Jacques Sternberg, "écrivain d'une effrayante lucidité"

Pour se faire une idée de l’univers mental de l’écrivain Jacques Sternberg (1923-2006), il faut peut-être commencer par ses Mémoires provisoires publiées en 1977 et simplement sous-titrées : "ou comment rater tout ce que l'on réussit". Le comédien Michael Lonsdale se charge d’en faire une très savoureuse lecture, tout au long de cette émission diffusée sur France Culture en mai 1984. Extrait : "Les voyages ne m’ont jamais tenté, ils ne m’ont jamais rien apporté, ni exaltation, ni inspiration, ni souvenirs pittoresques. De toute façon, le pittoresque, justement, c’est, avec le folklore et l’exotisme, ce que je déteste le plus".

"Les écrivains sont de gros égocentriques, ils ne pensent qu’à eux, ne parlent que d’eux et souvent n'écrivent que pour eux-mêmes"

Jacques Sternberg est "un homme qui ne ressemble à personne, excepté à Kafka peut-être", souligne la productrice Hélène Mora. Un "mal-aimé" selon l’écrivain Roland Topor, un ami proche de Sternberg, "un homme doté d’un orgueil insensé et donnant de lui une image inaccessible". 
Écrivain inclassable ayant un goût prononcé pour l'absurde, l'humour noir et l'étrange, Jacques Sternberg a écrit une œuvre abondante, des contes et des nouvelles par centaines, des essais de toutes sortes et près d'une vingtaine de romans. C’est de cet homme "d'une effrayante lucidité", amoureux de jazz, de navigation à voile et à solex, et vivant sans téléphone, qu’est consacré ce documentaire, où témoignent quelques-uns de ses amis proches ainsi que Jacques Sternberg en personne.