Livres

“Solitude Caravage”, le livre dédié au peintre italien à déguster comme du bon vin

Avis aux amateurs du maître de la peinture italienne.
Judith et Holopherne de Le Caravage
Judith et Holopherne de Le CaravageDEA / G. NIMATALLAH/Getty Images

À Versailles cet été, au coeur d’une exposition retraçant le chemin des plus grands maîtres de l’art italien, à l’honneur d’un film d’époque, l’année dernière, où figurait en tête d’affiche Isabelle Huppert ou encore Riccardo Scamarcio, Le Caravage, son oeuvre magistral et sa personnalité tortueuse continuent encore et toujours de nous fasciner. Pour accompagner cet engouement nous avons voulu revenir sur la sortie d’un livre poignant, écrit il y a quelques années (2019) par un des grands auteurs que compte la France contemporaine, Yannick Haenel. Ce livre c’est la Solitude Caravage, né après que l’auteur est admiré une rétrospective du Musée Jacquemart-André.

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Yannick Haenel nous propulse dans l'univers trouble du peintre Le Caravage

Bien loin des ouvrages d’historiens de l’art classique, qu’on peine à comprendre, ce récit est autant la biographie d’un spectateur que celle d’un peintre. Yannick Haenel avec une langue gourmande nous raconte comment il a découvert le peintre alors qu’il était encore un jeune garçon. Comment l’obsession d’une image a hanté sa vie de ses 15 à ses 30 ans pour se muer en passion toujours renouvelée. Il nous rappelle ainsi qu’une peinture au même titre qu’une chanson, qu’un film ou qu’un livre peut se graver dans le fond de notre âme pour toujours. Devenant le miroir dans lequel nous pourrons nous croiser toute notre vie, découvrant ce qui bouge en nous.

Mettant en lumière ce parcours de spectateur c’est, au-delà du travail de Caravage, un pouvoir que l’auteur rend à la peinture. Celui d’altérer notre regard sur les choses pour toujours. De fixer dans notre rétine des réflexes de beauté.

Puis dans une deuxième partie du livre, Yannick Hanael, entre plus volontiers dans sa vie et son œuvre. Ayant de nombreux ennemis de son vivant, sa figure de grand maître du clair-obscur s'accompagne d'une odeur de souffre, habitué des bas-fonds, des bagarres et des bitures. Aujourd’hui, certains croient l’aimer pour ça, comme on aime une rock-star, ceux-là ont tort encore nous prévient Haenel. Il nous prend la main pour aller visiter cet atelier, les visions d’un homme seul avec son pinceau devant son ambition et en rébellion avec son monde.

Une pérégrination enivrante, où croiser au fil des pages cette citation du peintre Cézanne « L’eau changée en vin, le monde changé en peinture ». L’auteur la fait tout de suite entrer en résonance avec une autre citation, celle de Charles Baudelaire ; « il faut toujours être ivre, pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps ». L’ivresse dont il est question ici n’est bien sûr pas éthylique, c’est cette propension qu’a l’homme de créer des merveilles. Un livre finalement que l’on a envie d’offrir, surtout à cette période, tant il se déguste.
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