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Belgique

La maison de Marc Dutroux démolie

C’est ce mardi que la maison de l’homme le plus haï de Belgique est livrée au bulldozer.

Un quart de siècle après les faits, Marc Dutroux reste l’homme le plus haï de Belgique.
Un quart de siècle après les faits, Marc Dutroux reste l’homme le plus haï de Belgique. © PHOTO: Belga

De notre correspondant Max HELLEFF (Bruxelles) - Les travaux de démolition de la « maison de Dutroux », à Marcinelle (Hainaut), ont débuté mardi. Après des années de discussions et de polémiques, la décision a finalement été prise de raser la « maison de l’horreur » tout en conservant la cache secrète où le meurtrier avait séquestré ses victimes, déjouant dans un premier temps les perquisitions de la police.

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À l’annonce de la nouvelle, la chaîne publique francophone RTBF a relayé des images d’archives où l’on voit la mère de Laetitia Delhez expliquant sur un ton neutre que sa fille avait dû partager le bain du «monstre» qui «l’avait violée trois fois». Gino Russo, le père de la petite Mélissa qui n’a pas survécu en 1996 aux sévices de Dutroux, a estimé pour sa part que la conservation de la cache secrète pourrait servir à des devoirs d’enquête ultérieurs.

Il y a un an, en juin 2021, le conseil communal de Charleroi a lancé la procédure de marché public pour la démolition de l'ancienne maison de Marc Dutroux. L’endroit accueillera ensuite un jardin mémoriel entouré de fleurs et d’arbres. Une nouvelle fresque inspirée de celle qui aveugle actuellement la façade sera confiée aux soins d’un artiste. Le projet devrait être terminé pour 2023.

Tourner la page du drame

Les autorités locales et les riverains espèrent ainsi tourner la page de ce qui reste aujourd’hui l’affaire judiciaire la plus sinistre de la Belgique contemporaine. Durant des années, Marc Dutroux a enlevé, violé et laissé mourir des enfants et des jeunes filles afin de satisfaire ses perversions sexuelles. Melissa Russo, Julie Lejeune, An Marchal et Eefje Lambreckx n’ont pas survécu aux traitements qu’il leur a infligés.

Mais le 15 août 1996, le pédophile est arrêté. Il conduit les enquêteurs à la cache de Marcinelle pour y libérer Sabine Dardenne et Laetitia Delhez. Les jeunes filles, alors âgées respectivement de 12 et 14 ans, sont extraites de la cache. Leur séquestration dans l’immonde bouge aménagé par Dutroux aura duré plus de deux mois pour Sabine et six jours pour Laetitia.

Mettre fin au tourisme macabre

La destruction de la maison Dutroux est censée mettre fin au tourisme macabre qui hante les lieux. En 2021, le Français Lolo Urbex y était entré par effraction. Sur l’une des vidéos, on pouvait voir son complice se servir d’une vieille porte pour escalader un mur et avoir accès à ce qu’il décrivait comme «la maison la plus horrible d’Europe». Ces amateurs d’exploration urbaine avaient filmé la chambre de Marc Dutroux, celle de ses enfants, ainsi que la cave où la cache avait été aménagée. Ils avaient ensuite «visité» l’autre maison de Dutroux, à Sars-la-Buissière.

Cette dernière doit, elle aussi, être abattue. Les autorités mettent la dernière main au cahier des charges qui enverra l’habitation aux gravats.

Régulièrement, Marc Dutroux refait parler de lui, bien qu’il soit derrière les barreaux depuis 26 ans. Son avocat a raconté à Sudinfo qu’il joue au détective et mène l’enquête sur toutes sortes d'affaires criminelles. «Il a dressé une liste d'une quarantaine de meurtres et de morts suspectes en Belgique et a fait des liens avec le réseau dont il n'était qu'une petite partie», explique Me Bruno Dayez. Le pédophile s'est penché notamment sur le Gang de Nivelles, raison pour laquelle des enquêteurs chargés des tueries du Brabant sont venus l'interroger il y a quelques mois. Selon son avocat, l'entretien a tourné court car «Dutroux était confus et son discours trop incohérent».

«Il n'a pas changé en 24 ans»

Ces dernières années, Marc Dutroux a fait valoir ses droits à une libération conditionnelle, conformément à la loi. Jugé incapable de se réintégrer dans la société, il a fini par abandonner toute prétention de libération. «Vu le rapport accablant des experts psychiatres, qui estiment mon client toujours dangereux, je n’ai aucun plan de reclassement à proposer pour lui. Le tribunal d’application des peines actera le fait qu’en l’état actuel, Marc Dutroux ne demande pas sa libération», avait déclaré en mars dernier Me Bruno Dayez.

«Dutroux n’a pas changé en 24 ans. Absolument pas. Il reste un psychopathe sadique sexuel avec une absence d’évolution et de remise en question qui présente un risque élevé de récidive, qu’il soit sexuel ou non», avait affirmé dans le même temps Jean-Philippe Rivière, l’avocat d'une de ses victimes, Sabine Dardenne.

Cet été, l'ex-femme de Dutroux, Michelle Martin, sera tout à fait libre. Elle a respecté à la lettre les conditions de sa liberté conditionnelle.

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