carte blanche à… Jean-Paul Brighelli

Professeur de classes préparatoires et ardent pourfendeur du système universitaire. Son dernier ouvrage : "Tireurs d’élites" chez Plon.
Le Républicain Lorrain - 21 sept. 2010 à 05:00 - Temps de lecture :
Jean-Paul Brighelli. Photo : Bruno Klein
Jean-Paul Brighelli. Photo : Bruno Klein

Les universités sont dans un état de déliquescence extrêmement grave, en particulier en sciences humaines. Si c’était une entreprise, elle serait en faillite depuis très longtemps. Aucune entreprise ne pourrait tolérer que 50 % des étudiants soient balancés entre la 1re et la 2e année et encore un tiers en licence. C’est le plus gros taux d’échec que l’on puisse imaginer.C’est un constat d’échec extraordinaire.

Actuellement, entre les prépas et les universités, il y a un abîme. Un abîme qui ne tient d’ailleurs pas forcément à l’enseignement universitaire mais surtout à l’échec du secondaire. Les néoétudiants qui arrivent, avec comme bagage un bac qui ne représente rien et avec une formation de secondaire qui ne représente pas grand-chose, sont dans un état tel qu’ils vont forcément à l’échec.

Ils ne sont déjà pas les meilleurs – les meilleurs partent en classes prépas – et en plus, à la sortie du bac, ils ne sont pas aptes du tout à suivre, majoritairement, en université. Surtout tant qu’à l’université, dès la première année, joue un système de filières où l’on est déjà très étroitement spécialisé. Alors que ce dont ils manquent le plus, c’est ce qu’on leur apprend en classes prépas : à être une vraie polyvalence culturelle : des scientifiques font des lettres, des langues très sérieusement ; des lettres font des sciences, de la socio, des maths…

Même si l’on dit que les facs sont là pour assurer de la culture etc., il faut quand même un minimum d’efficacité. L’efficacité, elle est du côté des classes prépas et de leurs débouchés naturels que sont les grandes écoles. Je ne prêche pas pour ma paroisse, c’est un constat.

Les facs crient misère et voudraient absolument - parce que c’est ça l’objectif - récupérer ce qu’elles voient comme le pactole des prépas. En prétextant que si l’on mettait les prépas dans les facs, cela ferait remonter le niveau des facs. Non ! Ça ferait baisser le niveau général de la France. Parce que ceux qui sont actuellement formés pour être les meilleurs, seraient noyés dans l’océan de médiocrité que sont devenues les facs.