JEANCLOS

Georges Jeanclos, pseudonyme de Georges Jeankelowitsch, né le 9 avril 1933 à Paris et mort le 30 mars 1997 à Paris, est un sculpteur.

Après un apprentissage à Cusset dans l’Allier, chez le sculpteur Robert Mermet en 1947, Jeanclos intègre l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris de 1952 à 1958. Il obtient le Grand prix de Rome en 1959, et réside pendant quatre ans à la Villa Médicis dirigée par Balthus. Il rentre à Paris en 1964 et enseigne à l’École supérieure des beaux-arts du Mans de 1965 à 1966. A partir de 1976, il est nommé chef d’atelier à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris.

Son œuvre est née en écho aux événements traumatisants de la Deuxième Guerre mondiale. Pour échapper aux rafles qui menacent les Juifs en France, sa famille doit se cacher dans les bois ; lui-même, âgé d’une dizaine d’années, apprend à côtoyer le danger de mort. Au lendemain de la Libération, il voit les corps des anciens collaborateurs pendus aux réverbères ; peu après, il découvre les êtres squelettiques qui ont survécu aux camps. Des décennies plus tard, Jeanclos réagira à cette expérience fondatrice : en se mettant à l’écoute de toutes les souffrances, passées et présentes, il trouve en lui la force pour créer la beauté.
Il ne quitte jamais la figuration et ses sculptures hiératiques et secrètes, empreintes d’une étrange sérénité, sont fortement influencées par le bouddhisme zen et par les antiques statues de terre étrusques. Ses personnages en terre cuite, aux visages ronds et lisses, aux crânes chauves, sont vêtus de draperies, de linceuls ou de haillons.
Le critique d’art, Pierre Morel écrit : « Une fois qu’on l’a rencontrée, l’œuvre de Georges Jeanclos ne peut plus s’oublier … Les mots qui viennent à l’esprit sont douceur – tendresse – silence – pitié. »
Ses Dormeurs sont une sorte d’alternative aux gisants d’autrefois ou encore « des vivants enfouis dans leurs rêves, dans l’attente de s’éveiller dans le sommeil, pour aller à la rencontre de nouveaux horizons, une nouvelle vie », nous dit Xing Xiaosheng. Dans un premier temps, il les réalise en argile, puis il les propose dans les années 70 à la Manufacture nationale de Sèvres qui les traduit alors en biscuits de porcelaine. C’est dans cette institution qu’il fondera l’atelier de recherches et de créations de Sèvres (1982), formalisant ainsi la collaboration entre artistes et artisans.
La mort de son père en 1976 le mène à réaliser les Urnes Kaddish (prières du fils pour son père mort).
En 1984, il entreprend un voyage au Japon qui lui inspire Hiroshima et Kamakuras.
Plus tard s’y ajouteront des Piétas, des Adam et Eve amoureux, des couples qui se frôlent ou s’étreignent.

« Dans son atelier à la Bastille, le sculpteur Georges Jeanclos aimait montrer sa façon très modeste de travailler la terre glaise. Il l’étirait jusqu’à former une mince galette, puis frappait celle-ci, d’un geste sec, contre des objets, des plans ou même le sol. Ces surfaces, mises ainsi en contact avec la terre, la marquaient de leur texture. Par une série de gestes minutieux, Georges Jeanclos procédait alors à l’enroulement par ces bandes fines, parfois déchiquetées, de ses personnages qui acquéraient ainsi une stature monumentale, même lorsqu’ils étaient de petites dimensions », raconte Elisabeth Lebovici en 1997.

A la galerie Albert Loeb où le sculpteur expose, François Mitterrand aime à se rendre. Il admire le travail de Jeanclos et c’est probablement au président de la République qu’on doit l’une des premières commandes publiques d’une sculpture commémorative destinée aux Champs-Elysées à Paris en 1984. Le Monument à Jean Moulin porte à la fois l’empreinte écrite du Chant des partisans et celle de fragments du Kaddish, la prière des morts. Suit alors la réalisation d’un nouveau tympan pour le portail de l’église romane de Saint-Ayoul à Provins en 1986, puis celle d’une porte pour le ministère des Finances à Bercy en 1987.

Parmi ses principales expositions :

1977, Centre Georges Pompidou, Paris « Ateliers aujourd’hui » et galerie Noella Gest, FIAC, Paris
1988, Herzliya Museum of Art, Israël
1995, Royal Ontario Museum, Toronto
2002, Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, Paris
2012 Musée eucharistique du Hiéron, Paray-le-Monial20

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