Retour de Jérôme Cahuzac : "Ce n’est pas parce que j’ai commis un acte immoral que ce retour l’est"

Jérôme Cahuzac, invité de la Matinale de France Inter le lundi 27 novembre 2023 ©Radio France - Grégoire Nicolet
Jérôme Cahuzac, invité de la Matinale de France Inter le lundi 27 novembre 2023 ©Radio France - Grégoire Nicolet
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Jérôme Cahuzac, invité de la Matinale de France Inter le lundi 27 novembre 2023 ©Radio France - Grégoire Nicolet
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L’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac est de retour dans la vie publique, après avoir été condamné en 2018 pour fraude fiscale et blanchiment. Il a tenu plusieurs réunions publiques dans son fief de Lot-et-Garonne.

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"Il est clair que je ne m'interdis rien", affirme Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget, à propos d’une candidature à un mandat local. Il le reconnaît, la politique lui manquait "beaucoup". L’ancien élu a été condamné en 2018 pour fraude fiscale à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et cinq ans d’inéligibilité.

Jérôme Cahuzac a fait son retour dans son ancienne circonscription en prenant la parole publiquement et en arpentant les marchés. Est-ce les prémisses d’un retour en politique ? "Faire de la politique, c'est la conquête du pouvoir et c'est l'action publique. L'action publique ne peut s'exercer qu'avec une légitimité, c'est-à-dire avec un mandat."

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Une "parfaite immoralité"

"La question de la morale est une question essentielle ?", s’interroge Jérôme Cahuzac. "J’aimerai que ceux qui me condamnent au nom de la morale ou plutôt ceux qui me condamnent au silence ou à la réclusion à perpétuité au nom de la morale réfléchissent à ceux que cela veut dire. Quelle est leur morale ? Au nom de quoi l’imposerait-il aux autres ? Au nom de quoi elle serait universelle ?"

L’ancien socialiste a menti au fisc, à la presse, devant les élus à l’Assemblée nationale. "Ce que j’ai fait à l’Assemblée nationale fut une parfaite immoralité, affirme Jérôme Cahuzac, ce n’est pas parce que j’ai commis un acte immoral que ce retour l’est."

Il l’affirme, "je suis au clair avec moi-même. J’ai commis quelque chose qui a mérité d’être sanctionné, j’ai accepté la peine qui a été infligée. Je l’ai purgé en totalité. La question se pose pour savoir si une peine est juste une sanction ou le début d’un chemin de rédemption que tout condamné a le droit d’essayer d’emprunter." Jérôme Cahuzac qualifie la Nupes "de cartel électoral destiné à sauver quelques sièges", et estime "que la gauche est dans l’incapacité absolue de retrouver le pouvoir."

Les "mensonges" de François Hollande sur le chômage

Jérôme Cahuzac accuse l’ancien président socialiste François Hollande d’avoir menti aux Français sur la courbe du chômage. "En 2013, il annonce le retournement de la courbe du chômage, sachant parfaitement que c'était impossible. Aucune note de la direction de la prévision de la Banque de France, de la direction du Budget, de la direction du Trésor ne lui permettait d'annoncer cela, bien au contraire même."

"Il l'annonce en 2013 en sachant que ce n'est pas vrai, en 2014 en sachant que ce n'est pas possible, et ce jusqu'à la fin de son mandat", poursuit Jérôme Cahuzac. En vain toujours, puisque c’est au début du mandat d'Emmanuel Macron que cette courbe du chômage s'est inversée. D'ailleurs, en partie grâce aux mesures que François Hollande a pu décider. Il savait que ça prendrait ce temps-là."

"Quand il l'annonce des années avant, il ment", affirme l'ancien député. François Hollande "a lui aussi une part de responsabilité à cet égard", dans la défiance des Français vis-vis des politiques. "J’ai ma part de responsabilité que j'assume. Il faudrait peut-être que les autres reconnaissent la leur et l'assument. On en est loin."

Visé, François Hollande a répondu quelques minutes plus tard. Jérôme Cahuzac "a purgé sa peine" et donc "il peut retrouver ses fonctions de citoyen", mais "moralement, il restera celui qui a menti devant la représentation nationale, qui a menti à sa famille politique, qui m'a menti, qui a menti à tout le pays", rétorque l'ancien président de la République François Hollande sur franceinfo.

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