Confucius, le précurseur chinois de l'humanité

Confucius

© Capture d'écran Youtube

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Par Romane Carmon

S’il faut attendre plusieurs siècles après sa mort pour voir naître une doctrine bien ficelée, le confucianisme, il continue, aujourd’hui encore, à marquer symboliquement la Chine contemporaine et ailleurs.

Parmi ces personnalités absentes de nos manuels d’histoire, (re)découvrez aujourd’hui Confucius, un philosophe chinois qui avait ouvert la voie au concept d’humanité, bien avant Platon et Socrate avant lui.

“Vous ne savez pas comment servir les hommes. Comment sauriez-vous servir les dieux ?” interroge Confucius, à qui on doit cette conception de l’homme – ou plutôt des hommes – comme étant des êtres vertueux, en quête du Bien et acteurs de leur propre vie.

La fin d’une époque, le commencement d’une autre

La pensée de Confucius est une réponse à son propre désespoir durant l’époque des Royaumes combattants (475-221 ACN). Particulièrement agitée et sanglante, cette période se caractérise par le déclin de la dynastie Zhou malmenée par les conflits incessants entre principautés chinoises.

Issue de la petite noblesse, Confucius occupe alors des fonctions administratives et politiques avant de s’attirer les foudres de ses contemporains, avides de pouvoir et de gloire.

Un nouveau concept : l’humanité

Confucius

Par les fonctions qu’il occupe, Confucius a pleine conscience de son époque, ses tensions, les relations entre les êtres humains. Idéaliste pour certains, utopiste pour d’autres, il croit fermement en une société harmonieuse.

La bienveillance, la confiance et la loyauté dont les hommes font preuve les uns envers les autres, c’est ça l’humanité"L’humanité, c’est l’amour d’autrui", aurait-il dit pour expliquer son propos.

Si les hommes ont parfois des défauts, ils n’en sont pas moins potentiellement vertueux.

“On peut connaître la vertu d’un homme en observant ses défauts.” – Confucius

Penser sans écrire

"Je n’invente rien, je transmets" – Confucius

À l’inverse de ses homologues grecs, Platon et Aristote, Confucius n’est pas à l’origine d’un modèle de pensée structuré, tout beau tout neuf, d’une doctrine bien définie. Rémi Mathieu, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de la pensée de la Chine ancienne, le définit comme étant "un sage qui met en place des compositions, les soumet à la critique de ses disciples qui, eux, construisent la doctrine".

Rien ne sera d’ailleurs écrit de sa main, laissant pour seul héritage la retranscription de ses entretiens. L’absence d’une doctrine précise et le manque de sources attestant de ses véritables dires laissent, aujourd’hui encore, la porte ouverte aux récupérations politiques.

Instrumentalisation politique

Comme l’explique Anne Cheng, titulaire de la chaire "Histoire intellectuelle de la Chine" au Collège de France, la figure symbolique de Confucius a, au fil des siècles et des contextes politiques qui les caractérisent, été plusieurs fois réinterprétée.

S’il incarnait l’anti-modernité au XXe siècle, Confucius est devenu, aujourd’hui, un personnage clé pour unifier les peuples chinois, le ciment d’une nation prête à conquérir le monde.

Cette réappropriation posthume a sans doute, malgré lui, dénaturer son propos qui visait avant tout à rassembler les hommes autour de valeurs humanistes.

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