Partager
Santé

BRESIL. Un moustique OGM pour lutter contre la dengue

Alors que l’épidémie de dengue est à son apogée durant la coupe du monde, les autorités brésiliennes sont à la recherche de solution pour endiguer la maladie.

2 réactions
Des moustiques OGM pour lutter contre la dengue

La dengue est maladie virale transmise à l'être humain par un moustique du genre Ædes ægypti.

Roger Eritja / Biosphoto / AFP

MOUSTIQUE. En avril dernier, le Brésil a autorisé la dissémination commerciale dans l'environnement d'un moustique génétiquement modifié pour endiguer la contamination de la dengue, cette maladie virale transmise à l’être humain par un moustique du genre Ædes ægypti. Cette autorisation a été approuvée dans le cadre d'un vote de la Commission brésilienne en charge des OGM (CNTBio), par 16 voix contre une. Ce serait le premier animal transgénique lancé à grande échelle dans la nature.

RISQUE. Au Brésil, comme dans bon nombre de pays d'Amérique du Sud, la dengue est un véritable problème de santé publique : 200 000 cas ont été recensés en 2013, et 400 personnes seraient décédées des suites de la maladie depuis le début de l’année. Or la Coupe du Monde de football vient de débuter et le risque est bien réel au Brésil. Et c'est sur danger de grande ampleur qu'alertait récemment Simon Hay, épidémiologiste au Département de Zoologie de l’université d’Oxford dans un éditorial de la revue Nature.
 

Lire

La coupe du monde de football menacée par la dengue ? 

L’Organisation Mondiale de la Santé estime à 50 millions le nombre de cas annuels, dont 500 000 cas de dengue hémorragique qui sont mortels dans plus de 20% des cas. Aujourd’hui cette maladie est fréquente dans les régions tropicales et subtropicales du monde entier, principalement dans les zones urbaines et semi-urbaines. Fièvres, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires sont les symptômes les plus fréquents de la dengue. Cependant, il existe une forme hémorragique sévère, plus rare, potentiellement mortelle.

3% de chances de survie pour la progéniture

ANTIBIOTIQUE. Créé par la société britannique Oxitech, OX513A est une souche d’Ædes ægypti, mais à la différence de la souche "sauvage", celle-ci a été modifiée génétiquement pour être dépendante d’un antibiotique, la tétracycline, afin de compléter sa maturation.

L’usine où sont produits les moustiques détruit les œufs femelles et ne relâche que les mâles. Ces derniers, qui en plus ne piquent pas, sont ensuite censés s’accoupler dans la nature avec les femelles "sauvages". Comme leur progéniture est privée de l’antibiotique, elle n’a que 3% de chances de survivre. Au fur et à mesure des salves de moustiques, la population globale d’Ædes ægypti devrait donc fortement diminuer.

Ce moustique transgénique est un nouvel outil précieux pour les autorités sanitaires dans le monde entier - Hadyn Parry, PDG d'Oxitec

ESSAIS. D’après une première étude sur le terrain, menée sur les Îles Caïman, les moustiques transformés s’accoupleraient bien avec les femelles. Mais le protocole de cet essai, s’appuyant sur un trop faible nombre d’individus libérés, n’a pas permis de démontrer la réduction de la population native. Des extrapolations statistiques ont permis aux chercheurs d’Oxitec d’estimer le volume efficace des libérations d’OX513A mâles à 5 000 individus par hectare et par semaine.

"Nous pensons que le profil environnemental bénéfique, couplé avec une excellente efficacité à ce jour, fait du moustique d'Oxitec un nouvel outil précieux pour les autorités sanitaires dans le monde entier pour compléter leurs efforts existants dans la lutte contre les moustiques qui propagent la dengue", s'est félicité de con côté Hadyn Parry, PDG d'Oxitec.

Une autorisation contestée par les ONG

CONTROVERSE. Plusieurs ONG, comme l'association brésilienne AS-PTA, ont dénoncé en avril dernier les lacunes du dossier de demande d'autorisation, la mauvaise consultation du public, voire même l'absence d'efficience de cette stratégie de lutte contre la dengue, ainsi que des risques graves pour l'immunité humaine, rapporte Inf'OGM sur son site.  L'AS-PTA pointe l’absence de données et le risque de survie des progénitures porteuses des mutations en cas de pollution de l’environnement par l’antibiotique, peu spécifique. Les doutes portent aussi sur la mortalité des insectes en absence de tétracycline, estimée à 96,5 % pour les animaux hétérozygotes. 

2 réactions 2 réactions
à la une cette semaine

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications