François Auguste Biard, peintre voyageur du XIXe tombé dans l'oubli

Magdalena Bay, vue prise de la presqu’île des Tombeaux, au nord du Spitzberg ; effet d’aurore boréale, 1841. Huile sur toile, 130 × 163 cm Paris, musée du Louvre. -  © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec
Magdalena Bay, vue prise de la presqu’île des Tombeaux, au nord du Spitzberg ; effet d’aurore boréale, 1841. Huile sur toile, 130 × 163 cm Paris, musée du Louvre. - © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec
Magdalena Bay, vue prise de la presqu’île des Tombeaux, au nord du Spitzberg ; effet d’aurore boréale, 1841. Huile sur toile, 130 × 163 cm Paris, musée du Louvre. - © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec
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De son vivant, au XIXe siècle, ce peintre et caricaturiste connaît un succès indéniable. A la fin de sa vie, François Auguste Biard tombe dans l'oubli. Il est pourtant l'auteur d'œuvres de voyages saisissantes. Et notamment ce qui est probablement la première peinture représentant une aurore boréale

Avec

Réouverture des Maisons de Victor Hugo et de l'exposition " François Auguste Biard, peintre voyageur".

Sultane dans un intérieur, 1835 Huile sur toile, 65,6 x 54,5 Musée Sainte-Croix de Poitiers
Sultane dans un intérieur, 1835 Huile sur toile, 65,6 x 54,5 Musée Sainte-Croix de Poitiers
- © Musees de Poitiers/Christian Vignaud

François Auguste Biard, ce nom qui vous est peut être inconnu, fut un peintre populaire dans la première moitié du XIXe siècle. Sa tête ronde, immortalisée par Camille Corot, s’enflammait de désirs contradictoires qui composèrent comme au gré des vents une œuvre diverse caractéristique des situations qui agitaient son époque.

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Adolescent, il choisit la voie ecclésiastique et il est devient dessinateur en papier peint. Il se réoriente pour devenir artiste et le voici officier de marine. Le destin le fait disparaitre en 1827 après avoir participé à des combats navals et le voici ressuscité à Marseille en 1828. Après avoir rassuré sa famille lyonnaise il décide de s’installer à Paris et se retrouve à Londres .

Autoportrait, vers 1870-1875 Huile sur toile, 26 × 21 cm Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
Autoportrait, vers 1870-1875 Huile sur toile, 26 × 21 cm Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon
- © Chateau de Versailles, dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

On lui recommande d’aller en Ecosse, il visite l’Allemagne. Il s’établit finalement à Paris en 1835 son travail de peintre rencontre un certain succès, il expose au salon et est apprécié par le public et l’amour couronne sa réussite. Enfin stabilisé, il fonde une famille avec  Léonie d’Aunet. Quelques mois tard voici le couple parti en expédition vers le grand Nord. Lui ramène tableaux et esquisses de cette expédition lapone et elle, le titre de première femme au Spitzberg.

Embarcation attaquée par des ours blancs dans la mer du Nord, 1839 Huile sur toile, 50 × 62 cm Tromsø, Nordnorsk Kunstmuseum
Embarcation attaquée par des ours blancs dans la mer du Nord, 1839 Huile sur toile, 50 × 62 cm Tromsø, Nordnorsk Kunstmuseum
- © Nordnorsk Kunstmuseum / Kim G. Skytte

Alors au seuil de la gloire, un enfant vient couronner la paix de ce couple réussi, c’est donc le moment de se séparer et de partager un épisode qui le rendra célèbre, le constat d’adultère qui immortalisera la longue liaison de son épouse avec Victor Hugo.

Jeune Sami debout appuyé sur une canne, 1839 Huile sur papier marouflé sur carton, 38 × 30 cm Collection particulière
Jeune Sami debout appuyé sur une canne, 1839 Huile sur papier marouflé sur carton, 38 × 30 cm Collection particulière
- © Collection particulière / Photo Art Go

Les affaires vont moins bien, ruiné, il décide de s’installer dans une maisonnette à Fontainebleau pour y finir sa vie, mais, sur un nouveau coup de tête, il part au Brésil. Succès, commandes, il ne rêve que d’espaces sauvages et d’Indiens. Il explore l’Amazonie et affaibli décide de rentrer en Europe. Le voici donc à New York puis devant les chutes du Niagara. Retour à une vie modeste, il renonce à l’aventure au voyage et au plaisir, le voici à nouveau marié et père de nouveaux enfants.

Deux Indiens en pirogue, vers 1860-1861 Huile sur toile, 50,2 × 61 cm Paris, musée du Quai Branly
Deux Indiens en pirogue, vers 1860-1861 Huile sur toile, 50,2 × 61 cm Paris, musée du Quai Branly
- ©Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, dist. RMN-Grand Palais / Enguerran Ouvray

L’histoire et la gloire l’avaient abandonné et voici qu’il réapparait aujourd’hui, comme en majesté à la maison Victor Hugo.

Vente d'esclaves dans l'Amérique du Sud - Slave Market, c. 1850-1860, 58.4 H/t, 75 x 133 Carnegie Museum of Art
Vente d'esclaves dans l'Amérique du Sud - Slave Market, c. 1850-1860, 58.4 H/t, 75 x 133 Carnegie Museum of Art
- © Carnegie Museum of Art, Pittsburgh : Gift of Mrs. W. Fitch Ingersoll, 58.46

Pour parler de cet artiste singulier François Auguste Biard, qui aurait pu être aimé pour ses grands paysages et ses scènes ensauvagées, lui qui faisait de la peinture religieuse à l’heure du néoclassicisme, peignait des ours blancs quand Delacroix dessinait des lions d’Afrique, qui fit des œuvres engagées pour les aliénés, les exclus et contre l’esclavage, alors que le public ne s’entichait que de ses œuvres anecdotiques et humoristiques. Pour parler de ces contradictions, je reçois aujourd’hui Gérard Audinet directeur des Maisons de Victor Hugo et Vincent Gille commissaire de l’exposition :   François Auguste Biard, peintre et voyageur… 

Chargée de recherche Maurine Roy

Textes lus par Emmanuel Lemire

Musiques diffusées :

  • Goldengrove par Jacaszek - Label : Ghostly International
  • The Bit par Aidan Baker - Label : Gizeh Records
  • Motion par Goldmund - Label : Ghostly International
  • Mourir un peu par Francis Dhomont - Label : Empreintes DIGITALes

En partenariat avec BeauxArts Magazine. 

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