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Recueil - Poésie, LaTeX et Flash

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Mosaïques<br />

Baptiste Ossipow<br />

1


c○ 2008 B. Ossipow Éditeur.<br />

ISBN: 978-2-8399-0401-8<br />

2


Mais, par avant, en étrons de pourceaux<br />

Soient frites ces langues ennuyeuses !<br />

François Villon<br />

3


Études de mouvement <br />

5


Mines <strong>et</strong> salines<br />

I<br />

Origine perdue de la lumière<br />

Paroles r<strong>et</strong>enues de son nom<br />

Apesenteur des étreintes premières<br />

Nos faims nous firent toucher terre<br />

Longtemps le temps la tempête<br />

Un dialogue enfin s’engage<br />

Démesuré avec l’orage<br />

Ange venue sans tromp<strong>et</strong>te<br />

Tu peux les voir maintenant<br />

Des ruines la mousse verte <strong>et</strong> rousse<br />

Et des traces les restaurations laissèrent<br />

Tu peux brûler les plumes leurs pleurs<br />

Des fleurs transforment le ciel viol<strong>et</strong><br />

En louanges dans l’ivresse<br />

7


8<br />

II<br />

Nous sommes allés sous terre<br />

Traverser des nausées solitudes<br />

À la recherche d’accord en de telles guerres<br />

Nous n’avons plus rien d’écrire<br />

Un monde vous en fut offert<br />

À présent vous pourriez nous taire<br />

III<br />

Guérilla urbaine<br />

Aux silencieux émules<br />

Dans des rues où l’on ne s’invite pas<br />

On a suicidé leur sens<br />

Les convives sont demeurés<br />

Mu<strong>et</strong>s<br />

Et je voudrais ramener des rubis des émeraudes<br />

De ces nues dans ce sous-terrain


Eau du soir<br />

Eau du ruisseau<br />

mille yeux d’argent <strong>et</strong> bouches graves<br />

Généreuse indécise<br />

jonchées d’épaves<br />

Des algues mauvaises<br />

aux branches pendent qu’elles délavent<br />

Des mouches dorées s’agglutinent<br />

sur le cadavre<br />

D’un merle éventré<br />

sur la mousse rouille<br />

On n’entend piailler pas loin<br />

de la glaise sortent des larves<br />

Des vers annelés<br />

trainent entre les cailloux<br />

Et des boîtes de conserves<br />

en tôle ondulée —<br />

Depuis des heures<br />

on entend plus personne<br />

Les dieux se sont tus<br />

ceux qu’on adulait<br />

Lugubre dans le vent du soir<br />

9


10<br />

une cloche sonne<br />

Encor quelques coups<br />

<strong>et</strong> ce sera tout<br />

Je vais aller boire<br />

pendant des heures<br />

L’envol de la pensée<br />

partout<br />

Est pétrifié<br />

par l’image sœur


Aussi sans destination<br />

comme les mots qui manquent<br />

Déambulatoire ton ombre adorée<br />

Perdue dans l’exaltation indicible façade éclaire<br />

Lentement la procession entre le parvis déporté<br />

La beauté du r<strong>et</strong>able l’effraye<br />

Deux caryatides s’affaissent<br />

envisageant une extase<br />

Sous le plafond circulaire<br />

Des statues en révolte<br />

11


12<br />

Delphes<br />

Ici la terre sent le soufre<br />

Et s’arrête abrupte face à la mer<br />

Musiques portées par le vent<br />

Auxquelles se mêlent les encens<br />

Et des dauphins les suivent<br />

L’appel irrésistible a r<strong>et</strong>enti<br />

Il est temps de r<strong>et</strong>enir son souffle<br />

Notre étoile lentement va s’éteindre<br />

De l’oubli de nos chants se rappelle<br />

Désormais toute étoile sera une énigme


Heures<br />

Matin envoûté<br />

déploye ta relève — pitié<br />

Prends ton temps<br />

Où Kronos éperdument<br />

dirigeait nos pas<br />

Le coup d’ordre éclair panoramique<br />

Le cours du siècle<br />

guidé par l’absence<br />

Dernière détresse<br />

Marée quasi satellitaire<br />

de solitude groseille<br />

Et démoniaques angoisses<br />

météores historiques<br />

Dissèquent l’auberge<br />

du cœur ouvert<br />

Éclipse de lune<br />

La potence permanente<br />

13


14<br />

Emportements<br />

Nécessaire abondance divisée en parties manquantes<br />

D’abruptes parois dans la mer montent<br />

La floraison perpétuée courant<br />

À l’emportement duquel elle résiste<br />

Préférant rester en proie au sacrilège<br />

Au cœur de la fatigue commune


L’icône<br />

Le visage miraculeux s’est ouvert<br />

Trouant sa voie monastique<br />

Emporte dissolues en vapeurs<br />

La victoire comme les défaites<br />

Jusqu’au fleuve d’oubli — Léthé de l’âme<br />

Où nous attendent des heures bénies<br />

Pour lesquelles seulement<br />

Il vaudrait la peine de vivre<br />

15


16<br />

Les beaux atours de la brûlure<br />

Comme une main qui appelle<br />

M’entraînent dans l’éther fidèle<br />

— La paix à laquelle je livre une guerre<br />

Parce qu’il est une langueur<br />

Que je hais<br />

Qui donne à la vie l’air d’un j<strong>et</strong><br />

De pierre au hasard dans la gravière<br />

Alors un temps riche en couleur<br />

Couve au pied d’une vigne dans le fauve<br />

Des feuilles mortes où l’orange <strong>et</strong> le mauve<br />

Se sont couchés sur le lit de la terre —<br />

Et je me souviens de celle<br />

Qui m’aimait sereine<br />

J’attends l’heure qui me ramène<br />

Aussi de la lumière


Nuit<br />

Elle se courbait<br />

sous son châle impitoyable<br />

Marchait dans l’aube oubliée<br />

affolée d’anciennes peurs<br />

À travers la nuit sans ombre<br />

personne ne sait<br />

Où mènent ces cris<br />

qu’il nous fallut suivre<br />

Une voûte rouille<br />

transperce le lierre<br />

Le vert des lys tressés<br />

émondés d’épines<br />

17


18<br />

Pi<strong>et</strong>à<br />

Musicien dans un combo<br />

jazz partir soudain<br />

R<strong>et</strong>rouver dans les rues<br />

jamais désertes<br />

Rire virtuose<br />

une des branches du chandelier<br />

encor en quête<br />

Une fièvre parente<br />

pourtant devait rappeler<br />

X<br />

X<br />

X<br />

de nuit nous sommes partis<br />

Sans nous douter<br />

que nous pourrions être si libres<br />

Souffle coupé<br />

passe alors la main —<br />

Il semblerait<br />

(mais c’est impossible)<br />

un sourire<br />

Lippi a donné à Marie


ensevelissant son fils —<br />

Je m’arrête<br />

répit pour mes pieds<br />

La façade d’une maison<br />

un regard<br />

S’élèvent ensemble<br />

lui<br />

Ne pouvant se résoudre<br />

à ne plus toucher<br />

Ne serait-ce que ce doigt<br />

mais il faut partir<br />

Défilent les briques<br />

entre les murs étroits<br />

Les yeux de verre des fenêtres<br />

les coiffes blanches des plâtres<br />

Général aux anges<br />

je passe en revue<br />

Pieux soupirs j’entends<br />

que ce soit si rare<br />

À la fin d’un cauchemar<br />

encor une fois l’aurore<br />

Quelque chose comme un visage<br />

19


20<br />

Gnose<br />

Couche des anciens maux<br />

où les blessures s’étirent<br />

Sinistre repentir<br />

parfumés de roses mortes<br />

J’entends de loin les cloches<br />

de l’église en ascension<br />

Cent superstitions<br />

méthodiques claironnent<br />

Rien<br />

rien si tu ne l’éprouves


La plage<br />

Tôt le matin<br />

comme une plage blanche elle attend<br />

Qu’avec soin nous donnions<br />

aux coquillages un nom<br />

Qui leur ressemble<br />

— baroque à l’intérieur de nacre —<br />

subsiste de l’initial<br />

En un or tel change<br />

Que s’y perdent les mers<br />

<strong>et</strong> les rivages jusqu’au soir<br />

Garderont le silence<br />

accueillis dans les ports<br />

Les navires sont de r<strong>et</strong>our<br />

encor légers des vents du large<br />

Il est l’heure des voyages<br />

pour ceux des villes<br />

L’eau le feu<br />

ce n’est pas rien<br />

21


22<br />

Équinoxe<br />

Nous passons comme passent<br />

les saisons<br />

Reviennent<br />

alors que la nouvelle s’installait déjà<br />

Comme les cerisiers en fleurs<br />

aux pétales glacés<br />

Dans le vent d’hier<br />

Il s’est dressé<br />

pour qu’elle passe<br />

Et c<strong>et</strong>te nuit<br />

lui donne la main<br />

En noire communion<br />

autour du vin d’or


Calchas<br />

Il y a une réponse terrible<br />

Effort informe qui r<strong>et</strong>rouve<br />

La voie adorée du temple étonnant<br />

Souriant aux lèvres muselées<br />

Comme ces r<strong>et</strong>rouvailles avec l’éperdu<br />

Changeant tout sans doute<br />

Dans la détresse on écoute plus<br />

Si le temps se r<strong>et</strong>irait de la scène<br />

O possible envie forcenée<br />

De vide autour de soi<br />

De rêves irrigue à peine le corps<br />

C’est la lutte pour la direction<br />

L’étrange diction des devins<br />

Qui mène au but<br />

23


24<br />

Ritournelle<br />

Long croch<strong>et</strong> de l’étoile frappe au tombeau<br />

Manteau lascif engouffre un col autour du cou<br />

Arch<strong>et</strong> le vent fait danser les cheveux<br />

S’il est tard pour se parler pourtant<br />

Pourtant la lune reste pâlotte en descente<br />

Sa proie affamée blottie contre ses seins<br />

Cherche mais mal sa patrie plus sereine<br />

Collines hautes montagnes un sourire asphyxié<br />

P<strong>et</strong>it poumon inexprimable crise d’ange<br />

Derrière le berceau un diable claque<br />

La langue aussi le cœur parle<br />

”N’aie pas peur de revenir me voir”


La ronde<br />

Le serpent monstre de l’équinoxe<br />

descend les escaliers de la pyramide<br />

Des restes de ciels mayas en feu<br />

gisent inertes dans sa gueule ouverte<br />

Agates opales joyaux des yeux<br />

mon jumeau fait de larmes<br />

La mémoire demande le prix fort<br />

Verlaine en dit quelque chose<br />

Et un iris est là<br />

infiniment coloré<br />

En proie à la fureur des foules<br />

témoin je n’y peux rien<br />

L’or à peine bleuté<br />

pourtant me remercie<br />

25


26<br />

L’écrin<br />

Flamme tranchante un avion en avance<br />

Passe entre les sables de la fenêtre des yeux ouverts<br />

Sombre miroir mouvant asseoir<br />

Faisceaux lunaires découpés se répètent<br />

Gorge encerclée cherchant ma faute<br />

Ce soir d’été célébration pourtant infinie<br />

Un sourire ignoré autiste incident cérébral<br />

Une chaleur caresse son dard brise la coupe<br />

Plante sous l’épiderme une douleur céleste<br />

Découvre l’artère qui commande les nerfs<br />

Je ne pense plus qu’à la grammaire inouïe<br />

Des oiseaux noires la coïncidence du regard


Étrangère<br />

L’ombre déprimante attachée à mes pas<br />

Puisait sa puissante évaporation<br />

Visait des cargaisons prestigieuses<br />

Des flèches manifestes aux pointes d’effroi<br />

Un regard donné la veille<br />

Sous des courbes roses<br />

27


28<br />

Patte blanche<br />

abordables rives je nais<br />

où aller<br />

accordé au monde la fuite<br />

à la lumière éparpillée<br />

qui dépasse imprudemment<br />

l’empan de sa haie<br />

alors p<strong>et</strong>ite crucifixion<br />

gaussé sur le calvaire cinglant<br />

l’enfant fautif en pâture<br />

mendiant miséricorde sans attention<br />

hors de l’enceinte viol<strong>et</strong>te de la cité<br />

est-on au moins compté pour mort<br />

mais les étoiles de l’obscure apparaissent


Hampi<br />

La pyramide d’oiseaux noirs s’agenouillait dans la<br />

nuit. Hésitation du destin. Ville d’accueil mon<br />

corps fixait les limites du deuil, la destination.<br />

Désormais, j’ai des formules pour les désastres, un brû-<br />

lant onguent médité longuement: fait de ce lieu<br />

l’hôtel où j’ai désiré le repos<br />

Où je n’étais pas seul<br />

29


30<br />

Bras le corps<br />

Saveur incomparée du regr<strong>et</strong><br />

Partage-toi<br />

Avec l’or que fut l’heure<br />

Où tu es née<br />

Prolonge en pleurs<br />

Ou en rouge plume d’aras<br />

Mais tiens-parole<br />

Si ma zone y prend ses aises<br />

Dans l’air instant gît un poème<br />

Secticide bon pour l’ozone


À l’agonie<br />

Artère réactive ô ma sœur hors de toi<br />

La rue t’efface assise avec l’ange<br />

Aux ailes d’ardoises d’une crise<br />

— Des banques aux temples passent les passants —<br />

Rassemblement d’enchantées féeries<br />

L’arbre aux oiseaux ressemble à une miséricorde en l’air<br />

Le cadran de l’horloge au vent<br />

Tresse d’invisibles cohérences<br />

Leurs poussières abrite indistinctes<br />

<br />

31


Jusqu’à mon r<strong>et</strong>our <br />

33


Commune<br />

«J’avais à peu près votre âge<br />

le combat avait fait rage<br />

le quartier nous appartenait<br />

un armistice r<strong>et</strong>enait<br />

à distance les troupes gouvernementales<br />

mais bien peu survivraient à un choc si brutal<br />

eux ne voulaient pas charger<br />

<strong>et</strong> nous étions démunis<br />

ils assiégèrent nos marchés<br />

mais nous sommes restés unis<br />

ils interdirent la rue aux journalistes<br />

il ne nous restait plus qu’à boire le calice<br />

du grave jeûne les faits<br />

parvinrent aux rédactions<br />

<strong>et</strong> déclenchèrent l’insurrection<br />

qui nous sauva de la défaite<br />

la ferveur populaire a rejoint par bonheur<br />

le cri des insurgés de la première heure »<br />

« Entourés de jeunes morts<br />

nous préparions nos corps<br />

35


36<br />

à un dernier sacrifice rageur<br />

avec une suicidaire ferveur<br />

mieux valait périr qu’abdiquer devant eux<br />

mais soudain nous n’en croyions pas nos yeux<br />

des partisans confluèrent<br />

de fiers rebelles en armes<br />

des inconnus nous rejoignirent frères<br />

sur les barricades baignées de larmes<br />

les ouvriers avaient déserté les usines<br />

<strong>et</strong> les soldats mirent à terre leur fusil<br />

la victoire entre les mains<br />

nous en fûmes étonnés<br />

<strong>et</strong> le régime bourgeois effondré<br />

il fallait inventer un lendemain<br />

vibrant d’une fierté arrachée au sol<br />

une femme magnifique prit la parole: »<br />

« Les peuples nous suivront<br />

si la pur<strong>et</strong>é nous gardons<br />

précieusement dans c<strong>et</strong> esprit d’aujourd’hui<br />

ceux qui vous gardaient dans l’ignorance ont fui<br />

<strong>et</strong> ceux qui voulaient confisquer la vie<br />

ont cédé devant la foule ravie<br />

recevez les fruits


exquis de la liberté<br />

d’autres seront attirés à travers la nuit<br />

les confins sauront votre hospitalité<br />

un nom glorieux entoure votre fête<br />

un répit attend — restez en quête<br />

utilisez la science<br />

pour inverser le destin<br />

ceux qui subirent l’oppression soient souverains<br />

oui l’avenir s’est ouvert comme une page blanche<br />

<strong>et</strong> vous en êtes les dépositaires<br />

le premier pas dans une nouvelle ère »<br />

« Nous ne voulons plus ces rois<br />

<strong>et</strong> de leurs mauvaises lois<br />

nous avons hérité de la force oppressée<br />

des masses qui en eurent assez<br />

notre peuple a reçu l’esprit<br />

de démocratie s’est épris<br />

maintenant notre désir<br />

déborde notre victoire<br />

là-bas seulement réside notre plaisir<br />

l’accomplissement qui justifie notre histoire<br />

là-bas réunis par la mort<br />

au rayonnement de l’aurore<br />

37


38<br />

des odalisques traversent<br />

scintillantes la nuit<br />

sur la route le trapèze d’Orion luit<br />

le toit métallique ruisselle après l’averse<br />

l’immense espoir pour la nation<br />

dont la langue est célébration »


À perte de vue<br />

Dans les jardins où enfants défilaient les paysages<br />

arbitraires, supplice, espoir, repos sur sa nuque<br />

Ils verrouillèrent la porte des r<strong>et</strong>rouvailles, remirent leur<br />

sort entre les mains percées des disparitions<br />

Un flot de bonnes paroles eut raison de toute morale<br />

La flamme vacille d’un cierge de la cire coule sur un bou-<br />

geoir en terre pétrie. La mémoire est sans patrie<br />

Au matin les vagues auront ramené les corps naufragés<br />

sur le rivage infime avenir<br />

Des bulbes amères naîtront des lotus dont les pollens<br />

méditatifs r<strong>et</strong>rouvèrent l’orient souvenir<br />

Les branches figées d’un palmier, une étoile noire à la<br />

première oraison le soir<br />

Quelle rose, dans quel désert, déroule <strong>et</strong> console la nuit<br />

des antipodes de la réponse<br />

39


40<br />

Rien<br />

Nous n’aurons pas la nuit pour seul dormir<br />

du verbe supporté l’absence<br />

à l’insignifiante souverain<strong>et</strong>é<br />

attendue à la flamme du souvenir<br />

que l’amour soupire<br />

refaire sans effigie<br />

les roches érodées de fatigues<br />

atteignent en nous leur nom<br />

puis des siècles s’éteignent<br />

la veille électrisée de forces<br />

tes ongles dans ma chair littéraire<br />

en chercher le sens<br />

ouvertement plagié<br />

faites miséricorde<br />

à ceux qui s’en offensent<br />

si on recycle l’origine déchirée<br />

en interprétations elle forme<br />

dérobez-la sans autre<br />

la rose de rien éclore<br />

<strong>et</strong> l’aube r<strong>et</strong>ourne sur nous<br />

sur nous le ciel s’abaisse<br />

saisonnier en nous<br />

l’intime est accordé


Fresque<br />

C’est lui le cri momifié sous la lune<br />

sous l’oppression poétique des choses<br />

la sommation de leur donner un nom<br />

il choisit une couleur assombrir<br />

un mauve noiré lui adjoint l’étale sur la toile<br />

invente un orange sanguin du souffle feu<br />

en quadrille l’espace d’innombrables contrariées<br />

formes miraculeusement un ensemble apaisé<br />

<strong>et</strong> l’écran innonde la figure abstraite<br />

sous la poésie diffuse des icônes saccagées<br />

culte enseveli des émigrations<br />

la musique mélancolique ils enjouent<br />

mais les paroles semblent confisquées<br />

au profit des tâcherons appliqués<br />

à l’œuvre dans l’entreprise catastrophique<br />

découverte sous les amats climatiques<br />

en ordonnance artistique de la figuration<br />

malgré les flammes incultes de la menace<br />

l’image transie magnifiée la corolle salutaire<br />

une lumière de fièvre donne à l’œil<br />

la crinière de supplication panoramique<br />

41


42<br />

proj<strong>et</strong>te le cri inouï des ombres reliées<br />

la silhou<strong>et</strong>te bleue des passants du ciel l’écrin<br />

ceux qui semblaient s’être éternisé à l’instant<br />

s’affairent de nouveau<br />

la communion du soir<br />

du repas on partage la parole écriture<br />

du réconfort pour la tribu humaine<br />

s’il y manque de lumière pour écrire


Plainte<br />

La nuit rêvée des sangsues dévastatrices<br />

s’étend partout tu devrais t’y atteler<br />

des joyaux opiacés se meurent ensemble<br />

mais de quel visage blafard m’affubler encor<br />

dos au monde mon amère salaire en poche<br />

auprès du héron altier au bord de l’eau<br />

Hermès cerne de près ses oisillons plaintifs<br />

le corps enfui sous des demi-lunes<br />

auprès de plus sombre que moi souffrant<br />

dans les propriétés privées des dieux<br />

la terre est dure même s’il est injuste<br />

de la méprendre en sa sombre sagesse<br />

par les exploits splendides que nous lui dédions<br />

sans savoir comment le lui dire<br />

dans la résurgence saisonnière<br />

par une simple mue en offrande<br />

l’arrachant aveuglément à son éclosion<br />

nous cessons le dialogue immédiatement<br />

43


44<br />

Les cendres immémoriales ravivaient<br />

À travers les vignes dans les champs approchés<br />

L’obscurité naissante du crépuscule<br />

Les contours se détachent du chapiteau urbain<br />

Plus noire devant les constellations<br />

Liées par leur nom aux éclats de nos rires<br />

Je vous ai vues — votre royauté<br />

La brume au-dessus de la ville<br />

Les premières lueurs éclaircissent le ciel<br />

Et les étoiles se r<strong>et</strong>irent en oubli de nous?


Cubisme<br />

Tu montreras<br />

Le chant l’ami la main<br />

Lis-tu une épître de saint Paul <strong>et</strong> prétends détenir des<br />

ivresses rares<br />

Esquisse d’une brusquerie ouvrière<br />

Ainsi la pal<strong>et</strong>te respire lui sue se rue parmi les frises<br />

En forme d’attention subversive<br />

Parfois on soupire sur une droiture du trait<br />

Presqu’à regr<strong>et</strong> on ressaisi les pinceaux dons de soi en-<br />

tonnant une symphonie ensemble<br />

45


46<br />

Éventail de nuits<br />

Avancé dans le halo de la nuit<br />

J’ai défait la voile<br />

Les oriflammes fou<strong>et</strong>tent l’air<br />

Et les mille phares des matins d’hiver<br />

Avance devant lui remplissent<br />

Des gémissements <strong>et</strong> tes cris<br />

Tu viendrais à la vie


Victoria<br />

Par osmose inverse<br />

— Séparation —<br />

Ils sont purifiés<br />

47


48<br />

Délirant soleil noir<br />

astre au feu délicieux<br />

L’impression rétive<br />

prodigieuse de l’aventure<br />

Branches pourpres du sang<br />

des révélations<br />

Bercées du chant d’Eurydice


Festival<br />

C’est le soleil d’août se répandant une dernière<br />

fois dans l’habit d’herbe endorphine<br />

L’ouverture où la lumière se reflète en solfège de notes<br />

abstraites<br />

Dissipe l’éther hagard des yeux extrêmes<br />

Des envolées dicibles<br />

Puis-je revenir plus sobre contempler leurs moins sombres<br />

semailles apocalyptiques du monticule j’aspire c<strong>et</strong>te<br />

r<strong>et</strong>raite<br />

Écrire en sentant les pensées bien se dérouler autour du<br />

tronc fort traversant<br />

Les voiles qu’on se levait d’incompréhension<br />

Sur des pages notées depuis des flammes trop cuivrées<br />

d’un ciel étoilé<br />

Notre impossible jaillissement sans fond<br />

49


50<br />

Lecture<br />

Délicieux miel sacerdotal à part<br />

dedans ces oliveraies semblent immémoriales<br />

bordant les roses rectangles persans<br />

terre incandescente lave<br />

perm<strong>et</strong> déviant le regard pur<br />

sourcier qui trouve<br />

risque entrevu la prochaine extase<br />

tombe en un éclair méditatif<br />

sous l’amoureuse emprise<br />

tu ressembles à un appel juvénile<br />

le remède des hauteurs accusatrices<br />

une étincelle maintenant prom<strong>et</strong>s-moi<br />

coupant à travers champs<br />

d’élégantes raies de soleil<br />

remue-ménage des eaux épuisent<br />

sous les bénédictions débute la cérémonie<br />

comment profusent les épis<br />

le sang des cerises subvertit ta bouche<br />

zèle consumation<br />

les braises tempétueuses sur le sable<br />

foulées des juments sur l’humus généreux<br />

dehors t’en jamais rassasier l’offrande<br />

présente au bord en partage ton repas


frémissait l’onctueuse surface d’un lac<br />

si c<strong>et</strong>te onde inépuisable pouvait durer<br />

51


52<br />

Se promener<br />

Pluie argentine<br />

spectre tambourin<br />

La lune trouve refuge<br />

dieu descendu dans une flaque<br />

Les mots accueillis<br />

des mêmes bouqu<strong>et</strong>s en flammes<br />

Des pétales glacés s’ouvrent<br />

aux premiers rayons la chute<br />

Les mendiants de la soie


Notes<br />

Touchant le doigt du néant<br />

l’industrieux fleuve rhénan<br />

Immobile dans l’eau du soir<br />

la main qui tient le bougeoir<br />

Au crépuscule vacille<br />

on entend des faucilles<br />

Dans un champ<br />

quelques corbeaux bectent des graines<br />

La moisson n’aura pas été vaine<br />

on dirait des chants<br />

Arcs <strong>et</strong> voûtes invisibles<br />

53


54<br />

Éparpillement des routes en marches<br />

Des néons au brouillard mènent au lac<br />

Sous un lampadaire un arbre flambe<br />

On ne distingue plus du rivage<br />

La plage des cailloux sur le sable des tempêtes<br />

Une vague laisse un refl<strong>et</strong> sans étoile<br />

Entre des brumes <strong>et</strong> les voix proches<br />

R<strong>et</strong>ournent patientes dans les écumes


Les lucioles volent<br />

La chrysalide se transforme<br />

Ornent des gueules monstrueusement ouvertes le dessus<br />

de la porte<br />

Le sourire du Buddha de la méditation irrigue d’eau les<br />

rizières surplombant la plaine<br />

Persévérance sous-terraine la ferveur de la langue soient<br />

de nouvelles prières<br />

Tombe la fertile ardeur de la pluie<br />

Or derrière les nuages le soleil attend<br />

55


56<br />

Présage<br />

De sa nature dépensière<br />

Une offrande serait extraite<br />

Pas reprise par le sommeil<br />

Multiplication du feu originel<br />

Dans le cycle des rêves<br />

Le courage de continuer


Les parois<br />

Le branchage automnal craque sous les pas<br />

Sur une branche cède pose ses pas<br />

L’enfant se cache à la lisière du bois<br />

Regarde à travers les cimes se touchent<br />

Le ciel voit couler le crépuscule de miel<br />

Contre les rochers le fleuve d’argent nuageux<br />

Des refl<strong>et</strong>s tourbillons capricieux un héron<br />

Des frayeurs le livre relié aux dorures<br />

57


58<br />

Flamme!<br />

J’ai vu ta joie<br />

devenir cendres<br />

dans l’âtre sombre<br />

parmi des braises étincelantes<br />

une telle inquiétude nous aspire<br />

quand nous allons<br />

sous les pans dérobés<br />

des flammes en montées


Alchimique<br />

Les distractions surgissent des paysages contras-<br />

tés donnent accès aux saisons perpétuées<br />

Dans la répétition des mouvements de l’approbation:<br />

Inquiétude parallèle tardive cohérence du chemin puis-<br />

sant savoir-faire auquel la nature indéfinissable<br />

semble se soum<strong>et</strong>tre<br />

En propositions rendues possibles dans le surgissement<br />

hors de l’emprise révolue<br />

La période tournée au péril du prochain éon des lueurs<br />

nous parviennent détachées de l’unir lumière de<br />

la dénomination<br />

Si le nom nous domine il peut être prononcé avec arro-<br />

gance ou pieusement parcourir la distance libé-<br />

ratrice y prend part<br />

59


60<br />

Contours répétitifs des pans entiers d’existence<br />

Enchaîner en monstration pécheresse<br />

À l’intérieur du monastère en feu<br />

”J<strong>et</strong>te-toi en nous renouvelant de tes forces”<br />

Par-là sont passés trois patriarches<br />

Des autels en témoignent <strong>et</strong> les noms sont restés<br />

Alors que nous ordonnions le jaillissement<br />

— Des mots peuvent aussi le démontrer —<br />

Si le courant déchaîné l’emporte<br />

Dans un vin de noce l’oubli<br />

Dansant sur une sphère dans l’espace<br />

De la langue du dialogue


Cortège de la Toussaints<br />

I<br />

Le lointain attrait des règles monastiques<br />

Leur havre parfois un lien fait entrevoir<br />

Par-delà les œuvres purificatrices (annihilation<br />

Excitation) il faudrait pouvoir se recommencer<br />

Garder les yeux fixés sur la rive triomphante<br />

Un persiflage incessant ne s’entendrait plus<br />

Qu’il nous faut ainsi la folie ne pas croire<br />

Par la croix revenir à la raison<br />

II<br />

Au rythme de la fête portée par la foule<br />

Des effigies à cornes brûlent dans la rue<br />

Il se passe un instant où on pense à ceux<br />

Autour du thrène la beauté cathédrale<br />

L’édifice entier fut érigé du même élan<br />

Enthousiasme l’autel<br />

Élève à ce qui déjà fait partie<br />

De l’ineffable domaine<br />

61


Lui:<br />

Lui:<br />

62<br />

Théâtre<br />

Acte premier<br />

Le tribu du jour sué sur les échafaudages de la mé-<br />

tamorphose en ses différents matériaux<br />

Le repos dans la paix méritée du soir<br />

Quand l’embauche ne suffit pas<br />

La nuit allume aussi les lampes obliques de la débauche<br />

Descendant les remparts au bord des falaises de Saint-<br />

Jean j’arrive rapidement au centre de la cité éteinte<br />

Flâneur nocturne dans l’oubli factice des pavots synthé-<br />

tiques<br />

Pour lesquels je voue ma vie néante au vide<br />

Acte II<br />

Sous les panneaux à la lumière fardée des spots<br />

Ombre hors de la fourmilière des supermarchés je rous-<br />

pète<br />

Le bus 7 en trombe me passe devant<br />

Un quart d’heure je poireaute à l’arrêt le vent<br />

Entre l’église <strong>et</strong> la gare souffle par bourrasques mala-<br />

dives<br />

Passe une femme à la démarche hâtive


Elle est vêtue d’une robe japonaise en soie entourée<br />

par une ceinture aux bords incrustés de métaux<br />

sombres <strong>et</strong> de cuivre<br />

Je me m<strong>et</strong>s à la suivre<br />

Nous nous dirigeons vers les beaux quartiers<br />

À l’épaule elle porte un sac à main Cartier<br />

Qu’elle se m<strong>et</strong> à fouiller<br />

Pour extraire d’un flacon un parfum qu’elle applique<br />

d’un doigt mouillé<br />

Puis elle effleure sa gorge<br />

Je m’approche fasciné tel le serpent devant Saint Georges<br />

L’odeur artificielle pénètre acre mes narines<br />

Me rappelle qui je suis à jeun que j’adore Orphine<br />

Ce qui m’a poussé dans ces ruelles froides<br />

En tendant les bras je pourrais toucher ta nuque raide<br />

Détacher ton bouffant obi<br />

Serrer autour du cou l’étoffe de ton habit<br />

D’une fenêtre la lueur d’une lampe éclaire sur son visage<br />

une blessure<br />

Lorsqu’elle tourne la tête vers l’embrasure<br />

Un frisson transperce notre ensemble<br />

J’ai préféré la fuite quelque chose qui ressemble<br />

J’avais cru reconnaître en elle<br />

De fragile <strong>et</strong> d’éternel<br />

63


Elle:<br />

Elle:<br />

64<br />

Acte III<br />

Où la flamme en se levant t’éternisait<br />

Dans mes yeux sous tes baisers<br />

Amoureux tu me disais brûlant ce<br />

Bonheur je t’ai pardonné tu sais<br />

Ça n’a pas d’importance<br />

J’avais à éprouver une fois ce que c’est<br />

En ce trépas perdue sans résistance<br />

Acte IV<br />

Douleur sacrée<br />

oppressée par des arbres le squel<strong>et</strong>te<br />

Se détachant tout près<br />

troubles parmi les larmes<br />

Le vent a chassé les nuages<br />

sous les bleus naissants<br />

Apparaissent les monts en face<br />

immobiles<br />

Des milliers en paix pétrifiés<br />

sur les versants de l’ascension<br />

Le risque inutile désormais<br />

de se perdre<br />

N’est plus un reproche


le Chœur:<br />

Elle:<br />

Acte V<br />

Nébuleuse obscure d’où son étoile appelle — détours sur<br />

ce qu’ils considéraient comme leur faute envers<br />

l’univers<br />

De sa fuite il prenait la mesure dans les caniveaux des<br />

faubourgs les bouches d’égouts vont se perdre<br />

dans la campagne il s’affaisse face contre terre<br />

Tristes ruelles du regr<strong>et</strong> — il s’était contraint à les han-<br />

ter toutes — c<strong>et</strong>te boue aurait pu lui ouvrir les<br />

yeux<br />

La lune va disparaître sur les toits de la ville aux lèvres<br />

gercées mélangeait leur ombre infinie sous les aus-<br />

pices très saints<br />

Licence est donnée à la terre d’être chantée<br />

L’entoure déjà admise par les nymphes rejointes<br />

Acte VI<br />

N’interrompez pas vos rondes<br />

j’aime vous voir danser<br />

Même si j’ai le cœur lourd<br />

pleine devant vous de honte<br />

Qui êtes dans l’allégresse<br />

d’officier à un tel culte<br />

Nocturne où exultent<br />

65


le Chœur:<br />

66<br />

les gitanes tigresses<br />

Au son des tambourins<br />

des flutes du cortège<br />

Que la nuit vous protège<br />

moi je ne veux rien<br />

D’autre que m’allonger<br />

m’enrouler dans la couverture<br />

Inerte sur le sépulcre<br />

Où me plonge son corps<br />

Acte final<br />

Amants qui avez vus le jour<br />

Sous les baisers de l’autre<br />

Couple que j’eusse fêté<br />

En une noce splendide<br />

Pour qui j’élève mon cantique<br />

Mon très antique thrène<br />

Ton aimé je l’ai vu<br />

Mais n’ai pu lui parler<br />

Ni ma troupe de bohémienne<br />

Avecques moi c<strong>et</strong>te nuit<br />

Où l’obscurité vous gu<strong>et</strong>te<br />

Envieuse encor de vous<br />

Aimés qui avez vu le jour<br />

Sous les baisers de l’autre


Ô couple que j’eusse fêté<br />

En une noce splendide<br />

67


68<br />

Carême du rêve<br />

Barque calmement d’un bord à l’autre de la rivière<br />

Les pèlerins de l’orient millénaire<br />

Du bestiaire chinois douze fois l’oracle roule<br />

une fleur au sang noir <strong>et</strong> bleu<br />

Des cerisiers tombent les cerises elle est heureuse<br />

L’écriture est venue<br />

Onde mystérieusement ouverte amicale entre nous


Pénitence<br />

Terminer les solitudes je sais<br />

mais il faut payer<br />

Entre les artifices du renoncement j’essaye<br />

je vais traverser<br />

Bras ébroués ils alignent<br />

laborieux dépit de résine<br />

Penser dans des équilibres du sens<br />

au calme panoramique prolongé<br />

<strong>Recueil</strong> des images<br />

mouvance laissant à profusion<br />

Le paysage étendu pourvoir<br />

environs remercie<br />

69


70<br />

Avancée<br />

Tes larmes romaines au cours le long prélude tu<br />

prendrais le temps d’évoquer sereinement ouverte<br />

sur une lyre que ta nudité saigne comme une ode<br />

ancienne lève de la clarté en partage<br />

en secr<strong>et</strong> tu me donnes quelque chose enroulé dans l’éphé-<br />

mère calligraphie de nos corps qui ne refusent pas<br />

l’émoi de s’être étreints en avance<br />

l’étranger prit soin de laisser ici la trace précaire choré-<br />

graphie des corps attendus


Au rendez-vous<br />

Il est bon le passage<br />

la transduction du monde en mots<br />

baumes précieux donner le jour s’incline<br />

balancement pieux des potences<br />

sous le vent écartelé avance<br />

la nuit discerne-la t’ouvrir en elle<br />

<strong>et</strong> l’obscurité du souffle analogique<br />

redresse la cime traduire à sa rencontre<br />

sous le voile désu<strong>et</strong> tout désigné<br />

71


72<br />

Étymologie des mots d’amour<br />

de qui êtes-vous la persévérante braise<br />

à l’étonnement devant quel visage<br />

avez-vous lié notre destin?<br />

nocturne commémoration des traces<br />

perpétuées avec la complicité élémentaire<br />

des serments à la faveur adolescente<br />

orage décisif des flammes étrangères<br />

des vagues accueillent le signe nocturne<br />

les barques au large dans la sainte errance maritime<br />

la lumière oublieuse sur les gal<strong>et</strong>s<br />

du haut giron nue jaillit d’un phare<br />

en l’air chargée des rosées affermies


Le jour s’achève<br />

tu as r<strong>et</strong>ourné la terre<br />

tu attendais longtemps un salaire<br />

lorsqu’elle vint<br />

la bouche brûlante des mots idoles<br />

tes entrailles frémirent<br />

ce que patiemment tu espères<br />

elle te le tend<br />

à cœur perdu tu prends<br />

des paroles légères<br />

pour le fruit de la terre<br />

73


74<br />

De travers<br />

l’harmonie à perte de vue<br />

tu l’avoues<br />

démentes les cigales chantent<br />

le sceau on appose<br />

de la lavande tu t’y résignes<br />

l’effroi océanique en gériatrie<br />

par la fenêtre<br />

parterre l’entrave<br />

des géraniums sur la terrasse<br />

éparpillement soutenu<br />

la Torah<br />

le vœu séquestré du cerf<br />

sous la raison résolue<br />

laisse entendre mon chant<br />

dans le soudain apparaître<br />

un autre flux d’être<br />

compense un peu<br />

la pauvr<strong>et</strong>é du vocabulaire<br />

l’absence conjuguée<br />

lui correspondant<br />

au travers


Au rencard<br />

Attendre la dernière<br />

vous le voulez-vous<br />

étreinte pour nous<br />

revoir<br />

du hasard au hasard<br />

fenêtre un soir<br />

<br />

75


Éoliennes <br />

77


éolienne 1<br />

Somm<strong>et</strong>s inhabitables soyez les premiers nom-<br />

més<br />

vous qui accordez au regard la vue<br />

qui appliquez des onguents méconnus<br />

destinés à l’éclosion providentielle<br />

si nous gardons vaillamment en mémoire<br />

le précieux souvenir de votre accueil sacré:<br />

vous pourriez tous être chantés<br />

vous qui tenez captifs des fleuves préservés<br />

dans les glaces éternelles de vos cimes<br />

où le froid semble figer le temps engouffré<br />

seul l’éclair indompté délivre la vie se r<strong>et</strong>ire<br />

sous la foudre imprévisible un fil<strong>et</strong> sourd du roc<br />

la source inaugure le cours de son lit d’étonnements<br />

alors un fleuve dévale majestueusement vos flancs<br />

il porte les signes éclairant les mortels<br />

ouvrant d’un sillon les plaines fertilisées<br />

selon la profusion saisonnières du cycle nourricier<br />

79


80<br />

neuf nuits l’éclair a fait jaillir les sources<br />

qui reçurent l’écoulement des antres vives<br />

célébrant sous la poussée originelle<br />

l’ordre en devenir de l’Amour en partage<br />

à l’inauguration du feu matinal<br />

en éprouvant les hautes joies <strong>et</strong> la souffrance<br />

édictées dans le marbre implacable de nos œuvres<br />

au moins se taire pour entendre autre chose<br />

dans le silence la manne alphabétique<br />

précieusement intimés se tournent en silence<br />

les mots mennent en procession les choses<br />

émouvant le don parcimonieusement assemblé<br />

de l’ouvrage graduel à son écoute<br />

sur le seuil étoilé maculé d’encre fraîche<br />

qui emprunte la passerelle poétique<br />

la multiplication temporelle du sens<br />

reçu des prémisses en profusion<br />

au devant des constellations logiques<br />

laissant présager d’autres usages possibles<br />

d’y répondre en matériaux nostalgique<br />

puiser aux aurores dans le miroir<br />

l’espoir de sculpter un visage maternel


avec le pur ciseau du souvenir<br />

ouvert aux gestes cycladiques<br />

des mots écoulent dans le flux continu<br />

jusqu’au delta neuronal de la conscience<br />

entrave à la floraison émue de notre sang<br />

illuminée par les traces de l’absence<br />

apperçue l’angoisse mortelle lui appartenir<br />

dans l’écoute peut se dresser le phrasé<br />

des mots versifiés entre ciel <strong>et</strong> terre<br />

ordonnés un temps hors de l’obscurité<br />

tandis que la nuit r<strong>et</strong>ourne à la nuit<br />

le foisonnement du jour est assailli<br />

qui nous rend plus famillier la demeure<br />

le répis qu’elle dispense pour nous<br />

donner de sa force à la continuation<br />

l’ordre d’attendre à l’anéantissement<br />

alors qu’il ne reste des mythes<br />

plus que le lointain echo de divinités<br />

dans le vide effroi des sanctuaires désertés<br />

où les langues descendent d’une échelle<br />

au rythme des triomphes géométriques<br />

des victoires en forme intentionnelle<br />

81


82<br />

la nuit se brise<br />

sereine opacité sous la futaie<br />

migraine tout de même<br />

les épluchures aux néons<br />

comme une agitation prédisposée<br />

dessinant les propositions circulaires<br />

dans la pénombre sous-terraine<br />

mais avec l’alizé en nous<br />

érigeant un souffle — merci<br />

la pluie cesse de s’abattre sur l’asphalte<br />

les étoffes le vent envole<br />

vouées aux brises océanes<br />

des phrases attendent sans voix


éolienne 2<br />

Gravie la montagne c’est un désert autour<br />

d’une désolation telle que j’en ai pleuré<br />

si je subis en r<strong>et</strong>ard des prédictions<br />

prodiguées par la cruelle féconde Kali dansant<br />

les époques du monde <strong>et</strong> ses formes<br />

kaléidoscopiques<br />

la justice rendue par l’ange de la procession<br />

le collier de jasmin qui l’entoure<br />

les mots augurés par la prostituée<br />

ceux qui sont atterrés parfois de détresse<br />

lorsque de pâles iris se décomposent sous la lune<br />

mais il s’est arrêté de pleuvoir<br />

<strong>et</strong> dans l’âtre les braises durent<br />

nous ajoutons de la lumière dans des tableaux<br />

suffisamment nous en immerger<br />

l’eau sera purifiée les puissances vaincues<br />

qui font que la police nous chasse<br />

la nuit gu<strong>et</strong>te nos bougies<br />

nos beedies à même la braise<br />

*<br />

tout est consommé mais il nous reste<br />

comme des morts reçoivent le seigle juif<br />

la tribu au cœur des villes battues en brèches<br />

préparer la venue en son sein métamorphosé<br />

83


84<br />

nous sommes chez nous comme à l’étranger<br />

comme suicidés à la saint Valentin<br />

l’harmonie pourtant ne nous appartient pas<br />

perpétuer nous la contemplons<br />

l’usage amical au cours de la langue<br />

— trop plein — détruire un monde initial pour écrire:<br />

assomption de la justice sociale<br />

la route qui nous en sépare sillonne à travers les vergers<br />

urbains des souvenirs la glaise terre commune<br />

jonchée d’épaves <strong>et</strong> continuée seuls sur la poussée puis-<br />

*<br />

sance originelle alliance souvent brisée qui dou-<br />

tions pieusement nous inanimer sur le marché<br />

tout ce qu’on vend se transformait par hypnose pourtant<br />

le dialogue engagé par manque en quelque sorte<br />

de sommeil opérationnel<br />

tout pour reproduire le frémir son inclassable des ré-<br />

jouissances l’absence dans la crainte engagée par<br />

le vide-esprit m’envahit je ne suis pas l’avoir voulu<br />

avant la nuit bariolée aux néons<br />

le jour haï n’échappe aux soins ambulatoires — tombant<br />

atteindre le square — dépasser le bleu chapiteau<br />

profané sous le regard des statues la blanche mai-<br />

son d’oiseaux pris au piège<br />

le pouls ne s’accélère pas trop d’espoir franchissant la<br />

frontière à l’horizon dit chaque fois autre chose


on débarque à se dresse déjà la ségrégation clandestine<br />

dans la nuit se construisent des étoiles avec le<br />

pauvre sang du labeur humain<br />

capitulation devant le songe capitaliste — es-tu en paix<br />

p<strong>et</strong>it troupeau? —<br />

bien la parade défile perpendiculairement satisfaite<br />

le taxi traverse à perte de vue la rivière striée fluores-<br />

cences du centre pommadé de la cité des chiffres<br />

en chemin<br />

lecture-graffitis des quartiers reliés à double sens aux<br />

autres peuples pèlerins accomplissant le rêve du<br />

Prophète sur les avenues du doute — murs trem-<br />

blez pavés<br />

mon recrutement dans les locaux désintégrés longeant<br />

les paranoïaques berges panoramiques<br />

tentation sectaire — de faux prêtres profitent des vierges<br />

sacrifices qui errent à l’abandon dans les villes<br />

trop occupées à produire l’oubli (des fronts sans<br />

sueur se pavanent en représentation)<br />

elle se recroqueville un asile indifférent<br />

régressivité<br />

saillis eux défoncés accusent leurs agressés<br />

assez<br />

là il y a le monde tel que nous avons façonné l’image —<br />

un don au hasard silencieux sur les conséquences<br />

mais y jouer la poésie salie ensevelie sans cesse les géné-<br />

85


86<br />

rations lui attribue le Génie — porte de l’espoir<br />

dans les rues il n’est pas indéchiffrable ou indif-<br />

férent<br />

trouble de la temporalité — si je m’en souviens bien —<br />

des amples ramifications du rêve tellement plus<br />

beau que je m’affame plus bleue la réalité en est-<br />

elle indissociable? convergence des bruits de la<br />

ville grouille inanimée<br />

insondable simplicité — du silence<br />

on faillit rencontre angélique mais des démons — sys-<br />

tème défectueux du réservoir<br />

envie dès lors de plus loin — pas revenir entre les roses<br />

nuages de l’aube télégraphique <strong>et</strong> le lac noir des<br />

jours d’orage — tout peut arriver — un jerrycan<br />

au bord de la route après nous laisse partielle-<br />

ment dans l’ignorance la morale bien sûre accuse<br />

de plus en plus l’Image proj<strong>et</strong>te sur l’écran difforme —<br />

on ne peut rien dire de ce paysage ménagé avec<br />

l’intention d’en r<strong>et</strong>irer la sève — l’inventer<br />

l’intégriste est au bord des larmes — ils lui lancent des<br />

pierres — renversent de leurs mains d’homme les<br />

dogmes des puissants messagers<br />

à voix haute nous lisions le livre<br />

encor longtemps avons-nous hésité à compter nos ri-<br />

chesses en de pauvres mots communs<br />

les traces qui nous auraient permis de revenir furent ef-<br />

facées par le vent la neige notre propre poussière


désormais nous vaquons comme à l’abandon dans notre<br />

œuvre<br />

nous ravageons les sons nous brouillons les visions arbi-<br />

traires qui leur correspondent & nous connaîtrons<br />

désormais notre destin par l’absence de preuve<br />

épiphanique étreinte sur des cimes spirituelles déplacées<br />

en démocratie<br />

la profanation rituelle du pouvoir dans les rues surpeu-<br />

plées des métropoles éparpillées<br />

plus que tout je voulais échanger contre sa dîme l’abon-<br />

dance nouvelle mais attentif aux chocs trauma-<br />

tiques je n’osais tourner la tête vers la façade où<br />

ma mère tenait sur son cœur ses mains liées<br />

à l’aube la moitié du chemin avait été parcourue par la<br />

lumière abandonnée dans l’éloignement intérieur<br />

toutes les nuits combattue par un ange vengeur<br />

la langue l’on parle en ce lieu<br />

victoire qui assigne à l’insomnie un terme consenti<br />

chaque jour entr<strong>et</strong>enir le feu parcourant le labyrinthe<br />

hybride de la cité lactée<br />

marche à la démesure de la tâche que je me suis jalou-<br />

sement assignée<br />

assouvi là le peuple égoïste de mes fantasmes à tête<br />

d’Ibis<br />

je repasse en esprit le cours de l’histoire qui aurait pu<br />

être celle de la salvation<br />

87


88<br />

seule l’aveugle salive de la loi nous est venue en aide<br />

il reste encor en nos existences dérisoires un abri pur<br />

d’éternelles étendues désertiques<br />

infiniment destructibles définitions un monde selon les<br />

exigences satisfaites des cinq sens du poème<br />

un dieu ici semblait décourager de vivre<br />

le soleil pourvoie à notre rencontre sur l’avenue voulue<br />

de tout son cœur<br />

oui l’image du vide est aussi proj<strong>et</strong>ée sur le visage d’en-<br />

fants qui jouent à se cacher dans la forêt imagi-<br />

naire de la foule ruée par le remords<br />

donne-moi la force fécond Esprit du lieu donne-moi la<br />

force la manière de dépasser la stérilité de l’exi-<br />

gence démocratique<br />

il faudrait donc défigurer les combinaisons simples du<br />

sens envisageant notre abandon comme un siècle<br />

de repentir<br />

par la pur<strong>et</strong>é de la vision déferler une onde dont les<br />

prémisses nous laisseraient pour signes les voiles<br />

tendues de la pagode avançant sur le lac fratricide<br />

r<strong>et</strong>our avec la corolle tremblante de fleurs indécises sou-<br />

tient notre détresse<br />

la jubilation du fleuve méditatif irrigue les jardins de<br />

la louange voilà il traverse de ses fulgurances les


cimes inhabituelles du sacrifice<br />

apprête les moissons d’indigence pour lesquelles ils sont<br />

interdits au temple<br />

89


90<br />

éolienne 3<br />

Ange donne je t’en prie de ton souffle puissant une<br />

forme au poème<br />

squel<strong>et</strong>tique passe l’astre bénissant patiemment l’offrande<br />

pensive des jours <strong>et</strong> des nuits<br />

happé par c<strong>et</strong>te nappe de brume on n’y voit pas à un<br />

mètre<br />

adieu à c<strong>et</strong>te saveur unique où une aube parfois dansait<br />

pour moi<br />

au fort de la tempête le visage d’une femme ôte des listes<br />

mémoire<br />

charnier<br />

l’étrange beauté d’un lieu sûr éconduit<br />

monologue dans la ténèbre<br />

évocation sous le ciel changeant constamment la vue<br />

répétitive d’une ville aux pieds des montagnes<br />

inhumaines <strong>et</strong> majestueuses<br />

d’abord en rêve s’agite une oriflamme au vent plus fer-<br />

mement la volonté de la lyre au soin de dessiner<br />

sur de tremblantes harpes les frises musicales <strong>et</strong><br />

en naître le trouble<br />

descendre sur l’échelle d’un peuple destiné prend la pa-<br />

role au mot des lèvres balbutient craintives <strong>et</strong><br />

scellent l’alliance<br />

les degrés sceptiques du dieu de l’exil gravis un à un<br />

solitaire se transforme le visage bâti sous l’horizon à


force de volonté <strong>et</strong> de confuse maîtrise des élé-<br />

ments<br />

des sons reçurent un sens prodigieux<br />

91


92<br />

éolienne 4<br />

Des caravanes s’immobilisaient ensevelies<br />

Progressivement sous d’anciennes tempêtes<br />

Lorsque tu ouvris les mains traversèrent les déserts<br />

nous avons bu le thé acharné au vent tard dans les genêts<br />

la pensée une langue au pied du mur<br />

le vide autour de toi dévoile sous les dalles bétonnées<br />

des égouts ruisselantes par des grilles soupirails<br />

dans un parking du centre-ville on entend l’eau couler<br />

vers la mer — affranchissement d’Orphée<br />

hors de l’harmonie linéaire trop étroite pour y vivre<br />

libres<br />

état de nuire<br />

lumière autour des choses<br />

tu accomplis sur un royaume incommensurable le geste<br />

culmine féconde en se mouvant la strate humblement<br />

accueillante des profondeurs<br />

surrection révulsée<br />

juste tri le fréquent refus des académies vertigineuses<br />

heureuse celle qui sait son chemin


<strong>et</strong> les mots déployés de celui qui après avoir longuement<br />

jeûné récolte les fruits de son labeur ascétique<br />

les mots inattendus de ceux qui côtoyèrent le non-sens<br />

resplendissent en ciselle la terre soumise répétant<br />

les mouvements parfaits qui paraissent<br />

dans les langues de l’amour<br />

lie la quête multiplier en cascade<br />

comme la fonte des neiges verse les vastes crues inexo-<br />

rablement printanières<br />

née de la destruction vers après vers c<strong>et</strong>te loi féconde du<br />

consentement à disparaître<br />

des enfants des <strong>et</strong>hnies millénaires<br />

que font-ils<br />

si je suis complice<br />

de la nuit depuis que les mots ont perdu la caution trans-<br />

cendante du sens<br />

le vide autour<br />

à l’évidence j’aurais du me taire<br />

mais la bride sur ma bouche est lâche<br />

du haut tourment le plus intense on ne revient pas in-<br />

demne<br />

le vide autour de toi<br />

appel inhabitable<br />

nous poursuivons brûlant tout derrière nous gravissons<br />

les saisons pour une marches à travers des pay-<br />

sages où les couleurs artistiquement rassemblées<br />

93


94<br />

s’effacent<br />

voici l’heure métallique<br />

les douze coups au clocher du souvenir<br />

le cadre de consensus autour des preuves exclut le rêve<br />

l’odeur de l’essence donne d’ailleurs<br />

s’il y a quelqu’un ailleurs à l’ombre de nos corps noués<br />

quand l’aube nous surprend tu t’en vas d’où je<br />

viens<br />

tu ne t’en vas pas dans le crépuscule aux tiges sèches<br />

des roseaux en porcelaine de Chine<br />

les fuseaux reculent l’échéance alors que je transpire une<br />

sueur distribuée pendant que je veillais sur ton<br />

sommeil<br />

la pire insulte dans les rues avides de la ville attise le<br />

feu du commerce sacrificiel<br />

aussi tu te r<strong>et</strong>ournes elle devienne mère myriade absente<br />

des disparus trouvent aussi une joie à écouter<br />

l’épiphanie de la lyre<br />

comme chaque jour va déchirer sa nuit<br />

dépose quotidiennement son joug aux pieds du monde<br />

envisagé en sa justice latente<br />

oui — je consens maintenant<br />

que tout ce qui soit dit efface<br />

XX e Siècle


il n’y a plus d’an de grâce<br />

les étoiles de la terre insoumise des notes infinies en<br />

harmonie conjointe<br />

autour de nous à part des réjouissances<br />

l’âme vagabonde comme un jeune faon dans la clairière<br />

si la mue l’a dépouillée tu revêts d’un habit neuf une élé-<br />

gance sereine un tailleur te l’a cousu sur mesure<br />

dans une des meilleures étoffe<br />

un hâle nomade longe du regard améthyste<br />

c<strong>et</strong> orage <strong>et</strong> ce nant participent aussi à la lente acquisi-<br />

tion d’une vue perçante<br />

dans l’allégresse rare de ton ardente lyre — que tous les<br />

jours nous en donnent accès<br />

une femme qui ne veut pas se vendre avec des bouqu<strong>et</strong>s<br />

de gouttel<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> des gerbes d’eau vive aux fon-<br />

taines; mais déjà le jour décline dans la profusion<br />

à genoux où les bêtes cherchent un gîte,<br />

mêle à celle du destin<br />

en va-<strong>et</strong>-vient la source<br />

après le vide des paroles en gemmes disposées sur un<br />

mouvant rivage (dicible soit notre séjour)<br />

95


96<br />

non sans effort des civilisations naissent<br />

l’ouïe reste une trace d’où la pensée avance


éolienne 5<br />

Zénith de notre nuit<br />

le monde encore s’écoule dans son miroir nocturne comme<br />

le néant d’un fleuve entre des terres généreuses<br />

réponse progressive vers laquelle tendent les mouvements<br />

de l’appel recevoir à donner<br />

une joie incommensurable déborde du calice<br />

trop-plein des générations successives<br />

des arbres penchent dans le vent <strong>et</strong> taisent sur un ap-<br />

pentis cubique au clair de lune<br />

une chaise appuie son dossier contre la table le métal &<br />

le bois résiste ensemble au froid de la nuit<br />

l’aurore enfin réchauffe dans le mortel silence des obj<strong>et</strong>s<br />

inertes que des cités immenses voient le jour<br />

bientôt les raisonnements véhiculés des rires<br />

si le péché contre l’esprit est certitude<br />

notre salut parle une langue peu sûr<br />

dans les couloirs les chambres des hôpitaux<br />

l’ineffable souci d’être abaissés puis relevés<br />

au zénith de notre nuit<br />

97


98<br />

éolienne 6<br />

homérique vision du crépuscule qu’enfantent les nua-<br />

geux rubis<br />

incantation des vagues mêlant en roulis l’écume aux<br />

sables noirs brillant en exil<br />

rédemption de la perte capitale<br />

indistinct privilège logique<br />

rétablissement de la défaite<br />

commune décision d’une portée infinie<br />

l’heure est telle que les titans <strong>et</strong> les cyclopes s’apprêtent<br />

à descendre des monts rougeoyants pour dévaster<br />

le méthodique balancement rabbinique nous en protège<br />

agrandissent l’obscurité meurt des ombres déchirées<br />

mes routes cascadent tes jouent brûlantes<br />

les saisons roulées<br />

ligne de feu verticale<br />

telles phrases déchevelées<br />

enthousiasme des conquérants du Verbe<br />

reçus comme des dieux<br />

débarquement sur les côtes indigènes<br />

érection de pensées rationnelles<br />

Étranger sur<br />

lèvres funambules soulignent aphones <strong>et</strong> bégayantes sur<br />

les ailes des syllabes<br />

des absents je reçois avec gratitude le baume de leur<br />

beauté négligemment rayonnante


les sens en éveil j’oublie pour un instant l’épuisement de<br />

te perdre<br />

la divine comédienne sort de scène <strong>et</strong> démaquille devant<br />

le miroir le fard bleuté de sa face<br />

une vigueur tolérable récompense la célébration de l’of-<br />

fice sans les virginaux habits d’apparat du sol<br />

jonché<br />

bientôt je ne vais plus écrire<br />

les lumières artificielles plissent leurs paupières lourdes<br />

au soleil magnifique comme les amants se trans-<br />

gressent d’échange presque religieux<br />

bientôt elles vont envahir<br />

sobrement happé par les flux technologiques<br />

n’y eut-il autre chose<br />

avant la moisson somptuée du génie grecque n’y eut-il<br />

une forme un principe irradiés hors de l’éternel<br />

repos<br />

avant que l’orient <strong>et</strong> l’occident ne prennent séparément<br />

possession de la terre<br />

dans la direction où les mythes font signes<br />

que le tragique destin est consenti<br />

au somm<strong>et</strong> nous avons les fragments épars de la récom-<br />

pense en mémoire<br />

érosion je me laisse travailler dans une autre direction<br />

l’orage<br />

claque ta langue furtive<br />

99


100<br />

vagabonde<br />

aime-la & perds-la<br />

abondance calquée sur les fruits sacrilèges — qu’ils sont<br />

agréablement goûtés<br />

avant le temple <strong>et</strong> le roi l’errance était notre sainte loi<br />

léthargique rigueur émise une plainte hors d’atteinte<br />

l’Enragé piaffe d’impatience arpentant la nef <strong>et</strong> ses vais-<br />

seaux foulés aux pieds des nomades<br />

que cinglent les alizés nous hisserons les voiles vers des<br />

mers des mannes nous mènent<br />

au matin lever le camp en esprit du Christ pérégrination<br />

quotidienne<br />

les miraculeux enfants des gitanes s’assoupissent bercés<br />

par le roulis de la caravane en file indienne<br />

gridoyent des éclats — plus serait trop<br />

l’aube commence en présage le vent de face


Stations <br />

101


station 1<br />

Aux pieds des Alpes magnétiques suivent les crêtes<br />

finement découpées des yeux rieurs<br />

étendus comme l’été la montagne déjà frémit<br />

au refuge sommital ém<strong>et</strong> à peine audible pourtant sou-<br />

veraine une lente invite à passer le seuil<br />

avec quelque audace pour écouter<br />

victorieuse face à la nuit une destinée effraye<br />

les persécutions entourent son nom ne seront épargnés<br />

aucun de ceux avec ferveur osèrent le prononcer<br />

la joie en est d’autant plus mystérieuse<br />

reconnaissant le silence sans précaution après la pre-<br />

mière station<br />

103


104<br />

station 2<br />

sur une plage révélatrice mais déserte<br />

les hauts vents pénètrent à la manière des écumes fissu-<br />

rées<br />

remplirent entièrement les savoir envoyés<br />

les traits tirés au burin des jeunes drogues<br />

désirs initiatiques ouïr<br />

tendu entre le nom <strong>et</strong> nous sur le point de tenir les<br />

promesses<br />

triomphe de la deuxième station sous la faim qui empire<br />

aurions-nous dû faire des réserves de c<strong>et</strong> adorable miel


station 3<br />

Parce que l’avenir c’est la mort<br />

l’élan d’origine extrême<br />

l’onctueuse réponse<br />

Parce que l’avenir c’est la mort<br />

croissance des constellations<br />

à l’heure matinale<br />

Parce que l’avenir c’est la mort<br />

le chant des eaux<br />

hermétiquement sauvé<br />

Parce que l’avenir c’est la mort<br />

degrés d’exil passionnel<br />

d’où les saveurs ont leur importance<br />

Parce que l’avenir c’est la mort<br />

sous la grammaire administrée<br />

manifestent des lunes <strong>et</strong> soleils<br />

105


106<br />

Parce que l’avenir c’est la mort<br />

troisième station: grise polysémie<br />

accordée au rythme imaginaire<br />

Parce que l’avenir c’est la mort


station 4<br />

tu as dressé la tente dans le souci de celui qui vient<br />

instaurant un passage pour les effusions délicieuses<br />

tu as mis dans les tables la soif <strong>et</strong> le vin<br />

pour nous protéger des idoles vicieuses<br />

tu as dressé la tente dans le souci de celui qui vient<br />

dans le désert où notre esprit s’est ouvert<br />

aux mannes des miels parmi la rocaille<br />

aux oasis insolentes sous des arbres verts<br />

qui pourvurent une nuit à notre bercail<br />

dans le désert où notre esprit s’est ouvert<br />

initiant la fidélité à travers l’épreuve<br />

à la quatrième station notre perte est consommée<br />

pourtant elle irrigue comme coulent les fleuves<br />

quand notre tour est venu nous pouvons la nommer<br />

initiant la fidélité à travers l’épreuve<br />

107


108<br />

station 5<br />

Claires apogées des pensées endurantes<br />

nous rapprochant en deçà des écumes amassées<br />

sur les rives digitales à l’aube intouchable rendues<br />

transparentes au large tanguent les yoles en losange<br />

les convois d’ombres essoufflées sont dissous<br />

parmi les effrois transis de station en station<br />

à la cinquième le chantre de la guerre<br />

perdue à l’origine de l’épopée la mesure<br />

de toutes leurs vagues mais en vain<br />

les marées effleureraient la tache du sang<br />

aux nécessaires sacrifices injustement versé


station 6<br />

Joie prémonitoire je te croise par mégarde<br />

dans les allées buissonnières parsemées d’électrodes fa-<br />

milières<br />

elles t’ont vues brandir l’étendard pavillon en offrande<br />

un vent troué soutenait ta chevauchée au gré des tem-<br />

pêtes où le mat des navires se brise non loin de<br />

là apprends-tu en t’éloignant<br />

l’air s’est empli des éclats de lueurs boréales une odeur<br />

de poudre assourdissantes les explosions célébrant<br />

la nation<br />

est-il besoin de déflagrations telles pour vaincre l’ennui<br />

des climats où tu t’es réfugiée<br />

les trésors de ta cargaison s’échouent sur des rivages qui<br />

ne savent que faire en oubli des cales aux écumes<br />

des vagues ouvertes<br />

nulle réception pour la figure accidentelle submergée<br />

d’une antique honte portée à nos confins par une<br />

ascendance royale<br />

que désormais mon chant témoigne<br />

j’étais là quand les raisonneurs l’outragèrent elle écou-<br />

tait les notes ailées en fredonnait presque<br />

à la sixième station<br />

visitation d’outre-mer<br />

ne perçoit-on l’or conjuré sous de misérables apparences<br />

109


110<br />

le panorama scellé dans son écrin r<strong>et</strong>ient son évidence<br />

radieuse<br />

traque aux agu<strong>et</strong>s des magnolias<br />

désœuvrés d’abord une telle beauté en partage reçue<br />

indistincte


station 7<br />

Effleure-moi de ton aile limpide<br />

à l’orée du jour mélancolie du cor<br />

je m’étonne des lueurs de l’aube<br />

qui me sont réservées<br />

un baume à l’abandon libère<br />

les refl<strong>et</strong>s épars de Galaad<br />

nous prom<strong>et</strong>tent le feu en r<strong>et</strong>our<br />

près de Gstaad où les Alpes<br />

le destin chante autour<br />

de la nuit descend les cimes<br />

les clous dressent infranchissables<br />

la marche à découvert sous la menace<br />

tu arpentes les montées du calvaire<br />

sur la route barrée de la fuite<br />

entre les barbelés <strong>et</strong> les cailloux<br />

de la compassion — à qui le tour?<br />

au prochain déferlement —<br />

souvenir recouvre d’intime cendre<br />

l’échelle impétueuse dans l’haineux élan<br />

111


112<br />

de quelques uns empruntant l’injonction<br />

rien au-delà — tout au cœur de ta station<br />

le chérissement de la langue<br />

porteuse de magnificences <strong>et</strong> de désastres<br />

de la vue de l’aveuglement<br />

la langue dans son chérissement saisonnier<br />

le droit de ne rien en faire<br />

mais quelle vie<br />

r<strong>et</strong>enu dans son offrande<br />

le gisement ne s’épuise au cours du don<br />

le vers tendu à la mesure<br />

des premières visions hébraïques<br />

regardant entremêler en lambeaux<br />

d’après l’épouvantable déportation<br />

l’orchestre méthodiquement du siècle infini<br />

avec l’interdiction d’écrire<br />

la profusion moins à perte de vue<br />

aux vocables nouveaux des idiomes meurtris<br />

der Lager<br />

gulag<br />

montées des fumées mensongères


arborant les symboles de l’opprobre<br />

au détour de la plénitude de la nuit<br />

l’infamie décharnée des terres stérilisées<br />

sur le champ désenchanté la science expérimente<br />

l’offrande du lien entre les choses<br />

éprouvée à la septième innommée<br />

maintenue dans l’effroi<br />

dont la joie en r<strong>et</strong>our ne suffirait pas<br />

sans aussi en dialogue s’instaure presque<br />

requise par la distance éthique<br />

des profondeurs derrière le tendre<br />

réquisitoire que l’Art<br />

parfois nous lance<br />

113


114<br />

station 8<br />

Entre deux purges<br />

nous vivons<br />

<strong>et</strong> ne le leur devons pas<br />

ni les décr<strong>et</strong>s qui nous condamnent<br />

ni les rafles autoritaires<br />

nous vivons<br />

nous vivons<br />

même mal<br />

nous vivons<br />

dans la transgression<br />

de la langue officielle<br />

nous vivons<br />

nous nous sommes tus<br />

en dissidence


nous vivons<br />

sous d’autres lois<br />

à la huitième station encor<br />

nous vivons<br />

nous vivons<br />

<strong>et</strong> continuerons<br />

dissimulés<br />

nous vivons<br />

insolemment vivants<br />

entre deux purges<br />

115


116<br />

station 9<br />

Infiniment plus de formes donnent accès en dialogue<br />

dont la langue est venue<br />

au cours immobile de la neuvième station<br />

imperceptiblement printanier vocable dont l’accueil mé-<br />

nage les antiques mains ouvrières dans le gel sou-<br />

tenu des buées<br />

les champs sous la neige persistante d’Athenaz étendus<br />

cristallins aveuglant du ciel miré au-dessus<br />

la trace grave des mottes immobilisées fugue figée à l’air<br />

libre n’échappant aux ondes inflexibles d’artifi-<br />

ciels soleils<br />

reproduits épuisant Orphée atome par atome dans les<br />

savoirs sous-terrains en fusion<br />

il y a plus de vie paraissant étinceler fragment de la<br />

braise tardive au lieu de ployer enfin<br />

il y a plus haute vie endurant venir l’éclaircie suit l’orage<br />

ondée en fin d’après-midi<br />

des anciennes choses les fontaines <strong>et</strong> leur auvent re-<br />

tiennent doit leur rester envers garde mémoire<br />

infiniment de formes ne viendront pas naître vaincues se<br />

relèvent d’entre les mots infimes


station 10<br />

Tu enjoins maintenant aux parfums décimés de sus-<br />

pendre dans leur fidèle sillage<br />

je me voyais déjà vêtu d’habits fauves que demeurât<br />

visible la césure<br />

l’ocre citadelle en fête au lieu de la dixième station<br />

inconsumé dans les flammes de la promesse<br />

parcimonie avec laquelle l’hommage délimite ton rang<br />

nous prîmes acte dans le doute en héritage<br />

sous les parvis millénaires parvenus à une précise cohé-<br />

rence<br />

d’en faire l’écho logique vibrant au diapason imprévi-<br />

sible<br />

sur le sol sans mépris ta décision est prise<br />

ailleurs il y a un repos probable mais c’est ici<br />

un noir éclat consenti de loin au feu<br />

les sédiments toutefois visitent en r<strong>et</strong>our<br />

117


118<br />

station 11<br />

Tu égrènes sur le chemin de p<strong>et</strong>its obj<strong>et</strong>s théolo-<br />

giques<br />

si un mince épiderme à flanc de côteaux les recouvre de<br />

silence<br />

dans la joie des noms vinrent<br />

l’amoureuse pente de la onzième station<br />

la poussière pétrifiée sur les flancs de l’ascension<br />

des savoureuses lames promises sous le foudoyant ca-<br />

lame<br />

délicatement esquissées vidéo deviennent jusqu’au bribes<br />

maintenir les plus calmes<br />

de la verdure des blés qu’ondoyent maintenant sous la<br />

maîtrise fondamentale<br />

le tronc épousé d’airs au gré des envols partagés<br />

rassemblée une telle effervescence la haute stature <strong>et</strong><br />

l’anciennenté sacerdotale <strong>et</strong> les martyrs silencieux<br />

de l’ordonnance au verbe familier<br />

latitude disséminée parcimonieusement aux alizés fan-<br />

tasques <strong>et</strong> sur les ailes capricieuses sculptent l’écume<br />

magnifiée des lagunes<br />

les palmes lentement comme lancent les échos les tra-<br />

versent<br />

d’autres écartées sans cruauté en partagent l’astre pa-<br />

tient


station 12<br />

Douzième station abîme sous tension après nos liai-<br />

sons au bord du gouffre<br />

Persévérant dans les conjonctures mauvaises en rappel<br />

La gare routière n’y était pas érigée sur la plaine derrière<br />

le fleuve sans doute confinée jusqu’aux champs<br />

Württemberg des vérandas tardives<br />

Il s’est passé entre les rives du Neckar sur l’île devant la<br />

chambre entourée de lumière<br />

Tu as tendu une échelle par la fenêtre sur les pavés<br />

luisants des ruelles aux rires r<strong>et</strong>entis arpenter la<br />

scène s’efforce de reproduire<br />

Le monde déroulé en offrande pour le renom luise im-<br />

perceptiblement à présent aux choses familières<br />

Tandis qu’une bougie consume sa cire à la lueur de la<br />

rose de Celan poursuivie au cœur du brasier<br />

Des animaux mystiques apparaître en regard dans le ciel<br />

sombre des naissances sans réponse<br />

Alignés hors des frêles coquilles de la filiation<br />

Jusqu’aux portraits cubistes en abstraite procession du<br />

règne des éclats verbaux transportés en venir aux<br />

réserves émotives<br />

Des millésimes durent en éclairer la nuit l’abri somp-<br />

tueux feront date après l’extinction des feux<br />

119


120<br />

station 13<br />

Des éclairs annonciateurs en proie aux pleurs<br />

<strong>et</strong> aux rires parvenus entre parenthèses<br />

à la treizième station migrent ailleurs<br />

précieux éléments immolés à la braise<br />

des éclairs annonciateurs en proie aux pleurs<br />

mais que reste-t-il vers nous élancer ainsi<br />

éperdument dans les aveux le souvenir<br />

tremblantes lèvres des graves pavots noircies<br />

vertueuses en vous détournant de venir<br />

mais que reste-t-il vers nous élancer ainsi<br />

où l’abstrait enclin au sens ton regard dispose<br />

l’étendre épitre respiré pendant des pages<br />

aux saveurs orientales mêle tu oses<br />

incises au verger tes fleur tenir otage<br />

où l’abstrait enclin au sens ton regard dispose


station 14<br />

à bout portant quatorzième station scelle le passage<br />

le lin de tes reins sur les terrasses r<strong>et</strong>enues de la passion<br />

le vin en mie de verre de la profanation devant tes yeux<br />

les myriades paill<strong>et</strong>tes d’or ne me résignent pas<br />

à l’évidence te boire à la lisière paupière inquiète<br />

de lumière<br />

l’attente puisse ta saveur gestuelle <strong>et</strong> dans les laines pa-<br />

tientes se reproduire<br />

après de la lueur coïncidence intérieure assemble les élé-<br />

ments nécessaires à son instauration<br />

de la médiane tendre vers l’azur ouvert aux lointaines<br />

affluences<br />

mes doigts d’encre vont tresser avec l’eau amniotique<br />

hors du désespoir une hymne tu reviens étendre<br />

les degrés journaliers gravis dans l’ardeur à l’ombre in-<br />

changée<br />

la mosaïque ensemble déchiffrable les confidences<br />

à l’année sommeille déjà augure les plénitudes musicales<br />

évangélique versification dispose avec des mots com-<br />

muns l’homélie<br />

le haillon dépose sur le canal couronne oppressée sépa-<br />

rément debout jusqu’aux salines instinctives du<br />

jour <strong>et</strong> de la nuit<br />

ici le mouvement prolongé dans le silence d’airain en<br />

121


122<br />

multiple partage<br />

sur la monture dévalée du firmament côtoient les pen-<br />

sées affermies des muses te descendant


Bouqu<strong>et</strong> initial <br />

123


Bouqu<strong>et</strong> initial<br />

Où l’orée de nous saillir<br />

interstices secouées à rire<br />

la rouille autour des nouvelles ruines<br />

les fondations fissurées r<strong>et</strong>iennent<br />

descendant des nécessaires origines grecques<br />

établissent les comptoirs binaires<br />

parsemés d’aléatoires appétits<br />

auxquels aveuglément s’en rem<strong>et</strong><br />

l’investir ascendance à venir<br />

que la terre attende<br />

flamboyant d’épeautre sous l’ondée<br />

les racines des érables automnaux dévastés<br />

les charniers capitaux en bâtir insensés<br />

attiser l’inquiétude des confins exclusifs<br />

au-devant des prémices contractées<br />

sous l’inexorable divinité logique<br />

attiré l’éteindre voulu<br />

l’éloignement émis à la télévision<br />

en cellule s’intoxique tendrement<br />

l’espacement maintenant sans entrave<br />

entre nous dans les yeux<br />

fructifier l’ombre éclaircissante<br />

se lève d’avant nos lèvres<br />

125


126<br />

prises dans le marbre glacial<br />

des cyclades soumises se défait l’érosion<br />

de la raison garde la nuit<br />

à l’aveugle géométrie du visage<br />

des œuvres démesurées s’épuisent<br />

leur dispersion aux tremblements<br />

<strong>et</strong> à l’inverse en-dessous de ceux<br />

le sable en vitrail de souffle<br />

l’huile printanière en rémission<br />

pour l’humilité du r<strong>et</strong>our<br />

dans l’ivresse froide de l’hiver<br />

des bouqu<strong>et</strong>s oubliés sont destinés<br />

nous concilier par inadvertance<br />

l’autre lumière à rebours<br />

sa dérive élire enfin domicile<br />

où se dit l’été antécédent<br />

encor auquel se r<strong>et</strong>ient la flamme<br />

chaleureusement l’étrangère hospitalité<br />

déprise aux sources de l’abandon tolère<br />

renvoyer à la fin du destin<br />

transm<strong>et</strong>tre par le r<strong>et</strong>ard aguerri<br />

naissant tout éclat de lumière<br />

faisceau le soutient dans l’air vif


L’occulte<br />

Foyer bouillir incandescent<br />

contre l’aube en silencieux labour<br />

au milieu du dénombrement intérieur<br />

assigne chaque invocation à son nombre<br />

le vide opératoire élabore machinalement<br />

à part la confuse maîtrise des éléments<br />

en laboratoires avec exactitude reproduites<br />

sous le faisceau des loupes aveugles<br />

l’amoureux effacement avoisinant<br />

mémoire graduelle de l’ombre<br />

échue au ban des bouqu<strong>et</strong>s<br />

d’Oc aux fleurs fanées<br />

reconquérir depuis le grain<br />

métaphorique de la foi<br />

vaincre le germe soucieux<br />

de la promesse déploye les écumes<br />

aux lames volontiers fulgurantes<br />

privées de leur inconsciente source<br />

sous le vent sans effort les emporte<br />

où elles règnent au loin<br />

rejaillit à l’abandon<br />

se souvenant de l’éloignement<br />

traduit dans l’idiome de la terre<br />

la tribu persévérée en remerciement<br />

127


128<br />

accomplir des prolongations messianiques<br />

jusqu’aux métropoles numériques<br />

la rejouent d’outre-mer pour une fête<br />

sixtine des corps l’attente planétaire<br />

sur place à défaut d’être<br />

bande intimée de suffocation<br />

selon guider le calice<br />

l’évidence arrête parfois au début<br />

cligner sur le seuil décisif<br />

tombe spectrale le long du mur<br />

auprès d’aides infranchissables<br />

dès les premières neiges<br />

miséricordieuse psalmodie<br />

ressuscitée au bout de la langue<br />

depuis la renverse


Crucifix<br />

I<br />

Quelque médusé r<strong>et</strong>our des îles<br />

noires sur la côte fondent les lames<br />

oubli des incrustations dévalent lui<br />

sans toi gravant à quai la pierre<br />

la terre ocre d’universelle douleur<br />

entre les anses artistiquement frêles<br />

imaginaire à l’ombre sculpte<br />

la myrrhe étroite <strong>et</strong> décidée<br />

vue avancée la laissant<br />

à l’arrêt<br />

des vertues anticipées<br />

accueillir la passant écriture<br />

proclame l’ici dans les chaînes<br />

en raviver l’image scellée<br />

fragile dépôt de l’encre<br />

à la surface mouvementée<br />

donne maintenant sans compter<br />

II<br />

en aller aux pavés de pluie<br />

les marches graves du parvis mental<br />

129


130<br />

aux patines accrues des regr<strong>et</strong>s<br />

opprobre connu<br />

j’évite les lieux d’entraves<br />

nouvelles ruines sortir<br />

entre les persévérantes rues<br />

lui voueront en pèlerinage marginal<br />

sommation dispendieuse être à temps<br />

splendides arpents du promontoire<br />

le long roulis des vagues encor odyssées<br />

r<strong>et</strong>enues dans l’amorce du r<strong>et</strong>our<br />

les sédiments amoncellent à terre<br />

d’où sont prélevées des eaux nuptiales<br />

au devant des choses<br />

III<br />

angles <strong>et</strong> visages cohabitent<br />

résistent à l’emportement éclore<br />

lumières vitales ouvertes en offrande<br />

le jour donne leur nom<br />

devant les yeux des aveugles<br />

dire les cœurs devenus faméliques<br />

leur dire l’or dire l’or dire<br />

au firmament du feu étendu<br />

à têtes perdues les tempêtes calmes<br />

dans les algues des soupirs tu résous


aux cycles hassidiques consens-tu<br />

surpris en nativité foulée enfin<br />

le pays semble amnistié<br />

perpétuelle vue reconstruite<br />

si nous étions ensemble<br />

continuerions-nous les rivages du cœur<br />

ils mentent pour l’image combler<br />

que l’absence rende parfaite<br />

apparition insuffisante en lecture<br />

texture aux ailes noires l’espace béant<br />

dans le secours immanent recevoir un envoi —<br />

éperdument des mots nomment<br />

l’amoureux égard d’avoir lieu<br />

IV<br />

à tire d’aile nous savourions<br />

les breuvages statufiés des idylles<br />

en présents encor l’aube dentelée<br />

aux pieds des olympes perpétuent<br />

dans le marbre monumental des visages disparus<br />

irruption venteuse accueille le don d’absence<br />

renversée des étoiles dans du ciel<br />

la tentative ascétique pieusement<br />

le long bleu filant associe la bute<br />

sans trêve défaite en somme<br />

131


132<br />

porter semence en nous<br />

ouvrant de nouvelles l<strong>et</strong>tres<br />

grappes traversières du sens<br />

V<br />

louable r<strong>et</strong>enue envers la maison<br />

mémoire de son obole révolutionnaire<br />

la ceinture géographique imaginée<br />

les branches d’un noyer ombragent<br />

au bord des voies de circulation<br />

la ville sainte autour<br />

l’énergique chantier de la concorde<br />

des hélicoptères survolent<br />

les fleuves unis du delta<br />

quel accueil craintif leur est fait<br />

convoyés à l’embouchure de la fortune<br />

sur les radeaux utopiques des déserts<br />

à travers les ports de l’exil<br />

du sable dans les poches<br />

debout sous le chêne enraciné<br />

honte bleue de l’ombre portée<br />

outrage blond des épiphanies<br />

rages à court des purges<br />

sortie rare


l’exhorte<br />

d’ailleurs<br />

de hors soi<br />

échange respirable<br />

du souffle comme l’éther<br />

je ne sais pas mieux<br />

voir laide <strong>et</strong> digne<br />

assise dans le tram avec lassitude<br />

elle reconnait les paroles la muent<br />

elle y a resplendissante<br />

signe de bienvenue<br />

inscrire perspectives<br />

nouvelles ouvrières du feu<br />

VI<br />

lumineux oiseau semble étend<br />

dans le souffle parcouru sans parole<br />

des éléments sereins: en sursis<br />

à foison matricie découverte<br />

la terre racine prend son envol<br />

des gouttes de la pluie dans le sol<br />

bâtissable des cités nourricières<br />

l’aumône de la discorde<br />

recouvre l’escorte miraculeuse<br />

après coup<br />

133


134<br />

quelques poursuites possibles<br />

dépassant la contrainte mimétique<br />

à la merci des sacrilèges descend<br />

amène illumine funambule ignition<br />

corde du soir à table dressée<br />

des images désuètes restent<br />

nous ne voulions plus parler<br />

vautrés dans l’attente<br />

quand le silence autour:<br />

une langue a ses jachères<br />

VII<br />

tirer bribe par brique<br />

vengeance écrite cependant<br />

pour l’acharnement du siècle<br />

des siècles effacés<br />

pales étirées au vent<br />

entre des crocs sans cruauté<br />

en proie des histoires vraies<br />

généreusement accordées —<br />

contre l’indicible<br />

devoir de mémoire —<br />

la rébellion fomentée<br />

entre les rangs<br />

mis en garde


c’est l’autarcie<br />

commune dispersée<br />

sous la foudre n’éclaire pas<br />

r<strong>et</strong>ire ce qu’elle nomme<br />

ce que tu fais<br />

en insurrection logique<br />

l’apostrophe incarnat<br />

qui n’est pas<br />

notre dieu servant<br />

dans dévotion nocturne<br />

d’ici c’est l’irruption<br />

un corbeau assorti du brouillard<br />

l’incompréhension devient événement<br />

l’humide inhumain dissipé<br />

les coups de la police d’état<br />

sous les souffles revenus de la raison<br />

des corps suspendus en mourir<br />

135


136<br />

Exister déchirant des essaims tropicaux<br />

les babioles exotiques soudées en l’état<br />

pour rien d’autre<br />

mais de pitié<br />

délavé me voir<br />

sur le seuil infini de la perte<br />

relever vivant<br />

débutant tout apprendre<br />

excédé des voies cendrées<br />

m’aller sur les grèves océanes<br />

au large bord des aubes festives<br />

à l’écart leurs lames affermies déversent<br />

nous dans la pudeur distante des mots<br />

le chant préserve ainsi son innocente joie<br />

sa différence souverainement rendue au refus<br />

l’attente argentique de nos révélations<br />

réseau de liens tendus invisibles entre nous<br />

déluge écrire mieux pressoir encor<br />

les enfants au malgré la tempête endormis<br />

autour des rires démentent les fuseaux<br />

selon l’or fugace apercevoir au loin<br />

<strong>et</strong> puis lentement d’eau recouvre-le<br />

le sarment de tourbe fraternelle<br />

qu’elle lui exhume dans le givre


dehors s’il neige d’épais cristaux<br />

la noire aura épouse de la nuit<br />

l’ahurissante défaite saisie de peurs<br />

après bien des tempêtes tenues debout<br />

sur les syllabes on balbutie d’outrages<br />

sur le silence à découvert éclore<br />

arrière brûlure du sel des regards<br />

sur l’infime avance du r<strong>et</strong>our<br />

garde au comble réciproque attendre<br />

du gris respectueux la fin de l’hiver<br />

des fragments maints amants ont souffert<br />

la nécessité du raisonnement logique<br />

mais l’inépuisable ressource donne les religions<br />

contient le vaillant assaut arbitraire la beauté<br />

choisie parmi les mots tributaires<br />

de la crainte d’être les disant aussi<br />

on trouve l’art dispose à sa guise<br />

le témoignage dévolu sans acquiescer<br />

recevoir avancée couverte du décompte<br />

partie demander sur la terre<br />

quand approche le midi de son cours<br />

comment le déborder peut un fleuve<br />

137


138<br />

. . .<br />

les arpents méconnaissables nous renverront<br />

ainsi disséminés au déracinement<br />

du sol chassés en r<strong>et</strong>our du rêve<br />

détour aguerri d’enfances meurtries<br />

plaie découverte en prélude millénaire<br />

laissant une place illumine succinctement les façades<br />

onduler le matin des boucles révolues<br />

alors que les armées encerclent<br />

l’aura noire des absentes passe<br />

sur les vaillants des messagers délivrant<br />

le courroux des électriques lyres<br />

donne leur courage en éruption<br />

du combat imminent aux fracas<br />

des armes qui vous foudroient<br />

le sang vaincu en sacrifice versé<br />

des blessures préserver le sanctuaire<br />

sous le ciel d’approbation s’accomplissent<br />

d’une entente entre nous la matière établir<br />

à l’encontre du fatidique essor<br />

des incantations démesurées au néant<br />

exténué nous enquérir<br />

de son site règne en résistance<br />

prise sur le vif de la louange


les aboiements caniculaires r<strong>et</strong>entissent<br />

les violents héros du massacre attendu<br />

de nous avoir isolés aux sépulcres redoutés<br />

malgré du vent la jeune furie étendue<br />

promesse jamais tenue de lui être dévoué<br />

dans l’eau des falaises de la mer<br />

portée aux nues indécises<br />

en r<strong>et</strong>our la saison infinie<br />

de son périlleux parcours revenue sauve<br />

ouvre tout sous les pas conquérants<br />

jusqu’en ses tréfonds laisse à sa mesure<br />

extraire l’énergie aux dimensions fossiles<br />

dans ses entrailles des instruments colossaux<br />

contraindre en des langues déterminées<br />

139


140<br />

En surrection inconsidérée<br />

seule atteindre la soif<br />

r<strong>et</strong>ardée entre la cloison<br />

lueur tendre la détenue<br />

proximité des résilles entrebâillées<br />

en aide prévenir ainsi<br />

reconnaissant impériale l’écaille<br />

de la lyre verbale jouer<br />

un air sur les déserts<br />

c’est au labeur la poésie<br />

aimer en durée<br />

affranchie à la source<br />

lui est resté fidèle<br />

au sabbatique repos<br />

malgré l’appel des sirènes<br />

leurs instruments éprouvés<br />

les entraves de leur tourment<br />

de quoi nous libère<br />

à la grâce parfois<br />

l’offense portée avec patience<br />

tous les jours inquiète<br />

sur la terre ferme<br />

par le haut bannissement


en tête la relève<br />

sous les ablutions rituelles<br />

d’une eau sémitique l’éclosion<br />

de la lave pubère<br />

l’éblouissement soit préservé<br />

généreux ici polysémique<br />

reprendre son souffle<br />

précédent l’immersion<br />

lecture des vers élus<br />

les plus détenir<br />

en sommation débordante<br />

si le soir du mont Sion<br />

l’écorce de liège entoure<br />

à l’écart des allées olfactives<br />

s’ensuivent derrière les haies<br />

un simple ruisseau déborde<br />

aussi des rives en crues<br />

un vœu reçu en gratitude<br />

de l’apprentissage affectif<br />

avec précision l’augure<br />

sa faveur accorde aux corps<br />

à la magnifique silhou<strong>et</strong>te<br />

du pain sur la table<br />

une corbeille de fruits<br />

141


142<br />

des fleurs dans un vase<br />

offertes en réconciliation<br />

aussi au refus<br />

de l’image les mots<br />

pour l’instant phénoménologique<br />

les statues fige dans le sel<br />

orphelin fil prodigieux d’hier<br />

noué au désolant mutisme<br />

de la gravité enfantine conserve<br />

en dépôt la liberté non virtuelle<br />

exclu du contrat logique<br />

volontairement irrécupérable<br />

l’art devient possible<br />

des lèvres il revendique<br />

pour la science des miracles<br />

l’étrang<strong>et</strong>é du couchant venir<br />

donner au néant la main<br />

dans le vide recommence<br />

le fruit de l’amandier<br />

la beauté rend hommage


Oiseaux immenses de consolation<br />

volcaniques envols incandescents<br />

pays du r<strong>et</strong>our lave fraternelle<br />

en une infime r<strong>et</strong>enue conteste<br />

transperce de discours puis disent<br />

froidement enveloppés de langue française<br />

la parole étrangère en échange écrit<br />

sur mon cahier aux taches irrémédiables<br />

de lumières hennies <strong>et</strong> de café noir<br />

dépasse des regards en nous<br />

demandés leur vainement correspondre<br />

des oublis reproduisent en réserve<br />

éblouis en pleine nuit dessous<br />

les colonnes traversent en majesté<br />

viennent d’entre les mots communs<br />

dans la lumières nous leur accordons<br />

au travail des somm<strong>et</strong>s sans repos<br />

hors du paysage suspendent le bruit<br />

à l’heure enfante où la relève<br />

la nuit des germes en cristaux<br />

y déposent les épis confiants<br />

comme leurs grains tombent au vent<br />

l’accomplir des ablutions salvatrices<br />

des rites puissants le soir<br />

143


144<br />

ouvre épure une voie rendue<br />

sur la semence d’Abraham<br />

sorte devant les siens<br />

me perm<strong>et</strong>te sous les cieux<br />

baissant la croix du seigneur<br />

libre géométrie messianique<br />

pendant l’effacement des erreurs<br />

la végétation irisée à mesure<br />

enroulée au soin des générations<br />

en signe plus haut la sève attire<br />

louange au roi du désert<br />

de ses rayons daigne le miel à sa merci<br />

revêtir saisie des aveuglantes promesses<br />

maintenant faire devant elles silence


Table des matières<br />

Épigraphe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3<br />

Études de mouvement 7<br />

Mines <strong>et</strong> salines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7<br />

Eau du soir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

Aussi sans destination . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

Delphes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

Heures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13<br />

Emportements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14<br />

L’icône . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

Les beaux atours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />

Nuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17<br />

Pi<strong>et</strong>à . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18<br />

Gnose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20<br />

La plage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21<br />

<br />

Équinoxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />

Calchas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23<br />

Ritournelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

La ronde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

L’écrin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26<br />

145


Étrangère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

Patte blanche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28<br />

Hampi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

Bras le corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

<br />

À l’agonie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31<br />

Jusqu’à mon r<strong>et</strong>our 35<br />

146<br />

Commune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35<br />

<br />

À perte de vue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />

Rien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40<br />

Fresque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41<br />

Plainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43<br />

Les cendres immémoriales . . . . . . . . . . . . . . . . 44<br />

Cubisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

<br />

Éventail de nuits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46<br />

Victoria . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47<br />

Délirant soleil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48<br />

Festival . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49<br />

Lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50<br />

Se promener . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52<br />

Notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

<br />

Éparpillement des routes . . . . . . . . . . . . . . . . 54<br />

Les lucioles volent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55<br />

Présage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56<br />

Les parois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57<br />

Flamme! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58


Alchimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59<br />

Contours répétitifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60<br />

Cortège de la Toussaints . . . . . . . . . . . . . . . . . 61<br />

Théâtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62<br />

Carême du rêve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

Pénitence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69<br />

Avancée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70<br />

Au rendez-vous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />

<br />

Étymologie des mots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72<br />

Le jour s’achève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73<br />

De travers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74<br />

Au rencard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

Éoliennes 79<br />

éolienne 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79<br />

éolienne 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83<br />

éolienne 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90<br />

éolienne 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92<br />

éolienne 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />

éolienne 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98<br />

Stations 103<br />

station 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103<br />

station 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

station 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105<br />

station 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107<br />

147


station 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108<br />

station 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109<br />

station 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />

station 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114<br />

station 9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

station 10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117<br />

station 11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118<br />

station 12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119<br />

station 13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120<br />

station 14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121<br />

Bouqu<strong>et</strong> initial 125<br />

Bouqu<strong>et</strong> initial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125<br />

L’occulte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127<br />

Crucifix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129<br />

Exister déchirant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138<br />

En surrection inconsidérée . . . . . . . . . . . . . . . . 140<br />

Oiseaux immenses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143<br />

Table des matières 145<br />

148


Composition typographique L ATEX en helv<strong>et</strong> 14pt<br />

c○ 2008 Baptiste<br />

Ossipow Éditeur<br />

c○ Baptiste Ossipow<br />

Éditeur 2008<br />

149

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