La raie manta

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Raie manta
Raie manta
© CC -

Je poursuis ma politique de bonnes nouvelles concernant l’océan. Au programme aujourd’hui la raie Manta. Un souvenir pour moi d’un mouillage tranquille (pour une fois !) en Nouvelle Zélande. Je vais jeter un coup d’œil à l’ancre avant la nuit et mon regard est attiré par une énorme masse d’un bleu presque noir, qui évolue sous la coque. Un corps massif, deux ailes qui battent comme une lente respiration, une grâce infinie malgré sa masse : uneraie Manta , un animal qui semble venir d’un autre âge. La nôtre, déjà impressionnante ne devait faire que 3 ou 4 mètres d’envergure, les plus grosses atteignent 8 mètres. Pourtant l’animal est paisible, ne se nourrissant que de vers et crustacés qu’il déniche en fouillant le sédiment avec ses espèces de cornes frontales. La raie Manta n’est ni dangereuse pour l’homme, ni farouche pour son malheur. Car les chinois, considérant que la consommation de ses branchies serait souveraine pour tout traiter du rhume au diabète, la pêche a décimé 30 % de la population jusqu’à 80% dans certains endroits. Elle est pour cela classée dans la liste «vulnérable » de l’IUCN, l’organisation qui surveille la santé des espèces. Il faut dire que vivant environ 25 ans, n’étant adulte que vers 5 ans et ne produisant guère plus qu’un ou deux petits après un an de gestation, son taux de reproduction est particulièrement faible et l’espèce est facilement mise en danger.

Mais la raie Manta a un atout formidable : elle en jette ! Quel plongeur n’a pas rêvé de se trouver nez à nez avec ce géant des mers. Voyez seulement le nombre de site internet qui vous proposent d’aller à leur rencontre moyennant quelques deniers sonnants et trébuchants. La raie Manta ne vit pas qu’en profondeur, elle aime aussi batifoler près des côtes et dans les baies, en couple ou petits groupes familiaux. Parfois elle se livre même à des acrobaties spectaculaires en sautant hors de l’eau pour se débarrasser de parasites. Ce sens du spectacle va bien l’aider. Un certain nombre de pays ont médité l’étude sortie récemment selon laquelle une seule raie Manta vivante génère 1 million de dollars de retombées touristiques, quand une raie capturée n’en fournit que 40 à 500 aux pêcheurs. Equateur, Philippine, Nouvelle Zélande, Mexique ont commencé à protéger l’espèce et viennent d’être rejoint par un pays de taille : l’Indonésie. Avec ses 17 000 îles et ses 6 millions de Km 2, c’est un immense espace qui s’offre pour la survie de l’espèce …. Et pour les indonésiens 15 millions de dollars de chiffre d’affaire de plongée de découverte.

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Je ne dirais pas que tout est réglé. Il va quand même falloir faire respecter cette réglementation dans ce grand territoire et traquer les braconniers. On pourrait aussi s’attaquer aux autres causes de sa disparition que sont l’artificialisation des côtes et le développement du trafic maritime qui les privent d’espaces. La raie Manta qui fouille le sol va aussi malheureusement absorber des boues ou des animaux contaminés par les polluants agricoles ou industriels qu’elle va accumuler au cours de sa vie. … Vous allez dire que je suis trop exigeante ! Il faut bien comprendre que l’on ne protège pas une espèce toute seule, mais l’ensemble de l’écosystème qui la fait vivre…. D’ailleurs ce raisonnement s’applique aussi à nous, les hommes !

Enfin ne boudons pas notre plaisir. Quelque chose est fait qui va dans le bon sens. Au fait, chasseurs d’images de tous poils, personne n’a jamais réussi à observer la mise bas de maman raie Manta ! Sortir un petit qui mesure déjà 1,40 mètre, quand on est une mère de 2 tonnes… ça doit être impressionnant. Mais personne n’a encore trouvé l’adresse de la maternité et puis il ne faudrait pas la déranger pendant la délicate opération.

Je vous souhaite de vous extasier un jour devant ce bel animal et vous dire que la nature est étrange et magnifique.

Longue vie aux raies Manta !

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