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Portraits

Mike Brant, phénomène des 70’s : une carrière fulgurante, un destin scellé

Mike Brant, l'étoile filante (extrait)

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Par Fanny Guéret

La Trois vous propose le documentaire "Mike Brant, l’étoile filante", un portrait fleuve de deux heures sur l’une des grandes idoles post-yéyés des années 70. Un jeune chanteur d’origine israélienne à la voix hallucinante, au physique qui rendait les filles hystériques, et dont la vie se termina en drame à l’âge de 28 ans après seulement cinq ans d’une carrière étincelante. Mike Brant aurait dû fêter ses 76 ans ce 1er février.

Moshé Brand était un enfant de survivants de l’Holocauste. Jusqu’à l’âge de 4-5 ans, aucun mot ne sort de la bouche du petit garçon. Et si on ne parle jamais de la Shoah à la maison, Moshé ressent le traumatisme de ses parents, déportés à Auschwitz durant ces heures sombres. À l’école, c’est compliqué. Mais en grandissant, le futur Mike trouve un exutoire dans le chant et montre déjà une voix exceptionnelle. Il chante dans un groupe puis tente l’aventure en solo, et lors d’un concert en Iran en 1969, il croise la route d’une certaine Sylvie Vartan et d’un chanteur qui fait ses premières parties et joue le rôle de son secrétaire particulier, Carlos. Et alors qu’il pensait faire carrière en anglais, donc en Angleterre ou aux États-Unis, ils lui proposent de venir à Paris. Le jeune garçon saisit la balle au bond, et peu importe qu’il ne parle pas un mot de français, c’est quand même dans la langue de Molière qu’il chantera. Chanter dans une langue qu’il ne parle ni ne comprend, ça paraît fou, mais en phonétique et en essayant de gommer son accent, il s’en sortira très bien puisque c’est bien en France que sa carrière explosera. Beaucoup en témoignent dans ce documentaire: ses amis Nicoletta, Sheila, Philippe Lavil, Jean-Jacques Debout...

Mike Brant
Mike Brant ©  BENAROCH/SIPA

L'ascension fulgurante

C’est précisément le 25 janvier 1970, lors du Gala du Midem à Cannes, que le jeune chanteur de 22 ans venu représenter la France avec sa chanson "Laisse-moi t’aimer" va voir son destin basculer. Les Français découvrent en direct à la télé ce beau gosse et sa voix qui tient trois octaves, et le succès est instantané. Jean Renard devient son directeur artistique et en fait un chanteur de charme. En un éclair, il est partout : à la radio, à la télé, dans les magazines. Il vendra 15 millions de disques, c’est plus que Joe Dassin, Johnny Hallyday ou Claude François !

Mais là où justement Johnny ou Cloclo n’ont aucun souci avec la frénésie des fans et s’en sentent même valorisés, Mike Brant vit mal cette horde de filles qui le pourchasse de façon souvent violente. Ceux qui n’ont pas vécu cette époque vont découvrir dans le film ce contexte bouillonnant post Mai 68 léger et libéré pour les femmes, avec une esthétique de pantalons pattes d’eph' moulants, cheveux mi-longs et torses velus exhibés et chemises à jabots et cols pelles à tartes délicieux pour les yeux.

Mike Brant
Mike Brant © Captures d'écran

Et déjà le début de la fin

Si Mike Brant vient d’un milieu pauvre à la base, en France il est riche mais seul et il se sent à l’écart à cause de la barrière de la langue. Il a toutes les filles à ses pieds mais rêve de fonder une famille et alors qu’il pense avoir trouvé l’amour avec une hôtesse de l’air, elle le quitte lorsqu’elle découvre la folie de ses concerts. Son frère Zvi témoigne aussi d’un événement particulièrement marquant pour le chanteur : la guerre du Kippour en 1973 durant laquelle Mike partira en Israël soutenir les soldats. Confronté à la souffrance, il rentre traumatisé. C’est à partir de là qu’il bascule dans la parano et commence à craindre la foule et sa sécurité. Enfin, il a un nouveau producteur, Simon Wajntrob, qui, avec sa société endettée, voit Mike comme un tiroir-caisse, le coince par contrat et épuise son poulain avec le rythme effréné des concerts et galas. La preuve que des artistes mal entourés voire exploités n’est pas une pratique née avec Britney Spears ou Amy Winehouse.

De tout ce contexte de déracinement et de succès démesuré découlera une profonde dépression avec l’issue que l’on connaît et qui a choqué tout le monde à l’époque : une première tentative de suicide en 1974 en sautant par la fenêtre d’une chambre d’hôtel en Suisse. Mike s’en sort avec une fracture ouverte du tibia. Mais en avril 1975, à Paris cette fois, il saute à nouveau par la fenêtre du 6e étage et meurt à l’âge de 28 ans, jour de la sortie de "Dis-lui". Il devait pourtant, trois jours plus tard, retrouver Jean Renard, son complice des débuts, pour la signature d’un nouveau contrat et d’un nouveau départ.

Retrouvez "Mike Brant, l'étoile filante" ce vendredi à 20h30 sur La Trois, et en replay sur Auvio durant 90 jours.

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