Le temps d'une histoire

Du rire aux larmes, Thierry le Luron, une carrière brisée…

© Tous droits réservés

Temps de lecture
Par Gérald Decoster

Ce 2 avril 2022, Thierry Le Luron aurait fêté son 70e anniversaire… Le destin en a voulu autrement… En cette date si particulière du 1er avril, fête du poisson (humour…), dans " Le Temps d’une histoire ", Patrick Weber a décidé de vous faire sourire, rire même, bien que les deux artistes qui font la une du documentaire soient décédés depuis déjà plusieurs décennies : " Coluche – Le Luron. Morts de rire " (tristesse…).

Le mariage du siècle ! Coluche et Thierry Le Luron, 1985
Le mariage du siècle ! Coluche et Thierry Le Luron, 1985 © Getty Images

En France, bien des années avant " le mariage pour tous ", c’est un extraordinaire souvenir qui demeure de ces deux amoureux de l’humour qu’étaient Coluche et Le Luron : leur union, " pour le meilleur et pour le rire ", le 25 septembre 1985. Une parodie qui se déroulera au milieu d’une foule bigarrée de drag Queens, de travestis de chez Michou et même du chanteur Carlos, en tenue de bébé.

Le " spectacle " avait été organisé pour souligner l’étrangeté de la cérémonie qui allait se dérouler trois jours plus tard : Jacques Mourousi, homosexuel avéré, épousait Véronique Audemard d’Alençon ; le présentateur vedette du JT de TF1 sera attristé par cette attaque personnelle car il aimait sincèrement sa future épouse. L’humour peut parfois se révéler cruel…

En 1977, Yves Mourousi et Thierry Le Luron…
En 1977, Yves Mourousi et Thierry Le Luron… © Getty Images

L’année suivante, Coluche et Le Luron disparaissaient, le premier, le 19 juin, dans un accident de la route, le second, des suites de maladie, le 13 novembre. Plus de trente ans après leur départ, ces deux saltimbanques du rire et de la dérision demeurent pourtant encore bien présents dans les mémoires. Pour ce 70e anniversaire qu’il n’aura jamais, souvenons-nous de Thierry Le Luron, un grand artiste qui avait construit sa carrière sur ses véritables nom et prénom.

Né le 2 avril 1952 à Paris, Thierry, Jean, Gilles Le Luron rencontrera le succès pendant près de deux décennies en faisant rire les salles et les plateaux de télévision avec ses dizaines d’extraordinaires imitations, pleine de finesses et de subtilités. Parmi ses cibles, des personnalités politiques tels Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Georges Marchais, Jacques Chirac… et même le pape Paul VI !

Evidemment, les personnalités du spectacle, du grand et du petit écran, ne seront pas en reste, Thierry est leur ami, mais il adore les imiter, tout en se moquant gentiment de leurs travers et caractéristiques. Parmi eux, Guy Lux, Chantal Goya, Alice Sapritch, Mireille Mathieu, Charles Aznavour, Line Renaud, Adamo, Denise Fabre… sans oublier Dalida et Adamo :

Thierry et Mireille Mathieu…
Thierry, versus Chantal Goya, 1983
Thierry, versus François Mitterrand
Thierry, versus Alice Sapritch.

Thierry a toujours voulu être artiste. Il a une passion pour l’opérette… L’été 1968, en vacances avec sa famille à Perros-Guirec, il passera les deux mois à gravir les échelons d’un concours d’amateurs organisé par le casino de la station balnéaire bretonne : il le gagnera, à la clé, un contrat avec Selection Record’s, un label discographique belge ! Mais, arrivé à Bruxelles, la société était tombée en faillite…

Finalement, en 1970, Thierry Le Luron participera à l’émission " Le Jeu de la chance ", un télécrochet où était déjà passée une certaine Mireille Mathieu. Après plusieurs semaines de compétition, c’est son interprétation de l’air de " La Calomnie ", du Barbier de Séville, de Rossini, qui lui offrira la victoire et le lancement de sa carrière.

Il sera toujours discret sur sa vie privée. Ainsi, alors que des rumeurs sur sa sexualité commencent à filtrer, il posera pour des photos avec son amie Sylvie de La Rochefoucauld que l’on imaginera être sa fiancée…

Sylvie de la Rochefoucauld et Thierry…
Sylvie de la Rochefoucauld et Thierry… © Getty Image – PICOT/GAMMA-RAPHO

Le secret sera jalousement gardé quand, en juin 1979, à l’occasion de l’émission " Numéro Un " qui lui est consacrée, il tombera amoureux fou de Jorge Lago

En septembre 1984, Le Luron apprend qui est atteint d’un cancer métastatique, mais le spectacle continue ! Il jonglera avec les rendez-vous médicaux… En novembre 1985, à la demande de son amie Line Renaud, il participe à un show en faveur de la lutte contre le sida, certains remarqueront des signes inquiétants de mauvaise santé. Dans les mois qui suivront, Thierry apprendra qu’il est porteur du VIH…

Line Renaud et Thierry, en 1979
Line Renaud et Thierry, en 1979 © Getty images

Au cours d’un séjour en Bretagne, il parle à sa sœur de la disparition de son ex-compagnon, Jorge Lago, des suites du Sida, il évoque aussi la possibilité qu’il soit infecté… Line Renaud demandera à Jacques Chirac de prendre contact avec Ronald Reagan, ce qui permettra à Le Luron d’être admis à l’hôpital Bethesda, à Washington, pour suivre un traitement expérimental contre le Sida… Désormais, plus encore que les mois précédents, sa santé sera faite de hauts et de bas…

Durant l’été 1986, l’artiste assurera encore une série de galas. À la fin d’une représentation à Villefranche-sur-Mer, il dira :

Veuillez me pardonner, je ne resterai pas trop longtemps car ma tombe ferme à 23 heures ! Le mourant vous embrasse !

Thierry Le Luron sera extrêmement affecté par le décès de son complice Coluche. Après une chimiothérapie, c’est en octobre 1986 qu’il demande au professeur Schwartzenberg d’annoncer publiquement qu’il est atteint d’un cancer des voies respiratoires. Le 13 novembre, à 4h30, Thierry Le Luron meurt… Il avait 34 ans. Ses obsèques auront lieu en l’église de la Madeleine, à Paris, avant une inhumation au cimetière de La Clarté, à Perros-Guirec… Un an et trois mois après, son dernier et discret compagnon, le pianiste virtuose Daniel Versano décédera lui aussi du Sida.

Une opérette pour Thierry Le Luron…

Charles Aznavour et Thierry Le Luron, en 1980…
Charles Aznavour et Thierry Le Luron, en 1980… © Getty images – PICOT/GAMMA-RAPHO

Depuis 1977, avec son ami Charles Aznavour, Le Luron réfléchissait à un projet d’opérette, un genre qu’il adorait. Adapter la vie du transformiste Leopoldo Fregoli, avec Frédéric Dard pour signer le livret ? Pourquoi pas ? Mais, l’opérette traditionnelle ne serait-il pas un genre un peu dépassé ? Alors, avec la romancière Christine Arnothy, les comparses méditeront autour de l’histoire d’un employé d’agence matrimoniale…

Finalement, de ces projets, seule une chanson sortira, une musique d’Aznavour avec des paroles de Jacques Plante : " Nous nous reverrons un jour ou l’autre ". Thierry en fera le final de ses 200 spectacles au théâtre Marigny, d’octobre 1979 à juin 1980. Elle sera aussi chantée par Aznavour à qui Diana Ross demandera l’autorisation de la reprendre… ce qu’il lui refusera.

Envie d’en savoir un peu plus sur Thierry Le Luron, n'hésitez pas à aller jeter un œil sur son site officiel !

 

À voir, vendredi 1er avril à 22h45 sur La Une, Coluche – Le Luron. Morts de rire, un documentaire de Jérôme Lambert et Philippe Picard.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous