Chroniques Culture

Le saviez-vous : la Statue de la Liberté avait été inspirée par une paysanne arabe

© ANGELA WEISS / AFP

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Par Romane Carmon

Inaugurée le 26 octobre 1886 sur une île au sud de New York, la Statue de la Liberté reste un symbole de la démocratie et de la liberté. Son architecte, l’alsacien Frédéric Auguste Bartholdi, rendait ainsi hommage aux innombrables immigrés arrivés sur les côtes américaines.

Une torche dans la main droite, la femme drapée tient, de sa main gauche, une tablette sur lequel on peut lire la date de l’indépendance américaine : "4 juillet 1776".

Des chercheurs de la Smithsonian Institution, à Washington, ont récemment démontré que cette figure féminine – de style gréco-romain - puisait en fait son origine dans le portrait d’une paysanne égyptienne.

Entre rêve et réalité

Vingt ans ont dû s’écouler entre l’idée et l’inauguration de la légendaire silhouette de New York.

L’idée remonte aux années 1860, chez deux Français sous le IIe Empire : Frédéric Auguste Bartholdi d’un côté, sculpteur alsacien célèbre aux 4 coins de France, Edouard René de Laboulaye de l’autre, juriste et professeur renommé, républicain convaincu, abolitionniste et fervent admirateur des États-Unis.

Le but ? Rendre hommage aux États-Unis au lendemain de la guerre de Sécession et de l’assassinat du président Lincoln, alors même que le régime de Napoléon III avait soutenu le Sud.

Néanmoins, le projet ne dépasse le stade de l’idée et ce, pour quelques années encore.

Une "fellah" à l’origine

Parcourant l’Egypte de 1855 à 1856, Bartholdi s’extasie devant les monuments publics à grande échelle et voue un véritable culte aux colosses de l’Antiquité.

En 1869, le gouvernement égyptien lance justement un appel d’offres pour un l’édification d’un phare au bout du canal de Suez.

Une chance pour Bartholdi, qu’il saisit aussitôt en conceptualisant une statue d’une femme drapée portant une torche. Haute de 26 mètres, sur un piédestal de 14,5 mètres, elle devait représenter "l’Egypte apportant la lumière à l’Asie".

Professeur d’histoire à l’université de New York et auteur de "The Statue of Liberty. A Transatlantic Story", Edward Berenseon raconte : "une série de dessins dans lesquels la statue est proposée comme une fellah, ou paysanne arabe, et évolue progressivement en divinité colossale" (citation reprise dans Metro).

Faute de moyens du gouvernement, le projet de Bartholdi est abandonné, ou du moins en Egypte.

D’un côté et de l’autre de l’Atlantique

En France, le moment n’est pas mieux choisi pour mettre sur pied cette œuvre colossale. En mai 1871, le sculpteur voit sa ville natale, Colmar, annexée par les Prussiens. La chute du second Empire laisse place à un véritable chaos dans le pentagone.

La répression de la Commune de Paris fera plier bagage à Bartholdi. À l’été 1871, il embarque pour l’Amérique en prenant soin d’emporter ses croquis de la statue initialement prévue pour le canal de Suez.

Le sculpteur sait rapidement où ériger son œuvre qui, entre-temps, évolue vers l’image d’une femme gréco-romaine. Malheureusement, Bartholdi ne parvient pas à convaincre, lui qui ne sait même pas parler l’anglais.

C’est en France que son projet finit par être soutenu, grâce à un appel aux dons. Ses poches suffisamment renflouées pour réaliser la main et la torche, il présente celles-ci au public à l’occasion de l’Exposition universelle à Philadelphie, en 1876.

1876 marque le centenaire du déclenchement de la guerre d’indépendance des Etats-Unis. Coup manqué, car il lui reste du pain sur la planche !

Inaugurée 10 ans plus tard, le 28 octobre 1886, la statue est présentée comme un cadeau "des Français aux Américains".

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