Portrait

Miren de Lorgeril, PDG des Vignobles Lorgeril

Récompensée pour son parcours par la Tribune en décembre dernier, Miren de Lorgeril a réussi, à force de ténacité, à imposer sa signature en France et à l’étranger. Et à anoblir l’image des vins du Languedoc-Roussillon.

Photo DR pour Rayon Boissons

En décembre dernier, La Tribune l’a désignée « Entrepreneuse de l’année ». L’une des rares femmes, à la tête d’une entreprise viticole, à obtenir une telle récompense. Mais, pour la lauréate le genre importe peu : « Ce débat est révolu ! C’est la personne qui prévaut et le travail accompli. »

En la matière, la « comtesse » de Cabardès a un beau parcours à son actif. Pourtant, rien ne la prédestinait à diriger la propriété familiale languedocienne, héritée de ses beaux parents. Versaillaise d’origine, sixième d’une fratrie de sept, née d’un père avocat, elle confie sans détour : « J’ai été élevée pour être une femme ouverte et intelligente, en aucun cas un chef d’entreprise. »

Elle le devient en 1992, en créant Les Vignobles Lorgeril. Cinq ans plus tôt, Nicolas, son époux a repris Pennautier, le château de ses aïeux, 210 ha dont 113 ha dans une appellation alors méconnue cabardès à l'ouest de Carcassonne (11). Sa femme se pique au jeu. Juriste de formation, elle entreprend un troisième cycle en droit de la vigne et du vin à Aix-en-Provence (13). C’est là qu’elle fait la rencontre de Chantal Comte, la propriétaire du château des Tuileries dans les costières de Nîmes, qui la recrute pour représenter les vins du domaine à l’export. « Elle m’a formée durant quatre ans », reconnaît l’intéressée.

Quand elle rejoint Pennautier, superbe vignoble en coteaux, les vins sont vendus en vrac au négoce. La nouvelle dirigeante change le cap. Elle met en place une gamme bouteilles et les réseaux de diffusion qui vont de pair.Elle cible les circuits traditionnels et l’export. Puis, la grande distribution, 20 % de l’activité à ce jour. « Elle est arrivée dans mon bureau avec sa valise et sa force de persuasion, se souvient Jean-Pierre Andlauer, ancien acheteur vins de Monoprix, l’un des premiers à avoir travaillé avec elle. C’est une battante et une travailleuse acharnée, elle est arrivée à ses fins, à sa manière, polie et subtile. »

Car à l’époque, le vignoble languedocien n’a pas la cote comme aujourd’hui. Les vins sont peu valorisés. « Il fallait grandir pour augmenter l’activité », se souvient Miren de Lorgeril. Au cours des quinze premières années suivant son arrivée, le couple agrandit le vignoble pour le porter à 350 ha. Il réalise l’acquisition de cinq domaines, répartis sur neuf appellations du Languedoc-Roussillon. Parallèlement, Miren de Lorgeril développe des partenariats avec l’amont, l’équivalent de 300 ha, pour accroître le portefeuille de dénominations.

Cette course est guidée par la recherche de terroirs similaires à ceux de Pennautier : en coteaux et en altitude, source de fraîcheur et de finesse dans les vins de Lorgeril. Style qui a leur a permis de se différencier auprès des acheteurs français et étrangers. « Nous sommes aujourd’hui présents sur 18 appellations du Languedoc-Roussillon, indique la dirigeante. Depuis le début, nous signons tous les vins de notre griffe, condition sine qua non pour avoir de la visibilité. » Elle s’est inspirée, en cela, des stratégies marketing des grands groupes viticoles étrangers qu’elle a découverts lors de ses déplacements. Toujours sur le modèle anglo-saxon, elle a été l’une des premières à se lancer dans l’œnotourisme en ouvrant un restaurant et une boutique au château de Pennautier en 2009.

Aujourd’hui, la notoriété est établie. L’heure n’est plus à la croissance externe, mais à la valorisation. Sur les trois millions de bouteilles commercialisées, un million le sont à plus de 10 €. Bien qu’entourée d’une soixantaine de collaborateurs, la Dame de Pennautier a conservé la gestion d’une dizaine de clients français, des États-Unis, du Canada et du grand export. Indispensable, selon elle, pour rester à « l’écoute des marchés. » « Elle a beau avoir un nom à particule, dit d’ailleurs Jean-Pierre Andlauer. C’est surtout une femme de terrain. » Une autre facette de sa réussite.

Chantal Sarrazin

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