29.03.2013 Views

Musée des beaux-arts de Bordeaux : La peinture d Histoire

Musée des beaux-arts de Bordeaux : La peinture d Histoire

Musée des beaux-arts de Bordeaux : La peinture d Histoire

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

DOCUMENT POUR LE SECONDAIRE<br />

LA PEINTURE D’HISTOIRE DANS LES ŒUVRES<br />

DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS<br />

Les évènements historiques<br />

TITIEN (1488-1576)<br />

Tarquin et Lucrèce ou le viol <strong>de</strong> Lucrèce, 1570.<br />

Le <strong><strong>de</strong>s</strong>tin tragique <strong>de</strong> Lucrèce est un sujet <strong>de</strong><br />

méditation pour les humanistes du XVI e siècle,<br />

d’après toi pourquoi ?<br />

Titien a choisi <strong>de</strong> peindre cette scène car elle lui<br />

permettait <strong>de</strong> traiter plusieurs oppositions dans<br />

un même tableau. Quelles sont-elles ?<br />

Les gestes <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages sont ici très<br />

importants, que permettent-ils d’insuffler à la<br />

composition du tableau ?<br />

Observe le costume <strong>de</strong> Tarquin, est-il représenté<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> vêtements <strong>de</strong> la Rome antique ?<br />

Pourquoi Titien a-t-il fait cet anachronisme ?<br />

Le sujet : Lucrèce est l’héroïne d’un épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’histoire romaine rapporté par Tite-Live, Ovi<strong>de</strong> et<br />

Boccace. Elle épouse Tarquin Collatin, parent du<br />

<strong>de</strong>rnier roi légendaire <strong>de</strong> Rome, Tarquin le<br />

Superbe (524-510 av. J.- C.). En 509 le fils <strong>de</strong> ce<br />

<strong>de</strong>rnier, Tarquin Sextus, amoureux fou <strong>de</strong><br />

Lucrèce, la viole dans sa chambre. Lucrèce<br />

avoue son déshonneur à son mari puis se<br />

poignar<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant lui. Le frère <strong>de</strong> Lucrèce, Lucius<br />

Junius Brutus, soutenu par Tarquin Collatin,<br />

exécute le criminel, renverse la monarchie et<br />

établit la république. C'est donc à la suite du viol<br />

<strong>de</strong> Lucrèce que Rome serait passée <strong>de</strong> la<br />

monarchie à la République, en 509 av. J.-C.,<br />

comme le signalent <strong>de</strong> nombreux auteurs<br />

antiques. Cependant, ce récit tient plus <strong>de</strong> la<br />

légen<strong>de</strong> que <strong>de</strong> l’<strong>Histoire</strong>.<br />

<strong>La</strong> jeune femme incarne non seulement l'idéal <strong>de</strong><br />

vertu conjugale, mais le triomphe <strong>de</strong> la beauté<br />

sur l'arbitraire.<br />

Le choix <strong>de</strong> cette scène lui permet d’opposer à<br />

l’abjection <strong>de</strong> Tarquin, la pureté bafouée <strong>de</strong><br />

Lucrèce ; à la figure vêtue, le nu et à l’ombre, la<br />

lumière.<br />

Le geste d'épouvante qui rejette Lucrèce sur son<br />

lit imprime à la composition un mouvement <strong>de</strong><br />

bascule vers le fond à droite et, à la scène, une<br />

allure théâtrale qu’affectionne particulièrement<br />

Titien.<br />

Titien a choisi <strong>de</strong> représenter Tarquin dans un<br />

costume à la Turque. Ce détail permet <strong>de</strong> donner<br />

une atmosphère orientalisante à la scène.<br />

1


Les peintres préfèrent évoquer le suici<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lucrèce, nœud <strong>de</strong> la tragédie. Titien lui-même peint cet<br />

épiso<strong>de</strong> dans le tableau d'Hampton Court (vers 1520-1524) ; mais son goût pour les effets<br />

dramatiques <strong>de</strong> la vertu outragée, pour le nu féminin, et pour la confrontation psychologique entre<br />

<strong>de</strong>ux figures, aboutit aux trois versions <strong>de</strong> Tarquin et Lucrèce (Bor<strong>de</strong>aux, Vienne et Cambridge) où le<br />

maître, à la fin <strong>de</strong> sa vie, vers 1571, ose décrire l'instant du viol plutôt que ses conséquences.<br />

<strong>La</strong> carrière exemplaire et européenne <strong>de</strong> Titien, qui reçoit <strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> Venise, Mantoue,<br />

Bologne, Rome, Vienne, Madrid..., est marquée par une recherche toujours plus audacieuse <strong>de</strong><br />

l'intensité dramatique, grâce à l'exaltation <strong><strong>de</strong>s</strong> tons, les effets <strong>de</strong> perspective et, comme ici,<br />

l'expression <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvements.<br />

VAN LOO (1684-1745)<br />

Auguste se fait prêter serment <strong>de</strong> fidélité par les princes barbares qui lui offrent leurs femmes en otage,<br />

XVIII e siècle.<br />

Le sujet : <strong>La</strong> toile monumentale illustre un passage <strong>de</strong> Suétone (Vie <strong><strong>de</strong>s</strong> Douze Césars, chap.XXI).<br />

Avec une politique mesurée <strong>de</strong> conquêtes territoriales, l’empereur obligeait les princes barbares à<br />

lui jurer fidélité et à lui confier leurs épouses comme otages. Malgré les révoltes et les trahisons, il<br />

leur laissa la possibilité <strong>de</strong> reprendre leurs femmes et leur témoigna mansuétu<strong>de</strong> et sagesse.<br />

Van Loo a représenté cette scène d’allégeance<br />

au sein d’un temple romain. Observe bien le<br />

décor, un indice te permettra <strong>de</strong> découvrir à<br />

quel dieu est dédié ce temple.<br />

Ce tableau a un aspect pictural particulier,<br />

décris-le. Pourquoi l’artiste a-t-il peint son<br />

tableau <strong>de</strong> cette façon ?<br />

En arrière plan, tu peux voir la statue d’un<br />

homme en armure avec un casque et une lance.<br />

C’est le dieu <strong>de</strong> la guerre Mars.<br />

<strong>La</strong> légèreté du <strong><strong>de</strong>s</strong>sin, la liberté <strong>de</strong> la touche font<br />

penser à une esquisse ou à un tableau inachevé.<br />

L’inscription au bas du tableau nous révèle que<br />

Van Loo est mort avant d’avoir pu achever son<br />

œuvre.<br />

Qui est le commanditaire <strong>de</strong> ce tableau? Des inscriptions en bas à gauche nous indiquent<br />

que ce tableau fut réalisé pour la cour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

comptes <strong>de</strong> Provence.<br />

Jean-Baptiste appartient à la fameuse dynastie <strong><strong>de</strong>s</strong> Van Loo ; il semblerait d'après <strong><strong>de</strong>s</strong> inventaires<br />

retrouvés à Aix-en-Provence que ce tableau (peut-être une esquisse), ait été <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à la Cour <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Comptes d'Aix-en-Provence, vers 1735 ; Jean-Baptiste est avant tout un portraitiste (nombreux<br />

portraits <strong>de</strong> Louis XV) mais il reçoit aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> comman<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> <strong>peinture</strong>s d'histoire.<br />

2


Jean Baptiste VAN MOUR (1671-1737)<br />

Réception <strong>de</strong> l’Ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France, le vicomte d’Andrezel, par le Sultan Ahmed III, le 17 octobre 1724, à<br />

Constantinople, 1724.<br />

Le Dîner offert par le Grand Vizir Ibrahim Pacha et L’audience du Sultan, 1724.<br />

Le sujet : En 1724, Van Mour est l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> peintres faisant partie <strong>de</strong> l’expédition française vers la<br />

Turquie. Le cortège est composé <strong>de</strong> l’ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France, le vicomte d’Andrezel et sa suite<br />

<strong>de</strong> gentilshommes, d’officiers et <strong>de</strong> dignitaires <strong>de</strong> l’époque.<br />

<strong>La</strong> réception d’hôtes étrangers en Turquie est soumise à un cérémonial strict dont nous avons ici<br />

<strong>de</strong>ux phases représentées. Il y a d’abord l’arrivée du cortège dans la secon<strong>de</strong> cour du Sérail qui<br />

précè<strong><strong>de</strong>s</strong> les <strong>de</strong>ux cérémonies montrées ici. Le protocole ottoman veut que les invités soient<br />

nourris et vêtus avant d’être admis en présence du sultan. Le repas terminé, l’ambassa<strong>de</strong>ur est<br />

invité à passer avec douze personnes <strong>de</strong> sa cour où on le revêt d’une nouvelle pelisse d’honneur,<br />

et on l’invite à s’asseoir jusqu’au moment où il sera introduit dans la « salle <strong><strong>de</strong>s</strong> requêtes » par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> kapidgi. C’est ce moment <strong>de</strong> la cérémonie que nous montre le second tableau. Après les<br />

révérences d’usage et la lecture <strong>de</strong> compliments le sultan daigne dire en turc « Pek iyi » (« très<br />

bien »). L’ambassa<strong>de</strong>ur fait une <strong>de</strong>rnière révérence et se retire dans son palais <strong>de</strong> France.<br />

Quelles impressions as-tu sur la Turquie en<br />

regardant ces <strong>de</strong>ux œuvres ?<br />

Regar<strong>de</strong> bien le <strong>de</strong>uxième tableau. Sais-tu où<br />

se trouve le sultan ?<br />

Cherche dans l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> tableaux les quatre fils<br />

du Sultan. Quels sont les autres personnages<br />

présents dans le tableau ?<br />

Grâce à son talent, Van Mour fait <strong>de</strong> la Turquie<br />

un pays fantastique, où la richesse et le<br />

merveilleux règnent. Ces <strong>de</strong>ux œuvres<br />

retranscrivent bien la fascination <strong>de</strong> l’Europe à<br />

cette époque pour la Turquie et l’Orient.<br />

Le sultan se trouve à gauche du tableau au<br />

milieu. Il est assis sur son trône richement garni<br />

<strong>de</strong> coussins sur lesquels sont déposés son<br />

écritoire, son sabre et son turban. Il est le seul<br />

personnage marquant ainsi sa différence et sa<br />

supériorité sur ses invités.<br />

Il s’agit du Sultan Ahmed III (1673-1736) qui<br />

règne <strong>de</strong> 1703 à 1730 et fait <strong>de</strong> nombreuses<br />

guerres contre la Russie, Venise et l’Autriche. Il<br />

meurt assassiné en prison.<br />

Les quatre fils sont dans le <strong>de</strong>uxième tableau. Ils<br />

sont <strong>de</strong>bout près du trône et assistent à<br />

l’audience. Ils sont plus petits que les autres<br />

personnages et habillés <strong>de</strong> la même manière.<br />

Tous les détails <strong>de</strong> l’audience sont réglés par le<br />

grand vizir, le kapudan pacha, le nichandgi bachi<br />

et le grand drogman <strong>de</strong> la Porte reconnaissable à<br />

son grand bonnet fourré. À côté d’Andrezel (au<br />

milieu du tableau) se trouvent ses <strong>de</strong>ux fils.<br />

3


Alessandro MAGNASCO (1667-1749)<br />

Arrivée et interrogatoire <strong><strong>de</strong>s</strong> galériens dans le port <strong>de</strong> Gênes Embarquement <strong><strong>de</strong>s</strong> galériens dans le port <strong>de</strong> Gênes, 1740<br />

Le sujet : Dans l’Antiquité, la galère est un bâtiment <strong>de</strong> combat gréé d’un mât unique et d’une voile<br />

carrée. Elle est manœuvrée essentiellement à l’aviron. Jusqu'au règne <strong>de</strong> Louis XIV la plupart <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

galériens étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> volontaires. Ces rameurs professionnels n’ont d’autres choix que ce dur métier à<br />

cause <strong>de</strong> la pauvreté. Mais, ce sont malgré tout <strong><strong>de</strong>s</strong> hommes libres. En effet, les équipages (les<br />

chiourmes) d'hommes libres sont la règle <strong>de</strong>puis l'Antiquité. Avec le règne <strong>de</strong> Louis XIV, les galères<br />

<strong>de</strong>viennent synonymes <strong>de</strong> « bagne ». À partir <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1660, la flotte <strong>de</strong> galères ancrée à Marseille<br />

est le reflet à la fois <strong>de</strong> la splen<strong>de</strong>ur absolutiste du roi et <strong>de</strong> la rigueur <strong>de</strong> sa justice. Le grand siècle <strong>de</strong><br />

la galère commence...<br />

Les condamnés aux galères sont en priorité ceux qui bravent l’autorité <strong>de</strong> Louis XIV : déserteurs,<br />

contrebandiers, faux-monnayeurs. Après la révocation <strong>de</strong> l’édit <strong>de</strong> Nantes, en 1685, les protestants<br />

sont systématiquement condamnés. À cela se rajoutent les opposants politiques. Bien sûr, parmi tous<br />

les condamnés qui se succè<strong>de</strong>nt sur les bancs <strong><strong>de</strong>s</strong> galères, on trouve également <strong><strong>de</strong>s</strong> voleurs, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

assassins, ainsi qu'une forte proportion <strong>de</strong> vagabonds. Mais ces délinquants sont minoritaires, par<br />

rapport à ceux qui ont osé braver les lois <strong>de</strong> l'État. Les galériens sont, à proprement parler, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

esclaves du roi, <strong><strong>de</strong>s</strong> «esclaves d'État»; on trouve d'ailleurs parmi eux quelques esclaves, tout à fait<br />

officiels: Maures razziés, orthodoxes, Polonais, voire Indiens Iroquois.<br />

Le premier voyage qu'effectuent les galériens est celui qui les conduit <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong> villes du royaume<br />

où ils ont été condamnés jusqu'à Marseille, le grand et unique port <strong><strong>de</strong>s</strong> galères. Enchaînés, marqués<br />

au fer rouge sur l'épaule gauche <strong><strong>de</strong>s</strong> trois lettres d'infamie « GAL », les galériens sont alors sous la<br />

responsabilité d'entrepreneurs privés sans scrupule. Le trajet est long et pénible. Bien <strong><strong>de</strong>s</strong> condamnés<br />

meurent avant même d'être arrivés sur le lieu où ils doivent purger leur peine. Les galériens ont le<br />

crâne rasé et sont vêtus <strong>de</strong> guenilles écarlates. Ce sont là <strong><strong>de</strong>s</strong> précautions <strong><strong>de</strong>s</strong>tinées à rendre plus<br />

difficiles les évasions, mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> signes voulus <strong>de</strong> déchéance sociale. En mer, les 260 rameurs<br />

d'une galère ordinaire, dite « sensile », tirent par groupes <strong>de</strong> 4 ou 5 sur une longue rame, si lour<strong>de</strong><br />

qu'elle défonce aisément la poitrine si l'on n'y prête gar<strong>de</strong>. Dans une promiscuité effrayante, les<br />

galériens mangent et dorment à leur banc. Les brima<strong><strong>de</strong>s</strong>, les rixes, les épidémies, notamment <strong>de</strong><br />

typhus, laissent à peine un condamné sur <strong>de</strong>ux en vie au terme <strong>de</strong> sa peine, si tant est qu'il soit un<br />

jour libéré. Car la durée légale <strong>de</strong> la peine prononcée par les tribunaux importe en réalité peu. Seul le<br />

roi peut libérer un galérien, et il oublie d'autant plus volontiers <strong>de</strong> le faire que la flotte <strong>de</strong> galères<br />

manque le plus souvent d'effectifs. <strong>La</strong> carence est telle que Louis XIV tente un moment <strong>de</strong> convaincre<br />

le roi d'Angleterre Jacques II d'envoyer dans les galères françaises ses propres hérétiques.<br />

4


Au premier plan du tableau, L’arrivée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

galériens, Magnasco a représenté un bœuf<br />

portant un joug, que symbolise t-il ?<br />

Au fond, s’ouvre un espace qui mène au centre<br />

du tableau où se déroule la scène principale.<br />

Que se passe-t-il ?<br />

Le <strong>de</strong>uxième tableau représentant<br />

L’embarquement <strong><strong>de</strong>s</strong> galériens dans le port <strong>de</strong><br />

Gênes détaille un autre épiso<strong>de</strong> du calvaire<br />

infligé aux galériens, lequel ?<br />

Magnasco utilise une technique et un style bien<br />

particulier, lequel ?<br />

Il représente l’asservissement subit par les<br />

galériens.<br />

Un juge vient <strong>de</strong> condamner un homme au<br />

supplice <strong>de</strong> l’estrapa<strong>de</strong> : l’accusé est hissé avec<br />

une cor<strong>de</strong>, mains liées <strong>de</strong>rrière le dos, puis<br />

relâché brusquement... jusqu’à dislocation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

membres, s’il n’avoue pas avant, qu’il soit<br />

coupable ou pas. Le greffier est là pour<br />

enregistrer ses aveux. Au fond du tableau<br />

d’autres prisonniers enchaînés arrivent tandis<br />

qu’en haut, penchés à la balustra<strong>de</strong>, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

badauds assistent à la scène.<br />

Dans le <strong>de</strong>uxième tableau, les galériens<br />

avancent, <strong>de</strong> gauche à droite, vers le lieu où ils<br />

vont être rasés puis marqués au fer rouge avant<br />

d’être embarqués dans les galères. <strong>La</strong> scène se<br />

déroule dans le port <strong>de</strong> Gênes, reconnaissable à<br />

sa lanterne.<br />

<strong>La</strong> technique <strong>de</strong> Magnasco est très particulière ;<br />

son style semble esquissé et <strong><strong>de</strong>s</strong> rehauts <strong>de</strong><br />

couleur “tout en points d’exclamation”, comme le<br />

dit André Malraux, qui font trembler les formes.<br />

Ces <strong>de</strong>ux tableaux affichent une virtuosité<br />

rendue par <strong><strong>de</strong>s</strong> touches nerveuses et raffinées,<br />

aux coloris subtil et précieux propre à l’art du<br />

XVIII e siècle alors que leur sujet douloureux est<br />

aux antipo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> la sensualité rococo.<br />

Le thème <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux tableaux bor<strong>de</strong>lais est extrêmement rare dans la <strong>peinture</strong> du XVIII e siècle. Selon<br />

la spécialiste <strong>de</strong> Magnasco, Fausta Franchini Guelfi, ils ont probablement été commandés à<br />

Magnasco par un français qui s’intéressait aux idées nouvelles du Siècle <strong><strong>de</strong>s</strong> Lumières et qui<br />

souhaitait protester contre la torture. Le détail <strong>de</strong> la tour i<strong>de</strong>ntifiant <strong>de</strong> façon certaine le lieu <strong>de</strong> l’action<br />

tend à prouver la volonté du peintre <strong>de</strong> dénoncer une réalité vérifiable.<br />

5


Pierre LACOUR (1745-1814)<br />

Cléopâtre se désolant dans le tombeau <strong>de</strong> Marc Antoine, 1791.<br />

Le sujet : D'abord maîtresse <strong>de</strong> César, Cléopâtre épousa après la mort <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier Marc-Antoine<br />

qui l'aida à accroître considérablement son royaume que se partagèrent leurs enfants. Ils furent<br />

vaincus tous <strong>de</strong>ux à Actium par Octave. Après le suici<strong>de</strong> <strong>de</strong> Marc-Antoine, Cléopâtre se donna la<br />

mort en se faisant mordre par un aspic.<br />

Cléopâtre tient une perle dans sa main gauche<br />

qu’elle suspend au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus d’une vasque. Ce<br />

détail peint par <strong>La</strong>cour rappelle un épiso<strong>de</strong><br />

célèbre <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> Marc-Antoine et<br />

Cléopâtre. Sais-tu lequel ?<br />

<strong>La</strong>cour a également glissé <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments faisant<br />

référence à la mort tragique <strong>de</strong> Cléopâtre. Les<br />

reconnais-tu ?<br />

Cléopâtre fait le pari à Marc-Antoine d’engloutir<br />

en un seul repas 10 millions <strong>de</strong> sesterces.<br />

Pendant le festin elle se fait servir un verre <strong>de</strong><br />

vinaigre, dans lequel elle plongea l’une <strong>de</strong> ces<br />

magnifiques boucles d’oreilles en perle. Sous<br />

l’effet <strong>de</strong> l’acidité la perle se dissout. Cléopâtre<br />

bu son verre et gagna son pari.<br />

<strong>La</strong> poitrine dénudée <strong>de</strong> Cléopâtre et les entrelacs<br />

soutenant la vasque évoquant <strong><strong>de</strong>s</strong> serpents dont<br />

la tête <strong>de</strong> l'un d'eux effleure sa main laissent<br />

présager le suici<strong>de</strong> <strong>de</strong> la reine. En effet,<br />

accompagnée <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux plus fidèles<br />

servantes, Iras et Charmiane, Cléopâtre se<br />

donne la mort, le 12 août -30, en se faisant porter<br />

un panier <strong>de</strong> figues contenant <strong>de</strong>ux aspics<br />

venimeux.<br />

François-Armand Saige est le commanditaire <strong>de</strong> ce tableau au peintre Pierre <strong>La</strong>cour qui avec huit<br />

autres <strong>de</strong>vait orner son hôtel construit par Victor Louis cours du Chapeau-Rouge. F.-A. Saige a été<br />

Maire <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux : élu en 1791 il le reste jusqu'en 1793. Il est accusé alors par le prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>La</strong>combe qui prononce la peine <strong>de</strong> mort. Il est exécuté place Dauphine le 14 Brumaire an II.<br />

6


Pierre LACOUR (1745-1814)<br />

Vue d’une partie du port et <strong><strong>de</strong>s</strong> quais <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux dits <strong><strong>de</strong>s</strong> Chartrons et <strong>de</strong> Bacalan, 1804-1806.<br />

L’artiste : Pierre <strong>La</strong>cour domine l'activité artistique Bor<strong>de</strong>laise durant les <strong>de</strong>rnières années du XVIII e<br />

et le début du XIXe. Son apprentissage artistique débute à Bor<strong>de</strong>aux sous la tutelle du miniaturiste<br />

<strong>La</strong>vau et se poursuit à Paris dans l'atelier <strong>de</strong> Vien. Il a pour amis Vincent et David. Après un voyage à<br />

Rome, il revient à Bor<strong>de</strong>aux en 1774 et <strong>de</strong>vient le peintre officiel <strong>de</strong> la société Bor<strong>de</strong>laise. Il occupe le<br />

poste <strong>de</strong> recteur <strong>de</strong> l'Académie Royale <strong>de</strong> <strong>peinture</strong>, fon<strong>de</strong> puis dirige l'école <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>sin. Il crée le<br />

<strong>Musée</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> Beaux-Arts en 1801 à partir du premier fond <strong>de</strong> la collection issue <strong>de</strong> l'ancienne académie<br />

et <strong><strong>de</strong>s</strong> envois <strong>de</strong> l'état.<br />

Un <strong><strong>de</strong>s</strong> bâtiments peint par <strong>La</strong>cour est toujours<br />

visible aujourd’hui à Bor<strong>de</strong>aux, le reconnais-tu ?<br />

Sur les berges <strong>de</strong> la Garonne on peut voir <strong>de</strong>ux<br />

petites maisons en pierre surmontées d’une<br />

balustra<strong>de</strong>, quelle est leur fonction ?<br />

Au début du XIX e siècle la photographie et la<br />

<strong>peinture</strong> en tube n’ont pas encore fait leur<br />

apparition. Comment Pierre <strong>La</strong>cour a-t-il pu<br />

peindre une vue fidèle du port <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux sur<br />

cette toile <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mètres sur trois ?<br />

Pierre <strong>La</strong>cour a réalisé son autoportrait, ainsi que<br />

le portrait <strong>de</strong> sa fille, son fils, son frère et d’autres<br />

personnages importants <strong>de</strong> l’époque. Il s’est<br />

d’ailleurs représenté en train d’exécuter <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

croquis auprès <strong>de</strong> sa fille, le vois-tu ?<br />

Derrière Pierre <strong>La</strong>cour et sa fille tu peux observer<br />

un personnage penché sur la rambar<strong>de</strong>, que faitil<br />

?<br />

Cette œuvre est certes très intéressante d’un<br />

point <strong>de</strong> vue artistique mais également pour une<br />

autre raison, laquelle ?<br />

Au premier plan, un très bel immeuble fait l’angle<br />

du quai. C’est l’hôtel Fenwick, du nom du premier<br />

consul <strong><strong>de</strong>s</strong> Etats-Unis d’Amérique à Bor<strong>de</strong>aux à<br />

la fin du XVIII e siècle. Il est facilement<br />

reconnaissable à ses <strong>de</strong>ux belvédères.<br />

Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> guérites <strong>de</strong> l’octroi dans lesquelles<br />

on <strong>de</strong>vait s’acquitter <strong><strong>de</strong>s</strong> taxes dues à l’entrée <strong>de</strong><br />

la ville <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong>nrées.<br />

Les techniques <strong>de</strong> l’époque et la dimension <strong>de</strong> la<br />

toile ne permettaient pas à <strong>La</strong>cour <strong>de</strong> peindre<br />

« sur le motif », c'est-à-dire en plein air<br />

directement <strong>de</strong>vant le paysage. Il réalisa plus <strong>de</strong><br />

6000 croquis avant <strong>de</strong> pouvoir réaliser cette vue<br />

du port <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux en atelier.<br />

Il se trouve au premier plan à gauche appuyé sur<br />

la rambar<strong>de</strong> en bois.<br />

Ce personnage observant la rambar<strong>de</strong> nous<br />

incite à faire <strong>de</strong> même. <strong>La</strong>cour utilise ce<br />

personnage pour nous indiquer sa signature. Elle<br />

semble être gravée dans le bois, faisant partie<br />

intégrante du tableau.<br />

<strong>La</strong>cour dépeint dans les moindres détails la<br />

société bor<strong>de</strong>laise du XIXe siècle ainsi que la<br />

topographie exacte <strong>de</strong> la ville à cette époque. Ce<br />

tableau est un document inestimable pour les<br />

historiens.<br />

7


Un élément du tableau prend une place<br />

importante sur la toile, lequel ? Pourquoi ?<br />

Au XIX e siècle <strong>de</strong> nombreux peintres classiques<br />

représentent <strong><strong>de</strong>s</strong> vues topographiques <strong><strong>de</strong>s</strong> villes.<br />

Le ciel prend une place importante dans ces<br />

œuvres, il s’étend sur les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> la toile.<br />

C’est ce qu’on appelle la tradition védutiste.Ce<br />

terme vient <strong>de</strong> l’ italien veduta désignant <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

tableaux du XVIII e siècle présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> vues<br />

topographiques <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Venise.<br />

8


Eugène DELACROIX (1798-1863)<br />

<strong>La</strong> Grèce sur les ruines <strong>de</strong> Missolonghi, 1826.<br />

<strong>La</strong> jeune femme au premier plan est vêtue du<br />

costume traditionnel grec. Elle représente son<br />

pays : <strong>La</strong> Grèce. Comment appelle-t-on cette<br />

figure stylistique ?<br />

<strong>La</strong> figure féminine est très courante chez<br />

Delacroix, peux-tu citer un autre tableau très<br />

connu <strong>de</strong> ce peintre mettant lui aussi en scène<br />

une jeune femme ?<br />

À l’arrière plan on aperçoit un homme noir tenant<br />

un drapeau. A ton avis que représente t-il ?<br />

Quelle est la position <strong>de</strong> la Grèce ?<br />

Le sujet : Ce tableau est inspiré d’un fait historique : le siège <strong>de</strong><br />

Missolonghi. Cette ville portuaire située dans le Golfe <strong>de</strong> Corinthe fut pour<br />

la troisième fois assiégée par les Turcs en 1826. Nous sommes alors en<br />

pleine guerre d’indépendance menée par les Grecs contre l’Empire<br />

ottoman <strong>de</strong> 1821 à 1830. Le 22 avril 1826, ravagée par la famine et les<br />

épidémies, la ville se rend. Une partie <strong>de</strong> la population avait préféré se<br />

donner la mort en faisant sauter l’arsenal plutôt que d’être réduit en<br />

esclavage. Trois ans plus tard le pays est libéré <strong><strong>de</strong>s</strong> Turcs.<br />

On parle ici d’allégorie puisque la jeune femme<br />

ne porte pas <strong>de</strong> nom et représente une idée, un<br />

thème.<br />

Il s’agit <strong>de</strong> <strong>La</strong> Liberté guidant le peuple, 1830<br />

(Louvre) où l’on voit représentée une jeune<br />

femme tenant fermement le drapeau français,<br />

légèrement dénudée.<br />

L’homme noir au fond représente l’envahisseur,<br />

qui plante d’un geste conquérant son drapeau<br />

dans le sol en signe <strong>de</strong> victoire. Il est donc<br />

associé à la Turquie et porte un costume turc,<br />

même si cet homme est noir.<br />

<strong>La</strong> jeune femme est à la fois agenouillée (et donc<br />

vaincue) et <strong>de</strong>bout (et donc victorieuse). Elle<br />

tend ses bras dans un geste implorant.<br />

Delacroix (1798-1863) est considéré comme l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> maîtres du romantisme et <strong>de</strong> l’orientalisme en<br />

France. Il n’a que 7 ans lorsque son père décè<strong>de</strong>. Il s’installe alors chez sa sœur à Paris. En 1815,<br />

son oncle le fait entrer dans l’atelier <strong>de</strong> Pierre-Narcisse Guérin qui lui enseigne les principes <strong>de</strong> la<br />

représentation néoclassique <strong>de</strong> l’ancienne école : primauté du <strong><strong>de</strong>s</strong>sin sur la couleur, retour à l’antique.<br />

Il y rencontre Théodore Guéricault, <strong>de</strong> 7 ans son aîné, qui eut une influence importante dans son art.<br />

En 1816, il entre aux Beaux-<strong>arts</strong>. Il découvre lors d’un voyage en Angleterre le théâtre <strong>de</strong><br />

Shakespeare, Goethe et Faust. Pour Delacroix la littérature et le théâtre sont une gran<strong>de</strong> source<br />

d’inspiration : Dante et Virgile aux Enfers. Il fera en 1832 un voyage en Afrique du Nord et en<br />

Espagne d’où il va ramener <strong>de</strong> nombreux croquis qui vont notamment lui servir pour réaliser <strong>La</strong><br />

Chasse aux lions.<br />

9


Théodore GUDIN (1802-1880)<br />

Le dévouement du capitaine Desse, 1829.<br />

Le sujet : Ce tableau raconte un <strong><strong>de</strong>s</strong> hauts faits <strong>de</strong> la marine bor<strong>de</strong>laise. Le brick la Julia commandé<br />

par le capitaine Desse <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, se rendant à Bourbon, rencontra le 13 juillet 1822 le navire<br />

hollandais le Columbus expédié <strong>de</strong> Batavia pour Amsterdam, ayant à bord un équipage nombreux.<br />

Ce navire avait été assailli par une violente tempête qui lui avait enlevé le grand mât, l’artimon, le<br />

beaupré, brisé le gouvernail et la poupe. L’équipage n’attendait que la mort lorsqu’au lointain une<br />

voile parut : l’espoir renaquit chez les hollandais lorsqu’ils aperçurent le pavillon français. <strong>La</strong> tempête<br />

était à son comble. Le capitaine <strong>de</strong> la Julia prononça le cri « je ne vous abandonnerai pas » répété<br />

chaque fois que le danger redoublait. Le sauvetage dura cinq jours et 92 personnes furent recueillies<br />

à bord <strong>de</strong> la Julia.<br />

<strong>La</strong> composition donne toute sa force à ce<br />

tableau, pourquoi ?<br />

Gudin fait preuve d’une gran<strong>de</strong> prouesse<br />

technique dans le rendu <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs et <strong>de</strong> la<br />

lumière qui rythment son œuvre, qu’en pensestu<br />

?<br />

Gudin, emporté par le sujet qui lui a été<br />

commandé, exécute une œuvre à la composition<br />

audacieuse. Le Columbus en déséquilibre sur<br />

une gigantesque vague <strong><strong>de</strong>s</strong>sine une diagonale<br />

conférant toute sa force au tableau. Ce<br />

mouvement est amplifié par la Julia qui coupe<br />

cette diagonale transversalement.<br />

Gudin utilise un magnifique gris plombé pour la<br />

représentation du ciel et <strong><strong>de</strong>s</strong> vagues permettant<br />

d’intensifier la tension dramatique <strong>de</strong> cette scène<br />

<strong>de</strong> tempête. Puis il travaille l’écume <strong><strong>de</strong>s</strong> vagues<br />

avec <strong><strong>de</strong>s</strong> couleurs claires et beaucoup <strong>de</strong><br />

matière donnant du reflet et <strong>de</strong> la transparence à<br />

cet océan déchaîné. L’apparition <strong>de</strong> la lumière au<br />

sein <strong>de</strong> cette tempête fait penser à l’artiste<br />

anglais William Turner.<br />

10


Portrait d’histoire<br />

Anton Van DYCK (1599-1642)<br />

Portrait <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Médicis, 1631.<br />

<strong>La</strong> date d’exécution du tableau peut-être fixée avec précision en 1631, à la suite <strong>de</strong> la Journée <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Dupes qui a vu triompher Richelieu. <strong>La</strong> Reine mère, Marie <strong>de</strong> Médicis, fuit la France pour se réfugier<br />

en Flandre auprès <strong>de</strong> l’archiduchesse Claire Eugénie. Exilé par son fils le roi Louis XIII, elle ne <strong>de</strong>vait<br />

plus retourner en France et c’est à Cologne qu’elle meurt en 1642. <strong>La</strong> Reine séjourne à Anvers du 4<br />

septembre au 16 octobre 1631 et manifeste le désir <strong>de</strong> visiter l’atelier <strong>de</strong> Van Dyck et sans doute<br />

aussi d’y faire exécuter son portrait. Marie <strong>de</strong> Médicis a commandé à Rubens un cycle <strong>de</strong> <strong>peinture</strong><br />

sur sa vie (<strong>Musée</strong> du Louvre).<br />

Van Dyck excelle dans les portraits<br />

sentimentaux. Quelles sont les expressions qui<br />

transparaissent sur le visage <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong><br />

Médicis ?<br />

Plusieurs symboles sont présents dans ce<br />

portrait, sais-tu lesquels ?<br />

À travers la noblesse du visage perce une<br />

profon<strong>de</strong> mélancolie amplifiée par le traitement<br />

sombre <strong>de</strong> la robe.<br />

Marie <strong>de</strong> Médicis tient plusieurs roses dans ses<br />

mains. Dans les portraits les fleurs ont une<br />

signification particulière. Lorsqu’un couple est<br />

représenté avec plusieurs fleurs dans les mains<br />

cela signifie qu’ils ont autant d’enfants que <strong>de</strong><br />

fleurs. Par exemple, si tu vois trois fleurs c’est<br />

qu’ils ont trois enfants. Ici Marie <strong>de</strong> Médicis est<br />

représentée seule donc ces roses ne<br />

représentent pas ses enfants mais l’amour<br />

qu’elle porte à son pays la France malgré son<br />

exil.<br />

À ses pieds un petit chien symbolise la fidélité<br />

pour la France. Quant à la couronne posée<br />

auprès d’elle, elle est l’emblème son statut <strong>de</strong><br />

Reine sans pouvoir.<br />

Vrai rival <strong>de</strong> Rubens, après avoir été son plus brillant élève et son meilleur collaborateur, <strong><strong>de</strong>s</strong>sinateur<br />

virtuose, Van Dyck reste aussi comme l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus féconds et l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus heureux portraitistes <strong>de</strong><br />

toute l’histoire <strong>de</strong> la <strong>peinture</strong>. À lui seul il marquera toute l’école anglaise qui sera par excellence et<br />

grâce à lui celle <strong><strong>de</strong>s</strong> grands portraits aristocratiques et sentimentaux qui immortalisèrent une société.<br />

11


Johann Friedrich August TISCHBEIN (1750-1812)<br />

Portrait <strong>de</strong> la princesse Frédérique Louise Wilhelmine d’Orange-Nassau, 1788.<br />

En 1788, Tischbein vient pour la troisième fois à <strong>La</strong> Haye appelé par le Stathou<strong>de</strong>r Guillaume V pour<br />

peindre les membres <strong>de</strong> la famille d'Orange-Nassau. Le modèle préféré du peintre est Frédérique -<br />

Louise - Wilhelmine d'Orange-Nassau, fille <strong>de</strong> Guillaume V et future épouse <strong>de</strong> Guillaume, roi <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Pays-Bas. Elle a dix-huit ans en 1788 et est ravissante. Tischbein l'a peinte au moins quatre fois<br />

toute seule, dont ce portrait en pied.<br />

Tischbein évoque dans ce portrait les talents <strong>de</strong><br />

chanteuse et musicienne <strong>de</strong> la princesse. À<br />

droite, tu peux voir un instrument, connais tu son<br />

nom ?<br />

En observant ce portrait, peux-tu détailler la<br />

mo<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> coiffures à la fin du XVIII e siècle ?<br />

Instruments spécifiques <strong>de</strong> la musique<br />

européenne, les clavecins ont connu leur apogée<br />

et suscité un très large répertoire au cours <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

XVII e et XVIII e siècles avant <strong>de</strong> connaître une<br />

longue éclipse pendant tout le XIX e siècle. Ils ont<br />

retrouvé la faveur <strong><strong>de</strong>s</strong> musiciens et du public<br />

<strong>de</strong>puis le début du XX e siècle.<br />

Sous l’impulsion <strong>de</strong> Marie-Antoinette la mo<strong>de</strong> à<br />

cette époque est aux coiffures hautes et<br />

extravagantes. <strong>La</strong> princesse porte ici un grand et<br />

haut chapeau couronné par <strong>de</strong>ux magnifiques<br />

plumes d’autruche apportant une touche<br />

d’exotisme à sa coiffure.<br />

Ce tableau est probablement le seul à avoir été peint entièrement d'après nature; <strong>de</strong> là lui vient sans<br />

doute son charme, son absence <strong>de</strong> rai<strong>de</strong>ur, son naturel extrême, bref tout ce qui paraît en faire<br />

quelque chose d'exceptionnel dans la série <strong><strong>de</strong>s</strong> portraits <strong>de</strong> la famille d'Orange-Nassau exécutés par<br />

Tischbein.<br />

12


Sir Joshua REYNOLDS (1729-1792)<br />

Portrait du révérend Richard Robinson, baron <strong>de</strong> Rokeby, archevêque d’Armagh, primat d’Irlan<strong>de</strong>, 1775.<br />

Richard Robinson (1709-1794) est l'homme le plus important <strong>de</strong> l'église anglicane d'Irlan<strong>de</strong> en cette<br />

fin du XVIII e siècle. Né anglais, éduqué à Westminster school, puis à Christ Church College d'Oxford,<br />

il arrive en Irlan<strong>de</strong> en 1750 comme aumônier du duc <strong>de</strong> Dorset. <strong>La</strong> même année, il <strong>de</strong>vient évêque<br />

<strong>de</strong> Killola (1751-1759), ensuite <strong>de</strong> Ferns (1759-1761), puis <strong>de</strong> Kildare (1761-1765) et finalement<br />

archevêque d'Armagh (1765-1794) et primat d'Irlan<strong>de</strong>. R. Robinson était un ami <strong>de</strong> Reynolds qui fit<br />

son portrait à trois occasions. Lorsque le portrait <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux est commandé, Robinson a 66 ans ; le<br />

tableau est particulièrement bien reçu au Salon <strong>de</strong> la Royal Aca<strong>de</strong>my <strong>de</strong> 1775.<br />

Une partie du tableau fut peint par Reynolds<br />

selon une technique très novatrice pour son<br />

époque. Quelle est cette partie ?<br />

Un élément du portrait semble comme esquissé<br />

au regard du reste du tableau. Lequel d’après toi<br />

et pourquoi ?<br />

Les feuillages (en haut, à gauche) se distinguent<br />

par leur touche picturale particulière laissant<br />

apparaître le travail <strong>de</strong> l’artiste.<br />

<strong>La</strong> médaille que porte Richard Robinson à son<br />

cou fut rajoutée bien <strong><strong>de</strong>s</strong> années plus tard en<br />

1783. À cette date Robinson reçoit l'Ordre <strong>de</strong><br />

Saint Patrick dès sa création; le portrait <strong>de</strong><br />

Bor<strong>de</strong>aux était déjà en possession <strong>de</strong> Madame<br />

Montagu et le ruban bleu et la médaille furent<br />

ajoutés sur la toile.<br />

A<strong>de</strong>pte du classicisme par conviction, à la fois en théorie et en pratique, Reynolds fut cependant<br />

influencé à certains moments par le mouvement romantique, particulièrement par l'idée que le but <strong>de</strong><br />

l'art est <strong>de</strong> « frapper l'imagination » par la chaleur du sentiment et par la couleur qui animent nombre<br />

<strong>de</strong> ses portraits.<br />

13


Thomas LAWRENCE (1769-1830)<br />

Portrait <strong>de</strong> John Hunter, vers 1790.<br />

John Hunter (1724-1802) était un marchand <strong>de</strong> Hertfordshire qui fut après 1788 le directeur <strong>de</strong> la<br />

Compagnie <strong><strong>de</strong>s</strong> In<strong><strong>de</strong>s</strong> Orientales. Il fut un <strong><strong>de</strong>s</strong> plus importants commanditaires <strong>de</strong> <strong>La</strong>wrence et lui<br />

commanda <strong>de</strong>ux autres portraits.<br />

Le genre du portrait a été introduit en Angleterre<br />

par le flamand Van Dyck (1599-1641) qui fut<br />

appelé à la cour du roi Charles I er . Au XVIII e<br />

siècle. <strong>La</strong> particularité <strong>de</strong> la <strong>peinture</strong> anglaise <strong>de</strong><br />

portrait est <strong>de</strong> placer le modèle dans un paysage,<br />

contrairement à ce qui se passe en France à la<br />

même époque. <strong>La</strong>wrence utilise le paysage pour<br />

mettre en valeur le portrait, mais <strong>de</strong> quelle<br />

façon ?<br />

Quelle technique utilise le peintre pour rendre le<br />

regard du labrador vivant ?<br />

<strong>La</strong> haute silhouette classique du modèle se<br />

détache sur un ciel et un paysage surprenants.<br />

Le ciel tourmenté et orageux présentant le<br />

caractère hostile <strong>de</strong> la nature contraste avec le<br />

calme imposant <strong>de</strong> John Hunter et flatte le<br />

modèle.<br />

Thomas <strong>La</strong>wrence ajoute une petite touche <strong>de</strong><br />

blanc dans l’œil du chien pour rendre son regard<br />

plus vivant.<br />

À sa mort, <strong>La</strong>wrence était considéré comme le premier portraitiste d’Europe et reconnu comme l’un<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> membres <strong>de</strong> la brillante société cosmopolite qu’il peignait. Bien que son œuvre fut fondée sur la<br />

tradition <strong>de</strong> Reynolds, l’élégance <strong>de</strong> son style et l’éclat <strong>de</strong> sa technique étaient neufs ; il est<br />

aujourd’hui considéré comme l’un <strong><strong>de</strong>s</strong> précurseurs du Romantisme.<br />

14


François-Louis LONSING (1739-1799)<br />

Portrait <strong>de</strong> monsieur et madame Jean-Baptiste Mareilhac à l’impromptu, vers 1798.<br />

Jean-Baptiste Mareilhac mène une carrière politique. Il est Maire <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux en 1796, magistrat<br />

consulaire, membre <strong>de</strong> la Chambre <strong>de</strong> Commerce et du Conseil Général <strong>de</strong> la Giron<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1800 à<br />

1807, tout en amassant une fortune importante dans le négoce et l'armement <strong><strong>de</strong>s</strong> bateaux; il se fait<br />

construire par François Lhote le château <strong>de</strong> <strong>La</strong> Louvière à Léognan vers 1792 (à droite sur la toile, la<br />

faça<strong>de</strong> ouest <strong>de</strong> la Louvière est représentée d'une façon un peu schématique mais reconnaissable),<br />

au moment même où il se marie avec Emilie Bonneau <strong>de</strong> <strong>La</strong> Cure.<br />

Qu’est ce qui différencie le portrait <strong><strong>de</strong>s</strong> Mareilhac<br />

<strong>de</strong> ceux que tu as pu voir jusqu’à maintenant ?<br />

Comme dans le portrait <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Médicis on<br />

retrouve un bouquet <strong>de</strong> fleurs dans les mains <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

époux Mareilhac. Ces fleurs ont-elles la même<br />

signification ici ?<br />

Les portraits précé<strong>de</strong>nts présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> poses<br />

figées et statiques. Ici Lonsing peint les époux en<br />

mouvement. M.Mareilhac, qui vient <strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cendre<br />

<strong>de</strong> son cheval, enlace sa femme dans <strong>de</strong> tendres<br />

retrouvailles.<br />

Cet énorme bouquet ne symbolise pas ici l’amour<br />

mais le désir <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux jeunes époux d’avoir<br />

beaucoup d’enfants.<br />

Formé à Anvers jusqu'à l'âge <strong>de</strong> 32 ans, lauréat à Rome pendant dix-sept ans et peintre bor<strong>de</strong>lais<br />

jusqu'à sa mort, Lonsing n'est pas facilement classable. Bor<strong>de</strong>aux cependant est <strong>de</strong>venu sa patrie<br />

d'adoption. Il est "lancé" dans les milieux influents <strong>de</strong> la ville, le Parlement, la noblesse, le théâtre, la<br />

musique, les intellectuels, les négociants, les armateurs... Il a le même genre <strong>de</strong> clientèle que<br />

Perronneau et <strong>La</strong>cour.<br />

15


Jean-Marc NATTIER (1685-1766)<br />

Etu<strong>de</strong> pour le portrait <strong>de</strong> Marie Josèphe <strong>de</strong> Saxe, vers 1750.<br />

Marie-Josèphe <strong>de</strong> Saxe (Dres<strong>de</strong>, 1731 - Versailles, 1767) était la fille d'Auguste III, électeur <strong>de</strong> Saxe<br />

et roi <strong>de</strong> Pologne. Elle se marie en 1747 avec le Grand Dauphin, fils <strong>de</strong> Louis XV, et fut la mère <strong>de</strong><br />

Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Grâce aux recherches <strong>de</strong> X. Salmon l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> notre princesse<br />

est maintenant élucidée et les hypothèses précé<strong>de</strong>ntes - Henriette, Victoire - abandonnées. <strong>La</strong><br />

couleur <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux (ceux <strong>de</strong> Marie-Josèphe sont bleus - verts, ceux d'Henriette et Victoire noirs) et le<br />

visage i<strong>de</strong>ntique à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux du tableau du château d'Anjouy prouvent cette affirmation.<br />

Marie-Josèphe a 19 ans ; la jeunesse et la douceur <strong>de</strong> son visage sont traitées avec beaucoup <strong>de</strong><br />

délicatesse dans une gamme peu étendue <strong>de</strong> couleurs, et la touche estompée donne à l'oeuvre un<br />

fondu velouté que l'on retrouve surtout dans ces étu<strong><strong>de</strong>s</strong> que Nattier, trop sollicité par les comman<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

royales ne peut achever.<br />

En observant le portrait <strong>de</strong> Marie-Josèphe <strong>de</strong><br />

Saxe décris la mo<strong>de</strong> du XVIII e siècle.<br />

Les femmes nobles se démarquaient du peuple<br />

par leur teint <strong>de</strong> porcelaine qu’elle cultivait en se<br />

protégeant du soleil et en se poudrant <strong>de</strong> poudre<br />

<strong>de</strong> riz. Le teint était égayé par <strong><strong>de</strong>s</strong> fards rouges<br />

dont usaient sans parcimonie les femmes <strong>de</strong> la<br />

cour à cette époque. Enfin elles poudraient<br />

également leur chevelure leur donnant cette<br />

teinte grise si particulière.<br />

À partir <strong>de</strong> 1729, la notoriété <strong>de</strong> portraitiste est assurée à Nattier avec les comman<strong><strong>de</strong>s</strong> du Portrait du<br />

Maréchal <strong>de</strong> Saxe (<strong>Musée</strong> <strong>de</strong> Dres<strong>de</strong>) et celui <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle Clermont prenant les eaux (Chantilly,<br />

<strong>Musée</strong> Condé). Cette <strong>peinture</strong> élégante et gracieuse lui attire toute la Cour et notamment la Reine<br />

qui lui comman<strong>de</strong> Madame Henriette en Flore pour son cabinet ; à la suite, il <strong>de</strong>vient le peintre attitré<br />

<strong>de</strong> Mesdames qu’il représente <strong>de</strong> nombreuses fois.<br />

Pour tout renseignement et réservation adressez-vous au Service culturel au 05 56 10 25 25<br />

16

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!