Dimitri Jourdan : sa vie de skater dans un musée

Dimitri Jourdan expose près de 500 planches. En quelques mois, son musée unique en France a déjà accueilli 500 visiteurs, obligés de prendre rendez-vous. ©Radio France - Christophe Vincent
Dimitri Jourdan expose près de 500 planches. En quelques mois, son musée unique en France a déjà accueilli 500 visiteurs, obligés de prendre rendez-vous. ©Radio France - Christophe Vincent
Dimitri Jourdan expose près de 500 planches. En quelques mois, son musée unique en France a déjà accueilli 500 visiteurs, obligés de prendre rendez-vous. ©Radio France - Christophe Vincent
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C'est le premier musée entièrement consacré au skateboard en France. À 36 ans, Dimitri Jourdan a ouvert le 'Disturb House Museum' en juillet dernier chez lui à Grigny (Rhône). 480 planches y sont exposées. Une collection constituée lors de ses pérégrinations sur roulettes dans le monde entier.

"Je mange skateboard, je dors skateboard, je fais tout skateboard". Dans le sous-sol de sa maison située à Grigny (Rhône), entre Lyon et Vienne, Dimitri Jourdan a aménagé le premier musée en France dédié au skateboard, sur 150 mètres carrés. C'est l'aboutissement d'un rêve de gosse. Dimitri Jourdan a dix ans quand il voit des skaters dans son quartier lyonnais de la Croix-Rousse. Ses parents lui offrent sa première planche. C'est le déclic : 

Mon père m'emmenait en voiture au skatepark du cours Charlemagne, derrière la gare de Perrache. Maintenant il y a celui du quartier Confluence à la place. Et pendant que je skatais, il lisait des livres, je le remercie de sa patience. 

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Dimitri grandit et peut se passer de la surveillance paternelle : "C'était trop bien d'habiter sur la colline de la Croix-Rousse. Du coup, avec les copains, on descendait les pentes en skate jusqu'aux Terreaux (place de l'Hôtel-de-Ville). Puis on remontait, et on redescendait, inlassablement. C'était cool !"

Skatepark de Gerland, à Lyon, en juillet 2011.
Skatepark de Gerland, à Lyon, en juillet 2011.
© Maxppp - Maxime Jegat / Le Progrès

Des voyages à thème unique

Pour Dimitri Jourdan, les vacances sont l'occasion de bourlinguer avec ses parents qui se déplacent en camping-car : Turquie, Israël, Maroc, Suisse, Allemagne, Norvège... Autant de pays visités, autant de planches rapportées, qui enrichissent sa collection. Puis, aux voyages en famille vont succéder les virées entre potes : 

On partait en bande de skaters. À Barcelone, on a exploré la ville sur nos planches. Tout a fait que je ne pouvais pas décrocher du skate.

Dimitri s'ancre à Lyon, qui est à l'époque la capitale européenne du skateboard. Il travaille dans une boutique de vêtements spécialisés, car la mode s'est emparée du phénomène. Et il entasse ses planches, chinées dans les caves, dans son petit appartement du quartier Gerland, jusque dans les chambres des enfants.

À l'étroit, la famille déménage à Grigny, où Dimitri expose désormais près de 500 skateboards (il en possède 650), dont celui du pionnier américain Tony Hawk, 53 ans, la légende toujours en activité. Il l'a rencontré par hasard à Paris, où tous deux participaient en 2019 à une présentation de leur sport, devenu discipline olympique aux Jeux de Tokyo l'année suivante. "Tony Hawk occupait le stand voisin. On a sympathisé, raconte Dimitri. Il est reparti avec son skate, puis il est revenu dix minutes plus tard. On a cru qu'il avait oublié quelque chose. Mais il m'a offert sa planche qu'il a dédicacée à ma demande. Du coup, elle est exposée au musée. C'est un truc de fou".

Des visiteurs nostalgiques

Ouvert il y a près de six mois, le musée a déjà accueilli 500 visiteurs, obligés de prendre rendez-vous. Son créateur attend l'autorisation de pouvoir recevoir des groupes, comme des scolaires ou des centres aérés. D'où une visite guidée à vocation pédagogique que Dimitri Jourdan assure en personne.

Dimitri Jourdan montrant quelques unes de ses plus anciennes planches.
Dimitri Jourdan montrant quelques unes de ses plus anciennes planches.
© AFP - Jean-Philippe Ksiazek

Du musée, on aperçoit l'autoroute A-7. On vient de loin, parfois de l'étranger pour admirer des planches californiennes des années 80, certaines inspirées des oeuvres d'Andy Wharol ou d'autres carrément érotiques dissimulées derrière un rideau noir.

"Il y a de nombreux visiteurs nostalgiques. Tous les quadras intéressés viennent retrouver leurs souvenirs d'enfance" explique Dimitri, qui relate une anecdote : "Encore ce week-end, un mec est tombé sur la planche de son enfance qu'il n'avait  pas conservée. Il a versé une larme, il était tout ému".

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Une boutique de planches et d'accessoires jouxte le musée, qui propose également des collections de revues spécialisées américaines et françaises aujourd'hui disparues ainsi que des vidéos d'époque en cassettes VHS. Au milieu du sous-sol, le fondateur du musée a libéré un espace destiné aux expositions. Actuellement, on peut y découvrir les oeuvres de Midou et Nabiha, peintres sur planches : "Chaque planche décorée représente vingt heures de boulot", explique Dimitri. Il souhaite aussi exposer des artistes recycleurs, qui récupèrent et scultptent des vieilles planches.
 

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Une famille convertie au skateboard

La maison musée abrite toute la famille, à commencer par Marie, la compagne de Dimitri Jourdan : "Cela fait dix ans qu'on est ensemble, et à l'époque, il collectionnait déjà les planches. Donc forcément, ça fait dix ans que je baigne dedans". La jeune femme poursuit : "Tout le temps, même en vacances, dès qu'on va quelque part, on regarde s'il y a un rapport avec le skate, s'il connait quelqu'un. Tout se relie. C'est devenu notre mode de vie. On tourne autour du skateboard". Dimitri abonde dans son sens : "La famille me suit. J'emmène mes trois gamins skater avec moi. Ils sont aussi accros. Je leur ai donné mon syndrôme. Je ne les force pas, c'est eux qui me réclament d'aller au skatepark". Le Lyonnais explique que quand les travaux du musée ont commencé l'aîné a eu le déclic : "Maintenant, il est à fond skate".
 

Dimitri Jourdan attend beaucoup des JO de Paris en 2024 pour l'essor de la discipline : 

Je me souviens, quand la France a gagné la Coupe du monde de foot en 98, toutes les communes ont créé des city stades. Imaginons qu'on remporte des médailles en skateboard,  peut-être que Lyon ou d'autres villes agrandiront les skateparks, et ce sera bien.

En attendant, Dimitri Jourdan caresse un autre rêve : aménager un skatepark dans son jardin et y donner des cours.

Avec la collaboration d'Éric Chaverou

L'équipe