Caspar David Friedrich et "Le voyageur contemplant une mer de nuages" - Que faire avec un zlip qui gratte?

Voyageur au-dessus de la mer de brouillard 1818. Peinture de Caspar David Friedrich (1774-1840). Hamburger Kunsthalle.  ©AFP - Electa / Leemage (69021)
Voyageur au-dessus de la mer de brouillard 1818. Peinture de Caspar David Friedrich (1774-1840). Hamburger Kunsthalle. ©AFP - Electa / Leemage (69021)
Voyageur au-dessus de la mer de brouillard 1818. Peinture de Caspar David Friedrich (1774-1840). Hamburger Kunsthalle. ©AFP - Electa / Leemage (69021)
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Vous arrivez enfin au sommet de la montage, lorsque tout d'un coup, horreur, malheur, votre slip gratouille ... Pour vous en sortir avec grâce et distinction, n'hésitez pas : copiez un expert !

Une étonnante affaire de zlip

Arrivé au sommet de la montagne Sigrist s’écria : 

Meine gotte, mais za gratte, mais … qu’est-ce que z’est?

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Assommé par la fatigue, ce bon vieux Sigrist avait oublié le zlip en laine qu’il avait enfilé ce matin dans un l'espoir tout à fait légitime de protéger ses précieux bijoux de famille du terrible froid environnant. 

Perdu dans ses pensées, incommodé par les picotements, il ressemblait à cet homme : Le voyageur au-dessus de la mer de nuages, dans cette toile renversante peinte en 1818 par feu Caspar David Friedrich. 

Voyage au dessus du septième ciel

Le dos tourné au spectateur, perché sur une haute roche escarpée, l'heureux excursionniste contemple les nuages.  Il est arrivé haut, très haut, le voyageur, à hauteur d'infini, devant lui moutonne l'océan de l'immensité. 

Tout au fond, vers l'horizon, comme d'étranges éminences grises, presque diaphanes, vous les voyez ? La cime des montagnes s'est jetée dans le ciel. 

A perte de vue, la terre s'échappe et s'échappe encore, et disparaît et se fond dans l'infinie grandeur. Là-bas, sous la coupe du ciel, le monde ni ne commence ni ne s'arrête, immatériel désormais, il a pris la consistance du nuage. 

On ne distingue guère plus que des couleurs, du bleu, du gris traversé de lignes jaune, c'est la clarté du jour qui inonde vaporeusement les formes à demi-terrestres. 

Par contraste, il paraît infiniment sombre, notre voyageur au premier plan, perché sur son roc presque noir. Comme un amiral en position à la proue de son vaisseau fantôme, il prend appui sur sa jambe gauche, légèrement pliée en avant.  Au-dessus du précipice, suspendu dans l'espace, il s'accroche à la porte de l'infini. 

Et vous avez beau lui demander tant et plus : 

Ton zandwich, tu le préfères mortadelle ou zauzizon ?

Absorbé, il ne vous répond pas.

Qui fus-tu, mystérieux Caspar David Friedrich ? 

Caspar David Friedrich, fut peintre de paysage. Comme les pantalons à patte d'éléphant, il fut adoré puis oublié, redécouvert et outrageusement commercialisé. Vous et moi on la connait cette peinture, et sans doute aussi les Chinois, les Javanais et même certains tigres du Bengale. 

Car en effet l'ami Friedrich, n'a pas son pareil pour nous faire tâter un peu de la tragédie du paysage. Un moine tout riquiqui sur une plage déserte, trois bateaux à marée basse,  le gars il en fait des chefs d'œuvre. Là où vous voyez, vous, un tas de ronce près de la mer Baltique avec des corbeaux, lui perçoit la beauté de la désolation. Les paysages sont sublimés, reconnaissants, ils s'épanouissent sans crainte dans une douce mélancolie. 

Friedrich n'est pas Mozart, et alors? Mozart n'est pas Friedrich !

Son travail de composition souvent est très simple, on le lui a reproché d'ailleurs, ça, ainsi qu'une certaine naïveté dans l'expression, son manque de sensualité et la sécheresse de certaines toiles. 

Friedrich n'en a que faire de cette supposé virtuosité du peintre, il n'est pas Mozart, et alors ? Mozart n'est pas Friedrich. Avec quoi ? Trois, quatre, cinq accords, il arrive à faire voyager notre âme dans des abysses de profondeur et s'épanouit en nous le sentiment du sublime. 

Et quant à la question « Mais que fait l'homme arrivé tout en haut de la montagne ? » Eureka ! Il essaie de réajuster son zlip qui gratte avec grâce et discrétion ! Et oui c'est ça d'avoir le courage de faire de la randonnée en haute montagne, ça caille en altitude et le zlip en laine, za gratte !

Où trouver cette merveilleuse toile ? 

Le Voyageur au-dessus de la mer de nuages de Caspar David Friedrich réside la plupart du temps à la Kunsthalle de Hambourg. 

Si vous êtes de passage à Berlin, ne loupez pas l'exposition "Wanderlust : de Caspar David Friedrich à Auguste Renoir" à la Alte Nationalgalerie,  la toile fait partie de l'exposition ! Jusqu'au 16 Septembre 2018. 

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