Revue Historique de Bordeaux et du Département de la Gironde – N° 15 – 2009.

1870-1914.

Quand de s “ étra ngère s de distinct ion” faisaient la re nomm ée d’arcach onMichel

BOYER *

L’historiographie arcachonnaise se complait à évoquer les grandes heures impériales de la jeune station balnéaire, avec les deux visites de l’empereur

Napoléon III , encadrées par des séjours plus ou moins médiatisés de ministres et autres généraux, les processions nautiques du cardinal Donnet et les investissements somptuaires des frères Pereire : la villa qui portait leur nom, le casino mauresque, le buffet chinois, le Grand-Hôtel et, surtout, la “ ville d’hiver” qui accueillait de nombreux représentants de l’aristocratie européenne, tandis que les négociants des Chartrons continuaient à coloniser le front de mer qu’ils avaient découvert dès les années 1820, avant de s’y implanter durablement au terme de la Monarchie de Juillet !

Q u’il s’agisse d’évocations touristiques, journalistiques ou autres, force est de constater que la part belle est faite aux hommes. Peu de figures féminines trouvent grâce aux yeux des nostalgiques de ce temps béni de “ la fête impériale” où, dit-on, le nom d’Arcachon, colporté par le corps médical français mais aussi anglo-saxon, était connu même à la cour du tsar de toutes les Russies.

I l est vrai que l’impératrice Eugénie préférait Biarritz à Arcachon, tandis que la maréchale de Saint-Arnaud, si elle ne dédaignait pas d’honorer de sa présence les manifestations locales, charitables de préférence, pleurait son époux, mort non pas sur le champ de quelque bataille mais du choléra, sur le Berthollet qui l’emmenait vers Constantinople au lendemain de sa victoire à la bataille de l’Alma 1.