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Fermetures forcées en Belgique

Malgré des craintes d'espionnage, l'Institut Confucius à l'Uni n'est pas menacé

Plusieurs de ces instituts, considérés par certains comme des outils d’influence politique et même parfois d’espionnage, ont récemment été fermés, en Belgique notamment.

Lors de l'ouverture de l'Institut Confucius à l'Université de Luxembourg, à Esch-Belval, en 2018.
Lors de l'ouverture de l'Institut Confucius à l'Université de Luxembourg, à Esch-Belval, en 2018. © PHOTO: Chris Karaba

Il existe près de 500 Instituts Confucius répartis dans environ 140 pays à travers le monde entier. Ces structures, dont l'une est implantée au Luxembourg auprès de l'Uni, sont souvent installées directement auprès d’un campus universitaire et sont gérées conjointement par les partenaires locaux et chinois. Les missions de ces instituts sont diverses et variées. En résumé, ils visent à promouvoir la culture chinoise via notamment des cours de langue, des séminaires ou encore des activités culturelles.

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Seulement voilà, ces structures sont dans l'œil du cyclone, et ce, depuis plusieurs années. Juste à côté du Luxembourg, en Belgique, l'Institut Confucius de l'Université Libre de Bruxelles (ULB) a tout simplement été fermé en 2019 alors que ce dernier avait été lancé en 2016. Même sentence pour celui de l'ULiège qui a annoncé en juin dernier la fermeture prochaine de son institut. La raison de ce divorce? Officiellement, selon la vice-rectrice aux relations internationales de l'ULB, interrogée par la RTBF, ce partenariat «générait trop peu de retombées et d'activités académiques». Néanmoins, ils sont nombreux, à commencer par le parti Ecolo, à s'inquiéter de ce qu'ils qualifient «d'instrument de soft power» permettant «d'étendre l'influence du parti communiste chinois à travers le monde et d’adoucir l’image de la Chine».

Des «outils d'influence politique»

Le parti vert va même plus loin et compare les Instituts à des «outils d’influence politique et même parfois d’espionnage, payés par et pour le régime de Xi Jinping». «Même en Belgique, ces centres ont l'interdiction d'aborder les sujets qui fâchent le régime: le Tibet, Taïwan, le Dalaï-lama, Hong Kong, les religions ou la franc-maçonnerie», indique le député wallon Ecolo Rodrigue Demeuse. 

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Malgré cette situation trouble, l'Institut Confucius implanté auprès de l'Université du Luxembourg continue de fonctionner normalement. C'est ce qui ressort d'une question parlementaire posée par les députés Marc Hansen et Djuna Bernard (déi Gréng).

Aucune tentative de prise d'influence identifiée jusqu'à présent

Dans sa réponse, le ministre de l'Éducation Claude Meisch (DP) rappelle, tout d'abord, que la plupart des conférences de l'Institut Confucius (IC) portent sur la langue et la culture chinoises, sur l’histoire et l’actualité de la Chine et ses activités économiques. «L'IC propose aussi des cours de calligraphie, de même qu'une série d'activités culturelles telles qu'un festival de cinéma, une course de bateaux-dragons et des cours de taïchi. Le Learning Center de l'Université héberge actuellement un centre de documentation regroupant plus de 5.000 documents en chinois, constituant ainsi la plus vaste source d'informations sur la culture chinoise au Luxembourg». 

Le ministre assure qu'«aucune tentative de prise d'influence n'a pu être identifiée jusqu'à présent sur les campus de l'Université». «Dans tous ses partenariats, l'Université est vigilante par rapport à la liberté académique, la rigueur scientifique, un environnement sans discrimination et la neutralité militaire, religieuse ou politique».

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Concernant le financement de l'Institut, celui-ci est majoritairement chinois. Ainsi, la contribution financière de l'Université de Fudan varie d'année en année selon les activités prévues et s'élevait à 123.000 euros pour 2023. «L'Université du Luxembourg recueille aussi des frais de quelque 15.000 euros pour les cours offerts», précise le ministre. «Cette contribution assure les coûts d'hébergement et d'accueil des enseignants et artistes invités, des événements et activités organisés».

Un droit de regard constant

Enfin, le ministre ajoute que l'Uni exerce un rôle décisionnel sur le programme d'activités à travers son conseil d’administration et, dès lors, a un droit de regard sur l'ensemble des cours et activités proposés par l'IC. «La promotion commerciale, politique ou militaire n'est pas permise. Pour la partie pédagogique, l'IC utilise des outils didactiques choisis et validés par le conseil d'administration de l'institut. Ces projets sont discutés et validés par le conseil d’administration de l'IC (dont le recteur fait notamment partie, NDLR) et doivent se conformer au cadre académique de l'Université du Luxembourg».