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La population de tigres en hausse de 30% ? Pas si sûr...

Le gouvernement Indien avait annoncé en janvier une croissance de 30% de la population de Tigres du Bengale au cours de ces quatre dernières années. Une étude d’Oxford balaye la bonne nouvelle.

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tigre bengale mère et jeune

La population de Tigres du Bengale pourrait, au mieux, augmenter de 50% au cours des 10 prochaines années, loin des 30% sur 4 ans annoncés.

© Sumant Pinnamaneni

Pour les défenseurs du Tigre du Bengale (Panthera tigris tigris), la nouvelle est amère. Les chiffres annoncés par le gouvernement Indien le 30 janvier 2015 dernier semblent être erronés : la population de tigres n’a malheureusement pas augmenté de 30% sur la période 2011-2014. Et cela pourrait entraîner un relâchement dans les programmes de conservation de l'espèce...

CHIFFRES. En cause dans cette mauvaise estimation le modèle statistique à l’origine de l'estimation de la population actuelle mais également un problème de méthodologie. Des erreurs dénoncées par les défenseurs des animaux, pointées du doigt dans une étude scientifique parue fin février dans le journal Methods in Ecology and Evolution.

Le territoire des Tigres du Bengale rétrécit continuellement, grignoté par les cultures, les villes et les industries.© Planète Tigre

Le recensement des tigres avait été mené par l’Autorité Nationale de Conservation du Tigre (National Tiger Conservation Authority) et Prakash Javadekar, ministre de l’environnement, avait alors affirmé début 2015 : "les effectifs de tigres sont passés de 1.706 à 2.226 entre 2011 et 2014". Mais, première incohérence : les chiffres de 2011 ne comprennent que les tigres logeant dans les réserves et sanctuaires indiens, alors que les chiffres de 2014 englobent l’ensemble des tigres du territoire, forcément plus nombreux. Deuxième problème, la méthode de comptage. Étudiée par Arjun M. Gopalaswamy et son équipe de l’université d’Oxford, la technique, très utilisée dans le monde scientifique, a montré ses limites.

Une technique statistique inadaptée

Celle-ci, adoptée par l‘Inde en 2006, porte le nom d’index-calibration (en français "étalonnage- repère"). Elle consiste à compter le nombre d’animaux – ici de tigres – sur une surface réduite grâce à des pièges photographiques, des colliers émetteurs et des empreintes de pattes. La population nationale de Panthera tigris tigris est ensuite estimée en extrapolant le nombre trouvé précédemment à l’ensemble du pays. "L’index-calibration repose sur un pré-requis qui est un taux de détection de la présence de l’animal fort et constant", explique Gopalaswamy.  Autrement dit, le félin doit être réparti sur tout le territoire et de façon approximativement uniforme pour que la technique soit valide. Pas vraiment le cas de l’animal qui a déserté une partie du territoire, chassé par la déforestation. Le professeur David Macdonald, un autre auteur de l’étude, renchérit : "soumise à différents tests, il a été montré que la technique d’index-calibration n’était  pas fiable."

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La population de tigres en hausse de 30% en Inde

Les protecteurs du fauve avaient eu une réaction mitigée à l’annonce de ces résultats jugés optimistes. Leur plus grande inquiétude était alors que la nouvelle entraîne une diminution de l’attention portée à la conservation de cette espèce, classée en danger par l’IUCN. Et leurs craintes se sont avérées exactes. Le gouvernement indien a déjà diminué le budget du ministère de l’environnement, avec pour conséquence une baisse de  presque 25% des fonds alloués à la conservation des tigres pour 2015-2016. L’État est aussi de plus en plus tenté de céder aux industriels quelques terrains forestiers abritant le grand fauve contre une compensation financière.

Des chiffres positifs, malgré tout

Jusqu’à présent, l’Inde, où se concentre 70% de la population des Tigres du Bengale, s’est érigée comme gardienne de l’espèce. Patrouilles de rangers, création de 47 sanctuaires, établissement de corridors entre ceux-ci, etc. Elle a su concilier une politique de protection efficace aux besoins d’une population de plus d’un milliard d’habitants. Cela n’empêche pas le braconnage – heureusement en diminution –, la perte d’habitat et autres de porter un coup à la croissance de la population féline. Bien qu’on ne puisse espérer une augmentation de 30% de la population du fauve, les chiffres sont positifs. "Sur 2.226 tigres estimés dans notre rapport, nous avons des preuves photographiques de [l’existence de] 1.500 d’entre eux, soit 70%" se défend le Rajesh Gopal , qui a présidé l’Autorité Nationale de Conservation du Tigre depuis ses débuts en 2006. Effectifs surestimés ou non, le résultat est le même : il faut continuer de préserver l’espèce et faire en sorte que la population croissent, rappellent les associations pour la conservation du félin.

Planète Tigre est l’une de ces associations qui agissent sur le terrain. Créée en 2011 par Frédéric Geffroy, elle participe à la sauvegarde du tigre en sensibilisant les populations qui vivent à son contact et en encourageant les patrouilles de lutte contre le braconnage. Vous aussi pouvez prendre part à la sauvegarde du Tigre du Bengale en donnant 1 € (ou plus) pour financer l’opération "Tigres, les enfants de l’espoir".

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