"J’ai vraiment hésité à le faire" : Vincent Cespedes revient sur sa participation au jeu Les Traîtres (M6)

"J’ai vraiment hésité à le faire" : Vincent Cespedes revient sur sa participation au jeu Les Traîtres (M6)
Capture écran

Le philosophe est l’un des enquêteurs les plus pugnaces de cette deuxième édition des Traîtres. Confidences de l’intéressé…

Avez-vous hésité à participer à ce jeu de manipulations ?

Vincent Cespedes : Ma carrière a commencé en 2001 avec Loft Story, et la sortie de mon livre I Loft You, le premier livre écrit sur la télé-réalité. Je découvrais un phénomène télévisuel nouveau avec des codes nouveaux et j’ai été très critique envers ce format. Quand on m’a proposé de participer aux Traîtres, j’ai donc vraiment hésité. La question se posait quant à ma crédibilité en tant qu’auteur et philosophe ayant écrit sur ce type de formats. Je me suis dit « bah non je ne peux pas le faire », parce que cela mettait en jeu ma notoriété et mon travail. Finalement, ce sont mes amis m’ont encouragé à y participer et c’était passionnant à vivre.

Comment avez-vous appréhendé cette première aventure télévisuelle ?

Ça m’a fait penser à l’expérience de Stanford conduite en 1971 (sur les effets de la situation carcérale, également surnommée effet Lucifer ndlr) au cours de laquelle tous les candidats pètent les plombs au bout de 6 jours. En philosophie on fait souvent des expériences de pensée, c’est-à-dire « si c’était comme ça, tu ferais quoi ? ». J’ai abordé le jeu ainsi, comme une immense expérience philosophique in vivo, qui nous plonge dans la tragédie de l’humanité et les trahisons... En passant de l’autre côté du miroir, la question qui se pose et qui me fait toujours réfléchir, c’est : me suis-je trahi moi-même ?  

Dans ce jeu les candidats sont soumis à une certaine pression psychologique. Vos réactions vous ont-elles étonné, dans ce cadre particulier ?

Oui, je ne me pensais pas capable de roublardise et j’avais constamment cette idée que l’élimination était symboliquement synonyme de mise à mort. Quand on te dit « t’es banni » que tu dois la fermer et dégager sur le champ sans parler à personne… Cette violence symbolique du bannissement est très forte.

Vous êtes-vous posé des limites ?

J’avais cette obsession de me demander comment rester noble dans un jeu où l’on doit se trahir, mentir et manipuler ? En tant que professeur et éducateur, j’avais le souci de l’image que je pouvais montrer de la réalité humaine dans ce laboratoire où l’on évolue comme des souris dans un labyrinthe. 

Les traîtres, mercredi 27 juillet à 21h10 sur M6

Sarah Ibri

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