Pourquoi les corbeaux sont-ils autant détestés ?

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Pourquoi les corbeaux sont-ils autant détestés ?

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Le corbeau
Le corbeau
© Getty - Tom Meaker / EyeEm

Dans la Terre au Carré, l'historien Michel Pastoureau déroule le fil de l'histoire de la dévalorisation du corbeau. Selon lui, la couleur de son plumage a joué un rôle.

"Il a été trop vénéré et il a fallu le faire descendre de son trône". Au fil de l'histoire, le corbeau est passé quasiment de la vénération à la détestation. Un changement d'attitude expliqué dans " La Terre au Carré" par Michel Pastoureau, historien et directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études.

Pour lui, ce phénomène est à lier avec l'expansion du christianisme partout en Europe. 

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Il y avait des cultes païens du corbeau en terre chrétienne chez les Slaves, chez les Celtes, chez les Germains. Dans le but d'éradiquer ces cultes, l'Église a frappé très fort en diabolisant cet oiseau, en lui attribuant un cortège d'attributs tous tournés vers le mal

"Le bestiaire du diable"

Michel Pastoureau poursuit en expliquant que cette désacralisation du corbeau a commencé par les textes. Il rappelle que le corbeau est le deuxième animal nommé dans la Bible, après le serpent, notamment pour l'épisode du déluge et de l'arche de Noé. 

Il ne revient pas dans l'arche prévenir Noé que les eaux du déluge se sont retirées. Il préfère s'attarder à manger des cadavres, donc voilà un corbeau épouvantable.

Après ces textes, une symbolique totalement négative est créée, les corbeaux entrent dans "le bestiaire du diable". Au Moyen-âge, au même titre que l'ours ou le loup, un très grand nombre sont tués dans une large partie de l'Europe. 

Une couleur de plumage qui "porte la poisse"

Pour l'historien, sa couleur lui a également porté la poisse, "à partir du moment où le noir s'est dévalorisé". Pourtant, il explique que le noir n'a pas toujours été le contraire du blanc dans les sociétés antiques: "le vrai contraire du blanc est le rouge. Avec le christianisme, blanc et noir vont faire un couple de contraires."

Michel Pastoureau précise que cette couleur de plumage nuit également à l'image du merle. "Le merle est assez sympathique par certains aspects, mais il est noir. Alors, on le dote d'un certain nombre de vices : il est lubrique, adultère, tout ce qu'on veut."

Quant à savoir si le corbeau retrouvera un jour un blason doré, l'historien est formel: "on est là dans des phénomènes de longue durée". "On ne peut pas, par décret, décider que le corbeau n'est pas malfaisant si, dans les croyances et les superstitions, depuis des siècles et des siècles, on le croit. On ne peut pas changer ça rapidement. Dans le domaine de l'imaginaire, les choses ont la vie longue."

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