"L’Homme pressé" ou la vitesse freinée par le pétainisme

Alain Delon sur le tournage du film 'L'homme Pressé' réalisé par Edouard Molinaro en février 1977 à Paris, France.  ©Getty - Photo by Michel GINFRAY/Gamma-Rapho via Getty Images
Alain Delon sur le tournage du film 'L'homme Pressé' réalisé par Edouard Molinaro en février 1977 à Paris, France. ©Getty - Photo by Michel GINFRAY/Gamma-Rapho via Getty Images
Alain Delon sur le tournage du film 'L'homme Pressé' réalisé par Edouard Molinaro en février 1977 à Paris, France. ©Getty - Photo by Michel GINFRAY/Gamma-Rapho via Getty Images
Publicité

Qui est Pierre Niox, l'homme pressé, antiquaire, qui saute d'un avion à une voiture, fait mille choses par jour, veut accélérer l'accouchement de sa femme, dans la France du début de la Deuxième Guerre mondiale? Il est si impulsif qu'il se compare lui-même à "une panthère sautant sur un moustique".

Avec

"Qui est  ce pur égoïste, incapable de s’attacher, imaginé par un Paul Morand qui décrit la modernité, tout en étant d'un archaïsme total en politique", demande Charles Dantzig

Paul Morand a publié L'homme pressé chez Gallimard pendant la Seconde guerre mondiale, en 1941. Charles Dantzig rappelle :

Publicité

"Dans "L'Homme pressé", Paul Morand a des remarques persifleuses sur les Juifs alors même que le statut des Juifs avait été promulgué par Vichy. Il s'en prend ainsi non seulement à une minorité, mais à une minorité vaincue. Morand a été, on le sait, l'homme pressé de collaborer. Cela n'empêche pas que son personnage de Pierre Niox ait apporté dans la fiction une sensation nouvelle. Avec Morand (même s’il n’est pas le premier à avoir parlé de voitures et de vitesse), la littérature française est sortie de son rythme lent du XIXe siècle . Elle a pris des voitures, elle est montée dans des avions, et les nouvelles et les romans de Morand ont été la feuille de surveillance qui révélait le pouls accéléré de la nouvelle société. Si je dis ''pouls", ce n'est pas dans une simple intention métaphorique, le personnage de Pierre Niox est cardiaque." 

Paul Morand a intitulé la première partie de son roman, "Un train d'enfer" et L'homme pressé s'ouvre ainsi :

"Au moment où la route atteignait le sommet de la butte et allait redescendre l'autre versant, l'homme sauta du taxi sans attendre le coup de frein du chauffeur. Il entra dans un de ses cabarets des faubourgs où l'on déjeune l'été d'un point de vue et où l'on dîne de fraîcheur. D'un pas nerveux il brûla à l'allée bordée de fusain en caisse et galopa jusqu'à la terrasse. Le contraste était tel entre la banlieue si bourrée de chaleur, si farcie de lumière et ce panorama immobile, plein de silence glacé, qu’il s'arrêta net. Sous lui, Paris s’ouvrait en éventail (...)"

Qui est Pierre Niox, l'homme pressé? Pour en parler, Charles Dantzig reçoit Pauline Dreyfus, qui publie ces jours-ci une excellente biographie de l'écrivain, ancien diplomate, Paul Morand chez Gallimard et préface, une anthologie de textes du même Morand, J'ai eu au moins cent chats, dans "Les Cahiers rouges", chez Grasset. 

Auteur :  Paul Morand, 1888-1976.

Œuvre :  L’Homme pressé, roman, 1941.

Personnage : Pierre Niox_._

Alain Delon et Mireille Darc dans "L'homme pressé", film d'Edouard Molinaro (1977), tiré du roman de Paul Morand.
Alain Delon et Mireille Darc dans "L'homme pressé", film d'Edouard Molinaro (1977), tiré du roman de Paul Morand.
© Getty - Photo Michel GINFRAY/Gamma-Rapho via Getty Images

Adaptations :  L’Homme pressé, film d’Edouard Molinaro, 1977, le rôle de l’homme pressé étant interprété par Alain Delon. Film du même titre par Sébastien Grall en 2005. 

Bibliographie

Paul Morand, L’Homme pressé, L’Imaginaire, Gallimard

Paul Morand, J’ai eu au moins cent chats, Les Cahiers rouges, Grasset.

Pauline Dreyfus, Paul Morand, Gallimard

Octave Mirbeau, La 628 E-8, dans Le Jardin des supplices et autres romans, Bouquins/ Robert Laffont

Marcel Schneider, Morand, Gallimard

En référence

Charles Dantzig et Personnages en personne sur Facebook 

Instagram : cdantzig

L'équipe