Les 20 ans de La Piscine, le Musée d'art et d'industrie de Roubaix

Reportage à Roubaix, dans le bâtiment Art Déco, construit entre 1927 et 1932, qui accueillait le majestueux bassin de la piscine municipale, éclairée de vitraux. Avec l'architecte Jean-Paul Philippe, Sylvie Harburger, économiste et fille du peintre Francis Harburger, le photographe roubaisien Didier Knoff et le Conservateur général de la Piscine, Bruno Gaudichon.

Le témoignage d'un passé prospère 

Entre la piscine d'hier et le musée d'aujourd'hui, le lieu témoigne d'un dialogue entre deux architectes : le lillois Albert Baert, qui a conçu la piscine et les bains publics, et Jean-Paul Philippon.

C'était important pour nous de conserver l'eau. Il a fallu créer des pontons latéraux en bois pour ne laisser qu'une lame d'eau à l'endroit où se trouvait le bassin de la piscine. Ces pontons servent de supports aux sculptures qui entourent le bassin et évitent à la piscine d'occuper l'espace au détriment des œuvres. Jean-Paul Philippon

Ouverte dans un contexte d'essor industriel, la Piscine est fermée au bout d'une cinquantaine d'années pour des raisons de sécurité. Menacée de ruine et d'oubli, elle devient le symbole d'un divorce douloureux entre une ville et son passé industriel.

Roubaix était une grande ville prospère, avec un marché de l'industrie textile tourné autour de la laine. Il y avait beaucoup d'usines en activité du milieu du XIXème siècle jusqu'au début de la Première Guerre Mondiale. Sylvie Harburger

La ville se dote d'équipements nouveaux comme les bains municipaux de la piscine, destinés aux logements alentours. Didier Knoff, photographe originaire de Roubaix, se souvient de ces lieux où il venait enfant.

C'est un lieu synonyme d'odeurs et de bruits pour moi. Nous y venions tous les dimanches avec mes parents pour nous faire propres. Puis nous revenions en semaine plus tard avec l'école pour apprendre à nager. Didier Knoff

Réhabiliter un territoire en déclin

Quand l'ancien Musée industriel de Roubaix s'est créé au XIXe siècle, il s'est naturellement établi sur un modèle anglo-saxon en abolissant la hiérarchie des genres. Les objets textiles et céramiques ont ainsi été mis sur un pied d'égalité avec les Beaux Arts.

L'ancien fonds des Beaux-Arts illustrait ce qu'était le goût des industriels et donateurs du début du XXème siècle. Nous voulions que le Musée reste fidèle à cette idée, qu'il soit un portrait de la ville en étant représentatif du goût des gens qui avaient les moyens d'acheter de la peinture et de la sculpture à l'époque prospère. Nous avons aussi intégré des œuvres de grandes signatures nationales et des signatures locales, qui dialoguent avec ce fonds. Bruno Gaudichon