Vosges | Politique Philippe Séguin, une force sociale et libérale

Le 7 janvier 2010, l’ancien député-maire d’Épinal, ministre et président de l’Assemblée nationale succombait brutalement. Figure politique et intellectuelle, au caractère vif et tempétueux, il incarna le « Gaullisme social » et une parole publique fidèle à ses valeurs.
Alexandre POPLAVSKY - 07 janv. 2020 à 05:04 | mis à jour le 20 août 2021 à 17:00 - Temps de lecture :
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Philippe Séguin s’est éteint à l’âge de 66 ans, il y a tout juste 10 ans. Photo d’archives ER/Alexandre MARCHI
Philippe Séguin s’est éteint à l’âge de 66 ans, il y a tout juste 10 ans. Photo d’archives ER/Alexandre MARCHI

Elle se souvient encore de ses derniers instants. Nous sommes tout début janvier 2010 et Bernadette Malgorn, ancienne préfète de la région Lorraine, aujourd’hui candidate à la mairie de Brest, se trouve dans le bureau de Philippe Séguin , à la direction de la Cour des comptes qu’il préside depuis un an. « C’était un travailleur acharné. Il s’est battu pour faire évoluer l’institution. Sans lui, elle n’aurait pas pris cette dimension, cette indépendance pour contrôler et évaluer les politiques publiques »

Sa brutale disparition, le 7 janvier 2010, à 66 ans, reste « un choc » pour celle qui dès le début des années 80 côtoie ce méridional né à Tunis , dans un milieu modeste, au caractère vif, tempétueux et imprévisible.

Au contact

« J’étais directrice adjointe au ministère des Affaires sociales et de l’emploi quand il fut ministre de 1986 à 1988. Je l’ai accompagné quand il a présidé l’Assemblée nationale de 1993 à 1997. Mais mon premier souvenir remonte à 1983. J’étais secrétaire générale des affaires régionales de Lorraine et il venait d’être élu maire d’Épinal » Elle se remémore son énergie pour insuffler une politique culturelle et d’éducation dans la cité des images alors qu’à l’époque, « les résultats au bac dans les Vosges sont 10 points en dessous de la moyenne nationale ».

Elle le revoit pendant les manifestations de 1995 à aller au contact des cheminots, tout comme quand il a mouillé le maillot pour soutenir toute la filière textile des Vosges frappée par une concurrence devenue mondiale. Il avait à la fois une haute idée de la parole publique et de l’engagement sur le terrain.

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À l’école de Séguin

« Il fallait aussi voir les gamins d’Épinal l’entourer à chaque rentrée scolaire », glisse-t-elle. Le député spinalien Stéphane Viry a d’ailleurs été biberonné aux principes séguinistes. « À 20 ans, je suis entré dans son conseil municipal et six ans plus tard, je devenais son adjoint aux finances alors que j’ai une formation de droit » Aujourd’hui, il incarne d’une certaine manière les piliers de la pensée du colosse méridional taillé comme une ferme du Massif des Vosges. À la fois attaché à la solidarité entre les territoires et à un respect jacobin des institutions.

En 2017, aux archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine. Catherine Séguin et Michel Heinrich, maire d'Épinal. Photo d'archives Jean-Charles OLÉ

Les archives de Philippe Séguin consultables

Les archives de Philippe Séguin, qui avaient été confiées à sa famille, sont depuis 2017 consultables aux archives nationales. Il avait fallu plusieurs camions pour les transporter à l'institution située à Pierrefitte-sur-Seine.

On peut ainsi consulter des discours, des notes manuscrites, mais aussi des notes prises sur... des tickets de match de football ou des planches de timbres !

À noter que les 5 000 livres que possédait Philippe Séguin ont été confiés à la BMI d’Épinal. Les objets (tapis, tableaux...) ont été inventoriés par un commissaire-priseur.

Les documents, qui ont donc rejoint les archives nationales, sont en réalité arrivés en 2013. Deux années ont été nécessaires pour les examiner et les classer.

Son biographe, Arnaud Teyssier, dont on vous conseille son livre « Philippe Séguin : le remords de la droite » , évoque aussi son obsession de construire un « destin pour l’Europe ». Le non à Maastricht qu’il a porté n’était pas un non à l’Europe.

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Cette image, il ne parviendra pas à l’effacer et l’éloignera du pouvoir malgré son implication dans l’élection de Chirac en 1995, et lui enlèvera tout espoir dans la conquête de Paris en 2001. Il écrira alors beaucoup sur la mondialisation. « Le thème n’était pas à la mode, mais Philippe Séguin posait déjà des questions qui demeurent aujourd’hui, à l’image de sa pensée sociale, actuelle et moderne »