Ch deviers-Joncour Deviers-Joncour : « La politique détruit tout »

Christine Deviers-Joncour revient sur le devant de la scène avec un livre plein d’anecdotes qui raconte les secrets d’alcôve du pouvoir.
M. R. - 26 mai 2012 à 05:00 - Temps de lecture :
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Les politiques « sont attirants parce qu’ils brillent dans la lumière », juge Christine Deviers-Joncour.  Photo Fred MARVAUX
Les politiques « sont attirants parce qu’ils brillent dans la lumière », juge Christine Deviers-Joncour. Photo Fred MARVAUX

A la différence de tous les livres de journalistes qui observent les mœurs cruelles des hommes politiques, celui que publie ces jours-ci Christine Deviers-Joncour présente l’avantage d’être écrit par une femme qui a connu le système de l’intérieur. Ces messieurs d’en haut, sous titré « De l’usage des femmes par les hommes de pouv oir » est un essai sur les affaires de la politique et du pouvoir en général et les comportements sentimentaux, familiaux ou d’alcôve des intéressés, ou comment « ces messieurs d’en haut » usent de leur pouvoir pour arriver à leurs fins.

Elle parle crûment, parfois, Christine Deviers-Joncour, celle qu’on a assimilée au titre de son premier livre, La Putain de la République. Soit dit en passant, la formule était celle d’une certaine… Eva Joly, juge d’instruction de l’affaire Elf ! « Le pouvoir est un aphrodisiaque hallucinant. Rien que le gyrophare allumé sur leur voiture leur donne des poussées de testostérone ! », affirme-t-elle, juste avant une dédicace à la Foire Internationale de Nancy.

Ce livre à clefs, ou on s’amusera à reconnaître les héros masqués et leurs secrets, tombe à pic. Elle l’a écrit il y a deux ans. « Bien avant l’affaire DSK », un politique qu’elle a croisé et qui apparaît, masqué, au détour d’une des pages du récit. L’histoire du patron du FMI lui a donné l’envie de publier ce livre qui dormait, de se battre pour trouver un éditeur. « Ce que je veux dire là, c’est que le pouvoir, c’est le plus important pour certains hommes. Le politique, il veut être "the first one" dans l’arène. Mais la politique détruit tout, à commencer par la famille. On ne peut pas être normal quand on fait de la politique. Regardez comme ils prennent des coups, tombent et se relèvent. »

Les « lapins chasseurs »

Elle, elle ne s’est jamais complètement relevée de l’affaire Elf, dont elle fut une des victimes, en fin de compte. Six mois de préventive, un affrontement quasi-quotidien avec Eva Joly, à qui elle n’a rien lâché, et tant d’illusions brisées. Pour toujours, Roland Dumas, qu’elle trouve aujourd’hui très vieux et déjà mort, restera son grand amour. « J’ai vécu des moments somptueux avec lui », murmure-t-elle. Elle est comme les autres femmes fascinées par les politiques, « qui sont attirants parce qu’ils brillent dans la lumière. Et, en général, ils ont aussi de l’argent ». Dure, elle parle de ces « lapins chasseurs », un terme très clair pour dire qu’ils multiplient les conquêtes, mais n’y mettent pas vraiment les formes.

« CDJ » vit aujourd’hui recluse dans une petite maison de Dordogne, au milieu de la campagne. Elle s’est remariée avec un musicien norvégien, compatriote d’Eva Joly. La femme qui en sait beaucoup trop sur le système trouve la paix en écrivant des contes norvégiens peuplés d’elfes, qu’elle illustre. Pour oublier un monde de requins.

Ces messieurs d’en haut, Éditions Jean-Claude Gawsewitch.