Qui était Xerxès I, ce monarque tyran de la Perse ?

Publié le 06 Mar 2024 à 07H00 Modifié le 6 mars 2024
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Au cœur de l'histoire antique, l'Empire achéménide sous Xerxès Ier se distingue par son ambition impériale et son héritage architectural. Ce monarque, connu pour ses tentatives d'invasion de la Grèce et ses contributions monumentales à Persépolis, incarne une période de grandeur et de contradictions.

Xerxès Ier, souverain de l’Empire achéménide de 486 à 465 avant notre ère, incarne une figure emblématique de l’antiquité dont le règne a été marqué par des tentatives ambitieuses d’expansion, des projets architecturaux d’envergure et une gouvernance qui a suscité autant d’admiration que de critiques. Fils de Darius Ier et descendant de Cyrus le Grand, il a hérité d’un empire à son apogée, s’étendant sur trois continents. Sa campagne contre la Grèce, notamment les batailles de Thermopylae et de Salamine, ainsi que ses réalisations monumentales à Persépolis, ont façonné l’image d’un monarque dont les actions ont eu un impact durable sur le cours de l’histoire occidentale et orientale.

Ascension et défis initiaux

Fils de Darius Ier et d’Atossa, fille de Cyrus le Grand, Xerxès hérita d’un empire à l’apogée de sa puissance. Il s’étendait de l’Inde à l’Éthiopie. Sa désignation comme héritier, préférée à celle de son frère aîné Artabazanes, fut motivée par sa lignée directe avec Cyrus. Elle consolidait ainsi la légitimité dynastique.

Dès son avènement en tant que souverain de l’Empire achéménide, Xerxès Ier fut confronté à des défis majeurs. Des soulèvements eurent lieu en Égypte et à Babylone. Ces révoltes, menaçant la stabilité de l’empire, exigèrent une réponse immédiate et décisive. Xerxès choisit d’employer une rigueur sans précédent pour les réprimer, dépassant de loin la modération habituellement pratiquée par son père.

Cette approche sévère signalait un changement significatif dans la gestion des territoires conquis. Elle inaugurait une période où la centralisation du pouvoir et l’affirmation de l’autorité impériale devinrent des axes centraux de la politique achéménide. Cela devenait essentiel pour maintenir l’ordre et l’unité au sein d’un empire aussi vaste et diversifié.

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La campagne grecque

La décision de Xerxès d’entreprendre la conquête de la Grèce en 480 avant notre ère s’inscrivait dans une logique de restauration de l’honneur perdu par l’Empire achéménide lors de la défaite de Darius à Marathon, dix ans plus tôt. Cette entreprise résulta d’une planification rigoureuse et d’efforts logistiques considérables. Il fit notamment construire des ponts sur l’Hellespont pour assurer le passage de son armée. Il établit des dépôts de ravitaillement le long de la route vers la Grèce. Xerxès cherchait à asseoir définitivement la suprématie perse sur les cités-états grecques, selon les experts.

Cependant, la campagne n’apporta pas les résultats escomptés. Après une victoire navale à Artemisium, les Perses anéantissent les forces du roi spartiate Léonidas aux Thermopyles. L’armée de Xerxès s’est alors déchaînée en Grèce et Athènes a été limogée. La victoire semblait assurée. Mais les Grecs remportèrent une improbable victoire à la bataille navale de Salamine, qui renversa le cours du conflit.

Après la défaite, Xerxès ramena la majorité de ses forces restantes en Perse. Il pensait que brûler Athènes suffirait. Il laissa son général et beau-frère Mardonius poursuivre l’assujettissement de la Grèce. Cependant, ce dernier fut tué et les Perses furent vaincus à Platées en -479. Parallèlement une troisième bataille à Mycale détruisit une grande partie de l’armée perse restante. Les ambitions impériales de Xerxès en Grèce furent stoppées nettes.

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Gouvernance et projets architecturaux

Suite à son retour en Perse après la campagne grecque, Xerxès Ier orienta son attention et ses ressources vers la réalisation de projets architecturaux d’une envergure sans précédent, avec pour épicentre la capitale cérémonielle de Persépolis. Cette ville, déjà réputée pour son faste sous le règne de Darius, vit son horizon transformé par l’ambition de Xerxès. Le souverain entreprit d’agrandir le complexe palatial. Il y ajouta des structures monumentales telles que le palais qui porte son nom. Cet édifice comportait de vastes salles, d’imposantes colonnes et des bas-reliefs détaillés.

En outre, Xerxès commanda la construction de la porte de toutes les Nations, vestibule imposant servant d’entrée principale à Persépolis. Conçue pour impressionner les visiteurs par sa grandeur et son décor élaboré, cette porte symbolisait l’universalité de l’empire achéménide. À l’entrée, des sculptures de taureaux ailés avec des têtes d’homme gardent le passage, incarnant la puissance et la protection. Des inscriptions cunéiformes y déclarent la grandeur de Xerxès. Il est possible qu’elle ait pu arborer un bleu similaire à celui de la célèbre porte d’Ishtar à Babylone. Il accueillait dignitaires et ambassadeurs venus des quatre coins de l’empire.

Ces initiatives architecturales, visant à immortaliser la gloire de Xerxès et à célébrer l’hégémonie perse, eurent un coût financier considérable. La mobilisation de vastes quantités de matériaux, la main-d’œuvre, et l’entretien de ces sites sollicitèrent lourdement les coffres de l’État. Cela contribua à l’épuisement progressif des ressources de l’empire, illustrant les limites d’une politique de grandeur fondée sur une dépense sans retenue.

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Fin de règne et postérité

En 465 avant notre ère, la vie de Xerxès Ier, souverain de l’empire achéménide, prit fin de manière abrupte. il fut assassiné par Artabanus, le commandant de sa garde royale. Motivé par une ambition personnelle de pouvoir et d’influence au sein de l’empire, il orchestre ce meurtre. Le règne de Xerxès, malgré la conservation de l’empire achéménide, marque pour les historiens le début de son déclin. Les tensions internes et les défis externes ont commencé à menacer la stabilité de l’empire.

La figure de Xerxès elle-même incarne donc une dualité. D’un côté, il est vu comme un dirigeant audacieux et résolu, capable de mobiliser des ressources considérables pour ses campagnes militaires et ses projets architecturaux. De l’autre, sa personnalité est perçue à travers le prisme de ses ambitions impérialistes et de ses échecs, notamment sa campagne en Grèce. Il souffre d’une réputation incroyablement négative. Alors que de nombreux érudits grecs semblaient admirer ses prédécesseurs Cyrus et Darius, Xerxès Ier est dépeint comme un tyran, coureur de jupons.

L’assassinat de Xerxès ne marque pas seulement la fin tragique d’un monarque. Il symbolise également un tournant dans l’histoire de l’empire achéménide.

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À propos de l’auteur
Laurie Henry
Laurie Henry
Diplômée du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris dans le domaine de la biodiversité, Laurie Henry est rédactrice scientifique indépendante. Elle s’intéresse à tout ce qui touche au monde de la science, de la biologie aux dernières technologies, à l’espace, en passant par les avancées médicales et l’archéologie.
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