Maxi Banque Populaire XI - skipper : Armel Le Cleac’h
Arkea Ultim Challenge
Lorient le 29 juin 2023

Le tour du monde décrypté

Comme lors de la Transat Jacques Vabre, le routage est autorisé pendant l’Arkéa Ultim Challenge. Armel sera donc en contact permanent avec une cellule dédiée dans laquelle figure le météorologue Marcel Van Triest, les skippers Nicolas Lunven et Sébastien Josse et le directeur du Team, Ronan Lucas.

 

Marcel Van Triest, UN ROUTEUR A TERRE SI PRECIEUX EN MER

« Mon travail c’est de rassembler toutes les données à notre disposition en matière de météo, d’état de mer, de trafic et de pouvoir établir la route la plus optimum possible », explique Marcel qui collabore avec Banque Populaire depuis plus de dix ans. Installé chez lui, aux Baléares, le météorologue dispute une course à part entière. 

 

« Certes, je suis devant un ordi, je n’ai pas d’humidité et pas de problèmes de réseau, mais je suis disponible en permanence et pendant une course, je dors très peu ». – Marcel Van Triest

 

Au quotidien, Marcel échange donc avec Armel au sein d’un groupe WhatsApp dédié. « Nous avons une confiance mutuelle avec Armel. C’est un skipper qui a besoin de peu de mots, qui aime aller à l’essentiel et qui a une sacrée capacité de résistance en course. » 

 

Le départ 

À la différence des courses classiques, les skippers partiront directement de la pointe Bretagne. Or, à ce moment-là de l’année, les conditions peuvent être très toniques. Il peut y avoir de la houle de 3 à 6 mètres dès la sortie du goulet de Brest. Il faudra donc être dans le bain tout de suite. Les marins connaissent bien la suite et la traversée du Golfe de Gascogne :  il convient de remonter le plateau continental, de se faire à l’idée qu’il peut y avoir beaucoup de mer et du trafic. 

Les alizés

À partir du passage à la latitude de Gibraltar, la météo commence à s’adoucir. On passe d’un régime de dépressions à un régime anticyclonique avec des alizés. Il y a toujours des transitions et il peut y avoir un premier passage à niveau dans la connexion entre l’alizé et un régime dépressionnaire ou une dorsale à traverser. Ensuite, il y a un bord de portant jusqu’au Pot-au-Noir. Là encore, il peut y avoir quelques coups à faire.  

L’Atlantique Sud

Ensuite, la flotte va changer d’hémisphère. L’idée, c’est de parvenir à attraper au large du Brésil une petite dépression dynamique et d’en bénéficier jusqu’en Afrique du Sud. Ça peut aller très vite, au reaching et contribuer à avoir de très belles moyennes de vitesse. C’est souvent dans cette zone qu’il y a des records de vitesse. Selon la configuration des voiles, on pourrait avoir 800 à 900 milles parcourus en 24 heures.

Le courant des Aiguilles 

La dépression devrait pousser les concurrents jusqu’à l’Afrique du Sud. Là, ils feront face au courant des Aiguilles. Des courants d’eau chaude se jettent dans de l’eau froide, la mer est désorganisée, cassante et il n’est pas rare qu’il y ait des avaries dans cette zone. C’est comme un gros tourbillon qui marque l’entrée dans les mers du Sud.

L’océan Indien

La suite, ce sont les fameuses mers du Sud. Là, il y a un enchaînement de dépressions à gérer. Peut-être qu’Armel aura la possibilité d’en prendre une et de la tenir tout au long de l’océan… Il convient également de veiller à la zone d’exclusion des glaces afin de ne pas aller trop dans le Sud. Dans le même temps, les marins doivent veiller aux passages de quelques îles, dont les Kerguelen, qui sont autant d’obstacles à bien gérer. 

L’océan Pacifique 

De la Nouvelle-Zélande au Cap Horn, place à l’océan Pacifique. Des transitions avec des dépressions plus virulentes peuvent être à passer au large de la Nouvelle-Zélande. L’océan Pacifique a la réputation d’être moins sollicitant que l’océan Indien. La mer y est moins longue, les dépressions moins contraignantes. Il convient aussi de faire preuve de sang-froid en traversant le point Nemo, le point océanique le plus éloigné de toute terre. 

Le Cap Horn 

Il a l’effet d’un entonnoir, entre la banquise d’un côté et la Cordillère des Andes de l’autre où s’abattent les dépressions et les coups de vent. Le mythique Cap Horn peut avoir des conditions particulièrement virulentes, tutoyant les 50 nœuds. Pour y faire face en Ultim, tous observeront avec attention les conditions du moment. Si elles sont critiques, il est envisageable que certains concurrents ralentissent pour laisser passer le coup de vent avant de le franchir. 

La remontée de l’Atlantique Sud

Après le passage du Cap Horn, la course ne sera pas terminée pour autant. La remontée vers le Brésil n’est pas évidente. En cause, les dépressions que les concurrents prendront à l’aller seront désormais à faire face avec du vent de travers et au près. En somme, c’est un tronçon très sollicitant qui oblige à réaliser beaucoup de manœuvres. Rien d’évident donc, surtout avec des skippers et des bateaux fatigués. 

L’Atlantique Nord

Le fait de passer très Ouest devrait permettre de passer le Pot-au-Noir sans encombre. La suite, ce sont les alizés comme lors des transatlantiques. Il faudra néanmoins veiller aux dépressions qui peuvent balayer l’Atlantique Nord. La traversée du golfe de Gascogne peut également être tendue avec jusqu’à 50 nœuds au compteur. Intense et stressant jusqu’au bout avant la délivrance et la ligne d’arrivée à Brest. 

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