La Grande Interview Sophie Davant : « Partir à la recherche d’objets qui incarnent les régions »

Sophie Davant et les Français, c’est « Toute une histoire » qui dure depuis plus de trente ans. « Affaire conclue », l’émission de brocante qu’elle anime depuis 2017 sur France 2, a su trouver sa place.
Propos recueillis par Coralie MORELLE - 28 juil. 2018 à 05:00 | mis à jour le 28 juil. 2018 à 08:08 - Temps de lecture :
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« Aujourd’hui, je ne peux plus aller quelque part sans regarder les objets   de décoration différemment. »  Photo SCARELLA/France Télévisions
« Aujourd’hui, je ne peux plus aller quelque part sans regarder les objets de décoration différemment. » Photo SCARELLA/France Télévisions

Enregistrer le prime time d’« Affaire conclue », aujourd’hui dans les jardins du château de Cheverny (le tournage avait lieu début juillet et l’émission sera diffusée en septembre, Ndlr), qu’est-ce que cela change par rapport aux quotidiennes ?

C’est un vrai plaisir de sortir des studios. C’était mon souhait d’exporter l’émission pour mettre à l’honneur le patrimoine architectural régional. Je pense que non seulement on peut le faire dans des lieux magnifiques comme celui-ci mais on peut aussi partir à la recherche d’objets qui incarnent les régions de France. J’espère qu’on pourra exporter l’émission dans d’autres régions à l’avenir. C’est très sympathique de voir que les gens ont répondu présent et qu’ils sont venus avec des objets à faire expertiser.

Après un an aux manettes de l’émission, êtes-vous devenue experte dans l’estimation des objets ?

Je ne suis pas experte, mais je commence à étoffer ma culture générale et mes compétences. J’y prends vraiment du plaisir. Je suis curieuse de tout et en particulier de culture. Je me régale, c’est génial de côtoyer des commissaires-priseurs qui ont des connaissances très vastes. J’apprends beaucoup sur les objets et leurs histoires. Il y a enfin un facteur que je n’attendais pas et qui m’émeut : les gens sont heureux de me rencontrer après trente années de cohabitation quotidienne. C’est la cerise sur le gâteau. On se dit qu’on n’a pas fait tout ça pour rien et qu’il reste quelque chose dans le cœur des gens.

Vous ne vous en doutiez pas ?

Je savais qu’il y avait un bon lien avec le public mais je ne le mesurais pas. Je n’avais pas imaginé que les gens me diraient un jour « Je suis venu pour vous voir ». Les Français me connaissent bien car on se côtoie depuis trente ans. Je ne pense pas être inaccessible et différente d’eux. Je fais ce métier tout à fait normalement, je ne me prends pas pour une vedette. Je suis passionnée par mon métier mais dès que les caméras s’éteignent, je suis « normale ».

Aviez-vous l’habitude de vous rendre dans des brocantes et aux enchères avant de présenter cette émission ?

J’aime la déco et l’histoire de l’art mais je ne suis pas du genre à me lever à 5h du matin tous les dimanches pour aller faire une brocante. Cela dit, aujourd’hui, je ne peux plus aller quelque part sans regarder les objets de déco différemment.

Est-il arrivé que vous-même achetiez des objets ?

Oui ! J’ai acheté des petits tableaux pas très onéreux. J’adore la mer, donc, dès que je vois une marine qui me rappelle la Bretagne, je craque. J’ai aussi acheté une nature morte. Ce qui me fait plaisir, c’est qu’à chaque fois que je craque sur quelque chose, les experts me disent qu’apparemment j’ai un peu de goût (rires).

C’est donc un programme qui vous correspond en tous sens ?

Dans son concept, il n’y a que de bons ingrédients. C’est une émission pédagogique et divertissante. Il y a des éléments de suspense aussi, un côté un peu ludique dû à ces enchères. Il y a une dimension un peu addictive car on a envie de savoir quelle sera la valeur de l’objet. Et il y a une humeur, une ambiance, une manière de ne pas se prendre au sérieux. Ce n’est pas une émission prétentieuse. « Affaire conclue », c’est la vraie vie des gens à la télé. Ce sont les objets qui sont « castés », pas les gens, donc tout le monde peut passer à la télévision. La force de cette émission est qu’on permet à la culture d’être accessible au plus grand nombre. Je regrette que trop souvent, elle soit réservée à une élite et distillée par une élite. J’adorerais profiter de ma popularité pour être vectrice de culture.

Votre émission « Toute une histoire » a pris fin en 2016. Le testimonial, c’est terminé ?

Non. J’aimerais trouver un concept qui réunisse tout : le testimonial, la culture et le divertissement, et je pense que c’est tout à fait possible. Pour le moment, je suis très occupée et très heureuse de ce qui m’arrive. Je ne suis pas dans la course à « toujours plus ». Ce qui est sympa, c’est de se dire qu’à un moment donné de votre carrière, il y a à la fois une légitimité, une popularité et une compétence qui font que vous êtes compris. Dans la même émission, si je n’avais pas ces trente ans de carrière derrière moi, je ne me permettrais pas de faire ce que je fais, d’être plutôt décontractée.

Vous vous intéressez aux rencontres…

Rien ne m’intéresse plus que les rencontres humaines et la culture générale. Quand hier (lors du tournage à Cheverny, Ndlr), Monsieur et Madame le Marquis m’ont fait visiter le château, je n’ai pas pu résister : au bout de deux minutes trente, je leur ai demandé comment ils s’étaient rencontrés. C’était « Toute une histoire » dans le salon du château ! C’est plus fort que moi. Les gens m’intéressent avant tout. D’ailleurs, je pense qu’un jour, je monterai une émission sur les rencontres car j’adore ça.

« Je ne suis pas du genre à me lever à 5h du matin le dimanche pour aller faire une brocante »