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Pays-Bas : une élection à l’issue imprévisible et aux forts enjeux pour l’Europe

Ce mercredi 22 novembre, plus de 13 millions de Néerlandais se rendent aux urnes pour élire leur nouvelle Assemblée. Les résultats de l’élection sont incertains, tant pour le Royaume que pour l’Union européenne.

De gauche à droite : Frans Timmermans (Union travaillistes-verts), Pieter Omtzigt (NSC, droite populiste), Dilan Yeşilgöz (VVD, droite libérale), Geert Wilders (PVV, extrême droite) - Crédits : Commission européenne | Roel Wijnants / Flickr CC BY-NC 2.0 DEED | Wouter Engler / Wikimedia Commons CC BY-SA 4.0 DEED | Montage Toute l’Europe

De la Maison d’Anne Frank à Amsterdam aux îles des Caraïbes néerlandaises, plus de 13 millions d’électeurs voteront” aujourd’hui, résume The Guardian. Ces élections anticipées surviennent après la démission en juillet dernier du chef du gouvernement, Mark Rutte, qui “était au pouvoir depuis 2010, soit le plus long mandat de l’histoire du pays” [Ouest-France]. Une page politique se termine donc”, constate le quotidien régional.

Mark Rutte a récemment beaucoup perdu en popularité. En cause : “le traitement négligent des citoyens de Groningue qui ont dû subir des tremblements de terre à cause de la production de gaz”, rappelle le Tagesschau. Sa coalition est aussi tombée à cause d’un “projet de loi visant à réduire le nombre de demandeurs d’asile dans le pays ainsi qu’une affaire où l’administration avait accusé à tort 26 000 parents de fraude fiscale”, abonde Ouest-France.

Le pays traverse une “crise de confiance”, estime ainsi Tom van der Meer, professeur de sciences politiques à l’Université d’Amsterdam, dans The Guardian. Les électeurs sont préoccupés par le “pouvoir d’achat”, l’immigration, “l’écologie punitive” et la “gouvernance du pays”, perçue comme “oligarchique”, résume l’historien Christophe de Voogd, interrogé par L’Humanité.

Incertitude et division

Ce mercredi, “rien n’est encore joué : selon les analystes, la majorité des électeurs néerlandais ne se déterminent que peu de temps avant de passer dans l’isoloir” [Tagesschau].

Lors des élections provinciales de 2019, les “mécontents” avaient donné de la force au Forum pour la démocratie (FvD), un parti “populiste de droite et sceptique envers l’UE”, puis, “au printemps, ils ont soutenu le BBB”, un mouvement “paysan-citoyen”, liste le Tagesschau. Le BBB est d’ailleurs devenu très rapidement le plus grand parti du pays, avant de s’effondrer à “la sixième place dans les sondages” [Politico].

La multiplication des partis s’explique par le mode de scrutin. Les formations politiques sont désormais vingt à concourir “pour les 150 sièges de la deuxième Chambre néerlandaise”, souligne L’Humanité. Le scrutin se fait en effet à la proportionnelle “sans seuil électoral, ce qui favorise les petites listes, et entraîne un nombre important de candidats”, analyse Ouest-France.

Quatre partis au coude-à-coude

Quelques uns tirent leur épingle du jeu : “pas moins de quatre partis” sont “au coude-à-coude”, d’après Les Echos. Ouest-France pose la question : “qui des libéraux du VVD de l’ex-Premier ministre Mark Rutte, de l’extrême droite menée par Geert Wilders (PVV), le conservateur Pieter Omtzigt (NSC) ou l’alliance écolo-sociale-démocrate de Frans Timmermans va l’emporter” ?

Selon l’historien Christophe de Voogd, la seule réponse qui soit permise pour l’instant est “la double incertitude liée à l’émiettement du paysage politique et à l’hésitation d’une partie importante de l’électorat, surtout jeune” ainsi qu’à “la droitisation du spectre politique” [L’Humanité]. En effet, 3 des 4 premiers partis sont de “droite classique (libérale et chrétienne)” (VVD), de “droite populiste” (NSC) et d’ ”extrême droite” (PVV), les gauches ne représentant que “25 à 30 % de l’électorat”. En outre, les petits partis ont une certaine importance puisqu’ils représentent 30 % des intentions de vote. 

Qui dit parlement divisé, dit négociations complexes : “la coalition pour gouverner pourrait être longue à former. Après les élections de 2021, il avait fallu plus de onze mois de négociations pour que Mark Rutte entame son quatrième mandat”, rappelle Ouest-France.

Un résultat scruté par l’UE

Une élection à haut risque pour l’Europe”, titre de son côté Le Parisien. En effet, les Pays-Bas, membre fondateur de l’Union européenne, “endossent souvent un rôle pivot à Bruxelles”, explique Sander Tordoir, du Centre for European Reform, interrogé par le journal. Depuis la pandémie, “Mark Rutte a fait du pays un médiateur constructif, capable de forger des compromis entre l’Allemagne et la France”, poursuit-il.

Or, dans ce pays qui “fut longtemps l’élève modèle de la classe européenne”, “l’euroscepticisme, à des degrés très divers, est désormais dominant” souligne Christophe de Voogd [L’Humanité]. Si l’on reprend les partis principaux, seul Frans Timmermans, qui guide l’alliance travaillistes-verts, marque clairement son soutien à l’Europe, ayant été ” vice-président exécutif de la Commission européenne […] et grand architecte du Pacte vert pour l’Europe”, fait savoir Le Parisien.

Les autres partis sont bien plus sceptiques. Le NSC “promet de s’opposer à la poursuite de l’intégration européenne et de négocier des dérogations aux politiques de l’UE” tandis que le VVD, lorsqu’il était au pouvoir avec Mark Rutte, refusait “toute augmentation du budget européen ou de sortir des règles budgétaires strictes”, aux côtés des autres pays “frugaux” de l’Union [Ouest-France].

Quant au PVV d’extrême-droite, en hausse dans les sondages, c’est “un eurosceptique pur et dur, appelant à un référendum sur la sortie de l’UE”, indique Politico. Or, après les élections “au moins trois, probablement quatre, partis seront nécessaires pour former une coalition” et le VVD libéral n’exclut pas de s’allier au PVV pour pouvoir gouverner, expliquent Les Echos.

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