les parlers ne sont naturellement homogènes 

que dans le rayon d’un aller et retour de la journée; au delà, il faut des institutions dynamiques pour 

entretenir l’unité des parlers, comme ce fut le cas à la belle époque de l’Empire romain. 

Le morcèlement du monde au haut moyen-âge a donc facilité l’apparition de nos langues 

romanes, continuatrices d’un latin diversifié dans l’espace. À cet égard, il est symptomatique que 

les délais de procédure fixés selon la distance par les anciens Fors de Béarn délimitent dans 

l’espace des zones qui coïncident avec nos découpages linguistiques : une zone proche, la “Terre de 

Béarn” qui parle béarnais, une zone moyenne qui s’arrête à la Garonne, comme le gascon, et le 

reste du monde, au-delà du fleuve et des Pyrénées… (cf. Annexe X). 

Mais à l’inverse, même diversifiées, les langues romanes étaient un outil de communication 

externe, de telle sorte que Ricardo Cierbide (2003, p. 23), de l’Université du Pays basque, achevait 

ainsi sa contribution au Colloque de Burgos d’octobre 2001 : 

« Du point de vue de son expansion [dès le XI e s.], la variante romane [de Navarre] 

s’imposa à côté de la basque, probablement pour des raisons de communication dans son 

environnement castillan, aragonais et occitan, l’euskara restant confiné dans les 

communautés les plus archaïsantes et les moins communicantes. » 

Et c’est encore plus vrai depuis : la constitution d’états modernes à l’économie dynamique a 

entrainé l’émergence des langues préférées non seulement des princes, mais encore et surtout des 

couches les plus entreprenantes de la société. Là encore, je citerai M. Banniard : il pense pouvoir 

expliquer l’apparition d’une littérature romane en domaine “français” quelques siècles avant les domaines 

italien et espagnol par la demande des “potentes” d’Austrasie qui, à l’instar de leurs cousins 

de l’est pour leur parler germain, avaient souhaité des œuvres littéraires dans leur langue romane. 

Et de rappeler que c’est par fierté nationale de Latins que l’aristocratie sénatoriale hellénisée appela 

l’émergence d’un latin littéraire capable de se substituer au grec; puis que la même aristocratie devenue 

chrétienne a facilité l’émergence du latin littéraire des Pères du IV e siècle. Or les “potentes” 

— nous dirions lous capulats en béarnais — d’oc n’ont jamais été en état de formuler une telle


revendication, contrairement à la bourgeoisie d’affaires de Catalogne. Chaque peuple a son histoire… 

Bien installés dans l’économie française, ces capulats se sont contentés du français. Et audessous 

d’eux le bon peuple d’oc allait en faire autant avec le décloisonnement des provinces. 

Ainsi, Mistral mettait « les changements que les chemins de fer semblent avoir causés dans les 

communications » au nombre des causes possibles de la désaffection à l’égard du provençal 

(Discours du 31 mars 1875 aux Jeux floraux de Montpellier, Discours, 1941, p. 42). Aujourd’hui, 

l’accélération des transports mondiaux a encore plus rétréci la planète, confinant à l’usage local 

toutes les langues, hormis l’anglais et peut-être l’espagnol et le français… 

… et tournées vers l’avenir 

Or il est difficile de ne pas voir dans nos langues régionales, et spécialement le gascon, des 

langues tournées vers le passé. On peut rapprocher sa situation de ce que N. Kalinine-Bourthoule 

disait de la société béarnaise au Colloque Arnaud de Salette d’Orthez en février 1983 (Actes, p. 

145) : 

« En gros, le monde protestant regroupe, vers 1568, de fortes communautés dans les 

régions de peuplement dense des plaines où l’activité du commerce et de l’industrie est 

forte et où s’est établie une bourgeoisie d’affaire ou d’office. La noblesse, quant à elle, a 

choisi dans une large mesure — non sans de notables exceptions — la religion du 

souverain. Donc l’on peut affirmer que le protestantisme béarnais regroupe la majeure 

partie des classes dominantes (dans l’aire géographique considérée) en voie de francisation 

déjà avancée.[…] 

« Les îlots de résistance sont, au sud, à dominante pastorale et, au nord, paysanne, 

sociétés fermées, peu en contact avec l’extérieur, sauf du côté espagnol, à l’écart des 

grands axes de communication. L’opposition religieuse se double en fait d’une affirmation 

d’identité plus ou moins consciente qui recouvre des antagonismes sociaux, économiques, 

linguistiques. C’est l’affrontement de deux mondes, de deux conceptions de l’économie et 

de la société : le monde protestant c’est celui qui monte qui s’enrichit par l’industrie, les 

échanges, le maniement de l’argent, le profit, où la valeur individuelle est exaltée et 

stimulée par une conception dynamique du rapport grâce-foi sans autre médiation que 

divine; société qui s’ouvre vers l’extérieur où le progrès est accepté, l’instruction 

développée, le livre roi. En face, l’on trouve une société agro-pastorale à tendance 

autarcique bien que se tournant en partie vers l’échange mais non le productivisme, à 

structure communautaire très forte fondée sur l’oustau, ce qui lui a permis de réaliser un 

équilibre adapté à l’écosystème et aux techniques rudimentaires de l’époque; les conditions 

de vie y demeurent rudes, précaires, jamais rien n’est acquis définitivement : une série de 

mauvaises années peut jeter bas l’édifice; monde de l’oralité, de l’irrationnel, engoncé 

dans la rigidité des coutumes et des usages, monde menacé qui se cramponne aux valeurs 

du passé auquel, déjà, il appartient. » 

Le monde protestant du Béarn du XVI e s., c’est déjà la société moderne, et elle parle français; 

la résistance catholique, c’est le peuple rural, routinier, fermé sur ses habitudes, et il parle béarnais. 

C’est d’ailleurs pour ces gens grossiers (« grosseés ») que Salette traduit les Psaumes en béarnais 

(adresse Au Rey). On n’est donc pas loin de la définition du patois dans Le petit Robert de 1967 

« Parler ou idiome employé par une population peu nombreuse, souvent rurale, et dont la culture, le 

niveau de civilisation sont inférieurs à ceux du milieu environnant (qui emploie la langue 

commune). » (cité in Revue de linguistique romane, n° 267-8 déjà cité, p. 541). 

Mais curieusement, c’est cette civilisation rurale de petite propriété et de faibles revenus qui 

ne cesse d’être exaltée par les auteurs de langue d’oc depuis le Félibrige, largement relayé par l’occitanisme. 

À lire Mistral, il aurait fallu que les gens modestes restent modestement et pauvrement à


la terre, où ils perpétuaient la langue des ancêtres, évitant « les villes d’humeur changeante, où plus 

que jamais l’attrait de la nouveauté mène et corrompt le peuple. » (Discours du 31 mars 1875 aux 

Jeux floraux de Montpellier, Discours, 1941, p. 38). Onze ans plus tard, il constatait avec regret que 

« la jeunsesse descend vers la pourriture des villes » (Discours du 23 mai 1886 à la Ste-Estelle de 

Gap, ib. p. 160). Et jamais il ne semble s’être soucié d’économie ni d’industrie. 

L’occitanisme n’est pas en reste; qu’il suffise de lire R. Lapassade, ou même G. Narioo 

racontant dans País gascons ses souvenirs d’enfant de Balensun dans les années 30 et 40 (Per estar 

protestants); c’est sympathique et rappelle leur jeunesse aux lecteurs âgés qui ont le béarnais pour 

langue maternelle; mais on tourne le dos à la vie qui avance. À cet égard, la couverture du n° 171 

de Païs gascons (Nov.-Dec. 1995), était exemplaire : ironisant sur les “autoroutes de l’information” 

(internet), le dessin leur préférait les petits chemins de campagne, balisés par les titres des gentilles 

publications occitanistes. Et ne parlons pas de l’image de la grande ville enfumée et bruyante dans 

les dialogues de Lo gascon lèu e plan de M. Grosclaude. On en est toujours à Mistral écrivant pour 

les pastres et les gens des mas, pour ne pas dire à Virgile, O fortunatos nimium agricolas… 

Même la télévision en oc est elle-même essentiellement rurale : étudiant les programmes de 

Viure al país sur FR 3 Toulouse de 1989 à 1994, Ph. Gardy (1996) constatait que la ville en était la 

grande absente, et que les zones le plus représentées étaient celles où la population était la moins 

dense. 

L’intuition féminine ? 

Tout cela, il semble bien que les femmes ont été les premières à le sentir. Pierre Bourdieu 

(1982, pp. 34-35) l’explique par leur condition sociale : 

« comme les sociolinguistes l’ont souvent observé, les femmes [sont] plus promptes 

à adopter la langue légitime (ou la prononciation légitime) : du fait qu’elles sont vouées à 

la docilité à l’égard des usages dominants et par la division du travail entre les sexes, qui 

les spécialise dans le domaine de la consommation, et par la logique du mariage, qui est 

pour elles la voie principale, sinon exclusive, de l’ascension sociale, et où elles circulent de 

bas en haut, elles sont prédisposées à accepter, et d’abord à l’École, les nouvelles 

exigences du marché des biens symboliques. » 

Cela, pour leur usage personnel; avec sans doute pour conséquence, comme l’observe 

Bernard Moreux, que les mères ont été les premières à abandonner la transmission de la langue qui 

fut “maternelle”, « les mères, actives d’ailleurs à tous les niveaux de la modernisation en opposition 

souvent au conservatisme paternel » (cf. p. 59). 

Or j’ai moi-même constaté que les femmes et spécialement les mères de famille sont 

particulièrement rares dans les mouvements de défense de nos langues; machisme des militants ? 

affaire de recherche de pouvoir propre aux hommes ? Je penserais plutôt que leur rôle de mères 

soucieuses de l’avenir de leur progéniture les rend très méfiantes à l’égard de ces langues du passé. 

Aujourd’hui, on ne travaille guère plus en famille, à la ferme ou à l’atelier, mais en entreprise, avec 

des gens et notamment des ingénieurs et cadres venus d’ailleurs, pour des clients de partout, et la 

langue qui permet de gagner son pain ne peut être que le français, quand ce n’est pas l’anglais. 

Pourquoi donc alourdir encore l’emploi du temps des élèves par l’apprentissage des “patois” ? 

Les perspectives qui nous restent 

Quand une langue n’est plus apprise au berceau et ne sert plus à gagner la vie, dire les


amours, les pleurs, les cris et les prières, quelle peut être la motivation pour l’apprendre et la parler 

à nouveau ? 

Préfaçant en 1986 la Grammaire béarnaise d’A. Hourcade, Robert Lafont écrivait : 

« Le problème sociolinguistique de notre époque est […] celui d’une transition entre 

héritage et nouvelles fonctions du langage. L’héritage est constitué par les parlers locaux, 

que la dialectologie de terrain décrit : il s’amenuise, en Béarn moins vite qu’ailleurs mais 

inexorablement. Les nouvelles fonctions sont liées à des espaces relativement vastes, 

urbanisés, désenclavés économiquement et culturellement. Il faut assurer donc non une 

survie du béarnais dans son état hérité (opération proprement impossible), mais sa 

promotion nouvelle, non plus comme langue d’un microappareil d’Etat, mais comme 

langue d’un espace démocratiquement autonomisé (au delà de ce premier dessin que 

constitue la décentralisation française) : l’espace occitan. » 

C’est très savant, mais on voit mal comment de telles perspectives pourraient se réaliser 

concrètement. Dix ans plus tard, après un Festival de la chanson béarnaise de Siros qui lui 

paraissait bien réussi, l’homme de terrain qu’est G. Narioo écrivait : « N’espérons pas, pourtant, des 

miracles. L’avenir de notre langue demeure très sombre. » (P.N.-P.G. n° 177, 12/1996, p. 6). 

Tout aussi réaliste, hélas, Jean Sibille (2000-1, p. 26), collaborateur de M. Cerquiglini à la 

D.G.L.F.L.F. et président de l’I.E.O.-Paris écrivait à son tour : il n’y a d’autre avenir pour 

l’“occitan” que d’être la langue écrite de quelques militants culturels, et la convergence de ses 

variétés est une « condition nécessaire (mais sans doute pas suffisante) à une certaine survie de la 

langue, dans une situation où on peut prévoir que la pratique vernaculaire héritée aura totalement 

cessé dans une trentaine d’années. » 

Donc, comme je l’écrivais dans Langue d’oc 1996, la langue d’oc ne survivra que 

« comme langue de culture apprise par ceux qui ont du loisir, amoureux d’une 

histoire et d’une civilisation ethniques qui enchantent celui qui a la chance de les 

découvrir. On apprend toujours le grec ancien et il y a des hellénistes qui font leur bonheur 

de vivre avec Homère et ses héros : Serait-il plus sot de faire de même pour ce qui est à 

nous ? » 

Même avis de la part de Jean Delmas, archiviste départemental de l’Aveyron, in Jacques 

Chambon, 2001 : 

« Je pense que la seule façon peut-être de s’en sortir, parce que nous aimons 

passionnément notre Langue d’OC, ce serait qu’elle devienne une langue de culture, c’est 

à dire que,… ça durera ce que ça durera… mais qu’on ait une sorte de joie à la parler, à la 

lire, à l’étudier et que ça se maintienne comme ça… Après tout, le latin n’était plus parlé 

depuis au moins… S’il y a eu une réforme carolingienne, c’est que le latin commençait à 

se perdre… Donc ça fait des siècles et des siècles, le latin n’est plus une langue de 

nécessité, et ç’a été une langue de culture qui s’est maintenue jusqu’à nos jours. Essayons 

de faire pareil. Si nous tenons encore mille ans, ce sera bien !… » 

C’est pour cette langue de culture, signe de reconnaissance et d’identité d’une population sur 

son territoire historique, que je persiste à vouloir une graphie à la fois fidèle et accessible au plus 

grand nombre.

Deuxième partie 

Écrire le gascon aujourd’hui 

Avec cette deuxième partie, nous touchons à ce qui a motivé l’ensemble de ce travail : 

comment doter le gascon contemporain d’un système d’écriture simple et efficace pour le maintien 

d’un écrit lisible par le plus grand nombre de ceux qui s’intéressent encore à cette langue, 

notamment de ceux qui la parlent tout autant que de ceux qui veulent l’apprendre. 

Mais comme on ne bâtit pas sur un terrain nu, un premier chapitre tâchera de donner une idée 

de ce qu’ont été, sur l’ensemble du domaine, les graphies du gascon depuis qu’il s’écrit. 

Un second chapitre reviendra à la sociolinguistique, pour voir quelle est l’attente du monde 

gascon en cette matière et quel est le contexte auquel ces graphies doivent s’adapter. 

Un troisième chapitre tentera de comprendre comment s’est implantée la graphie classique en 

substitution de la moderne qui fonctionnait bien depuis le renouveau littéraire du XIX e s. 

Un quatrième chapitre exposera les amendements qui me paraissent souhaitables, voire 

indispensables, pour que la graphie classique serve l’authentique langue gasconne et permette d’en 

retrouver facilement la prononciation vivante. 

Mais comme le maintien de la graphie classique, même amendée, n’est pour moi qu’un pisaller, 

le cinquième chapitre proposera un système moderne établi sur celui de l’Escole Gastoû 

Febus, mais amendé pour faciliter la lecture et l’apprentissage de la langue à ceux qui en ont perdu 

la familiarité. 

Enfin, un dernier chapitre fera le bilan des deux qui précèdent.

Chapitre I er 

Historique des graphies du gascon 

Il n’y a pas de progrès possible sans la 

connaissance de ce qui a déjà été déchiffré. 

(Jacques de Larosière, membre de 

l’Institut, La Croix, 30/31 janvier 1999) 

1 – Prologue : Graphies modernes et graphies classiques 

Dans cet exposé, il m’arrivera plus d’une fois de qualifier les graphies présentées comme 

“modernes” ou “classiques”. Ce qui appelle des éclaircissements sur ces concepts, car la confusion 

est grande dans ce domaine, comme je le montrerai dans le chapitre suivant, sur la sociolinguistique 

des graphies (p. 193). 

Pour cela, il me parait important de rappeler le sens obvie de ces termes tel que le donne le 

Dictionnaire historique d’Alain Rey (1992) : 

CLASSIQUE adj. et n. est emprunté (1548) au latin classicus, adjectif 

correspondant à classis (classe) au sens de « de première classe », parmi les cinq classes 

entre lesquelles les citoyens romains étaient répartis d’après leur fortune. Au II e s., Aulu- 

Gelle recommande de s’adresser aux classici (cives), non aux proletarii (prolétaires) pour 

connaître le bon usage en fait de langue; de là le sens de classici (scriptores) « écrivains de 

première valeur ». 

• Le mot a été introduit avec cette spécialisation d’Aulu-Gelle par Thomas Sébillet 

dans son Art poétique français. Par la suite, sont dits classiques les écrivains qui font 

autorité, considérés comme des modèles à imiter (1611) et, par conséquent, dignes d’être 

étudiés en classe (1680). Sous la plume de Voltaire et de l’Encyclopédie (1753), le mot 

qualifie les auteurs français du siècle de Louis XIV qui, par opposition aux baroques (ainsi 

nommés beaucoup plus tard), ont élaboré un art de mesure, de raison, en prônant le respect 

et l’imitation des Anciens. C’est cette notion de respect de la tradition donnée comme 

modèle qui sous-tend les usages postérieurs du mot. Il s’est appliqué au XIX e s. aux 

tenants de l’imitation antique, par opposition aux romantiques (1810, Mme de Staël) et, 

par extension, à un art qui respecte les valeurs esthétiques du XVII e s. (1835). […] 

MODERNE adj. et n. est emprunté (av. 1455; XIV e s., moders, nom au cas régime 

pluriel) au bas latin modernus « récent, actuel » […]. 

• Le mot a été introduit dans le langage didactique et dans la perspective des arts 

libéraux, comme nom pluriel pour désigner les hommes des époques récentes, par 

opposition aux Anciens. L’adjectif est attesté au milieu du XV e s. (av. 1455) au sens de 

« qui est du temps présent, actuel », particulièrement en parlant de l’état de la langue 

(av. 1550). Le mot et la notion se répandent au XVII e s., toujours étroitement liés aux arts 

et aux sciences, à l’époque où éclate la querelle des Anciens et des Modernes en littérature, 

et où l’on commence à parler de poètes modernes (1606), d’architecture moderne. […] Le 

syntagme enseignement moderne, dans lequel moderne s’oppose à classique, sur la base 

des langues vivantes ou anciennes, est relevé depuis 1906. 

C’est pourquoi je pense conserver à ces termes leur sens commun en appelant : 

– “modernes”, les graphies qui tendent à représenter la langue parlée de leur temps au moyen 

de signes écrits, ou graphèmes, faciles à interpréter dans l’environnement culturel des lecteurs; et 

– “classiques”, celles qui privilégient la conservation des graphèmes et des formes des temps 

passés, que des codes plus ou moins complexes permettent de relier à la prononciation de la langue 

contemporaine.

Jean Lafitte 99 Écriture du gascon 

On voit par là que les unes comme les autres sont “phonétiques” ou plus exactement 

“phonologiques”, c’est-à-dire que les graphèmes représentent sinon un son physiquement unique, 

comme tendent à le faire les alphabets phonétiques, du moins un ensemble de réalisations phonétiques 

apparentées et considérées comme équivalentes pour la compréhension. La seule différence, 

mais elle est importante en pratique, c’est que le code qui relie phonèmes et graphèmes est plus 

simple et plus facile à apprendre dans une graphie moderne que dans une graphie classique. Ainsi, 

le français qui use de ai pour /!/ attache à ce digramme ancien une valeur phonétique moderne, qui 

a remplacé sa première valeur de /a"/; ai pour /a"/ relevait d’un code phonologique simple et immédiat, 

ai pour /!/ est toujours “phonologique”, mais au prix d’un code conventionnel et arbitraire. 

Et j’insisterai sur le fait que l’opposition moderne / classique caractérise des tendances, 

chaque type de graphie s’écartant parfois de sa ligne principale : les modernes, en conservant un ou 

autre graphème ancien, considéré comme emblématique; les classiques, en adoptant des graphèmes 

ou des formes nouvelles à cause de l’évolution de la langue. 

2 – Le Moyen âge 

L’orthographe est loin d’avoir été absente des préoccupations des scribes médiévaux et l’on 

peut citer de nombreux traités de orthographia. Mais ils avaient pour objet l’écriture du latin, 

langue de l’Église, du pouvoir et du droit, de la culture enfin. 

La prétendue « graphie des troubadours » 

La “langue romane” du Midi de la France a eu aussi ses traités d’orthographe, dont le 

premier, le Donatz proençals, est daté de 1240; mais le gascon n’intéressait pas leurs auteurs; 

n’était-il pas déjà considéré comme étranger, si l’on en croit le Descort plurilingue de Raimbaut de 

Vaquèiras des alentours de l’an 1200 ? (cf. Bustos, 1990). Et même pour ce qu’on a appelé la 

« langue des troubadours », la grande variété des formes rencontrées est telle que le Pr. Joseph 

Anglade « ne voulait même pas qu’on prononçât [le mot d’orthographe], à propos de la façon 

d’écrire des troubadours ou de leurs scribes, tant il la trouvait anarchique. » (Gavel, 1942, 7). Aussi 

a-t-on pu écrire qu’« Il n’y a jamais eu de graphie des troubadours. » (Sarrail, 1980, 9) … du moins 

au sens moderne d’une orthographe régie par des grammaires et constatée par des dictionnaires 

sensiblement concordants, les premières comme les seconds. 

Au demeurant, les rares textes des troubadours gascons ne nous sont pas parvenus écrits dans 

leur langue, mais dans ce que P. Bec appelle l’« occitan commun (troubadouresque) » (Bec, 1997, 

15), alors que l’écrit administratif et juridique gascon est extrêmement abondant. Or la “scripta” 

gasconne se sépare sur plusieurs points de celle du roman “provençal”, en particulier du roman de 

Toulouse, même si l’influence de ce dernier est forte dans la Gascogne orientale. 

La scripta “béarnaise”, même loin du Béarn 

On a souvent insisté sur le particularisme de la scripta béarnaise, appuyée sur un pouvoir 

local quasi indépendant des puissances dominantes; P. Bec (ib., 18) en caractérise ainsi la graphie, 

par rapport à celle de Toulouse : « confusion fréquente du v et du b, emploi du x et des digrammes 

vocaliques aa, ee, ii, oo, uu, etc. »; on pourrait y ajouter la notation par e de divers a étymologiques 

atones, spécialement en « finale féminine », mais dans la mesure où cela note un aboutissement 

phonétique particulier du -a, je préfère traiter ce point séparément. En se limitant donc aux autres


traits, on les rencontre bien au-delà des frontières de la vicomté de Béarn, et tout d’abord le 

redoublement des voyelles pour noter leur allongement compensatoire de l’amuïssement d’une 

consonne, que connaissent l’allemand (Meer, Staat), l’anglais (door, bee), le néerlandais (Oostende, 

Aalsmer)…; en domaine gascon, on retrouve les traits “béarnais” dans le comté de Foix, du fait de 

son union personnelle au Béarn par la maison de Foix-Béarn, mais aussi dans toute la Gascogne 

occidentale et jusqu’en Armagnac. 

En Médoc, nous avons des indices de l’usage de x pour /#/ dans le Glossari gascon ancian 

dau Medòc (Berthaud, 1975) : aixi (v° aital) {ainsi}, gexir {sortir}. J’ai relevé moi-même dans la 

commune d’Eysines un lieu-dit Boixalut, alias Bois-Salut, cité dans un jugement d’adjudication de 

1921; construit comme bavalut {baveux}, coralut {qui a du cœur}, cournalut {cornu} etc. il 

pourrait bien s’analyser en boix + alut, lieu où abonde le boix {buis}, et témoigne en tout cas d’un 

usage du x bien loin du Béarn. De même le toponyme Xentralha (fr. Xaintrailles), à 10 km au N-O 

de Nérac, avatar de Senta Eulàlia {Ste Eulalie}; ou encore Cutxan, à 10 km au N-O d’Eauze. 

Plus près du Béarn, les textes de Bayonne font de même : Auhx {Auch} (fin XII e s., Luchaire, 

1881, 77); et dans le Livre des Établissements, aixi {ainsi} (1336, 2 occ., p. 227; 1377, p. 211; 

1401, p. 228); baxets {vaisseaux, récipients} (XV e s. ?, p. 228); conexen {connaissent} (1437, p. 

234). 

La Coutume de Saint-Sever rédigée en 1380 présente quelques voyelles doubles : mees 

{mois}, Seuee {Sever}, foos {fors} (préambule); fee {foi} (§ 1), prees {pris, capturé} (§ 4); entroo 

{jusqu’à} (§ 19 etc.), diit {dit} et composés; compredoos {acheteurs} (§ 28), nuus {nus} (§ 41), 

prosmaa {prochain} (§§ 43, 54); graa {degré} (§ 55); bedoos {veuves} (§ 75); un seul x pour /#/ : 

medix {même} (§ 17). 

En Bigorre, les traits “béarnais” sont extrêmement fréquents; voyelles doubles : maa {main} 

(fin XII e s., Luchaire, 1881, 14; 1171, vidimus de 1251, ib., 21); paa {pain} (même vidimus, p. 23); 

descargaa {décharger} (1260, ib., 30); Ordisaa {Ordisan} (ib.); Morlaas (nombreuses occurrences, 

du fait du nom de la monnaie) etc.; de même fee {foi} (fin XII e s., ib., 15), Teesiis {peuple voisin 

de la Bigorre} (vidimus cité, p. 20), pees {poids} (ib., 24); dii, auandiit {dit, susdit}… très 

fréquents aussi; costoos {bastions} (vidimus cité, p. 21), boo {bon}, Cumdoo(r) {Condou}, soo 

{son}, turoo {monticule}, coofirmam {confirmons}, dooatiu {donation}… (1260, ib., 30); x valant 

/#/ : laxa {laisse} (Cartulaire de Bigorre, ib. 13), Prexac {Préchac} (fin XII e s., ib., 17), pex 

{paturages ?} (vidimus cité, p. 22), eixir, eixissen {sortir, sortent} (ib., 23, 24, 25); eiximenz 

{sorties} (1260, ib., 31) etc. 

Au centre même de l’Armagnac, que l’on pourrait croire beaucoup plus “toulousain”, on 

rencontre aussi des x : Dardeix (fin XI e s., ib., 99); laixa / laisa {laisse} (1224, ib., 103); Auxs 

{Auch} (1256, ib., 104 et en de multiples occurrences dans d’autres textes du même recueil). 

Sans préjuger de ce que pourrait apporter une étude systématique de la cohérence ou des 

distorsions dans les graphies de l’ancien gascon, de leur évolution dans le temps, et des influences 

extérieures dont elles peuvent témoigner, nous pouvons retenir de cet aperçu que ce que l’on a 

désigné parfois comme « scripta béarnaise » n’est pas du tout enfermé dans les limites de la 

vicomté et peut correspondre à des tendances communes à tout l’espace gascon. C’est semble-t-il le 

cas du e remplaçant un a atone.


Le graphème e pour a étymologique, témoin d’un particularisme phonétique 

Une visite des textes de l’ancien gascon devrait nous éclairer sur ce point. 

Dans les textes antérieurs à 1300 rassemblés par Luchaire (1881) pour la “Région girondine”, 

les -a dominent, mais -e apparait très tôt dans le Cartulaire du Prieuré de St-Pierre de La Réole (p. 

115) : Grimoardi de Borderes (acte de 990); Marze Retonda, Marze Ardona et aussi Marza rotunda 

(1026/1030); terre del Casterar (1080) etc. On en trouve encore quelques rares dans les actes de 

1234 à 1243 qui suivent dans le Recueil : libres {livres (monnaie)}; esporle {redevance due au 

changement de seigneur}; oscle {présent de noce}; ailleurs : libras, esporla, oscla. Il en est de 

même dans le tarif douanier de Libourne de 1275 (Grosclaude, 1986-2, p. 47) : Bordes (nom du 

notaire lui-même {granges}), bonez voluntatz {bonnes volontés}, Labere (nom du Connétable de 

Bordeaux {la belle ?}), Saloobee / Salaboe (?), vaque (2 occ.) {vache}, egue {jument}, porte (2 

occ.) {il porte}, trasse / trassa {chargement}. Mais on ne trouve que des formes en -ador, -ament. 

Le Cartulaire de St Jean de Sordes, publié par Paul Raymond en 1873 contient la copie considérée 

comme fidèle de textes latins remontant au XII e s.; mais les noms propres gascons n’y sont 

pas toujours latinisés, et des mots du lexique y sont glissés, surtout dans les censiers : le plus souvent, 

des verbes ou des noms de produits, pour que les obligations des redevables ne prêtent pas à 

discussion. Ainsi, le nom propre Garsia(s) apparait aussi comme Garsie dès un acte de 1105/1119; 

ailleurs, Gassie; pp. 119-120, la liste des biens de l’abbaye à St-Cricq (XII e s.) contient arribere 

{terrains en bord de cours d’eau}, le terre, le correge {terrain en bande}, Le Barrere {barrière (de 

péage ?)}, Anglade {terrain en angle} etc.; on voit là l’article féminin issu de ‘illa’ noté le, car ce 

proclitique est atone et son a devient logiquement /ø/. 

Dans les quatre autres textes landais du Recueil de Luchaire situés en dehors de Bayonne, les 

-e féminins l’emportent généralement. À l’intérieur des mots, on lit emparedors {protecteurs} 

(1256, Casteljaloux), compredoos {acheteurs}, eretedoos {héritiers} mais forsados {auteurs de 

voies de fait} (1256, Marsan) et demandedors {demandeurs}, cosselhedors {conseillers}, ajudedors 

{aides} (1270, testament d’Amanieu VI d’Albret); et aussi mandadors {qui ordonnent} (1268, 

Gabarret); les formes en -ament par contre l’emportent nettement sur celles en -ement (franquements 

{en franchise}, prumerements {premièrement}, deseretement {spoliation d’héritage}, 1256, 

Marsan; segrement {serment}, 1270…) 

Les textes de Bayonne ne connaissent semble-t-il que -e dès les temps les plus anciens; dans 

le corps des mots, les -e- dominent; j’ai relevé par exemple, au Livre des Établissements, 

cambiedors {changeurs}, dauredors {doreurs}, arrazoedors {avocats}, mesuredors {métreurs}, 

portedors {porteurs}, pesquedors {pêcheurs}, cosselhedors, prestedor {prêteurs}, prumeiremens, 

liurement {librement}, segrement, aiustement {additif (à un texte)} (mais aussi iustament), 

saubemens {en sûreté}, comensement, regnement {règne}, amonestement {avertissement} etc. 

Il en est de même pour la Coutume de Saint-Sever : -e est quasi exclusif, tandis que dans le 

corps des mots, ici encore, si les formes en -edor (forcedor, compredoos, curedor {tuteur (de 

mineur)}…) l’emportent de beaucoup sur celles en -ador (abitadors {habitants}, procurador 

{procureur}, predicadors {prédicateurs}…), c’est l’inverse pour celles en -ament (comensament, 

segrament, judiamentz…), près de deux fois plus nombreuses que celles en -ement (comensement, 

noerement {nouvellement}, segrement…) 

En Bigorre, on trouve quelques -e féminins : Arenes {Arènes}, totes franquesses {franchises}


(Censier de Lourdes, ib. 12); garie {poule} (Censier d’Aure, ib.; Censier d’Ibos, ib., 13); la batalhe 

fo conbidade {les combattants furent convoqués pour la bataille ?} (fin XII e s., ib, 14) etc. Même 

présence discrète de e posttoniques dans les trois actes de 1419 du notaire de Luz pour le Barège 

récemment publiés par J.-F. Le Nail (2003); -a est quasi exclusif pour une zone qui a longtemps 

gardé la prononciation en /a/; mais dès la formule “sacramentelle” initiale, c’est Conegude cause 

sie {que ce soit chose connue} pour le premier, Conegude causa sie pour les deux autres, alors 

qu’en général, c’est plutôt le contraire, la formule étant en -a et le reste majoritairement en -e…; 

quant au reste de ces trois actes, on y rencontre des e posttoniques correspondant à des 

prononciations actuelles en [œ/o] dans les subjonctifs sie(n) {soi(en)t} (ALG V, 2019), pusque(n) 

{puisse(nt)}, bienque {vienne} (ib., 1641), dans les imparfaits birauen {conduisaient}, donauen 

{donnaient}, portauen {portaient} (ib., 1661), quelques pluriels féminins diites {dites}, 

nomentagudes {mentionnées}, penherades {saisies} (ib. 2067), bien que la plupart soient en -as. 

On trouve aussi les indicatifs présents talhe(n) {sépare(nt)}, termenen {limitent}. 

En Armagnac occidental, la copie la plus ancienne des coutumes de Corneillan, datée par 

l’écriture comme du début du XIV e s. (Samaran, 1953) compte 60 % de graphies en -a pour 40 en 

-e : subjonctifs pusque {puisse}, volhe {veuille}, mais nasca {naisse}, les “féminins” segures 

{sures}, causas/causes {choses}, guise {guise, façon}, die {jour}, came / cama {jambe}, plasce 

{place} mais aussi l’hypercorrection autra temps {autre temps}. Ce n’est qu’avec la copie de 1489 

qu’on voit apparaitre des -o, peut-être imputables à un scribe venu du Comminges. 

Au centre même de l’Armagnac, des -e pour -a étymologique se rencontrent au XIII e s. : 

conegude cause, bone memorie {bonne mémoire}, prezense {présence}, Sencte Marie etc. (1256, 

ib. 104); aumone, Sencte Marie, totes {toutes}, dues partz {deux parts}, demne {dime}, glisie 

{église}, etc. (1260, ib. 112); les proverbes des alentours de 1500 (p. 104) n’en seront que la 

continuation. 

Et de même encore en Comminges, comme dans l’acte original de 1179 de Montsaunès que 

Luchaire présente en p. 5, n° 172 de C. Brunel : la primizie {prémice}, las comanies {commanderies}, 

aie {qu’il ait}, die {jour} (4 occurrences; on pourrait y voir une influence du dies du latin classique, 

mais c’est peu vraisemblable, à en juger par les cinq dia(s) des autres chartes de même région et de 

même époque publiées par C. Brunel); dans l’acte du 31 mai 1184 (n° 210 de Brunel), dies {jours} 

et Garsie, écrit Garsias en latin dans les actes des 17 mai 1186 (n° 481) et 22 septembre 1187 (n° 

488). On remarque que tous ces -e suivent un i. Ce n’est plus le cas dans l’acte de 1260 (Luchaire, 

1879, 314) relatif à la terre d’Arné, à la limite du Nébouzan : conegude cause sie, Bacaiere, defore 

{dehors}, costumes {coutumes}, aqueste carte {cette charte}, partides {parties}, Simone, Serre. 

Cette substitution de e à a atone s’observe donc partout, et dès les premiers écrits; mais elle 

n’est pas systématique, laissant place à un degré élevé de polymorphisme. Est-ce à dire que la 

langue se cherchait ? qu’une évolution était en cours ? que les scribes étaient négligents ? La 

question est délicate. Il est certain néanmoins que ce n’est pas par hasard que l’on rencontre ces e 

sur tout le domaine : ils ne peuvent être que l’émergence à l’écrit d’une prononciation locale qu’on 

hésitait à noter, en face du modèle latin — langue de culture que tous les scribes possédaient — et 

peut-être aussi du modèle languedocien ou toulousain, auréolé du prestige d’une littérature que 

n’avait pas le gascon local. 

Or cette prononciation locale, était-elle une innovation en cours d’installation, ou un héritage


des débuts de la romanisation en Aquitaine, comme cela s’était aussi produit en catalan ancien (cf. 

Bec, 1970, p. 481), héritage en cours de recul devant la poussée du roman languedocien ? Dans son 

mémoire de D.E.A., Philippe Lartigue (2004) propose cette seconde interprétation, qui rejoint ma 

propre hypothèse sur l’antériorité du /w/ sur le /!/ entre voyelles : la présence de ces traits dans les 

régions les plus rurales, les moins ouvertes sur l’extérieur, et chez des locuteurs sans prestige, rend 

peu vraisemblable la thèse de l’innovation et encore moins de sa propagation alentour. Et comme le 

/w/, et plus encore que lui, -/$ ~ ø ~ œ/ a vu son aire se réduire au cours des siècles, au profit du -/o/ 

venu de l’est. 

Si donc le -a est « un des traits discriminants les plus marqués pour la caractérisation des 

systèmes graphiques de l’occitan » (Courouau, 1999, 50), le e substitué à a pourrait bien l’être des 

systèmes graphiques proprement gascons, et pas seulement « béarnais ». 

Les grands traits de la “scripta béarnaise”… et gasconne 

Schématiquement, les grands traits de cette graphie “béarnaise” peuvent se présenter ainsi : 

La notation des voyelles et des diphtongues est à peu de choses près celle qu’ont reprise les 

graphies du XX e siècle qui seront présentées plus loin. Trois particularités cependant : 

– en position finale tonique, la voyelle est souvent doublée pour compenser la disparition 

d’une consonne étymologique, -n ou -r, parfois -d : aberaa {noisette}, plee {plein}, besii {voisin, 

membre de la communauté villageoise}, leoo {lion}…; branaa {lieu planté de bruyère}, paa {pain}, 

senhoo {seigneur}…; cependant, non seulement la chute du -r des infinitifs ne donne pas lieu à redoublement 

de la voyelle (une seule occurrence, descargaa {décharger} citée p. 100), mais encore 

bien des amuïssements de -n, -r ou -d n’y donnent pas lieu non plus, tandis que l’on trouve, sans 

aucune chute de consonne finale, caar {cher}, caas {cas}, abuus {abus}, fruut {fruit}, juu {joug}; 

– en position posttonique, le e peut aussi bien valoir [e] qu’un son atone assourdi, variable 

selon les lieux, [œ] ou [o] ou même [a] : pene se lit ['pene] pour le verbe “pendre” {il pend} et 

['penœ, 'peno ou 'pena] pour le substantif “peine”; 

– le o note soit /%/ ou /o/, soit ce qui est aujourd’hui devenu /u/ : asso {cela}, notari {notaire} 

[a'so, nu'tari]; ce n’est que tardivement qu’apparait ou pour ce qui est aujourd’hui /u/, probablement 

du fait du passage progressif de la valeur /o/ à la valeur /u/ : soun linatje {son lignage}, pousquan 

{qu’ils puissent}, soulamentz {seulement}, nou {ne… pas} dans une charte bigourdane de 1279 

citée par Luchaire (1879, p. 296). L’ancienneté des textes où apparaissent les ou permet d’affirmer 

que cela s’est fait de façon autonome, sans doute par analogie (cf. p. 151) et en parallèle avec le 

même phénomène apparu en oïl, sans que l’on puisse y voir un effet de la « domination française » 

(cf. Lafitte, 2003-3). 

Les consonnes ont en général la même valeur qu’en français, mais certaines, et surtout les 

groupes de consonnes, ont une valeur différente : 

– j (g devant e, i) vaut /j/ dans une grande partie du Béarn; 

– lh vaut /&/; 

– nh vaut /'/ : penhera {gage}; mais on trouve aussi gn, ou même ng, voire inh et ing avec la 

même valeur : gnaspa {mâcher}, ung {un}, feinh {foin}, Gascoinhe {Gascogne}, preing {gravide}; 

– gn a donc parfois sa valeur /'/ du français actuel, mais aussi celle de /nn/ : signet {signature}; 

comme pour ou, l’usage de gn pour /'/ est très ancien, et par exemple exclusif dans la Charte de 

Herrère du 21 novembre 1278 (cf. Lafitte, 2003-4, pp. 43-44);


– x ou ix valent le plus souvent /#/ : medix {même}, baxa {baisser}; mais ch, bien que plus rare, 

a la même valeur : chic {peu}, chibau {cheval}; 

– f note quasi systématiquement /h/, soit h fortement expiré comme dans l’anglais “hill”; telle 

était en effet la prononciation gasconne du f latin, mais peut-être hésitait-on à l’écrire, au point 

qu’on a également employé le f avec la même valeur /h/ en dehors de toute origine latine : faque 

{haquenée}, faut {haut}, feume {heaume}, etc.; h pour /h/ est cependant attesté dans le Recensement 

des feux de Béarn ordonné par Gaston Fébus en 1385 (publié par Paul Raymond, Pau, 1875) : 

Peyrot de La Hiite-Susaa, Berdolet de La Hiite-Jusaa (p. 4); Arnauton de Lahiitau, Arnaut-Guilhem 

de Lahiytole (p. 6); Goalharde de Halharet, Harnateg, Artuu Heugar, A. Heuguet (p. 7), etc. 

– -rr en finale n’est pas rare (murr {mur}, torr {tour}), marque d’un -/r/ ou -/rr/ qui ne veut pas 

s’amuïr; -nn est plus rare, mais est attesté, pour un -/n/ dental (Joann {Jean}). 

Enfin, à en juger d’après la prononciation actuelle, certaines consonnes finales pouvaient être 

altérées ou amuïes, ou en voie de l’être; ainsi, après voyelle, -b, -g et -d s’assourdissaient peut-être 

déjà, respectivement en /-p, -k et -t/; -d et -t après -n ou -r pouvaient être muets (blound {blond}, 

arcord {accord}, balent {vaillant}, part {part}); et -n de même, après r (carn {viande}, corn 

{corne, coin}, forn {four}). 

D’autre part, une particularité des textes gascons bien connue des chartistes (Conseils pour 

l’édition des textes médiévaux, I, p. 26) est que /!/ était écrit “u” aussi bien que “b”, de telle sorte 

qu’au gré des éditeurs modernes, b et v notent indifféremment /!/ et v, parfois /w/, quelle que soit 

l’étymologie : abesque ou parfois avesque {évêque}, baque ou vaque {vache}, avè {il avait}, etc. 

Cependant, pour avoir des règles écrites de la graphie d’un parler gascon, ou plus exactement 

de sa prononciation, il faudra attendre la fin du XVI e s. avec le Béarnais Arnaud de Salette. Mais 

peu avant lui, c’est l’est gascon qui nous offre matière à réflexion. 

3 – Cent-un proverbes anonymes (vers 1500) 

Nous devons au folkloriste Jean-François Bladé d’avoir à notre disposition un recueil de 101 

proverbes écrits vers 1500 et publiés aux pages 166-187 de ses Proverbes et devinettes populaires 

recueillis dans l’Armagnac et l’Agenais (1879, 1976) : 

ce sont, écrit-il, « quelques feuillets couverts d’une écriture de la fin du XV e ou du 

commencement du XVI e siècle » qu’« Un studieux annaliste auscitain du XVIII e siècle, 

l’abbé Louis Daignan du Sendat, dont les œuvres sont encore inédites, a inséré, dans ses 

Mélanges » (p. VII) « dont le titre véritable est : Mémoires pour servir à l’histoire de la 

ville d’Auch ». Ce manuscrit est conservé à la bibliothèque municipale d’Auch. La 

collection des proverbes va de la page 275 à la page 278. » (p. 113). « Ces feuillets 

contiennent cent quatre 19 Proverbes et dictons de la Gascogne, très incorrectement 

imprimés en 1850, par A. Ph. Abadie, à la suite de son édition du Parterre gascoun de Bedout. 

“L’abbé Daignan, dit M. Léonce Couture, n’est pour rien dans l’orthographe, ni dans 

le choix et l’agencement des dictons qu’il nous a transmis. Il n’a fait que sauver de la destruction 

un petit manuscrit beaucoup plus vieux que lui.” (Léonce COUTURE, Revue de 

Gascogne de 1867, p. 553.) Ce précieux manuscrit, ajoute mon excellent ami, “mériterait 

d’être publié avec une fidélité scrupuleuse.” » (p. VII). 

C’est justement ce qu’a voulu faire Bladé : 

« L’orthographe du manuscrit a été respectée, conformément aux désirs manifestés 

par certains critiques. Ce n’est donc pas ma faute, si elle laisse a désirer, et si elle n’est pas 

la même que celle dont j’ai fait usage pour mon propre compte. » (p. 113) 

19 En réalité, on n’en compte que 101, du n° 690 au n° 789, soit 100, plus un double 781, selon la numérotation de Bladé.


« Je ne saurais trop répéter que je copie exactement, et sans répondre de 

l’orthographe, les Proverbes contenus dans le manuscrit Daignan du Sendat, que j’ai collationné 

avec le concours de M. Parforu [sic, pour Parfouru], archiviste du département du 

Gers. » (Nota-Bene de la p. 166). 

Ce collationnement nous rassure pour la suite, encore qu’il ait dû intervenir au stade du manuscrit 

de Bladé et non des épreuves de l’imprimeur, car on décèle dans l’édition de 1879 un certain 

nombre de fautes évidentes d’impression qui laissent planer un doute sur tout le reste. Sous 

cette réserve, on peut faire plusieurs observations sur la graphie de l’auteur et sur la prononciation 

de l’époque dont elle est un reflet plus ou moins fidèle : 

– la finale féminine posttonique est massivement notée par -e (142 occurrences), bien que la 

conservation auscitaine du manuscrit et sa langue soient d’une région qui réalise aujourd’hui cette 

finale en [o]; mais on trouve dix o posttoniques : caguo {chie}, henno {femme}, soupo {soupe}, 

Sto-Fé {Ste-Foi}, tripos grassos {tripes grasses}, hurouso {heureuse}, testoment {testament}, 

soupon {soupent}, gagno {gagne}. 

– alors que bon nombre de /u/ actuels sont déjà notés par ou, et notamment l’article lou, les 

finales en -on demeurent, ce qui suppose que la prononciation est encore en [(n] ou [("] : mayson 

{maison}, bourron {bourgeon}, moussaron {mousseron}, don {il donne}, sermon, palancon 

{planchette}, lairon {larron}, foyson {foison}; deux exceptions, à la rime du dernier proverbe, soun 

{sien} et sasoun {saison}, sans doute parce que le passage à [)n] ou [)"] était déjà amorcé; de toute 

façon, le pluriel est en -ous : presous {prisons}, sous {ses}, tous {tes}, avec des exceptions 

apparentes dues à une dentale latente qui maintient la prononciation du -n-, hons {fond} (< honds < 

‘fundus’), estrons {étron} (


Mais ce français était lui aussi en transition (cf. Bec, 1971, p. 54), comme en témoigne par 

exemple l’Heptaméron de Marguerite de Navarre (1559, éd. Garnier, 1964); dans le seul Prologue, 

pp. 1 à 10, j’ai noté contre l’usage actuel, parfois en plusieurs occurrences oblier, oblyé, povoir, oy 

“oui”, oyr “ouïr”, moillé, demorer, plorans; et à l’inverse, proufondeur, demourer. 

Quant à la finale féminine, après que le [a] originel se fût d’abord fermé en [œ], comme en 

catalan et dans tout l’ouest gascon (cf. p. 102), il était en train de passer à [o], état actuel que reflètera 

la graphie de d’Astros dès le siècle suivant (p. 115); au demeurant, selon Bladé, « la terminaison 

[…] e [était conforme], aux habitudes de l’Armagnac proprement dit et des Landes. » (Poésies 

populaires de la Gascogne, Tome I, Paris : Maisonneuve, 1881, p. 4). 

4 – Pey de Garros 

Né à Lectoure entre 1525 et 1530, Pey de Garros n’eut qu’une très courte carrière littéraire, 

puisque ses œuvres gasconnes ont été publiées en 1565 (Psaumes) et 1567 (Poesias gasconas). Il 

avait donc au plus 42 ans quand s’arrêta cette carrière, sa charge d’avocat général à Pau comme haut 

magistrat du royaume de Navarre s’étant sans doute opposée à la poursuite d’une œuvre littéraire. 

Cette œuvre « constitue une sorte d’énigme, qui trouve peut-être son origine et son explication 

dans son caractère doublement fondateur, à la fois d’une langue, pour laquelle une graphie 

nouvelle est proposée, et d’une littérature, qui cherche à faire école. » (Philippe Gardy et Guy 

Latry, Avant-propos de Berry, 1948/1997, 8). Fondateur d’une langue, c’est sans doute beaucoup 

dire; plutôt d’une langue littéraire; quant à la graphie, elle n’est pas sans liens avec la pratique 

médiévale, tout en étant novatrice sur plusieurs points. 

Pour Berry (ib., 45) bien des traits de cette graphie « ne sont que des archaïsmes généraux, de 

vieille origine, retrouvables en oc comme en oïl chez maints auteurs du XVI e siècle ». Et de citer o 

pour /u/ de mori — mais ce o français devait se prononcer /o/ plutôt que /u/, comme on vient de le 

voir chez Marguerite de Navarre —, y de roy, ny pour ni, ae dans Aegptiaca, oe dans coelica, abus 

de th et de ch pour q et c étymologiques etc. Mais avec ph pour /f/, Garros innove : il évite le f dont 

le gascon a fait h. Cependant, la notation par -a de la finale féminine « ne relève que de l’usage 

vieux-provençal le plus ordinaire » (ib., 46)… à ceci près que l’usage “vieux gascon” était plutôt -e 

dans une vaste étendue du domaine comme on l’a vu p. 102. Par contre, c’est bien dans le vieux 

fonds gascon — Berry dit « aquitain » — que Garros va chercher le x/ix pour /#/, les finales en -nn 

et -rr, pluriel de -c en -cx (enemicx), q non suivi de u (qaucom) etc. Et de conclure « La part 

d’invention formelle de Garros, tous ces cas classés, apparaît piètre » (ib., 47). 

Mais finalement, Berry situe Garros dans son temps et montre que « le poète, tout en prenant 

sur tel ou tel point des dispositions particulières, est dans le ton des discussions engagées depuis 

longtemps, en réaction contre le désordre du moyen-français. » (ib.). 

Robert Lafont (1968) a aussi étudié la graphie de Garros avec beaucoup de soin et d’intelligence, 

en s’attachant à l’analyser comme un tout structuré, dont on ne peut isoler un aspect en ignorant 

tous les autres. Son titre en dit déjà beaucoup : « La graphie de Garros offre des caractères évidents 

de graphie phonétique pratique » (p. 407). Ainsi, R. Lafont souligne le souci de Garros d’offrir un 

écrit lisible sans ambigüité par l’usage délibéré de signes diacritiques, mais aussi, par exemple, par 

la notation en -rr du r long qui a subsisté et la suppression du -r final devenu muet (herr, torr / 

corre, sospira, vencedo, amo…). Et il observe que le -o étant affecté à la finale (tonique) des mots


comme amo, dolo, conceptio… ne pouvait servir pour la notation de -a latin (posttonique) : « En 

restant fidèle à l’a de la tradition occitane générale et de la scripta gasconne dont il a manié les 

textes, Garros ne fait certainement pas acte d’archaïsme volontaire. Il reste simplement fidèle à une 

vision structurale graphique, où rien de plus juste que a n’a été trouvé pour noter la finale féminine 

puisque o n’est pas libéré pour cet usage. » (p. 411). Cette explication par référence à une scripta 

gasconne en -a mériterait sans doute d’être nuancée, tellement sont nombreuses les notations par -e 

d’une réalisation affaiblie (cf. p. 101); en réalité, le -e déjà employé n’était pas disponible lui non 

plus dans un système rigoureux, puisqu’il notait un /e/ posttonique dans les infinitifs (dize, noze, 

perde, corre…) et de nombreux autres mots comme noste, mainatge etc… Mais justifier le recours 

au -a étymologique par une meilleure représentation de la prononciation lomagnole de 1550 n’est 

pas dépourvu de vraisemblance. Au demeurant, Salette fera de même… Et le -a tonique est très généralement 

noté par -á, même devant t : passá, cambiá, auzirá, corbás, granás, botarás, beutát… 

Et R. Lafont rejoint A. Berry en concluant : « Cette intelligente mise en ordre du gascon apparaît 

donc très moderne » (p. 141). Il y revient dans l’Anthologie de 1974, p. 22 : « Ce linguiste de 

génie paraît superficiellement avoir restauré la graphie traditionnelle de l’occitan. En fait sa tentative 

est aussi moderniste que traditionnelle. Elle est parallèle à la réflexion d’un Peletier du Mans 

sur la graphie du français. Elle utilise bien quelques notations d’ancienne langue d’oc, -a final du 

féminin, o fermé et non ou, mais sans doute pour leur commodité. D’autres traits comme ph notant 

systématiquement f, ou l’emploi de divers signes diacritiques montrent la volonté d’atteindre au 

plus juste et de la façon la plus actuelle la phonologie vivante. » 

Ces conclusions me conviennent, mais j’irai plus loin dans ce sens : l’examen attentif de 

l’original des Poésies m’a montré un très grand nombre d’occurrences de ou notant /u/ à l’évidence, 

ce qui atténue l’affirmation de R. Lafont sur « o fermé et non ou » : ou {ou}, journ, vous, prou, 

voup, pourin, acoustumat, hourra, bourg etc., et même en diphtongue paou, espaourit. 

Mais Garros n’a pas théorisé son système et s’en est sans doute vite désintéressé pour vaquer 

à l’administration de la justice, qui avait son propre vocabulaire et sa tradition d’écriture. Et il n’a 

pas fait école, sombrant dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte au XIX e s. 

Un auteur bien étudié 

5 – Arnaud de Salette 

Avec Arnaud de Salette (v. 1540-avant 1594), c’est encore un traducteur des Psaumes qui va 

nous donner une leçon de graphie gasconne, ou plutôt béarnaise. Robert Darrigrand avait présenté 

cette œuvre et notamment sa graphie dans un article de Per Noste, Les Psaumes en langue 

Béarnaise au XVIme Siècle (Darrigrand, 1969-2); mais nous lui devons surtout leur réédition en 

1983, à l’occasion du quatrième centenaire de l’édition originale, qui fut aussi marqué par un 

colloque “Arnaud de Salette et son temps” tenu à Orthez. 

Entre autres communications, sont particulièrement intéressantes pour notre propos celle du 

même R. Darrigrand, celle de Robert Lafont, Situation de la langue d’Arnaud de Salette (Lafont, 

1983-1) et celle de Michel Grosclaude, Remarques sur l’orthographe des Psalmes etc. (Grosclaude, 

1983); on peut y ajouter de ce dernier les nombreux commentaires et citations qu’il fait des Psalmes 

dans La langue béarnaise et son histoire - Étude sur l’évolution de l’occitan du Béarn (1986- 

1), la présentation et une bonne traduction de l’Advertissement des Psalmes qu’il reproduit dans La 

Gascogne - Témoignages sur deux mille ans d’Histoire (1986-2, pp. 100-105) et un article dans un


ouvrage collectif aranais de 1988. 

La réédition n’est pas une édition scientifique, mais militante, à la fois protestante et occitaniste, 

et donc réalisée en graphie classique de l’I.E.O. considérée comme « adoptée par la grande 

majorité des Occitans » (voir toutefois p. 206 mes réserves sur ce point). Mais quelques facsimilés, 

dont celui de l’Advertissement, et de nombreuses citations fidèles dans les communications du colloque 

nous mettent en contact direct avec l’écriture de Salette et nous permettent de nous en faire 

une opinion assez sérieuse. Par ailleurs, les divers textes introductifs de la réédition et les communications 

du colloque nous donnent une bonne idée de ce que l’on sait de l’auteur et de son époque. 

Salette grammairien 

C’est comme ministre (pasteur) protestant et comme érudit enseignant à l’Académie 

protestante d’Orthez qu’en 1568 Salette fut chargé par Jeanne d’Albret, reine de Navarre, d’une 

traduction béarnaise des Psaumes de David pour l’usage du culte en Béarn. Mais l’ouvrage ne fut 

publié qu’en 1583, donc onze ans après la mort de la Reine, sous le règne de son fils Henri III de 

Navarre, le futur Henri IV de France destinataire de l’épitre dédicatoire Au Rey. 

En tête, cependant, l’auteur a placé un Advertissement dans « lequel il s’explique sur l’orthographe 

adoptée. Il fait donc œuvre de grammairien et de linguiste ». Pour M. Grosclaude à qui 

j’emprunte ce qui précède et ce qui suit (1983, 286), en regard de la tradition d’écriture antérieure, 

c’« est tout autre chose. Il a ceci de remarquable qu’il constitue une tentative 

explicite de fixation orthographique et la première en ce qui concerne le Béarn. On est en 

présence d’un auteur qui se sent tenu de dire clairement comment il écrira tels mots et 

pourquoi. Cela témoigne d’une conscience linguistique parfaitement au point. » 

Je suis bien d’accord sur le fait qu’il s’agit d’une « première » en Béarn, tout au moins en 

l’état de nos connaissances; mais beaucoup moins pour y voir « une tentative explicite de fixation 

orthographique », ni même pour penser que l’auteur « se sent tenu de dire clairement comment il 

écrira tels mots et pourquoi ». Pour moi, il ne s’agit en aucune manière d’un exposé des règles 

orthographiques du béarnais, encore moins d’un système nouveau, comme l’a très bien vu R. 

Lafont (1983-1, p. 378), car la façon d’écrire n’y est présentée que comme une donnée, à partir de 

laquelle Salette expose des règles de lecture et de prononciation. 

En effet, bien que rédigé en béarnais, cet Advertissement s’adresse manifestement à des lettrés 

qui maitrisent mieux le français que le béarnais; en témoignent les nombreux renvois au français 

(un seul à l’espagnol) pour les référence phonétiques, et la traduction en latin des exemples 

béarnais et, en français, des agglutinations béarnaises des pronoms. Il s’agissait donc très probablement 

des confrères pasteurs de l’auteur, venus de France ou de Genève porter la Réforme aux 

Béarnais et dont bien peu étaient capables de prêcher en béarnais (Kalinine-Bourthoule, 1983, p. 

139) alors que le latin restait la langue savante du protestantisme, même si celui-ci l’avait écarté de 

toute liturgie (cf. Grosclaude, 1993, p. 786). 

Le but de l’ Advertissement est d’« élucider une tradition » (Lafont, ib.), pratiquement de donner 

au lecteur quelques recettes pour éviter les fautes les plus grossières dans la lecture et surtout 

l’accentuation du béarnais lorsqu’il lira publiquement et fera chanter les Psaumes. Au demeurant, 

les Béarnais qui savaient lire devaient comprendre instantanément et ne devaient avoir aucun doute, 

par exemple, sur la différence entre la prononciation des ee de leé, seê, seè {laid, sein, soir}.


Mais pour que les lecteurs puissent en juger par eux-mêmes, il m’a paru indispensable de 

mettre à leur disposition ce texte essentiel à de nombreux titres; on le trouvera donc, en Annexe XI, 

avec sous-titres et commentaire. 

Le contenu de l’Advertissement 

Avant d’entrer dans l’étude de l’Advertissement, il me semble utile d’oublier les combats des 

XX e et XXI e s. pour les « langues régionales », les concepts de « conscience linguistique » et 

autres, pour nous mettre dans le personnage de Salette, chargé à 28 ans de traduire les Psaumes 

dans sa langue maternelle. R. Darrigrand nous y aide : « Salette est un chrétien protestant qui a reçu 

vocation pour propager la Parole de Dieu. Il le fait en prêchant, en enseignant et en traduisant les 

Psaumes. » (1983-1, discussion, p. 117). 

Pour parler comme le Pr. Michel Banniard, Salette est un « professionnel de la communication 

», comme le furent St Augustin, St Isidore de Séville ou Grégoire de Tours : quand ils prêchaient 

ou dictaient leurs écrits, c’était pour être compris du peuple des fidèles, et s’il leur arrivait 

de théoriser sur la langue, c’était pour que les prédicateurs qui relevaient de leur autorité s’acquittent 

au mieux de leur ministère. Salette ne fait donc aucun complexe linguistique, usant notamment 

du latin et du français chaque fois que cela est utile à son propos. 

Même s’il ignore telle anecdote rapportée par Grégoire de Tours (Liber II De virtutibus…, p. 

609) il sait qu’une mauvaise élocution chez un prédicateur ou même un célébrant a vite fait de 

provoquer l’hilarité des fidèles. Il va donc à l’essentiel, c’est-à-dire là où la lecture du béarnais lui 

parait s’éloigner le plus de celle du français. 20 

Avant tout, plus de la moitié de l’exposé traite de la place de l’accent tonique, vue sous 

l’angle de la distinction entre voyelles « masculines » et « féminines »; un petit tiers doit aider le 

lecteur à comprendre les agglutinations de monosyllabes, essentiellement la soudure à un motsupport 

des pronoms devenus asyllabiques; la lettre h, muette ou aspirée, fait l’objet d’un court 

alinéa; il n’a d’autre moyen de repérer le h aspiré qu’en se référant au français qui use de f à sa 

place. Enfin, plus proprement orthographique, un autre alinéa écarte la notation des consonnes 

finales amuïes à la place du doublement traditionnel des voyelles, pour ne pas altérer la langue. 

Sur tout ce qui n’est pas précisé, l’écriture et la lecture du béarnais sont supposées identiques 

à celles du français, ou ne pas poser de problème au lecteur francophone; c’est évident pour ou 

valant /u/ à l’intérieur des mots, gn valant /'/, ch valant /#/ (machans); ça l’est moins pour lh valant 

/&/ et surtout pour x, le plus souvent de même valeur que ch (medixa), mais valant aussi /+/ ou /ks/ 

(exemple, circonflexe). 

Pour ce qui est des voyelles en syllabe finale, a, e sont atones, á, é toniques (comme chez 

Garros); par contre rien ne distingue i final atone (vici, seruici) de i final tonique (Acquisi, debi), 

pas plus que o final atone (rollo, Berdolo, mensolo) prononcé [u] de o final tonique dont Salette ne 

dit rien et qui doit donc avoir la même valeur /o/ qu’en français. 

20 En béarnais, le mot menistre, “ministre”, est aussi un surnom de l’âne (Palay), acception qu’ignorent le Trésor du 

Félibrige et les divers dictionnaires d’oc que j’ai pu consulter; seul l’abbé Foix mentionne celle d’ânon pour les 

Landes. Comme il est peu probable que l’on ait voulu ironiser sur les lointains serviteurs de l’État parisien, on peut 

supposer que c’étaient les ministres protestants de la Réforme qui étaient visés à l’origine, l’intonation de leurs prêches 

rappelant le braiment de l’âne aux esprits malicieux. En tout cas, dans un conte de Yan Palay († 1903), le même 

rapprochement se fait au détriment d’un prédicateur catholique… mais étranger à la paroisse.


En revanche, Salette explique soigneusement les valeurs du o double final, que j’ai pu 

résumer ainsi dans l’Annexe XI : 

oó = [o:], un o naturel un peu allongé : la Soó, la sœur; 

oô = [õ], un o nasalisé (et non un [,] comme aujourd’hui) : lo Soô, le son; 

oò = [u:], un ou un peu allongé : Soò, seul (aujourd’hui [sul]) et soleil. 

Donc de la part de Salette un souci de précision dans la notation de la langue parlée, précision 

qu’il obtient en enrichissant la graphie traditionnelle d’accents d’emploi bien codifié (cf. Lafont, 

1983-1, p. 380). 

En pratique, cependant, on relève bien des manques ou des inconséquences dans le corps 

même de l’œuvre, comme l’a fait remarquer R. Lafont (ib., p. 381). Ainsi, quand votz rime avec 

toutz (Au Rey, 83-84), rien ne dit qu’il ne s’agit pas d’une “faute” d’orthographe ou d’impression. 

Et bien des oo sont sans accent; il faut alors les interpréter le cas échéant d’après la rime, et plus 

souvent par analogie avec les mots de même finale étymologique : doos (Ps. 19/6) qui rime avec 

saboroòs sera lu en [u:]; trencasoos (Ps. 73/11), en [(] par analogie avec cansoôs… 

Quoi qu’il en soit, l’immense avantage de l’Advertissement des Psaumes est de nous éclairer 

sur quelques traits importants de la prononciation de son temps. 

L’aboutissement de -a posttonique chez Salette 

Tout est apparemment très simple : pour Salette, le Béarnais prononce le -a étymologique 

posttonique « comme l’Espagnol, Segnora » [sic]. Quand la loi est claire, on ne l’interprète pas, on 

l’applique, dit-on en droit; on devrait faire ici de même. 

Pourtant, que Salette écrive a ce qui se prononce [a] et « l’indique comme si cela allait de 

soi » pose un problème à M. Grosclaude. Ce dernier rappelle en effet (1983, p. 295) qu’il y a deux 

traditions béarnaises pour écrire l’aboutissement du -a étymologique posttonique, l’une qui le note 

par -a, l’autre par -e, celle-ci étant la mieux ancrée, parce que venue de l’ouest gascon qui le réalise 

en [œ]. Il évoque alors très justement le déplacement du centre politique du Béarn d’Orthez à Pau, 

région qui dit [o] de nos jours, mais qui pouvait très bien dire [a] au XVI e s., puisqu’on dit encore 

[a] à Nay et Pontacq, respectivement à 17 et 25 km de Pau. Je pense pouvoir ajouter que les trois 

poésies gasconnes du XIV e s. publiées par Ch. Samaran (1933) ne comptent qu’un -e issu de -a 

(VII e et dernière strophe de la première poésie : bones biendas), alors qu’on a partout ailleurs -a; or 

elles ont été copiées dans un manuscrit qui appartenait à un clerc originaire de Serres-Castet, à 9 

km au nord de Pau. Mais ce constat ne suffit pas à M. Grosclaude : 

« Mais je crois qu’il faut invoquer des raisons plus structurales qui, même si elles 

n’ont pas été conscientes, ont dû jouer un rôle important soit chez Arnaud de Salette, soit 

chez le rédacteur des FORS ET COSTUMES de 1552 que Salette suit sur ce point, comme 

sur d’autres. En effet, Arnaud de Salette ne pouvait utiliser d’autres lettres que le “a” pour 

marquer la finale féminine, pour la simple raison que les autres lettres possibles “e” ou “o” 

sont indisponibles pour cet usage car elles notent des sons bien trop différents. » 

Finalement, M. Grosclaude en revient à la référence au son, donc à la prononciation, ce qui 

est normal puisqu’il a déjà reconnu que le souci pastoral de Salette dut « le conduire à adopter la 

solution qui lui paraitra[it] la plus proche de la langue effectivement parlée » (p. 291). Mais il 

n’arrive pas à accepter l’idée que cette prononciation puisse être autre que [œ] ou [o]; il revient 

donc sur le sujet en 1986 et prête Salette ses propres idées, au risque de tromper le lecteur peu averti :


« Il opte pour la finale en A. Il justifie lui-même ce choix. La lettre E servant déjà à 

graphier le son [é], est devenue indisponible et lui paraît plus éloignée du son [œ#] que le A. 

Il ressent donc nettement le son [œ#] comme un affaiblissement du A. » Et en conclusion : 

« Au 16°s, la graphie A fait un retour en force. Pourquoi ? Il est à remarquer qu’à cette 

époque, le centre du Béarn s’est déplacé vers une région où la prononciation de la finale 

post-tonique est en [o] » (1986-1, pp. 27-28). 

Pourtant, les choses me paraissent extrêmement simples et claires. Si l’on considère les aboutissements 

actuels du -a étymologique, on pouvait avoir à l’époque [œ], [a] ou [o]. Or qu’en est-il ? 

– pour [œ] ([œ#] chez M. Grosclaude) comme dans l’ouest, Salette n’aurait pas eu besoin de 

recourir à l’espagnol, qui n’est invoqué que cette fois-là dans l’Advertissement, puisqu’il mentionnait 

lui-même « l’E, femenin en la mesura Francesa » (cet -e s’entendait encore dans les régions 

d’oïl); il aurait donc sans doute écrit : « le Béarnais écrit le mot Francesa et prononce ainsi que le 

Français Française »; 

– par contre, pour [o], c’est encore l’espagnol qu’il aurait invoqué, et il aurait écrit par 

exemple : « le Béarnais écrit le mot Cera et prononce ainsi que l’Espagnol Cero »; 

– or il s’est référé à Segnora; c’est donc indubitablement un [a] atone qu’il veut exprimer. 

De son côté, sans doute par ignorance de la prononciation par [a] encore vivante en Béarn, R. 

Lafont a lui aussi du mal à lire Salette tout simplement; il commente (ib., p. 378) : 

« Recevant une tradition, Arnaud de Salette intervient, s’il intervient, dans le sens 

d’un archaïsme, d’un retour aux sources. Son a final se détache dans l’écrit béarnais de son 

temps. Il est vrai qu’il en est embarrassé. D’où son intention clarificatrice, fort embrouillée 

dans sa formulation, mais de bon aloi. Salette entend bien distinguer la réalisation /-/ de a 

et le e fermé atone. » 

Et de citer ici le paragraphe de l’Advertissement sur la prononciation du « E féminin ». Certes, 

ce -a final isole Salette parmi les écrivains de son temps comme des siècles à venir, puisque né 

dans l’ouest à Orthez comme plus tard l’occitanisme béarnais, le Félibrige béarnais adoptera le -e. 

Mais nulle part Salette ne laisse entendre que son -a puisse recevoir le timbre du -e féminin : sa 

comparaison ne porte que sur l’intensité de la parole, ce dernier étant « prononcé plus doucement 

[…] que l’a féminin. » S’il y a quelque chose d’« embrouillé », ou plutôt de « brouillé » ce 

sont peut-être quelques idées reçues de l’occitanisme, mais certainement pas le propos de Salette, 

comme le lecteur pourra le constater en se reportant à l’Annexe XI. 

Le passage à /u/ de l’ancien o fermé 

Pour ce qui est de l’ancien o fermé aujourd’hui passé à /u/, M. Grosclaude (ib., p. 296) 

constate que Salette le note tantôt par o, tantôt par ou (Voir par exemple, dans l’Advertissement, ou, 

nous, tout et sa famille, etc.); d’où cette pertinente remarque : 

« Au moment où écrit A. de Salette, cette évolution n’est pas terminée. Elle est en 

cours. En effet, quand il se trouve devant un mot où la prononciation [ou] est nette, il la 

rend en utilisant le digraphe français “OU” 21 (troubaras, escoutat, trouppet...) ou alors en 

position finale oo (traydoo), mais étant donné son souci de phonétisme, on est en droit de 

supposer que quand il écrit los, reconegut, coradge (tous mots dont le O se prononce 

aujourd’hui [ou]) la prononciation devait être encore celle d’un /o/ mais très fermé. 

D’ailleurs, les hésitations, dues à ce que l’évolution est en cours, se manifestent parfois 

dans l’emploi de graphies différentes pour le même mot. Ainsi, on a bouque / boca. ». 

Pourtant, R. Lafont (1983-1, p. 380), lui, voit dans ce polymorphisme graphique une 

21 Qualifier de « français » le « digraphe» — ou plutôt digramme — ou apparu en oc en même temps qu’en oïl relève 

d’un certain parti-pris dont j’ai montré la fausseté (ci-dessus, p.103, et Lafitte 2003-3).


« résistance à la notation », résistance plausible quand on sait le conservatisme de l’écrit. De fait, 

pour la même époque, sur trois ordonnances des souverains de Navarre citées par Dominique 

Bidot-Germa (P.N.-P.G. 206, 9-10/2001, pp. 4-5), deux présentent des graphies en ou, tandis 

qu’une troisième, de 1564, n’en présente aucune : 

1520 - Ordonnance du roi de Navarre, Henric II d’Albret (A. D. P.-A. H 160) : segnour, Nous, 

Noustre Dame, lous, tambourins; 

13 février 1572 - Ordonnance de la reine de Navarre, Jeanne d’Albret : lou(s) (5 occ.), toutes, 

gourmandises, accoustumades. 

Vingt ans après Salette, et 80 km à l’est, le Commingeois Bertrand Larade notera par ou ce 

qui de nos jours est [u], mais pas toujours : « les [o] prétoniques conservent le graphème traditionnel 

(bolé, mordens, content) ainsi que certaines syllabes nasales (Gascon, bone, persone). » (J.- 

F. Courouau, 1999, 50). Mais en prétonique, ce n’est pas toujours vérifié (cf. oubratge, contre 

coratge ou domatge, p. 101) et surtout, la description est étonnante : qu’un [o] soit noté o n’a rien 

de remarquable, puisque c’est seulement l’occitanisme qui a “inventé” sa notation par ò, surtout en 

tonique, mais pas toujours (cf. Plòurà, plòuriá, sòudar dans le document I.E.O. des 7 et 8 Juillet 

1989, reproduit en Annexe XIII). En réalité, c’est le signe que Larade prononçait encore ces o [o], 

même si leur position par rapport à d’autres phonèmes peut avoir retardé leur passage à /u/. De fait, 

sont en ou les mots qui y étaient déjà chez Salette (nous, bous, tout, mots issus de -orem, de -osus…) 

auxquels s’ajoutent l’article lou et beaucoup d’autres, même en prétonique; mais un n à la suite 

maintient [o], sans doute nasalisé en [õ], notamment dans les finales en -on, comme chez Salette 

qui les note -oô. 

De même, malgré l’avis de R. Lafont pour qui « le passage de o à ou est achevé dans l’écrit 

béarnais des dernières années du [XVI e ] siècle. » (ib.), M. Grosclaude pourra relever dans une cinquantaine 

de vers des Églogues de Fondeville (vers 1690) nombre de mots en o qui sont aujourd’hui 

en /u/, alors que cet auteur notait naturellement /u/ par ou : « com, desfortunes, comunes, 

provouca, devotious etc. »; aussi, « contrairement à l’opinion de certains linguistes occitans », il 

confirmera que l’évolution de /o/ à /u/ se poursuivait encore à cette époque (1986-1, pp. 119-120). 

Je pense même qu’elle n’est toujours pas achevée, comme en témoignent de nombreuses 

paires o/ou, notamment dans le Dictionnaire de Simin Palay (cf. mort/mourt, soy/souy, despoblà/ 

despoublà, doctoù/douctoù, etc.) 

Finalement, chez Salette, en dehors des rares finales posttoniques, o vaut [o/%] opposé à ou, 

[u], et l’exemple de « Soô, sonus » montre bien qu’à la fin du XVI e s. en Béarn, comme à son début 

à Auch (p. 105), le o de ce mot n’avait pas encore pris la valeur [u] que nous lui connaissons ([s$] 

ou [s$"]). De même sont encore en [õ] les mots issus de ‘-tionem’ ou ‘-onum’ latins : afectioô, 

aspiratioô, baroôs, bastoô, boôs, cansoôs, duplicatioô, gascoô, habitatioô, maysoô, multiplicatioô, 

prononciatioô(s), sasoô; mais ce [õ] devait bien se rapprocher de [$], voire [u:] puisque Segnoo 

rime avec benedictioo (Ps. 65/8/2 et 4) et que le leçoò (pour leçoô) du Aux Bernes de Carrera 

pourrait témoigner aussi d’un certain flottement, au moins orthographique. 

Quoi qu’il en soit, sont déjà en [u:] les mots issus : 

– d’un ‘-orem’ latin : arraubadoò, authoòs, clamoò, crededoò, intercesoò, lectoò, peccadoòs; 

– d’un ‘-osum’ latin : amoroòs, geloòs, (h)uroòs, malhuroòs, poderoòs; 

– les 3 èmes personnes d’indicatif présent en -r étymologique : moò (il meurt), coò (il court); 

et en [u], tout, nous, vous, ou, dous etc.


Les options orthographiques de Salette 

On a pu voir le lien étroit des prononciations qu’on vient d’étudier avec les graphies 

pratiquées par Salette; plus généralement, comme l’a bien noté R. Lafont dans un passage déjà cité, 

Salette a continué une tradition dont il ne s’est vraiment écarté que pour le -a notant un -[a] jusque 

là négligé par une pratique centrée sur l’ouest gascon. 

C’est particulièrement net par son refus de noter les consonnes finales amuïes comme le fait 

la scripta toulousaine, car cela nuirait à la spécificité de la langue. Cet amuïssement est en effet très 

ancien, et le doublement de la voyelle qui précède est un procédé partagé avec bien d’autres régions 

gasconnes (cf. p. 100). Et si Salette semble admettre (« on peut s’en servir ») que la notation de la 

consonne amuïe pourrait éviter le hiatus devant voyelle (un boô amic / un bon amic), je n’ai pas 

d’exemple montrant qu’il l’ait pratiquée. 

Mais la notation des doubles voyelles ne suffit pas pour indiquer la prononciation à des francophones 

peu experts en béarnais; afin de préciser le timbre, Salette va donc compléter la notation 

traditionnelle par des accents sur la seconde voyelle, comme on l’a déjà vu pour oo. 

Par ailleurs, en pratique, Salette hésite quant à la notation du -t final des mots en -nt; accen, 

acc#, accent; et sur deux lignes consécutives, presen et present. 

Pour le f étymologique devenu /h/, Salette met fin au conservatisme qui continuait à l’écrire f 

et le note h, en principe du moins; mais il doit alors mentionner l’opposition entre le h faiblement 

aspiré (helas) — en fait, un gallicisme prononcé à la française — et l’h gasconne fortement aspirée, 

ou plus exactement “soufflée”, des « mots qui en français commencent par f » (hoege, hort). 

Pourtant, suivant la vieille tradition béarnaise, mais inconnue du français, il use sans s’en 

expliquer du x pour /#/ (Io t’auertexi…), de lh pour /&/ (balhaá) et même parfois de nh pour /'/. 

Mais ce nh n’apparait qu’une fois dans l’Advertissement (menhs), contre gn dans ensegna (10 

dont 5 avec pronom enclitique soudé), espagnol et segnora (bien que cité comme espagnol !); M. 

Grosclaude avait cru y voir un emprunt au français (1983, p. 297) et a sans doute malheureusement 

inspiré MM. Kristol et Wüest (1985, p. 146), malgré l’emploi exclusif de gn dans la Charte de 

Herrère (ci-dessus, p. 103) qu’il citait peu avant (p. 293). Il s’aperçut vite de son erreur et la 

corrigea dans son ouvrage de 1986-1, pp. 18-19. 

M. Grosclaude a aussi souligné le choix délibéré de Salette pour le v étymologique à la place 

du b phonétique largement utilisé par la tradition; mais Salette n’en parle qu’à propos du pronom 

vous : « je n’ai pas écrit toujours bous avec b, mais le plus souvent avec v pour me conformer à 

l’usage commun ». Pour M. Grosclaude, cet « usage commun » ne peut-être que le toulousain, mais 

ne serait-ce pas plutôt le français qui écrit vous, quand Salette s’adresse à des francophones, pas à 

des Toulousains ? Au demeurant, il n’est pas sûr que le modèle toulousain fût si séduisant à l’époque, 

les Béarnais, et plus encore les protestants, serrés autour de leur souverain, n’ayant sans doute 

pas oublié l’arrêt du Parlement de Toulouse de 1510 qui avait mis le Béarn sous la coupe directe du 

Roi de France et dont seule leur détermination empêcha l’exécution (cf. R. Lafont, 1970, p. 52). En 

fait, Salette use largement du v étymologique, mais pas systématiquement : il s’en écarte pour autesbetz, 

lasbetz, debat, daban, labam’, mais aussi lauam’ etc., le -u- typographique valant -v-, donc 

/./; en tout cas, malgré l’usage toulousain, les imparfaits ont le b étymologique : neuriba, demandaba, 

parlabi. Je serais donc plutôt tenté de voir dans ces v une aide visuelle à la compréhension


pour des lecteurs non béarnais, comme l’est délibérément la substitution du -e au -a devant voyelle. 

Cela rendrait bien compte du fait que les imparfaits, autes-betz, lasbetz, debat, sans équivalent en v 

en français, restent en b, tandis qu’un v complice aiderait à lire vejas (que tu voies), vertat (vérité), 

vici (vice), viî (vin), vocala (voyelle), volh, volha, voou (de “vouloir”), votz (voix) et bien sûr, vous; 

et non moins sûrement, les exceptions dans les deux sens « confirmeraient la règle »… ou en 

montreraient la fragilité, selon l’humeur. 

En réalité, pour féru de latin qu’il fût, Salette nous apparait comme peu soucieux d’étymologie; 

ainsi écrit-il rollo, reguinnaà, comme ils se prononcent, ce qui devait être du gout de M. Grosclaude 

qui voyait dans le p et le r de septemer d’une délibération des États de Béarn de 1781 « des 

fioritures qui peuvent se justifier par l’étymologie, mais en aucun cas par la prononciation » (1986- 

1, p. 127). Cependant, les occitanistes écrivent ròtlo, reguitnar, comme ils ne se prononcent pas… 

Salette use aussi d’un tilde sur voyelle à la place du n qui la suit (m$, % legèn, demor&) ou 

même d’un m (c$); mais c’est là un usage graphique généralisé qui n’avait pas à être commenté. 

Salette donne enfin de longues explications, assorties de nombreux exemples, de la soudure 

des pronoms asyllabiques qui « comble […] un fossé entre la langue écrite et la langue parlée » 

(Grosclaude, 1983, p. 293). Pour le lecteur francophone, c’était sans doute assez nouveau pour 

qu’on le lui expliquât en détail. 

Enfin, malgré l’absolue discrétion des commentateurs occitanistes sur le sujet, qu’au 

demeurant Salette n’aborde pas dans l’Advertissement, on observe par sa pratique, y compris dans 

cet Advertissement, qu’il garde nombre de graphies traditionnelles que conserveront les Félibres, 

mais que rejetteront les occitanistes : /we/ par oe (engoera, oelh, hoege, goerre, hoec…); /wa/ par 

oa (lengoa, lengoadge, quoauque, quoate, quoan, loquoau, goayre, goastaa…), /dj/ ou /// par dg 

(lengoadge, dauantadge, usadge, visadge…), /"/ par y (goayre, caytiu, ey, ley, rey, soy…). 

Salette, homme de la graphie moderne 

Lettré certes, mais avant tout homme de Dieu, Salette avait une tâche précise à accomplir : 

mettre à la disposition de l’Église réformée du Béarn un psautier béarnais qui remplacerait le 

psautier français apporté par les ministres venus de France et de Genève. Il était donc tenu par deux 

contraintes d’ordre sociolinguistique : 

– d’une part, offrir à ses confrères francophones et peu habiles en béarnais un outil dont ils 

pourraient user sans commettre trop d’erreurs préjudiciables à leur mission; 

– d’autre part, ne pas perturber les fidèles béarnais qui avaient une certaine habitude de leur 

langue écrite. 

Cela devait le conduire à faire ce que, trois siècles plus tard, le romaniste Paul Meyer 

conseillerait à Lespy : « se conformer [aux] traditions orthographiques, sauf à les régulariser et à 

leur faire subir les faibles modifications qu’exige l’état actuel de l’idiome » (cf. p. 118). 

Tout au long de ce qui précède, nous avons pu voir en effet combien ceux qui avaient étudié 

Salette avaient souligné son souci de serrer au plus près la langue de son temps et sa prononciation. 

Donc de l’écrire de façon “moderne”, selon la définition que j’ai donnée à ce mot en tête de ce 

chapitre (p. 98). C’est ce qu’exprime sans ambages R. Lafont, pour qui on peut prendre finalement 

chez Salette « la même leçon que chez Garros : celle d’une réunion de la tradition culturelle autochtone 

et de la réflexion moderniste » (ib., p. 379).


Malheureusement, abusé sans doute par la finale féminine en -a, le o pour ce qui est aujourd’hui 

/u/ et la distinction entre v et b pour noter /!/ ou /b/, R. Darrigrand a cru y voir l’application 

des « principales règles de l’orthographe classique normalisée » (Darrigrand, 1969-2, 4), de 

telle sorte qu’il a pu parler de « la filiation directe qui unit le système graphique du gascon moderne 

à celui de Salette (a final atone, o pour représenter le son [ou] français, u dans les diphtongues…) » 

(Salette, 1483, 1983, p. XXXII). Or à la lumière des réflexions postérieures exposées plus haut, les 

notations du a final posttonique et du o étaient “phonétiques” pour l’époque, donc “modernes”, 

alors qu’elles ne sont plus qu’étymologiques dans la graphie classique du XXI e s. 

En somme, Salette fut un réaliste — mais aurait-il pu en être autrement d’un ministre du culte 

chargé de porter la parole de Dieu, d’un poète sacré soucieux de bien faire chanter dans le culte ? 

— et à la vérité, un “moderne” comme le furent tant de lettrés en son siècle. Si donc il a des 

continuateurs de nos jours, ce sont les tenants des graphies modernes, allégées des lettres disparues, 

débarrassées de toutes les ambiguïtés, et non les partisans des graphies classiques, figées dans un 

phonétisme vieux de plus de 400 ans. 

6 – Du XVI e au XIX e siècle 

Est-ce pour avoir noté par -a les finales féminines à la façon des anciens textes romans hors 

de Gascogne ? c’est un fait que Garros et Salette sont de loin les auteurs les plus cités par les 

tenants de la graphie classique. 

Pourtant, de leur vivant même, d’autres Gascons ont illustré ce que P. Bec appelle le “siècle 

d’or de la poésie gasconne” et amorcé une Renaissance des lettres d’oc. Avec l’aide d’A. Berry 

(1961) et de P. Bec (1997), je citerai Salluste du Bartas (1544-1590), Jean de Garros (v. 1550-après 

1616), Mr. de Perez (v. 1560-1590 ?), Guilhem Ader (1567 ?-1638), André du Pré (v. 1570-??), 

Jacob de Gassion (1578-1639), Bertrand Larade (1581-??), déjà cité pp. 105 et 112, Jean-Géraud 

d’Astros (1594-1648), Louis Baron (1612-1662) et Gérard Bédout (1617-1692). 

Certes, aucun n’a laissé un traité d’orthographe de notre langue et l’étude de leurs graphies 

serait de peu d’intérêt pour notre recherche, même si la connaissance de la langue et de son évolution 

pourrait tirer un grand parti de leurs œuvres. Voici cependant quelques remarques à partir de 

pièces en graphie originale connues par des éditions elles-mêmes originales ou de fidèles rééditions. 

Comme dans le recueil anonyme de proverbes des environs de 1500 (cf. p. 105), tous ces 

auteurs usent du -e féminin : Salluste du Bartas (Berry, 1961, 127), Armagnacais, Jean de Garros 

(Girard, 1942, 10), Lomagnol, Guilhem Ader (ib., 136) de Lombez, André du Pré (Courouau, 

1995), Lomagnol de Lectoure comme les Garros, Bertrand Larade (Courouau, 1999), Commingeois 

de Montréjau, Louis Baron (Berry, ib., 163), Astaracais de Puyloubrin, Gérard Bédout (ib., 167), 

d’Auch, et Lauzin (Girard, ib., 36), Gimontois dont on ne sait rien d’autre. 

On ne voit apparaitre la notation par -o qu’avec d’Astros, Lomagnol de St-Clar du XVII e s. 

Pour R. Lafont, qui semble ignorer le recueil anonyme de proverbes, c’est chez la tête de file 

Du Bartas « la solution béarnaise [qui] pénètre le domaine gascon » (1968, 412). Mais dans le cas 

de Larade, cela « s’explique peut-être par l’influence du français » (Courouau, 1999, 50) ou pour P. 

Bec cité par Courouau (ib.), ce serait un alignement sur la scripta armagnaco-gasconne, elle-même 

inspirée du français. 

À la même époque, cependant, les écrivains de Languedoc et de Provence n’usaient que du


-o; ainsi, in Berry 1961, Auger Gaillard, Bellaud de la Bellaudière, Le Sage, Goudelin, Cortète de 

Prade, Saboly. Si modèle français il y avait, y auraient-ils été moins sensibles, alors que tous leurs 

autres graphèmes s’y apparentaient tout autant qu’en Gascogne ? En revanche, les Gascons ne 

pouvaient ignorer l’usage parfois quasi exclusif du -e dans la scripta gasconne, “solution gasconne” 

très ancienne, pas du tout limitée à la vicomté de Béarn, et qui pourrait bien s’expliquer par une 

phase intermédiaire de prononciation en [œ], à laquelle se serait arrêté l’ouest gascon (cf. p. 102). À 

ce précédent, nos auteurs ont pu aussi ajouter l’intérêt d’une notation “à la française” que leurs 

contemporains français liraient en laissant l’accent d’intensité à sa place et ne prendraient pas pour 

de l’espagnol ou de l’italien. 

Les auteurs du XVIII e et XIX e s. continueront ces usages mêlés : Jean-Henri de Fondeville 

(1633-1705), Dominique Dugay (1643-??), Cyprien Despourrins (1698-1749), Catéchisme a 

l’usadge deu diocèse d’Aulourou (1706-1743), Théophile de Bordeu (1722-1776), les Fables 

causides de La Fontaine en bers gascouns (Bayonne, 1776), Pierre Hourcastrémé (1742-1831 22 ), 

Sylvain Lamolère (1773-1863), Mèste Verdié (1779-1829) et Xavier Navarrot (1799-1862). 

Ainsi retrouve-t-on le x pour /#/ dans le Catechisme d’Aulourou et le -e dans les Fables de 

Bayonne; celles-ci usent de graphèmes français, mais sans surcharge, autorisant une lecture facile et 

fidèle plus de 200 ans après. De même chez Hourcastrémé, Mèste Verdié. En outre, on peut 

observer que Hourcastrémé rend le son /we/ ou /w!/ par oi, dont c’était alors la prononciation 

française : soin, loin, joigné, témoignatge, éspoir, encoire… 

Ce n’est qu’avec le grand mouvement de renaissance littéraire du XIX e siècle qu’on va enfin 

se préoccuper de mettre de l’ordre dans l’écriture des langues d’oc, avec la création du Félibrige par 

Frédéric Mistral et ses amis en 1854. Mais en Gascogne et en Béarn, deux auteurs au moins s’en 

étaient déjà préoccupés, l’abbé Pédegert et Vastin Lespy. 

7 – L’abbé Félix Pédegert (1809-1889) 

Ce prêtre landais né non loin de Dax, à Pontonx-sur-Adour, nous a laissé un recueil posthume 

de poèmes publié par un confrère en 1892, Lous bers gascouns. L’éditeur a inclus dans la préface 

un manuscrit de jeunesse où l’auteur exposait ses vues générales sur la graphie et proposait un 

Alphabet gascon. Cet abbé fut un « très brillant professeur au Petit Séminaire [parisien] de Saint- 

Nicolas-du-Chardonnet », latiniste, helléniste et hébraïsant; bien que ses vues n’aient été publiées 

que trop tard, leur pertinence leur donne une place dans un historique des graphies du gascon. 

Ses idées générales, qu’il écrivit en 1830 à l’âge de 21 ans — mais Champollion n’avait que 

32 ans en 1822 quand il eut déchiffré la pierre de Rosette —, sont d’un grand bon sens et ne 

manquent pas d’humour. Ainsi, le “savant” épris d’étymologie « se croira obligé, en conscience, de 

l’habiller [sa langue] à l’antique et de lui rendre ses premières livrées, quoique souvent ce gothique 

accoutrement ne lui aille pas à merveille : c’est ainsi que Don Quichotte aimait à revêtir du harnais 

de Bayard son pauvre Rossinante, qui descendait en ligne directe de ce fameux coursier des quatre 

fils d’Aimon ». Aussi, je ne résiste pas à l’envie d’en donner le texte en Annexe XII. 

Par contre, les propositions concrètes d’alphabet restèrent purement théoriques et d’autant 

plus imparfaites que, n’ayant guère vécu au pays, l’abbé ne put approfondir sa connaissance de la 

22 Contrairement à ce qu’on écrivait naguère, Hourcastrémé n’est pas mort en 1815, mais en 1831, comme a pu 

l’établir, acte de décès en mains, Marc Cazalets, du Cercle historique des amis des remparts (C.H.A.R.) de Navarrenx 

d’où Hourcastrémé était originaire.


langue dans toute son étendue territoriale; il fut donc le seul à les appliquer, dans ses manuscrits; on 

y trouve cependant quelques idées générales intéressantes, qui complètent celles de l’exposé 

préliminaire. 

Éliminons d’abord celle qui voudrait un graphème simple pour un phonème simple : elle 

conduit à des caractères détournés de leur valeur habituelle, comme ç remplaçant ch, à l’adoption 

du ñ, mais aussi d’un ! pour /"/ et plus encore une sorte de 8 ouvert en haut, parce que fait d’un u 

surmontant un o, pour rendre /*/; mais l’abbé écrit /u/, ou, en deux lettres… : urouzemen…; le 

résultat en est l’obligation de fondre des caractères spéciaux, qui s’opposa en fait à leur usage dans 

l’impression posthume des Bers gascouns. 

Mais nous notons à l’actif de l’abbé qu’il est partisan de ce qu’on appelle aujourd’hui les 

graphies “englobantes” et estime que l’accent doit être réservé à « marquer l’élévation de la voix 

sur les syllabes », donc l’accent dit “tonique”. 

8 – Vastin-Désiré Lespy (1817-1887) 

Contemporain de l’abbé Pédegert, Vastin Lespy eut, lui, l’heur de passer toute sa vie en 

Béarn. Avant même la naissance du Félibrige, ce jeune professeur de lettres du lycée impérial de 

Pau était parti à la recherche de la “vraie” langue béarnaise d’autrefois. Cela avait dû commencer 

par la lecture des Fors anciens de Béarn publiés en 1841-43 par A. Mazure et J. Hatoulet, le premier 

étant professeur de philosophie au même lycée. 

Esprit rigoureux — ses œuvres le montreront bientôt —, Lespy dut alors être saisi par le contraste 

entre l’écriture classique du béarnais et le désordre orthographique des écrits contemporains. 

Dans les Fors, puis dans les innombrables textes conservés aux Archives des Basses-Pyrénées, il va 

retrouver l’ancienne langue et en tirer la première Grammaire béarnaise (1858). Cette même année, 

l’archiviste paléographe Paul Raymond était nommé à la tête des Archives. Bientôt amis, seuls ou 

ensemble, ils devaient publier de nombreux textes anciens d’intérêt majeur pour l’histoire du Béarn 

et de sa langue. Le décès prématuré de Paul Raymond en 1878 — il n’avait que 45 ans — 

n’arrêtera pas Lespy qui publiera successivement une seconde édition de sa Grammaire (1880) et 

son fameux Dictionnaire béarnais ancien et moderne (1887). 

L’intérêt porté par Lespy à l’écriture du béarnais est tel qu’il va consacrer la première partie 

de sa Grammaire à l’orthographe et à la prononciation : dans l’édition de 1880 que Laffitte reprints 

a remis à notre disposition en 1978, ce sont 104 pages de règles et moitié autant de textes anciens et 

modernes illustrant son propos, soit plus de 35 % des 440 pages que compte l’ouvrage; certes, les 

règles sont assorties parfois de longues digressions philologiques ou autres, mais les 284 pages de 

la seconde partie sont aussi truffées de notes sur l’orthographe et la prononciation, tellement ces 

questions préoccupaient l’auteur. 

Pour le centenaire de la mort de Lespy, l’Institut occitan de Pau y organisa un colloque les 10 

et 11 octobre 1997 et me donna l’occasion d’y faire une communication sur La graphie du béarnais 

chez Vastin Lespy (Lafitte, 1998). J’y ai donc examiné les règles énoncées par Lespy et recherché 

comment il les a appliquées tant dans le Vocabulaire de quelque 3 300 mots, qui complète la 

Grammaire, que dans le Dictionnaire lui-même. Voici un résumé de mes observations. 

Les principes de la graphie selon Lespy 

Tout d’abord, j’ai essayé de déterminer les principes qui avaient pu guider Lespy, à partir des


éléments glissés çà et là dans la Grammaire, au fil de la plume en quelque sorte. 

J’ai cru voir l’idée maîtresse à la p. 175 : « Cessons d’appliquer, en écrivant le béarnais, les 

règles faites pour l’orthographe du français. » Comment ? Lespy nous le confie dans l’Avertissement 

du Dic. (p. XIII) : « pour l’écriture des mots mis en vedette, je me suis conformé aux traditions 

orthographiques […] qui avaient été régularisées dans la Grammaire béarnaise ». 

Pour lui, la “tradition”, c’est ce qu’on peut observer « dans les meilleurs documents du 

passé » (Gr. p. 175), pratiquement « l’écriture de nos Fors et de tous les textes en vrai béarnais » 

(ib., p. 14), soit en fait ceux du XIII e au XV e siècle. 

Cependant, tout en recommandant le retour à ces traditions, le grand romaniste Paul Meyer 

avait invité le lexicographe à « les régulariser et à leur faire subir les faibles modifications qu’exige 

l’état actuel de l’idiome » (rapport sur la lettre A du Dic. en préparation; Gr. p. 442 et Dic. p. VI). 

Or “régulariser”, c’est, sans autre explication, rendre homogène et cohérent, trancher entre les 

variantes, les solutions disparates. Selon quels critères ? Au fil des pages, j’ai pu relever la 

fréquence, l’étymologie, la prononciation actuelle, la simplicité d’écriture et de lecture, et aussi la 

pratique des autres idiomes romans. Mais tout cela sans hiérarchie précise; certes, en général, la 

pratique majoritaire des anciens textes est première; mais elle s’efface une fois devant l’étymologie 

de quoant/quoand : sans doute faut-il y voir la fonction “idéographique” de l’orthographe rappelée 

par R. Lafont (1971, 19) : en français comme dans d’autres langues romanes, la finale -t dénote 

dans ces mots le quantitatif, la finale -d, le temporel. Quant à la référence à la pratique des autres 

idiomes romans, elle est beaucoup moins le reflet d’un souci d’unité qu’un argument de plus en 

faveur de la graphie préconisée, celle des textes béarnais anciens; on ne saurait expliquer autrement 

la référence au basque, langue non romane, à l’appui du x valant /#/. 

En tout cas, la pratique des autres langues romanes, voire du gascon si proche, ne saurait être 

prise pour modèle s’il n’y a pas une égale pratique béarnaise. 

Mais « l’état actuel de l’idiome » peut exiger d’aller plus loin. Or sur ce point, Lespy s’est 

montré extrêmement réservé : « Nous avons cédé à l’usage, lorsqu’il nous a semblé que nous 

pourrions dérouter de vieilles habitudes de prononciation, si nous revenions, pour certains mots, à 

l’ancienne orthographe. » (Gr. p. 175). On verra bientôt qu’il s’agit surtout du digramme ou pour 

/u/. 

Les signes diacritiques 

Là, Lespy rejette toutes les innovations; tout en citant les Psaumes de Salette près de 900 fois 

dans le Dic., il ignore les choix délibérés de cet auteur en matière de graphie; en particulier, il 

utilise fort peu les signes diacritiques : 

– l’accent aigu et grave n’est retenu que pour le e; Lespy se prive ainsi d’un moyen facile de 

noter l’accent d’intensité, ce qui rend malaisée l’accentuation correcte des mots s’achevant en -i et 

-ou et des paradigmes verbaux; 

– le tréma ne sert qu’à distinguer le digramme ou /u/ de la diphtongue oü /o*/; il ne peut alors 

noter la diérèse d’un mot comme reunexe (Dic. Suppt); et dans payssèr, on ne sait si pay (< pani) 

doit se dire en deux syllabes, ou en une comme dans paysaa; 

– le ç est exclu au motif qu’il « n’était pas employé en béarnais ».


La notation des voyelles et diphtongues 

Pour le système vocalique, Lespy s’en est tenu au système ancien, sans y apporter beaucoup 

de modifications. La seule importante concerne le son /u/, qu’il vienne d’un o (senhou) ou d’un u 

étymologiques (sourd); comme beaucoup, Lespy estimait que les mots écrits aujourd’hui countrari, 

louga, nou, persoune se sont toujours prononcés par [u] alors qu’ils s’écrivaient contrari, loga, no, 

persone selon l’étymologie; mais tout en désapprouvant ce ou, pourtant fort ancien aussi, il s’est vu 

obligé de l’adopter : « Il serait bien difficile aujourd’hui de faire revenir, pour les mots béarnais 

dans lesquels o se prononçait ou, à l’écriture des anciens. On s’en tiendra pour eux à celle que les 

modernes ont adoptée. » (n° 49 et 50). Et il utilisa fidèlement les groupes oe/oè et oa pour noter en 

toutes circonstances les sons /we/ ou /w!] et /wa/. 

Mais Lespy a conservé deux faiblesses majeures de ce système : 

– d’abord, l’extrême complexité du redoublement des voyelles : il n’est même pas 

systématique en finale accentuée, exclut les infinitifs, varie suivant les lettres amuïes, et même 

comprend des exceptions pour une même lettre, et pire encore affecte des mots sans consonne 

amuïe comme caar, caas, abuus, fruut, juu… Dès lors, à l’écrit, en dehors des infinitifs et des mots 

en -ou, ce n’est qu’en apprenant des listes de mots qu’on saura si la voyelle finale est doublée ou 

non; et à l’oral, il faudra se souvenir de l’étymon pour savoir s’il faut nasaliser la voyelle un peu ou 

pas du tout, selon que le redoublement correspond à un -n ou à un -r ou -d disparus. 

– et seconde faiblesse à laquelle faisait allusion M. Grosclaude quand il donnait raison à 

Salette « contre la tradition antérieure… (et postérieure). », l’ambigüité du -e final : il se lit soit [e] 

atone (le fameux « e doucement fermé de Lespy »), soit [%, œ ou a], sans autre guide qu’une règle 

complexe néanmoins suivie d’une liste d’exceptions (Gr. n° 26-27). 

La notation des consonnes 

Le système consonantique présente moins de difficultés; notons à l’actif de Lespy une nette 

préférence pour les groupes -dge ou -dye, -dja ou -dya etc., comme la prononciation le suggère et le 

pratiquaient majoritairement les anciens. Indépendamment des erreurs ou incohérences qu’on peut 

déceler dans le Dic. par rapport aux intentions affichées dans la Grammaire (notamment nh/gn, 

x/ch), je considère comme les difficultés les plus grandes : 

– les notations ambigües dont la lecture suppose l’apprentissage de listes d’exceptions : 

surtout, l’h muet; mais aussi, gn valant /'/, en concurrence avec nh, et /gn/ ou /nn/; et, à un moindre 

degré, -st lu -[s]; -d muet dans quelques mots; 

– les exceptions mal fondées : mots en lh lu [l] (malhurous); mots à -r final muet; 

– le polyporphisme de j et y devant a, o, u et de y, j et g devant e et i; les hésitations entre ix et 

x pour /#/; entre ceux-ci et ch; entre tz et dz à l’intérieur des mots; entre les pluriels en cx et cxs; et 

celles qu’induit l’absence de ç (sauce, saucè et saussa, saussade); 

– l’absence de graphie englobante pour les produits de -‘ll’ latin (bèt, bètch, bèyt, bèytch); 

– les complications inutiles : outre l’h muet, le g de vingt et digt, ph et ff pour f simple; et les 

pluriels en -z et encore plus en -cx/cxs. 

Réception et devenir de la graphie de Lespy 

Ainsi, paradoxalement, face à Salette qui pouvait passer à première vue pour un “classique” 

avec ses -a féminins, Lespy semblerait un “moderne” avec ses -e; pourtant, il se révèle comme un


“classique”, voire un “archaïsant” pour parler comme H. Gavel (cf. p. 141), avec toutes les ambigüités 

de sa théorie, aggravées par sa pratique. 

Qu’en est-il advenu ? Voici ce qu’en dit A. Sarrail (1980, 11) : 

« Pour sûr, cette graphie de Lespy fut d’un bon secours pour les écrivains de cette 

époque (1860-1900) et il y en avait de grands, quand ce ne serait qu’Isidore Salles. Je 

pense cependant qu’aucun ne suivit parfaitement les règles de Lespy. Salles le reconnaît 

(Debis gascouns p. 3) : “Je dois aussi un hommage amical au savant Monsieur V. Lespy de 

Pau : ses livres m’ont donné plus d’une leçon, arrivée malheureusement à l’heure tardive 

où la plume trouve les doigts noués et rebelles aux lois de la grammaire”. Il écrit donc 

“saben” et non pas “sabent” comme Lespy, “bacha” et non “baxa”, “pegnicades”, et non 

“ penhicades”, etc. La diphtongue au, il l’écrit (presque toujours) avec un tréma sur l’u — 

ce que ne voulait pas Lespy. » 

9 – L’Escole Gastou Febus 

I - Règles de 1900 

La genèse 

Lespy avait adhéré au Félibrige, qui n’avait pu faire moins que de le nommer “majoral”; mais 

il était resté relativement en marge de l’institution. Il devait revenir à d’autres, plus jeunes, de 

fonder en 1896 l’Escole Gastou Febus (cf. p. 76) dont l’une des premières tâches fut de lancer dès 

1897 une revue, les Reclams de Biarn e Gascougne. 

Or si nul n’avait osé critiquer de front les choix de Lespy, il est remarquable que dix mois 

après sa mort, le 21 février 1897, la question de la graphie est abordée dans les Reclams : « très 

vite, le secrétaire de l’Escole P. D. Lafore […] s’avise que les collaborateurs de la Revue ne 

s’entendent pas sur la graphie. Dans le n° 6 de décembre 1897, il relève les points de désaccord. » 

rapporte A. Sarrail (1980, p. 11). Voici donc ce qu’écrit Lafore : 

« L’orthographe traditionnelle, celle de nos chartes et de nos fors, celle que préconise 

Lespy, veut : 

« 1° que le u après une voyelle se prononce ou : chibau, hau, etc; 

« 2° que le l mouillé français s’écrive lh : lhèu; 

« 3° que le gn français s’écrive nh : aranhe, 

« 4° que le verbe avoir, de même que tous les autres termes possédant une h muette 

conservent cette h : habé, hore, etc. 

« 5° que le o devant une voyelle, se prononce ou : goarda, ahoega, etc. 

« 6° que le ch français s’écrive x : medix pour medich, coexe pour coeche, etc. 

« Les deux premières particularités sont acceptées par la plupart des auteurs 

modernes; les autres le sont moins, surtout la dernière… 

« Celui qui écrit ces lignes tient à dire cependant... que lui paraît préférable l’emploi 

de l’orthographe simplifiée... C’est une façon d’écrire pour être facilement lu et facilement 

compris de tout le monde. » 

Et A. Sarrail de poursuivre : 

« Le même article paraissait à nouveau dans le n° d’avril 1898 (p. 159). Aucune 

réponse ne fut faite à cet appel pourtant très clair. Peut-être que chacun voulait rester sur 

ses positions, avec la crainte des changements et des règles ? […] 

« Et tout à coup, les Reclams de mars 1900 (n° 3, p. 1) annoncent la venue à Pau 

d’Edouard Bourciez, pour faire une conférence, le 31 mars sur les Contes populaires de 

Gascogne. Le samedi soir 31 mars et le dimanche matin, la commission pour l’unification 

de la graphie devait se réunir, présidée par Bourciez. » 

Cela ressemble fort à une pieuse légende. Très probablement, le Pr. Bourciez, titulaire de la


chaire de langue romane à l’Université de Bordeaux et membre de l’Escole Gastou Febus, n’était 

pas resté passif à la lecture des articles de P. D. Lafore; et il avait dû longuement réfléchir à ce que 

pourrait être une graphie vraiment utilisable par les auteurs de l’Escole. Il ne vint donc certainement 

pas à Pau les mains vides, ce qui explique que les règles qu’il avait préparées furent 

acceptées, sans doute sans grandes modifications, en deux séances d’un soir et d’une matinée. Au 

demeurant, ces règles furent aussitôt publiées sous sa seule signature : « Règles orthographiques 

du béarnais moderne (adoptées par la Commission administrative de l’Escole Gastou Febus, dans 

sa séance du 1 er avril 1900) » (Reclams, n° 4 d’avril 1900, pp. 50-56). 

Les principales nouveautés 

Nous remarquons d’emblée que ces règles ne visent encore que le béarnais, mais « moderne 

», ce qui sous-entend une rupture avec l’excessive référence à l’ancienne langue chez Lespy. 

Pratiquement, cela se traduit par de nombreux changements par rapport à la graphie de Lespy : 

– abandon total des doubles voyelles à la finale; la nasalisation légère pour les mots ayant 

perdu un -n final est notée par l’accent circonflexe sur a, e et i : pâ, hê, bî et non plus paa, hee, bii; 

mais u et ou ne portent aucun accent, qu’il soient simples (escu, amou, pastou…) ou légèrement nasalisés 

(cadu, carbou, layrou…); en outre, sortant du territoire béarnais malgré le titre, on précise : 

« Dans les dialectes, où l’n se conserve distincte dans la prononciation et dans l’écriture, on 

n’emploie pas l’accent circonflexe » mais on note ce -n : pan, hen, bin; 

– marquage de tout e tonique par un accent aigu ou grave selon sa sonorité (arré, bouhadé, 

estéle, téms, darrè, hèste…), y compris dans la conjonction é, et, facultativement, dans les « particules 

et pronoms de, que, me, te, se, pe »; Lespy, lui, n’accentuait pas l’e fermé dans les 

monosyllabes ni dans le corps des mots (estele, temps…); 

– notation de la diphtongue /o*/ par òu (comme en provençal) et non plus oü : hòu, pòu, 

linsòu; 

– remplacement de x par s devant consonne sourde : destrau, espleyt, esplica; 

– abandon de ix ou x pour noter /#/, remplacé par ch : medich, coeche au lieu de medix, coexe; 

– généralisation de gn pour noter /'/, au lieu de nh et gn : castagne au lieu de castanhe; 

– notation par -s- du /z/ des noms de nombre ounse, doutse, tretse, etc.; 

– remplacement par c(i) du t « sifflant devant i dans des mots savants » : paciènce, reboluciou 

[sic; corrigés en paciénce, rebouluciou en 1905]; 

– adoption de -th en variante de -t pour noter les réalisations [0] et [tj], au lieu des -tch, -yt, 

-ytch de Lespy : éth, aquéth, nabèth, coth, etc. (en béarnais classique ét, aquét, nabèt, cot); 

– suppression de toute dentale finale après n, sauf si elle est prononcée : deban, quoan, roun, 

mais bint, cént, sént; 

– suppression du g amuï dans dit {doigt} et bint {vingt}; 

– régularisation en -cs du pluriel des mots en -c : amics, brocs au lieu de amicx(s), brocx(s); 

– abandon des finales en -tz, remplacé par -ts : la pats, lou prèts, cantats… 

On peut reconnaitre dans ces changements trois idées directrices : 

– mieux refléter la prononciation actuelle : on supprime les voyelles doubles pour ne noter 

que la nasalisation légère ou franchement le -n (vélaire) que l’on prononce; on supprime de même 

des consonnes étymologiques aujourd’hui amuïes : la plupart des dentales finales après n, le g de


digt et bingt; et s remplace x devant consonne sourde; 

– simplifier le code de l’écriture : outre les mesures qui précèdent, qui contribuent aussi à la 

simplification, on unifie en gn la notation de /'/, en -th celle de [0] et [tj], on traite le pluriel des 

mots en -c suivant la règle générale et la valeur /s/ de t devant i est rendue par c, d’utilisation 

générale dans cet emploi; 

– clarifier ce code : tout e tonique est marqué par un accent; la diphtongue /o*/ est notée par 

òu, ce qui supprime le ü tréma déjà proscrit des autres diphtongues et laisse au tréma son seul rôle 

de disjonction de voyelles en hiatus; (i)x ou x est remplacé par ch pour noter /#/, ce ch étant bien 

plus familier au commun des usagers formés à la graphie du français; -tz en finale est remplacé par 

-ts pour la même raison. 

Mais on ne voit pas comment expliquer la graphie aberrante par -s- du /z/ des noms de 

nombre ounse, doutse, tretse, etc. ! 

Accessoirement, nous pouvons remarquer que th pour [tj] était déjà utilisé par de bons 

écrivains de la seconde moitié du siècle écoulé, en particulier pour le pronom eth (contre et dans le 

Dic. de Lespy); ainsi, I. Salles : outre eth, thoyne, barthe, péth (= pèth en gascon général), debath; 

et Hourcadut, Nostradamus et autres écrivains d’Orthez. Quant à ch, il rejoint le français, mais ci au 

lieu de ti et s à la place de x devant sourde s’en écartent délibérément, tandis que ci rapproche le 

béarnais du castillan; et gn se trouve dans les textes béarnais les plus anciens. En un mot, pas 

d’idéologie sous-jacente en dehors de celle qui consiste à rendre l’écrit accessible au plus grand 

nombre; et de toute façon, disparition de la référence systématique aux anciens textes béarnais : 

c’est une graphie moderne, plus facile à apprendre, pour une langue vivante du début du XX e s. 

Mais rien n’est changé à l’ambigüité du l’e final atone (gabe, crabe), ni à l’absence de critère 

pour savoir si i, u et ou finals sont toniques (lusi, que sabi…; segu, cadu…; pastou, carbou, 

layrou…), ou atones (homi, bimi, qu’aymi…; anyou, asou, cassou…), ou si h est aspirée (hort) ou 

non (haunou). Une nouvelle ambigüité est même créée par la notation du -n (vélaire) dans pan, hen, 

bin… que rien ne différencie du -n (dental) commun à tout le territoire gascon dans engan, balén, 

praubin…, d’autant que la famille des mots en -n dental est singulièrement agrandie par la 

suppression de la dentale finale amuïe après n (quoan, balen, roun, etc.). 

La suite 

Comment ces règles ont-elles été appliquées ? C’est difficile à apprécier, dans la mesure où 

elles devaient être remplacées cinq ans plus tard. Et l’on sait combien est longue la mise en place 

des réformes orthographiques. Il est certain en tout cas que leur “modernisme” provoqua la réaction 

du lettré qu’était le Dr Lacoarret (Al-Cartero) dans un article des Reclams d’aout 1903 : il proposait 

de rétablir la consonne finale amuïe, essentiellement -n et -r : mar, carn, flour, oubrèr, aymar, etc. 

Outre l’avantage théorique de conserver au mot sa vieille latinité, on comprendrait mieux la dérivation; 

et en poésie, on ne pourrait plus faire rimer des mots de même finale dans la prononciation, 

mais de finales différentes à l’écrit, comme blous, flours, briulouns. On retrouve là le courant 

archaïsant et savant mis à la mode dans le Félibrige par l’abbé Roux, puis par Estieu et Perbosc, 

mais que refusaient les jeunes Félibres de l’Escole, partisans de la modernité et du progrès. 

Il y eut des articles en sens opposé, plaidant pour une langue et une graphie proches du peuple 

qui pratiquait naturellement la langue. Par exemple, Henri Pélisson (le Félibre de Barétous) dans les


Reclams de Yenè 1904, p. 13; ou encore L. Loustau-Prous, Juge de paix à Vic-Fezensac dans ceux 

de Mars 1904, pp. 52-54. Celui-ci communiquait même une lettre que le romaniste Paul Meyer 

avait adressée en le 7 mars 1869 à son ami Jean-François Bladé, autre magistrat et folkloriste 

gascon bien connu. J’en retiens ici l’essentiel : 

« Le principe auquel il faut s’en tenir pour l’orthographe du béarnais ou du gascon 

est, selon moi, la notation de la prononciation qui caractérise l’état présent d’une langue 

[…]. En écrivant les consonnes finales qui s’entendaient autrefois et n’apparaissent plus 

maintenant que dans les formes dérivées, vous vous imposeriez la nécessité d’indiquer en 

note la véritable prononciation, ce qui pourrait vous entraîner loin. — Et pour quel profit ? 

— Ces lettres ne se prononcent plus ou même ne se sont jamais prononcées : c’est comme 

si elles n’existaient pas. » 

II - Règles de 1905 

Le chantier est rouvert 

Pour couper court à la discussion, le Bureau de l’E.G.F. forma une commission de 

l’orthographe (Reclams, Seteme 1904, p. 237) : outre le capdau {président} Planté et le secrétaire 

général Lalanne, membres de droit, MM. Baudorre, Camélat, Daugé, Lafore, Dr. Lacoarret, Lacoste 

et Palay. Le même communiqué donnait la composition de la commission du dictionnaire, et « M. 

Lacaze, sous-inspecteur de l’Enregistrement à Pau » fut élu le 10 novembre comme « président de 

la commission du dictionnaire et de l’orthographe » (Reclams…, Decémbre 1904, p. 301). Et dans 

Reclams de Heurè 1905, p. 38, Lacaze écrivait plein d’espoir : 

« Il n’est pas chimérique de penser que le système graphique appliqué par l’Escole 

pourrait sans trop de peine devenir commun aux quatre départements réunis sous la bannière 

des Reclams. Il suffirait pour cela d’un peu de bonne volonté et du désir d’arriver à 

une entente qui aurait pour effet d’assurer le succès du Félibrige dans notre Sud-Ouest. La 

cause est du reste aux trois-quarts gagnée. Pour le Gers, on constate avec plaisir que 

quelques-uns de nos dévoués confrères observent nos règles essentielles; les autres sont 

trop aimables pour rester sourds à notre pressant appel et pour ne pas consentir au remplacement 

de l’o par l’e - par exemple - dans des mots comme hilho, estelo que l’on écrirait 

hilhe, estele. » 

Mais « Cette commission, m’assure Palay, ne se réunit jamais. » (Abbé Saint-Bézard, 1961, 

p. 166). Néanmoins, les deux commissions furent convoquées pour le 27 aout 1905 à Oloron, à 

l’occasion des Fêtes félibréennes, en vue d’arrêter « les règles orthographiques à adopter » 

(Reclams de Biarn e Gascougne, Aoust 1905, p. 148). Selon le compte rendu publié dans le numéro 

suivant (Seteme-octoubre), la réunion se fit l’après-midi, jusqu’à 7 heures du soir où il fallut 

« s’aller préparer à la grane serade » {grande soirée}; on peut lire le long discours (en français) de 

« M. Lacaze, sous-inspecteur de l’Enregistrement, président », mais pour ce qui est de l’activité des 

commissions, il est dit seulement que l’« On s’est occupé activement du futur Dictionnaire simplifié, 

des règles grammaticales à adopter. » Rien sur l’orthographe, sinon le court alinéa qu’y consacre 

le discours de M. Lacaze : 

« En ce qui concerne les règles orthographiques, la tâche paraît relativement aisée et, 

tout en tenant compte des différences dialectales, on peut espérer que l’entente se fera sur 

les points les plus importants. Du reste, nous avons des guides précieux pour l’exécution 

de ce travail; nous aurons à recourir souvent aux indications qu ils ont données. » 

En fait, il fallut attendre les Reclams de Yulh {Juin} 1906 pour que fussent publiées, pp. 114- 

124, sous la signature de Lacaze, les Règles orthographiques du Gascon moderne. 

Ces règles suivent le même plan que celles de 1900, en insérant toutefois une section Accent


tonique entre celle des Voyelles et celle des Diphtongues. Il est donc facile de les présenter en 

synopse et donc de faire apparaitre les changements adoptés. 

Les changements 

Le premier, de taille, est dans le titre : ce sont désormais les règles orthographiques du 

gascon, et plus seulement du béarnais. Mais on a vu que la notation du -n vélaire ouvrait déjà les 

règles de 1900 sur le gascon, alors que le préambule qui suit le titre de 1905 réduit la Gascogne 

linguistique à « la région où s’exerce plus particulièrement l’action des Reclams, il ne vise que le 

béarnais et les dialectes les plus rapprochés du Béarn. » Et l’Avertissement du Dic. de Palay de 

1932, que nous étudierons bientôt (p. 136), dit sensiblement la même chose, tout en étant plus 

explicite : « dialectes parlés dans [… le] Bassin de l’Adour; ces dialectes sont le béarnais, le 

bigourdan, le landais et le gascon du Gers ». 

Sur le fond, nous pouvons remarquer les changements suivants : 

– l’accent aigu est supprimé sur le e des monosyllabes, conjonction e comprise; 

– on admet le -o à la place du -e féminin comme variante chez les “irréductibles” des 

« régions extrêmes, influencées par le voisinage du dialecte agenais ou toulousain »; 

– on note le è ouvert en syllabe non tonique : pèpica, pèrrema, pèyrebate, permèremén, 

darrèremén; d’après ces exemples, il s’agit en fait des mots composés avec un accent tonique 

secondaire; 

– on note la nasalisation sur û (û, cadû, mantû…), mais on la supprime sur ê qu’on craint de 

voir lu à la française : hé, plé au lieu de hê, plê, etc. Mais on garde hén, plén là où l’n se prononce 

et on précise que la prononciation “mouillée” est notée héy, pléy, etc. 

– la diphtongue ùu de certains dialectes est ajoutée à la liste (bùu); 

– il est précisé que les notations oue/ouè, oui sont celles de deux voyelles en diérèse et non 

d’une diphtongue : pouème, que soui, que deyoui; la préférence éventuelle pour un tréma sur le ï est 

évoquée, sans plus; 

– la place de l’acent tonique est mieux précisée, du moins en dehors des formes verbales qui 

relèvent des « grammaires »; en particulier, dans les paroxytons achevés par i ou ou, « l’a, l’i, l’o, 

ou l’u (à l’exclusion de l’ou), qui s’y trouve [à la pénultième], recevra un accent grave. » 

– malgré la réserve relative aux formes verbales, il a paru nécessaire de traiter de l’accent 

tonique des 1 ères personnes du présent et de l’imparfait de l’indicatif des verbes en -e « béarnais », 

en fait des régions de l’ouest gascon qui connaissent l’imparfait court : « Pour éviter toute 

confusion, on mettra un accent grave sur l’a ou l’i de la pénultième de l’indicatif. Ex : mentàbi {je 

nomme}; mais mentabi {je nommais} sans accent. De même càdi et cadi; dìsi et disi; escrìbi et 

escribi, etc. »; 

– h muet est supprimé au verbe abé; il est maintenu par suite d’« un long usage » dans 

« hòmi, històri, heretè » mais rendu facultatif « dans des mots comme oustau, èrbe, oéy, ort 

{jardin}, etc. »; 

– il est précisé que le ç est exclu de la graphie : abansa, coumensabi, asso, fayssou, etc.; 

– il est précisé que les consonnes ne sont doublées que si elles sont entendue doubles; ainsi le 

t dans arrecatta, dissatte, etc.; le m dans semmane, semmanè; le n dans pinneta, sinnét, arreguinna, 

sannie, etc. Mais pas d’exemple de doubles p, b et f : aparelha, aparia, apèu, abat, abadie, aferma, 

afina, afliya, afrounta;


– le t peut s’écrire après -n final lorsqu’il est prononcé; outre cent, vint et sent : û balent òmi; 

quoant ès arribat; 

– on rétablit la notation normale par -z- du /z/ des noms de nombre ounze, doutze, etc.; 

– on spécifie la notation par ch- du s- étymologique chuinté : chéys, chichante, chuc; 

– on rétablit le x comme consonne de l’alphabet gascon, alors qu’on l’avait exclu en 1900 

sans dire comment noter les mots que Lespy écrivait examina, excessiu, bexa… Les diverses réalisations 

recensées (cs, gz, ts, tz, dz) seront « uniformément rendues par x »; 

– il est fait mention du -u- intervocalique de certains parlers : auèue, beuèue, etc.; en réalité, 

cependant, le texte le considère comme une suite de diphtongues; 

– enfin, quelques précisions complémentaires sont données sur la notation des pronoms 

enclitiques, mais je n’en ai pas parlé à propos des règles de 1900 qui reconduisaient la Grammaire 

de Lespy, et il n’y a ici rien de particulièrement notable. 

Ce que j’en retiens d’important 

La liste des modifications est longue… mais ce sont pour la plupart des précisions qui ne 

changent pas fondamentalement les règles de 1900; je ne retiendrai donc dans mon commentaire 

que celles qui sortent du lot : 

– mieux refléter la prononciation actuelle : on note le è ouvert en syllabe tonique secondaire, 

la nasalisation du û, le chuintement du s- initial; on insiste sur le non redoublement des consonnes 

prononcées simples; en particulier, les graphies arrecatta, dissatte, semmane, semmanè, pinneta, 

sinnét, etc. écartent l’écriture d’anciennes consonnes aujourd’hui assimilées. 

– simplifier le code de l’écriture : on supprime l’accent aigu du e des monosyllabes, et l’h 

muet de abé; 

– l’homogénéiser : on note la nasalisation du û comme celle du a et du i; on rétablit la 

notation normale par -z- dans les noms de nombre ounze, doutze, etc.; 

– l’assouplir… faute de pouvoir l’imposer : c’est l’acceptation du -o à la place du -e féminin; 

– le corriger : on rétablit le x prématurément supprimé. 

– le compléter : diphtongue ùu de certains dialectes, -u- intervocalique de certains parlers. 

Donc, aucun changement fondamental par rapport à l’esprit “moderne” de 1900. 

En revanche, l’abandon de l’accent circonflexe sur le e légèrement nasal supprime la notation 

d’un phonème qui a son correspondant dans le -n d’autres dialectes gascons et crée une incohérence 

par rapport à a, i et u tandis que le ou légèrement nasal n’est toujours pas noté. De plus, comme ou 

ne porte jamais d’accent, il n’est pas possible de marquer que bouhi (je souffle), courri (je cours), 

etc. sont paroxytons. Par contre, est inutile le maintien de l’accent aigu sur le é tonique en pénultième 

de mots terminés par -e(s) : estéle, créde… 

Demeurent enfin les deux grandes faiblesses signalées pour les règles de 1900, l’ambigüité du 

e final atone (gabe, crabe) et celle résultant de la notation du -n (vélaire) que rien ne différencie du 

-n (dental) commun à tout le territoire gascon. Quant à la question de l’h aspiré ou non, elle est loin 

d’être réglée par la timide mesure prise qui, limitée au verbe abé, laisse le scripteur dans un flou 

complet. 

En conclusion, les retouches de 1905 ont un peu amélioré les règles de 1900, mais sont passées


à côté de plusieurs problèmes importants. Mais en un temps où ceux qui s’intéressaient à la langue 

gasconne l’avaient apprise au berceau et la parlaient couramment, les imperfections de la norme 

passaient inaperçues, comme le sont celles de la norme française pour les Français instruits. 

10 – La graphie des “Trovadors” 

Tandis que le Félibrige s’installait en Béarn avec l’Escole Gastou Febus et ses normes 

graphiques modernes adaptées de Mistral, un mouvement de type classique, quelque peu dissident, 

était en train de se développer au sein du Félibrige. Né en Limousin avec l’abbé Joseph Roux 

(1834-1905), il avait trouvé en Languedoc deux missionnaires zélés, les instituteurs Antonin 

Perbosc (1861-1944) et Prosper Estieu (1860-1939). Il ne s’agissait pas moins que de restituer la 

langue d’oc dans ce qu’elle était du temps des Toubadours, en commençant par le retour à la 

« graphie des Troubadours »; en parallèle, ces instituteurs anticléricaux “récupéraient” la Croisade 

albigeoise comme moyen de lutter contre l’Église et de dresser le Midi contre le Nord. 

Les félibres béarnais et gascons ne pouvaient ignorer ce mouvement. 

I – L’échappée classique de Simin Palay (1909-1921) 

Le premier à s’y être engagé, au moins par quelques écrits, fut Simin Palay (1874-1965), 

malgré un profond attachement à l’Église catholique que dénonçait Perbosc : 

« … A Perpignan c’est parfait. Mais cela nous amène Amade, très bon Majoral, mais 

universitaire couleur Sarrieu, qu’il faudra bien avaler, le plus tard possible. Et puis Palay ! 

Tous cléricaux ! C’est dégoûtant ! » (lettre à Estieu du 10 décembre 1909, citée par 

Barthés, 1987, 100). 

En tout cas, Palay entra dans le jeu par un long poème Toulouse ! primé aux Jeux Floraux de 

Toulouse (Reclams, Février à Mai 1909, pp. 30, 54, 77 et 99), mais en graphie de l’Escole Gastou 

Febus. Cependant, que le baron Désazars de Montgaillard, membre du jury des Jeux floraux, ait 

apprécié l’œuvre de Palay (Barthés, ib., 104) n’était pas du gout de Perbosc qui écrit à son ami : 

« … Désazars m’a dit que ça valait mieux que rien, que c’était au moins un 

hommage, tu vois la suite. Palay me répugne de plus en plus. Il faut que tu travailles à le 

démolir, en montrant son insincérité. J’espère qu’il ne sera pas élu » (lettre à Estieu, du 10 

juin 1911 in Barthés, ib.). 

Palay n’en continue pas moins et compose un autre poème en 1911, Sant Exupère, Salvador 

de Toloza; Toulouse est toujours là, mais Palay semble ne plus vouloir revenir sur la croisade 

albigeoise, sans doute trop exploitée par le courant languedocien, et célèbre un évènement du V e s. 

Mais cette fois, le poème est écrit dans la graphie de Perbosc-Estieu et sera publié dans Lo Gai 

Saber, revue de l’Escòla occitana sur laquelle je reviendrai bientôt; il y est présenté comme 

« Dialecte biarnés am {avec} grafia neo-romana. » (1920, n° 7, pp. 168-170, n° 8, pp. 186-188 et 

1921, n° 9, pp. 10-12); les Reclams de Biarn e Gascougne en feront seulement mention : « Le Gai 

saber de Toulouse publie le poème : Sent Exupère de Palay » (n° 2 de Février 1921, p. 31). 

En fait, outre l’emploi de -a en finale féminine et de o pour /u/, c’est un curieux mélange de 

formes languedociennes (Sant, al, del, forbis, bèl, asalt, filh, saure, jorn, captal… pour Sent, au, 

deu, hrobeix, bèth, assaut, hilh, saber, dia, capdau…) et de rares formes ou mots béarnais (cade, 

Mèste, ad arond, baxar… pour cada, Mèstre, (a)dereng, baissar…), voire d’archaïsmes (ab pour 

dab); et abandon de l’énonciatif que, des possessifs “articulés”. On remarque en baxar l’emploi pour 

/#/ du x de la vieille graphie béarnaise et gasconne, mais il vaut [ks] dans fixar du vers précédent et


[1] dans nox …; et la mention de publication dans Reclams rétablit le Sent gascon ! 

Neuf ans plus tard, en 1920, Palay devait “récidiver” en présentant encore aux Jeux floraux 

un poème qui fut lui aussi primé, puis publié en 1921 dans le Recueil de l’Académie des Jeux 

Floraux, Toulouse, 1921, pp. 92-110 : La canson d’en Ramon de Sant Gilles, que je cite d’après sa 

reproduction dans Reclams 1996 - 1/2/3, pp. 16-25. 

Tout comme en 1911, Palay évite la croisade albigeoise et chante ici la première croisade 

prêchée en 1099 par le Pape Urbain II pour délivrer le tombeau du Christ des mains des Sarrasins; y 

prirent part le Comte de Toulouse Raymond de St-Gilles et le Vicomte de Béarn Gaston le Croisé. 

La langue est plus franchement béarnaise, avec des mots ou des formes ignorés du 

languedocien (audir, bronir, aperar, apux, carrèras, barrèras, ei, castet, oelh, goardara…); et en 

particulier l’article dou, dous (“du, des”), qui pose problème : logiquement, se situant dans le 

système Perbosc-Estieu, il devrait se lire [do*[s]], tout comme pou (“peur”) se lit [po*]; mais 

[do*[s]] est quasi ignoré des cartes 2461 à 2463 de l’ALG VI, alors que [du[s]] est de très loin la 

forme la plus répandue, en Béarn notamment; au demeurant, souci ne peut se lire que [su'si], ce qui 

conduit à admettre que Palay a usé ici de ou pour certains /u/… 

On trouve aussi des formes languedociennes comme salvat, bela, (n)aut(a)… pour sauvat, 

bèra, haut(a)… et surtout, le béarnais est “épuré” du h gascon (!) et de l’énonciatif que; donc fon, 

fè, foc, filh, filha, far etc. Mais chassez le naturel… On trouve donc quand même quelques 

énonciatifs : un que, « Qu’avetz aci mon amna tota nuda », deux e, « Puxque ma dona e sera dabe 

jo » et « Quand subre amor / E s’apitola ! »; et surtout plusieurs be ou b’ dans des exclamatives, où 

ils semblent bien distincts de l’adverbe “bien” noté ben par ailleurs : « B’ei la canson qu’un pauvre 

trobador / […] acompanha », « b’a l’amna amistoza e proza / Lo noble comte de Toloza ! », « E, 

lèu apux, be l’a matat / E son ost fujis, despartat ! » « Aquiu be i a cent mil omis e famas » etc. 

Autre retour au naturel, heresa, tahuc, Mahom ou Mahomet qui seront dans son Dictionnaire 

(le premier, comme herésse) avec le h gascon, car le Dictionnaire ne note pas l’h muet. Et je ne sais 

comment juger de l’exclamation maintes fois répétée Hoi ! : houy gascon est pour Palay le cri pour 

chasser l’immonde, notamment les porcs, et hoi ou oi est pour Mistral un cri d’étonnement, toutes 

acceptions en rupture avec le contexte…; même perplexité pour Hara dans un des derniers vers « E 

la vox responec : “Hara, ven far la guerra !” » : avec far à côté, ce ne peut être le futur farà, comme 

pour dire « Ça fera l’affaire »; et pourquoi ara déjà noté ainsi serait ici affublé d’un h- ? 

Tout cela pour dire combien ce poème sent l’artifice, le jeu convenu pour plaire à une Académie 

toulousaine, dans la graphie à la mode et en camouflant la gasconité de l’auteur. Il est remarquable 

en tout cas que ni le poème primé en 1911 ni celui-ci ne furent publiés dans les Reclams de 

Biarn e Gascougne, revue de l’Escole Gastou Febus dont Palay allait devenir le Capdau en 1923. 

Ce n’est que trente ans après sa mort que les occitanistes devenus maitres de l’Escole ont publié le 

poème de 1920 dans les Reclams; sans doute était-ce pour souligner le vers de Palay louant le lien 

entre « les cœurs béarnais et les cœurs toulousains dans les voies de l’Histoire » et commenter : 

« bien loin de toute petite dispute localiste ». 

Mais c’était oublier que dans les 45 années de sa vie après ce poème, Palay n’a usé que de la 

graphie de l’Escole, et spécialement dans son fameux Dictionnaire (cf. p. 136). Dans l’article des 

Reclams de 1958 déjà cité p. 39, il s’est même expressément élevé contre la graphie occitane : 

« …ceux qu’on dit occitans ou occitanistes […] ont cru qu’en inventant une graphie,


la même pour tous les dialectes, ils permettraient à tout un chacun de les lire tous 

facilement, et c’est le contraire qui se passe : il n’y a que quelques initiés qui s’en tirent, et 

encore le Provençal ne comprendra pas le gascon s’il ne le sait pas avant, et vice versa. De 

plus, si un Béarnais et un Auvergnat se parlent, en raison de la différences des sons, ils ne 

s’entendront pas. 

« Un jour, dans une ville où j’étais de passage, je me trompai de réunion. Un orateur 

était à la tribune et j’essayai de comprendre, mais en vain. Je demandai alors à un voisin où 

je me trouvais : “C’est un congrès pour l’espéranto” me répondit-il. “Ah ! et que dit le 

conférencier ? — Je ne le comprends pas : il parle avec l’accent allemand.” 

« Avec l’occitan, je pense que ce serait tout de même. C’est un mauvais pâté qui 

n’est trouvé bon par une minorité — et qui parle surtout en français, et en oc seulement 

dans quelques occasions. 

« Un autre résultat inattendu est celui-ci : la graphie occitane est tellement 

compliquée que les imprimeurs ont assimilé l’occitan à une langue étrangère comme 

l’anglais et l’allemand — cette comparaison est une honte — et lui appliquent le tarif 

syndical, quelque chose comme 20 ou 25 % en plus. 

« L’homme de bon sens reste sur le terrain de la simplicité et du facile à pratiquer. 

C’est ainsi que se fait le bon travail. » 

II – L’Escole moundino et l’Escòla occitana de Toulouse 

Il convient de dire ici quelques mots des écoles félibréennes de Toulouse, trop près du 

domaine gascon pour ne pas l’influencer quelque peu. L’Escolo moundino d’abord, créée en 1892 

et adepte d’une graphie de type mistralien comme le révèle son titre. Mais les félibres partisans de 

la graphie classique ne devaient pas s’y sentir à l’aise, puisqu’ils allaient fonder en 1919, chez le 

baron Désazars, en son manoir d’Avignonet-Lauragais, une nouvelle école félibréenne, l’Escòla 

occitana; et celle-ci lançait aussitôt sa revue, Lo Gai saber. 

Bien évidemment, Perbosc et Estieu étaient de la nouvelle Escòla, ainsi que le jeune abbé 

Salvat (1889-1973) et sa graphie était celle de Perbosc-Estieu. 

1921 : La chaîne est renouée (P. Estieu) 

Tel est le titre d’un article d’Estieu publié dès le n° 9 de Lo Gai Saber (Janv.-Feb. 1921), sous 

le pseudonyme de Jean d’Occitanie, pour montrer les mérites de la graphie de l’Escòla. D’emblée, 

il met sur le compte du « néfaste édit de Villers-Cotterêts » de 1539 la fragmentation de la langue 

d’oc « en un si grand nombre de sous-dialectes qu’il devint bientôt impossible de reconnaitre son 

unité primitive ». Et de faire un bref historique des efforts pour « renouer la chaîne occitane depuis 

si longtemps interrompue », jusqu’à l’arrivée de Mistral — on est Félibres déclarés — dont 

« l’éternelle gloire [sera], outre celle que lui a value son génie poétique, d’avoir établi scientifiquement, 

dans son Trésor du Félibrige, les règles qui devaient ramener peu à peu la langue d’oc à sa 

pureté ancestrale ». Mais « ce n’était là qu’une première étape » et « quelques-uns de ses meilleurs 

disciples, qu’il désignait ainsi lui-même, ont continué son œuvre philologique et ont pu fixer 

définitivement la graphie occitane. » 

Et plutôt que de faire un exposé savant de règles qui pourrait effrayer le lecteur, Estieu 

présente cinq textes anciens, du XII e au XIV e s., avec en vis-à-vis leur transcription en langue 

moderne notée selon la graphie de l’Escòla. Pour lui, ces citations devront suffire « à démontrer 

que les règles graphiques que nous avons adoptées pour la langue d’oc moderne constituent un 

système à la fois traditionnel et scientifique hors duquel il ne peut y avoir que pitoyable décadence 

et mortelle anarchie. »


On voit tout de suite la falsification de l’histoire linguistique et la prétention à être les seuls 

vrais disciples de Mistral, appuyés sur la science, et parvenus à « fixer définitivement la graphie 

occitane. » Las ! Quatorze ans plus tard, la Gramatica occitana d’Alibert allait proposer une 

nouvelle graphie classique et montrer la fragilité des acquis “définitifs” en la matière. 

1922 : L’etzemple dos Catalans (I. Girard) 

L’année suivante, le même Lo Gai Saber devait publier un article du médecin Ismaël Girard 

(1898-1976) donnant en exemple la renaissance littéraire catalane. Sur le fond, rien à dire ici, mais 

ce qui est intéressant, c’est d’observer que l’auteur est un Gascon commingeois et qu’il écrit dans la 

graphie classique de Perbosc-Estieu, sans norme préétablie pour cela, pour autant que je sache. Cela 

lui laisse une certaine liberté. 

Selon le système Estieu-Perbosc et contrairement à l’usage actuel, /s/ intervocalique est noté 

par s : cusoada {vermoulue}, pasats {passés}; corrélativement, /z/ intervocalique est noté par z : 

amaroza {amère}, beze {voir} etc. La notation particulière par -th du produit de -ll latin en finale 

n’est pas encore prévue : on lit bet {beau}, aquet {ce}, comme chez Palay dans Sant Exupère (cf. p. 

126). Mais contrairement à Palay, Girard ne note le son /b/ ou /./ que par b, sans égard à 

l’étymologie ou à la tradition romane (trabès {travers}, bita {vie}, abei {aujourd’hui} etc. et tous 

les imparfaits comme anaba {allait}, premiaba {récompensait}, etc.); une seule exception non 

expliquée, vint {vingt}. Le o prononcé [%] (tròs) se distingue théoriquement par l’accent grave de 

celui qui se dit [u] (amaroza); mais il est parfois oublié : beroï {joli}, filologa {philologue}. Pour 

les finales en -ia, l’accentuation suit la convention castillane : popularia {populaire} (i sans accent) 

se lit par ['arjo] et armonìa {harmonie}, grafìa {graphie} (ì avec accent grave) se lisent par ['io]; 

mais l’accent manque parfois : poezia aurait dû être poezìa. 

/2/ devant e, i est j ou g selon l’étymologie : maje {plus grand}, engèni {génie}. 

Le x étymologique est écarté au profit de consonnes marquant son rendu réel : ‘exemplum’ > 

etzemple (mais la prononciation réelle est [dz] car la dentale ne peut être que sonore devant [z], ce 

qui aurait demandé dz); ‘fixare’ > fitsar {fixer}. 

Comme autres solutions intéressantes, on peut observer quaucas {quelques} et acò {ce} notés 

par c au lieu de qu; frais {frères}, sans -r, comme pai {père} et mai {mère} à la p. 4 de 

L’application… de 1952 (voir p. 144 et Annexe XIII), contre frair, pair, mair aujourd’hui; la 

négation no est écrite correctement sans -n (cf. p. 297) et taben {aussi} sans le n intérieur, qui est 

muet partout (contre non, tanben aujourd’hui). 

Le son /wa/ est noté oa, suivant l’usage gascon multiséculaire : quoate {quatre}, quoan 

{quand}; istòri {histoire} est noté sans le -a final étymologique, mais muet sur une grande partie de 

domaine gascon; les articles contractés do, dos, pos, so {du, des, pour les, sur le} ont une graphie 

tout à fait normale contre l’usage actuel (cf. p. 245). 

En somme, une réflexion réaliste appliquée à une langue bien possédée. 

1923 : Le lengadoucian literari (L. Alibert) 

L’Escolo moundino ne voulait pas être en reste, et voilà que son secrétaire Louis Alibert 

publie en 1923 un petit livre d’une cinquantaine de pages, Le lengadoucian literari. Car avant de 

passer dans le camp “occitaniste”, Alibert avait été mistralien de stricte observance.


Les 7 premières sont consacrées a l’Ourtougrafìo. Suit la Fourmaciu del Voucabulari (pp. 8- 

26), puis un Gloussari dels Gallicismes courregits (pp. 27-50). La seconde partie sera la base de la 

Quatrième partie de sa Gramatica occitana de 1935, Formacion dels mots, et la troisième, mise en 

graphie classique occitane, sera reprise comme Lexique des gallicismes corrigés - Glossari dels 

Gallicismes corregits dans les Annales de l’I.E.O. de 1957-58. Comme la future Gramatica, il est 

écrit en languedocien. 

Cela ne concerne évidemment pas le gascon, mais les idées exposées en tête ne manquent pas 

d’intérêt dans la mesure où l’auteur tente de concilier tradition et modernité. En voici donc le préambule 

(non titré) et les principes généraux énoncés dans un premier titre Avertiments preliminàris. 

« Le système orthographique que nous allons exposer est celui de l’ancienne langue 

d’oc du XIII e au XVI e siècle, mais à la mode du jour et régularisé. 

« Ce système est à la fois phonétique et étymologique : on écrit comme on parle, tout 

en tenant compte de l’origine de chaque son. C’est ainsi qu’on note : v ou b, c ou s, ch ou 

tg, g ou j, d’après l’étymologie latine et l’usage commun des langues sœurs de la nôtre. Il 

ne s’écarte de la graphie classique d’Estieu-Perbosc que par l’abandon des consonnes n et 

r finales et l’adoption des voyelles ou pour o sourd (semi-sonnant) et o final atone pour a. 

Ces concessions, que certains trouvent malheureuses, sont reconnues nécessaires par les 

bâtisseurs de la “langue retrouvée”. Perbosc, lui-même, a écrit dans la préface à ses Contes 

populaires de la vallée du Lambon (p. XIV) [cité en français] : 

« “Quant à la graphie employée, c’est la graphie traditionnelle de la langue d’oc, 

présentée ici sous la forme usuelle adoptée aujourd’hui par la plupart des félibres 

languedociens et gascons. Elle ne constitue qu’une demi-restauration, mais elle a 

l’avantage d’être facilement intelligible pour tous les lecteurs.” 

« Nous ne saurions pas mieux parler en faveur de notre travail. Nous ajouterons que 

l’éminent professeur de langue et littérature provençales de l’Université de Toulouse, M. J. 

Anglade, s’est prononcé dans ce sens dans sa Gramatico de l’anciano lengo d’Oc (p. 23) 

[cité en français] : 

« “Seul un compromis entre la graphie ancienne et l’orthographe moderne nous 

parait viable.” 

« Nous savons que cette façon de voir est celle de la majorité des félibres 

languedociens, fidèles disciples des enseignements de Mistral. C’est pour eux que nous 

avons voulu résumer les règles de notre graphie. » 

Suivent alors les Avertiments preliminàris, en fait quatre principes accompagnés de 

développements et d’exemples que je ne reprends qu’en partie : 

« I. – Il faut écrire comme on parle sans lettres inutiles ou parasites. » On écrira donc 

counta, pè, vint… et non coumpta, pèd, vingt… On ne doublera les consonnes que si elles 

sont effectivement prononcées doubles : dissatte, molle. 

« II. – Il faut employer les mots dans la forme traditionnelle la plus courante dans 

notre dialecte. » 

« III. – Chaque mot sera représenté tel qu’il est prononcé quand il est tout seul. » 

C’est-à-dire qu’on ne note pas les altérations de phonétique syntaxique. 

« IV. – Les lettres x, y, w et les groupes ch, ph, rh, th grecs seront supprimés. […] H 

du latin sera aussi supprimé. » Ce sont des simplifications classiques dans les langues 

romanes; mais si x doit être normalement remplacé par ss ou s- (eissemple, eissistenso, 

Savier) « on pourra conserver x dans quelques mots savants comme : examen, axiome, 

axile, etc. ». 

La présence du second principe, qui ne relève pas de la graphie mais de la sélection pour la 

langue littéraire montre que l’auteur ne maitrise pas encore la distinction entre les deux ordres de 

“normalisation”. Et le traitement différent du x selon que le mot est savant ou nom ouvre la porte à 

bien des désordres; au demeurant, un élève qui prépare des “examens” et étudie dans un livre illustré


d’“exemples” aura du mal à comprendre pourquoi examen est savant et eissemple, non… 

Mais au niveau de la réflexion pragmatique, ce compromis souhaité par J. Anglade aurait sans 

doute mérité un meilleur sort. 

III – Bernard Sarrieu et l’Escolo deras Pirenéos 

C’est dans Era bouts dera mountanho, revue de l’Escolo deras Pirenéos (cf. p. 77), qu’on 

trouve l’essentiel de l’œuvre publiée du Gascon commingeois Bernard Sarrieu. Pour le reste, cet 

infatigable travailleur a laissé des kilos de papiers inachevés d’où les époux Ponsolle ont tiré en 

1977 un gros ouvrage apologétique, Bernard Sarrieu, Morceaux choisis. 

Comme Palay, Sarrieu fut d’abord séduit par les idées de Perbosc, ancien élève de son père à 

l’École normale de Montauban; mais il entendait que l’on prononçât r les r, o les o et a les a (Terro 

d’Oc, Mai 1905, p. 65). Il va longuement exposer sa pensée sur la graphie dans un article écrit en 

1921, La graphie de la Langue d’Oc et la langue commune d’Occitanie, mais qui ne sera publié 

que trois ans plus tard (La Revue méridionale, VI, 1, 15 mai 1924, pp. 46-60). 

Il présente d’abord les trois tendances qui partagent le Félibrige, la localiste qui cultive le parler 

d’un petit pays, la dialectaliste, qui cultive un dialecte relativement unifié à travers une grande 

région d’Occitanie et l’unificatrice qui compte arriver à une « langue commune, du moins une 

langue littéraire commune, telle que fut celle des Troubadours », soit par extension du provençal 

mistralien à toute l’Occitanie, soit, comme le conçoivent « ceux qui dirigent à Toulouse l’Escòla 

Occitana » , une langue d’oc commune qui règnerait « sur tout le territoire occitanien, de Nice à 

Bayonne et de Limoges à Valence et aux Baléares. » C’est pour Sarrieu « un premier fait 

essentiel », auquel s’ajoute un autre « également positif » : il trouve donc positif ce qui vient d’être 

dit; mais quoi ? la division en trois tendances ou l’espoir d’une langue commune s’étendant jusqu’à 

Valence ? 

En tout cas, le second fait positif est que tous les parlers vivants sont cultivés et que nul ne 

songe à les faire disparaitre, la langue commune devant s’édifier à partir d’eux. Et de préciser : 

« Si un parler local (ainsi en a-t-il été du gascon de Bordeaux, — dont les faubourgs 

il est vrai ont été regasconisés…) vient à disparaître, c’est le lien d’attache qui disparaît 

entre ce point et le reste de l’Occitanie. Si les parlers locaux se ruinaient, ce seraient les 

bases de notre édifice qui s’écrouleraient (Voy. La terro d’Oc, Mai 1905, p. 65-71). » 

Et de la coexistence, en fait et en droit, de « parlers locaux, dialectes littéraires et langue 

commune », tous écrits, Sarrieu conclut que l’idéal est l’adoption d’« UN SYSTÈME UNIQUE DE 

NOTATION, qui aille bien pour toutes ces formes de notre langue, qui puisse les noter toutes d’une 

manière suffisamment exacte. » Il ne s’agit pas pourtant d’écrire un même “mot” de façon 

identique, quelles que soient ses réalisations phonétiques; mais bien de noter toutes ces réalisations 

par un même code oral-écrit, de telle façon que le code inverse écrit-oral permettra de restituer la 

parole vivante en chaque lieu, parce que chaque lecteur « retrouvera chez tous les mêmes signes, 

avec à peu près exactement la même valeur ». Donc pour un même “mot”, pas de graphie 

“englobante” se lisant différemment selon les lieux, mais autant de graphies particulières que de 

réalisations, chacune se lisant partout suivant le même code. 

Or ce système existe, c’est celui que les Félibres provençaux ont mis au point pour noter leur 

provençal, et qui « pouvait servir de modèle analogique à la notation de tout autre parler ou dialecte 

par des Félibres conscients. » C’est d’ailleurs ce qui s’est passé « avec quelques flottements, par


exemple pour gn ou nh, pour la notation de s, ss ou ç, pour quelques finales (e béarnais), mais 

suivant tous une direction commune. » Et c’est dans cette voie qu’il faut, à son avis, persévérer. 

Après cette marche d’approche de six pages un tiers, Sarrieu formule des propositions 

concrètes pour « noter des dialectes plus divers que ceux auxquels ils [les initiateurs du Félibrige] 

ont pu songer d’abord. » Deux moyens techniques, « une très légère augmentation du nombre de 

signes » et « un emploi un peu plus large des accents », une orientation de fond, « en tenant compte 

de l’usage et de l’étymologie », et un vœu pieux « une entente finale, résultant d’un examen sincère 

et éclairé des questions posées, sinon d’un congrès expressément réuni à cet effet ». 

On voit déjà l’utopie : les signes et accents relèvent de l’art de l’imprimerie, aujourd’hui de 

l’informatique, et outre la complication de leur enseignement, on voit mal comment des parlers minorisés 

pourraient obtenir leur réalisation dans la production “industrielle” des écrits; l’usage n’est 

pas toujours en accord avec l’étymologie, il faudra donc choisir (ex. les finales en -às, -ís, -òs… de la 

graphie classique, fondées sur un usage multiséculaire… mais contraire aux étymologies en -aceu, 

-iceu, -oceu, etc.); enfin et surtout, une entente dans le monde d’oc, si peu porté en fait à l’étude linguistique 

(« examen sincère et éclairé des questions posées ») est hélas du domaine du rêve, comme 

la réunion d’un congrès qui ne pourrait que consacrer l’indispensable travail d’études préalables… 

Suivent des propositions, ou plutôt des suggestions concrètes, à commencer par la notation du 

-n vélaire gascon, tout simplement par le signe de l’A.P.I. déjà utilisé par l’abbé commingeois 

Honoré Dambielle, puis du /w/ après q ou g et intervocalique etc. Mais il ouvre bientôt la porte aux 

graphies “englobantes” écartées plus tôt : on peut admettre « sans grand inconvénient » que la 

précision ne soit pas complète et que l’on écrive, comme l’avait proposé J. Ronjat, agu, {eu} ce que 

tel dialecte prononce adyu, « il suffira de prévenir ». Bien évidemment, Sarrieu ne dit pas si les 

locuteurs de ce dialecte sont d’accord… 

Finalement, une sorte de brain storming qui n’est pas inintéressant, où l’on peut trouver 

l’exposé de certains problèmes dont l’auteur avait eu connaissance et qui donne des idées pour les 

résoudre, mais resté sans suite. 

Quant à la graphie classique, appelée alors trobadorenca, Sarrieu l’accepte « comme entrant, 

à titre d’application particulière possible, dans le système » qu’il propose. « Seulement, alors, si on 

écrit des a, des o, des n, des r et des s, qu’on les prononce a, o, n, r et s. » Et de rejeter à nouveau la 

lecture multiple d’un même graphème : 

« Sans doute, pour les initiés, — et seuls dans ce cas le sont suffisamment, pour 

chaque texte, ceux qui connaissent par avance le dialecte qui s’y trouve vêtu à la néoromane, 

— le passage de ce dialecte noté en grafia trobadorenca à sa prononciation 

courante n’est guère difficile; mais, pour peu que l’on ne soit pas de l’endroit même ou des 

environs, cela ne saurait réussir parfaitement. Tous ces a sont-ils des a, des e ou des o dans 

le dialecte réel, tel que l’auteur le prononce et tel qu’il faudra, à l’occasion, le chanter ? (cf. 

en graphie béarnaise : Tous ces e sont-ils des e fermés atones, des “e muets”, à la 

française, des a ou des o ?…). […] En outre cette graphie entraine des modifications dans 

le langage lui-même, […] parce qu’elle introduit pour la vue des consonnes finales qu’elle 

tend malgré tout à faire prononcer, en les écrivant. » 

L’aspect pédagogique n’est pas oublié non plus : 

« la graphie “trobadorenca” ne saurait convenir, comme transportant dans la langue 

actuelle la graphie de l’ancienne langue sans les adaptations nécessaires, et rendrait bien 

difficile l’enseignement aux enfants. » (Sarrieu, 1977, p. 25).


Tout cela, pour la théorie; mais concrètement, quelle fut la graphie de Sarrieu ? Il en a changé 

au cours des ans, comme fruit de sa réflexion et de ses progrès dans la connaissance de la langue. 

On peut du moins se référer aux Règles principales de l’orthographe gasconne des Morceaux choisis 

publié en 1977 (pp. 63-65) : en fait, un phonétisme rigoureux avec les graphèmes du français 

pris très généralement pour leur valeur française : /// noté dj; /1/, ts; /0/, tch. C’est particulièrement 

sensible dans la notation de l’article masculin qui est etch, edj ou et suivant le début du mot qui 

suit. Le ç est utilisé. Les finales féminines sont en -o au singulier, mais en -es au pluriel [es], 

comme en aranais “classique” (voir p. 159) : mountanho, mountanhes. Et le /e/ atone est e, mais 

tonique, é : enténe. 

Font exception : /&/, lh; /'/, nh; mais la mouillure qui disparait au pluriel n’y est donc pas 

notée : biélh, biéls; -[sjun], cioun; les diphtongues, notées ai, èi, ei etc. au, èu, eu, ôu… On 

remarque l’accent circonflexe, qui se sépare du òu de Mistral et de l’E.G.F.; mais il s’agit là 

semble-t-il d’une façon d’éviter ò adopté par la graphie classique; on lit donc bôsc, liô (lune) etc. 

Donc une graphie de filiation mistralienne, mais qui se veut distincte de celle de l’Escole 

Gastou Febus, sans raisons évidentes sur plusieurs points. Mais tout cela n’est plus que de l’histoire 

ancienne… 

IV – Philadelphe de Gerde (vers 1930) 

Après l’échappée classique de Palay et hormis Girard établi à Toulouse, les Gascons étaient 

plutôt réticents devant le mouvement incarné par l’Escòla occitana (cf. p. 128) qui privilégiait 

grandement le languedocien. L’exception, ce sera Philadelphe de Gerde (1871-1952), qui portait le 

deuil de la défaite de Muret en 1213, … et n’appréciait pas trop le monde de l’Escole Gastou 

Febus. Mais semblant ignorer l’expérience gasconne de Girard (cf. p. 129), Philadelphe va se 

renseigner auprès de Perbosc pour essayer d’en appliquer les règles à son dialecte bigourdan. Ce 

n’est pas facile cependant; le 24 janvier 1930, elle écrit à l’abbé Salvat (Salvat, 1963, p. 184) : 

« Ce misérable Gascon a mauvaise tête : quand on croit le tenir, il vous échappe ! et 

il marche sur toutes les règles à grandes enjambées. Ainsi, pour la r de l’infinitif, après 

l’avoir prise dans ma seconde copie, je l’ai lâchée dans ma troisième comme vous le 

verrez. Et j’en ai du regret ! Mais vraiment, pensez-vous que je la puisse prendre quand je 

dois dire : yurà-n (en jurer), emparà-u (l’étayer), trobà-u (le trouver), aperà-d ome 

(appeler l’homme) ? […] 

« Et pour le v donc, car nous ne pouvons pas dire comme vous, Languedociens, que 

le v se prononce toujours b… puisqu’il se prononce tantôt b tantôt w… Je sens que si je 

fais un quatrième manuscrit, je reprendrai ce w, gardant le v” pour remplacer le b 

seulement; et je dirai : cantaua, parlaua, disèua, etc. Qu’en pensez-vous ? ». 

Aussi son recueil Eds crids (1930) s’ouvre-t-il successivement par un Avertissement, des 

Règles pour la lecture occitane et une Note relative à la graphie du présent livre. L’Avertissement 

est un exposé historique et linguistique sur la Langue d’oc, le Félibrige et la nouvelle orientation 

“occitane”, avec son système orthographique; il est co-signé par tous les membres d’un « comité 

d’édition » présidé par la poétesse et comptant le Pr. Joseph Anglade, Armand Praviel, l’éditeur 

Édouard Privat et l’abbé Salvat. 

Le résultat de cette adaptation délicate, c’est quelque chose d’intermédiaire entre la graphie 

fébusienne et celle de Perbosc-Estieu. Voici par exemple en vis-à-vis la version originale de la 

première strophe de Bernadeta (1913) et sa version “classique” de la 2 nde édition (1934) :


ED BRÈS ED BRÈS 

Que cànti uo choio de nousto Que cànti ùa chòia de nosta 

Qui, pèd-descausso, à trabès brousto, Qui, pèd-descausa, à travès brosta, 

Peds terres e peds arrabents, Peds terrès e peds arrabents, 

Puro de ouelhs, sano d’aurelhos, Pura de oelhs, sana d’aurelhas, 

Gaitè ras crabos e ras ouelhos, Gaitè ras crabas e ras oelhas, 

Dentiò doutze ans, per touts eds bents. Dentiò dotze ans, per tots eds vents. 

Que cànti uo choio tant praubo Que cànti uo chòia tant prauba 

Que cado dio, at saut de r’aubo, Que cada dìa, at saut de r’auba, 

Tant que mes de heret hasè, Quand mes de heret e-hazè, 

Enta que-s cauhèsson à suo, Entà que-s cauhèsien à sùa, 

Anabo couelhe, aro u, aro uo, Anaba coelhe, ara u, ara ùa, 

Ed boues que-d aule bent trasè Eds brancs que’d aule bent trazè. 

Le changement se limite au -a féminin, à o pour /u/ ou /w/, z pour s intervocalique et s pour ss 

intervocalique, nh pour /'/ au lieu de gn (pas d’exemple ici) et à v ou b pour /!/ ou /b/, selon 

l’étymologie — mais en renonçant ici, comme en 1913, au -u- intervocalique évoqué dans sa lettre; 

au demeurant, en 1913, ouelhs, ouelhos étaient déjà écartés par les normes de l’E.G.F. de 1900- 

1905. Mais les infinitifs sont notés sans -r muet (coelhe), comme selon ces mêmes normes; et sans 

doute par extension, il en est de même pour tous autres -r muets, comme pour les -n : cò, breso, 

maizo, eslo… Les consonnes géminées sont notées doubles, et non suivant l’étymologie : henna et 

non hemna; sinne et non signe (p. 130); dinne et non digne (p. 166). 

Finalement, à soixante ans passés, l’ardente poétesse voulait bien s’associer au panoccitanisme 

de l’Escòla occitana, mais en sauvegardant farouchement sa langue bigourdane… loin de 

l’alignement languedocien qui, un instant, avait aveuglé Palay vingt ans plus tôt. Mais de toute 

façon, son exemple ne sera pas suivi, témoin historique des difficultés d’une transposition au 

gascon de systèmes conçus pour l’occitan du Languedoc. 

V – Camélat et les Trovadors 

Anticipant un peu sur la chronologie des témoignages cités, il parait intéressant de montrer ici 

quelle fut l’attitude des autres félibres gascons face au système Perbosc-Estieu. Bien sûr, Palay en 

sera revenu dès 1923 semble-t-il, Bouzet qu’on verra bientôt ne sera que “moderne” dans ses 

œuvres pédagogiques. Mais c’est dans la correspondance publiée du Bigourdan Michel Camélat 

(1871-1962), secrétaire de l’Escole Gastou Fébus, et de son disciple Armagnacais André Pic (1910- 

1958), professeur d’espagnol, que l’on trouve les marques les plus nettes de la défiance du grand 

écrivain gascon devant l’entreprise de ceux qu’il désignait comme « les Trovadors ». 

Lettre de Pic à Camélat du 17 juin 1932 (Pic, 1976, p. 180) : 

« J’ai aussi aimé l’hommage à Perbosc; mais j’aurais aimé que vous me disiez un 

mot de son orthographe. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à la vérité, le béarnais a toujours été 

à part : donc sa langue n’a pas à se plier à des systèmes étrangers; son évolution est 

normale. Le Béarn a été une nation, pleinement; il a un passé; les autres pays d’Oc, non. » 

Lettre de Camélat à Pic du 30 novembre 1948 (Camélat, 1967, p. 71) : 

« … Et Oc ? je l’ai lu comme toi, avec le regret de voir comment Ismaël [Girard] et 

ses compagnons veulent (tout comme les 7 Toulousains du XIV e siècle) faire revivre une 

langue morte, et qui n’a jamais existé nulle part, et l’habiller d’une graphie d’écrivassiers 

antiques. 

« Il me semble qu’il ne faut pas essayer de discuter avec ces jeunes gens qui sont 

sûrs d’être dans le vrai. »


Lettre de Camélat à Pic du 1 er mai 1950 (ib., p. 75) : 

« Et donc, si nous parlions d’un Estieu, d’un S., d’un Boussac ? des gens qui n’ont 

que le prurit de se mettre en avant. » 

Lettre de Camélat à Pic du 7 juillet 1952 (ib., p. 82), à propos de l’élection de quatre 

majoraux mistraliens à la Ste-Estelle de Clermont, contre quatre « trovadors » : 

« Les amis des “trovadors” l’ont bien cherché, un tel coup de houssine : les 

Provençaux ont perdu patience et ont dit “Maintenant, c’est assez !” » 

Lettre de Camélat à Pic du 16 janvier 1955 (ib., p. 95), après la publication en graphie 

occitane par la maison Aubanel, en 1953, de morceaux choisis de Théodore Aubanel (1829-1886) : 

« Je me suis laissé abuser [mot à mot, “couillonner”] par les Occitans, et, ainsi, 

Aubanel père qui a viré vers les Estieu-Salvat m’a mis dans le comité d’honneur (!) du prix 

Aubanel. De là, Teissier m’a expliqué ce qui en était et que je ne pouvais savoir, puisque je 

suis à tant de lieues de la Provence. Enfin, compte bien, toi qui le sais — que je reste 

Mistralien et que je ne sépare pas, même au point de vue graphique, les deux maitres 

d’Avignon et de Maillane. » 

À la même époque, sans doute, il disait un jour à Roger Lapassade, « au sujet de la graphie 

normalisée […] “Mais, surtout, ne sois pas trop pressé !” » (Lapassade, 1971). 

Pourtant, sept ans plus tard, l’I.E.O. publiait dans sa graphie classique une édition du chefd’œuvre 

de Camélat, Beline, avec cette note liminaire : 

« Cette nouvelle édition de Beline a été revue par l’auteur et constitue selon lui 

l’édition définitive. L’établissement du texte en orthographe occitane, l’étude des variantes 

et les notes sont l’œuvre de Pierre Bec. La traduction française est de Pierre Bec et de 

Robert Lafont – 1962 » 

… tandis qu’à Pau paraissait une autre édition en graphie moderne achevée par cette note : 

« Ce quatrième tirage de Béline a été imprimé le 31 octobre de l’an de grâce 1962 

par Marrimpouey Jeune, Imprimeur à Pau, pour Michel Camélat d’Arrens. » 

Camélat, qui devait quitter ce monde le 18 novembre, avait-il perdu la tête ? ou l’un des deux 

éditeurs a-t-il menti ? Je n’ai pas été en mesure d’en savoir plus, et le rechercher sortirait trop de 

mon propos. Il me parait néanmoins évident que c’est l’édition Marrimpouey qui se situe dans le 

prolongement direct de la pensée et de la pratique de Camélat pendant sa longue vie. 

11 – Jean Bouzet et son Manuel de grammaire béarnaise (1928) 

Jean Bouzet (1892-1954) était agrégé d’espagnol, auteur notamment d’une grammaire 

espagnole réputée. Originaire de Pontacq à l’est du Béarn, il avait rédigé à la fin des années 20 une 

grammaire béarnaise dont l’Escole Gastou Febus ne put financer qu’une édition réduite, le Manuel 

de grammaire béarnaise - Édition spéciale pour les écoles (1928). Les deux premiers chapitres (pp. 

7-11) traitent de la graphie, ou plus exactement de la lecture de ce qu’on pourrait penser être la 

graphie de l’E.G.F. 

Le premier chapitre traite de l’accent tonique de façon assez claire : les mots terminés par -a, 

-e et -i sont normalement paroxytons, par -o et -ou ou par une consonne (hormis -s et -n, ce dernier 

dans les 3 èmes personnes des verbes), oxytons. S’il n’en est pas ainsi, un accent graphique marque la 

voyelle tonique. On remarque que le -u final et les diphtongues sont oubliés. Mais le cas des 

groupes verbe + enclitiques est traité (rares sont les grammaires qui le font).


Est en outre précisé l’usage de l’accent comme diacritique de monosyllabes homographes; 

porte l’accent le mot « qui a le rôle le plus important dans la phrase »; en fait, ne le portent pas les 

mots grammaticaux : a, de (prép.) mais à, dé (verbe); donc, pour a / à, c’est le contraire du 

français… et de ce qu’ont pratiqué tous les Félibres… En outre, les exemples « la mà la mer ou la 

main » et « la là la laine » ne notent plus la nasalisation dans ce que les normes de 1900 et 1905 

faisaient écrire la mâ pour la main, la lâ pour la laine. 

On apprend qu’il y a un -a final atone qui « n’a gardé son timbre primitif que dans la région 

est du Béarn (Pontacq, Ger) et sporadiquement dans les hautes vallées pyrénéennes. » Ailleurs, 

nous le savons, c’est o ou « e final du fr. utile ». Plus loin, nous apprenons aussi incidemment 

l’usage de ç. 

Donc, subrepticement en quelque sorte, Bouzet introduit les accents diacritiques que 

n’avaient pas prévus les règles de 1900 et 1905 et le ç que celles de 1905 avaient expressément 

exclu, mais ne note plus la nasalisation des finales, malgré ces normes. Plus gravement encore, il 

substitue le -a final atone au -e seul retenu par ces mêmes règles. On a expliqué ce dernier choix 

par l’origine personnelle de Bouzet, et par son ouverture au courant classique qui travaillait le 

monde d’oc depuis quelque trente ans. Mais comme Palay, nous le verrons bientôt, n’en retiendra 

dans son Dictionnaire que le ç, il y aura donc désormais, sur la finale féminine atone et les voyelles 

finales nasalisées, un divorce étonnant entre la grammaire et le dictionnaire de la même Escole 

Gastou Febus. On ne peut dire que ce soit recommandable pour la pédagogie ! 

12 – Simin Palay et son Dictionnaire (1932) 

Et au même moment, ce sont les règles de l’E.G.F. que Simin Palay (1874-1965), capdau de 

l’Escole depuis 1923, allait appliquer dans son fameux et indispensable Dictionnaire du béarnais et 

du gascon modernes dont le premier tome parut en 1932. L’ouvrage s’ouvrait sur une courte 

Préface suivie d’un Avertissement un peu plus long, principalement consacré à des explications sur 

la graphie. Au demeurant, la seconde édition de l’ouvrage, publiée par le CNRS en 1961, contient 

le même Avertissement, à deux alinéas près : le premier de tous, modifié pour étendre le domaine 

de la langue présentée du Bassin de l’Adour à l’ensemble de la Gascogne linguistique, et le premier 

du titre Orthographe, supprimé; or il était ainsi rédigé : 

« Bien que le Dictionnaire soit destiné surtout à nos compatriotes des régions de 

l’Adour et des Gaves, nous ne pouvions pas oublier qu’il existe, en dehors de notre pays, 

des grammairiens, des linguistes, des littérateurs qui s’intéressent à nos dialectes; aussi, à 

leur intention, avons-nous ajouté quelques indications graphiques et phonétiques qui 

faciliteront leur travail, nous l’espérons du moins. » 

On comprend un peu sa suppression dans la mesure où il ne s’adressait qu’aux Gascons « des 

régions de l’Adour et des Gaves », mais la suite était essentielle pour comprendre ce qu’on a appelé 

« la graphie de Palay », comme nous allons le voir tout de suite. 

De la notation des consonnes finales amuïes 

On sait que le trait qui oppose le plus les graphies classiques aux graphies modernes est 

l’écriture de consonnes étymologiques amuïes. Or Palay écrit à ce sujet dans l’Avertissement : 

« Toutes les consonnes doivent être prononcées. […] Il en résulte inversement que 

l’on n’écrit que les lettres qui se prononcent réellement. Mais, dans le Dictionnaire, pour la 

raison que nous avons dite plus haut, on trouvera parfois, entre parenthèse, la consonne


étymologique. Ex. Car(n) = chair, du latin carnem. - Poun(t) = pont, du latin pontum, 

etc. » 

On pardonnera au latiniste qu’il n’était pas ce barbare *pontum fidèlement recopié depuis 

1932, mais on est en droit de lui demander où se trouve cette « raison que nous avons dite plus 

haut ». À mon avis, cela ne peut être que dans l’alinéa de 1932 supprimé en 1961, de telle sorte que 

nous avons aujourd’hui affaire à un renvoi dans le vide. 

En effet, cet alinéa justifiait « quelques indications graphiques » — ce que sont justement ces 

consonnes finales entre parenthèses — comme destinées aux grammairiens, linguistes et littérateurs 

qui « en dehors de notre pays […] s’intéressent à nos dialectes ». Rien ne disait qu’elles fussent 

destinées à l’écrit gascon si on ne les entend pas. C’est ce que confirment les préambules des lettres 

N et T et encore plus la pratique de Palay dans les exemples : fidèle à la notation des seules consonnes 

qui s’entendent, il veut qu’on écrive poun ou pount, car ou carn selon que l’on entend [pun, 

kar] ou [punt, karn], la condition nécessaire de ces dernières prononciations étant la liaison avec un 

mot débutant par une voyelle : on dit aussi bien [pun es'tret] que [punt es'tret] selon les lieux; de 

même, à l’article car(n), Palay écrit qu’èm de car e d’os sans -n en liaison, et jou la carn e tu lous 

os, avec liaison. En fait d’ailleurs, cette notation entre parenthèses de consonnes étymologiques 

finales ne se trouve que dans moins de cent entrées du Dictionnaire : 

3 mots en -m(b) ou -m(p) : loum(b); càm(p), trém(p); 

1 mot en -s(c) : bos ou bosc [ici, Palay n’use pas de la parenthèse]; 

1 mot en -n(d) : chalàn(d); 

14 mots en -ar(d) : arnàr(d), arretàr(d), asàr(d) [mais hasar], bar(d), bastàr(d), brancàr(d), 

broulhàr(d), dar(d), far(d), foulàr(d), palhàr(d), par(d), tar(d) [et retàr(d)]; 

2 mots en -er(d) : bér(d) [et entre-bér(d)]; 

9 mots en -or(d) : acòr(d) [et racòr(d)], bor(d) [et abòr(d), d’abòr(d), desbòr(d), 

estrambòr(d), faus-bor(d) et plat-bor(d)]; 

2 mots en -our(d) : sour(d), tour(d); 

1 mot en -(g) : can(g), faus-bour(g) [mais bourg]; 

3 mot en -r(n) : car(n), còr(n) [et recòr(n)], tour(n) [mais retour]; 

2 mots en -(r) : bire-ca(r), du(r) 

5 mots en -c(t) : courrèc(t), dirèc(t), respèc(t), souspèc(t), tac(t) 

21 mots en -n(t) : can(t), cap-d’abàn(t), cén(t), clien(t), dén(t), jun(t), parén(t), pen(t), plan(t), 

porte-lan(t) [mais lant], poun(t) [et perpoùn(t)], pun(t), quen(t), quin(t), quoàn(t), reboùn(t), san(t), 

scién(t), sén(t), tan(t); 

1 mot en -m(pt) : exém(pt) 

21 mots en -r(t) : countre-espèr(t) [mais espèrt], cour(t), cubèr(t) [et descoubèr(t)], 

descounòr(t), desèr(t), dessèr(t), escàr(t), espàr(t), for(t) [et counfòr(t), recounfòr(t), renfòr(t)], 

fur(t), par(t) [et despàr(t)], rapòr(t), repor(t), sor(t), tor(t), ubèr(t); 

2 mots en -s(t) : cos(t), parrabàs(t) 

Cette liste est en principe exhaustive, mais on voit par quelques exemples que certains mots 

simples ne sont pas traités comme leurs composés, et bos / bosc aurait dû être noté bos(c); et il y en 

a sans doute quelques autres ainsi. 

Donc, pour Palay, comme pour l’E.G.F. depuis 1900 (cf. p. 120), les consonnes ne s’écrivent 

que si on les prononce. Pour le reste, que dire de la « graphie de Palay » ?


Palay et les problèmes pendants 

Certains problèmes demeuraient pendants depuis 1905; qu’a fait Palay ? 

– pour le -e final, Palay distingue le -e prononcé [e] dans le sud-est gascon du -e “féminin” 

qui y vaut [o ou a] en plaçant un point sous le premier : (gab", crabe); et il renforce l’opposition en 

mettant un accent sur la voyelle tonique qui précède : gàb"; mais ce dernier diacritique est double 

ment “neutralisé” parce que : 

– d’une part, de nombreux mots en -e “féminin” ont un e ouvert à la pénultième, qu’on ne 

peut noter autrement que par è : lèb", mais que’s lhèbe (il se lève); bère, etc. 

– d’autre part, en fait, Palay a noté des accents tout-à-fait superflus sur la pénultième de 

près de 300 mots en -e féminin : absénce, baticoùmbe, cébe, descénte, etc. 

– pour le ou tonique, Palay l’a aligné sur les autres voyelles, donc noté où s’il est “pur”, oû 

s’il est nasalisé : coùrr", pastoù, carboû, layroû; donc problème résolu, et bien; 

– l’h muet, Palay l’a complètement écarté, en principe du moins (cf. p. 323) : « N’est pas 

employée comme muette » (Préambule de la lettre H); 

– mais rien ne distingue le -n vélaire (biro-marquin, bluhoun, bourroun, caferoun, camoun, 

capdelaran, etc.) des mots “gascons” du -n dental de tous les parlers (ardoun, augan, barrabinbarraban, 

engan, praubin, etc.); 

– ni le e légèrement nasal du é pur tonique, comme il l’était en 1900. 

Palay a donc bien réglé deux des cinq problèmes pendants. On doit aussi mettre à son actif 

l’usage du ç, réintroduit par Bouzet : abançà, açò, ahounçà, bençùt, coumberçà, fayçoû, etc. 

En revanche, sa fidélité à ces règles… et peut-être aussi son souci de semer les accents de 

repérage comme le Petit Poucet les cailloux, lui ont fait maintenir l’inutile accent aigu sur le é 

tonique en pénultième de mots terminés par -e(s) ou -"(s) : estéle, créd"… 

Il en a même rajouté, avec les non moins inutiles accents sur la voyelle forte des 

diphtongues : abadiàu, abancìu, apèu, aquìu, héus, etc.; abarréys, afàyt, anoéyt., arày, arrisòy, 

arroùy, coùy, etc. et les innombrables mots en -àyr". 

Camélat l’avait d’ailleurs critiqué sur ce point : 

« Dommage que le Capdau, malgré l’avis d’hommes sages comme Lacaze, Laborde, 

etc., ait semé les mots d’accents à tort et à travers. Certes, il veut marquer la tonique, mais 

il a beau dire, il est le seul à avoir ainsi changé la face des mots. (Lettre du 9 aout 1932 à 

André Pic, Camélat, 1967, p. 9). 

Au demeurant, Palay lui-même n’a jamais usé de tels accents dans ses propres écrits, même 

après la publication du Dictionnaire en 1932. 

On peut aussi considérer comme une innovation par rapport aux règles de 1905 le fait qu’il ait 

remplacé le -e féminin par -o dans les mots qu’il a jugés propres à des régions gasconnes qui le 

réalisent par [o]. Or les règles de 1900 l’avaient totalement exclu (« Dans tous les cas l’orthographe 

par e est uniforme. ») et celles de 1905 s’étaient bornées à le mentionner comme la pratique de 

« quelques auteurs », à raison d’influences extérieures au gascon cf. p. 124). En admettant ce -o au 

même titre que le -e général, Palay a peut-être voulu contenter l’est gascon 23 , mais a péché contre 

la graphie vraiment englobante souhaitée au début du siècle. 

23 Pourtant, A. Sarrail a fait remarquer que de 1910 à 1914, La bouts de la terre n’admettait que le -e, sans pour autant 

manquer de rédacteurs ni d’abonnés en Bigorre et Armagnac (Sarrail, 1980, p. 21, note).


Enfin, tandis que les règles de 1900 ignoraient le mot même d’étymologie et que celles de 

1905 n’usaient que trois fois du mot étymologique pour caractériser des lettres non écrites si elles 

étaient amuïes, ou écrites si on les entendait, Palay se réfère assez souvent à l’étymologie pour 

préférer une graphie à une autre (p. ex. « D; consonne. — À la fin de certains mots où on le 

conserve par tradition étymologique, d sonne comme t : red, froid; nud, nu »; sès" est une 

« Mauvaise graphie de cés", pois. »); et même, pour le choix entre j et g devant e et i, « on juge 

préférable ordinairement de se conformer à l’orthographe étymologique. » 

L’apport de Palay 

De tout cela, je tire deux conclusions : 

– d’abord, contrairement à l’avis d’A. Sarrail, « L’apport propre de Palay est de peu de 

valeur, je crois, dans la graphie. » (op. cit, p. 19), je considère comme très “positives” ses trois 

innovations (accentuation du ou tonique, suppression de l’h muet et adoption du ç), aussi bien que 

la référence étymologique pour certains choix de consonnes; tout en regrettant la porte trop ouverte 

au -o féminin; 

– ensuite et surtout, il ne faut absolument pas considérer qu’il existe une « graphie de Palay » 

et prendre son dictionnaire pour un dictionnaire orthographique : c’est un immense recueil de 

formes gasconnes dont il a essayé de rendre au mieux la prononciation, suivant les règles de 

l’Escole Gastoû Febus, tant soit peu amendées sur trois points, et complétées par des « indications 

graphiques et phonétiques » destinées aux érudits non-Gascons. 

13 – Les Règles orthographiques de la Société d’Études Occitanes (1942) 

Après la parution du Dictionnaire de Palay, il faut attendre les mesures du Gouvernement de 

Vichy de fin 1941 en faveur de l’enseignement des langues “dialectales” (cf. p. 65) pour qu’on se 

préoccupe à nouveau de règles orthographiques du gascon. 

Dès 1942, Ismaël Girard (cf. p. 129) publie en vue de cet enseignement une Anthologie des 

Poètes Gascons d’Armagnac, d’Astarac, de Lomagne, d’Albret et de Bas-Comminges; et il y aborde 

les questions de graphie : d’abord, en « traduisant, pour le gascon, les principes posés par Louis 

Alibert » ; puis « pour plus de clarté et pour être plus complet » en donnant « le tableau, dressé par 

M. Louis Alibert, lui-même, des règles orthographiques réformées adaptées au gascon » . 

Les principes sont les suivants : 

« Rétablissement de l’r étymologique à l’infinitif et dans les mots où cette consonne s’est 

effacée pour s’adoucir en o ou en ou : aimar, milhor; 

« Rétablissement de l’a final dans les terminaisons féminines; 

« Rétablissement de l’o à la place de l’ou français; 

« Adoption de nh à la place de gn et [de] lh à la place de ill, etc. » 

En bref, ce sont les principes de l’école occitane qui veut un retour à la graphie médiévale. 

Quant aux « Règles orthographiques de la Société d’Études Occitanes » pour le gascon, elles 

ne font que développer — sommairement — ces principes. 

On peut y remarquer les points suivants : 

– le o vaut [u] ou [%], le e vaut [e] ou [!] suivant les mots : cor (cò), demora (demoure); seda 

(séda), meu (méu, mèu);


– les graphèmes multiséculaires des diphtongues sont les mêmes qu’à l’E.G.F., à ceci près 

que /o*/ est noté ou sans accent (E.G.F. : òu); en particulier, on garde oa pour /wa/ et oe pour /we/ : 

dauna (daouna), sou (soou), viu (biou); qoate (kouate), qoand (kouant), goarda (gouarda); hoec 

(houék), oelh (ouélh), noeit (nouéit); 

– il est précisé que « Dans les mots où nh équivaut à n + h aspirée, on sépare les deux 

consonnes par un point : in.her, en.heishar, en.hariar. »; 

– de plus, la précision selon laquelle « Gn se prononce comme deux n : digne (dinne). » 

implique la substitution d’un gn étymologique au -nn- phonétique; 

– dans une optique pangasconne non envisagée par l’E.G.F., on oppose la graphie ch valant [ ] 

(mais aussi [#, tj] qu’Alibert semble ignorer) à la graphie (i)sh valant partout [#] : chorra (tchourre); 

sheringa (cheringue), eishagatar (echagatà), eishami (échami), coeisha (kouéiche); 

– g ou j, h, m et th sont les mêmes qu’à l’E.G.F.; 

– le v étymologique prononcé b sera noté v : vielh (biélh), vidauba (bidaube), víver (bibe); 

dans les parlers où il est prononcé « u consonne (ou ou w anglais) » entre voyelles, on le représente 

par û : viûer (bíoue); 

– le -n final amuï et légèrement nasalisant du Béarn et des parlers pyrénéens est rétabli dans 

l’écriture, sans accent circonflexe sur la voyelle; il est précisé que « N final persiste ou s’efface : vin 

(bi, bin), pan (pa, pan). »; 

– bien que cela ne soit pas explicité, les exemples qoate et qoand donnés plus haut montrent 

que le u traditionnellement associé au q n’est plus noté (c’était déjà le choix de Pey de Garros); 

– allant plus loin que le premier “principe” énoncé par Girard, qui n’envisageait que le -r 

amuï, il est précisé que « les consonnes effacées dans la prononciation sont toujours maintenues 

dans la graphie : cor (cò), madur (madú), horn (hour), horcs (hours), test (tès). » 

– la place de l’accent tonique est clairement précisée : en principe, sont paroxytons les mots 

terminés par voyelle suivie ou non d’un s et ceux terminés par -an, -en, -on; les autres sont oxytons; 

et on note un accent écrit sur la voyelle tonique dans les mots qui font exception à cette règle. 

Si nous nous livrons au même exercice que pour les règles de graphie précédemment 

étudiées, nous pouvons classer ces règles suivant quatre orientations : 

– reprendre des graphies anciennes abandonnées par la graphie moderne : essentiellement, 

rétablissement de consonnes finales étymologiques amuïes (-r, -n, t après -s); ou assimilées (gn au 

lieu de nn); -a féminin latin, pourtant abandonné par la graphie médiévale dans plus de la moitié du 

domaine; o pour noter /u/, nh pour /'/, même si gn était largement utilisé au moyen-âge; la 

diphtongue /o*/ notée ou sans accent; v roman prononcé [!]; 

– pallier des difficultés qui en résultent : le point entre n et h dans en.hariar et autres; 

– simplifier le code de l’écriture : principalement, des règles claires et relativement simples 

sur la place de l’accent tonique; suppression du u après q; 

– mieux refléter la prononciation actuelle : ch et (i)sh permettent d’opposer des séries de 

prononciations différentes. 

En outre plusieurs choix des systèmes modernes sont conservés, choix qui, au demeurant, ont 

eux-mêmes gardé des graphèmes multiséculaires : diphtongues, g ou j, h, lh, m et th; mais la valeur 

[tj] de th n’est pas mentionnée; et le u simple notant le /w/ intervocalique est remplacé par un curieux 

û avec accent circonflexe, cependant qu’est ainsi sauvegardée la prononciation en [w]. Et l’on


ne cherche pas à unifier la langue : « En landais, on a u : huc, ulh, nuit. » 

En revanche plusieurs des nouveaux choix sont gros de difficultés de lecture : 

– rien n’est dit de la réalisation vélaire du -n ni d’un critère possible entre ce -n vélaire 

(paisan, vin…) et le -n dental (engan, un drin, quin…); 

– on ne dit pas non plus comment distinguer les -r ou autres qui sont amuïs de ceux que l’on 

prononce (la tor, esquèr…); les o valant [u] de ceux valant [o], les e valant [e] de ceux valant [!]. 

14 – Les Recommandations du Pr. Henri Gavel (1942) 

L’Anthologie d’I. Girard ne devait pas être la seule réaction méridionale à l’ouverture de 

l’école publique aux langues « dialectales »; à la fin de la même année 1942, le professeur Henri 

Gavel (1880-1959), qui fut le maitre de Jean Séguy et Xavier Ravier (Cf. Ravier et Séguy, 1976, 1), 

allait publier une étonnante plaquette de 36 pages, les Recommandations concernant la Graphie à 

utiliser pour l’Enseignement facultatif de la Langue d’oc. Étonnante, oui, car H. Gavel la signe sans 

aucune référence à une quelconque fonction — son titre de professeur d’université n’est même pas 

mentionné — ou institution dont il serait le porte-parole — il était pourtant président d’honneur de 

la Société d’études occitanes dont nous venons de voir les Règles orthographiques; et plus encore, 

parce que le frontispice de la couverture en fait une publication quasi officielle de l’« État Français 

- Préfecture de la Région de Toulouse - Bureau du Régionalisme ». 

J’aurai l’occasion d’y revenir au Chapitre III, p. 227; mais ici, j’en retiens l’esprit général : 

Pour la mise en accord de l’écrit avec l’évolution du parler, « on ne peut formuler de règle 

générale; il n’y a que des cas d’espèce, car chaque langue se présente au moment envisagé dans des 

conditions qui lui sont propres. » (p. 2). Pour ce qui est de la langue d’oc, on ne peut ignorer le 

« hiatus de fait où, sans jamais cesser complètement de servir d’instrument à des œuvres littéraires, 

elle n’a été que peu écrite, de sorte que les traditions orthographiques se sont généralement 

perdues. » (p. 4). Alors que dans le même temps, « (bien que quelques-uns semblent croire le 

contraire), la prononciation de la langue d’oc a notablement changé ». On ne saurait non plus 

oublier que « la différenciation dialectale existait dès avant le XII e siècle. » (p. 6). 

Et s’agissant d’enseignement, l’auteur pèse les avantages pédagogiques respectifs des systèmes 

en présence : « le lecteur à qui la graphie archaïsante est devenue familière arrive rapidement à 

lire sans trop de difficulté les textes anciens. » (p. 10); mais la graphie “moderne”, « pas trop 

différente de [celle du français appliquée à] la prononciation actuelle », et plus facile à apprendre : 

« si, comme tout le monde le souhaite, la langue d’oc pénètre largement dans l’enseignement 

primaire, il ne faut pas que son orthographe soit trop difficile pour les jeunes lecteurs. » (ib.) 

En pratique, après avoir étudié neuf points sur lesquels les deux types de graphies divergent le 

plus, H. Gavel en arrive, pour le gascon, aux prudentes conclusions suivantes : 

Pour la notation de /u/, l’auteur est séduit par l’élégance du o opposé à ò pour /o/ ou /%/. Mais 

ò, fait-il remarquer, suppose une syllabe tonique, et qui convient donc mal pour le /o/ en syllabe 

atone du gascon de Bayonne. En tout cas, il ne pense pas possible d’imposer un changement aux 

Provençaux qui notent ou et, finalement, envisage un « moyen terme […] dans lequel l’élément 

essentiel de la graphie reste o, tandis que l’u est réduit au rôle d’accessoire. » (p. 30). En tout cas, il 

use lui-même très généralement de ou dans les mots qu’il donne librement en exemples : cansou(n), 

zou !, oundze [sic], doudze (2 occ.), catourze (3 occ.), cassadou, cou “il court”.


Pour le produit de l’a latin en syllabe finale atone : « Pour la région d’Orthez, Dax et Bayonne, 

nous proposons de garder la graphie e, justifiée par une tradition plusieurs fois séculaire. » (ib.). 

En fait, cela concerne la moitié nord-ouest du domaine gascon ! Pour le reste du domaine il 

souhaite la généralisation du -a, mais conserve par tolérance « la graphie o, là où elle répond à la 

prononciation et où une tradition s’est déjà établie en sa faveur, par exemple en Provence. » (ib.). 

Pour le /"/ à la fin des diphtongues, il estime que l’on doit conserver l’y « en Béarn et en 

Gascogne [où] il y a eu depuis longtemps une préférence pour l’y » (p. 31). 

Pour le /'/, du fait du problème posé au gascon par enhariar et autres, « Depuis longtemps, la 

graphie gn a eu les préférences des Gascons […]. Il convient donc que les Gascons continuent à se 

servir de gn. De même, les Catalans devront conserver leur graphie traditionnelle n’y. Dans le reste 

du domaine d’oc, la graphie nh sera employée de préférence. » (ib.). 

Pour la « question du b et du v » dans le domaine gascon, du fait de leur confusion « à 

l’initiale dès la fin du XII e siècle au plus tard, l’habitude s’est établie d’écrire uniformément b, sauf 

exception pour l’ancien u intervocalique là où il a conservé le son w : on l’écrit alors u : auem, 

haues, etc… Il n’y a pas lieu de modifier ces habitudes graphiques qui ne sont que la constatation 

de particularités caractéristiques du gascon. » (p. 32). 

Pour l’r étymologique amuï en finale, l’auteur est personnellement d’avis d’« opter 

résolument pour l’état de choses actuel » car cet amuïssement « est un des traits qui distinguent 

nettement la langue moderne de la langue ancienne ». À la rigueur, il suggère une tolérance assez 

peu réaliste, d’un r de corps plus petit « dans les imprimés composés à la main ». (p. 35). 

Enfin, pour /&/, /s/ et /z/, H. Gavel retient respectivement lh, s/ss ou c/ç selon l’étymologie, s 

entre voyelles ou z après consonne, ce qui n’est pas nouveau pour le gascon (pp. 31 et 33 à 35). 

On peut cependant s’étonner que l’auteur ait « laissé de côté certaines questions qui [lui] ont 

paru moins importantes, comme celle de l’n dite instable. » (p. 28). Bien sûr, il y a unanimité des 

systèmes pour ne pas s’en préoccuper, mais c’est une unanimité dans l’erreur, car cela conduit à 

faire apprendre des listes (jamais complètes) de mots à -n dental s’opposant à ceux qui on l’-n amuï 

ou vélaire, selon les régions. 

Ainsi, quarante ans après le grand romaniste Édouard Bourciez, H. Gavel était semble-t-il le 

premier professeur d’université à s’être penché sur les normes de la graphie du gascon pour 

finalement confirmer les principales options de la tendance moderne représentée par l’Escole 

Gastoû Febus et l’Academie gascoune de Bayonne. 

Mais ces travaux d’I. Girard, L. Alibert et H. Gavel allaient bientôt sombrer dans l’oubli, 

quand l’ordonnance du 9 aout 1944 eut constaté la nullité de l’arrêté “Carcopino” (cf. p. 65). 

15 – Les Éléments de grammaire béarnaise de Joseph Courriades (1951) 

Arrivé à la retraite, ce professeur agrégé, membre de l’Escole Gastoû Febus, nous a laissé un 

petit ouvrage de 60 pages qui voulait sans doute pallier l’épuisement du Manuel de Bouzet, qui ne 

serait réédité qu’en 1975. Il utilise la graphie de l’Escole, mais entend donner « un moyen de 

distinguer, sans l’aide d’un signe spécial d’imprimerie, l’e béarnais de l’e mi-muet » (p. 3). 

En fait, il reprend une idée qu’il attribue à Palay, postérieurement à la première édition de son 

Dictionnaire : la voyelle tonique qui précède ce « e mi-muet » sera marquée de l’accent graphique :


« bébe, boire; abùgle, aveugle; càde, tomber ». Mais, fait-il remarquer, lorsque cette voyelle tonique 

est un è ouvert, cela va faire lire en [e] de très nombreux mots finissant par [œ, o ou a], comme 

« anyèle, anguille; arressègue, scie » etc. Alors, il n’a d’autre solution que de formuler une exception 

qui inverse la règle : s’il y a un è en avant-dernière syllabe, la prononciation sera en [œ, o ou 

a], sauf pour une liste de 27 mots où il se prononcera en [e]. Mais cette liste est loin d’être exhaustive 

(le Palay en compte dix fois plus !), et oublie en tout cas les désinences du subjonctif présent 

des verbes en -a (que lhève) et celles de leur imparfait (qu’aymèsse). Or on sait combien il est 

difficile d’apprendre des listes d’exceptions, qui en l’occurrence sont des exceptions à l’exception ! 

Je n’en donnerai qu’un exemple : G. Narioo, locuteur béarnais depuis son enfance, mais de la 

région d’Orthez qui confond les deux -e du béarnais en un seul [œ], écrit *frèba dans sa pièce de 

théâtre L’alemanda (1972, pp. 38 et 41) par transcription classique de frèbe qu’on peut lire ['fr!!œ] 

ou ['fr!!o]; mais le frèb" du Palay (avec point souscrit) ne vaut que ['fr!!e], noté donc frèbe en 

graphie classique; c’est d’ailleurs ce qu’on lit dans son Dictionnaire de 2003 (cf. p. 185). 

C’est dire que Courriades n’a pas vraiment résolu le problème. 

16 – La graphie du gascon selon l’I.E.O. (1952) 

Un premier texte pour « la langue d’oc » (1950) 

On a vu plus haut, p. 65, comment la loi Deixonne du 11 janvier 1951 avait à nouveau autorisé 

l’enseignement des « langues et dialectes locaux » par l’école publique et, p. 78, comment l’Institut 

d’études occitanes (I.E.O.) avait succédé en 1945 à la Société d’études occitanes. 

C’est la préparation de cette loi qui a poussé le jeune I.E.O. à publier en français les règles du 

système orthographique de son irremplaçable maitre Alibert, pour qu’il puisse être enseigné dans 

les écoles publiques : écrite en languedocien, la Gramatica occitana d’Alibert était un bel acte de 

foi dans la langue, mais on ne pouvait en faire une norme de l’Éducation nationale. L’I.E.O. pria 

donc Alibert, une fois libéré (cf. p. 78), de rédiger un texte relativement court où seraient exposées 

ses vues sur l’enseignement de la langue d’oc. C’est ainsi que fut publié à la fin de 1950, donc 

avant même la promulgation de la loi, un “Document de l’I.E.O.” intitulé La réforme linguistique 

occitane et l’enseignement de la langue d’oc, Annales de l’I.E.O., 1950, pp. 148-159 et tiré à part 

Toulouse, 12 pages de format 13,5 x 21. Je le citerai par la suite comme « La réforme… ». 

Ce document essentiel fait nettement le partage entre une première phase, la réforme 

orthographique, objet de la moitié du fascicule et articulée en 8 principes et des règles de détail, 

et la seconde phase qu’elle prépare : « unifier, épurer et enrichir notre langue littéraire au point de 

vue phonétique, morphologique, syntaxique et lexicologique. C’est par la sélection des formes 

divergentes que nous obtiendrons le minimum d’unité indispensable. » 

En lui-même, et selon son titre, ce document vise toute la « langue d’oc » (et non l’occitan); 

le gascon y est donc présent, d’où mention du « gascon Pey de Garros » comme premier restaurateur 

« de la graphie traditionnelle de la Langue d’oc » (p. 3). D’autres passages, comme des buttestémoins, 

visent le gascon, nommément ou non. Ainsi : 

– la Gascogne est un des « pays d’Oc » dont « divers points » prononcent encore [a] le -a 

final étymologique atone, ou plus exactement posttonique (p. 4); 

– en finale, -lh et -nh se réduisent généralement à [l] et [n] « en dehors des parlers du pays de 

Foix et de la Gascogne » (p. 6);


– au chapitre de l’épuration de la langue, p. 7, la tolérance de formes locales traditionnelles 

inclut dans ses exemples, en variante de la forme normale occitane comba, le forme coma qui est 

exclusivement gasconne (et catalane, mais le catalan n’est pas en jeu ici) si nous nous en rapportons 

au Trésor du Félibrige de Mistral. 

Un second texte pour le gascon (1952) 

Pourtant, à peu près au même moment, Alibert achevait, sinon la rédaction, au moins la 

définition du contenu d’un autre texte propre au gascon; approuvé quelques mois plus tard, le 15 

juillet 1951, par le Conseil d’Études de l’I.E.O. réuni à Marseille (p. 1) ce second texte fut publié en 

1952 en un fascicule de 8 pages ronéotypées de même format 13,5 x 21, lui aussi « document de 

l’I.E.O. » : L’application de la Réforme linguistique occitane au Gascon. 

En raison de son importance capitale pour la graphie classique du gascon selon l’I.E.O. et du 

fait que cette association ne l’a jamais réédité, ni pour autant abrogé et remplacé, j’en donne la 

reproduction intégrale en Annexe XIII. Je le citerai par la suite comme « L’application… ». 

Mais pourquoi donc Alibert a-t-il changé d’idée et produit ce texte spécial pour le gascon ? 

Une raison théorique serait la conception qu’il avait de la Langue d’oc, non pas langue au 

sens courant, mais ensemble linguistique qu’il nommait occitano-roman, entre le gallo-roman de 

France et l’ibéro-roman de la Péninsule ibérique. Et cet ensemble se divisait en trois langues, toutes 

subdivisées en dialectes, l’occitan, le catalan et le gascon (cf. p. 14). 

Pourtant, je pense que c’est finalement une raison pratique qui a décidé Alibert : visant à 

terme l’épuration de la langue qu’il appelait « littéraire », il dut en effet se rendre compte très vite 

qu’à moins de châtrer le gascon de tous ses attributs spécifiques, il serait obligé d’admettre une 

quantité considérable de dérogations aux interdictions qu’il édictait pour le “bon” occitan; ou alors, 

en ne mentionnant pas le gascon comme seul bénéficiaire de ces dérogations, il autoriserait en 

occitan une mosaïque de variantes supposée inacceptable. 

En voici deux exemples : 

– la suite latine act aboutit en occitan à ach ou ait ou encore èit; par exemple, factu > fach / 

fait ou fèit; Alibert écarte de l’écrit la dernière forme (p. 7), qui représente une évolution commune 

au catalan et au gascon; or elle est dominante en languedocien au sud de la ligne Toulouse- 

Narbonne, dans cette zone pyrénéenne que le Pr. Bec inclut dans son « complexus aquitanopyrénéen 

» (1963, p. 38), fortement influencé par le gascon, ou qui a subi les mêmes influences 

que le latin devenu gascon; de même, l’Occitan de Toulouse est condamné à écrire ai (j’ai) ce qu’il 

prononce [!"], tandis que son voisin gascon d’Auch écrit èi ce qu’il prononce de même; 

– de la même façon, Alibert n’autorise que caissa et rejette caicha (toujours p. 7) pour noter 

ce qui se prononce ['ka"#o] ou ['ka#o] dans la même zone aquitano-pyrénéenne, alors que le gascon, 

qui a les mêmes prononciations, est seul autorisé à noter le son /#/ par le digramme sh (caisha) et 

que le catalan écrit caixa, toujours pour la même prononciation consonantique ! 

En bref, le gascon dans l’occitan, c’est le loup dans la bergerie des formes bien alignées, bien 

standardisées. Mieux vaut le laisser dehors !


Deux textes parallèles de même valeur juridique 

D’emblée, l’introduction est différente : La réforme… se justifie par la nécessité de mettre en 

œuvre la nouvelle possibilité légale d’enseigner la Langue d’oc dans les écoles; pour le gascon, il 

s’agit d’abord de lui « étendre » la réforme exposée dans la Gramatica de 1935, donc directement, 

sans passer par l’intermédiaire de La réforme…. 

Or « appliquer » (cf. le titre « L’application… ») n’est qu’une mesure d’exécution d’une 

norme de principe déjà « applicable » au domaine en cause; tandis que « étendre », qui modifie le 

domaine d’application d’une norme, est une mesure de même force juridique que celle qui a défini 

précédemment ce domaine. 

Dès lors, si l’on se réfère à la Gramatica, qui ne visait que l’occitan languedocien, c’est bien 

d’une extension qu’il s’agit; à cet égard, la qualification de « dialecte » attribuée au gascon n’est 

pas illogique, en situant languedocien et gascon sur un même plan au sein d’un occitan “large”. 

Mais alors, que signifie la parenthèse « (Cft : La Réforme…) » ? « Cft » est une abréviation 

inhabituelle qui pourrait signifier « conformément à »; mais il ne pouvait s’agir de « se conformer » 

à ce document : 

– sinon, comme il semble viser le gascon avec tous les autres dialectes du Midi, il était inutile 

de dire aussitôt que ses « règles générales » A à H [en réalité, La réforme… dit « principes »] sont 

applicables au gascon et de rajouter en post-scriptum, comme pour réparer un oubli (p. 8, « Note 

additionnelle »), que les « principes » d’épuration linguistique a à h [en réalité, La réforme… dit 

« règles »] « doivent être appliqués au gascon » 24 . 

– et une simple mesure d’application n’avait pas à être approuvée par le Conseil d’études; les 

brochures qui ont effectivement appliqué La réforme… au provençal (œuvre de Robert Lafont, 

1951) et au limousin (œuvre de Peir Desrozier et Joan Ros, 1974) n’ont en effet jamais été 

approuvées ni présentées comme « documents de l’I.E.O. » 

Il est donc hautement vraisemblable que l’insolite « Cft » résulte d’une faute de frappe pour 

le classique « Cf. », simple invitation à rapprocher les deux documents… ce que je ferai souvent. 

Nous sommes alors dans une grande logique : à l’instar de la La réforme… qui venait de 

traduire en français et d’étendre à tous les dialectes occitans l’essentiel de la Gramatica (enrichi 

toutefois de principes pour la plupart non exprimés dans la celle-ci), L’application… faisait de 

même pour l’irréductible « dialecte gascon », en fait, pour la langue gasconne. Tout juste si, pour 

économiser le papier, Alibert a évité, par deux renvois séparés, de reprendre les principes de 

graphie et les règles générales d’épuration linguistique déjà contenus dans La réforme…. 

Nous avons donc deux documents d’égale valeur juridique pour deux langues sœurs du même 

ensemble occitano-roman, comme nous le confirme un examen attentif de ce document; je n’en 

donnerai ici que deux exemples topiques : 

– d’une part, l’alphabet des deux idiomes, bien qu’identique, est défini par deux règles qui les 

confrontent : « L’occitan utilise un alphabet de 23 lettres / Le gascon aura un alphabet de 23 

lettres » (p. 3); 

– d’autre part, pour ce qui est du traitement divergent en [d] ou en [z] du -d- latin entre voyelles 

24 La formule employée, qui entend appliquer au gascon des « principes indiqués [pour] la langue d’Oc », met même le 

gascon en dehors de celle-ci ! Sinon, il suffisait d’écrire « Bien entendu, les règles générales […] de la langue d’Oc 

[…] s’appliquent au gascon. »


(p. 5), le gascon est divisé en « dialectes », comme une langue, et non en « sous-dialectes », comme 

un dialecte. 

Les 8 principes d’Alibert pour la graphie 

L’essentiel du document concerne donc la graphie, avec l’avantage de donner d’emblée, fûtce 

par référence, les principes qui dominent le système, ce qui dispense d’avoir à les déceler à 

travers les règles de détail. Il y en a huit, de A à H, exposés plus loin, pp. 234 à 239. 

On peut les résumer ainsi : 

– graphie phonologique (B) (plutôt que phonétique, c’est-à-dire qu’un même graphème peut 

avoir plusieurs réalisations, comme ch dans la graphie fébusienne dès 1900 ou j chez Palay) sauf à 

rétablir des lettres étymologiques dans certains cas; et malgré la lettre du texte, c’est aussi vrai des 

mots “savants”, car leur « la graphie d’origine » n’est plus qu’une graphie “phonétique” quand on a 

changé les k en qu, les ph en f etc. (ce qu’avait fort bien vu R. Darrigrand, 1969-1, p. 5, repris par 

M. Grosclaude, 1977, p. 49 : l’« orthographe des mots savants […] est absolument phonétique »); 

– référence aux graphèmes de l’ancien gascon (A); 

– recours à des formes anciennes qui seront lues différemment selon les lieux pour assurer 

l’unité de l’écrit (D & E); 

– rétablissement de groupes de consonnes et de consonnes finales étymologiques que 

l’évolution de la langue a plus ou moins altérées ou amuïes (F & G); 

– usage éventuel de plusieurs graphèmes pour un même phonème, selon l’étymologie (H). 

On fera d’abord une place à part au dernier principe que les graphies modernes du gascon 

appliquent sans problème, tout comme le français : lou cèu {ciel} n’est pas lou seu {suif} tout 

comme en français cens n’est ni sens ni sans… 

Pour le reste, on voit tout de suite la tension qui peut résulter de la contradiction entre le 

principe “phonologique”, qui aligne l’écrit sur l’oral et caractériserait une graphie “moderne”, et 

tous les autres principes, qui, par étymologisme ou même archaïsme, peuvent éloigner 

considérablement l’écrit de l’oral et font de ce système une graphie “classique”. Ainsi, tandis que 

certains écrivent tentar et contar/condar {tenter et conter ou compter} selon la prononciation (-r 

mis à part), d’autres “en rajoutent” avec temptar et contar {conter}, comptar/comdar {compter}. 

(Voir aussi p. 162). 

Les règles orthographiques du gascon 

Pour ce qui est des règles de détail, nous noterons quelques changements par rapport aux 

règles données par Alibert en 1942 dans le cadre de la S.E.O. 

Deux sont heureux, allant dans le sens de la simplicité ou de la clarté, ou des deux : 

– distinction entre les deux valeurs de o et de e : o / ó vaut [u], ò, [%/o]; le e / é vaut [e], è, [!] : 

còr (cò), demora (demoure); seda (séda), mèu (mèu); de même, /o*/ est noté òu comme chez 

Mistral et à l’E.G.F. 

– rétablissement du u après q, le q seul étant trop novateur (qualitat), mais [kwa] sera noté par 

un diacritique sur u; après flottement, c’est aujourd’hui le tréma (qüaresma), ou rien, pour les mots 

les plus usuels comme qüate / quate et qüand / quand. 

Mais trois autres changements sont plutôt regrettables, car ils vont introduire des complications


d’écriture, ou de lecture, ou des deux : 

– la notation du /w/ intervocalique par -u- n’est plus que facultative, rendant difficile la 

lecture du -v- en [w] (cf. p. 252 et Lafitte 2003-1) : víver ou víuer, dava ou daua… 

– /wa/ reste noté oa (doana, boalar) sauf après g, gua (guarir), alors qu’en languedocien, 

Alibert ne connait que goa (goapo, cogoacha). 

– /we/ sera noté ue quand il vient d’un % latin, parce qu’il est prononcé [3!] écrit uè en occitan 

(uelh gascon, uèlh occitan); dans les autres cas, en gascon comme en occitan, qui ici ont la même 

prononciation, on aura oe (coeta) ou oè (doèla, patoès); mais on voit le désarroi de l’occitaniste 

gascon, qui ne va pas manquer des hypercorrections pour faire plus “occitan” : *patuès est des plus 

courants, alors que les “Occitans” l’écrivent patoès, tel André Lagarde dans le récit déjà cité p. 69, 

d’après Lo Gai Saber n° 463, 1996, p. 283. 

Par ailleurs, le statu quo sur -n laisse entier le problème de la distinction entre celui qui est 

amuï ou vélarisé selon les lieux (lo pan {le pain}) et celui qui est partout dental (lo pan {le pan de 

mur}). Il en est de même pour le -r amuï (pastor, vaquèr {berger, vacher}) que rien ne distingue de 

celui qui se prononce (la tor, esquèr {la tour, gauche}). 

Appréciation 

En fait, l’écriture du gascon réel dans ses variétés soulève bien des problèmes qu’Alibert 

n’avait même pas soupçonnés, sa connaissance du gascon étant assez lacunaire (cf. Lafitte, 2002-3, 

158). Cela s’explique sans doute par les conditions dans lesquelles il avait élaboré ses normes. 

Certes, il avait pu consulter deux bons gasconophones : par correspondance (et très probablement 

en français), le Béarnais Jean Bouzet (cf. p. 135), alors en poste à Paris et peut-être pas toujours 

bien informé des parlers gascons du nord et de l’est; et plus directement, le Commingeois Pierre 

Bec, étudiant de Bouzet, mais alors bien jeune pour l’influencer. Il rencontra aussi sur la fin une ou 

deux fois Jean Séguy, avec qui il n’était pas véritablement ami, et son texte devint définitif après 

qu’il l’eût soumis à ces trois personnes 25 . 

Mais c’était une « linguistique d’urgence » à cause de la loi Deixonne : 

« Résultat : la graphie du gascon a été fixée, certes, dans ses grandes lignes, mais une 

foule de détails reste à élucider : étymologies douteuses interdisant une fixation graphique 

définitive, cas des évolutions phonétiques ultra-locales, nécessité d’un tri morphologique, 

indispensable surtout en ce qui concerne les formes verbales etc etc. Rien de tout cela n’a 

jamais été discuté. (…) Tous les problèmes dont j’ai parlé se sont effectivement posés, 

mais à un seul, et ils n’ont reçu qu’une solution individuelle ou presque, sérieuse peut-être, 

mais fatalement imparfaite. » (Bec, 1952, 48). 

Cela explique sans doute la réponse de P. Bec lorsqu’au Colloque de Nanterre, quand je fis 

part de mon intention de republier ce texte devenu depuis longtemps introuvable : 

« Ce document, je crois qu’il faut le laisser aux archives. […] C’est un petit fascicule 

mal dactylographié, écrit par un Alibert qui commençait à perdre ses moyens, sur un 

papier de boucher…» (Guillorel et Sibille, 1993 p. 265). 

Mais malgré tout, ce système “classique” se répandra rapidement dans l’enseignement, dès 

que des Gascons s’y seront décidés vers 1960 (cf. p. 221) : la connaissance intime de la langue de la 

part des pionniers, nés pour la plupart avant 1930, et même d’une bonne part de leurs élèves des 

milieux ruraux des années soixante, occultera ou au moins compensera les faiblesses du système. 

25 Témoignage du Pr. P. Bec que je remercie ici très vivement.


Et l’« épuration de la langue » ? 

Mais pour les occitanistes, « la graphie est plus que la graphie », selon le titre d’un article de 

P. Sauzet (1990). Et nous avons vu qu’en post-scriptum, L’application… estimait nécessaire d’épurer 

la « langue littéraire ». Or du fait de la rédaction un peu désordonnée de ce document, c’est juste 

avant l’énoncé des règles détaillées de graphie qu’est placé un long paragraphe, correspondant des 

développements de la première « règle générale » d’épuration de la langue littéraire dans le 

document de 1950. Il débute en effet de la même façon, et ne laisse aucun doute sur sa portée : « en 

présence de divergences résultant d’accidents linguistiques divers, on choisira, autant que possible, 

pour l’usage littéraire, les formes les plus conformes à l’évolution normale de la langue et les mieux 

conservées ». Et c’est là que se situent 33 règles de choix des formes, dont par exemple celles qui 

feront notamment préférer uelh à gúelh, et inversement guaire à uaire, hlor, hromiga et hrut à 

eslor, lor, arromiga, romiga, rut ou hurut, esquiròu à esquirò et deu, peu à do, po (cf. p. 244). 

Bien sûr, on peut discuter de ce qui peut être regardé comme « l’évolution normale de la langue 

», chaque normalisateur ayant tendance à considérer son parler propre comme normal…; et on 

verra p. 159 que les Aranais ont préféré l’esquirò banni à l’esquiròu “normal”… Mais La réforme… 

n’a pas mélangé les genres et bien distingué la « normalisation linguistique » de la 

« normalisation graphique », ce que beaucoup, hélas, ne savent pas faire… 

17 – La graphie classique “modernisée” par Jean Séguy et son “école” 

D’ordinaire, l’Atlas linguistique de la Gascogne (ALG) note les mots gascons selon un codage 

particulier de leur prononciation. Mais dans les tomes IV à VI (1966 à 1973), on trouve des notations 

en graphie classique de la main de Jean Séguy; en particulier, dans le tome IV, les mots que 

les informateurs avaient refusés comme n’étant pas de leur vocabulaire (Séguy, 1966, pp. 10 et 12). 

Le volume V est de Jacques Allières. Et l’on peut y associer des écrits de Xavier Ravier, qui fut 

selon Séguy le meilleur enquêteur qu’on pouvait espérer (ib. p. 5). Il est donc intéressant de relever 

les écarts des notations de ces éminents spécialistes du gascon par rapport à ce que l’on considère 

comme la norme de l’I.E.O. 

Les cartes de l’ALG seront citées par leur n° entre parenthèses, étant entendu que les n°s 

1093 à 1608 sont dans le volume IV, 1609 à 2065 dans le V et 2066 à 2531 dans le VI; les références 

aux fascicules accessoires sont notées ainsi : pour le fascicule 2 du volume V, V-2; et pour le 

fascicule complémentaire du volume VI, VI-C. Les ouvrages de Xavier Ravier étudiés ici sont 

avant tout les Poèmes chantés des Pyrénées gasconnes (Ravier et Séguy, 1959-60 et 1978, cité R.I), 

un article de Via Domitia sur “Le poète chansonnier Marcellin Castéran et son poème Mayourau de 

Nistos” (cité R.II), et accessoirement Le récit mythologique en Haute-Bigorre (Ravier, 1986, cité 

R.III) dont la plupart des morceaux de poèmes sont déjà en R.I. (les récits mythologiques y sont 

d’une graphie plus “standard”). En outre, je me réfère le cas échéant à la transcription phonétique 

de certains Poèmes chantés du fascicule 2 de 1960, qui n’a pas été reprise dans l’édition de 1978. 

Mais nous observerons d’emblée que ces écrits sont des œuvres énormes dans un domaine qui 

demande une attention sans relâche; il n’est donc pas étonnant de trouver ici ou là des incohérences, 

voire des fautes de frappe pures et simples, comme lorsque la notation phonétique déteint sur la 

graphie, avec eskaudar {ébouillanter} (1393), quand à arrajou {versant au soleil} manque l’accent 

grave sur le o (1103) ou à pregaria {prière} sur le premier a (1517), quand /u/ est rendu par ou 

dans pèd dou hoec {coin du feu} (1292), ou encore quand on lit cul-sec {avare} (1260) et cuu-pelèir


{culbute} (1278). On n’en tirera d’autre réflexion que le vieil errare humanum est… 

Voici d’abord ce qui semble bien des choix généraux pour la notation de certains phonèmes : 

Quelques phonèmes consonantiques 

Il s’agit ici principalement de phonèmes complexes, palatalisés ou affriqués : 

• selon L’application… de 1952, complétée par les normes catalanes du x ou ix, /#/ intervocalique 

est noté par le trigramme ish, sauf après i, après u de diphtongue et après consonne où il est 

noté par sh, comme à l’initiale (cf. p. 265); Séguy, lui, ne connait que sh en toute position; ainsi, à 

l’intervocalique, pelòsh, pelòsha (1098), eshòu (1101), esharbigader (1104), gashar (1107), picòsh 

(1117), nashença (1142), tosh (1226), escrushoat (1260), tésher (1271), coshinèra (1299), 

brosha (1316), deu poshiu (1341), andesh (1359), eshèr (1376), lashèra (1458), crésher (1563), 

tash, tashons (2463) au lieu de pelòish, eishòu, eisharbigader etc.; cela peut se justifier par le fait 

que le i est muet sur la majeure partie du domaine et n’a qu’un rôle orthographique conventionnel, 

comme d’ailleurs en catalan; ainsi, l’hapax moishèr (1126a “sorbier”) s’expliquerait par la prononciation 

[mu"'#!] relevée en deux points (Aran et Couserans). Mais J. Allières reste “classique” dans 

le Vol. V : nèisher (1778), créisher (1786), conéisher (1787), eishir (1802), deishar/leishar 

(1806); certes, la notation (A)shetar (1808) laisse supposer une graphie sans i ashetar, variante de 

shetar {acheter}, mais c’est sans doute une erreur matérielle. Et aussi Ravier (et Séguy pour R.I) : 

maladeish (R.I., 25, 30), parteish (ib., 30), leishem (ib., 35), baishessan (ib., 46), aishiuadat (R.II, 

119); mais on trouve aussi sh seul en R.I, apròsha (60), Poesh (66), eshalar (67), aproshat (73, 

103), mashant (85, 121), croshits, hèsh (86), desempush (97); mais là où l’édition de 1960 nous 

donne la transcription phonétique, c’est parfois un [s] qui correspond à ce sh, et non un [! (=[#]) : 

[pw,és] (66; 84/1960); [dedzémp,us] (97; 56/1960); mais [!al,a] (67; 84/1960); [ma!an] (121; 

38/1960); peut-être faut-il voir alors en sh la notation d’un /#/ considéré comme “standard”, alors 

que l’on rencontre des réalisations non chuintées. 

• toujours pour /#/, que l’usage occitaniste note par ch dans les emprunts au français, Ravier 

use logiquement de sh, car ch représente l’archiphonème qui se réalise par [#], [0] ou [tj] selon les 

lieux : shabrot, sharmant, marsha, shibaus (R.II, 125, 128, 129) etc. Mais pour Luchon (R.II, 120) 

on verrait plutôt Luishon/Luixon (cf. le théonyme aquitain local Ilixo). Et dans R.I, Ravier/Séguy 

usent tantôt de sh, tantôt de ch, sans raison apparente : arrishe, arrishessa, charmant (73), 

chegrinat, marshava (89) etc. 

• pour l’aboutissement de “-ll” latin, L’application… prévoit -th qui se réalise par [t], [0] ou 

[tj] selon les lieux, étant observé qu’au pluriel, la palatalisation disparait sur la quasi totalité du 

domaine pour donner [ts] (2124); mais L’application… l’ignore, ne prévoyant que -ths. Pour le singulier, 

Séguy hésite : le plus souvent, il est “régulier”, avec à cavath (1282), caddèth (1272), cath 

(1445), husèth (1500), moth (1226), perdigath (1206), porcèth (1260), sadoth (1315) et vòla-bèth 

(1223); mais on rencontre aussi -t dans hòrapèt (1136) et canèt (1301). Et pour le pluriel, il allège 

toujours en -ts : canèts (1201), perpets (1236) et budèts (1390 et 1391). Quant à Ravier, il écrit en 

R.I et, det… l’article de la montagne noté “normalement” eth, deth en R.II; et aussi devat (R.I, 46), 

còt (ib., 59). 

• certains mots ont un [tj] intervocalique dans des zones où ch se réalise par [0], voire [#] et 

ne peut donc convenir; aussi Séguy l’a-t-il noté par th, qui n’est donc plus cantonné à la finale issue


de “-ll” latin (L’application…, p. 6); Séguy écrit donc thithons (1181), regathar (1194; Alibert 

Dic., regajar), ricothet (1207), tholar, s’atholar (1257), catha-niu, catho (1272), alors que, par 

exemple, on lit cachaniu chez Alibert, 1966, ce qui correspond à la prononciation ['ka0o'ni*] notée 

à Ste-Foy-d’Aigrefeuille, au sud-est de Toulouse, en domaine languedocien. Ravier fait de même : 

fathós (R.I, 46, 55), et même pityèrs (R.II, 135). Au demeurant, th est sans doute la seule notation 

possible pour des mots comme potha {poule}, féminin de poth {coq}, motha {molle}, féminin de 

moth, pour les finales romanes en -t devenu [tj] ou [0] en Comminges et Couserans (2125), et a 

fortiori pour les mots de l’ouest gascon où s’est glissée une mouillure hypocoristique venue du 

basque comme pothic, pothon {petit baiser affectueux} (cf. ma note v° poutyic in Lespy, 1998). 

• probablement par imitation du catalan, L’application… a adopté tg/tj pour noter l’aboutissement 

de ‘-ticu/-dicu’ latins : ‘villaticu’ > vilatge, ‘medicu’ > mètge; pourtant, le catalan n’a qu’une 

prononciation [dJ], et le gascon [dj] ou [ò], l’occlusive étant d partout, sauf en trois points 

seulement qui ont [tj] (2205); il en est de même pour /ù/ que L’application… note tz, même quand 

l’étymologie comporte un d comme ‘duodecim’ > dotze. Mis à part herotje (1155), que l’on peut 

imputer à de l’inattention car on n’a entendu que [d] aux 6 points où le mot fut recueilli, Séguy s’en 

tient à la prononciation et écrit logiquement sauvadjum (1205), lòc sauvadge (1450) et dodze, sedze 

(2389), ces derniers supposant tredze dont ils sont « homomorphes ». Ravier semble hésiter : yudye 

(R.I, 23, 25), mais yutye (R.I., 32), vilatye (ib., 27) mainatyes (R.II, 122), vesinatge (ib., 120). 

• pour ce qui est du /w/ intervocalique, on a vu p. 147 que L’application… a autorisé pour le 

gascon la variante en -u- du -v- occitan… et béarnais. Mais la prépondérance béarnaise dans la vie 

contemporaine du gascon a fait que l’on n’écrit guère que -v-, d’où un risque de perte de la prononciation 

originale — et sans doute originelle — [w]. Or Séguy ne l’entendait sans doute pas ainsi, 

car il écrit -u- chaque fois que l’on dit [w] : espauent (1112), beuet (1118), s’enbeuedar (1124), 

trauasseya (1125), s’es gauanhada (1145), carauet (1371). De même, Ravier : en R.I, Casnauèt 

(22), aueyar (24), gauequeyar (47); en R.II, aishiuadat (119), auém (120), Auét (121)… 

• peut-être Séguy a-t-il voulu sauvegarder de même la prononciation [j] de ce que la graphie 

occitane note par un j ce qui se lit [j] ou [2] selon les lieux : nayèra, ayèra (1114), estampareya, 

trauasseya (1125); mais peut-être à cause d’une prononciation en [2], arrajou, arrajader (1103), 

tremieja (1175), pieja (1289). C’est aussi le choix de Ravier : mayorau, mainatyes, dimenye, 

minyar (R.II, 118, 122, 134, 135) tandis que vesinatge, Espujaus (R.II, 120, 121) peuvent correspondre 

à des réalisations en [2]. 

• malgré L’application… qui prévoit de noter /k/ par « qu, d’après l’étymologie, dans les 

mots d’origine savante et dans quelques mots populaires : qualitat, liquor, quotidian, quotitat, 

quartèr. », Séguy semble préférer la simplicité : carrat, carrelat (1276), pracò (1344), quaucun, 

quaucòm, quaucarren, quauca causa (2071); mais aussi quauqua part dans la même carte 2071, et 

aquò (2347, 2376 et VI-C, 20), pas cohérent avec pracò, alors que l’étymologie est incertaine (cf. 

Taupiac, 1992, 446). Et chez Ravier, on trouve acò (R.I, 74, 97) et même cauque (R.II, 125) tandis 

qu’Allières titrait le n° 24 de Via Domitia, 1980-2 : « L’Occitanie. Qu’es acò ? » (cf. p. 272). 

• de même, la notation de /2/ devant e et i se fait normalement par g, mais L’application… 

prévoit « Seuls les mots d’emprunt savant conserveront leur j d’origine : Jèsus, Jerusalèm, 

projeccion, injeccion, trajectòria. » C’est encore asez arbitraire. Il semble bien que Séguy s’en soit 

affranchi, en réservant normalement le g à ce qui en aurait un à l’étymon; ainsi, jitar (1107), herotje


(1155), jimbelet (1229) et màjer (2412), contre sagin (1182) et digestir (1313). Allières fait de 

même dans le volume V : càjer (1689) contre legir (1788), húger (1804), gelà-s (1807). 

Trois phonèmes vocaliques 

• pour noter /we/, oe remplace toujours le ue de L’application… de 1952; ainsi en IV : voeitada 

(1145), hoec (1292) et oelh (1309) au lieu de vueitada, huec, uelh; (pour la justification de ce 

choix délibéré de Séguy, voir plus loin, p. 251). Même choix chez Ravier : voèita, encoèra, soenhar 

(R.I, 74, 96, 122); hoec, coeisha, voeida, coélher (R.II, 125, 129, 130) etc.; mais possessif sué [s3e] 

(R.I, 25), sues [s3es] (R.II, 135). Et aussi chez J.-C. Dinguirard dans Le nom de maison en Haute 

Gascogne (Via Domitia XI, mai 1965, pp. 47-78) : Goelhaga (p. 70). Mais Allières écrit cuèit 

(1751). 

• de même oa note /wa/, même après g ou qu, contre l’usage occitaniste en gua, güe ou qüa, 

mais selon la très vieille tradition de la langue : quoau (R.I, 80), voire qoan (R.I., 81), qoate (R.I, 

46, 50, 55), comme chez Garros. Et encore J.-C. Dinguirard (ib.) : Goarrier (pp. 58, 61, 65, 70). 

• avoucar {verser (véhicule)} (1231) et sou {soleil} (R.I, 86) présentent une graphie de /u/ 

qui peut sembler un étrange retour de la graphie félibréenne. Je pense qu’il n’en est rien, le -u 

représentant un -l étymologique qui, vocalisé en /*/, se confond avec l’aboutissement /u/ du o qui 

précède. Ce -l est évident pour sou < ‘solem’. Pour avoucar, il faut supposer un ‘ad + *volvicare’ 

issu du classique ‘volvere’, qu’Alibert donne pour étymon à volcar, de même sens (catalan bolcar); 

mais il donne aussi abocar, à qui il attribue une étymologie occitane partant de boca {bouche}, et 

volcar pour synonyme; c’est une belle confusion, à laquelle Séguy met fin. Au demeurant, 

[(a)!ul'ka] recueilli en Aran témoigne pour une forme en -l- non vocalisé, (a)volcar, alors que 

[a!u'ka], languedocien, n’a été noté qu’en deux points gascons voisins de Toulouse; mais [de!u'ka] 

a été recueilli en trois points des Hautes-Pyrénées. Pour en revenir au choix graphique de Séguy, il 

devance soutada et títou du Mémento grammatical du gascon (cf. p. 169); et plus encore, le ou 

notant /u/ par référence étymologique contribue à la vraisemblance de l’hypothèse selon laquelle les 

scribes d’oc en vinrent à noter de même, par analogie, les /u/ issus de o étymologiques, quand ils 

eurent besoin de les distinguer des o demeurés /o/. 

Traitement des mots composés 

La notation des mots composés est un problème que l’oc pas plus que le français ne traite de 

façon claire et uniforme. Sans doute parce que le sujet est très complexe. Ainsi Alibert n’en a 

formulé les règles que dans un bref article (1957); ces règles font de la soudure la norme, mais avec 

beaucoup d’exceptions. 

En praticien éclairé, Séguy s’est affranchi de la soudure systématique, usant le plus souvent 

du trait d’union, surtout quand la présentation séparée est nécessaire pour une bonne prononciation 

du premier élément (en particulier quand son -a final doit être traité comme posttonique) : pèlapòrc 

{“sacrifice” du porc} (1178), Maria-Saca {rectum} (1188), trauca-sèga {troglodytes} (1207), 

vòla-vent, vòla-bèth, vòla-maria {coccinelle} (1223), passa-clau {vrille} (1229), catha-niu, 

escarra-sac {dernier-né} (1272), vira-porquèir {culbute} (1278), cauha-pança {contre-cœur de 

cheminée} (1296), escoba-sòu {repas terminal de travaux agricoles en commun} (1320), cama-cruda, 

cama-crusa {la Jambe crue (être fantastique et effrayant)} (1488) et pasta-borida {saute-mouton} 

(1491). En revanche, il soude quand cela ne pose pas de problème de lecture : caplevar {faire


basculer} (1230), contrespós {garçon d’honneur (contre-époux)} (1319); ce dernier mot est un 

exemple d’adaptation graphique du premier élément, qui a perdu son -a final par élision; enfin, la 

soudure de pracò {pourtant} (1344) fait du mot un tout, sans égard au sens premiers de ses composants 

(mais pr’aquò chez Alibert). Et naturellement, Séguy coupe devant r- ou s- du second 

élément, encore qu’Alibert ne l’ait prévu que si le premier s’achève par une voyelle : pèd-ranquet 

{marelle} (1276) et même cul sec {avare} (1260), sans trait d’union. 

Mais il y a des exceptions, dont je ne vois d’autre explication que l’inadvertance; exceptions à 

la coupure : hòrapèt {dosses (hors peau)} (1136), covanic {culot (couve nid)} (1154), estornapica 

{culbute} à côté de vira-porquèir et cuu-pelèir dans la même carte (1278) et contranòbi 

{demoiselle d’honneur (contre-mariée)} (1319+); et exception à la soudure, cuu-pelèir {culbute} 

(1278), encore que le double u du premier élément ait peut-être paru exiger la coupure. 

Révision de choix à base étymologique 

Sans toucher aux règles du système, J. Séguy et ses disciples ont fait quelques choix 

personnels originaux qui supposent des étymons différents de ceux généralement admis. 

• choix entre v et b : estaubiar {économiser} (1336) contre estauviar chez Alibert et ses 

disciples; Alibert lui attribue l’étymon basque estalpe, qui implique une idée de couverture, de 

chose mise à l’abri, mais influencé sans doute par le catalan estalvi, il l’écrit estauvi, alors que le p 

étymologique ne donne jamais /v/ en langues d’oc; au demeurant, on voit mal comment un mot en - 

v- pourrait avoir une variante en [p] comme l’estaupi relevé entre Nay et Arrens. Quant à l’origine 

basque, « la grande diffusion du mot dans les patois de la France […] donne à penser » à Rohlfs 

(1977, n° 97). Finalement, faute d’une étymologie pouvant justifier -v-, c’est Séguy qui a vu juste, 

tout comme d’ailleurs Coromines (1990; ci-après, p. 169). 

• choix entre c/ç et ss pour /s/ : 

– mençonja {copeau de menuisier} (1132); il s’agit ici d’une acception métaphorique d’un 

mot qui signifie d’abord “mensonge”, comme en témoignent les mentidas ou mentiras recueillis en 

divers points de la même carte; comme le français “mensonge”, ce mot vient d’un latin “vulgaire” 

mentionica, ce qui justifie que Séguy le note par ç contre mensonja chez Alibert. 

– jas {délivre (d’une bête qui a mis bas)} (1152) est contredit par jaç {gite} (1416), mais 

l’étymon non contestable ‘jaceo’ doit faire considérer jas comme une inadvertance, peut-être due à 

la graphie jas de Palay. 

– siarrèr {couverture des vaches} (1165) contre ciarrè chez Coromines, qui le rattache à 

cendre < ‘cinerem’, sans exclure le “mélange” « avec un synonyme d’une autre origine »; dans le 

doute, autant suivre Séguy, d’autant que le mot n’est plus de grand usage… 

– hiçon {dard} (1222) contre fisson d’Alibert (v° fissar); viendrait de ‘fictiare’ selon Coromines 

(1990, v° quissón, 2) qui cite le catalan dialectal fiçar. C’est confirmé par la prononciation 

[ahi'4u] notée à Bethmale (point 790 S) où se « maintient la non-neutralisation des phonèmes ç et 

ss » (Coromines, v° besson) et où l’on réalise les ç par [4], noté ' dans l’ALG. 

– còça {louche} (1300) contre còssa d’Alibert; mais celui-ci traite à l’article caça les dérivés 

cacet, caceta, caçòla. Or ce mot est très probablement une variante de caça ou caixa, tous venant 

d’un ciattia issu lui-même « du grec kuathos, “coupe, vase pour puiser” » (Rey, 1992) et signifiant 

aussi bien “louche” que “casserole”. C’est donc sans doute Séguy qui a raison.


– rocegar {trainer} (1351) contre rossegar d’Alibert (v° ròsse ~ rossèc, filet trainant, herse); 

ici, on est dans le flou : Coromines opte pour arrossegà qu’il rapproche du catalan rossegar; 

Mistral, lui, ouvre deux pistes : implicitement celle de ross “cheval” en allemand, avec le premier 

sens de « traîner, tirer avec des chevaux »; et explicitement celle de rosse tant par la mention 

« R[acine]. rosse » que par l’acception « herser un champ », rosse, {…} rossoul signifiant « traîne, 

cylindre ou herse de labour ». Or ce dernier supposé venir de ‘rotulus’ impliquerait une variante du 

genre *‘rotiulus’, d’où le c de rocegar. Mais le doute est levé par Bethmale qui dit {arru4e'5a}, ce 

qui justifie le rocegar de Séguy. 

– meuça {rate} (1402) contre mèlsa d’Alibert et melsa du catalan; l’étymologie est très 

incertaine pour Coromines (v° mèussa), mais ici encore Bethmale lève le doute avec {'me*4o}, 

justifiant encore le choix de Séguy. 

• notation du -d étymologique de pèd : Mistral écrivait pèd; peut-être pour s’en distinguer à 

tout prix, Alibert écrit pè < ‘pede’ alors qu’un de ses principes est de « toujours » rétablir à l’écrit 

les consonnes finales amuïes ou altérées. Plus logique, Séguy note pèd-ranquet (1276), pèd dou 

hoec (1292) et pèd-descauç (1466). Ravier, de même (R.I. 22, 26, 59, 166…; R.II, 129). 

• notation du /z/ intervocalique issu de -c-, -qu- ou -d- étymologiques : Séguy en reste au -s- 

de L’application… et de l’Escole Gastoû Febus : arrevasut (1154), entrausit (1455). Mais dans le 

volume V, Jacques Allières a conservé le z des usages anciens « pour rappeler par l’étymologie le 

principe de classement des radicaux (cóser, de CONSUERE, opposé à còzer, de *COCERE, class. 

COQUERE, etc.) » (V-2, V) : substitué à -c- ou -qu- dans dízer, còzer…; et substitué à -d- dans les 

variantes crézer, vàzer… 

Accents graphiques 

• L’application… ne connait que l’accent aigu pour la lettre i; Séguy lui préfère systématiquement 

l’accent grave, comme à l’Escole Gastoû Fèbus : plegadìs (1129), andìs (1359), landìs 

(1359), volerì (2006, 2 occurrences dans des exemples), aquì (2281). Mais Allières suit 

L’application… : volí, aurí volut que vengosses (V-2, 49), que sabí que vengora (1616), escríver 

(1793), víver (1836), dízer (1875). 

• comme Mistral, l’Escole Gastoû Febus, et le français, Séguy écrit à la préposition a 

d’Alibert : à camaletas, à pelharòt, à caravetas, à cavath (1282), à cavalèir (1283) et à pòt (1513); 

ici encore, on peut se demander si le rejet occitaniste de l’accent diacritique ne se fonde pas 

essentiellement sur la volonté de se démarquer du Félibrige et du français. C’est en tout cas 

contradictoire avec la règle de L’application… qui veut « tà (pour entà) à côté du possessif ta » 

(p. 7). Mais Ravier écrit ta (R.II, 125, 127, 130), ce qui d’ailleurs ne peut prêter à confusion, et 

convient au contraire à une préposition, nécessairement proclitique et atone… 

• Allières, lui, marque de l’accent le déictique de lieu çà : çà-vietz {venez ici} (V-2, 270). 

Enclise des pronoms 

L’application… consacre son dernier paragraphe à l’enclise des pronoms, sans pour autant les 

citer expressément : 

« Si le mot enclitique conserve sa forme pleine, on le sépare du mot sur lequel il 

s’appuie par un trait d’union : acabatz-lo, muchatz-lo-me, minjant-lo-se. 

« Si le mot enclitique perd sa voyelle ou se contracte, on le sépare du mot d’appui 

par une apostrophe : que’m pren, ne’t manca, que’ns espera, ne’vs vei pas, se’us ditz.


« Quand le mot d’appui perd sa consonne finale, on place un accent sur la voyelle 

tonique : guardà’s, atrapà’m, volé’s maridar, per cauhà’u. 

Séguy semble ignorer totalement ces règles : avec se enclitique réduit à s, il use du trait 

d’union au lieu de l’apostrophe : que-s demandava se vengora (1616); il conserve même le -r final 

du verbe d’appui à l’infinitif, malgré la troisième règle et ses exemples : plagar-s {se blesser} 

(1311), hartar-s {se rassasier} (1314); or on sait que le maintien de ce -r dans la graphie de 

Perbosc-Estieu avait été fortement critiqué par Philadelphe de Gerde (cf. p. 133) qui « fait rimer 

mudà-s (pour mudar-se) avec Bigordàs ». (Note relative à la graphie, Eds Crids , p. XXIX). 

Allières a « préféré la graphie carà-s à carar-s, etc., comme plus facile à interpréter » (V-2, 

V), ce qui suppose qu’il n’avait pas eu connaissance directe de L’application…; et il maintient la 

liaison par trait d’union, qui ne pose pas de problème d’interprétation. 

Par ailleurs, sur la notation du pronom en ou ne appuyé sur que (ou autre mot en -e), Séguy 

fait la remarque suivante (VI-C, 17) : 

« Cas spécial de “en”. […] Dans les combinaisons ken, men, ten, sen (kœn, mœn,...), 

etc., il est objectivement impossible de décider si on a affaire à une élision k en, m en, ou à 

une enclise asyllabique ke n, me n. C'est en réalité un faux problème, puisque la question 

ne se pose pas pour les sujets parlants. Nous avons choisi la solution arbitraire de l'enclise 

asyllabique. Il est moins difficile de distinguer en plein et isolé de e (œ) énonciatif 

interrogatif + n enclitique asyllabique, parce que cet énonciatif est localisé (c. 2400). 

C’est toujours bon à savoir que pour un aussi éminent connaisseur du gascon, opposer que’n à 

qu’en est un « faux problème ». 

Solutions diverses 

Sans toucher davantage aux bases du système, J. Séguy et ses disciples ont également opté 

pour des graphies inhabituelles, sans doute plus intelligibles et fidèles à la phonologie de la langue : 

• notation de l’article lo(s) en ses formes contractées et du pronom personnel lo(s) agglutiné 

à que ou autre mot grammatical d’appui : évitant l’erreur de lecture de L’application… signalée p. 

244, J. Séguy écrit hon do monde, bot do monde (1188), tout en laissant échapper deu poshiu à la 

carte 1341, alors qu’on n’y a noté aucune prononciation en [de*]… Pour le pronom, -e ou -u du 

mot d’appui et le pronom se réduisent à [u[s/z]] sur la majeure partie du domaine (ALG VI, 2243, 

2251, 2252, 2461 à 2463); nous lisons donc chez Ravier et Séguy (R.I) : qu-o(s) pp. 22, 23, 24, 25, 

27, 28 etc.; pour les pp. 89 et 90, la transcription phonétique de l’édition 1960 montre que qu-os 

rend [kuz] et qu-o, [ku]; n’o pour no lo, p. 35; p. 67, s-o pour se lo rend [su] de la transcription 

phonétique. Ravier (R.III) conserve ces mêmes graphies (qu-o, p. 48, 49, 51, 58…) sans qu’on 

puisse lui reprocher d’écrire que ses transcriptions sont « en orthographe classique occitane (dite 

aussi graphie Alibert) » (p. 31), puisqu’il est un des rares à avoir bien lu Alibert ! 

• une même lecture attentive de L’application… (p. 4) : pai, mai [père, mère]) fait écrire mai 

et non mair pour “utérus” (1385) et “reine des abeilles” (1428); frai pour frair [frère] (1561) et pai 

pour pair (2390, R.I, 80). 

• de même, les 5 èmes personnes terminées en -[t] sont notées logiquement par -t, à l’encontre 

de la routine habituelle (cf. p. 277) : qu’ét {vous avez}, se n’èt {si vous (en) êtes}, ne-v deishet {ne 

vous laissez pas} (RI, 23); podet {pouvez} (ib, 121), etc.; cambiat {changez} (R.II, 123); serat 

{serez} (ib, 126); aproshat {approchez} (R.III, 185), etc.


• le pluriel féminin en -[es] de la montagne est parfois noté -es, comme en aranais officiel : 

montanhes, cabanes (R.I, 121); mais aussi en -as; il est vrai que la transcription phonétique de 1960 

note soit -[&s], soit -[! ! ! ! ! !a6s], soit même -[os]; p. ex. R.I, 89-91et notation phonétique p. 72-73 : alluras 

[alur,os]; sinse hemnas [s,'nsé ,énne &s ,énnas]; çabatetas [sabatét&s]… 

• [po*] “la peur” noté normalement pòur (1112) contre paur chez Alibert qui par souci 

d’étymologie fait de ce mot le seul où au se lit [o*]. 

• caddèth “dernier-né” (1272) est conforme à la prononciation largement majoritaire, surtout 

si l’on y ajoute l’acception “cadet” traitée à la carte 1478. C’est mieux que le cabdèt du Civadot (cf. 

p. 159) ou, à 80 km, le capdèt d’Atau que’s ditz (cf. p. 175), ou encore le capdèth de Narioo et 

autres (cf. p. 185). Cependant, la finale en -èth basée sur l’étymon “-ellu” suppose un féminin en 

-èra, non attesté semble-t-il : caddèta répond à caddèt; mais Palay donne le diminutif Cadderoû. 

• pruts {démange (le dos me)} (1247), 3 ème personne du présent de l’indicatif de prusir, aurait 

dû être noté prutz selon Alibert (Gramatica, p. 180); de même, puts {rectum} (1188) venu de 

‘puteus’ — à l’origine, cloaque aussi bien que puits —, est putz chez Alibert. 

• signalons enfin diverses graphies de Ravier (et Séguy dans R.I) qui vont dans le sens du 

rapprochement avec la langue parlée et évitent les erreurs de lecture : taben (R.I, 29, 153; II, 135) et 

tapòc{non plus} (R.I, 91); tems (R.I, 121, 123, 165), printems (R.I, 123), lontems (R.II, 123); par 

contre tostems (R.II, 119) comporte un -s étonnant, car disparu depuis longtemps selon Coromines 

(p. 119); sinnar, sannar (R.I, 23, 24 etc.);… Et si Séguy écrit tanpòc (1552), Allières donne trois 

fois tapòc dans des exemples (V-2, 6). 

Globalement, donc une graphie classique appliquée sans œillères, et adapté en plus d’un cas à 

la phonétique réelle de la langue vivante, par des universitaires qui comptent parmi les meilleurs 

connaisseurs de la langue gasconne. 

18 – La graphie de l’Escole Gastoû Febus vue par André Sarrail (1968) 

Un ouvrage pédagogique 

La place prise rapidement par les partisans de la graphie classique occitane dans l’enseignement, 

dans la “nouvelle chanson occitane”, puis dans la presse toujours friande de nouveauté, 

devait susciter pas mal d’amertume dans l’arrière-garde félibréenne qui se sentait un peu dépassée. 

Cela conduisit le majoral André Sarrail (1896-1981) à exposer à nouveau les règles de 

l’E.G.F. dans une série d’articles en béarnais publiés par les Reclams en 1967 (n° 3/4 et 9/10) et 

1968 (n° 5/6 et 7/8); le tout fut réuni en une plaquette à la fin de 1968. Puis une seconde édition, 

enrichie d’une traduction française en vis-à-vis, fut publiée en 1980 sous un double titre : Comment 

écrire le gascon-béarnais moderne - La grafie de l’Escole Gastoû Febus oey lou die; c’est celle que 

je cite ici. Secrétaire adjoint de l’E.G.F., A. Sarrail était particulièrement bien placé pour cela, car il 

mettait au point la copie et relisait les épreuves des Reclams depuis plusieurs années. 

La brochure commence par un historique de la graphie du béarnais (pp. 8-23) qui m’a servi de 

canevas pour mon propre exposé et dont j’ai déjà eu l’occasion de citer quelques passages. Mais 

malgré le champ d’action de l’E.G.F., l’auteur ne dit rien du gascon hors du Béarn.


Le grand principe : on n’écrit que ce qui se prononce 

Entrant dans le vif du sujet, Sarrail donne la première règle : « En général toute lettre qui ne 

se prononce pas ne doit pas s’écrire ». On le sait bien, c’est certainement ce qui sépare le plus la 

graphie moderne de la classique. Or à ce sujet, Sarrail se livre à une réflexion sur les consonnes 

étymologiques finales qui, amuïes dans le mot simple, réapparaissent en dérivation et que Palay 

note entre parenthèses : poun(t), car(n)… Sarrail interprète cela comme une « liberté » laissée au 

scripteur. Mais j’ai montré p. 136 que jamais Palay n’avait laissé cela à la fantaisie des auteurs : 

pour lui comme pour l’E.G.F. depuis 1900, on n’écrit que ce qui s’entend. 

L’apport de Sarrail 

Sarrail consacre ensuite 22 pages dans chaque langue à décrire la graphie de l’E.G.F., dont les 

règles de 1905 tenaient en moitié moins; c’est dire que le texte est aéré, et aussi fortement glosé. Je 

n’en retiens que ce qui me parait nouveau par rapport à 1905, fût-ce déjà adopté par Bouzet ou 

Palay. 

Pour distinguer les deux types de -e, Sarrail préconise de systématiser la pratique de Palay 

entérinée par la grammaire de Courriades (p. 142 ci-dessus), mais dont j’ai signalé les lacunes. 

Des innovations de Palay, Sarrail entérine également l’accentuation de ou, soit où, soit oû, 

l’élimination de l’h muet; et bien sûr, il garde le ç introduit par Bouzet et utilisé par Palay. Mais il 

n’apporte lui-même rien qui distingue le -n vélaire du -n dental ni le e légèrement nasal du é pur 

tonique, comme il l’était en 1900. Au demeurant, p. 37, il semble confondre le -n vélaire subsistant 

dans les parlers du Gers pour l’équivalent de capoû, marroû (marron) et le -n dental des mots 

communs « chin, maynadin, roun, que badoun ». 

Il n’accepte pas le concept de graphie englobante qui avait guidé Palay dans la préférence 

pour le j sur l’y, le j pouvant se réaliser en [2] ou [j], pas l’y. Il en fait une affaire de choix personnel 

« par habitude » (p. 55), tout comme de la liberté de noter par -o la finale féminine atone car « les 

Armagnaquais et les montagnards […] tiennent à cet o comme à la prunelle de leurs yeux. » (p. 73). 

Or cette liberté aboutit à introduire dans le système une quantité considérable de mots finissant par 

-o atone, alors que le -o est traité comme tonique par ailleurs; on arrive à ce que belo soit [!e'lo] 

pour “vélo” en général, et ['!elo] pour “voile” en Armagnac (p. 39). Curieuse conception d’un 

système; en fait, laxisme bienveillant qui sacrifie la langue aux fantaisies de petits auteurs locaux. 

Pourtant, même si sa formulation pratique est plutôt confuse, Sarrail admet en plusieurs cas 

que les variantes de prononciation ne justifient pas toujours des graphèmes différents; ainsi pour ch 

réalisé en [0] ou [tj] (pp. 51-53); mais il ne semble pas faire la différence entre le ch de bacha (qui 

ne sera nulle part [0] ou [tj]) et celui de chaca qui peut l’être; de même, en préférant la graphie -t de 

bèt (cèu de Pau), il n’imagine pas que bèth puisse convenir partout (pp. 59, 61). 

Il donne par contre, p. 53, d’utiles indications sur le sort de -ts final dans les dérivés en une 

remarque importante pour la bonne intelligence des graphies -tz-, -ts-, -ds- et -dz- du Palay , comme 

nous le verrons plus loin (p. 327). 

Sarrail détaille aussi les réalisations de x, graphème “savant” à réalisations multiples 

fortement marquées par la prononciation. Il donne ensuite les prononciations réelles et tout en 

exprimant sa préférence pour une graphie qui reflèterait mieux celles-ci, en reste au x uniforme de 

la décision de 1905. J’y reviendrai p. 330.


Sur la prononciation du r, il énonce une règle que je n’ai encore jamais vue ailleurs : il serait 

« redoublé devant une consonne : arpasta, barquî. » Pour barquî, au moins, l’ALG III, 926 ne signale 

aucune prononciation forte du -r-; et si arpasta ne semble pas s’y trouver, carga ne comporte 

pas non plus une telle prononciation (ALG II, 377); de même pour arpan(t), dont le -r- est toutefois 

fort en basque (ar" pana au point 691 O, Labastide-Clairence, ALG I, 134). Mais le r est fort après 

n : Enric, enraumassat (ALG IV, 1441), enraucat (ib., 1442), ce que ne dit pas Sarrail. 

Malgré qu’il insiste sur le caractère phonétique et non étymologique de la graphie de l’E.G.F. 

(par exemple, p. 69), Sarrail ne manque pas de justifier certains choix par l’étymologie; ainsi pour 

le choix entre c et s/ss, p. 51; entre c et qu, p. 53. 

Incidemment, il reconnait l’usage d’accents diacritiques : p. 31, à (préposition) / a (verbe), le 

contraire de l’étonnant choix de Bouzet; p. 35, e (conjonction) / é (= ey dans les Landes). Mais il est 

pour la limitation des accents au strict indispensable tel qu’il résulte des règles énoncées (cf. p. 29, 

31, 39, 43), ce qui est une bonne chose… 

Pour conclure, je reviendrai sur les deux titres de l’édition 1980 de la brochure de Sarrail : le 

second, en béarnais, laissait entendre que les normes de l’E.G.F. avaient été actualisées « ouey lou 

die », aujourd’hui. Or en fait, nous n’avons rien trouvé de nouveau par rapport à Palay, mais un 

essai méritoire pour exposer les règles de l’E.G.F. que l’on avait perdues de vue. Cependant, Sarrail 

a vite montré ses limites, trop préoccupé de combattre la graphie classique qu’il connaissait mal (il 

semblait croire, p. 23, qu’elle faisait écrire faure en gascon, alors que c’est haure, comme à 

l’E.G.F. ! 26 ) et peu versé dans la linguistique; on en a la preuve dans la naïve présentation qu’il 

fait, p. 47, des voyelles et des diphtongues qui « peuvent s’accoupler et même s’ajouter, de façon 

curieuse » ou, p. 49, du /w/ intervocalique : « les parlers de Bigorre et du Gers […] ont traduit le b 

intervocalique par ou (w anglais de tramway) ». 

Ce n’était sans doute pas du niveau des “adversaires” comme on va le voir de suite. 

19 – La graphie “occitane” appliquée au gascon par R. Darrigrand (1969) 

L’une des tâches premières que s’était donnée l’association Per Noste fut de produire des 

outils pédagogiques pour enseigner le gascon dans les normes de l’I.E.O. Parmi ceux-ci, un 

modeste livret de 40 p., Comment écrire le gascon paru en juin 1969 et réédité en 1974. Un 

Avertissement très sobre cite les sources, et spécialement les brochures de l’I.E.O. de 1950 et 1952. 

Certes, l’introduction historique est un peu un catéchisme apologétique de la graphie classique, 

la sacro-sainte référence à l’écriture médiévale ignorant celle du béarnais et d’une bonne part 

du gascon (on ne connait que des finales en -a et on oublie qu’étaient déjà dans nos vieux textes les 

aube, abelhe, cagne attribués à l’E.G.F.). 

Mais le reste, c’est un exposé méthodique des règles de l’I.E.O. appuyé de nombreux exemples 

de gascon béarnais : au total quelque 1200 mots dont l’orthographe “occitane” est ainsi donnée. 

Un seul regret : l’ordre méthodique oblige, en cas de doute, à deviner quelle peut être la règle 

où le mot douteux a des chances d’être donné; une table alphabétique en aurait fait un précieux 

lexique orthographique. Or les seuls dictionnaires en graphie classique dans l’ordre du gascon sont 

celui de Pierre Mora (1994), où l’on trouve bien des erreurs de graphie et qui est épuisé, et celui 

26 Une même ignorance de la part de M. Grosclaude (1986-1, 64) lui a fait critiquer le ou de la graphie des félibres pour 

ne pas savoir distinguer le [u] de [%*], et de citer l’exemple de hòu {fou} que seule la graphie occitaniste écrirait bien. 

Or le hòu était déjà chez Mistral en 1882 et chez Palay dès 1932 !


d’Éric Chaplain (2002), dans ma graphie classique DiGaM, qui n’est pas exactement celle de 

l’I.E.O., comme nous le verrons bientôt. 

Toutes les graphies données ne sont pas exemptes de critique, comme con.hessar (confesser), 

in.hèrn (enfer) qui ont perdu depuis des siècles le -n- (cf. Grosclaude, 1977, 149 : « prononcez couhessar 

[sic, avec -r], … i-hèr ») qu’aucune règle n’obligeait de rétablir, risquant de fausser la lecture; 

alors que dans un cas similaire, en rééditant Salette, 1483-1983, l’auteur écrit cohonetz, p. 20, 

cohona, p. 39…). On peut aussi relever des coquilles comme « en.hornar, enfoncer » au lieu de 

“enfourner”… Mais c’est peu de chose : dans l’ensemble, c’est une application honnête et intelligente 

des règles de 1952. 

20 – Les modifications de la graphie classique de l’I.E.O. en 1975 

Coup sur coup, la Commission de Normalisation Philologique de l’I.E.O. va adopter deux 

séries de décisions qui prendront effet respectivement au 1 er juillet 1975 et au 1 er janvier 1976 : 

– 1 ère série : cossí (au lieu de consí) adverbe interrogatif [languedocien]; mais il faudra 

attendre les “confirmations” de 1989 (voir p. 166) pour que soit mentionné le cas similaire de 

mossur et de son dérivé mossurejar; maquina (au lieu de machina) et sa famille : maquinal, 

maquinalament, maquinista, etc. [c’est de la normalisation linguistique et non graphique, et les 

formes gasconnes maquinau, maquinaument sont ignorées]; et surtout realisar (au lieu de realizar) 

et, de façon générale, notation par -s- de tous les /z/ intervocaliques. (P.N. n° 49, 7-8/1975, p. 19); 

– 2 ème série : fasiam, fasiatz, fariam, fariatz (au lieu de fasiàm fasiàtz, fariàm, fariàtz) [affaire 

n’intéressant pas le gascon]; proïbir (au lieu de prohibir). La lettre h d’origine étymologique et 

sans aucune valeur phonétique ne s’écrit pas entre deux voyelles. Exemples : la coërencia, coërent, 

la coësion, la proïbicion, lo proïbicionisme, proïbicionista, proïbitiu, reabilitable, la reabilitacion, 

la veeméncia, veement, lo veïcul, etc… (“Document officiel” en languedocien, non daté, 

aimablement communiqué par J. Taupiac). 

21 – La graphie “occitane” du gascon d’Aran (1983) 

La reconnaissance officielle de l’aranais par la Catalogne et l’Espagne (p. 52) appelait la 

définition officielle de son orthographe; « appelait », au moins dans l’esprit des occitanistes qui 

n’imaginent les langues d’oc que corsetées par des règles (cf. p. 143). Ainsi, vingt ans après le 

Béarn, mais avec plus de retentissement du fait du statut de la langue, le Val d’Aran allait à son tour 

mettre son gascon à l’heure de la réforme occitane. Une commission fut créée avec des linguistes 

catalans, des linguistes français (le Pr. P. Bec et M. Grosclaude, spécialistes du gascon, et J. 

Taupiac, Gascon spécialiste de l’« occitan standard ») et des représentants des locuteurs (Viaut, 

1987, 102). Mais là, parce que cette langue serait utilisable dans la vie publique, c’est par un décret 

du 14 janvier 1983 du Président de la Généralité de Catalogne qu’allaient être adoptées les Normes 

orthographiques de l’aranais. J’en ai publié le texte en synopse avec celui des règles de l’I.E.O. de 

1952 pour le gascon (Ligam-DiGaM n° 13, Avril 1999, pp. 4-18). 

Il apparait à l’évidence que la chaussure occitane offerte aux Aranais ne convenait pas tout-àfait 

aux pieds délicats de la Cendrillon des montagnes, et leurs normes présentent des différences 

non négligeables par rapport à celles du gascon général (Viaut, ib., 115-118). En voici des plus 

topiques :


Bien qu’utilisant l’article gascon de la montagne, l’aranais en écrit le pluriel différemment de 

la norme générale du gascon; eths, eras, c’est es pour les deux genres, de telle sorte que le contracté 

est des comme en français : la bòrda des motons {la bergerie des moutons}, la bòrda des oelhes {la 

bergerie des brebis}. 

Le pluriel des noms féminins en -a (= majoritairement [a]) est en [es] noté -es, tout 

simplement; mais en signalant cette particularité du féminin pluriel — partagée d’ailleurs avec les 

parlers gascons de la montagne, de Gavarnie au Comminges (ALG VI, 2067) —, R. Darrigrand 

(1969-3, 6) estimait que « cela n’empêche pas de les graphier “as” : pòrta, pòrtas (pòrtes) »; cela ne 

fut pas l’avis des intéressés qui ont tenu à écrire pòrtes. Le passage à [e] du a posttonique se produit 

également dans les verbes, généralement quand il est suivi de consonne; la même fidélité 

phonétique le fait écrire e : à l’indicatif des verbes en -ar : que canti, cantes, cante, cantam, cantatz, 

canten; à l’imparfait : qu’auia, auies, auie, auíem, auíetz, auien, au subjonctif des verbes en -er et 

-ir : que hèja, hèges, hège, hègem, hègetz, hègen. 

Le produit masculin du suffixe latin ‘-olu’ aboutit à -[o] en aranais, comme du Lavedan au 

Comminges et jusqu’en Lomagne et Armagnac ainsi qu’à Bayonne (ALG VI, 2120; cf. ‘nogarolu’ 

> Nougaro, ville du Gers); or L’application… de 1952 préférait -òu pour la langue littéraire (cf. p. 

148). Les Aranais s’y sont formellement opposés, cette graphie représentant un état ancien de la 

langue qu’il n’y a plus de raison de noter. Ils écrivent donc linçò, dò… (drap, deuil…). 

La finale /è/ est systématiquement notée par -tz lorsqu’il ne s’agit pas du pluriel d’un singulier 

en -t, alors que la norme gasconne et occitane réserve -tz à l’aboutissement d’un ce/ci latin. C’est 

beaucoup plus simple et mérite d’être étendu. 

Dans l’ensemble, donc, une volonté de rapprocher l’écrit de la langue encore vivante, facteur 

indéniable d’identité, en écartant des contraintes d’alignement sur une hypothétique langue occitane 

unifiée sur la base d’un languedocien bien lointain, ou même sur un ensemble gascon, sans attrait 

particulier. Cela montre les limites pratiques de la doctrine occitaniste d’unification graphique et 

linguistique dès qu’on est en présence d’une langue vivante; même l’“unité” gasconne a dû être 

sacrifiée, sans provoquer la démission des trois occitanistes français de la commission. 

22 – La graphie classique du gascon selon La Civada - Per Noste (1984) 

Présentation 

L’année suivant la publication des normes d’Aran à l’élaboration desquelles il avait activement 

participé, M. Grosclaude prenait encore une part majeure dans la publication du premier dictionnaire 

français-béarnais édité par les associations La Civada et Per Noste; idéologiquement titré 

Petit dictionnaire Français-Occitan (Béarn) (cf. p. 43) mais plus familièrement appelé le Civadot, 

il offre plus de 7 000 entrées françaises (dont plus de 6 500 noms “communs” et une table séparée 

de plus de 500 noms “propres”). Certes, M. Grosclaude ne signait explicitement que le titre II de 

l’introduction, Situation du parler du Béarn dans l’ensemble occitan, mais son autorité reconnue, à 

tous les sens du terme, permet de voir sa touche dans l’essentiel des Choix linguistiques du titre III, 

des Choix orthographiques du titre IV et, corrélativement, du Comment prononcer l’occitan dans le 

Béarn du titre V. En principe, seuls les titres IV et V devraient retenir notre attention au titre de la 

graphie; mais deux points du III touchent à la graphie et à la lecture, tandis que le 2 et le 3 du titre 

IV sur la notation ou non d’un -e “de soutien” dans des mots comme intime, objècte ou telefòne 

affectent directement la langue elle-même (cf. p. 148), ce qui est hors de notre sujet.


De quelques orientations linguistiques à conséquences orthographiques 

Je parlerai néanmoins d’un choix linguistique basé sur la doctrine occitaniste qui consiste à 

remettre en usage les adjectifs en -ar que la langue vivante a remplacés depuis des siècles par des 

formes analogiques en -ari ou -ièr : militar pour militari, particular pour particulièr (Salette, 1483- 

1983, écrivait populari, p. 35; salutari pp. 21, 44, 279…). Je ne discuterai pas ici de cet archaïsme, 

ni du barbarisme qui invente un féminin en -ara à des mots que la langue ancienne a toujours traités 

comme épicènes, suivant en cela le latin, et à l’instar du castillan ou du catalan. Mais par contre, 

écrire que, dans ces adjectifs, le -r s’entend, donc militar dit [mili·tar] comme adjectif, alors qu’il 

est muet dans le verbe, [mili'ta], c’est non seulement créer une nouvelle difficulté de lecture, mais 

encore faire revivre un -[r] amuï depuis au moins six siècles (le Dénombrement de 1385 prescrit par 

Fébus note laa aussi bien que lar, deu Brocaa, Vielaa, Moliaa, Laugaa etc.). 

De même, pour les adjectifs en -e qui sont épicènes en [œ] ou [e] en Béarn comme dans plus 

de la moitié du territoire gascon, les auteurs se sont résignés à leur donner un féminin en -a comme 

« sacrifice à l’unité linguistique de la Gascogne », tout en disant qu’il se lira comme un -e, n’étant 

qu’une « pure convention d’écriture ». C’est donc un choix “graphique” et non “linguistique”; mais 

dans un monde où la langue naturelle s’entend de moins en moins, c’est une difficulté de lecture de 

plus (il faut se souvenir que le masculin est en -e !) qui conduira inéluctablement à un changement 

linguistique… C’est exactement ce qu’ont refusé avec succès les Aranais qui ne pouvaient lire [e] 

le a de que pòrta, las hemnas etc. 

Les orientations orthographiques 

Pour les choix orthographiques proprement dits, les auteurs se réfèrent avant tout au système 

défini par Alibert en 1952 (« il y a plus de trente ans »); mais curieusement, ils le légitiment 

d’abord par le fait qu’il a été « adopté par de nombreux félibres », autrement dit ceux du “camp 

d’en face”, « ainsi que par l’Institut d’Estudis Occitans (I.E.O.) »; celui-ci figure donc en second 

alors que c’est lui qui a invité Alibert à rédiger les normes et les a publiées comme « documents de 

l’I.E.O. » en 1950 et 1952. Et mis à part les abbés Saint-Bézard (1910-1983) et Grangé (1922- 

1989), majoraux du Félibrige, on voit mal à quels félibres gascons il peut être fait ici allusion. 

Étrange… cela nous rappelle ces contes pour enfants où le loup se revêt d’une peau de mouton pour 

mieux s’approcher du troupeau. Plus concrètement, les auteurs se réfèrent ensuite à la mise en 

œuvre de ces normes par R. Darrigrand en 1969. 

Ils s’écartent toutefois du système de l’I.E.O. de 1950-52 dans trois cas (p. 19) : 

« – 1 er cas, quand il s’agit d’une modification adoptée par une décision officielle de la 

commission linguistique de l’I.E.O. (dite Servici de linguistica aplicada); 

« – 2 ème cas, quand il s’agit d’une modification passée dans l’usage et admise par la très 

grande majorité des linguistes occitans; 

« – 3 ème cas, quand nous nous sommes trouvés en face d’un problème orthographique non 

prévu par Alibert et spécifiquement gascon ou béarnais. » 

Le premier cas devrait aller de soi; c’est ainsi qu’est supprimé l’h muet de vehicul > veïcul et 

que le -z- étymologique intervocalique passe à -s- : realizar > realisar, comme precisar dont le -s- 

est étymologique (décisions I.E.O. de 1975, p. 158). Mais ces décisions ne furent pas acceptées de 

tous, comme on le verra plus loin (p. 197). 

Le second cas relève du bon sens, mais crée une “autorité” de l’usage qui dévalue celle de 

l’I.E.O. en tant qu’organe “législatif” en la matière (voir également p. 197).


Le troisième cas est aussi de bon sens; il a l’avantage de reconnaitre publiquement qu’Alibert, 

auteur des normes, n’a pas « prévu » tel ou tel problème « spécifiquement gascon ou béarnais », ce 

que j’ai dit autrement en montrant qu’il connaissait mal le gascon (Lafitte, 2002-3). C’est donc 

reconnaitre aussi qu’on ne peut accepter les règles d’Alibert les yeux fermés, et cela légitime par 

avance tout changement à ces règles qui se justifiera par la méconnaissance d’un problème gascon, 

voire son traitement défectueux. 

Ceci dit en hors-d’œuvre, voyons maintenant les aménagements que les auteurs du Petit 

dictionnaire ont apportés aux normes en vigueur. 

Les nouveautés orthographiques 

Ignorant semble-t-il que l’accent aigu sur le i de « haría, vesía, amía » etc. avait été prévu par 

L’application… de 1952 pour marquer la chute d’un -n- intervocalique de l’étymon, les auteurs le 

suppriment, estimant notamment qu’il s’agit d’une simple « habitude [qui] s’était prise en Béarn ». 

Mes propositions du Chapitre V, p. 315, reviendront sur cette suppression. 

Un mot comme [je] {hier} qui se réalise aussi [2e] sera noté ger, la notation occitane ier ne 

permettant pas la seconde réalisation. On peut en dire autant de jo {je}, en occitan ieu. 

La réalisation [kw] de quelques mots en qua- devrait se noter qüa pour l’opposer à qua lu 

[ka]; mais comme cela ne touche que très peu de mots, on évitera ce tréma. Certes, mais à l’échelle 

de l’ensemble gascon, cela ne permet pas de retrouver les prononciations réelles, et contrairement à 

ce qui est dit, il ne s’agit pas là d’une innovation de J. Taupiac (1977), mais d’une règle établie dès 

1952, sauf que c’était une lunule (q#an) ou un accent aigu (qúan) qui étaient prévus; et P. Bec 

(1956) avait déjà jugé inutile tout signe diacritique, vu le petit nombre de mots concernés; mais qui 

lit les normes ? Au fond, rien de neuf sur ce point dans le Civadot. 

La lecture du -n final donne lieu à des explications complexes, ce qui n’a pas de quoi 

surprendre, puisqu’il est muet le plus souvent, mais dental dans certains mots; il y a un essai de 

classification de ces mots en cinq catégories, ce qui peut faciliter la mémorisation, mais la 

quatrième, catégorie “balai” indéfinissable, est indument réduite aux seuls monosyllabes (an, en, 

drin, lo nin, lo chin, etc.) que rien, au demeurant ne distingue de lo vin, lo pan, lo can, la man etc. 

et qui laisse en dehors agramen, augan, batan, braguen, carcan, càven, engan, envan, etc. 

Même problème, connu, du -r final, avec aussi un essai de classification de ces mots en cinq 

catégories; mais qui saura, au cours d’une lecture, que tambor a le -r audible parce qu’emprunté au 

français ? 

De même, qui saura que chivau est un gallicisme, et qu’à ce titre, son ch est [#] et non [0] ? 

Donc, au niveau des principes et règles générales, pas grand chose de neuf — ce n’était pas le 

propos — mais une tendance assez nette à faire simple et autochtone, sans oser se débarrasser des 

complications structurelles du système. De la bonne ouvrage. 

À l’épreuve des mots du dictionnaire 

Au plan concret du contenu, quelques remarques : 

– capítol, píbol, títol sont écrits avec -l étymologique que l’on n’entend pas, mais cela n’est 

pas précisé pour títol; on en reparlera bientôt avec le Mémento grammatical du gascon.


– laid, laide est traduit par « lèd,a », mais on ne dit pas que le -d du masculin est muet sauf en 

quelques lieux comme la vallée d’Aspe; alors que pour grad, degré, il est justement précisé « ne 

pas prononcer le d ». 

– oui est traduit par « òc, quiò », ce dernier s’analysant en que-òc; or il perd judicieusement 

son -c, alors que òc le garde, sans que rien ne prévienne le lecteur qu’il est muet. 

– paur {peur} figure sans indication de prononciation; alors que M. Grosclaude précise par 

ailleurs (1977, 55) « páur (peur) se prononce “pou” ou “pow”, selon les régions » (noter au 

passage l’accent aigu sur a en 1977, disparu en 1984); j’y reviendrai au Chapitre IV (p. 298). 

– est peu cohérent le traitement des mots “savants” issus d’étymon en -mpt- : M. Grosclaude 

(1977, 49) donnait condar/contar pour “compter” comme pour “raconter”, tout en ajoutant « Vous 

pouvez écrire comptar pour dire “compter”, mais c’est une orthographe savante et francisée »; on 

ne pouvait mieux dire. Or le Civadot donne de tout, sans indiquer les préférences ni les seules 

prononciations valables, en [nt] ou [nd] : pour la famille de “compte”, compte, conde, comptar, 

condar, mais seulement comptable,-a, comptador,a, comptader; “à bon compte” est a bon conde, 

mais “compte-rendu”, compte rendut; pour celle de “tenter”, on n’a que temptar, mais il est aussitôt 

précisé « prononcez [ténta] »; cependant, cette précision manque pour temptativa et au mot “pari” : 

« Tenter le pari : temptar la jòga »; enfin, symptôme, c’est simptòma. Il est vrai que les Aranais font 

encore mieux avec un étrange compdar ! Quant à l’« usage », nous verrons au Chapitre IV (p. 238) 

qu’il tend vers la simplification. 

– est aussi incohérent le traitement de /ye/ ou /y!/, /3e/ ou /3!/, /we/ ou /w!/, pour partie à 

cause du système lui-même comme nous l’avons déjà pressenti en étudiant les règles I.E.O. de 

1952; ainsi, malgré ces règles reprises par P. Bec, on trouve sans tréma pruèr {prunier}, (bar)luèc 

{bizarre} contre prüèr et lüèc (Bec, 1956, 26); fuèl {fuel} se lira normalement [fw!l] alors qu’on 

entend [f3!l] (comme en français) sur la cassette d’accompagnement de M. Grosclaude (1977, 77); 

de même pour truèla {truelle} qui, peut-on supposer, devrait s’entendre [try'!lo/œ]; quant à Cruèsa 

{Creuse} et Suèda {Suède}, on ne sait comment les auteurs en attendent la prononciation. Enfin, 

avec istuèra {histoire}, nous avons l’hypercorrection de type *patuès signalée plus haut, p. 147; 

sept ans plus tôt, M. Grosclaude (1977, 49) écrivait correctement istoèra. 

Et je renvoie au chapitre suivant (p. 216) l’inventaire des diverses incohérences internes. 

Finalement, un travail sérieux, avec relativement peu d’erreurs, donc d’une grande utilité. 

23 – Le communiqué de l’I.E.O. de 1985 

Ce n’est que par le n° 23 d’Été-Automne 1987 d’Occitans !, revue alors trimestrielle de 

l’I.E.O., qu’a été publié un étrange document daté d’Octobre 1985 et intitulé « Propositions du 

Secteur de linguistique de l’Institut d’Études Occitanes »; curieux, car ces « propositions » sont en 

réalité le rappel d’une série de règles existantes, en principe du moins ! 

On trouvera un résumé en Annexe XIII, avec la reproduction intégrale des points qui affectent 

ou peuvent intéresser la graphie du gascon. En voici l’essentiel : 

L’abandon du -z- étymologique grec ou arabe pour noter le -/z/- intervocalique, décidé en 

1975, est ici confirmé… en attendant son retour en 1997 : voir plus loin, p. 174. Est de même 

confirmée la notation sur les majuscules des accents graphiques, de la cédille et du tréma. 

Nouveau est par contre l’abandon discret du critère étymologique d’emploi des digrammes tg


e tj (< -t’cu/-d’cu latins), posé par la Gramatica occitana d’Alibert et repris par La réforme… et 

L’application… Il est vrai qu’Alibert le violait lui-même dans cette Gramatica et son dictionnaire 

en écrivant relòtge {horloge} < ‘horologium’. 

Et désormais, le mot renèc — que je n’ai jamais rencontré dans un texte gascon — s’écrira 

par -c alors que La réforme… et L’application… voulaient explicitement renèg (< ‘renegare’ latin). 

Est encore rappelée la norme gasconne de L’application…, expressément citée, qui admet u 

pour /w/ intervocalique; c’est surtout un plaidoyer pour u, auquel tient beaucoup J. Taupiac, mais 

que n’utilisent guère les écrivains. Je donne ma position p. 254. 

Enfin, sous l’étiquette de « Norme précisée » est admise la tolérance, pour le languedocien 

méridional, de noter le /#/ par ish, privilège jusque là réservé au gascon comme règle normale. Il est 

ainsi mis fin à la tentative de certains grammairiens occitans qui auraient volontiers supprimé ce 

“privilège” gascon. Sur le fond, l’idée avait été écartée avec pertinence par J. Boisgontier, approuvé 

par J. Taupiac (chapitre « 4 Le graphème ish en occitan de Gasconha » de la plaquette I.E.O. 

Document de trabalh de l’estiu de 1979) : on ne peut noter de la même façon los reis [re"s] “les 

rois” et los peis [pe#] “les poissons”, ou encore plegadís [ple5a'dis] “flexible” et lo pis [pi#] 

“l’urine”. Cela n’avait pas convaincu R. Teulat qui croyait voir « dans la défense de -ISH- quelque 

chose de sociologique (défense de l’identité gasconne par le biais d’une différence d’écriture) » et 

voyait avec crainte l’extension possible de cette graphie au languedocien du sud et même au 

limousin (Q.L.O. n° 9, p. 76). C’est pourtant ce qui est décidé ici pour le languedocien du sud, qui 

peut enfin noter sa prononciation autochtone. 

24 – L’apport d’André Hourcade à la graphie classique (1986) 

La Grammaire Béarnaise d’André Hourcade est précieuse pour la construction de la phrase 

béarnaise, mais ne traite ni de phonétique ni de graphie. Et elle a l’avantage de venir d’un auteur 

modeste qui cite scrupuleusement les maitres qui l’ont précédé et situe sa réflexion dans leur 

sillage. Au détour d’une phrase, d’un exemple, cependant, j’ai pu noter quelques points qui 

affectent la graphie (classique), d’autant plus intéressants qu’ils viennent d’un Béarnais locuteur 

naturel 27 en même temps que grammairien réfléchi. 

p. 63, un o ua volentari : l’auteur admet en béarnais la graphie épicène de ce genre de mots 

paroxytons terminé en -i, graphie qui correspond exactement à la prononciation épicène. Dans son 

introduction aux Psaumes de Salette (1483-1983, XXIX) R. Darrigrand écrit aussi lenga vernaculari. 

p. 71, beròjas que d’autres notent beròias; la question sera examinée pp. 254-260. 

p. 75, possessifs (sans l’article) mons, tons, sons; M. Grosclaude (1977, 39) et le Mémento 

grammatical du gascon (1989, 43) donnent mos, tos, sos; or s’agissant de proclitiques, le ns sera lu 

comme intérieur, donc [ns], et non comme final, [s]. En fait, si l’on se réfère aux cartes 2352 et 

2355 de l’ALG VI, le Béarn, comme les deux tiers du domaine adossé aux Pyrénées, ne connait que 

des formes avec article; ailleurs, on ne trouve [n] qu’en un ou deux points, une légère nasalisation 

du [o] en quelques autres; A. Hourcade pourrait s’être trompé sur ce point. 

p. 89, pronom ac/at : devant le polymorphisme de ce démonstratif, A. Hourcade se prononce 

27 …jusqu’à colorer son français par sa langue maternelle, p. 62 : « Les considérations qui précèdent, pour aussi 

intéressantes qu’elles soient… »; c’est rare en français (Grévisse, n° 1092, a, 5°), mais c’est du pur béarnais : « per tan 

interessantes qui síen ». On a plaisir à le constater.


nettement pour la graphie at en Béarn et partout où l’on dit [at]; on ne saurait que l’approuver, 

aucune règle générale de lecture ne permettant de lire -[t] ce qui est noté -c. 

p. 92, pronom ne/en : en citant largement Bouzet, A. Hourcade délimite très clairement les 

cas (rares) où la graphie en est “correcte”; c’est-à-dire dans des tournures comme « da-l’en », « tà 

l’en balhar » qui ne sont en usage que vers l’ouest (Landes, Orthez, Salies, Bas-Adour…); mais on 

a vu, p. 154, que pour Séguy, c’est un « faux problème ». 

p. 119, féminin en -a des adjectifs en -e : contrairement à son choix sur volentari épicène, 

comme sur les adjectifs en -au (< -alis), également épicènes (p. 118-119), l’auteur entérine ici les 

féminins en -a prononcé -[e] en ajoutant « ceci n’est qu’une norme graphique »; ce n’est pas très 

cohérent… et c’est désastreux pour la transmission de la langue, comme nous l’avons déjà noté p. 

160. Au demeurant, p. 124, l’exemple tiré de Despourrins « Tau medish tendre com l’arrós » 

affiche un tendre épicène, puisqu’il s’agit de la femme aimée : Coum lou Sou, claréyante qu’ère, / 

Taü médich téndre coum l’arrous dit l’édition Vignancourt de 1886, p. 5, Elle était lumineuse 

comme le soleil, aussi tendre que la rosée. Chassez le naturel… 

p. 140, sur les verbes en -ir passés à -ar comme exigir/exijar; bien que ce soit ici une question 

de langue et non de graphie, je crois utile de citer une réflexion de bon sens de cet auteur, qui va à 

contre-courant des tendances archaïsantes de l’occitanisme; certes, il part d’un faux constat, ayant 

cru trouver un verbe « autregir » dans le For de Morlaas (cité par Lespy dans sa Grammaire, p. 

107) qu’il oppose à « autreyar » d’une lettre de la Princesse de Viane de 1480 du même livre, p. 

119; or le For porte « autregi », “j’accorde”, forme du verbe autrejar, qui, comme octroyer, vient 

du latin auctorizare citée par Lespy; mais la suite est juste : de Lespy (qui, il est vrai, collectionnait 

les formes anciennes) à Palay, les formes en -ar variantes de -ir ont le plus souvent été remplacées 

par les seules formes en -ar. Et d’ajouter : 

« On pense généralement que cette évolution est due à l’influence du français : en 

effet, les verbes français correspondants sont du 1 er groupe (octroyer; exiger; décider; 

corriger; etc...). Cela est certainement vrai, mais n’y aurait-il pas aussi le fait que les 

verbes ainsi transformés sont plus faciles à conjuguer et, tout simplement, à dire que sous 

leur forme première ? » 

Au demeurant, les grammairiens de Per Noste privilégient pour les trois groupes les 

subjonctifs en -i — ceux de la région d’Orthez — parce que plus faciles à conjuguer que ceux 

venus du latin, en -e pour les verbes en -ar, en -a pour ceux en -e et en -ir; n’est-ce pas la même 

démarche vers la facilité ? Mais sur la question des subjonctifs, précisément, A. Hourcade est d’un 

avis opposé, et parfaitement justifié (p. 158). 

p. 150, futur et conditionnel des verbes en -ar : contrairement à son attitude pour le pronom at 

noté selon la prononciation, mais en accord avec le -a féminin lu -[e], A. Hourcade ne connait que 

les formes écrites en -a- (aimarèi, aimaràs…) : « le “a” […] se dit fréquemment “é” : [qu’aimérèi, 

aiméràs…] et même “i” dans certains cas [qu’anirèi, aniràs…]. »; mais il oublie de mentionner ces 

prononciations dans le tableau de conjugaison d’aimar (p. 324). Ici encore, c’est la mort programmée 

de ces formes, qui sont celles de plus des trois-quarts du domaine gascon (ALG V, 1725), 

comme le reconnait l’auteur pour le conditionnel : « dans la plupart des régions » (p. 163). 

Il y a donc quelques ombres au tableau dans cette grammaire, mais on peut apprécier 

globalement la démarche de l’auteur, en recherche d’une graphie qui respecte l’authenticité de la 

langue gasconne et béarnaise.


25 – Une critique d’ouvrage par Jean Salles-Loustau (1986) 

Jean Salles-Loustau a très peu publié, même quand il était à la tête des Reclams, de 1984 à 

1990, mais cela s’explique sans doute par ses occupations professionnelles et la préparation de sa 

thèse sur Camélat, non moins que par la charge d’une revue à laquelle il avait su donner une belle 

tenue. 

Il a néanmoins signé quelques critiques de livres et un ou autre article, et on peut logiquement 

lui imputer les critiques et billets anonymes publiés sous son contrôle de directeur de la revue. 

Nous nous arrêterons ici sur sa critique (Reclams 7/8/9-1986, pp. 200-201) de la réédition en 

graphie classique occitane par André de Gavaudan de l’Anthologie populaire de l’Albret de l’abbé 

Léopold Dardy (1826-1901). Bien que non centré sur la graphie, ce qu’il en dit mérite à mon sens 

d’être examiné, comme un état de la pensée d’un enseignant béarnais appelé à exercer 

d’importantes fonctions dans l’enseignement officiel des langues dites “régionales”. 

Il se réjouit d’abord de cette transcription en graphie classique qui « met à notre disposition 

tout en le rendant lisible par tous un texte à la graphie souvent malheureuse ». Mais il ajoute 

aussitôt : « Cependant, ceux qui voudront étudier l’œuvre de l’abbé Dardy ne pourront s’épargner 

de revenir sur l’édition originale. » Certes, poursuit-il, il ne s’agit pas d’une édition critique, ce 

n’était pas le but de l’éditeur. « Mais entre le reprint, qui laisse au texte les fautes parfois les plus 

honteuses et ne permet pas une lecture facile, et la normalisation qui pose d’autres problèmes aussi 

ardus, il faudra trouver des solutions pour l’édition de l’écrit occitan. » 

En fait, cette “normalisation” sera en quelque sorte interdite par l’arrêté du 15 avril 1988 relatif 

aux programmes de langues régionales des lycée, puisque les dispositions générales pour la Langue 

d’oc stipuleront : « Les œuvres et les documents seront […] présentés en respectant strictement la 

graphie d’origine […] » (cf. alinéa complet de l’arrêté p. 196), sans pour autant faire obstacle à la 

correction en renvoi des aberrations graphiques dues à une mauvaise analyse grammaticale ou aux 

hésitations mêmes de l’auteur. 

Mais revenons à J. Salles-Loustau de 1986. Il remarque que malgré l’affirmation de n’avoir 

changé aucun mot, l’éditeur « se laisse mener parfois par un souci de normalisation linguistique », 

et de donner en exemple la substitution du pronom neutre at par sa forme ac, alors que la première 

est « majoritaire dans les textes littéraires ». 

J’en tire deux conclusions, quant à la pensée de J. Salles-Loustau : 

– la graphie ac ne peut être considérée comme “englobante” par rapport à la prononciation 

[at] que représente la graphie at; c’est évident pour qui a bien compris ce qu’est une “graphie 

englobante” : ses diverses réalisations dans l’espace doivent en un même lieu être identiques pour 

toutes les occurrences; or en bien des endroits, ac serait le seul mot dont le -c se réaliserait -[t]; 

– la référence est dans les textes littéraires; est ignorée la prononciation locale actuelle — ou 

tout au moins des années 1940-1965 — telle que l’ALG VI, 2257 l’a recueillie. 

J. Salles-Loustau poursuit en reprochant à l’éditeur d’avoir considéré comme “francismes” 

des formes telles que reson, seson, fantesia {raison, saison, fantaisie} car le passage à [e/œ] du a 

prétonique est tout à fait naturel dans une partie du domaine gascon. 

Mais là où le critique s’aventure trop loin, c’est quand il considère que la “norme” permettrait


d’écrire a ce a devenu [e/œ]. On verra p. 248 que cela ne correspond à aucune norme existante et 

qu’une norme nouvelle qui en déciderait serait impraticable. 

Accessoirement, J. Salles-Loustau signale que Palay, qui indiquait les formes en -e- aussi 

bien que celles en -a-, plaçait celles-ci en premier, laissant entendre qu’il leur donnait ainsi la 

préférence. Certes, c’est la première idée qui vient à tout utilisateur d’un dictionnaire. Mais, Palay 

s’est formellement récusé de vouloir donner aucune préférence linguistique (deuxième alinéa de 

l’Avertissement pour se servir du dictionnaire et P.S. de la Conclusion); et si l’on y regarde de près, 

les variantes d’une même entrée sont toujours données dans l’ordre alphabétique, comme lorsqu’on 

veut citer plusieurs personnages sans vouloir en vexer aucun; donc rason avant reson… mais aussi 

desbenadì devant desbenedì plus proche de l’étymon, ho devant hòu, etc.; que la variante en -a- 

précède celle en -e- n’a pas d’autre signification. 

J. Salles-Loustau félicite enfin l’éditeur de ne pas s’être laissé entraver par les usages graphiques 

et d’avoir écrit que vs’apena {vous chagrine} ce que Dardy notait qu’étz apéno pour une 

prononciation [ketsa'peno]; en effet, l’usage est de noter v seul devant voyelle « quelle que soit la 

prononciation » observe J. Salles-Loustau, alors que dans la même position, le pronom de la 4 ème 

personne reste ns; c’est là une dissymétrie qu’il ne comprend pas et il « profite de l’occasion pour 

proposer aux grammairiens » de s’interroger sur ce problème. 

J’ai personnellement une autre façon de voir les choses, que j’expose p. 302 : là où la 5 ème 

personne se réduit à [b/be] ou [p/pe], il faut s’en tenir à la norme de R. Darrigrand dans Comment 

écrire le gascon : en forme asyllabique, v seul, qu’il soit suivi de consonne ou de voyelle : que’v 

trompatz comme que’v agrada et ve en forme revocalisée : estujatz-ve; mais là où la 5 ème personne 

s’entend [1] c’est évidemment le vs qui s’impose. 

Je préfère donc retenir de cet article deux orientations de la pensée de J. Salles-Loustau à ce 

moment de sa carrière : ne pas normaliser la langue d’un auteur sous le couvert d’une normalisation 

graphique, et respecter la prononciation effective, même si les usages paraissent contraires. Avec 

cependant un regret, que l’ALG n’ait jamais été cité. 

26 – Le document de l’I.E.O. de juillet 1989 

Ce document, amputé de sa date et des signatures, a été annexé à une note de J. Taupiac 

publiée à la p. 7 du Supplément au n° 46 - Nov.-Déc. 1991 d’Occitans ! Avec date et signatures, il 

est inséré p. 441 du Diccionari de mila mots du même auteur, publié en 1992. 

Comme celui de 1985, il est censé ne modifier en rien les normes en vigueur, mais seulement 

rappeler l’orthodoxie de 30 points. En fait, comme on peut le voir en Annexe XIII, ces points ne 

sont représentés que par des exemples, sans autre explication que le souligné de la partie du mot 

affectée par la norme; c’est au lecteur de comprendre… Or c’est souvent par méconnaissance de la 

norme que l’on pèche… et le lecteur non averti risque de le rester. Je n’en retiens ici que 5 points 

dont les 4 qui modifient la norme en vigueur. 

18 – La femna, lo ròtle, Magdalena, regde 

[Pour les trois premiers, rien de neuf; mais regde remplace le redde d’Alibert.] 

19 – Lo trasfoguièr; transcriure 

[Alibert, Dic., donne trascriure, trasportar… Désormais, trans- opposera les mots de formation 

savante à ceux de formation populaire, notés tras-, mais cela ne facilitera pas la lecture supposée


unique en [tras].] 

20 – Quand, quant, nud, lo nebot 

[Malgré les apparences, les documents préparatoires ne permettent pas d’interpréter ce n° 20 

comme l’extension de quand au gascon qui note quan : c’est le même rappel que celui du n° 3 - 

Nud de la 2 ème série de 1985 (cf. Annexe XIII).] 

25 – La foncion, lo santuari 

[La simplification du type fonccion > foncion, sanctuari > santuari, qui correspond à la 

prononciation observée partout, avait été proposée par J. Taupiac dans la brochure de préparation à 

une réunion du Secteur de linguistique qui devait se tenir à Nîmes en aout 1988 : « foncion, 

subjontiu »; il s’y référait à la p. 25 de la Synthèse des réponses évoquée à propos des décisions de 

1985 (cf. Annexe XIII). Il devait y revenir avec un bon argumentaire dans le document préparatoire 

à la réunion de juillet 1989. Il a donc été suivi, mais il s’agit bien d’une norme nouvelle, et non de 

la confirmation d’une graphie déjà officielle.] 

28 – La qualitat; l’eqüacion, qüate (occitan de Gasconha) 

[Pour rendre /kwa/, ignoré de La réforme…, L’application… avait prévu « q(a » ou « qúa » ; 

mais ces signes diacritiques avaient été abandonnés dès 1956 par un article de P. Bec publié dans 

les Annales de l’I.E.O. On voit ici apparaitre un tréma, qui ne semble pas rallier davantage les 

auteurs que les signes écartés par P. Bec; ainsi, les dictionnaires récents ne l’utilisent pas (ci-après, 

Atau que’s ditz, p. 175; Narioo et autres, p. 185).] 

27 – L’apport du Mémento grammatical du gascon (1989) 

Écrite par deux enseignants comme celle de A. Hourcade, Jean-Pierre Birabent et Jean Salles- 

Loustau, cette grammaire ne prétend pas modifier la graphie classique en usage dans leur milieu 

professionnel. Mais comme la précédente, elle nous livre discrètement quelques nouveautés : 

La première, déclarée dès la p. 10 comme l’application d’une « réforme graphique préconisée 

par la commission linguistique » de l’I.E.O., c’est l’alignement de l’accentuation des troisièmes 

personnes du pluriel sur celle de reste de la langue : càntan / cantaran au lieu de cantan / cantaràn. 

C’est une excellent chose… mais en fait, l’I.E.O. n’a jamais adopté cette réforme de bon sens, 

pourtant appliquée dès 1977 par J. Taupiac (Pichon Diccionari francés-occitan). 

Une autre, non signalée, mais aussi heureuse, c’est l’écriture du -d amuï après n dans des 

mots comme quand (pp. 14, 22), grand (pp. 22, 28), arrond (p. 64); ou, p. 48, de -t à l’occitane 

dans ont (< unde). Cela permet de lire sans difficulté le -n- dental, le -d étant muet; pourtant, on 

s’étonne de lire, p. 22, « quand [kwant] ou localement [kwan] » alors que l’ALG IV, 1540 ne donne 

nulle part la première prononciation, et seulement [kant] devant voyelle en trois points d’enquête. 

Corrélativement, la règle du féminin y est adaptée : -nd- > -n- (p. 28). 

La vocalisation du l en u après o atone est judicieusement notée dans soutada, títou (p. 21). 

Par contre, on ne facilitera pas l’apprentissage de la langue en écrivant deumau au lieu de 

domau (Civadot) ce qui se lit [du'maw] (p. 21), ou par la liste à apprendre des mots en -n dental (p. 

23) et en -r qui se prononce (ib.). Prononcer aur [%r] et tresaur [tre'z%r], c’est appliquer une 

prononciation française à une graphie gasconne médiévale (et encore, c’était tesaur < ‘thesauru’, et 

non *tresaur); en réalité, il faut écrire tout simplement òr et tresòr, ou prononcer comme autrefois 

[aw] et [te'zaw]; par ailleurs, fòr était foo dans l’ancienne langue, donc [f%] (mot savant en [f]) et 

non [f%r] qui est ici aussi une prononciation française.


On doit sans doute à J. Salles-Loustau lui-même les graphies vse ou vs du pronom complément 

de la 5 ème personne, graphies qu’il suggérait dans sa critique d’ouvrage de 1986 (ci-dessus, p. 

166); elles se réalisent respectivement en [pe] et « [p] généralement » (pp. 24 et 59); mais que que 

vs’esmav se dise « [képéz'map] » et caratz-vse, « [ka'rappé] » sans trace du -s- relève de l’acrobatie 

phonétique, le -s- étant l’une des consonnes les plus résistantes. Il ne semble pas que cela ait fait 

école, et tant mieux pour la facilité de lecture… J’y reviendrai avec mes propositions, p. 302. 

Mais vers la simplification, on lit cincanta, cincantau (p. 47); M. Grosclaude (1977, 42) et 

autres, cinquanta. La graphie ballèu est admise au côté de bèthlèu (p. 64). On lit magement p. 66, 

ce qui sape la graphie en -r de mager; au demeurant, ce comparatif présenté comme épicène a bel et 

bien un féminin analogique maja dans l’est gascon (ALG IV, 1572, réponse supplémentaire à 

Dému dans le Gers, fém. [·maJo]), qui achève de “déstabiliser” le -r… 

ac est la seule graphie retenue pour le pronom neutre (p. 59) alors que ses deux réalisations 

majoritaires sont pour moitié en [at] et autant en [ak] (ALG VI, 2257); pourtant, dans sa critique 

d’ouvrage de 1986, J. Salles-Loustau s’était nettement opposé à cette “normalisation” (voir plus 

haut, p. 165); on peut regretter qu’il ait changé d’idées, d’autant que cela ne rapproche même pas le 

gascon de l’occitan qui ignore ce pronom (Alibert, 1935, 1966, 66). 

Le domaine de la prononciation en [w] du -v- intervocalique est mal cerné, tant géographiquement 

(voir plus bas) que linguistiquement (p. 24) : restent en [.] beaucoup d’autres mots que les 

composés dont alavetz est emblématique; mais le sujet est complexe et m’a couté deux mois de 

travail pour y voir à peu près clair (Lafitte, 2003-1), ce qui excuse grandement les auteurs. 

Ceux-ci mentionnent p. 25, sans la rejeter, l’idée déjà évoquée de certains linguistes de faire 

disparaitre de la graphie du gascon la notation particulière de /#/ par (i)sh; c’est pour le moins 

étrange, puisque cette idée a été écartée par extension de ce graphème gascon au languedocien 

méridional (cf. p. 163). 

Sur les futurs et conditionnels des verbes en -ar, on apprend que ces verbes « modifient 

parfois la prononciation de la finale de leur radical de [a] en [é]. Ex. Cantarèi : [kantarèy] ou 

[kantérèy]. » (p. 92); idée reprise au tableau du verbe cantar (p. 118) : « la prétonique A est parfois 

prononcée [é] […]. »; or « parfois » employé par deux fois est temporel, non spatial; ce qui suppose 

une altération accidentelle dans le cours de la parole d’un même locuteur qui dit ordinairement [a]; 

on comprend dès lors que pour les auteurs, cela ne mérite pas d’être écrit… Or nous savons que 

cela touche de façon systématique les deux tiers du domaine (ALG V, 1725 déjà cité) et que cela 

n’est qu’un cas particulier du traitement gascon du a prétonique en [e], dont J. Salles-Loustau avait 

bien eu conscience dans sa critique d’ouvrage de 1986 (voir plus haut, p. 166). Mais déjà, il pensait 

que cela n’avait pas à être écrit. 

Il semblerait en outre que malgré leur intention de faire un manuel non localisé et ouvert sur 

un gascon commun (p. 9), les auteurs n’ont pas disposé de l’ALG et que, pour localiser les 

variantes, ils se sont parfois fiés à leurs souvenirs et à leur expérience de locuteurs et de professeurs 

d’“occitan”. Ainsi pour la prononciation [œ] du -a féminin posttonique, limitée à l’ouest du Béarn 

(p. 20), alors qu’elle couvre la moitié nord-ouest du domaine (ALG VI, 2161); pour celle de -n en 

["], localisée « en Gascogne orientale » (p. 23), alors qu’elle est celle de plus des deux tiers du 

domaine, de Bayonne à la Pointe de Grave et de celle-ci au Val d’Aran, ne laissant à l’amuïssement 

que le front Pyrénéen, sans la haute vallée de la Garonne : Béarn, la Bigorre, les Quatre-Vallées et


le Couserans (ALG VI, 2170); et encore, la méconnaissance déjà évoquée de l’étendue de la 

prononciation en [e] des futurs et conditionnels des verbes en -ar (ALG V, 1725); méconnaissance 

aussi du domaine de la prononciation du -v- en [w], d’où sont oubliées la Gironde (sauf Bordeaux 

et l’Entre-deux-Mers) et même la Bigorre (sauf le Barège-Lavedan) de M. Birabent (ALG VI, 

2101). 

Finalement, on a le sentiment que les auteurs, pris par leur métier, ont réalisé un ouvrage 

nécessaire et utile, mais sans le temps ni peut-être les moyens proportionnés. En tout cas, sur la 

graphie, on trouve quelques innovations intéressantes, dans le sens de la cohérence du système 

(accentuation des 6 èmes personnes, dentale muette notée après -n, graphies soutada, títou), et 

d’autres contestables, inspirées semble-t-il par un esprit de système qui se préoccupe peu de la 

réalité de la langue; de toute façon, un certain bouillonnement intellectuel qui aurait appelé 

discussion dans une sorte d’académie… qui reste à créer. 

28 – La graphie classique du gascon d’Aran selon Joan Coromines (1990) 

Tandis que se préparaient, s’adoptaient, puis se mettaient en place les normes orthographiques 

officielles de l’aranais, le romaniste catalan de renommé internationale Joan Coromines 

mettait en forme ses travaux des années 20 et 30 sur ce parler. Ainsi paraissait à Barcelone, en 

1990, El parlar de la Vall d’Aran - Gramàtica, diccionari i estudis lexicals sobre el gascó, fort 

volume de près de 800 pages d’une typographie serrée. Et là, Coromines se souciait des normes 

officielles comme d’une guigne, écrivant l’aranais suivant une norme propre, avec des traits 

catalans (ny pour /'/, la canya; x pour /#/, la maixera), mais s’en éloignant nettement sur plusieurs 

points : lh pour /&/ et non ll, suppression du -r amuï (pastó, goardà), gascon et Arann contre gascó 

et Aran, /gwa/ noté goa contre gua, etc. 

Cela devait susciter une vive critique de la part de Xavier Lamuela, professeur à l’Université 

libre de Barcelone et qui avait été un membre très actif de la commission de normalisation, Joan 

Coromines antinormista (El País, dijous 3 de gener de 1991); en gros, malgré son savoir immense, 

Coromines était un spécialiste totalement étranger à ce que peut être une normalisation linguistique 

: « Tout laisse entendre que Joan Coromines n’a même pas accordé cinq minutes de réflexion à 

la planification linguistique et qu’il en ignore la notion même. » Tout est dit dans cette phrase : 

Lamuela et Coromines ne sont pas sur la même planète. L’un est un planificateur volontariste, 

l’autre un linguiste attentif à une langue vivante qu’il entend pouvoir écrire de la façon la plus 

fidèle possible. D’où aussi les critiques virulentes de Coromines (il n’avait pas la plume tendre) 

contre ce qu’il considérait comme de graves erreurs du système d’écriture occitaniste appliqué au 

gascon. Par exemple, dans la non-différenciation que j’ai déjà signalée entre le -n vélaire de pan 

(pain) et le -n dental de pan (de mur); lui, il note le second pann, selon l’étymologie pourtant si 

souvent invoquée par les théoriciens occitaniste (cf. ma note du mot PAA, 4 dans ma réédition du 

Lespy). Et de la même façon, Coromines écrit tòrr (gel), querr (gauche), etc. 

Ainsi, Coromines laissait, comme une sorte de testament, une mine d’informations sûres sur 

la langue de ce petit canton, qu’il ne sépare jamais du reste du gascon, et des pistes tout-à-fait 

dignes d’intérêt pour une amélioration cohérente de la graphie classique de tout le gascon.


29 – Les Fiches de grammaire d’occitan gascon normé (1995) 

C’est dans la continuité du Mémento grammatical du gascon qu’un groupe de professeurs a 

conçu les Fiches de grammaire d’occitan gascon normé (cf. pp. 70-71). Comme déjà dit, le volume 

1 paru en 1995 traite de « Prononciation et graphie - Conjugaisons ». Même si ces fiches n’ont eu 

guère d’impact sur le public gasconophone, elles ne peuvent être ignorées de qui s’intéresse à 

l’écriture du gascon et à sa prononciation. Voici donc ce qui m’a paru devoir être signalé. 

Tout d’abord, la Préface entend rééquilibrer vers le nord un enseignement basé surtout sur des 

livres élaborés dans le sud, avec la perspective d’arriver un jour à un « gascon véhiculaire »; mais il 

n’est pas caché que « l’ouvrage contribue à ancrer le gascon dans la langue qui, des Alpes aux 

Pyrénées, nous réunit […], l’occitan. » On appréciera l’impasse totale faite par ces universitaires 

sur tout ce que d’autres universitaires français et étrangers, parmi les plus éminents, ont pu écrire 

sur le gascon, langue très proche de l’occitan, certes, « mais spécifique (et ce dès les origines), au 

moins autant que le catalan » (Bec, 1973, 26). 

L’Avant-propos donne les références fondamentales en matière de graphie : le système 

d’Alibert adopté par l’I.E.O., mais avec quelques évolutions : si l’h muet est écarté (veïcul, coòrta), 

le -z- de realizar est maintenu alors que l’I.E.O. l’avait remplacé par -s- depuis 1976 (cf. p. 158). 

La Première partie traite de « Prononciation et graphie de l’occitan gascon ». Je relève les 

nouveautés suivantes : 

Si L’application… de 1952, seul document officiel de l’I.E.O. pour le gascon, n’hésitait pas à 

définir « l’alphabet gascon » (cf. Annexe XIII), les Fiches ne connaissent plus que « L’alphabet 

occitan qui sert de base à la graphie classique de l’occitan gascon est composé de 23 lettres » (p. 

21); on note le pas idéologique, mais cette formule alambiquée laisse filtrer la gêne des auteurs 

quant à la place du gascon dans l’occitan : si le gascon était vraiment de l’occitan, il suffisait 

d’écrire « L’alphabet occitan est composé de 23 lettres »… 

Plus concrètement, les Fiches introduisent les lettres K, W et Y pour noter certains mots 

empruntés à d’autres langues; mais c’est « à côté de formes en orthographe occitane consacrées par 

l’usage (whisky/oïsqui…). » (p. 21). Au demeurant c’est la solution catalane dont les Diccionaris de 

l’Enciclopèdia ne connaissent que whisky, edelweis… 

Moins heureux est le maintien de la polyvalence traditionnelle du ch qui vaut [0] dans chanca 

et [#] dans chivau (p. 22) : il faut savoir que le mot vient du français pour lire [#]. 

La séquence sh valant [sh] est notée s.h (p. 22); cela n’a jamais été prévu par L’application…, 

et l’exemple des.huelhar est mal choisi, car deshuelhar suffit, opposé à deishar où l’on voit bien 

que c’est le trigramme ish qui est nécessaire pour noter /#/. 

L’accent aigu sur le i de vesía, haría est maintenu pour noter l’amuïssement du -n- 

étymologique (p. 24), alors que le Civadot l’avait supprimé; j’y reviendrai au Chapitre V, p. 315. 

C’est aussi un accent aigu qui est utilisé sur le u après g pour l’en dissocier et éviter la 

prononciation [gw], avec pour exemple lagúa [la'5yo, -œ] (p. 24); le cas n’est pas expressément 

prévu par L’application…, mais a toujours été traité jusque là par un tréma, et c’est encore la 

solution adoptée par G. Dulau (1994, p. 161), Y. Vidal (2000, p. 24 et 154) et par J. Miró dans 

Arnaudin (2001) (lagüa); au demeurant, le ú pourrait noter ici la chute du -n- intervocalique 

comme dans haría…


Corrélativement sans doute, qua prononcé [kwa] est noté sans tréma ni autre signe 

diacritique, (p. 37) malgré L’application…, mais selon le choix du Civadot (cf. p. 161). 

On appréciera la place faite aux voyelles du “gascon noir” (p. 30), parler le plus souvent 

ignoré des auteurs. 

Est étonnante la graphie païs logiquement transcrite ['pais] (p. 33), alors que la prononciation 

majoritaire sinon exclusive est [pa'is] écrit país. Et ne parlons pas de arab correctement transcrit 

[a'rap] (p. 34), mais que seuls les étudiants dégasconisés ou désoccitanisés prononcent ainsi ! Les 

quatre dictionnaires gascons en usage (le Palay, le Civadot, Atau que’s ditz et celui d’Y. Vidal) ne 

donnent que arabe, seul aussi préconisé en occitan par J. Taupiac (2001), p. 76. 

Pour le -v- intervocalique prononcé [w] (p. 37), rien n’est dit du fait que cela ne touche 

qu’une partie des occurrences, ni à la possibilité ouverte par L’application… de le noter par -u-. 

La prononciation “normale” du groupe intervocalique -rs- est [s] en toute position, [rs] 

n’étant que « minoritaire et non normative » (p. 39); pourtant, Palay qui ne note pas les consonnes 

muettes compte plus de 300 entrées en -rs-, et même 56 en -rs, dont très peu ont une variante en -s- 

seul; c’est le cas en particulier des nombreux dérivés des latins cursu, morsu, torsu, versu…; au 

demeurant, le catalan qui connait le même traitement phonétique, oppose bossa (“bourse”, sorte de 

sac) à borsa (des valeurs). 

On note avec intérêt les « prononciations savantes » des graphèmes ct, pn, tl et tn prononcés… 

comme ils sont écrits (p. 40); c’est en effet un paradoxe, alors que le système archaïsant de la 

graphie classique use des mêmes graphèmes pour des réalisations populaires que le lecteur 

ordinaire a du mal à retrouver : les « prononciations savantes » sont infiniment plus simples que la 

prononciation « populaire » des graphies « savantes » ! 

La Seconde partie de l’ouvrage est une tentative de normalisation des conjugaisons. Pour 

celles aux formes multiples, les idées qui ont présidé au choix ont été exposées dans l’Avantpropos; 

elles sont tout à fait raisonnables à priori, tout reposant sur les données de l’ALG que l’on 

doit au regretté Pr. J. Allières. Et la recherche d’une « communicabilité panoccitane » n’est pas 

oubliée; pourquoi pas, si l’on ne devient pas illisible par les locuteurs gascons pour pouvoir être lu 

par les intellectuels de Nice ? 

Pour ce qui est de la graphie de ces conjugaisons, nous constatons ici aussi une confusion entre 

normalisation graphique et normalisation linguistique : pour les verbes en -ar, je n’ai pas trouvé 

trace de leurs imparfaits en -èv- seuls attestés pourtant dans une vaste zone couvrant presque toutes 

les Landes et la Gironde (ALG V, 1685); on ne trouve que la forme “régulière” en -av-; mieux lotis, 

leurs futurs et conditionnels en -(e)r- qui occupent la majorité du domaine (ALG V, 1722) sont 

évoqués p. 46; mais ne sont jamais écrits tels quels, étant représentés par les formes “régulières”… 

et minoritaires en -ar- dont il est dit que la prétonique a peut se prononcer [a], [e] ou être contractée 

» (p. 64). Ce n’est pas être excessivement pessimiste de prévoir qu’ils ne seront plus enseignés 

par les professeurs formés à partir de ces Fiches ! En revanche, pour les verbes “irréguliers” béver 

et caler, les formes contractées beur- et carr- sont choisies comme “normatives”, et les formes 

“régulières” comme variantes, mais avec le droit d’être écrites : bever-, caler-. Pourquoi n’en a-t-on 

pas fait autant pour les précédentes ? 

Nous observons aussi que la désinence du futur du passé est vocalisée en e (p. 46), comme


dans toutes les grammaires, certes, mais malgré le choix personnel de J. Allières qui la vocalisait en 

a, forme dominante dans une assez grande complexité (ALG V, 1684); il donnait ainsi les exemples 

« que sabí que vengora, […] que’s demandava se vengora » (ALG V, 1616). 

Une remarque générale enfin, les formes présentées sont la plupart du temps localisées par 

des orientations géographiques : nord, sud, sud-ouest… Le critique anonyme de Reclams (très 

probablement Jean Eygun, alors directeur de la publication) y voyait 

« comme une peur de mentionner clairement les noms de régions très anciens comme 

Béarn, Landes, Armagnac, Comminges, Bigorre, Médoc qui n’apparaissent jamais, ou 

presque. Nous ne sommes pas certains que les réalités (socio)historiques et 

(socio)linguistiques puissent se cacher si facilement sous des expressions comme “sudouest 

du domaine” ou “sud du domaine” » (Reclams, 4/5/6-1995, p. 85). 

Et les renvois nombreux à l’ALG, pour précieux qu’ils soient, font regretter que les auteurs 

n’aient pas eu les moyens de présenter des cartes schématiques, comme celles d’Atau que’s ditz, car 

rares sont les lecteurs qui ont l’ALG à portée de la main. 

Pour conclure, nous avons affaire à un travail sérieux qui a tenté de mettre de l’ordre dans un 

domaine particulièrement complexe, surtout pour ce qui est des conjugaisons. D’autres choix sont 

possibles, et M. Grosclaude et G. Narioo l’ont montré avec leur Répertoire des conjugaisons 

occitanes de Gascogne (1998), mais en discuter sortirait de mon sujet. 

En revanche, les choix orthographiques hors normes, qu’on les approuve ou les critique, montrent 

que bien peu se contentent des normes officielles existantes… Et cela, c’est un vrai problème. 

30 – Que parlam, ou l’application de la graphie classique à Bayonne (1996) 

Que parlam, c’est un petit Guide de conversation édité par Aci Gasconha (voir p. 79), 

association partagée entre le désir d’être “dans le vent” en usant de la graphie classique occitane et 

celui de ne pas se couper des locuteurs naturels qui s’y perdent; en témoigne le sous-titre de 

couverture : 

Français : 

nous parlons gascon 

– gascon "maritima" ou de "Baïona" 

– gascoun "maritime" ou de "Bayoune" 

sous-titre qui, à lui seul, vaut tout un discours : d’une part, le fait que le gascon soit désigné deux 

fois, l’une en graphie qui se veut classique, l’autre en graphie moderne; d’autre part, le fait que si la 

graphie moderne est parfaite selon les règles de l’E.G.F., la graphie classique ne comporte pas 

moins de deux “fautes” pour cinq mots (voir le détail plus loin, p. 215). 

C’est une œuvre collective, d’où quelques divergences de fond importantes dans les textes 

d’introduction, divergences qu’il serait cependant hors sujet de présenter ici. En tout cas, conscients 

de leurs limites, les auteurs ont pris l’avis de M. Grosclaude « l’un des meilleurs spécialistes du 

gascon » (p. 13); on trouve donc un extrait d’une lettre par laquelle celui-ci approuve leur 

démarche, en particulier leur « effort pour adapter le gascon de la région de Bayonne et du Bas- 

Adour aux normes orthographiques modernes. C’est l’essentiel. Je n’ai pas à juger du résultat et il 

se pourrait que je ne sois pas toujours d’accord avec le détail de telle ou telle solution adoptée. Mais 

c’est la première fois que cela est tenté […] » (p. 14). Voilà de quoi laisser le linguiste pantois : il 

n’est pas question d’adapter la graphie à la langue, mais la langue à la graphie ! 

Les Bayonnais sont plus rigoureux et leur présentation des graphies assez bien faite pour que


j’en fasse le point de départ de la mienne, en tête du prochain chapitre, p. 193; j’y apporterai là les 

mises au point qui me paraissent indispensables. 

Et comme les auteurs doivent avoir une pratique certaine de cette graphie dans l’enseignement, 

ils ont jugé indispensable de doubler le texte gascon noté dans cette graphie d’une représentation 

phonétique faisant largement appels aux conventions d’écriture du français. 

Pourtant, l’un des auteurs des textes introductifs, pris sans doute d’une ardeur de néophyte en 

faveur de la graphie classique, présente quelques textes médiévaux qui lui paraissent justifier cette 

graphie à l’ancienne; et là, emporté par son élan, il en vient à écrire « les rédacteurs, qui ne sont pas 

des spécialistes de la langue, hésitent sur la rédaction [sic] du son e final dans l’article féminin 

traduit en français par “la” »; et d’opposer le glizie à la place dans les textes reproduits. Puis, 

« Dans le second extrait le rédacteur a “fauté” en écrivant “dou Capito” » (p.38). 

Mais un seul des trois textes, non daté, use de la et seulement de la, allant jusqu’à l’hypercorrection 

avec « del ondrabla Pair…», tandis que les deux autres (1266 et 1170 ?), comme la grande 

majorité des textes bayonnais édités, usent de le et seulement de le. Si hésitation il y a, c’est sur les 

finales féminines, parfois en -a (il ne faut pas perdre de vue que les clercs pratiquaient le latin à 

l’égal du gascon), le plus souvent en -e. Et même non « spécialistes de la langue », ces clercs 

avaient parfaitement compris ce que beaucoup de nos nouveaux clercs ignorent, que l’article est un 

proclitique dont la voyelle n’est jamais “posttonique”, ce qui empêche d’écrire *la ce qui se 

prononce toujours [lœ] ! Quant au dou “fautif”, le critique semble ignorer que c’est la seule forme 

que l’on rencontre tout au long des vieux textes bayonnais (cf. Annexe XXIV, p. 10??). 

Mais assez pour les considérations générales et préliminaires; voyons le corps de l’ouvrage. 

Disons tout de suite qu’en fait, les auteurs ont scrupuleusement suivi les pratiques “occitanes” 

des Béarnais, la langue de Bayonne dût-elle subir quelques contorsions : 

– comme on peut le supposer d’après ce que j’ai dit à propos des textes médiévaux présentés, 

ils écrivent l’article féminin la, alors qu’aucune règle générale ne permet de le lire [lœ] hors de la 

position posttonique… et que les Toulousains écrivent le leur article masculin prononcé [le], ce que 

ne permettrait aucunement la graphie générale lo; 

– comme le feront bientôt les Bigourdans, et à la différence des Aranais (cf. p. 159), ils 

écrivent -òu le produit du latin ‘olu’ qu’ils prononcent -[%]; 

– ils écrivent enqüèra ce qui se prononce [œn'kwarœ] (pp. 105, 123), alors qu’aucune règle ne 

permet de lire qüè [kwa] ! 

– comme les Béarnais, mais à la différence de ce que feront les Bigourdans, ils écrivent 

capítol ce qui se prononce [ka'pitu] (p. 130), alors qu’aucune règle générale ne permet d’amuïr le -l; 

– ils écrivent annada ce qui se prononce [a'nadœ] (pp. 50, 59, 149), alors qu’il est de règle de 

prononcer les consonnes doubles (cf. illusion, immense). 

Mais ils se permettent des coups de canif dans le contrat : 

– la “peur” prononcée [pu] est notée por et non paur (pp. 65, 68 et note 3, p. 69, où les 

auteurs croient que paur se prononce [pa*] !); 

– le “foie” prononcé ['hidjœ] est noté hidge (p. 103); par contre on peut douter de la prononciation 

['m!tjœ] de l’archaïque mètge, probablement “reconstituée” d’après la graphie (p. 104); le 

Livre des Établissements de Bayonne a une rubrique « Dous medges cum deuen iurar a le biele »;


– on lit tabei, sans aucun n (pp. 54, 57, 58, 72, 74 etc.) ce qui se prononce [ta'bœ"]; p. 61, une 

note 1 signale toutefois « Ailleurs : tanben »… sans dire que les deux n y sont muets (ALG IV, 

1551) ! 

– pratic est écrit comme il se prononce (p. 89), contre l’orthodoxe practicament lu pourtant 

[pratikœ'mœn] (p. 153); 

– pramòr, totalement démotivé, est intelligemment écrit en un seul mot (p. 71, 160), au lieu 

de l’étymologique pr’amor; 

– et, bien sûr, de nombreux /o/ en position atone sont notés ò, que le système occitan réserve à 

la syllabe tonique, mais que rien ne permet de noter autrement : còmuns (p. 97), dròguista (p. 110), 

armònia, qui sera lu normalement [ar'moni] et au lieu du réel [armo'niœ] (p. 142), etc. 

À signaler aussi la décision de bon sens que dans un parler qui emprunte tant à l’espagnol, 

notamment pour tout le langage des fêtes et corridas, les mots espagnols sont notés et lus tels quels, 

sans chercher à les gasconiser (p. 158, note 2). 

Mais il serait peu utile de relever les nombreuses erreurs de graphie, souvent imputables à une 

mauvaise connaissance des étymologies, comme les confusions entre v et b (arrebirar, arriva, 

Niba/Niva…), entre c/ç et ss (en.honça), l’oubli de h- (robit pour hrobit); mais aussi la confusion 

déjà évoquée entre -e et -a finals (aceste au fém., atletisma, …), et la méconnaissance d’une règle 

formelle : le son /#/ intervocalique rendu par sh au lieu de ish (còshos, mushar etc.). 

Finalement, un ouvrage intéressant tant par la connaissance du parler de Bayonne que donne 

la notation phonétique intégrale que par les quelques initiatives de locuteurs qui ont préféré adapter 

la graphie à leur langue plutôt que le contraire. Et les erreurs qui leur ont échappé montrent combien 

la graphie classique est un exercice difficile, même pour des « spécialistes de la langue », si 

l’on lit a contrario le jugement qu’ils ont porté sur les clercs médiévaux. 

31 – Le “Conseil de la langue occitane” et ses “preconizacions” de 1997 

Le Conseil de la langue occitane a été déclaré le 1 er octobre 1997 (cf. p. 200), mais avant 

même sa naissance officielle, il s’était réuni et avait adopté, en juin et aout, dix-huit 

“preconizacions” relatives à la graphie et dont l’application par l’I.E.O. fut alors présentée comme 

allant de soi, sans aucune décision d’une instance quelconque de l’Institut. Mais à part la première 

qui est explicite (on écrit obligatoirement l’accent sur la forme majuscule des minuscules 

accentuées), ces “preconizacions” se bornent à donner des exemples dont la lettre affectée est 

soulignée, ce qui n’est compréhensible que par les initiés. Et de toute façon, très peu de nouveautés; 

il s’agit le plus souvent de réaffirmer des décisions antérieures de l’I.E.O., sans toutefois s’y 

référer, ce qui est peu propice à l’intelligence du document. 

En réalité, ce sont dix-sept “preconizacions” inutiles, parce que redites, ou très secondaires, 

qui ne semblent là que pour faire cortège à la seule spectaculaire : alors qu’en 1989, l’I.E.O. avait 

confirmé realisar adopté en 1975, le C.L.O. décide le retour du -z- : realizar. 

Pour le reste, si quelques simplifications rapprochent l’écrit de l’oral (nf remplace mf dans 

sinfonia, trionfar…), d’autres renient encore les confirmations I.E.O. de 1989 et compliquent le 

décryptage de l’écrit : pas d’accent grave sur des o valant [o] en syllabe atone (soudar lu [so*'da]), 

tréma facultatif sur le ü prononcé [w] de linguistica, equacion…, et sur le e de poesie, coedicion…, 

rien ne signalant la diérèse, opposée à la diphtongue de coeta.


En bref, un lot de “preconizacions” sans idée directrice claire, qui mêlent la normalisation de 

la langue à celle de la graphie. Une seule sera retenue en fait, celle du -z- de realizar, que M. 

Grosclaude, qui s’y est aussitôt rallié « par discipline », regrettait expressément : « de telles 

palinodies [après la décision I.E.O. de 1975] ne pouvant en effet que nuire à la crédibilité de 

l’orthographe occitane et rendre plus malaisé son enseignement ». (Avant propos du Dictionnaire 

français-occitan (gascon) de Narioo et autres, 2003, p. 30; cf. p. 185). 

32 – L’apport de Atau que’s ditz (1998) 

Malgré son titre « français-occitan » le Civadot était avant tout un dictionnaire françaisbéarnais 

comme le précisait le « (Béarn ) » accolé à son titre (cf. p. 159). Or l’attachement des gens 

des Hautes-Pyrénées à leur langue et à ses spécificités se satisfaisait mal de cette situation; comme 

ils ne manquaient pas de dynamisme, ils ont entrepris de faire eux aussi leur Dictionnaire 

français-occitan (Gascon des Hautes-Pyrénées), plus communément appelé sous son autre titre 

Atau que’s ditz {Cela se dit ainsi}, et riche de plus de 7 000 entrées françaises (noms “communs” 

seulement). Et ici, c’est le Département lui-même qui a supporté directement l’opération. 

La graphie et sa lecture font l’objet de cinq pages d’introduction (pp. 14-18), dont trois 

seulement de texte, éclairées par trois cartes localisant trois séries de réalisations orales, ce qui 

manque dans la plupart des ouvrages similaires. 

On peut toutefois remarquer quelques incohérences : 

– le premier titre « L’orthographe » ne traite que de la prononciation de certains graphèmes, 

simples ou doubles, nullement de leurs règles d’emploi; 

– il s’ouvre par une déclaration qui entretient sur les questions de graphie la confusion dénoncée 

dans le “Prologue” du présent chapitre : « Les mots […] sont écrits selon la graphie occitane 

moderne », alors que cette graphie se veut “classique”, même si les grammairiens occitanistes l’ont 

quelque peu modernisée… 

– les choix de langue et leur expression graphique ne sont pas toujours distingués de choix 

proprement graphiques (pp. 16 et 18). 

J’y relève quelques choix graphiques non prévus par les documents I.E.O. de 1950-52 ou 

leurs modifications ultérieures, auxquels, il est vrai, il n’est fait aucune référence : 

– le graphème intérieur -th- prononcé « mouillé », alors que l’I.E.O. ne le prévoit qu’en finale 

pour le produit de -ll latin devenu final; 

– ce même graphème -th marque en finale la prononciation « en [tch] en Barousse […] Ex. 

prat/prath. », prononciation explicitement rejetée par L’application…, p. 2 (cf. Annexe XIII, p. 406); 

– le graphème final (et posttonique) -ou est ouvertement présenté comme valant -[u] dans des 

mots comme píbou, “peuplier”; c’est la consécration de l’initiative discrète de MM. J.-P. Birabent 

et J. Salles-Loustau dans leur Mémento grammatical du gascon (cf. p. 169 ci-dessus); 

– le z intervocalique, abandonné par l’I.E.O. en 1975, est rétabli « pour quelques substantifs 

grecs ou arabes »; en fait ce « quelques » ne concerne que cinq mots; mais malgré la “preconizacion” 

de 1997 du Conseil de la langue occitane (ci-dessus, p. 174) les mots en -[iza]- d’origine 

grecque sont tous notés par -s- (voir détail p. 287); 

– est admise l’utilisation de k, w et y pour les mots d’origine étrangère « ceux-ci pouvant 

également être notés en graphie occitane. Ex. whisky, hoísqui (variante graphique) »;


– « La présence de deux “c” après “n” est conservée. Ex. fonccion » (p. 16); c’est le rejet 

partiel du document I.E.O. de juillet 1989 « confirmant » foncion, santuari (cf. p. 167), qui sont les 

graphies du Civadot; mais seulement « partiel », car les auteurs gardent santuari, qui relève 

pourtant du même cas phonétique que foncion. 

En revanche, Atau que’s ditz écarte deux innovations aranaises. Comme en aranais, en effet, 

le produit en finale de ‘olu’ latin est partout -[%] et le pluriel des féminins en -a est en -[es] dans la 

haute montagne; mais tandis que les Aranais le notent (respectivement, -ò et -es), on ne connait ici 

que la graphie générale gasconne (respectivement, -òu et -as) : c’est aux usagers de s’adapter. 

Quant à la réalité pratique du dictionnaire, elle révèle quelques incohérences que nous verrons 

au chapitre suivant (p. 216). 

Constitue néanmoins un “cas” l’étonnante entrée « censé,e adj. cenut,-uda, cenat,-ada. » qui 

doit être lue « sensé,e adj. senut,-uda, senat,-ada. » si l’on en croit le dictionnaire de Palay et 

l’étymologie; quant au correspondant de “censé”, terme savant, Mistral donne sans ambages censa 

(provençal), censat (languedocien); inutile sans doute d’aller plus loin… 

Et en vrac, ce qui peut n’être parfois qu’inattention dans la relecture (je n’ai noté que 

quelques unes des nombreuses erreurs ou manques d’accent graphique); mais aussi des hésitations, 

voire des erreurs linguistiques : 

– “baie” se dit hièstra et “fenêtre”, hiestra; 

– “binette” se dit hosser,-a et “houe”, hossèr,-a : l’outil a le suffixe ‘-oriu’ > -er en gascon, 

-oir en français (“fossoir”), l’agent, le suffixe ‘-ariu’ > -èr en gascon; hossèr = “fossoyeur”; 

– “dernier,-ère né(e) des animaux” se dit arruec,-èga, rachitique, arroèc,-èga. 

– “eh bien !” se dit E be ! (v° bien) et “e ben !” (v° eh bien !); 

– “flasque” se dit moth,-òla et “mou”, moth,-oda; 

– “moule” est motle ou mòtle, mais devient modle dans le syntagme letra de modle, “caractère 

d’imprimerie”. 

– “peu importe !” (v° importer) se dit aquò hrai ! et “tant pis !” (v°pis ou tant), rai !; 

– “pieu, piquet, tuteur” se disent paishet mais l’étymon ‘paxellu’ et le féminin paishèra (v° 

barrage, digue) voudraient paishèth; 

– “poitrine” se dit pièts et “torse”, piètz; 

– “sous-vêtement” se dit sos-vestit et “survêtement”, susvestit (influence du français ?). 

En conclusion, un travail manquant un peu de finition, parfois de cohérence, ceci pouvant 

s’imputer au fait qu’il s’agit d’une œuvre collective de “militants” auxquels il n’est pas toujours 

facile d’imposer les vues d’un “rédacteur en chef”. Mais surtout, un apport important et honnête à 

la connaissance du gascon d’un département où cette langue reste plus vivace qu’ailleurs à travers 

des variétés nombreuses et typées auxquelles les locuteurs n’entendent pas renoncer. 

33 – La graphie classique du gascon selon DiGaM (1998) 

J’ai conté dans le Prologue (p. 6) comment j’ai été été amené à envisager des améliorations 

du système classique d’écriture du gascon afin de mener à bien un projet de lexicographie gasconne 

dans le cadre de la réforme occitane, le projet DiGaM. Tout n’était pas “bouclé” quand le 

centenaire de la mort de Lespy fut l’occasion de rééditer son dictionnaire. Et l’éditeur qui m’y


engageait tenait à en faire une œuvre utilisable en cette fin de XX e s., donc à y ajouter la graphie 

classique. J’ai accepté la gageure, et finalement produit une édition enrichie d’une graphie que j’ai 

voulue cohérente; et par respect des utilisateurs, j’ai justifié mes choix par des explications aussi 

simples que possible. 

Mais je n’en dirai pas davantage ici, puisque le Chapitre IV de cette II ème partie aura pour 

objet de décrire et justifier le dernier état de ma graphie classique DiGaM. 

34 – La II ème série de “Preconizacions” du C.L.O. (Déc. 1998) 

Au cours d’une réunion des 12 et 13 décembre 1998, le Conseil de la langue occitane devait 

approuver une seconde série de “preconizacions” dont les Gascons eurent connaissance par le n° de 

janvier 1999 des Reclams. Ici encore, on va mêler questions de graphie et questions de langue. 

Est d’abord réaffirmée l’accentuation alibertine des 6 èmes personnes des verbes, cantan, 

cantaràn, malgré les vœux et le combat d’un quart de siècle du second Vice-Président, J. Taupiac. 

Est aussi donnée la “bonne” accentuation de divers emprunts, néologismes et mots savants, ce 

qui est plus une question de langue que de graphie : dans ces catégories, les noms en -o sont 

généralement paroxytons : èuro, zèro, numèro, vidèo, àudio, piano, ràdio, foto, moto, quilo, judo, 

gitano, mètro, memento (-o prononcé [o] dans certains parlers, dont le lomagnol gascon); de même 

ceux en -a : lo clima, eczèma, plasma, magma, panorama, Sara, pizza, camèra, opèra, cinèma, inca, 

agenda, sida, Kenya, Cuba; et encore des emprunts comme karate, Zimbabwe; Mali, rugbi, 

bengali, somali, whisky. La terminaison latine -um est atone, et prononcée [um] en gascon : fòrum, 

quòrum/qüòrum, àlbum, referèndum, maxímum, minímum; de même, la grecque -os est atone : 

còsmos, caos, Èros, Cnossos, Danaos. Mais l’araméen Cafarnaom est oxyton. 

Sont également oxytons « quelques mots exceptionnels » : Canadà, Panamà, sofà, pashà, 

Jericò, chantilhí, bigodí, bistorí, oïstití, Sinaí, tabó, igló, cangó. 

Dans tout ces mots “importés”, y compris les acronymes, /e/ et /o/ toniques sont généralement 

ouverts et donc notés è, ò : èuro, vidèo, cinèma, mètro, Èros, modèm, fòto, mòto, còsmos, 

UNÈSCO, CRÈO, OPÈP, MED’ÒC, GIDILÒC, CD-RÒM. Avec des exceptions, devant nasale : 

memento, agenda. 

Il est en outre précisé que certains noms en -a sont féminins : una agenda, una camèlia, una 

mimòsa, una orténsia, una sauna, una placenta… Suit une mention peu compréhensible : « Cas 

particular : lo planeta (= la planeta). » 

Sont également données des précisions sur la graphie du phonème /s/ : x dans les mots savants : 

flux, influx, experiment, expèrt, exprimir, extremoncion, extremista, extrèm (mais s dans les mots 

populaires : estremar, estrem); ç ou c dans beçon, còça, fiçar, meçorga, mordaças, mèlça, ròga, 

rocegar, tròç (derivat troçar), s ou ss dans albatros, noirissa, sedàs, tassa, trossa (derivat trossar). 

Et l’on distingue dimarts (mardi), març (le mois), Mart ou Mars (le dieu, la planète). 

« En gascon, il n’est pas nécessaire de mettre une h dans les noms propres occitanisés : Saara, 

Imalaia, Amborg, L’Aia, Olanda, Ongria. » Je rendrai compte en détail p. 200 du tollé suscité par 

cette mesure chez les occitanistes gascons. 

Enfin, sont réaffirmées quelques graphies gasconnes “orthodoxes”, manière discrète — et 

dont plus d’un n’aura pas compris la portée — de condamner les “hérétiques” de DiGaM.


Tout n’est pas critiquable dans ces préconisations, pour le moins hétéroclites; on notera la 

réintroduction discrète dans l’alphabet “classique”, au moins pour les mots étrangers, du k, du w et 

de l’y déjà acceptés par A. Bianchi et A. Viaut, puis par Atau que’s ditz (Kenia, karate, Zimbabwe, 

whisky…) 28 ; les choix entre s/ss ou c/ç sont probablement justifiés par une meilleure étude des 

étymons, mais ça ne touche pas au système; l’est peut-être aussi la réduction à sh du trigramme ish 

pour rendre /#/ après voyelle autre que i (pashà), comme l’avait déjà fait J. Séguy (cf. p. 149); mais 

on peut regretter le maintien de graphies différentes — c’était déjà dans Alibert — selon que le mot 

est de formation populaire ou savante; le linguiste occitan R. Teulat a déjà dénoncé la nonpertinence 

de ce critère dès le n° 1 de ses Q.L.O. (voir plus loin, p. 233) 

Enfin, le C.L.O. s’est établi en normalisateur de la langue en choisissant des formes, et donc 

des prononciations tout à fait étrangères à la langue vivante des derniers locuteurs naturels : qui 

comprendra “sida”, la maladie, ce qui sera prononcé ['sido] ou ['sidœ] ? Au mieux les Gascons 

croiront deviner ['sindre] ou ['sindrœ], lou cindre, le “zona” ! 

35 – Les deux graphies du Dictionnaire d’Arnaudin (2001) 

L’année 2001 est celle de la publication attendue et doublement posthume du Dictionnaire de 

la Grande-Lande de Félix Arnaudin (1844-1921) dont l’édition avait été établie par Jacques 

Boisgontier († 1998). Présentée par Joël Miró, elle est très intéressante pour ce qui est de la graphie 

du gascon “noir” : pour les entrées, J. Boisgontier s’est contenté de régulariser fidèlement celle 

d’Arnaudin, pas toujours cohérent, et J. Miró l’a doublée d’une graphie classique occitane. 

La graphie moderne d’Arnaudin régularisée par J. Boisgontier 

Cette graphie fait l’objet d’une note générale pour les Œuvres complètes d’Arnaudin dont les 

deux tomes du dictionnaire ne sont que les volumes VI et VII, note de J. Boisgontier placée en tête 

du I er volume, les Contes populaires, pp. XXII-XXVI. Il s’agit essentiellement d’une graphie 

moderne voisine de celle de l’E.G.F., sauf adaptations particulières au parler “noir” : 

– comme dans tout le gascon de l’ouest, e note toute finale atone en /œ/; et dans le corps des 

mots, en position atone, il se réalise de même par [œ], et non [e] comme en gascon “clair”; 

– en position tonique, le e vaut [œ]; mais pour marquer qu’il est tonique en syllabe finale et 

éviter qu’il ne soit confondu avec le précédent (finale absolue ou suivi de -s ou -n), il est noté ë (le 

tréma évite la confusion sur le timbre que causerait un accent aigu ou grave) : auë {avoir}, espës 

{épais}, que bourrën {ils voudraient}; 

– le è [!] du gascon “clair” est réalisé en [e] et donc noté é en gascon “noir” : castét, aulhé. Il 

ressort par ailleurs de l’exemple méyrî [me"'ri] qu’un tel é peut ne pas correspondre à un [!] du 

gascon clair, les voyelles ouvertes étant normalement exclues des syllabes atones; il s’agit en fait de 

l’évolution bien connue de a" > !" qui, étendue ici à une syllabe atone, se prolonge en > e"; 

– î, avec accent circonflexe, marque un /i/ tonique en finale, sans aucune nasalité, 

contrairement à sa valeur selon l’E.G.F. : escarnî, la harî, aquî; 

– le u est utilisé pour noter le /w/ intervocalique, suivant la tradition prolongée par l’E.G.F. 

comme par l’I.E.O.; pour éviter les confusions, le u voyelle suivi de ce u consonne est marqué d’un 

accent grave, purement diacritique : la lùue {la lune}, dùues {deux} fém.; et lorsqu’il est précédé 

de ce u consonantique, c’est un tréma diacritique qui le marque : auüt {eu}, escriuüt {écrit}; 

28 Sans doute faudra-t-il qu’à l’instar de Narioo et autres (cf. p. 188), les linguistes occitanistes en tirent les 

conséquences sur les abréviations des unités de mesure qm et qg, non conformes aux normes internationales (km et kg).


– le n final de syllabe est généralement vélaire, mais parfois dental. En 1912, Arnaudin avait 

usé d’un caractère spécialement fondu pour le n vélaire; mais J. Boisgontier juge « inutile de 

distinguer par des signes diacritiques les deux sortes d’n du gascon. ». Je reviendrai sur les raisons 

qu’il en donne au chapitre suivant, p. 210; 

– bbl et ggl intervocaliques notent par écrit la prononciation qui double le b et le g. 

C’est donc une amélioration notable de la graphie propre d’Arnaudin — qui en changea 

d’ailleurs au cours des ans — avec un double souci de simplification et de fidélité à l’oral; deux 

regrets seulement, l’accent circonflexe du î, car un accent grave (solution E.G.F.) ou aigu (solution 

I.E.O.) aurait aussi bien fait l’affaire en évitant l’image de nasalité répandue par la pratique de 

l’E.G.F., et la non notation de l’opposition entre les deux -n gascons. 

La graphie classique ajoutée par J. Miró 

Quant à la graphie classique appliquée par J. Miró, elle est présentée dans une Note sur la 

graphie occitane en tête du tome I, pp. XXXVII-XLI. J. Miró explique d’abord sa genèse et ses 

avantages universitaires, sur lesquels je reviendrai au prochain chapitre, p. 209. Et il poursuit : 

« Des divergences existent cependant, souvent de détail, concernant certaines 

conventions : nous avons dû faire certains choix qui peuvent être discutés. Souvent même 

nous proposons deux solutions, l’une plus normative, l’autre plus locale, qui nous ont 

semblé avoir la même légitimité. Il ne s’agira pas ici de présenter un cours d’orthographe 

complet : des manuels existent qui en donnent une description plus complète. Nous nous 

contenterons de donner les règles générales et de préciser, à l’intention en particulier de 

ceux qui utilisent déjà ce système, les particularités, voire les problèmes, que posent le 

dialecte utilisé par Félix Arnaudin. » 

C’est un peu sibyllin, mais d’une étude assez approfondie des graphies proposées par J. Miró, 

je tire l’impression qu’il ne disposait pas des fameux documents de base de 1950-52, ce que laisserait 

entendre son renvoi aux « manuels » d’orthographe. En effet, bien qu’à l’affut de tout ce qui 

peut se publier en la matière — ce chapitre en témoigne —, je ne connais pas de véritable « manuel » 

qui en dise beaucoup plus ni mieux que l’exposé de J. Miró. 

Or, nous l’avons vu plus haut (p. 148), les documents de 1950-52 distinguent bien normalisation 

linguistique et normalisation graphique, celle-ci permettant d’écrire toutes les formes de langue, 

même si la première affiche des préférences entre elles. Mais J. Miró balance : 

– le plus souvent, heureusement, il transcrit en “classique” la graphie moderne d’Arnaudin- 

Boisgontier, ce qui permet de retrouver directement l’oral en appliquant à chaque graphème sa 

valeur définie par les règles générales; 

– mais lorsque la forme du mot s’écarte d’une forme plus connue, béarnaise en général, il 

écrit cette dernière, qu’il considère comme “plus normative” : article la prononcé [lœ]; /œ/ « en 

syllabe atone à l’intérieur du mot » noté -a- selon l’étymologie, alors que rien ne permet de dire 

quand un tel -a- sera [œ] et quand il sera [a]; -/!/- des imparfaits des verbes en -ar noté par -a- 

(cantava pour [kan't!wœ]), ce qui aboutira à la disparition de cette prononciation; /e"/ atone écrit ai 

également réalisé [a"] dans d’autres mots (voir détail p. 230); /ken/ et /k%n/ notés quan “quand” 

alors qu’à Bayonne, Que parlam écrit quen(t) pour /ken[t]/; mots en /w/- d’étymon /gw/- notés par 

gu- : enguan [en'wan]; guaire ['wa"rœ]; guaitar [we"'ta]; 

– même démarche, mais en fonction de l’étymon, quitte à sérieusement compliquer la lecture; 

ainsi en notant le -n- amuï devant h ou f (gon.hir, confit), le -s- amuï devant h (des.har, des.hèita, 

es.hlor), alors qu’on lit cohóner et eslor dans L’application… même !


– toutefois, comme pris de remords, J. Miró donne aussi parfois la forme “locale”; ainsi : 

bueu normatif, buu local; airiau / eiriau; guaitar / güeitar; abeurar / abuurar… 

Pour ce qui est du /z/ intervocalique, cependant, J. Miró s’en tient au -s- (hasarda / hasardar), 

ignorant tous les remous qui ont conduit les occitanistes à revenir à -z- pour les mots d’origine 

grecque ou arabe. 

Pour /ks/, il use parfois de -cs- : bacsa / bacsar; nicsèyre / nicsèira; relacsa / relacsar (< 

‘relaxare’), tracsa / tracsar; tricsa / tricsar, solution dont je reparlerai au Chapitre IV, p. 283. 

Le /o/ atone est noté ò, faute de mieux dans le système, pour lequel tout ò devrait être 

tonique : conom / cògnòm; lholhoy / lhòlhòi; loloy / lòlòi; nono / nònò; tchopis [sic, pour tchopîs] / 

chòpís; mais momo / mò-mò évite le problème d’un biais qui aurait pu jouer pour nònò. 

roula et roulade d’Arnaudin sont notés en rotla- selon l’archaïsme habituel de la graphie classique, 

mais J. Miró ajoute rolar et rolada en variante; c’est d’autant plus opportun que les fameux 

Rôles gascons sont déjà La Rolle dans le Livre des coutumes de Bordeaux copié peu après 1388. 

gra d’Arnaudin, “graine”, est noté graa, hapax en -aa, et complication inutile que l’on ne 

saura pas lire avec les normes générales de la graphie classique. 

Mais deux autres innovations m’étonnent : 

– /wa/ noté ua dans cinq mots abitoua / abituar, boua / vuà, couac / cuac, houinda-houanda 

(a) huïnda-huanda et manouau / manuau; les graphies en oa, normales en système classique en 

dehors des qua et gua gascons, sont cependant les plus nombreuses, et aussi admises en variante de 

ua pour quatre dérivés de ‘bove’ : bualha ou boalha; buatèr ou boatèr; buateria ou boateria et 

buatòt / boatòt; on lit même s’esvacoar alors que l’étymon donné à la suite est evacuare; et « anc. 

gascon goadanhar » v°gagna; on peut donc considérer ces graphies en ua pour /wa/ comme 

aberrantes alors que, au demeurant, écrire abitoar en parler noir contre abituar ailleurs n’est pas 

moins normal que d’écrire puyar ou poyar suivant la prononciation des divers lieux gascons. 

– /wi/ noté uï dans huïnda-huanda : aucun document I.E.O. ne donne uï pour /wi/. Atau que’s 

ditz use de oí (hoísqui, ci-dessus, p. 176), ce qui est tout à fait valable en syllabe tonique et garde o 

pour /u/ ou /w/; hoínda-hoanda serait bien plus dans le système que huïnda-huanda. 

J’ai noté quelques incohérences, présentées au chapitre suivant, p. 216. Je relève en outre ce 

qui me semble des erreurs pures et simples de transcription : 

– arrepé / arrepèr (


– si Aubérgne / Auvèrnha est correct, Aubérni / Auvèrnha n’est pas cohérent avec tous les mots 

féminins en -i atone, notés en -ia (abarici / avarícia, bésti / bèstia, glisi / glísia, glori / glòria etc.); 

– trois noms en -rt chez Arnaudin notés par -rd sans raison étymologique apparente : coutchurt 

/ cochurd {recoin}; et deux curt / curd, {cœur} (au jeu de cartes) et {chœur} (de l’église); 

certes, le latin ‘cor, cordis’ pourrait justifier le -d du premier curd, mais c’est peu vraisemblable, 

car c’est tout simplement une prononciation analogique de mots normalement achevés par -[r]; 

– un -r muet manque dans trois mots en -a d’Arnaudin : calhiua / calhiva pour cavilhar, 

haptcha/ hapcha pour hapchar; pesca / pesca pour pescar; 

– estoursedey / estorçadeir, estourseduy / estorçaduir sont notés par -a- alors que le verbe 

tòrcer est en -e; c’est s’éloigner de la prononciation, sans justification étymologique; à rapprocher 

d’Alibert « torcedor, fuseau pour tordre le fil »; 

– métathèse inexpliquée dans emmantehulat / enmanteluhat, “emmitouflé”; Méaule donne 

emmantchulat et enmahulat (même sens). 

Ces observations montrent à nouveau combien la pratique de la graphie classique est un exercice 

difficile, où même les meilleurs achoppent. Et à cela s’ajoutent plusieurs problèmes qui apparaissent 

dans l’exposé liminaire de J. Miró, dont certains inhérents au gascon noir; il s’avère que la 

graphie classique manque de graphèmes pour noter certaines réalisations, pourtant notées en graphie 

moderne par Arnaudin-Boisgontier; ainsi pour les diverses ouvertures du /e/, les réalisations de 

j- (ou g + e ou i) après voyelle ([j]… mais pas toujours). Il est vrai que le code graphique de 1952 a 

été écrit dans la quasi ignorance du parler noir par l’Audois Alibert, même conseillé par le Béarnais 

J. Bouzet ou le jeune Commingeois P. Bec. Sans doute faudrait-il réaménager ce code… 

En attendant, pour savoir comment se parle le gascon noir, nous avons la graphie moderne 

d’Arnaudin-Boisgontier. Mais alors, en dehors de “se faire plaisir” entre lettrés, à quoi peut servir 

ici la graphie classique ? 

36 – La graphie moderne selon B. Moreux et J.-M. Puyau (2002) 

Les origines 

On a vu p. 82 comment se sont créées à Pau les associations Pays de Béarn et de Gascogne 

en 1995, puis Institut béarnais et gascon en 2002. 

L’une des premières réalisations de Pays de Béarn et de Gascogne fut un Guide de 

conversation français-béarnais (Biarritz, 2001); soucieux d’atteindre un public peu préparé à de 

complexes règles d’écriture et de lecture, les auteurs de ce guide avaient utilisé une graphie proche 

de celle de l’Escole Gastoû Febus, mais complétée par divers accents destinés à faciliter une lecture 

non équivoque de la langue. 

Quant à l’Institut béarnais et gascon, ses promoteurs ont eu pour souci d’en finir avec 

l’antagonisme des graphies; aussi ont-ils mis dans ses statuts la reconnaissance à égalité de droits 

de la graphie moderne et populaire, héritée de l’Escole Gastoû Febus, et de la graphie classique et 

savante, dans sa variante spécifiquement gasconne que veut être ma graphie DiGaM. 

C’est donc sous les auspices du jeune Institut qu’a été publié à la fin de 2002 un Dictionnaire 

français-béarnais qu’une équipe de Pays de Béarn et de Gascogne préparait depuis 1996, dans la 

graphie déjà utilisée pour le Guide de conversation. Signé par les deux principaux responsables de 

l’équipe, MM. Bernard Moreux, universitaire présenté p. 49, et Jean-Marie Puyau, professeur de


portugais et d’“occitan”, cet ouvrage s’ouvre par une Introduction dont deux paragraphes traitent de 

la graphie, Comment lire le béarnais et Écrire le béarnais. 

Les orientations pour la graphie 

Les intentions sont clairement affichées : 

« Nous avons choisi une écriture simple, aussi bien pour celui qui parle que pour 

celui qui ne parle pas le béarnais, une écriture qui correspond, nous l’avons vérifié par des 

enquêtes, aux vœux des locuteurs actuels. Elle s’inscrit dans le cadre de celles que les 

Félibres béarnais et gascons utilisent depuis le début du XX e s. Ces écritures félibréennes 

sont dérivées de celle qu’avait adoptée Mistral mais elles prolongent aussi celles qui 

s’imposèrent progressivement en Béarn depuis le XVI e s. au moins. D’autre part elles 

autorisent la prise en compte de certaines variations de prononciation locales et permettent 

la transcription de la plupart des emprunts récents au français. Nous avons suivi pour 

l’essentiel la dernière parution fébusienne en la matière, en lui apportant quelques 

modifications. » (pp. 20-21). 

Et de se référer à la plaquette d’A. Sarrail (1980) que j’ai commentée plus haut (p. 155) en 

ajoutant « Nous avons précisé et modifié les règles d’accentuation du e ». En fait, leurs retouches 

vont un peu plus loin. 

Une première remarque s’impose : le dictionnaire est français-béarnais, et il s’agit de lire et 

écrire le béarnais, sans aucune référence au gascon dans son ensemble, même si les ouvrages 

mentionnés en notes s’intéressent pour la plupart à l’ensemble gascon, y compris les règles de 

l’Escole Gastoû Febus depuis 1905. C’est sans doute regrettable, car cela prive l’usager ordinaire 

d’une ouverture sur les parlers gascons voisins, pourtant virtuellement présents dans le titre même 

de l’Institut; mais cette focalisation sur le Béarn autorise un exposé détaillé des variantes de 

prononciation rencontrées sur ce territoire, ce qui est un plus incontestable. 

Au plan technique, le fait de s’en tenir aux parlers du Béarn évite quelques problèmes comme 

celui de l’opposition entre -n vélaire ou amuï et -n dental, mais non celui de l’opposition entre la 

réalisation du -a posttonique étymologique en -[o] vers Pau et -[œ] vers Orthez. Et comme chez H. 

Gavel (cf. p. 142), est passé sous silence le fait que ce -[œ] couvre la moitié du domaine gascon ! 

Autre remarque générale, le ton de cette introduction se veut très “convivial”, il n’est pas 

question d’effrayer le lecteur par quelque chose de trop scientifique, encore moins par des « règles 

rigides : on se gardera de transporter au béarnais le culte de l’orthographe française » (p. 30); ce 

sont des pratiques qui sont conseillées — et le plus souvent bien justifiées; chacun y prendra 

suivant ses gouts… Pour la même raison de prudente progression pédagogique, on explique 

d’abord comment lire, puis comment écrire si l’on souhaite le faire selon les règles suivies par les 

auteurs; c’est un choix légitime, fût-ce au prix de quelques redites. 

Les principes de la graphie 

Les principes généraux suivis ne sont pas rassemblés comme dans le document I.E.O. de 

1950, mais on peut les extraire facilement : 

• comme à l’I.E.O. (principe C), les mots sont écrits individuellement, sans tenir compte des 

altérations des consonnes finales du fait de l’« Enchaînement des mots » (phonétique syntaxique); 

ce qui se traduit par une liste de ces altérations, précieuse pour la bonne prononciation (p. 27); 

• « on ne transcrit que les consonnes que l’on entend et on les transcrit au plus près de ce


qu’on entend » (p. 30); cela exclut les notations étymologiques : rét < ‘frigidu’ et non réd; mais pas 

toujours : « Pour le choix de c ou qu devant a ou ou, on s’est rangé à la tradition, fondée sur 

l’étymologie : câ (chien), co (cœur), mais quatoùrzé (quatorze), quoàté (quatre) » (p. 31). Pour /s/, 

sa transcription « peut être laissée à l’appréciation de chacun car une solution uniformisante 

heurterait trop les habitudes. » (ib.). En tout cas, les auteurs écartent le -ç en finale, comme Lespy 

— qui n’en usait jamais — et Palay; donc dous, et par conséquent « dousse (douce), doussou 

(douceur) plutôt que douce, douçou »; et dans le dictionnaire, bras, abrassa… mais braçalét. 

• pour noter les sons, on utilise les lettres et combinaisons de lettres du français, sauf 

particularités béarnaises héritées de la tradition : lh, th; diphtongues en ay, ey, èy…; au, eu, èu…; 

cela permet de « transcrire la plupart des sons empruntés récemment au français » (p. 21). En fait, 

cette remarque ne concerne que le v de televisioû, universitat, vaccî, vaccina, velo, voèle, voature; 

car le système n’a pas de graphème pour « les eu de peuneu “pneu” » (ib.); 

• on note par des accents tout ce qui peut faire hésiter le lecteur; ainsi, tout /e/ tonique est noté 

é; et le /e/ final posttonique, de même, ce qui entraine l’obligation de noter en plus la syllabe 

tonique : càdé, védé, lèbé, coùrré; 

• en présence de variantes de prononciation, on s’efforce de les noter par un seul graphème à 

réalisation variable suivant les lieux (comme la “graphie englobante” de l’I.E.O.) : 

– éy reste noté ainsi même s’il se réalise souvent en [!"] dans l’ouest du Béarn; 

– -th final se réalise en -t, -ty (proche de ky), tch ou ch selon les régions; 

– sl se prononce, selon les mots et les lieux, [sl], [zl], [hl] ou [l:] (l long) ou [zl] seulement, 

tandis que le Dictionnaire classique de G. Narioo et autres que nous allons voir de suite 

admet pour cela trois graphies, par exemple hlor, eslor et ehlor (fleur); 

– « dans disna “déjeûner”, le s se prononce soit [s] soit [z]; on a aussi la variante dinna » (p. 26); 

– bl et gl entre voyelles se prononcent bbl et ggl, « dans la plus grande partie du Béarn (moins 

fréquemment dans les emprunts au français) » (p. 26) : agradàblé “agréable”, esbisagla 

“éblouir”; 

– le -d- intervocalique est seul retenu, même quand il se réalise en [z] en Vic-Bilh : « pedoulh 

“pou” y serait mieux transcrit par pesoulh » (p. 25), mais cela demeure un vœu pieux, tout 

comme pour bédé, crédé etc.; alors que les graphies classiques, bien qu’à forte tendance 

englobante, admettent au contraire pesolh et pedolh; 

– dans certains mots comme goarda “garder”, « le g de la séquence goa est omis » (p. 26); 

– « rl est parfois prononcés -ll- […]; nl est parfois prononcés comme si l’on avait ll (dans la 

région d’Orthez, selon Palay) » (p. 27); 

– « y, à l’initiale, entre voyelles ou après consonne » peut être lu soit avec sa valeur en français 

(dans yeux) soit comme un j français : “moi” se dit you ou jou, selon les lieux. (p. 23); 

• mais cela ne joue pas toujours : 

– le /e/ posttonique (type càdé “tomber”) étant remplacé par /œ/ dans l’ouest gascon, on l’écrit 

-e, d’où, à l’intérieur du Béarn lui-même, une seconde orthographe pour les mêmes mots : 

cade, véde, lèbe, courre (p. 32); 

– th- initial ou -th- au milieu des mots, prononcé comme ty, n’existe que dans l’ouest (thabèque 

“chouette”, empatha “embarrasser”); les mots correspondants sont notés ailleurs selon leur 

prononciation en tch ou ch : chabèque, empacha, empatcha (p. 23).


Donc, dans l’ensemble, de bons principes, mais peut-être une certaine inconstance dans leur 

application; le souci de satisfaire le plus grand nombre risque alors de mener à un ensemble 

hétérogène comportant une part d’arbitraire qui met l’usager dans l’impossibilité de prévoir a 

priori la solution retenue. 

Les innovations 

Pour ce qui est des innovations de détail, nous remarquons : 

• d’abord, le fait que ce n’est plus j qui se réalise par [j] ou [2] selon les lieux, mais y : you se 

dira [ju] à Pau et [2u] à Lescar; cela peut choquer, et change singulièrement des “habitudes” que les 

auteurs ne souhaitent guère contrarier d’ordinaire. Mais cela résout élégamment la notation des 

mots, le plus souvent empruntés, dont le j ou le g(devant e, i) est partout réalisé en [2] : bougie, 

ingeniur (pp. 31-32); 

• en revanche, pour les mots qui ont en tous lieux un [j], initial ou intervocalique, celui-ci est 

noté par i, comme à l’I.E.O. : caiè, (“cahier”), iaourt (“yaourt”). 

• constatant (après Sarrail, 1980, p. 51) « un son qui n’existe pas en français, le [s] long » (p. 

22), les auteurs l’écrivent par s-s. En fait, cela ne concerne que 4 mots de ce Dic., que Palay écrit 

par ess-, ici par es-s : es-sartiga {défricher}, es-say {essai}, es-saya, variante de saya {essayer} 

(mais v° tâcher, essaya) et es-souya {ramoner}; mais on compte quelque 25 mots comportant s-s du 

fait de la césure en fin de ligne, et l’usager risque bien de s’y tromper. Or un tiret au sein d’un mot 

simple est aussi peu heureux que le point intérieur des systèmes occitan (en.hangar) et catalan 

(il.luminar). Il suffisait de dire que dans ess- a l’initiale (et même dess- selon Sarrail), les deux s se 

font sentir séparément, [ss], tout comme on a précisé que -bl- et -gl se prononcent comme -bbl- et 

-ggl- « dans la plus grande partie du Béarn » (p. 26). Je remarque en outre que l’ALG II, 255 

“défricher” donne [e##arti'5a] et non [essarti'5a]. 

• de même, dans une vingtaine de mots, /##/ est noté sch, ou plus exactement /e##/ par esch 

(sauf ischère {aisselle}, variante aspoise de eschère); à mon sens, ch aurait pu toutefois valoir 

comme graphie englobante (voir p. 321). 

• sont notées par un accent circonflexe les voyelles nasales des syllabes « dominantes » 

(toniques) ; hê “foin”; harîe “farine”; pour le ê, c’est un retour à la règle de l’E.G.F. de 1900, après 

son abandon en 1905; mais « qu’on pourra aussi écrire hé » (règle de 1905); pour le i de harîe et 

autres voyelles intérieures, c’est une nouveauté car l’E.G.F. n’a jamais éprouvé le besoin de noter 

leur nasalisation et nous avons vu p. 161 que les auteurs occitanistes du Civadot ont abandonné la 

notation haría pour haria; mais ceux des Fiches de grammaire… (p. 170) l’ont conservée…. J’y 

reviendrai au Chapitre V, p. 315. 

Mais le point qui me parait le plus contestable est le traitement de l’opposition entre le -/e/ 

posttonique et le produit du -a latin posttonique; ignorant cette opposition, l’ouest gascon et la tradition 

du Béarn née à l’ouest le notait par un même -e. S’en tenant pour ce dernier à cette tradition, 

les auteurs du Dictionnaire notent le premier par -é : crédé {croire}. C’est parfaitement clair pour 

ce qui est du timbre de la voyelle, du moins dans la moitié sud-est du domaine, mais c’est totalement 

inacceptable dans la moitié nord-ouest, qui ne pourra jamais lire [œ] ce qui est noté -é ! Les 

auteurs l’ont admis… et prévu que cette moitié nord-ouest continuerait à écrire les deux -/œ/ par -e, 

donc créde, ce qui divise la graphie du béarnais et du gascon en deux pour ce phonème si courant.


En outre le -é a les apparences d’une lettre tonique que l’on sera tenté de prononcer dans 

crédé comme dans labadé. Le palliatif est de marquer d’un accent écrit la voyelle de la pénultième 

lorsque le -é final est atone : crédé; mais c’est très lourd en accents, et demande un raisonnement, 

tout comme l’opposition entre o, ó et ò dans la graphie classique. Or la simplicité de lecture appelle 

des automatismes faciles à acquérir. Les développements par lesquels les auteurs reviennent 

plusieurs fois sur cette question (pp. 28, 32, 33, 34) montrent qu’on est loin du compte. 

Peut-être est-ce cela qui a conduit les auteurs à ne pas donner de règle sur la place de l’accent 

tonique, se contentant d’indiquer « en gras la voyelle de la syllabe tonique » (p. 25), alors qu’une 

rédaction première de l’introduction en donnait une, très simple, que l’on peut regretter : 

« Dans les mots de plus d’une syllabe, faites ressortir fortement : 1) l’avant-dernière 

syllabe si elle est marquée d’un accent (sàpou, bédé) ou quand la syllabe finale comporte 

un e non accentué (gouyate); 2) dans tous les autres cas, la dernière syllabe (gouyat). » 

Pour écrire, par contre, les auteurs donnent des règles assez complexes de notation de l’accent 

tonique dans certains cas, pas dans tous (p. 34). 

Quant à l’écriture du /e/, elle n’est pas simple non plus : c’est é, sauf si ce /e/ est atone et non 

final, cas où il est noté e. Encore un raisonnement à double critère… 

Tonique 

Atone 

Initial ou 

intérieur 

é 

mounéde 

e 

eslou 

apiela 

Final 

é 

bouridé 

é 

bàdé 

En conclusion, nous avons là un effort louable pour obtenir une graphie fidèle de la langue 

parlée du Béarn, appuyé sur des enquêtes scrupuleuses auprès d’informateurs de choix. Mais la 

simplicité visée ne me parait pas au rendez-vous, tandis qu’une vision de la langue trop limitée au 

Béarn risque de priver cet intéressant travail d’une audience en dehors de ce seul territoire. 

37 – Le « gros » dictionnaire Français-Gascon de Per Noste (A-K, 2003) 

La fin de 2003 a vu la parution du premier tome A-K d’un Dictionnaire Français-Occitan 

(gascon) publié par Per Noste et qui comptera quelque 40 000 entrées selon l’Avant-propos posthume 

de M. Grosclaude (p. 7). C’est le « gros dictionnaire Français-Gascon » qui était déjà dans les 

projets de l’association en 1973 (P.N. n° 38, 9-10/1973, p. 20); l’idée était de « retourner le Palay » 

qui est gascon-français (p. 7). De fait, le n° 84 de mai-juin 1981 de P.N.-P.G. publiait, p. 13, « un 

exemple de ce que pourra être une page du dictionnaire Français/Gascon […] en préparation », le 

début de la lettre T. Pourtant, le travail fut interrompu pendant plusieurs années, « Je ne saurais dire 

pour quelles raisons » nous confie M. Grosclaude (p. 8). C’est « vers 1996 » qu’il fut décidé de 

reprendre ce travail (p. 8). Quand sera paru le second tome, ce sera donc l’aboutissement de trente 

années de préparatifs et de réflexions. 

Développement du Civadot des mêmes auteurs, le Dictionnaire adopte la graphie classique de 

Louis Alibert, dans les mêmes termes, à 20 ans près, ce qui appelle les mêmes commentaires (cf. 

pp. 160-1). Ce choix va de soi pour les auteurs, et n’a pas besoin d’être justifié par les mérites 

intrinsèques de ce système.


Il n’est même fait aucun exposé de la façon d’écrire et lire la langue dans ce système; pour 

l’écriture, on se réfèrera à la plaquette de Robert Darrigrand “Comment écrire le Gascon” » (1 ère éd. 

1969; 2 nde 1974); et pour la lecture, contrairement au Civadot qui y consacrait le titre V de son 

Introduction, rien. On pourra donc écrire des textes de toutes sortes avec l’aide de cet ouvrage, mais 

on ne pourra jamais être sûr de bien prononcer un mot qu’on y découvre : langue écrite, mais 

langue morte ? 

La référence à Alibert rend peu probables les innovations orthographiques; mais avant de 

présenter celles qu’on peut déceler néanmoins, il nous vient à l’esprit une question préalable : 

De trois auteurs, qui est le premier ? 

L’ouvrage est signé dans l’ordre par Gilbert Narioo, Michel Grosclaude et Patric Guilhemjoan, 

ce qui en fait un « Narioo et autres » dans les bibliographies. Pourtant, dans l’éditorial d’adieu 

à M. Grosclaude, décédé le 21 mai 2002, J.-P. Darrigrand semblait en faire le chef de file : 

« Il n’aura pas eu l’occasion de voir arriver à son terme sa grande œuvre (et aussi 

collective) : le Dictionnaire Français-Occitan (Gascon) de quarante mille mots entrepris 

[il y a] trente ans par Robert Darrigrand, et poursuivi avec ténacité, avec Gilbert Narioo. » 

(P.N.-P.G. n° 209, 3-4/2002 paru en juillet). 

Et en feuilletant l’ouvrage au hasard, quelques indices vont dans le même sens : “héraldique” 

est traduit par eraldic, alors que G. Narioo écrivait heraudic dans sa traduction de la Bíblia valenciana, 

p. 12; pour le h-, on sait le prix que cet auteur attache à sa conservation dans l’écrit comme 

dans la prononciation gasconne; or le mot étant d’origine germanique comme heume, hacaneia… il 

est tout à fait légitime de le garder; quant à la vocalisation du l germanique en fin de syllabe, elle 

est non seulement gasconne, mais encore attestée par Mistral, même en languedocien : eraudic. On 

peut donc penser que si c’est eraldic qui a été imprimé, ce n’est pas G. Narioo qui l’a voulu, mais 

M. Grosclaude. Ou encore le néologisme “camping-car” que G. Narioo rend par camiostau (P.N.- 

P.G. n° 217, 7-8/2003, p. 8), contre carricampatge dans le Dictionnaire… 

Comme en bien des choses de Per noste (cf. p. 40), ce fut donc très probablement M. 

Grosclaude qui fut le “directeur” de cette œuvre, ce dont témoigne le fait qu’il en ait entièrement 

rédigé l’Avant-propos. C’est là qu’il justifie le mot « occitan » du titre, ce que je commente p. 45, 

puis expose les orientations générales de l’ouvrage et divers choix linguistiques (pp. 7-24); ce n’est 

pas ici le lieu d’en parler, sauf quand le prétendu choix linguistique de la graphie en -a du féminin 

des adjectifs épicènes en -e est d’abord un choix orthographique. 

La graphie selon l’Avant-propos de M. Grosclaude 

Neuf pages sont consacrées à la graphie (25-34), sans grand changement par rapport à ce qui 

était écrit dans le Civadot. Il en est ainsi notamment du préambule sur les orientations générales. 

Viennent ensuite plus de trois pages (un tiers du titre !) sur la délicate question de l’usage du 

trait d’union, y compris en toponymie, alors que l’ouvrage ne contient que des “noms communs”; 

or le même texte a déjà été publié dans le n° 200 de sept.-oct. 2000 de P.N.-P.G.; on voit donc mal 

l’intérêt de s’étendre autant sur un point aussi secondaire. 

Un paragraphe est consacré à la lettre h; en soi, rien de neuf pour du gascon; mais on voit 

réapparaitre un -h- dans pre(h)ension, co(h)erent, vehicule / veïcule, pro(h)ibicion etc., parce que sa 

suppression par l’I.E.O. « n’a pas fait l’unanimité parmi tous les gascons pour qui ce h joue un rôle


anti-hiatus ». J’y reviendrai p. 268. 

Par contre, coerent sans tréma, de la « Norme officielle IEO » également mentionnée, remplace 

coërent qui était en vigueur depuis 1976 (cf. p. 158), en raison d’une étrange “preconizacion” 

du C.L.O. acceptée par M. Grosclaude; il sera donc lu [kwe'ren] en deux syllabes, comme coeta 

['kwetœ/o], et non [kue'ren] en trois syllabes…; ou alors, il faudra allonger la liste des exceptions… 

Le paragraphe suivant, consacré à z, entérine à contre-cœur la décision du C.L.O. qui oppose 

realizar à analisar, avec une remarque des plus judicieuses (p. 30) : 

« Nous avons accepté sur ce point, la discipline commune regrettant toutefois ces vaet-vient 

: de telles palinodies ne pouvant en effet que nuire à la crédibilité de l’orthographe 

occitane et rendre plus malaisé son enseignement. » 

Mais comme les grognards de l’Empire, les occitanistes gascons “grognent” mais marchent 

toujours au clairon occitan… 

Sont ensuite décrites les conditions d’emploi du tréma, avec le maintien de son rejet dans 

qua prononcé [kwa] (cf. mon commentaire à propos du Civadot, p. 161). 

Est enfin maintenu le choix du Civadot d’écrire haria au lieu de haría prévu par la norme 

I.E.O. de 1952; voir sur ce point p. 161 et surtout Chapitre V, p. 315. 

Deux paragraphes traitent respectivement du -e de soutien des mots en -ct(e) (projèct ou 

projècte ?) et des mots en -òn, -b, -d, -g etc., mais il s’agit de choix linguistiques et non graphiques. 

En revanche, comme signalé plus haut, est un choix graphique, traité à tort comme 

“linguistique”, celui de maintenir la graphie unique en -a des féminins d’adjectifs en -e (la prauba 

hemna, et non la praube hemna). Mais c’était déjà dans le Civadot (cf. p. 160), et que je l’ai 

critiquée à cette occasion. 

Un alphabet qui innove 

La séquence des numéros de titres et de paragraphes arrête l’Avant-propos de M. Grosclaude 

à la p. 34. Vient alors l’Utilisation du dictionnaire, texte anonyme en deux titres (I - Remarques 

d’utilisation et II - Typographie) eux-mêmes découpés en paragraphes. Or très étrangement, le premier 

du titre Typographie n’est pas moins que l’« Alphabet occitan », étant aussitôt précisé qu’« Il 

n’y a pas à proprement parler d’alphabet occitan car l’occitan utilise pleinement l’alphabet latin. » 

(p. 42). Or je vois là deux innovations : 

La première, idéologique, c’est que le gascon s’écrit avec l’alphabet occitan, tout simplement; 

c’était presque dit dans les Fiches de grammaire… de 1995, mais de façon plus embarrassée (cf. p. 

170). Or L’application… de 1952, qui reste le seul document officiel I.E.O. en la matière, présentait 

ainsi l’alphabet gascon : « Le gascon aura un alphabet de 23 lettres »; et suivait l’alphabet 

français amputé de K, X et Y (cf. p. 145). Donc pour l’I.E.O. de 1952, et pour Alibert le rédacteur, 

il n’était pas question d’alphabet occitan étendu au gascon — bien que ce fût le cas —, mais bel et 

bien d’un alphabet proprement gascon. Et le futur « aura » visait l’avenir, car le passé de la langue 

montre un très large usage de l’Y, et, occasionnellement, celui de K (mots venus du grec comme 

kathedrau, /k/ divers) et du W (noms germaniques comme Wilhem). 

La seconde est pratique : sitôt écrit, le qualificatif « occitan » est balayé par une remarque de 

bons sens : c’est en réalité l’alphabet latin; encore que « latin » soit une façon de parler, puisque la


langue de Rome n’utilisait primitivement ni le G, ni le K, ni l’Y, ni le Z, ni encore moins le W; et le 

J n’est venu se distinguer du I et le V, du U qu’à la Renaissance… En tout cas, même d’« usage 

restreint », K, X et Y sont intégrés purement et simplement dans l’alphabet (gascon) qui retrouve 

les 26 lettres de l’alphabet français contemporain… Mais les plumes occitanistes ont du mal à 

l’écrire… Ne boudons pas pourtant : c’est une bonne innovation, déjà approuvée dans les Fiches… 

de 1995. Reste à voir ce que cela donne en pratique. 

La réalité des graphies, au fil des pages 

On trouve d’abord des manquements aux règles mêmes de l’I.E.O. ou du C.L.O., au point 

qu’on se demande si le silence des auteurs sur ces règles n’en cache pas une mauvaise maitrise de 

leur part. Ainsi, on trouve con·hóner (confondre) alors que cohóner est la graphie de L’application… 

de 1952, p. 4; de même con·hessar devrait être cohessar pour rendre la prononciation (cf. 

dans les Coundes biarnés de Yan Palay, La Couhessiou de Casaussus {La Confession de C.}). 

Selon la norme I.E.O., le h est toujours [h] en gascon; or il n’est que graphique, donc muet, 

dans les interjections françaises ah ! eh ! oh !, et de même en gascon, même si l’habitude du 

français a conduit Palay à les noter ah ! eh ! èh ! oh ! (cf. p. 269); les auteurs reprennent cette erreur 

(ah !, eh !), alors que le lexicographe occitan Ch. Rapin les écrit a !, é !; mais les auteurs ont bien 

traduit « bah ! » par bò !, sans -h… 

On sait qu’ils se sont résolus à appliquer la “préconisation” du C.L.O. qui a rétabli le z 

intervocalique d’origine grecque ou arabe; mais j’ai cru déceler des “ratés” : catequisar, 

catequisacion, fascisant, fascisacion, fascisar. Et en dépit de la seconde série de “préconisations” 

du C.L.O., sedaç (crible) et troçar (emballer) sont écrits avec ç au lieu de s(s); hisson (dard), 

esmeussat (dératé) et besson (jumeau), le sont avec ss au lieu de ç. 

Les auteurs écrivent asepsia, asexuau, asimetria, bisexuau, bisulfit, bisulfit etc; decasillabe, 

endecasillabe, dodecasillabe etc. malgré leur propre règle n° 2 d’emploi du trait d’union, selon 

laquelle « tous les mots composés dont le premier élément se termine par une voyelle et dont le 

second commence par s s’écrivent avec un trait d’union. » Est-ce à dire que ces mots devraient se 

prononcer par [z] ? C’est peu vraisemblable. 

Le traitement des emprunts introduit subrepticement des correspondances graphie-phonie tout 

à fait étrangères au système; par exemple coriza (coryza) à lire [k%'riza] présente un o et -a en 

exception des normes qui voudraient qu’on lût [ku'rizœ/o] ce que, d’ailleurs, chacun prononcerait 

spontanément [k%ri'za]; harissa [ha'risa] et armonica [armu'nika] n’ont que l’-a en exception, mais 

cela suffit à déranger le système. 

L’unité de mesure coulomb notée ainsi, sans doute pour respecter sa forme internationale — 

ce qui est judicieux — introduit un ou pour noter /u/, ici encore hors système. 

Des disparités de traitement s’expliquent mal : “carême” traduit par quaresme et “carêmeprenant” 

par carementrant; serait-ce pour permettre la prononciation [kwa]- du premier ? mais 

alors, on peut regretter le refus du tréma dans ce cas : qüaresme; “archonte” est traduit par arcont et 

“exarchat” par exarquat; ce dernier peut-être parce que “exarque” est traduit par exarque; mais on 

écrit bien que marque le subj. de marcar {marquer}…; quòta {cote} et cotiza {cotisation}, etc. 

L’usage du k est hésitant : ainsi, aiquido et judoka; acadian traduit “acadien” et “akkadien”; 

pourquoi ne pas avoir traduit ce dernier par ak(k)adian ? Puisque l’on respecte le nom international


du coulomb et que les symboles kcal, km, kg etc. remplacent judicieusement les qcal, qm, qg… qui 

mettaient nos langues d’oc en dehors du concert international, pourquoi le préfixe kilo- du nom 

complet de ces unités reste-t-il occitanisé en quilo ? 

Et il serait fastidieux de signaler les difficultés de lecture que l’on rencontrera pour bien des 

mots, en raison des défauts maintes fois signalés de la norme occitaniste; certains sont atténués par 

l’indication de la prononciation de quelques mots, mais cela n’est pas systématique : agòr [a'5%r] 

{automne}; càncer [-ser], canicular [-'lar], mais rien pour esquèr {gauche}; apòstol [a'p%stu :], 

capítol [ka'pitu :], mais rien pour discípol {disciple}…; ni pour le -n [n] d’augan {année}, nèn et 

nin {bébé} etc.; gran {grand} avec -n dental reste homographe de gran {grain} avec -n caduc, bien 

que l’occitan l’écrive grand et que les dérivés soient grandessa, grandor…; pourtant, le Mémento 

grammatical du Gascon de J.-P. Birabent et J. Salles-Loustau avait montré le chemin… Et butan 

{butane}, comment les auteurs entendent-ils qu’on le lise : [by'tan] ou [by'tã/ta7] ? 

Mérite néanmoins une mention spéciale la lacune de la norme pour noter [wi] : oi se lit très 

couramment [u"] (poirir {pourrir} [pu"'ri]), et coic ! {couic !} risque d’être lu [ku"k] au lieu de 

[kwik]; les auteurs l’ont donc écrit coïc !, mais le tréma marque la diérèse puisque « on écrira […] 

oï […] pour indiquer que la prononciation doit être [%'i] […] et non pas […] [%j] » (p. 31) (avec 

oubli de l’accent grave, car c’est òï qu’on aurait dû écrire). Donc désordre garanti, d’autant que 

coïncidir, coït se lisent normalement en diérèse… Et je n’en vois pas le remède, sauf à rétablir y 

comme glide, suivant la pratique gasconne depuis le Moyen âge : oy pour [u"], oi pour [wi] et oï 

pour [ui]; mais ce ne serait qu’un replâtrage de plus d’un système dépassé. 

Mais les auteurs ont réparé, et dans le bon sens, le désordre constaté dans le Civadot pour les 

produits de “fl-” latin (p. 216 ci-après) : ehlamar / eslamar (flamber), eslor / ehlor (fleur), esloronc 

/ ehloronc (furoncle), eslagèth / ehlagèth (fléau), etc.; mais l’ordre est tantôt ehl- / esl-, tantôt esl- / 

ehl-. Cela me parait préférable à l’unique graphie en esl- du dictionnaire de MM. Moreux et Puyau 

(p. 183 ci-dessus). 

Ce dernier point résulte peut-être de la prise en considération de mes critiques et suggestions 

dans le n° 20 de Ligam-DiGaM que j’avais adressé à Per noste en service de presse le 23 décembre 

2002. Il est en tout cas un autre point de convergence avec mes travaux : en optant systématiquement 

pour les formes en -eria au paragraphe « infirmeria et non infirmaria » des choix linguistiques, 

M. Grosclaude avait abouti aux mêmes conclusions que moi-même, en novembre 2002, sur le 

produit gascon du latin -aria; or « l’abondance des matières », m’en avait fait différer la publication 

jusqu’au n° 21 paru à la fin mai 2003, bien évidemment dans l’ignorance totale de ce que serait le 

Dictionnaire. 

Je ne suis pas sûr que la publication en Septembre 1996 du numéro spécial de Ligam-DiGaM 

intitulé Le gascon, langue à part entière et le béarnais âme du gascon (cf. p. 14) soit totalement 

étrangère à la relance par Per noste de son projet de dictionnaire ni à la condamnation par M. Grosclaude 

des linguistes qui, voulant améliorer la graphie classique du gascon, compromettraient son 

futur dictionnaire (éditorial de dans Per noste-Païs gascons n° 176 daté de 10/11-1996 et paru dans 

la seconde quinzaine de novembre). Pourtant, les convergences de nos vues, quand on fait abstraction 

de toute idéologie, montrent le profit que la langue aurait pu tirer d’une mise en commun de 

nos travaux; par mes publications, je l’ai toujours cherché; c’est dommage que cela ne soit pas allé 

plus loin. Mais là, pas plus qu’ailleurs, on ne refait pas l’Histoire.


Conclusion 

Cet historique de quatre-vingt-douze pages peut paraitre bien long; du moins nous a-t-il permis 

de relever la plupart des problèmes inhérents à la langue; ils sont dus le plus souvent au fait que 

l’alphabet latin, avec la prononciation habituelle de ses lettres, ne peut rendre directement certains 

phonèmes gascons. Heureusement, certains d’entre eux ont été réglés de la même façon par tous les 

grammairiens, comme /&/ noté par lh, et je n’en parlerai plus. Mais d’autres ont trouvé des solutions 

très diverses; leur tableau récapitulatif qui achève ce chapitre facilitera mes propositions 

ultérieures. 

Et si l’on veut une conclusion plus “philosophique”, on pourra se désoler que plus la langue 

est malade, plus on se dispute sur la façon de l’écrire. Cela, c’est un “problème de société”, suivant 

l’expression à la mode; d’où le chapitre suivant qui essaiera de faire le tour des relations du peuple 

gasconophone avec l’écriture de sa langue.


produit de a 

posttonique 

[u] (rare avant 

XVIIe s.) 

[we] 

[wa] 

[j] postnucléaire 

voy. nasalisée 

par chute de -n- 

[!] 

[t!] 

[tj] 

(gn) 

produit de -dicu, 

-ticu 

-r final amuï 

Le Moyen âge e, a ou oe oa y x,ch 

101 proverbes ("1500) e (o) ou 

Pey de Garros (1557) a ou 

oe 

oe 

oa 

oa 

y, i 

y (i)x 

nh,g ign dg/tg 

n 

ñ tg 

A. de Salette (1583) a (e) ou oe oa y (i)x gn dj Ø 

Du XVIe au XIXe s. e (o) ou oe oa y ch gn Ø 

Abbé Pédegert ou oe oa gn Ø 

Vastin Lespy e ou oe oa y x,ch tch ty gn, dg Ø 

Escole Gastou Febus e ou oe oa y ch tch th nh gn Ø 

Les “Trovadors” a o oe oa i ch ch nh tg r 

Jean Bouzet (1928) a ou oe oa y ch tch th gn Ø 

Simin Palay (1932) e,o ou oe oa y ch tch th gn dj Ø 

S.E.O. (1942) a o oe oa i sh ch ch nh tg r 

Le Pr. H. Gavel (1942) ou oe oa y / i gn Ø 

J. Courriades (1951) e ou oe oa y ch tch th gn dj Ø 

I.E.O. (1952) a o ue, i ía (i)sh ch ch nh r 

J. Séguy et son “école” a o oe oe ua,oa oa i sh ch ch nh r 

L’E.G.F. selon Sarrail e o oe oa y ch tch th Ø 

R. Darrigrand a o ue, i (i)sh ch ch nh tg r 

I.E.O. 1975 o oe ua,oa i ch ch nh tg r 

Aranais (1983) a o ue, i ch ch nh tg r 

Le “Civadot” a o oe ue, ua,oa i ch ch nh tg r 

I.E.O. 1985 a o oe ua,oa i ch ch nh tg r 

A. Hourcade (1986) a o ue, i (i)sh ch ch nh tg r 

J.Salles-Loustau 

o oe ua,oa i ch ch nh tg r 

(1986) I.E.O. 1989 o i (i)sh ch ch nh tg r 

Mémento gram. (1989) a o ue, i (i)sh tx ch nh tg r 

Coromines (1990) a o oe ua,oa i (i)x ch ch ny tg r 

Fiches de gram. (1995) a o ue, i (i)sh ch ch nh tg r 

Que parlam (1996) a o oe ue, ua,oa i (i)sh ch ch nh tg r 

C.L.O. 1997 o oe ua,oa i (i)sh ch ch nh tg r 

Atau que’s ditz (1998) a o ue, i (i)sh ch ch nh tg r 

DiGaM (1998) a o oe oe ua,oa oa i (i)x ch ch nh dg r 

C.L.O. 1998 o i sh ch ch nh tg r 

Arnaudin/Boisg. e/a o 

y/i 

tg Ø 

(2001) Moreux/Puyau (2002) 

Narioo & autres (2003) 

e 

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gn/n gn 

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Ø 

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Chapitre II 

Sociolinguistique des graphies du gascon 

Aborder les graphies sous l’angle de la sociolinguistique, c’est soulever une foule de questions 

qu’il peut être difficile de bien ordonner. Je vais néanmoins l’essayer, car cela me parait indispensable 

pour assurer de solides fondations à mes propositions des prochains chapitres. 

Comme pour la langue elle-même, je montrerai d’abord la confusion qui règne dans la 

désignation des graphies, afin d’éviter au lecteur de s’y laisser prendre. 

Puis, comme toutes les graphies en vue répondent à des règles, à des normes publiées à un 

moment donné, nous nous interrogerons sur le pouvoir normatif en la matière. 

Nous verrons ensuite comment le monde gascon voit et pratique la graphie moderne, puis la 

graphie classique, et nous nous demanderons pour finir si celle-ci ne se réduit pas à un rêve éveillé 

de lettrés. 

I – De la confusion dans la désignation des graphies 

La revue historique qui précède montre que, finalement, la graphie du gascon moderne se partage 

entre deux grands courants : un courant classique, principalement caractérisé par une référence 

à la graphie médiévale du temps des Troubadours et une vision fortement unitaire des parlers d’oc, 

groupés autour du languedocien; et un courant moderne, principalement caractérisé par une adaptation 

constante à la langue parlée, dans toute sa diversité dialectale. 

Dans les faits cependant, faute d’une réflexion approfondie sur ces questions, et donc faute de 

documents pédagogiques de bon niveau, faute de rigueur intellectuelle aussi, il règne une grande 

confusion dans les esprits quant à l’appréhension et la désignation de ces systèmes. J’y ai fait allusion 

dans le “Prologue” du chapitre précédent, p. 98; il convient maintenant de le montrer explicitement 

pour écarter les qualificatifs inadéquats. 

Une “étude de texte” pour essayer d’y voir clair 

Dans les pages de tête du manuel bayonnais de conversation Que parlam, un titre Comment 

écrit-on le gascon ? introduit opportunément mon propos (pp. 24-26, passim) : 

« On rencontre aujourd’hui, sommairement, trois façons de l’écrire : 

« 1 er cas – Graphie phonétique, ou spontanée, au gré de chacun. 

« Le locuteur écrit le gascon comme il le parle ou l’entend parler, en suivant les règles 

orthographiques de la langue qu’il connaît le mieux, et en tout cas de la seule qu’il sache 

écrire : le français. 

[…] 

« Le gascon “de BAYONNE” tel qu’on le connaît par les textes déjà publiés, a été 

forcément écrit en “phonétique” (3) ; l’Académie Gascoune avait fixé quelques règles, il y a 

soixante-dix ans, mais cet effort n’a pas été poursuivi et actualisé, si bien que nous n’avons 

ni grammaire, ni dictionnaire, ni livre “de classe” en gascon de Bayonne. Pour l’étude du 

gascon dans notre secteur, on est obligé de recourir à des ouvrages écrits en béarnais. 

« C’est ainsi que l’effort en faveur de la langue d’origine précipite la perte du “gascon 

de Bayonne”. 

« 2 ème cas – Graphie phonétique “régularisée” par certains organismes : 

« À défaut d’instrument d’État pour organiser et “réglementer” la langue et ses évolutions, 

l’Escole Gaston FEBUS, de Pau, (une association) a fait un gros effort dans ce


sens. Le “Dictionnaire du gascon moderne” de Simin PALAY, qui est toujours un “grand 

ouvrage” indispensable, applique ses principes. Mais l’Escòla Gaston Febus ne milite plus 

pour cette graphie, et il reste peu d’influences organisées agissant en sa faveur… Cette 

graphie périclite. 

« 3 ème cas – Graphie occitane dite “classique”, ou “normalisée” (utilisée par l’Institut 

d’Études Occitanes, et une partie du Félibrige). 

« C’est elle qui est adoptée dans l’Enseignement public. Elle a donc un poids considérable 

et une dynamique. Ce mode d’écriture tend, d’une part, à reprendre des règles ou 

usages en vigueur aux époques où la langue d’oc était florissante et conquérante; d’autre 

part, à unifier l’orthographe – entre autres règles –, tout en laissant à chaque petite région, à 

chaque variété de dialecte, le choix de prononcer différemment certaines lettres, selon la 

tradition locale, et de conserver des mots spécifiques. Ceci est une des conditions, dans 

l’immédiat, pour qu’elle ait des chances d’être “admise” par les générations actuelles. » 

« (3) Mais dans les plus anciens recueils écrits dans ce dialecte (Livre d’Or des Évêques 

de Bayonne, Registres gascons), on trouve des mots formés selon le gascon dit aujourd’hui 

“normalisé” (voir pages suivantes). » 

Il y a là bien matière à commentaire : 

– toutes les graphies autres que les purement idéographiques ont depuis longtemps pour objet 

de noter des sons par l’écrit, et qui dit “son”, dit “phonétique” ou mieux “phonologique”; donc toutes 

les graphies citées par Que parlam sont “phonologiques”, avec plus ou moins de concessions à 

l’étymologie : nous l’avons vu au chapitre précédent pour celle de l’E.G.F. et celle de l’I.E.O., et 

même ici, dans le cas n° 1 de graphie individuelle : écrire canta (< cantare) et non kanta, quaouque 

(< qualis + quod) et non caouke, cèou (< coelum) et non sèou, c’est s’écarter du phonétique pur; la 

différence entre graphies modernes et classiques, c’est que les modernes privilégient la facilité d’interprétation 

contemporaine des graphèmes choisis, donc la simplicité du code graphème-phonème, 

tandis que les classiques restent attachés à des graphèmes anciens dont la valeur phonétique initiale 

a changé du fait de l’évolution de la langue, d’où un code graphème-phonème plus complexe; 

– comme rappelé par les auteurs, la graphie de l’Escole Gastou Febus est une graphie « régularisée 

», c’est-à-dire « normalisée », qui a servi de base au Dictionnaire du béarnais et du gascon 

modernes de Simin Palay cité par les auteurs (en oubliant toutefois le “béarnais” !) (voir plus haut, 

p. 136); et la graphie de l’Academie gascoune de Bayonne était aussi une graphie « normalisée »; 

– mais si les auteurs soulignent qu’il s’agit d’une normalisation par des « associations », donc 

des organismes privés, ils auraient dû en dire autant de la graphie de l’I.E.O., qui est lui aussi une 

association privée sans aucune mission de service public (voir plus loin, p. 196); 

– s’il est exact que l’Escole Gastoû Febus, devenue Escòla Gaston Febus en 1997 (cf. p. 77), 

ne soutient plus la graphie qui porte son nom, il n’est pas si sûr que cette graphie périclite à en juger 

par l’attachement des locuteurs naturels, comme on le verra plus loin (p. 202); 

– il n’est pas tout à fait exact de dire “occitane” la graphie “classique” du gascon selon 

l’I.E.O. car dans la mesure où elle fait l’objet d’un document distinct de celle de l’occitan (cf. p. 

144), cette graphie est “gasconne”, fût-elle adaptée de l’“occitane”; 

– mais les Bayonnais ont tout à fait raison de qualifier cette graphie de “classique” (celle 

qu’on enseigne dans les écoles […]) » (p. 17); aussi pourra-t-on sourire lorsque les auteurs font remarquer 

que, dans les textes anciens qu’ils rapportent plus loin, « on trouve des mots formés selon 

le gascon dit aujourd’hui “normalisé” »… alors que c’est exactement le contraire ! au surplus, cette 

remarque révèle la confusion déjà dénoncée entre normalisation de la graphie et normalisation de la 

langue; en l’occurrence, seule la graphie est normalisée — et encore ! — et les auteurs se félicitent 

au contraire que cette normalisation de l’écrit autorise la variété des réalisations orales;


– enfin, dire que la graphie classique a été « adoptée dans l’Enseignement public » ou même 

qu’elle est « celle […] qui permet de passer examens et diplômes » (p. 17), c’est participer à une 

confusion supplémentaire, qui s’apparente à de la désinformation pure et simple, comme nous le 

verrons à la page suivante. 

Quant à faire passer pour “moderne” la graphie “classique”… 

Mais la confusion va encore plus loin quand on appelle “moderne” la graphie “classique” ! 

Je citerai d’abord M. Grosclaude qui était professeur de philosophie — donc de logique — et 

que ses travaux linguistiques sur le gascon ont à juste titre fait considérer comme un expert en la 

matière. Or dans son Dictionnaire toponymique de 1991, p. 30, il écrit : 

« Ce que nous appelons “orthographe béarnaise correcte”, c’est ce que certains ont 

appelé “orthographe classique”, d’autres “orthographe normalisée”, d’autres encore “orthographe 

de l’Institut Etudes Occitanes” [sic], d’autres enfin “orthographe alibertienne” 

du nom du grammairien qui en fut le principal initiateur. » 

Jusque là, rien à dire, sauf à constater la pléthore de désignations de la graphie de l’I.E.O. 

Mais trois pages plus loin, le même auteur annonce qu’il proposera pour le nom de chaque commune 

« dans la rubrique “orthographe restituée”, […] deux orthographes possibles : une orthographe 

traditionnelle et une orthographe moderne »; la rubrique contenant en principe l’« orthographe 

béarnaise correcte » s’appellera donc d’un autre nom, « orthographe restituée », et de fait, la “graphie 

classique occitane” préférée de l’auteur y sera proposée comme « orthographe moderne », par 

opposition à la véritable “graphie classique béarnaise”, qualifiée de « traditionnelle ». 

Et malheureusement, M. Grosclaude n’est pas le seul à entretenir la confusion entre classique 

et moderne. Ainsi, entre autres, R. Darrigrand (p. 157 ci-dessus); ou E. Chaplain (1997) présentant 

sa réédition du Dictionnaire du patois de La Teste de Pierre Moureau noté en graphie classique : 

« L’orthographe retenue […] est […] la graphie occitane moderne »; ou encore Atau que’s ditz 

(1998, p. 14); et « graphie occitane moderne » cumule deux erreurs, puisqu’il s’agit d’une « graphie 

classique » et spécialement prévue pour le gascon, je viens de le rappeler à la page précédente. 

Ainsi, à la confusion sur le nom de la langue gasconne que nous avons pu constater en Première 

partie s’ajoute celle sur le nom de ses graphies ! Et ce n’est pas fini, car la même confusion 

règne sur le pouvoir normatif en cette matière. 

II – Du pouvoir normatif en matière de graphie 

Il y a vraiment de quoi s’émerveiller de l’ardeur déployée par tant de défenseurs de nos langues 

d’oc pour en règlementer la graphie. Chez des gens qui, notamment depuis mai 1968, 

s’insurgent volontiers contre la centralisation jacobine et l’excès de législation qui rogne les libertés, 

on ne cesse de formuler des règles auxquelles on entend soumettre les autres, et l’on n’hésite 

pas à demander à l’État jacobin de se faire le bras séculier d’une moderne Inquisition. 

Or il faut commencer par voir ce qui en est du français lui-même : l’Académie française n’a 

juridiquement aucun pouvoir pour imposer une orthographe quelconque; elle choisit et publie, mais 

on la suit ou non, aucune loi n’y oblige (cf. Catach, 1988, p. 50 en note). Il en est ainsi par exemple 

pour sa recommandation de 1990 tendant à supprimer à peu près tous les accents circonflexes sur u 

et i : buche comme ruche, maitre, il parait, etc.


Aucune graphie n’a pu être légalement “adoptée” par l’Éducation nationale 

Il est donc dans la logique du droit français qu’aucun ministre, aucune autorité administrative, 

ne peut légalement définir ou simplement homologuer un système orthographique quelconque pour 

aucune des langues de France. Et il serait aberrant qu’un “statut” légal des langues de France en 

disposât autrement, car ces langues seraient soumise à un régime qui n’est même pas celui du français, 

« langue de la République ». 

Il est donc juridiquement faux et abusif, voire trompeur, de dire, comme les auteurs bayonnais 

de Que Parlam, que la graphie classique a été « adoptée dans l’Enseignement public » ou même 

qu’elle est « celle […] qui permet de passer examens et diplômes » (p. 17); bien au contraire, les 

arrêtés ministériels et les circulaires imposent le respect de la graphie choisie par les auteurs 

étudiés, et, pour l’enseignement proprement dit, laissent le choix aux maitres, le seul critère étant 

la cohérence de la graphie choisie. Toute autre attitude relèverait de l’abus de pouvoir. 

Voici par exemple le texte même de l’Arrêté ministériel du 15 avril 1988 relatif aux programmes 

de langues régionales dans les lycées (J.O. du 30 et B.O.-E.N. pour les annexes) : 

« En ce qui concerne les graphies, on s’efforcera d’adopter des attitudes ouvertes. 

Pour amener les élèves à une pratique parlée et écrite de la langue dans sa variété locale, 

l’enseignant sera évidemment conduit à privilégier une base graphique qu’il déterminera 

librement en fonction de l’efficacité pédagogique et de l’environnement littéraire et culturel. 

L’exploration de la littérature lui offrira de nombreuses occasions d’introduire dans son 

enseignement des éléments d’information sur les autres systèmes d’orthographe, passés et 

actuels. Les œuvres et les documents seront en effet présentés et étudiés en respectant strictement 

leur graphie d’origine, celle-ci correspondant, de la part des auteurs, à des options, 

voire à des engagements, qui font partie intégrante de leur contribution aux lettres d’oc et 

qu’il ne saurait être question d’éluder ou de dénaturer : on trouvera là, au contraire, matière 

à développer chez les élèves l’esprit de rigueur scientifique et de tolérance avec lequel il 

convient d’envisager la question. » (Annexe « Langue d’oc »). 

Édicter des règles orthographiques pour une langue d’oc ne peut donc être le fait que de personnes 

privées, même si elles sont souvent appuyées par des associations, privées elles aussi. C’est 

ce que rappelait à l’I.E.O. le Pr. Robert Lafont : « reconnaître que la graphie ainsi modifiée devienne 

officielle en dehors de l’I.E.O., c’est donner à cet organisme une compétence scientifique et 

juridique d’une nature spéciale. » (Amiras n° 7, 1984, p. 104). Or, évidemment, pas plus qu’une autre 

association, l’I.E.O. n’a pas cette compétence juridique, que seule une loi pourrait conférer ! 

Mais voyons plutôt maintenant comment a fonctionné le “pouvoir” règlementaire, nécessairement 

interne, des associations d’oc en matière de graphie du gascon. 

La graphie félibréenne de l’Escole Gastou Febus ou graphie “fébusienne” 

Nous avons vu qu’historiquement, les premières règles écrites pour l’écriture du béarnais, en 

1900, puis du gascon en général, en 1905, furent les règles “modernes” adoptées par l’Escole Gastoû 

Febus. Déjà, à l’époque, des voix s’élevèrent contre le principe même d’édicter des règles en 

“académie” de lettrés, alors que la langue vive était celle de gens simples qui ne se souciaient pas 

d’écrire. Cela n’empêcha pas l’application de ces règles, avec plus ou moins de soin, par tous les 

félibres du sud-ouest gascon. Quelques uns, certes, affichèrent des choix personnels comme le salisien 

Al Cartero, qui notait les h muets, les participes passés en -d (l’abor qu’ha berreyad; … qu’ha 

courrud), des -q en finale (milhoq, bosq…). Et surtout, l’est gascon, au sein de l’Escolo deras Pirenéos, 

suivit Bernard Sarrieu et ses graphies changeantes. Mais ce ne sont pas les auteurs les plus lus 

qui se sont écartés de la norme, et il n’y eut pas de contestation sérieuse du côté des “modernes”.


La graphie occitaniste selon l’I.E.O. 

En revanche, l’école “classique” dont on a vu les progrès en Gascogne, de l’échappée classique 

de Simin Palay à l’entrée en lice de Per Noste, n’a pu rester en dehors des remous qui se sont 

produits dans le monde occitaniste. On a vu p. 143 comment s’était définie la graphie officielle de 

l’I.E.O. à partir de la Gramatica occitana d’Alibert (1935), et, en ce qui concerne le gascon, p. 147, 

les réserves de P. Bec (1952, 48). Mais qu’il s’agisse du gascon ou de l’occitan, l’I.E.O. s’est avéré 

incapable d’entretenir un organe d’étude et de mise à jour des normes. 

Ce n’est qu’en 1975 que furent publiées les premières modifications aux normes de 1950-52 

(ci-dessus, p. 158). Cependant, les tensions internes qui devaient conduire à la disparition du 

Conseil d’études de l’I.E.O. (cf. p. 84) devaient exister déjà en 1975. On sent en effet la contestation 

dans l’air dans le Rapport sur la Commission de Normalisation Philologique établi par son secrétaire 

J. Taupiac (Q.L.O. n° 4, déc. 1976 pp. 47-49); décrivant la procédure de concertation et de 

décision et énumérant les personnages y ayant participé, puis faisant état d’une approbation unanime 

par le Conseil d’études de l’I.E.O. le 14 décembre 1975, ce rapport entend manifestement répondre 

à des critiques, voire à des refus… 

Effectivement, ces modifications ne furent pas acceptées par tous, et d’abord par le Pr. Robert 

Lafont, alors responsable du secteur scientifique de l’I.E.O., et son refus est une des cause de sa 

démission de l’I.E.O. en 1981 (Viaut, 1987, p. 111). Ses fidèles, groupés surtout autour de 

l’Université de Montpellier et de la revue Amiras qu’il avait créée, persistèrent donc avec vehicul et 

realizar. Ainsi, dans Amiras n° 3 de sept. 1982, Ph. Gardy (D’espacis nòus per l’occitan ? pp. 19- 

26) et Ph. Martel (Revolucion e contrarevolucion en occitan ? pp. 53-60) utilisent encore -s-. Un an 

plus tard, dans le n° 6 d’oct. 1983, on est passé à -z- : Pèire Pasquini (Le Felibritge : problèma 

d’una istòria, pp. 3-13; Étienne Hammel et Ph. Martel (comptes rendus d’ouvrages, pp. 103-105). 

Ce climat de contestation peut expliquer les dix et même douze ans de silence du Secteur de 

linguistique de l’I.E.O., jusqu’au communiqué de 1985 publié en 1987; et enfin son communiqué de 

1987 publié en 1989. Et tous ces communiqués étaient prudemment présentés comme se limitant à 

des confirmations de normes (cf. pp. 162 et 166). 

Au demeurant, pour ne regarder que le monde gascon, il convient sans doute de rappeler ce 

qu’écrivaient en 1984 les auteurs du Civadot (cf. p. 160) pour justifier leurs écarts par rapport aux 

règles de l’I.E.O. : « – 2 ème cas, quand il s’agit d’une modification passée dans l’usage et admise par 

la très grande majorité des linguistes occitans » (p. 19). Cela relève certes du bon sens, mais crée 

une “autorité” de l’usage qui dévalue celle de l’I.E.O. en tant qu’organe “législatif” en la matière. 

Et elle ouvre la porte à n’importe quoi, car chacun peut se faire juge de l’usage; quand aux 

« linguistes occitans », nul n’en a encore donné la définition ni la liste; il en sera comme de l’usage, 

on pourra y mettre ou en écarter qui on voudra; et la qualité d’« occitan » risque de s’interpréter 

comme synonyme d’« occitaniste », c’est-à-dire partisan des idées « occitanistes », qui ne sont pas 

seulement de technique linguistique (cf. Chambon, 2003)… 

Dans les faits, la confusion 

Il ne faut donc pas s’étonner si, dans les faits, les occitanistes respectent très mal les normes 

qu’ils invoquent officiellement et ne sont pas toujours cohérents ni toujours d’accord entre eux. 

Nous y reviendrons, exemples à l’appui, pp. 214-216.


Or il s’agit là d’une faiblesse du système lui-même, car le même constat en “occitan” faisait 

écrire à la lexicographe Josiane Ubaud du GIDILOc (2000) : 

« Pour le Gidiloc, se pose maintenant la question d’un Diccionari Ortografic, que j’ai 

mis en chantier depuis trois ans, effrayée que j’étais par la liste des divergences, contradictions 

et incohérences que je rencontrais dans les dictionnaires et lexiques en circulation 

[…] » 

Au demeurant, le fondateur de ce GIDILOc P. Sauzet (1990, p. 38), plaidant pour le respect 

des règles établies pour imparfaites qu’elles soient, ne manque pas de signaler que R. Lafont, qui 

plaide de même, n’a pas toujours montré le bon exemple : 

« Il écrit “podem” deux fois [donc sans accent] dans [ce qui devrait être écrit] “Cal 

que podem la vinha, se podèm” {Il nous faut tailler la vigne, si nous pouvons}. L’ambigüité, 

comme d’autres du même genre, n’est pas grave en soi. Ce qui est grave, c’est de ne pas 

s’imposer de s’en tenir à la graphie comme elle a été définie. […] Si les auteurs les plus 

conscients et savants donnent l’exemple [le mauvais !], où s’arrêtera le processus ? » 

Et Jacques Taupiac n’a pas été le dernier à prendre des libertés avec la règle officielle, comme 

en adoptant l’accentuation — au demeurant plus rationnelle — càntan/cantaran (au lieu de 

l’officiel cantan/cantaràn) dans son Pichon diccionari françés-occitan de 1977, publié par l’I.E.O. 

C’est ce qui faisait écrire à G. Kremnitz (1992 pp. 243 et 245) : 

« La normativisation consiste en l’élaboration des normes grammaticales, lexicales…etc., 

d’une langue, […]. Dans l’emploi oral la normativisation se fait à travers la 

praxis de la parole, mais dans l’écrit il s’agit d’un processus plus large, d’une dialectique 

entre proposition et acceptation/refus sociaux. Si les propositions ne peuvent pas circuler 

librement entre les usagers, le travail normatif ne peut pas s’effectuer normalement. Dans 

la situation de l’occitan il n’existe pas de consensus sur une seule norme (qu’elle soit large 

ou étroite, francisante ou catalanisante importe peu ici). » […] 

« La diminution des capacités linguistiques devient visible […]. J’insiste pourtant sur 

deux observations : 

« Premièrement, depuis quelque temps la discipline normative des publications diminue. 

On sait que la révision (en principe utile et nécessaire) des conceptions alibertiennes 

n’a pas réussi; mais, au lieu d’employer la norme d’Alibert avec ses incohérences, aujourd’hui, 

presque tout le monde emploie son propre système, et comme la majeure partie 

de ceux qui écrivent en savent moins qu’Alibert, ce qu’ils écrivent est moins cohérent. 

Dans une situation de pleine santé, cela ne serait pas très grave, dans celle de l’occitan, cela 

fait un problème de plus. Ce manque de discipline intellectuelle s’explique naturellement 

par la situation de domination de la langue et par l’absence d’institutions reconnues par 

tous. Avec les structures d’enseignement qui existent actuellement, on devrait pourtant 

pouvoir faire quelque chose (il me semble qu’en général, ceux qui écrivent la langue avec 

le système Roumanille/Mistral le font avec plus de soin.). » 

Un mal profond 

G. Kremnitz met le doigt sur la cause de tous ces désordres : l’incapacité de l’I.E.O. à faire 

évoluer les normes dans un grand consensus. Ce n’est certes pas le fait d’un refus du responsable de 

son Secteur de linguistique : 

« Nous autres, les Occitans, si nous refusons “toute réforme judicieuse” [en français 

dans le texte], nous traitons notre langue non pas comme si elle était une langue néolatine 

comme les autres, mais comme si elle était du français (langue néolatine aberrante; tout le 

monde l’admet), de l’anglais ou du chinois. » J. Taupiac, 1988, p. 20. 

Mais il n’a pas été entendu et comme il faut quand même aller de l’avant, chacun applique ce 

qui lui semble la meilleure solution : « toute incohérence graphique ne manque pas de susciter de 

réformateurs. » (J. Taupiac, Occitans ! n° 82, Janv. 1998, p. 17).


Ainsi, Roger Teulat (1982), alors professeur à la Faculté de lettres de Clermont-Ferrand : 

« Je remarque que, depuis quelque temps, les problèmes orthographiques 

s’accumulent sans avoir de solution. Personnellement j’ai proposé quelques innovations 

[mais pas d’organisme de coordination pour y donner suite]. 

« Personnellement, dans mon métier d’enseignant, je suis obligé à chaque fois de 

choisir unilatéralement telle ou telle solution, soit parce qu’il s’agit d’un problème jamais 

traité, soit parce que la prescription en cours n’est pas cohérente. 

« Voici donc une table des problèmes que je crois pendants (sans doute en ai-je oublié). 

Je m’appuie sur le document paru en français dans les Annales de l’I.E.O. de 1950 

(que je viens de découvrir !), sur le dictionnaire d’Alibert […]. 

« Il me semble qu’une réunion générale des intéressés sous la direction de J. Taupiac 

et dans le cadre administratif de la Commission de l’I.E.O. pourrait rapidement entériner 

ces innovations et tout serait dit. Pour moi, je n’admettrai pas le passage devant une assemblée 

générale, quelle qu’elle soit. Tout ce folklore est enterré, et définitivement. » 

On peut même citer l’aveu des dirigeants de Per Noste, faisant le point à l’occasion de 

l’Assemblée générale de 1984, aveu doublement naïf dans la mesure où il constate que les autorités 

“normalisatrices” se multiplient et où il donne la primauté à l’écrit, alors que la langue se parle de 

moins en moins (P.N.-P.G. 109, 7-8/1985, p. 19) : 

« Maintenant, nous ne sommes plus en Béarn les seuls à normaliser. Il y a aussi 

l’Éducation nationale, la Civada, l’Escòla Gaston Febùs, la Calandreta… Tant mieux, 

c’est la preuve que nous avançons ! Le danger pourtant serait que chacun normalisât de son 

côté… Il faut nous entendre, il faut que nous nous y mettions, parce que l’écrit reste ce qui 

est le plus important pour le renouveau de notre langue. » 

À cette “indiscipline” s’ajoute semble-t-il un grand désintérêt social pour une graphie tellement 

complexe qu’elle en est devenu le théâtre d’interminables disputes entre spécialistes. Le délai 

de deux ans entre les communiqués du Secteur de linguistique et leur publication par la revue officielle 

de l’I.E.O. parait symptomatique de ce désintérêt; et encore plus sans doute le black-out total 

sur les textes fondateurs de 1950 et 1952 sur la graphie (cf. p. 143). 

Aussi redécouvre-t-on sans cesse les problèmes et même des solutions déjà adoptées ici ou là, 

voire déjà étudiées et rejetées comme non-satisfaisantes, mais totalement méconnues de gens qui 

veulent légiférer sans connaitre l’état du droit en vigueur et son histoire… Ainsi R. Teulat, dont on 

a toujours apprécié le sérieux, ne découvrant qu’en 1982 La Réforme… de 1950, alors qu’il enseignait 

l’occitan depuis une vingtaine d’années; et tous les responsables occitanistes gascons dont 

nous verrons plus loin les lacunes dans ce domaine (p. 213). 

Et l’on ne met jamais les choses à plat, autour d’une table, en faisant l’inventaire des problèmes 

linguistiques et extralinguistiques, et en ne cherchant des solutions concrètes qu’après avoir 

défini et accepté des buts “politiques” et des principes techniques permettant de les atteindre. 

Mais au fond, n’y aurait-il pas un tabou ? Voici encore ce qu’écrivait naguère R. Teulat : 

« …en 1950 ou à peu près, se fit un pacte (tacite ou exprès, on ne sait pas) pour admettre 

en totalité la réforme alibertine. Accepter la critique, c’est répandre la confusion, ou 

plutôt la révéler au public. D’où le combat volontariste, sectaire, obscurantiste contre les 

choix différents. […] bien des théoriciens actuels sont intelligents, mais il leur est impossible 

de se contredire, de renier le choix de leurs vingt ans. » (2001-2, p. 189). 

Le Conseil de la langue occitane et ses “preconizacions” 

Cependant, pour mettre fin à la regrettable situation issue de la contestation des décisions 

I.E.O. de 1975, des contacts furent pris dès l’été 1996 entre « des gens du Secteur de linguistique de 

l’I.E.O., du GIDILOc de Montpellier, du Collège d’Occitanie de Toulouse et des universitaires de


Vienne (Autriche) [Georg Kremnitz], Girone (pays catalans) [Xavier Lamuela], Clermont-Ferrand 

[Roger Teulat], etc. » en vue de créer un organisme unitaire (Occitans !, n° spécial A.G. 1996). Devait 

en résulter la création du Conseil de la langue occitane (C.L.O.). 

Le C.L.O. est une association déclarée à la préfecture de Toulouse le 1 er octobre 1997 (Occitans 

! n° 82 - Genièr de 1998 - p. 17). Il était composé à l’origine d’une vingtaine d’universitaires, 

lexicographes, pédagogues, de journalistes, choisis par cooptation et qui travaillaient depuis l’été 

1996. Le Président de l’I.E.O. Philippe Carbonne, et le responsable de son secteur de linguistique 

Jacques Taupiac en étaient, à titre personnel, semblant consacrer la disparition du Secteur de linguistique 

de l’I.E.O. (qui devait pourtant publier un communiqué en Janvier-Février 2001). Présidé 

par le professeur catalan d’Espagne Xavier Lamuela, à l’époque détaché à l’Université de Toulouse, 

le C.L.O. avait deux vice-présidents, Patrick Sauzet et J. Taupiac, pour secrétaire Dominique Sumien 

et pour trésorier Maurice Romieu. 

Le C.L.O. s’est surtout manifesté par les deux séries de “Preconizacions” adoptées en 1997 et 

1998 (cf. pp. 174 et 177) et relayées par les organes de l’I.E.O. 

Certaines ont été très mal reçues, notamment celle concernant le -z- (on écrira realizar, mais 

analisar et precisar), qui marquait la victoire de R. Lafont et de ses amis sur l’I.E.O. Certes, sous le 

titre « Lo Conselh de la lenga recomanda d’escriure “realizar” » (Occitans ! précité), J. Taupiac justifiait 

longuement cette décision alors que, 23 ans plus tôt, il avait présenté la graphie en -s- comme 

un immense progrès. Mais au plan général, cela périmait, pour les occitanistes légalistes, les choix 

officiels de l’aranais (p. 158) et ceux de nombreux dictionnaires et ouvrages pédagogiques gascons. 

Et au plan pratique, il en résulte de telles complications que plusieurs auteurs ont refusé cette préconisation, 

et ceux qui l’ont acceptée s’embrouillent assez facilement dans son application (voir p. 

289). Cette palinodie de J. Taupiac, qui déconsidère l’organe linguistique de l’I.E.O., et le désordre 

qui va suivre ne seront pas de nature à rendre crédibles les institutions occitanistes de linguistique 

normative. 

Pour ce qui est du gascon, la seconde série comprend ceci (p. 177) : « En gascon, il n’est pas 

nécessaire de mettre un h dans les noms propres occitanisés : Saara, Imalaia, Amborg, L’Aia, Olanda, 

Ongria », où les plus rompus aux acrobaties occitanes auront reconnu Sahara, Himalaya, Hambourg, 

La Haye, Hollande et Hongrie. Or cet oukase tombé du ciel (languedocien) a déclenché une 

protestation véhémente des occitanistes gascons, avec notamment le lancement d’une pétition (!) et 

un article en français de M. Grosclaude, La question du “h” aspiré en onomastique occitane - La 

Haia/L’Aia, Lo Havre/L’Avre, avec en post-scriptum les noms d’une trentaine de personnalités 

ayant donné leur accord sur cette protestation, dont les Pr. Pierre Bec et Georg Kremnitz. (P.N.-P.G. 

196, 1-2/2000, pp. 15-16). C’est tout dire… 

Le vide actuel 

David Grosclaude, nouveau président de l’I.E.O., allait bien vite constater l’échec de l’organe 

propre de l’I.E.O. et du C.L.O. dans une “tribune libre” avant l’Assemblée générale de 2002 

(Occitans ! n° spécial A.G. 2002, pp. 13-14) : « Proposicion de creacion d’ua autoritat de regulacion 

lingüistica en Occitania ». Pour le C.L.O., il écrivait : « il faudrait être sot pour ne pas reconnaitre 

que le C.L.O. est en crise et n’a pas pu fonctionner de façon satisfaisante. En son état actuel, 

l’I.E.O. doit donc s’en désengager. » Et pour l’organe propre de l’I.E.O., il n’en est même plus 

question, et le Président propose la création d’une « Académie Occitane qui serait l’autorité reconnue


par l’I.E.O. comme la seule capable de dire la norme linguistique […]. » Cela s’est continué, au 

point qu’un accord serait intervenu entre MM. Serge Carles, conseiller pédagogique d’occitan dans 

l’Aveyron, David Grosclaude et le Pr. P. Sauzet, apparemment président du C.L.O., sur des 

« Propositions pour un nouveau Conseil de la Langue Occitane » qui serait un secteur de l’I.E.O. 

avec son autonomie de décision (Occitans !, n° spécial A.G. 2003, p. 8). 

Exeunt donc le Secteur linguistique de l’I.E.O. et le C.L.O.… 

Mais sur le fond, l’« Académie » ou le « Nouveau C.L.O. » sont déjà “plombés” par deux options 

non négociables : « il n’y a qu’une seule langue occitane (ou langue d’oc) et la graphie employée 

est la graphie classique acceptée par l’I.E.O. » (Proposicion… de 2002, reprise dans le texte 

de 2003). Les conclusions majeures de toute réflexion scientifique étant posées d’avance, il n’y a 

plus de place pour une telle réflexion, comme le soulignera bientôt J.-P. Chambon à propos de la 

“linguistique occitaniste” : « Les connaissances scientifiques sur l’occitan courent donc le risque 

d’être brouillées ou déviées par les préjugés qui se produisent et qui se reproduisent sans cesse sur 

le terrain du renaissantisme. » (2003, p. 5). 

Le problème de l’« autorité » 

J’ai rapporté plus haut (p. 196) la phrase un peu cruelle de R. Lafont rappelant l’incapacité juridique 

de l’I.E.O. pour régenter la graphie d’oc. C’était du genre « Qui t’a fait comte ? – Et toi, qui 

t’a fait roi ? », mais on a vu que c’est tout à fait juste juridiquement parlant. De même, après le 

communiqué de 1989 sur la graphie (p. 166), J. Sibille constatait (1990, p. 37) : 

« L’I.E.O. n’étant plus en position de légiférer sur la graphie, il aurait peut-être pu se 

passer de publier un communiqué. On pourrait d’ailleurs se poser la question de savoir s’il 

est possible qu’il y ait UN organisme qui dise la norme d’une langue qui n’est pas la langue 

d’UN pouvoir. » 

Alors, en fin de compte, l’“autorité” en ce domaine revient à son sens primitif, dérivé des latins 

au(c)tor et augere, “augmenter” : l’autor, c’est celui qui augmente la valeur d’une chose, en lui 

donnant une garantie, une caution, en signant une œuvre. Celle-ci vaut par l’autorité, c’est-à-dire 

l’estime acquise par l’autor auprès de l’opinion. Autorité morale seulement, mais la plus forte 

quand on doute. 

Escole Gastou Fèbus d’autrefois, Escòla Gaston Fèbus d’après 1984, I.E.O., Conselh de la 

lenga occitana ou autre…, ce sont les écrivains qui montreront où est l’“autorité” qui les a convaincus, 

et plus encore les lecteurs qui achèteront et liront leurs œuvres. 

III – La graphie moderne dans le monde gascon 

Les auteurs de la renaissance félibréenne 

Inutile de dire que la graphie moderne de l’Escole Gastou Febus fut en principe celle de tous 

les auteurs des soixante premières années du XX e s., avec les grands noms de Camélat et Palay devant 

une foule d’autres auteurs encore lisibles par les non-spécialistes mais oubliés depuis l’entrée 

de l’occitanisme en Béarn et Gascogne; oubliés non par désintérêt sur le fond, mais parce que le Félibrige 

n’est pratiquement plus là pour les faire connaitre et les republier éventuellement, tandis que 

les occitanistes n’envisagent de réédition que dans leur graphie classique et que les héritiers détenteurs 

des droits d’auteur sont rarement disposés à voir travestir l’œuvre de leur parent (travestir = 

changer le vêtement qu’est en l’occurrence la graphie, comme on l’a dit souvent).


Les nouveaux auteurs et l’édition contemporaine 

Quant aux nouveaux auteurs qui sont des locuteurs naturels sans être des enseignants occitanistes 

(cf. p. 214), ils sont fort rares; mais dans la mesure où la graphie moderne rend les sons du 

gascon avec des graphèmes identiques à ceux du français qu’ils savent tous écrire correctement — 

et souvent mieux dans les générations qui pratiquent couramment le gascon que dans celles qui 

l’ont perdu —, c’est cette graphie qu’ils emploient spontanément. C’est le « 1 er cas » envisagé par 

le Que parlam de Bayonne (p. 193 ci-dessus). 

Et si les règles de 1905 ne furent jamais republiées, un exposé général du système de l’Escole 

Gastou Febus fut fait par André Sarrail en 1968 et réédité avec traduction française en 1980 (pour 

le détail, voir plus haut, p. 155). En outre, la revue Reclams de Biarn e Gascougne en exposa un résumé 

en p. 3 de couverture, Comment lire et écrire le gascon, jusqu’au numéro 1/2 de 1984; Jean 

Salles-Loustau, nouveau directeur de la publication, supprima la rubrique (cf. p. 77). Cela a donc 

permis à ceux qui le désiraient d’écrire le gascon selon ces règles. 

Finalement, on a continué à publier dans cette graphie; pour les vingt dernières années, je citerai 

d’abord deux importants dictionnaires publiés par des professeurs d’université à partir de celui 

de Simin Palay et dans sa graphie : 

– en Allemagne, depuis 1991, les tomes successifs du Dictionnaire onomasiologique des langues 

romanes du professeur autrichien Henri Vernay (Max Niemeyer Verlag, Tübingen); 

– à Toulouse, en 1993, à l’initiative du Pr. Jean-Louis Fossat, le Dictionnaire français-gascon 

de Jean-François d’Estalenx, en 2 volumes (Éditions universitaires du Sud). 

S’y ajoutent deux autres importants dictionnaires, mais propres au gascon des Landes, restés 

jusque là en manuscrits inachevés, et récemment édités dans un très louable et scrupuleux respect 

de la graphie des auteurs, telle du moins qu’elle résultait du dernier état de leur propre évolution 

(pour plus de détails, voir l’Annexe XIX) : 

– le Dictionnaire de la Grande-Lande du folkloriste Félix Arnaudin (1844-1921), édité en 2001 

à partir du texte établi par Jacques Boisgontier. 

– le Dictionnaire gascon-français de l’abbé Vincent Foix (1857-1932), édité en 2003 sous la direction 

de Paule Bétérous. 

Et tout récemment a été publiée la thèse de Jean-Louis Massourre sur Le Gascon hautpyrénéen 

(2003), dans une graphie moderne aussi limpide à la lecture que celle de G. Rohlfs dans 

Le gascon, auprès duquel cet ouvrage a sa place (X. Ravier dans la préface). 

Quant aux œuvres littéraires, en incluant les éditions posthumes et les rééditions, marquées 

d’un astérisque, je puis citer : 

Jan d’Estiou (Vignes, Henri) (1983 ?). Countes bigourdas, Contes bigourdans, Vic-Bigorre, 45 

+ 35 p. 

Daulon, Louis (1983). Fablos e cants de caso nosto, St-Girons, 128 p. 

*Lanot, Maurice (1987). Causes de nouste - Lou Moulié de Houn Barrade, Libe I, Pau, 248 p. 

*Caseboune (Casebonne), Yulien de (1988). U souldat a la guerre, Pau, 1988. 

*Masson, Fernand (1991), Histoires dichudes é Countes gascouns dou Garounès, Tome II, La 

Réole, 188 p. (un Tome premier était paru en 1980). 

Lacoste, Jean (1994). Atàu bibè lou biladje, Mon village était vivant, Bizanos, 251 p.


p. 

Canton, René (1995). Lous Ebanyèlis, Morlaas, 138 p. 

*Lanot, Maurice (1996). Causes de nouste - Lou Moulié de Houn Barrade, II, Pau, 143 p. 

Dupreuilh, G. et Collet, E. (1997). Rebam, Rêvons, Biarritz, 121 p. 

*Salles, Isidore (1997). Poésies gasconnes, rééd. Georges Hondelatte, Tome I, Biarritz, 500 p. 

Laporte-Castede, Georgette (2000). Contes populaires des Petites Landes, Pau, 206 p. 

*Daugé, Césaire (2001). Ua camada en Italia / Ue camade en Italie, Pau, 226 p. 

Lalaude, Alain (2002). A l’array dou mé Pay, pouèmes biarnés, Pau, 67 p. 

*Al Cartero (Léonce Lacoarret) (2002). Chuquete / Chuqueta, Pau, 134 p. 

Canton, René (2002). Lou câ hòu, Le chien enragé, Kiel (Allemagne), 92 p. 

*Lalanne, Jean-Victor (2002). Coundes biarnés, Tome I, Pau, 234 p. 

Bonnemason, Janòt (2003). Ninete bajole…, Pau, 92 p. 

*de Révol, Joseph et François (2003). Catechisme a l’usadge deu Diocèse d’Aulourou, Pau, 175 

Arette, Alexis (2003). Nos bêtes d’Aquitaine. Pau, 230 p. 

*Caseboune Yulien (2003), Esprabes d’amou, Pau,138 p. 

*Romefort, Roger (2004). Lou pendut ressuscitat, Œuvres gasconnes de « Gric de Prat », Pau, 

290 p. 

La graphie moderne dans la presse 

Mais plus que des œuvres littéraires, les contemporains produisent des billets dans quelques 

journaux, dont L’Éclair de Pau, sous le titre inchangé depuis des décennies de Causes de nouste. Et 

plus encore sans doute, le gascon est timidement mais réellement présent dans la vie sociale par le 

nom d’innombrables associations, qui ne sont pas toutes de personnes du “troisième âge” pour qui 

la pratique du “patois” est une façon de rappeler leur jeunes années. On ne sera pas surpris que tous 

ces noms soient écrits en graphie moderne. Et bien évidemment, leurs avis de réunions, sorties et 

autres activités et surtout les comptes-rendus illustrés de photos qui suivent donnent à la graphie 

moderne une présence dominante dans la presse, même dans les journaux qui privilégient l’écrit occitaniste 

comme La République de Pau. 

Par exemple, en se limitant aux journaux de Pau de mai à aout 2002 : 

– des associations : Lous déu Balagn, {ceux du Balagn} (13.5.02); Toustem Hardits, {Toujours 

Hardis} (14.5.02); Lous Esberits, {Les Dégourdis}, orchestre de jeunes (22.5.02); Lous tres besis, 

{Les trois voisins}(22.5.02); Nousté Bî, {Notre Vin} (27.5.02); Bibe Toustem, {Vivre toujours} (ou 

{Toujours vivante} ?) (27.5.02); les Pla bienguts, {les Bienvenus} (7.6.02); A case, {chez soi}, association 

d’aide à domicile aux personnes âgées à Orthez (19.6.02); Touts amasses {Tous ensemble} 

(26.6.02); Lou Ceü de Pau, {Le ciel de Pau}, groupe folklorique (26.6.02); 

– des manifestations ou réjouissances, La Pourcailhade d’estiu, {La fête du porc de l’été} 

(2.7.02); la Hesta dou saümou (qui mêle les graphies !), {la Fête du saumon} et la Saumonade, {la 

Saumonée} (concours culinaire de préparation du saumon) à Navarrenx (11.7.02); la taulejade dou 

trip, {le banquet du boudin} à Orthez (13/14.7.02); la piperadère, {la fête de la pipérade} à Salies 

(6.8.02); 

– des noms de lieux ou de bâtiments : lou mouli dou Rey, {Le moulin du roi} à Garos (10.6.02); 

l’Oustaoü dou Saleys, {la Maison du Saleys} à Salies (20.6.02); la Moutète, {la petite motte}, salle 

de sport mythique d’Orthez (26.6.02) etc.


Il n’est pas rare non plus qu’on trouve jusque dans des comptes-rendus d’activités scolaires 

des mots attachés à des traditions écrits en graphie moderne comme l’esperouquère (enlèvement de 

la spathe du maïs effectué à la main dans des réunions conviviales entre voisins); alors que l’École 

est censée s’en tenir à la graphie classique… 

Et quand les journaux de Pau invitent les “amoureux” à s’envoyer des messages pour la St 

Valentin 2004, sur 192 messages publiés, 190 sont en français, un en italien et un seul en béarnais, 

en graphie moderne; reprenant le refrain de la célèbre chanson Aqueres mountagnes, la dame qui 

l’envoie l’a adapté, témoignant d’une connaissance active de la langue : Si canti, qué canti, canti 

pas per jou, canti per mi amic [{mon ami}, au lieu du ma ’migue {mon amie} de la chanson], qui 

ey auprès de jou. Même chose pour les « Meilleurs vœux 2005 » : sur 229 messages, un seul en 

béarnais, en graphie moderne; un autre en français s’achève par Adichatz {au revoir}, qui mêle ch 

moderne des Félibres et -tz classique. 

Toujours dans la presse, celle du 22 décembre 2003, le compte-rendu avec photo d’une séance 

de dédicace à Arzacq d’un ouvrage intitulé Lo noste Bearn {Notre Béarn}. Son auteur, un ancien 

instituteur, y a réuni les monographies des communes du Béarn en donnant pour chacune, le cas 

échéant, les dictons qui s’y rapportaient. Or malgré la graphie classique du titre, c’est en graphie 

moderne qu’il a écrit ses textes béarnais. Et voici comment le correspondant local voit la chose : 

« … Hubert Dutech est venu dédicacer son livre “Lo noste Bearn” (oc). […] Tout à 

l’intérieur y est délicat, mesuré, et retrace in extenso le véritable béarnais, tel qu’il s’est 

transmis au fil des ans par les proverbes ou maximes. Les anciens y retrouveront leurs souvenirs, 

les jeunes sauront que leurs racines proviennent d’une langue réellement minoritaire 

dont beaucoup ont essayé d’en détourner l’essence même. 

« “Lou nouste Bearn” par ses textes est ses superbes photos ouvre une porte vers 

l’évasion dans un bien beau pays (de 387 communes). Lou nouste » 

J’ai mis en italique les mots qui me paraissent essentiels dans l’analyse de ce texte : Le titre 

en graphie classique est repéré comme « oc », ce qui dans l’esprit du journaliste signifie probablement 

“occitan”, en tout cas non-béarnais; car il est non seulement opposé au « véritable béarnais » 

de l’« intérieur de l’ouvrage », mais encore à sa transcription dans cette langue, quand le journaliste 

le nomme « “Lou nouste Bearn” », où les deux occurrences du phonème /u/ sont notées par ou. Et il 

insiste pour dire que ce beau pays est « Lou nouste » {le nôtre}. Au passage, il a laissé entendre que 

la graphie classique est un détournement de l’essence même de la langue. 

On peut ne pas être d’accord avec cette façon de voir les choses, mais c’est un bon témoignage 

de ce que pense un grand nombre de locuteurs naturels du béarnais, à qui l’on ne donne pas 

souvent la parole. 

Mais le comble est peut-être atteint avec l’annonce de l’accession au grade de docteur èsethnomusicologie 

de Jean-Jacques Casteret, par ailleurs président de l’Institut occitan de Billère (cf. 

p. 80) : dans un encart central de huit pages des quotidiens palois du 7 janvier 2005, l’évènement 

donne lieu à une grande photo sur la moitié de la “une” et à un article occupant, avec une autre 

grande photo, les trois quarts des deux pages centrales; or que lit-on en gros titre ? « Ô cantayres » 

et « Le beau pays des cantayres », le mot cantayre {chanteur} s’affichant insolemment en graphie 

moderne, au lieu de cantaire de la classique, pourtant seule reconnue par l’Institut. Et l’article nous 

apprend que M. Casteret est lui-même cantayre du groupe Balaguère {vent du sud} (Balaguèra en 

graphie classique)…


Une collectivité publique se nomme officiellement en graphie moderne 

Il s’est même créé en janvier 1998 une “communauté de communes” groupant treize communes 

rurales ou urbaines à une dizaine de km à l’ouest de Pau, qui a pris pour nom officiel Miey de 

Bearn (Milieu du Béarn); le -y est emblématique de la graphie moderne (et même classique béarnaise, 

depuis 700 ans), alors que la graphie classique occitane le proscrit. Et quand cette communauté 

installe ses bureaux dans de nouveaux locaux, le journal titre « Miey de Béarn “à case” », 

c’est à dire “chez lui” (3.7.00). L’un des promoteurs de cette communauté fut un des fondateurs, en 

1967, du Festival de la chanson béarnaise de Siros, puis un de ses principaux animateurs; or c’est 

un élu socialiste, ce qui montre que l’attachement à la langue béarnaise et à sa graphie n’est pas une 

spécialité de la “droite” conservatrice, voire réactionnaire. Au demeurant, M. André Labarrère, ancien 

ministre de F. Mitterand et maire de Pau, n’a jamais caché ce même attachement. 

Et un auteur de dictionnaire lance son Adichats moderne ! 

Même un auteur de dictionnaires qui semble faire la part belle à la graphie classique, Yolande 

Vidal (2000, I et 2003, II), ne cache pas sa préférence personnelle pour la graphie moderne qu’elle 

appelle « francisée », sans doute sur indication de ceux qui lui ont fourni la graphie classique; le 

plus visible est le gros « adichats ! » lancé par un vieux pêcheur sur le dessin de la 4 ème de couverture 

du I (et aussi de la p. 14), « adichats » moderne et non « adishatz » classique, et imprimé dans 

un corps plus grand que tout le reste de la page. Et en 1 ère de couverture de ce volume I, le titre moderne 

Lou parla dou Bassin d’Arcachoun est placé au-dessus du titre classique Lo parlar deu Bassin 

d’Arcaishon; on remarque là des trébuchements fréquents dans la pratique de la graphie classique, 

avec Bassin mis “fautivement” pour Bacin (correct dans le corps du dictionnaire, p. 15 et 16), 

et en page de titre intérieure, Arcachon pour Arcaishon… 

Mais le second ouvrage a dû subir les pressions occitanistes, car la graphie moderne a disparu 

de la couverture. Les mêmes pressions (« les vœux de certains », p. 7) avaient d’abord retiré la notation 

“phonétique” (une quasi graphie moderne) qui devait pallier les difficultés de lecture de la classique; 

mais « elle a été remise à la demande de beaucoup d’utilisateurs qui ont trouvé là une aide à 

la prononciation du “normalisé”. À la demande aussi de ceux qui ont eu plaisir à retrouver “leurs” 

mots, orthographiés comme ceux des personnes et des lieux-dits. » (ib.). On ne saurait décerner un 

meilleur “brevet” de lisibilité à la graphie moderne ! 

Quant aux commerçants… 

Et quand il s’agit de choisir une enseigne commerciale ou de donner un nom à un produit, le 

fiasco couterait cher ! Il est donc exclu d’adopter une graphie autre que la moderne, que tout le 

monde saura lire correctement : Lou Marmitou (et non *Lo Marmiton) pour une entreprise artisanale 

de charcuterie; Marcat de nouste pour le marchand forain évoqué plus haut, p. 51 (30.5.00); 

Cap e tout (13.3.02) pour un fromage de chèvre lancé en Vallée d’Aspe; le fromage ossalois se 

vend sous le nom de Lou pè-descaus {le déchaussé} (surnom de l’ours). Le contrexemple est celui 

de la boutique Drin de tot d’Accous, qui a donné son nom à l’ouvrage d’A. Kristol et J. Wüest 

(1985, p. 147) : « Même les propriétaires […] croyaient qu’il y avait là une faute d’orthographe due 

au fait que le peintre parlait un autre dialecte, car, à Accous, on dit “tout” et non pas “tot” ! ». 

À propos de l’image de Don Patillo choisi par les publicitaires pour les pâtes Panzani, Ph. 

Blanchet (2003-1, p. 156) écrivait naguère « sur des choix de ce type, on peut faire confiance aux


publicitaires et à leurs études de marché ! »; on peut sans doute en dire autant de nos commerçants 

gascons et béarnais, car leur but est tout le contraire de ce que l’un des pères de la graphie classique, 

Perbosc, écrivait à son ami Estieu (lettres citées par H. Barthés, 1987, pp. 102 et 280) : « nous voulons 

écrire une vrai langue et peu nous importe de ne pas être compris » (9 aout 1894); et « J’ai eu 

tort de me laisser influencer par ton idée de faire lire nos œuvres plus facilement. Mais je renâcle, je 

me fous d’être lu ou non. » (23 novembre 1905). 

On trouvera en Annexe XIV tout un échantillonnage de ces écrits en graphie moderne. 

IV – La graphie classique dans le monde gascon 

Une graphie « adoptée par la grande majorité des Occitans » ? 

Présentant en 1983 sa réédition des Psalmes de David d’Arnaud de Salette (cf. p. 107) qu’il 

destinait au « grand public », R. Darrigrand justifiait ainsi leur transcription en graphie classique : 

« Pour cela nous avons modernisé l’orthographe, en suivant les principes de l’Institut d’Études Occitanes, 

désormais adoptés par la grande majorité des Occitans. » Connaissant l’honnêteté et la rigueur 

de cet auteur, je me garderai bien de voir dans ces lignes un bluff, une tromperie du public; 

mais avec un peu de rigueur mathématique et en raisonnant comme en matière d’élections, on peut 

chiffrer une « grande majorité » à quelque deux tiers (66,7 %); et si l’on lit bien « Occitans » et non 

« occitanistes », cela représente, selon les vues de ces derniers, toute la population des pays qui autrefois 

parlaient une langue d’oc, soit quelque 13 millions pour 100 % et donc de 8 à 9 millions 

pour une « grande majorité »…; mettons en face les quelque 786 000 locuteurs d’« occitan » selon 

l’enquête INSEE-INED de 1999 (ci-dessus, p. 60), soit moins d’un dixième, ou les 800 exemplaires 

vendus d’un roman en graphie classique récompensé par un prix (p. 207 ci-après), soit moins d’un 

pour dix mille : imagine-t-on un prix Goncourt limité à six mille exemplaires vendus ? On est donc 

bien loin du compte, et les citations qui suivent me paraissent bien mieux décrire la réalité : 

C’est d’abord un mot de la chanteuse Marilis Orionaa (Dominique Narioo, fille du militant 

Gilbert), dans sa contribution au numéro spécial de P.N.-P.G. en l’honneur de Roger Lapassade décédé 

le 12 octobre 1999 (n° 194-195, 9-12/1999, p. 16) : 

« Depuis deux ans je travaillais avec Roger Lapassade à une traduction française de 

ses poèmes pour faire connaitre son œuvre à ceux qui ne savent pas l’occitan. Ou à ceux 

qui voudraient la lire mais qui sont réfractaires à la graphie classique. » 

C’est bien un comble que les militants de la cause d’oc doivent recourir au français pour rendre 

lisible par les locuteurs d’oc une poésie d’oc que sa graphie leur a rendue étrangère. 

La seconde citation est un témoignage pris sur le vif, celui de Tederic Merger, “modérateur” 

du “Groupe de discussion” internet Gasconha-doman, à propos de l’emploi du gascon dans les messages 

(décembre 2003) : 

« Il y en a beaucoup qui […] ne savent pas (encore ?) écrire le gascon, et il y en a 

aussi beaucoup qui ne savent pas le lire. Il serait contre-productif d’ignorer cette réalité. ». 

Ce constat fait sur une population d’“internautes”, c’est-à-dire majoritairement de “jeunes”, et 

qui plus est “branchés”, nous ramène sur la grande complexité d’un système qui impose notamment 

d’écrire des lettres que l’on ne prononce pas ou à qui l’on donne une valeur très différente de leur 

valeur naturelle, puis de les oublier à la lecture, ou d’en changer la prononciation naturelle. On 

connait le principe Shadock : « Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ? »


La réalité, c’est que nous avons affaire à une graphie élitiste conçue par et pour des gens ayant 

réussi un long cursus universitaire, comme nous le verrons plus loin, p. 214. Les conséquences s’en 

font sentir dans tous les domaines d’emploi de cette graphie : presse, édition, enseignes commerciales, 

panneaux de signalisation routière. 

Des articles de presse dont la graphie rebute les non initiés 

Comme pour la graphie moderne, il est des chroniqueurs qui publient régulièrement des billets 

dans la presse régionale, tous plus ou moins professeurs d’“occitan” en plus de leur qualification 

première. Ainsi Jean-Jacques Fénié, agrégé de géographie, dans Sud-Ouest; Michel Pujol, ancien 

professeur de français, dans la Nouvelle République des Pyrénées de Tarbes; Jean-Paul Latrubesse, 

professeur de sciences naturelles, puis d’occitan, dans La République de Pau… Mais qui les 

lit ? Probablement quelques jeunes qui ont gardé quelque chose de l’“occitan” de leur scolarité; 

mais j’ai souvent des échos des réactions des locuteurs naturels : ils ont essayé de lire, mais ont été 

rebutés au bout de quelques lignes et n’y sont plus revenus; et cela, même en Val d’Aran ! 

D’autre part, tandis que le “troisième âge” privilégie la graphie moderne, les associations des 

générations plus jeunes, souvent créées et presque toujours encadrées par des militants occitanistes, 

portent des noms gascons écrits en graphie classique. Mais la fréquence d’apparition de ces noms 

dans la presse est bien plus réduite que celle des noms en graphie moderne et la correction de la 

graphie affichée laisse plus d’une fois à désirer. Par exemple, dans L’Éclair du 12 septembre 2002, 

on peut lire cinq fois un fautif Villatges amassas, dont une fois dans un gros titre, et une seule Vilatges 

amassas. Et pour être bien lus, les occitanistes doivent transcrire leur graphie (cf. p. 387). 

Une édition limitée par l’étroitesse du lectorat 

Déjà, pour la littérature, une étude approfondie de l’édition dans les graphies classique et moderne 

et des ventes consécutives pourrait réserver des surprises. En 1974 — c’est déjà bien loin ! — 

G. Kremnitz avait dressé une statistique des publications en oc de 1919 à 1971; une seule année, 

1968, avait compté plus de 50 % de livres en graphie alibertine ou apparentée, mais on ne sait si 

c’est en nombre d’ouvrages ou de pages (cité d’après Kristol & Wüest, 1985, p. 61). En 1979, parlant 

des éditions gasconnes de Per noste, donc en graphie classique, R. Lapassade écrivait : « Le 

nombre de nos lecteurs est très maigre. Pour vendre 2000 livres de prose, il nous faut deux ou trois 

ans. Pour la poésie, pire ! » (Per noste n° 73, 7-8/1979, p. 17). 

Plus près de nous, nous avons vu, pp. 63-64, que cela ne semblait pas s’être amélioré; citons : 

– le point de vue d’un romancier “occitan” de langue française, Henri Gougaud : « si j’écris 

en occitan, seuls les occitanistes [me liront ] — et encore les militants !, car lire l’occitan est difficile, 

eh !… » (Parladissa amb Enric Gougaud, déjà citée p. 63); 

– les propos de Joan-Pau Ferré, dans la “tribune libre” d’Occitans ! 2002 : un roman en gascon 

récompensé par un prix n’a été vendu qu’à 800 exemplaires…; et s’il pouvait citer avec envie la 

quatrième édition de Catinou e Jacouti de Charles Mouly, c’était comme un hommage implicite à la 

graphie de type moderne de ce recueil d’histoires brèves en languedocien de Toulouse. 

Et un commerce peu enclin à afficher en graphie classique 

Quant au commerce s’affichant en graphie classique, il est d’une extrême rareté. L’Éclair des 

1 er et 2 décembre 1990 a publié une page entière de publicité du Leclerc d’Orthez pour une


« Opération pèle-porc et canard gras - Opération du 30 novembre au 8 décembre - La tradition » 

qui, à part ce titre et la publicité de deux congélateurs-bahuts, était entièrement rédigée en béarnais, 

sous-titré en français; et la graphie voulait être classique. En fait, pour ce qui est de la langue, il y 

avait bien des gallicismes, le classique basquisme chingara (pour chingarra) au lieu du béarnais 

ventresca {ventrêche en français régional}, et même des barbarismes comme mielha pour miei 

{demi}, talhucaja pour talhucatge {hachage}, litro pour litre; sans parler de la cohabitation de 16 

articles lou avec 2 occurrences de l’article de la montagne eth, ignoré à Orthez. Quant à la graphie, 

on trouvait 3 occurrences de l’“hérétique” hidge {foie}, que je préconiserais quatre ans plus tard, au 

lieu de hitge “officiel” à l’I.E.O., beaucoup de fautes banales, et même plusieurs graphies modernes, 

purement et simplement : les 16 occurrences de l’article masculin lou et talhucade {découpe}. 

Par cette politesse dans la Mecque de l’occitanisme béarnais, Leclerc avait peut-être voulu 

faire oublier l’hostilité des commerçants de la ville à son implantation… Mais ce n’était pas une réussite 

linguistique. Et peut-être ne le fut-elle pas non plus au plan commercial, car je n’ai pas noté 

de renouvellement d’une telle opération. 

Des panneaux de signalisation mal reçus par la masse 

Et si le “lobbying” des occitanistes auprès des élus a pu obtenir que des communes comme 

Orthez, Artix ou Oloron apposent des plaques de signalisation urbaine en graphie classique, le 

Béarnais ordinaire ne s’y reconnait pas; certes, écrire Ortès ce qui fut Ortez, Orthes, Ortess ou Ortes 

dans les anciens textes ne choque pas, car tout un chacun le lira comme le prétendument français 

“Orthez”; mais rapportant dans L’Éclair (17/18 février 2001) un fait divers survenu dans une vieille 

impasse de cette ville, le journaliste — sans doute un correspondant local — précisait « Les Occitans 

l’ont baptisée “la carriva de galesa” »; c’est dire que pour l’Orthézien ordinaire, ces 

« Occitans » sont comme des “aliens” dont l’écriture savante occulte ce que la graphie autochtone 

écrit depuis 700 ans la carribe de [la] galese, “la ruelle de la truie”. Voir aussi l’Annexe VII. 

Un rejet général d’une graphie sentie comme étrangère 

La réalité est que prônée par une poignée d’enseignants, la graphie classique peut bien 

s’afficher, elle reste étrangère à la population des locuteurs naturels. Les observateurs suisses — 

donc doublement neutres ! — Kristol & Wüest l’avaient déjà constaté (1985, pp. 49-50) : 

Malgré ses qualités intrinsèques, « cette graphie n’a connu qu’un succès assez mitigé. 

Cela est dû a différentes raisons, à commencer par le vieil antagonisme entre le Félibrige et 

l’I.E.O.… La raison principale nous semble pourtant être la suivante : Comme la graphie 

alibertine ne se fonde pas — et pour cause — sur le système graphique du français, elle a 

besoin d’être enseignée, mais on n’a jamais eu les moyens pour l’enseigner à la masse des 

occitanophones. » 

Ce que les auteurs de l’étude sur les Les organisations occitanistes du même ouvrage collectif 

disaient d’une autre façon : 

« La fréquentation des stages et de l’enseignement du béarnais est relativement faible, 

de manière que la graphie de l’I.E.O. ne peut se répandre. » (P. Boschung et M. Frick 

in A. Kristol et J. Wüest, 1985, p. 152). 

En particulier, la graphie par o du son /u/ est naturellement lue [o] comme en latin, ce qui 

n’est pas du tout une spécialité française (cf. italien, espagnol, allemand, anglais le plus souvent…); 

et le -a de la finale féminine fait immédiatement penser à de l’espagnol ou, pour ceux qui connaissent 

l’espagnol, à du catalan; et les mieux informés y verront de l’“occitan”, langue d’un “ailleurs”


vers Toulouse, pas du tout comme du gascon ou béarnais. Cette graphie est ressentie par le gasconophone 

comme une nouvelle dépossession de sa langue (cf. Marc Cazalets in Annexe VIII). 

R. Lapassade en était bien conscient : 

« […] Le facteur des P.T.T. lui, était fâché avec la nouvelle graphie : — Moi, elle 

m’estomaque ! Jamais je ne pourrai me la mettre dans la tête. » (1975-1, p. 120). 

« […] l’Église Catholique […] fait chanter des messes en Gascon et écrit les paroles 

dans la graphie normalisée. Mais les paroissiens ne veulent pas la lire et n’en comprennent 

pas tous les mots. » (1975-2). 

En 1980, un journal local d’Oloron, Le Progrès, se déclarait « tout disposé à faire une large 

place au béarnais […]. Encore faut-il que ceux qui sont capables d’écrire en bon béarnais (pas en 

charabia occitan normalisé) veuillent le faire et le fassent régulièrement » (cité par P.N.-P.G. 82, 1- 

2/1981, p. 2). 

Les auteurs bayonnais de Que parlam (1996) sont aussi conscients du problème, puisqu’ils 

précisent en couverture le contenu de l’ouvrage en désignant le gascon à la fois dans une graphie 

qui se veut classique — pour les erreurs, voir p. 215 — et en graphie moderne. Et comme ils distinguent 

mal — comme beaucoup hélas ! — la normalisation graphique de la normalisation linguistique, 

ils voient dans la possibilité de conserver la prononciation locale et des mots spécifiques « une 

des conditions, dans l’immédiat, pour qu’elle [la graphie classique] ait des chances d’être “admise” 

par les générations actuelles. » (p. 26). 

Même type de réaction populaire dans les Hautes Pyrénées, dont témoigne indirectement un 

professeur des écoles ayant d’importantes responsabilités de coordination de l’enseignement de 

l’“occitan” dans ce département. Il s’agit d’un amusant petit roman policier en gascon, du genre 

“San Antonio”, roman à clef qui tourne autour d’un sabotage occitaniste perpétré à Tarbes (Jean- 

Louis Lavit, Zocalfar, 1997) : non seulement l’ordinateur du commissariat central est atteint par un 

virus qui change tous les h en f (même sénher {monsieur} devient sénfer !), mais encore, par vaporisation 

d’un mystérieux produit en bombe, le saboteur fait que le président d’un festival local en 

langue gasconne ne parle plus gascon mais occitan. Et voici ce que lui disent ses amis du comité : 

« Tu t’entends parler ? Tu ne peux pas monter à la tribune dans ce état. Tu as l’air de 

parler en graphie normalisée ! Le public va s’étrangler ! Quelle émeute s’ils t’entendent 

parler ainsi…» 

Comme avec le mot « charabia » du journal d’Oloron, c’est là, croquée sur le vif, la réaction 

commune des locuteurs naturels, qui identifient graphie et langue… aidés peut-être en cela par la 

prononciation parfois bien étrange que certains occitanistes infligent à la langue du pays. 

V – La graphie classique, un rêve éveillé de lettrés 

Une graphie élitiste destinée d’abord aux universitaires ? 

« Conçue à partir de l’étude des documents anciens, des langues romanes les plus 

proches (le catalan en particulier) et de l’étymologie, [la graphie occitane] est utilisée dans 

la plupart des universités. Ses avantages sont nombreux : meilleure compréhension interdialectale, 

comparaison plus aisée avec les textes médiévaux ou les autres langues romanes, 

présentation plus cohérente de la morphologie. Elle s’est imposée en littérature comme 

dans l’enseignement et depuis peu dans l’affichage public. » (Joël Miró, agrégé d’espagnol 

et chargé de cours à l’Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2001, p. XXXVII). 

Pour ce qui est des universités, je rappellerai d’abord l’aveu involontaire du scrupuleux


universitaire Jacques Boisgontier († 1998), qui fut secrétaire général de l’I.E.O. (1972-1976), dans 

Graphie et lecture du gascon (1994) : il écarte comme inutile toute distinction graphique entre le -n 

vélaire (pan {pain} prononcé [pang]) et le -n dental (pan {pan (de mur)} prononcé [pann’]) car 

« Le Landais saura d’instinct donner leur valeur propre aux lettres utilisées pour reproduire 

les sons de son dialecte. Quant au linguiste étranger à la Gascogne qui voudra 

connaître l’exacte prononciation de tel ou tel mot de notre parler, c’est l’étymologie latine 

qui la lui indiquera […] ». 

N’ignorant certainement pas que bien peu de Landais de notre temps sont à la fois de bons locuteurs 

de la langue ancestrale et capables de lire la graphie savante, il reconnaissait ainsi qu’il publiait 

pour d’autres universitaires, sans plus. 

Donc, quant aux universités, J. Miró a certainement raison, et peut-être aussi pour la littérature, 

au moins en première approximation; quant à l’affichage, on vient de voir ce qu’il en est… 

Cela fait beaucoup penser à ce qui devait être le programme orthographique de la jeune Académie 

française, selon les Cahiers de Mézeray : « La Compagnie déclare qu’elle désire suivre 

l’ancienne orthographe qui distingue les gens de lettres d’avec les ignorans et les simples femmes… 

» (cité par Nina Catach, 1988, p. 32). Et Nina Catach de rappeler en note que « Les femmes 

avaient rarement droit au latin. » 

Selon J. Taupiac (1966), qui serait plus tard responsable du Secteur linguistique de l’I.E.O., il 

en est tout autrement du système d’Alibert : 

« notre graphie a l’avantage estimable d’être rigoureusement scientifique et donc assez 

simple. Le système graphique occitan a été mis au point presque définitivement par le 

Maitre Louis Alibert, après plus de cent ans de découvertes de la science philologique. La 

graphie du français, par contre, date du XVI e siècle et est pleine de notations graphiques 

d’origine grecque et latine qui compliquent inutilement les choses. C’est une graphie archaïque, 

forgée par des pédants qui eurent la puérilité de croire que pour “illustrer” la langue 

française, il fallait en latiniser et gréciser la graphie le plus possible. La graphie du 

français est une graphie anachronique, au siècle où nous sommes, alors que l’occitan est 

une des langues d’Europe qui a la graphie la plus moderne. 

« Naturellement, il est impensable d’aller imiter en occitan les aberrations et les inutiles 

complications graphiques du français. En occitan, on applique les mêmes principes 

que dans les autres langues latines : le portugais, le castillan, le catalan, l’italien. L’occitan 

est dans la norme générale; c’est le français qui est à part. » 

Mais une admiration naïve de néophyte (il avait 27 ans) avait sans doute caché à l’auteur une 

réalité bien moins exaltante. On en verra un exemple au chapitre suivant, p. 229, avec le mot espitlòri 

d’Alibert. 

De fait, le désir probable de se démarquer des “patoisants ignorants” a conduit une certaine 

bourgeoisie latinisante des XIX e et XX e s. à imiter le vieux modèle académique du français. Voici 

par exemple comment Ismaël Girard (cf. p. 139), justifiait le recours à des graphies étymologiques : 

« Le rétablissement des étymologies possède un intérêt pédagogique que les maîtres 

de l’enseignement apprécieront. Ce rétablissement permet de mieux comprendre à la fois la 

similitude et les particularités de la langue d’oc au sein des langues latines, la similitude et 

les particularités de la langue d’oc vis-à-vis du français. Quand on écrit temps avec un p, 

de tempus, on est plus près du mot français temps, du mot espagnol tiempo, que si l’on écrit 

tems ou même tens, comme le font certains patoisants. Car il faut distinguer la notation 

phonétique qui relève de la science folklorique et la structure grammaticale qui relève de 

l’art de l’écriture. » (1942, p. 89, note n° 6). 

Il ne devait pourtant pas ignorer que l’anglais times se passe fort bien de p sans nuire à la


compréhension et que tiempo est parfaitement phonétique, comme la majeure partie de la graphie 

du castillan; de là à dire que l’espagnol est folklorique ! 

Plus réaliste me semble Georg Kremnitz (1973) cité par Xavier Lamuela (1990, p. 161) : 

« La codification d’Alibert est un enfant de son temps : influence catalane, influence 

de la bourgeoisie latinisante, influence des théories linguistiques de son époque, étymologismes, 

historicismes, la rendent relativement difficile à employer. Il faudrait se demander 

aujourd’hui, avant qu’elle ne soit trop fixée et traditionnelle, si l’on ne peut pas admettre 

quelques recodifications, dans une direction plus phonologique et morphonologique. » 

Même opinion chez Roger Teulat (2001-2, p. 189), jugeant de l’incapacité de l’occitanisme 

pour réformer la graphie : 

« Ajoutez à cela une sorte de pédantisme, un mépris de tout ce qui est populaire, le 

modèle français de culture, la soif d’unanimisme et le culte du maitre (gourouïsme). Autant 

de traits négatifs dont il faut s’éloigner comme on ferme la parenthèse sur les erreurs du 

XX e siècle. » 

Or ce mépris du populaire colle à la peau de certains occitanistes, même chez un prêtre que 

l’on supposerait plus attentif aux humbles; ainsi, dans son monumental et si méritoire Diccionari 

general occitan [en lettres énormes] a partir dels parlars lengadocians [en caractères 6 fois moins 

hauts] (2003), Cantalausa donne le néologisme occitaniste patesejaire [{patoisayre} oserais-je traduire, 

pour rendre le caractère péjoratif du suffixe], avec pour troisième acception : « qui écrit sa 

langue maternelle avec une graphie étrangère ». Pour l’auteur, cela vise évidemment l’occitanophone 

naturel qui use des conventions orthographiques du français, notamment selon la graphie 

mistralienne; certainement, pas, malgré la généralité des termes, le Breton bretonnant de naissance 

qui écrit biniou (forme “officielle” chez les défenseurs de la langue bretonne) avec le graphème 

“français” ou. Mais c’est ignorer en 2003 qu’il y a de moins en moins de locuteurs naturels des langues 

d’oc, que les graphèmes honnis (ou pour /u/], gn pour /'/) sont aussi anciens en oc que le besoin 

de noter les prononciations correspondantes (cf. p. 103) et que pour un Béarnais, par exemple, 

sh pour /#/ selon la norme occitaniste est une graphie tout à fait étrangère ! 

Ce mot patesejaire, je ne l’ai heureusement jamais rencontré sous la plume des occitanistes 

gascons, mais il est pour moi emblématique du climat de combat et de mépris dans lequel se situe le 

débat orthographique, alors que l’on ne devrait avoir en vue que le maintien et la transmission des 

langues vivantes du monde d’oc. 

Une graphie qui ignore les besoins des locuteurs 

Or rares sont les occitanistes à s’être préoccupés de la capacité des peuples d’oc, scolarisés en 

français, d’apprendre et de pratiquer une graphie si souvent déroutante (cf. Kristol & Wüest cités p. 

208). Citons du moins un occitaniste “de base”, Provençal du Vaucluse, Gilles Fossat (2002, p. 19) : 

« C’est la norme qui doit s’adapter à la langue, et non pas le contraire. Comme il 

n’est pas possible de faire de l’alphabétisation de masse, il faut rester lisible par tous. » 

Personnellement, je reçus comme une critique ce qui était de la part d’un cousin une louange : 

« la graphie classique, c’est formidable, on retrouve le latin »; mais si sa grand-mère livrait le vin 

dans des tonneaux sur des charrettes à cheval, son père devenu gros marchand de vin l’avait envoyé 

à L’Immaculée de Pau où il avait fait de bonnes humanités comme on disait alors; mais quid de tous 

ceux dont le béarnais était la langue de tous les jours ?


Alors qu’un témoignage breton m’a laissé rêveur : 

« Mes enfants sont scolarisés à l’école bilingue bretonne et ont abordé la lecture et 

l’orthographe en breton d’abord. Je dois reconnaître que la complexité des règles 

d’orthographe en français tend à les amener à écrire plus volontiers en breton, alors 

qu’oralement ils maîtrisent aussi bien les deux langues, et même ils sont plus à l’aise en 

français, le milieu environnant étant francophone. » (L’École libératrice - Dossier n° 5 - 26 

novembre 1988). 

… témoignage qu’est venu confirmer mon expérience personnelle que j’ai relatée dans une 

Carte postale de Lambaol-Blouarzhel (L’Éclair du 10 octobre 1996) : 

« la messe du 15 août à Lampaul [Lambaol en breton] s’est achevée par le chant de 

l’Angélus en breton. Les manuels paroissiaux […] comptent quelque 260 pages de cantiques 

français, mais aussi 26 pages de cantiques bretons, soit plus de soixante pièces, en tête 

desquelles notre angélus. Or l’assemblée, qui remplissait l’église, a chanté massivement, et 

j’ai pu m’y joindre sans peine, la lecture ne présentant pas de difficultés majeures. En particulier, 

le son que nous écrivons ou en français est rendu de même en breton (cf. Blouarzhel); 

même identité de graphie pour eu que l’on trouve dans des mots comme Pleumeur- 

Bodou. » 

… malgré bien des mises en garde 

Comme apparemment les promoteurs du breton du XX e s., Mistral et ses amis pour le provençal, 

l’Escole Gastou Febus pour le béarnais et le gascon, furent autrement réalistes et, disons-le, pédagogues. 

Ainsi, dès 1891, face au retour de graphies médiévales, l’abbé gascon Léopold Dardy 

pouvait écrire (Anthologie populaire du Labrit, Introduction) : 

« N’imposons dans la lecture de notre langue aucune difficulté de signe phonétique, 

aucune étude à ses lecteurs peu lettrés pour la plupart; écrivons-la à peu près comme elle se 

prononce. La raison qu’on l’écrivait de telle manière autrefois ne saurait pas plus être valable 

que ne le serait pour l’orthographe française celle qui nous en ferait prendre les règles 

dans Villon, dans Clément Marot ou dans Rabelais. Non, notre langue n’est pas plus langue 

morte que le français, et comme toute langue vivante, elle reçoit de la durée et de 

l’exercice des modifications qui deviennent des lois dans l’écriture et dans la conversation. 

» 

Trente cinq ans plus tard, le Pr. Henri Gavel (1926, pp. 35-37) disait de même en opposant le 

public du Midi aux Catalans et Valenciens qui n’avaient jamais rompu la tradition et pouvaient reprendre 

une graphie ancienne en la modernisant : 

« Il n’en a pas été de même dans la plupart de nos pays du midi […]. Le public méridional 

avait tellement perdu l’habitude de lire des textes en sa langue que reprendre simplement 

l’orthographe du moyen âge eût été vouer les nouvelles œuvres à ne trouver de 

lecteurs que parmi les érudits. » 

Même Alibert (1935, 1976, p. 7) avait senti la difficulté en écartant certaines « graphies spécifiquement 

catalanes » de telle sorte que : 

« La graphie officielle du catalan, ainsi modifiée, [soit] la plus proche des procédés 

auxquels nous sommes habitués depuis l’école, tout en respectant nos traditions ». 

Mais par exemple, lire ou ce qu’il écrivait o ou ó lui paraissait facile, et ça l’était certainement 

pour les cercles étroits de lettrés toulousains qui constituaient la Société d’études occitanes dans les 

années trente du XX e s.. Mais avait-il essayé de faire lire sa femme de ménage ou ses concitoyens 

de Montréal de l’Aude ? Sans doute a-t-il été aveuglé par le modèle catalan, qui s’est avéré catastrophique 

pour une société “occitane” bien différente de la catalane. 

Quant aux enseignants qui ont fondé l’occitanisme béarnais, ils ne s’en sont pas souciés; pris


par une idéologie politique, ils ont adopté la graphie classique et l’ont propagée sans se poser de 

questions, comme on le verra au chapitre suivant (p. 221). 

En fait, une graphie aux règles “secrètes” 

Il est vrai qu’outre ses défauts intrinsèques également étudiés au chapitre suivant (p. 227), la 

graphie classique occitane en présente un tout à fait surprenant, celui de s’appuyer sur des règles 

inaccessibles. 

M. Grosclaude (1991, p. 30) a cru pouvoir écrire de cette graphie : 

« On n’en fera pas ici un exposé, car le lecteur pourra la trouver, s’il le désire, dans 

les multiples publications de l’I.E.O. ou de l’Escòla Gaston Fébus. Elle a d’ailleurs été suffisamment 

vulgarisée auprès des milliers d’élèves qui ont suivi des cours d’occitan pour 

que nous puissions nous dispenser de l’exposer ici à nouveau. » 

Et pourtant… J’ai déjà raconté p. 7 le “parcours du combattant” qui fut le mien quand je voulus 

avoir en mains les règles officielles de l’I.E.O. 

De fait, l’I.E.O. lui-même ne les a jamais rééditées, l’association Per Noste n’a publié que la 

brochure d’application de R. Darrigrand (cf. p. 157), et l’Escòla Gaston Febus n’a rien publié sur ce 

seul sujet; tout au plus la revue Per Noste-Païs gascons donnait-elle alors, en p. 2 de couverture, 

quelques règles succinctes de lecture, supprimées depuis le n° 180 de mai-juin 1997. C’est pourquoi 

l’une de mes premières tâches fut de republier La réforme… de 1950 et L’application de 1952 en 

synopse dans le n° 2 de Ligam-DiGaM paru en février 1994 et adressé en “service de presse” à G. 

Narioo, alors président de Per noste; le hors-série n° 6 paru en avril 1999 a repris cette synopse en 

la complétant par les décisions de l’I.E.O. de 1975 et 1976; une 2 ème édition en juin 2003 y a ajouté 

les décisions de 1985 et 1989. Mais celui qui ignore ces brochures n’a d’autre recours que ce que 

disent de la graphie quelques manuels et dictionnaires qui n’en traitent pas à titre principal, et jamais 

des textes de première main… 

On imagine la gravité du problème quand les « ignorants » des règles officielles sont ceux-là 

mêmes qui enseignent aux plus hauts niveaux, publient dictionnaires et grammaires, voire inspectent 

les enseignants de terrain. On a vu, p. 199, l’exemple de R. Teulat; en voici d’autres, en domaine 

gascon : 

– M. Grosclaude au sujet de l’emploi du -u- pour noter le /w/ intervocalique : « l’I.E.O. luimême 

a autorisé les deux façons d’écrire : avèva et auèua. Si mes souvenirs sont bons, cette tolérance 

a été acceptée par P. Bec, Boisgontier et Darrigrand. » (P.N. n° 51 de Nov.-Déc. 1975, p. 2). 

Or cette disposition est dans L’application… de 1952, p. 4 (cf. Annexe XIII). 

– les auteurs du Civadot (parmi lesquels M. Grosclaude) ignoraient que le í de haría, vesía… 

était et reste prévu par ce même document de 1952, p. 7. Et dans l’Avant-propos du “gros dictionnaire” 

paru après son décès (cf. p. 185), M. Grosclaude l’ignorait toujours, malgré mes brochures, 

puisqu’il ouvrait le paragraphe sur ce sujet par ces mots « Nous avions pris autrefois l’habitude 

d’écrire…». 

– dans son article de 1986 sur l’Anthologie populaire de l’Albret de l’abbé Dardy, J. Salles- 

Loustau invoquait des “normes” totalement absentes des documents officiels de l’I.E.O. et montrait 

son ignorance du paragraphe final Enclise de L’application… (cf. pp. 166 et 302). 

– le Mémento grammatical du Gascon, qu’il signait avec J.-P. Birabent en 1989, faisait écho, 

sans l’écarter, à la proposition de « certains linguistes […], à des fins d’unification », de remplacer


le (i)sh gascon par les -is ou -iss- languedociens (p. 25); pourtant, quatre ans plus tôt, c’est l’inverse 

qui avait été décidé par l’I.E.O., avec même la possibilité désormais offerte au languedocien méridional 

de noter /#/ par (i)sh, comme en gascon (Communiqué du Secteur de linguistique de 1985, p. 

163 ci-dessus). 

– les rééditions en graphie classique du Gastou Febus de Camélat par J. Salles-Loustau en 

1991 et des Fables gasconnes du chanoine Daugé par P. Guilhemjoan en 1999 témoignent encore 

de la méconnaissance des ces normes par les transcripteurs (voir Annexe XVIII). 

Ainsi, on parle souvent de “graphie normalisée”, mais sans jamais citer les normes appliquées, 

ni encore moins pouvoir donner la référence des documents qui les contiennent; on n’est 

donc pas dans un “état de droit”, mais dans une religion dont un dieu lointain révèle les mystères à 

de rares élus. 

Une écriture réservée de fait aux enseignants 

Il en résulte qu’en fait, les enseignants sont pratiquement les seuls à oser mettre le gascon sur 

le papier. Aujourd’hui, quel épicier — comme Camélat — écrirait Béline ? quel cordonnier — 

comme Darichon — composerait Bèth cèu de Pau ? 

Quant à la vulgarisation par l’école, même quand on y met les moyens qui manquent pour 

toucher la masse (cf. Kristol & Wüest cités p. 208), elle n’est pas garantie. Ainsi, lors du Colloque 

du 15 mars 1997 en l’honneur de Roger Lapassade (cf. p. 57), j’ai entendu les jeunes filles du Lycée 

lire des poèmes de cet auteur en prononçant bèstias {bêtes} [b!s'tiœs] au lieu de ['b!stis], avec déplacement 

de l’accent tonique; on peut le vérifier encore, c’est sur une vidéo-cassette qui a ensuite 

été commercialisée. Et au même Colloque, un universitaire a prononcé en béarnais títol [ti'tul], avec 

déplacement de l’accent et -l sensible, alors que M. Grosclaude rappelait justement : « l final impossible 

en gascon » (1991, p. 278, Ogeu); mais on a vu (p. 169) que le Mémento grammatical… de 

J.-P. Birabent et J. Salles-Loustau écrit un logique títou qui ne peut tromper. 

Même les adultes de sensibilité occitaniste peuvent être découragés d’apprendre cette graphie 

car elle demande un gros effort, et « l’effort d’apprendre ne doit pas être un fait isolé, mais en rapport 

avec le milieu humain » (Sèrgi Bec; cf. Annexe XV). Voici par exemple l’aveu, en français, 

d’un “énarque”, maire du chef-lieu de canton béarnais où il naquit quarante-trois ans plus tôt, et depuis 

2004, conseiller général de ce canton : 

« La prise de conscience, qui s’est opérée à l’orée des années quatre-vingts, m’a autorisé 

à reparler ma langue sans honte et sans retenue, mais n’est pas allée jusqu’à 

l’apprentissage de son écriture pour cause de fainéantise personnelle, d’insuffisance des 

structures d’enseignement et du manque d’occasions pour “valoriser” cet “investissement”, 

ou les trois peut-être… » (Yves Sallenave, 1998). 

Et pourtant, même les “maitres” affichent des “fautes” de graphie… 

Au demeurant, même dans le petit nombre des initiés à la graphie classique, beaucoup y 

commettent des erreurs. Ainsi, à ne considérer que les auteurs d’ouvrages didactiques : 

Les auteurs de l’ouest qui prononcent uniformément par -[œ] les -a et -e posttoniques commettent 

assez souvent l’hypercorrection qui fait noter par -a tout -/œ/ posttonique (cf. pp. 71 et 143). 

Par exemple, à la rubrique L’occitan au baccalauréat, un conte de l’abbé Dardy Lou praube Misère 

{Le pauvre Misère} est transcrit Lo prauba Misèra (PN n° 41, Mars-Avril 1974, p. 8). Et c’est sur


sa couverture même que le guide de conversation Que parlam de Bayonne “affiche” deux “fautes” 

pour cinq mots : dans « gascon “maritima” o de “Baïona” », *maritima écrit avec -a au lieu de -e; et 

Baïona est mis pour Baiona (tréma inutile, mais il s’agit peut-être de se démarquer du basque Baiona 

!). Inversement, J.-P. Latrubesse, locuteur naturel originaire de l’ouest, et par ailleurs président 

de La Civada et coauteur du Civadot (cf. p. 159) écrit (1995) « Qu’èi avut lo CAPES l’an passat. 

Aqueth diplòme… » {J’ai eu le CAPES l’an dernier. Ce diplôme…} (2 occ.), au lieu de l’“officiel” 

diplòma…; il est vrai que, comme pour proublèm" — cf. note 15 p. 74 —, le Palay note la forme 

populaire vivante diplòm", qui se prononce bien en -[e] dans l’est. 

Dans ce même article de 1995, on lit encore malaia {hélas} pour malaja (< mal aja [qu’il ait 

mal]) alors que qu’aja [qu’il ait] y est correct; patuès (2 occ.), hypercorrection pour patoès, déjà 

signalée p. 147; qu’empaishan au lieu de qu’empachan, beaucoup de Béarnais, à la différence 

d’autres Gascons, neutralisant l’opposition graphique (i)sh/ch; cf. G. Narioo ci-après. 

L’examen linguistique des rééditions du drame de Miquèu de Camelat Gastou Febus par J. 

Salles-Loustau en 1991 et des Fables gasconnes du Chanoine Césaire Daugé, par P. Guilhemjoan 

aidé par G. Narioo en 1999 m’a donné l’occasion de relever bien des erreurs de graphie, et pas toujours 

imputables à la seule ignorance des normes évoquée plus haut. Pour le détail, je renvoie le lecteur 

à l’Annexe XVIII; les explications sont parfois complexes, mais elles reflètent les recherches 

qui sont pain quotidien du lexicographe soucieux de rigueur orthographique. 

M. Grosclaude, dans un échantillon d’Enciclopedia occitana paru dans P.N.-P.G. 198, 5- 

6/2000 : orizon, contemporanea, (indo-)europeu/ea, anniversari au lieu de orizont, contemporanèa, 

europèu/èa, aniversari; sans compter les accents oubliés ou changés à l’impression. Il écrivait Darse’n 

pour Da-se’n, selon une pratique dont il semble le père dans sa méthode de 1977. Et sanctificat, 

malgré le document I.E.O. de 1989 (cf. p. 167). Dans le n° 202 de la même revue, de 1-2/2001, 

p. 4, Qu’avem recevut… en titre d’article; mais sans doute était-il déjà bien malade… 

De G. Narioo, je ne mentionnerai que ses hésitations sur la notation de /#/ : shebit (ejar, -s) 

(La Mar de Corintia, p. 16) et chebite(-ja, -gè) (ib. p. 60; La bíblia valenciana, p. 95); esglaisha 

(P.N.-P.G. 191, 3-4/1999, p. 9, p. 11) pour esglacha (cf. ALG II, 426; Darrigrand, 1969-1, p. 20); 

ou encore esgarauishavan, qui ne peut se lire que [ezgarawi'#a.œn] (P.N.-P.G. 206, 9-10/ 2001, p. 

11), au lieu de esgaraushavan (cf. ALG IV, 1199), comme Aush. 

On pourra encore signaler la notation généralisée du “futur du passé” en -re, y compris dans le 

récent manuel des conjugaisons « occitanes de Gascogne » de MM. Grosclaude et Narioo (1999). 

Pourtant, J. Allières le vocalisait en a, forme dominante dans une assez grande complexité (ALG V, 

1684), et donnait les exemples « que sabí que vengora, […] que’s demandava se vengora » (ALG 

V, 1616), puis y avait consacré une note dans Estudis occitans n° 21 du 1 er sem. 1997, p. 19; P. Bec 

devait y revenir par deux fois (cf. Bec, 2000 et 2002). 

Et pour tous les amateurs d’alcool fort — il faut bien sourire de temps en temps —, l’anarchie 

de l’“usage” quant au “whisky” : R. Lapassade l’écrivait uisquí (Sonque un arríder amistós, 1975-1, 

pp. 101, 107), le Civadot…, hóisqui (ainsi que G. Narioo, qui dut participer à sa rédaction, et en use 

dans sa traduction de La bíblia valenciana, 1994, p. 132). Plus sagement sans doute, Bianchi et 

Viaut (1995; cf. p. 170) et Atau que’s ditz (cf. p. 175) ont renoncé à une orthographe gasconne et 

accepté whisky , ce dernier avec hoísqui en « variante graphique » (p. 16, mais omis v° whisky); et 

chaque graphie gasconne correspond à une réalisation différente : [wis'ki, 'hu"ski, 'hwiski] !


…et les dictionnaires, leurs hésitations et leurs désaccords 

Les associations liées à l’I.E.O. n’ont encore publié aucun dictionnaire dans le sens gasconfrançais, 

sauf à mentionner le lexique de quelque 1900 mots de Lo gascon lèu e plan “LGLP” (M. 

Grosclaude, 1977). Dans l’autre sens, il y en a plusieurs. 

Ainsi, dans le Civadot (cf. p. 159), le premier paru, avec 7 000 entrées, on trouve es.hlaquit 

(entrée : las,-se), eslamar (flamber), es.hlor (fleur), esloish (lâche, relâché) et es.hloronc (furoncle); 

prabar (croître) et pravar (grandir, grossir, pousser); rebomb (écho) et rebom (répercussion); regde 

(rigide) et rede (raide); saussar (saucer) et sauçar (tremper); boçon (bouchon) et tirabosson (tirebouchon); 

quarrat (carré, oreiller) et carrat (foulard). 

Dans Atau que’s ditz… (cf. p. 175), “approuver” se dit aprovar et “prouver”, probar; “cavalier”, 

cabal(i)èr et “chevalier”, cavalièr; “combles”, trabatèrs et “poutre”, travetèra; “imperceptible”, 

qui n’ei pas perceveder ou de mau percéver et “apercevoir”, apercéber (“percevoir”) manque; 

“indulgent”, brabe et “inoffensif”, brave; “extension”, extencion et “tension”, tension; “inoffensif”, 

inofensiu et “offensif”, ofenciu; “sauce”, saussa et “saucisse, saucison”, saucissa, saucisson, saucissòt; 

“éboulement”, esborolh et “s’écrouler”, esborroar-se; “égratigner”, esgarraishar et “égratignure”, 

esgarrachada etc. 

Dans la notation classique ajoutée par J. Miró au Dictionnaire de la Grande-Lande 

d’Arnaudin (cf. p. 179), assan et bròc-açan “aubépine”; só-hís et hiçar et dérivés; cuvèu et cuba. 

Et a fortiori, ces divers dictionnaires ne s’accordent pas toujours : coenta (LGLP) et cuenta 

(PDFO-B, Atau…); vesía, haría (LGLP, Fiches de grammaire…) et vesia, haria (PDFO-B, Atau…; 

hitge (LGLP, PDFO-B, etc.) et hidge (Que parlam); en.honsar, arrevirar (PDFO-B) et en.honça(r), 

arrebirar (Que parlam); foncion, santuari, paishèth (PDFO-B) et fonccion, sanctuari, paishet 

(Atau que’s ditz); arrepè, tutèth (PDFO-B, Atau…) et arrepèr, tutet (Miró dans Arnaudin). 

… tandis qu’une grande maison d’édition affiche des “fautes” de lecture 

La contrépreuve vient de nous être fournie par le célèbre éditeur Assimil publiant Le gascon 

de poche sous la signature de M. Jean-Marc Leclercq (2004), avec la « collaboration de Sèrgi Javaloyès, 

écrivain ». Le livre est sympathique, et met le gascon, comme d’autres langues d’oc, au 

même rang que des dizaines de langues du monde, ce qui mérite d’être noté. 

L’auteur use de la graphie classique sans s’en expliquer, ce qui, au demeurant, ne devrait pas 

poser de problème dans la mesure où il “sous-titre” tout mot gascon dans une notation phonétique 

qui lui est propre (ou peut-être à la collection). Mais il a dû puiser sa connaissance de la langue dans 

les livres plutôt que dans la parole vive; aussi, malgré son “collaborateur”, il est tombé dans la plupart 

des pièges que les insuffisances de la graphie occitane tendent à qui n’est pas préalablement un 

bon gasconophone. D’où quelques monstres phonétiques : 

– surtout n en finale ou intérieur et r en finale, trop systématiquement amuïs : con [koû], sonque 

[soûké], arron [arroû], pipèr [pipè]; au lieu de [koun, sounké, arroun, pipèr]; 

– -s final à peu près toujours noté [s], dans l’ignorance de sa sonorisation en [z] devant sonore 

(b, d, g, v), l, m et n : las vacas [lass bakos]; au lieu de [laz bakos]; 

– -a de l’article era donné pour -[o] au lieu de -[a].


Quant au scripteur ordinaire… 

On imagine ce qu’il en sera pour le scripteur ordinaire, dont l’écrit “classique” sera subordonné 

à la révision de quelques “spécialistes” qui n’hésitent pas parfois à corriger la langue des auteurs 

elle-même… sans pour autant éviter les erreurs. Et sans cette révision, cet écrit fourmille d’erreurs 

parfaitement excusables, certes, de la part de locuteurs naturels qui n’ont jamais appris le latin ni 

étudié la philologie, mais qui achèvent de déconsidérer la langue. Ainsi en est-il de la chronique 

Marcat biarnés (“Marché béarnais”) des quotidiens palois, de la plume d’un sympathique conteur, 

paysan à la retraite, que son voisin M. Grosclaude dut convaincre d’écrire en graphie classique; 

pour ne citer que les trois morceaux gascons d’un billet de 2002 : *darrerement crevat pour darrèrament 

crebat; que p’ocupat per abituda d’aqueras cointas, a bos de har ! pour que v’ocupatz per 

abituda d’aqueras coentas, a vos de har !; la besti poeirida pour la bèstia poeirida. 

Et même « L’Associacion democratica d’Artics [qui] a écrit en occitan une lettre très élogieuse 

pour André Labarrère », association de gens supposés “plus instruits”, puisque leur commune s’enorgueillit 

de plaques de rues bilingues, le béarnais y étant évidemment écrit en graphie classique. 

Voici les passages de cette lettre tels qu’ils ont été publiés par L’Éclair du 7 juin 2002, avec 

en synopse la graphie classique correcte, les différences étant notées en gras : 

« …un hemna qui poishqui dab energia pro- « …un hemna qui poishqui dab energia promover 

e defender lo Païs a Paris. 

móver e defénder lo País a París. 

« Patatras ! Malàja, aqueste cop t’es plan en- « Patatràs ! Malaja, aqueste còp t’ès plan enganàt 

lo Dede. Que’s impausas lo David : qu’es ganat lo Dedé. Que’ns impausas lo David : 

cadut suu cap o que ? vienguda de la toa part, la qu’ès cadut suu cap o qué ? vienguda de la toa 

manobra n’ei pas abile. Nosauts biarnés, e qu’at part, la manòbra n’ei pas abile. Nosauts biarnés, 

savs plan, n’aiman pas recéver ordis d’aquet es- e qu’at saps plan, n’aimam pas recéber ordis 

candilh, de plegar la rea ei passat de moda… d’aqueth escandilh, de plegar la rea ei passat de 

mòda… 

« Lo tocamaneta ? no’n sap pas ha; la corte- « Lo tòcamaneta ? no’n sap pas har; la cortesia 

legendari e de cops rusada de noste, n’a tot sia legendària e de còps rusada de noste, n’a tot 

faus… 

faus… 

« Aus qui dénégan noste cultura, qui mespré- « Aus qui denegan noste cultura, qui mespresan 

la lenga occitana d’inc a esta’s shords a tota san la lenga occitana dinc a està’s shords a tota 

discutida, que disem no. Au reveder Dede, mes discutida, que disem no. Au revéder Dedé, mes 

per un cop, que t’ès enganat. » 

per un còp, que t’ès enganat. » 

Traduction – « …un femme [allusion à l’homosexualité du destinataire] qui puisse avec énergie 

promouvoir et défendre le Pays à Paris. 

« Patatras ! Hélas, cette fois tu t’es bien trompé Dédé. Tu nous imposes le David [Habib, 

comme candidat socialiste aux législatives] : tu es tombé sur la tête ou quoi ? venue de ta part, la 

manœuvre n’est pas habile. Nous autres Béarnais, et tu le sais bien, nous n’aimons pas recevoir des 

ordres de ce genre, plier l’échine est passé de mode… 

« Le tocamaneta ? [“touche-petite main”, surnom d’A. Labarrère… et de bien d’autres hommes 

politiques qui serrent facilement la main] il ne sait pas faire; la courtoisie légendaire et parfois 

rusée de chez nous, il a tout faux… 

« À ceux qui renient notre culture, qui méprisent la langue occitane jusqu’à rester sourds à 

toute discussion, nous disons non [allusion probable au fait que A. Labarrère n’a jamais caché son 

hostilité à l’altération par les occitanistes du béarnais, qu’il parle depuis son enfance]. Au revoir 

Dédé, mais pour une fois, tu t’es trompé. » 

La plupart des fautes d’orthographe concernent des accents qui manquent ou sont mis à tort; 

or ils sont essentiels en graphie classique pour déterminer l’ouverture de o [o] ou [u] et celle de e [!] 

ou [e], et ailleurs pour marquer l’accent tonique; et les autres fautes renforcent l’impression que les


auteurs ne maitrisent vraiment pas l’orthographe classique… (Et quant à la langue, discutida, pour 

discuta ou discussion, est une cuistrerie déjà condamnée par La réforme… de 1950 ; « tu es tombé 

sur la tête », « il ne sait pas faire » ou « il a tout faux » sont des calques du français parlé contemporain, 

ignorés du béarnais classique). 

Une gageure : la « première dictée occitane » à Orthez (31 janvier 2004) 

Cela n’empêche pas l’occitanisme d’organiser sa « dictée occitane » à l’instar de Bernard Pivot. 

Ainsi, le 31 janvier 2004, en même temps que dans d’autres « villes occitanes », Per Noste en 

organisait à Orthez la version béarnaise. Elle avait été largement annoncée par une série d’articles 

de presse, avec invitation pressante d’arriver à l’heure, la salle n’offrant que « 80 places accessibles 

» (L’Éclair des 31 janvier/1 er février). La presse en a rendu compte sur près d’une demi-page 

du format “tabloïd” (L’Éclair du 2 février), avec en pré-titre « ORTHEZ - Succès de la première 

dictée occitane », même si la « cinquantaine de candidats » était loin d’avoir rempli la salle. 

J’ai déjà fait mes réserves sur le fond de cette affaire, p. 79. Ici, je m’attacherai au problème 

orthographique lui-même. D’emblée, les organisateurs ne cachent pas les difficultés inhérentes à la 

graphie, en dehors de tout piège artificiellement tendu : 

« Ils étaient là pour écrire une dictée, pas une de celles, tortueuses à souhait, de Bernard 

Pivot, non. Mais pour qui ne connaît pas les subtilités de la langue d’ici, ou pour celui 

qui n’en connaît que le parler, cette dictée avait bien des pièges. C’est que les accents sont 

autant de subtilités selon qu’ils soient [sic] graves ou aigus. D’ailleurs, même notre ordinateur 

ne connaît pas les accents graves sur le “o”, si bien que notre reproduction de la dictée 

est bourrée de fautes ! » 

À cela s’ajoute la difficulté majeure qui tient en l’absence de dictionnaire(s) et grammaires de 

référence, tellement sont nombreux les flottements qu’on peut déceler dans les ouvrages disponibles, 

comme nous venons de le voir. Dire qu’il y a faute ou non relève alors d’un arbitraire certain. 

Un exemple : Lapassade a écrit « lo qui shiulava tant hòrt » {celui qui sifflait si fort}, prononcé 

[…tan h%rt] selon les normes classiques; le texte publié le 2 février porte « …tan hòrt », prononcé 

[…ta h%rt], selon la forme enseignée par la plupart des grammaires occitanistes, mais celle choisie 

par Lapassade est aussi très répandue dans le domaine gascon et parfaitement légitime (Ligam- 

DiGaM n° 19, pp. 33-48); dès lors, aurait-on compté une faute au candidat qui aurait écrit comme 

Lapassade ? rien ne permet de le savoir a priori. 

De fait, le palmarès laisse songeur : 

– parmi les 4 “juniors” primés, le 1 er ex-aequo est le fils de deux militants, son père étant le 

3 ème des “confirmés”; la 3 ème ex-aequo a le même patronyme qu’un enseignant, militant très engagé; 

l’autre 3 ème a le même patronyme que l’enseignant qui lisait la dictée; 

– parmi les 3 “débutants”, la 3 ème a le même patronyme qu’un autre enseignant, militant; 

– parmi les 3 “confirmés, le 1 er , avec une faute, est David Grosclaude lui-même, fils de Michel, 

président de l’I.E.O. et “patron” de presse occitaniste (La Setmana, Plumalhon…); le 2 ème est 

me semble-t-il un militant, et le 3 ème aussi, certainement, père d’un des deux 1 ers juniors. 

Au total, donc, sur dix lauréats, 3 (ou même 4) sont des militants, voire des professionnels de 

l’occitanisme, 3 autres ont des patronymes de militants (simples coïncidences ?), et 4 (ou seulement 

3) paraissent étrangers au “sérail”. 

Il n’est pas question, certes, d’y voir quelque tricherie, mais il apparait clairement que très peu 

de personnes ont accès à la graphie classique en dehors des cercles d’enseignants-militants; et le


3 ème et dernier des lauréats confirmés, militant de longue date mais pas enseignant, a quand même 5 

fautes pour un texte relativement court et « sans pièges ». 

Premières conclusions 

Je ne pense pas qu’il faille dramatiser après le constat de toutes ces faiblesses et erreurs, inhérentes 

à tout système qui fait appel, peu ou prou, à l’étymologie; la graphie moderne en est un aussi 

: celle de l’Escole Gastou Febus connait l’hésitation entre -c- et -ss-, et le système dérivé que je 

proposerai plus loin (pp. 307 sqq.), celles entre v et b d’une part et celle entre -e et -a posttoniques 

(devenus -ë et -e) d’autre part. Souvenons-nous en effet qu’il a fallu au français des siècles et un 

état puissant pour parvenir à une certaine fixité dans sa graphie, et beaucoup encore sont “fâchés” 

avec l’orthographe. Alors pour une langue romane qui a si peu de linguistes familiers du latin et si 

peu d’heures d’enseignement, il faut être très, très modeste, et accepter un écrit à la graphie hésitante 

: la parole vivante et l’usage fréquent de la langue, même à l’écrit, valent infiniment plus 

qu’un sans faute à la dictée ! 

Au fond, nous sommes à peu près au même point qu’il y a cinquante ans, quand P. Bec écrivait 

: « une foule de détails reste à élucider : étymologies douteuses interdisant une fixation graphique 

définitive […] » (cf. citation complète, p. 147). 

Et si l’enseignement redécouvrait la graphie moderne ? 

Mais j’ai évoqué p. 75 l’intérêt d’une graphie moderne, lisible par les locuteurs naturels : eux 

seuls peuvent constituer l’environnement linguistique indispensable aux écoliers pour que 

l’enseignement de la langue ne se réduise pas à une matière scolaire parmi les autres. Qui plus est, 

l’état sociolinguistique de la langue et le peu de temps dont on dispose pour en enseigner l’écriture 

et la lecture militent de toute façon pour un maximum de simplification. Nina Catach (1988, p. 102) 

le disait pour le français : 

« Non seulement la communication culturelle s’est profondément transformée (mass 

media, techniques d’écriture, place amoindrie des études “humanistes” et de la littérature, 

introduction généralisée de l’informatique, etc.), mais le poids des contraintes orthographiques 

pèse aujourd’hui non sur une minorité, mais sur l’ensemble de la nation. Ce poids est 

trop lourd, nous dirons même qu’il est trop cher : 

« Le coût de l’information orthographique, démesurément redondante... apparaît exagéré, 

surtout si l’on y ajoute le coût de l’apprentissage donnant accès à cette information : 

… neuf ans d’études, sans que pour cela les résultats apparaissent tellement probants » (N. 

C., Rech., p. 951). 

Alors pour les langues d’oc… Ainsi, pour le provençal, dès 1980, le grand poète provençal et 

occitaniste Serge Bec avait annoncé son retour à la graphie mistralienne dans une Lettre ouverte aux 

occitanistes placée « en guise de préface » au début d’un recueil de poèmes Siéu un païs. Avec son 

aimable autorisation, je la reproduis en Annexe XV. 

Et si G. Kremnitz estimait que « ceux qui écrivent la langue avec le système Roumanille/Mistral 

le font avec plus de soin » (cf. plus haut, p. 198), ce n’est peut-être pas un hasard : 

chacun fait mieux ce qui est à sa portée, l’excès de difficulté décourage. 

En tout cas, conscient de l’attachement populaire à la graphie moderne, le bimestriel du Parti 

nationaliste occitan Lo Lugarn parait désormais avec le double titre Lo Lugarn - Lou Lugar et publie 

des articles dans la graphie choisie librement par les auteurs (n° 79, Estiu 2002).


Dernier exemple, en juillet 2003 a paru L’occitan Haut-Alpin - Parler de la Vallée de Vallouise, 

dont tous les textes en oc sont dans une graphie moderne de type mistralien, malgré le mot 

“occitan” du titre… 

Et nous n’avons pas à craindre pour le fond même de ce qui est écrit. Philippe Carbonne, naguère 

président de l’I.E.O., pouvait écrire récemment à propos d’un recueil de poèmes du provençal 

d’Italie Sergio Arneodo, Danso di Sesoun : « Tout ce qui s’écrit de fort en langue d’oc n’est pas 

forcément vêtu de graphie perbosc-alibertine. » (Lo Gai Saber, n° 484, 2002, p. 239). 

Mais en attendant que la sagesse pédagogique rouvre l’École à la graphie moderne, on peut 

toujours essayer d’améliorer la classique; il conviendra ensuite de proposer une graphie moderne 

elle-même améliorée pour mieux répondre aux besoins actuels de la société gasconne.

Chapitre III 

Graphie “classique” ou graphie “moderne” ? 

Ainsi, en quarante ans de pratique, les occitanistes gascons n’ont pas réussi à rendre leur graphie 

classique populaire parmi ceux qui parlent encore la langue couramment. Mais alors, comment 

et pourquoi cette graphie classique a-t-elle été adoptée par l’enseignement ? Répondre à cette question 

nous amènera à découvrir les erreurs congénitales qui vicient cette graphie. 

I – Comment l’orthogaphe classique a-t-elle été introduite ? 

Les premiers adeptes de la graphie classique 

L’historique des graphies gasconnes nous a montré que Palay est semble-t-il le premier a 

avoir usé de la graphie classique pendant une courte période (p. 126). 

Girard (p. 129) et autres Gascons des cercles occitanistes toulousains devaient suivre, et rester 

fidèles à ce système; le haut-commingeois Sarrieu s’y rallia un certain temps (p. 131); vint enfin 

Philadelphe de Gerde (p. 133). On peut même signaler la curieuse graphie du médoquin Jean Conord, 

qui signait Jean d’Aquitaine : notant /u/ par ou et /b/ ou /./ uniformément par b, il écrit néanmoins 

par -a la finale féminine (cf. Reclams, 1927, p. 64; 1928, p. 61). Voilà pour les auteurs nés 

avant 1900. Ensuite, il y eut la génération des “jeunes” occitanistes d’après la Libération, Pierre Bec 

et Bernard Manciet étant les plus connus. Mais ce furent des “pratiquants” individuels. 

Le rôle essentiel de Per nouste 

Pour que l’on passe à une pratique organisée, et essentiellement dans le monde scolaire, il fallut 

attendre la naissance de l’association Per nouste en 1960, dont on a vu que les membres les plus 

actifs furent des enseignants du second degré (cf. p. 78). 

Qu’est-ce donc qui a motivé ces enseignants béarnais à rejeter la graphie moderne des Félibres 

qui fonctionnait depuis plus d’un demi-siècle — sans compter les écrits du XIX e s. qui n’en 

étaient pas bien éloignés — pour adopter et propager la graphie classique occitane ? 

Les oppositions de générations et de compositions sociologiques décrites pp. 78-79 semblent 

avoir été déterminantes, bien plus qu’une quelconque étude technique des mérites comparés des 

systèmes en présence. Dès le n° 1 de la revue Per nouste de juin 1967, p. 12 bis, en effet, le 

“corporatisme” affleure quand les enseignants qui président à ses destinées présentent ainsi un 

poème écrit en graphie moderne des Félibres : 

« Nous publierons dans ce bulletin des textes dans les deux graphies. Nous ne cachons 

pas, en tant qu’enseignants, notre préférence pour la graphie normalisée en usage 

dans les Universités - à la fois plus claire et plus logique. » 

L’usage universitaire est donc mis en premier, sans doute parce que le mot “université” est 

tout auréolé de prestige pour ces enseignants du secondaire — on est un an avant la contestation 

massive de mai 1968 — et les qualités de la graphie “normalisée” sont affirmées, sans preuve particulière. 

À la vérité, mis à part M. Grosclaude, ce sont tous des béarnophones de naissance, qui ont 

une connaissance intime de la langue à laquelle ils sont profondément attachés (cf. Annexe XVI); 

ils ne se sont donc pas méfiés des pièges que cette graphie tendraient bientôt à de moins experts.


Une page de ce même numéro, Comment lire le gascon (pp. 16-17), limitait en effet à trois 

règles ce qu’un gasconophone a besoin de savoir pour s’y retrouver. Pourtant, cela dut créer un 

choc parmi les premiers lecteurs béarnophones, dont témoigne en particulier un billet publié dans le 

numéro suivant. Il émane d’une vieille mercière d’Orthez, héritière d’une lignée d’écrivains béarnais 

célèbres (cf. pp. 120-123), membre elle-même de l’Escole Gastou Febus depuis 1921 (Reclams 

n° 5, May 1921, p. 80) et certainement pourvue d’un bagage littéraire enviable : 

« Je ne sais pas du tout pourquoi ceux de PER NOUSTE écrivent en Français 

d’aujourd’hui, et non pas en latin, ou ne parlent pas comme le défunt Turoldus. Il faut savoir 

ce que vous voulez : le parler béarnais de tous les jours comme il se parle en différents 

lieux et s’écrit de même avec ses particularités qui changent d’un endroit à l’autre, ou si 

vous voulez revenir “aux sources savantes” [en français dans la lettre] pour mieux se faire 

comprendre de Vladivostock à Quimperlé avec un espéranto sans saveur. Avec ça, merci 

quand même de laisser une petite place à ceux qui ne sont ni instituteur, ni professeur, et 

qui ne savent lire que de l’écriture, et non pas de la “graphie”. Je vous salue, Maitre, et portez-vous 

bien toujours. » (Marguerite Lafore, rue des Jacobins, Orthez, Per nouste n° 2, 

Oct. 1967, Courrier des lecteurs, p. 23; traduit du béarnais.) 

Malheureusement, les dirigeants de Per nouste ne surent pas entendre cet avertissement et jugèrent 

sans doute qu’avec quelques explications, leur message finirait par passer. M. Grosclaude fut 

donc chargé de présenter la nouvelle graphie dans ce même n° 2 de la revue, les Béarnais béarnophones 

de l’association ayant apparemment jugé plus importante la compétence supposée de ce 

Lorrain qui avait suivi des stages que la connaissance intime qu’ils avaient eux-mêmes de leur langue 

ancestrale. 

Un article de Michel Grosclaude (1967) 

Ainsi, tandis qu’en 1583, le pasteur béarnais Arnaud de Salette expliquait en béarnais à ses 

confrères francophones, venus convertir le Béarn, comment lire et bien prononcer le béarnais écrit 

selon sa tradition, en 1967, c’est en français qu’un Français du nord va expliquer aux Béarnais 

comment lire et prononcer leur langue, écrite en rupture avec cinq siècles de tradition adaptée ! 

Voulant « traiter cette question, au moins une fois, de façon complète », il le fait en cinq pages et 

demie sous le titre L’orthographe occitane normalisée : mélange naïf — on veut bien le croire — 

d’informations objectives et de morceaux de propagande occitaniste peu scrupuleuse, cet exposé est 

tellement caractéristique du discours occitaniste que j’en commente de larges extraits en Annexe 

XVII. 

À la base, il y a le concept de langue occitane unique incluant même le catalan, et qui ne s’est 

divisée en dialectes que par la faute de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539. Or la « graphie 

occitane normalisée » commune à tous les dialectes d’oc va y remédier et « rendre à la langue occitane, 

et sa dignité de langue, et son unité d’autrefois ». Mais on ne rompt pas avec l’œuvre des Félibres, 

on la « pousse […] plus en avant encore ». 

Accessoirement, ce système, basé sur la graphie des troubadours, doit permettre la lecture des 

textes anciens et « en écrivant les mots d’une manière plus conforme à leur étymologie, […] mieux 

mettre en lumière la parentée [sic] entre la Langue d’oc et les autres langues Romanes. » 

Suit un exposé pratique des principales règles de la graphie de l’I.E.O., passées de trois à sept 

depuis le n° 1 de la revue… Et l’auteur termine par cinq alinéas qui veulent rassurer les lecteurs réticents 

: la graphie ne change pas la langue, le béarnais reste lui-même et « quelques minutes suffisent 

généralement » pour apprendre à lire.


Bien sûr, tout cela est plein de contre-vérités que je dénonce, preuves à l’appui, dans mon 

commentaire. Cela montre en tout cas que M. Grosclaude est déjà parfaitement imprégné des thèses 

occitanistes sur la graphie, y compris le mythe de la lecture facile des textes anciens grâce à elle. Ce 

qui a fait écrire : « Dans la querelle des orthographes, la graphie occitaniste était un dogme auquel il 

ne dérogea jamais. » (Laborde-Balen, 2002, p. 416). Mais en 1967, M. Grosclaude est encore techniquement 

assez faible sur le sujet; dix ans plus tard, sa méthode Lo gascon lèu e plan témoignera 

d’une bonne maitrise de l’affaire. 

Ce qui me parait essentiel, c’est cette phrase : « Vous avez de votre langue une connaissance 

auditive et non visuelle. Vous ne la reconnaîtrez pas en la voyant, mais en l’entendant. » Non seulement 

ces enseignants à l’esprit délié minimisent l’effort que demande l’adoption de règles de lecture 

fort différentes de celles du français auxquelles les gens sont habitués, mais encore ils 

s’adressent à des béarnophones confirmés, comme eux-mêmes. 

Or pour ces gens-là, leur connaissance de la langue leur cache les défauts du système pour qui 

veut retrouver un oral qu’il ne connait pas : tout comme « les poules du couvent couvent » ne pose 

aucun problème de lecture au francophone habituel, « Jan que minja plan » {Jean mange bien}, par 

exemple, n’en pose pas davantage au gasconophone habituel qui fait bien la différence des deux -an 

et lit [jan ke 'minjœ pl!/pl!"]. 

Mais étant seuls interlocuteurs de l’Éducation nationale sur ce sujet, les animateurs de Per 

nouste vont bientôt faire adopter leur point de vue dans un document officiel. 

Un document officiel (1972) 

Du n° 8 de Septembre-Octobre 1968 au n° 66 de Mai-Juin 1978, l’une ou l’autre page intérieure 

de la couverture de la revue Per Noste allait donner un résumé des règles de lecture de la graphie 

classique, suivi de quatre justifications du choix de cette orthographe; d’abord sous le titre 

« Apprenons à lire le gascon-béarnais dans son orthographe normalisée » (jusqu’au n° 45 de novembre-décembre 

1974), puis sous celui plus général de « Comment lire le gascon : (Albret, Armagnac, 

Ariège, Bazadais, Béarn, Bigorre, Chalosse, Comminges, Gironde, Landes, Lomagne, Marensin, 

Médoc…) ». Puis, du n° 67 de Juillet-Aout 1978 au n° 179 de Mars-Avril 1997, on ne publia 

plus que le résumé des règles. 

Or la page entière, sous son premier titre, fut reprise en page 3 d’une brochure de la fin de 

1972, L’occitan au baccalauréat - Fascicule gascon - Programme agréé par la Commission Académique 

pour l’Enseignement des Langues et Cultures Régionales. Cette commission est l’éditeur 

de la brochure qui était en vente au Centre régional de Documentation pédagogique (P.N. n° 32, 9- 

10/1972, p. 2); c’est donc une publication officielle de l’Éducation nationale. 

Un texte de Roger Lapassade présente la brochure comme un « embryon d’anthologie occitane 

destiné aux Classes Terminales de l’Académie de Bordeaux ». Ont également collaboré à sa 

préparation cinq autres professeurs, pour la plupart de l’équipe orthézienne de Per noste. Mais il est 

vraisemblable que tous n’ont pas eu connaissance de la page introductive sur la graphie. 

Des règles de lecture lacunaires, voire erronées 

L’examen attentif de cette page révèle en effet nombre de lacunes, d’approximations et même 

d’erreurs :


Ces règles de lecture ne concernent que les graphèmes o, ò, a « dans les terminaisons », r final, 

v, ish ou sh, ch, lh et nh. Sont notamment omis ó, n final et th, généralement final; et dans une 

lettre publiée au Courrier des lecteurs du n° 89 de Mars-Avril 1982 mais restée sans suite, Éric 

Gonzalès regrettait l’absence de j valant /2/ ou /j/ selon les lieux, de u « accolé à une voyelle formant 

diphtongue » et valant /*/, de -ia se réduisant parfois à /i/ et du mot òc toujours prononcé /o/. 

– ce qui est dit de a « dans les terminaisons » concerne en fait le a posttonique, qui se rencontre 

dans le corps des mots composites comme les adverbes en -ment et les composés par soudure 

verbe + nom comme abusacaishaus; inversement, le a des proclitiques atones comme les articles 

era et la ou la préposition enta, bien qu’en « terminaison », n’est jamais « posttonique » et justiciable 

des prononciations indiquées; la prononciation [u] que l’on rencontre en Médoc est ignorée, 

alors que L’application… de 1952 (p. 144 ci-dessus et Annexe XIII) en faisait déjà mention; 

– dire que « r final est toujours muet » est faux et marque les lacunes des auteurs qui semblent 

n’avoir jamais rencontré que cor, lo car, la tor, lo tòr, l’abòr, esquèr, eslur etc. {il court, le char, la 

tour, le gel, l’automne, gauche, avalanche}; certes, la graphie classique que je propose note ces 

mots par -rr (voir p. 276), mais pas celle de l’I.E.O. enseignée par l’École; 

– relève d’un “à peu près” regrettable le fait de dire du v qu’« entre deux voyelles, on le prononce 

tantôt B, tantôt comme le W anglais. Ainsi suivant les régions, on dira : que cantabi ou que 

cantawi. » Cela donne l’impression que ce n’est qu’une affaire de « régions », alors que dans la 

vaste portion du domaine gascon où certains v intervocaliques se prononcent [w], un grand nombre 

d’autres se prononcent [.] comme dans alavetz, devarar, etc. {alors, descendre} (voir p. 253); 

– enfin, il est faux de dire que « CH se prononce TCH » : non seulement certains ch de la graphie 

I.E.O. se prononcent partout [#] (chivau, chapèu… {cheval, chapeau}) au point que nombre 

d’auteurs les notent aujourd’hui par sh, mais encore ce qui est [0] en certaines régions est [tj] dans 

d’autres et [#] simple dans une troisième série de régions (voir p. 263). 

Certes, tout cela devient bien compliqué et on risque d’effrayer l’usager; mais est-ce bien 

honnête de cacher ainsi la difficulté, si on en est conscient ? Et si on l’ignore, cela dénote alors une 

méconnaissance de la phonologie du gascon dans son ensemble, ce qui est bien triste pour la langue 

qu’on est censé enseigner avec la compétence voulue. 

Mais peu importe, comme en 1967, toute difficulté est écartée par un encadré qui barre toute 

la page : 

En résumé, l’ORTHOGRAPHE NORMALISÉE NE CHANGE EN RIEN VOTRE 

PRONONCIAION HABITUELLE. 

Heureux temps — en 1972 — où Robert Lafont pouvait écrire, après avoir fait passer 

l’épreuve d’occitan du Baccalauréat à Mende (1973, p. 38) : 

« ces interrogations étaient de bien curieux dialogues. Venaient vers nous, enseignants 

qui n’étions qu’auditeurs attentifs, des jeunes filles et des jeunes garçons capables 

de tout dire dans leur langue, qu’ils appelaient cependant “patois”. On n’avait qu’à les 

écouter, […]. Le dialectologue enregistrait en marge d’une feuille de notes tel trait phonétique 

mal connu. Le linguiste ou l’écrivain reconnaissaient un tour syntaxique d’une parfaite 

intelligence. […] Il fallait “ noter” cette matière humaine brute. Noter une langue que 

l’examiné connaissait quelquefois plus spontanément que l’examinateur. » 

D’étonnantes justifications du choix orthographique 

Les justifications du “pourquoi” de cette orthographe ne sont pas moins approximatives :


« – PARCE QUE : Elle est adoptée par tous les Occitans (Gascons, Limousins, Languedociens, 

Provençaux). Elle permet donc une lecture facile de textes écrits dans tous les dialectes. » 

Je renvoie à la p. 206 pour ce qu’il faut penser de la première assertion… Quant à la « lecture 

facile de textes écrits dans tous les dialectes », ce n’est vrai qu’à condition de n’avoir pas à la faire à 

haute voix; il suffit d’entendre un Languedocien lire du gascon et réciproquement. 

« – PARCE QUE : Elle permet de mieux mettre en lumière la parenté de notre langue avec les autres 

langues romanes (Français, Catalan, Italien, Espagnol, Portugais, Romanche et Roumain). » 

« mieux » que quoi ? je ne sais rien dire du lointain roumain; pour le romanche, qui n’est 

guère plus proche, je laisse le lecteur juge, à partir d’un court extrait d’un texte de Basse-Engadine 

publié dans P.N. n° 27, 11-12/1971, p. 4 : 

Romanche 

Cun stainta e fadia til esa 

eir quist on darcheu reuschi da 

rablar nan ils raps per pajar il 

fit ch’el es debit al patrun, chi 

sta in ün cumün plü grond. 

Gascon graphie classique 

Qu’ei dab pena e esfòrç 

que s’i ei escadut augan enqüèra 

a aplegar los sòus ta pagar 

lo loguèr qui deu au propietàri, 

qui s’està en un vilatge 

mei gran. 

Français 

C’est avec peine et effort 

qu’il a réussi cette année encore 

à réunir l’argent pour 

payer le loyer qu’il doit au 

propriétaire qui demeure dans 

un plus gros village. 

Pour le reste, si prononcer [u] ce qui est écrit o rapproche un peu du portugais et du catalan, 

l’« Occitan » qui voudra lire un texte de ces langues se ridiculisera s’il ne les a pas apprises spécialement; 

et l’on s’éloigne du français, de l’italien, de l’espagnol; et écrire sh ce qui se prononce [#] 

ne rapproche que de l’anglais, alors que c’est x qu’emploient le portugais, le catalan et l’ancien castillan. 

Quant à se lire entre langues d’oc, la première strophe de Mireio montre vite que les différence 

de vocabulaire, de mots grammaticaux et de formes verbales sont un tout autre obstacle que 

celles de la graphie. Et le Gascon qui voudra lire Mireio à haute voix fera bien moins de fautes à 

partir de la graphie mistralienne qu’à partir de la classique, qu’il risque fort de lire à la gasconne ! 

Provençal graphie de Mistral 

Cante uno chato de Prouvènço. 

Dins lis amour de sa jouvènço, 

A travès de la Crau, vers la mar, dins li bla, 

Umble escoulan dóu grand Oumèro, 

Iéu la vole segui. Coum èro 

Rèn qu’uno chato de la terro, 

En foro de la Crau se n’es gaire parla. 

Provençal graphie classique I.E.O. 

Cante una chata de Provènça. 

Dins lis amors de sa jovènça, 

A travèrs de la Crau, vers la mar, dins li blats, 

Umble escolan dau grand Omèr, 

Ieu la vole seguir. Com èra 

Rèn qu’una chata de la tèrra, 

En fòra de la Crau se n’es gaire parlat. 

Gascon graphie fébusienne 

Que canti ue gouyate de Proubence. 

Dens las amous de sa joenesse, 

Capbat la Crau, de cap a la ma, dens lous blats, 

Umiu escoulâ dou gran Oumère, 

Que la bouy segui. Coum ère 

Sounqu’ ue gouyate de la terre, 

En hore de la Crau nou se n’es goayre parlat. 

Gascon graphie classique I.E.O. 

Que canti ua gojata de Provença. 

Dens las amors de sa joenessa, 

Capvath la Crau, de cap a la mar, dens los blats, 

Umiu escolan deu gran Omèr, 

Que la voi seguir. Com èra 

Sonqu’ ua gojata de la tèrra, 

En hòra de la Crau non se n’es guaire parlat. 

Français – Je chante une jeune fille de Provence. / Dans les amours de sa jeunesse, / À travers la 

Crau, vers la mer, dans les blés, / Humble écolier du grand Homère, / Je veux la suivre. Comme ce 

n’était / Rien qu’une fille de la terre, / En dehors de la Crau on en a peu parlé. 

« – PARCE QUE : Elle met mieux en lumière les origines latines de nos mots. » 

Ici encore, « mieux » que quoi ? quand les Félibres écrivent jeta, cantabe, l’I.E.O. écrit getar,


cantava; qui est le plus proche des latins ‘jactare’, ‘cantabat’ ? tous écrivent qualitat et car, aucun 

n’est plus proche des latins ‘qualitatem’ et ‘quare’; et les français sept, vingt, pharmacie sont plus 

proches des latins ‘septem’, ‘viginti’ et ‘pharmacia’ que les sèt, vint et farmacie/a des Félibres et 

occitanistes. Au demeurant, le second principe de la graphie de l’I.E.O. est la notation phonétique 

des mots de formation populaire, ce que semblent ignorer les auteurs de ce document; Alibert luimême 

n’a jamais invoqué ce genre d’argument en faveur de sa graphie… Et à supposer qu’une graphie 

quelconque révèle mieux qu’une autre les racines latines, quelle peut en être l’utilité pour la 

masse des locuteurs et scripteurs qui ne savent à peu près rien du latin ? 

« – PARCE QUE : Elle correspond à l’orthographe dont se servaient les Anciens, à l’époque où notre 

langue s’écrivait journellement. » 

D’un enfant, on dirait que c’est « un gros mensonge ». Cette anthologie présente en effet quatre 

textes médiévaux dans leur graphie d’origine, encore qu’une comparaison avec des éditions 

scientifiques décèle des erreurs, comme *conte, *era, * Begorra, *soos, *non pour comte, ere, Begorre, 

ssons, no sur les seules cinq premières lignes du For d’Oloron. Or ces quatre textes ont tous 

été doublés de leur transcription en graphie “classique” de l’I.E.O. dite en l’occurrence 

« moderne » ! Le mot Foo lui-même, qui atteste déjà de l’amuïssement du -r étymologique, est 

transcrit For. Et l’on oublie évidemment de dire que les graphies d’origine correspondaient à des 

prononciations du temps, que o était /o/ et non /u/ comme aujourd’hui… 

Un choix idéologique, sans référence pédagogique 

De tout cela, je pense pouvoir conclure que ces enseignants-militants d’Orthez ont avant tout 

adhéré à l’idéologie occitaniste : « l’Occitanie est une réalité historique remontant au Moyen âge, 

fondée sur une langue commune partagée avec les Catalans; elle a été conquise et mise sous le boisseau 

par la prétendue croisade albigeoise et la langue, interdite par l’Ordonnance de Villers- 

Cotterêts de 1539, s’est alors éparpillée en une multitude de dialectes et parlers locaux. » 

Cependant, « L’important n’est pas tellement que l’Occitanie ait existé ou non dans le passé. 

L’Occitanie est pour demain : tel est l’important. Et cela est une question de volonté. » (Michel 

Grosclaude, Réponse à notre ami Piquemal, P.N. n° 54, 7-8/1976, p. 13). 

Et en adoptant une graphie unifiée, on occulterait grandement la dispersion dialectale; en la 

fondant sur la graphie des troubadours, donc d’avant la conquête française, on rendrait à la langue 

sa dignité perdue. 

Dans tout cela, aucune approche historique sérieuse, aucune analyse appropriée de la phonologie 

du gascon, aucune référence aux travaux contemporains sur les systèmes d’écriture. Comme 

pour le dogme de l’unicité de la langue d’oc (p. 26), on est dans l’idéologie, une foi quasi religieuse, 

loin de toute recherche pédagogique et linguistique. Et le document de 1972, préparé par les 

mêmes enseignants, reflète rigoureusement cette idéologie, avec la circonstance aggravante qu’il est 

un document officiel de l’Éducation nationale 29 . 

Par la suite, la revue de Per noste continuera à rappeler les règles de lecture ci-dessus, mais 

avec quelques changements, dont certains s’expliquent bien mal : 

29 On devait faire mieux en 1974 : une note de l’Inspecteur d’Académie des Pyrénées-Atlantiques, publiée au Bulletin 

officiel de l’Enseignement du premier degré des Pyrénées-Atlantiques d’octobre, rappelait les dispositions de la loi 

Deixonne et commentait « Dans les Pyrénées-Atlantiques il y a deux langues régionales : le Basque et l’Occitan 

(Gascon). Il est donc rappelé aux maîtres de l’une ou l’autre des ethnies qu’ils doivent appliquer les instructions ministérielles 

etc. ». Il est vrai que ce texte avait été préparé par les occitanistes d’Orthez… (Cité par P.N. n° 45, p. 10).


– la prononciation /o/ du a posttonique disparaitra curieusement à partir du n° 102 de Mai- 

Juin 1984, pour réapparaitre avec le n° 166 de Janvier-Février 1995, tandis que disparait la prononciation 

/a/ : « […] ne se prononce jamais franchement [a], mais [œ], [o] faible (selon l’accent particulier 

de votre région). ». 

– le ch ne sera plus mentionné à partir du n° 102 de Mai-Juin 1984; 

– le ó n’apparaitra que très tardivement, à partir du n° 166 de Janvier-Février 1995. 

Enfin, tout rappel des règles de lecture a disparu depuis le n° 180 de Mai-Juin 1997. Ainsi, 

alors que la langue se parle de moins en moins et que les références orales disparaissent, tout se 

passe donc comme si les dirigeants de Per noste estimaient que la graphie classique est lue sans 

problème par tous les lecteurs de la revue. On en a encore confirmation dans le fait que le nouveau 

dictionnaire de G. Narioo et autres n’y consacre pas une ligne (cf. p. 186). Cela dénote un décrochage 

total de la réalité de l’enseignement, qu’explique peut-être le fait qu’il n’y a plus guère 

d’enseignants actifs parmi ces dirigeants. Mais les limites des hommes n’expliquent pas tout. 

II – Les défauts congénitaux de la graphie classique de l’I.E.O. 

Le système classique porte en effet en lui-même bien des raisons de son échec. La plus grave, 

et irréparable, c’est l’erreur historique qui a cru voir dans les graphies médiévales la bonne façon 

d’écrire une langue réputée n’avoir guère changée depuis des siècles; la seconde, c’est l’illusion que 

ce qui était bon pour le languedocien le serait pour les autres langues d’oc, et en particulier le gascon, 

même si ces langues étaient mal connues des Languedociens, Alibert en tête. 

L’erreur de linguistique diachronique 

« En tant que linguistique d’une langue particulière, la linguistique occitane fait 

usage des principes et des concepts qui lui sont fournis par la linguistique générale. Si donc 

nous tombons dans la littérature scientifique concernant l’occitan sur un énoncé qui 

contredit ces principes, nous devrons le tenir pour hautement suspect. Par exemple, P. Bec 

écrit qu’à partir du 16e siècle “la langue se maintient [...] sans évoluer sensiblement” (La 

Langue occitane, 1995, 89), mais la linguistique générale indique que l’évolution est un 

universel. Si toutes les langues évoluent, la langue occitane ne peut avoir la propriété merveilleuse 

de se maintenir. » (J.-P. Chambon, 2003, p. 3). 

Or la “renaissance” occitane du XIX e s. a été d’abord un enfant du Romantisme qui, découvrant 

la poésie lyrique des Troubadours, voulut y voir la “Langue d’oc” éternelle dans sa pureté et 

même son unité originelle qu’il faudrait rétablir. Et des “érudits” de terrain entendirent écrire désormais 

la langue moderne dans la “graphie des Troubadours”, et rendre ainsi à la langue “sa dignité”. 

Les études linguistiques conduites depuis ont montré l’erreur de ces prémisses, comme le résumait 

le Pr. H. Gavel (1942, p. 4), alors Président d’honneur de la S.E.O. (cf. p. 141) : 

« D’autre part, (bien que quelques-uns semblent croire le contraire), la prononciation 

de la langue d’oc a notablement changé, dans l’ensemble du Midi, depuis le temps de la 

grande floraison lyrique. Si les grands troubadours du XII e siècle revenaient parmi nous il 

leur faudrait certainement un certain temps, plusieurs jours au moins, quelques semaines 

(suivant les régions) pour arriver à la compréhension aisée de la conversation courante. 

C’est là encore un point qu’il ne faut pas perdre de vue. » 

Concrètement, nous avons l’exemple du long processus qui, du XIII e au XVI e ou XVII e s., en 

oc comme en oïl, a fait passer les o fermés romans à /u/, entrainant l’apparition simultanée de graphies 

en ou dans les deux ensembles romans de la France (pour le gascon, voir p. 103 et Lafitte, 

2003-3); ou encore de la prononciation du a étymologique posttonique demeurée en /a/ dans l’est


du Béarn au XVI e s. alors qu’elle est aujourd’hui en /o/ (p. 110). 

Quant à la graphie, nous avons vu p. 99 qu’il n’y avait jamais eu de “graphie des Troubadours”, 

ce qu’affirme aussi avec force J.-P. Chambon (2003, p. 3) : 

« Très rapidement dit : l’occitan est aujourd’hui et a toujours été à toutes les étapes 

de son histoire une langue dialectale, non standardisée, sans système graphique unifié, 

[…]. » 

Dès lors, la remise en usage de la graphie médiévale par les occitanistes de Toulouse était une 

chimère, selon le jugement sévère d’Albert Dauzat (1955, p. 337) : 

« Toulouse pouvait refaire l’œuvre d’Avignon [imposer sa langue littéraire au Midi, 

comme le toscan de Dante à l’Italie, ce qu’Avignon de Mistral n’avait pas réussi] et opposer, 

comme dans la Grèce antique, dialecte à dialecte; son école a préféré poursuivre la 

chimère d’une unité irréalisable en masquant le morcellement dialectal sous une orthographe 

médiévale. Par là, on éloignait le peuple de la littérature félibréenne en la rendant difficile 

à lire. On l’a éloignée encore davantage en s’écartant de la langue vivante : plus les 

parlers ruraux s’altèrent et s’imprègnent de français, plus les poètes occitan, par réaction, 

remontent aux sources historiques de la langue et donnent dans l’archaïsme. » 

Linguiste occitaniste lucide, Roger Teulat (2001-1, p. 6) en convient : 

la graphie classique est fondée « sur les cogitations de quelques érudits d’avant 1950, un 

temps où l’on s’attachait davantage à l’éminence du latin qu’au fonctionnement synchronique 

de la langue. » 

« Le tort qu’a eu Alibert est de ne pas avoir étudié davantage la langue ancienne et sa 

transformation progressive dans la langue d’aujourd’hui : là est la véritable référence pour 

la graphie et pour la langue. » (2001-2, p. 189). 

Moins avisé, ou plus idéologue, M. Grosclaude (1993, p. 788) arrête le temps au XVI e s. et 

écrit « que la bonne graphie béarnaise est […] maison, et que, tout au contraire, meyzou est une graphie 

francisée »; or aucune règle de lecture classique ne permet de lire [e"] sous la graphie ai, et ce 

qui était noté -on ou -oo au Moyen âge se prononçait encore [(] à la fin du XVI e s. (cf. p. 112), de 

telle sorte que le passage ultérieur à [u] appelait naturellement une autre graphie sans qu’elle fût 

pour autant « succursaliste du français » (ib. p. 787). Or le même auteur critique justement cette façon 

d’arrêter le temps dans les textes juridiques et administratifs béarnais du XVIII e s. : « refus 

d’accepter l’évolution de la langue parlée […] les juristes et notables [étant] convaincus que 

c’étaient eux qui écrivaient la véritable langue » (ib. p. 788). 

C’est donc sur la base d’une vision scientifiquement erronée de l’ancienne langue que s’est 

fondée la graphie classique, imposant à l’écrit d’oc des contraintes inacceptables en pratique et qui 

réservent cet écrit à une poignée de professeurs. Mais à cela, il n’y a pas de remède, car renoncer à 

cette erreur et tenir compte de l’évolution réelle de la langue et de celle de la graphie qui a suivi, 

c’est adopter une graphie moderne, donc passer tout de suite au chapitre IV! 

L’erreur de linguistique diatopique 

Mais en restant dans le système classique, force est de constater qu’il est aussi établi sur l’idée 

que l’on peut habiller toutes les variétés d’oc avec le vêtement taillé pour le languedocien 

qu’Alibert appelait « central », celui de sa petite région de l’Aude (1935, 1976, p. XX); avec aussi 

l’idée qu’en adoptant une forme archaïque supposée mère des formes actuelles différentes, elle 

conviendra pour représenter toutes ces formes dans un écrit unifié (principe D. de La Réforme… de 

1950 que nous étudierons bientôt, p. 236).


Or à part la filiation latine, il est bien hasardeux de penser qu’une forme ancienne — essentiellement 

“centrale” — est à l’origine de toutes les formes actuellement vivantes en oc. Et encore 

plus de croire qu’on pourra retrouver le parler vivant sous cet habit. 

François Fontan (1929-1979), fondateur du Parti nationaliste occitan, le contestait dès son 

opuscule de 1969 (réédition 2002, p. 19); la graphie d’Alibert et de l’I.E.O. était pour lui : 

« une graphie étymologique plus conforme au dialecte languedocien que la graphie mistralienne, 

mais difficile, catalanisante et inacceptable pour l’ensemble de l’Occitanie. » 

Mais les promoteurs de la graphie classique occitane n’en ont cure, car c’est une idéologie 

extra-linguistique qui les guide; c’est ainsi que pour justifier les graphies classiques du XX e s. « sor, 

son et só (et non sol) » avec des consonnes finales que Salette écartait (cf. p. 113), R. Lafont (1983- 

1, p. 381) a pu écrire : 

« …pour nous, — autre situation d’histoire — le béarnais, sans cesser d’être béarnais, 

s’inscrit idéologiquement dans l’espace occitan. Pour A. de Salette, il est territorialisé 

par le pouvoir navarrais. » 

Or sur un plan plus général, selon le constat dressé par E. Jung, une telle attitude condamnait 

à l’échec la Réforme linguistique occitane : 

« Seules ont réussi, et se sont imposées sans malaise, les réformes à objet limité, qui 

ne recherchaient pas de but supra-orthographique, comme l’unification d’un groupe de parlers 

[…] » (in Nina Catach, 1974, p. 110, cité par Nina Catach, 1978, p. 90). 

Le résultat : une graphie inutilement compliquée 

Toutes ces erreurs idéologiques aboutissent en fait à une graphie archaïsante, voire pédante, 

dont l’usage suppose une vaste culture linguistique bien au-dessus des moyens de la masse des locuteurs. 

C’est ce qu’exprime remarquablement J. Sibille (2000-1, p. 20) : 

« On peut dire que la graphie normalisée note ce que Pierre Bec, à la suie de Weinreich, a 

appelé un dia-système et que l’apprentissage de cette graphie suppose l’apprentissage de ce 

dia-système. » 

Tout un programme ! en voici une illustration concrète, avec une entrée du Dic. d’Alibert 

« espitlòri, m. Pilori; désordre […] Étym. inconnue, peut-être occitan. » Mistral écrit pelòri, pilòri 

ou pilouri tout en rappelant les formes romanes espilori, espitlori et pilloret. Selon le Dictionnaire 

historique d’Alain Rey (1992), le français a connu pilori (1165) et aussi pellori (1168), avec comme 

étymon possible pila, toutes les autres hypothèses ayant été réfutées par Wartburg. Alibert affiche 

ici l’attrait qu’il éprouvait pour l’inutilement savant et le compliqué qui, en l’occurrence n’est 

même pas catalan : en présence d’un mot d’étymon inconnu, qui d’ailleurs semble se prononcer 

avec -l- simple dans tous les parlers d’oc, il choisit une ancienne graphie qui suppose un étymon en 

“*-tulorium” qu’aucun linguiste ne semble avoir cautionné. Alors que le français, à la « graphie archaïque, 

forgée par des pédants » selon J. Taupiac (cf. p. 210), écrit tout simplement pilori. De 

même, quand l’occitan d’Alibert écrit setmana, temptar, ròtle, practica… ce qui se prononce partout 

[se'm[m]ano/œ, ten'ta, 'r%lle, pra'tiko/œ], le français, écrit semaine, tenter, rôle, pratique…, 

sans aucune consonne étymologique amuïe et inutile… 

Certes, L’application… de 1952 (p. 144 ci-dessus) a fait du gascon un privilégié parmi les 

langues d’oc, car aucune autre n’a eu droit à un semblable “document de l’I.E.O.” Mais au lieu 

d’essayer d’en tirer tout le profit possible pour respecter les particularités de leur langue, bien des 

occitanistes gascons ont sacrifié celle-ci à la lettre de formes languedociennes : pour ne pas être


“succursaliste” du français, selon le reproche fait à la graphie moderne, la graphie classique occitaniste 

s’est faite “succursaliste” de l’occitan, sacrifiant parfois la phonologie gasconne. 

Je n’en donnerai ici qu’un exemple, l’emploi de ai par Joël Miró dans l’édition du Dictionnaire 

d’Arnaudin (cf. p. 179) : en position tonique, cela correspond toujours à un ay d’Arnaudin, 

donc /a"/; mais sur les 80 occurrences que j’ai recensées en position atone (pas toujours prétonique, 

comme aiguichut, mainatgèr), 50 correspondent à ey /e"/ d’Arnaudin, dont 24 pour les seules familles 

de aiga, aisa, mainat et mair, et dont 10 comportent une variante d’Arnaudin en ay (éyda / aidar 

et ayda / aidar; léyroun / lairon et layroun / lairon etc.); 20 autres enfin correspondent à ay /a"/ 

d’Arnaudin, sans variante en ey. Et là-dessus, J. Miró a admis pour deux mots réalisés en /e"/ la variante 

“locale” en ei (airiau / eiriau et guaitar / güeitar), sans dire pourquoi il n’en a pas fait autant 

pour les 48 autres. Il n’y a donc aucune règle qui permette de lire à coup sûr ces graphies classiques, 

alors que le système admet parfaitement que ce qui s’écrit ai talent {j’ai faim} en languedocien 

s’écrive qu’èi hami en gascon. 

De la même veine, je citerai la commune d’Eysines dont le nom s’écrivait Ayzinas en 1322 

(Livre des Bouillons de Bordeaux, p. 452) et que R. Darrigrand, d’ordinaire si sage, a notée 

*Aisinas dans un extrait de Mèste Verdié (1969-1, p. 36); mais on lit Eisinas dans l’édition I.E.O. 

de 1979 de Mèste Verdièr (Collection A tots), manifestement préparée par des Girondins. 

… et où l’on ne retrouve plus la parole 

Ces exemples parmi tant d’autres montrent combien il peut être difficile de retrouver la prononciation 

vivante sous des graphies encombrées de lettres muettes ou aussi ambivalentes, alors que 

les élèves n’entendent pratiquement plus parler gascon en dehors de la classe, et que les maitres qui 

l’ont appris eux-mêmes dans les livres ont rarement l’occasion d’écouter les locuteurs naturels. 

Pourtant, nous savons que dans les lycées, l’enseignement « visera, au premier chef, à une 

compréhension et une pratique correctes de la langue vivante sous sa forme usuelle locale. » (Arrêté 

ministériel du 15 avril 1988; cf. p. 196); et plus généralement, « L’enseignement des langues et 

cultures régionales favorise la continuité entre l’environnement familial et social et le système éducatif, 

contribuant à l’intégration de chacun dans le tissu social de proximité. » (Circulaire n° 2001- 

166 du 5 septembre 2001). 

Et c’est bien la conservation du gascon parlé qui préoccupe les vrais défenseurs de la langue; 

d’où l’interrogation que m’adressait Roger Lapassade dans une lettre du 21 juillet 1996 : 

« Comment conserver une prononciation séculaire avec une graphie normalisée ? Tu 

le sais ? » 

Même souci chez le grammairien occitaniste Ramon Chatbèrt (1983, p. 169), à qui l’on doit la 

révision de la Gramatica d’Alibert de 1935 en vue de son édition de 1976 : 

« Moi, je trouve bien commode de me référer à des auteurs qui emploient — ou ont 

employé à un moment donné — une graphie patoisante : comme ça, on sait comment ils 

prononcent, eux. » 

A contrario, rendant compte du livre de Joan-Pèire Baldit Les parlers creusois (I.E.O. & 

F.O.L. de Creuse, 1980, 43 pp.), un certain Carles Delalenga faisait la remarque suivante à propos 

de l’adaptation des règles orthographiques [occitanes] aux « parlers nordiques » : 

« Ici, cependant, nous sommes bien forcés de constater (et Baldit n’y est pour rien) 

que les règles alibertines ne se plient pas du tout à la réalité du nord-occitan, et du marchois 

encore moins ! Pour preuve les exemples qu’il cite : “aiga”, “paire”, “chamin”,


“plaça”, “laissar”, “eu estàia” (lang. : èra), “eu aimerà”, et qui se prononcent : èg (ou èdj), 

pèr, shmin (avec nasale), piaç, iessà, ò etai, ò eimër. 

« Le problème est plus grave qu’il ne semble : les Auvergnats, Limousins et Marchois, 

quand ils écrivent, changent de dialecte en adoptant une norme sud-occitane. Il serait 

plus clair de le dire en toutes lettres, plutôt que d’essayer de faire croire que “chacun doit 

prononcer selon son parler coutumier” : cela ne se peut pas. 

« Il semble pourtant que le respect des règles essentielles de l’orthographe “normalisée” 

pourrait s’accompagner du respect des caractéristiques phonétiques de base des parlers 

nord-occitans. Cela ne plairait pas aux centralistes languedociens (et il y en a !), mais 

aiderait grandement à la renaissance occitane dans des pays où le culte de la norme sudiste 

l’a un peu entravée jusqu’ici. Il s’agit simplement de trouver le point d’équilibre entre 

l’affirmation de l’unité de la langue et le respect des dialectes » (Aicí e ara, n° 9, novembre 

1980, p. 60). 

Tout récemment, l’occitaniste provençal Alain Barthélémy-Vigouroux allait dans le même 

sens en présentant la réédition du Dictionnaire de base français-provençal du C.R.E.O.-Provence 

(Comité régional des enseignants d’occitan de Provence), dans Aquò d’Aquí n° 179, Novembre 

2004, p. 7 : 

« Les solutions les moins réalistes de la graphie classique la plus centralisée ont été 

atténuées en donnant aussi, soit la transcription phonétique (pour persègui, par exemple, ou 

pour les mots qui commencent par o prononcé ow, olive, ofrir, ocupar…) soit la forme 

écrite la plus proche de la prononciation (emé pour ambé), soit les deux formes (cafir/clafir), 

comme cela s’est fait aussi pour le e de soutien, maintenant enfin systémaquement 

noté entre crochets (facil[e]). 

« Souhaitons que la pratique orthographique continue sur ce bon chemin : il n’est pas 

évident pour tous les utilisateurs de dictionnaires, même un peu avisés de la graphie classique, 

que le suffixe -ion se dise majoritairement -ien, que le c de doctor doive se vocaliser 

en w, comme le b de obtenir, mais pas celui d’absolut, que le c de acte disparaisse mais 

que le x de exemple donne un son y, que espotir ait besoin d’un w invisible, et que le n 

simple de enuei nasalise pourtant la voyelle qui précède… » 

Et dans une démarche comparable à celle que je proposerai dans le prochain chapitre, ce critique 

use dans sa propre graphie de formes classiques qui s’écartent du “standard” occitaniste, généralement 

pour mieux serrer la prononciation provençale; par exemple : 

• refus du -z- intervocalique : centralisada pour centralizada; 

• consonnes muettes éliminées : dicionari, òugetiu, trata, adatat, pratica, restritivament, trascricien 

pour diccionari, objectiu, tracta, adaptat, practica, restrictivament, transcripcion; 

• voyelles muettes éliminées : correspondènci pour correspondència; 

• consonnes mises en accord avec la prononciation réelle : avans, òublige, eisèmple, espressiens, 

eisiston, òubragi pour abans, obligue, exemple, expressions, exist(iss)on; obratge; 

• voyelles mises en accord avec la prononciation réelle : edicien, trascricien; grafié, tipografié; 

òutìs, lòugierament, òubragi, òugetiu pour edicion, transcripcion; grafia, tipografia; otís, leugièrament, 

obratge, objectiu; 

• mots eux-mêmes choisis dans la langue parlée : em’, pajas, imagi, diversifiats pour amb, paginas, 

imatge, diversificats. 

Enfin, au plan lexicographique, il émet un vœu qui rejoint ma pratique, suggérée par l’éditeur, 

dans ma réédition 1998 du Dictionnaire béarnais ancien et moderne de Vastin Lespy, et que je mets 

encore en œuvre dans l’échantillon de dictionnaire orthographique en Annexe XXIII : 

« Souhaitons aussi de façon encore plus pressante que tout outil de cette diffusion et 

de cette qualité s’oblige à l’avenir à inclure les deux graphies de l’occitan moderne, la classique 

comme la mistralienne, en donnant certes la primauté à l’une ou l’autre selon le 

choix de l’auteur du livre, mais en reconnaissant que tout usager de la langue tant soit peu 

cultivé a besoin de se référer alternativement à l’une comme à l’autre. »


Pour revenir à la graphie elle-même, ces tendances ne sont pas particulières au domaine d’oc; 

ainsi, les linguistes Claire Fondet et Fabrice Jejcic présentent leur édition des écrits en dialecte d’oïl 

d’Eure-et-Loir de Robert Dablin (1913-1995) par cette phrase qui en dit long : 

« Passionné d’archives, il a mis au point ce que l’on peut appeler une “dialectalisation 

graphique”, c’est à dire une façon de faire passer l’oral dans l’écrit, de manière à 

transmettre cet oral à ceux qui veulent s’en souvenir et à ceux qui n’ont pu l’entendre. » 

Un test : deux œuvres des années 1930 rééditées en graphie classique 

On sait que que l’annexe de l’Arrêté ministériel du 15 avril 1988 (cf. p. 196) prescrit de 

« respecter strictement la graphie d’origine » des textes étudiés dans les lycées, tant par égard envers 

les auteurs eux-mêmes que pour informer les élèves sur les systèmes graphiques autres que celui 

qu’a choisi leur professeur. Ce n’est donc pas sans quelque étonnement que l’on a vu des enseignants 

transcrire et publier en graphie classique des œuvres écrites à l’origine en graphie moderne. 

Tel fut le cas en 1991 du drame de Miquèu de Camelat Gastou Febus, devenu Gaston Febus sous la 

plume de J. Salles-Loustau, et en 1999, des Fables gasconnes du Chanoine Césaire Daugé, sous la 

celle de P. Guilhemjoan aidé par G. Narioo. 

Certes, pour ces deux rééditions, rien dans la présentation ni dans les textes introductifs ne dit 

qu’elles sont destinées à l’enseignement, ce qui contreviendrait formellement aux dispositions règlementaires 

qui s’imposent aux fonctionnaires de l’Éducation nationale. Mais comme la version 

d’origine de ces œuvres n’est plus disponible depuis longtemps, on peut avoir des doutes. 

Quoi qu’il en soit, j’ai été tenté de les rapprocher des œuvres originales, pour m’assurer que la 

graphie classique avait bien respecté la langue des auteurs; hélas, j’ai dû vite déchanter. Le détail de 

mes constatations figure en Annexe XVIII. Les infidélités par rapport à la langue des auteurs, euxmêmes 

considérés comme témoins de la langue vivante de leur temps, me paraissent confirmer ce 

qu’écrivait naguère le linguiste R. Teulat (2004) : 

« La démonstration est faite : les praticiens ne savent pas graphier les formes populaires 

qui sont la langue vivante. » (p. 88). 

Et encore : « les linguistes (véritables) font peu de cas en général des textes modernes 

écrits en occitan. Ils cherchent à cerner la langue authentique, la langue vivante, et ils ne la 

trouvent pas dans la façon dont elle est graphiée. » (p. 86). 

Objectivement, la graphie moderne s’impose 

Me revient alors à l’esprit l’exhortation récente de G. Narioo à « lire les bonnes œuvres que 

nous a laissées le Félibrige, qui a su produire des trésors. » (cf. p. 73). Or ces œuvres ont été écrites 

en une graphie moderne qui reflète bien la langue parlée et l’Éducation nationale prescrit de les lire 

dans leur graphie d’origine. Plus facile à apprendre dans une société francophone, largement représentée 

par des œuvres de valeur écrites par des gasconophones de naissance, elle s’impose à qui 

veut aujourd’hui apprendre ou enseigner le gascon. Il reste à rééditer fidèlement les bons auteurs; ça 

ne coutera que quelques notes pour éclaircir les points douteux ou les graphies parfois incohérentes, 

et même les « linguistes (véritables) » seront ravis d’en disposer. 

Mais tant qu’un nombre important de maitres auront choisi la graphie classique comme base 

de leur enseignement, il faudra bien la rendre plus apte à la transmission fidèle de la langue aux 

jeunes générations. Tel est l’objet du chapitre suivant.

Chapitre IV 

Pour une graphie “classique” vraiment gasconne 

« L’écriture est la peinture de la 

voix : plus elle est ressemblante, 

meilleure elle est. » 

Voltaire, Dictionnaire philosophique, 

v° orthographe. 

Même s’il est faux de dire que la graphie classique a été « adoptée par la grande majorité des 

Occitans » (cf. p. 206), c’est un fait qu’elle est quasi exclusivement utilisée dans l’enseignement, 

sans doute sous la pression d’une hiérarchie acquise aux idées occitanistes et qui semble ignorer la 

liberté pédagogique accordée aux maitres par les textes officiels (cf. p. 196). Or une saine pédagogie 

ne peut se contenter d’un outil aussi mal adapté que cette graphie telle qu’elle est pratiquée; 

j’entends donc proposer quelques améliorations pour rendre cette graphie plus fidèle au gascon et 

moins difficile à enseigner. 

Une fois écartées toutes les causes extrinsèques au système, comme le fait que les textes qui le 

définissent sont perdus de vue, il convient maintenant de déterminer les causes intrinsèques des difficultés 

rencontrées, tant dans les principes généraux que dans les règles d’application, voire dans la 

graphie habituelle de certains mots. 

I – Comprendre et réviser les principes classiques 

On a vu p. 143 que La réforme… de 1950 s’ouvrait par huit principes de graphie, A à H, que 

L’application… de 1952 a déclarés applicables au gascon. Si La réforme… reprend sans grand 

changement l’essentiel de la première partie de la Gramatica languedocienne d’Alibert de 1935, 

celle-ci n’énonce, en substance, que le principe B, dans les Remarcas qui suivent l’alphabet : notation 

étymologique des mots savants, sauf à procéder à quelques simplifications, et notation phonétique 

des mots populaires, sauf « quelques concessions à la langue ancienne » (sans toutefois dire 

lesquelles, ni par liste, ni par norme…). En revanche, les sept autres principes ont été rédigés spécialement 

pour La réforme… Or Alibert ne devait pas être dans une parfaite santé de corps et 

d’esprit à l’issue de son incarcération d’après la Libération, de telle sorte que la rédaction de ces 

prinicpes n’est pas d’une extrême clarté ni cohérence et surtout, ils sont mal coordonnés entre eux. 

Mais avant d’en aborder l’étude critique, il me parait important d’observer que ces principes 

ne sont pas destinés à l’écrivain, gascon ou occitan, qui ne peut se satisfaire d’une langue « dans la 

logique d’Alibert, dans la forme do it yourself. Le public, il lui faut du ready made. » Patric Sauzet 

(1990, p. 35). Ainsi, quand le principe B oppose les mots de formation populaire aux mots savants, 

il fait appel à une notion étrangère à l’utilisateur ordinaire de la langue, comme l’écrivit R. Teulat : 

« la langue fonctionnant en synchronie, le locuteur moyen ne sait pas si un mot est 

populaire ou savant. » (Q.L.O. n° 1, juin 1974, p. 35); et encore, « il ne sait pas faire la distinction 

parce qu’elle n’est pas dans le fonctionnement [de la langue]; il y a deux verbes 

[espia]; seule la convention orthographique (à fondement historique ici), distingue expiar 

et espiar. » (1982, p. 52). 

Sans compter les mots intermédiaires, de formation “semi-savante”, comme exemple cité par 

Teulat, dont cette graphie ne peut valoir pour rendre le provençal [e"'z!mple].


C’est donc aux grammairiens et lexicographes de bien comprendre ces principes et de les appliquer. 

Je vais m’y essayer en donnant d’abord un bref commentaire de chacun d’eux, justifiant 

éventuellement la nouvelle rédaction que j’en propose, puis celle-ci en synopse avec le texte 

d’Alibert, et enfin l’interprétation que je crois pouvoir en donner. 

Principe A : recours aux graphèmes de l’« ancienne langue » 

Ce premier principe mêle un vœu pieux, une intention, avec une règle : adopter les notations 

graphiques de la langue ancienne est une règle, dire que l’orthographe de l’ensemble des parlers 

occitans sera « sensiblement » la même, c’est en tirer une conséquence, c’est affirmer le but 

poursuivi, cela ne peut être une règle. 

A.— L’orthographe de l’ensemble des parlers 

occitans sera sensiblement unique. Elle sera 

basée sur l’emploi des mêmes notations empruntées 

en grande partie à notre ancienne langue. 

A.— L’orthographe de l’ensemble des parlers 

occitans sera basée sur l’emploi des mêmes 

notations empruntées en grande partie à notre 

ancienne langue. Elle sera donc sensiblement 

unique. 

Un seul point de doute, mais d’importance : Quelle est l’« ancienne langue » de référence ? Il 

suffit d’observer les exemples abondamment fournis par La réforme… : tous sont pris dans le languedocien, 

et certains sont en opposition directe avec l’héritage multiséculaire du gascon consacré 

par L’application… (un seul exemple : La réforme… ne retient que amb pour “avec”, alors que 

c’est dab la forme gasconne quasi générale); c’est donc que pour La réforme…, l’ancienne langue 

ne peut être que l’ancien roman d’oc central, “langue des troubadours”; c’est sans doute l’ancêtre 

commune du languedocien, voire du provençal, mais certainement pas du gascon, langage estranh 

pour les anciens, de Raimbaut de Vaquèiras dans son Descort (cf. Bustos, 1990) aux Leys d’Amor. 

Et cette interprétation est pleinement conforme avec ce qu’Alibert lui-même devait écrire 

dans son étude La langue d’oc publiée dans les Annales de l’I.E.O. deux numéros après La réforme… 

: 

« Dès la naissance de notre langue, le gascon et le catalan ont des caractères phonétiques 

bien tranchés qui les distinguent de la langue des troubadours. Cependant, les futurs 

dialectes sont déjà reconnaissables : limousin, auvergnat, provençal, languedocien, dauphinois. 

L’unité de la langue des troubadours était toute relative. » (1951, p. 53) 

Or en appliquant les principes au gascon par un texte autonome, L’application… ne peut se 

référer qu’à l’ancien gascon qui jouit, notamment sous sa forme béarnaise, d’une tradition graphique 

originale que j’ai déjà décrite sommairement (p. 103). Mais cela ne coupe pas le gascon de 

l’ensemble d’oc, dans la mesure où la source latine est commune, d’où découlent de nombreux 

points de rencontre entre l’ancienne graphie du gascon et celle de l’“occitan”, et où le principe H 

préfère les graphies qui maintiennent le lien avec les langue romanes. 

Principe B : graphie « phonétique », graphie « d’origine » 

Ce deuxième principe crée deux sous-systèmes, selon que les mots sont de formation 

populaire ou savante; il vaut donc mieux le diviser en deux, B1 et B2; et si le régime des derniers 

est clair (tout en corrigeant le remplacement de ti par ci et non par c seul) il faut préciser le régime 

des premiers. En effet, en plus du remplacement du mot « phonétique » par le mot « phonologique » 

plus approprié, il faut expliciter le « en principe » par la mention des exceptions importantes posées 

par les principes D à H, qui ne peuvent viser les mots de formation savante !

B.— Cette orthographe sera en principe 

phonétique pour les mots de formation populaire. 

Elle sera au contraire fidèle à la graphie 

d’origine pour les mots savants grecs ou latins, 

sauf pour ch, k, ph, rh, th, y, ti, qui seront 

remplacés par c ou qu, f, r, t, i, c. 

B1.— Pour les mots de formation populaire, 

cette orthographe sera phonologique, 

sous réserve des principes D à H. 

B2.— Pour les mots savants grecs ou latins, 

elle reflètera la graphie d’origine, sauf à remplacer 

ch et k, ph, rh, th, y, ti par c ou qu, f, r, 

t, i, ci. 

Ce principe est assez clair à première lecture; mais on a vu plus haut que la distinction qu’il 

pose entre mots de formations populaire et mots de formation savante est délicate. Et surtout, 

l’opposition entre les deux (ou trois) catégories de mots est illusoire; déjà, dans Comment écrire le 

gascon, R. Darrigrand (1969-1, p. 5) posait comme premier trait de la graphie classique son caractère 

phonétique, avec seulement des mots savants en exemple : filosofia, tipografia, teatre; on peut 

y ajouter sintèsi, sistèma, tension, refòrma, etc.; par contre, arrecaptar [arrecat'ta], vin [.8], hrèita 

['rr!"tœ] etc. ont des graphies plutôt étymologiques, du fait des principes D et H. 

Si nous nous en tenons aux vingt exemples donnés par La réforme…, seize présentent des 

graphies purement phonétiques; trois seulement s’en écartent : exprimir, omniscient et comptar. Or 

ces cas peuvent être réglés par le principe H. Sans compter qu’il faut beaucoup de bonne volonté 

pour croire que le [kun'da] de nos paysans ([ke p%s kun'da] ! {tu peux compter !}) à écrire comptar 

{compter} est un mot d’origine plus savante que le [kun'da] écrit condar {conter} de conteurs du 

coin du feu. 

De plus, La réforme… définit ici la correspondance entre graphie latine (y compris celle des 

mots grecs) et graphie occitane, en omettant toutefois le h- latin qui transcrivait l’esprit rude grec et 

qui est supprimé de fait par les exemples orisont, igièna. Or c’est formellement incohérent, puisque 

les graphèmes de la graphie occitane restent à définir par une règle d’application du principe A ! 

De toute façon, ce principe B laisse sans solution le problème des mots d’emprunt, populaire 

ou savant, aux langues étrangères, surtout français et anglais (par le canal du français) : réception 

pure et simple de la graphie étrangère (whisky) ou transcription phonétique ? (cf. p. 215). Ma solution 

partira de l’idée de ne pas nous séparer des langues romanes voisines (principe H rappelé plus 

haut) et du fait de notre immersion dans la francophonie (nos villages ont des maires, les “pobles” 

aranais ont des alcaldes…) : ou bien on se contente de la forme étrangère, identifiée comme telle et 

prononcée selon l’usage — français le plus souvent, mais qu’y faire ? —; ou bien on incorpore ces 

mots d’emprunt au gascon en partant de leur prononciation habituelle et en leur donnant l’habillage 

gascon selon le code phonologique normal. 

Finalement, comme l’avait senti R. Darrigrand, le deuxième principe se réduit à un principe 

général de graphie phonologique, qui est aussi le leitmotiv de linguistes occitanistes reconnus : 

« L’orthographe change régionalement chaque fois que la correspondance écrit/oral 

n’est plus évidente : sal/sau; buòu/buèu; capèl/chapèl/capèth. » R. Teulat (1985), L’orthographe 

de l’occitan, p. 5. 

« Je tiens l’adéquation rigoureuse entre graphie et phonie pour un aspect essentiel de 

la simplicité. » J. Taupiac, 1988, p. 12. 

« Toutes les langues néolatines en dehors du français ont un système graphique où 

l’aspect idéographique est minime et où la fidèle et simple représentation de la réalité phonique 

est l’essentiel. » ib., p. 21.


« Mon idée fondamentale est que notre graphie doit représenter avec le plus possible 

de fidélité la réalité orale. Si nous ne faisons pas fonctionner, ainsi, l’occitan comme une 

langue vivante, nous y ajouterons des difficultés théoriques. Nous en avons bien assez avec 

les difficultés pratiques, c’est à dire “sociales”. » (J. Taupiac, Occitans ! n° 63, Sep.-Oct. 

de 1994, p. 9). 

Mais ce principe phonologique est tempéré par le recours à l’étymologie (ou à des formes anciennes) 

dans les cas définis par les principes D à H, exactement ce que disait E. Jung cité par Nina 

Catach, 1978, p. 90 : 

« Toute orthographe phonologique dans son principe doit savoir faire des concessions, 

parfois très importantes, à une notation appropriée du système morphologique de la 

langue; c’est surtout le cas lorsque l’instabilité phonétique multiplie les variantes combinatoires, 

ou qu’il semble utile de conserver les caractères graphiques de la forme de base 

pour mieux faire sentir l’unité grammaticale ou lexicologique. » (La structure de 

l’orthographe française, sous la direction de Nina Catach, Actes du Colloque international 

CNRS de 1973, Klincksieck 1974, p. 110). 

Principe C : les mots sont « notés à l’état isolé » 

Le troisième principe est clair et peut demeurer sans changement : 

C.— Les mots seront notés à l’état isolé, sans tenir compte des modifications qu’ils peuvent subir 

dans les phrases au contact les uns des autres ou du fait de l’adjonction de s du pluriel. 

Ce troisième principe est surtout technique, mais il doit être énoncé avant toute définition des 

codes de graphie, même si l’ensemble doit y perdre en solennité ! Sur le fond, nous remarquons 

qu’il interdit l’élision et l’aphérèse, permises pourtant par les règles d’application. De plus, il est 

contourné par les règles grammaticales relatives aux mots grammaticaux, par exemple quand on 

énonce que l’article masculin eth devient er’ devant voyelle (er’àsou). Il n’appelle pas d’autre 

commentaire, surtout pour le gascon, car, en dehors de l’élision et parfois de l’aphérèse et du traitement 

particulier de certains mots grammaticaux, la plupart des régions conservent aux mots leur 

forme individuelle, quels que soient leurs voisins dans la phrase. 

Principes D et E : recherche de la « graphie englobante » 

Ces deux principes sont moins clairs que le précédent; et pour autant que je les lise et relise, 

ils me paraissent dire la même chose, surtout si l’on étudie les exemples qui les suivent : quelle différence 

entre le fait d’écrire jòc ce qui est prononcé [2%k, 2j%k, 0%k, 1%k] et celui d’écrire jorn ce qui 

est prononcé [2ur, 2un] ? Certes, dans le premier cas, c’est une lettre qui a plusieurs réalisations 

phonétiques, quand dans l’autre, ce sont deux lettres qui s’amuïssent l’une ou l’autre selon les parlers; 

mais la rédaction des deux principes n’en rend pas compte. Il semble donc plus simple de les 

grouper en un seul, que nous pourrions appeler celui de la graphie englobante : 

D.— On ne tiendra pas compte des variations 

de prononciation que subit chaque phonème 

d’origine. On choisira la forme de 

l’ancienne langue encore subsistante dans l’un 

quelconque de nos parlers. 

E.— Les mots ne seront pas représentés 

d’après un parler déterminé, mais d’après tous 

les parlers. La graphie devra être le support 

des diverses variantes de prononciation. 

D & E.— Lorsqu’un phonème (ou un 

groupe de phonèmes) d’origine subit, selon les 

parlers, des variations de prononciation, on 

choisira la forme écrite de l’ancienne langue 

qui représente directement la prononciation encore 

subsistante dans l’un quelconque de ces 

parlers. La graphie sera ainsi le support des 

diverses variantes de prononciation.


Ainsi réunis en un seul, ces deux principes sont à la fois indispensables et d’application délicate; 

en effet, on ne peut envisager de représenter graphiquement toutes les variantes de la langue 

parlée; et en même temps, comment refuser au locuteur de pouvoir écrire son parler, aussi digne 

que tous les autres, selon ce qui est toujours affirmé ? En tout cas, ils partent d’une vision diachronique 

de la langue selon laquelle les parlers actuels sont issus d’une même souche que P. Bec appelle 

protosystème, et se sont séparés faute d’utilisation officielle et d’enseignement; il suffit donc de 

faire marche arrière sur le chemin de la “décadence” et de retrouver le mot ancien, père de toutes les 

variantes actuelles, en donnant les clés locales de lecture des phonèmes altérés par le temps. Idée 

séduisante, évidemment, et qui peut réussir souvent. 

Pourtant, cette démarche ne vaut que dans le cadre de la théorie globale qui la fonde, théorie 

qui voit dans le gascon : « un autre protosystème que pour le reste de l’occitan, protosystème dont 

le gascon moderne est d’ailleurs resté particulièrement proche. » (P. Bec, 1973, p. 26). Et, de fait, 

pour avoir poussé sur une terre différente de celle de l’occitan, le gascon en est le frère ou le cousin, 

mais pas le fils (cf. Chambon, cité p. 20); en revenant aux racines, nous trouvons donc le latin (et 

parfois ce que nous pensons être l’aquitain), jamais l’occitan des troubadours : dia vient de ‘dies’, 

pas de jorn (< ‘diurnus’ < ‘dies’) etc. Même si, dans la parution de L’application…, 

l’incontournable spécificité linguistique fut sans doute déterminante (cf. p. 144), c’est cela le rocher 

qui en est l’assise. Nous sommes donc en présence de deux diasystèmes, poursuit P. Bec. 

Mais dans le diasystème gascon lui-même, on ne peut affirmer que telle variante de la région 

A est issue de telle autre, toujours vive dans la région B. Par exemple les suites -ariu > -air(u) > -èir 

> -èr et -ol(u) > -ol > òu > -ò consacrent la plus grande antiquité de -èir sur -èr et de òu sur -ò; 

pourtant, si L’application… choisit -òu comme forme préférentielle (« esquiròu et non esquirò »), 

elle ne dit rien de -èir/-èr tout en préférant hèit à hèt. Serait-ce la référence implicite au béarnais qui 

expliquerait ce silence peu scientifique ? Et puis, il y a tous les doutes sur les étymologies… et la 

mauvaise connaissance des variantes existantes : faudra-t-il changer la graphie d’un mot “panoccitan” 

(ou seulement “pangascon”) chaque fois qu’on trouvera dans un recoin de pays, pour petit qu’il 

soit, une réalisation plus proche de l’étymon latin ? Sans doute le principe ne peut-il être pris 

comme un absolu, tel qu’il est écrit, mais doit être tempéré par celui d’“économie” des scolastiques 

: « non sunt entia multiplicanda sine necessitate » {il ne faut pas multiplier les entités sans nécessité}; 

et les lieux qui ne pourront se contenter de la graphie générale et du code de lecture qui lui 

correspond auront leur graphie propre (variante irréductible), comme par exemple les pluriels féminins 

en -es de l’aranais (cf. p. 159) : la normalisation graphique n’est pas la normalisation linguistique, 

comme l’a souligné J. Taupiac dans sa brochure de 1984. 

C’est finalement ce qu’exprimait naguère l’occitaniste provençal déjà cité, G. Fossat, 2002 : 

« La graphie doit être englobante chaque fois que possible, mais une forme unique 

n’est pas applicable pour tous les mots. La diversité phonétique et lexicale de l’occitan 

n’est pas une tare, il faut l’accepter. Demander à l’État français de respecter le principe de 

“l’unité dans la diversité” est bien, mais ce serait une bonne chose de commencer par 

l’appliquer nous-mêmes… ». 

Principes F et G : rétablissement de consonnes étymologiques 

Ces principes tendent tous deux au rétablissement de consonnes étymologiques que 

l’évolution du parler a amuïes, ou assimilées ou altérées d’une façon ou d’une autre. Je les garderai 

pourtant séparés en vue de l’étude que je vais en faire ensuite.


F.— Les groupes de consonnes qui subissent 

dans la prononciation des assimilations, 

des dissimilations et parfois des réductions, seront 

rétablis dans l’écriture. 

G.— Les consonnes finales amuïes ou altérées 

dans la prononciation seront toujours rétablies 

dans l’écriture. 

F.— L’écriture rétablira les groupes de 

consonnes étymologiques que la prononciation 

assimile, dissimile ou parfois réduit. 

G.— L’écriture rétablira aussi les consonnes 

finales que la prononciation amuït ou altère. 

En rétablissant diverses consonnes étymologiques, le sixième principe F tend à freiner 

l’affaiblissement dû à la prononciation courante. Mais jusqu’où remonter ? où s’arrêter ? 

Pour le français, on le sait, bien des combinaisons de lettres correspondent au parler du XIV e 

s., gelées par l’immobilisme des lettrés. Et pourtant, nous écrivons en français tentation, doute alors 

que la graphie d’Alibert est temptation, dobte et la prononciation générale [tenta'sju, 'dutte]; quand 

on sait la tendance des scribes à l’archaïsme, parfois rien que pour impressionner le commun, on ne 

peut garantir que les graphies anciennes, pleines de consonnes aujourd’hui amuïes ou transformées, 

correspondaient à la prononciation du temps; les linguistes s’accordent, par exemple, à reconnaitre 

que les mots écrits avec f- initial se prononçaient déjà comme aujourd’hui avec un h- “soufflé”; et il 

suffit de parcourir le Dictionnaire historique de la Langue française pour rencontrer mille 

« réfections d’après le latin », comme celle de tems devenu temps vers 1250, tandis que la forme 

tems devait survivre jusqu’aux XVII-XVIII e s. ! Donc, quand nous lisons temps dans la Charte des 

boucheries d’Orthez (1270), il ne serait pas étonnant que ce fût aussi une réfection savante qui était 

dans l’air du tem(p)s… 

Dans ses Casèrns de lingüistica occitana, R. Teulat a maintes fois critiqué avec pertinence ces 

graphies complexes quand elles ne pouvaient se justifier par des réalisations locales (n° 3, 12-75, p. 

53; n° 7, 6-78, p. 46; n°12, 10-84, p. 52). Il y est revenu depuis incidemment (2000, p. 496) : 

« Finalement, il serait plus simple d’avoir comme principe : à l’intérieur du mot, il 

faut prononcer toutes les lettres. Ce principe ne peut pas être édicté en l’état actuel de 

l’orthographe, par exemple pour la série tractar, tractament, tractat, etc. Il est plus probable 

qu’il faudrait écrire tratar, tratament, tratat et élaguer ainsi quelques consonnes intérieures. 

» 

C’est encore ce que réclamait l’occitaniste provençal Gilles Fossat (2002) déjà cité : 

« - chaque fois que c’est justifié par la phonétique, ce ne serait pas un sacrilège 

d’employer les variantes ame, semana, dissate, sujèt, jor, dessin, Jaume… plutôt que ambe, 

setmana, dissabte, subject, jorn, dessenh, Jacme… et aussi dimars, trasformar, Marsilha,… 

plutôt que dimarts, transformar, Marselha… […] ». 

Il me semble donc, finalement, qu’il faut faire de ce principe un simple développement des 

deux précédents et limiter son application à leur finalité : le rétablissement de suites de consonnes 

intérieures doit avoir pour but et pour effet d’arriver à des graphies englobantes qui, par le biais de 

codes (ou clés) appropriés, permettent de retrouver maintes prononciations locales sous un habit 

graphique unique; mais encore faut-il que ces prononciations soient attestées. 

De fait, l’« usage » laisse une grande place aux formes phonétiques; pour ne citer que des auteurs 

occitanistes reconnus, P. Bec écrit tentativa (Le Hiu tibat, 1978, p. 90), tentacion (Racontes 

d’une mòrt tranquilla, 1993, p. 134); R. Darrigrand, coup sur coup, comptes et tentar (réédition en 

graphie occitane de Les tres gojats de Bòrdavielha de S. Palay, 1974, pp. 69 et 70); G. Narioo, intentat 

(La bíblia valenciana, 1994, p. 192); E. Gonzalès, tentativa (Lo melic de Silvia Chasaus,


1998, pp. 14 et 83) etc. Et donc également semmana, dotte {semaine, doute}, etc. 

Le principe G tend à rétablir systématiquement à l’écrit les consonnes finales étymologiques 

amuïes ou altérées; l’analyse des exemples bruts montre que cela concerne, en languedocien : 

– -r amuï : infinitifs (donar, voler, venir), noms et adjectifs avec finales issues des suffixes latins 

-ore, -ori, -are, -ariu (color, vesedor, auserdar, obrièr); 

– -n amuï (can, vin, seren, fedon, forn); 

– -c amuï après s (bosc), r (forc), voyelle ou u de diphtongue (pèrsec, nauc < navica); 

– -t amuï après s (pòst), n (pont), voyelle ou diphtongue (rat, nuèit), r (sòrt); 

– -d amuï après r (verd, lard); 

– -p prononcé -[t] après voyelle (nap); 

– -g prononcé -[#] après voyelle (puèg); 

– -l amuï en finales atones -aul,-eul, -ol (apòstol, granívol); 

– groupe -rm altéré en -[n, r] (vèrm); 

– groupe -tz altéré en -[t, s] (anatz, patz, disètz); 

– groupe -lh altéré en -[l] (miralh, uèlh); 

– groupe -nh altéré en -[n] (cunh, codonh). 

Achevée par “etc…” la liste n’est pas exhaustive; et elle serait sans doute trop longue pour le 

gascon, dont on a remarqué la solidité des consonnes finales. 

Mais surtout, présenté comme absolu, le principe est muet sur sa finalité. Cependant, les 

exemples donnés de rétablissement de consonnes amuïes en tous lieux se rattachent à la finalité du 

dernier principe, « conserver la cohésion d’une même famille de mots et le parallélisme avec les 

autres langues romanes »; ainsi, les infinitifs, achevés en -r comme en catalan, castillan, français… 

préparent les futurs et conditionnels; les masculins en -r, -n, -rt, -rd etc… attendent la finale -a des 

féminins, le bosc attend le boscadye, le hust, le hustèr, etc… 

Principe H : choix de graphèmes suivant l’étymologie 

Enfin, le dernier principe, assez clair, peut gagner à commencer par sa justification. 

H.— Le même son pourra être représenté 

par une notation différente selon son étymologie. 

Ce procédé a l’avantage de ne pas rompre 

la cohésion d’une même famille de mots et de 

conserver le parallélisme avec les autres lan- 

gues latines. 

H.— Afin de conserver la cohésion d’une 

même famille de mots et/ou le parallélisme avec 

les autres langues romanes, un même phonème 

pourra être représenté par des notations différentes, 

selon l’étymologie. 

Ce dernier principe ouvre en grand la porte à l’étymologie dans la graphie des mots de tous 

les jours, puisque de nombreux phonèmes seront représentés par plus d’un graphème, selon ce que 

l’on sait de leur origine. Au risque d’en oublier, on a à choisir entre : 

– b, v pour rendre /./ mal distingué de /b/ dans la pratique; 

– c, qu pour rendre /k/ devant a, o, u; 

– s, ss, c, ç, sc pour rendre /s/; 

– sh, ch, -g pour rendre /#/; 

– s, z pour rendre /z/ entre voyelles; 

– i, j pour rendre /j/; 

– j, g pour rendre /2/ devant e, i; (màger, majestat) 

– -d, -t, -th pour rendre /-t/ (vad, bat, vath);


– -b, -p pour rendre /-p/ (òrb, sèrp); 

– -g, -c pour rendre /-k/ (blanc, sang, long). 

Sur ce sujet, R. Teulat fit aussi, dans ses Cadèrns de lingüistica occitana (n° 7, 6-78, p. 52 et 

n° 10, 6-81, p. 31), des propositions de simplification, par la systématisation des consonnes sourdes 

en finale. 

II – En tirer les principes classiques de DiGaM 

Pour me résumer, je puis dessiner le plan d’un nouvel édifice à bâtir en réutilisant les pierres de La 

réforme…, sans avoir grand besoin de les retailler. Mais j’aurai besoin d’une pierre neuve, le principe 

de traitement des mots composés qui manque dans La réforme… 

iSchéma des principes DiGaM i iPrincipes I.E.O. i 

1 - Graphie de mots isolés, tout en permettant l’élision, certaines aphérèses 

et le traitement particulier des mots grammaticaux. 

2 - Écriture des mots composés 

3 - Code graphique pris surtout dans la langue ancienne. 

4 - Graphie phonologique, sauf application du principe 5. 

5 - Recours exceptionnel à l’étymologie et/ou à la graphie ancienne pour : 

- réduire les variantes graphiques par l’utilisation de graphies englobantes; 

- maintenir l’unité graphique de mots apparentés; 

- conserver la parenté avec les autres langues romanes. 

Ce recours aboutit à : 

- rendre certains phonèmes par plusieurs graphèmes; 

- rétablir des groupes de consonnes assimilées, dissimilées ou amuïes et 

des consonnes finales altérées ou amuïes. 

C 

complété 

(nouveau) 

A 

B 

D-E limités aux 

variantes les plus 

répandues 

) 

) 

) H 

) 

) 

F-G relativisés 

par la finalité 

Et voici les principes qui nous guideront, tels que je les ai publiés dans ma réédition du Lespy 

en 1998 : 

1.— Les mots simples sont notés à l’état isolé, sans tenir compte des modifications qu’ils 

peuvent subir au contact les uns des autres ou par suite de l’adjonction de s au pluriel. 

L’écriture peut cependant noter l’élision, certaines aphérèses et diverses modifications qui affectent 

surtout les mots grammaticaux. 

2.— Les mots composés s’écrivent normalement d’un seul tenant; ils constituent en effet un 

tout sémantique appelé à perdre tout renvoi au sens primitif de leurs composants, avec même des 

adaptations phonétiques reflétées par la graphie. 

Par exception et tant que ces adaptations phonétiques et graphiques ne sont pas intervenues, 

leurs composants s’écrivent distinctement, mais liés par un trait d’union et, éventuellement, des 

apostrophes notant élisions ou aphérèses, soit pour des raisons sémantiques, soit pour des raisons 

liées au système d’écriture et de lecture. 

3.— L’orthographe s’appuie principalement sur les notations en usage dans les anciens textes 

gascons, quand la langue était d’usage public, même si les sons qu’elles représentaient ont évolué.


En présence de notations divergentes ou irrationnelles ou inadaptées à la langue moderne qui 

appelle des solutions simples et claires, des conventions nouvelles peuvent être établies; on préférera 

celles qu’ont adoptées, pour les mêmes raisons, les langues romanes voisines, occitan et catalan 

principalement (langues de référence). 

4.— Sous réserve du principe suivant, cette orthographe est phonologique, c’est-à-dire qu’une 

seule orthographe, dite “englobante”, doit couvrir le maximum de variantes de prononciation, grâce 

à des codes de lecture multiples, mais chacun unique pour un même lieu (1) ; cette orthographe sera le 

plus souvent une forme de l’ancienne langue encore vivante dans l’un quelconque des parlers gascons. 

(1) Les réalisations locales que ne peut couvrir la graphie englobante sont des “variantes irréductibles”, notées comme 

elles sont. Ex. : participes passés en -th (Couserans et Haut-Comminges). 

5.— Par dérogation au principe précédent, l’orthographe s’appuie sur l’étymologie lorsqu’il 

convient de maintenir la cohésion d’une même famille de mots, ou de conserver la parenté avec les 

langues de référence; tel est le cas notamment des mots d’origine savante. 

En conséquence, l’écriture peut représenter un même son par des notations différentes, ou rétablir 

des consonnes que la prononciation assimile, dissimile ou amuït dans un groupe, ou encore 

altère ou amuït en finale. 

III – L’esprit de mes propositions concrètes 

Il s’agit maintenant de définir des règles de détail de l’écriture classique du gascon en accord 

avec les principes révisés. En cela, je suis Alibert… tout en m’en écartant. À savoir que je pars des 

principes, alors que lui n’a écrit sept des huit principes que quinze ans après avoir formulé les règles 

de détail dans sa Gramatica de 1935. Ce qui explique que ces règles, reprises dans La réforme… de 

1950, violent parfois les principes venus après. 

Par exemple : selon le principe G, « Les consonnes finales amuïes ou altérées dans la prononciation 

seront toujours rétablies dans l’écriture. » Mais les mots d’étymon en ‘-nu’ ne marquent pas 

ce -n en finale (ase, Estève, òrfe…) bien qu’il le retrouvent au féminin (Gramatica, 1935, 1976, p. 

48) ou en dérivation : asena, asenada, Estevena, orfena… (cf. p. 275). 

Je vais donc essayer d’appliquer les principes avec rigueur, seul moyen d’éviter de fonctionner 

avec d’interminables listes d’exceptions qu’il s’avère impossible de faire apprendre aux élèves 

et étudiants d’un monde dégasconisé. Et pour cela, je me réfèrerai à ce que j’appelle le “superprincipe” 

formulé par Robert Lafont (1971, p. 11) : 

« Les deux qualités que l’on peut exiger d’un code sont son exactitude (la forme 

écrite de la langue doit permettre de restituer sa forme orale naturelle sans se tromper) et sa 

simplicité (l’opération d’encodage-décodage ne doit pas être trop lourde). » 

Ce que Jacques Taupiac disait plus concrètement (Occitans ! n° 82, janvier 1998, p. 17) : 

« …encore que beaucoup de prudence soit nécessaire ici aussi, je pense que la graphie 

de l’occitan doit avoir le plus possible de cohérence. Naturellement, la cohérence 

s’oppose souvent à l’immobilisme et le résultat de la cohérence est la “simplicité pédagogique 

essentielle” qu’il faut distinguer de la “simplicité pédagogique superficielle” : quand 

on est accoutumé à une graphie, il est toujours inconfortable d’en changer, mais un enfant 

apprendra plus aisément une norme cohérente. » 

Et toujours au plan général, comme Pey de Garros au XVI e s. avait profité des réflexions de 

son temps sur l’orthographe du français (R. Lafont, 1968, p. 407), la fréquentation depuis plusieurs


années des linguistes du C.N.R.S. en charge des questions d’orthographe du français — “équipe” de 

Nina Catach (†), aujourd’hui dirigée par Liselotte Bidermann-Pasques — m’a donné quelque ouverture 

sur « l’art de l’écriture » qu’évoquait I. Girard, art qui ne se confond pas avec le culte de 

l’étymologie comme il semblait le croire (cf. p. 210). 

Sur le fond, tandis qu’Alibert connaissait mal le gascon (voir plus haut, p. 147), nous disposons 

aujourd’hui d’une masse assez considérable d’informations sur l’ensemble des variétés dialectales 

de la langue contemporaine : 

– données de l’Atlas linguistique de la Gascogne (ALG), publié de 1954 à 1973; 

– données du Palay saisi en informatique, Palay qui reste, après 50 ans d’occitanisme, la meilleure 

référence pour la prononciation de quelque 70 000 entrées gasconnes; 

– données du Lespy, de l’Arnaudin et autres, également mis en informatique (voir Annexe XIX); 

– nombreux textes anciens et modernes souvent mis en informatique eux aussi. 

Mais je ne perdrai jamais de vue les liens du gascon avec les autres langues d’oc et le catalan. 

En bref, je souhaite qu’à nouveau « l’habitude s’instaure d’écrire délibérément le gascon, comme 

ce [fut] le cas par ex. en Béarn » (J. Allières, à propos des anciens qui imitaient d’abord la graphie 

du languedocien, cité par R. Cierbide, Censier gothique de la Soule, 1994, p. 41, note 75). 

Au demeurant, c’est aussi la position de Jacques Taupiac, responsable du Secteur de linguistique 

de l’I.E.O. Après avoir constaté qu’il n’est pas possible d’écrire toujours le gascon pour qu’il 

soit directement intelligible par les Languedociens, il concluait : « Il faut prendre le gascon comme 

il est et il faut l’apprendre avec ses particularités. » (La haría, Q.L.O. n° 3, Déc. 1975, p. 6). 

Nous n’avons donc pas à sacrifier la simplicité d’écriture et la lisibilité du gascon à une quelconque 

subordination à l’“occitan” (cf. la citation du Pr. Tomás Buesa Oliver, p. 18), ce qu’exprime 

plus familièrement le dicton béarnais, Purmèr pèth que camisa, {La peau avant la chemise} : nous 

n’écrivons pas pour le confort d’éventuels lecteurs non-gascons, mais pour celui des Gascons; car si 

ceux-ci n’arrivent plus à lire leur langue, ils l’écriront encore moins, et il n’y aura plus de lecteurs, 

gascons ou non-gascons. 

Néanmoins, comme la graphie classique même amendée me parait condamnée à terme du fait 

des erreurs qui sont à sa base, je n’entends pas reprendre intégralement les règles de 

L’application…, mais exposer seulement les amendements qui me semblent nécessaires ou utiles. 

IV – L’accent tonique 

Le cas général 

Le système classique détermine de façon relativement simple la place de la syllabe “accentuée” 

ou “tonique” dans les mots de plus d’une syllabe : on fait abstraction du -s final éventuel et on 

considère la dernière lettre; normalement, si c’est une voyelle simple dépourvue d’accent aigu ou 

grave, c’est la syllabe précédente qui est tonique, le mot est paroxyton : aimable, la cadièra, lo 

marro…; si c’est une consonne ou une diphtongue, c’est la dernière syllabe qui est tonique, le mot 

est oxyton : gascon, aimador, gaimantet, saunei, beròi…. Et si le mot ne respecte pas cette règle, on 

met un accent écrit sur la voyelle tonique : la mamà, que volè, arríder, lo péber… 

Mais il y a un sous-système qui fonctionne à l’inverse : celui des 6 èmes personnes des verbes, 

toutes achevées par la consonne -n, qui sont paroxytones en l’absence d’accent écrit (que cantan) et 

qui doivent porter l’accent si elles sont oxytones (que cantaràn). Pour deux mots identiques accentués


sur la dernière syllabe, on aura donc lo sabon (le savon) et que sabón (ils surent); au fond, c’est le 

même phénomène que pour “couvent” dans le fameux « les poules du couvent couvent ». 

Or ce qui est supportable en français pratiqué tous les jours le devient de moins en moins pour 

les langues d’oc et de bons linguistes ou écrivains occitans et gascons (R. Teulat, J. Taupiac, Ph. Carbonne, 

G. Narioo…) se sont élevés contre cette bizarrerie héritée du système mistralien; ils ont donc 

proposé de faire rentrer les 6 èmes personnes dans le système général : que càntan, que cantaran. 

La question fut posée à la réunion du Secteur de linguistique de l’I.E.O. de Juillet 1989… 

pour aboutir au maintien du statu quo ! Cependant, nous avons vu p. 167 que le Mémento grammatical 

du gascon fut publié quelques semaines après comme si la réforme avait été adoptée, les auteurs 

croyant sans doute que l’I.E.O. saurait avancer. Il n’en fut pas ainsi au prétexte qu’il ne fallait 

pas changer une pratique “socialisée”. Mais avec de tels raisonnements, la seule pratique socialisée 

dans les pays d’oc est celle du français… Et une pratique ne pourra se socialiser que si elle est préconisée 

par les organes chargés de la langue. 

De fait, j’ai opté pour le mouvement, donc que càntan, que cantaran dès le numéro 1 de ma 

revue Ligam-DiGaM (Avril 1993), tout comme l’avait fait J. Taupiac dès 1977 dans son Pichon 

Diccionari francés-occitan. C’est la pratique personnelle de Philippe Carbonne, qui fut président de 

l’I.E.O., et de nombreux auteurs : la “socialisation” (et le bon sens) sont en marche. 

Dès lors, la règle générale ne souffre plus d’exception. 

Les clitiques 

Les règles classiques sont muettes sur les clitiques; pourtant, ces mots échappent au système 

général, puisque faisant corps avec le mot d’appui, ils n’ont pas d’accent d’intensité propre. J’ai attiré 

l’attention sur ce fait, qui n’a d’incidence que pour la préposition enta que l’usage fait noter 

*entà, surtout pour signifier que le -a final se prononce [a] et n’est jamais traité comme posttonique 

(donc [œ, o ou a] selon les régions). Mais elle est atone en tous lieux comme le montre l’ALG VI, 

2424 et 2364 à 2369 et comme l’a souligné Coromines (1990, p. 188). J’écris donc enta, et bien sûr 

sa forme apocopée ta. 

V – Les phonèmes vocaliques simples 

Généralités 

Pour ce qui est des règles classiques relatives aux voyelles, je n’ai rien à changer, dans la mesure 

où elles permettent d’écrire la langue parlée et de la retrouver sans équivoque à la lecture. 

Je ferai néanmoins observer qu’écrire /u/ par ou aurait été un choix tout à fait conforme au 

principe du recours aux graphèmes de l’ancienne langue, puisque ou a été employé très tôt, quand 

des o fermés latins ou romans commencèrent à se prononcer [u] (Lafitte, 2003-3). Mais le noter par 

o ou ó n’est pas équivoque, même si c’est très difficile à faire passer chez les locuteurs naturels. 

Donc je n’y changerai rien tant que nous resterons en “classique”. 

En revanche, j’estime devoir rappeler les règles de l’I.E.O., contre la pratique de plusieurs 

grammairiens et des auteurs qui les suivent, qui écrivent une voyelle pour en faire lire une autre. 

o pour noter /u/, et non eu ou e’u, voire uu 

Il s’agit essentiellement des articles contractés deu (= de lo), peu (= per lo) et suu (= sus lo) et


de la forme prise par le pronom lo enclitique après que, se (= si), de, no que tous les grammairiens 

classiques notent que’u, se’u, de’u, no’u tout en précisant systématiquement que l’on doit prononcer 

[du, pu, ku, su, du, nu]. 

Historiquement, ces graphies sont sans doute les plus anciennes, mais elles correspondaient 

très certainement à des prononciations en [e*] (et [su*]); la meilleure preuve en est que ces prononciations 

sont toujours vivantes vers l’est du Béarn. Mais en synchronie, c’est bien différent, comme 

le laisse supposer le silence des grammairiens sur la prononciation en [e*] et, plus sûrement, comme 

le montre l’ALG : 

Pour ce qui est de l’article lou, quatre cartes du vol. VI traitent du rendu de “du” ou “des” 

d’après les enquêtes menées dans les années 60 par X. Ravier, avec le sérieux que l’on sait; mais la 

plus significative est la c. 2461, du + père (pay) qui affiche [du] sur la quasi totalité du domaine; 

[da*] en Médoc et en un point de l’Entre-deux-Mers; et [do*] en 9 points seulement, 3 en Entredeux-Mers, 

à Lafitte-sur-Lot et Aguillon, à Soustons et, en Béarn, Billère, Lasseube et Bielle (« à 

Pau et vers le Sud du Béarn » dit Palay); mais aucun [de*] ni [d!*]; la suivante, 2462, traite des correspondants 

de “des”, qui coïncident sensiblement ceux de “du” de la précédente, sauf en Gascogne 

toulousaine, qui dit [du] au singulier, mais [dez/des] au pluriel; et pour mémoire les c. 2843 et 2844 

qui traitent des partitifs pluriels : comme la norme syntaxique gasconne est de ne pas user du partitif, 

ce n’est qu’en Gironde qu’on en rencontre, et cela n’apporte rien pour notre problème. 

Pour le traitement de lou pronom, les informations sont concourantes : après l’énonciatif que, 

là où il est employé, la carte 2243 rejoint en gros la 2461 “du”, mais avec d’assez importantes exceptions 

: d’abord, quelques [k%*] perdus dans la vaste zone de [ku] et surtout une zone [ka#] relativement 

importante, en Haut-Comminges; enfin [ke*] en 6 points seulement de l’est pyrénéen; 

avec la négation ne ou no, selon la c. 2252, là où la syntaxe place ce complément à sa suite (Béarn 

et zone pyrénéenne), [nu] est la règle, même avec no, de telle sorte qu’on ne distingue pas no seul 

de no + lo; mais çà et là, on rencontre des [n%*], bien plus rarement, des [na*] et un seul [nœ*] à 

Pontacq; la c. 2251 traite de même de “pour le”, avec “pour” rendu le plus souvent par enta, donc 

enta’u, sans problème; mais là où l’on emploi ende (nord-ouest du Gers et bordure des Landes limitrophes), 

c’est [en'du]. 

Les prononciations en [u] sont donc aujourd’hui largement majoritaires sur l’aire gasconne, 

mais [o*] et [e*] semblent encore vivantes çà et là, dans l’est du Béarn notamment; il est donc logique 

que les grammairiens béarnais, tous originaires de l’est du Béarn, aient privilégié les formes en 

[e*] et parfois [%*] : Lespy, Palois, Bouzet, de Pontacq, Courriades, de Soumoulou et même Hourcade, 

d’Eysus en Vallée d’Aspe; et MM. Moreux et Puyau ont travaillé principalement avec des locuteurs 

naturels de l’est béarnais. En revanche, R. Darrigrand, d’Orthez, P. Bec, Commingeois, M. 

Grosclaude, “étranger” installé à Orthez, et J.-P. Birabent et J. Salles-Loustau, désireux de présenter 

un « gascon commun » (p. 9) ont naturellement consacré les seules formes en [u]. 

Mais alors, pourquoi les écrire en eu, e’u au lieu de o, seule forme que L’application… ait 

prévue pour rendre “ou” ? archaïsme délibéré, malgré le principe B de l’I.E.O. ? Bien que R. Darrigrand 

et P. Bec soient les seuls à se référer expressément à L’application…, il est vraisemblable que 

cette graphie résulte d’un court passage de ce document, p. 3 : « [écrire] eu au lieu de o : deu, peu et 

non do, po. ». Mais je pense que ce texte a été mal compris, faute d’avoir été rapproché de son correspondant 

dans La réforme… de 1950.


Ce passage se trouve en effet dans un paragraphe de “normalisation linguistique” et non “orthographique”, 

comme je l’ai déjà montré p. 148. Ainsi, do et po sont des graphies correctes — selon 

les règles qui seront données plus loin — de ce qui se dit [du], [pu], mais la langue littéraire leur 

préfèrera les graphies deu, peu… qui bien évidemment se réaliseront [de*] et [pe*] — ici encore 

selon les règles de détail qui suivront. Écrire deu et faire prononcer [du] (p. ex. M. Grosclaude, 

1977, p. 65), c’est donc non seulement introduire une complication de plus, mais violer la règle 

même d’épuration littéraire ! 

Au contraire, il est parfaitement conforme aux règles de l’orthographe classique définies dans 

L’application… d’écrire do, po, so, qu’o, d’o de qui se prononce [du, pu, su, ku, du]. 

C’était déjà le choix d’Ismaël Girard en 1922 (cf. p. 129). R. Darrigrand aussi, dans ses débuts, 

l’avait sans doute senti, puisqu’il a écrit ua mustra do gost dans Reclams… 1-2/1968, p. 20. 

Mais c’est surtout ce qu’ont compris Xavier Ravier et Jean Séguy quand ils ont transcrit en graphie 

classique les Poèmes chantés des Pyrénées gasconnes (voir p. 154). 

Au demeurant, si l’on fait abstraction de l’histoire de ces formes, il n’est pas du tout choquant 

que de lo aboutisse à do, per lo à po, sus lo à so et que lo à qu’o. Aussi, quand après Séguy et Ravier 

les élèves usent de telles formes, il est difficile de dire qu’ils font des “fautes” ! 

De plus, quand on observe que les Médoquins et spécialement le linguiste Alain Viaut écrivent 

tout naturellement dau(s) ce qu’ils prononcent [da*(s)] (cf. Écrire pour parler, Los Tradinaires, 

1998), et qu’occitanistes limousins et provençaux en font autant, on voit mal comment on pourrait 

refuser à la majorité des Gascons qui disent [du] le droit d’écrire do. C’est ce qu’exprimait Roger 

Teulat (1982) (C. L. O. n° 12, Octobre 1984, p. 51 sq.) : il donnait parmi les « principes en 

conformité avec le fonctionnement de la langue » que l’on doit « 5/ donner à toute variété d’occitan 

le droit à l’orthographe : formes locales, formes francisées…; mais toujours dans le cadre des principes 

généraux », c’est-à-dire les huit d’Alibert dans La réforme… 

Au nom du principe B d’Alibert et de l’indispensable adéquation graphie-phonie, et en suivant 

l’exemple éclairé des Professeurs Séguy et Ravier, j’estime donc que doivent être généralisées 

les graphies classiques do, po, so, qu’o, n’o, s’o, ç’o etc. À Bayonne, on aura aussi entó. Et l’on 

garde bien sûr deu etc. et que’u etc., aussi bien que dòu, dau etc. pour les auteurs qui entendent exprimer 

les prononciations correspondantes. 

Accessoirement, j’écarterai la graphie *deumau donnée en exemple par le Mémento grammatical 

de 1989 et adoptée par J. Miró dans la transcription classique du doumau d’Arnaudin- 

Boisgontier : avec les auteurs du Civadòt, ceux d’Atau que’s ditz, P. Mora, É. Chaplain, G. Narioo 

(La bíblia valenciana, p. 97 et Dic. français-occitan (gascon)), j’estime que domau est la seule graphie 

correcte du [du'ma*] de la langue vivante. Et de même, la graphie *deubèn que J. Miró affecte 

au douben d’Arnaudin-Boisgontier doit être corrigée en dobèn. 

ô pour noter /o/ non tonique 

La graphie occitane n’envisage pas le cas de /o/ non tonique : /o/ c’est ò et plusieurs grammairiens 

précisent qu’on ne le trouve qu’en syllabe tonique (ex. R. Teulat, Q.L.O. n° 9, 10/1980, p. 61). 

Or la réalité de la langue gasconne atteste l’existence de [o] en syllabe non tonique, sans doute 

parce que le passage de /o/ à /u/ n’est pas encore achevé en domaine gascon. 

Étudiant en effet cette évolution qui doit avoir commencer au XIII e siècle, j’ai spécialement


remarqué l’étude que M. Grosclaude (1986-1, pp. 118-125) avait faite d’une cinquantaine de vers 

de Fondeville (1633-1705). Chez un auteur qui note naturellement /u/ par ou, il avait relevé de 

nombreux mots en o qui sont aujourd’hui en [u] : « com, desfortunes, comunes, provouca, devotious 

etc. ». Il pouvait donc en conclure : 

« Contrairement à l’opinion de certains linguistes occitans, je crois que cette évolution 

s’est achevée assez tardivement, notamment en Béarn, et qu’à l’époque de Fondeville, 

elle n’est pas encore parvenue à son terme. » (pp. 119-120). 

Or de lire par deux fois doctou chez Fondeville m’a soudain rappelé que Palay écrivait aussi 

doctou, 300 ans plus tard. J’ai donc entrepris une recherche systématique de ces [o] non toniques 

dans le Palay, qui en a relevé un peu partout; non seulement vers Bayonne, mais aussi tout particulièrement 

en Barège et Lavedan et en Médoc. Certes, pour ne pas allonger inutilement la liste, j’en 

ai écarté en principe les mots qui, résultant d’une composition, comportent un [o] sous accent tonique 

secondaire, comme abordamén, acordamén, acostamén, acotomén, amoblamén, arrollamén, 

corniscrauàt, deshorohèyt, loctenén, etc. ou issu d’un a après un tel accent secondaire comme acotomén, 

deshorohèyt… Mais quand la composition n’est pas évidente, j’ai préféré les garder : corsecà, 

entricomalhà, pabosàc… 

Finalement, ce sont près de 300 mots en [o] non tonique que j’ai pu recenser dans le Palay, la 

liste complète figurant dans Ligam-DiGaM n° 23, pp. 13-14 : 

• 17 mots latins ou imités du latin : debitoribus, deogratias, dominè, etc. 

• 84 mots apparentés au français, généralement “savants” : absolucioû, acrobàt", aristocracie, 

aristocrate, catolìc, chicorée, etc., mais aussi Occitâ, Occitanie, octòbr", ofìci, etc. Car Occitâ, Occitanie 

relèvent bien de cette catégorie “savante”, donc pas du tout “populaire”, ce que Palay souligne 

par « (lit.) » (= littéraire) dans le second article. 

• enfin, 193 mots que l’on peut considérer comme “autochtones” : aporrochì (édition de 

1932), apropì-s, arrocalégn, artorsedé, atorgà, […] doctoù, doctouràt, doctouràu, […], filosofe, 

filosoufià, filosoufic, filosouficamén, filosoufie, fofone, forane, […] glorià-s, gloriéte, glorificà, glorificacioû, 

glorificàyr", gloriole, glorioùs, gloriousamén, gloriousàs, […] solemnamén, solèmn", 

solemnisà, solemnisacioû, solemnitàt, solìc, solìde, etc. 

On pourra s’étonner de voir parmi ces derniers des mots manifestement “savants” comme 

doctoù et sa famille; je doute en effet que le [o] de doc- soit dû au français car tout le reste du mot 

obéit à la phonologie gasconne ordinaire; “docteur” aurait donné *doctur, et l’on ne voit pas pourquoi 

le second o du mot français “doctorat” serait passé à [u] plutôt que le premier; on pourrait penser 

plutôt que c’est au latin de toute l’ancienne littérature savante que l’on doit cette rémanence du 

[o]; au XVII e s., Fondeville, déjà cité, écrit le plus souvent doctou, mais aussi douctou; même influence 

latine probablement pour filosofe et sa famille, celle de glòri, et plus sûrement encore pour 

solèmn" et sa dérivation, attestés en ancien béarnais comme en témoignent les citations du Lespy. 

Et en feuilletant une partie de l’ALG III, j’ai relevé arcolân en 4 points du nord du Gers (c. 

822) et la confirmation de solidë dans presque toutes les Landes et le tiers sud de la Gironde (c. 

848). 

Au demeurant, le polymorphisme n’est pas rare; pour ne citer que des /o/ ) /u/ non toniques 

du Palay : artoursedé, barounique, bourtòlis, coulère, coupanà, fourestiè, geougràf", houlhoà,


mau-soulide, oufìcialamén, poulitique (f.), troumbone, troupicà etc. ont tous une variante en o 

atone. Et la langue observée n’est pas toujours cohérente : on dit econòm", mais gastrounome… 

Quoi qu’il en soit, le scripteur qui veut représenter la langue parlée n’a actuellement d’autre 

recours que le ò de la graphie alibertine, avec l’équivoque possible sur la place de l’accent tonique; 

ainsi Que parlam (cf. p. 174) : còmuns (p. 97), dròguista (p. 110), armònia, qui sera lu normalement 

[ar'moni] et au lieu du réel [armo'niœ] (p. 142), etc. 

La graphie classique doit donc se doter d’un graphème qui note ces /o/ non toniques; faute de 

mieux, je propose la lettre ô, qui est disponible, ce en quoi je rejoins Nicolas Quint (2000, p. 74) : 

« L’usage de l’accent circonflexe (absent de la graphie occitane classique) permet 

d’arriver ici au résultat désiré. » 

e pour noter les /e/ féminins posttoniques de la montagne 

La carte ALG VI, 2067 montre la zone de montagne, de Gavarnie au Val d’Aran, qui prononce 

[e] le « a posttonique + consonne latine», ce qui touche surtout les pluriels féminins (vacas se 

prononce ['bakes] et non ['bakos] comme dans la plaine) et certaines formes verbales. En signalant 

cette particularité du féminin pluriel, R. Darrigrand (1969-3, 6) estimait que « cela n’empêche pas 

de les graphier “as” : pòrta, pòrtas (pòrtes) », ce qui introduisait une difficulté supplémentaire de 

lecture pour les Gascons de ces régions. On a vu que J. Séguy et X. Ravier ont préféré la notation 

normale par -e- (p. 155) et que les Aranais en ont fait leur norme (p. 159). C’est évidemment le seul 

choix graphique possible dans le cadre de L’application… 

e pour noter /e/ ou / œ ! ø/ prétonique du futur et du conditionnel des verbes en -ar 

Une vaste portion du domaine gascon dit depuis des siècles canterèy et canteri (classiques 

canterèi et cantarí), comme étudié en Annexe XX. Or cela gêne les “normalisteurs” intégristes. 

Jean-Pierre Laliman, enseignant d’oc en Gironde, est vraisemblablement le premier qui ait 

posé la question de ces futurs par une lettre publiée dans P.N. n° 51 de Nov.-Déc. 1975, p. 2. Il 

s’indignait du laisser-aller des écrits de cette revue; sur ce sujet : 

« Bianchi écrit : troberàs au lieu de trobaràs, esposeràs au lieu de esposaràs. Je sais 

bien qu’il n’y a pas plus d’un Gascon sur dix qui prononce “troubaràs” ! Les neuf autres 

disent “trouberàs”. Mais il faut écrire trobaràs pour suivre l’étymologie et conserver le 

radical -a de la première conjugaison ! » 

Manifestement, cet enseignant connaissait bien le gascon, mais n’avait probablement jamais 

lu les principes de la graphie classique selon l’I.E.O., le B notamment. M. Grosclaude lui répondait 

aussitôt avec sagesse (ib.) : 

« …sur le problème des futurs (cantarèi ou canterèi). Bien sûr, Laliman a raison au 

point de vue de la logique. Mais est-il bien raisonnable de vouloir aller à l’encontre d’une 

habitude vieille de deux ou trois siècles ? La forme cantarèi est la seule qui soit logique. 

Mais la forme canterèi est employée, au moins, depuis le XVI e siècle (Cf : Les psaumes 

d’Arnaud de Salette). » 

Néanmoins, on peut se demander quelle est la « logique » invoquée ici : celle du latin ? du 

gascon ? Car l’Annexe XX nous montre bien des cas d’affaiblissement du a prétonique. Mais cela 

n’est pas général en un même lieu, et à [ka.ale'rijœ/o] “cavalerie” s’oppose [ma'rijœ/o] “Marie”: 

pas plus qu’une graphie uniforme en -aria ne pourrait couvrir les deux prononciations — ce qu’ont 

très bien compris G. Narioo et autres dans leur nouveau Dictionnaire (p. 189 ci-dessus)—, une gra-


phie commune en -a- ne permettrait la lecture directe en [e] des futurs concernés. C’est aussi ce 

qu’a reconnu le principal responsable linguistique de l’I.E.O. J. Taupiac, dans un article en « gascon 

lomagnol » où il écrit lui-même parleratz le seul verbe en -ar qui y soit au futur : 

« Si vous croyez qu’il est plus facile d’écrire comme on parle et de lire exactement ce 

qu’on voit écrit, en respectant les particularités du gascon qui est un dialecte occitan bien 

différencié qu’il faut prendre comme il est, écrivez : canteràs (ou cantaràs), auèui (ou avèvi) 

selon ce que vous prononcez. » (avèvi o auèui ? cantaràs o canteràs ?, Q.L.O. n° 4, décembre 

1976, p. 17). 

C’est donc en violation des règles mêmes de L’application… que plusieurs grammairiens (A. 

Hourcade, p. 164 ci-dessus; Jean-Pierre Birabent et Jean Salles-Loustau, p. 168; André Bianchi et 

Alain Viaut, p. 171) ne prévoient que la graphie en -a-, avec au mieux une réalisation possible en 

[e] ou [œ] : c’est de la normalisation linguistique qui n’ose s’avouer et qui va a l’encontre de la pratique 

majoritaire de la langue. 

a pour noter /a/ ou / œ ! ø/ prétonique des suffixes -ador et -ader 

Pour les mots achevés par ces suffixes, Palay s’en était tenu à la notation du « a étymologique 

» (Avertissement, 6 ème alinéa et Préambule de la lettre E), mais seulement pour « éviter le double 

emploi » dans le dictionnaire, en les traitant d’ailleurs sur le même plan que les mots en -amén 

(voir Annexe XX). Mais le fait qu’il a continué à noter dans le cours du dictionnaire des mots en - 

edoù et -edé, comme d’autres en -emén, montre qu’il ne considérait pas ses graphies de base en 

-adoù, -adé et amén comme couvrant toutes les réalisations sur le domaine, mais simplement 

comme une convention lexicographique qui laissait chacun écrire -edoù et -edé ou -adoù et -adé 

d’une part, -emén, -omén ou rarement -amén d’autre part, selon sa prononciation. 

Pourtant, contrairement à ce que je préconise ci-dessus et ci-après, il me parait possible et 

donc souhaitable de maintenir l’unité graphique gasconne — et même d’oc — en gardant le a étymologique 

même s’il se réalise [e] ou [œ/ø], car en un même lieu, tout mot en -ador sera prononcé 

de la même façon, -[a'9u] ou -[ø'9u]/[œ'9u]/[e'9u], et de même, tout mot en -ader le sera en -[a'9e] 

ou -[ø'9e] /[œ'9e]/[e'9e]; on est en effet dans le cadre exact d’une graphie englobante. 

e pour noter /e ! œ / issu d’un a prétonique, dans tous les autres cas 

La question a été posée par J. Salles-Loustau dans sa critique de l’édition en graphie occitane 

de l’Anthologie populaire de l’Albret de l’abbé Dardy, (cf. p. 165). Après avoir admis la parfaite 

authenticité gasconne des formes en -e- comme reson, seson, fantesia, il estime qu’« on pouvait 

[…] orthographier a comme le veut la norme, à condition de signaler cette particularité de la prononciation 

dans l’Albret. » Pourtant, je ne connais pas d’autre source de norme classique du gascon 

selon l’I.E.O. que L’application… de 1952 et les principes de La réforme… de 1950 auxquels elle 

renvoie. Or selon le principe B, l’« orthographe sera en principe phonétique pour les mots de formation 

populaire », et les règles de détail n’envisagent pour le a que ses prononciations en finale. La 

règle invoquée par J. Salles-Loustau qui voudrait qu’on notât a un [e/œ] prétonique issu d’un a 

étymologique n’existe donc pas; mais il la créait en quelque sorte en écrivant « on pouvait donc orthographier… 

», ouvrant la porte à la confusion. 

Un de ses successeurs à la tête des Reclams devait donc afficher sans complexe la « norme » 

nouvelle; voici en effet comment il terminait le “mot deu Capredactor E. Gonzalès” en p. 4 du 

numéro spécial du centenaire de la revue paru à la fin de 1997, numéro qui reproduisait des textes


anciens, mais réécrits en graphie classique occitane : 

« En normalisant les textes, nous avons noté a la voyelle prétonique qui devient e 

dans la région d’Orthez, Salies et Sauveterre et nous avons écrit, par exemple, davant pour 

devant, hasè pour hesè (verbe har), etc… ». 

Mais pour qui l’écrit est au service de la parole quand il s’agit d’une langue vivante, il faut 

donner la règle de lecture correspondante; or dire que dans la région visée — non seulement 

l’Albret d’une part, et l’ouest du Béarn d’autre part, mais en fait une vaste moitié ouest du domaine 

gascon — tout a prétonique se lit comme un e est non seulement bien complexe à enseigner, mais 

surtout est faux, comme je l’ai rappelé en Annexe XX. 

Au demeurant, É. Gonzalès a écrit, p. 19, arrequedera et non arrecadera et, p. 20, resons et 

non rasons… : heureux lapsus calami, ou encore « Chassez le naturel, il revient au galop. » 

Cette “règle” ne pouvant fonctionner, on s’en tiendra donc ici à l’attitude adoptée pour les futurs 

et conditionnels des verbes en -ar : ce qui est [e] ou [œ] restera noté e. 

a pour noter / œ ! ø/ ou /o/ posttonique du suffixe -ament 

Le gascon comme le français a deux sortes de mots en -ment, tous de formation “savante”, des 

adverbes de manière dérivés d’un adjectif au féminin et des substantifs; lorsque le radical de ces 

derniers est un verbe en -a-, on aboutit à des mots de même allure que les adverbes : gauyosament, 

cambiament {joyeusement, changement} (voir Annexe XX). 

Comme pour les suffixes -adoù et -adé examinés plus haut, Palay en était resté à la notation 

du « a étymologique ». De même, il me parait possible et donc souhaitable de faire comme lui en 

précisant que le -a- de -ament se prononce comme le -a posttonique des mots simples tels que hemna 

{femme} ou arròsa {rose}. 

Feront néanmoins exception les quelques mots qui sont en -ament en français et 

qu’aujourd’hui le gascon prononce partout en [a] comme signalé dans l’Annexe : firmament, ligament, 

temperament, testament. On l’indiquera dans les articles des dictionnaires. 

Pour les quelque vingt-quatre dérivés de substantifs en -ament évoqués dans l’Annexe (foundamentàu, 

ournamentà, ournamentacioû etc.), la sagesse sera sans doute de consacrer l’usage qui 

aligne leur prononciation sur le français, et de l’indiquer aussi dans les dictionnaires. 

Enfin, il convient de souligner que le « a étymologique » n’a pas sa raison d’être pour les adverbes 

dérivés d’adjectifs en -e dans les régions où ceux-ci sont épicènes (simplement [simple'men]) 

ni pour les mots d’étymons en -e-, comme elemén etc. 

La voyelle e en “parler noir” 

On sait que le gascon de la Grande Lande est caractérisé par une prononciation assourdie de la 

voyelle e, d’ou le nom de “parler noir” que lui ont donné les Gascons des contrées voisines. J’userai 

donc ici de ce nom pratique et bien connu. En gros, ce qui est [e] devient [œ, ø ou œ], et [!] devient 

[e]. Et cela concerne une bande littorale qui va du Barp à Biarritz, sur une cinquantaine de km de 

largeur et donc Bayonne et le Bas-Adour, fortement peuplés et urbanisés. 

On en trouve une présentation succincte chez J. Boisgontier (1994), avec l’indication de ses 

choix personnels pour régulariser la graphie d’Arnaudin, fluctuante dans le temps et pas toujours


heureuse. Ces données ont été complétées par J. Miró (2001) pour ce qui est de la graphie classique. 

Par ailleurs, Ph. Lartigue avait également donné une brève mais claire présentation du parler noir 

dans son article de 1996. 

La graphie classique connait a posttonique, e, é et è; le parler noir réalise ces lettres de façon 

assez régulière : e et é toniques en [œ], è en [e], e prétonique en [ø], a et e posttoniques en [œ] : le 

pelha de le hemne qu’es nega {la robe de la femme est noire} se dira [lø 'pœ&œ dø lø 'hœmnœ køs 

'nœ5œ]. 

Pourtant, J. Miró signale des irrégularités : 

– le e prétonique peut se prononcer [e] dans les mots où ce e dérive d’un è tonique : aceirar 

{aciérer} [ase"'ra] parce que dérivé de acèir {acier} [a'se"]; la logique voudrait donc là le même è 

que dans acèir; mais comme on bannit le è (comme le ò) en syllabe non tonique, la graphie classique 

ne sait pas noter ce phonème; je propose le ê, comme le ô (cf. p. 247) : acêirar. 

– « dans les terminaisons en -ENT, -ENÇA, et -ET » des e prononcés [e] au lieu du [ø] attendu, 

ce que l’on sait par la notation en é d’Arnaudin : -én, -énce, et -ét. En fait : 

• les finales classiques en -ent prononcé [en] ne concernent que 13 mots d’Arnaudin : 

apechén, bedén, bernat-lusén, bernat-pudén, bourén, courrén, crechén, drilhén, hounén, pechén, 

pendén, pesén, ternén, tous adjectifs verbaux de verbes en -er ou en -ir, plus crebe-gén que Miró 

transcrit crèbagent, contre gén et roubine-gén d’Arnaudin transcrits gènt et rovinagènt, donc par - 

ènt, comme 5 autres mots d’Arnaudin en -én : bén, boule-bén, cén, coumbén et dén. Mais 8 autres 

adjectifs verbaux sont en -en chez Arnaudin, donc [œn] : sec-seguen ou segseguen, seden, serben, 

serpen, sourgen, tenden, truhen; mais ils sont très curieusement groupés sur la fin du Dic., comme 

si Arnaudin (ou Boisgontier qui l’a “régularisé”, ou Miró qui a achevé l’œuvre de Boisgontier) 

s’était lassé de noter les accents… ou avait changé d’idée ? Et il y en a deux autres en -ën toujours 

pour [œn] tonique, selon la régularisation graphique de Boisgontier, talhën et guit-petën. S’y ajoute 

seberden, sebreden {surdent}, contre dén {dent}. De même, hens / hen {dans} n’est pas cohérent 

avec dehën {dedans, l’intérieur}. Mais sont tous en -ën la soixantaine d’adverbes et mots abstraits 

en -ment classique. Tout cela est plutôt désordonné, et ne peut que conduire à généraliser la graphie 

par -ènt pour -[en] déjà utilisée par Miró en 7 occurrences. 

• les finales en -énce (ou -énse) d’Arnaudin touchent 28 mots; elles sont dans la logique 

phonétique des adjectifs verbaux en -én dont elles dérivent, et doivent être traitées de même par une 

graphie classique en -ènça, comme l’a fait Miró pour un hapax, cranhènça. 

• les finales en -ét sont au nombre de 33, dont 8 correspondent selon toute probabilité à 

des formes en -èth issues du suffixe latin ‘-ellu” : arcèth, arrodèth, aurèth, plombèth, tutèth plus 

peut-être rondèth et tornèth; une neuvième, arrediét d’Arnaudin résulte probablement d’une erreur, 

puisque variante de arradiet, où elle est rappelée comme arrediet. Restent donc 24 mots en -ét 

d’Arnaudin, qui ont tout de diminutifs en -et; mais puisque ce qui se prononce normalement [e] en 

parler noir s’écrit par è en gascon général, la solution me parait de noter ces mots en -èt, comme variantes 

irréductibles. 

Enfin, l’article féminin prononcé [lø] — exemple ci-dessus — comme proclitique et donc prétonique 

(cf. Annexe XX) ne peut être écrit que le, comme il l’était dans les textes d’il y a 800 ans 

par des scribes qui avaient un sens aigu de la langue qu’ils pratiquaient journellement. Au demeurant, 

aucune règle générale de lecture de la graphie classique occitane ne permet de le prononcer 

ainsi si on le note *la.


VI – Les diphtongues 

Hormis l’insoluble notation de [wi] atone (cf. pp. 189 et 293), il n’y a que quelques anomalies 

à éliminer. 

oe/oè pour noter /we/ ou /w$/, et non, selon les, cas ue/uè ou oe/oè 

/we/ ou /w!/ s’est écrit oe dès les temps lointains où u a pris la valeur de /y/, c’est-à-dire u 

français, tandis que o bref tendait à devenir /u/, donc ou français. Cette graphie a traversé les siècles, 

jusques et y compris aux normes donnés par Alibert en 1942 dans le cadre de la S.E.O. (cf. p. 

140). Mais comme certains mots tels que coer s’écrivent cuèr en languedocien, qui le prononce 

[ky!], L’application… de 1952 a choisi cuer pour le gascon, étant entendu que la prononciation y 

serait [kwe]. Mais c’était oublier que ue/uè resteraient [3e/3!] dans des mots comme mansuetud, 

Manuèl, fuèl ou encore les possessifs eth sué, eth lué, tandis que /we/ ou /w!/ continuerait à s’écrire 

oe/oè dans yoen / joen, boèr etc… Cela devient vite inextricable pour ceux qui s’essaient à lire et 

écrire : comment expliquer que le bœuf bueu s’écrit par ue et que le bouvier boèr s’écrit par oè ? 

C’est le régime de l’obéissance aveugle : « cherchez pas à comprendre ! ». Le tout pour une poignée 

de mots qui se rapprocheront visuellement du languedocien, car si cuer, uelh, sont proches de cuèr, 

uèlh languedociens, huec, bueu, nueit… restent encore assez loin de fòc, buòu, nuèch… de l’occitan 

“standard”. Et sans compter les hypercorrections, déjà signalées p. 147, de ceux qui écrivent par uè 

les gallicismes issus de oi français prononcé à l’ancienne (patuès, istuèra…). 

Le même problème semble d’ailleurs s’être posé en limousin. Cette langue d’oc n’a pas fait 

l’objet d’une norme particulière de l’I.E.O., mais le Centre d’estudis occitans de l’Université de 

Montpellier III a édité en 1974 l’ortografia occitana / lo lemosin, brochure de 55 p. rédigée par 

deux occitanistes limousins, Peir Desrozier et Joan Ros. On y lit p. 25 (traduit du limousin) : 

« — diphtongaison de /o/, /u/ toniques en /we/ : luenh ~ lonh, besuenh ~ besonh, genuelh 

~ genolh, etc… ». {loin, besoin, genou} 

C’est donc la même règle que pour le gascon. Dans la pratique, cependant, des /we/ de cette 

espèce étaient notés par oe dans le numéro 86 de la revue occitaniste La clau lemosina, début 2000, 

le dernier qui ait été publié : sous la plume d’Andriu Vernon (pp. 3-6), besoenh, loenh, mais luec 

{lieu}; et si J.-F. Renon (pp. 10-12) note tout par ue, le dernier mot de la p. 12 est soenh {soin}; et 

p. 17, “La Mili” écrit fautuelh {fauteuil} et januelh {genou}, graphies ambivalentes car valant /3e/ 

au premier, un gallicisme, et /we/ au second. C’est dire qu’on a là un problème qui dépasse le domaine 

gascon, et que la graphie occitane officielle a mal traité. 

Or on a vu p. 151 que pour le gascon, J. Séguy avait choisi voeitada, hoec, oelh et que X. Ravier 

écrivait coeisha, hoec, voeida, coélher; mais sues pour le possessif prononcé [s3es]. C’est de 

pur bon sens, conforme à la continuité des graphèmes de l’ancienne langue, et parfaitement pédagogique. 

Je recommande donc oe/oè pour noter /we/ ou /w!/ quelle que soit l’étymologie, ce qui 

permet de réserver ue/uè à la notation de /3e/ ou /3!/. 

oa pour noter /wa/ dans tous les cas (hormis après q, qua; cf. p. 271) 

Le son /gwa/ n’existe semble-t-il en occitan que dans deux mots du Dictionnaire d’Alibert, 

cogoacha et goapo. Il y est noté par goa, comme en gascon de toujours. Or ici, c’est à l’imitation 

du catalan que l’on fait écrire gua en gascon, tandis qu’après les consonnes autres que g, on écrit


oa : boalar, doana… La sagesse consiste ici encore à n’user que de oa dans tous les cas; ainsi le 

gascon abandonnera son guapo pour goapo, comme en occitan, et notera aussi goarir, goaire etc. 

VII – Les phonèmes semi-consonantiques 

Cette section réunit l’étude des deux phonèmes semi-consonantique /w/ et /j/ qui ont en commun 

de constituer une particularité gasconne qui remonte probablement aux origines, de ne pas 

couvrir l’ensemble du domaine, du fait sans doute de leur substitution par les phonèmes /./ et /2/, 

probablement venus des langues voisines, et d’être pratiquement ignorés par la graphie classique, 

dans la mesure ou leur notation ordinaire par v et j (ou g devant e et i) privilégie les réalisations de 

substitution. 

/w/ intervocalique noté par -u- 

On sait que les trois-quarts du domaine gascon prononcent [w] ce qui est v intervocalique en 

occitan; ou plus précisément, un grand nombre de ces v. Tendant à l’unité graphique “panoccitane”, 

L’application… fixe la graphie par -v- comme règle, mais ajoute : 

« Dans les parlers où le b et le v latins intervocaliques aboutissent à u (w semiconsonne), 

au lieu de v, on admettra les doubles graphies : víver ou víuer, déver ou déuer, 

dava, ou daua, ivèrn ou iuèrn. » 

En fait, pourtant, très peu d’auteurs usent de cette tolérance, sans doute parce que bien peu 

sont issus des régions en [w], mais aussi, probablement, par souci d’être lus facilement sur 

l’ensemble gascon, où la graphie béarnaise en -v- fait figure de norme. C’est notamment le cas de P. 

Bec, issu du Comminges qui dit [w] : podèvi, Contes de l’Unic, 1977, p. 9; s’avancèc, Sebastian, 

1981, p. 9; sabèva, Racontes d’ua mòrt tranquilla, 1993, p. 5, etc. 

En 1975, la tolérance fut contestée par un enseignant du Bazadais, Jean-Pierre Laliman : il 

l’estimait inutile car pour lui, le v unitaire à double lecture suffisait (P.N. 51, 11-12/1975, p. 2, rubrique 

Los legidors qu’an la paraula {Les lecteurs ont la parole}); avec prudence, et l’accord 

d’André Bianchi, M. Grosclaude prit le parti du lecteur, ce qui ne pouvait poser problème à Per 

Noste, majoritairement béarnais, donc hors de l’aire où il faut décoder -v- en [.] ou en [w]. Mais 

douze mois après, J. Taupiac répondait en sens opposé (Q.L.O. n° 4, 12/ 1976, p. 16); dans le n° 10 

des mêmes Q.L.O., Daniel Séré approuvait Taupiac, et celui-ci devait exposer à nouveau son point 

de vue dans Normalisacion grafica e normalisacion lingüistica, 1984, p. 36. 

Face à des réalisations aberrantes comme celles de devisar et alavetz en [dewi'za] et 

[ala'we1], J. Taupiac énonçait ainsi le dilemme gascon : 

« a) Ou les écoliers et les lecteurs doivent apprendre la longue liste des mots où le v 

représente le phonème /b/ et ceux où il représente /w/ […]. 

« b) Ou les graphies v et u sont admises […] ». 

La seconde solution, seule officielle à l’I.E.O., lui semblait « plus réaliste » et il la fit adopter 

dans les normes aranaises (cf. p. 158). 

Dans un premier temps, une étude des cas où v se lirait [w] dans les zones concernées m’avait 

fait admettre la position de J.-P. Laliman, M. Grosclaude et A. Bianchi, car la liste à apprendre pouvait 

se réduire en dégageant une série de cas : imparfaits en -ava, -èva ou -iva, dérivés de -au, -eu, 

-iu; mais au-delà, il restait toujours une liste à apprendre… (Ligam-DiGaM n° 6 d’Octobre 1995, 

pp. 34-40).


Or je devais par la suite m’intéresser de plus près à cet étrange [w] qui n’existe qu’en gascon, 

pour aboutir à la carte suivante. 

Je pris alors conscience de ce que le domaine rural et central de [w], peu propice aux innovations 

linguistiques, rendait vraisemblable son caractère primitif; au contraire le [.], dans des zones 

en contact avec d’autres langues qui le pratiquent, et spécialement dans les villes ouvertes aux 

échanges, apparait comme le produit d’influences extérieures, et relativement récentes (Lafitte, 

2003-1). 

S’agissant donc d’un phénomène spécifiquement gascon, probablement aussi ancien que le 

passage de f latin à [h], on ne saurait le traiter comme une variation dialectale appelée à disparaitre 

devant un [.] passant pour “normal”. 

Or le -v- ne peut être une “graphie englobante”, car une telle graphie doit pouvoir être décodée 

facilement partout, selon autant de règles de décodage que de variantes phonétiques locales. Or 

on n’a pas pu définir une règle qui permette de distinguer les quelque 55 % de -v- prononcés [w] 

des 45 % prononcés [.]. 

Par exemple, le Mémento grammatical du gascon de MM. Birabent et Salles-Loustau (cf. p. 

167) exclut les mots composés de la lecture en [w], avec l’exemple emblématique d’alavetz. Malheureusement 

: 

– c’est quasi inopérant dans la pratique, la composition des mots étant loin d’être évidente 

pour la plupart de ceux qui veulent apprendre notre langue et n’étant pas pour autant un critère certain 

: avenguda {avenue} et avocat sont en [.], mais avançar {avancer} (< ‘ab + ante + are’), travèrsa 

{raccourci} (< ‘trans + versus’), divendres {vendredi} (< ‘dies + Veneris’) sont en [w] en certains 

lieux (ALG III, 996 et 1042); 

– cela n’explique pas les prononciations en [.] de xivau et cavala, ni naviri, ni civilisacion 

etc., sans compter l’avesque de bien des dictionnaires, à la suite sans doute d’une erreur d’Alibert, 

puisque le p de ‘episcopus’ aboutit à un -b- dans nos langues d’oc. 

Techniquement, J. Taupiac a donc entièrement raison quand il avance que la graphie unifiée


-v- ne peut être une graphie englobante. 

De fait, on a cherché d’autres solutions, comme d’opposer v valant [w] ou [.] selon les lieux à 

b valant [.] partout; c’est ce qu’on trouve dans Atau que’s ditz (cf. p. 175) : brabe, cabala, cabal(i)èr, 

cabalet etc. Mais il aurait aussi fallu noter par b de nombreux autres mots qu’on prononce 

aussi partout par [.] : bravar, cavalièr, pròva, espròva, aprovar, esprovar, et a fortiori, devarar, 

davarar, devarada, devinar, devinalha, endevieta, endeviar, divés, nòvi, noviau…; sans doute n’estce 

pas envisageable. 

Alors, puisque L’Application… a ouvert la voie par le biais d’une « tolérance », il faut consacrer 

l’opposition u = [w] / v ou b = [.], donc valider -u- au même niveau que -v-, tout comme le -s- 

de véser {voir} est aussi légitime que le -d- de véder, et même le f de filh {fils} dans le Couserans 

l’est autant que le h majoritaire de hilh. 

Tout au plus puis-je proposer une rédaction qui part de la prononciation, selon le principe B, 

sans se soucier de l’origine de ce son. Et en évitant les mots « Dans les parlers où…» qui laissent 

entendre qu’il s’agirait d’une prononciation « minorisée », cela valorise une prononciation spécifique 

du gascon et son graphème : 

« Le son [w] entre voyelles est noté u : auegèr, auegiu, auei (= a + oei), auelhar, mauestruc; 

auer, deuer, leuar, víuer, que daua, qu’auèua, iuèrn, actiua. » 

Je conclus ce paragraphe avec A. Viaut (1987, p. 116) : 

« cette question dépasse, toutes proportions gardées, le strict cadre orthographique 

pour devenir sociolinguistique à sa manière. La notation […] isolera sur ce détail 

toutefois, l’Aran, de la pratique courante gasconne, à moins que l’idée ne fasse école. À 

ce jour, au moins l’association “Montanha vieua”, de Bagnères de Luchon, utilise les règles 

orthographiques normalisées de l’aranais …». 

Le devenir du yod roman 

Le phonème /j/ se rencontre en gascon à l’initiale, entre voyelle et après consonne (ou diphtongue 

au), avec cette particularité que dans de vastes zones du domaine, il fait place à /2/. Palay, 

qui note les deux réalisations par j, décrit fort bien le phénomène dans le préambule de la lettre J : 

« J; consonne. — Se prononce de deux manières : comme le j français et comme i 

(ou y), suivant les lieux. Ces deux façons de prononcer, très irrégulièrement réparties sur le 

territoire, sont usitées l’une à côté de l’autre dans tout le Bassin de l’Adour; on dit jou à 

Lescar et you à Pau et leurs territoires sont limitrophes; you à Tarbes et jou à Vic-Bigorre, 

etc.; dans le Gers, le son du j français est le seul connu, à de rares exceptions près; dans les 

Landes les deux prononciations voisinent également. En Méd., cette lettre équivaut au 

français j, ou dz, ou tz, ou à dy, comme dans adieu. » 

Mais son ami Camélat allait manifester ses réserves dès la parution du tome I er du Dic. de Palay 

en 1932, en écrivant au jeune André Pic : 

« À mon avis (et il n’y a eu rien à faire !), il s’est trompé sur la graphie de j pour y 

(souvent) […] » (Lettre du 3 janvier 1933, Camélat, 1967, p. 10). 

En effet, les enquêtes de l’ALG devaient bientôt montrer la complexité du phénomène, car en 

bien des lieux, ce passage de [j] à [2] ne joue pas pour toutes les positions du phonème, ni même 

pour tous les mots. On peut en avoir un aperçu avec les cartes de synthèse 2117 et 2118 du volume 

VI (1973) pour le Yod roman à l’initiale et entre voyelles. Pour m’en assurer davantage, j’ai consulté 

le maximum de cartes de détail que j’ai pu trouver sur ces deux positions (19 pour l’initiale,


plus la 1034 “hier” pour le nord de la Dordogne, et 18 pour l’intervocalique) et j’ai étendu la recherche 

au yod après consonne ou au (cf. [a*'jami ) a*'2ami] {sens variés dont collectif pour “oiseaux”}, 

avec 11 autres cartes. J’ai également consulté l’Atlas linguistique de la Grande Lande de 

Ph. Lartigue (1992) qui y étudie le yod dans ses trois positions (I, pp. 25-28). Mais dans la carte qui 

suit, je n’ai pas pris en compte la cartographie de J. Passy, assise sur une enquête de plus d’un siècle, 

et faute de point d’enquête de l’ALG, je n’ai pu représenter la zone en [2] autour de Lescar évoquée 

par Palay, zone dont J. Passy a rappelé les liens historiques avec la vallée d’Ossau. 

On est d’abord frappé par le fait que l’aire compacte du [j] en toutes positions s’adosse au 

Pays basque, comme la plupart des phonèmes anciens en voie de submersion. Le latin n’avait que le 

son /j/, en effet, et il n’est sans doute pas aventuré de considérer que le gascon l’a d’abord conservé; 

en certaines zones, il l’a ensuite durci en [2], d’abord l’initiale, comme pour renforcer l’attaque du 

mot, puis après consonne pour en faire un « j appuyé », et enfin en position intervocalique (Passy, 

1904, pp. 67-68). 

La carte tendrait à confirmer ces vues de J. Passy, le [j] intervocalique se maintenant en marge 

du [2], notamment dans le nord des Landes et à l’est de la vallée d’Ossau. Diachroniquement, on en 

a peut-être aussi une confirmation pour celle-ci dans trois chartes établies par le notaire d’Ossau au 

début du XIV e s. (18 septembre 1306, 31 mars 1331 et 14 juillet 1332, celle-ci par vidimus ) 

1446/1464) et publiées en 1984 par le regretté B. Cheronnet, professeur au lycée d’Oloron. On y lit 

autreya(…) {accorde(…)} (9 occurrences), yo {je} (2 occ.) et leyaumentz {loyalement} (1 occ.); et 

aussi j — pouvant valoir [2] — à l’initiale des prénoms Jordaa (3 occ.) et Jooad (1 occ.) et du mot 

jurad {juré} (1 occ.); plus une occurrence de dejodiit {nommé plus bas}, dejus {dessous} et de 

coadjutor. 

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, à la complexité des marges s’ajoute le fait que sur divers 

points d’enquête de ces marges, et même parfois très au-delà, tous les mots étudiés ne suivent pas la 

règle générale. Par exemple : 

– des [2] en zone [j] : à l’initiale, c’est surtout le cas des emprunts au français comme genó 

{genou} qui hésite entre [j] et [2] en plusieurs points, ou des mots subissant l’influence du français,


comme les mois de juin et juillet ou le prénom Jean; mais aussi le [2ønø'vr!] {genévrier} à Sabres 

— le [v] dénonce le gallicisme ! — et la ['2a*5œ] {ajonc} à Castets; le ['hid2e] {foie} à Bedous, la 

[2un'to] {jointée, contenance des deux mains jointes} à Lembeye et [2un'do] à Nay; entre voyelles, 

enfin, [li*'2!"] {léger} à Biscarrosse, [li*'2e] à Parentis, Lüe et Mimizan, [le*'2!] {léger} à Agnos et 

à Arette; ['rra*2œ/o] {rage} à Lue et Agnos; 

– des [j] en zone [2] : à l’initiale, c’est le pronom [ju] {je} à Mimizan, Luë et Luxey; la ['jasa] 

{gite d’un animal} à Bielle; après consonne, ['hidje] {foie} à Galan, [sa*.ad'jumœ] {sauvagine} à 

Moustey et [sa*.ad'jinos] à Villeneuve-de-Rivière; [mi''ja] {manger} à Luxey et à Sarbazan; [ra- 

''ja] {ranger} à Galan et Agnos; le même ou des variantes en plusieurs points de Gironde, des Landes 

et du Gers, département où l’on trouve également ['gra'jo] {grange}; et plus encore ['li'jœ] 

{linge} en Gironde; entre voyelles, enfin, [bajart] {civière} à Mazerolles, ['trujo] {truie} à Aas; et 

surtout [gu'jat] et [gu'jatœ/o] {jeune homme, jeune fille} et ['rajœ/o] {raie des cheveux} dans les 

deux tiers de la zone [2]. 

Voici encore des réalisations divergentes dans une même petite région, le Bazadais, selon Dulau 

(1994) qui accompagne chaque mot de sa prononciation figurée : tous notés en j ou g, on voit se 

réaliser en [j] avantatge, avantatjós, viatjar {voyager}, ditjaus {jeudi}; radj {radeau}; ange, anjolet, 

arrenjar, minjar, congèit, granja, monge {moine}, iranja {orange}, Sent-Jan (p. 8); gojat,-a, 

apujar, raja(r) (p. 351) et mojen; et en [2], congelar, congestion, conjugar, enjura, enjuste, esconjurar, 

venjar…; ajacar, bajart, cuja, dejà, exigir etc. 

Un graphème unique est-il possible pour /j/ et /%/ ? 

Palay avait pourtant choisi de noter par j ce qui se réalisait par [j] ou [2]; il le justifiait ainsi : 

« Bien que la consonne j soit un caractère relativement moderne, — les Latins employaient 

i — nous n’avons pas hésité à la préférer ici à y partout où cette demi-consonne 

ne crée aucune confusion dans l’esprit du lecteur. La lecture y gagne incontestablement en 

facilité et clarté. Ex. Bilàdj" et bilàdy", barje et barye. La première forme ne prête à aucune 

confusion. En Béarn, d’ailleurs, le son j est presque aussi commun que le son y. Si à 

Pau, par exemple, on dit gouye, à Lescar, commune limitrophe, on dit gouje. Même constatation 

dans la vallée d’Ossau, en Bigorre et en Armagnac où les deux sons se mêlent dans 

un même canton. » (Dic., Avertissement, p. XI). 

« ne prête à aucune confusion » supposait à la fois une bonne connaissance de la prononciation 

locale par les usagers du dictionnaire — c’était facile, sans doute, au début des années 30 du 

siècle passé, quand on parlait couramment béarnais à Pau et à Lescar — et l’uniformité de la réalisation 

en un même lieu, ce que Passy avait déjà démenti. Cependant, un tel recours à une “graphie 

englobante” avant la lettre est condamnable car lui manque son « critère essentiel […] : dans un 

parler donné, la correspondance entre la graphie et la prononciation est toujours la même, sans la 

moindre exception. » (J. Taupiac, La hemna e la familha, L’occitan n° 35, 11-12/1983, p. 12). 

Je rappelle à cet égard qu’en 1900, les règles orthographiques de l’Escole Gastou Febus, dues 

pour beaucoup au romaniste É. Bourciez qui les avait signées, avaient écarté un graphème bivalent 

et choisi d’écrire y ou j selon la prononciation : 

« 21. Le j n’existe que dans certains dialectes; il est remplacé en pur béarnais par y, 

qui est une semi-consonne. On écrit donc à l’initiale yas, yelous, you, yoc, yoén, yumpa, les 

mots qui pourront cependant s’écrire ailleurs jas, jelous, jou, joc, joèn, jumpa, etc. De 

même à l’intérieur des mots : anyou, aryén, bièrye, larye, payère, cuye, passeya, houleya, 

yudye, biladye, maynadye, roumadye; mais on pourra aussi écrire dans certains dialectes 

anjou, arjén, bierje, larje, pajère, cuje, passeja, houleja, judje, biladje, maynadje,


roumadje. » (Reclams de Biarn e Gascougne, Avril 1900, p. 54). 

Palay lui-même, au préambule de la lettre Y, revenait un peu en arrière pour le [j] en début de 

syllabe : 

« […] toutefois, nous conservons y dans les mots particuliers aux dialectes où j n’est 

pas employé; ce sont ces mots que l’on trouvera ci-dessous […]. » 

Cela supposait une grande connaissance de ce qui était propre ou non aux divers parlers gascons, 

et ses lacunes sont peut-être la cause des erreurs que Camélat lui reprochait. De fait, il était 

assez flottant dans sa pratique : pour beroy {joli}, il donne les deux féminins, beroye et beroje; mais 

pour pouloy {dindon}, le seul féminin pouloye, alors que pouloje est largement attesté (ALG II, 

438); il fait l’entrée principale à goujat {jeune homme}, et gouyat n’a droit qu’à une entrée de renvoi, 

alors qu’on a vu qu’il est de loin le plus répandu, même en zone [2]. 

D’où les reproches persistants de Camélat : 

« S’il faut parler de graphie, à mon avis, il faut s’en tenir à celle de Mistral en y ajoutant 

l’y grec car en gascon […]. » (Lettre à A. Pic, 13 novembre 1943, ib. p. 46). 

Palay « s’était mis à la tête de nous faire abandonner le y et de le remplacer par j (beroje, 

joène…), bien qu’à Pau ils disent y. C’est Laborde [Chanoine Jean-Baptiste L., érudit 

qui fit beaucoup pour la langue béarnaise], qui là, fut de mon avis et lui dit qu’il fallait s’en 

tenir à l’y. » (Lettre à A. Pic, 30 novembre 1948, ib. p. 72). 

Avec j pour /j/ et /%/, la “réforme occitane” continue Palay 

C’est un fait en tout cas que la « réforme orthographique occitane », qui avait supprimé sans 

difficulté le y en languedocien, allait faire de même en gascon, avec le précédent de Palay pour garant. 

Pourtant on devine un certain embarras chez Alibert, rédacteur de L’application… : 

D’une part, en tête, on recommande « pour l’usage littéraire, les formes les plus conformes à 

l’évolution normale de la langue et les mieux conservées »; donc au titre de la normalisation linguistique 

et non de la graphie proprement dite; et parmi ces formes : 

« G ou J au lieu de y : gelar, jòc et non yelar, yòc. […] 

« I au lieu de j : beròia et non beròja. » 

On voit la contradiction : le premier choix laisse entendre que /2/ sous-jacent à g ou j est plus 

ancien que /j/, mais le second choix, qu’il est le produit d’une évolution regrettable du /j/ noté i. Les 

traces historiques de l’évolution montrent l’erreur ! 

Viennent ensuite les règles de graphie : 

« I note i français et i semi-consonne (y): nid, arriu, ièrba, pai, mai, saunei, glòria, 

fàcia, auriá.[…] 

« En gascon, le son G, J vaut tantôt un j fr. tantôt un y semi-consonne; on notera toujours 

g ou j. 

« Le son j sera rendu par un g devant e, i; par j devant a, o, u: gelar, genèr, passegi, 

mingi, monge, jòc, jàser, joentut, passejar, minjar, ploja, troja. 

« Seuls les mots d’emprunt savant conserveront leur j d’origine : Jèsus, Jerusalèm, 

projeccion, injeccion, trajectòria. » 

En analysant ces lignes qui, comme souvent, confondent facilement les sons et les lettres qui 

les représentent, on peut les interpréter ainsi : 

Le /j/ prénucléaire (ièrba, glòria, fàcia, auriá) se rend par i, mais aussi par g ou j (gelar, genèr, 

jòc, jàser, joentut; mingi, monge, minjar); de même en intervocalique, par i (beròia) ou g/j 

(passegi, passejar, ploja, troja). Mais postnucléaire, il est noté par i uniquement (pai, mai, saunei).


En revanche, le /2/ ne sera rendu que par g ou j, suivant les règles de partage des deux derniers 

alinéas, la première selon la voyelle qui suit, la seconde selon l’étymologie. 

On peut donc supposer que la notation du /j/ par i ou par g/j se répartira suivant une règle non 

écrite, à savoir que i notera ce qui est partout réalisé par [j], tandis que g/j sera la “graphie englobante” 

à utiliser quand le même mot se réalise par [j] ou par [2] selon les lieux. 

Mais pour cela, il faut savoir si ce qui est [j] en Béarn, par exemple, sera partout [j] ou s’il sera 

[2] dans la zone [2]. De fait, grammairiens et lexicographes hésitent souvent. Ainsi pour ce mot 

banal de beròia ou beròja, féminin de béròi {joli}. M. Grosclaude (1977, p. 161) et Atau que’s ditz 

(1998) donnent beròi,a; Dulau (1994), bròi, bròia, bròiament (forme syncopée); mais le Civadot 

(1984), beròi,-òja (v° joli), beròjas (v° des) et aussi beròias (v° quel !); A. Hourcade (1986, p. 71), 

beròi,-òja; Que parlam (1996, p. 58), bròja. Et ne parlons pas des écrivains… D’où la règle du féminin 

selon MM. Birabent et Salles-Loustau : 

« Diphtongues terminées par I : on ajoute A au féminin et le I est remplacé par un J. 

« Ex. : beròi/beròja (joli, e); arroi/arroja (rouge). » (Mémento, 1989, p. 28). 

Autre exemple : “hier” est ier en languedocien et chez M. Grosclaude (1977, p. 32), dans le 

Petit diccionari castelhan-aranés… de Vergés Bartau (1991) et dans Que parlam (p. 50), et ger 

dans le Civadot (1984) et le Mémento (p. 64), ier/ger dans Atau que’s ditz. Ou encore les deux [j!r] 

et [j!rr], communes distantes d’à peine 22 km, l’une dans les Pyrénées-Atlantiques, l’autre dans les 

Hautes-Pyrénées : dans son Dictionnaire toponymique de 1991, M. Grosclaude écrit le premier Gèr 

et dans celui de 2000, le second Ièr, probablement sur la demande du Comitat dera lenga, organisme 

départemental qui s’est toujours montré soucieux de rapprocher la graphie de la langue parlée. 

Mais ce désordre et les problèmes concrets évoqués plus haut sont ignorés des chantres de 

l’occitanisme. Ainsi, Jean Sibille, dans sa présentation optimiste de la graphie classique du gascon 

(2000-1, p. 31) : il y aurait un « gascon oriental » qui réalise le ch de achorrar en [0] et le j de viatjar 

et assajar en [2], et un « gascon occidental » qui réalise ce ch en [tj] ou [#] et le j en [j]. Or les 

seules cartes de l’ALG VI, 2117 et 2118 n’ont pas grand chose de commun avec celle des réalisation 

de ch (plus loin, p. 263). On ne peut donc ignorer perpétuellement les problèmes. 

Pour un retour aux sources : y = [j] 

On est donc déjà en présence d’un polymorphisme graphique au sein même du gascon, et de 

la part d’auteurs de la mouvance occitaniste, car la “graphie englobante” n’est pas techniquement 

possible selon le principe justement rappelé par J. Taupiac. On peut même s’interroger sur son opportunité 

en l’état actuel de la langue. Voici par exemple un passage du compte-rendu de la thèse de 

D. Stich sur la graphie du franco-provençal (100 e rapport annuel du Glossaire des patois de la 

Suisse romande de 1998, cité par J.-B. Martin, 2000, p. 81) : 

« l’élaboration d’une orthographe supra-dialectale, étayée en outre par des concepts 

relevant de la phonétique et de la phonologie, est un pari risqué dans un ouvrage destiné au 

grand public. Le lecteur patoisant, et a fortiori le non-patoisant, s’astreindra-t-il à l’effort 

d’abstraction nécessaire à l’assimilation d’un système reconstruit, pour accéder ensuite au 

patois précis, qui seul l’intéresse ? » 

Or nous avons vu p. 150 que J. Séguy et X. Ravier ont usé de y pour noter [j], retrouvant en 

cela une tradition d’écriture gasconne de plus de sept siècles, en parfaite conformité avec le principe 

A de la graphie classique.


Voici par exemple quelques mots relevés dans la Décision des quatorze commissaires relativement 

aux Padouens, du 29 octobre 1262, au Livre des Coutumes de Bordeaux, pp. 186-196 : rey 

{roi}, prumey {premier}, feytas {faites}, autreyat {accordé}, maysons, gualeyas {galères}, puyaduy 

{monticule}, le pronom y, chays, yma de la mar {marée basse ?}, mais aussi, mager {maire}, 

elegida, jurat, gitada {jetée}, jusca {jusque}, dejus {dessus}; et les noms propres Pey, Aymeric, 

Cadauyac {Cadaujac, commune de la banlieue}, Duyac, etc. 

Même pratique à Bayonne, d’après le Glossaire des Établissements de Bayonne : aleyar / adaleyar 

{confirmer par serment}, centeye {centaine}, dreyteyar {poursuivre une action en justice}, 

mareyan { marin}, myeye noeyt {minuit}, poya {monter}. 

Et encore en Béarn, avec le Registre de Bernat de Luntz, notaire vicomtal de 1371 à 1376 : 

outre la position postnucléaire dans les diphtongues, on trouve à l’intervocalique : agreuyat, aleyes, 

autreyar, ay… subj. du verbe aver, beraye {vraie}, beye, carreyar, causseye, chemineye, deye, 

deyen, joyeus, leyau et dérivés, malaudeya, mayor, mieye, reyant, sayeg/-et, sayerade, senhoreyant, 

uyot, y, yer; et après consonne ou diphtongue au : auyole, benyare, judyament, mieyansar. 

En Bigorre, enfin, in Luchaire 1881, dans le Cartulaire, hormis les nombreux y postnucléaires 

: Mieyabiela (p. 12), menyar {manger} (p. 13); dans un vidimus de 1251, leyal {légal} (p. 23); 

dans un acte de 1260, Juan de Loyed (p. 29). 

Puisque le besoin existe, pourquoi se priver d’une lettre qui a de telles “lettres de noblesse”… 

et se trouve sur tous les claviers de machine à écrire ! 

Avec la caution de Bourciez et de Séguy, je préconise donc l’usage de y pour noter directement 

[j] intervocalique, initial et postconsonantique, alternant avec g ou j pour noter le [2] des mêmes 

lexèmes : goyat de Pau à Bordeaux, mais gojat en Comminges et Couserans. On rappellera à 

cet égard la remarque pertinente de Palay : 

« Comme semi-consonne, le son que représente l’y […], quand il est entre deux 

voyelles comme dans autreyà, payère, il fait syllabe avec la seconde plutôt qu’avec la 

première. 

« De même, dans les combinaisons ry et ny le r et le n appartiennent à la syllabe précédente 

et l’y à la suivante. Ex. : aryén (argent), pron. ar-yèn; minjà (manger), pron. min-yà. » 

La coupure syllabique se fait donc toujours devant y, ce qui oppose le yod noté par i à celui 

noté par y; tandis que le premier laisse à la consonne qui le précède dans la syllabe sa valeur ordinaire, 

le second la renforce en quelque sorte; ainsi s’opposent : 

abadiòla {petite abbaye} [aba'*j%lœ/o] viladyòt {petit village} [!ilad'dj%t] 

miniatura {miniature} [minja'tyrœ/o] minyadura {mangeure} [mi'ja'dyrœ/o] 

borient {bouillant} [bu'rjen] aryent {argent} [ar'jen] 

Quant au ["] postnucléaire, il peut continuer à être noté par i, à l’occitane, car il ne présente 

aucune ambigüité à la lecture; mais la logique du principe A voudrait qu’ici aussi, le y revienne, 

puisqu’il est dans les textes gascons les plus anciens. Les usagers trancheront, s’ils n’ont pas opté 

pour la graphie “moderne”, plus fidèle à la tradition sur ce point que la “classique” occitane. 

Et comme un cas particulier, on traitera de même le pronom/adverbe de lieu ordinairement 

écrit i car il se réalise par [2] dans une zone centrale du domaine (ALG I, 97 “il y a eu…”), mais 

aussi dans les zones [2] du Béarn, selon Lespy (Dic.) : 

« J (se prononçant avec le mot qui suit), y : Bee j-hauré chic de brigue ! NAV. Il y


aurait bien peu de brigue ! Autes causes ed j-ha qui-m fachan fort a mi. N. PAST. Il y a autres 

choses qui me déplaisent fort. Hore son aglèyse ed nou j-ha nat salut. F. Égl. Hors de 

son église il n’y a aucun salut — On trouve aussi ce j dans l’idiome du Bas-Armagnac. La 

remarque en a été faite par L. COUTURE, Revue de Gascogne,VII, p. 382. » 

Donc, que y a en général, et que j’a dans les petites zones [2] en question. 

VIII – Les phonèmes consonantiques palatalisés 

Voici d’abord un schéma, avec même un match anglais, pour donner une idée du problème :


L’apparition de phonèmes palataux dans le latin parlé qui devait aboutir aux langues romanes 

ne posa pas de problème tant qu’on en resta à un usage oral; mais le problème de leur écriture finit 

par se poser, et cela dans l’écrit latin même, tel que l’avait régularisé la réforme carolingienne : 

« Quand, à un moment donné, le scribe se voyait obligé de noter par écrit un mot roman 

(le nom d’une personne, d’un village, d’un champ…) et tâchait de lui appliquer le 

même critère de correspondance phonético-littérale [qu’en latin], il se trouvait que de 

nombreux phonèmes romans (toutes les palatales, par exemple) étaient inexistants en latin, 

et par conséquent, les graphies latines ne pouvaient s’appliquer sans plus. Il fallut inventer 

un système de représentation des nouveaux phonèmes romans. » (C. Lleal, p. 134). 

Ces considérations sur les débuts lointains de notre écriture sont une bonne introduction à 

cette section. Mais le problème est complexe, principalement du fait de la tendance naturelle du 

gascon au chuintement, que connaissent aussi les langues ibériques (cf. Rohlfs, n° 457); on y aboutit 

en effet dans plusieurs chaines d’origine étymologique différente. Le schéma de la page précédente 

illustre cette complexité, avec à droite la graphie classique selon L’application… et/ou R. 

Darrigrand, comme on le verra ensuite. 

Les mêmes sons s’écrivent donc différemment selon l’étymologie et les mêmes graphèmes se 

réalisent différemment selon les lieux, ce n’est pas choquant, mais aussi parfois en un même lieu, ce 

qui est bien plus gênant. Partant des règles en vigueur, nous allons essayer d’y porter remède en envisageant 

les diverses palatales du gascon telles que P. Bec les présente dans son Manuel de 1973, 

p. 52. 

Occlusives palatales généralement issues de -ll latin : /tj/ ou /&/ ou dépalatalisé en /t/ 

Il me parait pratique de présenter d’abord en synopse ce qu’en disent respectivement L’application… 

(cf. Annexe XIII, p. 405), et R. Darrigrand (1974, pp. 27 et 28). Dans mes commentaires, 

A (Application) renverra aux premiers et D (Darrigrand) aux seconds. 

« Le son T ou Th, de valeur variable, provenant 

exclusivement de ll latin final, sera noté th: 

bèth, aqueth, castèth, grith, poth, vath. » 

« […] on choisira, autant que possible, pour 

l’usage littéraire […] t au lieu de th : anat, henut, 

henit et non anath, henuth, henith. » 

« 28 - Le son mouillé final qui est t, th ou 

tch suivant les parlers est noté : “TH”. On le 

reconnaîtra dans la pratique à ce qu’il existe 

presque toujours un mot dérivé (souvent féminin) 

qui a une forme en “ra” (le “r” provenant 

d’un “ll” intervocalique roman). » 

Pour l’aboutissement de ‘ll’ latin devenu final, A et D concordent sur le fond; on observe cependant 

que th n’est pas un « son », mais un graphème dont il s’agit justement de définir la valeur, 

et que A n’envisage /0/ que sous « Th de valeur variable »; on peut aussi regretter que dans son souci 

pédagogique, D n’invoque le “ll” originel qu’à propos de dérivé éventuel qui servirait de discriminant, 

et n’envisage que ra comme aboutissement, ce qui restreint quelque peu le choix des dérivés 

: vetèth {veau} dérive bien en vetèra {velle} et veterar {mettre bas, s’agissant de la vache}, 

mais ausèth {oiseau} en auserèr {oiseleur} ou auseron {petit oiseau}, sans ra… Enfin, par définition, 

“t”, n’est pas « mouillé », c’est un aboutissement dépalatalisé. 

Le rendu graphique par -th est en revanche satisfaisant, car il permet une lecture univoque 

dans chacune des régions qui le réalisent en [tj], [0] ou [t]. 

Mais pas plus D que A n’envisagent un /tj/ ou /0/ qui ne serait pas final ou ne serait pas issu 

« exclusivement de ll latin final ». Or le gascon connait au moins trois autres origines de ces sons :


– d’abord, un traitement particulier du /t/ ou du /d/ final roman qui aboutit à /tj/ ou /0/ dans 

l’est pyrénéen; A n’en traite pas dans les paragraphes sur la graphie proprement dite, mais lorsqu’elle 

traite de normalisation linguistique, elle le note par -th dans les exemples donnés plus haut 

(anath, henuth, henith), tout en recommandant de l’éviter dans « l’usage littéraire ». De fait, la 

norme aranaise ne l’écrit pas, mais précise qu’à Bausen et à Canejan (près de la frontière française) 

on prononce [0] « le d final et le t final qui alterne avec d intervocalique : hered, cantat/cantada » 

{froid, chanté/-ée}; en revanche, pour les parlers du Couserans, J. Deledar (1995) le notait th 

(« prath, hreth [pratch, hérétch] pré, froid »), tout en mentionnant que « certains bons auteurs préfèrent 

ne pas noter la palatalisation et écrire -t, -d »; et il ajoutait : « On oppose ainsi pòt [pot] lèvre 

à pòth [potch] il peut »; et Atau que’s ditz (cf. p. 175) en use sans commentaire comme variante en 

[0] de la Barousse, contigüe du Comminges : prat/prath. 

– puis des dérivés tardifs de mots finissant par /tj/ ou /0/ issu de -ll, surtout des féminins. Ainsi 

le latin moll(em) “mou”, qui est épicène, a donné moth qui n’eut sans doute pas de forme féminine 

à l’origine; lorsqu’il s’en créa une par analogie, on ajouta -a à la finale; si le masculin 

s’achevait par /t/, cela donna ['mudœ]; s’il s’achevait par /tj/ ou /0/, cela donna ['mutjœ] ou 

['mu0œ]; alors qu’un féminin issu du latin aurait été *['murœ], *mora, comme bèra répond à bèth. 

Il en est de même pour les dérivés modèr {humidité} d’un coté, et mothèr de l’autre. De même encore, 

poth {coq} s’est vu doté d’un féminin irrégulier potha {poule} (secteur d’Artix et Arthez, au 

cœur du Béarn, ALG II, 434), concurrent du régulier pora. 

– enfin, vers Bayonne, un /tj/ hypocoristique. Le basque en use largement et le note par un redoublement 

du t : potolo “lourdaud, trapu, obèse” se mue en pottolo [potjo'lo] pour prendre une signification 

atténuée et affectueuse, par exemple pour qualifier un gros bébé. Ainsi, en gascon, à côté 

du terme général d’oc [pu'tu] {bisou}, diminutif de [pot] {baiser}, on renchérit de Bayonne à Orthez 

avec [pu'tju] pour un tendre petit bisou. On peut assimiler à ce /tj/ celui qu’Atau que’s ditz note 

par th dans athèu {là} et thòi(a) {enfant}, ce dernier étant aussi écrit chòi. 

On a vu pp. 149-150 que Séguy avait noté ce phonème par th, même là où le languedocien 

écrit -j- : il note regathar {muer (poules)} ce qui est regajar chez Alibert. Comme tout parler doit 

pouvoir s’écrire, il y a donc lieu d’entériner cette pratique, car la réalisation de ce -th- est géographiquement 

la même que pour le produit de -ll latin. 

La palatale affriquée /&/ et ses réalisations en [tj] ou même ['] 

Comme ci-dessus, voici d’abord ce qu’en disent L’application… (A) et Darrigrand (D) : 

« On conservera la notation par ch, quelle 

que soit la prononciation (ch ou tch), quand ce 

son dérive d’un c latin palatalisé : uchau, chaupir, 

chai, cachar, chapar, ponchar. 

« Toutes les fois que le son ch ou tch final 

répond à un j fr. dans les dérivés, on le notera 

par g: puèg, pug, (pujòu), mièg (mièja), hug 

(húger), hag (haget), leg (léger), rog (roja). 

« 26 – Le son “tch” (approximativement le 

Castillan : muCHaCHo) est noté ch, quelles 

que soient les prononciations locales : 

« – réduction à un “t” palatal en Gascogne 

occidentale, 

« – réduction à “ch” français dans une partie 

du Béarn et de la Bigorre. 

On est en présence d’un /0/ multiforme sur lequel nos deux grammairiens ne semblent pas 

très à l’aise. Pour A, il y en aurait deux en réalité, le premier défini par l’étymologie, le second par 

ses dérivés. D ne connait que le premier, mais s’il ne parle pas de son origine, il indique qu’il se


réalise en [tj] comme « “t” palatal », qui, de fait, s’étend sur plus de la moitié nord-ouest du domaine. 

Quant au second, fréquent en languedocien, il ne se rencontre en gascon que dans le Haut- 

Comminges et le Couserans, ce qui peut expliquer que D, établi à Orthez, n’en traite pas. Il se caractérise 

par sa dérivation en [j/2]. Sans entrer dans le détail, les cartes ALG I, 152 “hêtre” (hag = 

[ha0]) et IV, 1594 “rouge” (rog = [rru0]) attestent de la prononciation en [0] en Couserans et en un 

point du Haut-Comminges; s’y ajoute au seul point 790 SE Confolens (Couserans) le mot gaug 

“joie” prononcé [ga*0] dans la carte IV, 1399 “plaît”. Les cartes relatives aux 3 ème personne du présent 

de l’indicatif et 2 ème de l’impératif de léyer [lire] et húyer [fuir] (V, 1897, 1902 et 1903) montrent 

quelques autres zones de l’est où la finale est en [#] ou en [0]. G. Deledar (1995, pp. 43-44) les 

note leg (variante lig à l’impératif, dans l’est) et hug (variante fug à Aulus), étant entendu que « -g 

final se prononce [tch] » (p. 11). Michel Pujol, originaire du Couserans, écrit vueg [!we0] {vide} 

(Lo Gai Saber, ivèrn de 2005, p. 228) ce que Séguy note voeit [!wejt] (cf. p. 151). Cette prononciation 

est aussi mentionnée par les Normes orthographiques de l’aranais, qui prévoient sa notation 

par -g et précisent en outre qu’après consonne, ce g se prononce [#], avec les exemples esparg 

{éparpillement}, mais aussi espàrger, esparja {éparpiller, qu’il éparpille}, où le g n’est plus final. 

Une norme orthographique gasconne doit donc permettre de noter ces formes de l’est pyrénéen. 

Pour le premier [0], A et D s’accordent sur ch et pour le second, A, G. Deledar, M. Pujol et 

les Aranais s’accordent sur -g. Je n’y vois que des avantages, en étant toutefois assez sceptique sur 

la façon dont la majorité des lecteurs gascons interprèteront le -g inconnu de leurs parlers : estug 

{étui} (Civadot et Atau que’s ditz) qui dérive en estuyar {cacher} est un hapax en dehors de ces régions 

pyrénéennes; sans doute pour être bien lu, il est donc écrit estuit par P. Bec (1973, p. 48), Dulau 

et Narioo et autres, estuch par A. Rifaut chez Y. Vidal (2000 et 2002), estuth par É. Chaplain 

(2002)… Quoi qu’il en soit, j’estime qu’il faut exprimer les règles à partir de la prononciation : 

ch est la graphie unitaire qui note ce qui se prononce [tj] dans le nord-ouest gascon, l’est du 

Béarn et la Chalosse contigüe, [0] dans le sud-est gascon et les vallées béarnaises, et [#] dans le 

reste du Béarn, la Bigorre et la moyenne vallée de l’Adour, suivant la carte ci-après : pòcha {poche} 

prononcé ['p%tjœ], ['p%0o], ['p%#o].


Lorsque cette correspondance n’est pas assuréeƒ 30 , et en dehors du cas visé à l’alinéa suivant, 

chacune de ces prononciations est notée par son graphème propre : [tj] par th (athèu {là}; cf. p. 

263), [0] par tx (matx {match}), et [#] par x (xivau {cheval}; cf. p. 265). 

-g note ce qui, en Haut-Comminges, Aran et Couserans se prononce [0] ou [#] en finale et dérive 

en -[j]- : hag {hêtre}. 

La chuintante /'/ : un seul graphème pour /'/ pangascon 

Outre sa réalisation en variante de /0/ étudiée ci-dessus, il existe un /#/ identique en tous lieux, 

comme provenant en général de x, cs, ps latins, mais aussi de s simple chuinté ou d’un emprunt au 

français. Comme plus haut pour /tj/ ou /0/ principalement issus de -ll, voici d’abord ce qu’en disent 

L’application… (A) et Darrigrand (D) : 

« Le son du CH français provenant du sc ou « 25 – Le son “ch” (Français : vache) est 

du x latins sera représenté par ish: eishami, eis- noté ISH lorsqu’il provient d’un SC ou X lahorbar, 

eishordar, peish, maishèra, teish, créistins.her, naish, baishar. 

« Au début des mots, il est noté “SH”. 

« Quand ce son provient de c ou de s, on ré- « Très souvent, ce sh initial provient d’un 

tablira les graphies par c ou s: saliva, seringa, “s” latin chuinté (Voir la prononciation castil- 

serment, sèis, sishanta, suau, sord, civada, lane du “S”); 

suc. » 

« dans les mots empruntés au Français il est 

noté “CH”. » 

Certes, certains normalisateurs occitanistes avaient tenté de faire disparaitre la notation spéciale 

de ce /#/, mais ils ont échoué (p. 163). Mais il y a une tendance lourde de l’occitanisme à éliminer 

de l’écrit tout ce qui n’est pas habituel en languedocien, et la solution “officielle” de A était 

d’ignorer le [#] issu du chuintement de [s] étymologique, pour lequel le tableau de la p. 260 montre 

des variantes en [s] dans le domaine gascon lui-même : [#i*la] ou [si*la] < ‘sibilare’ {siffler}. Mais 

les usagers n’ont pas suivi et tenu à noter ce phonème [#] très gascon par son graphème propre; 

cette solution a été consacrée par D; faute d’avoir imaginé un graphème “englobant” [#] et [s], un 

polymorphisme graphique s’est donc établi sur le polymorphisme phonétique, et je ne vois pas 

d’autre issue. 

Mais pourquoi donc D conserve-t-il pour [#] le ch des emprunts au français, qu’on ne prononce 

nulle part [0] ou [tj] ? Outre qu’il n’est pas évident pour le scripteur ordinaire que [#i'!au] 

vient du français “cheval” (trois phonèmes modifiés sur cinq), cela mène à des lectures aberrantes 

par tous ceux qui apprennent une langue qu’ils n’entendent plus, puisque ch sera prononcé en un 

même lieu [#] dans chivau et [tj] dans chavèca {chouette}. La seule solution logique, c’est d’user du 

graphème général prévu pour [#]; ce fut le choix de X. Ravier (cf. p. 149), c’est aussi celui des Aranais 

: cornishon, maishant, maishina, pioshar, shagrinar, shivau etc. (Vergés Bartau, 1991). 

Mais quel doit être ce graphème ? 

30 En fait, cette correspondance sera souvent ignorée, faute d’une vue d’ensemble de la prononciation gasconne, même 

chez les lexicographes : ainsi, pour empachar {empêcher} par exemple, on trouve *empaishar chez ceux qui ignorent la 

prononciation en [ì], et *empathar chez ceux qui prononcent [tj]; pour de nombreuses citations d’auteurs et de dictionnaires 

qui témoignent de ces hésitations, cf. Lafitte, 1995-2.


La chuintante /'/ : le i des graphèmes ish (ou ix) en question 

Dans la règle de A reproduite en synopse, Alibert n’envisage que le trigramme ish, qui présente 

la singularité, pour un graphème consonantique, de commencer par une voyelle; au demeurant, en 

tête de A, il ne mentionne que le digramme sh parmi les « doubles graphies » énumérées à la suite 

de l’alphabet gascon. Cela pose sérieusement la question du “statut” du i de ish. Pour éviter une trop 

longue digression, cette question est étudiée en Annexe XXI, qui aboutit à la conclusion suivante : 

Ce i ne s’entend que dans une faible partie du domaine, et même là, seulement pour quelques 

mots. Puisque le Conseil de la langue occitane “préconise” d’écrire pashà {pacha}, c’est que pour 

lui, sh seul suffit en toutes positions, comme l’avait bien vu Jean Séguy (p. 149), les “variantes irréductibles” 

où le ["] se prononce étant évidemment notées par ish. Et ce i doit être considéré 

comme “glide” formant diphtongue avec la voyelle qui précède, non comme partie du graphème 

notant [#] : on retombe dans le fonctionnement normal du système. 

Je ferai ici deux remarques complémentaires : 

– d’une part, à ma connaissance, nul n’a envisagé d’imposer à tous une graphie “mouillée” en 

-èir du produit gascon du latin ‘-ariu’, au motif qu’un quart du domaine prononce [!"] (ALG VI, 

2072) : on n’a pas voulu gêner inutilement ceux qui prononcent [!] et qui écrivent -èr, sans i. Écrire 

sh sans i relève de la même démarche, encore plus justifiée parce que ce i est autrement plus rare à 

l’oral que celui de -èir; 

– d’autre part, en écrivant systématiquement ish, on est amené à enseigner que le i est muet, 

ce qui conduit à la disparition inéluctable du ["] de la prononciation, alors qu’en le notant seulement 

quand il se prononce, on le traite comme tout glide et on le sauvegarde là où il existe; or ne travaillons-nous 

pas à conserver une langue ? 

Mais la suppression du i a pour conséquence de perdre le diacritique qui signale la valeur [#] 

de ish après voyelle de celle, plus rare, de [sh], du fait de la rencontre d’un préfixe en -s, avec un h- 

initial issu d’un f- étymologique : deshar {défaire}. Il est vrai que des grammairiens ont introduit un 

point intérieur entre s et h (s.h) alors que, fidèle à L’application…, P. Bec (1973, p. 29, note) ne le 

mentionnait qu’entre n et h (n.h); ainsi, les Fiches de grammaire d’occitan gascon normé, citées p. 

170; ou J. Miró transcrivant Arnaudin, cité p. 179; ou encore Narioo et autres, avec des.har, 

des.hèita, es.huelhar, etc.), solution inutile d’un faux problème tant qu’on écrit ish : deishar [de'#a] 

{laisser} est formellement distinct de deshar [des'ha] {défaire}. En revanche, pour transcrire le 

menshidà’s {se méfier} de Palay, pour qui sh ne peut valoir que [sh], la graphie classique de 

l’I.E.O. ne peut être que mens.hidà’s, cas probablement unique où le point intérieur s’avère indispensable. 

Je considère cependant que ce n’est là qu’un “rafistolage” propre au gascon dans 

l’ensemble d’oc, et que le modèle du l.l catalan n’en est qu’une piètre justification, en face des 

complications que cela induit dans tous les traitements informatiques avec des logiciels standard. 

Mais dès lors que nous abandonnons le i muet, évidemment, le point intérieur est de rigueur 

pour noter /sh/. À moins d’abandonner sh… 

La chuintante /'/ : le graphème gascon, sh ou x ? 

Entre autres signes de sa pauvre connaissance du gascon, Alibert nous a laissé une bévue monumentale 

à ce sujet en p. 7 de sa Gramatica occitana du languedocien : Pour essayer de concilier 

les systèmes orthographiques en présence, écrit-il, 

« Nous prenons pour base le Diccionari Ortogràfic [catalan] de P. Fabra en nous 

contentant d’en écarter les graphies spécifiquement catalanes, à savoir : ll, ny, ix, tx, ig, 

que nous remplaçons par lh, nh, is, ch, g, […] ».


De telle sorte que dans L’application…, devant l’impossibilité d’ignorer le /#/, il est allé chercher 

(i)sh qui, pour être attesté dans l’« ancienne langue », l’est infiniment moins que (i)x, y compris 

en toponymie contemporaine : je n’ai trouvé aucun toponyme en sh, alors qu’à quelques kilomètres 

de Montréal d’Aude où Alibert tenait officine, Foix et Mirepoix affichent leurs -ix. Gaston 

Bazalgues était mieux informé quand il écrivait, à la p. 14 de L’occitan lèu-lèu e plan (1977) : 

« En ancien occitan, [x] équivalait au son ch du français et on le trouve dans quelques 

noms de lieux : Foix forme française reproduisant l’ancienne graphie se lit fouich. » 

Ou encore Jean Roux, grammairien limousin qui adapta au limousin les normes orthographiques 

de l’I.E.O. (Paraulas de Novelum, n° 68, Juin 1995, p. 23) : 

« La lettre x a été employée, pour noter [#], et donc s palatalisé (prononcé “à 

l’auvergnate”, comme “ch” français) surtout en Catalogne, comté de Foish (graphie demeurée 

Foix dans la forme officielle), Bigorre, Béarn, Navarre, Portugal; et cet usage 

(adopté par la graphie du catalan, du portugués et du basque) est monté jusqu’ici, comme 

on le voit dans des graphies comme Xaintes, Xaintonge (pour Saintes, Saintonge), Xaintrailles 

(contraction de Senta Aràlia, forme populaire de Eulàlia), (…). » 

Cela va même beaucoup plus loin dans le temps et dans l’espace : /#/ s’écrit par x dès les inscriptions 

aquitaines du III ème siècle (p. ex. Ilixoni pour Luchon; Gorrochategui Curruca, p. 332). 

C’est la graphie largement majoritaire de toutes les langues ibériques (cf. Lleal, p. 135) auxquelles 

se rattache le gascon (cf. le schéma de P. Bec, p. 15); en témoignent d’innombrables textes de 

l’ancien gascon et surtout de nombreux toponymes auxquels les populations sont attachées. 

D’aucuns ont voulu discréditer le x en le présentant comme une spécialité béarnaise. Or sans 

faire une recherche systématique dans les archives, j’ai rencontré des x bien loin du Béarn. Ainsi, 

dans les Registres de la Jurade de Bordeaux publiés en 1883, acte du 17 décembre 1415 : embaxaria, 

ambaixadors (p. 292); mais aussi, le 20 février 1416, embaissador (p. 323). De même, sans référence 

autre que la date de 1290, Cénac-Moncaut donnait dans son Dictionnaire Gascon-Français 

du Gers (1863) l’entrée « ric, rix, riche », rix étant à l’évidence un gallicisme acclimaté. On trouve 

aussi aixi {ainsi} et gexir {sortir} dans le Glossari gascon ancian dau Medòc de Berthaud (1975). 

Quant aux toponymes, en se limitant au domaine gascon, ils débordent eux aussi largement le 

Béarn et ses Mirepeix ou Soeix (Pyr. Atl.) : Azereix, Caixon (Htes Pyr.), Aux-Aussat, Cutxan (Gers, 

dont le chef-lieu Aux a francisé sa graphie Auch), Seix, Foix (Ariège), Xaintrailles (Lot-et- 

Garonne), soit Xentralha en gascon ancien, équivalent de Sentaralha {Loup-Sentaraille, Ariège), 

avatars de Senta Eulalia, etc. Un lieudit d’Eysines, à 9 km au nord de Bordeaux, est écrit tantôt 

Bois-Salut tantôt Boixalut dans un acte notarié de 1921; il est probable que le premier est la remotivation 

d’un Boissalut, variante non chuintée de Boixalut, qui peut bien signifier « couvert de buis » 

(boix), avec le même suffixe que bavalut, camalut, coralut, cornalut, costalut du Palay. 

Dans un système orthographique qui entend privilégier les graphèmes de l’« ancienne langue 

», on ne peut donc écarter le x pour /#/. C’est d’ailleurs ce que pensait à l’origine P. Bec, mais 

ce serait J. Séguy qui l’aurait convaincu de la rationalité de sh, forme palatalisée de s, comme lh, nh 

et th le sont de l, n et t. C’est vrai, et jouable pour une graphie créée ex nihilo pour une langue qui 

ne s’est jamais écrite; mais les Catalans pris pour modèle ont gardé x, ny et ll de leur tradition… Et 

la même rationalité aurait dû faire adopter zh pour /2/, comme forme palatalisée de z pour /z/; pourtant, 

s’y est opposé le fait que le i allongé en j note /2/ depuis l’imprimerie. On aurait dû faire de 

même pour le x qui notait /#/ plus de mille ans avant. 

Mais on peut reprocher à x d’être ambigu, puisqu’il a des emplois où il ne vaut pas /#/ : tous 

les composés de ex (examen, expausar, exterior…) et des mots savants comme axiòma, xenon etc.


Mais je proposerai plus loin de régler ce problème, en éliminant le x de tous ses autres emplois (p. 

284). Je conclus donc fermement que le graphème gascon du ['] doit redevenir le x ancestral, 

toujours présent en toponymie. Et je réponds ainsi à l’approbation du regretté Jacques Allières, le 9 

mars 1992, quand j’évoquais devant lui la possibilité de remettre le x en service : « Considérons que 

c’est adopté. » 31 . 

Palatales affriquées généralement issues de -tic- ou -dic- latins : /dj/ ou /(/ 

On observe d’abord que [t2] n’est pas mentionné par P. Bec; en effet, car si [dj] et [tj] sont 

également possibles, [t2] ne l’est pas, sauf attention très particulière du locuteur, car un [2] sonore 

appelle un [d] sonore devant lui, et si l’on articule un [t], le [2] qui suit s’assourdira en [#], donc [0]. 

De fait, ce sont des prononciations par [d]- qui ont été observées sur tout le domaine gascon (ALG 

VI, 2205), y compris devant [j]. 

Le principe B de notation phonétique appelle donc naturellement la notation par d- (dg/dj ou 

dy), qui fut d’ailleurs celle des premiers textes occitans (Chanson de Ste Foi d’Agen) et qui est largement 

majoritaire en ancien gascon. 

Cela avait été aussi le choix d’H. Gavel (1926, p. 44) pour la notation du /dj/ des finales en 

-['adjœ] quand il réédita les Poésies gasconnes de J. Larrebat. Or il existait une forte tradition locale 

de notation par ty, qui pouvait supposer une prononciation en [tj], attestée dans d’autres cas tels que 

« poutyicá “embrasser”, Batyitye (diminutif de Jean-Baptiste) ». Mais Gavel écarte l’objection : 

« Au sujet de la transcription du d mouillé, il est à noter que Larrebat a hésité entre 

plusieurs graphies; la plupart du temps il le représente par ty : routye « rouge », mainatye 

« enfant », ciratye « cirage », etc.; […]. Il est certain que dans les cas de cette sorte la prononciation 

réelle, pour le gascon de Bayonne (1) , fait entendre dy : aussi est-ce cette graphie 

que nous avons rétablie partout. On ne saurait croire que Larrebat prononçât réellement ty : 

il a simplement conservé ici la graphie traditionnelle, celle que l’on trouve déjà dans les 

Fables Causides [1776], et cette graphie, à son tour, avait dû être adoptée à Bayonne sous 

une influence venue d’ailleurs. 

« (1) Un pur Bayonnais, né en 1833, que nous interrogions à ce sujet, nous a spontanément 

déclaré : “on prononce dy, mais on écrit ty”. Telle était donc bien la tradition à cet égard. » 

Il était donc naturel que Jean Séguy (cf. p. 150) choisît les graphies par dj, dg, et c’est ce 

même choix que je préconise, compte tenu de celui qui découle de l’étude du yod, p. 254 sqq. : lo 

mèdye () mèdge) do viladge, lo yudye () judge) do canton. 

Le son /h/ 

IX –Autres phonèmes consonantiques 

Bien qu’il eût éliminé la plupart des h latins amuïs dès l’époque classique et disparus dans la 

prononciation des langues latines, Alibert l’avait conservé pour séparer deux voyelles en hiatus : 

Occitan (La réforme…) 

Gascon (L’application…) 

h des mots latins, quand il sépare deux Pour indiquer que deux voyelles forment 

voyelles en hiatus, est conservé : prohibir, vehi- deux syllabes distinctes, on marque la syllabe 

cul. Dans tout autre cas, on se sert du tréma : tonique du tréma : laüsa, roïna, diürn, poëma. 

faïna, taüc, diürn, roïna. 

Dans les mots savants, on conservera h : 

prohibir, vehicul, cohibir, cohobar. 

Certes, ces h muets ne posaient pas de problème à l’occitan, qui n’a pas de h aspiré, mais 

c’était une anomalie, dans la mesure où justement, dans les mots savants, Alibert avait éliminé tous 

31 Sur cette rencontre du 9 mars 1992, cf. J.-L. Fossat in (Cahiers d’études romanes - CERCLID 5, 1992-93/2, p. 130).


les h parasites : quiromancia, teoria, filosofia etc. Il était donc logique que cela fût corrigé un jour; 

d’où la décision de 1975 de l’I.E.O., applicable à partir du 1 er janvier 1976 (cf. p. 158) : 

« proïbir (au lieu de prohibir). La lettre h d’origine étymologique et sans aucune valeur 

phonétique ne s’écrit pas entre deux voyelles. Exemples : la coërencia, coërent, la 

coësion, la proïbicion, lo proïbicionisme, proïbicionista, proïbitiu, reabilitable, la reabilitacion, 

la veeméncia, veement, lo veïcul, etc… » 

C’était une bonne chose pour le gascon, qui n’avait plus à se soucier de distinguer ces h, en 

principe muets, de la généralité de ses h “soufflés”. 

Pourtant, en fin d’éditorial du n° 5 d’avril 1984 de la revue Amiras, que dirigeait R. Lafont, 

Ph. Martel allait jeter un pavé dans la mare occitaniste : après avoir déploré « un anarchisme graphique 

de plus en plus spectaculaire », il annonçait : 

« À la rédaction d’Amiras nous avons pris la décision — et nous allons l’appliquer 

dorénavant — de ne retenir pour base que les normes fermement établies, c’est-à-dire le résultat 

des travaux d’Alibert tels qu’ils sont résumés dans sa Gramatica, son Diccionari, et 

les applications prévues pour les autres grands dialectes. » Ainsi, on lisait chez P. Sauzet 

(1990), dans cette même revue : coheréncia (pp. 35, 37), coherenta (pp. 35, 37, 43, 44), 

vehiculària (p. 45). 

Néanmoins, le communiqué du Secteur de linguistique de juillet 1989 (cf. p. 166) devait 

confirmer laconiquement cette règle : « 23 - Proïbir, la veeméncia. » Et si la première série de décisions 

du Conseil de la langue occitane fut de revenir au -z- de realizar (cf. p. 174), elle a confirmé 

l’abandon du h : « 2 - Coerent, -enta, la coeréncia, veement, la veeméncia. » 

Pourtant, comme l’explique M. Grosclaude dans l’Avant-propos du Dic. de Narioo et autres 

(cf. p. 186), la décision de l’I.E.O.… 

« …n’a pas fait l’unanimité parmi tous les gascons pour qui ce h joue un rôle anti-hiatus. 

C’est pourquoi, on trouvera dans ce dictionnaire, pour ces mots et pour leurs composés et dérivés, 

la double graphie. 

« Ainsi : pre(h)ension, co(h)erent,a (6) ; vehicule / veïcule; prohibicion / proïbicion; etc. 

« 6 Donc, coerent et non *coërent (sans tréma), préconisation du CLO Toulouse-Nîmes, juin, août 1997. » 

Maintenir le h en gascon, c’est consacrer sa prononciation effective; or cette prononciation 

existe, attestée notamment par les behemén, beheméncie, couheren, couherénce, prouhibà, -bì, -ìb", 

prouhibàbl", prouhibicioû, etc. du Dic. de Simin Palay. Si l’on rapproche ces graphies de celle de 

hasard < ‘az-zahr’ arabe, on peut penser qu’il s’agit d’une gasconisation pure et simple du mot 

français, tout comme il est fréquent d’entendre le mot « hêtre » prononcé [h!trœ] par des Gascons 

parlant français. Ce qui n’empêche pas d’y voir avec pertinence « un rôle anti-hiatus », car de tels h 

se retrouvent dans d’assez nombreux mots autochtones, notamment pour remplacer une consonne 

intervocalique amuïe; ainsi, coudejà [faire aller, remuer la queue, coude ou coue] > coueja aboutit à 

couhejà en Barèges-Lavedan (Palay); saüc, taüc se disent aussi sahuc, tahuc etc. 

C’est donc respecter la langue que d’écrire ces mots avec ou sans h selon que la lettre s’entend 

ou est muette, mais ce n’est pas une question de graphie… Et s’il y a un Gascon qui se bat depuis 

longtemps pour le maintien du h gascon “soufflé”, dans la prononciation comme dans l’écriture, 

c’est bien Gilbert Narioo; de lui, nous lisons dans La Bíblia valenciana de 1994 coherenta, pp. 

23, 92, vehement, p. 30 et veheméncia, p. 118, et aussi hasard, pp. 79, 153. Et de façon nettement 

ironique, il écrit dans sa chronique Parlar plan {Bien parler} de P.N.-P.G. (n° 207, 11-12/2001, p. 

11) : « Jacme Taupiac […] tostemps coherent e shens veheméncia, vehiculant ideas […] ». 

Cette éclosion de -h- parait bien une réaction du monde de Per noste à la ridicule décision du


C.L.O. de supprimer en gascon les h des noms propres étrangers, réaction déjà exprimée par un article 

de M. Grosclaude dans le n° 196, 1-2/2000, pp. 15-16 : la graphie normalisée ne peut être un 

lit de Procuste. 

En revanche, aucun h muet ne doit être écrit. Ainsi, tandis que le français note avec un h les 

interjections monosyllabiques (ha !, hé !… ah !, bah !…), l’occitan d’Alibert s’en abstient (Gramatica, 

p. 258), puisque le phonème /h/ n’existe pas dans cette langue et que la lettre h n’y sert que 

comme élément des graphèmes complexes lh et nh. Il doit en être de même en gascon, dont la graphie 

exclut tout h étymologique amuï : ‘habet’ > (qu’) a en gascon moderne, ha en catalan et en ancien 

gascon (cf. Lespy). 

Ainsi, dans les interjections, il n’y a d’[h] qu’à l’initiale : hèi !, hòu !…; en finale, il n’y en a 

pas plus en gascon qu’en occitan, il ne faut donc pas les noter. 

Certes, Palay écrit ah !, eh/èh ! et oh !, mais ce sont sans doute des réminiscences du français, 

puisque le -h n’y pourrait être que diacritique. 

C’est donc avec raison que, dans l’Initiation au gascon (1974), R. Darrigrand écrit A ! (pp. 

122, 155), bò ! (p. 45), O ! (pp. 118, 127, 203, 237), O tè ! (pp. 50, 122), mais un isolé Oh ! (p. 

111). Tandis que, dans Lo gascon lèu e plan, pourtant postérieur à la décision de l’I.E.O., M. Grosclaude 

écrit comme Palay ah ! (p. 53) et oh ! (p. 33)… Mais le Civadot de 1984 auquel il participa 

traduit correctement “eh bien !” en e ben !; même graphie dans la Grammaire de Hourcade (1986, 

p. 244) et dans Atau que’s ditz (1998). 

La logique de la langue et du système d’écriture classique exige donc les notations sans h : a ! 

ba ! bò ! e ! ò ! 

Le son /k/ en général et en finale 

Les deux premiers alinéas de L’application… sur le son /k/ ne posent guère de problème : 

« Le son k, devant a, o, u, et consonnes, est noté par c et, devant e, i, par qu : carn, còr, 

cuèr, clar, crum, tenca, terròc, pequi, queva, quèra, qui, quin. 

« A la finale, si l’étymologie l’exige, on notera g : renèg (de “renegare”). » 

Le premier alinéa consacre simplement l’élimination générale du k et celle de qu devant a, o 

et u, sauf les cas visés par les troisième et quatrième alinéas qui seront étudiés plus loin. En pratique, 

cependant, et suivant la tendance déjà observée (cf. pp. 170, 175, 178 et 188), on utilise le k 

pour les mots étrangers sentis comme tels (whisky); il faut sans doute y ajouter les symboles internationaux 

d’unités de mesure : km, kg, kw… 

Le second alinéa n’étant qu’un cas particulier de la notation des sonores étymologiques assourdies 

en finale, comme hred {froid} < ‘frigidu’ [ret]; mais c’est si peu évident que l’exemple 

même renèg {reniement} a été “renié” — le jeu de mot était trop tentant — par le point 10 de la décision 

de l’I.E.O. de 1985 : « S’écrivent avec un -c final les mots lo renèc, lo rebrec, l’emplec. » 

J’ai pu relever chez P. Bec lui-même des hésitations; ainsi, dans Sebastian (1981), gorg par 3 

fois, pp. 45, 86 et 102, et gorc une, p. 15; et dans les Contes de l’Unic (1977), il devançait la décision 

de l’I.E.O. avec renèc, p. 64, arrenecs {jurons}, p.130. 

Comme la majorité des mots en -/k/ viennent d’étymons en -c- ou -cc- (yòc {jeu} < ‘jocu’, sac 

{sac} < ‘saccu’, etc.) on peut laisser à la sagacité des lexicographes le soin d’appliquer cette règle, 

sans trop d’illusions sur la capacité des scripteurs à en mémoriser les applications.


Le son /ka/ issu du latin qua 

Viennent ensuite dans L’application… deux autres alinéas qui présentent nombre de difficultés; 

je les rappelle ici, bien qu’ils concernent aussi le son /ko/ qui sera étudié plus loin. 

« Cependant, le son k sera noté par qu, d’après l’étymologie, dans les mots d’origine savante 

et dans quelques mots populaires : qualitat, liquor, quotidian, quotitat, quartèr. 

« Quand la semi-consonne w latine ou germanique persiste dans les groupes qua, que, 

gue, on notera la valeur spéciale de u par ˘ ou ´ : q#an ou qúan ; g#èr ou gúèr, g#èi ou gúèi. » 

On sait que qua latin aboutit généralement à /ka/, mais aussi à /kwa/ dans un certain nombre 

de mots, dans certaines parties du domaine. L’ancienne langue gasconne n’hésitait pas à écrire coa 

dont j’ai relevé des nombreuses occurrences dans mon corpus numérisé, mais dont il serait fastidieux 

de donner les références : coate, coart(a), coarante, coayre, coayrade, coaresme (tous issus 

de ‘quattuor’), sinquoante, lacoau, coar (avant de devenir car) et Pascoa. Mais la graphie alibertine 

n’a retenu que qua, avec un u orné d’un accent aigu ou d’une lunule pour marquer la prononciation 

en [kw]; avec toutefois cette particularité que les imprimés comportant ces signes diacritiques doivent 

être des pièces de musée, car dès 1956, P. Bec les abandonnait de sa seule autorité, estimant 

que qua suffisait pour rendre /ka/ ou /kwa/. Mais ceux qui ont l’expérience du manque de repère des 

néo-locuteurs ont opté pour le tréma : qua se lit [ka] et qüa [kwa]. C’est même la position officielle 

de l’I.E.O. dans le document de 1989, point 28 (Annexe XIII, p. 412); mais l’ignorant ou feignant 

de l’ignorer, M. Grosclaude refuse ce tréma préconisé par « certains linguistes » (Dic. Narioo et autres, 

p. 31). Cela n’est pas fait pour faciliter la transmission de la langue par l’écrit ! 

Quoi qu’il en soit, même la notation de ce qui est partout /ka/ hésite entre qua et ca ; et 

d’abord pour des mots qui sont tous des dérivés plus ou moins proches de ‘quattuor’ : 

– quatorze et quatorzau : quatorzau (Bec, Contes…, p. 70), catorze (ib., p. 188) et quatorze 

(Bec, Racontes…, p. 117); dans le document du Secteur de linguistique de l’I.E.O. de 1985 (cf. Annexe 

XIII, p. 410) on lit cette curieuse affirmation « On écrit conformément à l’étymologie […] catòrze… 

»; le document est co-signé par J. Taupiac et B. Giacomo, alors président de l’I.E.O., mais 

aussi par R. Teulat qui écrivait pourtant en 1982 « De prétendus spécialistes vous diront que c’est 

une raison étymologique qui fait que catòrze ne s’écrit pas comme quatre. » (Aicí e ara, 2 ème série, 

n° 1, p. 28). En réalité, catòrze est la graphie phonologique attestée par les textes occitans les plus 

anciens, probablement par suite d’une dissimilation très ancienne des [w…u] d’un [kwa'turze] en 

[ka'turze]; mais l’étymologie demande qua. En raison d’une cohérence idéographique qui lie la graphie 

qua au chiffre 4 et à ses dérivés directs, il n’y a aucune raison sérieuse d’écrire catorze et quaranta, 

prononcés aujourd’hui par [ka]-; ce fut d’ailleurs la solution des anciens textes béarnais cités 

par Lespy; et ce qui était écrit XIIII à l’article 22 de la copie des XIII e -XIV e s. des Coutumes de 

Montsaunès est écrit quatorze dans celle des XV e -XVI e s. C’est aussi la graphie de G. Narioo (P.N. 

26, 9-10/1971, p. 9), R. Lapassade (Ua sason en païs bramader, 1988, p. 65, Requisitòri, 1991, p. 

37), J.-F. Tisnèr (livret du CD Camelicà, 1995, p. 1); en oubliant l’hapax en c-, c’est donc la bonne 

voie que nous a montrée P. Bec. 

– on lit encore chez cet auteur escartat (Contes…, p. 172), carrat (ib., p. 62), carrèu (ib., p. 

193) : ces graphies sont celles d’Alibert et aussi de Séguy qui écrit carrat, carrelat (ALG IV, 1276) 

cité p. 150; J. Taupiac, qui, pendant l’été 1975, « a travaillé avec Bernard Manciet à la normalisation 

graphique de son […] roman Elena » (Q.L.O. n° 4, p. 16) y écrit lui aussi carrat (p. 58); pourtant, 

le Civadot note quarrèu (v° carreau) et hésite entre quarrat (v° carré, oreiller) et carrat (v° 

foulard); d’où peut-être le quarrat de Danèu Menjòt (Letras deu men molin, 1991, pp. 49 et 50) et


de Lapassade (La cadena, 1997, p. 7); mais Menjòt écrit carrèu (ib., pp. 35, 55, 56, 62 et 76); Atau 

que’s ditz (1998), lui, écrit ces derniers carrat (v° carré, marelle, oreiller, soc) et carrèu (v° carreau, 

vitre). 

Devant une tel désordre, il faut savoir simplifier comme le français lui-même, qui est passé en 

1935 de quarré ou carré à carré seul actuel : comme tous ces mots sont de formation populaire et 

ont perdu depuis longtemps toute référence au nombre 4, on ne voit pas la raison de les affubler de 

ce qu exceptionnel; il faut écrire carrat, cadre (comme Manciet/Taupiac, ib., p. 21), cadrant, carrèu, 

carreladye / -dge, carrilhon, cadèrn (ou casèrn, Alibert, 1958), casèrna, et, sans doute, sans 

crainte de nous écarter du français, cartièr. Et quoique Bec (1956) ait écrit quaire {angle, coin}, il 

semble bien qu’on pourrait écrire caire comme Alibert, sauf à noter qüaire là où l’on prononce encore 

[kwa], ce qui permettrait de s’assurer que cette prononciation existe encore; et de même pour 

les dérivés, dont cairehorc {carrefour}, mot rare selon l’ALG III, 780, et toujours en [ka]-. 

On écrira aussi par ca- les dérivés de quant(um) qui ont perdu toute relation évidente avec lui, 

comme encant, encantar {encan, enchérir), le contexte empêchant de confondre ce dernier avec son 

homographe qui signifie “enchanter” (cf. A. Hourcade, 1990, p. 52 : Véner a l’encan {vendre à 

l’encan}). 

Enfin, les mots tels que antiquari (Bec, Racontes…, p. 55), iniqua (ib., p. 142) viennent 

d’adjectifs latins en -quus/-qua, ‘antiquus’ et ‘iniquus’ devenus antic et inic en oc; le Dic. de Narioo 

et autres donne à ceux-ci des féminins réguliers en -ca et dans La bíblia valenciana (1994), Narioo 

a écrit deux fois anticari (pp. 13 et 15), mais quatre, antiquari (pp. 56, 73, 96 et 199), repris dans 

son Dic. Ici encore, la simplicité appelle anticari comme vicari et antica et inica comme civica etc. 

On ne notera donc /ka/ par qüa/qua étymologique que dans deux séries de cas : 

– qüa dans les mots où le qua étymologique a conservé une prononciation plus ou moins générale 

en [kwa] : qüand, qüate, qüart et composés (qüarta, qüarturon, qüarton, etc…), qüau, et, 

comme variantes irréductibles éventuelles des graphies en ca- : qüaire et ses composés (qüairèra, 

qüairat, qüairar, qüairehorc, etc..); 

– qua dans les autres dérivés des latins quattuor, qualis ou quantum demeurés en relation sémantique 

claire avec eux : quatorze, quaranta, qualitat, quantitat; les autres suivent la règle générale: 

carrat, carrèu, carrilhon, encant, cartièr, cadèrn, casi… 

Le son /ko/ issu du latin quo 

Les mots en /ko/ issu de quo latin sont bien moins nombreux. Je n’en ai trouvé qu’une occurrence 

chez P. Bec, quotidiana (Contes…, p. 86), conforme à L’application… qui cite aussi liquor. 

Cela sent pourtant l’hyperlatinisme, puisque le latin lui-même avait très tôt adopté la forme cottidianus; 

à moins qu’on reproduise inconsciemment les graphies françaises quotidien, liquoreux, etc. 

On tombe d’ailleurs dans l’arbitraire le plus complet, quand par exemple le Dic. de Narioo et 

autres traduit “cote, coter, coté” et “cotation” par quòt-, mais “cotiser, cotisant” et “cotisation”, par 

cot- comme chez Alibert. Les uns seraient-ils plus “savants” que les autres ? À moins que le modèle 

d’Alibert n’ait été influencé par le languedocien escotisson qui vient d’un ‘escot’ francique ? 

J’estime bien plus conforme à l’esprit général de la graphie classique — sans parler de la tradition 

ancienne — d’éviter ces divergences inexplicables et ces complications souvent insurmontables 

pour le scripteur moyen; donc, comme pour le carrat d’Alibert et de P. Bec, je choisis d’écrire


licor (16), cotidian, cotacion, cotisa, cocient etc.; mais un quotà agricòla, sans toucher à ce mot latin 

entré en gascon par le français des règlements européens. 

Se rattache à ces mots le démonstratif très fréquent à l’écrit qu’Alibert et ses disciples écrivent 

aquò; mais on n’a aucune certitude sur son étymologie, comme le note explicitement J. Taupiac 

(1992, p. 447), pour conclure ainsi la page sur le sujet : 

« La graphie acò est parfaitement respectable : elle semble justifiée étymologiquement. 

Mais il est fort possible que la même chose puisse se dire de la graphie aquò […]. » 

Cependant P. Bec donne sans hésitation l’étymon *accu + hoc sans aucun q (1970, I, p. 445), 

en cohérence avec l’étymologie d’autres déictiques voisins (ib., p. 424), tandis qu’il présente des 

textes anciens où [kar] < ‘quare’ {car} est écrit quar (ib. p. 419) notamment dans les Leys d’amor 

(ib., p. 530) : or nul ne conteste la graphie car, pas plus que celle de com issu de ‘quomodo’ ou de 

còta, cotisar vus plus haut. 

Quant à la tradition, Taupiac montre que celle de l’occitan note aquo aussi bien qu’aco, sans 

qu’on puisse rien conclure. Pour ce qui est du gascon, je n’ai trouvé aucun aco dans les Coutumes 

de Montsaunès mais deux aquo dans la copie des XIII e -XIV e s. et cinq dans celle des XV e -XVI e s.; 

ni l’un ni l’autre dans les Récits d’histoire sainte (Lespy et Raymond, 1876-77) ni dans Un baron 

béarnais (des mêmes, 1878). Mais le manuscrit B des Coutumes de Corneillan, de la 1 ère moitié du 

XIV e s. (Ch. Samaran, 1953), contient deux aco; j’en ai trouvé un dans un règlement de voirie de 

Bayonne du 20 avril 1377 (Livre des Établissements, p. 208). Il est certain que le mot lui-même est 

rare, asso étant de loin le plus employé dans ces textes anciens. 

On a vu aussi p. 150 que Séguy a écrit pracò (ALG IV, 1344) mais aquò (ib. 2347, 2376 et 

VI-C, 20), tandis qu’on trouve acò chez Ravier. Et sous la direction de Jacques Allières, la couverture 

du n° 24 de Via Domitia, 1980-2 représentée ci-après affichait « L’Occitanie. Qu’es acò ? ». 

Mais peu importe ici, dans le système classique et ses principes, dont celui de la notation phonologique 

des mots d’origine populaire : la logique, la cohérence et la simplicité imposent acò.


Le devenir du -n dit “instable” ou “caduc” et sa notation 

Il s’agit de « l’ancien -n- intervocalique latin, devenu final par chute de la voyelle finale atone 

[…]. C’est l’n que les troubadours et scribes notaient ou ne notaient pas dans l’ancienne langue et 

que l’on désigne souvent pour cela du nom de n instable ou caduc. […] désignation assez peu 

scientifique mais commode. » J’ai emprunté ces lignes à P. Bec (1968, p. 49) car elles présentent 

très clairement le phénomène phonétique auquel il consacre un chapitre, en rappelant les nombreuses 

études qui lui ont été consacrées; mais ici, notre problème est de déterminer comment noter au 

mieux les prononciations qui en découlent sur l’ensemble du domaine. 

On a un aperçu de ces prononciations en finale tonique dans la carte 2170 de l’ALG VI publié 

en 1973, donc après la thèse de P. Bec; à chaque point est indiqué le nombre de réalisations 

constatées dans 10 autres cartes, selon la variété de ces réalisations : amuïssement complet, avec ou 

sans nasalisation de la voyelle précédente, ou prononciation vélaire du -n c’est-à-dire sensiblement 

comme le -ng de “dancing”. J’avoue avoir renoncé à utiliser cette carte pour “faire ma religion” sur 

le sujet. J’ai donc repris les dix cartes en question, auxquelles j’en ai ajouté vingt autres, dont deux 

dédoublées pour l’analyse des formes : 5 en -an, 6 en -en, 6 en -in, 10 en -on, 5 en -un. En mettant à 

part l’indéfini un, son composé degun et trois autres mots grammaticaux primitivement en -en (arren, 

quauquarren et taben) qui ont leurs isoglosses propres, cela permet de déterminer six zones à 

peu près homogènes (carte p. 325) : 

1 – la Gironde, moins les environs de Bazas et une étroite bande au sud d’Arcachon : dans la 

plupart des mots concernés la voyelle précédant le -n est nasalisée et le -n s’est amuï; 

2 – la Lomagne, jusqu’aux abords de Toulouse; la voyelle est nasalisée, le -n est dental; sauf 

pour can {chien}, où il est palatalisé en certains endroits [ka']; 

3 – la moitié nord-ouest du Béarn : la voyelle est nasalisée, le -n est muet; 

4 – la moitié sud-est du Béarn, la presque totalité des Hautes-Pyrénées et le Couserans : la 

voyelle a perdu toute nasalisation et le -n est muet; 

5 – le reste : sud de la Gironde, Landes, Lot-et-Garonne gascon, Gers sans la Lomagne, sud 

gascon de la Haute-Garonne (Comminges) et Val d’Aran : la voyelle est nasalisée, le -n est vélaire; 

6 – au sein de la zone qui précède, et empiétant sur le nord-ouest du Béarn, une zone ouest où 

-en a abouti à [e'] et même [e"] (ALG VI, 2128). 

Pour ce qui est de la graphie, nous pouvons écarter d’emblée les zones 3 à 5 qui sont sans 

problème : on peut noter -n et fixer pour chaque zone une règle de lecture valable pour tous les 

mots, selon ce qui est dit ci-dessus; il y a bien quelques exceptions, comme [jam'b,] {jambon} à 

Hagetmau qui prononce tout le reste en -["], mais on peut les négliger. 

En zones 2 et 6, pas de problème non plus pour noter la finale palatalisée ou yodisée, par -nh 

ou -i selon les règles générales : le can ou le canh; en zone 2, selon les lieux; plenh ou plei, tabenh 

ou tabei en zone 6; aucun intégriste de la normalisation occitane ne s’en est alarmé. 

Pour la zone girondine, la difficulté vient de réalisations disparates en un même lieu. Ainsi : 

– à St-Vivien, à la pointe du Médoc, et à Saucats, à 20 km au sud de Bordeaux, le -n est muet 

dans can {chien}, pan {pain}, porin {poulain}, lapin, mais vélaire dans hen {foin}, plen {plein}, 

parren {parrain (gallicisme très répandu)}, jambon, poison {poison}; 

– à Pujols-sur-Ciron, à 8 km à l’ouest de Langon, le -n est muet dans pan, plen, lapin, hiçon 

{dard (de guêpe) et poson, mais vélaire dans can, hen, parren, porin;


– dans l’Entre-deux-Mers, les deux points Beychac et Blasimon amuïssent le -n dans tous les 

mots étudiés, y compris dans canton {carrefour} et beçon {jumeau}, mais le prononcent vélaire 

dans hiçon, poison et grilhon {rillons}. 

Et l’on pourrait trouver bien d’autres discordances en étudiant les relevés sur l’ensemble des 

points d’enquête de la zone, sans compter les mots en -n non étudiés par l’ALG… Il est évident que 

la condition “canonique” de la graphie englobante n’est pas réalisée ici pour le -n; la seule solution 

conforme à l’esprit de la graphie classique serait donc de n’écrire le -n, au moins dans cette zone, 

que lorsqu’il est prononcé; mais alors, pourquoi l’imposer à la zone 4, pour laquelle il n’est même 

pas indice de nasalisation de la voyelle, alors que les troubadours ne l’écrivaient que lorsqu’il 

s’entendait — P. Bec nous le rappelait — et que les Catalans ne l’écrivent pas au singulier ? 

Pour la zone lomagnole, c’est un peu la même chose en moins grave : à part quelques réalisations 

en -['] déjà évoquées et qu’on notera par -nh, la quasi totalité des mots étudiés sont prononcés 

avec -n dental; mais on a relevé quelques -n vélaires, sans qu’on voie pourquoi ils s’écartent de ce 

qui pourrait passer pour une norme locale : arcolan {arc-en-ciel} et poson à Layrac, porrin et poson 

à Lectoure, qui hésite entre -[n] et -["] pour hiçon, lapin, et agulhon {dard (de guêpe)} à Léguevin; 

et aussi des -n complètement amuïs comme en languedocien voisin : aueran à Lectoure, plan {bien, 

adverbe} à Beaumont et Gimont, plan, pepin {grand-père} et beçon à Léguevin. Et là, à part la nonécriture 

du -n muet pour ces derniers cas, j’avoue ne pas voir comment distinguer en ces lieux le -n 

vélaire du dental. 

Et je n’entre pas dans la description de la dispersion des réalisations des pluriels : on trouve 

des -["s] bien affirmés aussi bien que des amuïssements en -[s], y compris en un même point; ainsi, 

Saleich, aux confins couseranais du Comminges, prononce tous les singuliers en -["] et beçons en - 

["s], mais heritons {grillons} en [s]. 

De tout cela, je conclus que la notation classique généralisée par -n fonctionne de façon satisfaisante 

dans la majorité du domaine, et qu’il vaut mieux s’y tenir, en acceptant que les quelques 

prononciations “hors norme” disparaissent, faute d’être transmises naturellement par les locuteurs 

habituels. 

Reste néanmoins la question des mots grammaticaux que j’ai écartés des considérations générales. 

Il y a d’abord l’indéfini un qui fait l’objet de six cartes de l’ALG (VI, 2485 à 2490) selon 

qu’il se trouve devant un t-, un g-, un l-, un h-, un a- ou es- de estiu {été}, et de son composé degun 

{personne}. C’est donc quelque peu différent suivant le contexte phonétique, mais cela reste cohérent 

avec le traitement général du -n dans les zones définies plus haut; donc avec aussi quelques 

discordances en zones girondine et lomagnole. Comme il s’agit d’un mot bien isolé et d’emploi fréquent, 

l’apprentissage de sa prononciation ne devrait pas trop souffrir de la graphie englobante un. 

Enfin, il faut faire une place à part aux trois mots grammaticaux que la graphie occitane écrit 

arren, quauquarren et taben. Sans doute parce que de grand usage, ils ont perdu toute trace de -n 

dans de très vastes zones qui par ailleurs prononcent la finale-en -[e"]. Cette graphie -en ne peut 

donc être “englobante”, et la seule possible est arré, donc le composé quauquarré, et tabé; avec 

évidemment les variantes irréductibles arren et taben pour les zones réduites où justement on prononce 

[ta'be", ar're"] : en gros, une bande centrale du Gers allant jusqu’au Haut-Comminges pour 

taben et Comminges pour arren (ALG IV, 1551 et 1346). 

En finale atone, dont ne parlent pas les grammairiens occitanistes, le -n- étymologique est


aujourd’hui muet partout; mais il réapparait en dérivation. Or si « colhon […] fig. sot, imbécile » 

justifie son -n qu’on ne prononce pas par le dérivé « colhonada, badinerie, plaisanterie, sottise, bévue; 

maladresse. » (Alibert, Dic.), on voit pas pourquoi le même Alibert écrit « ase, m. Ane […] 

asenada, ânerie, bévue. » : le -n- de ‘asinu’ est oublié, pour revenir dans le dérivé. J’estime donc 

que la cohérence du système classique (cf. p. 241) exige les graphies àsen {âne}, òmen {homme} 

(dim. omenet {petit homme}; dér. omenadye {hommage}); mais suivant l’adage de droit summum 

jus, summa injuria {pousser le droit jusqu’aux extrêmes conduit à l’injustice}, on ne notera pas ce - 

n en l’absence de dérivés où il réapparait : ‘imagine’ > imadye, car les dérivés gascons sont sans -n- 

(imadyat {imagé}), un mot comme imayinar {imaginer} venant directement du latin ‘imaginare’. 

Le -n(s) final 

Contrairement à ce qui s’est passé pour le -n- intervocalique latin devenu notre “n caduc”, 

lorsque l’étymon est en -nd- (unde, quando, retondus) ou en -nn- (annus, Johannem), le -n final 

s’entend [n] dans tout le domaine gascon (sauf “contaminations” analogiques). Pour prendre un 

exemple sur lequel Coromines (1990) s’est fort bien expliqué, pan se dit [pa] ou [p:"] selon les 

lieux s’il s’agit du « pain », et [pan] en tous lieux s’il s’agit d’un « pan » de mur (cf. ma note v° PAA 

in Lespy, 1887, selon ma réédition). 

Le problème est d’ailleurs le même en occitan standard (même s’il ignore les réalisations en 

["]). Rendant compte du Dic. de J. Taupiac de 1977, R. Teulat (1979, p. 63) estimait qu’« il aurait 

fallu noter à chaque fois le -N prononcé. Par ex. ban(n) contre pan, sans aucune notation. » Donc le 

noter de façon extra-orthographique, ce qui aurait obligé le lecteur à se reporter au dictionnaire pour 

savoir si le -n s’entend ou non, et qui plus est à un dictionnaire dans l’ordre du français. Une autre 

solution est celle de J. Taupiac (2001, p. 103) qui dresse des listes (non exhaustives) de mots relevant 

de l’une ou l’autre prononciation. On voit d’emblée le côté pratique ! 

Il y a bien la solution catalane : tandis que l’occitan termine de la même façon gascon {gascon} 

[gas'ku] et segon {segond} [se'gun], le catalan oppose gascó à segon. On en trouve une application 

chez Alibert, dont le Dic. donne le substantif « pataló, m. Lourdaud. » à côté de l’adjectif 

« patalon, adj., lourdaud. » (v° pata) et plusieurs dérivés en -on- de « rocó, onomatopée du cri du 

pigeon » : roconar, roconada, roconament, roconaira et même la variante « rocon, Reseda luteola, 

Donezan. » Incohérence du Maitre, erreurs… probablement. Mais comme tout lapsus, elles témoignent 

d’un problème véritable que ses disciples occitans ne savent résoudre que par des listes 

d’exceptions à apprendre par cœur. 

On a vu, p. 210, que J. Boisgontier avait jugé inutile de distinguer à l’écrit les deux -n du gascon, 

car le Gascon qui connait sa langue n’en a pas besoin et l’étranger s’y reconnaitra par l’étymologie 

latine. Mais que fera le Gascon d’aujourd’hui qui veut réapprendre une langue qu’il n’entend 

plus et le non-Gascon qui n’a pas appris le latin, ou qui rencontre un mot d’étymologie inconnue ? 

Je n’en voudrai que l’exemple de Le gascon de poche : comme signalé p. 216, le mot “vulgaire” 

écrit con, que tout autochtone sait dire [kun] est donné pour [koû] (p. 65) (A.P.I. [k,]), alors qu’on 

sait bien que ce mot ne saurait rimer avec gascon, correctement prononcé [gaskoû] (p. 5). 

Pourtant, il y a un siècle, l’abbé Césaire Daugé avait déjà proposé -n pour -/n/ et -ñ pour -/"/ 

(ou Ø là où il est muet)… Et l’abbé Dambielle, maitre aimé du jeune Ismaël Girard, les notait respectivement 

par -n et -$. Car la solution catalane qui supprime tout -n ne peut aller pour le gascon 

dont on vient de voir qu’une bonne partie du domaine prononce ["] en finale.


Comme P. de Garros et Coromines, et selon le principe G d’Alibert (cf. p. 238) je propose 

donc ond {où}, quand, ann {an}, Yann /Jann {Jean} opposés à can {chien}, hen {foin}… 

En cela, je ne suis pas isolé puisqu’on a pu lire dans le magazine de l’I.E.O. Occitans ! n° 89, 

p. 6 : « Article escrich par […] Fabian, […], Ioann, Simon e Vivian » du collège de Saint- 

Affrique. » Dans La Cabreta n°178 de février 2005, p. 9, Alan Bròc écrit brenn {son (de blé)}, etc. 

Aux 6 èmes personnes des verbes, le -nt étymologique aboutit à -[n] même là ou il s’entend [nt] 

dans les autres mots comme la hont {fontaine}. Aussi est-on contraint de le noter analogiquement 

par -nn, comme chez Garros et Coromines : que càntann {ils chantent}, que serann {ils seront}. 

Mais en dérivation, bien entendu, le -nn- et le -nd- se réduisent à -n-, selon l’évolution normale 

de la langue : Yann, Yana; grand, grana etc. 

Comme pour -rs, le groupe final -ns se lit par -[s] seul ou -["s] : los hens -> [lus hes]. Pour entendre 

-[ns], il faut rétablir un -t-, très généralement étymologique : avantz, (


p. 216 : pipèr {piment} y est donné avec la prononciation [pipè] (p. 89). 

Il faut y ajouter les mots savants et les gallicismes (èr {air}, pp. 64 et 152, escarturs {écarteurs}, 

p. 122 et bonur {bonheur}, p. 132 33 ), bien que rien n’en soit dit non plus p. 119 lorsque le 

gallicisme motur {moteur} (-r prononcé) est opposé à motor (-r muet) « qui correspond mieux aux 

exigences de la langue ». Or on ne peut traiter ces mots que de façon analogique comme l’ont parfaitement 

senti les anciens en leur donnant des dérivés en -rr- comme menturrèr, fierretat {mensonge, 

fierté}…; d’où les graphies analogiques que je propose : èrr, escarturr, bonurr, cancèrr 

{cancer}, esperr {espoir}. 

Mais en syllabe atone, le r simple de l’étymon, devenu final et amuï, n’est plus noté s’il ne réapparait 

pas en dérivation, a fortiori si celle-ci l’ignore : senhe {seigneur} (dim. senhet), maye / 

mage {plus grand} (fém. analogique maya / maja); mais líber {livre}, liberet {livret}. 

Le groupe final -rs pose le même problème : il se lit par -[s] seul : los devers {les devoirs} -> 

[luz de'!es]. Pour entendre -[rs], on notera analogiquement -rrs : divèrrs {divers}; les anciens ne 

procédaient pas autrement quand ils terminaient la préposition vertz {vers} < ‘versus’ par un -tz 

analogique. 

Le -d final 

Ici, c’est bien plus délicat : sans qu’on sache trop pourquoi, le -d- étymologique devenu final 

est tantôt prononcé [t] (nud {nu}, et en certains lieux, pèd {pied}, lèd {laid}, goad {gué}) tantôt 

muet (grad {degré}, et dans la majeure partie du domaine, pèd, lèd, goad). Sans logique évidente, 

les auteurs occitanistes écrivent pè et lèd. Avec plus de rigueur, je propose de noter toujours -d 

(pèd, lèd) sauf si le -d est muet partout et sans dérivation (la fe {foi} < fidem); il faut alors préciser 

les lieux où il est muet. 

-/t/ final, variante de /)/, noté par -t (5 èmes personnes notamment) 

L’application… traite la question des 5 èmes personnes en gascon par un alinéa dont La réforme… 

n’a pas l’équivalent pour l’occitan : 

« Le tz final des 2 ème pers. du pluriel des verbes et le ts final provenant de c, ti latins 

sera représenté par -tz : anatz, hasètz, dromitz, portàvatz, patz, prètz, crotz, perditz. » 

Dire que « tz final […] sera représenté par -tz » est une tautologie ! En réalité, il faut supposer 

qu’Alibert a voulu écrire « Le son tz… », comme dans les alinéas voisins, le son s, le son k…Or 

c’est encore une erreur, car précédé ou nom de la sourde [t], -z s’assourdit en [s], donc en 5 ème personne 

des verbes ou dans les noms cités, le son final est toujours /1/, soit ts selon la machine à 

écrire de 1952. 

Mais alors, quand la 5 ème personne s’achève en -[t] et non -[1], cette règle ne s’applique pas, 

et l’on retombe dans la notation générale par -t : anat [vous allez] et dromit [vous dormez] tout 

comme les participes passés anat [allé] et dromit [dormi], la prononciation étant rigoureusement la 

même, et le principe B voulant une notation phonétique des mots de formation populaire. 

On peut pourtant faire observer que parmi les principes de La réforme… que L’application… 

entend appliquer au gascon, le principe G de rétablissement des consonnes finales amuïes ou altérées 

(cf. p. 238) est illustré entre autres exemples par « anatz, patz, disètz ». Mais tous ces exemples 

sont languedociens et ne s’appliquent pas “juridiquement”, au gascon; bien au contraire, quand 

33 Et peut-être fièrs, p. 143, encore qu’on ne sache trop, même en tendant l’oreille, si le -r- est prononcé par la locutrice.


L’application… indique des formes qu’ « on choisira, autant que possible, pour l’usage littéraire » 

parce que estimée « les plus conformes à l’évolution normale de la langue et les mieux conservées 

», la finale -tz n’y figure pas, comme on peut le vérifier en Annexe XIII, p. 406. 

Au demeurant, Alibert, ceux qui l’ont assisté et Séguy (cf. p. 154) à qui le texte de 

L’application… fut soumis auraient pu avoir des scrupules à rejeter les formes en -[t] des 5 èmes personnes, 

car la carte 1627 de l’ALG V montre que sont celles d’une bonne moitié du domaine, et la 

plus éloignée du domaine languedocien. 

Ce phénomène a déjà attiré l’attention des linguistes, au moins depuis Jean Passy (1904, p. 

69), et en dernier lieu, à ma connaissance, de Thomas Field dans une intéressante contribution à 

l’Hommage à Jacques Allières (2002, pp. 101-108). 

Jean Passy y voyait une réduction de -[1] issu de ‘-tis’ latin, et Rohlfs (1977, 213) suppose 

une analogie avec la perte du -s de ‘cantamus’ > ‘*cantamu’. Mais P. Bec (1968, pp. 196-7), écarte 

cette hypothèse, estimant que la même réduction aurait dû toucher également « dans les mêmes parlers, 

des mots comme buts, parts, kruts (< VOCE, P+TEU, CR+CE) »; il constate au contraire que 

c’est en -[t] que se réduisent ces mots « devant une cons. dentale [...]. D’ailleurs, il semble bien que 

le -tz désinentiel tende à se simplifier par perte de son élément occlusif plutôt que de son élément 

spirant », donc [1] > [s]. Le domaine gascon aurait donc eu des finales en -[t] « par une différenciation 

morphol. remontant aux origines. », de telle sorte qu’« à la phase romane, le gasc. aurait ainsi 

rejoint l’a. cast. et l’a. port.: cantades, avedes, dormides. » 

Et tout en mentionnant que « Cette désinence se retrouve en gévaudanais (dès le XIII e s.), cf. 

RONJ., III, pp. 138, 59 et ALIBERT, Gr. Occ., p. 105 », il estimait « qu’elle est, en gros, spécifique 

du seul gascon. » Il en donnait par ailleurs l’extension approximative telle qu’on pouvait alors 

l’apprécier par l’ALG Il, 401 “vous avez un beau...” et ce qu’en disaient Rohlfs, Ronjat, Passy et 

Lespy, tout en comptant sur la publication prochaine de l’ALG V pour en savoir plus. 

C’est fait depuis 1971, puisque j’ai pu en citer plus haut la carte 1627. À la p. 227 du Fascicule 

2, J. Allières propose sa propre réflexion sur l’origine de ce phénomène; dans une longue note, 

il rapproche « le -t au lieu de -ts à la pers. 5 de la forme que prend généralement en Gascogne le 

continuateur de la géminée latine -LL en finale romane. » Il rappelle alors que « A. Martinet s’était 

demandé (Économie des.changements phonétiques, 11.25, p. 277, note 47) si ce -t n’héritait pas 

d’un ancien -ts dont l’élément sifflant final aurait été interprété comme une marque de pluriel : à 

*kas’tèts (cf. le type kas’tète au SE), de CASTELLU, se serait alors substitué dans la majeure partie 

du domaine gascon l’actuel kas’tèt ». Il cite alors plusieurs exemples qui appuieraient l’hypothèse 

de Martinet et ajoute : « Si tous ces substantifs et adjectifs ont été effectivement “corrigés” par ablation 

du -s de *-ts, un *-ts de pers. 5 n’aurait-il pu être entraîné par la vague ? » Un nouveau rapprochement 

avec les 3 èmes personnes en -[t], [kret, kat, bet], des verbes créder, càder, véder {croire, 

tomber, voir} suivant une même répartition géographique donne « une image globale […] selon laquelle 

un certain foyer de “gasconnité” se situerait dans les Pyrénées-Atlantiques, groupant des 

terminaisons en -t d’origine variée mais toutes issues d’un -ts conservé ailleurs. » 

Coromines (1992, p. 126) y voit plutôt une réduction « conditionnée par des faits de phonétique 

syntaxique » en s’appuyant notamment sur l’ALG III, 908 “fermez (la porte)” où il est patent 

que devant l’article la, avec ou sans assimilation, le -[t] s’étend bien au-delà du domaine que lui reconnaissent 

les cartes 401 et 1627.


Th. Field préfère mettre en avant le témoignage des textes bigourdans et béarnais où les finales 

ne sont qu’en -tz jusqu’au XVI e s., laissant supposer que la perte du -s est relativement récente. 

Quoi qu’il en soit des origines et des causes, les éminents spécialistes du gascon que sont Bec 

et Allières voient dans ce -[t] des 5 èmes personnes un trait spécifique du gascon. Or curieusement, je 

n’ai pas su trouver mention des prononciations gasconnes en -[t] ou -[s] chez la plupart des grammairiens 

occitanistes du gascon : ni P. Bec dans un ouvrage antérieur, de 1959; ni R. Darrigrand 

(1969-1), qui ne mentionne même pas le digramme -tz, tout en faisant de l’opposition cantats 

{chantés} à cantatz {vous chantez} un exemple du caractère « fonctionnel » de la graphie classique 

(p. 6); ni le même (1974); ni encore le même et M. Grosclaude (1976); ni ce dernier (1977); ni A. 

Hourcade (1986); ni A. Blanchi et A. Viaut (1995); ni M. Grosclaude et G. Narioo (1999), ces deux 

derniers ouvrages étant pourtant spécialisés sur les conjugaisons. Le Civadot (cf. p. 159) est à ma 

connaissance le premier ouvrage “grand public” à mentionner l’amuïssement du -z du -tz final des 

5 èmes personnes : « que cantatz (ce z est généralement muet en Béarn) » (p. 21), ce qui est redit p. 

27; comme l’ouvrage ne vise que le Béarn, c’est honorable. Comme auteurs de grammaires, J.-P. 

Birabent et J. Salles-Loustau (cf. p. 167) abordent le sujet, mais ils n’ont apparemment pas consulté 

l’ALG ni lu P. Bec, car on lit seulement, p. 24 : « La prononciation [ts] du groupe final -TZ caractéristique 

de la 2 ème personne du pluriel se réduit parfois à [t] (Béarn en particulier) » : le « parfois » 

temporel trompe, car c’est dans l’espace que se fait le partage, et bien au delà du Béarn (sans ses 

vallées); la Bigorre notamment, où exerce le premier auteur, prononce massivement [t]. 

Tout cela pour dire qu’avec d’aussi maigres indications, la graphie -tz aura vite fait disparaitre 

une prononciation gasconne caractéristique qui affecte la moitié du domaine… 

Cependant, l’exemple de l’orthodoxie… et du bon sens comme de la fidélité à la langue nous 

a été donné par J. Séguy et X. Ravier (cf. p. 154). Comme eux, j’écrirai donc qu’anat, que dromit. 

Corrélativement, on écrira adixat/adeixat dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes- 

Pyrénées qui prononcent en -[t], adixatz/adeixatz dans le reste du domaine (ALG III, 1064); on ne 

voit pas en effet au nom de quoi on unifierait la graphie de ce pluriel, alors qu’on admet parfaitement 

d’écrire adiu ou adieu selon les lieux (ALG III, 1063), la zone de adieu étant au demeurant 

bien plus réduite que celle de adixat. 

De même, les réalisations locales en -[t] de mots généralement prononcés en -[1] sont des 

“variantes irréductibles” qui ne pourront être notées valablement que par -t; c’est d’abord le cas de 

ditz {il dit} prononcé [dit] sur un bon quart du domaine (ALG V, 1874 : nord du Béarn et de la Bigorre, 

nord des Landes, ouest et sud du Gers, Bazadais et Néracais); et aussi de dètz, prètz, votz et 

autres, prononcés [d!t] (ALG VI, 2389), [pr!t] et [but] etc. (Palay : en Bigorre et Gers, dèt, prèt, 

bout, etc.); ils auront pour variantes dit, dèt, prèt et vot, etc. 

-/s/ final des 5 èmes personnes noté par -s ou -tz ? 

Le même raisonnement vaut pour les zones réduites où les 5 èmes personnes sont en -[s], puisque 

la notation par -tz n’est prévue que pour -[1]; la règle est que -s note -[s], mais « lorsque s sourd 

provient de […] ti latin[s], on le note, selon les cas, par ç ou c » (cf. annexe XIII, p. 407); la marque 

des 5 èmes personnes venant de ‘-tis’ latin, ce serait donc -ç qu’on devrait écrire : qu’anaç, que dromiç; 

je doute que cela convienne aux intéressés, qui préfèreront sans doute le -s banal : qu’anàs, que 

dromís; cependant, comme -[s] est une simplification de -[1], le noter par -tz serait envisageable, 

car cela ne risquerait guère d’altérer la langue de ces endroits; aux usagers de décider.


-/ts/ final noté par -tz ou -ts, selon les cas 

Ceci précisé, je ne vois pas d’inconvénient à ce que -/1/ final soit écrit -tz dans les conditions 

fixées par L’application… Pourtant, le critère d’emploi n’est pas simple; certes, pour les 5 èmes personnes, 

il est grammatical, donc facile à mettre en œuvre; mais recourir à l’étymologie pour les autres 

cas n’est pas à la portée de tous. 

Bien plus simple est la règle incluse dans les normes officielles aranaises, adoptées sur proposition 

d’une commission où siégeaient plusieurs Français (cf. p. 158) : 

« 23. tz […] en position finale s’entend comme ts [1] : auetz, ditz, prètz (vous avez; 

dites; prix). On n’utilise la graphie ts en position finale que lorsqu’elle correspond au pluriel 

d’un mot terminé en t : auets, dits (avets, dits). » 

C’est donc écarter la référence à l’étymologie et revenir au principe B de La réforme… de 

graphie phonétique des mots de formation populaire; n’étant plus que grammaticale, la règle est à la 

portée de toute personne qui veut écrire. 

Il faut pourtant affiner cette règle, car au pluriel de mots en -t, il faut ajouter : 

– les formes brèves de la 2 ème personne de quelques verbes : la plus connue est que pòts pour 

que pòdes {tu peux}; mais il y a aussi que dits, que plats pour que dises, que plases {tu dis, tu 

plais}, homophones de la 3 ème pers. que ditz, que platz; est ainsi célèbre — et mal orthographié 

d’ordinaire — le vers de la chanson Rossinholet : 

Que’t plats e que t’encantas {Tu te plais et tu t’enchantes 

Auprès de ta mieitat. Auprès de ta moitié} 

Ces formes en -ts s’opposent ainsi aux formes en -tz des 3 èmes personnes de verbes en /1/ : 

– d’étymon latin en ‘-cere’ ou ‘quere’ : ‘conducere’ > condúser, que condutz; ‘coquere’ > còser, 

que còtz; ‘dicere’ > díser, que ditz; ‘jacere’ > yàser / jàser; que yatz / jatz; ‘nocere’ > nòser, que 

nòtz; ‘placere’ > plàser, que platz; ‘tacere’ > tèser; que tètz 34 ; 

– ou d’étymon latin en ‘-dere’, par analogie, du fait de l’identité des terminaisons d’infinitif 

en -ser en occitan et dans le gascon des régions de contact, jusqu’au Vic-Bilh; ce sont des formes 

moins répandues que les précédentes, et moins que les formes en -d, correspondant à l’infinitif en 

-der et rappelées ici pour les deux premiers verbes (cf. ALG V, 1847, 1851, 1864) : ‘cadere’ > càder, 

que cad ou càser, que catz; ‘credere’ > créder; que cred ou créser; que cretz; ‘fodere’ > hòser, 

que hòtz; ‘prurire’ > ‘*prudere’ 35 > prúder; que prutz; ‘ridere’ > arríser, qu’arritz; ‘sedere’ > sèser 

(en 2 points seulement de l’ALG IV, 1546), que sètz; ‘videre’ > véser, que vetz. S’y rattache que 

cotz, du verbe cóser {coudre}, issu, lui du latin ‘consuere’ (cf. R. Darrigrand, 1974, p. 130). 

La graphie aranaise en -tz étendue à l’ensemble gascon concerne donc finalement : 

– les mots déjà écrits ainsi : les 5 èmes personnes des verbes en -[1], et divers mots issus de c ou 

ti latin (alavetz, arraditz, crotz, dètz, que ditz, lutz, patz, perditz, que platz, prètz, putz, soritz, vitz, 

votz…) {alors, racine, croix, dix, il dit, lumière, paix, perdrix, il plait, prix, puits, souris, vis, voix}; 

plus d’autres plus rares, cautz {chaux (en Bazadais)}, hautz {faux} (ALG II, 339), heutz {fougère}, 

graphie de B. Manciet, et des mots en -rtz prononcé en [r1] ou en [rs] selon les lieux : dimartz (< 

dies Martis) {mardi}, martz (< martius [mensis]) {mars}… 

34 Forme supposée; en face de carar, très majoritaire et de taisar dans le nord du domaine, l’ALG IV, 1597 ne signale 

tèser que dans une étroite bande du gascon maritime, de Bayonne à Vielle-St-Girons; mais le mot manque au Palay et 

même à Que parlam (cf. p. 172) alors que Mistral le mentionnait comme béarnais (mais vu de Maillane…). 

35 Forme populaire supposée par l’italien prudere, probablement par dissimilation.


– les 3 èmes personnes analogiques de l’indicatif présent (et 2 ème de l’impératif) des verbes en - 

s- d’étymon latin en -d- : que vetz, qu’arritz…, opposées aux 2 èmes brèves homophones que veds, 

qu’arrids… 

– les invariables en -t + [s] adverbial, adverbes en -ment principalement; on en compte quelque 

140 dans le Lespy, plus nombreux que les formes sans -[s] : amagadamentz, amigaumentz, 

amorosamentz, amplementz, etc. {en cachette, amicalement, aimablement, amplement} et aussi 

avantz, avantz-ger, de noeitz {avant, avant-hier, de nuit}; 

– les autres invariables en -[1], tels que dedentz / dehentz, dentz / hentz, sentz / xentz, xetz / 

xètz {dedans, dans, sans}; 

– les gérondifs en -[ns] du nord-ouest des Landes et de la Gironde de rive gauche (ALG V, 

1753) : en aimantz, en escriventz, en sortintz {en aimant, en écrivant, en sortant}; 

– les mots techniques adoptés en l’état : hèrtz, quartz (le quars catalan se lirait [kwas], comme 

las mars {les mers}), etc. 

– et des toponymes, Basatz et de nombreux noms pyrénéens notés en -tz dans les textes anciens 

de la meilleure époque, pouvant correspondre à un suffixe basque en -[1] (Grosclaude, 1991, 

p. 378) : Aràmitz, Berdetz, Biarritz, Gurtz, Jöèrtz, Laruntz, Lhèrtz, Pietz, Sendètz, Vernadètz. 

/dz/ et /ts/ intervocaliques notés respectivement par -dz- et -ts- 

En languedocien (et en provençal, à en juger par le Trésor du Félibrige) les mots achevés par 

-tz dérivent en [z] noté par -s- : crotz, “croix” prononcé [kru1] donne [kru'za], donc crosar; il en est 

de même pour les pluriels dits sensibles : patz, pases, prètz, prèses, crotz, croses (Alibert, Gramatica, 

p. 51). C’est sans doute la raison pour laquelle La réforme… n’aborde pas le sujet, qui ne pose 

pas de problème. 

Mais en gascon, Palay nous donne croutzà, et les occitanistes, crotzar (Darrigrand, 1969; Civadot, 

1984; Narioo & autres, 2003) pour une prononciation qui reste à deviner — j’y reviendrai —, 

ce dont Alibert ne dut avoir connaissance, de telle sorte que L’application… n’en dit rien non plus; 

de même, J. Taupiac dans La prononciation normalisée du gascon (1963). Comment écrire le gascon 

de R. Darrigrand (1969) ne fait qu’effleurer le sujet : il indique que les lettres de l’alphabet gascon 

« peuvent se combiner en (…) tz (crotzar : croiser) » (n°1) et que « le “s” sonore (…) après 

consonne est noté “z” (…) dotze : douze » (n° 19); mais ensuite, rien sur tz dans les paragraphes 23 

à 33 consacrés aux « Groupes de consonnes », ce qui laisse penser que tz se prononce toujours [tz], 

y compris en finale ! Le Civadot, nous l’avons vu plus haut, traite de tz en deux endroits, (p. 21) en 

spécifiant bien la prononciation -[1] du -tz final, en dehors des 5 èmes personnes; mais il ne dit pas 

non plus comment on prononce à l’intervocalique, comme dans crotzar {croiser}. 

Or malgré ce que laisse entendre R. Darrigrand, [tz] est exclu, parce que imprononçable sans 

effort particulier, du fait de l’assimilation naturelle des sonorités; ce sera donc [+] ou [1]; mais lequel 

? Comme la graphie moderne de l’Escole Gastou Febus connait le même problème, c’est à travers 

la somme que représente le Palay qu’on a le plus de chance d’apercevoir la solution. Je renvoie 

donc à l’étude qui en est faite au chapitre suivant, p. 326 sqq. dont les premières conclusions sont 

confirmées par le peu qu’en donne l’ALG (p. 327). 

Ici, je pousserai l’investigation à travers nos anciens textes, première référence de la pensée 

de la réforme “alibertine” (cf. p. 234). Or ces textes présentent la même hésitation que les Félibres


pour noter ces affriquées qui, au demeurant, sont rares. 

Il faut déjà éliminer la rencontre d’un -t final et d’un s- initial de parties de mot composé, 

comme Montsaunés ou Labatsus (Luchaire, 1881, p. 17) ou, chez un moderne, pòtsarrada {lèvresserrée, 

“pincée”} (J.-L. Lavit, Zocalfar !). 

De même, sont probablement en [1] les noms basques, le plus souvent notés pertinemment 

par -ts- : contra, Daradzu (Luchaire, p. 78); mais madone Metsen Ysalguere (Luntz, p. 144), Hetse 

(ib., p. 147) qui s’identifie à Ahetze, fief de la commune basque d’Odiarp selon les éditeurs; ou encore 

Metssague /Metsague, dans un acte du notaire de Navarrenx de 1385 (P.N.-P.G. n° 184, 1- 

2/1998, p. 6). 

Pour le reste, on trouve souvent -tz- pour les nombres dotze, tretze et setze ainsi que detzau 

{dixième} selon la scripta toulousaine et catalane, mais aussi -dz- selon la prononciation et 

l’étymologie, notamment chez le notaire vicomtal Bernat de Luntz : dodze, tredze et sedze et aussi, 

le titre empadziment {acte mettant fin à une dissension entre familles ayant entrainé plusieurs morts 

violentes} (p. 53). 

La confirmation de l’hésitation graphique se trouve par exemple dans les variantes des mêmes 

dérivés de patz {paix} dans l’article 5 du For d’Ossau (Les fors anciens de Béarn, éd. par P. Ourliac 

et M. Gilles) : padsee, patser, paser, patzort. 

Chez les auteurs modernes, les adeptes de la graphie classique usent très généralement de -tz-, 

sans que l’on sache davantage comment prononcer. Est cependant significatif le constat qu’on peut 

faire avec Lous trés gouyats de Bordebielhe de Palay et sa transcription classique par R. Darrigrand, 

l’auteur averti de Comment écrire le gascon (cf. p. 157) : Palay avait écrit une fois doutsene (p. 34), 

quatre fois doudzene {douzaine} (pp. 39, 67, 101 et 104); Darrigrand fait l’inverse, une fois dodzena 

(p. 122) et quatre fois dotzena (pp. 72, 78, 175 et 179) ! D’autres, et non des moindres (Séguy, 

cf. p. 150, Narioo, Manciet…), usent aussi de -dz- pour dodze, tredze et sedze. 

Pour -[ts]-, rare, on a vu P. Bec écrire deux fois, pp. 172 et 217 de ses Contes de l’Unic 

(1977), un ambigu batzarra {bagarre}, mot probablement venu du basque, où le -tz- garde sa valeur 

basque; mais il s’est “corrigé” dans Sebastian (1980), avec batsarra, p.110. Cette graphie semble 

faire maintenant l’unanimité. 

Estimant que la graphie doit être au service de la prononciation et lever toutes les hésitations, 

je conclus à la notation générale de /dz/ et /ts/ intervocaliques respectivement par -dz- et -ts- : crodzada, 

pudzar {puiser}… comme dodze, eudze {yeuse}…, et batsarra, batsacar {ressasser, saccager}; 

le passage de dètz à dedzau s’inscrit en effet dans la même logique que celui de aimat à aimada. 

Et, bien sûr, pour les formes non-affriquées, /z/ sera -s- entre voyelles et /s/, -c- o -ç- : crosar, 

pusar, Croselhas (Grosclaude, 1991, p. 161), paceria {accord de paix}, viçar {visser} (et non vissar 

à la française comme dans le Civadot et chez G. Dulau, qui écrit cependant desviçar). 

Mais la solution phonologiquement correcte, facile à écrire et facile à lire, Roger Lapassade 

l’avait donnée spontanément avec « crodzan » dans Aspa, poème inédit du 3 janvier 1982; c’est le 

cadeau qu’il avait offert en février aux participants du stage de béarnais de Bedous en Vallée 

d’Aspe, le premier que je suivis :


« Le chemin nous enseigne, et aussi le troupeau. Le chemin où se croisent, en un 

songe fumeux, le moine, le soldat, le berger, le pèlerin…» 

Peut-on conserver la lettre x en dehors de sa valeur ['] ? 

On ne peut aborder cette question sans rappeler les principes A et B d’Alibert dans La réforme… 

(pp. 234 et 235 ci-dessus) : le premier base la graphie « sur l’emploi des mêmes notations 

empruntées en grande partie à notre ancienne langue » et le second entend conserver « la graphie 

d’origine des mots savants grecs ou latins », tout en remplaçant 7 graphèmes latins issus du grec par 

des graphèmes “modernes”. Or l’« ancienne langue » gasconne a réutilisé la lettre x avec la valeur 

[#] qu’elle avait acquise dans le latin parlé : ‘axis’ > èx {essieu} (cf. plus haut, p. 266), tandis que la 

langue écrite des clercs et des scribes se chargeait de mots que l’on dit “savants”, avec des x gardant 

plus ou moins leur valeur primitive : examina, taxa etc. Mais déjà, pour éviter les confusions, on 

voyait apparaitre des graphèmes tels que cx pour garantir la prononciation [ks] : Acx {Dax}, tacxan 

{taxèrent} (For d’Aspe, art. 11), vecxat ou becxat {accablé} (Testament Abbadie, 1484), relacxar 

{relâcher}, becxations {vexations} (Un baron béarnais, v. 1505), etc. 

Il est donc légitime de penser que si Alibert avait vraiment connu le gascon et l’histoire de son 

écriture, il aurait à la fois consacré la valeur [#] de x, au lieu d’aller chercher le très rare sh, et le 

remplacement du savant x par son équivalent cs ou autre, comme celui du savant ph par f etc. 

Et quand j’écris « équivalent cs ou autre », c’est parce que la question de la prononciation 

gasconne du x “savant” est loin d’être évidente. En languedocien, à en croire Alibert (Gram. p. 27), 

la réponse est simple : « Le groupe cs ou x est prononcé ts : exemple, diccionari (etsemple, ditsiunari). 

»; remarquons au passage que l’exemple diccionari présente le groupe cc pour illustrer cs, ce 

qui n’est pas très rigoureux, et montre que cc devant e ou i est rendu comme cs. 

Mais en gascon le plus authentique, la prononciation [ks] existe bel et bien; c’est celle que 

choisit J. Taupiac (1963, p. 12) pour la « prononciation normalisée » de -cs, en contraste avec -[1] 

du languedocien; au sein des mots, il suffit pour s’en convaincre de lire chez Arnaudin bacsa {cesser, 

s’arrêter}, lecsoun {leçon}, nicséyre {nécessité, besoin}, relacsa {ralentir, relâcher}, tracsa 

{croiser (les jambes)} et tricsa {bondir, gambader}, que J. Miró transcrit fidèlement bacsar, lecçon, 

nicsèira, relacsar, tracsar et tricsar. De même chez Palay, qui écrit d’Acs {Dax}, arredicsè {ensemble 

de racines}, bacsà, et surtout les mots “savants” accedà {accéder} (accès, accessibl", accessioû, 

accessòri, inaccessìbl"), accelerà {accélérer} (acceleracioû, acceleratou), accén {accent} 

(accentuà, accentuacioû), acceptà {accepter} (acceptàbl", acceptacioû), accidén {accident} (accidentàt), 

baccî {vaccin} (baccinà, baccinacioû, rebaccinà), Occitâ ou Ouccitàn, succedà {succéder} 

(succedàn, succedanàt, succès, successibilitàt, successibl", successioû, successòri, successoù), plus 

tous les mots en x devant voyelle cités plus loin p. 285. 

L’ALG nous confirme [ks] en finale : dimèrcs ne se prononce nulle part en -[1], et [dim!rks] 

est bien affirmé dans le sud-ouest des Landes (III, 1040); et si la carte de synthèse VI, 2217 montre 

bien des finales -cs (hoecs {feux}) en -[1] dans le tiers est du domaine, voisin du languedocien, il


n’y en a aucune dans les deux-tiers restants. C’est là un exemple de la solidité des consonnes finales 

qui caractérise le gascon dans l’ensemble d’oc (Bec, 1973, p. 18). 

Mais l’existence de ce [ks] n’empêche pas un traitement particulier du x, et spécialement dans 

le préfixe latin ex devant voyelle. Certes, M. Grosclaude (1977) n’en dit rien dans les règles générales 

de prononciation (pp. 19-20), et le Mémento grammatical (cf. p. 167) est on ne peut plus succinct 

« X [kz] devant voyelle ou [s] devant consonne. » (p. 24), avec pour seuls exemples exemplari 

et extraordinari, tous deux relevant du cas particulier de ex -. Voyons donc ce qu’il en est : 

Devant consonne, la norme est [s], comme l’a bien vu le Mémento avec extraordinari, à 

l’exception cependant du traitement du préfixe ex devant /s/. En fait, on ne rencontre x que devant 

occlusive sourde (c valant [k], qu, p et t) : excusar, expausar, exterior; c’est donc [s], contre [ks] 

en français soutenu. Cela n’est pas nouveau, puisque les Fors anciens de Béarn usent fréquemment 

de l’expression test de for generau; {texte de for général} et titrent l’art. 37 du For général : Rubrica 

e test suus camiis {Rubrique et texte sur les chemins}. Mais les Fiches de grammaire… donnent 

les deux prononciations pour ex-, « [es / eks] 2 » avec le renvoi (2) : « Prononciation savante » (p. 

39). Comme on peut supposer que « savant » est plus valorisant, le gascon “relevé” devient une succursale 

graphique et phonétique du français; vaut-il alors la peine de l’apprendre ? Pourtant, Lespy 

notait avec pertinence (Grammaire) : 

« 167. — On dit aussi (influence de l’écriture et de la prononciation fr. de ex : — A 

maa dextre, à main droite, expert, expert, expleyt, exploit, expausa, exposer, explica, expliquer; 

mais on entend plus souvent et l’on écrit comme on prononce: destrau, cognée, espert, 

espleyt, espausa, esplica; et, pareillement : — escouminye, excommunication, escusa, 

excuser, espudi, détester, estene, étendre, estrege-s, se retirer, etc., etc. » 

Il est vrai que, selon Niedermann (1931, 1940, n° 101), cette évolution de la prononciation 

remonterait au latin dit vulgaire, et quand Lespy voit dans la prononciation en [ks] une influence 

française, il méconnait la prononciation « négligée » du français qui, elle aussi, élimine le [k], 

comme le remarquait encore Niedermann : 

« Remarque.—Il est curieux de retrouver la même réduction du groupe k + s + occlusive 

sourde à s + occlusive sourde dans la prononciation négligée du français actuel, où excuse, 

expliquer, exprès, extraordinaire sonnent souvent escuse, espliquer, esprès, estraordinaire. 

» 

En tout cas, par sa graphie en es- dans ces cas-là, Mistral montrait que tous les parlers d’oc 

ont prolongé l’évolution du latin parlé en rejetant tout [ks] devant occlusive sourde : escavacioun, 

escoumpta, escusa, espedi, espleita, espourta, estermina, tèste, pretèsta, etc. 

L’exception, c’est le préfixe ex devant ce ou ci et devant s : [eks], sauf peut-être [e1] sur les 

marges voisines du languedocien, voire à Bayonne; les graphies de Palay ne laissent aucun doute 

sur [eks] : excedà {excéder} (excedàn, excedén), excelà {exceller} (excelàn, excelance), excepcioû 

{exception} (excepciounàu, exceptà), excès (excessìu), et a fortiori excità {exciter} (excitàbl", excitacioû) 

en raison de la graphie phonétique sureccità sur la quelle je reviendrai (p. 331); de même les 

quatre entrées en exc- du Lespy. Quant aux Fiches de grammaire…, elles donnent les deux prononciations, 

sans les localiser, avec les exemples excès, excellent et exsudar. 

Devant voyelle ou final, la norme est [ks], avec l’exception du traitement du préfixe ex. En 

témoignent les nombreuses graphies anciennes rappelées plus haut : Acx, tacxan, vecxat ou becxat, 

relacxar, becxations… On ne peut évidemment y voir une influence du français, mais seulement de la 

prononciation “normale” du latin, car il s’agit surtout de mots “savants”, mais de même phonologie


que les “populaires” arredicsè, bacsa mentionnés p. 283, et encore plus des suivants, dont la prononciation 

en [ks] ressort à l’évidence des graphies de Palay : circounflècc" ou -flèx", flucs ou flux 

(fluccioû ou fluxioû), relacçà ou relaxà {relaxer} (relacç" [sic] ou relax"), retacçà ou retaxà {retaxer} 

(retacçasioû [sic] ou retaxacioû). Pourtant, les Fiches de grammaire… ne donnent que [1] 

dans les deux exemples luxúria et luxe (pp. 33 et 35), selon le traitement languedocien. Cela doit 

pourtant être assez rare; dans les Coundes biarnés de Yan Palay, père de Simin, on lit « Que fitssén 

lou menut » {ils fixèrent le menu} dans La ribote a boû counde, mais « que serèy ficsat » {je serai 

fixé} dans Lou Curè de Seroû e lou mounye, et aussi « yenuflecsioûs » {génuflexions} dans Lou 

curè de Sèdze e lou talhur. Lespy donne letsoun {leçon} pour la région de Bayonne; ce serait une 

variante du lecsoun d’Arnaudin, plus au nord dans le domaine; et chez Rectoran († 1952), les prénoms 

bayonnais Alètsandre, Alètsis et Félits; mais Que parlam ! (1996) transcrit phonétiquement 

par x français celui de anexa (p. 82) et de boxa (p. 124). On en reste donc avec la norme [ks], ici 

comme en finale, avec la possibilité de [1] en certains endroits. 

L’exception, c’est encore le préfixe ex, [e+] : « Examen. Prononcez bien “edzamén” » 

(Grosclaude, 1977, p. 49). Les Fiches de grammaire d’occitan gascon normé (cf. p. 170) donnent 

également la prononciation [egz] (et non [kz] du Mémento !), mais le seul exemple exercici est en 

[+] (p. 35); [gz], prononciation française, n’est pas recommandable pour un gascon authentique. 

Que faire donc pour la graphie ? L’affectation de x au rendu multiséculaire de /#/ et la complexité 

de sa “bonne” lecture en gascon authentique nous empêchent de lui donner d’autres valeurs. 

Il apparait à l’évidence que s’impose l’abandon de cette lettre généralement biphonématique, 

comme à ses origines grecques, et de la remplacer par les graphèmes exprimant directement ses valeurs 

actuelles. C’est le plus sûr moyen d’éviter la francisation de la prononciation par des lecteurs 

peu familiarisés avec la parole vivante et authentique. 

Mais ce n’est là qu’avancer sur une voie ouverte depuis longtemps par les maitres que furent 

par exemple Camélat, Girard ou Alibert : en 1895, Camélat annonçait le tirage de Et piu-piu déra 

me laguta (1895) en « 20 edzemplàris sus papè luzen, 180 edzemplàris sus papè tintat. »; quand Girard 

titrait un article « L’etzemple dos Catalans » (Lo Gai Saber, n° 19, Set.-Oct. 1922, pp. 236- 

239), c’est parce que tz lui parait mieux exprimer le /+/ de la prononciation que le x étymologique 

conservé par le français; quand Alibert (suivant probablement les Catalans) nomme « icsa » la lettre 

x (Gram. p. 8), faisant d’elle une des rares à ne pas figurer dans son propre nom, c’est parce que ixa 

pourrait être lu ['i#œ] au lieu de ['iksœ]; en 1967, les occitanistes de Per noste eux-mêmes titraient 

« UN EDSEMPLE DE TEXTE DE DROLLA » (cf. Annexe XVI, p. 419), avec un ds curieusement opposé 

au tz de Girard pour un même /dz/, mais peu importe…; enfin, en 1995, les Fiches de grammaire… 

plusieurs fois citées, écrivent « icsa », comme Alibert (p. 21). 

Le résultat est résumé dans le tableau suivant : 

Devant 

consonne 

Devant 

voyelle 

Cas général Préfixe “ex” 

s : escusar, 

espausar, 

tèste, 

estraordinari 

cs / cc : ficsar, 

tacsar, 

circonflècse, 

aucsiliari 

c devant [s] : 

eccès, eccitar 

ecsudar 

dz : edzauçar, 

edzemple, 

edzilar


Certes, on aboutit ainsi à deux espiar homographes et homophones, pour “regarder” et “expier”; 

mais pourquoi cela serait-il plus gênant que les deux colar {couler et coller} ou les deux despéner 

{dépendre et dépenser} et autres : le contexte lève vite le doute. Quant au reproche de 

s’écarter des langues romanes voisines, ce n’est guère pertinent : les Italiens, héritiers directs de 

Rome, écrivent comme ils prononcent esclusione, espressione, esteriore etc. 

Pour les mots savants ou étrangers avec /ks/ à l’initiale, ils sont si rares et de champ sémantique 

si étroit, réservés à des spécialistes, qu’on peut hésiter sur la solution la meilleure : Csercès, csilofène 

sont aussi possibles que csarda en français, czar en français et en portugais, tsar encore en 

français et en catalan, etc. Mais Xerxès et xilofène seront de toute façon prononcés correctement par 

les historiens et les chimistes qui en usent. 

En tout cas, pour traduire le mot anglais passé au français “fax”, facs n’est qu’un retour au latin 

‘fac simile’, et le verbe facsar en découle; pourtant, Narioo et autres ont choisi fax, faxar, mais, 

comme Rapin, l’étymologiquement correct equinòcci {équinoxe}. 

Enfin, pour rassurer ceux qui trouveraient tout cela d’une audace excessive, voici quelques 

exemples pris chez les adeptes de la graphie classique occitane : 

Alibert (Dic.) : esclamar, escusar, espandir, espausar, esperiéncia, espèrt, espurgar, estasi, estrèm…; 

La rédaction de Per noste : la Hera-Espausicion (P.N. n° 26, 9-10/1971, p. 19). 

Robert Darrigrand, grammairien, dans l’adaptation graphique de Lous tres gouyats de Bordebielhe 

de Simin Palay, 1974 : espèrts, p. 68; esplicacion, p. 128; escusat, p. 159. 

Roger Lapassade : esperiencia (P.N. n° 9, Nadau 1968, p. 27); clacson, Sonque un arríder amistós, 

1975, p. 116. 

Philippe Martel, historien : test {texte} (Estudis occitans n° 8, 2 ème sem. 1990, p. 16). 

Jean Sibille : refleccion (Estudis Occitans n° 10, 2 ème Sem. 1991, p. 26). 

Éric Gonzalès : estremonciat (Reclams, Oct.-Déc. 1997, p. 27). 

Jean Salles-Loustau, alors président de l’Institut occitan de Pau : esprimir (lettre du 19 avril 

1999 jointe au Bulletin de l’Institut). 

Michel Grosclaude : esperienças, esprimar (P.N. n° 1, 6/1967, p. 20); esplics (P.N.-P.G. n° 197, 

3-4/2000, p. 18); après avoir écrit explics dans Lo gascon lèu e plan, 1977); 

Gilbert Narioo : anglò-sacson (P.N. n° 17, 3-4/1970, p. 6), Alecsandre (P.N. n° 24, 5-6/1971, p. 

3), bocsur (P.N. n° 25, 7-/8/1971, p. 8), estraterrèstra (P.N.-P.G. n° 199, 7-8/2000, p. 10). 

Gérard Gouiran, professeur à Montpellier : estremista (Aquò d’aquí, Mars 2001, p. 3). 

Philippe Biu, aujourd’hui président de l’Escòla Gaston Febus : estraordinari (P.N.-P.G. 206, 9- 

10/2001, p. 3). 

Escòla Gaston Febus : estraordinari (Convocation pour l’assemblée du 13 mars 2002). 

Jean-Pierre Darrigrand, président de Per noste : esplic(s) (2 oc.). (P.N.-P.G. n° 213, 11-12/2002, 

p. 11). 

Jean Fay, majoral du Félibrige, professeur en retraite : esplica (La Cabrera n° 160, p. 5), espression 

(ib., n° 167, Fév. 2003, p. 2). 

En outre, dans les noms de communes, M. Grosclaude (1991) a opportunément remplacé par 

-cs le -x des noms officiels : Artics, Ausencs, Berencs, Bererencs, Morencs, Navarrencs… Par


contre, Ch. Rapin semble un adepte de l’x savant si l’on en juge par un survol rapide de son Diccionari 

francés-occitan : Ajax {Ajax}, Ax {Ax-les-Thermes}, (choix d’Alibert lui-même, Gram. pp. 

XX et 262); mais il ignore “Dax”, écrit Dacs en graphie classique gasconne. 

Le suffixe -[as] : -as ou -aç ? 

Selon L’application… le suffixe augmentatif et péjoratif -[as(e/o)] est traditionnellement noté 

par -as (), alors que l’étymon ‘-aceu’ justifierait -aç; on s’en tiendra à cette tradition, tout en faisant 

observer qu’elle occulte la prononciation particulière de Bethmale et ses environs, qui oppose s [s] à 

ç [,], tout comme le castillan le s [s/#] à z [,]; ainsi [bu'rra,o] relevé à Bethmale pour la “toile pour 

battage” (ALG II, 301) devrait s’y écrire borraça selon l’étymologie, et non borrassa qui y sera lu 

fautivement [bu'rraso]. 

/z/ intervocalique normalement noté par -s- 

L’ancienne langue était assez vacillante quant à l’usage de s ou z pour noter le son /z/ entre 

voyelles. On peut néanmoins observer que le z a été quasi systématiquement utilisé, au moins à 

l’origine, en remplacement d’un c devant e ou i ou d’un d étymologique; selon Bec (1970, p. 526), 

le son aurait été d’abord /+/ pour c, /,/ pour d, avant de se simplifier en /z/. Pour s étymologique 

(primitivement sifflant), il serait passé d’emblée à /z/ simple. Ainsi, cader(e), cicer(em) ont donné 

càzer “tomber”, cézer “petit pois”, tandis que, malgré la sonorisation du /s/ en /z/, rosa, casa 

conservaient leur orthographe ou passaient à rose, case. Et c’est par confusion que l’on a pu écrire 

caze ou encore loze (du latin lausa, transcrit du gaulois). 

Le français a régularisé son orthographe, à l’origine parallèle à celle d’oc, tout en conservant 

des exceptions : bizarre, Alsace, antiseptique etc. En gascon, si l’on excepte les cas où l’étymologie 

fait noter /s/ par c ou ç, le Félibrige a tout régularisé : /s/ est noté s à l’initiale ou après consonne, ss 

entre voyelles; /z/ est noté z à l’initiale et après consonne, s entre voyelles. 

Quant à la “réforme occitane”, nous savons que les documents de l’I.E.O. de 1950-52 avaient 

décidé de même, sauf « dans les mots grecs », que l’on noterait par -z-, avec les exemples trapèzi, 

zòna, analizar, sizigia, escandalizar (cf. Annexe XIII, p. 407). Près d’un quart de siècle plus tard, 

une décision de 1975 supprimait l’exception (cf. p. 158), avec confirmation en 1985 (ib., p. 410) et 

en 1989 (ib., p. 412, point n° 22). 

C’était mettre fin à une difficulté orthographique sans justification phonétique, et qui dérogeait 

à la mesure générale de notation simplifiée des mots d’origine grecque ou latine, selon le principe 

B de La réforme… : « ch, k, ph, rh, th, y, ti, […] seront remplacés par c ou qu, f, r, t, i, c. » 

Mais on a vu que cela avait déplu à quelques “savants”, bien loin des préoccupations de ceux 

qui essaient d’enseigner l’orthographe “occitane” (p. 197). Le schisme qui en sortit aboutit au recul 

de l’I.E.O. et à une volte-face totale du responsable du Secteur de linguistique, J. Taupiac (p. 200). 

En fait, ce changement va plus loin que les normes de 1950-52, puisque l’exception est étendue 

aux mots arabes (azard, azur, azimut), à ceux de la famille oghouz ou turque (azèri) et plus généralement 

à tout mot qui a un z d’origine comme l’allemand nazí. 

Dans Occitans ! n° 82 de janvier 1998, J. Taupiac essayait de le justifier par un souci 

d’« unité panlatine », qui va bien plus loin que l’unité avec le seul catalan. Mais comme professeur 

d’espagnol, il savait bien que le castillan ne prononce pas le s de precisar comme le z de realizar.


Voici par exemple un tableau comparatif que F. Beigbeder avait établi comme contribution au 

n° 11 de Ligam-DiGaM qui réagissait au retour du z : 

Catalan Italien Castillan Portugais Anglais Français Allemand 

organitzar -izzare -izar -izar -ize -iser -isieren 

ddz 1 , z z z z 

organització -izzatione -izacion -izaçao -ization -isation -isation 


analitzar -izzare -izar -isar -yse -yser -ysieren 


anàlisi -alisi -álisis -álise -alysis -alyse -alyse 

z z s/# z z z z 

Ces langues se divisent donc en 2 groupes : 

• 5 de graphie phonétique, avec correspondance univoque 36 entre graphie et prononciation : 

– 3 avec deux graphèmes pour deux prononciations différentes, le catalan (tz - s pour [ddz - 

z]), l’italien (zz - z pour [1 - z]) et le castillan (z - s pour [, - s/#]); 

– 2 qui n’ont qu’un graphème s pour une prononciation unique [z], le français et l’allemand; 

• 2 seulement de graphie étymologique, avec deux graphèmes z et s pour une seule réalisation 

[z], le portugais et l’anglais. 

La référence étymologique est donc nettement minoritaire, car elle est source de difficultés 

même pour une langue couramment parlée et étudiée; d’ailleurs les Américains rejoignent partiellement 

le premier groupe en écrivant to analyze comme to organize. 

Ainsi, en « s’alignant sur les autres langues néolatines » par la “préconisation” de la graphie 

realizar, J. Taupiac et le C.L.O. s’alignent sur la lettre, et non sur la méthode, sur l’esprit des graphies 

catalane, italienne, castillane et même française ! Mais pour les mots comme analisar, paralisar, 

et à l’inverse de ce qu’avait fait Alibert, ils renoncent à suivre les voisins catalans, italiens et 

espagnols qui ont tous un z, pour s’aligner sur le portugais et le français, pour ne parler que des langues 

romanes. 

En réalité, l’« unité panlatine » n’est qu’un faux prétexte pour taire le seul motif qui justifie à 

la fois realizar et analisar, c’est recours à l’étymologie, comme en portugais seul. 

Ainsi se justifie aussi l’extension nouvelle de la “réforme” à tous les mots, populaires ou savants, 

d’étymon en z : azard, azardós, azur, azèri, azimut. Pour les autres langues, voici encore un 

tableau établi par F. Beigbeder : 

Catalan Italien Castillan Portugais Anglais Français Allemand 

atzar azzardo azar azar hazard hasard ? 

atzur azzuro azul azul azure azur azurblau 

azimut azimut azimut/acimut ? ? azimut azimut 

Certes, il n’y a que le français hasard qui s’écrive par -s-, tous les autres étant notés par -z-, 

-tz- ou -zz-, mais avec en général une prononciation différente de celle qui résulterait d’un -s-. 

Donc, une fois de plus, les langues voisines se retrouvent avec les caractéristiques déjà notées 

36 Cependant, l’italien prononce [ts] les zz de sicurezza et de razza “race” mais [dz] celles de spruzzatore ou de razza 

“rayée” !


d’une majorité qui ont une graphie phonétique, pour qui le z est nécessaire pour noter la prononciation 

effective. 

Cela entraine les graphies magazin (cat. magatzen, de l’arabe; cf. P. Bec dans Racontes d’una 

mòrt tranquilla, 1993), zizania (cat. zitzania, de hébreu), etc… Un mot comme gasa {gaze}, qui 

pourrait être un emprunt à l’arabe qazz “bourre de soie”, s’écrit gasa en catalan et en espagnol; de 

fait, le Dic. de Narioo et autres l’écrit ainsi, peut-être pour se démarquer du français ? Voilà de 

beaux jours pour les études byzantines, beaucoup d’énergie perdue pour d’autres actions, et bien 

des erreurs à prévoir de la part de ceux qui s’essaient à écrire. 

De fait, une anecdote témoigne de la difficulté à appliquer cette norme : dans le n° 6 de Ligam-DiGaM, 

p. 25, j’avais signalé ce que je considérais comme une erreur de la part de P. Bec, qui, 

adepte du -z-, avait écrit anquilosats à la p. 73 des Racontes… déjà cités; il me fit gentiment remarquer 

que c’était moi qui me trompais, anquilòsi se traitant comme analisi; je le reconnus et m’en 

excusais dans le numéro suivant, p. 35; et voilà que quelque temps après, je trouvais anquilozada à 

la p. 82 du même ouvrage. Certes, il suffit d’une seconde d’inattention pour laisser échapper une 

faute que seuls les spécialistes décèleront; mais quand les meilleurs se trompent, qu’en sera-t-il des 

scripteurs ordinaires, qui ne connaissent du grec ni l’alpha, ni l’oméga ? Cela rappelle la parole de 

Jésus dans l’Évangile (Luc 11, 46) : « À vous aussi, légistes, malheur, parce que vous chargez les 

gens de fardeaux insupportables, alors que vous-mêmes ne touchez pas à ces fardeaux d’un seul de 

vos doigts ! » 

Voici donc quelques “fautes” et inconséquences relevées au hasard d’articles de la revue Per 

noste-Païs gascons dont les dirigeants se rallièrent instantanément à la décision du C.L.O. (fautes 

imputables aux auteurs, peut-être, mais plus sûrement aux “réviseurs” de la rédaction) : 

Dominique Bidot-Germa, professeur des écoles : Bizanci (2 fois), bisantin, bisantina; organizacion, 

cristanisacion, islamisat (n° 192, 5-6/1999, pp. 3,4); Sèrgi Javaloyès, écrivain : descentralisators, 

organizats (ib., p. 15); Anonyme : Vocabulari especialisat (n° 198, 5-6/2000, p. 6); Charlotte 

Vaisse, institutrice en retraite : paralizanta (ib., p. 19); G. Narioo, lexicographe : magasin (n° 

204, 7-8/2001, p. 11); paralizar, paralizant (n° 217, 7-8/2003, pp. 7 et 13); Los Menestrèrs gascons 

: organisan (ib., publicité, p. 11). 

Bien entendu, la confusion n’est pas propre à la Gascogne; ainsi, Jean Fourié, majoral du Félibrige, 

paralizat (Lo Gai Saber, n° 485, 2002, p. 284); Jean Fay, autre majoral : « L’emplèu qué se 

generalisa de mai en mai de la grafia normalizada » (La Cabreta, n° 167, Fév. 2003, p. 2); Fèliç 

Daval : romanisada, colonizacion (L’Esquilon, n° 77, automne 2003, pp. 5 et 7). 

Certes, dira-t-on, il y a les lexicographes pour montrer le chemin; mais la plupart n’ont guère 

fréquenté le latin, encore moins le grec, et ils trébuchent jusque dans leurs dictionnaires. 

Christian Rapin, qui n’est pas de ceux qui se trompent facilement, a dû subir ce changement 

de cap alors qu’il avait déjà publié deux tomes (de A à D) de son Dictionnaire français-occitan; il 

écrit donc, dans le “Portisson” {préambule} du tome 3 E-G (1999), que faute de pouvoir tout rectifier, 

il avait « pris le temps de corriger la graphie des verbes en -izar et de leurs dérivés »; pourtant, 

un examen rapide de ce tome ne m’a permis d’en trouver que cinq en -izar : evangelizar (mais juste 

au-dessus, evangelisaire, evangelisacion), fanatizar, fiscalizar, formalizar et fossilizar; et par contre, 

seize en -isar : egalisar (egalisacion); estatisar; eterisar (eterisacion); eternisar; europeïsar; exorcisar; 

familiarisar; favorisar; feminisar (dans l’exemple, interiorisat; feminisacion); fertilisar


(fertilisable, fertilisant, fertilisacion); foncionarisar; francisar (francisacion); fraternisar; generalisar 

(generalisable, generalisador, generalisacion); et, que l’on m’excuse, sodomisar (v° enculer). 

Le dictionnaire des Hautes-Pyrénées Atau que’s ditz (cf. p. 175) note bien par -z- cinq 

« substantifs grecs ou arabes » (azòt, azur, azard, orizont, ozòn) mais conserve en -s- ses 22 mots 

d’origine grecque en -[iza]- : (ar)realisar, (ar)regularisar, (ar)reorganisacion, autorisar, batisar, 

civilisacion, civilisat, colonisacion, decentralisacion, desmoralisar, generalisar, immobilisar, materialisar, 

mobilisar, naturalisar, organisaire, organisar, organisator, pulverisar, senhalisacion, sensibilisar, 

utilisar, vaporisar. 

Fait heureusement contraste le Dic. de Narioo & autres (cf. p. 185), probablement en raison de 

la connaissance du grec ancien qu’avait M. Grosclaude (il a traduit du grec au gascon l’Évangile de 

St Matthieu, 1995) et qu’a du grec moderne G. Narioo (il a travaillé plusieurs années en Grèce). Un 

survol m’a montré qu’il est très bon dans l’ensemble. Je n’ai décelé que quelques “ratés” : catequisar, 

catequisacion, fascisant, fascisacion, fascisar (si à realisme correspond realizar, catequisme, 

fascisme semblent justifier le z dans les mots en [iza] apparentés); alors que atisar, avisar, balisar, 

expertisar, flordelisat sont probablement justifiés, mais qui comprendra ces subtilités ? 

La conclusion de cette critique, je la laisse à un occitaniste du Vaucluse, dans une contribution 

préparatoire à l’Assemblée générale de l’I.E.O. de 2002 : 

« Un exemple typique de régression : écrire realizar et precisar : la différence de 

graphie n’est pas justifiée par l’occitan, qui ne fait pas la différence phonétique entre [s] et 

[z]. Si j’avais la place ici, je pourrais faire la démonstration du caractère ubuesque de cette 

réforme. » (Gilles Fossat, “Per un vam {élan} novèu : un occitan viu {vivant}, una grafia 

modèrna”, Occitans ! n° spécial A.G. 2002, p. 19). 

Et en élevant le débat, je fais mienne cette remarque sensée de R. Teulat : 

« Si l’occitan [pour nous, le gascon] est autonome épistémologiquement, il faut élaborer 

sa graphie de façon autonome. Cela ne veut pas dire que nous ne devons pas tenir 

compte des choix des autres langues romanes, mais il n’y a pas de raisons d’en privilégier 

une sur l’autre, le français sur l’italien, l’espagnol sur le portugais. (…) Pour l’orthographe, 

la culture occitane [pour nous, gasconne] a, dans sa tradition, tous les moyens nécessaires. 

» (Estudis occitans, n° 10, 2 nd sem. de 1991, p. 7) 

De fait, je n’ai guère trouvé de -izar dans la tradition gasconne. Les Récits d’Histoire sainte 

(Lespy et Raymond, 1876-77), dont la langue date du début du XIV e s., comptent 18 -isa- et seulement 

4 -iza- (surtout dans prophetisar et composés et baptisar, et aussi escandolisatz et martirisatz). 

S’y ajoutent les exemples anciens du Dic. de Lespy, tous en -isa- et la plupart antérieurs à 

1500, début d’une influence française grandissante; en voici quelques-uns : 

Fòrs de Bearn (manuscrit du XV e s.) : L’ordenance sie publicade ab botz de trompe cum se 

an acostumat far las uques e preconisations. 

Un baron béarnais au XV e s. (pièces d’archives réunies et publiées par V. Lespy et P. 

Raymond) : Aixi marterisat… lo fe meter au fontz de la torr. 

Stil de la justicy deu pays de Bearn (1564) : Procez criminal civilisat, mais aussi inbentorizatz 

et inventarizade. 

Avant de conclure ce long paragraphe, je dois rappeler que J. Allières, dans le volume V de 

l’ALG, a conservé le z entre voyelles dans les usages anciens (cf. p. 153) : substitué à -d- : crézer, 

vàzer…; à -c- : dízer, còzer. Cela a l’avantage de signaler que le mot ainsi prononcé en [z] se réalise 

en [d] en d’autres points de l’espace gascon; par exemple, auzèth, dízer indiqueraient au Béarnais


que le Commingeois ou le Médoquin disent audèth, díder (ALG VI, 2102); et crézer, vàzer indiqueraient 

à l’Armagnacais que le Béarnais et le Bigourdan disent créder, vàder (d°, 2105). Mais je 

ne crois pas opportun d’introduire aujourd’hui cette complication que l’I.E.O. lui-même a toujours 

évitée. 

Ma conclusion pratique est donc d’en rester au -s- intervocalique de l’I.E.O. de 1975. Mais 

pour les mots d’emprunt, il n’y a pas d’obstacle à ce que l’usage leur préfère le -z- d’origine, surtout 

si le français l’a lui-même gardé : azur, horizont, nazí… : ça ne pose aucun problème d’écriture, encore 

moins de lecture ! 

X – Les signes diacritiques 

Comme bien des langues, le gascon modifie la valeur de certaines lettres par des signes additionnels. 

Un seul concerne une consonne, la cédille qui donne au c la valeur de [s] devant a, o ou u; 

il n’y a rien à en dire de particulier. Les autres signes affectent les voyelles, les accents et le tréma. 

En outre, des accents sont parfois utilisés sans aucune valeur phonétique. 

Les accents graphiques 

L’application… prévoit l’accent aigu qui ne sert qu’à marquer un e, i, o ou u tonique dans les 

conditions rappelées p. 242. Il joue le même rôle pour le a, mais en ferme le timbre en [o]; en fait, il 

n’y a guère que vers l’est montagnard que l’on a des finales toniques en -iá [jo]; quant à [p%*] 

{peur}, certains l’écrivent páur, seul mot gascon de l’espèce, alors que de bons auteurs et grammairiens 

comme R. Darrigrand l’écrivent normalement pòur; je fais de même (cf. p. 298). 

Pour le a tonique non altéré, il ne reste donc plus que l’accent grave : que serà {il sera}. Cet 

accent va aussi marquer l’ouverture du è et du ò, en même temps que leur caractère tonique. 

De ce fait, L’application… n’a plus rien pour noter un [o], voire un [!] non tonique, comme 

en parler noir. Je propose donc l’accent circonflexe dans ce cas; ainsi, à Bayonne, on écrira cômuns, 

drôguista (cf. p. 247); en Grande-Lande, acêirar (cf. p. 250). 

Le tréma 

Pour la graphie de l’occitan, La réforme… prescrit l’emploi du h des mots latins, quoique 

muet, « quand il sépare deux voyelles en hiatus […]. Dans tout autre cas, on se sert du tréma : faïna, 

taüc, diürn, roïna. ». Mais la règle donnée pour le gascon par L’application… est curieusement modifiée 

: « Pour indiquer que deux voyelles forment deux syllabes distinctes, on marque la syllabe 

tonique du tréma : laüsa, roïna, diürn, poëma. » Les exemples sont à peu près les mêmes, mais on 

voit que le tréma est réservé aux voyelles toniques, ce qui ne manque pas de poser de sérieux problèmes 

de lecture dans les autres cas. Seul fait expressément exception le groupe ue : lorsqu’il « ne 

forme pas une diphtongue, on marquera u d’un tréma : prüèr. » Or pour ne citer qu’eux, les auteurs 

du Civadot ont ignoré cette restriction malheureuse et noté des trémas hors de la tonique : poësia, 

poëtessa, preïstoric, reünion, reünir et saüquèr. Mais Narioo & autres (cf. p. 187) ont laissé sans 

tréma des voyelles en hiatus que l’usager sans références orales risque fort de mal interpréter : par 

exemple, comment distinguer oe valant [ue] dans coexistir (coexister), aeroeslissader (aéroglisseur) 

du même oe valant [we] dans boeita (boite), doèla (douelle), hoet (fouet) ou joen (jeune) ? 

Il convient donc de rappeler ici un intéressant article Règlas d’emplec del tremà de 1975, par


lequel Roger Teulat explicitait les deux rôles du tréma, soit disjonction, soit conjonction, ou plutôt 

disjonction-conjonction : 

– disjonction, sur une voyelle qui en suit une autre, en rompant la signification habituelle du 

groupe, dont chaque voyelle sera prononcée séparément (diérèse) : 

fai {hêtre} [fa"] faïna {fouine} [fa'in%] 

auca {oie} ['a*k%] aüca {il hue} [a'yk%] 

crei {il croit} [cre"] (creire) crèï {je crée} ['kr!i] 

oelha {brebis} ['we&%] poësia {poésie} [pue'zi%] 

conduire {conduire} [kun'd3ire] atribuïr {attribuer} [atriby'i] 

tuï {je tue} ['tyi] 

– disjonction-conjonction, sur le u des groupes qu et gu, pour indiquer qu’il n’est plus seulement 

un auxiliaire de la consonne, mais qu’il doit se prononcer avec la voyelle, [ ] devant e et i, 

[w] devant a — du moins dans ce que l’auteur appelle l’occitan référentiel : 

quatre {quatre} ['katre] eqüator {équateur} [ekwa'tur] 

aquí {ici} [a'ki] aqüicòla {aquicole} [ak3i'k%l%] 

guidar {guider} [5i'da] lingüista {linguiste} [li"'g3ist%] 

pague {qu’il paie} ['pa5e] bilingüe {bilingue} [bi'li"g3e] 

fém. bilingüa [bili"'gw%] 

Tous ces exemples sont d’occitan “référentiel”, donc languedociens, même si plusieurs sont 

valables en gascon; mais selon le Civadot, seul semble-t-il à donner cette indication, p. 28, gü et qü 

se prononcent toujours par [gw], [kw]. On manque toutefois de repères pour ces mots savants et Y. 

Vidal (2002, pp. 39 et 174) donne [gw] pour bilingüisme et [g3] pour lingüistica… 

Une règle additionnelle d’écriture a été formulée depuis 1975, c’est que l’accent prime le tréma 

et a, le cas échéant, le même effet disjonctif : país {pays} se dit [pa'is], tandis que païs se lirait 

['pais]; de même, Loís {Louis}, tandis que son féminin se note Loïsa; et poèta se lit [pu'!to]. C’est 

une règle catalane dans la logique du système. 

On observera que [kwa] est noté qüa, alors que les Gascons, qui sont les premiers intéressés, 

négligent souvent ce tréma, comme on a pu le voir p. 270. 

Et aussi que la règle selon laquelle, dans poèta, la diérèse est marquée par l’accent de è ne 

peut fonctionner en gascon où ne manquent pas les oè prononcés [w!]; le Palay en compte quelque 

250, tels que : doèla {douve de tonneau}, taxoèra {trou de blaireau}, etc. Et le problème existe aussi 

en languedocien, selon ce qu’écrit Ph. Carbonne, Lo Gai Saber, n° 482, 2001, p. 139; plaidant 

plutôt pour une graphie qui serre autant qu’on le peut la prononciation, il opte pour le tréma que 

d’aucuns voudraient supprimer : 

« Ainsi, nous distinguons coeta {petite queue}, avec oe [we] (une seule syllabe pour 

les deux lettres) de poësia, avec oë [u+e] (deux syllabes pour deux lettres), comme nous 

distinguons caut {chaud} (au [a*]) de ataüt {cercueil} (au [a+y]). Chacun sait que la coeta 

de la oelha {brebis} es pas la poësia de Roërgue. 

« L’ambigüité demeure pour les mots en oè. Ainsi oèst [wè] et poèta [u+è]. 

« Il faudrait peut-être les graphies oe / öe // oè / öè ? » 

De tout cela et d’une étude fouillée des hiatus et diérèses en gascon (Lafitte, 1995-1), j’ai


essayé de théoriser l’affaire en partant de la distinction entre voyelles “fortes” et voyelles “faibles”. 

Les voyelles fortes, demeurent toujours des voyelles : a, e, è, ò en première ou seconde position; 

o en seconde seulement, sauf devant un autre o; elles se prononcent toujours en diérèse, sans 

qu’il soit besoin d’un tréma : graar {grainer}, que grae {qu’il graine}, aermar {dépérir}, averaèr 

{noisetier}, aòrta {aorte}, que graa {il graine}, aolha {brebis}, crear {créer}, que cree {qu’il 

crée}, heèra {fenaison, fenil}, geòda {géode}, cadea {chaine}, geografe, cooperar. 

Les voyelles faibles sont les seules à pouvoir former diphtongue, mais pas nécessairement; ce 

sont u et i en première ou seconde position, o en première seulement : 

• en finale (le -s éventuel n’étant pas pris en compte) elles forment diérèse sans besoin de tréma, 

si l’accent tonique n’est pas noté ailleurs : la soa {la sienne}, ambigua {ambigüe}, qu’ayue 

{qu’il mette sous le joug}, qu’envie {qu’il envoie}, vesia {voisine}; mais gràcia ['grasjo] {grâce}; 

• ailleurs, sans tréma, elles forment diphtongue, dite ascendante si la faible est la première 

(baloard {boulevard}, quand, boeu {bœuf}, yoenn {jeune}…), descendante si la faible est la seconde 

(locau {local}, que beu {il boit}, oeu {œuf}; praube {pauvre}, vòuta {voute}, aiga 

{eau}…); si les deux sont faibles, c’est la première qui reste voyelle (nuit [ny"t], cuit [ky"t], formes 

des Landes, xiular {siffler} [#i*'la], poirit {pourri} [pu"'rit], arroi {rouge} [a'rru"]). 

• cependant oi vaut [wi] en syllabe atone : que hàrgoi {je forge} [ke 'hargwi], hoiscalh {houssine} 

; oistití {ouistiti} ; de même oí en syllabe tonique : hoích !, {fft !}, hoísta {houssine}, a hoínda-hoanda 

{en surabondance}; -ii tonique, propre aux désinences verbales de 1 ère personne, ne fait 

diphtongue qu’au parfait en -i (que sentii {je sentis} [sen'ti"]); partout ailleurs, il fait diérèse -['ii], 

sans tréma : qu’envii {j’envoie}, que sii {que je sois}, que mii {je mène}; posttonique, il fait diphtongue 

ascendante : que càmbii {je change} [ke 'kambji]. 

Mais si dans ces cas il y a diérèse, le tréma (ou l’accent aigu de tonicité) sera mis sur la 

voyelle faible pour inhiber sa tendance à se muer en semi-voyelle pour former diphtongue : flaüta 

{flute}, aïrós {irascible}, país {pays}, arreüt {qui a le dos fort}, ateïsme {athéisme}, söador {sonneur}, 

pöèma {poème}, pöesia {poésie}, pöèta {poète}, cöerent {cohérent}, buscalhöòt {petite 

brindille}, gremilhoüt {grumeleux}, qu’avoï {j’avoue}, engrüadye / -dge {égrenage}, lüèc {lunatique}, 

düelista {duelliste}, suïcide. 

Le groupe uï se dit [yi], ou [3i] en élocution rapide; il s’oppose au groupe üi prononcé [wi], 

qu’on ne trouve dauedans des mots savants après q ou g : ambiguïtat comme acuïtat et continuïtat, 

opposés à aqüicòla et lingüistica. 

Enfin, quand on a affaire avec trois voyelles consécutives (toujours une forte entre deux faibles), 

il faut les considérer deux à deux : dans oeu {œuf}, oe, puis eu. 

Les accents sans valeur phonétique 

On a déjà vu que L’application… prévoyait d’écrire -ía la finale en hiatus résultant de la 

chute d’un -n- intervocalique : haría {farine} < ‘farina’, pour la distinguer « de la finale -ia primaire 

» de espia, sia, dia, poesia; et aussi que les auteurs du Civadot, puis du Narioo et autres 

avaient écarté cette règle, dont ils ignoraient semble-t-il la justification (pp. 161 et 187). Je la reprendrai 

en graphie moderne, p. 315, en étendant sa portée, mais ici, en graphie classique, je ne vois 

pas l’intérêt d’y revenir. Exit donc l’accent aigu sur ce i. 

L’application… prévoyait également un accent aigu ou grave sur « les voyelles appartenant à


des mots dont l’image graphique peut prêter à confusion, surtout aux yeux des non-Gascons »; et de 

donner trois séries d’exemples, hén {il fend} / hen {ils firent} (en oubliant hen {foin} !), món 

{monde} / mon {=} et tà {pour} / ta {=}, avec un « etc. » final qui n’a jamais fait l’objet d’un complément 

officiel. J’estime que c’est là amusement de grammairiens, car celui qui comprend le sens, 

rarement ambigu, n’a pas besoin de diacritiques, et celui qui ne le comprend pas risque fort de ne 

pas connaitre non plus le codage de ces diacritiques; au demeurant, sans doute pour se démarquer 

du français ou des Félibres, les occitanistes n’ont jamais jugé utile d’opposer la préposition à au 

verbe (il) a. Et en français, combien savent opposer sûr à sur, ce dernier pouvant être la préposition 

ou l’adjectif ? Je conclus donc à l’inutilité de ces accents. 

XI – Les mots composés 

L’écriture des mots composés fait l’objet du second principe énoncé p. 240; je m’en tiens à la 

“philosophie” des règles données par Alibert dans un article publié par la revue Oc en 1957. Mais 

vouloir donner des règles détaillées peut aboutir à de longues énumérations de cas, comme l’a fait 

M. Grosclaude aux pp. 25-28 du dictionnaire de Narioo et autres (cf. p. 186), qui représentent plus 

de deux pages de la présente thèse; c’est valable pour éclairer le lecteur sur la ligne de conduite des 

lexicographes, mais beaucoup trop touffu et complexe pour l’usager ordinaire de la langue. 

C’est avec ces considérations à l’esprit que je vais donner ici les règles que j’applique dans 

l’échantillon de dictionnaire orthographique en Annexe XXIII. J’y reprends, à peu de chose près, 

les règles exposées dans l’introduction de mon édition du Lespy en 1998, pp. I-26 et 27. 

La norme 

La norme est l’écriture en un seul bloc, sans espace ni signe graphique : lo sococ {crépuscule}, 

malhevar {obtenir, accorder main-levée}; adixatz {au revoir}, alavetz {alors}; detira {de 

suite}, permor {à cause de}, sonque {seulement}, sustot {sutout}, tabé {aussi}, totun {pourtant}. 

Cependant, l’écriture distincte des composants, liés alors par un trait d’union et, éventuellement, 

des apostrophes notant élisions ou aphérèses, s’impose dans deux séries de cas, pour des raisons 

sémantiques ou du fait du système d’écriture et de lecture. 

1 ère série d’exceptions, pour des raisons sémantiques 

Dans ces cas, la clarté veut que l’on mette en relief les composants : 

– en présence de la préposition de ou de la conjonction e : pèd-de-gat, cap-e-cap; 

– dans l’expression des nombres : dètz-e-sèt, trenta-tres, cent-vint-e-dus; c’est la sage règle 

adoptée par l’Académie française en 1990; 

– si le mot forme une véritable phrase dont le sens propre reste sous-jacent au sens figuré de 

l’ensemble : un hè-te’m-enlà, escota-si-plau, un minya-quand-n’a; 

– si le mot est formé par la juxtaposition de deux éléments de même nature sémantique ou de 

sonorité identique ou voisine, comme : bascò-bearnés, (diccionari) francés-gascon, lo duc-rei, ua 

conferéncia-debat, un shord-mut; vira-bara, nhirgo-nhargo, ziga-zaga; 

– si, au pluriel, des composants autres que le dernier s’entendent avec la marque du pluriel : 

un gat-esquiròu, dus gats-esquiròus; 

– pour les composés formés, bien souvent par les auteurs eux-mêmes, à partir de préfixes


comme casi-, no-, pseudò-, sos-, suber- ou super-, iper-, ex- (= précédemment), vice-… : casiunanimitat, 

no-violéncia, pseudò-mèdye / …-mèdge, ex-molhèr, vice-ministre. 

Mais les mots lexicalisés obéissent à la règle générale : non seulement ceux formés avec les 

préfixes ci-dessus (nodigas, pseudonime, soslòctenent, sosprefèt, sostiéner, suberhòs, supermercat…), 

mais encore tous ceux dont les composants ont perdu toute référence à leur sens propre, adverbes 

et prépositions notamment : detira, decap, darenlà (cf. en français dorénavant), comparables 

à davant, darrèr. 

2de série d’exceptions, pour des raisons liées au système d’écriture et de lecture 

Lorsque la fusion des éléments en un seul mot modifierait la prononciation des lettres finales 

ou initiales devenues intérieures, ou imposerait une modification orthographique non souhaitée, la 

bonne prononciation sans analyses complexes appelle l’écriture séparée des composants, qui seront 

lus comme des mots indépendants. C’est le cas de: 

– a final et posttonique d’un premier élément; ala-bat [alœ/o'!at] et non alabat qu’on sera 

tenté de lire [ala'!at] comme acabat [aka'!at]; préférant suivre Séguy (cf. p. 151), je m’écarte sur ce 

point de la ligne générale occitaniste, d’Alibert aux choix précités de M. Grosclaude, que j’avais 

suivie dans le Lespy; je m’en explique au paragraphe suivant; 

– i ou u initiaux d’un second élément si l’élément qui précède s’achève par une voyelle, pour 

maintenir la prononciation en deux syllabes : anti-imperialista et prò-imperialista, intra-uterin, etc. 

Toutefois, avec les préfixes co-, pre- et re-, on a recours au tréma : preïstorian. 

– b, g, d finals : sud-oèst [sy'tw!s] et non sudoèst [su'dw!s]; 

– c final devant e ou i : pic-escorcèr [pikeskur's!] et non picescorcèr [piseskur's!]; 

– nd, nt, rd, rt, rn finals : grand-pair [gran'pa"] et non grandpair [grant'pa"]; avant-yer / avantger 

[a!an'je] distinct de avantyer / avantger [a!ant'je] (cf. ALG III, 823); Sent-Avit 37 , Sent-Goenh; 

nòrd-oèst [nor'w!s] et non nòrdoèst [nord'w!s]; horn-cauciar [hurka*'sia] et non horncauciar 

[hurnca*'sia]; mais tardarriba prononcé effectivement [tarda'rri!o]; 

– r final : yer-passat [jepa'sat] et non yerpassat [jerpa'sat]; mais arrèhilh, arrèpèd, le -r final 

de arrèr n’étant plus noté; et aussi paibon, pendant d’arrèhilh; 

– r initial : iberò-romanic [i!er%rruma'nik] et non iberòromanic [iber%ruma'nik]; 

– s initial : vira-sou ['!iro'su] et non virasou [!ira'zu]; 

– il en est de même pour -th provenant d’un -ll latin devenu final; il ne peut donc être luimême 

que final : còth-arroi; bèth-lèu; mais l’adaptation phonétique et graphique donne ballèu. 

arrèhilh et ce dernier exemple ballèu montrent que cela ne fait pas obstacle aux adaptations 

graphiques qui pourront à terme aboutir à la fusion en un seul mot. 

Le a posttonique au sein d’un mot composé 

Très généralement, la première partie d’un mot composé est traitée phonétiquement comme 

un mot indépendant; si elle s’achève par un -a étymologique celui-ci sera prononcé comme tout autre 

a posttonique; il y a, bien sûr des exceptions, mais on peut y voir sans doute la rémanence d’une 

prononciation ancienne, dont l’évolution a été bloquée par la perte de vue de la composition et donc 

de l’autonomie de la première partie. 

37 La Grammaire de Lespy (n° 124) nous rappelle que le -t de Sent s’entend devant voyelle, par exception à la règle gé- 

nérale d’amuïssement en finale -nt.


Un exemple topique est donné par l’ALG IV, 1136 “dosses”, ces quatre premières planches à 

écorce adhérente que l’on enlève d’abord lorsqu’on équarrit un tronc; cela aboutit à mettre le tronc 

“hors écorce”, “hors peau”, d’où le nom hore-pèth (classique hòrapèth) donné à ces planches dans 

plus de la moitié sud-est du domaine. L’explication qui précède montre que l’interprétation du mot 

en deux parties, préposition + substantif, n’est pas évidente; et pourtant, les informateurs ont à peu 

près partout traité hore comme un mot isolé, et respecté la “règle” d’apophonie (cf. Annexe XX). 

Quelques exceptions : à Mazerolles et à Grenade-sur-Adour, en zone [œ], on a prononcé [o] comme 

à 20 km à l’est; à Lasseube, Oloron et Bedous, en zone [o], [a] comme 15 km à l’est; et de même 

pour cinq ou six autres points, restés sans doute sur l’ancienne prononciation en [a]. Le même constat 

résulte de la carte IV, 1122 qui isole la prononciation de la finale de ayga du composé aiga-devita 

ou -de-via {eau de vie}. 

On en aura confirmation avec les surnoms des doigts dans les comptines des grand-mères 

(ALG III, 598 et 599 : tranxa-lard, conda-bien, cròca-pan, cura-salèr, lèca-topin, mata-pedolhs 

etc.) {tranche-lard, compte-bien, croque-pain, cure-assiette, lèche pot, tue-poux}, ou encore avec 

des noms du mendiant ou du chemineau (III, 570 : amassa-per-eth, pòrta-biaças, passa-camins) 

{ramasse-pour-soi, porte-besaces, passe-chemins}, du bancal et du cagneux (614 et 615)… 

Palay a massivement noté les premières parties de ces mots par -e, suivant sa pratique générale, 

en n’écrivant par -o ou par -a que les formes propres aux régions qui prononcent ainsi; et il a 

réuni les deux parties par un trait d’union, ne pratiquant que très rarement la soudure; il a aussi noté 

parfois les diverse formes; par exemple : 

alebàt, ale-bàt et aussi àla-bat; àlo-bat-tè (G.) [ce dernier à lire plutôt « àlo-bat ou àlobàt" 

» !] — aluque-hoec et alùco-hoécs; alucò-hour (G.) — birabén, bire-bén — bole-Marie et bolo-haubèt, 

bolo-mario — casse-hàmi et càsso-hàme (G.) — cornaclìn, corne-clet, corno-clitch (de) 

et corno-clin — pourgalane, pourgue-lane etc. 

On voit d’emblée que alebàt sera lu [ale'bat], qui veut dire “blessé” et non [alœ/o/a'bat], “qui 

bat de l’aile”, nom d’un pouillot et d’un gobe-mouches (F. Beigbeder, 1986, pp. 86-87); alors qu’en 

deux parties, ale-bàt sera lu partout correctement moyennant la convention de lecture habituelle. 

Qu’on se place dans le système classique ou dans le moderne, en effet, aucune convention “mécanique” 

de lecture ne permet de traiter une lettre intérieure comme si elle était finale ou initiale; ce traitement 

suppose donc qu’on a d’abord compris le mot et qu’on est capable de l’analyser, ce qui est 

loin d’être le cas de la grande majorité de ceux qui essaient de retrouver le gascon. 

En l’état sociolinguistique actuel de la langue, il est tout-à-fait illusoire de prescrire la soudure 

en ajoutant « Chacun des mots entrant en composition conserve son accentuation propre » (M. 

Grosclaude, ib.). Car si Alibert (1957) veut que l’on écrivebarba-ros pour bien prononcer le r-, cela 

suppose que le lecteur n’aura pas su identifier le mot barba dans une graphie barbaros; alors, comment 

pourra-t-il en prononcer correctement le -a final ? À identité de problème, solution identique. 

C’est bien ce qu’avait fait Séguy dans l’A.L.G. IV paru en 1966 (cf. p. 151), et c’était aussi le choix 

de R. Teulat (1979, p. 62) rendant compte du Dic. de Taupiac de 1977 : 

« Nous sommes pour barba-gris contre T.[aupiac] barbagris (v° barbon) et pour tapa-nas 

contre T. tapanàs (v° cache-nez). Nous sommes pour cap-leugièr, cap-levar contre 

T. capleugièr (267) et caplevar (71). Tout cela en raison de prononciations incorrectes possibles 

: [tapanas, kapléba] au lieu de [taponas, calléba]. »


Et les “pseudo-composés” ? 

Faudra-t-il faire de même pour les “pseudo-composés” évoqués en Annexe XX ? Je n’ai que 

Pentacouste (Palay) comme exemple, mais sans doute doit-il y en avoir d’autres ; on a vu qu’il était 

Pentocousto pour Dupleich et Cénac-Moncaut, en zone [o]; en zone [œ], Arnaudin et le Dr. Dubos 

l’écrivent Pentecouste en Grande Lande, G. Dulau lui donne la prononciation [pente'custœ] en Bazadais, 

et Y. Vidal [penta'c%stœ] sur le Bassin d’Arcachon — son Pentacòsta avec [%] est apparemment 

une erreur ou une altération locale récente sous l’influence du français, tous les grands 

lexicographes (Mistral, Lespy, Alibert, Palay) ne connaissant que [u]. Pour ce mot, comme pour ses 

semblables éventuels, il serait absurde de les écrire en deux parties. Je ne vois donc d’autre solution 

que de leur appliquer les normes générales du système, et d’indiquer la prononciation irrégulière 

dans les entrées de dictionnaires. 

La négation no 

XII – Corrections diverses 

Cette négation sera ainsi notée no, conformément à tous nos anciens textes, à la prononciation 

observée dans tous le domaine gascon (ALG VI, 2396 et 2397) et en accord avec le catalan. 

L’affirmation ò 

Rares sont les occasions de rencontrer « o » dans les anciens textes gascons, qui sont surtout 

juridiques, sans récits de conversations propices à l’emploi de cette particule. Font heureusement 

exception les Récits d’Histoire sainte en béarnais, parvenus à nous par un manuscrit estimé antérieur 

à 1425. Mais une étude philologique serrée permet à leurs éditeurs Lespy et Raymond (1876- 

77) de dater le texte de la première moitié du XIV e siècle (p. XX), donc pas loin de la mort de Dante 

(1265-1321) qui a popularisé l’expression « langue d’oc »; or pas un seul « oc » dans notre texte, 

mais plusieurs occurrences de « o »; ainsi, p. 28 : « Cum ne anaben, trobaben masipes que anaben a 

l’aygua, et demanan si ere aqui la propheta. Et dixon eres “O, o, anatz tantost et trobar l’atz […]” » 

{Comme ils cheminaient, ils rencontrèrent des jeunes filles qui allaient puiser de l’eau et leur demandèrent 

si le prophète était là. Elles répondirent « Oui, oui, allez vite, vous le trouverez […] »}. 

J’en ai aussi trouvé trois occurrences successives dans un acte de 1422 du notaire de Navarrenx 

(AD-P.A. E 1600 f° 129 v°) publié par Amédée Cauhapé (P.N.-P.G. 177, 12/1996, p. 8); est rapporté 

un dialogue par lequel deux compères simulent un mariage pour abuser d’une femme; ils posent 

la question rituelle à l’homme et à la femme : « Lad. Condessine dixo que o, mas a bertat eg no dixo 

de o, mas que fase los semblants que eg abe diit que o […] » {Ladite Condessine dit oui, mais en 

réalité, lui ne dit pas oui, mais il faisait semblant d’avoir dit oui […]}. 

ò a donc perdu sa consonne finale depuis au moins 500 ans, et si Alibert admet les deux graphies 

ò et òc, il place ò en premier et n’use que de lui dans ses exemples (Gramatica, p. 225, Dic.). 

De même, J. Taupiac qui notait òc dans son Dic. de 1977 ne retient plus que ò dans celui de 1992. 

C’est sans doute au français que l’on doit la graphie oc, alors qu’aucune règle ne permet de déclarer 

muet son -c qui s’entend toujours ailleurs : yòc / jòc {jeu}, lòc {lieu}, etc. Certes, le ò affirmatif est 

homographe de l’interjection ò ! Mais à l’oral, l’intonation suffit à les distinguer; et à l’écrit, la 

confusion, déjà acceptée par Alibert et Taupiac, peut être évitée par la présence du point d’exclamation 

après l’interjection.


La “peur” : pòur 

[p%*] {peur} est écrit le plus souvent paur à la suite d’Alibert, ou parfois páur, pour marquer 

la fermeture du [a] en [%]; cela se justifie évidemment par l’étymologie (< ‘pavorem’), encore que le 

principe B d’Alibert l’écarte « en principe » pour les mots de formation populaire; mais cela permet 

aussi la relation avec les dérivés pauruc, espaurir etc. Cependant, si ces derniers se prononcent bien 

en [a*], paur est un hapax de au valant [%*]; certes, cela ne fait qu’une exception à mémoriser… 

mais le résultat n’est pas garanti; qu’il suffise de rappeler que les auteurs bayonnais de Que parlam 

(note 3, p. 69) croient que paur se prononce paou, donc [pa*]. 

Or le gascon connait le phénomène inverse de ov latin devenu [a*], et cela de façon beaucoup 

plus systématique, alors que le languedocien a gardé [%*] : ‘novus’, ‘novem’ > nau; ‘Jovis dies’ > 

diyaus /dijaus; ‘cophinum’ > càven (“ruche”), etc. Et personne n’a jamais trouvé anormal de consacrer 

cette prononciation par au, contre òu en languedocien. 

J’estime donc que pòur est la seule graphie classique conforme aux principes de 1950. C’est 

celle de J. Séguy dans l’A.L.G. (cf. p. 155); elle a été employée par R. Darrigrand, expert en graphie 

classique du gascon (Contes deus monts e de las arribèras, édités avec Jacques Boisgontier, 

1970, 1978, pp. 18, 78; édition des Psalmes d’Arnaut de Salette en 1983, pp. 10, 44, 52, 173); c’est 

aussi la graphie de J. Monestier contrôlé par J. Boisgontier dans le Florilège des poètes gascons du 

Médoc, 1975, p. 78; de J.-L. Lavit dans l’Armanac gascon 1985, p. 36; de M. Pujol dans Tu e jo, 

P.N.-P.G. n° 207, 11-/12/2001, p. 12 etc. Coromines, qui ne note pas les -r amuïs, écrit pòu. En outre, 

pòur est la graphie la plus proche de por judicieusement choisi par les auteurs de Que parlam 

pour rendre le [pu] de Bayonne et du “parler noir” (p. 173 ci-dessus), tandis que rien ne permet de 

retrouver le pou d’Arnaudin-Boisgontier dans les graphies páur / paur de Joël Miró. 

Le démonstratif acò (Pour mémoire : voir p. 272) 

Les interjections a ! ba ! bò ! e ! ò ! (Pour mémoire : voir p. 269) 

L’adverbe [en'kw!rœ/o] : encoèra 

L’adverbe correspondant à “encore” français se prononce [en'kw!rœ/o] sur près des trois 

quarts du domaine et s’écrit encoere ou plus rarement encoera dans tous les textes anciens quand ils 

n’usent pas de la forme notée encare ou encara que l’est gascon partage avec le languedocien, ou 

de la forme bigourdane encore ou encora (ALG II, 276). Or les auteurs occitanistes ont adopté une 

graphie bien inutilement compliquée, enqüèra, peut-être pour la rapprocher de enquèra limousin, 

mais en l’éloignant des deux autres formes gasconnes et de la languedocienne et en créant un hapax 

avec la combinaison qüè. Au demeurant, rien ne permet de justifier un qu dans ce mot d’étymologie 

incertaine. 

La graphie normale de /we/ étant oe (cf. p. 251), le bon sens rejoint la tradition en écrivant ce 

mot encoèra. 

L’adverbe [[aw]tan] ou [[aw]ta] et ses composés 

Dans Lo gascon lèu et plan, M. Grosclaude (1977, p. 40) donne cette règle : 

« tant devant une voyelle Prononcer « tann » tant aganit Si avare 

« tan devant une consonne Prononcer « tâ » tan beròi Si joli »


Une première évidence découle des exemples : « devant une voyelle » ou « devant une 

consonne » ne se vérifie que devant adjectif ou adverbe (ou locution adverbiale). Mais le doute 

m’était venu d’un [t:n] devant consonne dans une phrase cueillie à Luxey en Grande Lande par 

l’enquêteur de l’ALG et rapportée dans la carte VI, 2408 “autant que” : « n œs pas t:n bœrò" 

k-mœ » {ce n’est pas aussi joli que}; et énonçant la règle qui réserve tâ [sic] devant consonne, Palay 

concédait : « Cette particularité s’observe moins dans le Gers et les Landes que dans le Béarn et 

la Bigorre. » (v° tâ, tan). J’avais aussi lu des [tan] devant consonne dans la première édition (1895) 

de Et piu piu dera me laguta de Camélat, écrite en parler d’Azun (Bigorre). Une étude de 16 pages 

(Lafitte, 2002-2) m’a permis d’y voir plus clair. 

La clé de la compréhension du régime de cet adverbe m’a paru dans l’usage latin qui oppose 

généralement tam, adverbe affectant un adjectif ou un autre adverbe, à tantum, adverbe qui affecte 

directement le verbe. De fait, la consultation de Bouzet et Lalanne (1937), V. Väänänen (1981), P. 

Bec (1970) et Coromines (1990) m’a amené à conclure que notre [ta] ou [tan] d’une part, et [tan] 

d’autre part étaient respectivement les continuateurs de tam et tantum, jusque dans leurs emplois. 

Quant à la forme prise en languedocien par le continuateur de tam, les grammairiens mentionnent 

tous des prononciations en [ta] et [tan], ce dernières même devant consonne (Alibert, Bec, 

Chatbert, 1983). 

J’ai poursuivi mon enquête dans quelques textes anciens, en me limitant toutefois aux emplois 

de type tam, car ceux de type tantum ne posent aucun problème de prononciation : [tan] partout 

(sauf altération du timbre de la voyelle dans certains parlers). Et de fait, pour les emplois de type 

tam, on trouve [tan] même devant consonne. Même chose chez des auteurs languedociens modernes, 

et aussi dans les quelques textes d’autres régions d’oc que j’ai pu consulter. 

Pour le gascon, j’ai consulté grammaires et dictionnaires, les textes anciens assez nombreux 

dont je dispose, puis des auteurs contemporains, car 50 ans après les enquêtes de l’ALG, qui ne traitent 

pas le sujet, je ne pouvais envisager une enquête de terrain. 

Le résultat, c’est que [ta] existe même devant voyelle (peu d’occurrences toutefois) et [tan] 

même devant consonne, mais aussi que la “règle” énoncée par M. Grosclaude fonctionne, plutôt 

chez les auteurs situés sur une sorte de diadème en périphérie du domaine : Bas-Adour, Grande 

Lande, Médoc, Bordeaux, Langon, Nérac, Lomagne, Couserans, Comminges et Val d’Aran. Avec 

des exceptions et du polymorphisme. Cela se vérifie même chez les auteurs d’obédience occitaniste, 

comme R. Lapassade, P. Bec, G. Narioo, le groupe de chanteurs Los de Nadau (prononciation du 

disque). 

Et sauf accident, tous les auteurs écrivent les composés tabé, tapoc, (au)talèu, (au)ta plan, le 

[ta] initial étant intégré au mot composé. 

À ces emplois doivent correspondre des graphies adaptées. Pour [tan] en emploi de tantum, 

pas de problème : tant. Mais dans les emplois de tam, [ta] et [tan] sont des proclitiques, qui font 

corps avec l’adjectif ou l’adverbe affecté; normalement, tam aurait dû aboutir à [ta] comme jam à 

[ja] (Väänänen); mais comme pour ‘cum’ > con en espagnol, il y a eu « conservation de la nasale 

finale sous la forme d’un -n. » (Bec); avec néanmoins des [ta] sans aucune nasalisation, comme en 

témoigne Bernat de Luntz quand il écrit ta, même devant voyelle, et non taa comme maa < ‘manu’. 

Dès lors, on ne peut lire tan [t:] ni tant [tan] comme le voudrait la “règle” de M. Grosclaude,


qui ne joue que pour des mots autonomes; en finale de proclitique, le -n de tan est intérieur et ne 

peut s’amuïr en Béarn et Bigorre ni se vélariser en ["] dans les Landes et le Gers; de même, le -t de 

tant ne peut s’amuïr. La seule graphie logique dans le système est ta pour le premier, comme chez 

B. de Luntz, et tan pour le second : un ta beròi mainadye {un si joli enfant} [ta be'r%"…] à Pau, ua 

tan beròja gojata {une si jolie jeune fille} [tam be'r%2o…] à Laruns. 

Il en est de même des composés [ta'be/ta'be", ta'p%k/ta'pa*k, ta'l!*…] qu’on ne peut écrire que 

tabé/taben (cf. ALG IV, 1551), tapòc/tapauc, talèu. Remarquable est en effet le parallélisme de 

traitement de tabé dans les trois langues voisines, chacune avec sa phonologie propre : 

gascon : tabé = ta (< tam) + bé (< ben(e) 

catalan : també = tam (= tam ou < tan < tam) + bé (< ben(e) 

provençal : tamben = tam (= tam ou < tan < tam) + ben (< ben(e) 

Dans son dernier manuel didactique, 70 clés pour la formation de l’occitan de Gascogne 

(2000-1), M. Grosclaude a adopté l’hypothèse étymologique de Bouzet (1937), grand inspirateur de 

l’ouvrage : « tanben : tam bene, aussi »; et, bien sûr, il en fait autant pour « tapauc|tapòc : tam 

paucum, non plus », tout en changeant le début de tan- à ta-, comme je le préconise; peut-être avaitil 

lu ma « Note J. L. » au mot TABEE de ma réédition du Lespy (1998)… 

La finale de tabé, arré (Pour mémoire : voir p. 274) 

La préposition a ou ad 

C’est chose connue que la préposition a peut prendre la forme ad devant voyelle, tout comme 

ses composés enta, entad; ta, tad. Mais les grammairiens ne semblent pas y porter grande attention : 

ils usent des deux formes, mais sans commentaire : Bouzet (1928 et 1963); J.-P. Birabent et J. Salles-Loustau 

(1989, p. 68); Hourcade (1986, p. 129). M. Grosclaude (1977, p. 60) parait être le seul à 

préciser la chose : « Devant les démonstratifs, les pronoms personnels et les indéfinis commençant 

par une voyelle, les prépositions à, tà, entà deviennent ad, tad, entad. » 

Certes, malgré les apparences, ce n’est pas une règle absolue, mais peu importe ici, puisque 

nous traitons de graphie. Or si les auteurs en graphie classique écrivent le plus souvent ad, il n’est 

pas rare de lire aussi a-d, peut-être parce que le d était pour Palay une épenthèse euphonique (voir 

plus loin, p. 336) : Lapassade, dans Sonque un arríder amistós : Los joens de uèi lo dia non cranhen 

mei ad arren ni ad arrés. (p. 7) {les jeunes d’aujourd’hui ne craignent plus rien ni personne}; e la 

maison de Guilhamet non devè arren a d’arrés. (p. 126) {et la maison de Guillaumet ne devait rien 

à personne}; ou encore R. Darrigrand dans la transcription de Los tres gojats de Bòrdavielha, sans 

doute influencé par Palay : La tèsa […] qu’esté tà-d’eth (p. 91) {la thèse fut pour lui}; n’an pas 

paur a d’arren (p. 123) {ils n’ont peur de rien}, mais 9 lignes plus bas, non servivan ad arren {ne 

servaient à rien}. 

Or Coromines rattache explicitement ad à l’étymon latin ‘ad’ (cf. Väänänen, 1981, p. 69) tout 

en constatant que l’aranais n’en use que devant des pronoms en a- (1990, p. 187). C’est donc bien 

ad, tad, entad qu’il faut écrire en toute logique. 

La préposition enta, ta (Pour mémoire : voir p. 243)


L’article défini de la montagne 

L’application… d’Alibert n’en dit rien, on s’en doute, et ce sont les grammairiens gascons qui 

nous le présentent. Le premier dans le temps est sans doute P. Bec dans sa Petite nomenclature 

morphologique de 1959 : eth et ses composés ath, deth, peth, tath au masculin, era et ses composés 

ara, dera, pera, tara au féminin plus -s au pluriel. 

Et, miracle, la liste était la même chez le Félibre J. Bouzet (1928), qui est toutefois plus riche 

en composés et mentionne les formes masculines en er devant voyelle : « er-omi, er-aulhè, eroustau, 

er-ourdi, er-aute, etc. » (avec un étrange trait d’union) et plus classiquement les composés 

der’ aulhè, darrèr’ oustau, entar’ ourdi, der’ omi et dencàr’ aute cop. Mais il mentionne aussi 

en(s), ena(s) comme composés de en + article, où, en fait, en signifie à la fois “en” et “en le” et où 

ens, ena et enas réduisent l’article à sa seule finale. 

Inutile d’en citer d’autres, tous sont d’accord. Avec toutefois cette particularité, qu’à part Bec, 

tous ces auteurs sont Béarnais et même quand ils visent le gascon en général dans le titre de leur 

ouvrage (Darrigrand 1969-1, Grosclaude 1977), ils semblent s’en tenir aux formes béarnaises. 

Une exception, à ma connaissance : le regretté Georges Ensergueix (Jòrdi Deledar, 1995) dans 

sa Grammaire des parlers couserannais publiée par l’I.E.O.-Ariège, qui ouvrait la porte sur des 

formes écrites plus proches de la prononciation. Mais il ne faisait qu’introduire en Couserans ce 

qu’on trouvait déjà dans les ouvrages didactiques aranais comme Ané Brito, 1989 : si le singulier 

est le même, eth/er, era, le pluriel es, épicène, remplace eths, eras. Et les contractés suivent : as, 

des, enes, pes, entàs, tàs. 

De fait, les cartes 2425 à 2482 du volume VI de l’ALG vont nous éclairer sur la ré&lité de la 

langue : 

– pour l’article masculin singulier isolé : 

– devant consonne, on entend très généralement [e] + le doublement de cette consonne à 

laquelle le -th virtuel s’est assimilé) (2425 à 2432); sauf devant h- où l’on entend [et] 

[etj#] (2433); eth convient donc comme graphie englobante; 

– devant voyelle, c’est [er] ou [ed] ou [edj2] (2434); eth et er’ conviennent donc encore; 

– pour l’article masculin pluriel isolé : 

– devant consonne sourde, on entend [es] et devant consonne sonore et l-, [ez], sauf dans la 

zone est qui vocalise le -s en ["], [e"] (2435 à 2441); devant h-, [es] ou [ez] suivant les 

lieux (2442), avec quelques points en [eh] et [ets]; le es aranais convient donc pour la 

grande majorité des lieux, étant entendu qu’en certains autres, le -s en se lit ["] ou [h]; et 

eths se verra limité aux quelques points qui disent [ets]; 

– devant voyelle, c’est [ez] ou [edz] selon les lieux (2443 à 2445); es et eths conviennent 

donc ici aussi, le [ts] de eths se sonorisant naturellement en [dz] devant voyelle. 

– pour l’article féminin singulier isolé : 

– devant consonne, c’est partout [era] (2446 et 2447), contrairement à Grosclaude, 1977, p. 

133, qui mentionne aussi « ére, éro »; donc era, sans problème; 

– devant voyelle, c’est [er] ou [era], dans ce dernier cas en hiatus avec la voyelle qui suit 

(era ombra, [era 'umbro]), ou provoquant son aphérèse (era ’scola [era 'skolo] (2448 à 

2450); era et er’ conviennent donc encore;


– pour l’article féminin pluriel isolé : devant consonne sourde, on entend [eras], [eres] ou [es] 

suivant les secteurs, et devant consonne sonore et l-, [eraz], [erez] ou [ez], sauf dans la zone est qui 

vocalise le -s en ["], [era"] (2451 à 2457); devant h-, [eras], [eres] ou [ez] suivant les lieux (2458); et 

devant voyelle, [eraz], [erez] ou [ez] (2459); si donc eras convient pour [eras], il faut noter eres et 

es ailleurs, ce es étant, nous l’avons vu, officiel en Aran. 

– pour les formes contractées, les cartes 2460 à 2482 ne changent rien à la réalisation de 

l’article proprement dit, de telle sorte que les graphies habituelles sont confirmées ou changées ou 

complétées dans les mêmes conditions que pour les formes isolées. 

En résumé, à la suite de Georges Ensergueix, je propose ceci (le formes maigres sont des variantes 

irréductibles, les formes soulignées sont celles où je m’écarte des habitudes actuelles, hors 

d’Aran, bien sûr) : 

Masculin Féminin 

singulier pluriel singulier pluriel 

eth, er’ + voy. es, eths era, er’ + voy. eras, eres, es 

deth, ath, peth, en des, as, pes, enes dera, ara, pera, enaderas, aras, peras, enas 

der’, ar’, per’, en + voy deths, aths, peths, ens der’, ar’, per’, en + voy deres, ares, peres, enes 

Le pronom “réduit” de la 5 ème pers. : v, ve ou vs, vse, selon la prononciation 

des, as, pes, enes 

L’application… est très laconique sur le sujet, à peine effleuré au paragraphe final sur 

l’enclise; son objet est de dire comment le pronom enclitique se relie au mot support, non de fixer 

les formes de ce pronom, pleines ou asyllabiques : c’est là une affaire de grammaire gasconne, non 

d’un recueil de normes orthographiques de 8 pages demi-format. Aussi ne trouve-t-on qu’un exemple 

de ns, devant voyelle (que’ns espera [sic, sans accent grave]; {il nous attend}), et un de vs, devant 

consonne (ne’vs vei pas {il ne vous voit pas}); la “norme” ne dit donc rien de vs ou v devant 

voyelle, ni de la forme revocalisée ve; on reste donc logiquement dans l’application du principe général 

B de l’écriture phonétique des mots de formation populaire. 

On a vu p. 166 que la graphie que vs’apena {vous chagrine} au lieu d’un habituel que 

v’apena avait été approuvée par J. Salles-Loustau, qui en avait profité pour proposer de généraliser 

ce vs, par symétrie avec ns de la 4 ème personne. 

Or que vs’apena était localement justifié par [ketsa'peno] supposé sous le qu’étz apéno original 

de l’Anthologie populaire de l’Albret, prononciation attestée là par l’ALG VI, 2239; mais cette 

même carte montre que la prononciation est par [b] ou [p], sans la moindre trace de [s] ou de [z], en 

Béarn, Bigorre, dans le sud des Landes et le Bas-Adour, là où la 4 ème personne se réduit à [s] (sauf 

montagne béarnaise [ns] et bigourdane [nze]); donc que v’apena rend bien ces prononciations majoritaires. 

Ce n’est que dans une petite zone sur les confins des Landes, du Gers et du Lot-et-Garonne 

qu’apparait une prononciation de la 5 ème personne en [dze], justiciable d’une graphie vse. Et de 

même, la carte 2240 montre que la revocalisation en position postverbale se fait en [be/bø] ou 

[pe/pø], sans nulle part aucune trace de [s] ou de [z]. 

L’« usage » auquel que vs’apena dérogeait judicieusement pour l’Albret répond donc à un besoin 

de la zone sud que devait avoir en vue R. Darrigrand, quand il a amorcé l’introduction de la 

graphie classique en Béarn; il donne d’ailleurs deux versions de la norme dans les éditions 1974 de


ses deux ouvrages : 

– dans Comment écrire le gascon, pp. 31-32, il ne connaît que des formes « à une seule 

consonne », avec un seul exemple, que’v trompatz; 

– dans Initiation au gascon, il donne, p. 39, « ’nse - ’ns - ns’ » d’une part et « ve - ’vs - v’ » 

d’autre part et, p.41, les exemples aidatz-nse, que’ns trobam, que’ns aima, estujatz-ve, ne’vs parli 

pas et ne v’aima pas briga (devant voyelle, l’appui se fait ici sur le verbe qui suit); c’est aussi le 

choix de M. Grosclaude : vos, ve et vs, v (1977, 71); que’vs vau condar / que vau condà’vs (ib. 78). 

Généraliser la forme vs ou vse comme le suggérait J. Salles-Loustau créerait donc un sérieux 

problème de lecture en Béarn et dans son voisinage. C’est malheureusement ce qu’a réalisé le Mémento 

grammatical du gascon que cet auteur a co-signé trois ans plus tard (cf. p. 167) avec des explications 

bien complexes sur la prononciation de ce vs et de la forme resyllabisée vse… 

J’estime au contraire que là où la 5 ème personne se réduit à [b / be] ou [p / pe], il faut s’en tenir 

à la norme de R. Darrigrand dans Comment écrire le gascon : en forme asyllabique, v seul, qu’il 

soit suivi de consonne ou de voyelle : que’v trompatz comme que’v agrada et ve en forme revocalisée 

: estujatz-ve; mais là où la 5 ème personne s’entend [1] c’est évidemment le vs qui s’impose. 

On remarquera enfin que ma graphie des exemples suit le que’ns espera de L’application…, 

en reliant le pronom au mot qui précède, non au verbe qui suit, comme P. Bec (2000) devait le rappeler 

et expliquer dans Tres punts de grafia {Trois points de graphie, celui-ci étant le troisième}. 

XIII – Quand la graphie change la langue 

J’ajoute ici la correction de quelques graphies occitanistes qui en fait changent la langue. 

Le produit de ‘nf’ latin : h (cohóner, ihèrn…) 

Parmi les mots où la graphie classique fait se rencontrer n et h, il faut sans doute faire une 

place à part à ceux qui, issus depuis longtemps de formes latines du vocabulaire religieux, ont vu le 

groupe originel nf se résoudre en /h/ simple, que la graphie médiévale a longtemps noté f : 

‘confundere’ > cohóner; 

‘confessare’ > cohessar; ‘confessionem’ > cohession; 

‘infernum’ > ihèrn. 

Dans l’ancien gascon, certes, les graphies du type confessar {reconnaitre, avouer} n’étaient 

pas rares, mais sans doute par étymologisme de la part des scribes latinisants; ceux-ci, néanmoins, 

témoignaient aussi de la prononciation contemporaine quand ils notaient coffessa, coffessas (Fòr 

général de Béarn, art. 31 et 236), cofessa (F. d’Auloron, art. 22) et cofrayrie (Coutume de St-Sever, 

n° 107). Pey de Garros et Arnaud de Salette le confirment en écrivant cohession, cohon (Églogues 

6, v. 162 et 7, v. 33), cohonuts, -etz, -a etc. (Salette, Ps. 6, 20, 25…). 

Le conteur Yan Palay (1848-1903) a fait rire des générations avec La Couhessiou de Casaussus 

(Coundes biarnés, 1900). Son fils Simin, le lexicographe, ignore les formes en counh- mais 

donne couhessà (Bouzet de même), couhî, couhì et couhoùn" {confesser, confin, confire, confondre}. 

L’ALG II, 227 “borne” ne signale aucune nasalisation dans [ku'hi"], en usage dans la plus 

grande partie du Gers; de même, la carte IV, 1395 “confit” dans [ku'hit], tandis qui [kun'fit] se rencontre 

aussi bien que [ku'fit]. A. Viaut (1992, p. 129) écrit con.hronta (et dérivés) ce qui se prononce 

[ku'r,ntœ]. P. Bec enfin, qui écrivait con.hin (Contes de l’Unic, 1977, p. 15) et con.hessar, 

con.honèva… (Lo hiu tibat, 1978, pp. 51, 200), note judicieusement cohonèvan dans les Racontes


d’ua mòrt tranquilla (1993, p. 21). 

N’oublions pas en effet que la “norme” ne peut être que cohóner, puisque c’est cette forme 

que L’Application… donne en exemple à la p. 4. Mais trois lignes après, inconséquente, elle donne 

in-hèrn {enfer} comme exemple de graphie de ce qui se prononce [nh], alors qu’il s’agit là, vraisemblablement, 

d’une réfection savante de ce qui est [ih!r] dans la langue courante; c’est du moins 

ce dont témoigne ihèr chez Lespy et Palay… et dans le fameux Sermon du Curé de Bidéren. 

Réfections savantes et bien contestables aussi que « confit|con·hit [k,'hit] », « confir|con·hir 

[k,'hi|kun'hi] », « con·hins » « con·hóner » et « con·hessar » que l’on trouve dans le Dic. de Narioo 

et autres; certes, la prononciation est indiquée pour les deux premiers, mais sans cohérence, comme 

on le constate, et plus grave, en désaccord avec l’ALG qui a noté dans la moitié nord-ouest du domaine 

[k,'fit] et [g,'fit] avec nasalisation, mais dans l’autre moitié, [ku'fit] et [ku'hit], sans aucune 

nasalisation, nulle part ce que porte le Dic. ! Quant aux autres mots en con.h-, l’usager ne saura rien 

de leur prononciation et fera entendre un “néo-gascon” que les locuteurs naturels dénonceront 

comme de l’« occitan »… 

Dans un souci d’authenticité et de simplicité, je recommande donc cohessar, cohession, cohin, 

cohir, cohóner, cohrontar et ihèrn. 

“Un autre, une autre” 

En gascon, le masculin comme le féminin se disent le plus souvent [y''a*te], l’est prononçant 

le féminin en -[a*to]. Mais les adeptes de la graphie classique répugnent généralement à écrire cette 

forme de la parole vive, probablement par honte du gascon face au mépris de l’occitan languedocien 

38 qui ne l’a pas. Ainsi, M. Grosclaude, 1977, p. 29 : 

« un aute, ua auta. Attention, dans bien des régions, ces deux mots se prononcent 

avec une mouillure. On prononcera alors uniaoute ou niaoute » 

La seule occurrence de notation classique que j’ai rencontrée est de l’auteur bigourdan J.-L. 

Lavit, dans Pelot (1195, p. 2) : Dançant un còp dab l’un, dab nhaute en tot seguir. {Dançant une 

fois avec l’un, avec un autre tout de suite après.} Sur le fond, j’estime qu’il a raison, car on ne peut 

interdire l’écrit à une forme si répandue. Mais alors, comment la noter ? 

Le ['] n’est sans doute que la mouillure du -n de l’article indéfini un, épicène en l’occurrence, 

par élision du -a au féminin; tout comme les parlers de l’ouest n’amuïssent pas le-n- de plena, féminin 

de plen {plein}, mais le mouillent en plenha. Nous avons donc grammaticalement unh + 

aute. Je pense que pour la clarté, la fusion n’est pas souhaitable et je préfère écrire unh aute, et cela 

pour les deux genres à l’ouest, avec le féminin unh auta à l’est. On pourrait certes imaginer de noter 

unh’aute/a au féminin, pour marquer l’élision du -a de unha; mais je n’ai aucune attestation de unha, 

unhe ou ugne), y compris dans les textes anciens; c’est sans doute une fausse bonne idée. 

Quant à la forme apocopée [''a*te], on l’écrira ’nh aute avec ’nh auta féminin à l’est. 

Las Pireneas 

Dans les écrits occitanistes gascons, on trouve Pireneas, Pirenèas, les deux féminins pluriels 

et Pirenèus, masculin pluriel. Pireneas est le choix de M. Grosclaude (1977, p. 64) et du Civadot 

38 Cf. Henri Jeanjean (1992) : « Ce que certains ont appelé le centralisme ou même “l’impérialisme languedocien” en 

matière politique se retrouve dans le secteur culturel […] On va se moquer des accents et des particularismes gascons 

ou auvergnats. “Il n’est bon bec qu’à Paris” se retrouve transformé en “il n’est bon bec qu’à Béziers, ou à Montpellier. »


(1984) d’après Palay, mais en ajoutant : « mais la forme la plus correcte semble être : Pirenèus m. 

pl. ». En fait, cette forme est celle de Mistral (sans le -s du pluriel en provençal) et du languedocien, 

attestée par exemple par le Vocabulari ortografic d’Alibert (1935), et issue probablement du latin 

‘Pyrenaei montes’. Mais il s’agit en tout état de cause d’un mot savant qui implique une vision globale 

de la chaine, alors que les montagnards n’ont pas de nom général. Il n’est donc pas impossible 

que le féminin [mun'ta'œ/o], largement populaire, ait permis l’acclimatation gasconne du “Pyrénées” 

féminin des géographes et touristes français de jadis. 

Il est certain qu’en gascon, la langue parlée n’use que du féminin pluriel, avec le dernier e 

fermé, au voisinage de n, donc [pire'neœ/os] écrit Pireneas. C’est cette forme, ou plus souvent son 

équivalent en graphie moderne, qu’ont trouve chez les auteurs de mon corpus, depuis Hourcastrémé 

(fin du XVIII e s.), jusqu’au chanteur contemporain Marcel Amont (èras Pirenèas [sic], disque M. A. 

canto en biarnés, 1979); le nom même de l’Escolo deras Pireneos fondée en 1904 en témoigne. 

La revue Per nouste écrivit Pireneas dès la première fois où elle donna l’adresse de R. Lapassade 

en gascon (n° 13, 9-10/1969, p. 2 de couverture) et continua pendant longtemps, au moins jusqu’à 

un communiqué du C.R.E.O. de Toulouse (n° 99, 11-12/1983, p. 20). Mais peut-être sous 

l’influence des rédacteurs du Civadot — je pense particulièrement au théoricien M. Grosclaude —, 

le n° 129 (11-12/1988), justement consacré à ces montagnes, était intitulé Pyrenèus, vite rectifié en 

Pirenèus. Une mode occitaniste s’est donc établie en marge de la langue vivante, tandis que les auteurs 

qui possèdent bien la langue gardent Pireneas, comme Robèrt de Labòrda (R. Darrigrand), 

Reclams, 5-6/1984, p. 86; A. Peyroutet (Que l’aperavan Colorado, 1989), etc. Et surtout le Dic. des 

Hautes-Pyrénées, Atau que’s ditz, 1998, p. 8, remarqué par son attachement à la langue vivante. Pireneas 

est donc, en graphie classique la seule forme gasconne authentique. 

L’année : l’anada 

Par méconnaissance de la langue parlée ou alignement servile sur le languedocien, la plupart 

des auteurs occitanistes écrivent annada pour “année”. Même P. Bec, transcrivant Béline de Camélat, 

a écrit annada (Chant III, v. 419), pour anade, rimant avec anade {allée} (v. 420) du verbe 

anar. Pourtant, le gascon dit [a'nadœ/o] dans la plus grande partie du domaine (ALG I, 100), la 

forme [an'nadœ/o], limitée à une bande de quelque 40 km le long de la Garonne, étant manifestement 

due à l’influence du languedocien. Or même dans cette langue, qui réduit les géminées latines 

suivant la tendance générale des langues d’oc, il est probable qu’il s’agit là d’une réfection savante 

à partir d’‘annata’ latin. Ici encore, la fidélité à la langue dicte la graphie anada. 

* * 

* 

Voilà donc achevé un toilettage rigoureux de la graphie classique d’Alibert pour la rendre 

plus fidèle au gascon et permettre aux enseignants comme aux élèves de retrouver les prononciations 

authentiques. 

D’aucuns estimeront qu’on n’a pas à décrire tous les parlers dans leur infinie variété, et que 

tout ce travail est vain, œuvre d’un de ces « inévitables et impénitents bricoleurs de l’orthographe » 

que dénonçait naguère Patrick Sauzet (2000, p. 53). Mais il déclarait aussi qu’ « il faut former des


enseignants compétents » (ib. p. 58) : comment les former sans références orales, avec des textes 

dont la graphie trahit souvent la parole ? À moins de considérer que l’« occitan » est une langue 

morte comme le latin, et qu’il suffit d’une circulaire ministérielle pour définir la prononciation qui 

aura cours dans les écoles, collèges et lycées et universités. Mais alors, j’y reviens encore, mieux 

vaut enseigner le latin ! 

Et puisque sa communication avait pour titre « Réflexions sur la normalisation linguistique de 

l’occitan », comment normaliser une langue si on ne sait pas ce qu’elle est vraiment, et quelles en 

sont les formes les plus répandues, « les plus conformes à l'évolution normale de la langue et les 

mieux conservées », pour parler comme Alibert dans L’application… ? 

Mais malgré tout, pour fidèle qu’il peut être désormais, le code pour retrouver l’oral demeure 

celui d’une graphie savante et archaïque, donc difficile à apprendre, alors qu’on a si peu d’heures 

pour enseigner. Le linguiste occitan Roger Teulat n’a-t-il pas écrit : « Alibert pensait sa réforme 

pour le petit nombre, pour les écrivains, et guère pour l’enseignement et l’utilisation quotidienne. 

» ? (1985, p. 21). Alors, il reste à utiliser les réflexions de ce chapitre pour définir maintenant 

une graphie moderne non moins fidèle, mais bien plus pédagogique.

L’arrière-plan “idéologique” 

Chapitre V 

Pour une graphie “moderne” améliorée 

I – Généralités 

Nous avons vu au chapitre III combien la graphie classique occitane était subordonnée à une 

idéologie extra-linguistique (cf. p. 226). Je pense qu’on pourrait me faire le reproche d’agir moimême 

en fonction d’une idéologie différente, mais tout aussi discutable. Alors, autant l’avouer tout 

de suite en exposant l’arrière-plan “idéologique” de ma démarche. 

Dès mon entrée en “occitanisme” en 1982, j’ai ressenti une méfiance instinctive à l’égard de 

tout ce qui me semblait “politique” ou tout au moins “extra-linguistique” dans le discours occitaniste. 

En particulier, même si j’ai un moment cru au mythe de la “colonisation” du Midi par les 

Francs venus du nord, je n’ai jamais pu épingler à ma veste ou coller sur ma voiture une croix de St- 

Gilles, devenue l’emblème occitaniste : c’était à mon sens une nouvelle “colonisation” du Béarn et 

de la Gascogne, cette fois par les “Septimaniens”. J’acceptais facilement tout ce qui marquait la 

parenté des parlers et des coutumes du Midi, mais refusais tout ce qui aurait occulté les différences 

entre Béarn et Gascogne d’une part, et les autres provinces du Midi d’autre part, différences qui 

bien souvent rapprochaient les Gascons des voisins d’outre-Pyrénées. 

À cette première méfiance s’est bientôt ajoutée mon expérience d’“apprenant” d’abord, puis 

d’enseignant du gascon : comme exposé au même chapitre III, p. 230, les défauts de la graphie dans 

la notation de la parole vivante rendaient très aléatoire l’authenticité de l’oral de celui qui n’avait 

que l’écrit occitan pour se repérer. Et je me suis vite aperçu que ce système était irréformable de 

l’intérieur, car les occitanistes en faisaient un absolu au service d’une finalité politique. 

Cela m’a confirmé dans le rejet de toute considération extra-linguistique pour aborder l’étude 

de la langue de mes pères et la définition de la graphie la plus appropriée pour son service. [Six 

lignes sur mes convictions personnelles que le jury a estimé n’avoir pas leur place dans une thèse] 

Aussi n’ai-je jamais pu m’accomoder de l’idéologie anti-française si souvent portée par le 

discours occitaniste, au point que je puis dater le début de ma rupture d’avec l’occitanisme du jour 

de l’été 1992 où j’ai eu en mains le Diccionari de mila mots de J. Taupiac; qu’on en juge par trois 

exemples de cet ouvrage, pourtant manifestement destiné aux jeunes enfants : 

– au mot causa : « S’il n’y a presque pas d’occitan à la télévision, le gouvernement français 

en est la cause. »; 

et, sans hésiter devant l’anachronisme des mots « Occitans » et « Languedociens » au XIII e s., 

– au mot aimar : « Il y a sept cents ans, les Occitans et les Français ne s’aimaient pas »; 

– au mot lengadocian : « Les Languedociens n’ont pas oublié qu’ils eurent à souffrir des 

Français, il y a sept cents ans ».

Jean Lafitte 308 

Écriture du gascon 

Mon idéologie, c’est donc cela : servir le mieux possible la langue de mes aïeux, comme 

richesse culturelle de la Gascogne et de la France, sans autre contrainte que la rigueur scientifique et 

le souci de l’efficacité. 

Or cette efficacité doit considérer les besoins des deux “populations” d’usagers de la langue 

gasconne d’aujourd’hui : les locuteurs naturels, familiers de la lecture et de l’écriture du français, 

mais souvent “analphabètes” dans leur langue maternelle, et les “apprenants”, élèves des écoles, 

collèges, lycées et universités, ou adultes désireux d’apprendre cette langue, eux aussi généralement 

bien formés à la lecture et à l’écriture du français, mais souvent dépourvus de références pour la 

langue vivante parlée. La visée est donc à la fois “populaire” et “pédagogique”. 

Enfin, ne voulant en aucune manière « faire du passé faire table rase », j’entends tenir 

« compte des efforts réalisés dans ce domaine par l’école occitane », comme Charles Samaran 

(1963, 1965, p. 115) aurait souhaité que Palay l’eût fait dans son édition 1961 du Dictionnaire. Et je 

me compte dans cette “école occitane”, de telle sorte qu’une grande part des études exposées dans 

le précédent chapitre en vue d’améliorer la graphie classique du gascon va servir dans les pages qui 

suivent, et d’abord dans la définition des principes généraux. 

Principes généraux 

Comme pour la graphie classique, il me parait utile d’expliciter les principes généraux que 

j’entends appliquer. Mais avant, je voudrais citer André Sarrail (1980, p. 23) : 

« De cette histoire de 70 ans de notre vieille Escole nous pouvons tirer au clair les 

principes qui l’ont conduite pour établir la graphie. 

« a) Noter le mieux possible la prononciation; 

« b) Simplifier la graphie; 

« c) Respecter l’unité dans la variété des parlers et la variété dans l’unité; 

« d) Un seul souci : aller au peuple et se faire comprendre par lui. » 

À la réflexion, le dernier principe d) doit être le premier : la graphie d’une langue vivante est 

faite pour le “peuple” des locuteurs, d’où l’étude sociolinguistique de la première partie de cette 

thèse. De là découlent les principes a) et b); et le c) vient tempérer l’aspiration à la simplicité, car il 

faut respecter la langue dans son unité et sa variété. 

Avec les principes que je vais proposer maintenant, je me sens dans une totale continuité avec 

cette tradition de l’Escole, dont le réalisme n’est pas le moindre mérite. Les deux premiers sont les 

mêmes que pour la graphie classique DiGaM (pp. 240-241); le troisième et le quatrième sont la 

mise en œuvre des principes a) et b) de Sarrail avec au second alinéa du quatrième une technique de 

mise en œuvre du c), en prévoyant de noter des lettres localement muettes : essentiellement le -n 

final, vélaire en certains endroits, muet en d’autres, suivant une cartographie bien définie. Ces principes 

rompent donc avec la référence principale au passé médiéval que faisait la graphie classique, 

tout en conservant du passé les solutions spécifiques qui ont fait leurs preuves. Le cinquième principe, 

enfin, explicite et généralise la référence à l’étymologie, déjà admise par la graphie moderne, 

comme moyen de faciliter l’intelligence de l’écrit, et donc encore de servir le “peuple”. 

1.— Les mots simples sont notés à l’état isolé, sans tenir compte des modifications qu’ils 

peuvent subir au contact les uns des autres ou par suite de l’adjonction de s au pluriel. 

L’écriture peut cependant noter l’élision, certaines aphérèses et diverses modifications qui affectent 

surtout les mots grammaticaux.



2.— Les mots composés s’écrivent normalement d’un seul tenant; ils constituent en effet un 

tout sémantique appelé à perdre tout renvoi au sens primitif de leurs composants, avec même des 

adaptations phonétiques reflétées par la graphie. 

Par exception et tant que ces adaptations phonétiques et graphiques ne sont pas intervenues, 

leurs composants s’écrivent distinctement, mais liés par un trait d’union et, éventuellement, des 

apostrophes notant élisions ou aphérèses, soit pour des raisons sémantiques, soit pour des raisons 

liées au système d’écriture et de lecture. 

3.— L’orthographe s’appuie principalement sur les conventions d’écriture familières aux 

Gascons du XXI e siècle, c’est-à-dire celles du français. 

Néanmoins, les phonèmes qui n’existent pas en français sont notés suivant des conventions 

propres au gascon, voire partagées avec d’autres langues voisines, langues d’oc notamment, en continuité 

avec la pratique des anciens. 

4.— Ne sont en principe notées que les lettres qui se prononcent. 

Toutefois, la recherche d’une graphie commune à l’ensemble gascon peut conduire à des notations 

conventionnelles dites “englobantes” qui comportent des lettres prononcées dans une partie 

du domaine et muettes ailleurs. 

5.— Un même son peut être noté par des lettres différentes en fonction de l’étymologie, ce 

qui facilite souvent la compréhension du mot par référence à ses correspondants d’autres langues, 

français principalement, qui s’écrivent suivant la même étymologie. 

Aperçu des améliorations proposées 

J’ai l’impression de me trouver dans la même situation qu’Arnaut de Salette : il ne s’agit pas 

d’inventer un système d’écriture du gascon, mais d’apporter quelques améliorations à un système 

existant et qui a largement été utilisé. Adopté par l’Escole Gastoû Febus en 1900-1905 et amélioré 

par Bouzet et Palay, puis retouché quelque peu par MM. Moreux et Puyau, ce système révèle néanmoins 

quelques défauts que j’ai signalés tout au long de l’étude historique du chapitre I er : confusion 

en -e atone final de ce qui, dans la moitié est du domaine, se prononce soit [e], soit [o] : la lèbe 

['l!!e], que’s lhèbe [&!!o]; double graphie de -n instable, gascoû et gascoun, triple graphie 

chabèque, thabèque et tchabèque; j considéré comme graphie englobante pour [j] et [2]… 

Il marque aussi quelques hésitations dans l’application du dernier principe ci-dessus. Ainsi, 

bien que la référence à l’étymologie soit sous-jacente, le choix entre c ou ç d’une part, s ou ss 

d’autre part, n’est pas toujours clair; si Palay écrit red {froid} < ‘frigidu’ (cf. p. 139), MM. Moreux 

et Puyau choisissent rét suivant la prononciation (p. 183), ce qui le coupe de redoulic. J’estime que 

la simplicité exige la rigueur dans l’application des principes, car la fantaisie et l’arbitraire obligent 

à mémoriser des quantités d’exceptions, et l’état de la langue n’a pas besoin de trainer ce boulet. 

II – L’accent tonique 

Comme en système classique (p. 243), les clitiques (articles, prépositions, pronoms faibles… 

et autres mots grammaticaux) sont évidemment dépourvus d’accent d’intensité, dit “tonique”, parce 

qu’ils font corps avec le mot d’appui, seul accentué. Tous les autres mots de deux syllabes et plus 

en ont une plus forte que les autres, voire deux pour certains composés, et la bonne compréhension 

entre locuteur et auditeur exige que l’accent d’intensité soit mis à la bonne place.



Compte tenu du choix de e comme voyelle posttonique issue de a étymologique et de la notation 

par ë du [e] posttonique (voir plus loin, p. 312), la règle est que l’accent est sur l’avant-dernière 

syllabe d’un mot dont la dernière contient un e ou un ë (paroxyton), et sur la dernière si c’est une 

autre voyelle (oxyton); et si malgré la présence de cette autre voyelle en finale, l’accent doit être sur 

l’avant-dernière (paroxyton), celle-ci porte un accent écrit. Ce qui implique que dans tout paroxyton 

avec une voyelle autre que e ou ë en dernière syllabe, la voyelle de l’avant-dernière doit être marquée 

d’un accent écrit; et que tout /e/ en dernière syllabe doit être marqué d’un accent aigu. En 

outre, pour faciliter la lecture, sans que cela soit indispensable, le /e/ tonique suivi d’un e ou d’un ë 

portera l’accent aigu : l’alée {l’allée}, que crée {il crée, ind.}, que créë {qu’il crée, subj.}; c’était 

déjà la solution de Sarrail (1980, p. 31) et a fortiori de l’Escole dont les règles de 1900 et 1905 voulaient 

l’accent sur tout e tonique. 

Exemples : 

– paroxytons comportant un e ou ë en dernière syllabe : que cantes, que cante, que canten {tu 

chantes, il chante, ils chantent}; que cantës, que cantë etc {que tu chantes, qu’il chante, etc.} (subjonctif 

présent); lou pebë {le poivre}, la lèbë {le lièvre}; la praubë hemne {la pauvre femme}; 

que’s lhève {il se lève}; que’s lhèvë {qu’il se lève}; cabë{être contenu}; entenë {entendre}; 

– paroxytons comportant une voyelle autre que e ou ë en dernière syllabe : ûn òmi {un 

homme}; un brouxàmi {un sortilège}; que cànti {je chante}; que sàbi {je sais}; que dìsi {je dis}; 

l’àsou {l’âne}; qu’aymàvet(z) {vous aimiez}, que vouloùssët(z) {que vous voulûtes}; Yèsus… 

– oxytons : canta {chanter}, lou brana {le terrain couvert de bruyère}; que se’n ana {il s’en 

alla}; lavadé {lavoir}; countén {content}; vaquè {vacher}; que sabèn {ils savaient}; lou serên {la 

fraicheur humide du soir}; lou camîn {le chemin}; que sabi {je savais}; audi {écouter}; aco {cela}; 

Yelos {Gélos, banlieue de Pau}; que sabou {il sut}; madu {mur}; ûn individu {=}; ûn devantau {un 

tablier de devant}; lou nivèu {le niveau}; l’estiu {l’été}; lou hilhòu {le filleul}; l’array {le rayon}; 

au demiey {au milieu}; lou cerisèy {le cerisier, nord-gascon}, beroy {joli}; arrouy {rouge}; lou 

Luy {le =}; lou limac {la limace}; capvath {en bas}; sourelh {soleil}; qu’aymam {nous aimons}; 

que canteran {ils chanteront}; ûn averân {une noisette}; augan {cette année}; souvén {souvent}; 

lou cân {le chien}; praubin {“pauvre chéri”}; ûn baloûn {un ballon}; que saboun {ils surent}; lous 

esclops {les sabots}; un tenor {=}; lou retour {le =}; ûn pegas {un grand sot}; lagagnous {chassieux}; 

esberit {éveillé}; pegot {petit sot}; aygassut {insipide}… 

On constate aisément que mis à part les paroxytons de la seconde série qui nécessitent une 

explication, le lecteur français placera d’emblée la syllabe accentuée au bon endroit. 

III – Les phonèmes vocaliques simples 


La graphie moderne utilise les voyelles de l’alphabet latin avec la valeur originelle, à 

l’exception du e comme on le verra de suite, et du u devenu [y] en gallo-roman d’oc comme d’oïl, 

entrainant de part et d’autre l’adoption du digramme ou pour noter [u]. 

Le produit du a latin posttonique 

Le a latin posttonique — donc très généralement en finale —, aboutit à une assez grande 

variété de sons difficiles à retrouver si la graphie n’est pas suffisamment appropriée; en témoignent 

trois articles de Per noste-Païs gascons, en 1994-95 :



– le plus long est celui de J.-L. Landi (1994) qui situe bien le problème que même les maitres 

rencontrent pour connaitre et enseigner la “bonne” prononciation, tant s’accordent mal les ouvrages 

et revues qui en traitent; et de soulever la délicate question de la standardisation éventuelle; il 

penche lui-même pour la prononciation en -[o], car elle est « majoritaire en Gascogne » et encore 

plus « dans l’ensemble occitan », « l’une des originalités de la langue occitane confrontée à ses 

sœurs romanes limitrophes (français, catalan, castillan, piémontais, italien) » et « permet de bien 

marquer l’opposition entre masculin et féminin ». 

– J.-M. Puyau (1994) n’est pas de cet avis, car il entend dépasser le cadre étroit de l’ensemble 

occitan : la prononciation en [œ] rapproche le gascon du catalan et du portugais, avec qui il partage 

d’autres traits que n’ont pas les autres langues d’oc; et de terminer ainsi : 

« Je ne vois vraiment pas au nom de quelle raison majoritaire — lorsqu’on se prétend 

défenseur de “minorités linguistiques”, cela semble contradictoire, voire étrange — il faudrait 

privilégier davantage le [o] que le [œ] dans le domaine gascon. […] 

« Du point de vue didactique, j’irai même plus loin en faisant remarquer que la réalisation 

[œ], même correctement prononcée, reste plus accessible, plus adaptée à 

l’apprentissage et entraine vraiment beaucoup moins d’erreurs d’accent tonique que la prononciation 

[%] grossièrement schématisée en [o] fermé, qui sera tellement plus apte à attirer 

un accent tonique parasite d’influence française. » 

– P. Haure-Placé (1995), enfin, « pense aussi qu’il ne faut pas privilégier une prononciation » 

et donne un riche inventaire des variations de prononciation des a posttoniques d’une même phrase 

en divers endroits de la Gascogne. 

Sans aller aussi loin, la carte de synthèse 2161 de l’ALG VI donne une bonne idée d’ensemble 

de la prononciation du a posttonique : en gros, c’est [œ/$] dans la moitié nord-ouest du domaine et 

[o] dans la moitié sud-est, la limite étant sensiblement la fameuse « diagonale Aiguillon (647) - Artix 

(685) » (Allières, ALG V, 1665; mais géométriquement parlant, c’est plutôt une bissectrice !), 

limite que l’on retrouve pour bien d’autres faits linguistiques gascons. Mais il y a des zones 

d’exception. Pour les cerner le mieux possible, je me suis fié à Alain Viaut (1998, p. 101) pour la 

pointe du Médoc, qui prononce [u]; et pour les zones pyrénéennes qui prononcent [a] ou [œ], j’ai 

fait, pour 18 points, un relevé des données des 11 premières cartes de l’ALG I portant sur des mots 

féminins en gascon (l’homogénéité des relevés en chaque point m’a dispensé d’aller au-delà de 11); 

et pour 4 points ajoutés lors de l’enquête complémentaire en vue de l’ALG IV, j’y ai ajouté le 

relevé de 11 cartes de ce volume, avec également des résultats très homogènes en chaque point. 

La carte que j’ai pu dresser, en page suivante, montre aussi la prononciation du -e « doucement 

fermé » de Lespy, objet du prochain paragraphe. Pour ce qui est du produit du a posttonique, 

cette carte diffère quelque peu de celle de M. Grosclaude (1986-1, p. 25) quant aux zones en [a], et 

surtout à celles en [œ] qu’il a omises, sans doute parce qu’en cours de passage à [o]; mais il a inclus 

au sud-est de l’espace gascon le point 782 S (Labastide-de-Sérou), qui est languedocien. 

Les zones en [a] et [œ] ne sont plus que des réduits de l’ancienne prononciation, le [o] venu 

probablement du Languedoc tendant à la supplanter, et d’abord dans les villes comme Lourdes et 

Bagnères-de-Bigorre où il l’emporte. Déjà, dans les Poèmes chantés des Pyrénées gasconnes, fruit 

d’enquêtes de terrain réalisées de 1957 à 1960, X. Ravier relevait (pp. 193-4) une tendance à passer 

à -[o] du fait du prestige de la prononciation urbaine; « l’enquête [à Betpouey, limitrophe de 

Barèges, en 1957] fait ressortir que la finale féminine y est en pleine mutation : on entend a/o atone 

(avec majorité de o) chez un sujet de 40 ans, presque toujours o chez un autre sujet de 15 ans. De



même à Gavarnie […] ». Par ailleurs, si les onze cartes de l’ALG I relevées donnent à Barèges la 

quasi exclusivité du [œ] et un seul [a], son nom est noté [ba'r!tj%] sur la carte IA. Les cartes de 

l’ALG IV qui notent les données recueillies par X. Ravier dans cette même période constatent cette 

évolution; mais aussi des nuances; ainsi, Lesponne et Laborde, points 696 E et 696 S ajoutés pour 

cette enquête complémentaire, ont leurs propres noms notés en [a] et les prononciations relevées 

sont en [a] tendant vers [o], alors que le premier pouvait être situé en zone [œ] et le second en zone 

[o]. C’est dire qu’à moins d’une enquête de terrain village par village, les cartographies ne peuvent 

être qu’approximatives… et évolutives. 

Pour noter cette voyelle atone, le -e me semble s’imposer : 

– il représente directement la prononciation d’une bonne moitié du domaine; 

– il est également atone en français, ce qui évite les erreurs d’accentuation à la lecture, comme 

le faisait remarquer J.-M. Puyau; 

– il a été utilisé dès les premières chartes gasconnes; 

– comme par les premiers écrivains de la zone qui aujourd’hui prononce en [o] (Bertrand 

Larade, André Du Pré…); 

– il a été consacré par l’Escole Gastou Febus dans ses normes de 1905 : l’aygue, las arroses, 

que cante; la daune e la gouje… 

– et comme pour montrer que cela ne rebute pas les lecteurs de la zone “o”, La Nouvelle République 

des Pyrénées (Tarbes) du 28 décembre 2004 titrait un article « Passejade de la Saint 

Jean », ce que la majorité des locuteurs des Hautes-Pyrénées prononce [pase'2a*o]. 

Le /e/ posttonique 

Née dans l’ouest gascon qui réalise ce /e/ en [œ/$], donc comme le produit du a posttonique, 

la graphie traditionnelle, maintenue par l’Escole Gastou Febus, le note de même par -e. Or l’est oppose 

les deux réalisations, [e] d’une part, [o] ou rarement [a] de l’autre (carte ci-dessus); mais 

l’ambivalence du graphème e n’était pas jadis un problème quand la langue était sur toutes les 

lèvres; visant néanmoins ceux qui « en dehors de notre pays […] s’intéressent à nos dialectes » (cf.



p. 136), Palay avait résolu le problème en notant un point sous le e : util". 

Or ce signe diacritique, sans valeur orthographique, est devenu indispensable de nos jours; de 

telle façon que son oubli par Palay — ou le typographe — dans le mot « carce » a abouti à la 

graphie *carça {prison} dans le Civadot dont les auteurs ne devaient guère user de ce mot recherché 

(on dit [pre'z,]) ni encore moins pratiquer le latin ‘carcer’. Plus grave encore, le “futur du 

passé” noté traditionnellement en -re a été transcrit en -re alors que la prononciation réelle est en 

[a/o/e] et appelle -ra en graphie classique, comme J. Allières l’avait bien vu dans l’ALG V, 1616 : 

vengora et 1684; (cf. J. Allières, 1997 et P. Bec, 2002). 

Mais ce point inférieur de l’alphabet des linguistes ne se trouve pas dans les polices utilisées 

couramment par les traitements de texte. Je propose donc le ë, caractère sans autre affectation en 

gascon (voir p. 332) : 

– il n’est pas inconnu en français, bien que résiduel : seulement après o et valant [e] ou [!] 

selon sa position : [e] dans canoë, foëner et foëneur, [!] dans noël, foëne et l’omniprésent Citroën 

(alors qu’existent les variantes foéner, foéneur et foène et qu’un e simple fait l’affaire dans coefficient 

et coexister [e] comme dans coercition [!]…); 

– il n’est pas non plus totalement nouveau en béarnais, puisque selon Louis Lacaze (Les imprimeurs 

et les libraires en Béarn, Pau, 1884) cité par R. Darrigrand (in Fondeville, 2002, p. 7), la 

première édition de la Pastorale de Fondeville de 1763 était intitulée : 

La /Pastourale/ deu/ Paysaà/ qui cèrque méstièè à son hilh, chens/ ne trouba à son 

grat./ Pèsse divértissénte et connègude èn Béarn,/ ainsi quë d’autës oubratgës deü medich 

authou. En qoate actes/ Per moussoû Fondeville de Lescar./ 

Bien sûr, il aurait fallu écrire aussi « qoatë actës », mais ce précédent est sans équivoque. 

En syllabe finale, le e pourra donc revêtir cinq formes, e, ë, é, è et ê : 

2, toujours posttoniques, e et ë : 

counten ['kuntœn] ou ['kunton] ils comptent indicatif 

countën ['kuntœn] ou ['kunten] qu’ils comptent subjonctif 

3, toujours toniques, è, é et ê : 

countèn [kun't!n] ils comptèrent 

countén [kun'ten] content adjectif 

serên [se're] ou [se'r;"] serein (humidité du soir, rosée) (cf. p. 325). 

Révision du suffixe -amén généralisé par Palay 

Comme rappelé p. 249, le gascon a deux sortes de mots en -mén, correspondant aux mots 

français en -ment, tous de formation “savante” : des adverbes de manière dérivés d’un adjectif au 

féminin et des substantifs; lorsque le radical de ces derniers est un verbe en -a-, on aboutit à des 

mots de même allure que les adverbes : gauyousamén, cambiamén {joyeusement, changement} 

(voir Annexe XX). 

À l’instar des suffixes -adoù et -adé dont le a se réalise en [e] ou [´/Ø], Palay s’en est tenu à la 

notation du « a étymologique ». Ici, pourtant, la mutation vocalique est d’une autre nature, car elle 

affecte un a posttonique dont la réalisation se répartit dans l’espace comme celle du -e des mots 

simples tels que hemne {femme} ou arrose {rose} et non comme celle du a de -adoù et -adé. 

Palay aurait donc dû noter ce son par le e de hemne et arrose, donc écrire gauyousemén et



càmbiemén, en précisant que ce e se prononce comme le -e de ces mots féminins, donc [o] dans la 

presque moitié est du domaine, ce qui n’arrive jamais au a de -adoù et -adé. C’est ma proposition. 

Mais bien évidemment, resteront notés par -amén les quelques mots qui sont en -ament en 

français et qu’aujourd’hui le gascon prononce partout en [a] comme signalé dans l’Annexe : firmamén, 

ligamén, temperamén, testamén. 

Pour les deux douzaines de dérivés de substantifs en -emén évoqués dans l’Annexe, dont la 

prononciation s’aligne sur le français, il faut distinguer : 

– ceux qui se prononcent en -[a'men], qu’on continuera à écrire ainsi, sans problème; c’est le 

cas, à mon sens, de foundamentàu; sacramentàu, sacramentalemén, ou mieux, sacramentaumén; 

testamenta, testamentàri, testamentarimén, testamentè,-re; 

– ceux qui se prononcent en -[œ'men]; je ne vois d’autre solution que de les écrire en -ement- 

et de préciser dans les articles des dictionnaires que le e devant ment se prononce [œ]; il s’agit à 

mon sens de ournementa, ournementacioûn; parementa; parlementa, parlementàri, parlementè,-re; 

passementa, passementè, passementerie; reglementa, reglementàri, reglementarimén, reglementacioûn, 

reglementayrë; sacrementadou, sacrementàri, sacrementat,-ade. 

Enfin, on notera par ë le /e/ des adverbes dérivés d’adjectifs en -e dans les régions où ceux-ci 

sont épicènes (simplëmén [simple·men]) et pour les mots d’étymons en -e-, comme elëmén etc. 

Et la carte de la p. 312 suffira à régler la prononciation de ces -emén et -ëmén. 

Confirmation des suffixes -adou et -adé de Palay 

En revanche, on peut parfaitement conserver les graphies “englobantes” en -adoù et -adé de 

Palay pour les dérivés verbaux prononcés -[a'du] et -[a'de] à l’est et -[œ'du] et -[œ'de] ou -[ø'du] et 

-[ø'de] à l’ouest — sauf à supprimer l’accent grave de la première, donc -adou —; et ajouter la variante 

irréductible -aduy pour la région d’Arcachon et de Bazas; la carte ci-après situe géographi 

quement ces réalisations :



La voyelle e en “parler noir” 

La question du e en parler noir ayant été clarifiée au titre de la graphie classique (pp. 249- 

250), il est aisé de transposer les solutions en graphie moderne. 

Le -e remplaçant dans cette graphie le -a posttonique de la graphie classique, on n’a plus que 

e, é et è que le parler noir réalise ainsi : e et é toniques en [œ], è en [e], e prétonique en [ø], e posttonique 

en [œ/!]. Réciproquement, on notera : 

– [œ] tonique par e ou é dans les conditions habituelles : hemne {femme}, vedë {voir}, dén 

{dent}, servén {servant}, serpén {serpent}, tendén {cependant}, seberdén {surdent}, héns / hén 

{dans}, dehén {dedans, l’intérieur}, bastimén {bâtiment}, urousemén {heureusement}, etc. 

– [e] tonique par è : acèy {acier}, lèbë {lièvre}, vedèn {voyant}, bernat-pudèn {punaise des 

bois}, cregnènce {crainte}, paciènce {patience}, calhiuèt {petite cheville}, paloumèt {russule}, etc. 

– [e] prétonique de même, mais en mettant un accent sur la tonique pour lever toute ambigüité 

: acèyrà {aciérer}. 

– [ø] prétonique par e : le vertat {la vérité}, estau {maison}, servìci {service}, etc. 

Les voyelles nasales intérieures 

La chute du -n- intervocalique entraine une nette nasalisation de la voyelle qui le précède dans 

la zone grisée de la carte ci-dessous : nord du Béarn et jusqu’à la pointe de la Bigorre (Labatut- 

Rivière pour un seul mot, plêa, ALG IV, 1345 “remplir”; mais ce point a été rajouté pour le volume 

IV — l’enquêteur principal X. Ravier est né à 5 km de là —, de telle sorte qu’on ne peut tirer de 

conclusion négative pour les autres mots étudiés). Ailleurs, cette nasalisation a dû logiquement exister 

39 , mais a fini par disparaitre totalement. 

L’Application… avait prévu le rappel généralisé de la chute du -n- dans le groupe final -ia par 

un accent aigu sur le í : 

« La finale -ia […] portera un accent sur le premier élément (-ía) chaque fois qu’il 

s’agira d’une diphtongue formée après la chute d’un n intervocalique; on la distinguera 

39 Cf. Bec (1968), I, pp. 37-48.



ainsi de la finale -ia primaire : haría, vesía, amía (langued. : farina, vesina, amena) à côté 

de : espia, sia, dia, poësia. » 

Outre qu’il s’agit d’une diérèse et non d’une « diphtongue », on remarque qu’il n’est fait aucune 

allusion à une quelconque nasalisation rémanente, ce qui explique sans doute que rien ne soit 

prévu pour les autres voyelles; en revanche, l’institution d’accents diacritiques par l’alinéa suivant 

pour éviter de « prêter à confusion, surtout aux yeux des non-Gascons » laisse penser que ce -ía 

n’avait pas d’autre but. Quoi qu’il en soit, ignorant semble-t-il l’origine de cette notation, les auteurs 

du Civadot (cf. p. 161) l’ont abandonnée en 1984 avec l’explication suivante : 

« 4. — Faut-il écrire : cosia ou cosía ? 

« L’habitude s’était prise en Béarn d’écrire avec un accent aigü sur le i (í), les mots haria, 

cosia, vesia, garia, etc. L’accent aigü indiquant la chute d’un n « intervocalique » et la 

persistance d’une prononciation nasillée. Nous avons décidé de ne pas mettre cet accent. 

Deux raisons : la première c’est qu’il se serait agi d’une graphie très locale car la prononciation 

nasalisée de ce í n’existe guère qu’en Béarn; la seconde, c’est que, pour être conséquents, 

il nous aurait fallu mettre le même accent sur bien d’autres mots présentant la 

chute du n « intervocalique » (ua, lua…). » (p. 21). 

Et M. Grosclaude a maintenu cet abandon, avec la même explication, dans le Dictionnaire 

français-occitan (gascon) qu’il a préparé avec G. Narioo (Avant-propos, p. 32, § 6). 

En revanche, dans leur Dictionnaire français-béarnais, MM. Moreux et Puyau (2002) ont entendu 

noter par un accent circonflexe les voyelles nasales, mais seulement « en syllabe dominante », 

c’est-à-dire tonique; donc harîe, “farine”, mais aussi hê, “foin”. 

Pourtant, curieusement, une “remarque” ajoute : « Pour les é et è nasalisés, comme on ne peut 

mettre deux accents sur la même voyelle, il faut choisir de transcrire soit la nasalisation (hê, aberoê) 

soit le timbre (hé, aberoè) »; or aberoè n’a jamais eu de -è nasalisé, puisqu’il s’agit du suffixe issu 

de ‘-ariu’; et je ne vois pas de mot gascon achevé par un [



a nasalisé : ALG I, 113, “noisette; noisetier”, aurâè; II, 305, “grenier”, grâè. — Dictionnaire : 

*aberaê (è), *graê (è); 

e nasalisé : ALG I, 149, “résine”, arrousêe; II, 341, “faner”, hêya; III, 602, “échine”, rêe; 668, 

“chaux”, causêe; 1086, “pleine”, plêe; IV, 1345, “remplir”, plêa. — Dictionnaire : arrousêe, bêe, 

causêe, *empleâ, *estreâ, lendêe, *pleâ, rousêe; 

i nasalisé : ALG I, 149, “résine”, arrousîe; III, 602, “échine”, esquîe; 668, “chaux”, caucîe; 

974, “farine”, harîe; 993, “voisine”, besîe; IV, 1345, “remplir”, plîa; 1584, “mener”, mîa. — Dictionnaire 

: *acounziâ-s-en, *arremouliâ, arrousîe, bacîe, *bequiâ, besîe, causîe, cousîe, empliâ, 

esquîe, *gariât, garîe, harîe, *hiâ, *miâ, parguîe, *pliâ, rousîe, *saliê (è); 

ou nasalisé : ALG I, 6 “taupinière”, bouhoûère; 113, “noisette; noisetier”, augroûa; auroûè, 

aberoûè, aberoûère; IV, 1226 “émoussé”, esmouxoûat. — Dictionnaire : *aberoê (è), *aberoêre 

(dén) (è), *ahitoâ, *arristoâ, *ayulhoâ-s, *boutoâ, *broutoâ, *cammaysoê (è), *carboâ, *carboâde, 

*cussoât,-âde, *desapicoâ, *desgroâ, *despicoâ, *deyoâ, *esdeyoâ, *esgroâ, *garrapoâ,* picoâ, 

*soâ, *tapoâ, toûe (la); 

u nasalisé : ALG III, 1010 “lune”, lûe. — Dictionnaire : *deyuâ, *esdeyuâ, eslûère,* pruê (è). 

Mais l’ALG n’a relevé aucune trace de nasalisation dans les cartes VI, 2491 à 2493 “une”; ni 

a fortiori dans la carte III, 768 “panier”, la forme paè étant inconnue dans la zone qui nasalise. 

On peut remarquer que le report de l’accent circonflexe sur le a tonique final n’est pas limité a 

la « séquence oa », puisqu’on le trouve avec e (estreâ), i (acounziâ-s-en), et u (deyuâ). Et eslûère 

est un heureux hapax qui transgresse le lien entre accent circonflexe et syllabe tonique et permet 

une lecture parfaite [esl.'!r$/o]. Mais ce mot supposerait lûe et *pruê, prûe. 

Finalement, cela nous pose trois questions : 

– peut-on ignorer un traitement phonétique tout à fait normal en gascon et conservé dans une 

zone réduite, mais non négligeable ? Je ne le pense pas, d’autant que l’aire du phénomène est aussi 

celle où s’est développé le béarnais “classique” qu’adoptèrent la plupart des Félibres de l’Escole 

Gastou Febus tout comme M. Grosclaude dans sa méthode Lo gascon lèu e plan (1977). Mais il 

convient de ne pas en limiter la reconnaissance à la seule voyelle i. 

– si l’on accepte de le noter, comment le faire ? L’accent aigu ne peut convenir, car il marque 

une syllabe tonique, ce qui n’est pas le cas pour un nombre important de mots. L’accent circonflexe 

peut convenir, à condition de ne jamais en faire une marque de tonicité, ce qui est parfaitement réalisable 

en graphie classique comme en graphie moderne. À cet égard, il convient de rappeler que ce 

fut le choix de Salette, dont témoigne cette liste tirée de Darrigrand (1983, p. 275), les “fractions” 

indiquant le n° du Psaume et celui du verset : « amirôaá, 18/1; carbôéra, 21/9; dejûaá, 35/6; emberêadas, 

64/3; emplêaá, 69/10; plêa, 73/11; arrêa, 69/10; lûa, 72/3; arêa, 78/14; grâolhas, 78/23; 

sôaá, 92/2; matîada, 92/1 ». Et c’est aussi le choix occasionnel de P. Bec (1968, I, p. 40) qui écrit 

lûa comme aboutissement final de l’évolution phonétique supposée à partir de ‘luna’ latin. 

– faut-il pour autant en faire la graphie “normale” de ces mots ? Non, si l’on considère qu’il 

s’agit d’un phénomène d’aire réduite dans le domaine; c’est une variante, pour la zone qui nasalise, 

comme le -u- intervocalique en est une pour celle qui le prononce [w]. Mais peut-être bien que oui, 

si l’on considère que de noter la perte du -n- peut être un clin d’œil de reconnaissance pour les Gascons 

dégasconisés aussi bien que pour les non-Gascons. 

L’exemple de Salette, celui fugace de P. Bec, et l’heureuse initiative de MM. Moreux et



Puyau me conduisent donc à proposer ceci : que la nasalisation de la voyelle précédent un n intervocalique 

amuï soit effective ou qu’elle ait disparu, on marque la voyelle par un accent circonflexe, 

sans effet sur la place de l’accent tonique ni sur l’ouverture du ê; ce marquage systématique se justifie 

par le souci d’unité du gascon et aussi par celui de faciliter l’intelligence du mot pour les Gascons 

dégasconisés et les non-Gascons. 

Autres problèmes de voyelles 

Les promoteurs de la graphie moderne ne poursuivant pas d’autre but que d’écrire pour être 

lus le plus facilement possible sans se couper pour autant des traditions, les autres améliorations à 

l’écriture des voyelles proposées au chapitre précédent s’avèrent inutiles en graphie moderne. 

Ainsi, l’article défini féminin prononcé [lø] a toujours été écrit le; les futurs et conditionnels 

des verbes en -a prononcés [e] ou [œ/ø] ont été écrits par e : que canterèy, que canteri. 

Et dans les autres cas de mutation en [e] ou [œ/ø] d’un a étymologique prétonique, pas de 

problème, puisque la graphie moderne les a toujours notés par e. 

Un mot toutefois de l’y voyelle : comme la graphie classique, la graphie moderne ne l’utilise 

pas : la fisique; las Pirenées. Une exception : le pronom/adverbe y, qui est aussi conjonction “et” en 

Aspe et Barétous : Toque y se gauses {Touches-y si tu oses, devise des vicomtes de Foix-Béarn}. 

Eth pay y ’ra may {le père et la mère}. On le rencontre aussi dans le parler d’Aire, mais là, seulement, 

et pas toujours, devant un mot commençant par e : plume y estoupe (plume et étoupe). Cet 

usage remonte aux plus anciens textes, peut-être pour donner plus de visibilité à ce monographème. 

En outre, le fait que lui corresponde j dans certains parlers (Ossau, Aire…) justifie sa notation par 

y : que y a ? devient que j’a ? {qu’y a-t-il ?}. 

IV – Les diphtongues 

Paradoxalement, c’est la graphie moderne qui a conservé la notation médiévale des diphtongues 

gasconnes, non seulement oe ou oè pour [we/w!] et goa pour [gwa] que je propose de 

rétablir en graphie classique (cf. p. 251), mais aussi quoa pour [kwa] et l’y pour glide de ay, ey etc. : 

hoec, encoèra, goari, pay, meysoûn, ley, que serèy, beroy, la nuyt (Landes). 

Elle a néanmoins innové pour [wi], et sans le secours des règles, car avant même 1900, les 

écrivains le notaient oui, notamment pour les gallicismes oui {=}, seul employé dans le cadre du 

vouvoiement, reyoui {réjouir} et ses composés (p. ex. Eugène Larroque, Noces de village, 1895, p. 

13). Pourtant, les règles de 1900, puis de 1905, n’ont envisagé que [wa] et [we] (règles n° 14 puis 

n° 16) écrits oa et oe; il est vrai que noter [wi] par oi aurait provoqué trop de lectures en [wa], à la 

française, et oui aurait dû être officialisé; mais ne rien dire n’était pas très courageux, alors qu’en 

1905, la diérèse de oui était signalée en note, suggérant l’usage du tréma; on y reviendra, p. 332. 

Le /w/ intervocalique 

V – Les phonèmes semi-consonantiques 

Noté par u dès les règles de 1905 (cf. p. 125), le /w/ intervocalique ne pose aucun problème en 

graphie moderne : on continuera à le noter par -u-, comme en graphie classique d’ailleurs.



Le yod semi-consonne initial, postconsonantique ou intervocalique : y ou j ? 

Les normes de l’Escole Gastou Febus de 1900 puis de 1905 prévoyaient j là ou l’on dit [2] et 

y en Béarn qui dit [j], donc sans rechercher une “graphie englobante”. Pourtant, Palay avait donné 

sa préférence à la notation par j sur le y, sauf pour les mots censés n’exister que dans des endroits 

où la prononciation par [j] justifiait la graphie particulière y. Rappelant ce choix de Palay p. 254, 

j’ai finalement montré que j ne pouvait être graphie englobante couvrant les deux prononciations, et 

que les principes mêmes de la graphie classique voulaient j pour ce qui se dit [2] et y pour ce qui se 

dit [j]. Il en est a fortiori de même en graphie moderne, et il faut en rester aux règles de 1900-1905. 

/%/ devant e, i : g ou j ? 

VI – Les phonèmes consonantiques palatalisés 

La question ne semble pas avoir effleuré les auteurs des normes de l’Escole Gastou Febus.. 

Chez Alibert, qui se réfère sans cesse à l’étymologie pour noter [s] par c ou ss, il n’en est plus 

question — ou presque — pour noter [2] ou [j] : ce sera g devant e et i, j partout ailleurs : getar < 

‘jactare’, màger < ‘major’, jòia < ‘gaudium’ etc. D’où des alternances dans les paradigmes verbaux 

: que mingi, que minjas, etc. Mais à la différence des Italiens, *Gèsus lui a paru trop audacieux, 

d’où Jèsus, et toutes sortes de mots dits savants, comme majestat opposé à màger, injeccion 

à getar etc. Ce qui aurait pu être simple finit encore par être compliqué ! 

Palay, lui, a usé du g et du j devant e et i, mais il ne semble pas avoir eu de doctrine très sûre : 

« Devant e et i, […] dans la majorité des cas, nous avons respecté la tradition relativement 

à l’emploi du g étymologique; on ne devra pourtant pas être surpris si de nombreuses 

exceptions sont faites, pour plus de simplicité, à cette règle. » (Dic., p. XI) 

On ne voit pas où est la simplicité, quand on se donne une règle, puis quand on l’écarte lorsque 

l’occasion se présente, sans dire pourquoi; c’est encore plus flou que la référence d’Alibert au 

caractère “savant” du mot. 

Le principe de la graphie étant phonétique, j’estime donc que j doit être la règle pour [2], mais 

que dans le même esprit qui fait choisir entre c et ss selon l’étymologie, on lui substituera g lorsque 

l’étymologie en g est évidente, ou, en onomastique, lorsque la tradition l’a solidement établi : ‘gens’ 

> la gen, lous gendarmes, lou generau, lous gentius…; ‘agere’ > agen, agéncie…; ‘regere’ > lou 

regen, lou regimen… Donc minja : que minji, que minjes… que minjam, que minjat(z)… Et bien 

sûr ‘Aginnum’ > Agen, mais aussi le Gers, quoique sans étymon certain en G-. 

Écrire /*/ : nh ou gn ? 

Parlant d’Arnaud de Salette, M. Grosclaude (1983, p. 297) a cru pouvoir dire : « contrairement 

à la tradition constante de l’écrit occitan et béarnais, il graphie le son de “n mouillé” avec le 

digraphe français GN et non nh. ». C’était ignorer notamment la Charte de Herrère de 1278 qu’il 

citait pourtant quatre pages plus haut et dont on reparlera bientôt. 

Il est exact, pourtant, que nh a été très employé par l’ancienne langue gasconne et béarnaise. 

Cela ne posait pas de problème quand le son [h] était noté par le f étymologique latin (fite {borne, 

limite} prononcé hite), alors que seuls quelques mots savants avaient gardé la prononciation latine 

en f (familhe, fe {foi}, foo {for}…). Donc [enhur·na] {enfourner} s’écrivait enforna(r), sans confusion 

possible. Mais aujourd’hui, on est obligé d’écrire le h distinct du f : hemne {femme}, mais



familhe; donc enhourna risque fort d’être lu “egnourna”. Certes, en graphie classique, L’application… 

a prévu que le gascon, seul à posséder des h que l’on prononce, insèrerait un point entre n et 

h : en.hornar. Mais ce n’est que du replâtrage dans un système conçu sans penser au gascon, et ce 

« point intérieur » perturbe tous les tris alphabétiques des programmes informatiques courants. 

C’est donc en tenant compte de ce problème que dès 1900, conseillés par le grand romaniste 

Édouard Bourciez, les Félibres de l’Escole Gastou Febus ont préféré gn : aragne {araignée}, besougn 

{besoin}… De même, le Pr. Henri Gavel (cf. p. 142) reconnaissait que « la question de la 

transcription de l’n mouillée est une de celles où la sagesse commande de ne pas chercher une unité 

absolue. » (1942, p. 15) et concluait au maintien de gn en gascon (ib. p. 31). 

Était-ce là du “succursalisme” français ? Pas du tout, car s’il est un son qui a connu dans 

toutes les langues romanes une grande variété de notations, c’est bien celui-ci : ñ en castillan, ny en 

catalan, nh en portugais et en occitan, gn en français et en italien… Cela tient au fait qu’ont convergé 

sur ce son diverses combinaisons latines : gn dans agnus, ni dans senior, ne + voyelle dans 

vinea et que toutes ces combinaisons ont servi dans les langues romanes, jusqu’à ce que l’une 

l’emporte, et pas partout la même ! 

Ainsi, en béarnais, nous avons le témoignage de la Charte de Herrère, un des six textes les 

plus anciens dont nous ayons l’original (Cheronnet, 1978); dans ce texte daté du 21 novembre 1278, 

on peut lire segnor (33 occurrences), seignor, segner (3 occ.), compagna (2 occ.), compagnie, 

pegneras, pegneres, pegnerar, bigne et segnau. 

Voici encore quelques témoignages bigourdans pris dans des extraits du Cartulaire de 

Bigorre présentés, dans la revue Pyrénées (n° 212 du 4 ème trimestre 2002, pp. 409 et 406) par X. 

Ravier, qui en prépare l’édition critique : dans la pièce LVII, datée vers 1114, lignage et segnor (4 

occ.); dans celle qui dans l’édition portera le n° LXXII, brève charte de 1256, Agnes, Segnor et 

Mosegner, mais aussi senhor, Domenhe et linhadge. 

M. Grosclaude en avait pris conscience, car trois ans après sa communication du Colloque 

Salette, il devait donner une vision tout à fait correcte de ces faits d’écriture. Dans son ouvrage de 

1986, p. 19, il s’appuie sur la Charte de Herrère (qu’il date il est vrai de 1290, au lieu de l’exact 

1278 noté p. 8), et conclut sans ambages : 

« Est-il bien nécessaire de préciser qu’il serait puéril d’attribuer la graphie gn de ['] à 

l’influence du français, au 13° s ? Il s’agit tout simplement de l’adoption toute naturelle de 

la graphie latine étymologique. » 

Aujourd’hui donc, pour les raisons retenues par H. Gavel, mais aussi parce que l’identité de 

graphème avec le français que chacun sait lire et écrire est un avantage décisif, je conclus pour le 

maintien de gn en graphie moderne. 

Se pose il est vrai le problème de la lecture de la quinzaine de mots que Palay note par -gn- en 

précisant qu’on doit les prononcer par g-n : clignà {incliner}, variante de clinà, endign" {indigne} 

(mais, curieusement, ni dign" ni ses dérivés directs), estagnà {stagner}, regnà {régner} (mais « on 

prononce aussi ren-nà »), sangnà {saigner} (« que l’on prononce [aussi] san-nà »); et sangnère 

{grande effusion de sang; tuerie}, variante de sannère; et enfin sìgn" et toute sa famille : signà 

{signer}, variante de sinnà, assignà {assigner}, counsignà {consigner} et counsigne, ensìgne 

{signe, marque} et enter-signà {échanger des signatures}.



Mais l’existence des variantes en -nn-, témoins de la tendance naturelle à assimiler [gn] en 

[nn], et le silence sur la prononciation de dign", et de bien d’autres mots en -gn-, laisse penser que 

la tendance lourde de la langue est de prononcer ces mots à la française, donc par [']. Je ne pense 

pas qu’il faille s’en préoccuper plus que Palay ne le fit : on continuera à les écrire par -gn- en rappelant 

qu’ils se prononcent par [gn], tout comme le font les lexicographes français pour agnostique, 

stagnant, stagnation, stagner etc. 

Le /'/ et la consonne réalisée par [', & ou tj] selon les lieux 

Le schéma de la p. 260 montre la grande complexité des sons palatalisés, issus de phonèmes 

latins ou français (mots d’emprunts) dans un grand enchevêtrement d’origines et de convergences. 

La graphie moderne n’a pas plus de recette que la graphie classique pour les noter simplement. 

La graphie fébusienne a utilisé le ch français pour noter tous les /#/, mais a dû recourir à tch et 

th pour noter /0/ et /tj/. L’avantage est une lecture immédiate des deux premiers; mais le gros inconvénient 

est qu’un même mot sera noté de trois façons différentes sur le domaine, même si Palay 

a donné la préférence à ch : picharre, pitcharre et pitharre {dame-jane} (cf. Palay, v° th.). 

Comme pour Palay, donc, comme pour la graphie classique, ch me parait la moins mauvaise 

solution, pourvu évidemment que cette graphie soit véritablement englobante, c’est-à-dire se réalise 

géographiquement suivant les zones de la carte de la p. 263. 

Et pour ce qui est [#] même dans les zones en [0] ou [tj], c’est encore x que je préconise, sans 

i ni y muet pour le précéder, avec le même corollaire de remplacer x par sa valeur phonétique dans 

ses autres usages actuels (p. 283) : xens {sans}, dexa {laisser}, que counex {il connait}; pex ou peyx 

{poisson}, selon que l’on prononce [pe#] ou [pe"#]. 

Malgré mon souci d’éviter les conventions d’écriture et de lecture trop éloignées de celles du 

français, aucune autre solution ne me parait préférable : choisi pour sa valeur englobante qui n’est 

pas un avantage négligeable pour l’unité de la langue, ch a trois valeurs selon les zones; sh, facile à 

lire, certes, rompt avec la tradition millénaire et la parenté avec le catalan et le portugais, pour ne 

pas dire avec le basque qui a pris le x au gascon ou à l’ancien castillan; et il pose le problème des 

mots où sh se lit [sh], donc l’échappatoire du point intérieur. Je mise donc sur l’intelligence des 

Gascons et leur attachement à la tradition, eux qui lisent sans problème apparent les toponymes Mirepeix 

ou Azereix, le titre du roman d’Éric Gonzalès Arantxa, et tout récemment, le nom Xarnege 

d’un groupe de chanteurs que présente País gascons (n° 225, 1-2/2005, pp. 18-20). 

Au demeurant, Lespy nous donne au mot GRÈUCHE {grenouille} deux vers du poète béarnais 

Narcisse Laborde (1835-1885) où s’opposent ch à réalisations variables [#, 0 ou tj] et (i)x valant 

uniquement [#] : « L’u prefère a l’angèle, au peix, Grèuche ou sèrp que l’aute espudeix. L’un 

préfère à l’anguille, au poisson, Grenouille ou serpent, que l’autre repousse de dégoût. » 

/es'/ ou /e''/ : faut-il une notation particulière ? 

Au mot echalà, Palay écrit : « C. eschalà. (*) », l’astérisque renvoyant à la note suivante : 

« Certaines régions en Big[orre], G[ers] et L[andes] irrégulièrement réparties, 

d’ailleurs — Aire, Aucun, Samatan, etc. — élident s dans les mots qui, ailleurs, possèdent 

le préfixe es; considérant cette suppression de s comme une exception, nous prions qu’on 

se reporte, pour les mots où elle pourrait exister, aux mots-types commençant par es. » 

De fait, il ne donne que 29 entrées en ech- lu [e#], dont 18 peuvent être considérées comme



des variantes de esch-, et c’est près de 300 entrées qu’on trouve plus loin en esch- lu [es#], un bon 

nombre présentant des variantes en ech- non mentionnées à leur place alphabétique. La « forme 

grammaticale régulière » est donc pour Palay celle en esch-, l’autre, une dérivée : 

« es — En de nombreux lieux gascons, répartis de çà, de là, s tombe seulement 

devant la chuintante: echemià = eschemià, et devant la spirante : efourçà = esfourçà. Ces 

diverses formes phonétiques, sauf exception, dans le Dictionnaire, sont ramenées à la 

forme grammaticale régulière es. » 

Mais ce point de vue exprimé dès l’édition de 1932 est démenti par les enquêtes de l’ALG effectuées 

à peine quelque 20 ans plus tard. En effet, ce n’est guère que dans la moitié est du Béarn 

que l’on retrouve les prononciations en [e##], parfois en 1 ou 2 points seulement, plus quelques 

points sporadiques dans le Gers ou la Bigorre : I, 53 “courtilière”, [e#'#arro] (1 point); II, 312 

“houe”, [e#'#at/-a*o] (2 points); 447 “essaim”, [[e]#'#ami/-m



prononcer ou à écrire v à la place de b. Le durcissement du v en b est le fait le plus caractéristique 

de l’évolution de notre parler et il est témoigné par les écrits les plus anciens. 

Adopter le v serait défigurer et trahir notre langue. Au moment où elle est tant menacée, 

nous ne pouvons le faire. » 

Gavel a raison d’estimer que l’unité du gascon écrit n’a pas besoin de distinguer v de b, 

comme c’est le cas du languedocien. Sarrail est plus sujet à caution; emporté par la passion, sans 

doute par réaction au mépris des “normalisateurs” pour les félibres et leur graphie, il redoute une 

obligation tout à fait invraisemblable et confond écriture et parole : les Espagnols écrivent v et prononcent 

comme b, pourquoi pas leurs voisins Gascons ? Les Anciens ont usé d’une lettre que les 

éditeurs notent par un v moderne, mais qui devait bien souvent se prononcer [w] entre voyelles, 

même en Béarn; et si la prononciation en [!] est un trait du gascon, il est vraisemblable qu’elle n’est 

pas première entre voyelles, ayant remplacé un [w] primitif (Lafitte, 2003-1). 

Quoi qu’il en soit, plus de soixante ans après Gavel et vingt-cinq après Sarrail, la langue est 

devenue trop peu familière à la plupart pour que la distinction entre v et b à l’écrit ne puisse les 

aider à la compréhension, comme bien d’autres choix graphiques. Car si elle complique l’acte 

d’écriture, elle représente le plus souvent un repère “idéographique” non négligeable : vaque rappelle 

mieux “vache” que baque; et pour la prononciation de v en [!], la familiarité assez générale 

des Gascons avec l’espagnol devrait la faciliter : ce n’est pas sur v = [!] que trébuchent ceux qui 

lisent aujourd’hui la graphie classique. Au demeurant, cette opposition d’après l’étymologie est du 

même ordre que celle de c ou ç à s ou ss déjà admise par l’Escole Gastou Febus et, avantage secondaire 

mais non négligeable, elle peut faciliter la lecture du gascon par les habitués d’autres langues 

d’oc qui font cette distinction. 

Le son /h/ 

Je recommande donc d’opposer v à b dans les mêmes conditions qu’en graphie classique. 

La graphie moderne du gascon a connu les hésitations de l’Escole Gastou Febus sur la notation 

de h muets étymologiques (cf. pp. 122 et 124). Mais Palay a complètement écarté cette notation 

dans son Dic., au moins en principe (cf. p. 138). Il a en effet écrit les interjections ah !, eh/èh ! et 

oh !, réminiscences probables du français. Évidemment, ces -h muets sont à supprimer, comme en 

graphie classique (p. 269). 

Faut-il noter le h initial amuï devant r ou l ? 

La notation par un accent circonflexe des voyelles intérieures nasalisées, même dans les zones 

où elles ne le sont plus, répond à un souci de faciliter l’intelligence des mots aux Gascons dégasconisés 

et aux non-Gascons (p. 315). Cette même préoccupation me conduit à examiner un autre cas 

de notation exceptionnelle de lettres amuïes. 

On sait en effet que les mots latins commençant par fr- ou fl- ont abouti à des mots gascons en 

r- et l- : ‘formaticu’ > ‘fromaticu’ > [rru'madje]; ‘flagellu’ > [la'j!t]. Écrits roumadgë et lagèth, ces 

deux mots sont certainement moins parlants à quelqu’un qui ne pratique pas le gascon couramment 

que hroumadgë et hlagèth, car on sait vite que le h gascon correspond très généralement à un f en 

français ou dans une autre langue d’oc. 

Or sur ce point, nous avons l’exemple de Palay; non pas qu’il ait opté pour une notation systématique 

de ce h-, mais parce qu’il l’a admis pour six mots en hl- (hlàcà, hlamà, hlamìsso, hlàyro,



hlou et hlourì, v° eslourì), huit entrées en hr- (hrèb", hrebè, hroudyo ou hrùdy", hroumén, hroumigue, 

hrust et hrut), plus, dans le Supplément posthume, hraquèro, pris chez Ader, trois autres mots 

en variante d’entrées en fr- (hrèchou, hrute et hrut) et enfin, en corps de mot, ahrountà, ahroundà 

(v° arrountà). 

En fait, il s’agit là de h- qu’on entend en certains lieux, comme l’explique Palay aux préambules 

des lettres H et R : 

« Dans quelques parlers béarnais et gascons, l’h provenant de f a disparu, au commencement 

des mots, lorsqu’elle était suivie d’un r : ray = hray, rèchou = hrèchou, 

roumàdj" = hroumàdje, etc., […]. 

« […] Dans d’autres mots, l’r initiale provient du fr, par l’intermédiaire d’un stade 

hr, encore perceptible dans les parlers de la Haute-Bigorre; ex. : ret, froid (latin, frigidum); 

hret, herét en Hte-Bigorre; fret dans le Gers et en Basse-Bigorre. » 

Néanmoins, qu’on l’entende ou non, ce h- est une aide à la reconnaissance visuelle du mot, et 

j’estime qu’l vaut mieux l’écrire systématiquement, qu’on l’entende ou non. 

Le son /k/ 

Devant e et i, ce phonème s’écrit par par qu, devant a et o par c, ou pour quelques mots, par 

qu d’après l’étymologie; c’est comme en graphie classique, et je renvoie aux p. 269 à 272, étant observé 

cependant que plutôt que d’abuser de qu étymologique, les auteurs en graphie moderne lui ont 

souvent préféré le c, comme dans cauque {quelque}; Séguy lui-même a écrit quaucun, quaucòm, 

quaucarren, quauca causa (ALG VI, 2071) en graphie classique (cf. p. 150). 

Pour [kwa] dans ces mêmes mots, nous avons quoa depuis des siècles : quoan, quoate… 

En finale, [k] est la prononciation courante du -g étymologique, que ce soit après voyelle ou 

après consonne (en fait, n ou r) : ‘fagu’ > hag {hêtre} prononcé [hac] en Béarn (ALG I, 152); 

‘longus’ > loung {long} [l,nk]; ‘largus’ > larg {large} [lark]. Après voyelle, ce -g aboutit aussi à 

[0] en certains lieux, Haut-Comminges et Couserans notamment; donc hag s’y lit [ha0]. Il y a donc 

lieu de conserver le -g à l’écrit, c’est dans ce cas une bonne “graphie englobante”. 

Mais ce -g étymologique est difficile à repérer; seule une dérivation en [j] ou [2] peut donner 

des quasi certitudes sur ce point : hag > hayede ou hagede {hêtraie}. Alors que le Palay compte 

nombre de mots en -g d’étymologie inconnue ou dont le -g ne peut être dû qu’à une dérivation en 

[5] : remplég {remploi} à cause de remplega {remployer}, mais l’étymon ‘re + implicare’ est en c; 

encarg {charge, imputation} à cause de encarga {imputer} < ‘in + carricare’. Donc, dans tous les 

cas, si l’étymon est incertain, on notera le /k/ final par -c. 

Enfin, comme Sarrail (1980, p. 49), je ne vois pas pourquoi exclure un usage limité du k : 

« Pour le k, banni, c’est autre chose. Comment allons-nous écrire les mots comme 

kilo (et ses composés), kangourou, kiste et tant de mots d’origine étrangère ou savante ? Le 

dictionnaire de Palay ne le dit pas. Nous sommes donc obligés de réhabiliter le k, qu’on le 

veuille ou non. » 

Le n “caduc”, de Ø à [#] en gascon 

On a vu pp. 273 à 276 que le latin a légué au gascon deux sortes de -n en finale : le plus 

fréquent, c’est un -n dit caduc, car s’il se vélarise en ["] dans une grande partie du domaine en nasalisant 

la voyelle précédente, un peu comme en provençal, il s’amuït ailleurs, comme en languedocien, 

tout en nasalisant plus ou moins la voyelle, voire en la nasillant, dans l’ouest du Béarn, ce qui



dessine 5 zones principales dans le domaine (cf. p. 273 et carte schématique ci-dessous); plus rare 

est un /n/ dental, généralement issu d’un étymon en -nn-, -nt- ou -nd-. Et l’on a vu comment la 

graphie classique pouvait opposer visuellement ces deux -n dans le cadre de son grand principe de 

rétablissement des consonnes étymologiques amuïes en finale. 

En graphie moderne, les règles de l’Escole Gastou Febus ont assez mal traité le problème; 

Palay s’en tirait bien pour les zones 3 et 4, en n’écrivant pas le -n et en marquant la voyelle d’un 

accent circonflexe, sauf pour le e : lou hé, et non lou hê; mais pour le reste du domaine, lorsqu’un 

mot lui était propre, Palay le notait par -n, sans plus, tout comme lorsque le -n est dental. 

La situation de la langue ne permet plus cette ambigüité; je propose donc de noter partout 

l’accent circonflexe sur la voyelle devant le “-n caduc”; ainsi, l’absence d’accent circonflexe signale 

visuellement un -n dental : lou pan {pan (de mur)} [lu pan] s’oppose à lou pâ(n) {le pain} [lu 

p: ou lu p:"]. Cela s’applique aussi au ê, qui sera toujours fermé [e] et plus ou moins nasalisé [;] : 

serên [se're] ou [se'r;"] {serein, humidité du soir}. 

Faut-il aller plus loin et noter toujours le -n caduc, même muet, comme le fait la graphie classique 

? On sait que les troubadours et les scribes médiévaux ne l’écrivaient que lorsqu’il s’entendait 

— d’où le qualificatif de “caduc” — et que les Catalans ne l’écrivent pas au singulier où il est muet. 

C’est la solution de l’Escole Gastou Febus depuis plus de 100 ans, consacrée par l’irremplaçable 

Palay. Et cela résout le problème, marginal il est vrai, des mots à -n caduc muet dans les zones 1 

(girondine) et 2 (lomagnole) tandis que d’autres sont vélarisés, selon les mots (cf. p. 274). 

Mais cela crée deux graphies pour les mêmes mots, qui partagent le domaine en deux grands 

ensembles. Alors, on peut raisonner de deux façons contradictoires : 

– au plan théorique : puisqu’on a déjà les oppositions irréductibles v/u et y/j, plus d/s (vedë/ 

vesë {voir}; ausèth/audèth {oiseau}), lou/le/eth, la/le/era, die/your ou jour {=}, etc., « on n’en est 

pas à une opposition près et on reste sur le système de l’Escole et de Palay »; ou « l’écrit est bien 

assez morcelé, il ne faut pas maintenir cette autre cause de fractionnement »; 

– au plan pratique : écrire le -n après une voyelle déjà munie d’un accent circonflexe change



peut-être un peu les habitudes des rares scripteurs, mais n’est pas difficile; mais pour la même raison, 

cela n’apporte aucune information de plus au Landais ou à l’Armagnacais qui sait déjà prononcer 

[kar'b,"] ce qu’il voit écrit carboû dans un texte béarnais ou bigourdan. 

J’avoue mon embarras. La seule cohérence du système moderne qui a pour principe de 

n’écrire que ce qui se prononce milite pour le statu quo : on écrit pâ {pain} si le -n est muet, pân là 

où il est vélaire, opposé à pan {pan (de mur)} avec -n dental. Le besoin d’unité gasconne plaide par 

contre pour une entorse au principe, en écrivant pân même si le -n est muet. 

C’est ce dernier choix que je fais personnellement, mais c’est l’usage qui tranchera. 

/(/ et /)/ intervocaliques notés respectivement par -dz- et -ts- 

C’est là une question déjà traitée dans le cadre de l’amélioration de la graphie classique (pp. 

281-283), mais sur la base d’un renvoi à ce chapitre-ci, car les occitanistes ont sur ce point reconduit 

les pratiques ambigües des Félibres de l’Escole Gastou Febus. 

Il s’agit tout d’abord des dérivés des mots en -ts comme crouts {croix}, ce mot et ses dérivés 

ayant justement servi à poser le problème, probablement pour être des plus usuels. 

Palay écrit en effet croutzà, et les occitanistes crotzar, pour une prononciation qui reste à deviner, 

car [tz] est imprononçable sans effort particulier, du fait de l’assimilation naturelle des sonorités; 

ce sera donc [+] ou [1]. Et la perplexité demeure avec l’article « croudsà; v. — Graphie incorrecte 

de croutsà. V. ce mot et suivants. »; en fait, et comme cela arrive parfois chez Palay, c’est un 

renvoi dans le vide, car on ne trouve que croutzà et des dérivés en -tz- ! Le problème reste entier. 

Cela permet du moins de soupçonner Palay de n’avoir pas de certitude sur la graphie, comme 

le confirme un étude systématique des dérivés de mots en -ts dans le Dictionnaire : 

– bits ou bit {vis} : bissà, desbissà; 

– bouts, buts, bout {voix} : boutsine, -ote, -asse, -oùyr" (G.). 

– couts, cout {coyer} : coutsà; 

– crouts {croix} : bèc-croutsàt; croudsà,-ét; crosèo (Arm.; Supplément); croutsà (v° croudsà), 

-et (As.; Supp.); croutzà, -ade, -adé,-re, -amén, -ejà, -éo, -ét, -ilhà, -ilhoà; descroudsà,-àdj", 

-amén; entercroudsà (ou entercroudzà); encroutsadure, encroutsilhà, -ilhoà; entercroudsà, 

-àdj",-amén; entercroudzà; mâ-croudsade; 

– dèts ou dèt {dix} : dètsàu, dètsée; 

– douts ou douds {source} : doutsà, doudsà; doudsìlh,-à,-ét,-oun; endoudsilhà; dousìlh, ét; 

– luts {lumière} : ludsà (v° lugarnà); lutsà, -erà (L.), -inà (Lom.), -ade (G.),-è(y), -ejà, -èrno, 

-éte, -ine, -ote; lusì, -ejà, én,-te, -erejà, -erét, -èrno, -ide, -idére, -où, -ò(u); 

– narìts {narine} : narìtsou,-so (Lav.); 

– nouts {noix} : noutsè; 

– pats {paix} : apadsà (v° calmà); apatsà, -augì, -iugà, -amén; apasaubì (Arm.), apassauguì 

(L.), apasimà (N.E. du Gers); empadsamén; pasìbl"; patserie (dérivé de patz, avec la caution 

de Coromines, v° pats); passerie (variante du précédent que Palay rattache à tort au passàdje 

{passage} de marchandises et troupeaux…); 

– pedits, pedìt {ongle su sabot des mammifères}: peditsère; 

– prèts ou prèt {prix} : presà, -àbl", -ade, -àt,-ade, -àyr"; 

– puts, pouts {puits} : espudsà(Arm.); pudsà, -ge [fém.; erreur probable pour pusàdj", masc.],



-atè, -àyr"; pusà (L., au sens restreint de prendre de l’eau dans ses chaussures), pusòc, -òt; 

putsà, -ade, -adoù,-re, -àyr", -è; plus, peut-être, empoudsacar (Lav.), “faire tomber dans la 

boue” (< pouts, forme du Lavedan, ALG III, 930), mais Palay y voit un dérivé de « pout, pâte, 

bouillie ». 

Nous remarquons d’emblée : 

– de nombreuses dérivations non-affriquées, certaines en [s] rendu par -ss-, beaucoup plus en 

[z] rendu par -s-; deux dérivent sans doute directement du latin, lusir (< lucere) et presar (< 

pretiare); pasible pourrait être une adaptation du français paisible dérivé de pais au XII e s.; les 

autres, crousèe, apasaubì, apasimà et pusà (et dérivés) représentent le mode de dérivation du 

languedocien, comme je l’ai rappelé p. 281; ces formes sont les seules pour les dérivés de prèts et 

vits, et en concurrence avec les suivantes pour les dérivés de crouts, luts, pats et puts; 

– les dérivés à formes affriquées se partagent en graphies-ts- (partout) et -ds- (partout, sauf 

pour bouts, couts, dèts, narits, nouts et pedits); ceux de crouts en ont même huit en -tz- et un en -dz- 

(entercroudzà présenté comme variante de -dsà). 

Il n’est guère concevable que ces graphies différentes expriment une égale dispersion des réalisations, 

d’autant plus que rares sont les localisations particulières de telle ou telle forme. La clé 

de l’affaire, nous l’avons sans doute dans un paragraphe d’A. Sarrail, 1980, p. 53 (cf. p. 156) : 

« Parfois, le s dur qui siffle à la fin de mots comme pats, bouts, puts s’adoucit en z 

dans les dérivés. On doit écrire : 

« apatsa, boutsine, putsa. 

« Mais Palay parfois hésite et nous trouvons avec un z, croudza et tous les mots de la 

même famille de crouts. » 

C’est à croire que Sarrail avait une édition particulière du Palay, puisqu’on n’y trouve aucun 

croudz… De plus, n’ayant pas nos moyens de recherche, il semblait limiter l’hésitation de Palay à la 

famille de crouts. Il nous apprend du moins que la graphie fébusienne conserve la terminaison ts 

quand s’y ajoute un suffixe, mais en change la valeur phonétique normale en un [z] affriqué, donc 

[+], alors que, selon le paragraphe précédent, pour écrire « s doux (rose) […] on emploie le z […] 

dans le mot, après une consonne. Ex. quatourze, quinze. ». 

Sans chercher davantage, nous devons donc considérer que les graphèmes affriqués intervocaliques 

de Palay valent normalement [+], et que les formes “hérétiques”tz, ds et dz condamnées 

par Sarrail ne sont qu’une tentative pour mieux l’exprimer que le ts “officiel”. C’est probablement 

ce que Palay a voulu dire en qualifiant croudsà de « graphie incorrecte de croutsà. ». 

Mais ces graphèmes n’ont-ils pas parfois une autre valeur ? J’en ai recherché toutes les occurrences 

à travers le Dictionnaire et j’en ai exposé les résultats dans Ligam-DiGaM n° 6 d’octobre 

1995, p. 40. Je n’en donne ici que la conclusion : 

Outre les dérivés de -ts, se prononcent en [+] la majorité des ts, tz, ds et dz intervocaliques du 

Palay, sauf une trentaine qui doivent se lire en [1] et une douzaine où l’hésitation demeure. Mais ce 

ne sont pas des mots de tous les jours… sinon, on ne se poserait pas la question ! 

Sans doute est-ce aussi la raison pour laquelle l’ALG ne semble pas s’être beaucoup intéressé 

à ces mots; deux cartes au moins confirment quand même ces conclusions : sur les “marges”, en 

quelque sorte, la carte “fausset” (II, 502) a relevé [du'zi(&)] dans l’Entre-deux-Mers et [du'zi&] près 

de Toulouse, le mot étant essentiellement languedocien; mais ce [z] sonore laisse supposer une



éventuelle forme affriquée sonore en [ù]. Plus “gascon” est le témoignage de la carte “carrefour” 

(III, 780); certes, une grande partie du domaine a des mots comme quoate camîns, crouts de camîns 

ou cayrehourc, mais le sud des Landes, le Béarn et la Bigorre principalement, ont des dérivés de 

crouts : 

– [kru'zadœ] (crousade / crosada) vers Bayonne, en Chalosse et en Marensin; 

– [kru'+adœ/%] (croudzade / crodzada) ou [kru+œ'men]/[kru+%'men] (croudzamén / 

crodzament) pour la majeure partie de cette région; 

– en sept points, de surprenantes variantes en [krutz]- (croutz- / crotz-) de prononciation difficile 

(sourde + sonore). 

Les adeptes de la graphie fébusienne ont les mêmes hésitations graphiques que Palay et leur 

étude n’éclairerait pas davantage la question. 

En conclusion, les dérivés de -tz se prononcent très généralement -[+]-, parfois -[z]-, plus 

rarement encore -[s]- ou même -[ts]-. Et pour ces mots, comme pour tous ceux où se rencontrent ces 

sons, la cohérence de la graphie moderne appelle une stricte notation phonologique. 

Pour la graphie, ma conclusion est la même qu’en graphie classique, p. 282 : notation générale 

de /dz/ et /ts/ intervocaliques respectivement par -dz- et -ts- : croudzade, pudza {puiser}… 

comme doudzë, eudzë {yeuse}…, et batsarre, batsaca {ressasser, saccager}; le passage de dètz à 

dedzau s’inscrit en effet dans la même logique que celui de aymat à aymade. Et, bien sûr, pour les 

formes non-affriquées, /z/ sera -s- entre voyelles et /s/, -c- ou -ç- : crousa, pusa, Crouselhes, pacerie 

{accord de paix}, viça {visser}. 

Le son /s/ : notation par s (ou ss) ou par c (ou ç) ? 

Les règles de 1900 et 1905 de l’Escole Gastou Febus mentionnaient la valeur [s] de c devant e 

et i, tout comme la notation de [s] par s dans les mêmes conditions qu’en français, mais ne donnaient 

aucune indication sur le choix entre s et c. Celles de 1905, en tout cas, excluaient expressément 

le ç devant a et o; c’est Bouzet, nous l’avons vu, qui l’a réintroduit, et Palay a suivi. 

Et curieusement, Palay qui se référait assez souvent à l’étymologie dans ses choix entre lettres 

de même valeur (cf. p. 139) ne semble pas avoir noté de critère pour s ou c. Mais il était certainement 

étymologique, puisque seul l’étymon ‘cicer’ peut expliquer que Palay ait écrit que sès" est une 

« Mauvaise graphie de cés", pois. »; et les exemples de graphies en c donnés par les règles de 1900 

et 1905 ont la même justification : cébe {oignon}, cèu {ciel}, cibade {avoine}, boucî {bouchée}. 

En finale, cependant, ces règles et Palay ne connaissent que -s, alors que la graphie classique 

use de ç pour les mêmes raisons étymologiques. 

On a même vu p. 183 que MM. Moreux et Puyau ont renoncé à toute norme sur ce point : la 

notation de /s/ « peut être laissée à l’appréciation de chacun car une solution uniformisante 

heurterait trop les habitudes. » mais écarté eux aussi le -ç en finale, au risque d’inconséquences en 

dérivation : bras, abrassa… mais braçalét. 

Même si la pratique de la graphie classique n’est pas exempte d’erreurs par méconnaissance 

de l’étymologie, j’estime que sa norme est préférable au laisser-aller, donc à la fantaisie et à 

l’arbitraire, les dictionnaires orthographiques étant faits pour lever les doutes des scripteurs. On 

notera donc par c le /s/ issu d’un ce ou ci ou ti latin, voire d’un chi comme pour braç < ‘brachium’. Au



demeurant, cela ne bouleversera pas ce qu’on trouve déjà dans le Palay. 

Et comme en graphie classique, on admettra l’exception traditionnelle des suffixes en -as, -is, 

et -os, notés par -s quoique issus des latins ‘-aceu’, ‘-iceu’ et ‘-oceu’ : aygas {grande flaque d’eau}, 

embrouxadis {sortilège}, cabos {chabot}. Néanmoins, comme je l’ai fait observer p. 287, cette graphie 

occulte la prononciation particulière de Bethmale et ses environs qui oppose s [s] à ç [,]; ainsi, 

la “toile pour battage” y est prononcée [bu'rra,o] (ALG II, 301) et pourra donc s’y écr ire bourrace. 

Le son /t/ final 

Après consonne (c, n, r, ou s), le -t étymologique est très généralement muet; conformément 

au principe selon lequel « Toutes les consonnes doivent être prononcées » (Palay, Dic. p. XI), on ne 

doit donc pas écrire ce -t dans les parlers qui ne le font pas entendre, bien qu’il réapparaisse généralement 

dans les dérivés : lou bos, la houn, la cour, l’ahourès {le bois, la fontaine, la cour, le pacage 

dans les bois}; mais bien entendu, on l’écrit dans les parlers où il s’entend : la hount, la court etc. 

Il en est de même du -d étymologique qui est généralement muet même après voyelle, et qui 

néanmoins peut s’entendre -[t], en Médoc notamment : dans ce cas, on écrira -d, malgré les règles 

de 1900 et 1905, qui donnaient la préférence à -t, mais selon le choix explicite de Palay (cf. pp. 139 

et 309) : une fois encore, la référence à l’étymologie pour le choix entre graphèmes n’est pas une 

prétention savante, mais un moyen de faciliter l’intelligence de l’écrit : hred [rret] rappelle mieux 

“froid” que le purement phonétique ret. On écrira donc pè ou pèd {pied} ([p!t] en Aspe), goa ou 

goad {gué, lavoir} ([gwa] à St-Sever et Hagetmau, [gwat] à Pomarez - ALG III, 715), nud {nu}, 

hred; bor ou bord {=}, droullard {grand adolescent, augm. de drollë}, hengard {hangar} etc. 

Écarter x des emplois autres que /'/ 

Comme en graphie classique, c’est un corollaire de l’affectation de x à la notation de /#/. Mais 

le x a toute une histoire dans la graphie moderne, et il me parait opportun de la rappeler. 

Lespy était favorable à l’emploi de x pour noter /#/ et des Félibres de la fin du XIX e s. en 

avaient usé. Mais cela parut trop loin du français appris à l’école et les Félibres y renoncèrent rapidement. 

Cette lettre fut donc purement et simplement supprimée de l’alphabet proprement béarnais 

selon les règles adoptées par l’Escole Gastou Febus en 1900 : 

« Les signes z, x, v ne sont employés que pour écrire des noms propres; le signe k ne 

l’est pas du tout. » 

Pourtant, les règles de 1905 allaient réintégrer cette lettre dans l’alphabet, et le z avec elle : 

« Le béarnais a toutes les consonnes de l’alphabet français, à l’exception du k qui 

n’est jamais employé et du v qui ne s’écrit que dans les noms propres. » 

Il était précisé en outre : 

« 31. L’x, telle qu’elle est articulée dans le mot français « fixe » se fait entendre, 

suivant la remarque de Lespy (Gram. n° 165 et Dict. tome II page 353), dans les mots : examina, 

exercìci, exi, bexa, etc. Elle figure, avec cette articulation, dans des textes divers 

que cet auteur cite soigneusement au cours de son dictionnaire. Bien que la prononciation 

populaire ne concorde pas toujours avec ces indications, il a paru à la commission que les 

différentes nuances : cs, gz, ts, tz, dz, devaient être uniformément rendues par x, dans les 

mots qu’on vient d’énumérer. De la sorte, chaque dialecte prononcera à sa guise et 

l’orthographe restera invariable. » 

Ainsi, l’éminent romaniste qu’était le Pr. Édouard Bourciez, signataire des normes de 1900, 

avait fort bien senti que la phonologie du béarnais n’avait pas besoin de cette lettre qui, du moment



qu’on renonçait à lui faire noter le son /#/, n’avait sa place que dans des mots étrangers, pour rendre 

une prononciation elle-même étrangère. Or le gascon accueillait de plus en plus de mots français, 

surtout pour dire les idées abstraites et les techniques modernes, et le x y était très présent, notamment 

par le préfixe latin ex-. C’est ce qu’exprime la référence que les rédacteurs des normes de 

1905 font à Lespy, dans sa Grammaire et son Dictionnaire; or le mot « fixe » cité est ignoré de la 

langue ancienne, et il vient du français avec sa prononciation française. 

Mais ces rédacteurs sont bien conscients eux aussi de ce que la prononciation populaire, fidèle 

à la phonologie autochtone, n’est pas celle-là, que Lespy, professeur au Lycée de Pau, devait considérer 

comme supérieure. Renonçant à analyser le problème et à le traiter véritablement, ils 

tournent le dos au principe d’une notation généralement phonétique et même à celui de la conservation 

de la langue autochtone, et adoptent la graphie française en recourant à l’esquive que les tenants 

de la graphie classique pratiqueront plus tard tant et plus : on écrit tous pareil, et chacun prononce 

comme il en a l’habitude. Nous remarquons au passage que le recours à la « graphie 

englobante » n’est pas une invention d’Alibert… 

Mais revenons au problème : on cite quatre mots béarnais, examina, exercìci, exi, bexa, puis 

les diverses prononciations du x de ces mots : cs, gz, ts, tz, dz. Cela n’est pas sérieux ! Déjà, « tz », 

sourde + sonore, n’existe pas en pratique, c’est [1] ou [+]. 

Et Lespy (Dictionnaire), repris par les normes de 1905, était dans l’erreur en donnant [ks] du 

français « fixe » comme prononciation du x de examina, exercìci, dont on a vu, p. 285, que c’est 

[+]. Il se trompe encore plus pour exi et exilh; en effet, il ne donne lui même, à sa place alphabétique, 

que « Exir », avec majuscule suivie de minuscules, selon sa façon conventionnelle d’écrire 

les mots de l’ancienne langue qui n’existent plus dans la langue moderne. Or dans l’ancien béarnais, 

exir ne se prononçait pas [e'ksi[r]], mais [e'#i[r]], comme eixir en catalan moderne, ou eishir que J. 

Allières a entendu dans les parties les plus conservatrices des vallées pyrénéennes, du Lavedan au 

Couserans (ALG V, 1895 et 1896). De même pour exilh, comme la graphie eshilhade {exilée} 

l’atteste à l’entrée EXILHA, graphie dont le sh est chez Lespy un hapax orthographique. 

On voit par là que par faute d’analyse, les “normalisateurs” de 1905 sont passés à côté du 

problème et ont adopté une lettre sans en définir la valeur, tout en passant pour préoccupés de 

l’unité graphique par dessus la variété des prononciations : or celle-ci ne varie pas selon les parlers 

gascons, mais selon les voisinages phonétiques ou l’étymologie, comme nous l’avons vu pp. 283- 

285. Mais il faut rendre ici hommage à André Sarrail (cf. p. 156) qui avait fort bien vu la chose : p. 

61, après avoir décrit la prononciation identique à la française dans ses trois configurations, il 

ajoute : 

« b) Cette prononciation est la savante. Mais, en réalité, elle se réduit souvent à : 

« – s devant une consonne : Ex. : tèste, estèrne. 

« – dz, devant une voyelle : Ex. : edzamen, edzémple. 

« – t, devant ce ou ci : Ex. : etcès, etcita. 

« Le dictionnaire, lui-même, donne: edsamen, Nabarrens, esclusioû, escusa, espousicioû, 

escouminya, etc. 

« Il serait très facile de mettre un peu d’ordre dans cette mélasse et de supprimer l’x, 

comme l’ont fait les Provençaux et les Italiens. Nous n’aurions qu’à le remplacer par s, t, et 

dz, ainsi que nous venons de le dire et qu’il se prononce le plus souvent. 

« Mais la Commission de 1905 a pensé qu’en gardant le x prononcé à la fantaisie de 

chaque région, la graphie y gagnerait en simplicité. »



Certes, je garde mes conclusions de la p. 284 sur exce-, exci- et exs- pour lesquels j’estime 

que la prononciation est en [ks] et non en [1]; et entre Sarrail qui affirme « etcita » et Palay qui écrit 

« sureccita », je fais davantage confiance à Palay, d’autant qu’aucun des dictionnaires qui donnent 

des graphies phonétiques ne témoigne de telles prononciations. J’observe aussi que ses citations du 

« dictionnaire », celui de Palay, sont approximatives : il y a bien edsemplàri et edsémpl", mais ni 

edsamen, ni edzamen… et Palay écrit escouminjà. Mais pour le reste, je lui donne entièrement raison, 

le travail de la Commission de 1905 me paraissant bien trop léger sur ce point. 

Au demeurant, Palay, qui se refusait à être normatif (cf. Dic., p. 1007, P.S.) et qui sentait bien 

la faiblesse de la règle de 1905, a sérieusement flotté dans ses graphies : parfois, il a noté le x et 

écrit countèxt", extrajudiciàri, pretextà, pretèxt", text" et textualamén; mais il donnait la variante 

« estrajudiciàri » et notait à pretextà « on prononce aussi pretestà »; mais le plus souvent, il a noté 

s : escusà, esplicà, estèrn". Par contre, pour /ks/ devant voyelle ou final, il a aussi usé de -cs- (ou 

-cc- devant e/i), avec parfois -x- en variante, comme on a pu le voir p. 283. 

Pour mettre de l’ordre comme le souhaitait Sarrail, on aura donc, en graphie moderne comme 

en classique : 

Devant 

consonne 

Devant 

voyelle 

Cas général Préfixe “ex” 

s : escusa, 

espausa, 

tèstë, 

estraourdinàri 

cs / cc : ficsa, 

tacsa, 

circounflècsë, 

aucsiliàri 

c devant [s] : 

eccès, eccita 

ecsuda 

dz : edzauça, 

edzemplë, 

edzila 

III – Les signes orthographiques 

Ce titre entend entend couvrir les signes diacritiques comme les accents et le tréma, et les signes 

secondaires sans valeur sémantique ou phonétique, comme le trait d’union et l’apostrophe. 

Les accents 

Comme on l’a vu pp. 121 et suivantes, l’Escole Gastou Febus avait dès 1900-1905 défini 

l’emploi des accents sur les voyelles : 

L’accent aigu notait la fermeture et le caractère tonique du é, l’accent grave marquait le 

caractère tonique de à et ì, ce même caractère et l’ouverture du è. 

L’accent grave sur ò et ù distinguait la diphtongue òu du digramme vocalique ou et la diphtongue 

ùu (parlers landais) d’une survivance des voyelles doubles de l’ancienne graphie. 

Enfin, l’accent circonflexe marquait la nasalisation légère des voyelles â, î, et û due à la perte 

d’un -n final; prévu également pour le e en 1900, il avait été écarté en 1905 de crainte d’une confusion 

avec le ê ouvert français; il n’était pas prévu pour le ou, c’est Palay qui devait l’introduire par 

son Dictionnaire en 1932 (cf. p. 138). Cet accent disparaissait avec le rétablissement du -n dans les 

parlers “gascons” qui prononçaient cette consonne. 

On sait en revanche que la graphie classique a choisi l’accent aigu pour le í et le ú dont on 

veut marquer le caractère tonique, sans doute pour être homogène avec le ó (= [u]), puisque



l’accent grave de ò change le [u] en [o] ou [%]; mais le à tonique a bien un accent grave, puisque á 

prend d’autres valeurs que [a] (cf. p. 291). 

Cela ne me parait pas mériter de longues dissertations, encore moins des débats idéologiques. 

Pour la graphie moderne du XXI e siècle, je ne vois pas de raison de changer ce qui fut adopté il y a 

cent ans et qui a fort bien fonctionné; au demeurant, la règle n° 12 de 1905, qui donnait en exemples 

« armàri, calhabàri, bìci, lìri, memòri, glòri, òli, flùbi, bùrri, etc. […] sàpou (crapaud), càssou, 

pìmbou (thym), bòlou, trùcou (sonnailles) », se justifiait elle-même en se référant à la pratique des 

Provençaux et à celle « introduite par nos meilleurs écrivains. » J’y ajouterai un argument technique 

: nos claviers français ont tous un ù, plus facile à taper de ce fait qu’un ú. 

C’est également à l’instar d’autres langues d’oc (provençal, languedocien, limousin) que la 

règle n° 5 décidait d’écrire sans accent la conjonction e et poursuivait : « Il n’y a pas de raison non 

plus pour accentuer l’e de monosyllabes tels que : que, me, te, se, pe, de, ne, en. » Bien sûr, je propose 

de continuer, sauf à noter qué le relatif fort et l’interrogatif : Nou sap pas qué dìsë. Qué vos ? 

{Il ne sait que dire. Que veux-tu ?}. 

Mais cette confirmation de pratiques plus que séculaires ne fait pas obstacle aux quelques 

modifications que j’ai proposées pour l’emploi de ces signes, notamment en rendant inutile la notation 

systématique du é tonique en dehors de la dernière syllabe (cf. p. 310) et en élargissant l’emploi 

de l’accent circonflexe (pp. 315-318 et 325). 

Le tréma valant accent sur ë 

Je ne pouvais en parler au paragraphe précédent, nominalement consacré aux accents, mais 

j’en traite sans désemparer, car ce tréma que je propose sur le ë joue bel et bien le rôle d’un accent 

de timbre ([e] ou [œ/$] selon les régions) et de tonicité, ou plutôt d’atonie, si l’on me permet cette 

acception phonétique. Je n’ai rien ajouter à ce qui est dit p. 313, sauf peut-être que le paragraphe 

suivant montre que ë n’existe pas dans le traitement des diérèses et disjonctions après gu ou qu. 

Le tréma, signe de diérèse 

Pour la graphie classique, L’application… ne dit pas grand chose du tréma (cf. p. 291), mais 

elle en parle. En revanche, les règles de l’Escole Gastou Febus de 1900 n’en disent rien, et celles de 

1905 l’évoquent à peine en note de renvoi au sujet de « formes, comme que soui (je sonne), que 

deyoui (je jeûne), où l’i se détache de l’ou. Peut-être cette particularité serait-elle mieux rendue par 

un tréma sur l’i. ». Bouzet (1928) n’en parle pas, mais donne traïdou {traitre} en exemple p. 51. 

Palay n’en parle pas non plus dans l’Avertissement relatif à la graphie de son Dic., tout juste 

une phrase au préambule de la lettre U : « Dans les cas, très rares, où il ne doit pas être muet, u est 

surmonté d’un tréma : güélh (œil, vers la Barousse). », sans préciser pour autant que ce ü sera prononcé 

[w] (ALG III, 584) et en oubliant qu’il écrit régulièrement [gwe]- par goe-. 

Sarrail (1980, p. 43), lui, ne mentionne le tréma qu’accidentellement, pour l’écarter dans la 

notation des diphtongues et le réserver « pour quelques cas rares où les voyelles sont prononcées 

séparément, et qui doivent être distinguées d’une diphtongue composée des mêmes lettres. Ex. 

flaüte, Poeylaün, à distinguer de l’au de Pau. » C’est bref, mais bon. 

Néanmoins, Palay use couramment du tréma dans le cours du Dic. : 46 entrées avec un ü, 

mais aussi 73 en ï après voyelle (35 aï, 3 eï, 3 oï, 21 ouï et 11 uï) et 3 en ë. Or une étude attentive



de ces graphies, somme toute peu nombreuses, montre vite que faute d’une réflexion globale sur la 

question, cet usage du tréma est anarchique et renseigne assez mal sur les prononciations réelles. 

Par exemple, il donne lagüe, laguë et laüe{lagune}, la variante en -uë étant inutile et peu rationnelle 

comme on le verra bientôt; oëne {vanneau}, localisé en Gascogne maritime, se dit ['wœnœ] selon 

Arnaudin qui l’écrit ouene, comme ouelh {œil}, donc en 2 syllabes et non 3 comme le supposerait 

le tréma de oëne; Palay aurait donc dû le noter oene, comme oelh {œil}. De même, pour les quelque 

80 mots ou formes en oui, ouì ou ouï, la coexistence, pour les mêmes mots, de variantes en oui ou 

ouì et d’autres en ouï fait douter de la diérèse ou de la synérèse. 

Il convient donc de s’appuyer sur la distinction entre voyelles “fortes” et voyelles “faibles”, 

seules ces dernières pouvant perdre leur valeur vocalique et former diphtongue avec une autre 

voyelle (cf. pp. 291 à 293). 

Les voyelles fortes, demeurent toujours des voyelles : a, e, é, è en première ou seconde position, 

ou également, sauf devant i, et ë et o en seconde position seulement; elles se prononcent toujours 

en diérèse, sans qu’il soit besoin d’un tréma : grâa {grainer}, que grâë {qu’il graine}, aerma 

{dépérir}, averâè {noisetier}, aorte {=}, que grâe {il graine}, aoulhe {brebis}, crea {créer}, que 

créë {qu’il crée}, hêère {fenaison, fenil}, geode {géode}, cadêe {chaine}, geougrafë {géographe}, 

enfeouda {inféoder} (Palay : enfëoudà, avec tréma superflu, heureusement absent dans feoudalitàt, 

feoudàu), cououpera {coopérer}, la soûe {la sienne}. 

Les voyelles faibles sont les seules à pouvoir former diphtongue; ce sont u en première ou 

seconde position, i et o en première seulement, et ou devant i; avec une place à part pour y qui ne 

peut que former diphtongue, en première ou seconde position : 

• en finale (le -s éventuel n’étant pas pris en compte), u, i et ou toniques, suivies de e, ë ou i 

(dans ce cas, notés ù, ì, où), forment diérèse sans besoin de tréma : cadûe {chacune}, qu’ayue {il 

met sous le joug}, qu’envië {qu’il envoie}, vesîe {voisine}; qu’envìi {j’envoie}, que sìi {que je 

sois}, que mîi {que je mène}; que coue {elle couve}, qu’avouë {qu’il avoue}, que soûi {je sonne}; 

mais gràcie ['grasjo] {grâce}, que càmbii {je change} [ke 'kambji], que hàrgoui {je forge} [ke 'hargwi]. 

• ailleurs, elles forment normalement diphtongue, dite “ascendante” si la faible est la première 

: luét {lueur}; youga {jouer}; espia {regarder}; vielh {vieux}; baloar {boulevard}, quoan 

{quand, combien}, boè {bouvier}, yoén {jeune}…; couic ! {cri aigu d’un animal} [kwik]; “descendante” 

si la faible est la seconde : loucau {local}, que beu {il boit}, vòute {voute}, aygue {eau}, 

beroy {joli}…; si les deux sont faibles, c’est la première qui reste voyelle : nuyt {nuit} [ny"t], cuyt 

{cuit} [cy"t], bùu {bœuf} [by*], formes des Landes, xiula {siffler} [#i*'la], pouyrit {pourri} 

[pu"'rit], arrouy {rouge} [a'rru"]; que sentiy {je sentis} [sen'ti"]. 

Mais si dans ces cas il y a diérèse, le tréma sera mis sur u, i, voyelles faibles pour inhiber leur 

tendance à se muer en semi-voyelle pour former diphtongue : flaüte {flute}, arrêüt {qui a le dos 

fort}, gremilhoûüt {grumeleux}, düeliste {duelliste}, süicidë; et des mots savants comme dïacidë. 

Pour o, la question ne se pose pas, puisqu’en diérèse on note ou : pouème. 

Dans le groupe ouï, le tréma est sur i dans selon un usage qu’il parait difficile de contrarier : 

ouïde {ouïe en Barège-Lavedan} (ouìdo chez Palay et chez Massourre, 2003, p. 451 : [u'i*%]). De 

même, par habitude et pour pour éviter une lecture française, on notera le tréma sur ï dans aïrous 

{irascible}, ateïsmë {athéisme}, païs {pays} etc.



Toutefois, si la voyelle devant recevoir le tréma doit par ailleurs porter un accent circonflexe 

marquant l’effacement d’un n qui la suivait, on ne note que cet accent : engrûadyë / engrûadgë 

{égrenage}, lûèc {lunatique}, lagûe {lagune}. 

Le groupe uï se dit [yi] en deux syllabes, ou [3i] en une seule, en élocution rapide; il s’oppose 

au groupe üi prononcé [wi] qu’on ne trouve que dans des mots savants après q ou g : ambiguïtat 

comme acuïtat et countinuïtat, opposés à aqüicole et lingüistique. 

Le tréma dans les groupes qü, gü 

Palay ignore totalement le groupe qü qu’on trouve dans le mot savant aqüicole; il use de 

quatre fois de gü; il vaut [gy] distinct de la voyelle qui suit dans argüà {arguer} et güèc ou züèc 

{pinson des Ardennes}; mais il vaut aussi [gw] dans güélh déjà cité, cacographie dans le système, 

pour goélh {œil} et probablement aussi dans agüelhade, variante « peu usitée » de agulhade {aiguillon}, 

si peu que l’ALG II, 387 ne l’a rencontrée nulle part. 

Depuis des siècles, pour [gw] et [kw], le gascon a go (argoeyt {guet}), co (coelhë {cueillir}) 

ou quo (quoan {quand, combien}), suivant l’étymologie. Donc inutile d’aller chercher des graphies 

en gü, qü, sauf sans doute pour les mots savants qui permettent de faire de gros dictionnaires mais 

ne hantent pas les œuvres contemporaines : aqüicole, lingüistique. 

Quant aux mots comme argüà et güèc, la règle générale d’écriture des diérèses en u suffit. 

Reste le cas de mots comme l’adjectif féminin ambigüe {=} où le tréma sur l’u est indispensable. 

Les accents sans valeur phonétique 

Bouzet (1928) donnait la règle suivante à la p. 8 : 

« b) L’accent peut servir à distinguer des monosyllabes qui s’écrivent de la même façon. 

Dans ce cas il faut mettre l’accent sur celui qui a le rôle le plus important dans la 

phrase et que par conséquent la voix détache plus nettement. On écrira ainsi : 

« de (préposition) que dé (qu’il donne) 

« a (préposition) à (il a) 

« se conjonct. si ou réfléchi sé — lou sé le soir ou le sein. 

« ma adjectif possessif la mà la mer ou la main 

« la article la là la laine » 

Sarrail (1980, pp. 31, 35) inversait la règle du à / a pour retrouver celle du français, et citait 

l’usage du é landais {est}, distingué de la conjonction. Je ne reviendrai pas sur les bizarreries de la 

règle de Bouzet, déjà signalées p. 136. Mais tout cela ne peut que me conforter dans l’opinion que 

j’exprimais p. 294 sur ce genre de diacritiques : 

C’est une complication inutile, car celui qui comprend le sens, rarement ambigu, n’a pas besoin 

de diacritiques, et celui qui ne le comprend pas risque fort de ne pas connaitre non plus le codage 

de ces diacritiques. En revanche, je tiens à l’accent circonflexe proposé p. 318 pour marquer la 

perte d’un n intervocalique, même dans la plupart des parlers où il ne s’accompagne plus d’aucune 

nasalisation, car il est une aide à la reconnaissance des mots et donc l’intelligence du sens. 

Liaison des pronoms 

Ce titre est celui du § V. des règles de l’Escole Gastou Febus de 1905 : 

Quand le pronom précède un verbe commençant par une voyelle ou le pronom y ou en, il perd



sa voyelle et se joint au verbe ou au pronom par une apostrophe : Nou m’aymat pas; que ns’arribe 

ûn malur; que m’y estàqui; que m’en trùfi {Vous ne m’aimez pas; il nous arrive un malheur; je m’y 

attache; je m’en moque}. 

C’est sensiblement la même règle qu’a adoptée Alibert demi-siècle plus tard dans 

L’application…; toutefois, P. Bec a fait valoir qu’avec les pronoms des 4 ème et 5 ème personnes, le 

rattachement se fait à l’énonciatif qui précède; d’autre part, les grammairiens occitanistes préfèrent 

la forme ne à la forme en, pourtant la plus étymologique (< ‘inde’), mais différente du français; ce 

qui donne, pour deux des exemples ci-dessus : que’ns arribe ûn malur; que m’y estàqui; que me’n 

trùfi. 

Dans les autres cas, le rattachement se fait par trait d’union, que le pronom reste entier ou soit 

élidé : You-m vau lheba; you la-m goardàvi; aco nou-m plats; que-s cau estuya; si-t plats; que-v 

vouleri vedë; que-v pagarèy {Je vais me lever; je me la gardais; cela ne me plait pas; il faut se 

cacher; s’il te plait; je voudrais vous voir; je vous paierai}. 

Pour l’I.E.O., c’est une apostrophe qu’on utilise dans ce cas, du fait de la perte de voyelle du 

pronom, encore que ce ne soit pas du côté de la voyelle élidée que se place l’apostrophe; au lieu de 

l’orthodoxe que la’m goardavi, la logique voudrait que la-m’ goardavi. 

Mais peu importe : apostrophe ou trait d’union ? J’avoue n’avoir pas d’opinion. Les scripteurs 

attachés à une graphie la considèrent comme la meilleure, et sur ce point, les arguments rationnels 

me manquent. Donc laissons faire le temps… ce n’est pas cela qui gênera la compréhension ou la 

bonne prononciation. 

IX – Les mots composés 

Les règles orthographiques de l’Escole Gastou Febus de 1905, comme de 1900, ne disent rien 

de l’écriture des mots composés. Bouzet (1928, pp. 13-14 et 17) s’est contenté d’en inventorier les 

diverses catégories, d’après leur composition et de donner les règles de leur pluriel, sans plus. Courriades 

(1951, p. 13) ne donne que ces règles. 

Sarrail n’aborde la question qu’à propos du trait d’union (1980, p. 67), et comme Bouzet, fait 

l’inventaire des catégories de mots composés, suivant leurs éléments. Mais pour la graphie, il fait 

un constat très juste, pour ensuite baisser les bras : 

« Il y a beaucoup de liberté, ou d’hésitation, dans la graphie de ces mots. Parfois on 

écrit avec le trait d’union, parfois sans trait d’union, parfois en un seul mot. Vous trouvez 

dans le dictionnaire : enter- ayde, enter hèste, enterdus; en-deça ou en deça. 

« Nous ne nous disputerons donc pas sur ce point. » 

Sans doute a-t-il raison de ne pas en faire un casus belli, ou tout au moins un sujet de disputes, 

mais dans la mesure où le gascon est une langue comme les autres, avec grammaires et dictionnaires, 

il n’est peut-être pas déplacé d’essayer de définir la règle de conduite du grammairien ou du 

lexicographe. C’est ce que j’ai essayé de faire à propos de la graphie classique, en faisant remarquer 

que les problèmes étaient évidemment les mêmes en graphie moderne, et qu’ils appelaient les 

mêmes solutions de principe. Je renvoie donc aux pp. 294 à 297.



X – Corrections diverses 

Cette sorte de parallélisme entre l’étude de la graphie classique et celle de la graphie moderne 

me conduit à ouvrir ici aussi une section « Corrections diverses ». Mais on peut étendre à 

l’ensemble du dictionnaire ce que Sarrail disait des mots composés : « Il y a beaucoup de liberté, ou 

d’hésitation, dans la graphie […] ». De telle sorte que ce serait perdre du temps de critiquer les 

graphies hésitantes ou incohérentes, tant il y en a, au sein même du Palay. Je me bornerai donc à 

deux mots d’usage courant, sur lesquels la graphie classique achoppe elle aussi. 

La préposition a ou ad 

Au mot à, préposition, Palay écrit ceci : 

« Quand il précède un mot commençant par une voyelle (en général un pronom ou un 

adverbe), à est souvent suivi de d, (à-d ét, dinqu’à-d ét) par euphonie et pour éviter un hiatus. 

« Dans le Gers et en certaines parties des Landes, à est suivi de n (digat-l’at à-n ét). 

C’est donc à tort que l’on écrirait ad et, an ét. » 

C’est à mon sens confondre deux faits linguistiques d’origine différente : si l’on ne peut donner 

au n du Gers et des Landes d’autre origine qu’un besoin euphonique, il est peu douteux que ad 

est la forme latine conservée devant voyelle parce que le -d s’y prononçait sans effort (cf. Coromines 

et Väänänen cités p. 300). 

Donc en graphie moderne comme en classique, c’est ad, tad, entad qu’il faut écrire en toute 

logique, mais par contre le [n] qu’on entend après a dans le Gers et les Landes se note non moins 

logiquement a-n, comme l’écrit Palay : digat-l’at a-n eth {dites le lui, à lui}. 

“Un autre, une autre” 

Si les auteurs en graphie classique évitent de noter à l’écrit ce qui se prononce le plus souvent 

[y''a*te] ou même [''a*te], avec à l’est le féminin en -[a*to], les auteurs en graphie moderne 

l’écrivent sans complexe… mais aussi sans trop de cohérence. Pour les raisons théoriques et 

pratiques exposées p. 304 au sujet de la graphie classique, j’estime que la graphie moderne doit 

retenir ugn autë pour les deux genres à l’ouest, et avec le féminin ugn aute à l’est. 

Quant à la forme apocopée [''a*te], elle sera ’gn autë avec ’gn aute féminin à l’est. 

XI – Variantes et tolérances 

Les propositions qui précèdent tendent à mettre en place un système orthographique cohérent 

valable pour l’ensemble des parlers gascons, moyennant l’effort que demande à chacun l’utilisation, 

à l’écrit et à la lecture, de certains graphèmes “englobants” qui ne représentent son parler propre 

qu’au prix de conventions différentes de celles du français bien connu de tous, mais qui ont 

l’avantage d’être les mêmes sur tout l’ensemble gascon; par exemple, ch qui se lit [#], [0] ou [tj] 

selon les lieux (cf. carte, p. 263). 

Néanmoins, ces graphies “englobantes” ne sont pas toujours possibles, et l’on a vu que le /w/ 

entre voyelles ne pouvait se rendre que par u, alors qu’on écrira v pour le même mot là où la prononciation 

est [!]; de même, /j/ ne peut être rendu que par y et /2 / par j. Il s’agit de “variantes irréductibles” 

qui font partie du système.



Mais il faut aussi prendre en compte le point de vue de bien des locuteurs qui connaissent 

surtout leur parler local et sont peu disposés à l’effort d’apprentissage d’une graphie englobante 

valable pour un ensemble gascon qu’ils appréhendent mal. Dans la mesure où leurs besoins de 

communication ne dépassent pas les limites de leur parler propre, on ne voit pas au nom de quel 

principe supérieur on pourrait leur reprocher de préférer une graphie de proximité, débarrassée des 

contraintes posées par les graphies englobantes. 

Certes, on pourra déplorer l’« esprit de clocher » si facilement dénoncé par les promoteurs de 

la graphie classique « normalisée » qui permet une lecture à travers tout l’espace d’oc. Mais il ne 

faut pas se voiler la face : si la lecture d’un texte en graphie classique est facile dans ces conditions, 

elle ne permet jamais au lecteur de Nice de savoir comment parle celui qui a écrit à Limoges, et 

même lu à la mode de Nice, le texte comportera sans doute bien des mots ou formes que le Niçois 

ne comprendra pas sans recourir à un dictionnaire. C’est pourquoi, par exemple, l’hebdomadaire 

occitaniste La Setmana est écrit presque en totalité en languedocien utilisé comme koinè, mais de 

fait réservé à un lectorat militant, tandis que le mensuel Plumalhon que le même éditeur destine aux 

enfants parait en trois versions, gasconne, languedocienne et provençale, parce que l’unité graphique 

ne suffit pas pour une communication « panoccitane ». 

Pour revenir à notre problème gascon, il doit être clairement affirmé que l’usage d’une 

graphie unitaire n’est en rien une obligation qu’une autorité quelconque imposerait aux scripteurs, 

mais un moyen proposé aux écrivains qui souhaitent étendre leur lectorat à l’ensemble gascon. En 

revanche, dans l’état actuel de la langue gasconne et béarnaise, celui qui écrit pour ses amis, lettres 

personnelles — acte militant, rompant avec le “tout français” de l’écrit — ou billets dans la presse 

locale, doit se sentir libre de le faire selon ce qui lui parait le plus opportun. 

C’est pour l’aider dans ses choix que le système que je propose s’assortit de tolérances, selon 

les parlers gascons. Et de même que tout parler a droit à l’écriture, tout scripteur a droit au choix de 

sa graphie. Ce n’est que d’une telle liberté que pourront se dégager les solutions les plus communément 

acceptées, susceptibles d’être consacrées comme normes d’une langue retrouvée; de 

même que les choix morphologiques et lexicaux ne pourront se faire que sur la base d’une connaissance 

très large des pratiques réelles, librement et authentiquement exprimées. 

Les variantes irréductibles 

Il s’agit donc de graphies différentes des mêmes mots, chacune correspondant à une prononciation 

locale, parce qu’il est impossible de donner en chaque lieu une règle qui permettrait d’y lire 

convenablement une graphie unique : quand à Tarbes on écrit par un même v les mots qu’avèvi, 

avança, devèrzë, travèrse prononcés [w] et avengude, avoucat, cavale, chivau prononcés [!], on 

imagine l’effort de mémorisation que l’on impose à celui qui apprend la langue; c’est peut-être pire 

encore à Bazas, selon Dulau (1994), si l’on écrit par un même j (ou g devant e et i) les mots avantadjë, 

avantadjous, viadja, didjaus, angë, arrenja, minja, counjèyt, granje, monjë, iranje, goujat 

prononcés [j] et coungela, coungestioûn, counjuga, enjure, enjustë, escounjura, venja, ajaca, bajard, 

cuje, dejà, edzigi, bouja, gouje prononcés [2]. 

La lettre v sera donc le graphème d’un /!/ issu d’un b ou d’un v intervocaliques latins, et u 

sera le graphème du /w/ qui lui correspond pour certains mots dans la vaste zone qui réalise ce /w/ 

intervocalique; ces mots en u sont les variantes irréductibles de ceux en v (cf. p. 252 à 254 et 318) : 

haue ou have {fève}.



De même, y sera le graphème de /j/ et les lettres j et g (devant e et i) ceux de /2/, les mots en j 

ou g étant des variantes irréductibles de ceux en y (cf. pp. 254 à 260 et 319) : yoen ou joen {jeune}. 

Les tolérances 

J’emploie ici le mot “tolérance” au sens que lui donne Le Petit Robert 1997 : « Tolérance orthographique, 

grammaticale : liberté de ne pas appliquer la règle stricte, dans certains cas. » Il 

s’agit donc ici de graphies qui sont hors du système proposé, alors que les variantes ci-dessus en 

font partie; ces tolérances ne constituent pas un système cohérent, pensé comme un tout, mais consistent 

en pratiques le plus souvent prises ponctuellement au français, seul écrit couramment, sans 

vue d’ensemble de la langue en un même lieu, encore moins de la diversité gasconne. 

Si j’en parle cependant en appendice à la description d’un système, c’est pour dire à ceux qui 

en usent qu’ils en ont parfaitement le droit, que l’essentiel est ce qu’ils écrivent et ce que leur écrit 

laisse transparaitre de la langue parlée qu’ils connaissent d’héritage. Et aussi pour les y aider, pour 

leur éviter quelques incohérences qui pourraient fausser la transmission de la précieuse parole. 

La plupart des “tolérances” valent pour l’ensemble du domaine : 

1 – [!/b] continuent à être noté uniquement par b : lou baquè que cantabe {le vacher chantait}, 

au lieu de lou vaquè que cantave; 

2 – pas d’accent circonflexe sur la voyelle précédent un n disparu : la harie, la cadée {la 

farine, la chaine}, au lieu de la harîe, la cadêe; 

3 – ch pour noter [#], donc tch pour [0] et th pour [tj] : la chabèque, tchabèque ou thabèque 

{la chouette}, ûn charman gouyat {un charmant jeune homme}, au lieu de la chavèque, ûn xarman 

gouyat; 

4 – point n’est besoin dès lors d’éliminer le x : examén, expausa, excita, fixa {examen, exposer, 

exercice, fixer}, au lieu de edzamén, espausa, eccita, ficsa; 

5 – h initial muet non noté devant l et r : louri, ray, roumén {fleurir, frère, froment}, au lieu 

de hlouri, hray, hroumén; 

6 – [t] final toujours noté par t : nut, caut {nu, chaud}, au lieu de nud, caud; 

7 – [k] final toujours noté par c : hac {hêtre}, au lieu de hag, 

8 – [s] final toujours noté par s : bras {=}, au lieu de braç; 

9 – préposition à avec accent, au lieu de a. 

Mise à part la notation du x qui risque d’entrainer des prononciations à la française, ces 

“tolérances” ne peuvent gêner que la compréhension par des personnes peu habituées au gascon, 

mais ce n’est pas le genre de lectorat auquel s’adressent ceux qui en usent. 

Au contraire des précédentes, les quatre dernières tolérances que j’envisage ne concernent 

chacune qu’une partie du domaine : 

10 – le -e issu d’un -a latin posttonique peut être remplacé : 

– par -o dans la majeure partie du sud-est du domaine; dès lors, il faut inverser la règle sur 

la place de l’accent tonique quand la syllabe finale est en o : elle est atone, et on doit la



marquer d’un accent grave quand elle est tonique : la hemno, acò {la femme, cela}, au 

lieu de la hemne, aco. 

– par -a dans les zones de cette partie sud-est qui le prononcent [a] faible; dès lors, il faut 

inverser la règle sur la place de l’accent tonique quand la syllabe finale est en a : elle est 

atone, et on doit la marquer d’un accent grave quand elle est tonique : la hemna, que serà 

{la femme, il sera}, au lieu de la hemne, sera. 

11 – corrélativement, les mots en -emén seront écrits : 

– en -omén dans la majeure partie du sud-est du domaine : urousomén {heureusement}, au 

lieu de urousemén; 

– en -amén dans les zones de cette partie sud-est qui le prononcent [a] faible : urousamén; 

12 – [e/œ] posttonique noté par -e au lieu de ë dans la moitié nord-ouest du domaine qui le 

prononce comme le produit de -a posttonique noté de même : la lèbe {le lièvre}, au lieu de la lèbë; 

13 – le “n caduc” n’est pas noté dans les zones qui l’amuïssent (1, 3 et 4 de la carte p. 325), et 

la voyelle qui le précède peut ne pas porter l’accent circonflexe si elle n’est pas du tout nasalisée : 

gascoû ou gascou {gascon} au lieu de gascoûn; mais dans la zone 5 qui le vélarise, il parait important 

de conserver l’accent circonflexe, à la différence de ce que faisait Palay, pour distinguer le -n 

vélarisé de celui qui est dental : augan, lou paysân qu’a hèyte ue boune recolte {cette année, le 

paysan a fait une bonne récolte}. 

La “tolérance” n° 10 risque de tromper le lecteur non averti sur la place de l’accent tonique, 

qu’attire le o ou le a en finale, suivant l’usage du français. Et la tolérance n° 13 demande néanmoins 

une certaine discipline pour opposer le -n vélaire au -n dental. Sous ces réserves, ces quatre 

dernières “tolérances” ne nuisent pas à la prononciation, elles augmentent seulement le fractionnement 

de la langue écrite. 

Et ces treize “tolérances” rejoignent pour la plupart la pratique de Palay. L’essentiel demeurant 

que ceux qui parlent puissent écrire, et transmettre leur savoir aux jeunes générations. 

L’école et l’édition feront le reste.


Chapitre VI 

Bilan 

Le chapitre III posait la question « Graphie “classique” ou graphie “moderne” ? » et montrait 

les erreurs qui étaient à la base de la graphie classique et la condamnaient à l’échec; d’où 

l’invitation à choisir la graphie moderne. 

Néanmoins, le chapitre IV a ouvert des voies pour améliorer la graphie classique tant que 

l’Éducation nationale n’aura pas estimé devoir recommander la graphie moderne. Et le chapitre V, 

bien plus court, a proposé des améliorations à cette dernière. 

Encore plus court, le présent chapitre voudrait maintenant peser les deux systèmes mis en état 

de mieux rendre la langue gasconne et d’en faciliter l’enseignement. 

Le plus simple est de présenter en synopse l’exposé systématique de toutes les règles orthographiques 

des deux systèmes, allégées néanmoins de la plupart de leurs justifications. Ces règles, 

rédigées comme celles de l’Escole Gastoû Febus en 1905 ou de L’application… en 1952, sont exposées 

en Annexe XXII : en colonnes synoptiques quand elles diffèrent, sur toute la largeur de la 

page quand elles sont les mêmes (sans égard toutefois aux exemples, donnés là en graphie moderne, 

étant précisé que dans le document normal de la graphie classique, ils sont évidemment écrits dans 

cette graphie). Et l’échantillon de dictionnaire de l’Annexe XXIII en illustrera la mise en œuvre. 

Points de divergence 

Bien entendu, la différence majeure apparait dès les principes : on fait du médiéval en classique, 

même si les graphèmes ont changé de valeur en 700 ans, c’est l’homme du XXI e s. qui devra 

s’adapter; alors qu’en moderne, on fait du contemporain, la graphie se plie aux besoins de l’homme 

de ce siècle. Cela se traduit par le principe 2 du classique, alors que le 4 du moderne prescrit de 

n’écrire que ce qui se prononce, évitant d’avoir à calculer à partir de l’oral ce qui doit être rétabli 

bien que disparu ou changé depuis longtemps, puis à partir de l’écrit, ce qui doit en être tu ou lu 

selon des conventions inhabituelles. 

Concrètement, cela fait choisir en classique le a comme voyelle “féminine” posttonique, alors 

qu’elle a quasiment disparu de l’oral, tandis que le domaine se partage pour l’essentiel entre /´/ et 

/o/. Certes, en ne privilégiant ni /´/ ni /o/ par ce choix étymologique, on évite les querelles; mais 

avec e qui laisse l’accent tonique à sa place pour tout Français, la graphie moderne sauvegarde 

quelque chose d’essentiel pour la langue parlée, avec toute la légitimité que confère à cette lettre 

son emploi largement majoritaire dans tout l’ancien gascon. 

Poursuivant son archaïsme, la graphie classique opte pour o médiéval, qui valait /o/ comme en 

latin et dans la plupart des langues romanes modernes, mais qui est aujourd’hui /u/ dans les langues 

d’oc; cela, pour refuser le ou français, anachroniquement considéré comme un emprunt à la langue 

dominante, alors que l’ancien gascon l’avait adopté en toute indépendance quand il en avait eu besoin 

pour distinguer /o/, /u/ et /y/, et que la graphie moderne a simplement continué un usage bien 

établi. Théoriquement, certes, il n’y a pas de problème, puisque ò note /o/ et o, /u/; mais en pratique, 

que d’erreurs de lecture ! et le sentiment d’un écrit étranger quand on est confronté à un texte en 

graphie classique. [suite p. 343]


Graphie classique I.E.O. 

“Un òmi qu’avè dus hilhs. 12 Lo 

mei joen que digó a son pair : 

“Pair, balha’m la part de fortuna 

qui’m revien.” E lo pair que’us partatgè 

lo son ben. 13 Chic de dias 

après, aplegat qui avó lo son ben, lo 

hilh lo mei joen que partí ta un pèis 

luenhèc e que i esperdiciè lo son 

ben en víver hens lo cascantèr. 

14 “Quand avó tot despenut, ua 

grana hamièra que surviengó per 

aqueth parçan e que comencè a sentir 

la hrèita. 15 Que s’anè méter au 

servici d’un deus abitants d’aquera 

contrada, qui l’enviè hens los sons 

camps guardar los pòrcs. 16 

Qu’averé plan volut pleà’s lo vente 

de las carobas qui los pòrcs e minjavan, 

mes arrés ne’u ne dava. 17 

Que’s digó lavetz enter eth 

medish : “Quandes de vailets deu 

men pair an pan en abondèr, e jo 

que soi ací a perir de hami. 18 Que 

voi partir, anar de cap au men pair 

e dise’u : Pair, qu’èi pecat contre’u 

Cèu e envèrs tu; 19 ne meriti pas mei 

d’estar aperat lo ton hilh, tracta’m 

com un deus tons vailets.” 20 Que 

partí donc e que se’n anè decap a 

son pair. 

Parabole de l’Enfant prodigue 

(St Luc — Chapitre 15, 11-20) 

Traduction en langue béarnaise du texte français de la Bible de Jérusalem, Éditions du Cerf, 1981 

par René Canton, Lous Ebanyèlis (La boune Noubèle) - 1994 

Graphie classique DiGaM 

“Un òmi qu’avè dus hilhs. 12 Lo 

mei yoenn que digó a son pair : 

“Pair, balha’m la part de fortuna 

qui’m revien.” E lo pair que’us partadyè 

lo son ben. 13 Chic de dias 

après, aplegat qui avó lo son ben, lo 

hilh lo mei yoenn que partí ta un 

pèis loenhèc e que y esperdiciè lo 

son ben en víver hentz lo cascantèr. 

14 “Qüand avó tot despenut, ua 

grana hamièra que surviengó per 

aqueth parçan e que comencè a sentir 

la hrèita. 15 Que s’anè méter au 

servici d’un deus abitants d’aquera 

contrada, qui l’enviè hentz los sons 

camps goardar los pòrcs. 16 

Qu’averé plan volut pleà’s lo vente 

de las carobas qui los pòrcs e 

minyàvann, mes arrés ne’u ne dava. 

17 Que’s digó lavetz enter eth 

medix : “Qüandes de vailets do 

men pair ann pan en abondèr, e yo 

que soi ací a perir de hami. 18 Que 

voi partir, anar decap au men pair e 

dise’u : Pair, qu’èi pecat contre’u 

Cèu e envèrrs tu; 19 ne meriti pas 

mei d’estar aperat lo ton hilh, 

tratta’m com un dos tons vailets.” 20 

Que partí donc e que se’n anè decap 

a son pair. 

Graphie moderne DiGaM. 

“Ûn òmi qu’avè dus hilhs. 12 

Lou mey yoén que digou a soûn 

pay : “Pay, balhe-m la part de fourtune 

qui-m revién.” E lou pay queus 

partadyè lou soûn bên. 13 Chic de 

dies après, aplegat qui avou lou 

soûn bên, lou hilh lou mey yoén 

que parti ta ûn pèys loegnèc e que y 

esperdiciè lou soûn bên en vivë 

hens lou cascantè. 

14 “Quoan avou tout despenut, 

ue grane hamière que surviengou 

per aqueth parçân e que coumencè 

a senti la hrèyte. 15 Que s’anè metë 

au servìci d’ûn deus abitans 

d’aquere countrade, qui l’enviè 

hens lous soûns cams goarda lous 

porcs. 16 Qu’averé plân voulut pleas 

lou ventë de las caroubes qui lous 

porcs e minyaven, mes arrés ne-u 

ne dave. 17 Que-s digou labéts enter 

eth-medix : “Quoandës de vayléts 

dou mên pay an pân en aboundè, e 

you que souy aci a peri de hàmi. 18 

Que vouy parti, ana decap au mên 

pay e disë-u : Pay, qu’èy pecat 

countrë-u Cèu e envèrs tu; 19 ne 

merìti pas mey d’esta aperat lou 

toûn hilh, tratte-m coum ûn dous 

toûns vayléts.” 20 Que parti dounc e 

que se-n anè decap a soûn pay. 

Graphie moderne E.G.F. 

“U òmi qu’abè dus hilhs. 12 Lou 

mey yoen que digou à soû pay : 

“Pay, balhe-m la part de fourtune 

qui-m rebién.” E lou pay que-us 

partadyè lou soû bé. 13 Chic de dies 

après, aplegat qui abou lou soû bé, 

lou hilh lou mey yoen que parti ta û 

pèys loegnèc e que y esperdiciè lou 

soû bé en bìbe hens lou cascantè. 

14 “Quoan abou tout despenut, 

ue grane hamière que surbiengou 

per aquet parsâ e que coumencè à 

senti la rèyte. 15 Que s’anè méte au 

serbici d’û deus abitans d’aquere 

countrade, qui l’embiè hens lous 

soûs cams goarda lous porcs. 16 

Qu’aberé plâ boulut plea-s lou bénte 

de las caroubes qui lous porcs e 

minyaben, mes arrés ne-u ne dabe. 

17 Que-s digou labets enter etmedich 

: “Quoàndes de baylets 

dou mé pay an pâ en aboundè, e 

you que souy aci à peri de hàmi. 18 

Que bouy parti, ana de-cap au mé 

pay e dìse-u : Pay, qu’èy pecat 

coùntre-u Cèu e embèrs tu; 19 ne 

meriti pas mey d’esta aperat lou 

toû hilh, tratte-m coum û dous toûs 

baylets.” 20 Que parti dounc e que 

se-n anè de-cap à soû pay.


Divergence mineure sur l’emploi de l’accent circonflexe; je l’introduis, faute de mieux, en 

classique, pour noter /o/ et plus rarement /!/ atones, car ce phonème a été oublié par les pères de la 

graphie gasconne de l’I.E.O. En moderne, il est confirmé dans son rôle de marquage d’une nasalisation, 

même très atténuée, voire disparue; d’où son extension comme témoin un n intervocalique 

disparu, et comme diacritique du -n vélaire distingué du -n dental. 

Divergence encore par l’emploi de y comme glide en moderne, suivant un usage remontant au 

Moyen âge, et toujours présent en onomastique (cf. Palay, Nay, Moustey, Brassempouy…), alors 

que le i provençal et italien demande un apprentissage particulier. 

Divergence sur le repérage de l’accent tonique : le système classique est en gros celui de 

l’espagnol, y compris pour les 6 èmes personnes des verbes, par référence à la dernière lettre (abstraction 

faite de -s), consonne ou voyelle; le moderne s’aligne sur le français, en ne regardant que la 

voyelle de la dernière syllabe, et en faisant de e/ë la voyelle toujours atone : sans autre apprentissage 

que de repérer l’accent écrit éventuel sur la pénultième, le lecteur le moins attentif met l’accent 

au bon endroit. 

Pour les consonnes, le gn, qui n’est pas plus importé du français que le ou, évite le problème 

des mots en nh prononcé [nh] (enhornar) comme l’avait souligné H. Gavel. Et surtout, n’écrire que 

les consonnes que l’on prononce est inhabituel pour le Français lettré, mais bien pratique pour lire 

correctement le gascon : pour l’immense majorité des Gascons, La Setmana, c’est [la setma'na]; et 

les prendre pour des imbéciles ou des rustres ne fait pas gagner un seul nouvel ami à la cause d’oc. 

Quant aux infinitifs prononcés en -[r] comme en castillan ! 

Points de convergence 

Pourtant, la graphie moderne a bien des points communs avec la classique, soit que le retour à 

des graphèmes de l’ancienne langue gasconne méconnus par l’I.E.O. rapproche celle-ci de la première, 

qui leur était restée fidèle, soit qu’il m’ait paru intéressant d’adopter dans la moderne des solutions 

nouvelles introduites par la classique. Sans compter lh, th adoptés depuis longtemps par les 

félibres, même si le th se limitait à l’ouest béarnais. 

Parmi les premiers, oe pour /we/ et x pour /"/ sont les plus remarquables. 

Parmi les seconds, il y a d’abord le -n instable noté systématiquement, dans un souci d’unité 

gasconne, avec la voyelle qui précède dotée de l’accent circonflexe, qui le distingue du -n dental; et 

ch comme graphie englobante pour /"/, /#/ et /tj/, rendant nécessaire un graphème réservé au /"/ 

pangascon, le x en l’occurrence; enfin, le h devant l et r initiaux, dont Palay usait cependant pour les 

parlers où il s’entendait. 

C’est là, je crois, ce que Samaran aurait souhaité chez Palay, tenir « compte des efforts réalisés 

dans ce domaine par l’école occitane » (cf. p. 308). 

Un exemple concret en synopse 

Pour illustrer concrètement ces divergences et convergences, je n’ai rien trouvé de mieux que 

de présenter sur la page de gauche l’incontournable parabole de l’Enfant prodigue en quatre 

graphies : classique de l’I.E.O., classique et moderne DiGaM telles que je les propose ici, et moderne 

de l’Escole Gastoû Febus pratiquée par René Canton, félibre auteur (et éditeur, 1994) de la 

traduction béarnaise à partir du texte français de la Bible de Jérusalem.


Cette comparaison n’appelle pas beaucoup de commentaires; en revanche, je suis à peu près 

certain du résultat si l’on donne ces textes à lire à des Gascons ordinaires, qui n’ont qu’une vague 

connaissance de la langue, mais que l’École de la République a bien formé à la lecture du français. 

Plus prosaïquement, voici quelques chiffres sur les lettres accentuées de cette parabole. 

Statistique des lettres accentuées 

Dans la Parabole de l’Enfant prodigue (environ 750 lettres) : 

Voyelles Classique Classique Moderne Moderne 

accentuées I.E.O. DiGaM DiGaM E.G.F. 

à 1 2 1 6 

â 

3 3 

é 3 3 8 10 

è 17 17 17 17 

ê 

5 

ë 

í 

ì 

ó 

ò 

ù 

û 

ü 

4 

5 

3 

4 

5 

3 

2 

6 

2 

1 

12 

2 

1 

1 

11 

Total 33 36 55 51 

Entre les deux graphies classiques, DiGaM a un à de plus que l’I.E.O. pour une 6 ème personne 

(donc achevée par -n) mais paroxytonique, donc traitée suivant la règle générale des paroxytons 

achevés par consonne; et deux ü pour Qüand et Qüandes prononcés [kwa]; en réalité, le tréma est 

bien prévu par la norme de l’I.E.O., mais les occitanistes gascons ne l’appliquent pas. 

La graphie moderne DiGaM a un û de plus que celle de l’E.G.F., à cause d’un Û majuscule, 

non noté par R. Canton. Et ces 12 (ou 11) û sont dus à l’article indéfini ûn à -n “instable”, vélaire ou 

muet. Il y a accord entre les modernes sur â, mais non sur ê que l’E.G.F. a renoncé à noter, bien 

qu’il soit nasalisé comme â ou oû… Pèsent lourd, de toute façon, les voyelles à accent circonflexe, 

mais elles règlent deux problèmes : surtout, l’opposition entre finales en -n nasal et -n vélaire, sans 

avoir à marquer les premières par un -nn étymologique ou analogique; et accessoirement, le rappel 

systématique du -n- intervocalique amuï, qu’il nasalise ou non la voyelle qui le précédait. 

Enfin, une part de la surcharge dans la graphie moderne DiGaM tient au ë, rançon du maintien 

du -e de 700 ans d’écrit gascon pour ses avantages intrinsèques rappelés plus haut, -e dont Sarrail 

regrettait l’élimination occitaniste quand il écrivait à l’abbé Saint-Bézard, Armagnacais : « Je regretterai 

l’e béarnais si joli, si facile, et qui mettait d’accord Béarn, Bigorre et Landes... et même 

l’Armagnac. » (lettre du 17 janvier 1965, Reclams n° 9-10/1981, p. 138). Mais aujourd’hui, sans ce 

ë, comment celui qui ne connait pas naturellement la langue distinguerait-il le /e/ du /œ/ ou /o/ ? 

Reste à savoir maintenant ce qu’en penseront les amis de la langue gasconne, ceux qui la parlent 

et voudraient pouvoir l’écrire sans trop de peine, et ceux qui voudraient bien l’apprendre, mais 

sans trop de complications.

Épilogue 

Au terme de ce travail où j’ai mis tout mon savoir-faire et ma conviction au service de la langue 

gasconne de ce début du XXI e siècle, j’éprouve un sentiment de satisfaction non moins que de 

reconnaissance envers ceux qui m’ont précédé, mais aussi de gêne, voire de déception. Mais conscient 

du sérieux que j’ai apporté à cette tâche, j’ose conclure sur une note d’espoir. 

De satisfaction, on s’en doute, pour avoir étudié en profondeur, assimilé — du moins je le 

crois — et exprimé par écrit un grand nombre d’aspects de la langue gasconne de mes pères, à laquelle 

j’ai consacré la majeure partie de mon “temps libre” depuis plus de vingt ans. 

De reconnaissance ensuite, à l’égard de tous ceux qui, depuis plus d’un siècle, ont œuvré pour 

cette langue sans autre récompense que le sentiment du devoir accompli. Comment aurais-je pu lire 

autant de textes sans ces auteurs attentifs à écrire une langue venue des siècles lointains et qui imprégnait 

tout leur être ? Comment aurais-je pu étudier ses formes et ses sons sans ces œuvres immenses 

que sont le Dictionnaire de Simin Palay et l’Atlas linguistique de la Gascogne de Jean Séguy 

et de ses collaborateurs ? Et tout simplement, comment aurais-je pu m’y initier sans Roger Lapassade 

et ses amis occitanistes qui m’ont accueillis dans les stages de béarnais ? 

Mais aussi de gêne, car l’approche rigoureuse que j’avais de la langue par formation intellectuelle, 

et peut-être par propension naturelle intime, m’a fait découvrir la gangrène d’à-peu-près et 

même d’erreurs qui affecte le discours ordinaire sur cette langue. Quand on s’est engagé sans barguigner 

pour une cause exaltée par des gens respectables, on n’a aucun plaisir à découvrir qu’on a 

été trompé par ces gens qui avaient eux-mêmes été trompés. Et je n’ai aucun gout pour jouer les 

Saint-Just. 

Cependant, j’ai la conviction qu’on ne construit rien de solide sur le sable de l’erreur, et c’est 

pour sauver ce qui peut l’être encore que je me suis résolu à exposer ce que j’avais vu, pour aider 

dans leur démarche ceux qui veulent vraiment éviter la perte définitive de la langue gasconne. 

Et c’est là qu’est ma déception. Certes, on ne vit pas pendant plus de vingt ans dans 

l’environnement d’une langue et de ses partisans sans se rendre compte de sa décadence accélérée. 

Mais en ouvrant par une approche sociolinguistique ce qui ne devait être d’abord qu’une réflexion 

technique sur l’orthographe, j’ai dû me rendre à une évidence qu’on n’ose jamais regarder en face 

dans le rangs des militants : la langue gasconne a joué un grand rôle social au Moyen âge, mais 

comme toutes les autres langues d’oc, elle a “raté” l’entrée dans les temps modernes, et c’est une 

illusion de croire qu’on pourra rattraper un retard de six ou sept siècles. 

On a cru qu’elle était victime du mépris des “franchimans” et qu’une action psychologique 

bien menée mettrait fin à « la honte » subie de ce fait, selon le mot de François Bayrou, alors président 

du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, dans un discours célèbre en béarnais qu’il fit à 

Pau, ès-qualité, le 25 octobre 2003. Il est vrai que Garros prenait déjà parti pour « La causa 

damnada / De nosta lenga mesprezada » (cf. p. 36). Mais le mépris ne nait pas d’une génération 

spontanée; pour les langues, il vient de celui qui, en parlant une autre, occupe une situation sociale

Jean Lafitte 346 Épilogue 

supérieure. Et la situation sociale, elle est le résultat de la capacité de chacun d’utiliser les possibilités 

d’ascension qu’offre l’organisation de la société. 

Or c’est un fait que les langues romanes du Midi n’ont jamais été celles d’un état unifié et 

fort, mais de provinces dont les comtes se disputaient facilement entre eux, quand ils ne se faisaient 

pas la guerre, et qui furent incapables de résister aux “Croisés” venus de France. Et très vite, ceux 

qui voulaient “réussir” ont compris que cela passerait par le français. De là, par exemple, l’absence 

de littérature de prestige en Béarn, selon la pertinente remarque de Paul Clavé (1980, p. 27) : 

« … des causes profondes avaient empêché l’apparition d’une littérature majeure. Au 

temps des troubadours, les vicomtes béarnais avaient été complètement éclipsés par les fastueuses 

cours environnantes : Poitiers, Limoges, Toulouse, Barcelone. Après la défaite de 

Muret (12 septembre 1213) et la ruine des seigneurs qui nourrissaient les troubadours, les 

esprits s’étaient tournés vers le Nord. Quand Gaston Phébus voulait écrire à ses sujets autre 

chose que de simples billets, il le faisait en français. L’influence française s’étendait de 

plus en plus. Malgré la faiblesse du pouvoir royal (guerre de Cent-ans, folie de Charles 

VI), l’idée que le roi défendait les faibles contre les entreprises des seigneurs guerriers et 

pillards faisait son chemin. Jeanne d’Arc, dite l’Armagnacaise, trouvera en Gascogne ses 

plus ardents compagnons. Les seigneurs de Béarn ne seront bientôt plus que les vassaux de 

la royauté française affermie par Charles VII. » 

De nos jours encore, aucun de ceux qui “réussissent” et que les médias montrent tous les jours 

à la télévision ou dans les magazines, ne parle une langue régionale quelconque. M. Bayrou luimême 

semble n’avoir jamais repris publiquement la parole en béarnais… 

!"#$% !&", {tout s’écoule} disait le philosophe grec Héraclite. Dans les années 40, j’ai suivi 

les processions des Rogations à travers les jardins des maraichers de Jurançon, aux portes de Pau; 

on invoquait la clémence de Dieu en chantant les litanies des Saints, avec le répons « Te rogamus, 

audi nos » {nous te prions, écoute-nous} que la malice béarnaise avait depuis longtemps détourné 

en « Arrougagne-t aqueth òs — Minye la car e dèxe l’os » {ronge cet os, mange la viande et laisse 

l’os}. Cela compta dans les premières “leçons” de béarnais que je reçus alors. Il n’y a que soixante 

ans de cela, et pourtant, que c’est loin ! Les champs sont devenus lotissements, litanies et processions 

sont d’un passé révolu… Alors, pour entendre des gamins parodier les répons en béarnais… 

C’est donc avec la plus grande modestie qu’il nous faut envisager l’avenir de notre vieille 

langue, et tout faire pour ne pas rebuter ceux qui seraient tentés de la retrouver. 

Voilà pourquoi je l’enseigne bénévolement depuis plus de quinze ans, et pourquoi je me suis 

tellement préoccupé de la rendre aussi accessible que possible. Mes travaux sur la graphie n’ont pas 

eu d’autre but. Mais voilà que je risque fort de m’entendre dire que j’ai fait un bien long parcours 

dans une forêt embroussaillée pour me retrouver à deux pas de mon point de départ. 

Effectivement, mes débuts dans la langue de mes pères se firent dans la graphie de l’Escole 

Gastoû Febus d’avant 1984, du temps où elle était encore béarnaise et gasconne. Et voici qu’après 

plus de vingt années de militantisme et d’études, pour la plupart dans le cadre de l’Institut d’études 

occitanes, je me retrouve à préconiser une graphie qui n’est que celle de ces débuts, avec les améliorations 

apportées par Palay et tenant « compte des efforts réalisés dans ce domaine par l’école 

occitane », selon le vœu de Charles Samaran rappelé p. 308. 

Travail inutile ? Je ne le pense pas, pourtant. Car, à ma connaissance, c’est le premier ouvrage 

qui ne se contente pas de donner des règles de graphie, mais en expose les problèmes, l’histoire des 

solutions déjà apportées, et conclut par des règles soigneusement justifiées. En particulier, les


quatre-vingt-douze pages d’histoire de la graphie gasconne n’avaient encore jamais été écrites. Et 

personne n’avait jusqu’ici passé au sedas {tamis} autant de textes gascons dans les différentes 

graphies, ni regardé d’aussi près autant de cartes de l’ALG pour appuyer des propositions sur autre 

chose que des considérations théoriques ou des rêves idéologiques. 

Or ces travaux ont montré — du moins je l’espère — qu’instinctivement, tous ceux qui ont 

écrit le gascon au cours des siècles ont cherché à représenter la langue de leur temps, avec ses 

changements phonétiques naturels, tout en usant souvent de graphèmes transmis par les générations 

précédentes. Et le Félibrige gascon, l’Escole Gastoû Febus de 1905, puis ses auteurs du XX e s., se 

sont inscrits dans cette continuité. 

En revanche, tout en prônant une attitude scientifique qui a poussé à relire les anciens — je 

m’y suis conformé avec conviction —, « l’école occitane » s’est inscrite dans une stratégie de rupture, 

qui, à bien des égards, rappelait le fameux slogan communiste « du passé faisons table rase ». 

Or le passé à oublier, c’était le passé proche, car l’« avenir » de cette école n’était que la résurrection 

d’une langue, d’une graphie, voire d’une société mythique qui aurait été celle du XII e siècle 

méridional. 

Là, on était en plein romantisme, sans la moindre analyse de l’état des langues d’oc du XX e s., 

encore moins des attentes des populations du Midi. Et contre tout réalisme, non seulement on bannissait 

de l’École l’écrit des Félibres, dont on avait ridiculisé la graphie, mais encore on effaçait le 

nom même des langues du Midi et de leurs locuteurs pour ne parler plus que d’« occitan ». Tout le 

contraire de ce que faisaient Basques, Bretons et Corses, pour ne citer que des locuteurs de langues 

de France. Les noms de personnes eux-mêmes n’échappaient pas à l’«épuration », Pey de Garros 

(c’est ainsi qu’il signait ses œuvres) devenait Pèir de Garròs, et Palay, Palai : le vieil y de la langue 

gasconne était interdit, tout comme le w de la langue kurde en Turquie (mais pour entrer en Europe, 

la Turquie ne l’interdit plus, selon un reportage télévisé du 2 aout 2004 sur France 5). 

C’était donc accumuler les erreurs psychologiques, qui n’ont pas peu contribué à la désaffection 

des locuteurs pour leur propre langue, bannie de l’école qui enseignait comme « occitan » 

quelque chose qui ne ressemblait que de loin à leur parler et qu’on ne pouvait lire. Et cette erreur 

s’est renforcée par le fait que le seul Dictionnaire complet et fidèle du gascon contemporain, celui 

de Palay, se trouvait périmé à cause de sa graphie, sans qu’on pût ou qu’on sût le remplacer par un 

outil d’égale valeur. 

Si mon travail doit avoir quelque utilité, ce sera donc d’avoir fait apparaitre l’impérative nécessité 

de regarder les choses en face et de pratiquer, ici aussi, une real politik, car « Il vaut toujours 

mieux tenter de s’approcher de la réalité que de nourrir des mythes. » (P. Sauzet, 2000, p. 41). 

Pourtant, j’ai un peu le sentiment du naufragé qui vient de lancer son appel de détresse dans 

une bouteille jetée à la mer. Certes, je pense que je serai lu par quelques uns de ceux pour qui j’ai 

écrit, qui par amour d’une langue ancestrale ou même simplement par conscience professionnelle se 

préoccupent de la transmission de cette langue. 

Mais combien m’entendront ? Et plus encore, combien en tireront des actes en vue 

d’améliorer cette transmission, de la rendre à la fois plus facile et plus fidèle ? 

Or parmi les moyens de maintenir une certaine connaissance de la langue, et malgré que j’en 

aie mentionné le peu d’efficacité pratique, l’enseignement public est sans doute celui qui touche le


plus de personnes. Mais c’est un monde très hiérarchisé, et il est à craindre que les plus zélés et les 

plus consciencieux des maitres ne soient découragés de prendre les initiatives qui s’imposent si elles 

n’ont pas l’aval de la hiérarchie. Quand on sait que les allégements orthographiques approuvés 

par l’Académie française en 1990 restent ignorés de la plupart des enseignants, on imagine le sort 

de toute idée novatrice dans ce milieu. 

Pourtant, le retour à une graphie gasconne plus pédagogique et plus proche de l’oral ne devrait 

pas mobiliser contre lui Le Monde, Le Figaro, Bernard Pivot et autres défenseurs de la 

« pureté » orthographique… Et l’on ne peut imaginer que les hauts responsables de l’enseignement 

des langues d’oc par l’École laïque de la République aient fait leur l’idéologie occitaniste, comme 

celle qui fit falsifier le texte de Lapassade donné en “dictée occitane” (cf. p. 79), et encore moins 

l’idéologie anti-française précédemment évoquée (p. 307). 

Alors, estimant que les fonctionnaires de la République ont encore le sens de la fidélité à ses 

idéaux tout autant que le souci de l’efficacité, j’ose espérer. 

10 mai 2005

B I B L I O G R A P H I E 

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Revues (18 titres) 

Aicí e ara (1979-1983), revue trimestrielle indépendante, Montpellier. 

Annales de l’Institut d’études occitanes / Annals de l’Institut d’estudis occitans (1948-1978). 

Amiras / Repères (1982-1990), revue d’études occitanes fondée par R. Lafont, Montpellier. 

Camins d’Estiu, revue trimestrielle de l’Escòla occitana d’estiu, 47340 Hautefage-la-Tour. 

Éclair (L’), quotidien de Pau; pages centrales communes avec La République des Pyrénées. 

Éducation et sociétés plurilingues (1996- ), Centre d’information sur l’éducation bilingue et 

plurilingue (CIEBP), Aoste, Italie. 

Estudis occitans (1986-1998), revue semestrielle d’échanges et de recherche de l’Institut d’études 

occitanes, Paris. 

France latine (La) (1949- ), organe des Amis de la France latine, CREDILIF, Université Rennes 2 

Haute Bretagne, Rennes. 

Lettres Aquitaines, publication du Centre régional des Lettres d’Aquitaine, Bordeaux. 

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Roses. 

Lo Gai Saber (1923- ), Revista de l’Escòla occitana, Aureville (Haute-Garonne). 

Occitans !, (1981- ), Revista culturala, bimestriel de l’Institut d’études occitanes, Carcassonne. 

Per nouste (n° 1 à 8, 1967-1968), Per noste (n° 9 à 73, 1968-1979), Per noste-Païs gascons (n° 74 à 

205, 1979-2001), Per noste-País gascons (n° 206 à 218, 2001-2003), País gascons (depuis), 

bulletin bimesadèr de las seccions Bearn Gasconha de l’Institut d’estudis occitans, Orthez. 

Pyrénées - Bulletin pyrénéen, Pau. 

Quasèrns de lingüistica occitana, Q.L.O. (n° 1 à 10, 1974-1981), puis Casèrns de lingüistica 

occitana, C.L.O. (n° 11 et 12, 1982-1984), Beaumont, Puy-de-Dôme. 

Quatre pages - INSEE Aquitaine (Le), Bordeaux. 

Reclams de Biarn e Gascougne (1897-Février 1984), puis Reclams, organe de l’Escole Gastoû 

Febus (1896-1996), puis Escòla Gaston Febus, Pau. 

République des Pyrénées (La), quotidien de Pau; pages centrales communes avec L’Éclair.

TABLE DES ABRÉVIATIONS et SIGLES 

ALG - Atlas linguistique (et ethnographique) de la Gascogne sous la direction de Jean Séguy. 

C.L.O. - Casèrns de lingüistica occitana. Voir aussi Q.L.O. 

C.L.O. - Conselh de la lenga occitana. 

DiGaM - Dictionnaire du Gascon Moderne 

E.G.F. - Escole Gastoû Febus, puis Escòla Gaston Febus 

I.E.O. - Institut d’études occitanes 

P.N. ou P.N.-P.G. ou P.G. - Per nouste / Per noste / Per noste-Païs gascons / Per noste-País gascons 

/ País gascons 

Q.L.O. - Quasèrns de lingüistica occitana devenus sur la fin Casèrns etc. Voir C.L.O. 

S.E.O. - Société d’études occitanes

Abadie, A. Ph. : 104 

Ader, Guilhem : 63, 115, 324 

Al Cartero, voir Lacoarret 

Alibert, Louis : 13 à 15, 18, 20 

à 22, 27, 54, 65, 66, 71, 75, 

78, 86, 87, 90, 129, 139, 

140, 142 à 147, 150 à 155, 

160, 161, 163, 166, 168, 

170, 178, 180, 181, 186, 

187, 197 à 199, 210 à 212, 

226 à 230, 233, 234, 238, 

241, 242, 245, 251, 253, 

257, 262, 264 à 272, 275 à 

278, 281, 283, 285 à 288, 

294, 295, 297 à 300, 305, 

306, 319, 330, 335, 378, 

381, 382, 391 à 393, 405, 

419, 422, 424, 427, 429 à 

431, 434 à 436, 443, 444, 

447, 450, 451 

Allègre, Claude : 29 

Allières, Jacques : 2, 17, 38, 

70, 77, 148 à 151, 153 à 

155, 171, 215, 242, 267, 

272, 278, 279, 290, 311, 

313, 330, 379, 380, 412, 444 

Amont, Marcel : 19, 303 

Amrane, Éric : 59 

Anglade, Joseph : 14, 15, 36, 

99, 130, 131, 133, 27, 378 

Appel, Carl : 378 

Arenas, Cynthia : 49 

Arette, Alexis : 203 

Arnaudin, Félix : 74, 170, 178 

à 181, 191, 202, 216, 230, 

242, 245, 249, 250, 265, 

283, 285, 297, 298, 333, 

419, 431, 437, 442, 444 à 

446, 449 

Arneodo, Sergio : 220 

Ascoli, C. I. : 91 

Astié, Éric : 70 

Astros, Géraud d’ (abbé) : 37, 

106, 115, 392, 431 

Aubanel, Théodore : 135 

Audoyer, Michel : 69, 72 

Aymerich I Lemo, Silvia : 66 

Baldinger, Kurt : 18, 19, 34, 

378, 379 

TABLE DES AUTEURS ET PERSONNAGES CITÉS 

Baldit, Jean-Pierre : 230 

Balladur, Édouard : 52 

Banniard, Michel : 92, 109 

Barère de Vieuzac, Bertrand : 

55 

Baron, Louis : 115 

Bartas, Salluste du : 115 

Barthés, Henri : 126, 206 

Baudorre, André : 123 

Bayrou, François : 52, 53, 67, 

345, 346 

Bec, Pierre : 11, 13, 14 à 19, 

21, 22, 24, 38, 46, 83, 86, 

99, 103, 106, 115, 135, 144, 

147, 158, 161, 162, 167, 

170, 181, 197, 200, 213, 

215, 219, 221, 227, 229, 

237, 238, 244, 252, 261, 

263, 265 à 267, 269 à 274, 

278, 279, 282, 284, 287, 

289, 299, 301, 303, 305, 

313, 315 (note), 317, 335, 

379, 412, 422, 431, 434, 447 

Bec, Serge : 214, 219, 415, 

417 

Bédout, Gérard : 115 

Beigbeder, Francis : 288, 296, 

431, 443 

Bellaud de la Bellaudière, 

Louis : 116 

Belloc, Claude : 445 

Benuziglio, François-Xavier : 

46 

Bernadau, Pierre : 37 

Bernos, Michel : 50 

Berry, André : 36, 106, 107, 

115, 116 

Berthaud, Pierre-Louis : 31, 

100, 266 

Bétérous, Paule : 202 

Bianchi, André (ou Andriu de 

Gavaudan) : 39, 70, 74, 165, 

178, 215, 247, 248, 252, 

279, 434 

Bidermann-Pasques, Liselotte : 

242 

Bidot-Germa, Dominique : 

112, 289 

Birabent, Jean-Pierre : 167, 169, 

175, 189, 213, 214, 244, 

248, 253, 258, 279, 300, 380 

Biu, Philippe : 286 

Blanc, Jean-François : 23 

Blanchet, Philippe : 7, 58, 64, 

73, 206 

Blasco Ferrer, Eduardo : 380 

Boisgontier, Jacques : 163, 

178, 179, 181, 202, 210, 

213, 245, 249, 250, 275, 

298, 445 

Boissière, Pierre : 82 

Bonnemason, Jean : 9, 47, 68, 

203 

Bordeu, Théophile de : 116 

Boschung, P. : 23, 43, 208 

Bourciez, Édouard : 120, 142, 

256, 259, 320, 329, 377, 

378, 445 

Bourdieu, Pierre : 33, 75, 94, 

422 

Bouzet, Jean : 43, 76, 134 à 

136, 138, 142, 147, 156, 

157, 164, 181, 191, 244, 

276, 299 à 301, 303, 309, 

328, 332, 334, 335, 390, 

419, 441 

Boyer, Henri : 68 

Brasquet, Gérard : 78 

Broc, Alain : 69 

Brunel, Clovis : 5, 102 

Buesa Oliver, Tomás : 18, 242, 

379 

Bustos, Joan : 99, 234 

Calmette, Pierre : 90 

Camélat, Michel : 65, 74, 76, 

78, 79, 84, 123, 134, 135, 

138, 165, 201, 214, 215, 

232, 254, 257, 285, 299, 

305, 390, 426 à 431 

Camproux, Charles : 83, 379 

Cantalausa : 211 

Canton, René : 203, 343, 344 

Carbonne, Philippe : 32, 51, 

74, 200, 220, 243, 292 

Carcopino, Jérôme : 65, 142 

Carles, Serge : 412

Jean Lafitte 361 Tables 

Carnot, Sadi : 38 

Caseboune, Yulien : 56, 202, 

203 

Casteret, Jean-Jacques : 204 

Castet, Jean (abbé) : 77 

Catach, Nina : 195, 210, 219, 

229, 236, 242 

Cauhapé, Amédée : 297 

Cazalets, Marc : 56, 116 

(note), 389 

Cénac-Moncaut, Justin, Édouard : 

266, 297, 392, 431, 437, 

440, 441, 443, 444, 446 

Cercamon : 19 

Cerquiglini, Bernard : 5, 29 à 

31, 95 

Certeau, Michel de : 37, 55 

Chabaneau, Camille : 18 

Chadeuil, Michel : 47, 87 

Chambon, Jacques : 65, 95 

Chambon, Jean-Pierre : 17, 20, 

24, 27, 57, 58, 61, 63, 74, 

75, 83, 197, 201, 227, 228, 

237, 380 

Chanet, Jean-François : 86 

Chapduelh, voir Chadeuil 

Chaplain, Éric : 158, 195, 245, 

263, 448 

Charles VI et VII : 346 

Chatbèrt, Ramon : 230 

Cheronnet, Bernard : 36, 255, 

320 

Choffrut-Faure, Patrick : 56 

Cierbide, Ricardo : 92, 242 

Clavé, Paul : 346 

Collet, E. : 203 

Condó Sembeat, Joseph (abbé) 

: 77 

Conord, Jean : 221 

Coromines, Joan : 8, 152, 153, 

155, 169, 191, 243, 260, 

275, 276, 278, 298 à 300, 

326, 336, 430, 437 

Cortète de Prade, François de : 

116 

Courouau, Jean-François : 103, 

105, 112, 115 

Courriades, Joseph : 142, 143, 

156, 191, 244, 335 

Cousteix, Hinard et Weinberg : 

28 

Couture, Léonce (abbé) : 378 

Cros, Estève : 393 

Cubaynes, Jules (abbé) : 42 

Daignan du Sendat, Louis (abbé) 

: 104, 105 

Dalbera, Jean-Philippe : 30 

Dambielle, Honoré (abbé) : 

132, 275 

Dante : 228, 297 

Dardy, Léopold (abbé) : 39, 

165, 166, 212 à 214, 248, 

434, 446 

Darichon, Charles : 214 

Darrigrand, Jean-Pierre : 26, 

186, 286 

Darrigrand, Robert : 27, 37, 

78, 81, 107, 109, 115, 146, 

157, 159, 160, 163, 166, 

186, 191, 195, 206, 213, 

215, 230, 235, 238, 244, 

245, 247, 261, 262, 264, 

269, 279 à 282, 286, 291, 

298, 300 à 303, 305, 313, 

317, 397, 432, 434 

Dastros, voir Astros (d’) 

Daugé, Césaire (abbé) : 39, 76, 

123, 203, 214, 215, 232, 

275, 432 à 435 

Daulon, Louis : 202 

Dauzat, Albert : 23, 28, 228 

Daval, Félix : 289 

Deguillaume, Colette : 59 

Deixonne, Maurice : 25, 31 à 

34, 39, 65, 143, 147, 226 

(note), 391, 426 

Delalenga, Carles : 230 

Delmas, Jean : 95 

Delpastre, Marcelle : 44 

Delpla, Claude : 41 

Denoix de Saint Marc, Renaud 

: 32 

Désazars de Montgaillard, Marie, 

Louis (baron de) : 126, 

128 

Descartes, René : 86 

Despourrins, Cyprien : 116, 

164 

Desrozier, Peir : 145, 251 

Dinguirard, Jean-Claude : 151 

Dompmartin-Normand, Chantal 

: 67 

Druon, Maurice : 36 

Dubos, Jean-Pierre (Dr.) : 297, 

437, 444, 448, 449 

Dugay, Dominique : 116 

Dulau, Guy : 45, 170, 180, 

256, 258, 263, 282, 297, 

337, 431, 437, 441, 442, 

444, 446, 448 

Dupleich, Jean-Jacques, Prudence 

: 297, 431, 437, 440, 

441, 443, 444, 446 

Dupreuilh, G. : 203 

Dutech, Hubert : 204 

Eple, Jean-Michel : 83 

Escarpit, Robert : 25 

Estalenx, Jean-François d’ : 202 

Estieu, Prosper : 122, 126 à 

130, 133 à 135, 154, 206 

Eygun, Jean : 172 

Estiou, Jean d’, voir Vignes 

Fabra, Pompeu : 265, 447 

Fauché, Jean-Édouard : 437 

Favier, Jean : 33 

Fay, Jean : 286, 289 

Fénié, Jean-Jacques : 207 

Fernández-Cuadrench, Jordi : 

80 à 82 

Ferré, Jean-Paul : 64, 207 

Field, Thomas 

Foix, Vincent (abbé) : 109 

(note), 202, 404 (note), 437 

Fondet, Claire : 232 

Fondeville, Jean-Henri : 37, 

112, 116, 246, 313 

Fontan, François : 229 

Fossat, Gilles : 211, 237, 238, 

290 

Fossat, Jean-Louis : 202, 267 

(note) 

Fourié, Jean : 32, 289 

Fournier, Marcel: 25 

Frick, M. : 23, 43, 208 

Furer, Jean-Jacques : 91 

Gaillard, Auger : 116 

Ganuchaud, Nathalie : 70 

Gardy, Philippe : 36, 37, 70, 

94, 106, 197 

Garnier, Guiu : 57


Garros, Jean de : 115 

Garros, Pey de : 8, 16, 36, 106, 

107, 109, 114, 115, 140, 

143, 151, 191, 241, 276, 

303, 345, 347, 392 

Gassion, Jacob de : 115 

Gaston Fébus (Phébus) : 63, 

104, 160, 439 

Gaube, Élodie : 391 

Gavaudan, Andriu de (voir 

André Bianchi) 

Gavel, Henri : 77, 99, 120, 

141, 142, 182, 191, 212, 

227, 267, 320, 322, 323, 343 

Gerde, Philadelphe de : 54, 

133, 154, 221 

Giacomo, Bernard : 411 

Gieure, Mgr. : 76, 390 

Gilles, Monique : 282, 394 

Giordan, Henri : 24, 29, 30, 33 

Girard, Ismaël : 78, 115, 129, 

133, 134, 139 à 142, 210, 

221, 242, 245, 275, 285 

Gonzalès, Éric : 72, 224, 238, 

248, 249, 286, 321 

Goudelin, Pierre : 116 

Gougaud, Henri : 63, 92, 207 

Gouiran, Gérard : 286 

Grangé, Jean-Marie (abbé) : 

160 

Granier, Serge : 84 

Grégoire de Tours : 109 

Grégoire, Henri (abbé) : 37 

Greub, Yan : 17, 20 

Gric de Prat, voir Romefort 

Grosclaude, Claudette : 388 

Grosclaude, David : 81, 200, 

201, 218 

Grosclaude, Michel : 5, 13, 19, 

25 à 27, 29, 40 à 45, 47, 48 

(note), 50, 63, 75, 78, 79, 81 

à 83, 87, 94, 101, 107, 108, 

110 à 114, 119, 146, 157 

(note) à 159, 162, 163, 168, 

172, 175, 185 à 187, 189, 

195, 200, 213 à 217, 221 à 

223, 226, 228, 244 à 247, 

252, 258, 268 à 270, 276, 

279, 281, 282, 284 à 286, 

290, 294 à 296, 298 à 301, 

303 à 305, 311, 316, 317, 

319, 320, 384, 388, 393, 

395, 396, 399, 419, 422, 

423, 434, 441, 444, 447 

Gross, M. : 441 

Guilhemjoan, Patric : 186, 214, 

215, 232, 426, 432 à 436 

Guillaumie, Gaston : 19 

Guillorel, Hervé : 147 

Habib, David : 217 

Haby, René : 24, 29, 32, 33, 

66, 69 

Hagège, Claude : 28 

Hammel, Étienne : 197 

Hatoulet, Jean : 117 

Haure-Placé, Pierre : 311, 439 

Héraclite : 346 

Hergé : 64 

Hervieu, Bertrand : 59 

Homère : 5, 95, 225 

Hondelatte, Georges : 203 

Hourcade, André : 17, 19, 38, 

71, 95, 163, 164, 167, 191, 

244, 248, 258, 269, 271, 

279, 300 

Hourcadut, voir Larroque E. 

Hourcastrémé, Pierre : 37, 54, 

116, 305 

Jaurion, Jean : 23 

Javaloyès, Serge : 47, 67, 73, 

75, 81, 216, 289 

Jeanjean, Henri : 304 (note) 

Jeanne d’Arc : 346 

Jeanroy, Alfred : 378 

Jeantet, Maurice : 67 

Jejcic, Fabrice : 232 

Kalinine-Bourthoule, Nicolas : 

93, 108 

Kirsch, Fritz Peter : 30 

Kremnitz, Georg : 63, 64, 67 

(note), 69, 198, 200, 207, 

211, 219 

Kristol, Andres M. : 11, 43, 57 

à 59, 63, 80, 84, 87, 90, 113, 

205, 207, 208, 211, 214, 379 

Laban, Justin (abbé) : 316 (note) 

La Fontaine, Jean de : 116 

Labarrère, André : 53, 205, 

217 

Laborde, Jean-Baptiste (abbé) : 

138, 257, 390 

Laborde, Narcisse : 321 

Laborde-Balen, Louis : 40, 223 

Lacaze, A. : 123, 128 

Lacaze, Louis : 313 

Lacoarret, Léonce (Dr.) dit Al 

Cartero : 122, 123, 196, 203 

Lacoste, Jean : 202 

Lacoste, Sylvain : 123 

Lafont, Robert : 11, 15, 16, 23, 

24, 27, 34, 38, 59, 63, 72, 

81, 83, 90, 95, 106 à 108, 

110 à 115, 118, 135, 145, 

196 à 198, 200, 201, 224, 

229, 241, 268, 379, 395, 399 

Lafore, Marguerite : 222 

Lafore, Pierre-Daniel : 120, 

121 

Lagarde, André : 69, 147, 392 

Lagarde, Christian : 63, 84 

Lagouarde, Régine : 419 

Lalanne, Jean-Victor : 28, 39, 

123, 203 

Lalanne, Théobald (abbé) : 43, 

46, 276, 299 

Lalaude, Alain : 203 

Laliman, Jean-Pierre : 247, 

252 

Lamolère, Sylvain : 116 

Lamuela, Xavier : 91, 169, 

200, 211, 412 

Lang, Jack : 33 

Lanot, Maurice (abbé) : 202, 

203 

Lapassade, Roger : 41, 42, 44, 

55, 57, 78, 79, 82, 94, 135, 

206, 207, 209, 214, 215, 

218, 223, 230, 270, 271, 

282, 286, 299, 300, 305, 

345, 348, 385, 418, 448 

Laporte-Castede, Georgette : 

203 

Larade, Bertrand : 105, 112, 

115, 312 

Larosière, Jacques de : 98 

Larrebat, Justin : 267 

Larrey-Lassalle, Serge : 89 

Larroque, Eugène, dit Hourcadut 

: 122, 318 

Lartigue, Philippe : 103, 250, 

255, 377


Lassalle, Jean : 445 

Lasserre, Jean-Jacques : 88 

Latrubesse, Jean-Paul : 48, 49, 

66, 69, 71, 207, 215 

Latry, Guy : 47, 70, 106 

Latry, Marie-Claire : 46 

Lauzin : 115 

Lavit, Jean-Louis : 209, 282, 

298, 304 

Laxague, Félix : 68 

Le Nail, Jean-François : 102 

Leroy-Ladurie, Emmanuel : 47 

Le Sage, Daniel : 116 

Lespinay, Charles de : 29, 31 

Lespy, Vastin-Désiré : 8, 18, 

38, 64, 114, 116 à 122, 125, 

150, 164, 169, 176, 183, 

191, 231, 240, 242, 244, 

246, 259, 260 (note), 269, 

270, 272, 275, 278, 281, 

284, 285, 290, 294, 295, 

297, 300, 304, 311, 321, 

329, 330, 390, 397, 437, 444 

Lodge, Anthony : 18, 19, 380 

Luchaire, Achille : 18, 20, 38, 

100 à 103, 259, 282, 378, 

440, 444, 446, 447 

Manciet, Bernard : 44, 221, 

270, 271, 280, 282 

Marcabru : 19 

Marguerite de Navarre : 106 

Martel, Charles : 41 

Martel, Philippe : 197, 268, 286 

Marti, Claude : 56 

Martinet, André : 18, 278, 380 

Marty, J. : 18 

Marty, Robert : 80, 412 

Massartic, Pierre : 425 

Masson, Fernand : 202 

Massourre, Jean-Louis : 202, 

333 

Mazure, A. : 117 

Méaule, Pierre : 181, 431, 437, 

442, 450 

Merger, Tédéric : 206 

Mézeray, François Eudes de : 

210 

Miró, Joël : 170, 178 à 181, 

209, 210, 216, 230, 245, 

250, 265, 283, 298, 431 

Mistral, Frédéric : 19, 22, 23, 

26, 38, 39, 47, 74, 76, 77, 

81, 85, 86, 93, 94, 116, 126, 

127 à 130, 133, 144, 146, 

153, 157 (note), 176, 182, 

186, 198, 212, 219, 225, 

228, 229, 257, 280 (note), 

284, 297, 305, 391, 392, 

397, 416, 424, 430, 431, 

441, 442, 444, 448, 451 

Mitterand, François : 205 

Molière, Jean-Baptiste Poquelin, 

dit : 86 

Monestier, Jean : 25, 298, 392 

Montaigne, Michel : 37 

Mora, Pierre : 46, 157, 245, 

448 

Moreux, Bernard : 49, 50, 52, 

58, 59, 68, 69, 94, 181, 189, 

191, 244, 309, 316, 317, 

322, 328 

Mouly, Charles : 64, 207 

Moureau, Pierre : 195, 431, 

437 

Nagore, Francho : 379 

Narioo, Dominique : 206 

Narioo, Gilbert : 40, 42 à 45, 

56, 66, 68, 71, 73, 81, 87, 

94, 95, 143, 155, 167, 172, 

175, 178 (note), 183, 186, 

191, 213, 215, 227, 232, 

238, 243, 245, 247, 263, 

265, 268, 270, 271, 279, 

281, 282, 286, 289 à 291, 

293, 294, 299, 304, 316, 

391, 392, 430 à 436, 441, 

444, 448 

Navarrot, Xavier : 116 

Nelli, René : 32 

Ngom, Malik : 393 

Nicole, Pierre : 404 

Niedermann, Max : 284, 439 

Orionaa, Marilis, voir Dominique 

Narioo 

Ourliac, Paul : 282, 394 

Palay, Simin : 6, 14, 21, 22, 

39, 47, 72, 74, 76 à 79, 109 

(note), 112, 123, 124, 126, 

127, 129, 131, 133, 134, 136 

à 139, 142, 143, 146, 152, 

155 à 157, 164, 166, 171, 

176, 180, 183, 184, 185, 

188, 191, 194, 197, 201, 

202, 215, 221, 238, 242, 

244, 246, 248, 249, 254 à 

257, 259, 265, 266, 268, 

269, 276, 279, 280 (note), 

281 à 286, 292, 296, 297, 

299, 300, 304, 305, 308, 

309, 313, 314, 319 à 329, 

331 à 334, 336, 339, 343, 

345 à 347, 379, 382, 388, 

390 à 393, 397, 419, 422, 

428, 431, 433, 437, 439 à 

444, 446, 448, 449, 457 à 

459 

Palay, Yan : 109 (note), 188, 

285, 303 

Paloumet, Geneviève : 441 

Palu-Laboureu, Denis : 28 

Pasquini, Pierre : 85, 197 

Passy, Jean : 255, 256, 278 

Pédegert, Félix : 116, 117, 191, 

401, 404 (note) 

Peletier du Mans, Jacques : 

107 

Pélisson, Henri : 122 

Perbosc, Antonin : 122, 126 à 

131, 133, 134, 154, 206, 393 

Perez : 115 

Pessemesse, Pierre : 30, 56 

Pétain, Philippe : 65 

Peyrefitte, Alain : 5 

Peyroutet, Albert : 305, 426, 

458 

Pic, André : 76, 134, 135, 138, 

254, 257 

Pivot, Bernard : 218, 348 

Planté, Adrien : 123 

Poey, Bernard du : 36, 37 

Polge, Henri : 20 

Ponsolle, Jules et Yvonne : 

131 

Popovici, Victoria : 91 

Praviel, Armand : 133 

Pré, André du : 115, 312 

Privat, Édouard : 133 

Ptolémée II : 9 

Pujol, Michel : 50, 56, 86, 92, 

207, 263, 298 

Puyau, Jean-Marie : 50, 181, 

189, 191, 244, 309, 311, 

312, 316, 318, 322, 328


Rabelais, François : 212 

Raimbaut de Vaquèiras : 99, 

234 

Rapin, Christian : 188, 286, 

287, 289, 392, 412 

Rauzier, Yves : 82 

Ravier, Xavier : 17, 70, 141, 

148 à 151, 153 à 155, 202, 

244, 245, 247, 251, 258, 

264, 272, 279, 311, 312, 

315, 320, 412, 433 

Raymond, Paul : 8, 101, 104, 

117, 272, 290, 297 

Rectoran, Pierre : 77, 285, 437 

Révol, Joseph et François : 203 

Rey, Alain : 98, 229, 397, 430 

Rézeau, Pierre : 81 

Rifaut, Aldjia : 263, 448 

Rivièra, Vincent : 72 

Rohlfs, Gerhard : 14, 15, 71, 

152, 202, 261, 278, 378, 

379, 737, 440 

Romefort, Roger (Dr.) dit Gric 

de prat : 203, 445 

Romieu, Maurice : 70, 74, 200 

Ronjat, Jules : 28, 39, 83, 132, 

278 

Ros, Joan : 145, 251 

Roumanille, Joseph : 198, 219 

Rouquette, Max : 31 

Roux, Jean : 266 

Roux, Joseph (abbé) : 122, 126 

Saboly, Nicolas : 116 

Saint-Bézard, Marcel (abbé) : 

123, 160, 344 

Saint-Guilhem, R. : 28 

Salette, Arnaud de : 27, 37, 93, 

104, 105, 107 à 115, 118, 

119, 158, 160, 163, 191, 

206, 222, 229, 247, 298, 

303, 309, 317, 319, 320, 

392, 395 à 400 

Sallenave-Péhé, Yves : 89, 214 

Salles, Isidore : 120, 122, 203, 

391 

Salles-Loustau, Jean : 6, 19, 

28, 30, 65, 67 à 70, 89, 165 

à 168, 175, 189, 191, 202, 

213 à 215, 232, 244, 248, 

253, 258, 279, 286, 300, 

302, 303, 380, 426, 427, 

431, 432, 434 à 436, 446 

Salvat, Joseph (abbé) : 128, 

133, 135 

Samaran, Charles : 102, 110, 

272, 308, 343, 346, 379 

Sans Socasau, Josèp Loís : 61 

Sarpoulet, Pascal, Jean-Marie : 

62, 70 

Sarrail, André : 99, 120, 138 

(note), 139, 155 à 157, 182, 

184, 191, 202, 308, 310, 322 

à 324, 327, 330 à 332, 334 à 

336, 344 

Sarrieu, Bernard : 77, 126, 131 

à 133, 196, 221 

Sauzet, Patrick : 22, 30, 54, 61, 

68, 70, 75, 87, 148, 198, 

200, 201, 233, 268, 305, 347 

Scaravetti, I. : 84 

Séguy, Jean : 11, 16, 17, 77, 

141, 147 à 155, 164, 178, 

191, 245, 247, 251, 258, 

259, 262, 263, 265 à 267, 

270, 272, 278, 279, 282, 

295, 296, 298, 324, 345, 

429, 430, 432, 435, 441, 

448, 450 

Séré, Daniel : 252 

Sibille, Jean : 27 à 29, 52, 84, 

95, 147, 201, 229, 258, 286 

Simoni, Marie-Rose : 30 

Solèr, Clau : 91 

Stich, Dominique : 258 

Sumien, Dominique : 200 

Taupiac, Jacques : 23, 45, 47, 

71, 150, 158, 161, 163, 166, 

167, 171, 177, 197 à 200, 

210, 229, 235 à 237, 241 à 

243, 248, 252, 253, 256, 

258, 268, 270 à 272, 275, 

281, 283, 287, 288, 296, 

297, 307, 379, 392, 411, 

412, 421, 448 

Teulat, Roger : 7, 14, 84, 163, 

178, 199, 200, 211, 213, 

228, 232, 233, 235, 238, 

240, 243, 245, 270, 275, 

290, 292, 296, 306, 410, 411 

Trautmann, Catherine : 29 

Turon, Micheline : 28 

Ubaud, Josiane : 22, 198 

Väänänen, Veikko : 74, 299, 

300, 336 

Vaisse, Charlotte : 289 

Verdié, Antoine, dit Mèste 

Verdié : 116, 230, 445 

Vergés Bartau, Frederic : 45, 

258, 264, 437, 448 

Vernay, Henri : 202 

Verne, Jules : 64 

Vernet, Florian : 72 

Viaules, Serge : 23 

Viaut, Alain : 46, 52, 55 

(note), 70, 158, 178, 197, 

215, 245, 248, 254, 279, 

303, 311, 437, 446, 449, 450 

Vidal, Yolande : 40, 46, 170, 

171, 205, 263, 292, 297, 

431, 437, 441, 444, 446, 

448, 449 

Vigneau, Bernard : 437, 445 

Vignes, Henri, dit Jean 

d’Estiou : 202 

Villon, François : 212 

Vilotte, Jean : 51 

Voltaire, Jean-Marie Arouet 

dit : 98, 233 

Walter, Henriette : 380 

Wartburg, Walther von : 229 

Wüest, Jakob Th. : 11, 43, 57 à 

59, 63, 80, 84, 87, 90, 113, 

205, 207, 208, 211, 214, 379 

Zink, Gaston : 397

TABLE DES MATIÈRES 

Sommaire........................................................................................................................... 3 

Prologue............................................................................................................................. 5 

Mon itinéraire personnel................................................................................... 5 

Le projet DiGaM ............................................................................................. 6 

De DiGaM à une thèse de doctorat ?................................................................. 7 

DiGaM et la graphie classique .......................................................................... 7 

Retour à la graphie moderne ............................................................................. 8 

Plan .................................................................................................................. 10 

Une remarque de fond : sur la place du Béarn dans ce travail............................ 10 

Trois remarques de forme ................................................................................. 11 

Chapitre préliminaire - La langue gasconne...................................................................... 13 

Le domaine linguistique gascon ........................................................................ 13 

Langue ou dialecte ? Pourquoi je me suis posé la question................................ 13 

Le témoignage des linguistes occitanistes…...................................................... 14 

… et des linguistes indépendants, français et étrangers...................................... 18 

Derrière ces avis : la distance linguistique en schéma et statistique ................... 20 

La réalité des actions linguistiques.................................................................... 22 

Le témoignage des libraires............................................................................... 22 

L’autonomie du gascon, un obstacle pour l’expansion occitaniste..................... 23 

Le refus occitaniste........................................................................................... 24 

Refus curieusement repris dans le rapport du Pr. Bernard Cerquiglini de 1999.. 29 

Le faux prétexte juridique................................................................................. 31 

Mais le refus occitaniste n’est peut-être pas définitif ......................................... 34 

Première partie - Situation sociolinguistique du gascon.................................................. 35 

Chapitre I er - La représentation de la langue chez les Gascons et Béarnais................... 36 

I – Aux temps passés............................................................................................... 36 

II – Le temps de Félibres......................................................................................... 38 

III – Le tournant de 1951 : le gascon vu par l’occitanisme....................................... 39 

La « langue occitane » entre à l’école................................................................ 39 

Le gascon renommé « occitan de Gascogne » ................................................... 40 

L’influence de Michel Grosclaude .................................................................... 40 

La schizophrénie de l’occitanisme gascon......................................................... 43 

Le résultat : confusion dans les titres, confusion dans les esprits ....................... 45 

IV – Aujourd’hui : le regard des locuteurs............................................................... 48 

L’enquête béarnaise de 1974 (J.-P. Latrubesse, 1974) ....................................... 48 

Les enquêtes départementales et régionale des années 1990 (B. Moreux, 2001) 49 

Quelques exemples pris sur le vif...................................................................... 51 

Même en Val d’Aran…..................................................................................... 52 

V – Et le regard des autres ? .................................................................................... 52 

Chapitre II - La pratique de la langue par les Gascons et Béarnais ............................... 54 

I – Du Moyen âge au milieu du XX e siècle.............................................................. 54 

II – Qui parle encore gascon ? ................................................................................. 55 

Des témoignages............................................................................................... 55 

Les enquêtes linguistiques d’avant 1999 ........................................................... 57 

L’enquête INSEE-INED de 1999 (C. Deguillaume et É. Amrane, 2002)........... 59


III – De quoi parle-t-on en gascon ?......................................................................... 62 

IV – Et donc, où en est l’écrit gascon ?.................................................................... 63 

Chapitre III - La transmission artificielle : l’enseignement........................................... 65 

L’école, espoir suprême et suprême pensée…................................................... 65 

Une école alibi ? .............................................................................................. 67 

Une fausse panacée ? ........................................................................................ 68 

Un doute : les enseignants sont-ils compétents ? ............................................... 71 

Une autre façon de voir le rôle de l’École ? ...................................................... 75 

Chapitre IV - Les institutions qui militent pour la langue............................................. 76 

I – Le Félibrige gascon............................................................................................ 76 

L’Escole Gastou Febus..................................................................................... 76 

L’Escolo deras Pirenéos................................................................................... 77 

L’Academie gascoune....................................................................................... 77 

L’Escole Jaufré Rudel....................................................................................... 77 

L’Escole Simin Palay........................................................................................ 77 

II – L’occitanisme gascon........................................................................................ 77 

L’Institut d’études occitanes............................................................................. 77 

L’association Per nouste, puis Per noste........................................................... 78 

L’association Aci Gasconha.............................................................................. 79 

Les autres associations gasconnes se réclamant de l’I.E.O................................. 80 

L’Institut occitan de Pau, puis de Billère........................................................... 80 

L’aliénation “occitane”..................................................................................... 80 

III – D’autres perspectives ? .................................................................................... 82 

L’Institut béarnais et gascon............................................................................. 82 

Appel aux jeunes ?............................................................................................ 82 

IV – Vitalité intellectuelle ....................................................................................... 83 

Une linguistique d’amateurs militants............................................................... 83 

L’I.E.O. et les études occitanes ......................................................................... 83 

V – Se serait-on trompé ? ........................................................................................ 84 

Des institutions peu efficaces............................................................................ 84 

Une erreur “stratégique” : l’élitisme bourgeois du Félibrige.............................. 85 

Erreur poursuivie par l’élitisme bourgeois de l’occitanisme .............................. 86 

VI – Le résultat : peu nombreux, les militants sont isolés......................................... 86 

Des militants non reconnus par le peuple des locuteurs..................................... 86 

Un monde politique qui pratiquement les ignore............................................... 88 

Chapitre V - Y a-t-il un avenir pour des langues “régionales” ?.................................... 90 

Victimes de la modernité .................................................................................. 90 

L’illusion de l’officialisation............................................................................. 90 

Il faut des langues à l’échelle du monde…........................................................ 92 

… et tournées vers l’avenir ............................................................................... 93 

L’intuition féminine ? ....................................................................................... 94 

Les perspectives qui nous restent ...................................................................... 94 

Deuxième partie – Écrire le gascon aujourd’hui ............................................................. 97 

Chapitre I er - Historique des graphies du gascon .......................................................... 98 

1 - Prologue : Graphies modernes et graphies classiques.......................................... 98 

2 - Le Moyen âge .................................................................................................... 99 

La prétendue « graphie des troubadours » ......................................................... 99


La scripta “béarnaise”, même loin du Béarn...................................................... 99 

Le graphème e pour a étymologique, témoin d’un particularisme phonétique.... 101 

Les grands traits de la “scripta béarnaise”… et gasconne .................................. 103 

3 - Cent-un proverbes anonymes (vers 1500)........................................................... 104 

4 - Pey de Garros..................................................................................................... 106 

5 - Arnaud de Salette............................................................................................... 107 

Un auteur bien étudié........................................................................................ 107 

Salette grammairien.......................................................................................... 108 

Le contenu de l’Advertissement......................................................................... 109 

L’aboutissement de -a posttonique chez Salette ................................................ 110 

Le passage à /u/ de l’ancien o fermé.................................................................. 111 

Les options orthographiques de Salette ............................................................. 113 

Salette, homme de la graphie moderne.............................................................. 114 

6 - Du XVI e au XIX e siècle...................................................................................... 115 

7 - L’abbé Félix Pédegert (1809-1889) .................................................................... 116 

8 - Vastin-Désiré Lespy (1817-1897)....................................................................... 117 

Les principes de la graphie selon Lespy............................................................ 117 

Les signes diacritiques...................................................................................... 118 

La notation des voyelles et diphtongues............................................................ 119 

La notation des consonnes ................................................................................ 119 

Réception et devenir de la graphie de Lespy...................................................... 119 

9 - L’Escole Gastou Febus ...................................................................................... 120 

I - Règles de 1900 ................................................................................................ 120 

La genèse.......................................................................................................... 120 

Les principales nouveautés................................................................................ 121 

La suite............................................................................................................. 122 

II - Règles de 1905............................................................................................... 123 

Le chantier est rouvert ...................................................................................... 123 

Les changements............................................................................................... 124 

Ce que j’en retiens d’important......................................................................... 125 

10 - La graphie des “Trovadors”.............................................................................. 126 

I - L’échappée classique de Simin Palay (1909-1921) .......................................... 126 

II – L’Escole moundino et l’Escòla occitana de Toulouse .................................... 128 

1921 : La chaîne est renouée (P. Estieu) ........................................................... 128 

1922 : L’etzemple dos Catalans (I. Girard)........................................................ 129 

1923 : Le lengadoucian literari (L. Alibert) ...................................................... 129 

III – Bernard Sarrieu et l’Escolo deras Pirenéos................................................... 131 

IV – Philadelphe de Gerde (vers 1930)................................................................. 133 

V – Camélat et les Trovadors............................................................................... 134 

11 - Jean Bouzet et son Manuel de grammaire béarnaise (1928) ............................. 135 

12 - Simin Palay et son Dictionnaire (1932)............................................................ 136 

De la notation des consonnes finales amuïes ..................................................... 136 

Palay et les problèmes pendants........................................................................ 138 

L’apport de Palay.............................................................................................. 139 

13 - Les Règles orthographiques de la Société d’Études Occitanes (1942) ............... 139 

14 - Les Recommandations du Pr. Henri Gavel (1942) ............................................ 141 

15 - Les Éléments de grammaire béarnaise de Joseph Courriades (1951)................ 142 

16 - La graphie du gascon selon l’I.E.O. (1952)....................................................... 143 

Un premier texte pour « la langue d’oc » (1950) ............................................... 143 

Un second texte pour le gascon (1952).............................................................. 144 

Deux textes parallèles de même valeur juridique............................................... 145


Les 8 principes d’Alibert pour la graphie .......................................................... 146 

Les règles orthographiques du gascon............................................................... 146 

Appréciation ..................................................................................................... 147 

Et l’« épuration de la langue » ?........................................................................ 148 

17 - La graphie classique “modernisée” par Jean Séguy et son “école”.................... 148 

Quelques phonèmes consonantiques ................................................................. 149 

Trois phonèmes vocaliques............................................................................... 151 

Traitement des mots composés.......................................................................... 151 

Révision de choix à base étymologique............................................................. 152 

Accents graphiques........................................................................................... 153 

Enclise des pronoms ......................................................................................... 153 

Solutions diverses............................................................................................. 154 

18 - La graphie de l’Escole Gastoû Febus vue par André Sarrail (1968).................. 155 

Un ouvrage pédagogique .................................................................................. 155 

Le grand principe : on n’écrit que ce qui se prononce........................................ 156 

L’apport de Sarrail............................................................................................ 157 

19 - La graphie “occitane” appliquée au gascon par R. Darrigrand (1969)............... 157 

20 - Les modifications de la graphie classique de l’I.E.O. en 1975........................... 158 

21 - La graphie “occitane” du gascon d’Aran (1983) ............................................... 158 

22 - La graphie classique du gascon selon La Civada - Per noste (1984) ................. 159 

Présentation ...................................................................................................... 159 

De quelques orientations linguistiques à conséquences orthographiques............ 160 

Les orientations orthographiques....................................................................... 160 

Les nouveautés orthographiques ....................................................................... 161 

À l’épreuve des mots du dictionnaire................................................................ 161 

23 - Le communiqué de l’I.E.O. de 1985................................................................. 162 

24 - L’apport d’André Hourcade à la graphie classique (1986)................................ 163 

25 - Une critique d’ouvrage par Jean Salles-Loustau (1986) .................................... 165 

26 - Le document de l’I.E.O. de juillet 1989............................................................ 166 

27 - L’apport du Mémento grammatical du gascon (1989)....................................... 167 

28 - La graphie classique du gascon d’Aran selon Joan Coromines (1990)............... 169 

29 - Les Fiches de grammaire d’occitan gascon normé (1995)................................ 170 

30 - Que parlam, ou l’application de la graphie classique à Bayonne (1996)............ 172 

31 - Le “Conseil de la langue occitane” et ses “preconizacions” de 1997................. 174 

32 - L’apport de Atau que’s ditz (1998) ................................................................... 175 

33 - La graphie classique du gascon selon DiGaM (1998)........................................ 176 

34 - La II ème série de “Préconizacions” du C.L.O. (Déc. 1998)................................. 177 

35 - Les deux graphies du Dictionnaire d’Arnaudin (2001)...................................... 178 

La graphie moderne d’Arnaudin régularisée par J. Boisgontier ......................... 178 

La graphie classique ajoutée par J. Miró............................................................ 179 

36 - La graphie moderne selon B. Moreux et J.-M. Puyau (2002) ............................ 181 

Les origines ...................................................................................................... 181 

Les orientations pour la graphie........................................................................ 182 

Les principes de la graphie................................................................................ 182 

Les innovations................................................................................................. 184 

37 - Le « gros » dictionnaire Français-Gascon de Per noste (A-K, 2003)................. 185 

De trois auteurs, qui est le premier ? ................................................................. 186 

La graphie selon l’Avant-propos de M. Grosclaude........................................... 186 

Un alphabet qui innove..................................................................................... 187 

La réalité des graphies, au fil des pages............................................................. 188 

Conclusion .............................................................................................................. 190


Tableau comparatif.................................................................................................. 191 

Chapitre II - Sociolinguistique des graphies du gascon ................................................ 193 

I – De la confusion dans la désignation des graphies................................................ 193 

Une “étude de texte” pour essayer d’y voir clair................................................ 193 

Quant à faire passer pour “moderne” la graphie “classique”….......................... 195 

II – Du pouvoir normatif en matière de graphie....................................................... 195 

Aucune graphie n’a pu être légalement “adoptée” par l’Éducation nationale ..... 196 

La graphie félibréenne de l’Escole Gastou Febus ou graphie “fébusienne” ....... 196 

La graphie occitaniste selon l’I.E.O................................................................... 197 

Dans les faits, la confusion................................................................................ 197 

Un mal profond................................................................................................. 198 

Le Conseil de la langue occitane et ses “preconizacions”.................................. 199 

Le vide actuel ................................................................................................... 200 

Le problème de l’« autorité » ............................................................................ 201 

III – La graphie moderne dans le monde gascon...................................................... 201 

Les auteurs de la renaissance félibréenne.......................................................... 201 

Les nouveaux auteurs et l’édition contemporaine.............................................. 202 

La graphie moderne dans la presse ................................................................... 203 

Une collectivité publique se nomme officiellement en graphie moderne............ 205 

Et un auteur de dictionnaire lance son Adichats moderne !................................ 205 

Quant aux commerçants…................................................................................ 205 

IV – La graphie classique dans le monde gascon ..................................................... 206 

Une graphie « adoptée par la grande majorité des Occitans » ?.......................... 206 

Des articles de presse dont la graphie rebute les non initiés............................... 207 

Une édition limitée par l’étroitesse du lectorat .................................................. 207 

Et un commerce peu enclin à afficher en graphie classique ............................... 207 

Des panneaux de signalisation mal reçus par la masse....................................... 208 

Un rejet général d’une graphie sentie comme étrangère..................................... 208 

V – La graphie classique, un rêve éveillé de lettrés.................................................. 209 

Une graphie élitiste destinée d’abord aux universitaires ?.................................. 209 

Une graphie qui ignore les besoins des locuteurs............................................... 211 

… malgré bien des mises en garde.................................................................... 212 

En fait, une graphie aux règles “secrètes”.......................................................... 213 

Une écriture réservée de fait aux enseignants.................................................... 214 

Et pourtant, même les “maitres” affichent des “fautes” de graphie… ................ 214 

…et les dictionnaires, leurs hésitations et leurs désaccords................................ 216 

…tandis qu’une grande maison d’édition affiche des “fautes” de lecture........... 216 

Quant au scripteur ordinaire….......................................................................... 217 

Une gageure : la « première dictée occitane » à Orthez (31 janvier 2004).......... 218 

Premières conclusions....................................................................................... 219 

Et si l’enseignement redécouvrait la graphie moderne ? .................................... 219 

Chapitre III - Graphie “classique” ou graphie “moderne” ?.......................................... 221 

I – Comment l’orthogaphe classique a-t-elle été introduite ?.................................... 221 

Les premiers adeptes de la graphie classique..................................................... 221 

Le rôle essentiel de Per nouste.......................................................................... 221 

Un article de Michel Grosclaude (1967)............................................................ 222 

Un document officiel (1972)............................................................................. 223 

Des règles de lecture lacunaires, voire erronées................................................. 223 

D’étonnantes justifications du choix orthographique......................................... 224


Un choix idéologique, sans référence pédagogique ........................................... 226 

II – Les défauts congénitaux de la graphie classique de l’I.E.O................................ 227 

L’erreur de linguistique diachronique................................................................ 227 

L’erreur de linguistique diatopique ................................................................... 228 

Le résultat : une graphie inutilement compliquée .............................................. 229 

… et où l’on ne retrouve plus la parole.............................................................. 230 

Un test : deux œuvres des années 1930 rééditées en graphie classique............... 232 

Objectivement, la graphie moderne s’impose........................................................... 232 

Chapitre IV - Pour une graphie “classique” vraiment gasconne.................................... 233 

I – Comprendre et réviser les principes classiques................................................... 233 

Principe A : recours aux graphèmes de l’« ancienne langue »............................ 234 

Principe B : graphie « phonétique », graphie « d’origine » ................................ 234 

Principe C : les mots sont « notés à l’état isolé » ............................................... 236 

Principes D et E : recherche de la « graphie englobante ».................................. 236 

Principes F et G : rétablissement de consonnes étymologiques.......................... 237 

Principe H : choix de graphèmes suivant l’étymologie...................................... 239 

II – En tirer les principes classiques de DiGaM ....................................................... 240 

III - L’esprit de mes propositions concrètes............................................................. 241 

IV - L’accent tonique .............................................................................................. 242 

Le cas général................................................................................................... 242 

Les clitiques...................................................................................................... 243 

V - Les phonèmes vocaliques simples ..................................................................... 243 

Généralités........................................................................................................ 243 

o pour noter /u/, et non eu ou e’u, voire uu........................................................ 243 

ô pour noter /o/ non tonique.............................................................................. 245 

e pour noter les /e/ féminins posttoniques de la montagne ................................. 247 

e pour noter /e/ ou /œ ! ø/ prétonique du futur et du conditionnel 

des verbes en -ar .................................................................................... 247 

a pour noter /a/ ou /œ ! ø/ prétonique des suffixes -ador et -ader...................... 248 

e pour noter /e ! œ/ issu d’un a prétonique, dans tous les autres cas.................. 248 

a pour noter /œ ! ø / ou /o/ posttonique du suffixe -ament................................. 249 

La voyelle e en “parler noir”............................................................................. 249 

VI - Les diphtongues............................................................................................... 251 

oe/oè pour noter /we/ ou /w!/, et non, selon les cas, ue/uè ou oe/oè................... 251 

oa pour noter /wa/ dans tous les cas (hormis après q, qua ; cf. p. 271)............... 251 

VII – Les phonèmes semi-consonantiques ............................................................... 252 

/w/ intervocalique noté par -u- ......................................................................... 252 

Le devenir du yod roman .................................................................................. 254 

Un graphème unique est-il possible pour /j/ et /"/ ? ........................................... 256 

Avec j pour /j/ et /"/, la “réforme occitane” continue Palay................................ 257 

Pour un retour aux sources : y = [j] ................................................................... 258 

VIII – Les phonèmes consonantiques palatalisés ..................................................... 260 

Occlusives palatales généralement issues de -ll latin : /tj/ ou /#/ 

ou dépalatalisé en /t/ ............................................................................... 261 

La palatale affriquée /#/ et ses réalisations en [tj] ou même [$].......................... 262 

La chuintante /$/ : un seul graphème pour /$/ pangascon.................................... 264 

La chuintante /$/ : le i des graphèmes ish (ou ix) en question............................. 264 

La chuintante /$/ : le graphème gascon, sh ou x ? .............................................. 265 

Palatales affriquées généralement issues de -tic- ou -dic- latins : /dj/ ou /%/...... 267 

IX –Autres phonèmes consonantiques ..................................................................... 267


Le son /h/.......................................................................................................... 267 

Le son /k/ en général et en finale....................................................................... 269 

Le son /ka/ issu du latin qua.............................................................................. 270 

Le son /ko/ issu du latin quo.............................................................................. 271 

Le devenir du -n dit “instable” ou “caduc” et sa notation................................... 273 

Le -r final ......................................................................................................... 276 

Le -d final......................................................................................................... 277 

-/t/ final, variante de /!/, noté par -t (5 èmes personnes notamment) ..................... 277 

-/s/ final des 5 èmes personnes noté par -s ou -tz ? ................................................ 279 

-/!/ final noté par -tz ou -ts, selon les cas .......................................................... 280 

/dz/ et /!/ intervocaliques notés respectivement par -dz- et -ts-.......................... 281 

Peut-on conserver la lettre x en dehors de sa valeur ["] ? ................................... 283 

Le suffixe -[as] : -as ou -aç ? ........................................................................... 287 

/z/ intervocalique normalement noté par -s- ...................................................... 287 

X – Les signes diacritiques....................................................................................... 291 

Les accents graphiques...................................................................................... 291 

Le tréma............................................................................................................ 291 

Les accents sans valeur phonétique................................................................... 293 

XI – Les mots composés ......................................................................................... 294 

La norme........................................................................................................... 294 

1 ère série d’exceptions, pour des raisons sémantiques ........................................ 294 

2 nde série d’exceptions, pour des raisons liées au système d’écriture et de lecture 295 

Le a posttonique au sein d’un mot composé ..................................................... 295 

Et les “pseudo-composés” ?.............................................................................. 297 

XII – Corrections diverses....................................................................................... 297 

La négation no................................................................................................... 297 

L’affirmation ò.................................................................................................. 297 

La “peur” : pòur................................................................................................ 298 

Le démonstratif acò (Pour mémoire : voir p. 272).............................................. 298 

Les interjections a ! ba ! bò ! e ! ò ! (Pour mémoire : voir p. 269)...................... 298 

L’adverbe [en'kw#rœ/o] : encoèra...................................................................... 298 

L’adverbe [[aw]tan] ou [[aw]ta] et ses composés .............................................. 298 

La finale de tabé, arré (Pour mémoire : voir p. 274)........................................... 300 

La préposition a ou ad...................................................................................... 300 

La préposition enta, ta (Pour mémoire : voir p. 243) ......................................... 300 

L’article défini de la montagne........................................................................... 301 

Le pronom “réduit” de la 5 ème pers. : v, ve ou vs, vse, selon la prononciation .... 302 

XIII – Quand la graphie change la langue.................................................................. 303 

Le produit de ‘nf’ latin : h (cohóner, ihèrn…) ................................................... 303 

“Un autre, une autre”........................................................................................ 304 

Las Pireneas..................................................................................................... 304 

L’année : l’anada .............................................................................................. 305 

Chapitre V - Pour une graphie “moderne” améliorée..................................................... 307 

I – Généralités ......................................................................................................... 307 

L’arrière-plan “idéologique”.............................................................................. 307 

Principes généraux............................................................................................. 308 

Aperçu des améliorations proposées................................................................. 309 

II – L’accent tonique................................................................................................ 309 

III – Les phonèmes vocaliques simples.................................................................... 310 

Généralités........................................................................................................ 310


Le produit du a latin posttonique ...................................................................... 310 

Le /e/ posttonique ............................................................................................. 312 

Révision du suffixe -amén généralisé par Palay.................................................. 313 

Confirmation des suffixes -adou et -adé de Palay .............................................. 314 

La voyelle e en “parler noir”.............................................................................. 315 

Les voyelles nasales intérieures......................................................................... 315 

Autres problèmes de voyelles ........................................................................... 318 

IV – Les diphtongues............................................................................................... 318 

V – Les phonèmes semi-consonantiques .................................................................. 318 

Le /w/ intervocalique......................................................................................... 318 

Le yod semi-consonne initial, postconsonantique ou intervocalique : y ou j ? ..... 319 

VI – Les phonèmes consonantiques palatalisés........................................................ 319 

/!/ devant e, i : g ou j ?....................................................................................... 319 

Écrire /"/ : nh ou gn ? ........................................................................................ 319 

Le /#/ et la consonne réalisée par [#, $ ou tj] selon les lieux................................. 321 

/es#/ ou /e##/ : faut-il une notation particulière ?................................................. 321 

VII – Les autres phonèmes consonantiques.............................................................. 322 

Le son /b ou % / : faut-il utiliser le v ?................................................................. 322 

Le son /h/.......................................................................................................... 323 

Faut-il noter le h initial amuï devant r ou l ? ...................................................... 323 

Le son /k/.......................................................................................................... 324 

Le “n caduc”, de ø à [&] en gascon ..................................................................... 324 

/dz/ et /ts/ intervocaliques notés respectivement par -dz- et -ts- ......................... 326 

Le son /s/ : notation par s (ou ss) ou par c (ou ç) ?............................................. 328 

Le son /t/ final................................................................................................... 329 

Écarter x des emplois autres que /#/ ................................................................... 329 

VIII – Les signes orthographiques............................................................................ 331 

Les accents........................................................................................................ 331 

Le tréma valant accent sur ë............................................................................... 332 

Le tréma, signe de diérèse.................................................................................. 332 

Le tréma dans les groupes qü, gü....................................................................... 334 

Les accents sans valeur phonétique................................................................... 334 

Liaison des pronoms......................................................................................... 334 

IX – Les mots composés ......................................................................................... 335 

X – Corrections diverses ......................................................................................... 336 

La préposition a ou ad...................................................................................... 336 

“Un autre, une autre”........................................................................................ 336 

XI – Variantes et tolérances..................................................................................... 336 

Les variantes irréductibles................................................................................. 337 

Les tolérances ................................................................................................... 338 

Chapitre VI - Bilan....................................................................................................... 341 

Généralités........................................................................................................ 341 

Points de divergence.......................................................................................... 341 

La parabole de l’Enfant prodigue en quatre graphies.......................................... 342 

Points de convergence....................................................................................... 343 

Un exemple concret en synopse ........................................................................ 343 

Statistique des lettres accentuées....................................................................... 344 

Épilogue............................................................................................................................. 345


Bibliographie .................................................................................................................... 349 

Ouvrages et articles........................................................................................................ 349 

Revues .......................................................................................................................... 358 

Tables ................................................................................................................................ 359 

Table des abréviations et sigles...................................................................................... 359 

Table des auteurs et personnages cités........................................................................... 360 

Table des matières......................................................................................................... 365 

Table des illustrations.................................................................................................... 374 

Annexes ............................................................................................................................. 377 

Pour mémoire : voir liste dans le Sommaire, pp. 3 et 4.

TABLE DES ILLUSTRATIONS 

Les “cercles” de l’intercompréhension selon Anthony Lodge............................................... 19 

Les traits communs entre occitan, catalan et gascon (schéma).............................................. 21 

Graphique de rapprochement du Palay et de l’Alibert .......................................................... 21 

La “Gasconha” n’est pas l’“Occitania” (d’après Aquò d’Aquí) ............................................. 34 

L’occitanisme en Béarn : les anciens et la relève (photos de presse)..................................... 34 

-[w]- et -[!]- en gascon (carte) ............................................................................................. 253 

Aboutissement gascon de yod roman (carte)......................................................................... 255 

Réalisation de ch (carte)....................................................................................................... 263 

L’Occitanie Qu’es acò ? (couverture de Via domitia n° 24).................................................. 272 

Trois vers autographes de Roger Lapassade ......................................................................... 283 

Prononcer -e et -ë en graphie moderne DiGaM (carte).......................................................... 310 

Prononcer -adé(y)/-aduy et -adou en graphie moderne DiGaM (carte).................................. 312 

Aire des voyelles plus ou moins nasalisées par la chute d’un -n- intervocalique (carte)......... 313 

Prononcer -^(n){ -â(n), -ê(n), -î(n), -oû(n), -û(n) } en graphie moderne DiGaM (carte)........ 325 

Le domaine linguistique gascon (carte) ................................................................................ 377 

Publicité “Pâté Lou Gascoun”.............................................................................................. 414 

Auto-collant “Aci que parlam biarnés”................................................................................. 414 

Dictionnaires gascon d’aire limitée avec notation fiable de la prononciation (carte).............. 438 

V-["#] en gascon (carte)........................................................................................................ 449

SUMMARY 

Sociolinguistics and writing of Gascon today 

In order to give to the Gascon an orthography meeting with the needs of today, this work 

studies first these needs (Ist part), then tries to define the written form (IInd part). 

The Gascon is first situated among the romance languages : according to many linguists, it is 

a complete language, not a simple variety of an abstract “Occitan”. 

This opinion is confirmed by a specific Gascon and Bearnaise consciousness affirmed 

through the centuries, wich takes the « Occitan » as « another language ». But the Gascon is not 

transmitted in the family since the fifties and is use is today limited to a rural milieu. Therefore, his 

transmission relies mainly on the educational system, which is not without weakness, notably 

because of a “gap” existing between the living language and the language teach in used handbooks. 

Therfore, one will look for an orthography more able for that transmission. One starts from a 

review of Gascon writing from Middle age up to now, with, since the XIXth century, an opposition 

between two mains systems, the modern one and the classic. To be clearer, it is about the way they 

are understood by the Gascon society, and the circumstances which led, after 1968, to the 

substitution of a medieval “classic” orthography instead of the “modern” and popular one, in use 

until then. One show the divorce between the teachers, generally “classics”, and the others lettered 

in Gascon, rather “moderns”, and subsequently the potential readers who are the speakers of the 

language. 

In concrete terms, two chapters will to propose improvements to the two systems; first of all 

to the “classic”, to make it closer to the Gascon phonology, accordingly with its own princips; but it 

remains elitist and non-pedagogic; then to the “modern”, to improve the few defects that its 

definition of 1900-1905 has tolerated in a period where the writers and the readers spoke fluently 

the Gascon language. 

A partial lexicon (A & B-V letters, about 5 000 words) exemplifies these propositions.

Situation sociolinguistique et écriture du gascon aujourd’hui 

RÉSUMÉ en français 

Visant à doter le gascon d’une graphie répondant aux besoins contemporains, ce travail étudie 

d’abord ces besoins (Ière partie), puis essaie de définir la graphie (IIème partie). 

Le gascon est d’abord situé parmi les langues romanes : selon de nombreux linguistes, c’est 

une langue à part entière, et non une simple modalité d’un “occitan” abstrait. 

Ce point de vue est confirmé par une conscience identitaire gasconne et béarnaise affirmée 

depuis des siècles, qui considère aujourd’hui l’« occitan » comme une « autre langue ». Mais la 

transmission familiale du gascon a cessé depuis les années 50 et sa pratique est maintenant limitée 

au milieu rural. Sa transmission repose donc surtout sur l’enseignement, qui n’est pas sans faiblesses, 

dues notamment à une coupure entre la langue vivante et celle des manuels en usage. 

On va donc rechercher une graphie plus apte à cette transmission. On part d’une revue de 

l’écriture gasconne du Moyen âge à nos jours, qui, depuis le XIXe s., voit s’opposer deux grands 

systèmes, le moderne et le classique. On montre alors la façon dont ils sont vécus dans la société 

gasconne, et les circonstances qui ont conduit, après 1968, à substituer une graphie classique médiévale 

à la graphie moderne populaire en usage jusque là; d’où un divorce entre les enseignants, 

généralement “classiques”, et les autres lettrés en gascon, plutôt “modernes”, et a fortiori les lecteurs 

potentiels que sont les locuteurs. 

Concrètement, deux chapitres proposent alors les améliorations à apporter aux deux systèmes; 

au classique d’abord, pour le rendre plus fidèle à la phonologie gasconne, selon ses propres principes; 

mais il reste élitiste et antipédagogique; au moderne ensuite, pour pallier les quelques défauts 

que sa définition de 1900-1905 avait tolérés, en un temps où ceux qui écrivaient et lisaient parlaient 

couramment la langue. 

Un lexique orthographique partiel (A, B-V) de quelque 5 000 entrées illustre ces propositions. 

TITRE en anglais 

Sociolinguistics and writing of Gascon today 

RÉSUMÉ en anglais 

Se reporter à la page 3 de couverture (verso de la présente) 

DISCIPLINE 

Sciences du langage 

MOTS-CLÉS 

gascon - béarnais - occitan - sociolinguistique - phonétique historique - phonologie - graphie 

INTITULÉ ET ADRESSE DE L!U.F.R. OU DU LABORATOIRE : 

CREDILIF (EA ERELLIF 3207), Université de Rennes 2, Place du Recteur Henri Le Moal, CS 

24307, 35043 Rennes Cedex

Thèse J. Lafitte - Tome I - Institut Béarnais Gascon

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