Un événement Facebook prévoit d'envahir la zone 51 : pourquoi la menace est prise très au sérieux

par CASSANDRE AMOUROUX
Publié le 18 juillet 2019 à 17h30, mis à jour le 18 juillet 2019 à 17h40

Source : Sujet TF1 Info

À LA LOUPE - La base militaire la plus secrète du monde fait l'objet d'un événement Facebook : plus d'un million de personnes annoncent "participer" à une opération pour forcer l'entrée de cette zone ultra sécurisée. Si la page est originellement une blague, selon son créateur, l'engouement suscité force les autorités américaines à réagir. Quels sont les risques pour ceux qui iraient jusqu'au bout du projet ?

"Prenons d'assaut la Zone 51, ils ne peuvent pas tous nous arrêter". Le nom donné à l'événement Facebook est clair, les organisateurs ont même fixé la date. Plus d'un million d'internautes, principalement américains, ont l'intention de "participer" à l'événement prévu le 20 septembre au Nevada. Objectif ? Forcer l'entrée de la base militaire, percer ses mystères et même "libérer les aliens" qui y seraient détenus.

zone 51 groupe
zone 51 groupe - Facebook

Le projet s'apparente à une plaisanterie qui a pris plus d'ampleur que prévu. Certains internautes semblent cependant particulièrement motivés et les autorités américaines préfèrent prévenir que guérir : pénétrer dans cette base militaire est risqué.

Qu'est-ce que "la Zone 51" ?

La zone 51 est réelle, elle se situe en plein désert du Nevada, au nord-ouest de Las Vegas, et s'étend sur environ 155 km2. L'existence de cette base secrète militaire a été officiellement révélée en 2013, suite à la révélation de documents officiels déclassifiés. Mais l'existence d'une activité humaine secrète dans cette zone alimentait déjà depuis très longtemps les fantasmes de nombreux curieux. 

En réalité, cette base militaire existe depuis les années 1950 et, officiellement, il s'agit d'un lieu de test d'appareils aériens. Mais l'énorme dispositif de sécurité sur une zone si vaste, la révélation de son existence tardive, tout comme les nombreux témoignages de civils ayant aperçu des objets volants non identifiés, ont alimenté des dizaines de théories. Parmi les plus célèbres, la découverte de vaisseaux extraterrestres et la capture de leurs pilotes venus de l'espace.

Du côté des informations beaucoup plus officielles, le Pentagone révélait en 2017 l'existence d'un programme gouvernemental à 22 millions de dollars sur la zone 51 pour analyser les "menaces anormales de l'espace aérien". Une déclaration qui est venue nourrir les interrogations et les suppositions autour de ce lieu si bien protégé.

Une plaisanterie qui cache de véritables projets ?

Les organisateurs de l'événement "Prenons d'assaut la Zone 51, ils ne peuvent pas tous nous arrêter" ont-ils perdu le contrôle de leur propre plaisanterie ? La presse et les chaînes de télévision ont repris l'information, de quoi donner un coup de pub formidable à cette page. Plus de 500.000 personnes ont décidé de se joindre à l'événement en l'espace de deux jours et, mardi 

17 juillet, elle comptabilisait 1,4 millions de participants.

Dans les publications, beaucoup d'internautes n'y voient qu'une blague plutôt réussie : "Ah, ah, bravo les gars on est passé aux infos", se félicite l'un d'entre eux."J'apporte les bières",  s'amuse un autre. Des cartes et des plans humoristiques peu élaborés ont été publiés pour soutenir l'idée d'une éventuelle intrusion. D'un autre côté, les organisateurs de l’événement ont décidé de profiter de cette vague de succès pour lancer leur site de vente de T-shirt à l'effigie des ovnis.

zone 51 plan attaque
zone 51 plan attaque - Evenement Facebook Storm Area 51

Il est cependant possible que ce "faux événement" soit devenu une véritable opportunité. Dans la description de la page Facebook l'idée est de se "réunir" et de courir "à la façon de Naruto"(célèbre personnage de manga) pour aller "plus vite que les balles".  Mais si la boutade avait donné des idées aux chasseurs d'aliens ? 

Au milieu des photomontages et des blagues, il n'est pas toujours évident de trier le bon grain de l'ivraie et de savoir qui est sérieux et qui ne l'est pas. Des publications proposent du covoiturage, d'autres demandent des bons plans pour se loger à proximité. Sur Twitter, un internaute américain s'interroge : "Est-ce que les militaires vont oser tirer si on est vraiment nombreux ?" D'autres s'inquiètent : "Ce groupe est drôle jusqu'à ce que des gens se déplacent et se fassent tuer".

Quels sont les risques ?

L'hypothèse que des individus se préparent pour l'événement a poussé les autorités à réagir. La porte parole de l'armée de l'air américaine, Laura McAndrews, a indiqué au Washington Post que les services du Pentagone avaient pris acte de l'existence de cette page Facebook. Lorsqu'il lui a été demandé ce qui arriverait aux personnes qui tenteraient de pénétrer dans la zone, elle a d'abord répondu qu'elle ne pouvait pas s'étendre sur les procédures de sécurité. Elle a toutefois lancé un avertissement : "Nous découragerons toute personne qui tenterait d'entrer dans la zone où les forces aériennes américaines s'entraînent (…) L'armée se tient toujours prête à protéger les intérêts américains". 

Ces paroles ne sont pas des mises en garde à prendre à la légère. Un périmètre de  sécurité de 40 kilomètres entoure la base, il est délimité par des barrières, des caméras et des détecteurs de présence. Les curieux qui s'aventurent trop loin sont immédiatement arrêtés et reçoivent une amende salée, dans le meilleur des cas.

Sur des panneaux délimitant la zone sécurisée on peut lire "Use of deadly force authorized". Une phrase qui laisse entendre que les militaires sont autorisés à faire usage de leurs armes pour protéger les lieux. La menace a été mise à exécution pas plus tard qu'en février. Un homme ayant parcouru plus de 13 km en voiture dans la zone interdite aurait été abattu par les militaires.

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CASSANDRE AMOUROUX

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