Les dispositifs technico-esthétiques ont envahi les magasins, les gares, les places publiques et les lieux de spectacle. Les espaces d’exposition ne dérogent pas à la règle : à la Fabrique d'Amsterdam, à l'Infinity des Lumières et à la Base sous-marine de Bordeaux, il ne s’agit plus d’admirer ou de contempler une œuvre, mais de vivre une expérience polysensitive intense. Le visiteur n’est plus face à l’image, mais dans l’image ; le tableau (physiquement absent) se transforme en un flux enveloppant de formes, de tons et de rythmes vibrants.
Ce nouveau paradigme n’est pas prêt de disparaître : après Mondrian, l’architecte des couleurs et De Vermeer à Van Gogh, les maîtres hollandais aux Carrières des Baux-de-Provence, l’Atelier des Lumières présentera, en février 2023, la rétrospective Chagall, Paris – New York.
Marc Chagall, entre deux continents
La peinture s’anime, les bourgeons fleurissent, les nuages passent, les oiseaux prennent leur envol. Le temps d’une exposition, tous les thèmes qui peuplent l’imaginaire de Chagall défilent sur les murs de l’Atelier : son bestiaire fantastique, ses personnages circassiens ou fabulaires, ses scènes bibliques… Plusieurs références à Vitebsk ou Saint-Pétersbourg font directement écho à l'histoire de l’artiste, né en 1887 à Liozna (actuelle Biélorussie).
Ce sont toutefois Paris et New York - capitales emblématiques de l’art moderne - qui influencent de manière décisive le parcours (personnel et créatif) de Chagall. Paris est sa ville d’élection ; il y rencontre Apollinaire, Delaunay, Léger, Modigliani et Lhote. La fantaisie hassidique du peintre se mêle aux expérimentations formelles des avant-gardes : en résulte une œuvre surabondante, à la fois déliée et profonde.
L'Amérique se présente davantage comme une terre d’exil. Fuyant les turpitudes européennes, Chagall s’y réfugie en 1941. À New York, il s'adonne à la lithographie, tout en tissant des liens avec le monde du théâtre et de la musique. Il réalise les décors d'Aleko (Rachmaninov) et de L’oiseau de feu (Stravinsky), à la fois pour le Ballet Theatre et le New York City Ballet. Après la guerre, plusieurs commandes le rappellent à Paris, puis aux États-Unis.
Gardien de rêve évanouis, dépositaire de couleurs disparues, témoin d'une époque exaltante et cruelle, l'artiste lègue une myriade de chefs-d'œuvre à la postérité (Double portrait au verre de vin, Le Violoniste vert, Fresque pour le plafond de l’Opéra Garnier…). Tous seront exposés à l'Atelier des Lumières, accompagnés de morceaux de musique classique, de klezmer ou de jazz. Un événement récréatif, à ne pas manquer !
Chagall, Paris – New York, du 17 février 2023 jusqu'à janvier 2024, Atelier des Lumières, 38 rue Saint-Maur, 75011 Paris www.atelier-lumieres.com
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